60
LA REVUE SEMESTRIELLE GRATUITE DE LA LIGUE REIN ET SANTÉ page 11 à 20 DIABèTE n ° 13 OCT. 2012 - MARS 2013 page 21 à 35 NUTRITION page 36 à 46 NÉPHROLOGIE ET GRAND âGE

Revue Rein echos

Embed Size (px)

DESCRIPTION

La revue semestrielle gratuite Rein échos sur le parcours médical du patient chronique en sante renale

Citation preview

Page 1: Revue Rein echos

LA REVUE SEMESTRIELLE GRATUITE DE LA LIGUE REIN ET SANTÉ

page 11 à 20DIAbèTE

n°13oct. 2012 - mars 2013

page 21 à 35NUTRITIoN

page 36 à 46NÉphRoLoGIE ET GRAND âGE

Page 2: Revue Rein echos

portraits

Page 3: Revue Rein echos

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 3

portraits

POrtrait� 4

Questions au professeur Christophe Legendre 4

DOssier�Diabète 11

Diabète et insuffisance rénale 11

Diabète et insuffisance rénale terminale 15

Prise en charge diététique 17

Le diabète post-transplantation 19

DOssier�NUtritiON� 21

Programme national 21

Principe de précaution alimentaire 24

Résultats tangibles en diététique 27

Le sel et l’insuffisance rénale 29

Phosphore et protéines 30

Mieux connaître le potassium 34

DOssier�NePhrOlOgie�et�graND�âge�� 36

Prise en charge nutritionnelle du sujet âgé 37

Y-a-t-il un âge limite pour la mise en dialyse ? 40

Quand et comment arrêter la dialyse 42

Jusqu’à quel âge enviser la greffe rénale 44

Bientraitance 46

avaNcées�méDicales��47

Essais cliniques réalisés dans l’hexagone 47

Médicaments ou dispositifs médicaux 48

Les génériques 49

Cancer du rein et nouvelles thérapies ciblées 51

Tour du monde en IgA 53

La transglutaminase 57

DIALYsE ET CRoIsIèRE 58

Michel Raoult ligue Rein et Santé

ientôt de nouvelles taxes qui s’ajouteront donc à des remboursements de moins en moins consé-quents et de plus en plus

réglementés, inquiètent les malades chroniques (existants et en puis-sance). Avec trois autres associations de patients, nous avons fait part col-lectivement à Mme Marisol Touraine de notre désarroi et des risques parti-culiers qui concernent certains de nos traitements.Nous nous dirigerons donc à l’avenir vers la « Prévention de la progression de l’IRC », seul moyen de ralentir les coûts de l’assurance maladie, via l’information ciblée des malades, de leur entourage et de tous les acteurs de la chaîne du suivi de leur parcours de santé.Pour cela nous établissons des par-tenariats de compétences, que nous mettons en réseau pour être présent là où nécessaire, en conjuguant nos expertises dans des domaines nou-veaux et innovants, dont nous vous reparlerons. Nous avons commencé en octobre avec une campagne de sensibilisation auprès des pharma-

ciens (LRS – Pharmagest).Compte tenu des résultats déjà obtenus en 6 ans des services rendus aux patients avec les médecins et par-tenaires qui nous ont fait confiance et des coûts supportés au travers de nos offres gratuites (notamment pour la revue Rein échos 15 000 exemplaires distribués), nous devrions recevoir de l’aide des pouvoirs publics. La conjoncture ne semblant guère s’y prêter, nous continuerons à rechercher des ressources pour ralentir l’essor de ces problèmes de santé et pour faci-liter et allonger la survie des malades chroniques concernés, avec qui nous partageons tous, dans notre asso-ciation, le même parcours de santé.Oui, nous sommes devenus l’un des acteurs opérant à leur côté, comme le sont chacune et chacun de nos confrères dans les différentes asso-ciations de patients, avec tous les outils de communication disponibles, dont les réseaux sociaux. Notre cible concerne plus de 2 millions de per-sonnes ; celles décelées comme étant à risque de maladie rénale sans avoir encore bénéficié de dépistage et celles ayant déjà été dépistées. Notre objectif est de faciliter le dépistage et favoriser

le diagnostic de la progression de la maladie rénale. Pour cela, nous tra-vaillons sous la surveillance avisée de conseillers scientifiques dédiés.Notre multimédia est donc gratuit, il n’est donc pas interdit de nous aider ; qui que vous soyez, nous sommes habilités à recevoir vos dons, nous n’avons aucune activité commerciale ni salaire, c’est ce qui s’appelle de la philanthropie et pour une juste cause. Encouragez-nous à continuer !Merci de votre attentive lecture. \\\

L’équipe rédactionnelle de la revue Rein échos à la Ligue Rein et santé.Vos dons feront l’objet de reçus fiscaux.

sommaire

B

CoUVERTURE photo Frésénius Medicale Care et MR. Crédit photos

illustrant ce numéro Anne Franki.

Nous remercions les auteurs et auteurs d’articles

de leur contribution et nos partenaires, sans qui

cette revue ne pourrait être distribuée gracieusement

dans les établissements de santé (qui eux font circuler

la revue et que nous remercions également). Un beau travail de tous,

Merci encore

R

Faire�mieUx��avec�ce�qUe�l’ON�a�Déjà

Éditorial

Page 4: Revue Rein echos

4 /// Reins-Échos n°12 - www.rein-echos.fr

portraits

1) Rappelez-nous SVP, si l’on devait décrire la transplanta-tion rénale rapidement, celle-ci comprendrait combien d’étapes Professeur ?Les principales étapes sont l’inscrip-tion sur la liste d’attente (la consti-tution du dossier, la rencontre avec les chirurgiens, l’équipe d’anesthé-sie), l’attente proprement dite (!) puis la transplantation avec une première hospitalisation et enfin le suivi, étape cruciale, sûrement une des clés du succès à long terme!

2) Pouvez-vous éclairer nos co-llègues malades rénaux chroni-ques sur la formation et le rôle du néphrologue, notamment le néphrologue transplanteur SVP ? Quel est donc sa fonction par rapport à l’urologue (notam-ment le chirurgien) ?La répartition des rôles entre le néphrologue “transplanteur” et le

chirurgien, urologue le plus souvent, est, du moins en France, le fruit d’une longue tradition. Le plus souvent, le néphrologue prend en charge l’ins-cription sur la liste, l’organisation de la greffe et le suivi. Le rôle du chirur-gien est bien sûr très important mais plus limité dans le temps: la consul-tation pre-greffe, l’acte chirugical proprement dit et la gestion des com-plications chirurgicales.La formation des néphrologues et des urologues qui s’orientent plus particulièrement vers la transplan-tation est longue mais passionnante!

3)Vous même professeur qui êtes-vous, quel est votre par-cours professionnel, pourquoi avez vous choisi l’Hôpital Nec-ker, combien de transplantés suivez-vous aujourd’hui. J’ai fait mes études médicales à Lille, mon internat à Montpellier, un séjour de 3 ans en milieu anglo-saxon à Montréal dans un labora-toire d’Immunogénétique, puis un clinicat à Montpellier puis Paris! J’ai choisi de venir travailler initialement à Necker pour améliorer ma forma-

PrOFesseUr�christOPhe�legeNDre�

Questions auBonjour Professeur Legendre, Pouvez-vous réPondre à queLques une de nos questions qui Permettront de mieux connaître dans queL contexte se dé-rouLe votre activité au quotidien.

Chef du serviCe de transplantation rénale adulte de l’hôpital neCker à paris

tion et j’y suis resté par choix et par les hasards de la vie! A l’hôpital Nec-ker, nous suivons au dernier poin-tage 2100 patients avec un rein qui fonctionne (la plupart greffés à Nec-ker mais environ 10% de patients qui résident en Ile de France).

4) Une autre question Profes-seur, qu’est-ce qui détermine le protocole de traitement anti-rejets de chacun après trans-plantation, le taux de créatini-ne, la pathologie initiale… ? Y a t-il des protocoles plus faciles à suivre que d’autres sur la du-rée pour le transplanté ? Quid de la maîtrise pour les trans-plantés âgés, des interactions et des cumuls d’effets secondaires au delà de 3 à 5 médicaments différents par jour ?Le choix du traitement immuno-suppresseur est un choix très diffi-cile dont il faut relativiser l’impor-tance par rapport à la qualité du rein par exemple. A l’heure actuelle, nous disposons d’un assez grand choix et nous choisissons en fonction de dif-férents critères en particulier le risque de rejet et le risque de déve-lopper des complications cardio-vas-culaires. Après la greffe, l’adaptation se fait en fonction de la tolérance des médicaments nombreux et qui inte-ragissent nécessairement entre eux! Mais attention, la limite entre effica-cité du ou des médicaments et leur tolérance est très ténue et on bascule parfois dans l’inefficacité en amé-liorant la tolérance. Enfin, lorsque de nouveaux traitements doivent être testés, on propose aux patients de participer à un essai clinique au cours duquel on compare le nouveau traitement à un traitement qui a déjà fait ses preuves. Le risque est géné-ralement très faible et c’est la seule manière de progresser.

Page 5: Revue Rein echos

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 5

portraits

Paris, Necker-Enfants Mala-des, cela vous parle t-il ? Oui c’est un hôpital parisien parmi d’autres, mais depuis un certain Jean Hamburger (soit le père du chanteur Michel Berger), né le 15 juillet 1909 et mort le 1er février 1992 à Paris, c’est devenu un hôpital connu et innovant en transplantation rénale« Ce médecin et essayiste français est le créateur du concept de réanimation médicale en 1953 et de la discipline qu’il a proposé de nommer néphrolo-gie, c’est-à-dire l’étude du rein normal et des maladies du rein. On lui doit, avec Louis Michon, Oeconomos et Vaysse, la première transplantation rénale en France, en 1952, sur le jeune Marius Renard, opération qui a un retentisse-ment exceptionnel à l’époque bien que malheuruesement, cette greffe soit un

échec après 22 jours de fonctionne-ment satisfaisant.C’est Joseph Murray et Donnall Thomas qui en 1954 ont le premier succès pro-longé en transplantation rénale entre de vrais jumeaux. Hamburger s’oriente vers cette approche entre faux jumeaux en 1959 puis entre non-jumeaux à par-

L’homme qui fait avancer La greffe d’organes

portrait du pro-fesseur legendre

Md université paris desCartes

& hôpital neCker serviCe de

transplantation adultes

tir de 1962 avec l’utilisation des pre-miers immunosuppresseurs. Il est l’au-teur de recherches fondamentales sur l’immunologie des maladies rénales, l’immunologie des greffes et les mala-dies auto-immunes. » Depuis, l’hôpital Necker a acquis ses lettres de noblesse et est devenu

5) On connaît les difficultés d’accès à la greffe, notamment en Ile de France, pourtant les transplantée rénaux sont de plus en plus nombreux ; que va t-il se passer dans le contexte de la pénurie médicale annoncée jusque 2020 pour ceux qui ne sont pas encore greffés et ceux qui le sont déjà ? Comment vont-ils pouvoir être suivi ?Le nombre de transplantations rénales augmente certes modeste-ment mais régulièrement. Cela se fait malheureusement au prix d’une augmentation de l’âge des donneurs et donc probablement d’une moindre durée de vie de ces greffons. Malgré cela, des études récentes démontrent que l’utilisation de ces reins est quand même préférable à la dialyse! Il nous faut cependant apprendre à mieux les utiliser pour en prolonger la survie au maximum. Le suivi est un challenge difficile car le nombre

de néphrologues est relativement faible et le nombre de patients ne fait que croître. Il faudra donc innover et en particulier dans le domaine de la télémédecine qui permettra un suivi à distance sans que le patient n’ait à se déplacer!

6) Vous faites beaucoup de re-cherche à Necker (notamment translationnelle et d’essais cli-niques) est-ce pour conserver le renom de l’hôpital depuis la pre-mière transplantation rénale du Professeur Hamburger ? Depuis de grands noms de la néphrolo-gie ont été formé ici à Necker ; comment sont choisis vos colla-borateurs aujourd’hui ?La médecine de transplantation a toujours été liée à la recherche: nou-velles molécules, utilisation de nou-veau tests, évaluation régulière des pratiques, prise en charge de nou-velles infections etc. C’est effective-

ment une tradition à Necker mais qui ne doit pas diminuer la qualité des soins prodigués! La France peut d’ail-leurs s’enorgueillir d’une recherche très active à Saint Louis, Nantes, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Tours etc. La constitution d’une équipe est un véritable moteur pour moi. Le but est de faire cohabiter des gens de talent qui ont prix une orientation différente mais complémentaire: immunologie, anatomo-pathologie, biostatistiques, étude des biomarqueurs etc. Tous ces talents doivent converger pour mieux connaître et évaluer nos pra-tiques avec des outils plus modernes, développer de nouvelles approches de suivi, bref améliorer la prise en charge des patients! Cela implique donc au moins l’envie de travailler à Necker et l’acceptation du travail en équipe! \\\

Rein échos : Merci Professeur nous soMMes ravis de vos réPonses, nos lecteurs le seront aussi.

Page 6: Revue Rein echos

6 /// Reins-Échos n°12 - www.rein-echos.fr

portraits

aujourd’hui une pépinière de méde-cins talentueux, comme le furent à l’époque Jean Berger (décédé le 22 mai 2011), ce médecin qui identifia la maladie de Berger (la plus répan-due au monde des maladies des glo-mérules), Jean Crosnier puis Jean-Pierre Grünfeld, Jean-François Bach, Henri Kreis et tant d’autres.Vous avez donc bien situé le lieu dont nous souhaitons vous parler. Je vous suggère de mieux connaître l’un des médecins emblématiques qui y officient aujourd’hui : Chris-tophe Legendre, le chef du Service de transplantation rénale adultes. (cet hôpital soigne aussi les enfants comme son nom l’indique: Hôpital Necker –Enfants Malades)Christophe Legendre est un médecin néphrologue de 55 ans qui s’est sta-bilisé depuis 8 ans à Necker.Voya-geur impénitent dans son enfance de par la profession de son père dans les travaux publics (il n’y a pas de méde-cins dans la famille), puis par ses études de médecine, on peut dire qu’il a navigué un peu (sinon bourlingué : Lille, Montpellier, Montréal…Paris), lorsqu’il s’est posé à Necker en pas-sant par la réanimation médicale, il a pu obtenir un poste de PH puis de professeur en 1992. Puis de 1997 à 2004, il officiera à l’hôpital Saint Louis en tant que chef de servive avec Jea-nine Bedrossian, une des pionnières de la greffe en France.. Il reviendra à Necker en 2004 pour prendre la suc-cession d’Henri Kreis.

