Retour d’expériences sur les usages et les pratiques du numériques … · 2017-05-12 · 1 USAGES ET PRATIQUES DES RESSOURCES NUMÉRIQUES DANS LES VPAH EN AQUITAINE Jessica de

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USAGES ET PRATIQUES DES RESSOURCES NUMÉRIQUES DANS LES VPAH EN AQUITAINEJessica de Bideran – Chercheure en sic associée à l’équipe Médiations en Information et Communication Spécialisées – LERASS – université de Toulouse.

David Souny – Historien indépendant – Histoires de Pierres

2016

UN TERRAIN ET UN CONSTAT : DES RESSOURCES ET DES BESOINS

Les territoires aquitains disposent d’une part d’une réserve unique de ressources historiques et patrimoniales numérisées dans le cadre du dernier CPER (2004-2014). Ce programme d’envergure a vu la création du portail Aquitaine Cultures Connectées (ancienne Banque numérique du savoir en Aquitaine) qui donne accès à plusieurs dizaine de milliers de ressources non éditorialisées.

Après plusieurs réunions régionales des Villes et Pays d’Art et d’Histoire d’Aquitaine, la DRAC Aquitaine a pu d’autre part prendre connaissance des besoins en terme d’échanges et d’expertises formulés par les animateurs locaux sur la conception et l’exploitation de dispositifs numériques permettant de valoriser les ressources historiques et patrimoniales dont disposent ces territoires aquitains.

Forte de ce constat et compte tenu de cette nécessaire mise en commun des expériences, l’Association Nationale des Villes et Pays d’Art et d’Histoire et des Villes à Secteurs Sauvegardés a souhaité coordonner une mission d’observation sur les usages actuels des ressources numériques patrimoniales exploitées dans les VPAH en contexte de médiation.

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DÉFINIR DES OBJECTIFS MULTIPLES

Observer les usages existants d’exploitation des ressources numériques patrimoniales, à l’échelle de la région et plus spécifiquement dans le périmètre des adhérents à la BnsA bénéficiant du label VPAH (Pyrénées béarnaises, Béarn des Gaves, Bayonne, Pau, Bordeaux, Périgueux, Sarlat, Villeneuve-sur-Lot, Bergerac, La Réole). La BnsA met en effet gratuitement au sein de l’espace public numérique des ressources documentaires concernant le patrimoine aquitain qui ne sont toutefois pas valorisées au sein du portail.

Qualifier les services, les publics et les modalités techniques concernés à partir d’échanges et d’entretiens menés auprès des animateurs du patrimoine de la région Aquitaine impliqués dans la conception et la gestion de ces dispositifs (7 entretiens).

Évaluer les retours, en termes de fréquentation et/ou d’indice de satisfaction (chez les publics et/ou les personnels de médiation) sur des expériences précises (questionnaires de satisfaction, entretiens avec usagers, observations distanciées, etc.).

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RÉPONDRE À DES ENJEUX SCIENTIFIQUES

Interroger l’impact de la numérisation massive des ressources patrimoniales dans l’activité des animateurs du patrimoine et mieux comprendre l’articulation entre la médiation numérique (Mercier, 2012) et la médiation culturelle (Chaumier et Mairesse, 2013).

Si la médiation culturelle fait appel à des codes et pratiques relativement bien maîtrisés (visites-conférences, ateliers pédagogiques, etc.), la « médiation numérique » recouvre, en réalité, de multiples actions qu’il convient de mieux connaître.

Or, l’exploitation de ressources numériques patrimoniales s’appuie sur deux axes essentiels :

la qualité des documents numériques et de leur référencement (ingénierie documentaire) ;

les conditions d’accès aux documents numériques (médiation).

C’est principalement sur ce 2e point que nous souhaitons travailler afin de définir de nouveaux usages d’exploitation de ces ressources patrimoniales permettant aux publics de créer une nouvelle relation au patrimoine.

