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Revue de presse 3 juin 2

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Revue de presse hip-hop Convict

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REVUE DE PRESSE

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Mouloud Mansouri, un souffle de liberté en prison

Par Hind Meddeb

Mouloud Mansouri est le fondateur de l'association "Fu-Jo" qui organise des ateliers d'écriture et

des concerts en prison. Condamné pour trafic de stupéfiants, lui-même a passé dix ans de sa vie

en prison. Aujourd'hui, il continue d'y retourner sans relâche, mais cette fois, pour la bonne

cause.

Depuis cinq ans, avec son association Fu-

Jo, Mouloud Mansouri a convaincules grands noms

du rap et de la chanson française à venir se

produire en prison. Diam's, IAM, Kery James, Olivia

Ruiz, Grand corps malade etbien d'autres ont déjà

répondu présent.

Une histoire qui commence en 2005 alorsque

Mouloud Mansouri est encore derrière les

barreaux. Détenu à la prison de Val-de-Reuil, il

parvient à convaincre le Mouloud Mansouri © Derres

Halim directeur de l'établissement de le laisser organiser un premier concert.

Avecl'aide de Cut Killer, il fait venir des rappeurs comme Medine ou Sefyu et alorsqu'il est encore

détenu, il réussit à organiser 8 concerts de l'intérieur.

A peine sorti de prison, Mouloud Mansouri décide de continuer. Les ateliers d'écriture et les

concerts sont des moments de liberté précieux pour les détenus. Depuis la création de l'association

en 2008, Mouloud Mansouria organisé plus de 200 concerts Hip Hop Convict dans les

prisonsfrançaises.

Avant de se lancer dans l'associatif et de se contenter d'un modeste salaire, Mouloud Mansouri

vendait 100 kilos de haschich par mois pour un bénéfice net de 60.000 euros. Il est encore enfant

lorsque son père, chauffeur livreur meurt dans un accident de voiture. Sa mère, cuisinière et

femme de ménage, se retrouve veuve du jour au lendemain et élève seule ses quatre enfants. Pour

les préserver des mauvaises fréquentations, elle parvient même à installer toute la famille dans une

résidence tranquille près du château de Hyères.

Mais face à la richesse qui l'entoure, Mouloud rêve de s'offrir une vie meilleure. Adolescent, il

découvre l'argent facile : il rencontre des gamins qui vendent des barrettes de shit, le business

semble facile. Il s'engouffre dans la brèche jusqu'à arriver aux sommets du trafic.

A l'époque Mouloud Mansouri est déjà un passionné de musique. DJ à ses heures perdues, il

organise des soirées. Mais lorsqu'il pense à sa reconversion, il est déjà trop tard. La "dernière

cargaison" sera celle de trop. A 24 ans, il est arrêté. Avec le cumul des peines, il est condamné à 17

ans de prison. Avec les remises de peine, il sort en liberté conditionnelle après dix ans de

détention. Comme il le dit aujourd'hui, Mouloud Mansouri est un "survivant", prêt à tout pour

amener un peu de bonheur aux détenus, faire entrer un peu de culture derrière les barreaux.

Depuis un an, Mouloud Mansouri prépare la sortie d'un album entièrement fabriqué à la maison d'arrêt d'Aix-en-Provence. Cinq détenus vont avoir la chance d'enregistrer leurs chansons en collaboration avec les plus grands noms du rap français.

France Info, www.franceinfo.fr/ émission à réécouter en ligne

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Rap au zonzon Par Stéphanie Binet

Mouloud Mansouri. (Patrick Swirc)

Portrait - Mouloud Mansouri. Après dix ans passés en prison pour trafic de stupéfiants, cet ex-DJ fait jouer la crème du hip-hop entre les murs.

Mouloud Mansouri n’aime pas revenir sur les lieux du crime : l’Oasis est une charmante résidence sous le château de Hyères, au bout d’une avenue entourée de palmiers. «Je n’ai rien à y faire, dit-il, je n’y ai plus de boulot, j’ai démissionné.» Son job, c’était dealer. Assis sur le muret du terrain de pétanque, entre les bâtiments B et C, il vendait du haschich avec une dizaine de copains, écoulait 100 kilos par mois : «On avait nos "heures de bureau" entre 18 h 30 et 21 heures, explique-t-il, un sourire crispé en coin. Quand les gens sortaient du leur, on ouvrait le nôtre.» Cette période de sa vie, entre 16 et 24 ans, lui a valu de passer dix ans de prison et les trois années suivantes en liberté conditionnelle.

Alors malgré les «400 000 francs [60 000 euros] de bénefs» mensuels et le train de vie qui allait avec son job, Mansouri, 36 ans, affirme préférer de loin son nouvel emploi d’«agent de développement artistique et culturel». «Pendant dix ans, j’ai appris à me passer de beaucoup de choses. Aujourd’hui, mon petit salaire me suffit. J’ai un deux-pièces à Toulon, je m’habille bien, je suis propre», dit le sportif plutôt beau gosse. Employé de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Mouloud Mansouri organise, à la tête de son association Fu-Jo, des concerts de rap et des ateliers de musique assistée par ordinateur, d’écriture… en détention. DJ hip-hopavant son incarcération,il a su derrière les barreaux entretenir ses relations dans la musique, en montant à partir de 2005 des concerts intramuros. Depuis sa libération, il a ainsi fait jouerDiam’s, IAM, Kool Shen, Olivia Ruiz et autre Grand Corps Malade dans les centres de détention du sud de la France. Des prestations gratuites, les seuls frais étant pris en charge par Fu-Jo, grâce aux recettes de concerts hors les murs cette fois, baptisés Hip-hop Convict. Bonne équation de la part du titulaire d’un bac pro vendeur spécialisé - obtenu à sa sortie de prison.

La prison, il dit n’avoir aucun de mal à y revenir : «Je sais que je fais plaisir aux copains, justifie-t-il. La prison, c’était long et désagréable, mais je n’ai pas été traumatisé. Ou peut-être que je le suis tellement que j’y suis encore dans ma tête.»Elisabeth Bertolin, chef de détention à la maison d’arrêt de Luynes (Bouches-du-Rhône) et membre de l’association l’Aix-pension : «Très souvent, quand je croise des anciens détenus en ville, ils sont gênés. Ils me disent : "Je viens vous saluer mais je n’ai pas envie de repenser à l’intérieur." Mouloud, lui, a pris le recul suffisant.»

