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Revue de l’Ordre des urbanistes du Québec et de l’Institut canadien des urbanistes Juin 2008 Envoi de Poste-publication • N° de convention : 400 33 006 ©Pascal Lacasse

Revue de l’Ordre des urbanistes du Québec et de l’Institut ... · Date de tombée : 30 juin pour la publication de septembre 2008 À l’occasion du 400e anniversaire de la ville

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Revue de l’Ordre des urbanistes du Québec et de l’Institut canadien des urbanistes Juin 2008

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QUÉBEC : 400 ANS D’URBANISME

Date de tombée : 30 juin pour la publication de septembre 2008

À l’occasion du 400e anniversaire de la ville de Québec,

Urbanité souhaite mettre en valeur les réalisations et les

réflexions des urbanistes de la capitale nationale en matière

d’urbanisme et de design urbain, ainsi que les réflexions sur

notre pratique et sur l’histoire urbaine.

SANTÉ PUBLIQUE

Date de tombée : 13 octobre pour la publication de décembre 2008

Les enjeux de santé publique, tels que l’augmentation du taux

d’obésité chez les enfants et les adultes, préoccupent les

urbanistes. Contingentement de restos de malbouffe, zonage

restreignant l’implantation de tels établissements près des

écoles, initiatives encourageant le transport actif, etc. Pistes

de réflexions, pistes de solutions.

Vous

rejoindrecherchez à

...et les autresprofessionnelsen aménagementdu territoire ?Urbanité vous offre l’opportunité de rejoindreles urbanistes québécois et francophones duCanada ainsi que les bureaux d’avocats, lesuniversités québécoises, les firmes-conseils,les municipalités, les villes, les ministèresainsi que les associations et ordresprofessionnels qui oeuvrent dans le domaine.

Urbanité, imprimée sur du papier 100 %recyclé, est publiée à 3 000 exemplaires,quatre fois par année.

Pour plus de renseignements ou pour faire une réservation :

Caroline Bonin, chargée des communications514 849-1177 poste 22 ou [email protected]

> PROCHAINS THÈMES

les urbanistes...

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URBANITÉ JUIN2008

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URBANITÉ JUIN2008

Comité éditorialFrançois Goulet, président – Paul Arsenault –

Mathieu Langlois – Hélène Laperrière – Pascal Lacasse –Marie-Hélène Poirier – Joël Thibert – Jacques Trudel –

Serge Vaugeois

Conception graphiqueLucie Laverdure – L’Infographe enr.

Réviseur et correcteurJean-Paul Gagnon

ImprimerieImprimerie F.L. Chicoine

Les administrateurs de l’Ordre sont : Robert Chicoine, présidentJean Côté, vice-présidentLouise Audet, trésorière

Donald Bonsant, administrateurPierre Marcotte, administrateurRaphaël Fischler, administrateurDanielle Lussier, administratrice

Georges Roy, administrateur nomméJean-Paul Gaumond, administrateur nommé

Permanence : Claude Beaulac, directeur général

Odette Michaud, adjointe à la direction etsecrétaire de l'Ordre

Nathalie Corso, secrétaire administrativeCaroline Bonin, chargée des communications

Ordre des urbanistes du Québec85, rue Saint-Paul Ouest

4e étage, suite 410, Montréal, QC, H2Y 3V4(514) 849-1177 • www.ouq.qc.ca

Dépôt légalBibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

Tous les textes publiés dans Urbanité ne reflètent pas forcémentla position ou l’opinion de l’Ordre et n’engagent que l’auteur.

Le genre utilisé dans cette publication englobe le féminin etle masculin dans le seul but d’en alléger la présentation.

La revue UrbanitéTirage : 3 000 exemplaires

DistributionMembres de l’OUQ – 1011Abonnés et autres – 1989

Les personnes désireuses de s’abonner àla revue URBANITÉ doivent remplir le formulaire

d’abonnement et le retournerdûment complété. Le formulaire peut être

obtenu en appelant à l’Ordre ou sur le site Internet :www.ouq.qc.ca

AuteursVous êtes invités à soumettre vos articles

ou textes au comité éditorial. Le comité éditorialse réserve le droit de publier ou de refuser un article.

Informations : www.ouq.qc.ca

Vous pouvez soumettre vos commentaires et suggestionspar courriel à [email protected]

4 Mot du président 56 Obervatoire municipal

6 Opinion 58 Philosophie et culture urbaines

7 Actualités 60 Formation

11 Coup d’oeil municipal 62 Nouvelles du bureau

13 Coup d’oeil régional 64 Sur Internet

14 Coup d’oeil international 65 Calendrier et statistiques

54 Chronique juridique

SOMMAIRE

PLEIN LA VUE

18 Regarder sans voir ?

Les paysages québécois19 16 ans après les premiers États généraux

21 Paysages, demande sociale et actionsdes instances publiques

23 Des outils pour la qualité des paysages

Laurentides26 Une charte comme catalyseur du projet paysage régional

29 Les paysages de la MRC de Lotbinière...de la connaissance vers l’aménagement

MRC des Laurentides32 Le contrôle des implantations en montagne

Saint-Jérôme35 Un bassin de rétention comme projet de paysage

Le Plateau-Mont-Royal38 Une approche paysagère du patrimoine urbain

Stoneham-et-Tewkesbury40 PAE pour encadrer le développement domiciliaire

42 Les aires protégées et les paysages naturels du Québec

45 Les paysages dans les plans d’aménagement forestier

49 Le patrimoine agricole, de la conservation du bâtià la nécessité du projet de paysage

Paysages53 Qu’en pensent les urbanistes?

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L’Osmose des territoires

Pour les participants, ce congrès a étél’occasion d’échanges, d’apprentissage et deréseautage. Le thème reflétait les préoccu-pations des urbanistes, à l’ère où lesfrontières entre le rural et l’urbain devien-nent floues, tout comme celles entrebanlieue et ville centrale. La complémen-tarité rurale-urbaine est à l’ordre du jour denos instances politiques.

Je tiens à féliciter tous les membres ducomité organisateur et particulièrement lesdeux coprésidents, Louise Audet et AlainTessier, pour ce premier congrès autonomeen région depuis 2001. Le programmeoffrait des conférences intéressantes etvariées et des ateliers mobiles enrichissantsqui nous ont fait découvrir le dynamisme decette région où les paysages sont à couper lesouffle.

L’appui du conseil municipal de la Ville deRimouski, du conseil de la MRC deRimouski-Neigette et de l’Office du tou-risme et des congrès de Rimouski a révélél’importance de notre congrès et de notreprofession aux yeux des instances locales etrégionales. Cela souligne l’intérêt de tenirnotre congrès en région et de profiter de cetévénement pour faire connaître le dynamis-me de notre organisation et de ses membres.

Dans cet ordre d’idées, plusieurs villes ontproposé leur candidature pour l’édition2009 de notre congrès. Lors du banquet ducongrès à Rimouski, les urbanistes DonaldBonsant et René Girard étaient heureuxd’annoncer que le Bureau avait retenu la

candidature de la ville de Sherbrooke. Lecomité organisateur est actuellement enformation et le thème devrait être connuavant la fin de l’été. Par ailleurs, nous savonsque le 54e congrès mondial de la Fédérationinternationale pour l’habitat, l’urbanisme etl’aménagement que nous organisons setiendra à Québec en 2010, alors que lecongrès de 2011 aura lieu à Laval.

Dans un autre ordre d’idée, l’Ordre a tenuson assemblée annuelle dans le cadre ducongrès à Rimouski. Bilan de la dernièreannée, orientations et objectifs de la pro-chaine année étaient à l’ordre du jour.L’année 2007-2008 a été importante pourl’organisation du bureau et sa structureorganisationnelle. La mise en place denouveaux mécanismes favorisant notreimplication au sein de divers organismes etnotre rayonnement externe sont le signed’un changement marquant pour notreorganisation. L’Ordre organise de plus enplus d’activités. Même si ces activitésnécessitent des investissements non négli-geables, la situation financière de l’Ordredemeure des plus enviables. Au cours de laprochaine année, l’OUQ entend se doterd’un plan de communication et établir desstratégies qui lui permettront de mieux sepositionner sur la scène québécoise. ■

Le président

Robert Chicoine, urbaniste

N.B. Le rapport du président est accessible surle site Internet de l’Ordre des urbanistes,www.ouq.qc.ca.

Ces dernières années, l’Ordre des urbanistes du Québec

avait pris l’habitude de tenir son congrès annuel

conjointement avec un autre organisme. La dernière fois

où l’OUQ a tenu seul son congrès remonte à l’année 2001,

à Hull. L’Ordre est donc très fier du succès de l’édition

2008 du congrès de l’OUQ qui a réuni plus de 130

participants, à Rimouski, les 21, 22 et 23 mai derniers,

sous le thème L’osmose des territoires.

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Depuis plus de 30 ans au Québec , nous bâtissons notre réputation sur la qualité et la fiabilité de nos réalisations, ainsi que sur notre soutien au développement de la région.

› imaginer › évaluer › intégrer l’espace urbain

› la mise en valeur de sites

› le design urbain

› l’urbanisme et l’aménagement du territoire

› l’architecture de paysage

› le tourisme, la culture et les loisirs

› les études et la gestion de l’environnement

› la justification d’interventions en territoire agricole

› la planification stratégique

› les études de marchés et les analyses économiques

MONTRÉAL

QUÉBECSAGUENAYMONT-TREMBLANTwww.arbour.ca

Daniel Arbour & Associés (DAA) inc.

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Urbanité,couleur vert

URBANITÉ JUIN2008

C’est avec beaucoup de fierté que le comité éditorialvous dévoile la nouvelle mouture d’Urbanité.

Depuis longtemps, le comité désiraitrevoir le design du magazine en tenantcompte des pratiques actuelles en matièred’édition de magazines. Nous avonsréfléchi longuement aux modificationsnécessaires, afin de présenter une revueplus écologique, plus épurée et plus agréa-ble à consulter.

Pour y arriver, nous avons décidé d’utiliserun papier 100 % recyclé au fini mat qui,nous l’espérons, n’en rendra la lecture que

plus agréable. La grille graphique, le traite-ment des illustrations et la table desmatières ont, elles aussi, été entièrementrevues. Les nouvelles « grand public »ont été regroupées au début, celles quiconcernent plus particulièrement lesmembres de l’Ordre viennent ensuite.

Ce remodelage d’Urbanité s’inscrit dansune démarche d’amélioration continue.Nous n’oublions pas pour autant l’essen-tiel, le contenu. Nous souhaitons offrir à

nos lecteurs des textes qui répondent àleurs besoins. C’est pourquoi nous vousinvitons à nous transmettre vos commen-taires et suggestions par courriel àl’adresse : [email protected] . ■

Bonne lecture !

François Goulet, urbanistePrésident du comité éditorial

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Sans contredit, la grande majorité des

accommodements reliés aux différences culturelles se

pratiquent dans l’espace public en milieu urbain, et donc sur le terrain de l’urbanisme.

Pourtant, les urbanistes québécois ont été notoirement absents du débat sur la pratique

des accommodements raisonnables. Voilà une occasion manquée de faire avancer le

débat – et la cause de l’espace public.

Pour un Montréalais qui se frotte tous lesjours à des centaines d’individus de toutacabit et de toutes origines, le débat récentsur les pratiques d’accommodements reliésaux différences culturelles peut sembleravoir pris des proportions démesurées. Eneffet, la question a souvent été abordée dansles médias comme si chaque accommode-ment se faisait dans l’adversité, et comme sil’accommodement était avant tout uneaffaire légale.

La réalité, du moins la réalité montréalaise,est tout autre. Dans la pratique, les « accom-modements » se produisent souvent demanière spontanée et ne posent tout simple-ment pas problème. En fait, la diversitéculturelle – et donc la conciliation desdifférences culturelles – est une chose bienconcrète qui se vit dans l’espace public,défini comme l’espace d’interaction,d’échange et de « frottement » entre lesdifférentes composantes de la société. Cetespace d’échange ne se limite pas à la rue etaux trottoirs, mais inclut aussi les écoles, lesparcs, le métro, les autobus, les commerces,et les lieux de socialisation qu’on retrouveun peu partout dans la cité. On peut doncaffirmer que la pratique des accommode-ments raisonnables est donc un phénomènerésolument urbain – et d’urbanisme.

On peut dès lors se demander pourquoi lesurbanistes québécois n’ont pas participé plusactivement au débat sur les accommode-ments raisonnables. D’emblée, on pourraitaffirmer que l’urbanisme discrétionnaire auQuébec est en quelque sorte un précurseurde la pratique des accommodements raison-nables. La dérogation mineure, par exemple,ne constitue-t-elle pas un exemple demécanisme encadrant justement la pratiquede l’accommodement?

Mais là ne s’arrête pas le rôle de l’urbanistecomme « gestionnaire » de la diversité; au-delà des dispositions de la Loi sur l’aména-gement et l’urbanisme, l’accommodementdes différences est au cœur de la pratiqueurbanistique contemporaine. N’est-ce pas lerôle de l’urbaniste que de faire la ville pourtous, et que de faciliter l’appropriation dudomaine public par ceux qui l’occupent,quelle que soit leur « différence »? Le débatsur les accommodements raisonnables n’est-il pas, en fait, un débat sur la cohabitationdans l’espace?

Les cas d’accommodements les plus conten-tieux en font foi : une école et un lieu deculture dans une zone résidentielle, unhomme qui se voit expulsé d’une cafétériadans un hôpital et un autre d’une piscinepublique, une fête de cabane à sucreinterrompue pour permettre à un groupe de

faire la prière, etc. Mais les accommode-ments dont on parle moins et ceux de tousles jours concernent aussi souvent l’espacepublic : des terrains de baseball convertis enterrains de soccer, des ruelles transforméesen « allées vertes », des femmes enceintesdans l’autobus à qui on cède la place, dessans-abris qu’on laisse dormir sur les bancsde parc, etc. Sans parler des « accommo-dements » qui se font dans les corridors,escaliers communs et salles de jeu desimmeubles d’habitation gérés par lesmunicipalités.

En fait, on peut affirmer que la vie publiquedans la cité moderne est accommodements.Et que le domaine public, où se produitde manière générale la rencontre avec« l’autre », en est le médiateur. Suivant cettemême logique, un domaine public ouvert,sécuritaire, inclusif et accessible permettra lefrottement sans heurt des individus et desgroupes, et cela dépend en grande partie dutravail des urbanistes et autres professionnelsde l’aménagement.

C’est en ce sens que le débat sur les accom-modements raisonnables nous concerne. Enfait, il serait plus juste de dire que nous ensommes déjà partie prenante, qu’on leveuille ou non. Il est donc grand temps quenous prenions la place qui nous estdévolue. ■

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Desaccommodementsraisonnablesavant l’heure Joël Thibert

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Sainte-Thérèse adopteson nouveau plan d’urbanismePour se conformer au Schéma d'aménagement et de

développement révisé de la MRC Thérèse-De Blainville mis

en vigueur le 10 mars 2005, la Ville de Sainte-Thérèse a

adopté un projet de plan d'urbanisme révisé lors de la

séance du conseil de ville du 7 avril dernier.

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Compte tenu de l'état de maturité de laVille, le plan met l'accent sur la conso-lidation des acquis et la requalification decertains sites dont notamment le secteurde la gare intermodale où un projet detype TOD est actuellement en réalisation.La mise en valeur du pôle institutionnel dela municipalité ainsi que la poursuite de larevitalisation du centre-ville sont égale-ment des priorités.

Fait à noter, la réglementation contientdorénavant plusieurs mesures reliées audéveloppement durable, comme l'obli-gation pour toute nouvelle construction demunir les bâtiments de toilettes à faibledébit, des dispositions strictes en termesd'aménagement paysager des aires de

stationnement visant à réduire les îlots dechaleur, des dispositions visant à régle-menter l'implantation d'éoliennes domes-tiques, des dispositions relatives auxmurets de soutènement végétalisés etl'interdiction de pourvoir les bâtimentscommerciaux de comptoirs de service auvolant, afin de ne pas favoriser la marcheau ralenti des moteurs.

Le plan et les règlements ont étédéveloppés par le personnel du Secteururbanisme et développement durable dela Ville de Sainte-Thérèse dirigée parNormand Rousseau, urbaniste. La Ville apu compter sur la participation de la firmeFahey et associés. Urbanité ■

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La Route verte reconnuepar National GeographicDans Journeys of a Lifetime : 500 of the World’s GreatestTrips, la société National Geographic place la Route verte aupremier rang des meilleures routes cyclables dans le monde,devant des vélo-routes des États-Unis, de l’Italie, de la France,du Chili et de l’Australie.Une des raisons invoquées par laNational Geographic Society est lagrande diversité de cet itinéraire cycla-ble et des milieux qu’il traverse.

La Route verte, dont le développement adébuté en 1995, est une idée originalede Vélo Québec Association, réalisée encollaboration avec le gouvernement duQuébec, notamment le ministère desTransports, et des partenaires régio-naux. Son inauguration officielle a eulieu à travers tout le Québec en août2007.

« La reconnaissance internationaleaccordée à ce réseau cyclable est unretour sur l’investissement dont leQuébec pourra tirer avantage, expliqueMarc Panneton, urbaniste au ministèredes Transports du Québec et respon-sable gouvernemental de la Route verte.Selon lui, la couverture médiatique qui a

entouré cette nomination sera de natureà nous amener beaucoup de visite aucours des prochaines années.

Marc Panneton a mentionné que lareconnaissance de la société NationalGeographic implique également son lotde responsabilité. « Le réseau mis enplace au cours des 12 dernières annéesdoit être constamment entretenu, amé-lioré et bonifié. Cette préoccupationdevra se refléter dans les actions duministère des Transports, des municipa-lités et des nombreux intervenants dumilieu au cours des prochaines an-nées. »

Par ailleurs, la Route verte a reçu le prixUlysse, dans la catégorie Activités deplein air et de loisir, au gala montréalaisdes Grands Prix du tourisme québé-cois. F.G. ■

Un PPU pourle centre-villede Lennoxville

Le conseil municipal de

Sherbrooke a adopté,

le 4 mars dernier, un projet

de programme particulier

d’urbanisme (PPU) pour le

centre de l’Arrondissement

de Lennoxville.Le PPU constitue l’aboutissement d’unprocessus de planification mené conjoin-tement avec le Service de l’urbanisme etles autorités de l’Arrondissement deLennoxville, au cours duquel différentesétudes et analyses ont été réalisées pardes consultants (Groupe SM Aménatechet Teknika HBA inc). Le territoire visé sesitue en bordure des rues Queen etCollege.

Le projet de PPU, préparé par la directionurbanisme et aménagement du territoirede la firme Teknika HBA inc. a commeobjectif le maintien du caractère spéci-fique du centre de Lennoxville, sa vie dequartier où se côtoient résidants etétudiants, ses allures de « college town »bilingue à la manière des établissementsde la Ivy League américaine, la protectiondu cadre bâti d’intérêt patrimonial etl’amélioration de l’environnement urbaindu secteur au plan de sa fonctionnalité.

Enfouissement de fils électriques, nou-veaux lampadaires, ajout de mobilierurbain, uniformisation de l'affichage,restauration de bâtiments et aménage-ment de liens cyclables et piétonniersfont partie des initiatives mises de l'avantà partir de l'an prochain. Ces interven-tions prévues représentent des investis-sements de près de 7 000 000 $. ■

Hélène Laperrière, urbaniste

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Le gouvernementontarien lèvel’interdiction descordes à linge

Le ruisseau du Feu àTerrebonne sera protégé

Cet été, les Ontariennes et Ontariens

auront le loisir de faire sécher

leurs vêtements sur une corde

à linge extérieure.Le 18 avril dernier, le gouvernement ontarien a mis fin àcertaines restrictions qui empêchaient d'utiliser descordes à linge. La législation vise les règlements munici-paux et les obligations faites aux acheteurs de certainsdéveloppements résidentiels.

Avec cette législation, l’Ontario emboîte le pas à la Floride,l'Utah et Hawaii, qui ont adopté des lois pour lever lesinterdictions d’utiliser les cordes à linge. Le Vermontenvisagerait des mesures similaires.

Cette mesure toute simple s’inscrit dans le plan d'actionde l'Ontario contre le changement climatique. Il faut savoirque les sécheuses électriques comptent pour environ sixpour cent de la consommation résidentielle d'électricité,soit autant qu'un réfrigérateur fonctionnant 24 heures parjour et 7 jours par semaine. Là où l’électricité est produitepar des centrales thermiques, cinq sécheuses pourraientcréer sur une base annuelle le même volume d'émissionsde gaz à effet de serre qu'une voiture de catégoriemoyenne.

Utiliser les cordes à linge peut permettre d’économiser30 $ par année pour les personnes qui réduisent de 25pour cent l'utilisation de la sécheuse. Pour l’Ontario, lebénéfice est une réduction de la demande en électricité,car les sécheuses résidentielles consomment environ 900kilowatts heure d'électricité par année

Avec humour, le premier ministre McGuinty a déclaré : « Ily a toute une génération de jeunes qui pensent que lacorde à linge n’est qu’une prise spéciale à la lutte. » F.G. ■

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Un des derniers vestiges naturels de la plaine

inondable du Saint-Laurent dans la région

de Montréal fera l’objet d’importants travaux

de préservation.Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune, la FondationHydro-Québec pour l’environnement, la Ville de Terrebonne et CanardsIllimités Canada (CIC) ont mis en commun un budget de 1 500 000 $pour l’aménagement faunique d’un territoire de 100 hectares en bordurede la rivière des Prairies, à l’est de l’autoroute 40. Les travaux, qui ontdébuté à la mi-avril, visent l’aménagement d’un marais, d’un marécageet la réimplantation du boisé d’origine. Les terrains visés, propriétés dela Ville de Terrebonne et de l’organisme Canards Illimités Canada (CIC),ont été acquis au cours des ans, souvent par l’entremise de dons. Ilssont situés en zone « blanche », sujette à urbanisation. C’est pourquoi ilsont reçu l’affectation « Conservation » dans le plan d’urbanisme de laVille de Terrebonne.

« Le projet d'aménagement du ruisseau du Feu a pris naissance il y aplus de 20 ans par l'entremise de rencontres entre la Ville de Lachenaie,aujourd’hui fusionnée avec la Ville de Terrebonne, et monsieur RéjeanDumas, biologiste au ministère de l'Environnement et de la Faune » adéclaré l’urbaniste Guy Daoust à Urbanité. « Ce projet est le résultatd'une franche collaboration entre des individus et une multitude d'orga-nismes, de promoteurs, d'élus, de ministères, d’urbanistes et deplusieurs professionnels, des biologistes jusqu'aux fiscalistes » ajoutecelui qui a longtemps coordonné l’aménagement du site, d’abord à titrede directeur du Service de l’urbanisme de l’ancienne Ville de Lachenaie,puis comme chef du service de planification et développement urbain deTerrebonne.

Le territoire du ruisseau de Feu compte une vingtaine d’espèces de pois-sons et quelque soixante espèces d’oiseaux. Des pourparlers sont encours pour l'obtention d'un statut provincial de réserve écologique. F.G. ■

Les terrains visés, en bordure de la rivière des Prairies, sont situés en zone« blanche », sujette à urbanisation.

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Un urbaniste à la directiongénérale de Repentigny

Il s’agit pour lui d’un retour à ses racines, puisqu’il a vécu sa jeunesse dans la région.Urbaniste et géographe de formation, M. L'Écuyer est détenteur d'une maîtrise enanalyse et gestion urbaine. Il était depuis 2002 directeur de l'arrondissement deMontréal-Nord. Il avait auparavant occupé les postes de directeur général de la Ville deMontréal-Est et de directeur général adjoint de la Ville de Verdun. Urbanité ■

À Saint-Anaclet,des mesures pouréconomiser l’eauSaint-Anaclet, une

municipalité de 2676

habitants près de Rimouski,a adopté un règlement innovateur quiexige que toutes les nouvelles construc-tions soient munies de toilettes utilisantsix litres d'eau ou moins. De plus, la muni-cipalité versera 75 $ aux propriétaires quiremplaceront leurs vieilles toilettes pardes modèles qui consomment moinsd'eau.

Depuis deux ans, le gouvernement duQuébec permet aux municipalités delégiférer pour protéger l'environnement, àcondition que ces règlements ne contre-viennent pas aux lois de la province. Trèspeu de villes et de villages ont profité dece nouvel outil. Quelques-unes offrentdes subventions, mais Saint-Anaclet estune des premières municipalités duQuébec, avec Terrebonne, à exiger systé-matiquement des toilettes à faible débitdans les nouvelles constructions. ■

Québec annonce sept programmesd’aide au transport collectif

Avec la mise en oeuvre de laPolitique québécoise dutransport collectif, sept

importants programmesd’aide seront déployés auQuébec au cours des cinqprochaines années en vue

d’améliorer de 16 %l’utilisation des transports en

commun. Ces programmesvont favoriser les modes de

transport alternatifs àl'automobile et assurer

l'amélioration de l'efficacitéénergétique dans le transport

routier des personnes.

Les sept programmes visent l'améliorationdes services en transport en commun etdu transport collectif régional, l’adaptationdes taxis et des autocars interurbains pourle transport des personnes se déplaçanten fauteuil roulant, l’aide aux modes detransport alternatifs à l'automobile, l'amé-lioration de l'efficacité énergétique dans letransport routier des personnes.

Ces programmes d'aide s'adressent à uneclientèle variée, dont les organismes detransport en commun, le milieu municipal,les entreprises privées de transport parautobus, d'autopartage et de taxi, ainsique les employeurs. En incluant la contri-bution de 411 000 000 $ provenant dugouvernement fédéral, l'ensemble desinterventions du ministère des Transportsdans le financement du transport collectiftotalisera près de 4 500 000 000 $, aucours des 5 années de mise en oeuvre dela Politique québécoise du transportcollectif, dont 1 000 000 000 $ en2008-2009. Urbanité ■

L’urbaniste Daniel L’Écuyer a été nommé directeur général deRepentigny le 2 juin dernier.

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Daniel Legault, urbaniste

Inclusion de logements abordables dans les projets résidentiels

La révolution tranquillemontréalaise

La construction de

logements abordables est

devenue un enjeu politique

pour de nombreuses villes

nord-américaines. Alors

que des villes comme

Boston et Vancouver ont

adopté une approche

réglementaire et

coercitive, l’administration

montréalaise a parié sur

une approche volontaire

soutenue par des incitatifs.

Il semble que le pari

ait été gagné.

Adoptée en août 2005, la Stratégie montréa-laise d’inclusion de logements abordablesdans les nouveaux projets résidentiels misesur trois axes d’intervention, soit encouragerle développement d’une gamme diversifiéede logements dans les grands sites, faciliter laréalisation de logements sociaux et com-munautaires et enfin, stimuler la productionde propriétés à prix abordable.