Beaucoup de gardes, beaucoup de travail, mais pour lui, son grand rêve sera atteint par la constitution d’une équipe (pluri-disciplinaire). Pas n’im-porte quelle équipe non, plutôt une pépinière de talents. Pour ceux qui connaissent : Frank Martinez, Eric Thervet, Marie-France Mamzer, Renaud Snanoudj, Rébecca Sberro, Dany Anglicheau, Julien Zuber, Guil-laume Canaud (un nom célèbre en Néphrologie), Alexandre Loupy et j’en passe, certains sont déjà « presque » plus connus que leur chef… C’est pourtant une spécialité intellec-tuelle compliquée, variée et très peu connue des autres spécialistes. La néphrologie à Necker a pour chef de service M. Lesavre, mais il se pour-rait qu’à terme, on réunisse néphro-logie et transplantation, il y aura alors un chef tout désigné ; entouré d’une solide équipe de néphrologues et chirurgiens urologues. On peut dire que la transplantation rénale avance à Necker (receveurs plus âgés, bi-greffes, donneurs vivants, patients à haut risque de rejet etc.). Et cela ne s’arrêtera pas là, car l’on y innove et tente d’aller un peu plus loin chaque jour, en vue de faciliter la transplan-tation rénale et transformer la vie des malades. Christophe Legendre forme son équipe et demande « toujours mieux », cela ne doit pas être tou-jours une sinécure, mais l’ambiance y est bonne, même si on manque là

aussi de lits, d’infirmières et peut-être même d’argent: pas de climati-sation par plus de 30°C à Necker. Il ne faut pas être malade en période de canicule à l’AP-HP et on dit tant de mal actuellement sur nos hôpitaux publics et leurs dépenses. Donc voilà, c’est un homme bien peu expansif M. Legendre, même si il est extrêmement positif, ce qui marque c’est sa retenue et sa discrétion. En fait, il ne parle de sa vie privée que sous la pression de la demande et confidentiellement, il avoue sa com-pagne directrice d’hôpital et ses deux filles, juristes, de 23 et 27 ans. Etran-gement, c’est vraiment quelqu’un comme vous et moi, en dehors de l’exercice de la médecine, il pra-tique juste un peu de piano et de gui-tare, aime la lecture, l’art italien, le cinéma, le ski parfois! En fait il excelle surtout dans son art - la médecine - et s’y consacre avec beaucoup d’am-bition ; mais toujours dans la discré-tion, c’est Necker qui est en haut de l’affiche et non pas Ch. Legendre. Il aurait pu (comme tous les méde-cins), moins négliger sa vie privée, mais à Necker l’esprit est centré sur le travail de groupe et on peut dire que « ça bosse », ainsi : les gardes de nuit, les week end, les astreintes, ne facilitent pas la vie familiale. Cela, fait moins de temps à consacrer à leurs enfants, le métier exige cela depuis bien longtemps, il ne faut pas être avare de ses horaires, ce qui explique peut-être aussi les salaires. Les médecins sont presque tous aty-piques et c’est pourquoi on ne fait pas assez leur portrait, ils restent cachés derrière leur blouse blanche, d’où ils sont très difficiles à débusquer. A Necker, ne cherchez pas le médecin-chef, c’est un membre du team de transplantation. Si il semble être un fin conciliateur, c’est seulement quand il y est obligé qu’il se met en scène pour montrer comment il avance. C. Legendre sou-haiterait bien, être plus proche des gens avec lesquels il travaille où qu’il côtoie, mais le temps lui manque et il doit diriger. Il nous faut mentionner son assistante multi-compétente : Madame Catherine Fournier, la vraie fenêtre sur le service, bien connue des patients en cours d’inscrip-tion sur la liste d’attente. Depuis ses débuts, elle est aux côtés de Chris-

Page 7: Revue Rein echos

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 7

portraits

tophe Legendre et ils forment un tan-dem gagnant plein d’humanité…mais discret ! Si l’on peut parler d’une équipe très resserrée, les portes sont fermées, le secret médical très sûrement explique cela, mais on étudie en équipe et lors de table-rondes les dossiers des trans-plantés. Si le professeur semble très discret sur son propre travail au sein de l’APHP, néanmoins c’est un per-sonnage médiatique (ouvrages, confé-rences, télévision). Avec le comédien Richard Berry et son don d’un rein à sa sœur Marie, la greffe avec donneur vivant avait alors pris toute son impor-tance. Depuis on voit plus souvent C. Legendre à la télévision comme porte-parole légitime de la transplantation rénale. Il est alors et comme lors de ses conférences, efficace, impassible, peu expansif, mais néanmoins juste et parfait. Tout cela ne lui monte pas à la tête une minute, il est posé, calme et très serein. Il reste à le découvrir et ce n’est pas très facile pour tous ceux qui le connaissent, il est tellement simple, apparemment non conflictuel (il posi-tive ce que les autres voit de négatif) doué certainement aussi, mais ne se découvre pas inutilement.

Alors pourquoi il semble quand même proche des patients et pour-quoi il étonne toujours les malades transplantés, je vais vous livrer un secret. Quand vous allez à Necker en consultation pour faire les examens, afin de voir si vous pouvez vous ins-crire sur la liste d’attente de greffe, Christophe Legendre vous reçoit avec sa collaboratrice, il vous écoute et même vous photographie. Et oui, car vous n’êtes pas un patient lambda, il veut en effet vous connaître, vous identifier, mais aussi s’assurer qu’il vous greffera dans de bonnes condi-tions. Un peu de chaleur humaine au passage est la bienvenue.Pour le coup de la photo il s’est ins-piré depuis longtemps de ce que faisait déjà Christian Hiesse, mais bon… cela impressionne toujours de se retrouver en vedette à l’hôpi-tal. De plus son assistante a un sou-rire radieux qui rassure. Notre pro-fesseur se laisse parfois pousser les cheveux…, un chef de service chevelu, çà décoiffe un peu ce me semble. Avec lui, pas de paternalisme ni trop de sentiments sur la table, le temps lui manque certainement, il est natu-rellement efficient. Il parle peu, il agit

beaucoup, il est donc déconcertant,; puisque une collègue me disait : der-rière ses fines lunettes d’éternel étu-diant, son regard affable perçoit au-delà de ce que voit le commun… (sic). Retenez bien son nom: son parcours ne vient juste que de commencer. Ses collaborateurs le connaissent-ils vraiment ? Je vais vous avouer que je pense que personne ne connaît vraiment Christophe Legendre, car avec sa très grande retenue, il est si proche et si loin à la fois... A le voir passer dans les couloirs de Necker, vous ne voyez pas le chef de service du style de M. Hamburger, mais son humanité reste un peu trop confiden-tielle, comme le veut la fonction. En fait, même si le mandarinat n’a plus cours dans l’hôpital, par manque de temps et d’effectifs, les médecins hospitaliers ne peuvent pas toujours recevoir les confidences des patients de plus en plus nombreux; le nombre des transplantés croît plus vite que la formation des jeunes néphrologues ; hélas !

L’important n’est-il pas qu’ils nous soignent avec de très bons résultats et qu’ils fassent avancer la recherche ? Les transplantés rénaux vont com-mencer à dépasser le nombre des dialysés, on peut dire qu’ainsi la phase terminale de l’insuffisance rénale devient plus douce, et gageons que bientôt on fera encore beau-coup mieux. L’important est bien de ralentir la maladie rénale et/ou dia-bétique et de faire progresser la recherche. Pour cela on peut faire totale confiance à l’hôpital Necker. Juste une petite anecdote finale. Un jour, me concernant, et pour cause d’un volcan Islandais perturbateur, je me suis retrouvé bloqué à Bombay (Mumbai chez les Indiens) sans avion de retour ; mais avec un manque d’anti-rejets inquiétant. A ma grande surprise au Consulat français, ils m’ont trouvé une néphrologue par-lant français et formée à Necker. Cette bouée de sauvetage dans la tourmente m’a fait penser que le monde est petit, mais que Necker y est grand. J’en suis revenu heureux de savoir qu’on trouve nos molécules salvatrices aujourd’hui où que l’on aille et que l’on peut voyager, même avec un risque aggravé de santé. \\\

Page 8: Revue Rein echos

8 /// Reins-Échos n°12 - www.rein-echos.fr

portraits

« Parce que c’était lui, parce que c’était moi » Montaigne, De l’Amitié.J’ai connu Necker à travers Chris-tophe Legendre puisqu’il était là en 1990 lors de mon premier contact avec cet établissement. Depuis cette date et jusqu’en 2010, nous n’avons pas cessé de travailler directement ensemble. Pour nous, Necker est une façon d’appréhen-der la médecine par tous les aspects humains aussi bien que scienti-fiques. Quand nous sommes par-tis pour l’Hôpital Saint Louis, Nec-ker était encore avec nous ; quand nous sommes revenus à Necker, nous avons retrouvé ce même élan qui existe à présent aussi à l’Hôpital Européen Georges Pompidou. C’est cela la leçon que j’ai retenu de Nec-ker et plus encore celle de Chris-tophe Legendre qui a toujours su être mobile comme le montre son parcours. \\\

Anne ScemlaDr, service de. Transplantation Rénale Adulte, Hôpital Necker et Université. Paris Descartes

Travailler à Necker, en tant que jeune néphrologue, c’est entrer dans un centre de légende. Pour-tant, quelques secondes suffisent pour l’oublier : ici, comme souvent en médecine, le passé se met au service du futur. Et nous rappelle la nécessité de s’instruire et d’in-nover. Christophe Legendre insuffle au jour le jour à son équipe son extrême rigueur et sa volonté de pla-cer le patient au centre des préoccu-pations. Tout en incitant chacun, de l’étudiant au professeur, à diversifier ses centres d’intérêt (scientifiques !) en toute liberté et confiance. Necker, aujourd’hui, c’est un enrichissement permanent au contact de l’autre, et un bel exemple qui s’inscrit dans la durée. \\\

Merci de ces deux Précieux téMoignages.

Ps : le rédacteur est juste un Malade rénal

transPlanté, MeMbre de la lrs qui nous a sou-

Mis ce Portrait. on l’en reMercie.

j’ai vouLu comPrendre Par des regards croisés, ce qui se Passe quand on est médecin à necker et formé Par Le Professeur Legendre, j’ai Pris Pour ceLa et au hasard : eric thervet aujourd’hui remPLaçant du Professeur jacquot à L’hegP au service de néPhro-Logie et anne scemLa qui officie toujours à necker, deux néPhroLogues choisis Parmi Les nomBreux taLents que comPte Le service de transPLantation.madame, monsieur, svP Pouvez-vous nous décrire en deux mots ce que necker vous a aPPorté dans votre Parcours ProfessionneL et ce qui vous a amené à travaiLLer à côté et dans L’équiPe du Professeur Legendre ? merci

a propos de L’esprit de necker, expLorons L’équipe du professeur Legendre

Eric Thervet MD PhD Département HYPPARC service de néphrologie (Université Paris Descartes et HEGP + Inserm UMR 5775)

Page 9: Revue Rein echos

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 9

portraits

Des images volées, en tout cas figées.Anne Franski, photographe, livre un recueil de photos qui déroutent, qui font parfois mal, qui gênent souvent. Des photos que l’on regarde, puis que l’on retourne. La maladie n’a rien de photonogénique. Bien sou-vent, les photos de malades sont pro-tégées derrière un écran d’émotion. Là, nulle échappatoire : on est atta-chés. On dirait des malades oubliés dans des coins de chambre d’hôpital, endormis et si seuls. On les regarde, mais ils sont si loin.Le peintre Christian Boltanski, frère de la photographe, écrit dans la post-face : « Si Anne peut nous montrer l’humanité de ces êtres malades,

La réalité sans filtre du monde de la dialysePar ERIC FAVEREAU c’est qu’elle ne nous les montre pas

en voyeur, elle est l’une d’entre eux. Une de ces photographies est un autoportrait, ce lieu est celui où elle va trois jours par semaine, ce tuyau, elle y est attachée pendant plusieurs heures. »Mauvais sang, c’est le titre du recueil (1). C’est-à-dire du sang qu’il faut nettoyer. « Depuis des années, je suis en dialyse, bientôt neuf ans, nous raconte-t-elle. J’ai fait ce tra-vail pendant des séances, à l’insu des personnes. Elles n’aiment pas trop qu’on les prenne en photo. J’ai fait cela avec un petit Minox. » La dia-lyse est un monde à part, fait d’habi-tudes et de silences. « L’atmosphère est très particulière. Et, surtout, il y a ce rapport que l’on entretient avec la machine. Nous sommes attachés, c’est complètement fusionnel. On est ainsi quatre heures. Et on ne bouge pas. »La dialyse se passe dans un petit centre. « Entre nous, on ne se parle pas. On se dit bonjour, voilà. Au début, on lit un peu, mais très vite, on arrête. Quand on a le courage, on regarde la télé. » Tout est très ritualisé. « Cha-cun a ses manies. On a un régime ali-mentaire très strict. On peut man-ger tout ce que l’on veut la première heure, après non. » Cela se répète trois fois par semaine. Anne Franski y va en fin de matinée. « On triche un peu, on le fait pendant trois heures et demi, mais les médecins n’ac-ceptent pas. » Il y a peu de rapports avec le médecin, qui ne vient qu’une fois par semaine. « On est dans une autodialyse médicalisée. » Certains se piquent eux-mêmes, d’autres ont recours à l’infirmière. « Moi, je fais tout. Car je préfère comprendre la machine. »Prochainement, Anne Franski pour-rait bénéficier d’une greffe de rein. En attendant, elle photographie en douce ce couple impossible d’un malade et d’une machine.

(1) Uniquement disponible en contactant franskianne@wanadoo. fr

Mon nom est Anne Franski, je suis une photographe de ce qui m’en-toure, me touche, m’interpelle et de toute surface qui reflète avec beauté la lumière. Je fais des images. Des images que l’on met au mur, qui sont des souvenirs d’un lieu, d’un visage, d’une matière….

Etant moi-même dialysée, mon tra-vail sur la dialyse a été publié pour la première fois dans la revue Rein Echos, la revue très complète sur les problèmes de rein, distribuée gra-tuitement deux fois par an et dirigée par Michel Raoult. Ces photos ont été réalisées avec un minox (appareil argentique et très discret). Cet appa-reil m’a permis de faire des photos à l’improviste, de façon à ne pas gêner les autres patients.

Actuellement je fais un travail sur les chorales, intitulé «Voices». Ce qui paraît surprenant avec un tel nom, c’est que par définition, la photo n’ a pas de son! Ces chorales excel-lentes sont «offertes» au public, dans diverses églises.

Etre photographe est quelque chose de très compliqué à assumer. Vous êtes devant des beautés inimagi-nables et sans cesse , vous représen-tez la mort. Toute photo prise est une fin, au mieux une collection.

Mes «images» comme les «vitrines de Paris»; mes compositions sur les sculptures hyperréalistes De Andrea; Famille; Les roms; ont été expo-sées au Centre Culturel du Caire, à Cahors, au journal «Libération», L’Etudiant, Vis à Vis International, au festival à Braga et Télérama.Deux livres : «Emotions et Senti-ments» de P.Deveyle et G.Labes, imagier avec le concours des enfants des écoles et crèche de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), aux Editions du Papyrus.Enfin, la couverture du livre «Quatre essais sur le langage» de Jean-Elie Boltanski, Editions l’Harmattan. \\\

Anne Franski.

Portrait aNNe�FraNski�Dialysée

elle illustre l’enseMble de Cette revue rein éChos MerCi anne pour toutes les photos fournies pour Ce nuMéro

Page 10: Revue Rein echos

10 /// Reins-Échos n°12 - www.rein-echos.fr

portraits

La greffe. Pour la plupart d’entre nous, ce mot signifie assez peu de chose finalement. Une lourde opé-ration chirurgicale, pour le malade comme pour les chirurgiens. Un don généreux pour la vie.Mais après ? Combien d’entre nous réalisent quel parcours du combat-tant attend le nouveau greffé, à pré-sent lancé dans une reconquête de sa vie sociale, professionnelle et psy-chologique.

Le constat est désormais dressé par les greffés, le personnel médi-cal, les associations, d’un manque d’information relative aux bienfaits de la pratique physique et sportive, lors des consultations post-greffe notamment.Or, au cours de la maladie chronique, un entraînement physique est sou-vent l’allié précieux de la médecine pour prévenir, retarder ou amélio-rer les problèmes ostéo-articulaires, cardio-vasculaires, respiratoires, neurologiques et musculo-tendineux.Mais trop peu de moyens y sont aujourd’hui consacrés en unités de transplantation, et cet aspect n’est que rarement prévu au sein des pro-tocoles de suivi post-greffe; Il n’existe que peu ou pas d’information auprès des patients, pas de prescription d’exercices physiques ou d’entretien gymnique « dès le lit d’hôpital ».