Guillaume Goujot, directeur du centre pénitencier de Toulon-La Farlède : «Je regarde uniquement le professionnel qu’il est. Je juge la prestation et le partenariat, pas l’homme.» L’administration

Libération, 14 juillet 2011, quotidien

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pénitentiaire aurait pu être plus paranoïaque avec le passé de Mouloud Mansouri. Ses deux dernières condamnations concernent deux affaires qui ont eu lieu au début de sa détention. En préventive aux Baumettes à Marseille, il continuait à gérer son trafic de l’intérieur. Avec la complicité d’un surveillant, il a fait entrer un portable et pouvait, du coup, passer ses ordres. Bilan : huit ans de prison pour trafic, cinq de plus pour corruption de fonctionnaire.

N’ayant bénéficié que d’une confusion partielle de ses peines en raison des récidives, et n’ayant «vendu que du shit», Mansouri estime avoir été jugé sévèrement : «La loi ne fait pas de distinction entre un kilo de résine de cannabis et un kilo d’héroïne, rappelle son avocat Thierry Ospital. Et puis son intelligence, sa capacité à comprendre vite les enjeux d’une situation et son propre intérêt, c’est rassurant pour la défense et pour les juges qui pensent que ce sera un élément important pour sa réinsertion. Pour d’autres juges, c’est inquiétant. Ils se disent que cette intelligence utilisée dans la voie du mal peut être redoutable.»

Et redoutable, Mouloud Mansouri l’a été. Qui concède : «Ma mère ne voulait pas que je grandisse en cité et finalement j’ai transformé ma résidence. J’ai fait chuter le prix de l’immobilier, comme dit Booba dans un rap.» Sa mère, Algérienne d’origine kabyle, arrivée en France en 1964, était enceinte de ce quatrième fils quand son mari, chauffeur livreur, s’est tué au volant de son camion. Personne à Hyères ne veut louer un logement à cette veuve avec quatre enfants. Une assistante sociale lui conseille d’acheter un appartement à l’Oasis : «C’était une résidence qui avait été construite pour les pieds-noirs, raconte cette femme joviale, tour à tour cuisinière et femme de ménage dans une maison de repos. Les services sociaux m’ont aidée à acheter un F 4 pour 80 000 francs [12 000 euros].»

La petite résidence est entourée de villas coquettes. Le gamin Mouloud grandit avec des «petits bourges» : «C’était surtout des enfants de la classe moyenne, rectifie-t-il. Mais à 12 ans, je vivais très mal la différence sociale, je voulais tout avoir comme eux. A 14 ans, j’ai commencé à voler des bouteilles d’alcool que je revendais aux grands de la cité.» A 16 ans, il est sollicité par ses copains de lycée pour du shit. Lui ne fume pas mais sait où en trouver, dans la cité de ses cousins. Arrêté une première fois, il fait un an de prison et ressort avec un contact qui lui avance 100 kilos de résine de cannabis et des armes : «Comme dans tous les métiers, philosophe MM, il y a des jalousies et il faut s’en protéger.» Ses rentrées d’argent ? Il raconte à sa mère qu’elles proviennent des concerts de rap qu’il organise. En 1996, il en monte un à Toulon contre le Front national, vainqueur des municipales un an plus tôt.

S’il vote à gauche depuis toujours, la proposition de certains élus de légaliser toutes les drogues le laisse perplexe : «Je préférais qu’on déclasse certaines drogues. Le haschich, ce n’est pas la même chose que la cocaïne et l’héroïne.» C’était sa règle absolue quand il était trafiquant : pas de coke ni d’héro. Une règle aujourd’hui peu suivie. «Les risques encourus sont les mêmes, explique le dealer repenti, les mecs font vite le calcul. Un kilo de cocaïne, ça rapporte autant que 50 kilos de haschich, c’est plus facile à transporter et à stocker. Mais si j’ai un fils, je n’aimerais pas non plus le voir dans un coffee-shop.»

C’est son nouveau truc à Mouloud : se marier, avoir des enfants. Il partage sa vie entre Fu-Jo et sa petite amie, journaliste dans une chaîne musicale à Paris. Seul bémol : «Ça fait treize ans que j’ai arrêté de dealer, or pas mal de gens me traitent encore comme un toxicomane qui pourrait rechuter. Je ne suis pourtant pas accro à l’argent. Dix ans de prison, ça apprend à vivre avec peu.» Un art de vivre qu’il aimerait transmettre aux quelques rappeurs qui n’ont pas encore accepté son invitation à jouer gratuitement en prison alors qu’ils font de trois mois passés en détention un argument marketing pour vendre leurs disques.

En 6 dates

13 juillet 1975 Naissance à Hyères.

21 août 1996 Premier séjour prison pour trafic de stupéfiants.

Avril 1999 Condamné à dix-sept ans de prison pour trafic de stupéfiants et corruption de fonctionnaire.

Octobre 2005 Organise son premier concert en prison alors qu’il est encore détenu.

Mai 2008 Libération conditionnelle.

Juillet 2011 60e action culturelle, à la prison de Salon-de-Provence.

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Hip-hop entre les murs, un moment rare à Luynes

C'est un moment assez rare, assez beau. Lundi après-

midi, dans la prison de Luynes à côté de Marseille, le

plus grand concert de rap jamais organisé en détention

- en terme d'affiche, de public (238 détenus, plus une

cinquantaine d'invités), et surtout d'intensité dans les

émotions ressenties. Plus de trois heures

progressivement fusionnelles, sans une once de

tension. Trois détenus en ont profité pour faire leurs

débuts sur scène, on pourrait entendre parler d'eux

bientôt.

A l'arrivée devant la prison, en fin de matinée, une

directrice adjointe de l'établissement donne ses

instructions. L'administration pénitentiaire,

encouragée par Marseille Provence 2013 qui labellise

le concert, a eu le courage de suivre l'association Fu-

Jo, de Mouloud Mansouri, ex-détenu qui organise

ateliers et concerts en détention (son portrait dans

Libé). Elle ne s'est pas montrée frileuse, mais les

enjeux sont lourds, et les responsables un peu tendus.

Ne vous mélangez pas trop, dit la directrice, restez

près de vos référents afin que nous puissions vous évacuer rapidement en cas d'incident, tout

devrait bien se passer. C'est engageant. Puis on entre dans la prison, on retrouve les odeurs, le son

mat de la détention. Et en remontant les couloirs vers le terrain de foot, la rumeur monte. La sono

a commencé à donner. Le DJ Cut Killer chauffe l'arèn. On retrouve la lumière. Les détenus sont déjà

là. Ils portent des tee-shirt de l'association Fu-Jo, avec cette phrase de Kery James au dos: "Dedans

on rêve d'être dehors. Dehors on veut nous foutre dedans. Parce qu'en fait de ce système nous

recherchons l'évasion". Les tee-shirt sont d'un orange vif, ce qui donne un peu l'impression de

débarquer à Guantanamo.