Seulement deux ans après son adoption, laStratégie a permis l’émergence de projetsd’inclusion exemplaires. Le Nordelec, lesLofts Impérial, la Biscuiterie Viau et le sitedes ateliers Rosemont ont tous, à leur façon,fait œuvre de pionniers à l’égard du déve-loppement de projets résidentiels mixtesd’envergure à Montréal.

L’adoption de la Stratégie a donné naissanceà une « pratique d’inclusion et de mixité »propre à Montréal. En effet, un nombresignificatif de promoteurs privés et commu-nautaires intègrent les objectifs d’inclusionet de mixité dès le début de la conception deleurs projets. Dans certains cas, la contribu-

tion des promoteurs privés est allée au-delàdes attentes de la Stratégie.

L’objectif visé par la Stratégie, à savoir que30 % de la production résidentielle soitabordable, a été atteint, surpassé même.Ainsi, pour 2006, on estime à 39,4 % lepourcentage d’unités abordables par rapportà l’ensemble des nouveaux logements.

Les pratiques d’inclusion et de mixités’intègrent également aux manières de fairedes arrondissements et des services muni-cipaux. Les planificateurs et professionnelsont commencé à tenir compte des objectifsde la Stratégie. L’abordabilité, l’inclusion etla mixité prennent place aux côtés des autresconsidérations urbanistiques, patrimonialeset environnementales dès le début duprocessus de conception d’un projet.

Les défis de l’inclusionUn récent rapport de la Ville de Montréal1

présente l’avancement de la mise en œuvrede la Stratégie, mais aussi les défis del’inclusion.

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1 Stratégie d’inclusion de logements abordables dans les nouveaux projets résidentiels : avancement de sa mise en œuvre. Pour consulter le rapport : www.habitermontreal.qc.ca(sous l’onglet orientations et études)

Le Square Cartier, dans l’arrondissement Ville-Marie de Montréal, comptera à terme342 propriétés dont une partie importante sera abordable. Le constructeur réaliserade plus 53 logements sociaux et communautaires selon la formule « clés en main ».

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La réalisation de projets résidentiels surdes sites majeurs s’échelonne sur plusieursannées et touche parfois plusieurs proprié-taires et promoteurs. La planification d’unprojet d’inclusion, dans ce contexte, serévèle complexe. Elle oblige à mettre aupoint un certain nombre de mécanismesdestinés à s’assurer que la proportion viséede logements abordables soit véritable-ment réalisée, qu’il s’agisse de logementssociaux et communautaires ou d’initiativeprivée. Ces mécanismes porteraient princi-palement sur l’obtention et la rétention deterrains. Dans le cas des logements sociauxet communautaires, la difficulté consiste àplanifier leur inclusion, alors que les fondsgouvernementaux ne sont pas toujoursimmédiatement disponibles. La négocia-tion avec les promoteurs pour clarifier leurengagement prend alors toute sonimportance.

Améliorer l’offre de logementsabordables pour famillesAlors que du côté social on réussit à réaliserplus du tiers des unités pour des clientèlesfamiliales, la grande majorité des logementsabordables d’initiative privée sont de petitetaille et n’offrent que peu de solutions auxménages familiaux, en particulier ceuxcomptant deux enfants ou plus, aussi biensous l’angle de la superficie et de laconception architecturale que du prix.Comment la Ville peut-elle stimuler uneoffre résidentielle abordable pour famillesdans un contexte urbain? Outre l’examendes incitatifs en place, l’utilisation de laréglementation de même que la recherched’un design innovateur sont des avenues àexplorer. De plus, devrait-on, au-delà de lacible déjà établie dans la Stratégie pour laproduction privée abordable, fixer une cibleparticulière pour la production de loge-

ments pour familles dans certains projetsd’inclusion quand le milieu s’y prête ?

Partout, de façon récurrenteLes logements sociaux et communautairessont actuellement répartis entre plus d’unevingtaine d’arrondissements et de villesreconstituées. Par contre, il existe encore desquartiers montréalais où l’on voit peu deconstruction de logements abordables,même si on observe des progrès depuisl’adoption de la Stratégie. C’est la situationdans certains secteurs périphériques ainsique dans le Centre. En fonction du milieud’implantation des projets d’inclusion, lerajustement des cibles à l’intérieur del’objectif global de 30 % constitue uneavenue à considérer pour répondre plus adé-quatement aux particularités des quartiers.

Par ailleurs, le succès de la Stratégie met enlumière un nouvel enjeu, celui d’obtenirsuffisamment d’unités de logements sociauxet communautaires pour répondre à lademande générée par les projets d’inclusion.À court terme, il faudra effectuer des

arbitrages parmi les projets. À plus longterme, la confirmation de budgets récur-rents liés aux programmes est requise pourassurer une meilleure planification desfuturs projets d’inclusion.

Pour assurer la création de logementssociaux et communautaires et stimuler laconstruction ainsi que l’acquisition delogements abordables privés sur le territoiremontréalais, la Ville doit obtenir desengagements fermes et à long terme dugouvernement du Québec.

Le gouvernement du Québec, par l’entremi-se de la Société d’habitation du Québec(SHQ), devra également s’engager à adapterles programmes en vigueur pour répondreaux spécificités montréalaises. Les demandesde la Ville portent, entre autres, sur la hausseglobale des coûts maximums de réalisationreconnus et sur l’instauration d’un méca-nisme de reconnaissance et de rajustementdu prix des terrains pour l’agglomération deMontréal.

Enfin, débordant du financement public, ilserait intéressant d’explorer des sources definancement complémentaires aux pro-grammes gouvernementaux, pour la réalisa-tion de projets complexes, en y associant lesecteur privé (fondations privées, contri-butions de fournisseurs, etc.).

Le succès de la Stratégie demeure consi-dérable. L’adhésion de la population et desélus est un facteur important de cetteréussite. Les récentes consultations publi-ques à propos du développement de certainsprojets sur des sites majeurs ont démontré àquel point la population souscrit auxobjectifs de la Stratégie. ■

Daniel Legault est urbaniste à laDirection de l’habitation de la Ville de Montréal

La Stratégie d’inclusion de logements abordables dans lesnouveaux projets résidentiels s’appuie sur deux notions qu’ilimporte de mettre en relief : celle du logement abordable ou del’abordabilité et celle de la mixité sociale. Un logement estconsidéré comme abordable « lorsque son loyer ou sonhypothèque mensuel (sic), incluant les taxes foncières et les fraisde chauffage, ne dépasse pas 30 % du revenu mensuel brut duménage qui l’habite ».

La seconde notion, la mixité sociale, se concrétise dans les projetsd’inclusion. Dans la Stratégie, la Ville énonce ses principauxarguments pour favoriser la mixité sociale :

- c’est un facteur de développement durable;

- c’est une façon d’éviter la ségrégation sociale et le cercle vicieuxde l’appauvrissement;

- c’est un moyen pour assurer le maintien des gens dans leur milieude vie.

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Le Nordelec, un projet dans l'arrondissement Sud-Ouest de Montréal. Quinze pour cent des 1 185unités seront des propriétés vendues à des prix abordables. Le promoteur s’est de plus engagé àdécontaminer et à céder gratuitement deux terrains pour la construction de 175 logements sociaux.

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C’est une des recommandations formulées àcette occasion par l’Association de sécuritécivile du Québec (ASCQ) et ses partenaires,dont l’Ordre des urbanistes du Québec, auterme d’une démarche initiée à l’automne2007.

« Plusieurs projets industriels récents àproximité de quartiers urbains, et à l'inverse,plusieurs projets de développement résiden-tiel ou institutionnel à proximité de zonesindustrielles, ont mis en évidence l'impor-tance de mieux tenir compte des risquestechnologiques » explique Annik Bouchard,conseillère en planification - sécurité civile àla Ville de Montréal et vice-présidente del’ASCQ. Elle rappelle que la prise en comptedes risques anthropiques est une compo-sante facultative des schémas d’aménage-ment en vertu de la LAU.

Selon un inventaire effectué par le ministèrede la Sécurité publique en 2007, les règle-ments de zonage municipaux contiennenttrès peu de dispositions pour empêcher que

des bâtiments habités se retrouvent àproximité des entreprises possédant dessubstances dangereuses.

« Cela pourrait s’expliquer en partie par unmanque d’information et de sensibilisationdes municipalités à l’égard de ce type derisque », explique Romain Saint-Cyr, coor-donateur en gestion des risques technolo-giques au ministère de la Sécurité publique.« Il faut dire que contrairement à la situationpour les aléas naturels, les municipalités nedisposent ni de carte, ni de cadre normatifpour les guider dans ce domaine. »

« L’aménagement du territoire est un desmeilleurs moyens pour réduire la vulnérabi-lité de la population par rapport aux risquestechnologiques » ajoute encore RomainSaint-Cyr. « À défaut de bien planifierl’aménagement du territoire pour réduire lesrisques, les mesures d’urgence demeurentpratiquement les seuls outils pour protégerles personnes exposées. »

L’ASCQ et ses partenaires recommandentau gouvernement de préciser les exigencesrelatives au contenu des analyses de risque.« Les méthodes d’évaluation étant des outilsestimatifs et probabilistes, leurs résultatsportent à la discussion » explique ClaudeBeaulac, directeur de l’Ordre des urbanistesdu Québec. « L’adoption d’une méthodeuniverselle permettra d’éviter les débatsstériles et accélérera la prise en compte desrisques par les administrations publiques. »

De plus, les ordres professionnels interpellés,urbanistes et ingénieurs, se sont engagés àpoursuivre leurs efforts en vue d’adapter lacompétence de leurs membres en gestiondes risques et sécurité civile. « Les urbanistessont familiers de la prise en compte desrisques naturels, mais il en va tout autrementpour la prise en compte des risques techno-logiques. La formation professionnelle estpour ainsi dire inexistante dans ce domai-ne » constate Claude Beaulac

« Or, avec l’obligation prochaine de préparerdes schémas de sécurité civile, les acteursde sécurité civile et de l’urbanisme vontêtre appelés à travailler plus étroitement »conclut Annik Bouchard. ■

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1 Voir Sécurité publique et aménagement du territoire, dans Urbanité, décembre 2007, page 3.2 Voir à ce sujet Contraintes anthropiques et gestion des risques 101, dans Urbanité, décembre 2006, page 18. www.ouq.qc.ca/documents/Urbanite-dec2006%20Catastrophes.pdf

Pour une meilleure prise en comptedes risques technologiques

François Goulet, urbaniste

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Les participants au colloque sur la sécurité civile, qui se

tenait les 19 et 20 février derniers à Saint-Hyacinthe ont

demandé que le gouvernement précise les règles en

matière d’aménagement et de sécurité civile, en

particulier en matière de risques technologiques.

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La Loi du paysage de la Catalogne Le gouvernement de la Catalogne aadopté, en juin 2005, la Loi relative à laprotection, à la gestion et à l’aménage-ment des paysages. L’objectif de la loi,qui s’inscrit dans une perspective dedéveloppement durable, est d’assurer lacompatibilité du développement écono-mique et urbanistique avec la qualité ducadre de vie.

La portée de la loi est horizontale. Ellevise l’intégration de la notion de paysagedans les politiques relatives à l’aménage-ment du territoire, à l’agriculture, à laforêt, à l’élevage, aux infrastructures, à la

culture, à l’économie, à l’industrie, aucommerce, au développement social ou àtoute intervention ayant une incidencesur le paysage.

Les actions qui sont réalisées dans lecadre de la loi catalane peuvent avoir lesfinalités suivantes :

> la préservation des paysages qui requiè-rent des interventions spécifiques etintégrées;

> la mise en valeur des paysages de lapériphérie et des voies d’accès auxvilles;

> l’entretien, la mise en valeur et larestauration des paysages agricoles etruraux;

> l’élaboration de projets d’intégrationpaysagère pour des zones d’activitésindustrielles et commerciales ainsi quepour des infrastructures.

La loi prévoit également la réalisation decatalogues de paysages, ces cataloguesreprésentant l’une des étapes préalables àla reconnaissance des paysages dans lespratiques et outils d’aménagement duterritoire. Les catalogues doivent définirla typologie des paysages catalans, leurvaleur et l’état de leur conservation. Ils

La Convention européenne du paysage, adoptée par le Conseil de l’Europe, est en

vigueur depuis le 1er mars 2004. La mise en œuvre de cette convention s’est

effectuée rapidement; à ce jour, 29 états membres du Conseil l’ont signée. Cette

Convention prévoit diverses mesures de protection des paysages. Elle s’applique tant

aux paysages remarquables qu’aux paysages du quotidien et aux paysages dégradés.

Les pays signataires de la Convention s’engagent à protéger, à gérer et à aménager

leurs paysages par l’adoption de diverses mesures.

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La mise en œuvre dela Convention européennedu paysage Isabelle Boucher, urbaniste

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fixent également des objectifs de qualitépaysagère à atteindre et fournissent desindicateurs de suivi. Des directivespaysagères issues du diagnostic contenudans les catalogues seront ensuite inté-grées aux plans de zonage et aux autresplanifications territoriales. L’exercice deconfection des catalogues s’arrime d’ail-leurs à la révision des plans territoriauxde la Catalogne.

Les étapes de confection des cataloguesdes paysages intègrent la participationcitoyenne. Cette intégration de la con-naissance vernaculaire et des valeursintangibles attribuables au paysagedevient un outil de sensibilisation dans lagestion des paysages et permet dedévelopper une coresponsabilité socialerelative au territoire.

Une caractérisation des paysagesdu Royaume-UniPour en arriver à déterminer le caractèred’un paysage de même que sa valeur, uneméthodologie précise est proposée par leRoyaume-Uni : la Landscape characterassessment, laquelle intègre, soulignons-le,la consultation des acteurs à cinq mo-ments différents. Dans un premier

temps, il s’agit de définir les objectifs del’étude de caractérisation dans le but depréciser l’échelle d’observation et leniveau de détail exigé, les ressourcesnécessaires ainsi que les méthodes deconsultation des acteurs intéressés. Laseconde étape comprend une collected’information en vue de proposer undécoupage en unités paysagères, sur la

base de facteurs naturels (géologie,topographie, pédologie, hydrographie etcouverts végétaux) et culturels (utilisa-tion des sols, patrons d’établissementshumains, mode de division des terres ethistorique du paysage). Au cours de latroisième étape, des enquêtes sur leterrain permettent de considérer lesaspects perceptuels et esthétiques despaysages et d’évaluer leur intégrité. Laquatrième étape consiste à cartographierles diverses unités paysagères et àdéterminer leur caractère en fonction deleurs attributs les plus éloquents. Lacinquième étape vise finalement àattribuer à chaque unité paysagère unevaleur à partir de critères établis.

Des expériences polonaise etfrançaise de déterminationdes objectifs de qualité paysagèreLa Pologne s’est penchée sur la détermi-nation d’objectifs de qualité paysagèredans le cadre plus précis d’un territoiredoté du statut de réserve de biosphère del’UNESCO, la forêt de Roztocze-Solska.Pour ce faire, les responsables de l’étudeont choisi de mener une enquête auprèsde 210 personnes.

Le questionnaire traitait des composantespaysagères à conserver, de l’incidence desdiverses utilisations du sol sur le paysage,de l’importance accordée au couvertforestier, des principales caractéristiques àprotéger (historiques, culturelles, naturel-les) et des éléments qui menacentl’intégrité du paysage comme la pollutionde l’eau.

Un tel exercice de détermination d’objec-tifs de qualité paysagère a été réalisé en1995 en France, dans la vallée de laDordogne, par une équipe d’experts enpaysage. Des rencontres ont été orga-nisées avec des maires des communesconcernées, afin, dans un premier temps,de leur faire réaliser les forces et faiblessesdes paysages communaux. L’équipe quimenait les travaux a adopté une stratégieparticulièrement intéressante pour abor-der la question du paysage qui consistaità faire d’abord ressortir des problèmesconcrets pour les lier par la suite aupaysage. Ainsi, les problèmes de qualitéde l’eau de la rivière ont été liés àl’assainissement des eaux qui coûte trèscher. La question de l’assainissement aensuite été rattachée à la dispersion del’habitat. Le sujet de l’organisation dupaysage a ainsi été abordé par le filtre desproblématiques vécues par les élus.

Vers des itinéraires paysagersLa région du Spessart, en Allemagne, afait l’objet d’un projet de valorisation despaysages dont les objectifs étaient decomprendre l’évolution du paysage et lesmécanismes d’interaction entre l’hommeet son environnement, de faire ressortir ladimension patrimoniale du paysage et demodifier l’attitude de la populationenvers son paysage.

Ce projet de valorisation des paysagess’est concrétisé par la réalisation de plusde 50 sentiers culturels. Des groupes detravail comptant entre 5 à 30 personnes,comprenant des résidants, ont été crééspour chaque projet de sentier. Chacun deces groupes devait définir la thématiqueassociée au sentier à réaliser en se basantsur le paysage local, sur l’histoire des lieuxet sur ce qui apparaît important aux yeuxde la population locale. Cette thématiquedevait être unique et typique du villageoù le sentier était à construire. L’aména-gement de sentiers culturels, dont leprocessus de planification durait environdeux ans, a donné lieu à une forme deprotection du paysage assurée par lapopulation elle-même. Ces projets,conçus et réalisés de concert avec lacommunauté, ont permis de sensibiliserla population à l’importance de sonpaysage local, de revaloriser l’image de larégion et d’assurer un contrôle social destransformations du territoire. ■

Isabelle Boucher est urbaniste àl’Unité ministérielle de recherche et de veille duministère des Affaires municipales et des Régions

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La Convention européenne du paysage s’applique tant aux paysagesremarquables, qu’aux paysages du quotidien et aux paysages dégradés.

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PxD/C=GP2Rendez-vous au Manitoba!Winnipeg : le 13 au 16 juillet 2008

L’Institut des urbanistes professionnels du Manitoba sera l’hôte duprochain congrès national annuel de l’ICU. Vous êtes touscordialement invités à vous familiariser avec « le Manitoba,province accueillante » et à participer activement à ce qui, nous l’espérons, sera un congrès qui laissera sa marque dans le tempsavec son mélange intéressant d’interpellation, de célébration etd’inspiration.

Consultez la site Web pour avoir une meilleure idée de ce que nousespérons accomplir. Et choisissez de vous engager dans l’Urbanisme etle design en communauté - en concevant des milieux de vieexemplaires, sains, accueillants, inclusifs et écologiques. Ce sera un« événement social » typiquement manitobain, donc à ne pas manquer!

Join us in friendly Manitoba!Winnipeg: July 13-16, 2008

The Manitoba Professional Planners Institute will beco-hosting the next Canadian Institute of Planners national conference. You are cordially invited to experience‘Friendly Manitoba’ and its provincial capital, to activelyparticipate in what will be a legacy’ conference with a richengaging mix of inquiry, celebration and inspiration.

Check out the Conference website for more of a sense ofwhat we hope to accomplish. Choose to be engaged inPlanning by Design in Community – in the Making of GreatPlaces, that are Healthy, Caring, Inclusive and Green. Thiswill be a very special Manitoba ‘social’, that you will notwant to miss.

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Check the CIP website for the preliminary program, the list of concurrent sessions and to register.

Consulter le site web du l’ICU pour le Programme préliminaire, l’information sur les séanceset pour le formulaire d’inscription.

www.cip-icu.ca/2008winnipeg.htm

Keynote Speakers / Nos Conférenciers vedette :Jeff Speck, former Director of Design, National Endowment for the Arts, Washington, DC and co-author of Suburban Nation

Charles Landry from the UK, author of The Creative City and The Art of City Making

Leonie Sandercock, from Vancouver, author of Towards Cosmopolis and Mongrel Cities, and Giovanni Attili, from Rome - co-producers of the NFB film, Where Strangers Become Neighbours.

Ted Jojola, Chair of the Indigenous Planning Division of the American Planning Association

Arthur Mehrhoff, former Director of the Minnesota Design Team

Jerry Kaufman, Principal author of the APA Policy Guide on Community and Regional Food Planning

Partnership and exhibit opportunities are still available! Visit the website for more details.

Les opportunités pour les exposants et partenaires sont encore disponible !Consulter le site web pour plus d’information.

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DOSSIER

Plein la vue

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Regarder sans voir ?La sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine, tout autant

que la prise en compte des paysages dans les gestes posés

en aménagement sont des sujets effervescents. Mais, bien

qu’ils soient rarement décriés –difficile d’être contre la

vertu–, leur traitement pose souvent problème.

En matière de patrimoine, la faiblesse desmoyens, notamment financiers, est l’argu-ment le plus souvent invoqué. En matièrede paysages, l’habitude de voir et de vivre enprésence de réseaux électriques aériens,d’antennes de télécommunication, d’affi-chage hétéroclite en ville et en région, dezones industrielles installées aux entrées deville et souvent encombrées d’entreposagenon réglementé, etc. semble éroder notreregard critique. De plus, certaines chartes depaysage que les régions du Québec semblentremplies de vœux pieux, tellement ellesn’engagent à rien ou presque de la part desorganisations signataires. Pourtant, les idéeset les professionnels pour s’en occuper nemanquent pas. Alors, on peut lucidement sedemander si au Québec on regarde nospaysages sans vraiment les voir ?

À l’évidence, les paysages naturels duQuébec présentent des caractéristiques quiles rendent forts attrayants. La clientèletouristique est là pour appuyer les préten-tions des agences qui en vantent les beautésdéclinées au rythme des saisons. La diver-sité, la spécificité et même l’unicité decertains d’entre eux constituent d’ailleursdes atouts dans le contexte de la mondialisa-tion. La qualité du cadre de vie, des paysageset du patrimoine s’ajoute dorénavant auxfacteurs de localisation des entreprises etdes travailleurs de l’économie du savoir.Toutefois, au-delà des qualités de nospaysages naturels, l’impression qui se dégagede notre territoire en est plutôt une dedésordre général. Le cadre bâti manqued’harmonie à peu près partout au Québec,même si quelques « enclaves » sont cepen-dant de qualité exceptionnelle, au point de

mériter des prix ou même le statutde site du patrimoine mondial del’UNESCO.

Il y a donc un important paradoxe danscette situation. Pourquoi accepte-t-on devivre dans un cadre bâti si désordonné alorsque les paysages naturels tout autour sontaussi grandioses ? Pour ajouter au paradoxe,il faut aussi mentionner que le Québecdispose, depuis un moment, de profession-nels qualifiés et d’outils législatifs etréglementaires qui permettent de créer uncadre de vie de qualité, tout en préservant lespaysages. Quelque chose a donc cloché dansnos façons de traiter les paysages. A-t-onregardé sans vraiment voir autour de nous ?

Le comité éditorial d’Urbanité s’est penchésur la question et a décidé de relever le défid’en traiter sans complaisance. Les auteursproposent tour à tour de faire le point sur lesoutils législatifs et réglementaires dispo-nibles et présentent divers angles de percep-tion et de compréhension du paysage selondes contextes différents. Divers exemples depratiques et des résultats concrets qui fontréfléchir sont également mis en lumière. Lecomité éditorial souhaite par ce dossierraviver le débat; nous croyons en effet qu’ilest grand temps de nous occuper de patri-moine et de paysage en dépassant lesintentions et les propositions d’action quirestent le plus souvent lettre morte. Il estdonc grand temps de s’en mettre plein lavue. Bonne lecture. ■

Hélène Laperrière, urbaniste, Ph.D. et SergeVaugeois, urbaniste, pour le comité éditorial

Pourquoi accepte-t-on

de vivre dans un cadre

bâti si désordonné

alors que les paysages

naturels tout autour

sont aussi grandioses ?

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Les paysages québécois

16 ans après les premiersÉtats généraux David Belgue, urbaniste

Lorsqu’en 1999, à l’initiative de l’OUQ, se sont tenus les premiers États généraux

du paysage québécois, le concept du paysage était encore nébuleux… et le niveau

de préoccupation des professionnels et des citoyens encore embryonnaire.

Seize ans plus tard, où en sommes-nous?

Le nombre et la variété des articles de cenuméro d’Urbanité démontrent le foison-nement des préoccupations à l’égard despaysages québécois. Est-ce que la notion dupaysage est aujourd’hui parfaitement lim-pide? Pas forcément, mais c’est la beautémême de la notion du paysage : elle estinclusivue, engloblante et pluridisciplinaire.Les chercheurs chevronnés et les simplescitoyens sont persuadés, chacun selon saperception, d’en saisir les tenants et abou-tissants. Et c’est tant mieux, puisque celasuscite des débats à la fois éclairés et fondéssur des préoccupations de tous les jours.

D’entrée de jeu, on peut apporter certainesprécisions quant au sens à accorder aupaysage. La définition proposée en 2000 parle Conseil du paysage québécois est lasuivante :

« Le paysage est beaucoup plus que lescaractéristiques visibles d’un territoire etla définition du paysage doit être élargieafin d’englober l’interaction entre l’acti-vité humaine et l’environnement. Deséléments biophysiques, anthropiques,socioculturels, visuels et économiquess’inscrivent ainsi dans la notion depaysage. »

Cette définition rejoint celle de la Conven-tion européenne des paysages, adoptée par leConseil de l’Europe et ratifiée depuis 2000par 29 pays :

« Paysage désigne une partie de territoiretelle que perçue par les populations, dontle caractère résulte de l'action de facteursnaturels et/ou humains et de leurs inter-relations. »

Au cœur de ces définitions se retrouve unepréoccupation à l’égard des interventionshumaines et de leur effet cumulatif sur leterritoire. Ces interventions peuvent s’ins-crire en continuité avec le caractère des

paysages ou en rupture avec eux. Et puisqueles paysages sont intimement liés au sensd’appartenance des citoyens à leur région, ilest essentiel pour les décideurs publics debien apprécier les impacts paysagers, nonseulement des grands projets, mais aussi desinterventions à plus petite échelle.

Il ne s’agit pas de « muséfier » les paysagesquébécois en tentant d’instaurer des mesu-res extrêmes de contrôle, mais plutôt degérer les transformations dans le respect ducaractère propre de chacune de nos régions.Pour cela, il faut comprendre nos paysagespar une caractérisation adéquate, définir lesprincipes à respecter lors des interventionsde toute nature et mettre en place desactions de sensibilisation, de mise en valeur,de planification et de réglementation.

Les urbanistes sont nécessairement inter-pellés par ces gestes qui doivent toutefoisdépasser l’inclusion de dispositions parti-culières dans les schémas d’aménagement etde développement, les plans et les règle-ments d’urbanisme.

« Le paysage est beaucoup plus que

les caractéristiques visibles d’un territoire et la

définition du paysage doit être élargie

afin d’englober l’interaction entre l’activité

humaine et l’environnement. »

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Par ailleurs, les réflexions actuellement encours portant sur la révision de la Loi surl’aménagement et l’urbanisme et sur latransformation de la Loi sur les biens culturelsen Loi sur le patrimoine culturel nous offrentl’opportunité de revoir le cadre législatif,afin de mieux tenir compte de cettepréoccupation grandissante à l’égard dupaysage.