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RÉPONDRE À DES ENJEUX SCIENTIFIQUES

Silvère Mercier, bibliothécaire expert de la documentation numérique et de sa médiation, définit ainsi la médiation numérique :

« La médiation numérique est une démarche visant à mettre en œuvre des dispositifs de flux, des dispositifs passerelles et des dispositifs ponctuels pour favoriser l’accès organisé ou fortuit, l’appropriation et la dissémination de contenus à des fins de diffusion des savoirs et savoir-faire. »

En ce sens, celle-ci suppose un accès numérique au document, mais aussi un accès intellectuel qui rend le document intelligible, et, enfin, un accès relationnel par la création d’expériences utilisant ces ressources patrimoniales. La seule diffusion en ligne ne peut donc satisfaire la médiation numérique qui doit s’asseoir sur une véritable valorisation patrimoniale, non seulement par l’appropriation de connaissances nouvelles, mais aussi par la circulation de ces documents dans de nouvelles formes de diffusion. Le dispositif numérique véhiculant cette médiation, enfin, existe au travers de trois dimensions étroitement imbriquées, l’usager, son besoin d’information/animation et l’outil.

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DES ENTRETIENS POUR MIEUX CONNAÎTRE LES ANIMATEURS

Pour répondre à ces questions, scientifiques et pragmatique, nous avons décidé de mener des entretiens semi-directifs regroupant 24 questions réparties en 4 catégories :

L’ANIMATEUR : DESCRIPTION DE VOTRE METIER ET DE VOS TÂCHES DOCUMENTAIRES

VOTRE PUBLIC : LES PUBLICS et USAGERS

LES PROJETS : ESPACES D’ACCUEIL DES PUBLICS (médiation numérique in situ)

LES PROJETS : LES OFFRES DE MÉDIATIONS NUMÉRIQUES (en ligne, en mobilité)

Et ainsi mieux connaître leurs missions, l’influence du numérique dans leurs pratiques et les dispositifs numériques créés à l’échelle régionale pertinents pour l’étude.

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REDÉFINIR LE MÉTIER D’ANIMATEUR DU PATRIMOINE…

Être animateur du patrimoine, c’est être :

« plutôt un chef de projet, un concepteur de contenu (mise en place d’exposition, recherche documentaire, médiation via des panneaux ou directement avec le public). »

« un animateur au sens noble du terme, avoir un rôle de sensibilisation du grand public à l’architecture et au patrimoine. […] Cela consiste à animer la cité et le territoire (avant tout à destination des publics locaux et particulièrement des plus jeunes) et nécessite de connaitre, rechercher et protéger (valorisation et médiation).»

« le chaînon de la vulgarisation, celui qui sait rendre simple ce qui est compliqué pour le grand public. […] C’est aussi être l’architecte d’un réseau et une personne ressource pour animer une plateforme d’animations culturelles et patrimoniales. »

« à l’origine d’un travail de coordination et d’impulsion. »

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1- ... À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE : L’EXPLOITATION DES RESSOURCES PATRIMONIALES EN LIGNE

Et pourtant, malgré ce rôle central, l’animateur du patrimoine n’est que rarement à l’origine des politiques de valorisation numérique du patrimoine :

Les campagnes de numérisation sont assez logiquement lancées et menées par les services détenteurs de fonds qui possèdent en interne l’ingénierie documentaire.

De fait, le plus souvent, les travaux et projets de médiation, qu’ils soient « traditionnels » ou « numériques » sont montés à partir de ressources déjà numérisées par ailleurs.

Dans les territoires ruraux, certains animateurs n’ont pas accès à des services détenteurs de ressources numériques patrimoniales mais savent s’adapter à cette contrainte en créant de nouveaux partenariats pour monter des dispositifs de valorisation patrimoniale « traditionnelles » (exploitation de SIG des services d’urbanisme pour monter des projets pédagogiques et des visites guidées thématiques sur un quartier donné par exemple).

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1- ... À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE : L’EXPLOITATION DES RESSOURCES PATRIMONIALES EN LIGNE

De même, les différents usages des ressources patrimoniales numériques qui ont été évoqués s’inscrivent dans une logique de valorisation culturelle relativement « traditionnelle », s’appuyant essentiellement sur un discours de communication « descendant ». Ainsi près de 70% des usages cités concernent la publication papier ou l’alimentation de sites Internet « vitrine ».