Malik (24 ans) avait le trac ce matin. Il ne se sentait pas bien. Avant de s'inscrire à l'atelier de rap et

de musique assistée par ordinateur puis d'être sélectionné (une centaine de détenus avaient

postulé), il n'avait jamais rappé de sa vie. Et là, un an plus tard, il va grimper sur scène devant ses

co-détenus (plus de 400 avaient demandé à assister au concert). Il sait qu'il ne devra pas se louper.

Avec Bader et Mirak, ils ont enregistré en détention un album qui doit sortir en octobre. Un rappeur

leur donne les derniers conseils au pied de la scène. "La tête haute mon frère. La tête haute. Tu

m'entends? La tête haute, toujours." Mirak bouge la tête, s'agite. Il semble comme un boxeur

s'apprêtant à monter sur le ring.

Le groupe des trois détenus s'appelle la Shtar AC (le shtar, mot à tiroir, est à la fois la prison en

arabe, un coup, un flic ou un bouton de fièvre en argot). L'un de ses morceaux, présenté comme "un

p'tit son pour les surveillants", dit ceci: "Moi j'suis du bon côté de la serrure. J'aurais pu faire un

bon flic, j'y pense chaque matin en passant le portique. Chacun son rôle, chacun sa vision des

Libération, 4 juin 2013, quotidien

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choses. Personne n'a vraiment choisi. Enfermé pour la vie, on cotoie les mêmes barreaux mais pas

du même côté." Des surveillants écoutent attentivement. L'un d'eux est posté juste devant une

baffle, on se demande comment il tient. Le morceau reprend en refrain:"Not'CD sortira, not'CD

sortira. Not'CD sortira. Avant nous, avant nous..."

Sortis de scène, les détenus reçoivent les félicitations âpres des autres rappeurs. Cut Killer: "Ils ont

à la fois la proximité avec la détention et déjà du recul. Ils se projettent. J'ai aimé leurs textes, il

y a du sens et de l'humour, et leur jeu de scène est déjà très bon". Un garçon, surtout, crèvait la

scène. "Si tout se passe bien dans deux ans je suis dehors, dit Bader (21 ans). Je suis à fond. Je suis

à fond. Les sensation devant les mecs, c'était du lourd. Je veux continuer dehors."

Ils se retrouvent tous les vendredis après-midi, plus souvent lorsque des artistes viennent leur

rendre service. Entre deux ateliers, ils se donnent un thème et l'administration leur permet de

conserver des CD sur lesquels sont gravés les instrus."Après c'est comme d'habitude dit Mirak (Karim

en faisant le poirier). C'est le travail qui paie." Malik opine. Il n'avait jamais rappé, savait écrire, se

débrouillait pour les textes, mais a eu plus de mal avec le flow (le flux, le débit). "J'imaginais pas

que je pourrais un jour sortir ça de moi". Il sort dans dix mois normalement.

Le rappeur Medine prend la suite sur scène. "Faites du bruit qui pense", scande-t-il, avant de faire

reprendre par le public la phrase d'Hugo: "Qu'ils ouvrent des écoles, ils fermeront des prisons". Au

départ, des frontières avaient été marquée sur la stade, symbolisées par des chaînes plastiques de

signalisation. Un grand carré devant la scène pour les détenus, deux plus petits pour les invités, les

quelques journalistes. Mais le concert avance et progressivement les frontières disparaissent. Le

public se mêle. Mais plus les rappeurs mettent le feu, plus tout le monde comprend que c'est dans

cette énergie, le mélange, que le concert se passera bien. Quelques filles, parmi les invités,

dansent à présent au milieu des détenus. Pas un geste, pas un mot déplacés de tout l'après-midi.

Sur scène à présent, le sage Kary James. en duo avec Béné. Le second veut de la thune, et vite. Le

premier lui fait la morale, ou du moins lui montre l'issue. Le refrain dit: "C'est maintenant qui

m'faut des tunes (des tunes...). Dis moi à ça sert à quoi d'faire des études ? (des études...). De

toute façon en France on est grillés. Pas besoin d'leurs diplômes y m'faut des billets...." Et le

morceau se termine comme ça:"L'impasse... On n'en sort pas, vu que nos petits frères nous

remplacent, dans l'impasse... Il neige même sur nos collèges. Nos choristes font pas de solfège.

Thug Life. L'histoire se répète et tu crois être le plus vicieux. L'impasse."

Le public tout à l'heure timide se presse maintenant devant la scène, monte par moments, danse

avec les rappeurs, qui descendent à leur tour. Les Marseillais des Psy 4 de la rime ont pris la

relève. "Les Cités d'or, c'est nous" reprennent les détenus, avant "Le visage de la honte", sorti depuis

deux mois mais qu'ils connaissent par coeur."Moi ma chance je l'ai provoquée. L'argent je l'ai

mérité. Dis-moi à qui je dois rendre des comptes. Mes parents parlent à peine français mais j'ai été

éduqué. J'ai pas le visage de la honte. On vise haut, ohohohohoho. On vise haut, ohoohohoho."

Mêlé aux détenus, Mouloud Mansouri se promène avec le sourire paisible de celui qui donne du

plaisir. Les rappeurs signent sur les tee-shirts de Guantanamo, puis tout le monde remonte sur

scène et on craint un moment qu'elle ne tienne pas sous le poids des dizaines de détenus qui

rejoignent les rappeurs, sautent là dessus. Il est plus de 17h, temps d'arrêter le son, de reprendre

les couloirs. Mouloud Mansouri a hâte de sortir à présent, de cette prison où lui-même a été détenu.

Ol.B.

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Le rap s’échappe des prisons marseillaises

Par Stéphanie Binet

L'opération "Marseille-Provence 2013, Capitale européenne de la culture " n'a pas bonne presse chez

les rappeurs de la cité phocéenne, autre capitale de la culture hip-hop en France.

La rappeuse Keny Arkana en a même fait un clip et un documentaire Marseille, capitale de la

rupture. Lors de la promotion de leur nouveau disque, Arts martiens, ses aînés, IAM, n'ont pas été

en reste, regrettant que le rap marseillais, composante essentielle de l'identité locale, ne soit pas

plus présent dans la programmation de Marseille-Provence 2013 .