Le document de consultation intitulé « Unregard neuf sur le patrimoine culturel »,propose d’introduire, dans la nouvelle Loisur le patrimoine culturel, le classement ou lacitation des « paysages patrimoniaux ». Lorsde sa participation aux consultations, leConseil du paysage québécois, tout en seréjouissant de la reconnaissance juridiquedes paysages, a insisté sur l’importance de sepréoccuper de tous les paysages, et passeulement de ceux considérés embléma-tiques ou identitaires.

À cet égard, les pays signataires de laConvention européenne des paysages sesont engagés à « intégrer le paysage dans lespolitiques d'aménagement du territoire,d'urbanisme et dans les politiques cultu-relles, environnementales, agricoles, socialeset économiques, ainsi que dans les autrespolitiques pouvant avoir un effet direct ouindirect sur le paysage ».

Les débats récents concernant les impactspaysagers de l’implantation des parcs éolienset de certains projets majeurs, comme leport méthanier Rabaska, mettent en évi-dence les difficultés des processus actuelsd’évaluation d’impacts à aborder adéquate-ment les enjeux paysagers associés à de tellesinterventions. Les professionnels réalisantces évaluations doivent également disposerde l’expertise requise dans ce domaine.

Les textes du présent numéro témoignentd’efforts significatifs en vue d’inventer desfaçons nouvelles d’aborder le paysage,

notamment par les études de caractérisationet l’adoption de chartes du paysage quis’inspirent de la Charte du paysage québé-cois, préparée en 2000. La diversité despaysages recensés, qu’ils soient urbains,villageois, forestiers ou agricoles, et les liensentre paysage, patrimoine, biodiversité etdesign, démontrent que la notion depaysage est malléable et aborde une gammeélargie de préoccupations.

Le paysage n’est la chasse gardée d’aucuneprofession, mais les urbanistes, par leurperspective large, peuvent et doivent jouerun rôle de premier plan dans la protection etla mise en valeur des paysages québécois. Cenuméro d’Urbanité démontre clairementqu’en 2008, les urbanistes sont au premierplan des efforts de protection et de mise envaleur des paysages québécois. ■

David Belgue, urbaniste, est présidentdu Conseil du paysage québécois

Le paysage n’est la chasse gardée d’aucune profession,

mais les urbanistes, par leur perspective large,

peuvent et doivent jouer un rôle de premier plan...

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Paysages,demande sociale et actionsdes instances publiques Denis Lemieux

Il existe au Québec une forte demande sociale pour le paysage

qui se manifeste, de manière récurrente depuis quelques années,

à l’occasion des grandes consultations menées par le gouvernement

du Québec sur des questions d’aménagement et de développement

du territoire.

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Mentionnons, à titre d’exemple, la consul-tation sur le plan de développement durabledu Québec, les consultations effectuées dansle cadre de la Commission Arpin et de laCommission Pronovost et, plus récemment,la consultation sur la révision de la Loi surles biens culturels entreprise par le ministèrede la Culture, des Communications et de laCondition féminine.

Valeurs communesLe paysage est donc un sujet qui intéresse deplus en plus d’intervenants dans toutes lesrégions du Québec. Grâce à cet intérêtgrandissant, il est en train de se développerune intelligence territoriale fondée surl’émergence de quelques valeurs paysagères.En effet, des réseaux se mettent en place, desexpertises s’affirment et des « projets » depaysage s’initient un peu partout en région.Pensons au réseau mis en place par leConseil du paysage québécois et à l’exper-

tise, maintenant internationale, développéepar la Chaire UNESCO et la Chaire enpaysage et environnement de l’Université deMontréal. Il faut souligner aussi le travaild’analyse, de sensibilisation ou de mise envaleur effectué par la MRC de Lotbinière, laMRC de Charlevoix, la CRÉ de Montréal,la Communauté métropolitaine de Québecet le travail de fond mené par des orga-nismes comme Paysages estriens dans lesCantons-de-l’Est, Ruralys dans le Bas-Saint-Laurent, la Table de concertation sur lespaysages dans les Laurentides, le Conseil desloisirs scientifiques au Saguenay-Lac-Saint-Jean et l’Association des citoyens deTewkesbury, pour n’en nommer quequelques-uns.

Ces valeurs paysagères percolent aussi àl’échelle gouvernementale. En 2002, la Loisur la conservation du patrimoine naturel aintroduit le statut de paysage humanisé et,

actuellement, le ministère de la Culture, desCommunications et de la Conditionféminine réfléchit à la place que pourraitprendre le paysage dans la future loi sur laprotection du patrimoine culturel. Il fautaussi mentionner l’adoption, en 2006, de laLoi sur le développement durable où lepaysage est inclus dans le principe deprotection du patrimoine culturel ainsidéfini : « Le patrimoine culturel, constitué debiens, de lieux, de paysages, de traditions et desavoirs, reflète l’identité d’une société. Iltransmet les valeurs de celle-ci de génération engénération et sa conservation favorise lecaractère durable du développement. Il imported’assurer son identification, sa protection et samise en valeur, en tenant compte descomposantes de rareté et de fragilité qui lecaractérisent. » (Loi sur le développementdurable, gouvernement du Québec, 2006)

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Le site de La Grave, aux Îles-de-la-Madeleine,reflète une partie de l’identité de ce milieu degénération en génération.

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Paysages, indicateursdu développement durableCe principe de protection du patrimoineculturel est l’un des seize principes que les150 ministères et organismes gouvernemen-taux visés par la Loi sur le développementdurable doivent dorénavant prendre encompte dans le cadre de leurs actions etil sera intéressant de voir quel impactcette obligation aura sur le développementd’une cohérence gouvernementale dans ledomaine du paysage.

Déjà, on peut constater un premier geste,afin de favoriser cette cohérence gouver-nementale si nécessaire dans un secteurd’intervention comme le paysage, fonctiontransversale par excellence. Ainsi, en 2007,le gouvernement du Québec a rendu public,dans un addenda aux Orientations gouver-nementales en matière d’aménagement, unedéfinition actualisée du paysage. Cettedéfinition précise que : « Le paysage agitcomme un concept intégrateur qui traduitphysiquement les relations, dans le temps, del’homme à son milieu. En ce sens, il a unevaleur esthétique, patrimoniale, environne-mentale et sociale. Le paysage constitue à la foisun cadre de vie, dont l'attractivité, liée à saqualité, contribue au bien-être des citoyens, etune ressource (environnementale, patrimo-niale, économique et touristique) génératrice

de retombées économiques souvent majeures.Enfin, le paysage est un patrimoine collectif quicommande non seulement sensibilité et respect,mais également la responsabilisation desacteurs du milieu par le biais d'une vigilance etd’une implication actives en vue d’y favoriserune intégration réussie de tout projet. »

Il y a plusieurs éléments dans cette défini-tion et ce mode d’emploi qui peuventorienter notre manière d’aborder la gestiondes paysages et inspirer des pratiquesnouvelles, moins sectorielles et davantageintégrées. Ainsi, le paysage y est décritcomme un patrimoine collectif et une res-source génératrice de retombées écono-miques souvent majeures, ce qui en fait unenjeu important de développement durable.Le gouvernement précise aussi que sa valeurn’est pas seulement environnementale, maiségalement sociale et culturelle et que sonanalyse ne doit pas se limiter au seul aspectvisuel, comme cela est encore trop souventle cas, mais doit englober toutes ses dimen-

sions constituantes. Finalement, comme lepaysage est notre cadre de vie quotidien, onajoute que la population doit être étroite-ment associée à toute démarche d’interven-tion sur le paysage.

Sur la base du contenu de cet addenda gou-vernemental, un défi important des prochai-nes années sera d’unifier nos pratiques degestion dans le domaine du paysage. Il s’agitlà d’un défi qui concerne tout autant lesmilieux régionaux qui ont la responsabilitépremière de la planification et de la gestiondu territoire que les différents ministères etorganismes qui ont pour mission d’accom-pagner ces milieux afin de favoriser uneamélioration de la qualité de nos paysages.

Plus de concertationpour guider l’actionC’est dans cet esprit que le ministère de laCulture, des Communications et de laCondition féminine a appuyé la réalisationdu « Guide de gestion des paysages au Québec,lire, comprendre et valoriser le paysage »,ouvrage conçu par la Chaire en paysage etenvironnement de l’Université de Montréalet qui prend appui sur les résultats des re-cherches menées depuis 12 ans en colla-boration avec différents ministères etorganismes gouvernementaux. Ce guidepermettra de favoriser une plus grandeconcertation interministérielle dans ledomaine du paysage et de soutenir, demanière concrète, les différentes démarchesde valorisation des paysages en émergenceun peu partout au Québec. En faisant de laparticipation et de l’engagement de lapopulation un principe de base de l’inter-vention en paysage et en mettant l’accent surles dimensions culturelles, économiques,environnementales et sociales qui y sontassociées, ce guide permettra aussi de fairedu paysage un véritable territoire d’applica-tion du développement durable. ■

Denis Lemieux, architecte, est conseilleren développement durable au ministèrede la Culture, des Communicationset de la Condition féminine.

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MODE D’EMPLOI POUR MRC« En vertu des responsabilités qu'ils exercent en matière deplanification et de gestion de l'utilisation du territoire, les élus de laMRC comptent parmi les principaux fiduciaires de ce patrimoine, etleurs actions seront déterminantes quant au legs qui sera transmisaux générations futures. Le gouvernement demande à la MRCd'apporter une attention particulière à la protection, à la gestion et àl’aménagement des paysages de son territoire. Étant donné qu’ils’agit là du cadre de vie quotidien des citoyens, la population devraêtre étroitement associée à la détermination des paysages d'intérêtde son milieu (…) Le gouvernement insiste sur le fait que touteintervention sur le paysage se doit d’être précédée d'une démarchede connaissance de celui-ci. Cet exercice doit déborder le seul aspectvisuel pour englober ses dimensions physique ou environnementale(assise biophysique et ses éléments naturels), sociale (activitéshumaines, aspirations de développement, enjeux sociaux, modèlesculturels), sensible (perception visuelle) et évolutive ou temporelle(mouvance des caractéristiques biophysiques, histoire des actions del’homme). » (Orientations gouvernementales en matière d’aménage-ment/pour un développement durable de l’énergie éolienne,gouvernement du Québec, février 2007)

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Le mont Royal, à Montréal, commande nonseulement sensibilité et respect, mais égalementla responsabilisation des acteurs du milieu par lebiais d'une vigilance et d’une implication actives.

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Les outils de planification

et de réglementation

définis dans la Loi sur

l'aménagement et

l'urbanisme (LAU)

permettent de traiter de la

qualité générale du cadre

de vie, tant pour les

« paysages du quotidien »

que pour les paysages

d’intérêt plus particulier,

qu’ils soient

emblématiques ou

identitaires1.

Des outils pourla qualité des paysages

Pierre Blais et Alain Caron, urbanistes

Dans la pratique, ce sont principalement cesderniers qui sont considérés lorsque lanotion de paysage figure dans les documentsde planification. L’ensemble des outilsdéfinis dans la LAU à cet égard font icil’objet d’un examen, en considérant particu-lièrement certaines pratiques relevées dansles schémas d'aménagement et de dévelop-pement révisés des MRC.

Les outils des MRCLa notion de paysage n’est pas, en tant quetelle, une composante du schéma d'aména-gement et de développement. Elle serattache toutefois à ce que la LAU nommeterritoire d’intérêt esthétique2. Une fichetechnique publiée par le ministère desAffaires municipales dès les années 1980,lors de l’élaboration de la première généra-tion des schémas d’aménagement, précisaitbien le lien qui devait être établi entre lesnotions de paysage et de territoire d’intérêtesthétique à partir de la mise en application

de la Loi : « Le territoire d’intérêt esthétiquerévèle un paysage urbain rural ou naturel quisuscite un intérêt quant à ses caractéristiquesintrinsèques. »3 La Loi n’ayant pas changé, leMinistère véhicule encore aujourd’hui cettedéfinition, tout en l’ayant actualisée : « Leterritoire d'intérêt esthétique constitue unpaysage humanisé ou naturel (en milieuurbain ou rural) dont les éléments ou leurcomposition présentent des caractéristiquesvisuelles remarquables. »4

La détermination de territoires d'intérêtconsiste à circonscrire des espaces, à préciserla nature de l'intérêt qu'ils représentent et àles localiser géographiquement. Les caracté-ristiques de ces territoires doivent leurconférer un intérêt significatif pour la régionet leur identification doit s'inscrire dans laperspective d'une intervention possible de laMRC ou de la communauté métropolitainepour leur sauvegarde et leur mise en valeur.5

1 « Les paysages emblématiques sont des secteurs d’intérêt majeur. Il peut s'agir de lieux protégés, de sites qui sontreconnus par les visiteurs et décrits dans les guides touristiques ou qui font l'objet d'oeuvres picturales,cinématographiques ou littéraires. […] Les paysages identitaires, quant à eux, sont ancrés dans la mémoire collectiverégionale et locale. Ils présentent un intérêt pour la collectivité, de par leurs composantes paysagères, culturelles,naturelles et humaines. » Voir : Isabelle Boucher et Pierre Blais. Guide d’intégration des éoliennes au territoire : Versde nouveaux paysages, ministère des Affaires municipales et des Régions, 2007, p. 15.www.mamr.gouv.qc.ca/publications/amenagement/guide_integration_eoliennes_territoire.pdf Voir aussi : Claude Michaud. « Les paysages » dans Les collectivités viables en milieu rural : Bref regard sur lesenjeux et sur certaines pistes d’action, ministère des Affaires municipales, du Sport et du Loisir, 2003, p. 11-14.www.mamr.gouv.qc.ca/publications/obse_muni/collectivites_tire_a_part.pdf

2 Le paragraphe 5 de l’article 5 de la LAU indique qu’un schéma doit comprendre : « l’identification des territoiresprésentant pour la municipalité régionale de comté un intérêt d’ordre historique, culturel, esthétique et écologique ».

3 Benoît Bossé, Daniel Pilon et Serge Vaugeois. Les territoires d’intérêt dans un schéma d’aménagement, ministère desAffaires municipales, collection Aménagement et urbanisme, 1986, p. 1.

4 Ministère des Affaires municipales et des Régions. « Les territoires d’intérêt », Guide sur la prise de décision enurbanisme, 2007. www.mamr.gouv.qc.ca/amenagement/outils/amen_outi_plan_terr.asp

5 Ibid.

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C’est dans ce sens que le document complé-mentaire du schéma peut définir pour cesterritoires des règles ou des critères quetraduiront les règlements d’urbanismemunicipaux. Par ailleurs, le plan d’actionaccompagnant le schéma peut prévoir desinterventions ou des activités de sensibilisa-tion à la protection et la mise en valeur despaysages.

Toutefois, la protection et la mise en valeurdes paysages ne se réduisent pas aux seulesdispositions reliées aux territoires d’intérêtesthétique. En effet, la planification d’en-semble des paysages nécessite une cohérenceavec, d’une part, les dispositions relativesaux autres territoires d’intérêt – les territoiresd’intérêt historique, culturel et écologique –et, d’autre part, avec l’ensemble des autrescomposantes du schéma – notamment lesgrandes affectations du territoire, l’orga-nisation du transport terrestre ainsi que lesinfrastructures et équipements importants.

Une diversité d’actions réaliséesUn relevé des 51 schémas d'aménagementet de développement révisés en vigueur dansles MRC fournit un aperçu de la pratiqueactuelle de protection et de mise en valeurdes paysages à cet échelon.

La majeure partie des schémas révisésconsidérés, soit 38 équivalant à 75 %d’entre eux, contient des territoires ditsd’intérêt esthétique.6 Le nombre, lasuperficie et le type de territoires identifiésvarient considérablement d’une MRC àl’autre. Les territoires retenus sont soit dessites (chutes, îles, montagnes, parcs ouautres sites récréotouristiques et ensemblesbâtis), des panoramas ou des perspectivesvisuelles (souvent découverts à partir d’unparc routier) ou des corridors panoramiques(de part et d’autre d’une route ou d’un pland’eau). La plupart de ces 38 schémas, soit22 d’entre eux, font allusion à ces territoiresà l’intérieur de leurs grandes orientationsd’aménagement; ces orientations faisantallusion à des enjeux liés au tourisme et, àl’occasion, à l’identité du territoire de laMRC. Il est également intéressant desouligner que certains schémas font partiede démarches régionales, réalisées ou à venir,contribuant à l’identification des paysagesd’intérêt d’un groupe de MRC; citons les casde l’Outaouais et des Laurentides.

Différentes pratiques méritent d’être souli-gnées. Certaines MRC explicitent la notionde paysage qu’elles ont considérée. Ces défi-nitions font référence au caractère remar-quable de ces espaces, à la subjectivité duregard de l’observateur ou à la symboliquedes lieux ou encore décrivent ses compo-santes (structures géomorphologiques,cadastre, etc.).

Pour donner suite à l’identification deterritoires d’intérêt esthétique, 26 des 38schémas (60 %) qui identifient de telsterritoires comprennent des dispositionsvisant la réglementation municipale, laplupart du temps incluses dans le documentcomplémentaire. Ces dispositions prennentla forme de règles normatives, de règlesgénérales déterminant les objets que lesmunicipalités devront réglementer ou decritères à être considérés dans l’applicationde règlements d’urbanisme à caractèrediscrétionnaire. Les dispositions des sché-mas se rapportent le plus fréquemment aucontrôle du couvert végétal au pourtour dessites ou le long des corridors identifiés (lesrègles se rapportent fréquemment à unebande de 30 mètres), de l’affichage, des

activités d’extraction, de l’entreposage exté-rieur et de l’implantation de maisonsmobiles.7

Les outils des municipalitésDes composantes du plan d’urbanisme ana-logues à celles du schéma d'aménagement etde développement servent à encadrer laprotection des paysages. Ainsi, la détermi-nation des zones à protéger permettra dedéfinir par exemple les parties de territoireoù l’intégrité des perspectives visuelles doitêtre assurée ainsi que les modalités d’aména-gement à y considérer. Le plan d’urbanismepeut être plus précis que le schéma etcomporter un encadrement plus restrictifdans le respect de la conformité à l’égard dece dernier. Il peut également se référer à desterritoires d’intérêt plus local. Comme dansle cas des territoires d’intérêt esthétique duschéma, la désignation des zones à protégerdoit être envisagée en cohérence avec lesautres composantes du plan d’urbanisme,notamment les affectations du sol et lesdensités de son occupation, les principalesvoies de circulation ainsi que les autreséquipements et infrastructures.

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6 Ce qui inclut quelques schémas qui utilisent une terminologie équivalente.7 Précisons que les dispositions touchant le développement éolien n’ont pas été considérées aux fins du présent relevé.

Exemples de typologies ou de caractérisation

à des fins de contrôle ou d’intervention

■ Le schéma de la MRC de Memphrémagog considère six catégories de paysagescomprenant chacune plusieurs éléments : les paysages naturels d’intérêtsupérieur, les vue panoramiques, les routes pittoresques et panoramiques, lespaysages champêtres, les secteurs d’intérêt esthétique et visuel, le territoire dedéveloppement récréotouristique d’intérêt particulier, le corridor visuel d’intérêtsupérieur (de part et d’autre de l’autoroute 10).

■ Le schéma de la MRC de La Matapédia définit et caractérise 13 unités de pay-sage réparties le long de trois corridors panoramiques (routes 132, 195 et 299).

■ Le schéma de la MRC de Papineau propose une carte-synthèse des niveaux desensibilité visuelle des territoires encadrant 35 secteurs d’intérêt (centresvillageois, routes, rivières et lacs). La méthode de détermination des niveaux desensibilité tient compte notamment de l’importance socio-économique dessecteurs d’intérêt (définie en fonction de trois critères : la valeur sociale, lafréquentation ainsi que l’importance des infrastructures et des équipements).

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De façon non limitative, les normes durèglement de zonage et de lotissement serapportant à la qualité des paysages àprotéger peuvent concerner le contrôle desusages, de la densité, de l’implantation et dela hauteur des constructions, des interven-tions sur le couvert forestier (déboisement

ou reboisement) et de toutes opérationstelles que le remblai ou le déblai, laconstruction de murets ou de haies,l’affichage et l’entreposage extérieur.

La protection des paysages se prête toutparticulièrement au contrôle qualitatif querendent possible les règlements à caractèrediscrétionnaire. Ainsi, les règlements relatifsaux plans d’aménagement d’ensemble(PAE) et aux plans d’implantation etd’intégration architecturale (PIIA) per-mettent de considérer des critères d'évalua-tion de projets eu égard aux impacts visuelset esthétiques sur le milieu naturel ou bâtides plans qui prennent en considération ladimension paysagère lors de leur approba-tion avant toute modification des règle-ments d'urbanisme. Le recours aux PAE etaux PIIA permet également au conseilmunicipal d’assortir son approbation deconditions relatives au dépôt de garantiesfinancières, à la prise en charge par ledemandeur du coût de certains éléments duplan et à la détermination d’un délai deréalisation du plan.

Les règlements sur les usages conditionnelset sur les projets particuliers de construction,de modification ou d’occupation d’unimmeuble (PPCMOI) permettent égale-ment d’évaluer un projet avec les mêmesobjectifs et critères considérant l’unité depaysage où il se situe. Notons par ailleurs

que par rapport aux PAE et aux PIIA, cesdeux techniques réglementaires permettentau conseil municipal de poser une plusgrande variété de conditions, eu égard àl’ensemble des compétences de la munici-palité. Ceci signifie qu'il lui serait parexemple possible d’assortir son autorisationdu respect d’un ensemble de modalitésrelatives aux nuisances et à l’environnement.

Des défis à releverNotre survol des outils définis dans la Loisur l'aménagement et l'urbanisme et notre

relevé du contenu des schémas d’aménage-ment et de développement révisés ontpermis de constater l’éventail des outilsdisponibles et d’illustrer leur utilisationpossible. Dès lors, les défis qui se posent àl’aménagement du territoire et à l’urbanismese trouvent plutôt du côté de la sensibili-sation aux enjeux de la qualité des paysageset du développement de l’expertise. ■

Pierre Blais et Alain Caron sont urbanistesau ministère des Affaires municipaleset des Régions

Exemples de dispositions visant

la réglementation municipale

■ Pour chacune de ses catégories de territoires d’intérêt, le schéma de la MRC deMemphrémagog prévoit un ensemble élaboré de règles minimales et générales qui,en plus des objets plus fréquemment mentionnés, concernent, selon le cas, lesusages, le lotissement, l’implantation et la hauteur des constructions. Par ailleurs,le schéma prévoit le remplacement possible de ces règles générales ou minimalespar un règlement sur les plans d’aménagement d’ensemble (PAE) et définit lescritères à considérer.

■ Pour ses corridors panoramiques, le schéma de la MRC de La Matapédia définit 22caractéristiques du paysage à maintenir ou à corriger (par exemple : bon encadre-ment du paysage par des versants montagneux boisés; caractère sauvage ou viergede certaines unités de paysage; topographie et configuration de la route permettantplusieurs perspectives visuelles en plongée; ou encore, grande variabilité du degréd’ouverture agricole), précise les unités de paysages visées et détermine les moyensde mise en œuvre requis, dont des règles générales à tenir compte dans lesrèglements d’urbanisme municipaux.

■ Le schéma de la MRC des Laurentides comprend également un ensemble élaboréde règles minimales et générales concernant, selon le cas, l’entreposage extérieur,le minimum de couverture végétale sur les terrains adjacents à la route, laplantation et l’abattage d’arbres et l’affichage. Ce schéma comprend également descritères qui doivent être considérés dans les réglementations d’urbanismeconcernant les usages résidentiels sur les sommets et versants montagneux desterritoires dits « bassins résidentiels stratégiques ». Le schéma de la MRC desPays-d’en-Haut comprend également un ensemble de critères pour ses territoiresd’intérêt esthétique.

■ Les schémas des MRC de Lac-Saint-Jean-Est et de Maria-Chapdelaine prévoientnotamment des règles générales se rapportant à la hauteur des bâtiments, auxmodalités d’implantation et aux matériaux de revêtement, de même qu’ilsdemandent aux municipalités de déterminer les dimensions des cônes de vue dansleur territoires dits « paysages panoramiques ou perspectives visuelles ».

■ Le schéma de la MRC de Papineau définit un contrôle du déboisement dans leszones de paysages sensibles tenant compte des niveaux de sensibilité visuelle desterritoires. Pour chacun des niveaux de sensibilité considérés, des superficiesautorisées de coupe sont définies selon qu’on se trouve dans l’environnementimmédiat, en avant-plan, en moyen-plan ou en arrière-plan d’un secteur d’intérêt.

■ Le schéma de la MRC de la Vallée-du-Richelieu énumère un ensemble d’objets àréglementer le long des routes panoramiques situées de part et d’autre de la rivièreRichelieu, au pied du mont Saint-Hilaire et de long de deux chemins à caractèrerural. Il vise également la qualité de certains « paysages du quotidien », soit la zoneagricole et les abord des autoroutes 10 et 20 ainsi que des routes 112 et 116.

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Laurentides

Une charte comme catalyseurdu projet de paysage régional

Jacques Ruelland, Josée Froment et Agnès Grondin

Étant la première zone de villégiature au Québec et la région touristique la plus achalandée,

après celles de Montréal et de Québec, la région des Laurentides bénéficie de retombées

importantes liées à l’agrotourisme et au récréotourisme par le biais d’activités qui sont

intimement liées à la qualité des paysages. Selon les intervenants et les organismes

sensibilisés à la question des paysages, le développement accéléré que connaît la région

contribue trop souvent à la dégradation des paysages et à la perte de la biodiversité.

C’est dans ce contexte que le Conseilr é g i o n a l d e l ’ e n v i r o n n e m e n t d e sLaurentides1 (CRE Laurentides) a entrepris,il y a un peu plus de dix ans, d’élaborer unecharte paysagère régionale, un processusparticipatif qui sensibilise les acteurs à unemeilleure connaissance de leur milieu de vieet à la précision d’un projet collectif. Lacharte sert de catalyseur dans la mobilisationautour d’un enjeu régional qui fait consen-sus en jetant les bases d’un discours rassem-bleur. L’endossement de la charte constitueà la fois un symbole moral essentiel et uneétape charnière dans la réalisation d’unprojet commun, le projet de paysage.2

Un outil de sensibilisationmobilisateur et porteur d’actionsLa Charte des paysages naturels et bâtis desLaurentides repose sur l’identificationd’enjeux régionaux majeurs et sur la formu-lation de principes directeurs. Les interve-nants3, soucieux de contribuer au dévelop-pement durable de la région tout enassurant la protection de ses paysages, recon-naissent que la mise en œuvre d’actionsconcrètes s’effectuera différemment selonleurs juridictions et leurs limites respectives.À titre d’exemple, les actions très ciblées,comme celles visant le contrôle de l’aména-gement du territoire relèvent principale-

ment des instances municipales, régionaleset même provinciales, et non directement dela Charte régionale.