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1- FOCUS SUR LE PROJET DU PAYS D’ART ET D’HISTOIRE PYRÉNÉES BÉARNAISES – UN CENTRE DE RESSOURCES DÉMATÉRIALISÉ

Selon le projet scientifique du CIAP Pyrénées béarnaises rédigé en 2012, celui-ci doit également être un centre de ressources documentaires pour l’ensemble des thèmes le constituant. La proximité de la médiathèque intercommunale, l’existence de fonds dans les autres sites et le travail d’inventaires réalisé avec le milieu associatif qui sollicite le Pays d’Art et d’Histoire pour déposer des documents numérisés a très vite posé la question de la mise en place d’un centre de ressources dématérialisé par le biais du site Internet du PAH Pyrénées béarnaises permettant de trouver, de localiser, d’emprunter et/ou de consulter divers médias (livres, bandes sons, films, photographies, cartes postales, cartographies, littérature grise, etc.).

Ce centre de ressources dématérialisé est en cours de conception et permettra à terme de rendre accessible le fonds ancien de la Médiathèque Intercommunale et proposera une certaine forme d’éditorialisation de ces ressources par la mise en ligne régulière d’expositions virtuelles (http://pah.pyreneesbearnaises.fr/).

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http://pah.pyreneesbearnaises.fr/

II- … À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE : L’ACQUISITION DE NOUVELLES PRATIQUES DE MÉDIATION NUMÉRIQUE

Les animateurs interrogés restent généralement dubitatifs sur la facilité de ces outils numériques (mobiles comme fixes) à trouver leur public.

Selon leur expérience, malgré un réel engouement pour la nouveauté, les visiteurs sont encore assez peu familiarisés avec ces dispositifs (frein à l’utilisation).

Pourtant, les rares retours obtenus lors d’échanges avec certains visiteurs montrent que la réception est généralement positive. Ces derniers estiment alors avoir pu vivre une « expérience partagée et intergénérationnelle » grâce à ces dispositifs.

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Si le manque de communication des pouvoirs publics autour de ces dispositifs est généralement pointée du doigt pour expliquer cette faible utilisation, les animateurs estiment toutefois qu’il s’agit avant tout d’un problème d’accompagnement des publics.

Les dispositifs numériques ne se suffisent en effet pas à eux même et l’exploitation de ces derniers doit être repensée en positionnant le médiateur humain au centre du dispositif scénographique et expographique. La médiation présentielle reste donc le cœur du système de valorisation patrimoniale des VPAH.

À cet égard, on pourra consulter les deux focus proposés ci-après. Le premier présente un projet de médiation présentielle couplé à l’exploitation d’une maquette numérique mené à Pau et porté par l’équipe du service VPAH. Le second concerne un projet de médiation purement numérique produit pour le CIAP de la ville de Bordeaux par un studio de design d’interaction.

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De même, les projets s’appuyant sur un véritable échange avec les publics sont plébiscités : ainsi les concours photographiques en ligne fonctionnent généralement bien car ils permettent de créer une communauté et favorisent donc la mise en place de dialogues avec les animateurs, créant ainsi un espace de médiation numérique efficace.

Ainsi, les animateurs du patrimoine des VPAH d’Aquitaine ont conscience que les dispositifs numériques, qu’ils soient en ligne ou fixes, exploités in situ dans un espace d’exposition ou en mobilité sur un territoire, permettraient a priori de construire de nouvelles formes de médiation, loin des présentations informationnelles trop figées et institutionnelles.

Mais bien que la mise en place de nouvelles formes de communication plus directes soit recherchée, les animateurs des VPAH d’Aquitaine ont un usage presque unique des ressources patrimoniales numériques : la diffusion d’informations historiques ou architecturales via des systèmes de monstration traditionnelles (exposition, panneaux, etc.).

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II- FOCUS SUR UN DISPOSITIF PÉDAGOGIQUE CRÉÉ ET EXPLOITÉ PAR LA VILLE DE PAU – UNE MAQUETTE DE LA VILLE AUGMENTÉE

Depuis maintenant deux ans, la Ville d’art et d’histoire de Pau développe un outil pédagogique élaboré à partir d’une maquette présentant l’évolution urbaine de la ville de Pau et intitulé « Du château à la ville ».