Pour Stéphane Moginot, responsable des projets musique de l'événement, cette absence est surtout

due au décalage entre l'organisation de la capitale et le monde du hip-hop : "Le programme

artistique a été organisé en premier lieu autour d'un vaste appel à projets ouvert à tous. Or, trop

peu de projets hip-hop ont été déposés et leur qualité était assez inégale." Selon lui, l'amertume

du groupe IAM est surtout liée au projet de "maison du hip-hop", un lieu pérenne consacré à cette

culture, qui ne s'est pas concrétisé. "Ils souhaitaient un geste certes fort mais qui dépassait le

cadre des attributions de MP2013." Pour autant, IAM participe à un événement dans le cadre de la

manifestation. Il ouvrira la Fiesta des Suds coproduit par MP2013 en octobre.

Il y a cependant un projet hip-hop de la capitale européenne qui fait l'unanimité à Marseille et dans

le rap français, c'est celui de l'association FU-JO, qui depuis 2009 organise des concerts dans

les prisons de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Portée par un ancien détenu et DJ hip-

hop Mouloud Mansouri, l'association travaille depuis deux ans sur l'organisation d'un concert

réunissant des rappeurs français reconnus et des détenus rappeurs.

Le Monde, 1er juin 2013, quotidien

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LE GROUPE SHTAR'AC

Lundi 3 juin, pour la première fois en France (l'expérience a déjà été menée dans des pénitenciers

aux Etats-Unis et au Brésil), trois détenus monteront ainsi sur scène aux côtés des Marseillais Psy 4

de la Rime, des Parisiens Cut Killer, Kery James, Disiz, Médine, à la maison d'arrêt de Luynes

(Bouches-du-Rhône). Bader, 21 ans, Malik, 24 ans, et Karim, 35 ans, forment désormais le groupe

Shtar'AC (shtar étant l'argot de "prison", en arabe).

Depuis mai 2012, ils ont participé toutes les semaines avec sept autres détenus à des ateliers

d'écriture et de musique assistée par ordinateur pour enregistrer un album et se préparer au fameux

concert qu'ils vont donner : ils se produiront devant 250 de leurs codétenus et 80 invités venus de

l'extérieur.

Pour Malik, condamné à trois ans de prison, ce sera son premier concert. C'est le seul des trois qui

ne rappait pas avant d'être emprisonné. Les deux autres, Bader, déscolarisé depuis l'âge de 12 ans

et Karim, père de trois enfants, avaient déjà leur groupe avant d'entrer en prison.

"ILS LISENT TOUS UN MINIMUM"

Mouloud Mansouri a choisi ces trois-là pour leur assiduité aux ateliers et la qualité de leur rap. Pas

de complaisance chez cet ancien détenu : il faut que l'album qu'ils enregistrent en détention

puisse rivaliser avec le niveau général de la production française.

Le 21 février, c'est Ekoué, du groupe La Rumeur, qui venait les encourager en les incitant à lire.

Lors de leur première rencontre, il leur disait : "Le rap, c'est comme la boxe. On reconnaît un

boxeur aguerri à sa manière de boxer, à son style. Le rap, c'est pareil, sauf qu'on se bat avec des

mots. Il faut se confronter aux mots. Il faut les choper partout : dans la presse, dans les films,

dans les livres."

Il ajoutait, pour en finir avec les clichés : "Je connais toute la scène rap française depuis vingt ans.

Les rappeurs qui ont pignon sur rue, et qui font encore des albums, ils lisent tous un minimum.

Ceux qui disent le contraire mentent pour l'image, parce que ça fait intello de lire des

livres. Savoir rapper, c'est une chose, savoir écrire, ça en est une autre."

Premier round lundi, à la maison d'arrêt de Luynes ; le second en octobre, avec l'album.

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Premier festival de rap en prison : « Ici, nos paroles prennent tout leur sens »

Par Alexandre Comte

Photo David Valteau

C’est la première fois qu’un évènement musical d’une telle ampleur est organisé au sein d’une prison. Lundi 3 juin, à l’initiative de l’association FU-JO, le concert Hip-Hop Convict a réuni des pointures du rap game français en plein milieu du centre pénitentiaire d’Aix-Luynes. On y était

Cernés par les hauts-murs et les miradors, détenus et surveillants patientent devant la scène installée à ciel ouvert, en plein cagnard, sur le terrain de sport sablonneux de la prison. Un vent faible mais bienvenu soulève la poussière et fait trembler les morceaux de sacs plastiques accrochés aux barbelés. Drôle d’endroit pour un concert. On ne reconnaît que les baskets et les survêts, l’odeur du joint aussi. Au loin, dans la cour séparée par plusieurs épaisseurs de grillages, vaquent les prisonniers qui n’ont pas voulu ou n’ont pas été autorisés – pour des raisons de sécurité – à assister aux concerts. Les 238 détenus admis ont pour leur part enfilé des T-shirts orange, fournis par l’association FU-JO. “Orange Guantanamo, en clin d’œil”, précise Mouloud Mansouri, le fondateur de l’asso. Les “invités”, eux, sont en noir. Sur tous les tee-shirts, le même texte : Dedans on rêve d’être dehors / Dehors on veut nous foutre dedans / Parce qu’en fait de ce système nous recherchons l’évasion.

Des lyrics signées Kery James, l’un des artistes présent. Pour venir jusqu’ici, lui et les autres musiciens ont dû traverser des grilles et des portiques de sécurité, longer d’interminables couloirs truffés de caméras, attendre qu’une porte se ferme pour que l’autre puisse s’ouvrir. “En cas d’incident, il faudra rapidement que l’on puisse vous extraire”, a prévenu Marjorie Mouren, directrice RH de la maison d’arrêt d’Aix-Luynes.

Grosse affiche

Mouloud Mansouri est familier du lieu. Condamné en 1999 pour trafic de stupéfiants, il a passé près de dix ans derrière les barreaux, dont deux ici. Il a commencé à organiser des évènements musicaux pendant sa détention : “La première fois, quand j’ai demandé une platine, le directeur m’a pris pour un fou.” Sorti en 2008, il n’a pas voulu s’arrêter : “Je pense aux copains qui restent.” Mais aujourd’hui, c’est particulier. “Aujourd’hui, c’est un festival”, se réjouit-il, “le résultat de deux ans de travail.” Le projet Hip-Hop Convict a permis à dix détenus de travailler avec des poids lourds du rap français, dans le cadre d’ateliers d’écriture et de scénographie. Un CD/DVD, fruit de leur collaboration, sortira en octobre. Un groupe a même été formé ici, la Shtar Academy, composé de trois jeunes détenus : Badri, Mirak et Likma. Un an qu’ils se préparent. Et aujourd’hui tout le monde est là : Kery James, Cut Killer, Niro, Medine, Némir, Psy4 de la Rime… Ce sont les petits jeunes de la Shtar Ac’ qui ont l’honneur d’ouvrir le bal.