Toutefois, dans la foulée de l’endossementde la Charte par plus de 150 partenaires, lemilieu multiplie les gestes concrets en faveurdes paysages. Par exemple, la Conférencerégionale des élus (CRÉ) des Laurentides aretenu la protection des paysages commeenjeu prioritaire dans son Plan d’actionLaurentides 2007-2012. Le plan quinquen-nal de développement touristique desLaurentides (2007-2012) de l’Associationtouristique des Laurentides (ATL) ciblait

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Vallée de la rivière Rouge

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également cet enjeu. Les documents deplanification4 territoriale traitent abondam-ment de la qualité des paysages, reconnusimplicitement ou explicitement commeleviers de développement économique etcomme cadres de vie et de travail. La grandemajorité des MRC de la région ont mêmeinclus sa protection dans leurs grandesorientations et objectifs. On assiste égale-ment à l’élaboration d’outils et de program-mes visant spécifiquement la protection decertains paysages, tels que le règlement deprotection des sommets de montagne que lamunicipalité de Sainte-Adèle mettait surpied en 2006. C’est donc par un ensembled’outils et d’actions de nature et de portéetrès variées que l’endossement de la Chartese matérialise, tant aux échelons locaux querégional.

Un plan d’action à l’échelle régionaleParmi les cinq engagements acceptés par lessignataires5 de la Charte, un engagementprépondérant est la création d’un méca-nisme de concertation régionale. Le méca-nisme retenu a été l’organisation, en 2005,d’une Table de concertation sur les paysagesdes Laurentides (TCPL), financée par leComité environnement de la CRÉ desLaurentides, en partenariat avec la majoritédes MRC de la région administrative et leCRE Laurentides. La TCPL déposait enseptembre 2006 un plan d’action6 pourmatérialiser les engagements retenus dans la

charte régionale. Le plan d’action est troprécent pour qu’il soit possible de tirer unbilan des propositions qu’il met de l’avant.Les membres de la TCPL entendent ciblertrès précisément les actions qui contri-bueront à ce que sa mise en œuvre facilite etintensifie la mobilisation régionale autourde la protection et de la mise en valeur despaysages, par le biais d’une démarche visantà préciser les objectifs du projet de paysagerégional. La TCPL bénéficie de l’appui dumilieu, car ses objectifs et ses actions sont en

concordance avec les principes directeurs dela Charte. Cet appui permet d’obtenir plusfacilement du financement, par exemple.

D’importants défis à releverEn 2008, le bilan des suites de l’adoption dela Charte régionale est globalement positif,particulièrement en ce qui a trait à lamobilisation du milieu. Mais selon lesprincipaux intervenants qui ont participé àsa mise sur pied et à celle de la TCPL, il esttemps de poser davantage de gestes concrets.

1 Avec la collaboration d’un comité consultatif formé de représentants de différents organismes régionaux.2 On entend par projet de paysage l’ensemble des actions concrètes qui reflètent l’importance et la valeur qu’accordent certaines collectivités au devenir des paysages de leur territoire.

Cette approche permet d’« éclairer et orienter les façons de faire de chacun pour qu’elles s’inscrivent dans une logique d’ensemble partagée » (Folléa, 2001, p. 25) puis de poserdes actions cohérentes avec cette logique. Réf. : Folléa, B., 2001. Guide des Plans de paysage, des chartes et des contrats, projets à l’échelle d’un territoire. Ministère del’aménagement du territoire et de l’environnement, Paris, avril 2001. 132 p.),

3 Les intervenants gouvernementaux, municipaux, associatifs et privés.4 Principalement les schémas d’aménagement et de développement, les politiques culturelles et les plans d’actions réalisés dans le cadre des pactes ruraux, etc.5 La liste des endosseurs est disponible à l’adresse suivante : www.crelaurentides.org/actions/tcpl.shtml6 Voir : www.crelaurentides.org/memoires%20et%20publications/Charte%20des%20paysages-resume%20plan%20d'action.pdf

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Falaises de Piedmont

Mont Sir Wilfrid – Ferme-Neuve

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L’expérience vécue dans la région et ailleursdémontre que cela pose des défis de tailledans un contexte où le rythme de la prise deconscience est plus lent que le rythme dudéveloppement et que l’évolution des pra-tiques en matière d’évaluation et de gestiondes paysages. Car, « (…) même s’il estcommunément admis qu’il faut intégrer ladimension paysagère dans les projets dedéveloppement, ces bonnes intentionsrestent souvent lettre morte quand il s’agitd’agir7 ». Parmi les défis à relever, citonsl’amélioration de la connaissance des paysa-ges laurentiens et l’instauration d’approcheset d’outils novateurs adaptés au contexterégional.

Si on observe un certain consensus régionalà l’effet qu’il est plus que temps de faireautrement, il demeure difficile pour lesdécideurs et les intervenants de comprendreet d’accepter qu’intervenir pour améliorer laqualité des paysages requiert du temps, etque les résultats obtenus ne sont pas tou-jours spectaculaires. Rappelons que le CRELaurentides travaille depuis 1999 à mettreen place un mécanisme de mobilisationrégionale et à s’assurer qu’il pourra engagerles ressources professionnelles requises pourmettre en œuvre un plan d’action, ce qui afinalement été obtenu en juin 2007.Conséquemment, les actions de la Table deconcertation doivent viser à convaincre de lapertinence de gérer autrement, mais surtoutà proposer des approches, des outils et des

projets concrets pour matérialiser cettenouvelle vision.

Des facteurs de succès pourles actions présentes et futuresFort de l’expérience acquise depuis plusieursannées pour une mobilisation régionale surla question des paysages, le CRE Lauren-tides cible certaines conditions essentiellespour assurer la poursuite des engagementsde la Charte à moyen et à long terme :

■ S’assurer que le mécanisme de concer-tation repose et s’appuie sur un vasteréseau de partenaires très sensibilisés etmobilisés pour assurer une certaineconstance dans les engagements;

■ S’assurer, en lien avec ce qui précède, queces partenaires participent financière-ment dans l’engagement de ressourcesprofessionnelles permanentes pour coor-donner les actions, les réaliser, les diffuseret en faire le suivi pendant plusieursannées;

■ Identifier, via l’établissement d’un réseauétendu et diversifié, des porteurs dudossier paysage dans le milieu et lesmettre à contribution pour différentsaspects des actions à poser;

■ Constituer un réseau étendu de colla-borateurs possédant des expertisescomplémentaires en cartographie, enpatrimoine, en communications, etc.

■ Bâtir sur des exemples concrets etdiffuser les réussites, ce qui permet desensibiliser tout en valorisant les actionsles plus novatrices et efficaces.

Dans cette perspective, les engagementsconsensuels et mobilisateurs qui s’inscriventdans le cadre de la Charte des paysagesnaturels et bâtis des Laurentides sont appelésà se préciser davantage au fil du temps, aufur et à mesure que cette démarche permetde mieux connaître les paysages de la région,les spécificités qui les caractérisent et lesopportunités qu’ils génèrent en termes dedéveloppement local et régional durable. Lacharte constitue un jalon de premier plandans la concrétisation de cette démarche, carelle permet à la région de prendre uneposition forte en faveur des paysages et, àlong terme, de contribuer à l’émergence et àla consolidation d’actions visant à en assurerla qualité. ■

Jacques Ruelland et Agnès Grondin sontrespectivement président du conseild’administration et ex-directrice généraledu Conseil Régional de l’Environnementdes Laurentides. Josée Froment estarchitecte paysagiste et coordonne le pland’action de la Table de concertation surles paysages des Laurentides.

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7 Michelin, Yves. 2004. Introduction générale. Dans Des paysages pour le développement local. Expériences et recherches innovantes dans le Massif central. Revue d’Auvergne. France.Pp. 11-13.

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Vallée de Harrington

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Les paysagesde la MRCde Lotbinière...de laconnaissanceversl’aménagementJean-Sébastien Blais et Marie-France St-Laurent

Le projet « Les paysages de Lotbinière »

s’est mérité, en 2006, un prix Phénix en

environnement, décerné par le ministère

du Développement durable, de

l’environnement et des parcs (MDDEP).

Le projet a été lancé par la MRC du même

nom, en 2004, lors de la révision du

schéma d’aménagement, pour traiter la

problématique des paysages et de

leur mise en valeur.

La démarche de la MRC de Lotbinière s’inscrit dans une volontérégionale de développement durable des ressources du milieu.Visant à caractériser les paysages, à les promouvoir etéventuellement les protéger, la démarche invite à des pratiquesd’intervention qui assurent leur pérennité. Le paysage est devenule dénominateur commun entre diverses préoccupations reliées àl’agriculture, à la foresterie, à l’aménagement du territoire, à lagéographie et au patrimoine.

Notre équipe multidisciplinaire a adhéré dès le départ au principeque les paysages sont issus d’une mise en place complexe reflétantà la fois les forces naturelles qui les ont modelés et la conquêtequ’en a faite l’homme. Nous avons donc rapidement débordé del’unique problématique paysagère, afin d’aborder le territoiredans une perspective globale d’environnement, d’histoire etd’aménagement. Ce souci de mieux connaître le territoire adéclenché un processus pour la prise en compte du paysage (parles responsables des services de l’aménagement du territoire, de lagéomatique et de culture et patrimoine) à la MRC de Lotbinière.Outil d’action et d’analyse, la démarche paysagère a permis deconscientiser les citoyens à la connaissance et à la protection deleur milieu.

Démarche paysagèreDès 2004, la MRC de Lotbinière, en partenariat avec la directiondu patrimoine écologique du ministère du Développementdurable, de l’environnement et des parcs, a réalisé divers exercicescartographiques relatifs à la compréhension et la connaissance deses paysages. Cette cartographie, reposant à la fois sur les aspectsécologiques, historiques, patrimoniaux, visuels et appuyée sur lesdonnées du cadre écologique de référence1, a permis de raffiner lalecture du paysage et de mieux cerner sa dynamique et sonévolution. L’application de cette démarche a permis d’identifier16 unités paysagères régionales sur le territoire de la MRC. Unefiche illustrée a été produite et qualifie chaque unité paysagère enidentifiant sa localisation et donnant accès à une synthèse rapidedes caractéristiques du milieu au niveau naturel, bâti et del’occupation du sol. Ces fiches servirent de base à la rédactiond’un texte descriptif sur les paysages intégré au schéma d’aména-

gement. Afin de mettre en valeur le projet et de rendre accessiblela connaissance du milieu, divers outils de communication ontété développés dans le but de sensibiliser les élus et la population.

Une affiche synthèse présentant la mise en place des paysagesrégionaux de la MRC en tenant compte des dimensionsécologiques (géologie, histoire quaternaire), historiques de

1 Le cadre écologique de référence est un système de classification et decartographie des écosystèmes développé par le ministère du Développementdurable, de l’environnement et des parcs.

Charnier, cimetière de Lotbinière

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l’occupation humaine (colonisation, patri-moine bâti) et visuelles (occupation et utili-sation actuelles du territoire) a été conçue.Elle présente une synthèse du cadre de vierégional. Elle fut l’amorce d’une séried’outils complémentaires qui ont été déve-loppés par la suite.

Caractérisation du patrimoine bâtiDans le cadre du projet initial, l’influencedu peuplement du territoire a été prise encompte. Le paysage humanisé est devenuune composante importante du projet,d’autant plus que dans la MRC deLotbinière, trois grandes phases de peuple-ment sont perceptibles, soit sous le régimeseigneurial le long de l’axe fluvial, l’avancéedans les Appalaches avec l’ouverture de la

route Craig au début du 19e siècle, puis laconstruction des voies ferrées du Grandtronc (1854) et de l’Intercolonial (1898) quiont permis l’implantation des plus récentesmunicipalités de la région. Grâce à sonentente de développement culturel avec leministère de la Culture, des Commu-nications et de la Condition féminine duQuébec, la MRC de Lotbinière a puamorcer une étude de caractérisation dupatrimoine bâti de chacune de ses 18 muni-cipalités. Présentée sous forme de fiche,cette chronique est diffusée dans le mensuelrégional Le Rassembleur.

La démarche amorcée par la MRC deLotbinière s’inscrit dans une volonté

régionale de développement durable desressources du milieu. Visant à caractériser lespaysages, à les promouvoir et éventuelle-ment les protéger, la démarche invite à despratiques d’intervention qui assurent leurpérennité. D’autres actions sont en coursafin de mettre en valeur les éléments régio-naux les plus significatifs. Dans Lotbinière,le paysage est devenu le dénominateurcommun entre diverses préoccupationsreliées à l’agriculture, à la foresterie, àl’aménagement du territoire, à la géographieet au patrimoine. ■

Jean-François Blais, géographe, et Marie-France St-Laurent, ethnologue, sont à laMRC de Lotbinière.

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Le guide de sensibilisation : Les paysages de la MRC de Lotbinière,De la connaissance à l’aménagement.La MRC de Lotbinière a conçu un guide-synthèse des paysages reprenant les idéesà la base de l’affiche et des fiches techniques descriptives de chaque unité depaysage. Ce guide est avant tout un outil de sensibilisation, un déclencheur d’uneprise de conscience des enjeux reliés à l’occupation, à l’utilisation et à l’aména-gement du territoire destiné aux intervenants du milieu qui oeuvrent avec la notiond’occupation du territoire. Le paysage y devient un enjeu collectif qu’il importe deprendre en compte.

Guide touristique : Circuit découverte; Patrimoine, paysage et véloSuite logique au dossier paysage, la MRC a publié en 2006 un dépliant de tourismeculturel intitulé Circuit découvertes, dans le cadre de son entente dedéveloppement culturel avec le ministère de la Culture, des Communications et dela Condition féminine du Québec. Ce guide thématique suggère la découverte duterritoire de la MRC de Lotbinière en ciblant des attraits patrimoniaux et paysagers.Chacun des 11 700 foyers de la MRC de Lotbinière a reçu le document visant àsensibiliser les citoyens aux richesses culturelles, patrimoniales, paysagères etenvironnementales du milieu. De plus, une distribution ciblée auprès des clientèlesfriandes d’histoire, de patrimoine, de paysage et de cyclisme a été égalementeffectuée. La clientèle cycliste nous mentionne souvent qu’elle apprécie découvrir lecadre de vie de la région qu’elle parcourt en empruntant les itinéraires suggérés quiinvitent à emprunter des routes secondaires ponctuées d’éléments patrimoniaux etpaysagers d’intérêt.

OUTILS COMPLÉMENTAIRES

La démarche amorcée parla MRC de Lotbinière s’inscritdans une volonté régionalede développement durabledes ressources du milieu.

Pour plus d’information, visitez www.mrclotbiniere.org

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MRC des Laurentides

Le contrôle des implantationsen montagneLa région des Laurentides est réputée pour la beauté de ses

paysages, ses vastes plans d’eau et ses villages pittoresques.

Le développement touristique du territoire s’est appuyé sur ces

éléments. C’est aussi en grande partie à cause de ces attraits que

le développement immobilier exerce de fortes pressions sur la

pérennité des paysages des Laurentides.

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« À lui seul, le développement de la StationMont-Tremblant a suscité des investisse-ments d’un milliard de dollars entre 1992 et2001, ce qui en fait le plus important projetd’investissement touristique de l’est de

l’Amérique du Nord. »1. Il faut ajouter à cesinvestissements des retombées économiquesconséquentes dans le domaine immobilierde même proportion, pour la région péri-phérique à la montagne Tremblante.2

Dans le territoire de la MRC desLaurentides, les pourtours des plans d’eauétant pratiquement déjà tous occupés, ledéveloppement immobilier s’effectue main-tenant en montagne. Il devient donc

Bruno Gagnon, urbaniste stagiaire

1 CLD Laurentides « Profil des investissements », Portrait global du territoire, Février 2002.2 Ministère du Tourisme de l’Ontario, Modèle de calcul de répercussion du tourisme sur l’économie régionale

Institut de la statistique du Québec et ministère du Tourisme, Comparaison sectorielle de l’impact économique d’une dépense de 100 $ effectuée au Québec en 2004

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nécessaire d’encadrer ce développement etde le gérer, afin de limiter le déboisementexcessif, l’érosion et de bien intégrer lesbâtiments et ouvrages dans le milieu. CetteMRC a donc décidé d’effectuer un contrôledes implantations en montagne, afin demaintenir la qualité des paysages sur laquelles’appuie tout son développement.

Le cadre régionalLa MRC des Laurentides a inclus, en 2000,dans son Schéma d’aménagement et dedéveloppement révisé (SADR), une caracté-risation des éléments du paysage d’intérêtrégional. C’est en vertu des pouvoirsconférés par l’article 5, alinéa 6 de la LAU,qu’elle a pu déterminer pour son territoireun minimum d’éléments d’intérêt esthéti-que, représentant une préoccupation parti-culière sur le plan des paysages naturels etbâtis. Cette caractérisation a été effectuéepour les corridors touristiques, pour lesbassins visuels stratégiques et pour lesmassifs montagneux d’intérêt régional.

Pour protéger les bassins visuels stratégiques,constitués par les paysages montagneuxperceptibles en premier plan par l'automo-biliste circulant sur les corridors touristi-ques, le document complémentaire duschéma émet des prescriptions spécifiquessur les implantations résidentielles enmontagne (voir p.34). Ainsi, les plans et

règlements d'urbanisme doivent doncinclure en conséquence des objectifs etdispositions réglementaires relatives à cesmilieux montagneux.

Le cadre municipalPour se conformer aux obligations conte-nues dans le document complémentaire duschéma d’aménagement de la MRC, lesmunicipalités peuvent par l’ensemble despouvoirs qui leur sont conférés aux articles113 et 115 de la LAU et ceux relatifs auPIIA, viser l’intégration harmonieuse desconstructions en secteur montagneux etespérer assurer l’intégrité visuelle des paysa-ges. Les paramètres régionaux d’interven-tions auxquels doivent se conformer lesmunicipalités peuvent se traduire tant àl’intérieur d’un cadre normatif (voir tableau)que discrétionnaire.

Les projets intégrés(article.113 aux paragraphes 5, 5.1, 20, LAU)

Les projets intégrés d’habitation3 peuvents’avérer un moyen alternatif de préservationde l’intégrité visuelle des paysages monta-gneux. En effet, l’aspect privé de ce type dedéveloppement permet l’assouplissement decertaines normes, notamment le réseauroutier et le cadastre, à la condition quel’ensemble des bâtiments soit traité commeun tout cohérent et harmonieux. Le projetintégré d’habitation permet la mise en

valeur des secteurs stratégiques à laconstruction, en laissant les secteurs devulnérabilité accrue et de contraintesvisuelles intactes. Cet outil de planificationest populaire au sein des municipalités de laMRC des Laurentides; il cause cependantquelques débats récents quant à l’assouplis-sement des normes municipales à l’égardentre autres de la sécurité publique.

Les usages conditionnels(article 145.31 à 145.35, LAU)

Les usages conditionnels peuvent aussi êtreutilisés à la protection de l’intégrité visuelledes paysages montagneux (sommet etflanc). Le terme conditionnel peut imposertoute condition qui doit être remplierelativement à l’implantation de l’usage.Donc, l’usage d’habitation en milieumontagneux identifié par une zone au plande zonage peut être conditionnel au respectdes critères de protection des paysagespréalablement dictés par la municipalité.Pour le moment, seule la Ville de Mont-Tremblant envisage l’utilisation de cet outil.

Enfin, la LAU offre donc une grandeflexibilité aux MRC et aux municipalitésquant à l’encadrement applicable auxpaysages. Ainsi, les municipalités ont lechoix de la méthode d’encadrement(discrétionnaire ou/et normative) adaptée àleurs objectifs spécifiques.

3 Définition du SARD des Laurentides : un projet de construction d'un ensemble de bâtiments principaux devant être érigés en début de projet sur un terrain contigu à une rue conformeau règlement municipal de lotissement qui y est applicable, pouvant être réalisé par phase, ayant en commun certains espaces extérieurs, services ou équipements, desservi par unréseau d'aqueduc et/ou d'égout sanitaire, et dont la planification, la promotion et la gestion sont d'initiative unique.

Objectifs de la MRC des Laurentides Pouvoir de la LAU Exemple

Densité 113 3° Densité décroissante à l’augmentation de la pente et de l’altitude

Lotissement 115 Superficie et dimension des lots

Réseau routier 115 Sinueux, parallèle au courbe de niveau

Remblai et déblai 113 12° Contrôle sévère visant la restriction

Contrôle de l’érosion 113 12° Mesure à caractère environnemental afin de réduire l’apport de sédiment au plan d’eau

Le couvert forestier et l’abattage d’arbres 113 12° Établir des pourcentages d’espace naturel à préserver par terrain

L’implantation des constructions 113, 4 Au-delà des marges, plus souvent qu’autrement, l’implantation des constructions en montagne se gère davantage par PIIA (parallèle à la pente, orientation au soleil…)

La hauteur des constructions 113, 5 De manière à ne pas dépasser la cimes des arbres environnants

La protection des sommets de montagnes 113, 16 Détermination et préservation de sommets de montagnes excédant une altitude donnée

PIIA 145.15 à 145.20.1 L’approche plus souple qu’un cadre normatif, permet d’effectuer un contrôle qualitatif des secteurs montagneux visant une certaine unité et harmonie.

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ROBJECTIFS ET CRITÈRES D'AMÉNAGEMENT POURLES IMPLANTATIONS RÉSIDENTIELLES EN MILIEUMONTAGNEUX – MRC DES LAURENTIDES

1. Les densités d’occupation et de lotissement :

> Favoriser une densité d'occupation décroissante àmesure que la pente s'accroît (exemple : dimensiondes lots, densités fixées au zonage, espaces libres ounaturels).

> Formes et limites de terrains adaptées à latopographie, favorisant l'exposition au sud et lespercées visuelles.

2. Réseau routier

> Éviter les tracés de rues dans les pentes trop forteset minimiser les déblais-remblais en orientant lesrues parallèlement ou diagonalement par rapportaux lignes de niveau.

> Ramener les talus nécessaires à la construction deroute vers la pente naturelle du terrain.

3. Drainage

> Conserver le plus possible les patrons naturels dedrainage.

> Adopter des techniques de construction réduisantles problèmes d'écoulement des eaux de surface etd'érosion.

4. Couverture végétale

> Minimiser la perte des boisés et de la couverturevégétale.

> Maintenir la prédominance du couvert forestier surles sommets de montagne.

> Abattage des arbres limité aux espaces destinés àdes fins de percées visuelles, de construction etd'utilisation usuelle (ex : allée de circulation, sta-tionnement, aire de séjour, bâtiment accessoire),notamment sur les sommets de montagne.

5. Implantation des constructions

> Prévoir des aménagements extérieurs en harmonieavec l'aspect naturel du terrain environnant.

> Implanter des constructions épousant le pluspossible la topographie naturelle et minimiser lesdéblais-remblais.

> Éviter le plus possible la construction sur un sommetde montagne.

> Favoriser les secteurs les plus ensoleillés et à l'abrides grands vents. ■

Bruno Gagnon, urbaniste stagiaire, est chargé de projetchez MILLETTE – LÉGARÉ, Architecture et Urbanisme,Mont-Tremblant.

Louis-Martin Levac, urbaniste, coordonnateur de laplanification et de la géomatique, Ville de Mont-Tremblantet Luc Légaré, urbaniste chez MILLETTE – LÉGARÉont collaboré à la rédaction de cet article.

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Illustration : A. RozièresSaint-Jérôme

Un bassinde rétentioncommeprojetde paysageYvan Lambert, urbaniste

Dans les projets résidentiels de grande

envergure, la Ville de Saint-Jérôme1

favorise depuis quelques années de

retenir les eaux de ruissellement plutôt

que d’envoyer ces mêmes eaux

immédiatement à l’égout pluvial, dans

le but de protéger l’environnement et de

réduire les coûts de développement.

La gestion des eaux de pluie par bassin

de rétention est une des nombreuses

mesures de gestion des eaux pluviales2

qui existent.

1 En 2007, la population de Saint-Jérôme s’élevait à 65 048 habitants. La Ville de Saint-Jérôme connaît depuis quelques années une forte croissance démographique résultant dudéveloppement résidentiel sur son territoire. Entre 2002 et 2007, c’est 4 642 logements qui ont été construits, c’est-à-dire une moyenne de 773 logements par année. Pour plusd’information, consultez le site web de la Ville de Saint-Jérôme [www.ville.saint-jerome.qc.ca/] et [www.ville.saint-jerome.qc.ca/pages/aDemander/profil-statistiques-de-saintjerome.aspx]

2 Boucher, Isabelle, « Une pratique d’urbanisme durable : La gestion écologique des eaux de pluie », Urbanité, avril 2007, p.19 à 21.

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La Ville de Saint-Jérôme a décidé de gérer ledéveloppement du territoire avec une visionà long terme en fonction des bassins versantsde drainage, plutôt que de gérer le dévelop-pement cas par cas, par projets résidentielsou par limites « artificielles » de propriété.Cette approche de développement parbassins versants de drainage est beaucoupplus respectueuse du paysage.

Un projet de paysage L’aménagement du bassin de rétention duparc Schulz3, en bordure de la rue du mêmenom dans le secteur nord-est de la ville deSaint-Jérôme, illustre bien cette approcheplus sensible au lieu. En dépassant l'aspectsimplement utilitaire du projet et enproposant également d’autres fonctions etniveaux de lecture, le projet du bassin derétention du parc Schulz devient unecomposition paysagère, un projet de paysage(voir illustrations 1 et 2). Le bassin de réten-tion est plus qu’un simple ouvrage d’infra-structure et se distingue d’autres ouvrages dumême genre, car il est multifonctionnel :utilitaire, écologique, récréatif et allégorique.

Fonction utilitaireLa fonction première du bassin de rétentionest bien sûr de gérer les eaux de surface pro-venant des secteurs résidentiels avoisinants,

dans une perspective de contrôler lesinondations et la surcharge du réseaud’égout pluvial souterrain situé en aval. Lebassin de rétention a été conçu pourcontenir des charges hydriques 0-50 anspouvant être occasionnées par des pluiesdiluviennes ou une fonte subite de la neigeau printemps. À pleine capacité, le niveaud’eau du bassin de rétention peut augmenterd’environ 1,5 m et contenir un volumed’eau d’environ 5 000 m3. Toutefois, unevariation annuelle du niveau de l’eaubeaucoup plus faible, de quelques dizainesde centimètres, est prévue. Le bassin derétention a été conçu pour maintenir, defaçon permanente, le niveau de l’eau à unetrentaine de centimètres.