Olivier COUSTERE Transplanté Rénal

Pourtant c’est prouvé, l’exercice phy-sique est une véritable thérapie auxi-liaire pour le greffé, qui se réappro-prie ainsi son corps après la greffe. Les vertus de l’activité physique sont multiples et connues.La pratique sportive est un jeu, une façon de se dépasser, de réapprendre à se connaître et un formidable outil pour dépasser ses limites, ou pour simplement un reconditionnement physique plus rapide et de qualité. Face à tant d’opportunités qu’offre le reconditionnement, la réadapta-tion à l’effort, voire la pratique d’une activité physique régulière et auto-nome, pourquoi tant de freins en consultation?Les praticiens de transplantation tous organes doivent être mieux informés afin de favoriser leur passage à l’acte de la prescription d’une réadaptation à l’effort ou d’une activité physique et sportive. Il s’agit également de sensibiliser les éducateurs (sportifs) aux spécificités mais aussi aux normalités de la pra-tique sportive des greffés, pour ras-surer ces éducateurs et pour facili-ter l’intégration des greffés au sein de structures sportives dites « nor-males ». Les transplantés d’organes, compte tenu du succès de cette thé-rapie, aspirent même aujourd’hui à intégrer les structures sportives tra-ditionnelles. Or, du fait d’un certain

Portait olivier Coustère

transplanté rénal (82, 94, 06)trans-forMe, direCteur-fondateur (www.trans-forMe.org)world transplant gaMes federation, président (www.wtgf.org)

nombre de « réticences » rencon-trées, ou à une inquiétude de prin-cipe, généralement fondée sur une certaine ignorance, les sportifs trans-plantés et dialysés ont à ce jour un accès difficile aux clubs sportifs tra-ditionnels. Le droit au sport « nor-mal » ne devrait pas être laissé à la libre appréciation aléatoire de tel ou tel éducateur. La pratique d’une activité physique – tenant compte des spécificités indivi-duelles – est un premier pas sur le long chemin de la réappropriation d’une vie normale. Olivier Coustere, greffé du rein.« Je vis depuis l’âge de vingt ans avec le rein d’un autre. J’ai subi trois greffes, trois donneurs donc. Inutile de préci-ser qu’à 47 ans, je sais ce que je dois à la générosité humaine! Recevoir un rein a changé radicalement ma vie. Aujourd’hui, je suis dans l’urgence de respecter cet organe, d’honorer ce bien qu’on m’a confié. J’ai toujours une pen-sée pour mon frère bien sûr (la pre-mière greffe) et ces 2 familles endeuil-lées qui a choisi de donner, au moment du choc de la perte d’un proche. Cette gratitude me confère certainement la volonté et de la force qui me permettent de militer et de m’investir à côté de mon métier de chef d’entreprise. Je passe beaucoup de temps à m’occu-per de l’association «Trans-Forme» que j’ai fondée il y a 20 ans et à présider la World Transplant Games Federation qui rassemble 70 pays et organise les Jeux Mondiaux des Transplantés. C’est un très bel engagement. Il me permet d’honorer le don et de rendre un peu de ce que je dois aux autres. Il me permet de témoigner aussi de la force humble que confère la chance de survivre grâce à la générosité des autres. Dans un contexte quotidien propice à la déses-pérance, nous avons, nous transplan-tés, bénéficié d’une nouvelle chance de vivre, grâce à la compétence et à l’in-croyable générosité d’autres hommes. Il nous appartient, plus qu’à quiconque, de clamer que la compréhension entre les hommes, sauve des vies et nour-rit l’émotion d’être en vie : nous avons cette magnifique responsabilité ! ». \\\

Page 11: Revue Rein echos

diabète

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 11

Qu’est-ce que le diabète ?Le diabète est une maladie chronique, c’est-à-dire qui dure dans le temps, définie par un excès de sucre (le glu-cose) dans le sang. Le glucose est un carburant essentiel pour les organes, qui provient directement de l’alimen-tation pour partie, mais est également produit par le foie et dans une moindre mesure par le rein et l’intestin, en par-ticulier si l’on est à jeun depuis long-temps. Le niveau de glucose dans le sang (glycémie) est réglé finement au-tour de 1 gramme par litre, équilibre subtil entre la consommation par les organes (pour son utilisation immé-diate ou son stockage, par exemple sous forme de graisse), l’alimentation et la production interne. En fonction des besoins, le pancréas produit de l’insuline, chef d’orchestre de cette régulation : l’insuline ordonne aux or-ganes de capter le glucose qui passe dans le sang, et freine la production interne. Il y a normalement très peu de variation de la quantité de glucose par litre de sang, et tout dérèglement est dommageable pour l’organisme. Si le glucose vient à manquer, en dessous de 0,7 gramme par litre, ce qui arrive rarement spontanément mais peut-être le cas si les médica-ments d’un diabétique sont mal dosés par exemple, on parle de malaise hypoglycémique. Si le glucose est en excès (officiellement au delà de 1,26 gramme par litre à plusieurs reprises à jeun), un diabète est diagnostiqué. Cet excès de glucose, au long cours, est toxique.

Que désigne-t-on par «diabète équilibré» ?La plupart des diabètes sont per-manents, on ne peut pas en guérir définitivement. Cependant plusieurs interventions sont possibles de façon à tendre le plus possible vers un ni-veau normal du taux de glucose dans

le sang, à tout moment de la journée : le diabète n’a pas alors disparu (si ces interventions étaient abandonnées, le niveau de glucose remontrait vers des valeurs anormales), mais il est contrôlé. Bien que le diabète soit là, il n’y a pas de toxicité, et il n’y aura pas d’autres conséquences que la néces-sité de maintenir les interventions mises en place et de les adapter au cours du temps. Cependant, si le dia-bète a été mal équilibré (avec des taux de glucose fréquemment élevés et variant beaucoup) pendant les années antérieures, des conséquences sont peut-être déjà patentes : des examens des yeux, du coeur, des reins sont né-cessaires pour le savoir et s’en occu-per en plus d’équilibrer le diabète, ce qui seul ne serait pas suffisant pour effacer les conséquences déjà pré-sentes.

Pourquoi parle-t-on de diffé-rents types de diabète ?Le diabète correspond toujours à un taux de glucose excessif dans le sang ; comme c’est l’insuline qui règle ce taux, on comprend que dans tout dia-bète, il y a un problème avec l’insuline que le corps produit.Diabète de type 1 (5 à 10% des dia-bètes) : Cette forme est plus fré-

Diabèteet iNsUFFisaNCe reNale

Près d’un tiers des diaBétiques sont exPosés au risque de comPLication rénaLe

rONaN�rOUssel*�� *iNserm, U-872, Paris, France; †Université Paris 7, Paris, France; ‡ aP-HP, Hôpital Bichat, Paris, France and Université Paris diderot, Paris, France; § diabetology, Poitiers, France;

Pr ronan roussel, Départment de Diabétologie, endocrinologie et nutrition, Hôpital Bichat, 46 rue Henri Huchard, 75018 Paris, France.

quente chez les enfants et les adultes jeunes, mais elle peut en fait survenir à tout âge. Elle est la conséquence d’une destruction des cellules du pan-créas qui fabriquent de l’insuline, et qui sont seules capables de le faire dans l’organisme. Elles ne forment qu’une petite partie du pancréas : toutes rassemblées, elles ne rem-pliraient pas un dé à coudre. Dans cette maladie, elles sont attaquées par les globules blancs du corps qui se trompent de cible : normalement

Page 12: Revue Rein echos

12 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

diabète

milliers de petits filtres qui les consti-tuent vont être modifiés, perdant de leur sélectivité. Les urines vont anor-malement contenir du glucose, mais aussi de l’albumine, un composant du sang qui devrait y être retenu par les reins et être absent des urines. Au fil du temps, ces micro-filtres, les néph-rons, vont s’obstruer, et le rein perdre sa fonction progressivement.

Qu’est-ce que l’insuffisance ré-nale ?En fait, les reins assurent plusieurs fonctions, qui vont toutes se dégra-der simultanément. Ils filtrent hors du sang les composants qui sont des déchets et vont être ainsi éliminés dans les urines, ils retiennent l’eau et le sel nécessaires, ni plus, ni moins, participent à maintenir la pression ar-térielle à un bon niveau, mais ils pro-duisent aussi des facteurs nécessaires à la bonne santé des os et à la fabrica-tion de globules rouges (l’érythropoïé-tine). C’est sur la capacité de filtration que l’on juge de la sévérité de la dé-gradation de la fonction des reins. Il y a plusieurs techniques pour estimer ou mesurer la filtration ; la plus simple et fréquemment utilisée repose sur le dosage de la créatinine dans le sang, un déchet dont le taux traduit à quel point l’élimination par les reins est al-térée. D’après son taux, on calcule le Débit de Filtration Glomérulaire (DFG, ou simplement filtration). Selon le ré-sultat, on parle d’insuffisance rénale légère, modérée, sévère, ou termi-nale (les stades sont détaillés dans le tableau). Il faut assister les reins dans leur fonction de filtration par la dialyse (hémodialyse, dialyse péritonéale) ou par une transplantation rénale quand la filtration s’abaisse trop en dessous de 30 ; le seuil précis dépend en fait de chaque personne.

Qui est à risque d’atteinte rénale dans le diabète ?Toutes les personnes diabétiques ne sont pas vulnérables au niveau rénal, environ 1/3 sont concernées. Quelques

éléments d’orientation sont connus : un âge plus élevé, le sexe masculin, une hypertension artérielle, surtout si elle est ancienne, le tabac, un dia-bète mal contrôlé de nombreuses années, et des antécédents familiaux de maladies rénales chroniques car le patrimoine génétique joue un rôle. Ce-pendant, il n’est pas encore possible de savoir à l’avance précisément si un individu donné est à risque ou non.

Peut-on prévenir l’atteinte réna-le dans le diabète ?Même si un individu est à risque, l’at-teinte rénale n’est pas une fatalité. La grande majorité des diabétiques reste indemne de ses formes sévères. Les facteurs sur lesquels on peut agir sont le bon contrôle du diabète et au moins autant de la pression artérielle. Pour ce faire, il faut en parler avec son médecin, contrôler le taux de sucre régulièrement notamment en mesu-rant l’hémoglobine glyquée (HbA1c) au laboratoire et sa glycémie au domi-cile, mais aussi le niveau de la pres-sion artérielle (des appareils simples d’utilisation pour une auto-mesure au domicile sont disponibles) selon ses recommandations, qui ne sont pas identiques pour tous les diabétiques. L’arrêt du tabac protège aussi les reins. Pour éviter les formes sévères, il faut se donner les moyens de dépis-ter une forme légère qui pourrait évo-luer : cela repose sur des analyses urinaires annuelles.

Comment le diabète abîme-t-il le rein ?Le rein est composé d’une multitude de vaisseaux sanguins de très fin ca-libre qui ont un trajet long et complexe ; celui-ci débute par la formation de l’urine primitive par filtration, puis des échanges précis vont se faire entre le sang et cette urine primitive tout au long de ce trajet avant que d’une part le sang ne rejoignent les veines rénales puis la circulation, épuré, et que d’autre part l’urine s’écoule vers la vessie. Ces vaisseaux au sein du

faits pour nous défendre contre les virus ou les bactéries, ils prennent par erreur les cellules à insuline pour des corps étrangers à l’organisme et déclenchent contre elles les défenses immunitaires (c’est une maladie auto-immune). Sans insuline, le taux de sucre monte tout seul : les organes ne savent pas qu’il faut capter le glucose du sang, et la production de glucose, non freinée, s’emballe. Sans insuline, l’organisme s’épuiserait jusqu’au dé-cès en quelques jours, et le traitement consiste à en apporter pour substituer cette carence absolue.

Diabète de type 2 (plus de 90% des diabètes, près de 3 millions de per-sonnes en France) : Deux facteurs se conjuguent : les cellules à insuline du pancréas ne sont pas détruites mais elles fonctionnent mal, et ne produisent pas toute l’insuline qu’il faudrait au bon moment. De plus, l’insuline, même produite, est moins efficace : les organes captent moins de glucose et la production interne est moins bien freinée, pour une même quantité d’insuline présente. On ne connaît pas tous les facteurs qui ainsi pénalisent la production d’insuline et la réponse de l’organisme, mais certains sont bien établis : une faible activité physique, un surpoids ou une obésité, surtout si l’excès de graisses concerne l’abdomen plus que les jambes ou les fesses, et d’autres cas dans la famille. Lutter contre ces facteurs, quand c’est possible, est la base du traitement. Souvent des médicaments qui stimulent la pro-duction d’insuline ou améliorent son action sur les organes sont utiles. Ils sont souvent combinés à de l’insuline comme dans le diabète de type 1, pour suppléer à la production insuffisante dans le pancréas.

Quelles sont les conséquences physiques du diabète, en parti-culier pour le rein ?L’excès de diabète, ou hyperglycémie, exerce une toxicité progressive dans tout le corps. Cependant, certains organes la tolèrent très bien, alors que d’autres y sont vulnérables, avec une grande variabilité d’un individu à l’autre. Il s’agit en particulier des yeux, du cœur et des artères, des nerfs, surtout ceux qui assurent la bonne sensibilité des pieds, et des reins. Les

Page 13: Revue Rein echos

diabète

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 13

rein souffrent de l’hyperglycémie qui altère leurs capacités d’adaptation et de régulation de ces échanges. L’hyperglycémie peut même modifier localement le calibre des vaisseaux sanguins dans le rein, ce qui a pour conséquence une sorte de vieillis-sement prématuré. L’hypertension artérielle éventuelle entraînera des dégâts similaires, et la combinaison de l’hypertension et du diabète accé-lère ces processus.Par ailleurs le diabète augmente le risque de mauvais fonctionnement de la vessie et d’infections urinaires, qui constituent un péril indépendant pour les reins.

Comment savoir si l’on est con-cerné par l’atteinte rénale du diabète ?On ne ressent rien, ni douleur, ni fa-tigue ou autre symptôme, jusqu’à des stades avancés. Il est donc impératif de se fier à un signe plus discret : la présence de quantités faibles d’albu-mine dans les urines. Cela se dépiste par une simple analyse d’urines (re-cherche d’une microalbuminurie, sur un échantillon recueilli au laboratoire en général). Il est recommandé de le faire une fois par an, tant qu’aucune atteinte n’a été détectée (rappelons que la majorité des patients ne feront jamais d’atteinte rénale diabétique).

Que faire pour éviter l’aggravation de l’atteinte réna-le, si elle est présente ?Initialement, un état des lieux est ef-fectué : cette évaluation globale des reins comprend à nouveau la mesure de l’albumine urinaire, de la capacité de filtration des reins (avec la créati-ninémie et le Débit de Filtration Glo-mérulaire) afin de juger du stade de l’atteinte. Parfois, une biopsie rénale est nécessaire, il s’agit d’un prélève-ment de petite taille du tissu du rein, le plus souvent par ponction d’un rein sous anesthésie lors d’un court séjour hospitalier, pour analyse au micros-cope. Dans le cas d’une atteinte pure-ment diabétique, les efforts décrits ci-dessus pour la prévention sont aussi efficaces pour éviter que l’atteinte ne devienne plus sévère : - contrôle de la pression artérielle avant tout (l’objectif de 13/8, c’est-à-dire 13 cm de mercure pour la pres-sion systolique, 8 pour la pression

diastolique, est habituel mais peut être individualisé) ; certaines classes de médicaments sont privilégiées (bloqueurs du système rénine-angio-tensine, mais aussi diurétiques pour éliminer un excès d’eau et de sel), mais le plus souvent il faut combiner plusieurs traitements pour atteindre la pleine protection- équilibre glycémique, avec en géné-ral un objectif d’HbA1c inférieur à 7%, ce qui correspond à une glycémie moyenne sur toute la journée, inté-grant les valeurs avant ou après les repas, de 1,5 gramme par litre.- arrêt du tabac- les recommandations diététiques sont utiles, pour tenir compte du dia-bète tout en évitant de trop solliciter les reins avec un excès de protéines- limiter les infections urinaires grâce notamment à une hygiène intime ri-goureuse, et si elles surviennent les signaler rapidement à son médecin pour les traiter- éviter les situations à risque pour les reins : la déshydratation, les examens comme les scanners, et certains mé-dicaments comme les anti-inflamma-toires non-stéroïdiens (ils sont pres-crits contre certains rhumatismes, des tendinites, des douleurs diverses) qui ne doivent jamais être pris sans avis de votre médecin

Le diabète et l’insuffisance rénale : une « association de malfaiteurs» pour les maladies cardiovasculairesLe diabète est un facteur de risque cardiovasculaire, c’est-à-dire que les artères souffrent de l’excès de sucre et vieillissent prématurément. En conséquence, le risque d’avoir un accident vasculaire cérébral ou un infarctus du myocarde est augmenté, doublé environ par rapport à un non diabétique. Le tabac est un autre fac-teur de risque, et ses effets néfastes se conjuguent à ceux du diabète. Mal-heureusement, les diabétiques qui ont un fonction rénale diminuée font face aussi souvent à deux autres facteurs de risque : une hypertension artérielle, et un excès de cholestérol (une forme de graisse) dans le sang. La protection des artères rejoint finalement pour beaucoup celle des reins : atteindre les objectifs de bon contrôle du taux de sucre et de la pression artérielle fera d’une pierre deux coups. De plus, la plupart des diabétiques vont tirer

un bénéfice considérable de protec-tion d’une famille de médicaments anti-cholestérol, les statines. C’est sans doute la classe de médicaments la mieux étudiée dans l’histoire de la médecine, leur bénéfice est très bien démontré, à tel point que leur décou-verte a valu à deux médecins améri-cains un prix Nobel ! Ils permettent le plus souvent de ramener le LDL-cho-lestérol (le «mauvais» cholestérol) en dessous de 1 gramme par litre, voire 0,7 gramme par litre, des objectifs ambitieux mais souvent accessibles et qui confèrent le meilleur bénéfice. Une controverse sur l’intérêt de bais-ser le «mauvais» cholestérol lorsque l’atteinte rénale était très sévère a pris fin récemment avec la publication d’une vaste étude le confirmant.