Les Inrocks, 6 juin 2013, Hebdomadaire

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Converses, lunettes noires, jeans stylés, ils écoutent fébrilement les derniers conseils : « Gardez en tête ce qu’on a travaillé. Et surtout, faites-vous plaisir. » Fred Musa, l’animateur de Planète Rap sur Skyrock, les annonce. Ils s’élancent sur scène

« Notre CD sortira avant nous »

Cut Killer est aux platines, la sono envoie du lourd, les détenus se rapprochent timidement de la fosse, des mains se lèvent. Les trois garçons entament leur premier morceau, leur trac s’évapore peu à peu, les regards et les gestes se raffermissent, ils prennent de l’assurance. “On a un petit son pour les surveillants”, annoncent-ils. Ils scandent : “Chacun son rôle, chacun sa vision des choses. On côtoie les mêmes barreaux, mais pas du même côté.” Près de la scène, un surveillant échange des regards complices et rigole avec des détenus. Les garçons sont lancés, ils chauffent le public : “Bâtiment B vous êtes làààà ! Bâtiment C ! Et le bâtiment A, vous êtes oùùùù ?” Ils balancent leur tube et sa punchline fatale : « Notre CD sortira. Notre CD sortira. Avant nous. Avant nous. »

Fin de set, les garçons s’étreignent : “Ça tue ! C’est de la tuerie !” Likma :“C’était lourd ! C’est beau ! Je vais pas dormir ce soir.” Mirak : “On a travaillé pour ça, on a écrit, on a répété. On ne voulait pas rater cette opportunité.” Les trois ne demandent qu’à remonter sur scène : “Peut-être dehors, Inch Allah, avec un bracelet.

” Ici les paroles prennent tout leur sens”

Au tour des invités d’investir la scène. « Même à l’extérieur, on n’a jamais vu un tel plateau », s’enthousiasme Alonzo de Psy4. C’est la huitième fois qu’il vient rapper en prison. Il dit : « Cette case de la vie, dans les quartiers, on la connaît, personnellement ou par des proches. De nombreux textes de rap parlent de ça, des erreurs, des regrets, de ce qui peut te faire atterrir ici. Nos paroles prennent tout leur sens aujourd’hui. » Il défend ardemment le projet de Mouloud Mansouri, il dit : « Quand tu n’as pas de projet, pas de but, tu es personne. » DJ Cut Killer appuie : « C’est une forme de réinsertion et une fenêtre sur l’extérieur. » Il réfléchit : « Bien sûr il faudra aussi analyser ce qui se passe après, une fois le concert fini. Voir si ça apaise les tensions, si ça leur transmet l’envie de construire quelque chose. » Soraya, une surveillante, en est persuadée : « Les détenus vont en parler longtemps. Ça leur permet de garder un lien avec le monde extérieur, c’est vraiment bien, c’est une démarche saine. » Son collègue Samir approuve. Amateur de rap, il s’est porté volontaire pour surveiller le concert. Et il compte bien en profiter un peu. D’autant plus que Kery James, très attendu, s’apprête à monter sur scène.

Bloqué derrière les barreaux

Il se passe quelque chose. Si certains détenus restent encore en recul, disséminés en petits groupes à l’écart de la scène, les plus motivés se massent autour de James, font du bruit, lèvent les bras. L’enthousiasme monte, certains grimpent sur scène, bientôt rejoints par sept surveillants qui les font descendre tandis que l’artiste continue son morceau. Il dit : « À chaque album j’essaye de dénoncer ce qui nous emmène ici. » Le jeune Béné le rejoint sur scène, ils chantent L’Impasse. « Tu vas péter les plombs/Bloqué derrière les barreaux/Sortir au bout de dix ans/Usé au bout du rouleau… ». La plupart des détenus connaissent les paroles par coeur. Ils les chantent en chœur ou les murmurent silencieusement. Certains sont à peine majeurs. Ils sourient, s’échangent des regards, se passent les bras autour des épaules. Kery James finit son set. En sueur, ému, il confie : « C’était beau. Je ne m’attendais pas à un tel accueil.» Psy4 prend la relève, fout le feu, fait monter tout le monde sur scène

Badri, le jeune rappeur de la Shtar Academy, n’en revient pas. Il dit : Tu sais, ici, c’est toujours cellule, promenade, cellule, promenade. Aujourd’hui tout le monde a le sourire aux lèvres, tout le monde est heureux. Tout à l’heure, pendant le concert, je croyais que j’étais dehors.”

Il prend quelques secondes pour se reprendre, pour retenir son émotion, la ravaler, la cacher derrière ses lunettes de soleil. Il rigole : “C’est mieux que Bercy ! C’est le meilleur concert de ma vie, même dehors, même à l’extérieur”. En octobre, pour la promotion du CD, il devrait obtenir une permission de sortie. Il pourrait aussi, peut-être, faire un concert à l’extérieur. Avec les rappeurs qu’il a rencontrés en zonzon. Il a 21 ans. Badri, c’est son “blaze”. Son vrai nom, c’est Bader Bensalem.

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Concert à la prison Luynes d’Aix Par Annabelle Kempff

Mouloud Mansouri, ancien détenu, organise un grand concert dans la prison de Luynes,

aujourd'hui

Photo P.L.

Mouloud Mansouri : "Je ne me suis pas dit, c'est bien de faire ça, je me suis dit, il faut le faire. Et si

ce n'est pas moi, qui alors ?"

Il a lui-même passé deux ans à Luynes. La première fois qu'il est retourné en prison, c'était dans

cette maison d'arrêt. Il y accompagnait Diam's pour l'une de ses actions. "C'était bizarre, j'ai

reconnu les odeurs, les bruits, c'était assez fatigant ; quand on a fait de la prison, on n'oublie pas,

ceux qui disent le contraire mentent", souffle-t-il. Mouloud Mansouri, Hyérois de 38 ans, a été

condamné à 17 ans de prison pour trafic de stupéfiant, en a effectué 10. Il retourne désormais en

cellule pour mener des ateliers et des concerts avec la crème du rap français.

Aujourd'hui, il organise un concert jamais vu en prison avec Kerry James, Youssoupha, Psy 4 de la

Rime, Medine et Cut Killer, avec Marseille-Provence 2013. Mouloud Mansouri est devenu un exemple

mais il ne peut pas l'accepter. Il tente juste de donner un peu de liberté à ceux qui sont encore

entre les murs.

Qu'est-ce que le rap représente pour vous ?