Fonction écologiqueTechniquement, le bassin de rétentionconsiste en une digue retenant l’eau aubesoin. En utilisant la pente naturelle duterrain et en implantant une digue au bas dela pente, le boisé existant a pu être conservé(voir illustration 3). Cette approche diffèrelargement du concept original du bassin derétention qui consistait à éliminer le boisé,creuser un trou carré pour y recevoir les eauxde ruissellement et clôturer le site. Le designqui a été retenu a permis de réduire les coûtsde construction d’environ 200 000 $.

En ajustant l’eau qui y circule au niveauapproprié, le bassin de rétention a étéconstruit pour servir également de maraisfiltrant (voir illustration 4). C’est grâce auxplantes aquatiques qui y ont été introduitesque le marais peut jouer aussi le rôle de filtre.L’aménagement du site est complété par laplantation d’arbres, d’arbustes et de grami-nées dans le but de naturaliser le bassin derétention et de l’intégrer au paysage du boiséexistant.

Avec cette approche plus respectueuse dupaysage, la fonction utilitaire du bassin derétention est presque occultée et il en résultela création d’un bassin de rétention em-ployant des formes organiques et offrant unniveau de lecture paysagère supplémentaire.

Fonction récréativeTandis que les équipements sportifs (terrainsde soccer, baseball, basketball, etc.) du parcSchulz, adjacent au bassin de rétention, ontune vocation récréative active, les aménage-ments proposés pour le bassin de rétentionoffrent une vocation récréative plutôtpassive.

Un sentier principal, implanté sur une partiede la digue, permet de relier la circulationpiétonne entre la rue Schulz et le terrain desoccer. Un deuxième sentier, circulant dansle boisé, permet de relier la rue Schulz à larue Chambly et est ponctué d’une aire derepos donnant vue sur le marais filtrant.

Par leur implantation, ces sentiers permet-tent aux usagers de vivre diverses expériencespaysagères en passant de milieux ouverts àmilieux fermés et en offrant des percéesvisuelles. Les sentiers contribuent aussi àoffrir sur le site une activité récréative passiveà la fois déambulatoire et contemplative.

3 Débutée à l’automne 2006, la construction du bassin de rétention sera terminée à l’été 2008. Outre le rédacteur de cet article, monsieur Simon Brisebois, ingénieur à la Division del’ingénierie du Service des travaux publics à la Ville de Saint-Jérôme, a aussi été impliqué dans le design du bassin de rétention du parc Schulz. À titre de consultants, ont aussiparticipé à ce projet, monsieur André Arata, architecte-paysagiste de la firme Enviram et monsieur Ronald Dubé, ingénieur de la firme Dessau-Soprin.

Plan du bassin de rétention du parc Schulz - Ville de Saint-Jérôme

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Fonction allégoriqueLe bassin de rétention prend une dimensionallégorique par l’installation d’un élémentsculptural, constitué de gabions agencéspour illustrer l’éventualité virtuellementimpossible d’une rupture de la digue (voirillustration 5). La présence d’un lit de galetsde rivière, sur lequel est installé un ponceaude bois, contribue à accentuer cette percep-tion imaginaire d’une fuite d’eau du bassinde rétention.

L’utilisation de roches récupérées sur le sitelors de la construction du bassin derétention et leur agencement autour dumarais filtrant vise à rappeler, symbolique-ment, à plus petite échelle, le paysageavoisinant parsemé de lacs et de collines.L’utilisation de matériel indigène au site apermis, en plus de réduire l’importation dematériel de source externe, une plus grandeintégration du bassin de rétention aupaysage du boisé existant où des roches demême nature sont présentes. Ainsi, unerelation entre le bassin de rétention et soncontexte immédiat ou plus lointain estétablie. ■

Yvan Lambert, architecte paysagisteet urbaniste, est agent à la planificationet au design urbain au Service del’urbanisme et du développement durablede la Ville de Saint-Jérôme

37

Une distinction doit être faite entre l’aménagement paysager etl’architecture de paysage. Tandis que l’aménagement paysagerpourrait se limiter à traiter seulement de l’aspect « décoratif »d’un site, l’architecture de paysage occupe un champ de pratiquebeaucoup plus large avec une vision globale de l’intervention surun lieu.

La fonction de l’architecture de paysage n’est pas, commeplusieurs pourraient le penser, de seulement faire de l’aména-gement et de créer un environnement qui est beau et agréable,mais aussi de servir de révélateur à l’imaginaire, de sourced’inspiration.

En somme, l’architecture de paysage, comme le démontre laréalisation du bassin de rétention du parc Schulz, doit êtreconsidérée non pas comme un luxe, mais d’abord comme unservice essentiel à l’amélioration de la qualité de vie descitoyens.

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3 ■ Intégration du bassin de rétention au paysageexistant : espace naturel boisé

4 ■ Vue du bassin de rétention / marais filtrant -- enconstruction, novembre 2007

5 ■ Composition paysagère : assemblage de gabionset galets de rivière rappelant symboliquement unefuite de la digue -- en construction, novembre 2007

Les sentiers contribuent

aussi à offrir sur le site

une activité récréative

passive à la fois

déambulatoire et

contemplative.

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Ce changement d’approche s’est opéré dansle cadre d’une vaste révision réglementairequi a abouti non seulement à l’adoptiond’un règlement sur les plans d’implantationet d’intégration architecturale (PIIA), maiségalement à la modification du règlementde zonage de l’arrondissement pour yinclure des règles de préservation.

Cette approche réglementaire a valu àl’arrondissement du Plateau-Mont-Royal lemérite Ovation municipale 2007, dans la

catégorie Urbanisme et aménagement duterritoire de l’Union des municipalités duQuébec.

L’implication des citoyens en amont duprocessus de révision réglementaire a étéconsidérée comme étant un aspect original.L’arrondissement a profité de la tenue en2003 d’une vaste consultation publique, lesSoirées du Plateau, pour prendre le pouls dela population quant à la protection et lamise en valeur de son patrimoine. En bref,

les citoyens ont dénoncé l’inégalité des me-sures de protection sur le territoire et se sontmontrés inquiets de la perte progressive descomposantes architecturales d’origine dansles secteurs de peu d’intérêt patrimonial quisont également marqués par des nouvellesconstructions peu novatrices et mal inté-grées au milieu.

Un autre aspect digne de mention, inspirénotamment de l’expérience des Villes deWestmount et de Mont-Royal, est l’intégra-tion de la caractérisation du territoire à laréglementation. L’ensemble du Plateau a étécaractérisé selon une approche paysagère quiintègre toutes les facettes du développementdes quartiers en passant par les tracésfondateurs, l’établissement des populationset l’évolution des types de bâtiments. Auterme de l’exercice, le Plateau était découpéen 5 aires et 53 unités de paysage où l’onretrouve 9 typologies architecturales domi-nantes ainsi que 173 immeubles identifiéscomme étant des témoins architecturauxsignificatifs. Près de 75 fiches, incluant lacaractérisation du territoire et les critèresd’évaluation des projets, font maintenantpartie intégrante de la réglementation,entièrement accessible sur le site Internet del’arrondissement.

Ayant pour base une lecture paysagère du territoire,

la nouvelle réglementation du Plateau rompt avec l’approche

par secteur géographique habituellement employée dans la

protection du patrimoine. Plutôt que de découper le territoire

en secteurs de différentes valeurs patrimoniales, la

réglementation du Plateau accorde une valeur d’ensemble à

tout son territoire et vise à préserver les caractéristiques de

son paysage urbain et de son cadre bâti, incluant les

typologies architecturales de plex les plus modestes.

Isabelle Laterreur, urbanisteet Marlène Schwartz, urbaniste

Le Plateau-Mont-Royal

Une approche paysagèredu patrimoine urbain

Le Plateau-Mont-Royal

Une approche paysagèredu patrimoine urbain

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L’arrondissement du Plateau a développé uncadre réglementaire novateur qui s’appliqueà l’ensemble de son territoire selon deuxgrands principes. Pour les interventionsmineures de remplacement de porteset de fenêtres par exemple, le principe est depréserver les composantes architecturalesd’origine des bâtiments par des normes aurèglement de zonage. Pour les interventionsmajeures de construction ou d’agrandisse-ment par exemple, le principe est deproduire une architecture contemporaine dequalité et intégrée au milieu par des critèresau règlement sur les PIIA.

Le résultat, c’est que les inégalités de traite-ment n’existent plus puisque l’ensemble du

territoire est visé par les mêmes dispositionsréglementaires. Chaque année, 4 bâtimentssur 100 subissent une intervention mineureen façade. Ces restaurations ou remplace-ments de composantes architecturales sonttraités par un technicien en architecture quiapplique les dispositions du règlement dezonage, développées à partir de la caractéri-sation du territoire, avec comme principaloutil un inventaire photo des 15 000façades du Plateau renouvelé aux 2 ansdepuis 2003. Il n’est donc plus requis dansces cas que le comité consultatif d’urba-nisme (CCU) fasse une évaluation quali-tative. Le délais d’émission des permis s’entrouve amélioré : 64 % des permis d’inter-vention mineure sont délivrés la journée

même de la demande, soit une augmen-tation de 137 %. Enfin, le rôle du CCU estvalorisé : il intervient dans l’évaluation desinterventions ayant le plus d’impact dans latransformation des paysages comme lesconstructions neuves, les transformationsimportantes et aussi les interventions sur unimmeuble d’intérêt patrimonial désigné envertu de la Loi sur les biens culturels ou dansle cadre de la réglementation de l’arrondisse-ment. En plus de bénéficier d’un service à laclientèle plus rapide, les résidants du Plateausont assurés d’interventions de qualitépartout sur le territoire.

Avec son équipe multidisciplinaire compo-sée d’une vingtaine de personnes, dont plusde la moitié travaille à la délivrance despermis et à l’inspection des bâtiments,l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal esten mesure de gérer un territoire de plus de100 000 habitants et de 15 000 bâtimentsoù chaque année sont traités au total près de800 dossiers d’architecture. En 2007, letechnicien de l’arrondissement a traitéenviron 600 interventions mineures enfaçade, pour un total de 11 millions dedollars en coûts de travaux et le CCU1 aévalué une quinzaine de constructions, prèsde 50 agrandissements et une centaine detransformations d’immeubles sans compterla trentaine de projets qui vise plus particu-lièrement un immeuble d’intérêt patrimo-nial, équivalant à près de 60 millions dedollars en coûts de travaux.

L’expérience du Plateau démontre qu’il estpossible par une approche paysagère d’en-semble de protéger son patrimoine sanssurcharger la gestion au quotidien. Cetteapproche permet, à la fois, de garder bienvivants des modes de construction tradi-tionnels, en maintenant une demandedans la restauration et le remplacement descomposantes d’origine, tout en créant lepatrimoine de demain, et en encourageantl’innovation architecturale dans les projetsd’envergure.

Pour plus d’information consultez lasection 8 km2 d’espace urbain protégé surle site Internet de l’arrondissement auwww.ville.montreal.qc.ca/plateau ■

Isabelle Laterreur, urbanisteet Marlène Schwartz, urbaniste

Les auteures travaillent comme conseillèresen aménagement pour l’arrondissementdu Plateau-Mont-Royal à la Ville deMontréal.

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1 Le CCU de l’arrondissement est composé de professionnels de l’aménagement sélectionnés en fonction de leur expertise, sur la base de leur CV.

La lutte à la dégradation du paysage, en particulier dans un secteur ou dans un sited’intérêt patrimonial, est une des grandes préoccupations mondiales de laconservation du patrimoine en milieu urbain, exprimé par les experts de la questionlors du 5e Séminaire international tenu, en novembre 2007, à Recife au Brésil auquela été convié l’arrondissement pour présenter son approche. L'événement étaitd'envergure : plus de 22 conférenciers en provenance de 10 pays étaient présentsainsi que 150 participants de 20 pays différents.

Proposant une réflexion sur le rôle des grandes chartes internationales de conser-vation, ce séminaire a été l’occasion d’échanger à partir de cas concrets : des sitesclassés patrimoine mondial, comme celui de la Tour de Londres, présentés par RonVan Oers de l’UNESCO, aux prises avec une dégradation de la qualité paysagère deleur environnement ayant pour conséquence de dissocier l’objet à protéger de soncontexte urbain.

Pour les experts de la question réunis à l’occasion, l’expérience du Plateau s’estavérée un exemple d’application réglementaire qui intègre de grands principes pré-sents dans les chartes internationales de conservation du patrimoine, à savoir :• Considérer le patrimoine bâti comme un tout indissociable de son paysage urbain;• Connaître au préalable l’histoire et les caractéristiques du patrimoine à protéger;• Consulter la population pour connaître ses valeurs à l’égard du patrimoine et

encourager le partage de la connaissance du milieu;• Développer des outils d’application et de suivi de la protection du patrimoine;• Léguer aux générations futures des interventions contemporaines de qualité

et intégrées au milieu à protéger.

Olinda, Ville du patrimoine mondial UNESCO,située à proximité de Recife au Brésil où setenait le 5e Séminaire international sur la conservation du patrimoine en milieu urbain.

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Le développement domiciliaire « Exposi-tion Sud » est situé à l’intérieur du domaineskiable de la Station touristique Stoneham.Ce centre récréatif, qui existe depuis ledébut des années 60, fait partie intégrantedu paysage de la municipalité et caractérisebien sa vocation récréotouristique. Le pro-jet domiciliaire de basse densité « Exposi-tion Sud » est assujetti à l’application d’un

plan d’aménagement d’ensemble depuisson origine en 1994.

Contenu du PAEEn résumé, l’objectif du PAE est derespecter l’équilibre entre, d’une part,l’utilisation optimale des terrains dans uneperspective de développement durable et,d’autre part, le respect de l’environnement

naturel et humain limitrophe. Cet objectifdécoule aussi des grandes orientationsd’aménagement. Parmi ces orientations,mentionnons celles qui visent à assurer lesconditions favorables à la poursuite dudéveloppement touristique et domiciliaire,en se préoccupant, entre autres, de laprotection des paysages et des ressourcesnaturelles (eau, sol, air) de même quel’utilisation des ressources du territoire dansune perspective de développement durable.

Si la technique réglementaire convention-nelle et normative du zonage permetdifficilement de contrôler ces notions ouces concepts, la technique du PAE aurapermis aux décideurs de bonifier le projetd’origine et d’adopter conjointement(promoteur / ville) un plan de lotissementd’ensemble, établi selon des critèresd’évaluation préétablis.

Modifications du terrainAfin de limiter les modifications du terrainnaturel, on devait minimiser les travaux deremblai et de déblai par rapport au niveaudu sol existant, ainsi que le déboisement ducouvert forestier existant. Les talus de fortepente (30 %) ne devaient pas être déboisés.Le développement devait se confondre dansle couvert forestier existant au lieu de créerdes trouées avec un déboisement excessifqui laisserait des empreintes dans lepaysage. Le développement devait s'intégrerau relief plutôt que de s'imposer avec deséléments artificiels tels que : terrassements,murs, remblais, déblais et déboisements.On devait éviter les dénivellations excessivesentre les rues et les terrains adjacents. Larestauration du couvert végétal devait êtreexécutée dans les six (6) mois suivant lestravaux ou pendant la première périodepropice aux plantations et à l'ensemence-ment ou à l'engazonnement. Les infrastruc-tures routières devaient être conçues demanière à minimiser les nivellements en

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Stoneham-et-Tewkesbury

PAE pour encadrerle développement domiciliaire

Louis DesRosiers, urbaniste

Depuis quelques années, la municipalité des

Cantons-Unis de Stoneham-et-Tewkesbury est

attentive aux impacts du développement en

montagne et à la protection des paysages. Afin de

préserver ses richesses naturelles, le conseil

municipal a identifié, dès 1990, les secteurs les plus

sensibles au développement à l’extérieur du

périmètre d’urbanisation et adopté un règlement sur

les plans d’aménagement d’ensemble (PAE), afin

d’éviter une planification inadéquate ou trop hâtive

pour ces secteurs dont la mise en valeur était

indéterminée dans le temps. La municipalité

s’assurait ainsi, avant de recevoir des propositions

de modification des règlements d'urbanisme de la

part des promoteurs, de contraindre ceux-ci à la

production d’une étude exhaustive des composantes

naturelles et physiques du site, basée sur une vision

d’ensemble du développement.

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orientant les rues parallèlement ou diago-nalement, et non perpendiculairement parrapport aux lignes de niveau du reliefexistant.

Perspectives visuellesAfin de conserver les perspectives visuelles,on devait orienter les terrains de façon àprofiter au maximum des vues panora-miques vers la vallée et les attraits dupaysage. L'orientation et la fenestration desbâtiments, ainsi que la localisation des airesd'agrément, devaient être planifiées demanière à permettre aux résidants depercevoir les vues panoramiques et lesattraits visuels du milieu. Les percéesvisuelles créées, telles que les corridorsdéboisés du réseau routier, devaient êtreconsidérées, lorsqu'elles étaient attrayantes,dans la mise en valeur du potentiel visueldu milieu lors de la localisation desbâtiments, et ce, afin de minimiser ledéboisement.

La disposition des bâtiments devait êtreconçue de façon à ne pas obstruer les vuespanoramiques de chacun des futursrésidants. Par exemple, on devait localiserles bâtiments à angles, éviter d'aligner lesbâtiments d'une même rue face à face et,dans certains cas, éviter que le toit d'unbâtiment, dépasse le plancher du rez-de-chaussée d'un autre bâtiment, afin de nepas occasionner d'interférences visuelles.

Implantation, architectureet aménagement paysagerL’implantation, la forme et l’architecturedes bâtiments devaient épouser le plus pos-sible le relief naturel. Le concept d'im-plantation des bâtiments devait minimiserles terrassements. Les couleurs des bâti-ments devaient s'harmoniser avec lepaysage naturel en donnant préséance aucouvert forestier dans la perception desobservateurs.

L’aménagement paysager et les espaceslibres devaient respecter les critèressuivants : le déboisement nécessaire pourl'implantation du bâtiment, des aires destationnement, des accès et de toute autreconstruction ne devaient pas dépasserquarante pour cent (40 %) de la superficietotale du terrain. Toutes les surfacesdéboisées devaient être stabilisées, afind’éviter l'érosion du sol. Un réseau desentiers piétonniers devait être prévu etaménagé, afin de desservir le domaineskiable (concept « ski in - ski out »).

La réponse du promoteurLe promoteur a confié un mandat à unprofessionnel du domaine pour élaborerdes critères de design de ces bâtiments, detelle sorte que la valeur d’une maison nesoit pas diminuée par la présence d’uneautre qui ne s’intègre pas harmonieusementà l’environnement naturel et à l’environne-ment bâti. Ces critères se voulaient assezsouples pour ne pas trop limiter les choixarchitecturaux, tout en étant suffisammentcontraignants pour atteindre les objectifsfixés. La vente des terrains était condition-nelle au respect des critères et l'acquéreurdevrait soumettre les plans d'architecture etd'aménagement paysager au promoteur.Toutefois, ce dernier se réservait le droitd'exiger quand même des modifications àtout projet qui respectait ces critères, toutcomme il se réservait le droit d'accepter desprojets qui ne respecteraient pas intégrale-ment ceux-ci pour tenir compte desituations exceptionnelles.

Les critères de design se divisaient en troiscatégories : les critères relatifs à l'implanta-tion des bâtiments, ceux relatifs à l'archi-tecture des bâtiments et, enfin, à l'aména-gement paysager. Ces critères étaientinspirés de la réglementation municipalesur les PAE.

BilanLe projet « Exposition Sud » est réalisé endeux phases : la phase 1 (100 unités rési-dentielles de villégiature de luxe) fut, àtoutes fins pratiques, complétée en 2006,tandis que la phase II (80 unités) a débutéen 2008. Le promoteur aura déposé pourchaque phase une étude exhaustive sur lescomposantes du milieu naturel et proposéplusieurs concepts de développement avantque le plan final de lotissement soit acceptépar le conseil municipal, sur recomman-dation du Comité consultatif d’urbanisme.

Le bilan de la phase 1 aura mis en évidencecertaines améliorations à mettre en placedans la phase II, par exemple l’identifi-cation d’aires de protection des cours d’eauintermittents qui servent également defossé de drainage et l’exclusion de terrainsdont les pentes sont trop abruptes pourpermettre une construction sans boulever-sement majeur du relief naturel. Plusieursmesures de protection des arbres ont étéintégrées au règlement de zonage suivantl’adoption du PAE.

Bien que la phase 1 se soit révélée un suc-cès, la municipalité souhaite que la phase IIse démarque encore davantage par sonintégration au milieu naturel, sa très faibleempreinte environnementale et son coût deréalisation réaliste. Un défi pour tous lesintervenants, pas seulement pour la muni-cipalité. ■

Pour en savoir pluswww.villestoneham.comwww.expositionsud.qc.ca

Louis DesRosiers, urbaniste, est directeurdu Service d'urbanisme et d'environne-ment des municipalités des Cantons-Uniset de Stoneham-et-Tewkesbury.

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Les aires protégéeset les paysagesnaturels du Québec

Marc-André Bouchard, Jean-Pierre Ducrucet Frédéric Poisson

Paysage représentatif de la réserve debiodiversité de la Seigneurie-du-Triton.

1

La définition de paysage retenue

pour le présent article est tirée

de Domon et al. (1997). « …se

distinguant en cela de concepts

connexes comme territoire ou

écosystème, le paysage renvoie

inévitablement à deux entités

indissociables que sont la

« réalité physique » –

c’est-à-dire les morphologies

concrètes de l’établissement ou

de l’espace géographique – et

l’observateur (ou groupe

d’observateurs) qui y porte

le regard1. » Le réseau d’aires

protégées doit former un

échantillon écologiquement

représentatif et couvrir la

diversité du territoire à petite

échelle. L’argumentaire

développé dans ce texte réfère

aux réserves aquatiques et de

biodiversité2 dont la création

s’appuie sur l’analyse du Cadre

écologique de référence (CER)3

du ministère du Développement

durable, de l’Environnement et

des Parcs qui fournit la « réalité

physique » du paysage.

Les objectifs de conservation des réservesaquatiques et de biodiversité (représentati-vité, cohérence des limites et intégrité écolo-gique), s’avèrent difficiles à atteindre enraison des nombreuses activités humaines,principalement l’exploitation industrielledes ressources naturelles. Dans plusieurs cas,faute de convergence entre les objectifs deconservation et les activités économiques,l’aire protégée résultante peut avoir deslimites qui ne respectent plus le « paysagephysique » retenu; elle devient alors tribu-taire des perturbations anthropiques péri-phériques pouvant affecter l’évolutionnaturelle du paysage. Il arrive aussi que l’aireprotégée inclut des parties fortement per-turbées par des activités anthropiques; sa

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capacité à retrouver sa dynamique naturellesera alors hypothéquée.

En plus de la fréquente opposition« écologie-économie », la population, parl’appropriation de son territoire, faitintervenir une dimension sociale dans lechoix des territoires à protéger. Ce faisant,elle fait tendre l’analyse du paysage vers desenjeux culturels de protection.

Voyons deux exemples de réserves debiodiversité dont la composante paysage ajoué un rôle important dans la détermi-nation des limites.

La réserve de biodiversitédes Lacs-Vaudray-et-Joannès4

Ce territoire de l’Abitibi a été proposé àl’origine comme aire protégée par les villé-giateurs résidant sur les rives des deux lacs etpar les autorités municipales de Rouyn-Noranda. La dimension sociale favorable auprojet était donc présente dès l’origine. Leterritoire (193 km2) inclut la totalité desbassins versants immédiats des lacs Vaudrayet Joannès. C’est une plaine d’argile recou-verte d’épinettes noires traversée par unesker qui longe les deux lacs allongés. Lesformes de relief, les dépôts de surface, lesystème hydrographique et la végétation dece territoire constituent des élémentsreprésentatifs du territoire abitibien. Leterritoire retenu est très semblable à celuiissu de l’analyse du CER. Le territoire estfortement occupé (200 chalets de villégia-ture) et utilisé (motoquad, motoneige,chasse, pêche, randonnées, nautisme, etc.).Il a fait l’objet de perturbations anthro-piques majeures dans certains secteurs et neprésente donc pas une intégrité biologiqueélevée. Il est cependant déjà « valorisé »par de nombreux intervenants (villégiateurs,chasseurs, Centre éducatif forestier).

Cette réserve de biodiversité peut êtredivisée en trois zones (carte 1). La première,sur la rive orientale des lacs Vaudray etJoannès, correspond à l’esker. C’est unmonticule allongé de sable et gravier surlequel se trouvent un réseau développé dechemins et sentiers et l’ensemble des cons-tructions de villégiature. Elle a aussi faitl’objet de coupes de bois de chauffage depuisles premiers établissements de villégiature(années 40). La deuxième, à l’est de l’esker,a fait l’objet de coupes forestières aux« patrons » hétérogènes dans les vingtdernières années. Elle est sillonnée par unréseau très dense de sentiers de motoquad eton y rencontre de nombreux camps dechasse. La troisième, à l’ouest des lacs, est laplus grande et présente une intégritéécologique élevée et une faible empreinteécologique. Seuls quelques sentiers demotoquad accédant à des camps de chassefragmentent le territoire.

À l’origine, le paysage d’intérêt pour les rési-dants était la vue de leur chalet qui embras-sait un paysage naturel intact (photo 2).Cette zone avait un niveau d’appropriationsociale très élevé alors que les autres zones dela réserve de biodiversité ne faisaient paspartie de leur perception paysagère. Leprojet de réserve de biodiversité a favorisé denombreux échanges sur la connaissance duterritoire, ce qui a provoqué une certaineprise de conscience, chez les résidants, sur lefait qu’il existait d’autres paysages, au-delàde celui visible depuis les chalets. Ils ontainsi constaté l’état de perturbations avan-cées de leur « arrière-cour », principale-

ment dû à l’exploitation forestière, maisaussi en partie dû à leurs habitudes de vie(motoquad, bois de chauffage). Cette nou-velle perception plus globale du paysage amené les résidants à questionner certainesvaleurs culturelles à l’égard du paysage envi-ronnant. Cette nouvelle réalité contribuerasans doute à favoriser une plus grandenaturalité de cette réserve de biodiversité età une meilleure protection de son paysage.

La réserve de biodiversitéde la Seigneurie-du-Triton5

Ce territoire correspond à un complexe debasses collines entrecoupées de quatre valléesoccupées par des lacs allongés et des coursd’eau. Il est représentatif des contreforts dumassif des Laurentides. En plus, il présenteune concentration élevée de vieilles forêts(bétulaies à bouleau jaune) dont plusieurssont classées « écosystème forestier excep-tionnel ». Ancien club privé, sa gestion apréservé son caractère naturel et l’a épargnéde coupes forestières majeures. Il constitueaujourd’hui un paysage d’une très grandevaleur. Le territoire est modérément occupé(villégiature) et utilisé (sentiers récréatifs,chasse, pêche); il inclut aussi une pourvoirie.Plus qu’un paysage visible comme dans lecas des lacs Vaudray et Joannès, les résidantsavaient ici une perception beaucoup plusglobale du paysage, car ils le parcouraientpour se livrer à leurs activités fauniques oude récréation (photo 1). C’est sur cette basepaysagère qu’un territoire initial à protéger àété proposé par la pourvoirie et uneassociation de villégiateurs.