Si la ville d’art et d’histoire a été un moteur et un appui important dans la réalisation scientifique du projet (orienter les idées...), c’est l’architecte du patrimoine Sukey Chacon qui s’est occupée de la conception matérielle du projet (conception du prototype et matérialisation définitive des différents éléments). Le support de la maquette est en effet en bois mais les bâtiments significatifs ont quant à eux été réalisés grâce à l’usage d’une imprimante 3D proposée par le FabLab de la ville et animé par l’association PauLLA qui promeut l’éducation à l’informatique et l’exploitation de logiciels libres au sein du territoire palois.

La Cyberbase Pau Pyrénées et les services techniques de la ville de Pau ont également été associés au projet afin d’arriver à la conception collective d’un projet global.

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La maquette se compose de trois panneaux et s’étend sur un périmètre prenant en compte la création de la ville à partir du château jusqu’à son développement urbain au XIXe siècle. Son échelle au 1/1000e facilite la lecture en groupe.

La topographie du terrain est particulièrement lisible, permettant ainsi au public de mieux comprendre l’extension progressive de la cité. Différentes taches de couleurs orientent le discours du médiateur car celles-ci représentent les phases d’agrandissement de la cité. Parce qu’il s’agit avant tout d’un outil pédagogique, des éléments sont rapportés au fur et à mesure des explications. Il s’agit des bâtiments considérés comme significatifs et donc matérialisés en élévation à partir de modélisations tridimensionnelles produites par l’architecte.

L’objectif informationnel est bien de faciliter la compréhension de la fabrique urbaine tout en exploitant au maximum les capacités de médiation d’une maquette (aspect ludique et collectif de l’observation, schématisation et orientation cognitive du contenu).

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Lors de ces ateliers, les enfants se positionnent autour de la maquette et le médiateur fait le lien entre passé et présent grâce à divers documents iconographiques (photographies actuelles, documents d'archives, plans actuels et anciens, etc.). Ce dispositif est pensé comme le point de départ qui prépare la visite in situ des groupes.

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De la numérisation de

données spatiales à

la médiation

présentielle.


Si l’efficacité de la médiation présentielle et sensible est certaine (accompagnement des publics dans leur découverte apprentissage par la manipulation), celle-ci est complétée depuis 2015 par une proposition numérique. Des puces NFC ont en effet été apposées sur les bâtiments ayant un intérêt patrimonial particulier, permettant ainsi, lorsque le médiateur passe une tablette tactile devant ces bâtiments d’avoir accès à des ressources documentaires complémentaires.

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De la médiation

présentielle à la

diffusion et l’exposition

de ressources numérique.

http://ftth.agglo-

pau.net/

http://ftth.agglo-pau.net/


Les puces NFC permettent d’approfondir des thématiques mais aussi et surtout de montrer aux enfants une quantité plus importante de documents d’archives sans altérer ses derniers.

Toutefois, l’accès à cette documentation via la lecture des puces NFC n’est pas « autonome ». Le médiateur construit en effet un discours autour de ces ressources numériques et accompagne ainsi les usagers dans leurs allers-retours entre présent et passé. L'utilisation indépendante et en autonomie de la maquette par les publics pourra se réfléchir dans un second temps, sûrement lors de la mise en place du CIAP.

D’autre part les différents services patrimoine de la ville travaille actuellement sur une exposition numérique bâtie autour des notices du hors-série Le festin « Pau en 101 sites et monuments ». Les puces NFC de la maquette renverront donc très prochainement vers cette nouvelle exposition numérique.

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Construite grâce à la numérisation de données spatiales, cette maquette est loin d'être un « objet muséal » figé. Elle représente au contraire un dispositif info-communicationnel complexe qui permet de diffuser des connaissances selon un processus de médiation hybride qui s’appuie à la fois sur l’interaction avec des usagers et sur de multiples accès à des ressources patrimoniales numériques. Mise au service de la compréhension de l’évolution urbaine de la ville, ce dispositif prend tout son intérêt par l’accompagnement humain qui est indispensable pour donner les clés de lecture et ainsi « activer » les informations contenues dans ces documents et outils. Cette maquette matérialise dans l’espace public la numérisation des données et ressources patrimoniales diffusées par ailleurs via d’autres canaux. Ces dernières constituent une valeur ajoutée à la seule lecture topographique.