Mouloud Mansouri : J'ai toujours été passionné de hip hop. J'en écoutais beaucoup. Alors je me suis

mis à faire DJ. J'avais mon trafic de shit qui me permettait d'investir dans la musique. J'organisais

des concerts, et à l'époque, j'avais les moyens de ne pas compter. Ensuite, le rap, c'est ce qui m'a

fait tenir en prison. J'écoutais des artistes comme Kerry James qui m'aidaient à m'accrocher et je

me disais qu'il y avait quelque chose à faire.

Comment vous êtes-vous mis à organiser des concerts en prison ?

M.M. : A chaque fois que je changeais de prison, à Toulon, aux Baumettes, à Luynes..., j'allais voir

le directeur et je lui demandais des platines et pourquoi pas d'organiser un concert. Ils me

prenaient pour un fou. A la dernière prison où je suis arrivé à Val-de-Reuil, le directeur ne m'a pas

dit non. Il m'a dit : "On verra comment tu te comportes dans le temps". Je l'ai traqué pendant une

La Provence, 3 juin 2013, quotidien

Page 13: Revue de presse 3 juin 2

dizaine de mois. Il en a eu marre, il m'a fait entrer deux platines et il m'a laissé organiser un

concert. J'ai alors appelé mes anciens amis, Cut Killer et Daddy Lord C, et des nouveaux comme

Sefyu, Medine... J'ai organisé par la suite six concerts en étant détenu.

Et à votre sortie de prison ?

M.M. : Je suis sorti en conditionnelle en 2008. J'ai modifié les statuts de mon association (Fu-Jo) qui

existait déjà pour pouvoir intervenir dans les prisons de la région.

Et quel est le but de cette association ?

M.M. : C'est d'apporter de la culture dans les endroits où il n'y en a pas. Parce ce qui m'a marqué en

prison, c'est le vide culturel. Quand il y avait des concerts, ce n'était pas forcément du goût des

détenus ni de bons musiciens parce que les moyens financiers étaient limités.

Et comment financez-vous vos actions en milieu carcéral ?

M.M. : J'organise une fois par an des concerts de soutien, les Hip hop Convict à Châteauvallon, où

les artistes jouent gratuitement. J'en ai organisé sept en tout. Et puis, on essaie de trouver des

fonds à droite, à gauche, à la Région, au Conseil général. Cette année, on mène une cinquantaine

d'actions et pour le projet de Luynes, on bénéficie d'un soutien de MP 2013, mais bon, ce sont des

cacahuètes.

Quel est donc cet événement prévu à Luynes aujourd'hui ?

M.M. : On monte un festival dans la prison. Ça sera un grand concert dans la cour pour 250 détenus

et 80 personnes de l'extérieur. Mais on a placé la scène de façon à ce que ceux qui ne sont pas au

coeur du concert puissent le voir de leur cellule. En parallèle, on a aussi fait une "Shtar Ac", c'est-à-

dire qu'on a cherché des mecs pour faire la première partie du concert. Ainsi, 7-8 détenus ont

participé à des ateliers écriture, MAO et scénique, menés par Médine, Kerry James, Disiz, Kenny

Arkana, Tunisiano... des producteurs aussi.

Pourquoi les rappeurs ont-ils répondu présent ?

M.M. : Les rappeurs parlent beaucoup de prison. A un moment, je les ai confrontés à ça. Vous en

parlez, alors venez y jouer.

Est-ce que l'administration pénitentiaire a eu un regard sur ce projet ?

M.M. : En fait, on trouvait que les détenus rappaient bien et que ça valait le coup de sortir un

disque. On a signé chez Because, il devrait sortir en octobre avec plein, plein d'artistes. Là-dessus,

il y a eu un regard discret de l'administration. Alors, on a anticipé. On a laissé les détenus se

défouler pendant 2-3 mois. Et après, on a travaillé avec eux pour construire des choses

intelligemment.

Ce projet, c'est donc aussi de la réinsertion ?

M.M. : En tous cas, l'album leur offre une belle carte de visite. Et j'espère qu'ils seront s'en servir

parce que c'est ça le but. C'est clairement de la réinsertion, voire de l'insertion. Certains rappaient

déjà, d'autres n'avaient jamais ouvert un livre.

www.hiphopconvict.com

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Concert Hip-Hop Convict à la prison de Luynes le 3 juin 2013

Par Alissash

Le 3 juin 2013 l’association FU-JO organisera un concert HIP HOP CONVICT pour et par les détenus

à l’intérieur des murs de la prison de Lynes, entre Aix en Provence et Marseille.

Un groupe de détenus formant la « Shtar Académie » partagera la scène pour une prestation

scénique exceptionnelle avec les artistes qui sont intervenus pour encadrer des ateliers : Cut Killer,

Psy 4 de la rime, Kery james, Médine, Disiz, Némir !.

Cet événement est labellisé Marseille Provence 2013, pour

que la culture puisse se développer partout, et toucher tous

les publics possibles, sans discrimination aucune.

Pour mener à bien de tels projets, depuis 4 ans l’Association

FU-JO réalise régulièrement des concerts pour les détenus,

avec les plus grands artistes français (IAM, Olivia Ruiz, Cali,

Grand corps malade, etc.), au sein de différentes prisons.

Son directeur, Mouloud Mansouri, est un ex-détenu de longue peine qui a organisé des évènements

culturels en milieu carcéral pendant sa détention.

Pendant un an, la « Shtar académie » formée d’une dizaine de détenus de la prison de Luynes a

travaillé à la préparation de ce concert à travers des ateliers d’écriture et de coaching scénique

avec une trentaine de ces artistes reconnus qui n’ont pas hésité à jouer le jeu et s’impliquer.

Afin de valoriser le travail des détenus, un album est enregistré de mars à juin 2013 au sein de la

prison de Luynes, couronné en octobre 2013 de sa sortie chez Because music en featuring avec les

artistes ayant participé au projet.

Pour organiser tout au long de l’année des manifestations culturelles en prison, l’association Fu-Jo

organise une à deux fois par an des concerts de soutient en dehors des administrations

pénitentiaires.

A chaque fois les artistes se déplacent bénévolement afin que intégralités des places vendues soient

reversées à l’association. Et si tout au long des Hip Hop Convict Support, les affiches ont pu être

exceptionnelles c’est aussi parce que l’association passe des contrats d’exclusivité avec les artistes.

Ces derniers acceptent de venir jouer sur les plateaux avant même de faire leur propre concert de

leur tournée.

Pour avoir discuté avec plusieurs artistes qui ont joué devant un public de détenus aux Baumettes à

Marseille, ils sont unanimes sur le sujet. « C’est le meilleur public qu’on puisse avoir, avec une

qualité d’accueil et d’écoute hors du commun » m’avait confié un jour Marco, le batteur du groupe

italien ODESSA. La culture se doit de fédérer les hommes, de telles initiatives en sont les vecteurs

par excellence.