1 Domon, G., Beaudet, G. et M. Joly (2000). Évolution du territoire laurentidien : Caractérisation et gestion des paysages. Isabelle Quentin, 138 p.2 www.mddep.gouv.qc.ca/biodiversite/aquatique/index.htm et http://www.mddep.gouv.qc.ca/biodiversite/reserves-bio/index.htm3 www.mddep.gouv.qc.ca/biodiversite/cadre-ecologique/index.htm4 www.mddep.gouv.qc.ca/biodiversite/reserves-bio/vaudray-joannes/Psc_Vaudray_Joannes.pdf5 www.mddep.gouv.qc.ca/biodiversite/reserves-bio/seign-triton/psc-triton.pdf

2Délimitation des trois zonesde la réserve de biodiversitédes Lacs-Vaudry-et-Joannès.

Carte 1

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Vue, depuis les chalets de villégiature, sur les lacs et le paysage forestier intact de lazone « ouest » de la réserve de biodiversité des Lacs-Vaudray-et-Joannès.

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Or, la considération des préoccupationséconomiques, principalement de natureforestière, a influencé la délimitation de laréserve de biodiversité projetée (408 km2),dont les limites ne correspondent pas aucomplexe de basses collines et de vallées.Même si ce territoire protégé contientencore des forêts mélangées mûres etsurannées à bouleau jaune offrant des paysa-ges spectaculaires, une partie importante deces forêts d’intérêt et des paysages visés n’estpas protégée. L’inclusion d’un secteur dejeunes forêts issues d’un feu d’originehumaine et constituant un paysage peuvalorisé par les observateurs diminuel’intérêt écologique et la représentativité dece territoire. Comparativement à l’exempleprécédent, la réserve de biodiversité, tellequ’actuellement délimitée, n’aura pas lemême effet positif sur la perception paysagè-re auprès des résidants qu’une aire protégéeessentiellement composée de forêts mûreset surannées, qui sont davantage évocatricesde paysages forestiers à caractère naturel(carte 2).

Paysages protégés et mise en valeurLa dimension sociale peut, dans plusieurscas, rejoindre les objectifs écologiques pourchoisir des paysages à protéger (qualité natu-relle, visuelle et leurs limites). Ainsi, la con-vergence entre perception sociale (paysagevisible) et analyse écologique (paysage physi-que) concourt parfois à rééquilibrer les con-traintes économiques en conformité avec les

principes du développement durable. Lesdeux exemples précédents démontrentcependant qu’il n’en est pas toujours ainsi.

Les nombreux projets de réserves debiodiversité de l’écoumène forestier duQuébec protègent des paysages aux valeursmultiples. Même dans les rares projets oùcoïncident les objectifs de conservation(représentativité, intégrité écologique) et lacohérence du paysage physique, une ques-tion demeure : que manque-t-il au projetd’aire protégée pour qu’il devienne un projetcollectif de protection et de valorisation dupaysage? Une partie de la réponse peut setrouver dans le niveau d’appropriation dupaysage par les collectivités, à savoir lorsquel’aire protégée répond à leurs aspirations.Ceci signifie que chaque réserve aquatiqueou de biodiversité devrait « s’imprégner »des aspirations de chaque collectivité quantau concept d’aménagement, à la nature de lamise en valeur et aux mesures de gestion.

Bien des aires protégées incluent des terri-toires perturbés par des activités humaines.Leur création constitue en soi le premiergeste initiant la mutation des paysages lescomposant vers une forme plus naturelle,mais aussi culturellement représentative – lepaysage naturel pouvant devenir un reflet dela collectivité. Or, pour y arriver, tous lesniveaux d’intervenants doivent réaliser lesactions nécessaires. La question qui se posealors est : pour engendrer une telle dynami-

que sociale et culturelle à l’égard des airesprotégées en tant qu’outil de conservation,mais aussi d’appropriation de paysagesd’intérêt naturel et culturel, qui a laresponsabilité d’agir comme initiateur etquels gestes doit-il poser? ■

Marc-André Bouchard est chargé de projetau Service des aires protégées du ministèredu Développement durable, del’Environnement et des Parcs (MDDEP),Jean-Pierre Ducruc et Frédéric Poisson sontécologues et agents de recherche au Servicedes écosystèmes et de la biodiversité duMDDEP.

Les aires protégéesau Québec

Le Québec compte 22 différents sta-tuts d’aires protégées reconnues léga-lement. Il s’agit notamment de réservesaquatiques ou de biodiversité, deparcs nationaux6, d’habitats fauniques7,d’écosystèmes forestiers exception-nels8 ou de paysages humanisés9.Chaque statut ayant ses propresobjectifs de conservation. Ces airesprotégées relèvent de différentes loismais le terme « aire protégée » estdéfini par la Loi sur la conservation dupatrimoine naturel :

« Un territoire, en milieu terrestre ouaquatique, géographiquement délimité,dont l’encadrement juridique et l’admi-nistration visent spécifiquement à as-surer la protection et le maintien de ladiversité biologique et des ressourcesnaturelles et culturelles associées. »

Le Registre des aires protégées duQuébec10 tient à jour toute l’informationrelative au nombre, aux limites et auxsuperficies des aires protégées. Il clas-se chacun de ces territoires dans l’unedes six catégories d’aires protégées, telque défini internationalement parl’Union mondiale pour la nature.

Le Québec s’est engagé à se doter d’unréseau d’aires protégées correspon-dant à 8 % du territoire québécois, etce, d’ici la fin de l’année 2008.

Pour en savoir davantage :http://www.mddep.gouv.qc.ca/biodiversite/aires_protegees/index.htm

Carte 2

Proposition initiale deslimites pour la réserve debiodiversité de laSeigneurie-du-Triton etlimites actuelles; perted’assemblages de bassescollines et des vallées.

6 www.mddep.gouv.qc.ca/parcs/inter.htm7 www.mrnf.gouv.qc.ca/faune/habitats-fauniques/index.jsp8 www.mrnf.gouv.qc.ca/forets/connaissances/connaissances-ecosystemes.jsp9 www.mddep.gouv.qc.ca/biodiversite/prive/paysage/index.htm10 www.mddep.gouv.qc.ca/biodiversite/aires_protegees/registre/index.htm

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La forêt joue un rôle de première importance tant pourl’industrie des produits forestiers que pour l’industrie dutourisme. En raison de l’augmentation des loisirs en milieuforestier, les différents utilisateurs expriment de plus en plussouvent leurs préoccupations associées au maintien de laqualité visuelle des paysages. Pour l’industrie du tourisme,leur beauté contribue grandement à la qualité del’expérience vécue en forêt; il importe donc de maintenir lesimpacts visuels des interventions forestières à un niveauacceptable.

Les paysages dans les plansd’aménagement forestier

Josée Pâquet

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Le Règlement sur les normes d’interventiondans les forêts du domaine de l’État (RNI),adopté en 1988 en vertu de la Loi sur lesforêts, comporte des normes d’interventionforestière visant à assurer un coup d’œilagréable aux alentours de certains typesd’infrastructures réglementées (plage publi-que, site de villégiature, halte routière,circuit panoramique, arrondissement histo-rique, etc.). On y trouve aussi une visionspécifique relativement au maintien d’unencadrement visuel à l’intérieur d’une limitede 1,5 km. Étant donné la très grande di-versité des paysages sur le territoire québé-cois et les besoins qui peuvent varier d’unerégion à une autre, « le RNI ne peut prévoirtoutes les situations susceptibles de requérirune protection particulière. Il est doncdifficile de définir dans la réglementationgénérale les dispositions pouvant convenir àtoutes les situations » (MRNFP, 2005).

En 2005, le ministre des Ressources naturel-les et de la Faune annonçait qu’à partir de2008, onze objectifs de protection et demise en valeur des ressources du milieuforestier (OPMV) devraient être intégrésaux plans généraux d’aménagement forestier(PGAF). « Ces objectifs constituent denouvelles obligations contractuelles et léga-les, et sont complémentaires à la réglemen-tation en vigueur. Ils vont, notamment,permettre de mieux tenir compte desparticularités régionales et locales dans la

gestion forestière. » (MRNFP, 2005) Parmices OPMV se retrouve celui visant lemaintien de la qualité visuelle des paysagesen milieu forestier.

L’approche préconisée par le Ministère con-cernant l’aménagement visuel des paysagesen milieu forestier comporte deux volets :a) la détermination des paysages sensiblesaux interventions forestières, b) le choix desstratégies d’aménagement et des mesuresd’harmonisation permettant d’atténuerefficacement l’impact de l’exploitationforestière sur les paysages. Elle est présentéeici dans ses grandes lignes et des lignes direc-trices décrivent l’approche en détail (Pâquetet Deschênes, 2005).

L’inventaire de la sensibilité des paysagesLe premier volet de l’aménagement visueldes paysages en milieu forestier vise à pro-duire une cartographie des paysages visuelle-ment sensibles dans le but de déterminer lesportions de paysages qui requièrent uneattention particulière quant au maintien deleur qualité visuelle. En ciblant les paysages

critiques associés à des secteurs d’intérêtparticulier, on reconnaît que les paysagesn’ont pas tous la même importance et queles efforts doivent être orientés vers les zonescritiques.

Secteurs d’intérêt majeurDans le cadre de la préparation des plansd’aménagement forestier, les bénéficiaires decontrats et les utilisateurs du territoire déter-minent les secteurs d’intérêt majeur pourlesquels l’encadrement visuel présente uneimportance certaine en raison de la présencede personnes pratiquant des activités impli-quant une appréciation du paysage. Par lasuite, ces mêmes intervenants classifient lessecteurs d’intérêt majeur; cela permet dedéfinir leur sensibilité et plus particulière-ment celle des paysages qui leur sont asso-ciés. Une fois déterminée la sensibilité dessecteurs d’intérêt, l’objectif de qualitévisuelle (OQV) recherché pour ceux-ci estprécisée.

L’OQV peut être défini comme le degréacceptable d’altération du paysage entourant

Tableau 1. Les restrictions associées aux zones de sensibilité

+ restrictif

- restrictif

AVANT-PLAN SECOND PLAN

Objectif de qualitévisuelle (OQV)

Altération faible del’encadrement visuel

Altération modérée del’encadrement visuel

Altération acceptable del’encadrement visuel

Environnementimmédiat1

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le secteur d’intérêt. Plus un OQV est élevé,plus les mesures d’harmonisation serontrestrictives (tableau 1). Ainsi, l’OQV serviraà déterminer les stratégies d’aménagementainsi que le type de mesures à mettre enplace, de même que leur étendue, afind’assurer le maintien de la qualité visuelledes paysages en milieu forestier.

Cartographie des paysagesvisuellement sensiblesPour assurer une prise en compte adéquatedes paysages, il importe de bien déterminerles portions de paysages sensibles auxinterventions forestières. À cette étape, ilfaut procéder à la détermination et à lacartographie des portions de paysage visiblesà partir des secteurs d’intérêt majeur retenus.À partir du secteur d’intérêt et sur unhorizon de 360˚, on détermine ce qui estvisible ou non visible en fonction de latopographie, en faisant abstraction de lavégétation. Cette dernière offre un écrantemporaire et toute altération de cet écran

modifiera les limites des zones visibles.Déterminer les paysages visibles à partir dela topographie permet donc de délimiter latotalité des zones sensibles pour un secteurd’intérêt donné et de les intégrer dans unestratégie d’aménagement à long terme. Lepaysage visible est ensuite réparti, selon ladistance d’observation, en zones dites « deperception ». En effet, la distance à laquelleune personne observe un paysage influencesa perception des éléments le composant.L’impact visuel d’une coupe différera selonque celle-ci est située près de l’observateurou à une distance plus grande (tableau 2).

Les zones de perception etles distances associéesLa carte produite délimitera les paysagesvisuellement sensibles où s’appliquent desscénarios d’intervention visant le maintiende la qualité visuelle des paysages. Cettecarte constituera un outil d’aide à laplanification des interventions.

Les stratégies d’aménagement L’impact des interventions sur la qualité despaysages constitue un enjeu auquel lapopulation accorde beaucoup d’importance.Dans un contexte où l’on vise à intégrer lespréoccupations de celle-ci à l’égard del’aménagement forestier, il importe de bienconnaître les perceptions des citoyens sur lesactivités d’aménagement forestier. Il fautaussi comprendre comment les pratiquesaffectent le paysage et comment en réduireles impacts visuels.

Puisque les coupes altèrent le paysage, il fauts’assurer de rendre l’altération acceptablepour les utilisateurs. Pour ce faire, lastratégie d’aménagement devra prendre encompte les éléments les plus préoccupantsen matière de maintien de la qualité despaysages.

Les zones de perception de l’avant-planDans les zones de perception d’avant-plan,parmi les éléments les plus préoccupants, oncompte les débris de coupe, le bouleverse-ment du sol, les andains, les aires defaçonnage et d’empilement, les superficiesde coupes ainsi que l’utilisation de bandes-écrans systématiques et uniformes.

Les zones de perception de second planDans les zones de perception plus éloignées,on vise particulièrement à ce que les coupesde régénération ne dominent pas le paysage.Plus la proportion des coupes sera impor-tante, plus l’impact sera inacceptable. Dansce contexte, on retient les principes suivants;lorsque les coupes de régénération occupentmoins de 15 % du paysage visible, l’impactvisuel est peu important; lorsque les coupes

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Tableau 2. Les zones de perception et les distances associées

ZONES DE PERCEPTION DISTANCE

Les zones de perception d’avant-plan

Environnement immédiat (EI) 0 à 60 m

Avant-plan (AP) 60 à 500 m

Les zones de perception de second plan

Moyen-plan (MP) 500 m à 3 km

Arrière-plan (RP) Plus de 3 km

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occupent entre 15 et 40 % du paysagevisible, elles diminuent sensiblement laqualité visuelle des paysages. Toutefois, pourla majorité des gens, l’impact se situe dansles limites de l’acceptable. Lorsque lescoupes occupent plus de 40 % du paysagevisible, l’impact est jugé inacceptable par lesutilisateurs du milieu.

Certains autres principes doivent aussi êtrerespectés pour tous les paysages visiblesautour des secteurs d’intérêt peu importeleur degré de sensibilité. Ainsi on cherche,au moment des interventions, à favoriser desformes de coupes s’intégrant aux paysages età favoriser un reverdissement rapide desparterres de coupe. Lorsque la régénérationa atteint une hauteur minimale de 4 mètres,on considère que l’impact visuel est atténuéefficacement, permettant ainsi la réalisationde nouvelles interventions. Finalement, onvise à assurer une distribution des coupesdans l’espace (éviter la juxtaposition desparterres de coupe) et dans le temps (laisserle temps à la régénération des anciensparterres de coupe d’atteindre une hauteurde 4 mètres avant d’intervenir à nouveau àl’intérieur de paysages sensibles) (Pâquet etBélanger, 1998).

L’approche et les principes énoncés ici sonttout aussi applicables en forêt privée. Depuisquelques années déjà, la MRC de Papineaua intégré à son schéma d’aménagement despréoccupations associées au maintien de laqualité visuelle des paysages en déterminantles paysages visuellement sensibles et desnormes générales concernant la conserva-tion et l’abattage d’arbres. Dans son plan deprotection et de mise en valeur (PPMV),l’Agence forestière des Bois-Francs a adoptéla même approche.

Répartition des interventionsdans le paysageLes préoccupations associées au maintien dela qualité des paysages nécessitent unemeilleure planification, dans le temps etdans l’espace, de la répartition des interven-tions sur le territoire. En déterminant lespaysages visuellement sensibles associés auxsecteurs d’intérêt, on vient cibler les portionsdu territoire où les paysages sont pluspréoccupants. On retiendra également qu’ilest toujours possible de réaliser des travauxd’aménagement forestier même dans ceszones désignées comme étant visuellementsensibles. ■

Josée Pâquet est géographe à la Directionde l’environnement et de la protectiondes forêts, ministère des Ressourcesnaturelles et de la Faune du Québec.

RéférencesAgence forestière des Bois-Francs, 2001. Plan deprotection et de mise en valeur. www.afbf.qc.ca/

Ministère des ressources naturelles, de la faune et desparcs (MRNFP), 2005. Objectifs de protection et de miseen valeur des ressources du milieu forestier, plans géné-raux d’aménagement forestier 2007-2012 : documentde mise en œuvre, Québec, gouvernement du Québec,47 p. www.mrnf.gouv.qc.ca/forets/amenagement/amenagement-objectifs.jsp

MRC de Papineau. Schéma d’aménagement révisé(30 novembre 2007). www.mrcpapineau.com/MRC_Papineau/index_f.aspx

Pâquet, J. et L. Bélanger, 1998. Stratégie d’aménagementpour l’intégration visuelle des coupes dans le paysage,Charlesbourg, réalisé par C.A.P. Naturels dans le cadre duProgramme de mise en valeur des ressources du milieuforestier du ministère des Ressources naturelles, 40 p.

Pâquet, J. et L. Deschênes, 2005. Lignes directrices pourla mise en œuvre des objectifs visant le maintien de laqualité des paysages et l’harmonisation des usages,Québec, gouvernement du Québec, ministère desRessources naturelles et de la Faune, Direction desprogrammes forestiers, Direction de l’environnementforestier, 33 p.

Urbanistes en herbeActivités d’initiation à l’urbanisme

Préparonsles citoyens de demain !

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Le patrimoineagricole, de laconservation du bâtià la nécessité duprojet de paysage Julie Ruiz

L’heure est au patrimoine. Alors que la réformede la Loi sur les biens culturels est amorcée etque le rapport Pronovost sur l’avenir del’agriculture et de l’agroalimentaire québécoispropose une nouvelle vision pour l’agriculture dedemain, une réflexion s’impose sur l’avenir dupatrimoine agricole.

Si l’agriculture a longtemps été considéréeuniquement comme une activité de pro-duction de biens alimentaires, elle aura, parses pratiques et savoir-faire, créé unearchitecture - sans architecte - et façonnédes paysages que nous redécouvrons aujour-d’hui. Pourtant, nous n’avons pas toujoursété sensibles aux qualités du bâti et despaysages agricoles. Il aura fallu que nousnous détournions de l’activité agricole etque nous y posions de nouveaux regardspour qu’ils deviennent patrimoniaux.L’essor des politiques culturelles dans plu-sieurs MRC rurales, la récente Politique dupatrimoine de la MRC des Maskoutains etla mise sur pied d’organismes de promotionet de sensibilisation tel que RURALYS1

ne constituent que quelques-unes des

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initiatives qui témoignent de cette redécou-verte du bâti ancien et des paysages façonnéspar l’activité humaine. Les municipalitésrurales prennent progressivement conscien-ce des rôles que joue ce patrimoine agricoleau regard de l’appartenance territoriale, del’attrait sur les futurs résidants et sur lestouristes, et des retombées économiques,sociales et culturelles qui y sont liées.

Or, même à l’île d’Orléans, territoire bénéfi-ciant du statut d’arrondissement historique,des voix s’élèvent pour dénoncer l’érosiondu patrimoine en raison de la perte d’unensemble agricole cohérent et, consé-quemment, de ses paysages vernaculaires(Légaré et Prud’homme, 2005). Le maintiendu patrimoine agricole pose donc des défisconsidérables. Cerner les enjeux de cemaintien impose avant tout d’identifier lescauses de sa fragilité, tout autant que lesmoyens d’y remédier.

Mutations de l’agriculture etfragilité du patrimoine agricoleL’agriculture québécoise a subi des muta-tions sans précédent depuis les années 1950.Tout d’abord, la concentration des activitésagricoles au sein de fermes toujours plusgrandes a fait en sorte que plus de 100 000d’entre elles ont cessé leurs activités depuis

cette date. Elles n’étaient plus que 30 000en 2006. Partout, les fermes sont de plus enplus isolées sur les rangs. De nombreuxbâtiments agricoles ont donc disparu tandisque certains sont devenus la propriété d’unepopulation non agricole.

Ensuite, la spécialisation des fermes dans untype unique de production et l’intensifica-tion des pratiques a causé de profondschangements au niveau du bâti et despaysages. L’établissement agricole tradition-nel de la petite production laitière du milieudu siècle dernier s’en est retrouvé bouleversé(Domon, 2006). Avec les nécessités d’ex-ploitation liées à la spécialisation, les petitesconstructions (laiterie, poulailler, porcherie,etc.) auparavant disséminées entre la grangeet la maison de ferme ont perdu leur utilitéet ont le plus souvent disparu du paysage.L’orientation des fermes vers la productionavicole, porcine ou la grande culture a aussifait en sorte que la grange-étable est devenueobsolète et a dû être remplacée par desbâtiments spécialisés plus imposants, néces-saires à l’accueil d’une production qui aconsidérablement augmenté et qui s’estmécanisée. Il en est de même en productionlaitière où certaines granges-étables sontdevenues trop petites et difficiles à adapter

aux nouvelles contraintes imposées par laproduction moderne.

En outre, l’orientation de l’exploitationguide aussi le choix des cultures. Ainsi, lesfermes porcines et avicoles cultivent dumaïs-grain et du soya, tandis que les fermeslaitières produisent maïs, orge, blé, avoine etfourrage, l’alimentation de la vache étantplus diversifiée que celle des porcs et despoulets. Les vaches laitières demeurant àl’étable à longueur d’année, seuls quelquespetits pâturages sont aujourd’hui destinésaux taures et aux vaches taries. Encore ici, lespaysages composés de vastes pâturages seraréfient. Avec la mécanisation, les champssont aussi devenus plus grands, accentuantun sentiment de monotonie.

En zone de déprise, des paysagesen voie de disparitionToutefois, ces mutations agricoles ne seseront pas déployées uniformément sur leterritoire québécois. Ainsi, comme l’a révélél’analyse des dynamiques agricoles de 1951à 2001 à l’échelle du Québec (Ruiz etDomon, 2005), elles se seront traduites parun double mouvement : la concentrationdes activités agricoles au sein des terres lesplus fertiles et l’abandon de pans entiers duterritoire par l’agriculture dans les territoires

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1 La Politique du patrimoine de la MRC des Maskoutains a été adoptée en 2007. Elle constitue la première politique spécifique au patrimoine adoptée par une MRC rurale.L’organisme RURALYS est une entreprise d'économie sociale qui offre ses connaissances et compétences en matière de valorisation du patrimoine rural bâti et paysager.

Nous n’avons pas toujours été sensibles aux qualités du bâti et des paysages agricoles

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les plus difficiles. Deux grandes zonesagricoles traversées par des dynamiques con-trastées caractérisent aujourd’hui l’écou-mène agricole.

La première, la zone dite de déprise, secaractérise par une agriculture en déclinmarqué. Elle inclut les territoires à latopographie irrégulière et aux sols mincesdes Appalaches et des Laurentides. Là, lesterritoires n’ont pas permis de supporter uneagriculture qui devait augmenter ses rende-ments afin d’assurer sa survie. La majoritédes municipalités y ont perdu plus de 50 %des terres en culture et en pâturage depuis1951. La friche ne cesse de progresser et lespaysages se referment.

En zone d’intensification, des paysagestotalement remodelés qui s’uniformisentEntre ces territoires de déprise, les basses-terres du Saint-Laurent constituent les zonesd’intensification agricole. Les dynamiques ysont inversées. L’agriculture y a largementpersisté, voire y a pris de l’expansion au dé-triment des boisés et des milieux humides.Cette portion limitée du Québec concentreaujourd’hui plus de 80 % des productions.Avec l’intensification des pratiques, la spé-cialisation des fermes, les programmes dedrainage et de redressement des cours d’eau,l’adaptation de la culture de maïs-grain auxcontraintes climatiques du Québec, lespaysages y ont été totalement remodelés.Des tendances lourdes vers l’uniformisationdes usages marquent ces paysages. Maistandis que nous ne saurions demander àl’agriculture de réintroduire des pratiques

révolues, de quelle manière limiter les im-pacts de ces dynamiques, voire les contrer?

Ainsi, la disparition constante des fermes surl’ensemble du territoire, l’augmentationcroissante de la taille de celles qui se sontmaintenues et la standardisation des modesde production constituent les trois princi-pales dynamiques agricoles qui contribuentà l’érosion du patrimoine bâti et paysager.

Du bâti au paysageLe patrimoine agricole renvoie le plus sou-vent aux bâtis anciens et à sa conservation. Àl’instar de tout bien patrimonial, les bâti-ments agricoles les plus remarquablespeuvent bénéficier d’une protection gouver-nementale ou municipale. C’est ainsi quecertaines granges circulaires et polygonalespossèdent le statut de monuments histo-riques classés ou cités. Toutefois, peu debâtiments agricoles bénéficient à ce jourd’une protection. La possibilité offerte auxmunicipalités de constituer des sites dupatrimoine n’a également pas encore étéutilisée en milieu agricole.

Mais la grande majorité de ce bâti ancienfait le plus souvent partie du petit patri-moine. L’ampleur de celui-ci sur le territoirequébécois demeure largement méconnue.Les quelques inventaires systématiques réali-sés dans certaines régions - Kamouraska et laCôte-de-Beaupré par exemple - révèlentpourtant bien souvent sa richesse et sadiversité. On s’entend aujourd’hui sur le faitque ce patrimoine agricole ne pourra êtreentièrement sauvegardé. De nouvelles

initiatives misent donc sur la révélation dece patrimoine et la sensibilisation des popu-lations pour son maintien. Ailleurs, recon-naissant que l’agriculture ne pourra plusporter à elle seule son héritage étant donnéles contraintes imposées par les modes deproduction modernes, la réaffectation versd’autres usages est envisagée. Ces deux voiesapparaissent aujourd’hui incontournablesau maintien du bâti.

Mais, tout aussi porteuses et nécessairesqu’elles soient, ces initiatives pourraients’avérer limitées face aux dynamiques agri-coles en cours précédemment identifiées.De plus, ces bonnes actions ne concernentqu’une partie du patrimoine. Comme ledéfinissait le rapport Provencher (1984), lepatrimoine agricole, ce sont aussi lespaysages façonnés par des siècles d’agricul-ture. Or, nous ne pourrons chercher à figerdes paysages façonnés par une agriculturetraditionnelle en déclin (Domon et Ruiz,2007). Face aux dynamiques actuelles,l’enjeu est aussi de chercher à guider l’évolu-tion de ce patrimoine en agissant directe-ment sur les activités et les pratiquesagricoles. Plusieurs initiatives québécoisesproposent déjà des pistes en ce sens.