La plasticité des outils numériques et des réflexions noués avec les partenaires culturels telle que l’équipe de Pireneas, autorise enfin à faire régulièrement évoluer ce dispositif.

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II- FOCUS SUR UN DISPOSITIF MOBILE RÉALISÉ POUR LE CIAP DE BORDEAUX – DES PHOTOGRAPHIES AUGMENTÉES

Entre le 12 juin et le 20 septembre 2015, le CIAP de la ville de Bordeaux a proposé aux multiples visiteurs de la place de la Bourse une exposition analogique de reproductions en grand format de 9 photographies anciennes sélectionnées par le service des Archives Municipales de Ville de Bordeaux au sein de leurs fonds et affichées sur la façade vitrée du CIAP.

Cette exposition a été couplée à une application de navigation interactive et immersive au sein des photographies numérisées et retravaillées en trois dimensions. La manipulation de l’application est basée sur la réalité augmentée. Elle est disponible sur les terminaux mobiles (smartphones et tablettes tactiles).

Ce dispositif hybride, mêlant exposition analogique et application numérique, a été proposé par une entreprise privée, le studio de design interactif 2Roqs, à la ville de Bordeaux dans le cadre des appels à projets innovants du Ministère de la Culture et de la Communication.

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L’enquête de terrain menée durant cette expérience permet de mieux cerner les publics intéressés par ces systèmes de valorisation, publics par essence volatiles puisqu’autonomes et mobiles, ainsi que leurs ressentis. Friands de contenus patrimoniaux, ces personnes se recrutent en premier lieu chez les tranches d'âge

intermédiaires et chez les jeunes seniors diplômés (20-60 ans ; étudiants, enseignants et/ou cadre).

Les éléments du design d’interaction (relief, sons, mouvements au sein de l’image et présence de personnage) concourent à immerger le visiteur dans le passé pour 83% des personnes interrogées.

Les motivations sont quant à elle multiples puisque le désir de tester un nouvel outil est presque autant cité que le désir d’acquérir de nouvelles connaissances sur la ville de Bordeaux comme objectif attendu.

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Contredisant l’idée d’enfermement souvent associée à ce type d’application sur terminal mobile, de nombreuses situations de sociabilité ont pu être examinées. Ces nombreuses interactions s’établissent toutefois entre des groupes de visiteurs déjà formés et concernent essentiellement l’usage de l’outil. Ainsi le dispositif numérique ne suscite pas d’interactions entre des visiteurs ne se connaissant pas mais n’altèrent cependant pas les « médiations réciproques » qui s’établissent traditionnellement au sein des collectifs en situation de découverte patrimoniale.

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Mais derrière ces retours plutôt positifs, le dispositif complet, exposition et application de visite mobile, semble en réalité se superposer difficilement aux pratiques traditionnelles de la visite urbaine (logique de déplacement, d’écoute ou de lecture et d’observation).

Les reproductions en très grand format paraissent faire « écran » au téléchargement de l’application (sans compter les problèmes techniques de téléchargement).

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Ainsi, pour la grande majorité des personnes interrogées (80%), celles-ci n’auraient pas testé l’application sans prêt de l’outil par les services du CIAP. De même, 22% des personnes interrogées n’ont pas apprécié l’usage en extérieur, jugeant que cette application serait plus à même d’être exploitée en intérieur, évitant ainsi la confrontation avec les bruits et désagréments de l’activité urbaine.

Si 70% des visiteurs questionnés considèrent les explications historiques suffisantes (cartels numériques qui s’affichent en « surimpression » sur le document numérique), la médiation humaine semble plébiscitée pour « sauter le pas » et tenter ce type d’expérience. L’existence d’une présence humaine demeure donc essentielle pour que cet outil fonctionne en tant qu’objet de médiation patrimoniale, et non pas seulement comme objet de communication. Au cœur de ce dispositif hybride, le médiateur doit pouvoir retrouver une place et jouer son rôle d’intermédiaire entre les publics, l’information patrimoniale et l’outil numérique.