France Net Infos, 31 mai 2013, Site Internet : http://www.francenetinfos.com/

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Hip Hop Convict : Yes you can

Par Clara Paban

– 07/06/2013

« Mouloud Mansouri : Le tribunal vous condamne à dix-sept ans de prison ferme ! ». Cette lourde

peine aurait pu, aurait dû, briser sa vie. Cet ancien DJ a changé sa façon de voir les choses. En

prison, il observe, apprend et veut bouleverser le milieu carcéral. Ses trois dernières années

d’incarcération se passent à la prison de Val-de-Reuil. Il demande sans cesse deux platines dans sa

cellule. Il rêve de combler le vide culturel qu’il ressent. Le Directeur de la Prison est réticent et lui

explique qu’il lui faut un projet valable pour obtenir ce qu’il souhaite. C’est le début de la

réinsertion de Mouloud. Il interpelle Médine. Son enthousiasme redonnera au rappeur l’envie de

remonter sur scène. Ce sera celle de Val-de-Reuil accompagné de Tunisiano et d’Alonzo.

Mouloud crée une association « Fu Jo ». Elle a pour

vocation l’organisation de concerts, la création dans les

prisons d’ateliers de DJ, d’écriture, de montage de clips.

La motivation est décuplée lors de sa libération. Il

organise des concerts en extérieur pour financer des

« Hip-hop convict » à l’intérieur. De nombreux artistes

acceptent. Profitant de MP2013, Mouloud organise un

concert historique à la Maison d’Arrêt de Luynes. Les meilleurs rappeurs et DJ français ont, le temps

d’une après-midi égayés le quotidien de 250 détenus et les 80 invités triés sur le volet : DJ Rash,

Cut Killer,Niro, les rappeurs Némir, Kery James, Psy4 de La Rime, Médine, Disiz… 3 heures de

concert à faire rêver « dehors ». L’atelier de coaching scénique de la Maison d’Arrêt d’Aix-en-

Provence a suscité des vocations. Trois condamnés, les plus motivés, ont monté un groupe « la Shtar

Académy ». Ils ont écrit leurs chansons et ont fait la première partie du concert. La maison de

productionBecause produit leur album. De nombreux futurings avec les rappeurs français feront

partie du CD dont la sortie est imminente dans les bacs. Devenir rappeur est désormais une vraie

possibilité de réinsertion.Mouloud Mansouri en est un porte-parole, il se bat pour que la musique

soit une passerelle. Message compris, le son a dépassé les murs de la prison.

Association [email protected]

Mouloud Mansouri (photo) : 06 31 09 92 04

Tout Ma, 7 juin 2013, mensuel

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La ligne rap à Luynes

Par Olivier Bertrand (à Luynes)

La semaine passée, la prison de Luynes (Bouches-du-Rhône) a eu droit à un concert étonnant. Quatre heures de hip-hop de Fu-Jo, association montée par Mouloud Mansouri, ex-détenu (Libération du 15 juillet 2011) qui monte des concerts et ateliers en détention. Sur scène, quelques rappeurs (Kery James, Nemir, Médine, les Psy 4 de la Rime...) et DJ’s (Ras, Cut Killer) du moment.

Et trois détenus qui préparent un album en prison : la Shtar AC (de shtar, prison en arabe, coup ou herpès en argot français). N’en menant pas large, l’administration pénitentiaire avait tendu des lignes symboliques pour que détenus et invités (une cinquantaine) restent séparés. Au bout de deux heures, tout le monde se mêlait et seuls les tee-shirts orange guantanamesques offerts par Fu-Jo aux détenus permettaient de les distinguer. Quatre heures sans une tension, et dans cette ambiance transgressive, l’écoute concentrée d’un texte de Kery James : «L’impasse… On n’en sort pas/ Vu que nos petits frères nous remplacent, dans l’impasse… Il neige/ Même sur nos collèges./ Nos choristes font pas de solfège. /Thug Life. L’histoire se répète et tu crois être le plus vicieux. L’impasse. »

Libération, 10 juin 2013, site Internet : www.liberation.fr

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Youssoupha et Mouloud, L’organisateur de Hip-Hop Convict

Belle interview d’un monsieur qui s’appelle Mouloud Mansour en compagnie du talentueux rappeur

YOUSSOUPHA.. Qui est Mouloud Mansouri ?

Mouloud Mansouri est un grand monsieur organisateur de HIP-HOP CONVICT. HIP-HOP CONVICT qui

consiste à organiser des concerts en prison pour apporter une bref évasion dans la vie des détenue

et leurs apporter un instant de joie dans un milieu carcéral loin de leurs familles et des gens qui

les aiment. Mouloud nous explique en fin d’interview que des célébrités surbookées comme OLIVIA

RUIZ une artiste de variété française au top de son talent, arrive à trouver un moment a consacrer

à cette noble cause, alors que des rappeurs qui se prétendent de la rue ne prennent même pas le

temps de répondre aux sollicitations de ce genre. Je trouve ça désolant mais heureusement que

tout le monde n’est pas pareil.

C’EST QUOI HIP-HOP CONVICT ?

L’association Fu-Jo existe depuis les années 90. En … Mouloud Mansouri décide d’organiser des

concerts, des soirées Hip Hop dans le Var, vers Toulon plutôt, car niveau rap il ne se passe pas

grand-chose de ce côté de la France. Alors avec un de ses amis, Mouloud monte son asso : Fu-Jo, un

regroupement de deux idées, « Jo » comme le nom de son pote, et « Fu » pour un groupe, que seuls

les fanatiques de Hip Hop connaissent, « Fu » pour Fu-Schnikens, un groupe de Hip Hop américain

principalement connu pour leur titre « What’s Up Doc » sorti en 1993, un featuring avec Shaquille

O’Neal. A cette époque, Mouloud organise des soirées, il est aussi DJ, tous les plus grands du

moment se produisent dans cette région de France. Mais un jour toutes ces belles soirées

connaissent un terme, pour des différents judiciaires, Mouloud ne peut plus organiser ses concerts.