Inventer le patrimoine de demainEn terme de bâti, une réflexion s’impose surles manières d’intégrer les nouveaux bâti-ments agricoles au bâti ancien et à leurenvironnement. Déjà plusieurs bâtiments deferme s’érigent aujourd’hui sur le territoirequébécois avec un souci d’esthétique quitranche avec les bâtiments conventionnels.

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À l’instar de toutbien patrimonial,les bâtimentsagricoles les plusremarquablespeuventbénéficier d’uneprotectiongouvernementaleou municipale.

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ProgrammepréstagiairePour favoriser l’accès à la profession d’urbaniste

Renseignement et inscription

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Vous êtes :- Étudiant en urbanisme- Diplômé en urbanisme- Travailleur en urbanisme

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Une nouvelle « architecture »agricole émerge au QuébecAussi, depuis une dizaine d’années et parfoisdepuis plus longtemps, ruraux de souchesou urbains, anciens ou nouveaux agricul-teurs, inventent et réinventent des pratiqueset des produits agricoles. L’élevage des bœufsHighland qui peuvent demeurer en pâtu-rage tout au long de l’année, les vergers depoires de Saint-Joachim-de-Shefford, ceuxde pommes associés au cidre de glace, ouencore l’essor des vignobles, comptentparmi ces inventions et réinventions.Prenant souvent appui sur le bâti ancienpour leurs activités de vente ou d’agrotou-risme qui les accompagnent, elles permet-tent aussi, par leur occupation du territoire,de maintenir vivants les paysages de déprisequi auraient autrement été délaissés parl’agriculture conventionnelle. En zoned’intensification agricole, elles contribuent àla diversification des paysages et limitentleur banalisation. Ces initiatives peuventdonc participer à l’inscription du patrimoi-ne dans de nouvelles activités agricoles. Maisplus encore, en inventant de nouvellespratiques, elles pourraient être à la based’une invention du patrimoine de demain.Loin d’être un phénomène passager oufortuit, l’émergence des produits de spécia-lité a généré de nouvelles zones de produc-tion en Europe. Au Québec toutefois, laproduction de spécialité est le fait d’initia-tives individuelles et ne bénéficie souventque d’un accès limité au marché : si leurpotentiel est bien réel, il apparaît encorefragile. Ces initiatives doivent être soutenueset le cas de Saint-Camille2 dans la MRC desSources nous rappelle qu’elles devront aussi

s’inscrire dans une perspective plus large deredynamisation et de diversification deszones agricoles.

En définitive, les municipalités et les MRCdisposent d’outils (classement d’un monu-ment historique, constitution d’un site dupatrimoine, PIIA) qui permettent d’accom-pagner la reconnaissance et la protection àcourt ou moyen terme du remarquablepatrimoine agricole dont nous avons hérité.Ces outils ne peuvent toutefois être utilisésseuls. Mais, dans la mesure où l'objectif estaussi d'assurer la pérennité à long terme etde promouvoir le renouvellement de cepatrimoine, c’est à un véritable projet depaysage (PAQUETTE et al., 2008) pourl’agriculture et les territoires auquel noussommes conviés. À travers ce projet, il s’agirade guider l’évolution des paysages dans unecontinuité choisie collectivement et tenantcompte des spécificités des territoires.

L’enjeu, rappelons-le, est d’agir directementsur les activités et les pratiques agricoles.Ainsi, notre capacité à assurer la protectionet le renouvellement de ce patrimoinepourrait bien tenir à celle de soutenir uneplus grande diversité de modèles agricoles etde pratiques innovantes. À ce sujet, il nousfaudra compter sur les institutions en place,celles-là même que le rapport Pronovostvise, en proposant plus de souplesse dans lesystème agricole actuel. ■

Julie Ruiz est doctorante à la Faculté del’aménagement et auxiliaire de recherche àla Chaire en paysage et environnement del’Université de Montréal. En 2001, ellerecevait le Prix du mérite étudiant del’Ordre des urbanistes du Québec.

RéférencesPAQUETTE, S.; POULLAOUEC-GONIDEC, P., DOMON, G.,Guide de gestion des paysage au Québec. Lire,comprendre et valoriser le paysage. Gouvernement duQuébec, Québec, 2008 (à paraître).

COMMISSION SUR L’AVENIR DE L’AGRICULTURE ET DEL’AGROALIMENTAIRE QUÉBÉCOIS, Agriculture etagroalimentaire québécois : assurer et bâtir l’avenir :rapport. Québec, 2008.

DOMON, G., De la ferme et de ses bâtiments. Continuité,no. 109, été 2006, pp. 29-32.

DOMON, G., RUIZ, J., Paysage et multifonctionnalité desterritoires : enjeux et atouts pour l’agriculture de demain,mémoire présenté à la Commission sur l’avenir del’agriculture et de l’agroalimentaire québécois. Chaire enpaysage et environnement, Université de Montréal,Montréal, 2007.

LÉGARÉ, D., PRUD’HOMME, C., Patrimoine et paysageagricoles de l’arrondissement historique de l’Îles-d’Orléans. Commission des biens culturels du Québec,Québec, 2006.

PROVENCHER, J., Le Patrimoine agricole et horticole auQuébec, état de la situation et recommandations.Commission des biens culturels du Québec, Québec,1984.

RUIZ, J., DOMON, G., Paysages de l’agriculture enmutation. In : Poullaouec-Gonidec, P., Domon, G. et S.Paquette (Éd.). Paysages en perspective. Presses del’université de Montréal, série Paysages, Montréal, 2005,pp. 47-97.

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Paysages

Qu’en pensentles urbanistes?

Propos recueillis par Serge Vaugeois, urbaniste

Le comité éditorial a donné la parole aux membres

de l’Ordre en leur posant trois questions. Voici un

échantillon des réponses les plus représentatives

de l’ensemble.

Quelles sont les grandes caractéristiquesde nos paysages?

« Plusieurs de nos paysages sont uniques aumonde, d’une beauté sauvage et exception-nelle... »

« Un paysage changeant avec 4 saisonsdistinctes. »

« La clarté du ciel et des horizons extrême-ment profonds. La démesure du territoire.»

« La diversité des paysages : les régionsmontagneuses, les vallées, les plaines, lescollines, les monts, les cours d’eau, les typesde végétation (de la forêt feuillue à latoundra), les centres-villes, une rue cam-pagnarde ayant gardé son cachet historique.Les Hautes-Gorges de la Malbaie sont unpaysage à couper le souffle, tout autant quela Gaspésie avec ses villes et villages côtiers. »

Qu’est-ce qui frappe et marquequand on se promène au Québec?

« La transformation des terres agricoles etdes espaces naturels par le développementdes banlieues et des infrastructures detransport. Il faut voir l’étirement du tissu dela banlieue le long de l’autoroute 15, deLaval à Saint-Jérôme. Ce phénomène asouvent comme répercussion l’uniformi-sation des paysages bâtis et l’effacement de laprésence végétale, voire même la disparitionde la spécificité locale des paysages (passageville campagne). »

« La banalité des paysages urbains et particu-lièrement la banalité du cadre bâti. »

« La laideur des bâtiments érigés le long desroutes, soit des boîtes plates à caractèreindustriel sans aucune recherche architectu-rale ou des maisons de campagne à caractèreurbain (maison en brique, gazon impec-cable, entrée en asphalte, malgré le caractèrechampêtre du lieu). L’espace trop importantaccordé aux automobiles dans le paysageavec des allées ou stationnements asphaltésomniprésents. »

« Le contraste entre l’ancien et le nouveau,entre les vieux centres urbains, avec unecertaine qualité architecturale et urbanis-tique et les banlieues d’après-guerre qui sontgénéralement moches. »

« Nos corridors autoroutiers ressemblent àdes boulevards urbains. Dans les Lauren-tides, les usages implantés le long de l’auto-route 15 et de la route 117 sont souventincompatibles avec la vocation touristiquede ce corridor. »

« L’harmonie d’un paysage (entretien, effetde masse, effet de surprise, perspectivevisuelle à longue portée). À l’opposé, lalaideur est marquante (paysage désorganisé,encombré, surutilisé). »

« La présence du réseau aérien est unclassique. Au niveau résidentiel, l’anarchiedes styles, que l’on confond peut-être avec ladiversité. Plus récemment, la fausse préten-tion à faire château (le style victorien dansles campagnes, le manoir en banlieue, etc.).Le peu de respect pour le patrimoine bâti et

naturel. Au niveau commercial, l’accepta-tion tranquille à voir proliférer les centrescommerciaux et à voir péricliter les centres-villes. Au niveau industriel, la convictionqu’un tel usage lourd doit être forcémentlaid (entreposage dans les cours avant etlatérales, bâtiments de piètre qualité archi-tecturale, etc. »

S’occupe-t-on bien de nos paysageset de notre patrimoine?

« Pas vraiment. Il y a un certain niveau deprotection (aires protégées), mais il semble yavoir un manque de souci collectif pour lepaysage urbain. »

« On s’en occupe souvent de manièretardive, pour empêcher de démolir ou pourcontrer un projet de redéveloppement. »

« Non. Dans les milieux ruraux ou éloignés,les considérations économiques prévalentsur la qualité esthétique. »

« Malgré la présence d’outils urbanistiques,les interventions sur les paysages naturels etbâtis se font souvent au Québec sans grandségards pour les spécificités locales. »

« Le patrimoine particulier se porte demieux en mieux. Le patrimoine collectif estde plus en plus en péril. »

« Les paysages et le patrimoine sont encoreconsidérés comme un luxe. » ■

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La Loi sur laconservation dupatrimoine naturel

Jean-Pierre Saint-Amour, urbaniste

1 L.R.Q., c. C-61.01, ci-après désignée L.P.C.N.2 Art. 1 L.P.C.N.

En 2002, le législateur

québécois a adopté la Loi sur

la conservation du patrimoine

naturel 1 dont l’objectif principal

est « de sauvegarder le

caractère, la diversité et

l’intégrité du patrimoine

naturel du Québec par des

mesures de protection de sa

diversité biologique et des

éléments des milieux naturels

qui conditionnent la vie »2.

La loi vise plus particulièrement àfaciliter la mise en place d’un réseaud’aires protégées représentatives de labiodiversité3 tout en instaurant desmesures de protection des milieuxnaturels complémentaires aux autresmoyens existants. Elle permet de déli-miter des aires protégées qui sontdéfinies comme « des territoires, enmilieu terrestre ou aquatique, dont l’en-cadrement juridique et l’administrationvisent spécifiquement à assurer la protec-tion et le maintien de la diversité biolo-gique et des ressources naturelles etculturelles associées».

Cette loi prévoit aussi la possibilitéd’accorder un statut de paysage huma-nisé à certains territoires et de lesassujettir en conséquence à un certaincontrôle à la fois du ministère du Déve-loppement durable, de l’Environnementet des Parcs, ainsi que des autoritésmunicipales qui ont conclu une ententeavec le Ministère relativement à lagestion de ce territoire4.

Les définitions pertinentes de l’article 2de la loi méritent d’être citées :

« aire protégée : un territoire, enmilieu terrestre ou aquatique, géogra-phiquement délimité, dont l’encadre-

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4 Ce terme est défini comme suit: « Biodiversité ou diversité biologique : la variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris des écosystèmes terrestres, marins,estuariens et dulçaquicoles, ainsi que les complexes écologiques dont ils font partie; ces termes comprennent aussi la diversité au sein des espèces et entre espèces de mêmeque celles des écosystèmes».

5 L’intervention sur les paysages humanisés est complémentaire à la possibilité de constituer un site du patrimoine en vertu de la Loi sur les biens culturels, à l’égard des lieuxoù « se trouvent des biens culturels immobiliers et dans lesquels le paysage architectural présente un intérêt d’ordre esthétique ou historique ».

6 Les autorités municipales locales et régionales ne sont cependant formellement consultées que s’il s’agit d’un paysage humanisé projeté : art. 27 L.C.P.N. Il est déplorableque le législateur n’ait pas prévu de consultation spécifique des autorités municipales dans les autres types d’autres protégées, particulièrement à l’égard des réservesnaturelles qui font l’objet d’une entente entre un propriétaire privé et le Ministère (art. 54 et suivants L.C.P.N.), d’une part parce que ces réserves peuvent être prises en comptedans la planification de conservation de la municipalité et, d’autre part, parce que ces réserves bénéficient d’un statut fiscal privilégié.

7 Art. 54 L.P.C.N.8 Exemption de taxe accordée à une réserve naturelle : art. 204 al. 1 (19) de la Loi sur la fiscalité municipale, L.R.Q., c. F-2.1.9 « Un regard neuf sur le patrimoine culturel », décembre 2007, document de réflexion, 74 p., cahier de consultation, 28 p.10 Art. 5 al. 1 (6) L.A.U.11 Art. 6 al. 1 (8) L.A.U.12 Art. 5 al. 1 (9) L.A.U.

ment juridique et l’administration visentspécifiquement à assurer la protection etle maintien de la diversité biologique etdes ressources naturelles et culturellesassociées;

paysage humanisé : une aire constituée àdes fins de protection de la biodiversitéd’un territoire habité, terrestre ou aqua-tique, dont le paysage et ses composantesnaturelles ont été façonnés au fil du tempspar des activités humaines en harmonieavec la nature et présentent des qualitésintrinsèques remarquables dont la conser-vation dépend fortement de la poursuitedes pratiques qui en sont à l’origine. »

Le ministre responsable de l’application decette loi peut exercer un droit de regard surles changements d’affectation ainsi que surles changements de propriété dans une aireprotégée. Au surplus, il peut conclure uneentente avec une autorité municipale, afinque cette dernière puisse exercer les pouvoirsdont il dispose, aux conditions qu’il déter-mine cependant. D’ailleurs, les municipali-tés locales et régionales sont des destinatairesprivilégiées de la délégation de fonction quipeut être accordée, notamment dans la ges-tion d’une réserve aquatique, d’une réservede biodiversité, d’une réserve écologique oud’un paysage humanisé.

Outre les mesures particulières de protectiondes milieux rares ou exceptionnels soumis àl’autorité ministérielle, la loi prévoit parexemple la possibilité d’instaurer un régimede protection provisoire dans une aireprotégée. Le Ministre établit alors un plande conservation des terres qui peuvent êtreconstituées à la fois de domaines privés del’État et de terres privées. Dans ce derniercas, le plan dressé est inscrit au registrefoncier du Bureau de la publicité des droits.Les activités permises et interdites sur leterritoire d’une aire protégée projetée sontcelles prévues par le plan de conservation decette aire alors que les autorisations quipeuvent être données peuvent être soumisesau respect de conditions.

Après l’étape de la protection provisoire quifait l’objet d’une consultation des autorités

municipales5 et d’une consultation publiqueconfiée au Bureau d’audiences publiques surl’environnement, le gouvernement peutprocéder à l’adoption d’un régime deprotection permanente. Les types d’activitésinterdites ou permises sont variables selonqu’il s’agit d’une réserve aquatique, d’uneréserve de biodiversité, d’une réserve écolo-gique ou même d’un paysage humanisé.Dans le cas du paysage humanisé, l’autoritémunicipale peut en assumer la gestion enfonction d’une convention de protectionconclue avec le Ministre. Une telle conven-tion de protection doit notamment prévoir :

«1° la description du territoire et dumilieu naturel visés;

2° les objectifs de protection et de miseen valeur du milieu naturel;

3° les moyens retenus pour atteindreces objectifs, dont la description desmesures administratives ou régle-mentaires qui seront appliquées parla municipalité;

4° les obligations respectives des auto-rités municipales et des ministèresconcernés;

5° la durée de la convention, qui nepeut être inférieure à 25 ans, ainsique les conditions pour la renou-veler et pour y mettre fin.»

Par ailleurs, le titre V de la loi accorde despouvoirs d’inspection intéressants auxpersonnes autorisées à cet effet par leMinistre, ce qui peut inclure la personnedésignée d’une municipalité dans le cadred’une entente. Ces pouvoirs sont plusétendus que ceux normalement applicablesen vertu des lois municipales. Au surplus, laloi propose un régime d’amendes beaucoupplus « convainquant » que celui des loismunicipales.

La Loi sur la conservation du patrimoinenaturel intègre les dispositions qui avaientété adoptées à l’égard des réserves naturellesreconnues pour protéger diverses propriétésprivées « dont les caractéristiques sur lesplans biologique, écologique, faunique,

floristique, géologique, géo-morphologique ou paysagerprésentent un intérêt quijustifie leur conservation »6.Ces propriétés demeurent pri-vées, mais soumises à unrégime de protection auquel aconsenti le propriétaire selonles modalités établies dans laconvention et elles peuventégalement bénéficier de certains avantagesfiscaux7. En effet, la convention est publiéeet rendue opposable à tous les intéressésdont la municipalité.

Il est à noter que le Ministère a amorcé, àl’hiver 2008, une consultation publiquedans la perspective de révision de la Loi surles biens culturels 8, dont les objectifs pré-voient notamment un élargissement de saportée à l’égard des paysages et unerestructuration des mesures de protectiondans un contexte de réorganisation dupartage de l’autorité entre les adminis-trations gouvernementales et municipales.

D’autres législations sont susceptibles detrouver application au niveau municipal.On mentionnera à cet égard, par exempledans le domaine naturel, la Loi sur les parcsou encore la Loi sur la conservation et la miseen valeur de la faune9. Cette dernière lois’applique notamment à l’égard des habitatsnaturels de la faune, par exemple les lieux denidification, les aires de reproduction dupoisson, les barrages de castors, les ravagesde chevreuils, etc.10. Bien que son applica-tion relève du ministère des Ressourcesnaturelles, de la Faune et des Parcs, les dispo-sitions qu’elle contient s’imposent à tous lesintéressés, incluant les municipalités. On nedoit pas non plus négliger le rôle qu’a joué laLoi sur la protection du territoire et desactivités agricoles 11 dans la préservation desespaces ruraux convoités par l’urbanisation,souvent en dépit des visions plus « pro-gressistes » de nombreuses municipalités. ■

Me Jean-Pierre St-Amour, est avocat ducabinet Deveau, Bourgeois, Gagné, Hébertet associés, s.e.n.c.r.l., de Laval. Le texte est àjour au 1er mars 2008.

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La protectiondes paysages

aux États-UnisIsabelle Boucher, urbaniste

Bien qu’il n’existe aux États-Unis aucune loi fédérale encadrant la notion depaysage, plusieurs états s’en préoccupent. Ainsi, certains ont adopté desdispositions législatives ou ont réalisé des interventions incitatives visant laprotection et la mise en valeur des paysages. Le texte qui suit est tiré d’uneétude plus élaborée : Cadre d’intervention pour la protection des paysages,quelques expériences étrangères, disponible sur le site de l’Observatoiremunicipal du MAMR.

Le gouvernement fédéral des États-Unis nelégifère pas en matière de paysage, les étatschoisissent d’intervenir ou non. Certains desétats dont il est question ici disposent d’unelégislation obligeant les municipalités ou lescounties à adopter un plan d’urbanisme ouun schéma d’aménagement dont une partiedu contenu est obligatoire et une autre,optionnelle.

Par exemple, l’état de l’Oregon, dans sesorientations gouvernementales, propose auxmunicipalités une démarche facultative com-prenant un inventaire des territoires présen-tant un intérêt au plan visuel et l’élaborationde mesures visant à les préserver.

La municipalité de Portland, Oregon, achoisi d’intégrer la préservation des terri-toires d’intérêt visuel dans sa planificationlocale. Ses mesures de préservation concer-nent la protection des perspectives visuelles,la mise en valeur des routes panoramiques,la localisation des corridors cyclables et

pédestres en fonction des paysages d’intérêt,la prise en considération des qualitésvisuelles des paysages dans l’élaboration desplans directeurs sectoriels et autres docu-ments de planification, et finalement, l’en-fouissement des infrastructures dans lescorridors d’intérêt visuel. La Ville a com-plété ces mesures en adoptant un plan deprotection des ressources visuelles, lesquellessont considérées dans la réglementationlocale et les demandes de permis.

Dans d’autres états, lorsque des exigencessont clairement établies, elles peuvent neconcerner que certains aspects ou certainstypes de paysage. La partie obligatoire ducontenu du plan d’urbanisme ou du schémad’aménagement se limite, par exemple, à laprotection des open spaces ou la préservationdu caractère rural.

Ainsi, en Californie, le California Gover-nment Code stipule que les municipalitésdoivent adopter un plan d’action pour

protéger les open spaces. Ce terme regroupe,dans ce cas, des espaces tant privés quepublics, qui renferment des ressources qu’ondit d’intérêt visuel, comme les espaces derécréation (parcs, sentiers, plages) et lesespaces de conservation de la nature.

En outre, la Californie se préoccupe de laqualité des paysages à l’intérieur d’undocument d’orientation dans lequel onaborde la notion de paysage sous les thèmesde working landscapes, landscapes with locallyunique features et open spaces. Ce documentréfère également aux avantages économiquesliés à la préservation des paysages dans ledéveloppement de l’industrie cinématogra-phique, touristique et récréative. Il insistetout particulièrement sur la problématiquede la croissance démographique et de l’étale-ment urbain, qui font pression sur le terri-toire. Par ailleurs, pour protéger les openspaces, l’état californien réglemente lesactivités dans les zones côtières et a mis en

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place un processus d’acquisition des terrainsd’intérêt, bien qu’à cet égard, il mise surtoutsur les partenariats avec le palier local et lesorganisations à but non lucratif.

L’état de Washington met, quant à lui,l’accent sur la préservation des paysagesruraux, lesquels doivent être identifiés dansle schéma d’aménagement des counties. Demême, des politiques de préservation ducaractère rural doivent être adoptées. Lescounties doivent aussi élaborer une stratégied’acquisition des espaces ruraux présentantune valeur esthétique importante.

Des outils de sensibilisation etd’accompagnement des municipalitésLes éléments de réglementation qui sont misen vigueur dans les états étudiés sont trèssouvent complétés par des mécanismes desensibilisation à la protection des paysagesprenant la forme d’outils, guides et conseilsdiffusés par les états pour orienter les actionsdes communautés. En outre, divers pro-grammes gouvernementaux d’aide finan-cière consacrent chaque année des montantssignificatifs à la préservation des paysages.

L’état de la Californie a ainsi mis à ladisposition des municipalités un guidevisant la préservation des open spaces. L’étatpropose différentes mesures facilitantl’acquisition des open spaces et expliquecomment constituer une banque de sol auxfins de l’aménagement d’une ceinture verte,par exemple. Il suggère la formation d’orga-nismes consacrés à la conservation comme

les regional open space district et les landconservation trust de même que la mise surpied de servitudes destinées à protéger lesopen spaces.

Dans l’état du Maine, un programme fiscalpermet aux municipalités de rembourser lestaxes foncières aux propriétaires de bâti-ments à valeur historique et de sites d’intérêtvisuel, si ces derniers maintiennent leurpropriété dans l’état recommandé par lamunicipalité.

L’état encourage également les municipalitésà préserver les paysages ruraux en mettant àleur disposition un guide intitulé SavingMaine’s farmland, a collaborative action plan.Plusieurs mesures et outils sont proposéspour préserver les fermes traditionnelles, lesopen spaces et les paysages ruraux en sensibi-lisant les résidants des milieux ruraux et lesvisiteurs à l’importance de l’agriculture dansle paysage, de même qu’en offrant desincitatifs fiscaux aux propriétaires agricolespour l’apport de leurs installations (champs,bâtiments de ferme) dans le paysage rural.

Un programme a aussi été lancé en réponseau morcellement du territoire dû à la ventemassive d’exploitation agricole. Il visel’acquisition de terrains participant aupaysage rural dont les pâturages, les prés, lesopen spaces et les berges non développées.

L’état du Maryland a produit un outil pourguider les municipalités dans la protectiondes paysages. Différentes mesures de protec-

tion des perspectives visuelles et des zones decontraintes naturelles susceptibles de contri-buer à la qualité d’un paysage sont propo-sées. De plus, le Maryland’s Department ofPlanning a mis sur pied un programme quivise à préserver les territoires agricoles et lecaractère rural contre la pression due audéveloppement. Quant au Department ofNatural Ressources, il est responsable duMaryland environment trust qui a pour butde protéger les valeurs culturelles, esthéti-ques et naturelles des paysages.

Une question de volontéLes états américains, tout comme les pro-vinces canadiennes par ailleurs, ont uneliberté d’action certaine en ce qui a trait à laprotection des paysages. Chez certains, lecadre réglementaire est plus étoffé alors qued’autres misent sur des outils de sensibilisa-tion. Quoi qu’il en soit, la présence d’exi-gences réglementaires plus ou moinsgrandes, combinée à des approches d’ac-compagnement et à la présence d’un lobbyrelativement actif dans plusieurs domainesliés au paysage constituent une assiseintéressante en matière d’actions paysagèresaux États-Unis. ■

Les publications de l’Observatoiremunicipal du ministère des Affairesmunicipales et des Régions peuventêtre consultées à l’adresse :www.mamr.gouv.qc.ca/observatoire/obse_veil.asp

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Le temps et l’espaceJean-Claude Marsan, urbaniste

Si les réflexions de l’éminent sociologue Michel Maffesoli sur la postmodernité1

permettent de mieux comprendre l’importance de la « socialité » dans la ville

contemporaine, elles ouvrent en parallèle une perspective intéressante à l’architecte

et à l’urbaniste, précisant leur rôle respectif dans la réalité urbaine d’aujourd’hui.

Pour Maffesoli, la ville moderne était préoc-cupée par le temps; la ville postmoderne l’estpar l’espace. Pour la ville moderne issue desbouleversements de la Révolution indus-trielle, le temps était celui de l’avenir. La villeà venir, la ville idéale, ne pouvant surgir del’organicité, dépendait nécessairement d’unevision du futur. D’où l’apparition duvisionnaire idéologue, de l’utopiste. On leretrouve autant chez les socialistes français,que ce soit avec Cabet ou Fourrier, que chezles théoriciens britanniques, avec Owen,Richardson et les autres. On le rencontremême chez les littérateurs : en témoignentJules Vernes et H.G. Wells.2 Et ce sont desarchitectes idéologues qui ont contribué àfaçonner dans l’espace cette ville moderne,le plus connu étant Le Corbusier, le chantrede l’air, du soleil et de la verdure.

Dans cette ville moderne, le patrimoine,c’est le monument, celui qui témoigne dutemps passé, de l’exceptionnel. Ainsi enétait-il, par exemple, à l’École d’architecture

de Montréal au début des années 1960, oùle patrimoine n’avait guère d’adeptes, car,comme le clamait l’un de ses professeurs, iln’y avait rien dans cette ville de « compa-rable à la gare Montparnasse ». Les étudiantsse formaient en concevant des édificesrévolutionnaires sur des sites imaginaires :ils faisaient de la prospective pour l’an 2000.