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Conçu dans le cadre d’un appel à projet économique, cet exemple montre comment, lorsque l’intention technologique (nouvelle technologie à tester) l’emporte sur l’intention informationnelle (contenu à transmettre), le dispositif créé s’intègre difficilement au sein d’une pratique culturelle bien balisée par ailleurs.

Malgré la qualité esthétique de l’interface, la pertinence du contenu et la facilité de prise en main du système, qualités reconnues par les personnes ayant testé l’outil, celui-ci peine donc à trouver son public. Si le dispositif ne répond pas réellement aux attentes des publics souhaitant vivre une visite urbaine, une configuration différente, au sein d’un lieu clos et avec des terminaux mobiles mis à disposition par l’institution, serait sans doute plus adaptée.

Plus que d’augmenter la réalité, le public, réclame un « médiateur augmenté », c’est-à-dire une présence humaine et outillée qui l’accompagne dans sa découverte et l’acquisition de nouvelles connaissances patrimoniales.

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EN GUISE DE CONCLUSION…

Au terme de cette étude plusieurs remarques peuvent être formulées.

Malgré une numérisation massive ces 10 dernières années des nombreuses ressources patrimoniales conservées en Aquitaine, numérisation permise par le CPER BnsA et les partenariats menés avec les détenteurs de fonds, les pratiques de médiation des animateurs du patrimoine ont été relativement peu bouleversées. Le nouvel écosystème que représente la « culture numérique » est en effet encore en construction et les pratiques qui consistent à modifier les formes d’échange avec les publics infusent lentement les logiques métiers des institutions publiques

Les rares projets référencés montrent également la nécessité de conserver une médiation humaine qui permet d’animer les dispositifs numériques, d’activer les informations contenues dans les ressources patrimoniales et d’intégrer les publics au cœur des actions de médiation afin que ces derniers s’approprient efficacement les connaissances historiques.

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EN GUISE DE CONCLUSION…

Forte de ces constats, l’ANVPAH souhaite engager différentes actions afin d’accompagner les animateurs dans l’acquisition de ces nouvelles pratiques permettant d’élaborer des projets de médiation numérique pertinents.

Afin de faciliter les échanges entre le/les médiateur/s et le/s concepteur/s d’outils numériques, un vade-mecum sur la médiation numérique sera proposé aux adhérents de l’association. Celui-ci reprendra notamment des notions clés et un panorama complet des possibilités offertes par le numérique.

Les besoins en termes de conseils et d’informations ont également été entendus et l'ANVPAH entend monter dans les prochaines années avec les adhérents des journées de formation et d’échanges. Au cours de ces moments, des thématiques telle que la conception et l’animation de plateforme Internet, la gestion des différents publics en fonction des outils numériques ou la coordination de projets numériques, pourraient être abordées.

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BIBLIOGRAPHIE

Bideran Jessica (de), Retour de l’expérience « Bordeaux – Le Passé Augmenté » - Évaluation des usages et des publics, Rapport non publié remis au Ministère de la Culture et de la Communication, Commande de la Mairie de Bordeaux, décembre 2015.

Dufrêne Bernadette et alii, Heritage and digital humanities. How should training practices evolve ?, Colloque Patrimoines et humanités numériques, 21-23 juin 2012, Berlin : éd. LIT, 2014.

Dufrêne Bernadette, Ihadjadene Madjid et Bruckmann Denis (dir.), Numérisation du patrimoine : Quelles médiations ? Quels accès ? Quelles cultures ?, Paris : Hermann éditeurs, 2013.

Sibers Jean-François, « Banque numérique du savoir en Aquitaine », Bulletin des bibliothèques de France (BBF n°4),2011, p. 50-56. Disponible sur le Web : <http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2011-04-0050-010>.

Souny David, Étude rétrospective de la BnsA - Rapport intermédiaire non publié consacré à l’analyse des ressources brutes et éditorialisées de la BnsA, Commande de la DRAC Aquitaine et de la Région Aquitaine, février 2014.

Souny David, Étude éditoriale prospective de la BnsA - Rapport final non publié, Commande de la DRAC Aquitaine et de la Région Aquitaine, juin 2014.

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