Il est inculpé pour quelques histoires, rien à voir avec ses concerts d’ailleurs, et doit passé par la

case prison. Mais ce passionné de musique n’a quand même pas l’intention d’arrêter ses concerts,

même en prison. Alors si les années passent avant qu’un directeur de prison ne lui laisse tenter sa

chance, ce jeune homme ne se décourage pas pour autant, jusqu’au jour où il arrive à organiser son

premier concert à l’intérieur de ses grands murs. Il fait appel au groupe « Bouchées Doubles », le

groupe vient accompagnés de Médine. Mouloud est même leur DJ le temps de cet après-midi

quelque peu exceptionnelle. En voyant l’engouement de ses co-détenus, Mouloud Mansouri ne peut

pas s’arrêter en si bon chemin. Les concerts à Fresnes se succèdent : Sefyu, Daddy Lord C, L.I.M…

Jusqu’au jour où il en sort mais n’arrête pas pour autant ses concerts derrière les murs. Mouloud est

plus déterminé que jamais. Aujourd’hui c’est plus d’une trentaine d’actions qui sont menées

chaque année en prison entre les concerts, les ateliers culturels (écriture, production musicale, DJ,

rap, close-up/magie,…). C’est aussi

Grâce aux Hip Hop Convict Support, les concerts de soutien, que l’association Fu-Jo peut agir le

reste de l’année derrière les murs. Lors de ses grands rendez-vous, les artistes viennent jouer

bénévolement dans le but que Fu-Jo récolte les fonds obtenus grâce à la vente de billets. Entre les

concerts en prison et les concerts de soutien tout le rap Français (ou presque) a contribué au

développement de Fu-Jo : Diam’s, Grand Corps Malade, IAM, Sexion d’Assaut, Soprano… et depuis

un peu plus de deux ans, le répertoire musicale de Fu-Jo se diversifie, Cali, Olivia Ruiz, Nneka et

bientôt Manu Chao, Mathieu Chedid –M-, Ben l’Oncle Soul, Lou Douillon.

Alors quand on arrive à organiser un concert en prison en tant que détenu, on comprend qu’il n’y a

aucune limite. Tous les jours, le directeur de l’association trouve de nouvelles idées pour aller

encore plus loin avec son projet. Alors restez bien connectés si vous ne voulez pas perdre de vue ce

qu’il se passe.

N Da Hood, 9 juin 2013, Site Internet : www.n-da-hood.com

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Concert à la prison Luynes d’Aix

Prison Luynes d’Aix en Provence : Un concert sous surveillance…

Un concert à réussi à voir le jour devant 250 détenus de la prison Luynes le lundi 4 juin . Dans un

premier temps, il s’agissait bien évidemment d’organiser un divertissement pour les prisonniers,

mais cela allait bien sur un peu plus loin, dans le sens où comme l’explique un ancien détenu, ayant

purgé une peine de 10 ans (trafic de stupéfiants), au journal La Provence « Les rappeurs parlent

beaucoup de prison. A un moment, je les ai confrontés à ça. Vous en parlez, alors venez y jouer

». Ça a donc été l’occasion pour ces stars de se confronter à la réalité de ce que certains

connaissent « si bien ».

… mais un parterre de star

Mouloud Mansouri, l’organisateur des « Hip-Hop Convict », qui est à l’origine de cet évènement et

en partenariat avec l’association Fu-Jo, ont réussi à convaincre des grands noms de la scène

française du rap comme Kery James, Nemir, Médine, Cut Kiffer ou en core les Psy 4 de la Rime.

Avec de tels poids lourds, inutile de vous dire que ce concert a été un grand succès auprès des

spectateurs.

Une condition reste néanmoins obligatoire pour qu’un rappeur puisse venir se produire dans une

prison: aucune incarcération ne doit être effectuée au cours de sa vie. Ce qui est le cas de Kery

James qui se confie : « J’ai eu la chance de ne jamais connaître la prison, tout simplement parce

que lorsque j’ai sorti mon premier album à seulement 14 ans, j’avais un but en tête et la rue

m’attirait moins que d’autres ». Quant à Soprano, il se « voyait mal décliner l’invitation » à un tel

évènement, étant donné que les détenus « écoutent davantage les rappeurs que leurs parents ».

Le rap comme projet de sortie

Le rap en fait rêver plus d’un, et c’est dans cette optique qu’un atelier d’écriture a été lancé au

sein de la prison Luynes. Et ce sont donc trois « pensionnaires » qui ont suivi au cours cette année

des ateliers d’écriture qui ont été encadrés par encore une fois des grands noms du rap français tels

que Medine, Kery James, Disiz, Keny Arkana, Tunisiano et des producteurs. Le concert de lundi

dernier a donc été la première expérience sur scène du trio baptisé « La Shtar Ac‘ « , en jouant

trois de leurs morceaux.

Mouloud Mansouri déclare qu’il « trouvait que les détenus rappaient bien et que ça valait le coup de

sortir un disque. On a signé chez Because, ils devraient sortir en octobre avec plein, plein d’artistes

», en précisant que ce projet est enregistré à la prison de Luynes.

RapGame.org, 6 juin 2013, Site Internet : rap-game.org

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Le rap triomphe à la prison de Luynes ! par Aros

Lundi dernier, plusieurs têtes d'affiche du rap français ont donné un concert devant 250

détenus, à la prison de Luynes.

L'association Fu-Jo est parvenu à réunir Medine, Kery James, les Psy4 de la rime, Nemir ou encore

Cut Killer dans le cadre de Marseille-Provence 2013. A l'initiative de cet événement se

trouve Mouloud Mansouri, l'organisateur des « Hip-hop Convict ». « Les rappeurs parlent beaucoup

de prison. A un moment, je les ai confrontés à ça. Vous en parlez, alors venez y jouer », explique

à La Provence cet ancien détenu, qui a purgé une peine de dix ans pour trafic de stupéfiants.

Au cours de l'année, trois « pensionnaires » de la prison de Luynes ont suivi un atelier d'écriture,

encadré notamment par Medine, Kery James, Disiz, Keny Arkana, Tunisiano et des producteurs.

Lundi, le trio baptisé « La Shtar Ac' » a pu jouer trois morceaux lors du concert. « On trouvait que

les détenus rappaient bien et que ça valait le coup de sortir un disque. On a signé chez Because, il

devrait sortir en octobre avec plein, plein d'artistes », indique Mouloud Mansouri, précisant que ce

projet est enregistré à la prison de Luynes.

Pour qu'un rappeur puisse venir se produire sur scène dans un pénitencier, il ne doit pas avoir été

incarcéré au cours de sa vie. C'est le cas de Kery James. « J'ai eu la chance de ne jamais connaître

la prison, tout simplement parce que lorsque j'ai sorti mon premier album à seulement 14 ans,

j'avais un but en tête et la rue m'attirait moins que d'autres », confie l'ancien Leader d'Ideal J.

Quant à Soprano, il se voyait mal décliner l'invitation à un tel événement, étant donné que les

détenus « écoutent davantage les rappeurs que leurs parents ».

BOOSKA-P, 5 juin 2013, site Internet : http://www.booska-p.com/

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CONTACT

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Mouloud Mansouri

06 31 09 92 04

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