Les urbanistes et les architectes ont jouéalors dans la réalité des rôles bien spécifiquesdans l’érection de cette « métropole duprogrès ». Pendant que Ieoh Ming Pei et desarchitectes montréalais s’affairaient à conce-voir le projet de la Place Ville-Marie,Vincent Ponte et d’autres urbanistes déter-minaient le réseau d’autoroutes appelé àl’alimenter. L’un ne pouvait exister sansl’autre, mais l’architecte et l’urbaniste res-taient bien sagement chacun dans leur case.

La ville postmoderneQue l’on soit dans des villes de forteeffervescence, telles Londres, New York ou

Tokyo, ou dans des villes de taille moyennecomme Montréal, Boston ou Lyon, la villepostmoderne n’est plus préoccupée par letemps. C’est l’espace qui a pris la relève,l’espace où l’organique peut générer la com-plexité qui a terriblement manqué aupaysage de la ville moderne. Cet espace n’estpas une chasse gardée de l’idéologue, maisavant tout le lieu d’usage et d’expression dela communauté. Pour Maffesoli, cette villese définit par une succession d’espaces oùsont revenues cohabiter des « tribus » enquête de vie, d’expérience et d’échanges et, àl’image de la ville antique, Apollon etDionysos. Pour lui, « le lieu fait le lien » etla multiplication des ces lieux assure labonne ville.

Dans la ville postmoderne, si le monumentdemeure comme référence, il n’a plus le hautdu pavé.3 C’est l’espace comme support auxstyles de vie qui devient patrimonial. Entémoignent fort bien dans le Montréalaujourd’hui le Plateau-Mont-Royal. Voué à

1 Michel Maffesoli, Notes sur la postmodernité : Le lieu fait lien, Paris, Édition du Félin/Institut du monde arabe, 2003.2 Michel Ragon, Histoire de l’architecture et de l’urbanisme modernes. Idéologies et pionniers 1800 -1910, Paris, Casterman, 1986, p. 57-109. 3 Cela varie, cependant, dépendant des pays. En France, par exemple, le monument reste toujours la référence dominante.4 Kim Tanzer, « What will the practice of architecture look in 2025? », ACSA News, september 2007, vol. 37, no 1, p. 2, 4.5 Le site de l’église est borné aujourd’hui par les rues Sainte-Catherine, City Councillors, Mayor et Saint-Alexandre. Son architecte était Alexander F. Dunlop.

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la démolition dans les années 1960 dansl’espoir d’y voir ériger des Unités d’Habita-tion à la Marseillaise, il est devenu lequartier emblématique de l’Amérique. Lerévèle également le Vieux-Port, cette Prome-nade des Montréalais : le lieu du fleuve et dugrand rassemblement. Le lieu vivant et con-vivial, le lieu d’avenir ce n’est plus le lieurationnel, organisé, aseptisé de l’idéologue,mais celui qui est approprié ou appropriablepar la communauté.

Les rôles des architectes et des urbanistes ontchangé en conséquence. S’il est toujourspréoccupé par l’avenir, ce dernier est appeléavant tout à identifier dans la ville les espacesporteurs de sens et à planifier leur épanouis-sement. D’où l’émergence de l’urbanisme deprojet et du montage de projets. Le Quartierinternational à Montréal est exemplaire dansce sens.

Les architectes, pour leur part, ont tout àgagner à descendre de leurs tours imagi-naires pour se préoccuper du cadre bâtiexistant. Les observations des présidents descinq organisations responsables de la qualitéde la formation en architecture des États-Unis sont fort révélatrices à cet égard. Leursprédictions pour 2025 tendent toutes versl’intervention sur l’espace. Ainsi, ils prédi-sent que la pratique de l’architecture seraglobale, qu’elle sera largement interdisci-plinaire, faisant le lien entre le designd’intérieur, la planification urbaine etl’architecture de paysage, enfin que le designarchitectural ne soit plus limité à l’échelledes édifices.4

Le lieu de l’église St. James United Le lieu de l’église St. James United, rueSainte-Catherine Ouest à Montréal, est

porteur de ce potentiel de l’espace dans laville contemporaine. Il est assez fascinant devoir les citoyens redécouvrir aujourd’hui lafaçade de cette église depuis qu’elle a étédégagée par la démolition partielle du bâti-ment qui l’obstruait. Ils ont tous la mêmeréaction : ils s’arrêtent, stupéfaits, et lèventles yeux vers cette construction grandiose,généreuse en couleurs et en détails. Malheu-reusement, ils ne prennent encore conscien-ce que du temps passé, de l’exceptionnel,non de l’espace fascinant qu’aurait pu être etque pourra éventuellement devenir ce lieu.

Cette église a été érigée en 1887-18885 surun terrain donné à cette fin dans un milieualors résidentiel. À l’époque, elle étaitconsidérée comme l’une des plus vasteséglises méthodistes au monde, ce qui fut àl’origine des difficultés financières qu’aconnues rapidement cette communauté.Pour conserver son sanctuaire, cette dernièreobtint de la Ville, en 1926, la permission deconstruire un bâtiment de trois étagesoccupant toute la tête d’îlot pour en tirer desrevenus en louant les espaces pour desmagasins et des bureaux; cette permissionn’était valable que pour dix ans, ce quiexplique la pauvre qualité architecturale dubâtiment en question. Malheureusement,les contrecoups de la Grande Crise et de laSeconde Guerre mondiale ont empêché lacommunauté de respecter cette condition.Entre-temps, l’îlot de l’église fut graduelle-ment encadré par des bâtiments de bonnetaille, destinés à des bureaux et à desmanufactures (notamment dans le domainede la fourrure), possédant presque tous unebonne valeur patrimoniale.

Si le bâtiment qui obstruait la tête d’îlot et lafaçade de l’église St. James avait été

complètement démoli, ce sanctuaire auraitcréé avec son écrin de verdure un espaceunique au centre-ville, un espace recherché àson pourtour pour des fonctions commer-ciales aux rez-de-chaussée grâce à l’anima-tion de la rue Sainte-Catherine et appropria-ble aux étages pour des locaux résidentiels etde bureaux grâce à l’ambiance uniqueofferte par la qualité culturelle et naturelledu lieu. Les urbanistes et les architectesauraient pu ainsi y intervenir de concertpour requalifier cet espace qui était déjà là,mais ne demandait qu’à être mis en valeur,en profitant de son potentiel de perfor-mance économique (construction denouveaux édifices sur les terrains destationnement de la rue Mayor, rénovationet recyclage des bâtiments existants) pourdéfinir les modalités de la conservation àlong terme de l’église St. James. L’appropria-tion collective aurait fait le reste.

Dans la ville postmoderne, ce n’est plus laprospective des idéologues, mais l’espaceprésent, porteur de signification et d’iden-tité, qui devient un levier pour l’avenir. Celaest d’autant plus vrai pour une ville commeMontréal qui, menacée par son déclindémographique, doit chercher dans cesespaces culturels façonnés par l’histoire,dans ces « lieux qui font le lien », lesaimants voulus pour retenir et attirer descitoyens. ■

Jean-Claude Marsan, architecte eturbaniste est professeur titulaire – Écoled’architecture, Université de Montréal

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Peut-on sortirgagnant des jeuxde pouvoir? Pierre Lainey

Votre patron vous a assigné,

il y a quatre mois, un

important projet de

développement urbain dans

un secteur désaffecté de

votre municipalité. Ce projet

permettra la construction

d’un nouveau réseau routier

dans ce secteur. Vous avez

sollicité des propositions de

différents entrepreneurs et

en avez retenu un. Le projet

est en branle depuis deux

mois : vous êtes occupé à

planifier l’aménagement du

mobilier urbain, à prévoir les

réseaux de transport, etc.

Vous vous investissez

totalement car si ce projet

est une réussite, vous

obtiendrez la promotion à

laquelle vous aspirez depuis

un an.

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Le ministère des Transports du Québec,

partenaire de la conservation

et de l’amélioration des paysages

par sa gestion écologique

des abords routiers et ses mesures

d’intégration des routes à leur milieu

Les routes sont une richesse collective.Les paysages qu’elles traversent aussi.

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Avec vos collègues des autres départements,vous avez constitué un comité de pilotagedu projet. Il y a quelques semaines, vousavez constaté que le bureau du maire voustenait à l’écart de certaines décisionsimportantes, notamment en ce qui a trait àla construction de logements sociaux dansce secteur. Les ressources qu’on vous avaitpromises pour le projet n’arrivent pas. Deplus, un collègue que vous estimez s’est misà colporter la rumeur selon laquelle vousn’êtes peut-être pas la personne la mieuxplacée pour mener le projet. La semainedernière, votre patron vous annonçait qu’ilconfiait le projet à ce collègue. Vous necomprenez pas ce qui s’est passé : vous avezpourtant les compétences pour mener un telprojet à terme. Votre rêve d’obtenir lapromotion tant convoitée s’est volatilisé…Comment expliquer la situation danslaquelle vous vous trouvez?

La réponse réside dans les jeux de pouvoirdont vous avez été victime. Qu’on lereconnaisse ou non, les jeux de pouvoir avecles collègues et avec les décideurs constituentune réalité incontournable dans nos organi-sations : que ce soit des intérêts divergentsqui s'affrontent, des résistances que mani-festent certaines personnes face à la mise enœuvre de changements ou de projets qui nereçoivent pas les appuis attendus, lessituations propices à des jeux de pouvoirsont fréquentes. Ces jeux sont l’expressionplus ou moins explicite du pouvoir informelque les personnes, au sein de l’organisation,exercent entre elles. Décriés par plusieurs

comme étant répréhensibles, ces jeux politi-ques, et les habiletés qui les sous-tendent,peuvent (et devraient) avoir des incidencespositives, autant pour celui qui le joue quepour son organisation, car, si plusieursjouent le jeu dans une perspective gagnant-gagnant, d’autres le jouent dans une pers-pective gagnant-perdant. Ce sont cesderniers à qui on attribue quelquefois desintentions machiavéliques… qui animentsans doute votre collègue à qui on a attribuéle projet.

Oui, il est possible de sortir gagnant du jeupolitique, de retirer des bénéfices, tangiblesou non, pour soi-même et pour l’organi-sation. Le succès au jeu politique repose surles actions suivantes : décoder correctementle contexte, choisir la stratégie et les tacti-ques les mieux adaptées et les mettre enœuvre.

1) Le joueur politiquement habile décodeson contexte pour y déceler les indicesqui l’amèneront à s’y positionneravantageusement. Par exemple, êtretenu à l’écart des décisions importantesmine le pouvoir du joueur politique; s’ilne fait rien, il accentue sa vulnérabilité.Qui le tient à l’écart? Pourquoi? Quelssont les véritables enjeux?

2) Le joueur habile choisit ensuite lastratégie et les tactiques politiques lesmieux adaptées au contexte : est-il enposition de force ou de faiblesse? Lesrelations qu’il entretient avec les autresjoueurs sont-elles bonnes ou non? S’il

est en position de faiblesse, mais que sesrelations avec les autres sont bonnes,une stratégie de consolidation du pou-voir est de mise; dans une position deforce, alors une stratégie d’expansiondu pouvoir est souhaitable. Mais si lesrelations avec les autres sont mauvaiseset que le joueur est dans une position defaiblesse, il doit adopter une stratégie deprotection. En position de force, unestratégie de confrontation peut êtreenvisagée. À chacune de ces stratégiessont associées des tactiques : ce sontelles qui supportent la stratégie.

3) Enfin, les stratégies et les tactiquespolitiques du joueur amènent lavictoire, si elles sont bien choisies etbien menées. Pour le joueur, cela setraduira par un pouvoir plus intense,étendu et durable au sein de sonorganisation.

Ne soyez pas victime du jeu politique :dotez-vous des stratégies et des tactiquespour jouer le jeu et en sortir gagnant. ■

Pierre Lainey est chargé de formation àl’école des Hautes études commerciales deMontréal. Il animera le séminaire« Influencer par les habiletés politiques »,le 25 septembre 2008 à Lévis, dans le cadredes activités de perfectionnement de laCOMAQ. Pour renseignements :1-800-305-1031

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François Goulet honorédu Mérite du CIQLe 22 mai dernier, dans le cadre du banquet du congrès 2008 de l’Ordre desurbanistes du Québec, la médaille du Mérite du Conseil interprofessionnel duQuébec (CIQ) a été remise à François Goulet, président du comité éditorial dela revue Urbanité.

François Goulet est un actif artisan de la relance de la revue. Sous sa direction la revueofficielle de l’Ordre des urbanistes du Québec est devenue une source d’informationprécieuse seulement pour les urbanistes, mais également pour un large public intéressépar l’urbanisme. Urbanité contribue activement au rayonnement de la profession d’urba-niste ici et ailleurs, tant au Canada qu’à l’étranger.

Établie en 1990 par le CIQ, cette distinction, la médaille du Mérite, vise à reconnaître lacontribution d’un professionnel dont les réalisations ont un impact sur le développementde sa profession et contribuent de manière significative au développement de laprofession en lien avec les valeurs du système professionnel québécois. C.B. ■

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Griffintown

L’OUQ prend position etrencontre le maire de Montréal

La consultation publique surle projet Griffintown, parce

qu’elle n’a pas été confiée àl’Office de consultation

publique de Montréal (OCPM),a soulevé l’inquiétude

de nombreuses personnes,dont plusieurs urbanistes.

Dans une lettre ouverte au Devoir1, le président de l’OUQ, M. Robert Chicoine, etplusieurs signataires ont exprimé leurs inquiétudes en rapport avec cette approche.Ils ont souligné que le recours à l’OCPM pour mener la consultation publique sur unprojet tel que Griffintown s’imposait à la fois pour des raisons d’expertise tout autantque pour ménager une distance salutaire entre les citoyens à consulter et les élusappelés à prendre une décision à la lumière de la consultation publique. Lessignataires s’inquiètent notamment d’une perte de cohérence du plan d’urbanismeet d’une perte d’autorité de l’OPCM.

Une délégation des signataires de la lettre a pu rencontrer le maire de Montréal,monsieur Gérald Tremblay, ainsi qu’André Lavallée, membre du comité exécutifresponsable de l’urbanisme, le 6 mars 2008. Monsieur Tremblay a indiqué que desdemandes de modifications législatives ont été déposées au gouvernement, afin decorriger cette incohérence. Rappelons qu’en vertu de l’article 130.3 de la Charte dela Ville de Montréal, c’est actuellement le conseil d'arrondissement qui exerce lescompétences de la Ville prévues aux articles 109.1 à 109.4 de la Loi sur l'aménage-ment et l'urbanisme (LAU), relativement à une modification au plan d'urbanisme(PU).

L’OUQ s’est engagé à soutenir toute démarche de la Ville visant à ce que les projetscomparables au projet Griffintown relèvent pleinement et sans équivoque du conseilmunicipal et de l’OCPM. C.B. ■

1 Projet Griffintown - L'Office de consultation publique de Montréal doit être utilisé, www.ledevoir.com/2008/03/21/181466.html

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Les outils d’urbanismemunicipaux au servicedu développement durable

Paul Arsenault, urbaniste

Ce document illustre de quelle manière lesoutils d’urbanisme municipaux actuelspermettent l’intégration des aspectsrelatifs au développement économique etsocial ainsi qu’à l’équilibre environnemen-tal dans une approche de développementdurable. Ces outils visent notamment ledéveloppement de la forme urbaine, lapréservation de l’environnement et desressources, la qualité de l’habitat, lesdéplacements, l’occupation dynamique duterritoire, les risques, la protection dupatrimoine, etc.

En utilisant divers exemples, le documentdémontre comment le développementdurable donne un second souffle à lapratique de l’urbanisme. Il se rapporte auxpouvoirs et aux outils suivants:

> pouvoirs de planification : plan d’urba-n isme et programme par t icu l ierd’urbanisme;

> pouvoirs réglementaires généraux :zonage, lotissement et construction;

> pouvoirs attributifs de discrétion : plansd’implantation et d’intégration architec-turale, usages conditionnels, démolitiond’immeubles ainsi que dérogationsmineures aux règlements de zonage etde lotissement;

> pouvoirs en matière de délivrance despermis : ententes relatives aux travauxmunicipaux et contribution pour fins deparcs;

> pouvoirs en matière de modification desrèglements d’urbanisme : plans d’amé-nagement d’ensemble et projets parti-culiers;

> pouvoirs d’intervention directe : revitali-sation, développement du logementsocial, réhabilitation de l’environnementainsi que soutien au développementéconomique. ■

CARON, Alain et Pierre BLAIS, Les outils d’urbanismemunicipaux au service du développement durable, duministère des Affaires municipales et des Régions,Québec, 2008, 39 p. (Disponible uniquement en versionélectronique au :www.mamr.gouv.qc.ca/observatoire/obse_veil.asp).

Le ministère des Affaires municipales et des Régions a préparé, dans lacollection Document de veille de l’Observatoire municipal, un documentabordant le thème du développement durable dans le cadre del’aménagement du territoire.

Le grand Lévis ferroviaireLa revue TRAQ consacre unnuméro hors série sur l’importantehistoire ferroviaire de Lévisdepuis 1854.

Il s’agit du tout premier ouvrage à traiterde l’histoire de Lévis et de Charny commeprincipaux centres ferroviaires d’enver-gure internationale. Des témoins de toutecette effervescence sont d’ailleurstoujours présents dans notre milieu,notamment la gare de Lévis, la Rotondede Charny et le pont de Québec, tousidentifiés comme lieux historiques duCanada. Véritable voyage à travers les dif-

férentes époques ayant marqué le déve-loppement économique et social de Lévis,celui-ci permet de découvrir les princi-pales compagnies de chemin de fer ayantsillonné la région ainsi que ses gares.

Ce projet a été rendu possible grâce àl’Entente de développement culturel entrela Ville de Lévis et le ministère de laCulture, des Communications et de laCondition féminine.

Ceux et celles désirant se procurer unexemplaire peuvent communiquer avecle Groupe TRAQ au 514 832-1502 [email protected] F.G. ■

Aménagementdes berges

Une liste devégétauxrecommandésLa Fédération interdisciplinairede l’horticulture ornementaledu Québec (FIHOQ), de concertavec le ministère duDéveloppement durable, del’Environnement et des Parcs,a publié une liste de végétauxrecommandés pourl’aménagement des berges.

Sous la coordination de la FIHOQ, plusd’une vingtaine de spécialistes (pépi-niéristes, paysagistes, agronomes, bio-logistes, groupes environnementaux,etc.) se sont mobilisés, afin de pro-céder à l’élaboration de cette liste.

En tout, 121 arbustes, 71 arbres et 185vivaces, d’espèces indigènes et horti-coles incluant les cultivars, figurent surla liste. Le choix des végétaux retenus aété effectué en tenant compte de leurrusticité, de leur résistance aux rava-geurs, de leur faible niveau d’entretienet de leur rôle en bande riveraine sur lasanté des cours d’eau.

Très attendue de l’industrie, des muni-cipalités, des associations de riverains,et des organismes de bassin versant,cette liste sera accessible sur le siteInternet de la FIHOQ. Un moteur derecherche incluant la vingtaine decaractéristiques de végétaux retenuespar le comité, telles que le type de sol,la localisation de la plantation et le typed’enracinement, sera créé et permettraaux utilisateurs de consulter la listefacilement, en fonction des caractéris-tiques recherchées. La production dece moteur de recherche et du catalo-gue a été rendue possible grâce à uneaide du ministère de l’Agriculture, desPêcheries et de l’Alimentation. F.G. ■

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L’échelle du développement de Beijing dépasse l’entendement. Larecette, selon cet auteur de la revue Metropolis, est un mélangede technologie, de zèle capitaliste, d’ambition nationale, d’unbassin illimité de main-d’œuvre non protégée, de zèle capitalisteet de contrôle communiste. Le résultat, n’est pas si différent de ceque l’on observe dans les pays occidentaux : des quartiers anciensrasés ou vidés, leurs résidants déplacés, parfois laissés à la rue.

www.metropolismag.com/cda/story.php?artid=3201

Dans les montagnes qui entourent la capitale du Venezuela, adébuté la construction de Caribia, une ville nouvelle où les100 000 habitants auront droit de cité sur les affaires de la ville,selon un modèle de démocratie participative. Le Christian ScienceMonitor présente ce projet du président socialiste Hugo Chávez, quiprévoit construire une douzaine de « villes socialistes » sur le modèlede Caribia, dans le cadre de la lutte pour loger convenablement lesVénézuéliens.

www.csmonitor.com/2008/0401/p04s01-woam.html

Sur le même sujet, la revue Progressive Planning présente les 16 000conseils communaux instaurés au Venezuela et les projets qu’ilssoutiennent en matière de développement local : banques commu-nautaires, terrains de sports, centres médicaux, approvisionnement ettraitement des eaux, etc.

www.plannersnetwork.org/publications/2008_winter/irazabal.html

On connaissait déjà la mode des star-chitectes, ces vedettes del’architecture que s’arrachent les métropoles du monde, en mal d’uneœuvre signée, de Beijing à Bilbao. La revue Architect constate que lesgrands noms de l’architecture se signalent de plus en plus dansl’urbanisme. La revue présente les grands projets de Gery à Brooklyn,de Libeskind, à Busan (Corée du Sud) et de Foster à Duisburg, enAllemagne.

www.architectmagazine.com/industry-news.asp?sectionID=1006&articleID=670727

C'est l'un de ces « Et si … » qui donne froid dans le dos : et si Hitleravait été victorieux? Une nouvelle exposition à Berlin tente derépondre à cette question en examinant les conséquences dévas-tatrices qu’Hitler et Albert Speer, son architecte, auraient eu sur lacapitale allemande.

www.time.com/time/arts/article/0,8599,1725102,00.html?xid=rss-arts

La nouvelle génération d’outils en ligne, connue sous le terme deWeb 2.0 offre des avenues en matière de consultation pour atteindreet impliquer les personnes qui pourraient être autrement ignorées parles moyens traditionnels de notre pratique : charrettes, assembléespubliques, publipostages, etc. La revue Planning propose un survoldes applications en aménagement d’outils comme les sondages enligne, les blogs, le partage de photos et vidéos et les sites de réseautagecomme MySpace.

www.planning.org/planning/nonmember/default1.htm

Dans lem ê m e o rd r ed’idées, l’accès généralisé à desdonnées géo référencées, à des statistiques publiques et à des outilscomme Google a créé une nouvelle génération de cartographes quiprésentent tout ou presque sur carte, de l’occurrence des cas dedépression à la localisation des caméras de surveillance dans la ville deNew York. Dans certains cas, ce sont simplement des artistes quiutilisent les nouvelles technologies de représentation cartographiquecomme médium artistique. La revue In these times présente cesnouveaux cartographes.

www.inthesetimes.com/article/3524/the_new_cartographers/

Le New York Times constate une augmentation de ce qu’il appelle leReverse Commuting, des citadins de New York qui se rendent à leurtravail en banlieue. Les planificateurs et les entreprises s’intéressent àces travailleurs qui voyagent à contre-courant, malgré de nombreusesembuches, dont des réseaux de transport qui ne sont pas conçus poureux.

www.nytimes.com/2008/02/24/nyregion/nyregionspecial2/24Rreverse.html?_r=1&oref=slogin

Le magazine Metro met en évidence un essor important des réseauxurbains d’autobus rapides (Bus Rapid Transit ou BRT) en Amériquedu Nord. Des investissements de plusieurs milliards sont dédiés à cesréseaux. Un dossier spécial de la revue présente les réseaux de 25 villesdont Atlanta, Chicago, Denver, San Antonio, mais aussi Winnipeg etSaskatoon au Canada.

www.metro-magazine.com/images/brt/top25_2008.pdf ■

Sur InternetFrançois Goulet, urbaniste pour le comité éditorial

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CalendrierJUILLET 2008Du 13 au 16 juillet

ACTIVITÉ Congrès - Urbanisme et design en communauté : conception de milieuxde vie exemplaires

ORGANISATEUR ICU - Institut canadien des urbanistes

LIEU Winnipeg

INFORMATION www.cip-icu.ca

Du 20 au 23 juillet

ACTIVITÉ Colloque - Planning for climate change

ORGANISATEUR ICU - Institut canadien des urbanistes,Ville d'Iqaluit, Alberta Association Canadian Institute of Planners

LIEU Iqaluit, Nunavut

INFORMATION www.planningforclimatechange.ca

SEPTEMBRE 200819 septembre

ACTIVITÉ Formation – Le nouveau régime de protection du territoire et des activités agricoles du Québec

ORGANISATEUR Ordre des urbanistes du Québec

LIEU Manoir Montmorency, Québec

INFORMATION www.ouq.qc.ca

26 septembre

ACTIVITÉ Formation – Le nouveau régime de protection du territoire et des activités agricoles du Québec

ORGANISATEUR Ordre des urbanistes du Québec

LIEU Holiday Inn Select, Montréal

INFORMATION www.ouq.qc.ca

OCTOBRE 200831 octobre au 2 novembre

ACTIVITÉ Congrès : World Urban Forum 4

ORGANISATEUR Global Planners Network

LIEU Zhenjiang, Chian

INFORMATION www.unhabitat.org

NOVEMBRE 200828 novembre

ACTIVITÉ Session de l'examen d'admission à l'Ordre des urbanistes du Québec

ORGANISATEUR Ordre des urbanistes du Québec

LIEU Montréal

INFORMATION www.ouq.qc.ca

Répartition des membres selon les régions administratives et le sexe

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Région administrative Urbanistes Urbanistes-stagiaires TOTAL

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02 Saguenay/Lac St-Jean03 Capitale-Nationale

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17 Centre-du-Québec91 Autres provinces

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Congrès à Rimouski

Osmose des territoires en photosL’Ordre des urbanistes du Québec (OUQ) est heureux

du succès de son congrès 2008 qui s’est tenu

à Rimouski, sous le thème L’Osmose des territoires,

les 21, 22 et 23 mai derniers. Plus de 150 participants

ont profité des diverses activités et ont pu apprécier

la très belle région du Bas-Saint-Laurent.

Quinze conférences s’articulaient autour de quatre thématiques :l’embourgeoisement rural, les paysages en mutation, les pratiquesinnovantes et le développement durable. Les participants ontparticulièrement apprécié les trois ateliers mobiles qui leur ontpermis de mieux comprendre le développement éolien, les défis dela revitalisation du centre-ville de Rimouski et le développementaxé sur la mer, grâce à des visites sur le terrain et des conférences.Les conférences et les photos sont disponibles sur le site Internetdu congrès 2008. ©Photos : Régis Laflamme

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Nos partenaires principaux

Nos commanditaires

Congrès de l’Ordre des urbanistes du QuébecDu 21 au 23 mai 2008 à Rimouski

L’osmose des territoires !

Nos exposants

Remerciements

MERCI À NOS PARTENAIRES

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