Si l’insuffisance rénale survient pour une autre raison que le dia-bète, peut-il survenir ultérieure-ment ?Souffrir d’une maladie rénale ne pro-tège bien sûr pas contre le diabète, qui peut se développer ultérieurement. les objectifs rigoureux de sa prise en charge rejoignent alors ceux décrits ci-dessus. Une situation particulière est celle où la survenue d’un diabète est favorisée par certains médica-ments utilisés pour traiter la maladie rénale, en particulier les corticoïdes. Ce risque n’est pas systématique, mais justifie une vigilance dans le contrôle de la glycémie quand un tel traitement est introduit ou modifié. Certains médicaments utilisés chez les greffés rénaux augmentent aussi le risque de diabète et leur utilisation justifie une vigilance similaire.

Quelle alimentation quand il y a à la fois un diabète et une in-suffisance rénale ?Les recommandations combinées pour ces deux maladies peuvent être jugées complexes et justifient de se faire aider par un nutritionniste ou un diététicien. Voici quelques règles, qui sont à individualiser :- une consommation importante de protéines est à éviter- une consommation plutôt pauvre en sel est recommandée- il n’y a pas d’aliment interdit aux dia-bétiques, mais les quantités de sucre que l’organisme, aidé éventuellement par les médicaments dont l’insuline,

Page 14: Revue Rein echos

14 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

diabète

peut gérer sont limitées. Toutefois, chez les diabétiques comme chez tout individu, le sucre est nécessaire à l’organisme. Aussi, les aliments qui contiennent des glucides doivent faire partie de l’alimentation, mais leurs quantités quotidiennes tiendront compte de leur indice glycémique, c’est-à-dire de leur pouvoir de faire monter la glycémie (on parlait aupara-vant de sucres lents et rapides).

Les médicaments du diabète chez l’insuffisant rénalLe traitement du diabète repose sur les considérations diététiques évo-quées ci-dessus, et sur l’exercice phy-sique quotidien Le plus est souvent le mieux, dans la mesure du possible : une demi-heure de marche à rythme soutenu, éventuellement répétée matin et après-midi, sera bénéfique à de multiples titres. Lorsque cela est insuffisant, des médicaments sont nécessaires. Les traitements oraux sont souvent d’usage restreint quand la fonction rénale est profondément altérée. Ainsi la metformine (STAGID, GLUCO-PHAGE, et de nombreux génériques) est la base du traitement médicamen-teux, faisant baisser le taux de sucre, sans donner pour autant d’hypoglycé-mies et sans faire prendre de poids. Malheureusement, il faut réduire sa posologie, voire l’interrompre quand la fonction rénale décroît. Les trai-tements qui font produire de l’insu-line par le pancréas du patient qui en fabrique encore (dans le diabète de type 2) sont utiles également. Les plus anciens ont fait leur preuve, mais sont parfois associés avec un risque de malaise par hypoglycémie. Les hypoglycémies sont plus fréquentes si le repas est manqué ou réduit, si une activité physique exceptionnelle a eu lieu, par exemple, et il n’est pas toujours possible de l’anticiper. On préfèrera souvent des traitements de ce type qui sont éliminés assez rapidement, pour limiter la sévérité ou la durée des malaises éventuels. Cela rend utile de remettre en cause le traitement que l’on a depuis long-temps, car il n’est peut-être plus aussi sûr, et justifie une discussion à ce pro-pos avec son médecin. De nouveaux médicaments qui aident le pancréas à produire de l’insuline seront bientôt disponibles avec des dosages auto-

risés en cas d’insuffisance rénale, et avec un profil de sécurité qui semble favorable, puisqu’ils ne donnent pas d’hypoglycémies. Là aussi, la perti-nence d’adopter ces nouveautés sera à discuter. Il existe une dernière caté-gorie de traitement oral, qui se prend à chaque repas et bloque, ou tout au mois retarde, la digestion des sucres alimentaires, ce qui baisse le taux de sucre dans le sang après le repas. Malheureusement, on dispose de peu de données en cas d’insuffisance rénale. Lorsque ces traitements sont contre-indiqués ou insuffisants, ou lorsque l’insuline n’est plus produite par l’organisme, il est nécessaire de lui en apporter. Comme les comprimés d’insuline ne sont pas disponibles (elle serait dégradée dans l’estomac et sans effet), il faut en déposer une goutte sous la peau au moyen d’une aiguille très fine, de façon complè-tement indolore, pour qu’elle passe dans le sang et soit efficace. Il en existe de plusieurs types, selon que l’on attend d’elle qu’elle agisse dou-cement sur la journée et sur la nuit (même lorsque l’on ne mange pas, notre corps a besoin d’un fond d’in-suline, sinon il est déréglé et fabrique tout seul des quantités extrava-gantes de glucose), ou qu’elle agisse rapidement, au moment des repas. Il existe des formes pré-mélangées d’insuline lente et d’insuline rapide, que l’on peut préférer par commo-dité. Dans tous les cas, la dose admi-nistrée, par le patient lui-même ou parfois par une infirmière qui passe à son domicile, dépend des valeurs de glycémie qu’il aura contrôlées dans la journée, à une fréquence définie avec son médecin. C’est aussi à deux, en accord, que le patient et son mé-decin choisisse la ou les insuline(s) qui seront utiles dans un cas donné. L’insuline a un seul effet, celui de faire baisser le sucre ; un effet se-condaire important, si l’on exagère sur la dose, est donc une possible hypoglycémie. Là aussi, ce sont les contrôles de la glycémie qui met-tront à l’abri de ce risque. Tout ceci est un apprentissage accessible à la plupart, mais il ne s’improvise pas, et des stages en consultation ou lors de brèves hospitalisations permettent d’acquérir les compétences pour se soigner soi-même.

Diabète, insuffisance rénale et grossesseIl était jadis formellement décon-seillé d’entreprendre une grossesse à une femme qui avait un diabète et une atteinte rénale associée, en rai-son des risques pour elle même et pour l’enfant à naitre. Aujourd’hui encore cette situation comprend des risques certains, mais qui ne sont plus systématiquement jugés rédhi-bitoires. ils doivent être discutés avec l’équipe soignante pour prendre une décision éclairée. Le point essentiel est qu’une grossesse éventuelle doit être anticipée, planifiée, et qu’aupa-ravant une contraception efficace est impérative pour les femmes en âge de procréer.

En résumé, les points essentiels- Près d’un tiers des diabétiques sont exposés au risque de complication rénale- Cette complication est due à une atteinte des petits vaisseaux traver-sant le rein, et par lesquels s’opère la filtration des déchets de l’organisme- Cette complication est sans symp-tôme, douleur, etc... On ne peut donc pas attendre un problème avant de la dépister.- Le dépistage précoce de l’atteinte rénale se fait par la recherche d’une présence en faible quantité d’albu-mine dans les urines (microalbuminu-rie) une fois par an- Le suivi de l’atteinte rénale nécessite aussi la mesure de l’albumine uri-naire, mais aussi de la filtration via le dosage de la créatininémie- La mesure de la pression artérielle et le traitement éventuel d’une hyper-tension, comme le traitement du dia-bète, est un pilier de la protection des reins au cours du diabète- D’autres mesures sont utiles, comme la lutte contre les infections urinaires, éviter les anti-inflamma-toires, etc.- Le traitement du diabète, quand le rein a souffert, repose toujours sur des règles diététiques qui tiennent compte aussi des impératifs propres à la maladie rénale ; ces règles dié-tétiques s’associent à une activité physique régulière, à des traitements oraux qui sont à adapter quand la fonction des reins est diminuée, et à l’insuline, toujours autorisée. \\\

Page 15: Revue Rein echos

diabète

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 15

d’infections opportunistes et de rejet aigu (pancréas).Ans le diabète de type 2, la greffe rénale seule est proposée s’il n’y a pas de contre-indications, essentielle-ment d’origine cardio-vasculaire.

2 – Préparation du patient à la dialyseVers 30 ml/mn de clairance (MDRD – XXXX), on procède à l’information du patient et de sa famille proche.Explication des différents modes de suppléance, rencontre avec l’équipe soignante et d’autres patients dialysés ou transplantés.Ensuite, on cherche le mode de traite-ment le plus approprié : dialyse péri-tonéale, hémodialyse, transplantation, en fonction des désirs du patient et des possibilités par rapport aux contre-indications éventuelles, de l’autono-mie du patient, de la qualité de vie, de l’environnement.Il ne faudra pas oublier la complémen-tarité des techniques dans le temps : dialyse péritonéale, transplantation, hémodialyse par exemple.La décision de mise en route de la dia-lyse, ne doit pas reposer sur la sur-venue des signes cliniques d’urémie, mais sur des critères biologiques, car le risque d’aggravation des co-morbi-

DOcteUr�richarD�reaDedirecteur GénéralClinique NéphrologiqueNephroCare maubeuge

GénéralitésLa fréquence des patients atteints de néphropathie diabétique est d’envi-ron 22 %, c’est-à-dire la deuxième cause d’arrivée en dialyse, alors que la première cause est en rapport avec les néphropathies vasculaires dont essentiellement l’hypertension arté-rielle avec 23 % des cas.La troisième cause, avec 12 %, est due aux glomérulonéphrites chroniques, la polykystose rénale arrivant en qua-trième position avec 6 % des cas.Parmi les nouveaux dialysés, les dia-bétiques représentant 41 % (8 % de type 1 et 92 % de type 2).Il existe une augmentation régu-lière de l’incidence des insuffisances rénales terminales liées au diabète.L’association diabète et dialyse pose de nombreux problèmes particuliers, bien qu’avec l’évolution des tech-niques de dialyse, la transplantation et l’amélioration constante des trai-tements cardio-vasculaires, on peut noter une bien meilleure prise en charge sur les vingt dernières années.En 1960, le diabète était une contre-indication à la prise en charge en dia-lyse chronique, en 1970 la mortalité du patient diabétique en dialyse atteignait 78 % à un an, en 2000 aux Etats-Unis la survie à 10 ans était de 11 % pour les diabétiques et de 20 % pour les non-diabétiques en hémodialyse.En général, les patients diabétiques arrivent en dialyse avec plus de co-morbidités que les non-diabétiques : 36 % de coronaropathie contre 26 %, 34 % d’artérite des membres infé-

Parmi Les nouveaux diaLysés, Les diaBétiques rePrésentant 41 % (8 % de tyPe 1 et 92 % de tyPe 2). iL existe une augmentation réguLière de L’incidence des insuffisances rénaLes terminaLes Liées au diaBète.

Diabèteet iNsUFFisaNCe reNale termiNale

rieurs contre 22 %, 35 % d’insuffisance cardiaque contre 28 %.Les handicaps sont beaucoup plus fré-quents avec 78 % des patients ampu-tés et 80 % des troubles graves de la vue.

La prise en charge au stade d’insuffisance rénale terminale1 – La transplantation rénaleIl faut bien retenir que la meilleure solution est la transplantation rénale car la morbi-mortalité chez le sujet diabétique est moindre que chez le dialysé diabétique.Dans le cadre du diabète de type 1, le traitement idéal est la double trans-plantation rein-pancréas.Il faudra évoquer la greffe rénale iso-lée dès 30 ml/mn de clairance de la créatinine, pour une préparation soi-gneuse et éventuellement une greffe préemptive (rein cadavérique ou don-neur vivant apparenté).On peut proposer cette greffe lorsque l’état général est bon avec une espé-rance de vie supérieure à cinq ans, le patient est volontaire après avoir reçu des informations détaillées, qu’il n’y a pas de contre-indications aux trai-tements immuno-suppresseurs et lorsque le risque opératoire est faible.Dans le diabète de type 1, on pro-pose la greffe simultanée du pancréas si l’âge est inférieur à 50 ans, s’il n’y a pas de complications générales et cardio-vasculaires sévères.La morbidité post-greffe est plus lourde en cas de greffe combinée, avec des complications urologiques,

Page 16: Revue Rein echos

16 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

diabète

dités et de dénutrition risque de grevé le pronostic ultérieur du patient.Lorsque le patient atteindra des clai-rance de l’ordre de 15 ml/mn, il sera préparé psychologiquement, aura une fistule artério-veineuse ou un cathéter de dialyse péritonéale fonctionnels, sera vacciné contre le virus de l’hépa-tite B et protégé.

3 – Contrôle de l’équilibre glycémiquePour le diabétique de type 1, on utili-sera des insulines rapides (analogues) et des intermédiaires en évitant les lentes qui augmentent le risque d’hy-poglycémies.Pour le diabétique de type 2 attention aux anti-diabétiques oraux : pas de Metformine (acidose lactique), sulfa-mides hypoglycémiants avec précau-tion, pas de médicaments retard ou de longue durée, glinides, glipizide, uni-quement (hypoglycémies néanmoins toujours possibles).Les inhibiteurs de alpha-glucosidase sont permis, certains inhibiteurs de la DPP4 sont possibles en dialyse (AMM), il n’y a pas de recul suffisant avec les incrétino-mimétiques.Après la prise en charge en dialyse, l’amélioration de l’appétit entraîne une majoration des besoins en insu-line, qui avait souvent due être assez fortement diminuée en insuffisance rénale pré-terminale.Lors des séances d’hémodialyse, on pratiquera un suivi régulier des glycé-mies capillaires avec supplémentation en insuline rapide que si les glycémies sont supérieures à 3 g/l, car le bain de dialyse est à 1 g/l et tend à normaliser la glycémie en cours de séance.En dialyse péritonéale, en fonction des techniques (DPCA ou DPA) et des pro-duits utilisés (glucose ou Icodextine), la prise en charge insulinique sera dif-férente. Enfin, il n’est pas conseillé de faire l’insuline dans les poches en raison du sur-risuqe infectieux que cela comporte. La surveillance de l’équilibre diabétique se fera par les contrôles de glycémies capillaires, l’hémoglobine glyquée, parfois la fruc-tosamine et le bilan lipidique.

4 – Contrôle de la pression artérielle n artérielle est l’élément majeur de la morbi-mortalité cardio-vascu-laire chez le patient dialysé et encore plus chez le patient diabétique, il fau-dra donc veiller à un équilibre le plus

strict possible, ce qui est rendu diffi-cile plus particulièrement en hémo-dialyse avec les variations brutales de l’équilibre hydro-sodé qui en résulte, ceci associé à une part de dysautono-mie possible aggravant le risque d’hy-potension orthostatique et de chute tensionnelle au cours des séances de dialyse. La prescription de monitoring ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) devra être large afin de bien déterminer la charge tensionnelle sur 24 heures, l’influence du stress juste avant et pendant les séances de dialyse et les hypotensions après les séances, afin d’adapter le traite-ment au mieux et de définir le poids de base (poids « sec ») du patient le plus précisément possible (l’hyperhy-dratation tendant à entraîner une HTA nocturne), en s’aidant au besoin de marqueurs biologiques (BNP) ou phy-siques (impédancemétrie).La cible tensionnelle doit être de l’ordre de 135/85 d’après les études HOT, CAPP, MDRD), voire de 125/75 pour le JNC VI, ces chiffres tension-nels difficiles à atteindre pourront bénéficier de l’auto-mesure.Si le contrôle des chiffres tensionnels pourra être plus lache après 80 ans, on devra se méfier des hypertensions systoliques qui sont de mauvais pro-nostic chez les sujets âgés. Le reten-tissement d’une éventuelle HTA devra être évalué régulièrement par la réali-sation d’ECG, radiographie de thorax, échocardiographie, fond d’oeil.

5 – Stratégie thérapeutique en cas d’hypertension artérielleLes points fondamentaux sont la détermination la plus exacte possible du poids de base du patient et la durée de dialyse, les patients en séances lon-gues (supérieures à 4 heures) néces-sitant moins d’anti-hypertenseurs.

On choisira en premier lieux les diuré-tiques et les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ou les antagonistes de l’angiotensine 2 (AA2), les inhibi-teurs de la rénine n’étant pas encore validés en dialyse.Les B bloquants seront indispen-sables chez les patients porteur de maladie cardio-vasculaire (infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque, AVC). Ensuite, en deuxième ligne ou en cas d’intolérance ou de contre-indica-tions aux thérapeutiques recomman-dées, on pourra prescrire des cal-cium-bloqueurs, des centraux ou des alpha-bloquants.

6 – Gestion des risques cardio-vascu-lairesL’importance des risques cardio-vas-culaires chez les patients diabétiques insuffisants rénaux et a fortiori en dia-lyse nécessite un suivi précis.Dans le cadre de cette prise en charge, et d’autant plus si on envisage une transplantation, il sera nécessaire de rechercher systématiquement une pathologie vasculaire (atteinte coro-naire, artérite des membres infé-rieurs, athérome carotidien).Dans ce cadre, l’angiocoronarogra-phie reste le « Gold Standard » du diagnostic des lésions coronaires à réaliser en cas de doute après la réalisation des examens non inva-sifs (ECG, échocardiographie stan-dard ou de stresse, épreuve d’effort, tomoscintigraphie au Thallium 210). L’arrêt du tabagisme sera impératif, de même que la lutte contre la sur-charge pondérale et il faudra dans la mesure du possible proposer un exercice physique minimal. L’aide d’une diététicienne chez ces patients nécessitant un double, voire triple régime (diabète, dialyse, HTA, voire sur-poids) sera indispensable afin

Page 17: Revue Rein echos

diabète

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 17

de déterminer au mieux les buts à atteindre et de proposer un régime réaliste dans le temps.

7 – Equilibre nutritionnelIl faudra proposer un régime hyper-protidique pour éviter la dénutrition qui est reflétée par l’hypoalbuminé-mie qui est un facteur de pronostic vital. Ici encore, l’aide d’une diététi-cienne sera indispensable.Il faudra envisager l’apport d’envi-ron 1,2 g/Kg/jour de protéines, plus 35 Kcal/Kg/jour de calories pour assimi-ler les protides.La surveillance de l’état nutrition-nel sera essentielle et basée sur les constantes cliniques (poids, pli cutané,

etc) et biologiques (albumine, préal-bumine, bilan lipidique, marqueurs de l’inflammation), estimation du poids de base (oedèmes, pli cutané, pres-sion artérielle, impédancemétrie...)

8 – Le suivi des vaccinationsContre l’hépatite B principalement, mais aussi contre le pneumocoque, l’Hemophilus Influenza, voire coque-luche...Et le suivi des sérodiagnostics de l’hé-patite C, du VIH...

9 – Le métabolisme phosphocalciqueLes diabétiques en dialyse présentent plus fréquemment ce qu’on appelle l’os adynamique.

Il faudra donc suivre les différentes constantes biologiques s’y rap-portant : calcémie, phosphorémie, magnésémie, phosphatases alcalines, mensuellement.Trimestriellement, la PTHi, 25 OH D3.Un fois par an, radiographies osseuses de bassin de face, rachis lombaire, ASP de profil.

10 – Gestion de l’anémieElle sera primordiale, en gérant l’ap-port de fer, de vitamines (folates, vit B12, vit C) et bien sûr l’injection d’érythropoïétine recombinante.Les objectifs de taux d’hémoglobine sont maintenant de l’ordre de 10 à 12 g/dl. \\\

Lorsque le diabète est asso-cié à une autre pathologie comme l’insuffisance ré-nale chronique, la prise en

charge est d’autant plus importante car de nombreux facteurs doivent être pris en compte (glucides, potas-sium, phosphore...) afin de préserver les fonctions restantes des reins s’il n’ y a pas de traitement de substitu-tion mis en place (hémodialyse, dia-lyse péritonéale) et d’éviter le risque de dénutrition (en cas de dialyse) car ce risque est majoré avec les restric-tion au niveau des protéines.L’apport glucidique doit être impor-tant : entre 50 et 55 % de l’apport énergétique total. Il est indispensable au bon fonctionnement de l’orga-nisme et les glucides ne doivent pas être considérés comme « poison ».

Il est indispensable d’avoir à chaque repas en apport en féculents et/ou pain. Il est tout à fait possible de rem-placer l’un par l’autre ou vice versa. Voici une petite liste des féculents : pâtes, riz, pomme de terre, petits pois, légumes secs (lentilles, pois chiche...), manioc, millet, polenta,

Prise�eN�charge�DietetiqUe�d UN diaBetiQUe lors d UNe iNsUFFisaNCe reNale CHroNiQUe

La Prise en charge d’un diaBétique est très imPor-tante tout au Long de sa maLadie. eLLe doit être adaPtée à chaque individu afin de Pouvoir mettre en PLace Les conseiLs et Les Poursuivre sur Le Long terme afin de Limiter Le risque de comPLications tout en gardant Le côté PLaisir des rePas.

aUrélie�chiODega�� diététicienne au Centre Hospitalier alpes lémandiététicienne au réseau 3 lacs et montagnes (diabétologie)

boulghour, châtaignes...Au niveau du pain, cela peut être du pain blanc, complet, céréales...bien que ces derniers soient plus intéressants au niveau de l’apport en fibres. Elles permettent de ralentir l’absorption des sucres, ce qui influence la gly-cémie par une montée plus lente et plus prolongée ( ce qui procure au pain complet un intérêt au petit-dé-jeuner par exemple, car ce repas est pauvre en fibres en général).En ce qui concerne les fruits, au-

Fruits QuantitéTeneur glucidique

Teneur enpotassium

Poire 150 g 19 g 190 mg

Pomme 150g 18 g 190 mg

Pastèque 300 g 20 g 390 mg

Cerises 120 g(environ 20)

18 g 360 mg

Prunes 150 g (3) 18 g 450 mg

Pêche 150 g 15 g 270 mg

Ananas 150 g 18 g 270 mg

Pamplemousse 200 g 18 g 360 mg

Fraises 250 18 g 450 mg

Banane (épluchée)

80 g 22 g 360 mg

Raisins 100 g (15 grains)

16 g 360 mg

orange 180 g 16 g 360 mg

Clémentines 150 g (3) 14 g 270 mg

Framboises 250 g 20 g 560 mg

Melon 250 g 20 g 900 mg

Page 18: Revue Rein echos

18 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

diabète

Qualitativement, il est préférable de privilégier les graisses insatu-rés pour leur apport en oméga 3, 6 et 9. Ce sont les graisses d’origine végétale : huile, margarine, et la consommation de poissons. L’huile de colza a un très bon équilibre entre les différents omégas, elle est donc très intéressante à consommer; on peut utiliser l’huile d’olive (si on la préfère au goût) mais à condition de manger régulièrement des poissons gras (saumon, hareng, maquereau, thon...); on peut également faire une vinaigrette en mélangeant huile de colza et olive. Les graisses saturées qui sont celles d’origine animale sont à limiter, elles sont sources de cholestérol et ont tendance à « boucher » les artères : beurre, charcuterie, saint doux, crème, fromage, viande rouges,...Quantitativement, il est préférable de consommer le fromage avec modération : 1 portion par jour; cela permet également de limiter l’apport en phosphore. Les charcu-teries en dehors du jambon blanc sont déconseillés, ce qui permet aussi un contrôle de l’apport en sel. Le beurre peut être consommé cru et en petit quantité pour le petit déjeuner ou fondu sur des légumes ou des féculents. La crème peut être utilisée en petite quantité et surtout à la place d’une autre source de matières grasses. Toutes les ma-tières grasses visibles (huile, crème, beurre...) peuvent être quantifiée à

cun n’est interdit. Cependant leur consommation est limitée d’une part pour leur apport glucidique (environ 20g de glucides par fruit) et d’autre part pour leur apport en potassium en ce qui concerne l’insuffisance rénale chronique. (cf. tableau)La consommation de produits sucrés doit être occasionnelle. Contraire-ment aux fruits qui nous apportent des vitamines et des minéraux, les produits sucrés non pas un réel intérêt nutritionnel. Toutefois, lors de leur consommation est il préfé-rable de les prendre en fin de repas plutôt que de façon isolée (vers 16h par exemple) afin limiter l’impact au niveau des glycémies.L’apport lipidique doit être de 35 à 40 % de l’apport énergétique total. Son contrôle est très important au niveau de la prise en charge tant au niveau du poids que du diabète. Un apport excessif sera la cause d’une prise de poids et également un effet négatif au niveau du mécanisme du diabète. Pour le diabète de type 2, un apport excessif lors des repas et/ou un surpoids entraînent une insulino-résistance très importante qui se tra-duit par des glycémies élevées. Pour le diabète de type 1, l’apport excessif en graisses se traduira pour une hy-perglycémie post-prandiale prolon-gée (mécanisme de la digestion).Il est souvent nécessaire de contrô-ler la quantité (surtout pour le diabé-tique de type 2) et de revoir la qualité de l’apport lipidique.

l’aide d’une cuillère à soupe. L’apport en protéines doit être de 0,8 à 1g / kg de poids idéal / jour. Cet ap-port est principalement assuré par les viandes, poissons et les œufs. Il est important de varié les aliments au cours de ce groupe : 2 à 3 fois par semaine du poisson, ne pas consom-mer trop de viande rouge et éviter les morceaux trop gras (agneau, échine de porc...). C’est souvent le mode de préparation qui entre en compte, privilégier les papillotes, les viandes grillées, la cuisson au four, plancha... éviter les plats en sauce, en friture...Il est nécessaire d’ajou-ter des épices (oignon, échalote, persil, paprika...) afin de garder une cuisine savoureuse tout en limitant l’apport en graisses.L’apport calorique doit être au mini-mum de 30 à 35 kcal/ kg/jour. Il doit suffisant pour subvenir aux besoins de l’organisme, avoir un bon équi-libre alimentaire afin d’éviter une dénutrition et des carences aux ni-veaux des différents nutriments.L’apport hydrique entre égale-ment en compte. Il est conseillé de prendre environ 1,5 L/jour (sauf si le néphrologue vous indique une restriction hydrique). Les boissons doivent être sans sucre par rapport au diabète (café, tisane, thé...); cer-taines eaux sont riches en minéraux (calcium, phosphore, magnésium, sodium) et donc à éviter. Ces pathologies chroniques touchent un large public de diffé-rentes origines culturelles, sociales. La prise en charge diététique est complexe par tout les facteurs inter-venants et elle doit être adaptée en fonction des habitudes alimentaires et de vie, de la compréhension de chacun (barrière de la langue par-fois). Si ces différents facteurs sont laissés de côté, certains patients peuvent avoir de grandes difficultés à suivre l’observance du traitement. Par exemple, on peut retrouver une consommation importante de fruits secs dans certaines origines, le but n’est pas de tout supprimer mais de réduire la quantité en expliquant l’intérêt. Mon but est d’améliorer la prise en charge de ces patients en prenant leur vécu en compte, afin qu’il puisse gérer au mieux leur repas lorsqu’ils sont à leur domicile. \\\

Page 19: Revue Rein echos

diabète

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 19

Affirmation très souvent vraie, mais malheureusement parfois inexacte…

Ainsi, le risque de devenir diabétique après la greffe peut entailler cette vérité et affecter de façon marquée la vie du receveur d’une greffe.Le diabète est une dysfonction du métabolisme des sucres et consiste en une accumulation anormale de glucose dans le sang. Cet excès de glucose que l’on nomme hypergly-cémie, endommage les différents organes : vaisseaux, cœur, reins, yeux, nerfs, muscles. Elle se com-plique d’une dégradation progressive de ces organes qui perdent alors leur fonction: ainsi, en France, la première cause d’insuffisance rénale chronique est représentée par le diabète.Il existe 2 types de diabète. Le diabète de type 1, dit juvénile, est secondaire à une destruction auto-immune des cellules pancréatiques (ilots de Lan-gerhans) qui produisent l’insuline; le diabète de type 2, le plus fréquent, est lui une forme d’apparition plus tardive dont la cause est moins évidente. Les facteurs de risque dans ce cas sont le surpoids, la sédentarité, le sexe mas-culin, l’âge avancé et une prédispo-sition génétique. C’est à cette forme qu’appartient le diabète apparaissant chez certaines personnes greffées que l’on nomme également NODAT (New Onset Diabetes After Transplan-tation). NODATLe taux d’incidence du NODAT n’est pas précisément connu : il varie à 1 an

Dr.�PaOlO�malveZZi���� Clinique Universitaire de Néphrologie – CHU Grenoble

patients à faible risque immunolo-gique, de réduire la dose ou d’arrê-ter précocement la cortisone avec des résultats satisfaisants. Dans le contexte de la transplantation, il y a trois situations cliniques diffé-rentes qui peuvent se présenter.

Le diabète préexistant à la transplan-tation. La greffe sera plus compliquée chez ces patients car ils sont porteurs de complications vasculaires et méta-boliques secondaires au diabète qui vont rendre la chirurgie et les suites opératoires plus difficiles (calcifica-tions vasculaires diffuses le long des axes iliaques où l’anastomose vascu-laire de la greffe rénale est réalisée, cardiopathie ischémique exposant le patient au risque d’infarctus dans les suites de la greffe, plaies diabétiques pouvant s’infecter). Le temps d’ac-cès à la liste d’attente sera donc plus long et conditionné à un bilan exhaus-tif pouvant requérir des actes médico-chirurgicaux préalables : pontage aorto-iliaque, gestes de revascula-risation coronarienne etc. En règle générale, la transplantation rénale chez les patients diabétiques n’est pas contre-indiquée mais considérée comme à plus haut risque de compli-cations. Une fois la greffe réalisée, passée une phase initiale d’équilibre glycémique, les bénéfices d’une reprise de fonc-tion rénale ne se feront pas attendre. D’une part, il n’y aura plus de contre-indication à l’utilisation de la plupart des antidiabétiques oraux, permettant parfois le sevrage au moins partiel de l’insuline. D’autre part, la reprise d’une vie plus active pourra améliorer sensiblement l’équilibre glycémique et ralentir l’apparition d’éventuelles complications.

« La transPLantation rénaLe améLiore La quaLité de vie des Patients insuffisants rénaux» : comBien de fois L’a-t-on entendu dire et L’avons nous réPété?

post-greffe de 10% à 40% en fonction des études. Cette variabilité dépend de la définition utilisée et de la région où l’étude a été réalisée. Toutefois, il est certain que le risque de devenir dia-bétique après une greffe est accru par rapport à la population générale. Les raisons de ce sur-risque sont liées essentiellement aux traitements immunosuppresseurs qui sont indis-pensables afin de prévenir le rejet du greffon. En particulier, il s’agit des corticoïdes et des inhibiteurs de la cal-cineurine (cyclosporine et tacrolimus). Les corticoïdes sont utilisés à fortes doses pendant les premiers jours de la transplantation et ensuite réduits voire arrêtés. Cette classe de médica-ments induit une insulino-résistance et est la cause principale du NODAT. La diminution de dose ou l’arrêt de la cortisone peut faire disparaître le diabète. La ciclosporine et, de façon plus importante, le tacrolimus sont eux aussi diabétogènes par toxicité au niveau des ilots de Langerhans, toxi-cité qui se cumule avec celle des cor-ticoïdes. Malheureusement, ces médi-caments sont actuellement la clé de voûte de l’immunosuppression néces-saire à toute greffe. Plusieurs études ont tenté de s’affranchir des corti-coïdes montrant que cela est envisa-geable mais au prix d’un sur-risque de rejet et de perte de greffons. Il est toutefois possible, surtout chez des

le�Diabète�Post-traNsPlaNtatioN

Tableau 1Critères diagnostiques pour le diabète et le NoDAT selon l’oMS (un critère sur trois est suffisant) :Symptômes d’hyperglycémie et une glycé-mie à n’importe quel moment de la journée ≥200mg/dl (11,1mmol/l)Glycémie à jeun ≥126mg/dl (7mmol/l)Glycémie 2h après une hyperglycémie provo-quée (75g de glucose) ≥200mg/dl (11,1mmol/l)

Page 20: Revue Rein echos

20 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

diabète

Le « pré-diabète »Il s’agit de personnes qui ne sont pas diabétiques mais ont des glycémies « limites » et sont porteurs de fac-teurs de risque classiques du diabète de type 2 (âge, surpoids, sédentarité, antécédents familiaux de diabète). En post-greffe, ils auront un risque élevé de développement d’un diabète en rai-son du traitement immunosuppres-seur. Dans cette situation, le dépistage avant l’inscription sur liste est impéra-tif: cela permettra au patient de débu-ter, dans la mesure du possible, des règles hygiéno-diététiques préven-tives. Le clinicien pour sa part pourra adapter au mieux la stratégie immu-nosuppressive (réduction des doses voire arrêt précoce des corticoïdes, utilisation de cyclosporine plutôt que tacrolimus, et dans le futur peut-être remplacement des anti-calcineurines par le belatacept).

Les patients non diabétiquesMalgré l’absence de facteurs de risque particuliers, il est toutefois pos-sible de développer un diabète dans le post-greffe. En plus des médicaments immunosuppresseurs qui restent les principaux responsables, d’autres élé-ments participent à ce risque. En effet, après la greffe, l’alimentation est sou-vent plus riche, d’une part car les res-trictions liées à l’insuffisance rénale disparaissent et d’autre part car l’ap-pétit augmente du fait de la cortico-thérapie et de l’amélioration de l’état général. Tout cela se traduit par une

prise de poids pratiquement systé-matique, qui parfois devient excessive entraînant une insulino-résistance avec développement d’un état pré-diabétique pouvant aboutir à un dia-bète confirmé.

Les complicationsSi un diabète apparaît en post-trans-plantation, une attention particulière sera donnée au dépistage de ses com-plications. 1. En cas de plaie infectée (secondaire à une artériopathie sévère) l’immu-nosuppression rendra plus difficile la guérison et le choix des antibiotiques sera limité puisque certains sont néphrotoxiques.2. Une néphropathie diabétique se déve-loppera plus vite sur le greffon que sur les reins natifs en raison de la masse néphronique fonctionnelle plus faible. 3. La progression de l’artériopathie sera accélérée par l’effet néfaste des immunosuppresseurs sur le bilan lipi-dique et la tension artérielle.

Mais quelles sont les mesures pour contrecarrer cette maladie? Le dépistage : fondamental pour iden-tifier précocement les sujets à risque avant l’inscription sur la liste afin de mettre en place des mesures pré-ventives. Après la greffe, il est aussi impératif de suivre l’équilibre gly-cémique des patients afin de repé-rer ceux qui présentent les premiers signes d’une dysrégulation (glycémies à jeun, dosage de l’hémoglobine gly-

quée = HbA1c).La prévention : la lutte contre les fac-teurs de risque modifiables reste la première et plus importante ligne de défense. Une activité physique régu-lière, un régime diététique équilibré et sans excès ont démontré leur effi-cacité sur l’amélioration de l’équilibre glycémique. Des approches plus radi-cales peuvent même être entreprises : une publication récente démontre l’intérêt de la chirurgie bariatrique (anneau gastrique, bypass gastrique, résection gastrique partielle) chez les obèses afin de prévenir le diabète de type 2. La prévention doit également se faire contre les conséquences du dia-bète avec mise en place avant et après la transplantation d’un dépistage car-diovasculaire (contrôle du bilan lipi-dique, contrôle tensionnel, dépistage de la maladie coronarienne).Le traitement : en cas de diabète, le traitement repose sur la normalisa-tion de la glycémie par le biais des antidiabétiques oraux ou de l’insuline.En conclusion, la transplantation rénale est certainement une théra-peutique optimale de l’insuffisance rénale, mais comme tout traitement il faut prendre en compte ses complica-tions potentielles. Parmi elles, le dia-bète représente un problème de taille qu’il faut dépister, prévenir et traiter afin de jouir complètement des béné-fices de la greffe. \\\

ps : remerciements au dr Laure cro-ze pour ses compétences en langue française

Références :Wauters rp, transplantation 2012 aug 94[4] cardiovascular consequences of new-onset hyperglycemia after kidney transplantation.Yates cJ, am J transplant 2012 12:820-828 new-onset diabetes after kidney transplantation-changes and challen-ges.sarno g, transplantation 2012 Jun 93[12]:1189-1195 new-onset diabetes after kidney transplantation : preva-lence, risk factors, and management.inzucchi se, n engl J med 2012 aug 367:542-550 diagnosis of diabetes.carlsson Lms, n engl J med 2012 aug 367:695-704 Bariatric surgery and pre-vention of type 2 diabetes in swedish obese subjects.

Page 21: Revue Rein echos

nutrition

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 21

Affirmation très souvent vraie, mais malheureusement parfois inexacte…

Ainsi, le risque de devenir diabétique après la greffe peut entailler cette vérité et affecter de façon marquée la vie du receveur d’une greffe.Présentation du Programme National Nutrition Santé (PNNS)Lancé en 2001, ce plan de santé publique a pour ambition d’améliorer l’état de santé de la population fran-çaise en agissant sur la nutrition. Son objectif est de proposer des recom-mandations nutritionnelles fiables, scientifiquement validées, afin d’aider la population à décrypter les informa-tions nutritionnelles que l’on entend tous les jours et qui sont souvent erronées.

FlOreNce�charPeNtier���� Fonction : diététicienne – Nutritionniste chargée de recherchesociété : Unité de recherche en epidémiologie Nutritionnelle (UreN)

la� ligue� rein� et� santé� m’a�demandé� de� les� assister� pour�la� recherche� d’articles� consa-crés� à� la� nutrition� pour� ses�prochains�numéros�de�la�revue�rein�échos.�cela�dans�le�cadre�de� sa� stratégie� de� prévention�de� la� progression� de� l’irc,�qu’elle� entend� développer� à�l’avenir.�Nous�invitons�auteurs�diététiciens� et� auteures� dié-téticiennes� à� nous� rejoindre�pour� aborder� ensemble� tous�

La nutrition joue un rôLe imPortant dans La Prévention de nomBreuses maLadies, notamment, Les maLadies rénaLes qui sont souvent La conséquence d’une hyPertension artérieLLe et/ou d’un diaBète déséquiLiBré.

Prolongé en 2006 et en 2011, ses objectifs nutritionnels sont regroupés en 4 axes :Réduire l’obésité et le surpoids dans la populationAugmenter l’activité physique et dimi-nuer la sédentarité à tous les âgesAméliorer les pratiques alimentaires et les apports nutritionnels, notam-ment chez les populations à risqueRéduire la prévalence des pathologies nutritionnelles comme la dénutrition et les troubles du comportement ali-mentaire.

iNtrODUctiON

PrOgramme�NatiONal�

dU dossier NUtritioN

NUtritioN saNtÉ et PrÉveNtioN des maladies rÉNales

les�thèmes�relatifs�à�l’alimentation�et�la�diététique�des�malades�rénaux�et�diabétiques.�en�effet�nous�restons�présents�(tes)�dans�le�suivi�des�personnes�malades�depuis�le�dépistage�de�l’irc�jusqu’à�la�fin�de�vie�et�participons�ainsi�à�la�coordination�des�soins�avec�tous�les�autres�acteurs�de�santé.�en�qualité�de�diététicienne�nutrition-niste�membre�de�réseaux�de�santé�(maladies�rénales,�diabètes)�et�agissant� comme� conseil� en� diététique� auprès� d’associations� de�patients�(lrs�et�aFD),�la�ligue�rein�et�santé�m’a�demandé�d’être�votre�contact�à�cet�effet�:�[email protected].

Page 22: Revue Rein echos

22 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

nutrition

Repère de consommation Recommandations pour la population

Intérêts / impacts pour un diabétique En cas d’insuffisance rénale chronique

5 fruits et légumes par jour 5 portions de 80 à 100 g de fruits et légumes à répartir comme vous le souhaitez.

Riches en vitamines, minéraux et fibres, ils ont un rôle protecteur dans la prévention de certaines maladies comme l’obésité, le diabète et l’hypercholestérolémie.

La richesse en fibres des fruits et légumes contribue à la régulation de la glycémie.Ne pas consommer de fruits seuls en dehors des repas.

Il faut limiter les fruits et les légumes riches en potassium comme l’abricot, le brugnon, les prunes, le fenouil, les champignons, le céleri-rave, etc.

3 produits laitiers par jour 800 à 1000 mg de calcium par jour.Alterner yaourts, fromages blancs, petits-suisses, fromages, laits

Source de calcium et de vitamine D essentiels à la construction et à l’entretien du tissu osseux.Le calcium intervient aussi dans la contraction musculaire et la coagulation.

Les besoins doivent être couverts.

La synthèse de la vitamine D active est diminuée ce qui entraîne une malabsorption du calcium. Il faut donc assurer des apports suffisants tout en limitant l’apport en protéine. Une supplémentation est souvent nécessaire.

Des féculents à chaque repas Sous forme de pains et de produits de la panification (biscotte, pain grillé), de céréales (pâtes, riz, avoine, orge, etc), pomme de terre et légumes secs (pois cassés, haricots rouges, lentilles, etc).

Riches en glucides complexes. Ils sont absorbés lentement par l’intestin ; de ce fait, ils n’entraînent pas de pic de sécrétion d’insuline. Ainsi, ils fournissent une énergie utilisable progressivement par l’organisme. En sollicitant peu les mécanismes de régulation de la glycémie, ils aident à prévenir l’apparition du diabète et à diminuer le risque d’obésité.

Les glucides totaux doivent représenter au moins 50 % de l’apport énergétique quotidien. Les glucides complexes doivent représenter 90 % des apports glucidiques totaux.

Les glucides totaux doivent représenter au moins 50 % de l’apport énergétique quotidien.En l’absence de diabète, les glucides complexes doivent représenter au moins 80 % des glucides totaux.

Viandes, poissons, oeufs : 1 à 2 fois par jour

100 à 200 g de viandes, poissons ou oeufs

Source de protéines de bonne qualité et de fer.Les poissons sont aussi source d’acides gras insaturés (oméga 3 et 6) qui ont un effet protecteur reconnu sur le système cardio-vasculaire.

Ne pas dépasser 0,6 à 0,8 g par kg de poids par jour. Les 2/3 des apports doivent être d’origine animale et le 1/3 restant d’origine végétale.L’apport en protéines dépendra du stade de l’insuffisance rénale.

Les matières grasses : à limiter

Limiter les matières grasses d’ajout (visible) et les matières grasses cachées (contenues « naturellement » dans les aliments).

Toutes les matières grasses ne se valent pas. Les matières grasses d’origine végétale (huiles, fruits oléagineux, etc.) sont riches en acides gras insaturés (oméga 3 et 6) participant au bon fonctionnement du système cardio-vasculaire. Les matières grasses d’origine animale (beurre, crème fraîche, etc.) sont riches en acides gras saturés favorisant le développement de maladies cardio-vasculaires et de l’athérosclérose.

Les lipides totaux représenteront 35 % de l’apport énergétique quotidien. on favorisera les lipides d’origine végétale car riches en acides gras insaturés.

Les lipides totaux représenteront 40 % de l’apport énergétique quotidien. on favorisera les lipides d’origine végétale car riches en acides gras insaturés.

Les repères de consommation du PNNS et leur impact sur la santé

Page 23: Revue Rein echos

nutrition

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 23

produits sucrés : à limiter A consommer en quantité raisonnable

Source de glucides simples. Ces derniers favorisent la sécrétion d’insuline. Une surconsommation peut être à l’origine d’un surpoids et favoriser l’apparition d’un diabète en cas de prédisposition.

Les glucides simples ne doivent pas dépasser 10 % de l’apport en glucides totaux. Ainsi, la consommation de produits sucrés sera très restreinte afin de ne pas déséquilibrer le diabète.

En l’absence de diabète, à consommer en quantité raisonnable.Les glucides simples ne doivent pas dépasser 20 % de l’apport en glucides totaux.

Limiter sa consommation de sel

Ne pas dépasser 8 g de sel par jour (soit 3,15 g de sodium)

Une consommation de sel importante favorise l’hypertension artérielle elle-même à l’origine de maladies rénales et cardio-vasculaires.

Ne pas dépasser 8 g par jour. En l’absence d’hypertension artérielle, ne pas dépasser 6 g de sel par jour (soit 2,3 g de sodium)

De l’eau sans modération boire au moins 1,5 L d’eau par jour.Apport à moduler en fonction de la température extérieure et de l’activité physique

Le corps d’un adulte est composé de 60 % d’eau. Une partie de cette eau est perdue par la respiration, la transpiration, les urines. Il faut donc compenser ces pertes par des apports suffisants. Ne pas boire suffisamment favorise l’apparition de calculs rénaux.

boire suffisamment d’eau.Limiter la consommation d’alcool pouvant favoriser la survenue d’une hypoglycémie.

La consommation d’eau est à moduler en fonction de l’évolution de la maladie.En début de maladie, il n’y a pas de restriction. Lorsque la maladie s’aggrave, les apports hydriques sont en fonction de la diurèse.

Activité physique : au moins 30 minutes par jour

pratiquer l’équivalent de 30 minutes de marche rapide par jour

permet de réduire l’incidence de l’obésité, des maladies cardio-vasculaires et des cancers. Elle aide également à réguler la glycémie.

pratiquer l’équivalent de 30 minutes de marche rapide par jour

pratiquer l’équivalent de 30 minutes de marche rapide par jour

Ainsi, vous pouvez constater que toutes ces recom-mandations nutritionnelles sont fondées sur des preuves scientifiques. Elles ont pour but de per-mettre de manger de manière équilibrée, tout en se faisant plaisir, et en préservant son capital santé. Ces recommandations sont à adapter en fonction de votre état de santé.Pour tout savoir sur le Programme National Nutri-tion Santé, je vous invite à consulter le site www.mangerbouger.frVous pouvez participer à une étude nutritionnelle en vous inscrivant surwww.etude-nutrinet-sante.fr \\\

Page 24: Revue Rein echos

24 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

nutrition

Notre assiette est le reflet de notre environnement, le re-pas à le goût des valeurs qui

ont servi à le préparer (faire valoir des pratiques agro alimentaire) Dans notre assiette il est difficile de hiérarchiser les aliments les plus pollués actuellement :- les fromages, les viandes, les pois-sons gras (dioxine, PCB = polluants…),- les fruits et légumes (pesticides) notamment dans le raisin et les pommes.De fait, il y a plus de 25 à 30 résidus chimiques qui interviennent dans notre assiette chaque jour ; car si aucun n’a de vertu magique contre le cancer, de bonnes habitudes ont un effet bénéfique indéniable.Il semble conseillé d’éviter (pour prendre soin de notre santé) : les charcuteries, limiter la viande rouge (pas plus de 500g par semaine), aug-menter les légumes (au moins 400g par jour et pratiquer 30mn (au quoti-dien) d’exercice physique pour rester aussi mince que possible.Le problème qui se pose aujourd’hui est de savoir comment traduire dans l’assiette les connaissances scienti-fiques (la science ne démontre rien, elle se contente de réfuter les théo-

ries qui sont toujours insuffisantes par nature. Une théorie est un mo-dèle réduit de la réalité, ce n’est pas la réalité (propos de Hervé This). Il ne faut pas oublier que l’alimentation est un tout et qu’il nous faut donc : man-ger…. Il faut alors varier nos repas et se souvenir de l’importance de la précocité des « bonnes » habitudes alimentaires et là les mauvaises ha-bitudes perdurent trop souvent.Le goût est primordial : deux élé-ments sont essentiels dans la per-ception d’un produit : le sensoriel et le plaisir.

Si le goût est celui des cinq sens par lequel on perçoit les saveurs c’est la vue qui nous renseigne (aspect/couleur), puis l’odorat, le toucher, le mode de cuisson, la texture et la consistance de l’aliment ce n’est pas le goût ! le goût aide a analyser les aliments portés en bouche : fin, sucré, âpre, amer, acide, piquant, relevé…il existe autant d’adjectifs pour qualifier et définir un goût que d’individus qui dégustent des mets. L’art des mets, ce sont nos parents et la cantine également qui nous les ont inculqué, mais encore nos influences culturelles et sociales ; sans oublier initialement (selon l’alimentation de la mère) le lait maternel. Ainsi chez les enfants la saveur qu’ils appré-cient le plus est le sucre.

Les critères phares d’un mets (sources LH2 « les français et le goût ») :- le fait qu’il est bon goût,- le fait qu’il soit bon pour la santé,- le fait qu’il soit pratique et facile à consommer.Il faut tenir compte aussi de la diver-sification des produits, des nouvelles associations, de l’utilisation d’épices méconnues et de produits naturels,

jeaN�PaUl�Fallet����� (Président association atiraCim Bourgogne, département formation santé)

iL s’agit d’une simPLe information, L’avis de votre médecin traitant restera toujours nécessaire.

PriNciPe�De�PrécaUtiONs�alimeNtaires

mélange des saveurs, réintroduction des légumes rares et oubliés, des nouvelles méthodes de cuisson (s/vide, haute pression, basse tempéra-ture, des différents procédés… mais aussi des stratégies pour la conser-vation du produit (D.L.C.) date limite d consommation ou D.L.U.O. (date limite d’utilisation optimale).

Que se passe-t-il lorsque l’on vieillit ? Après 50 ans, on observe une diminu-tion du goût, l’emploi d’additifs ren-forcé, le goût entraîne une augmen-tation de la prise alimentaire, l’odorat s’affaiblit progressivement (à partir de 20 ans chez l’homme contre 40/50 ans chez la femme, de plus l’absorp-tion intestinale de nombreuses vita-mines et sels minéraux et en particu-lier du calcium, diminue.L’eau, la perception de la soif dimi-nue elle aussi avec le temps, le rein par exemple a une moindre capacité à excréter les substances et a plus besoin d’eau, les urines sont moins concentrées, la résistance à la dés-hydratation est donc diminuée.Avec l’âge également la masse mus-culaire diminue, à partir de 30 ans la masse osseuse diminue (elle est accélérée chez la femme après la ménopause).

Entre 30 à 70 ans en moyenne on constate la perte de 10 à 12 kg de muscle et l’excès de poids favo-rise l’arthrose des genoux et des hanches ; l’activité physique est conseillée à tout âge mais doit être adaptée.Ainsi l’alimentation joue un rôle im-portant tout au long de notre vie, les aliments apportent l’énergie indis-pensable à notre corps pour bien fonctionner jour et nuit, mais cette dépense varie selon la nature et la

Page 25: Revue Rein echos

nutrition

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 25

quantité des aliments consommés. Laissons le soin aux professionnels (elles), diététiciennes, nutritionnistes de nous révéler : le pourquoi mange-t-on et la composition des aliments.

Quelques recettes (conseils et astuces ) Ayez de bons réflexes :- choisissez des fruits et légumes en respectant les saisons (+ de saveurs et un meilleur rapport qualité/prix,- ne cuisez pas en trop grande quantité,- variez les plats pour éviter la mono-tonie.

Faites attention aux « restes » :- ne pas laisser à température am-biante,- ne pas recongeler un aliment dé-congelé,- vérifier la température de votre frigo (le rangement, la désinfection),- mettre un film ou un couvercle sur les plats avant de les mettre au frigo.

Respectez la chaîne du froid, notam-ment l’été pour vos courses (achat à l’hyper, temps attente aux caisses, coffre de la voiture, temps retour à la maison, mise en place des produits à la maison)… Théoriquement il y a 20 à 30 mn de tolérance, mais faites le compte et cela sans parler du temps d’arrêt chez la belle maman pour prendre le café…Pour enrichir les préparations un plat peut être enrichi et apporter plus de protéines, plus de calcium, plus de vitamines, plus de calories sans nécessairement doubler de volume et devenir immangeable, voir trop copieux.Les compléments alimentaires pour nous c’est non ! inutile de recourir à des gélules de vitamines ou minéraux qui coûtent de plus en plus chers.Mangez plutôt : yaourt, potage, fruits, parlez en à votre médecin, attention aux AJR (apport journalier recom-mandé) sur l’étiquette, si cela ne figure pas c’est que ce produit n’est pas conforme à la réglementation.A savoir : le décret du 30 septembre 2011 relatif à la qualité nutritionnelle des repas servis dans le cadre de la restauration scolaire la nutrition est considérée comme indispensable, la composition des menus sera contrô-lée et réprimée si elle ne respecte pas certains principes.

En effet, 53 % des français pensent que la qualité des denrées alimen-taires s’altère depuis 20 ans (source étude annuelle du CREDOC n° 6 2011).

Répartition des diététiciens en France selon les secteurs (n° 242 source cui-sine collective janvier 2012)..- 60 % établissement santé- 26 % exercice libéral- 14 % restauration collective, re-cherche, industrie.

Nos astuces pour plus de calcium et de protéines :- ajouter de la poudre de lait (1 cuil-lère à soupe),- du fromage fondu mixé avec les potages,- du fromage râpé dans la purée, les pâtes, les potages, les tartes salées,- du gruyère et … les plats en gratins,- 50g de jambon, volaille ou poissons mixés dans les potages,- un jaune d’œuf du lait ou de la crème dans une préparation.

Cela en favorisant :- les sauces béchamels pour les lé-gumes, poissons,- les desserts lactés comme les flans, les crèmes pâtissières, les semoules, les riz au lait,- les sauces au yaourt pour accom-moder les crudités.Avec plus de vitamines : :- vitamine C ajout d’un jus agrumes sur les crudités,- vitamine A ajout d’une noisette de beurre au moment de service les plats.

Savoir lire les étiquettes Il vous faut savoir lire les étiquettes et l’emballage est votre outil d’informa-tion (mentions obligatoires) : dénomi-nation de la vente (le nom), le traite-ment subit (surgelé, appertise, sous vide….), la quantité nette qui pourra être consommer, le n° du lot (qui per-met de retrouver l’origine du produit, la D.L.C., la D.L.U.O.la liste des ingrédients mérite une at-tention : eau, additifs qui entrent dans la composition du produit par ordre décroissant, les noms et adresses du fabricant.Les ingrédients sont énumérés dans l’ordre de poids décroissant de ma-tières utilisées.En d’autres termes l’ingrédient cite le premier est celui utilisé en plus grand quantité au moment de la fabrication du produit lorsqu’un ingrédient est mis en valeur sur l’étiquette (ex. dé-nomination à la française, l’indication de son pourcentage est obligatoire.

La liste des ingrédients permet donc de comparer les produits et de choisir en fonction de ses envies ou besoins, notamment :

Si l’on suit un régime alimentaire particulier ou en cas d’intolérance à un régime spécifique ou allergies (soja, arachide, gluten ;..) les plus courants (voir www.eufic.org (partie nutrition) étiquetage.

L’étiquetage nutritionnel a été déve-loppé pour permettre de connaître la composition nutritionnelle d’un produit et de faire un choix éclairé.

Page 26: Revue Rein echos

26 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

nutrition

L’étiquetage nutritionnel concerne toute l’information apparaissant sur l’étiquette et relative à la valeur éner-gétique et aux protéines, glucides, lipides, fibres alimentaires, sodium, vitamines et sels minéraux.

Sachez que selon certains écono-mistes si une taxe était mise en place sur les produits les plus caloriques assortie d’une baisse des prix sur les fruits et légumes, cela permettrait de réduire de 2,4 points la proportion de la population souffrant d’obésité.

Faire attention aux additifsE= Europe autorisés par la CEE (ce sont des substances qui modifient intentionnellement les propriétés des aliments)Ils sont classés par catégorie sur l’emballage, désignés par leur nom ou par le code européen :- E 100 : colorants (améliore la pré-sentation, renforce la couleur),- E 200 : conservateurs (ralentissent les germes),- E 300 : les antioxygenes (contre le vieillissement du produit),- E 400 : les agents de texture (épais-sissants, émulsifiants, stabilisants (donnent du corps).

Mais également les autres (amidons modifiés, exhausteurs de goût, cor-recteurs d’acidité, les poudre à lever, les agents d’enrobage et les sels de fonte dans le fromage (voir la liste des E 500, E 600, E 900, E 1100, E 1200, E 1400, E 1500).

- GMS (E 611) + bleu brillant = 4 fois plus dangereux ;- Glutamate monosodique E 621 = cet exhausteur de goût est dangereux

Les émulsifiants = ils sont néces-saires dans la mesure ou ils lient des substances qui ne se mélangent pas autrement. Puis les gélifiants : ils donnent de la consistance aux liquides. Enfin les conservateurs et antioxi-gènes qui sont généralement chimiques et assez nocifs ; mais ils restent indispensables pour protéger le consommateur des microbes et bactéries (E 250, 251, 252 comme le botulisme. Sur 346 additifs (repère vert) : 76 considérés comme inoffensifs ; addi-tifs (orange) : 95 considérés dont les additifs sont scientifiquement contra-dictoires (orange) ; additifs (rouge) : 175 à éviter (rouge). Pensez-y !Ainsi au total on trouvera 346 addi-tifs et + de 6 000 arômes. En petite quantité cela ne pose pas trop de problème, mais absorbé tout au long d’une vie… ?Mais attention les industriels conscients que certains additifs pour-raient effrayer le consommateur « averti » mettront plutôt le code que son nom ! D’autant plus que les éti-quettes sont surchargées et…illisibles !Que gagnerez vous en prenant le temps de regarder ce que vous ache-tez et la peine de lire les étiquettes ? probablement une meilleure santé… et vous le savez, « la santé n’a pas de prix ». \\\

Note concernant l’additif E 951 = as-partame (en effet le docteur Roberts spécialiste de la question et auteur d’un ouvrage sur le sujet déclare : « l’aspartame est un édulcorant de synthèse, un additif, c’est un produit chimique. Ce n’est pas un produit naturel, il fait partie de la famille des excitotoxines ; c’est à dire qu’il a la capacité d’exciter les neurones du cerveau et ce jusqu’à les faire explo-ser petit à petit. » De ce fait un édul-corant qui n’est surtout pas un pro-duit diététique.Selon une étude de 2005 du Profes-seur Vyvyan Howard, toxico-patho-logiste, et son équipe de l’Université d’anatomie et de biologie cellulaire de Liverpool : - Aspartam (E 951+jaune de quino-ceing = E 104 = 7 fois plus dangereux ;

Etiquette rouge E 950 : édulcorant et exhausteur de goûts, sou-vent utilisés dans les chewing-gums, de nom-breuses boissons, confiseries, boissons lac-tées et autres produits, souvent utilisé avec l’Aspartame car ayant un arrière goût amer.E 621 : glutamate monosodique, exhausteur de goût de synthèse, utilisé dans de nombreux produits alimentaires, tels que soupes en sa-chet, plats préparés, bâtons de crabes.

Etiquette verte E 941 : azote, gaz propulseur, agent de congé-lation et de stabilité pour les emballagesE 948 : oxygène, gaz propulseur (aérosols) uti-lisés pou les emballages.

Etiquette orange E 406 : agar agar, épaississant et gélifiant ob-tenu à partir d’algues rouges

Page 27: Revue Rein echos

nutrition

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 27

Je vais vous raconter l’histoire de trois années de suivis diété-tiques de trois personnes que je

vois encore actuellement en consul-tations individuelles grâce à une col-laboration avec des réseaux de santé : RENIF (maladies rénales) et DIANE-FRA 93 (diabète).

• En 2009, Mr P. âgé de 67 ans, 82 kg pour 1,65 m, est venu avec son épouse au cabinet via le réseau RENIF pour un bilan diététique. Confortablement installé sur le siège, les bras croisés, Monsieur P. ne semblait pas écouter mes conseils car il avait été poussé par un néphrologue et aussi par son épouse. A l’enquête alimentaire j’avais appris qu’il aimait aussi bien la bonne chair que les repas très arrosés et sa consommation de pain était excessive.Porteur d’un seul rein en raison d’un cancer, son bilan sanguin mon-trait un taux élevé de triglycérides (4,04 g/L), avec une créatinine de 139 micromoles/L et une clairance de 46,5 ml/min, ce qui représente une IRC modérée.A l’époque Il avait participé à tous les ateliers d’éducation thérapeutique du réseau, peut-être pour faire plaisir à son épouse. En 2010, j’ai eu l’occasion de le rencontrer lors d’un atelier cui-sine, ce qui a probablement amélioré sa confiance et contribué à une meil-leure observance de sa part.Il venait souvent accompagné de son épouse car la confection des repas était son domaine. Un jour, il arriva seul et ce fut pour moi l’occasion d’aborder le sujet de l’alcool et de lui faire prendre conscience du déni de sa maladie. Il m’a fallu près d’un an pour qu’il réagisse et qu’il réalise qu’il devait préserver le seul rein qui lui restait.Il a quasiment supprimé l’alcool de son alimentation, le réservant pour les repas familiaux à des doses modérées et ne manque jamais ses séances de « danse de salon » qu’il apprécie énor-mément. Depuis, il a un projet person-nel : celui de voir grandir son petit-fils jusqu’à ses 20 ans.

NicOle�kUcharski���� diététicienne conseil lrsdiététicienne conseil aFd 75

Les consuLtations diététiques de suivis sont Bénéfiques (voire indisPensaBLes) Pour Permettre Le maintien de La santé dans Les meiLLeures conditions PossiBLes et sur Le Long terme, des maLades chroniques

Après trois années de suivis diété-tiques, son bilan sanguin (triglycé-rides) s’est amélioré et bien que sa clairance ait légèrement diminuée, sa maladie rénale reste au stade modéré. Je continue à le voir tous les trois mois selon le rythme conseillé par les réseaux, à savoir sur quatre consulta-tions par an.

• Mme B. ,âgée de 75 ans pesait 62 kg pour 1,56 m, diabétique de type 2 depuis 1980 traitée par novonorm, est arrivée à mon cabinet via le réseau RENIF fin 2009 suite à la découverte d’une insuffisance rénale de stade 4 par son médecin. Elle s’était inscrite au réseau et avait participé à tous les ateliers d’éducation thérapeutique avant de venir me voir. Quand je l’ai vu la première fois, sa consommation de féculents était pré-dominante, ce qui lui apportait des protéines, des glucides et du sel en quantités supérieures à ses besoins. Je lui avais conseillé de faire cuire ses légumes dans l’eau car elle m’avait aussi parlé d’un taux de potassium un peu élevé.Au fur et à mesure des suivis, Mme B. a modifié ses repas tout en gardant le plaisir de manger. Elle consomme des

résUltats�taNgibles�eN diÉtÉtiQUe

produits issus de l’agriculture biolo-gique et n’hésite pas à tester de nou-veaux produits. Lors d’un suivi en 2011, son hémoglobine glyquée avait légè-rement augmentée et en cherchant la cause, elle me fait part de sa consom-mation de baies de Goji comme source d’anti-oxydants. Ce jour-là, je l’avais informé de la forte teneur en glucides de ces baies et conseillé d’éviter de les consommer tout seul. Tout récem-ment, elle a souhaité avancer son ren-dez-vous car son bilan sanguin mon-trait une clairance à 30 mL/min et a eu peur d’avoir fait une « bêtise ». Elle m’avait avoué qu’un soucis dentaire l’avait orienté vers la consommation de « chlorelle », une algue ayant des propriétés nutritives. En cherchant à comprendre avec elle, j’ai constaté que 100 g de cette algue apportent 60 g de protéines.

Si Mme B. n’avait pas eu de suivis diété-tiques via le réseau RENIF, je suis qua-siment certaine qu’à l’heure actuelle, elle serait dialysée et son diabète aurait évolué en entraînant peut-être des complications.

• J’ai connu Mr A. lors des consulta-tions que je faisais dans un centre de dialyse avec le réseau diabète du 93. Au départ, il était venu en consultation un peu par hasard car il avait été ins-crit dans le réseau par son médecin. En 2009, Mr A. avait 49 ans, pesait 135 272727kg pour 1,78 m, diabétique de type 2, il avait de la metformine 850 à raison de 3 comprimés par jour. Malgré son poids, il refusait de recou-rir à la chirurgie bariatrique qu’on lui conseillait en raison de son diabète.Lors du premier bilan, je l’avais senti assez réticent et peu confiant et il m’avait avoué à l’époque qu’il n’avait

Page 28: Revue Rein echos

28 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

nutrition

pas une très bonne opinion des dié-téticiennes mais que vu qu’il était là, il voulait bien essayer de suivre mes conseils. Ses repas étaient assez copieux, volumineux et anarchiques de par sa profession car il faisait tous ses déjeuners dans des restaurants ou cafétérias selon ce qu’il trouvait sur la route. Au fur et à mesure des suivis, Mr A. avait trouvé son rythme alimentaire et me disait avec fierté qu’il disait autour de lui quand on constatait sa perte de poids qu’il ne faisait pas un « régime » mais qu’il mangeait « équi-libré ». Cependant, j’ai eu du mal à lui faire comprendre et à le convaincre que l’alimentation ne suffisait plus et que l’activité physique régulière était importante. Un jour, il m’annonça qu’il s’était mis « au vélo » tous les week-

end et qu’en semaine, il « bougeait » avec une console de jeux. Mais il laissa vite tomber car comme il disait : « je ne suis pas sportif ». et ce n’est que tout récemment que Mr A. m’annonça son inscription dans un club de sport avec son fils pour faire du vélo et du « tapis ».Son hémoglobine glyquée est stable à 5,4 % et son médecin a réduit son trai-tement. Je continue à le voir dans le cadre du réseau car il souhaite descendre en dessous des 100 kg tout en main-tenant son hémoglobine dans les valeurs normales. Il espère que son médecin essayera de supprimer son traitement diabétique. (cf. encadré)Dans son cas, je ne suis pas certaine que son bilan biologique ne se serait pas normalisé, ni qu’il aurait perdu du poids s’il n’avait pas pu bénéficier de suivis diététiques réguliers. Cepen-dant, la confiance est importante pour la réussite du suivi.La diététique est souvent mal per-çue par les patients atteints ou pas de maladies chroniques et pourtant, je constate lors des suivis que la moti-vation peu facilement s’essouffler et disparaître si le suivi est plus espacé ou s’il est inexistant. Il arrive que cer-tains patients abandonnent durant une, deux années ou plus leurs suivis et reviennent car ils ne se sentaient pas près les années précédentes. Cependant, je remarque régulière-ment dans ces cas que non seule-ment le poids a augmenté mais que le bilan biologique s’est aggravé et

que le traitement est plus lourd. Je regrette que seuls les patients ins-crits dans des réseaux de santé (maladies rénales, diabètes, can-cers) peuvent bénéficier de bilans et de suivis diététiques et que les autres sont obligés de renoncer à se faire prendre en charge pour leur alimen-tation en raison de la méconnais-sance des réseaux de santé et du non remboursement des consultations diététiques par l’assurance maladie pour les maladies chroniques.Certes, la prise en charge nutrition-nelle unique est utile mais les consul-tations diététiques de suivis sont indis-pensables pour permettre le maintien de la santé dans les meilleures condi-tions possibles sur le long terme.Si je déplore la difficulté des diététicien(ne)s à être formés : tant sur l’IRC, que sur le diabète, (quand ils où elles n’ont pas une activité hospita-lière), c’est parce que je constate que parmi les dialysés il y a 40 % de dia-bétiques et qu’il serait donc important et pertinent, à cet effet, de prévoir de l’information pour les diététicien(ne)s en libéral Voilà pourquoi des consul-tations à distance pour la prise en charge nutritionnelles des patients chroniques sont à l’étude, offrant de nouvelles passerelles thérapeutiques de suivi, en relation et en relais avec les pharmaciens et les médecins trai-tants. Cela pour assister et guider les patients qui en auront besoin au long de leur parcours de santé. Nous en reparlerons. \\\ niCole kuCharski

http://balade-en-dietetique.wifeo.CoM/

Valeurs normales

Créatinine homme : 70 à 115 micromoles/LFemme : 55 à 95 micromoles/L

Clairance de la créatinine (MDRD) (mL/min)

Fonction rénale normale : 90 à 110Insuffisance rénale légère : 60 à 89Insuffisance rénale modérée : 30 à 59Insuffisance sévère : 15 à 29Insuffisance rénale terminale : inférieur à 15

hémoglobine glyquée Inférieur à 6 %

Triglycérides 0,39 à 1,60 g/L

Cholestérol total 1,30 à 2,40 g/L

Mr p. Mme b. Mr A.

Créatinine 167,9 micromoles/L

140 micromoles/L

Non renseigné

Clairance de la créatinine (MDRD)

37,5 mL/min 34 mL/min Non renseigné

Stade de la maladie rénale

Modéré (stade 3)

Modéré (stade 3)

Non IRC

hémoglobine glyquée

Non diabétique 6,3 % 5,4 %

Triglycérides 2,01 g/L 0,70 g/L (en 2011)

Non renseigné

Cholestérol total 1,67 g/L 1,72 g/L (en 2011)

Non renseigné

LDL 0,87 g/L 0,67 g/L (en 2011)

Non renseigné

poids 77 kg 56 kg 114 kg

Mr p. Mme b. Mr A.

Créatinine 139 micromoles/L

169 micromoles/L

91,1 micromoles/L

Clairance de la créatinine (MDRD)

46,5 mL/min 27 mL/min 169,8 mL/min

Stade de la maladie rénale

Modéré (stade 3)

Sévère (stade 4)

Non IRC

hémoglobine glyquée

Non diabétique 6,7 % 7,2 %

Triglycérides 4,04 g/L 1,29 g/L 0,89 g/L

Cholestérol total 3,03 g/L 2,42 g/L 2,01 g/L

LDL 1,88 g/L 1,41 g/L

poids 82 kg 62 kg 135 kg

Mesures biologiques et pondérales en 2012

Mesures biologiques et pondérales en 2009

Paramètres biologiques

Page 29: Revue Rein echos

nutrition

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 29

ketty�Deléris-vaUtriN���� diététicienne NutritionnistedU obésité de l’enfant et de l’ado-lescentdU obésité de l’adulte et syndrome métaboliquediU tabacologie et aide au sevrage tabagiqueQu’est ce que le sel

et à quoi sert-il ?Le sel ou chlorure de sodium est com-posé d’ions sodium (Na+) et de chlore (Cl-). 1g de sel contient 400g de sodiumLe sel est nécessaire à la vie, car il joue un rôle important dans la trans-mission de l’influx nerveux, et la régu-lation et répartition de la masse d’eau.Le sodium est filtré par les reins et est éliminé dans les urines.L’excès de sel entraîne une augmen-tation du travail rénal et de la pres-sion artérielle et diminue l’efficacité des antihypertenseurs. Donc, en cas d’insuffisance rénale, il est indispen-sable de :• Surveiller ses apports en sel en tenant compte de la prescription médi-cale (en général 6g de sel par jour)• Mais ne pas faire de régimes trop restrictifs en sel qui peuvent favoriser l’inappétence et peut être à l’origine de dénutrition

Comment savoir si je mange trop salé ?Les apports recommandés sont en moyenne de 6 g de sel par jour. En fai-sant un bilan urinaire, on peut faire une estimation de la consommation de sel par 24h. Apport en sel sur 24h (en g) = Natriurèse (en mmol) / 16.66

Où se trouve le sel ?Le sel peut provenir de 5 sources :• Le sel naturellement présent dans les différentes aliments et boisson (légumes, certaines eaux …)• Le sel ajouté aux aliments et boisson

BeaucouP de Patients Pensent qu’insuffisance rénaLe signifie régime sans seL. voici queLques informations qui vont je L’esPère, vous montrer que seL et insuffisance rénaLe ne sont Pas comPLètement incomPatiBLe.

au cours de leur fabrication (fromage, viennoiseries, pain …)• Le sel ajouté à la cuisson• Le sel de table• Le sel contenu dans certains médi-caments (comprimés effervescents, pastilles contre la toux, sirops, …)

Une alimentation sans aliment salé et sans utilisation de sel pour faire la cui-sine, apporte déjà l’équivalence de 2g de sel.

Quelques équivalences de sel :1g de sel est apporté par :• 1 noix de beurre salé• 60g de pain blanc (= ¼ baguette)• 80g de pain de mie (4 petites tranches ou 2 grandes)• 1 viennoiserie• 35g de Corn Flakes• 50g de jambon blanc (= 1 tranche)• 20g de saucisson (= 2 tranches fines)• 40g de crevettes roses cuites• 100g de thon au naturel en conserve• 1 tranche fine de saumon fumé• 40g de fromage (= 1/6 de camem-bert)• 150g de légumes en conserve• 250ml de Vichy Célestins

Comment donner du goût à ses ali-ments sans utiliser de sel ?Pour donner du goût à son alimenta-tion, on peut utiliser :• des échalotes, du poivre, des clous de girofle, du persil, de la noix de mus-cade, du curry, du safran, du gin-gembre, du laurier, du romarin, du thym…• du jus de citron, du vinaigre de vin, d’alcool, de cidre… La vinaigrette peut être réalisée avec une huile aroma-tique.• de la cannelle, de la vanille…N’utilisez pas des sels de régime car ce sel est trop riche en potassiumExemples de mode de cuisson :• Pour les viandes :- grillées avec herbes- panées (chapelure maison sans sel) + jus de citron

le�sel�et l’iNsUFFisaNCe rÉNale

- boulettes mélangées à des condi-ments (menthe…)- rôties (piquées à l’ail avec bouquet de légumes)- bouillies et servies avec des sauces aromatiques- marinées

• Pour les poissons :- au court bouillon, au micro-ondes- panés, frits (chapelure maison sans sel), rôtis…

• Pour les pâtes :- avec de la sauce tomate maison sans sel- des oignons revenus- ketchup sans sel…

• Pour le riz :- avec du paprika, safran…

• Pour les pommes de terre :- en vinaigrette- en purée avec muscade- sautées- farcies…

Vous l’aurez donc compris, il faut donc faire attention à sa consommation de sel journalière. Mais, ce n’est pas pour autant que la cuisine doit se retrou-ver fade et sans goût… Retenez donc, moins de sel, mais plus de saveurs ! Vive les épices et les aromates ! \\\

Page 30: Revue Rein echos

30 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

nutrition

Les aliments riches en phos-phore sont aussi ceux qui contiennent des protéines,

nous plaçant devant un dilemme : comment prendre peu de phosphore en mangeant suffisamment de pro-téines ?

1. Phosphore et protéines : de la carence à l’excèsLes protéines sont des nutriments es-sentiels qui assurent de nombreuses fonctions dans le corps humain : elles forment, réparent et entretiennent les tissus (muscles et organes) et composent des milliers d’enzymes, d’hormones et d’anticorps, dont le rôle est fondamental pour le système immunitaire. L’organisme ne peut les synthétiser, elles doivent donc être apportées par l’alimentation en quantité suffisante.Lorsque l’on manque de protéines, l’organisme ne peut se régénérer, et prend sur ses propres réserves : les muscles. Ceci entraîne une fonte de la masse musculaire, isolée ou asso-ciée à une perte de poids.Si l’on consomme des protéines en excès, il n’y a pas de mise en réserve possible (contrairement aux sucres et aux graisses). Les reins chargés d’éliminer leurs déchets (urée, acide urique, ammoniaque, créatinine, etc.) ont une surcharge de travail : à long terme cela accélère la progression de l’insuffisance rénale.Le phosphore est un minéral. Avec le calcium, c’est un des principaux com-

posants de l’os et des dents. À mesure que la fonction rénale se dégrade, le taux de phosphore dans le sang tend à augmenter. Il s’asso-cie avec le calcium et risque de se déposer au niveau des articulations, des muscles, des yeux, des vaisseaux sanguins et du cœur. Il peut entraî-ner différents symptômes comme des démangeaisons cutanées, des faiblesses musculaires, des douleurs articulaires et des complications car-diovasculaires.

2. Les apports nutritionnels conseillés2.1 Les protéines : « ni trop, ni pas assez » Le taux recommandé de protéines va notablement varier selon le stade d’insuffisance rénale, ou la technique de dialyse (cf. tableau1 et 2).Si la fonction rénale est qualifiée de débutante à modérée (stades 1 et 2), il n’est pas nécessaire de pratiquer une restriction protidique stricte. Toute-fois, il n’est pas souhaitable non plus d’en faire une surconsommation, comme il est d’usage dans les pays occidentaux. En France, on ingère généralement trop de protéines : en moyenne 1,4 g gramme de protéines par kilogramme de poids et par jour (g/kg/j), soit 105 g/j chez les hommes et 82g/j chez les femmes. Pour tous, il serait souhaitable de diminuer cet apport hyperprotidique à une ration « raisonnable », de 1g/kg/j [1]Lorsque l’insuffisance rénale pro-gresse, on cherchera à être néph-roprotecteur : avec le contrôle du sel, la restriction en protéines fait partie des armes pour ralentir cette progression. Il peut être conseillé de réduire vos apports protéiques à 0,8 g/kg/j, voire 0,6g/kg/j pour certaines équipes médicales [2,3]Au stade terminal, lorsque le traite-

gaëlle�sOriaNOdiététicienne - service de dialyse chronique du chu de toulouse

L’ hyPerPhosPhorémie est un ProBLème fréquemment rencontré au cours de L’insuffisance rénaLe, qui Peut imPoser une aLimentation Pauvre en PhosPhore.

PhOsPhOre�et�PrOtéiNes�Faire les BoNs CHoix

ment par dialyse est initié, il faudra au contraire augmenter ses apports, pour lutter contre la dénutrition. En effet, le rein étant remplacé par une technique d’épuration artificielle, il n’y a plus lieu à le « protéger ». De plus, on constate une perte d’acides aminés* dans le bain de dialyse, par-ticulièrement lors de la dialyse péri-tonéale. [4]La limitation en protéines doit donc être adaptée à chaque personne se-lon son état de santé. Elle doit faire l’objet d’une prescription médicale et d’un suivi par un diététicien.Pour vérifier que l’apport en pro-téines est suffisant, un dosage san-guin de l’albumine, de la préalbumine et/ou du nPCR** est régulièrement pratiqué.

Débit de Filtration Glomérulaire (DFG)

Apport conseillé en protéines

FR > 25 ml/min Apport protidique proche de la normale : 1 g/protéines/kg/j

FR < 25 ml/min Apport protidique diminué: 0,8 g/protéines/kg/j

FR < 15 ml/min Selon le traitement choisi: cf. lignes ci-dessous

hémodialyse Apport protidique majoré : 1,2 g/protéines/kg/j

Dialyse péritonéale Apport protidique majoré : 1,2 à 1,3 g/protéines/kg/j

Greffe Apport protidique majoré les 3 pre-miers mois : 1,5 g/protéines/kg/jEnsuite: 0,8 g/protéines/kg/j

Tableau 1: Apport conseillé en protéines selon la fonction rénale. La quantité de protéines conseillée dépend de votre poids.

Page 31: Revue Rein echos

nutrition

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 31

2.2 Le phosphoreL’apport en phosphore sera à modu-ler selon les bilans sanguins. Les recommandations actuelles sont de maintenir une phosphorémie normale (selon les laboratoires les valeurs de phosphore normales sont entre 0,9 et 1,5 mmol/l – 2,8 à 4,65 mg/l)[5]. Dans certains cas, votre taux cible peut être différent, déterminé par votre néphrologue.En cas d’hyperphosphorémie, l’ali-mentation devra être limitée en phos-phore : entre 800 et 1000mg/j [5].Il existe également des traitements médicamenteux permettant de limi-ter l’absorption intestinale: les chéla-teurs captent le phosphore apporté par les aliments, et l’empêchent ainsi de passer dans le sang.Pour être efficaces, les chélateurs doivent toujours être pris pendant les repas (si ceux -ci contiennent des ali-ments riches en phosphore). La dialyse permet aussi d’éliminer une partie du phosphore en excès, ce-pendant de façon insuffisante : c’est pourquoi la prise des médicaments et l’adaptation de l’alimentation restent les thérapeutiques de première ligne.3. Alimentation: faire les bons choixA partir de l’ illustration 1: les princi-pales sources de protéines, vous pou-vez connaître la quantité de protéines que vous consommez chaque jour et la comparer à la quantité conseillée (cf. tableau2).Par exemple, si l’on mange une por-tion de viande midi et soir, un bout de camembert et un yaourt, 200 g de

riz et ½ baguette sur la journée, on obtient : 2x20 + 6 + 5 + 2x4 = 59 g de protéines sur la journée.Les légumes verts, les fruits, les ma-tières grasses et les produits sucrés ne contiennent pas de protéines.

Les protéines animales (issues des viandes, des poisso ns, des œufs et des produits laitiers) sont aussi les principaux vecteurs de phosphore.

Les féculents (céréales, pomme de terre, légumes secs) apportent des protéines végétales avec proportion-nellement moins de phosphore mais ces dernières seront moins bien assi-milées que les protéines animales, car elles manquent de certains acides aminés essentiels*. La problématique n’est pas toutefois insoluble : le rapport protéine/phos-phore varie considérablement selon

poids corporel « sec »***

0,8 g de protéines/kg

1 g de protéines/kg

1,2 g de protéines/kg

40 kg 32 g 40 g 48 g

45 kg 36 g 45 g 54 g

50 kg 40 g 50 g 60 g

55 kg 44 g 55 g 66 g

60 kg 48 g 60 g 72 g

65 kg 52 g 65 g 78 g

70 kg 56 g 70 g 84 g

75 kg 60 g 75 g 90 g

80 kg 64 g 80 g 96 g

85 kg 68 g 85 g 102 g

90 kg 72 g 90 g 108 g

Tableau 2: Apport conseillé en protéines selon le poids. Le tableau se lit ainsi : « si on pèse 60 kg, que le médecin nous prescrit un régime à 1,2 g de protéines par kg, on devra alors consommer 72 g de protéines par jour ».

Teneur en phosphore (mg/100g)

Viandes, pois-sons, œufs

Lait et produits laitiers

Fruits et Légumes Autres produits végétaux

Céréales et dérivés

> 800 mg/100g Lait en poudre Fromage fondu allégé Fourme d’AmbertFromage fondu aux noix

Lécithine de sojaLevure de bièreGerme de blé

600 à 800 mg/100g

Ris de veau parmesanFromage fondu 45%MGbeaufortComtéEmmental

Cacao en poudreGraines de sésameGraines de tournesolSteak de soja

Céréales de petit-déjeuner au son

500 à 600 mg/100g

Jaune d’œuf CantalGoudaMorbier

Noix du brésilFarine de sojapistachepignon de pin

400 à 500 mg/100g

Cervelle de porcFoie d’ agneauViande de pigeonJambonneaublanc de pouletSardine àl’huileLotte (baudroie)bar commun

CheddarGoudaRacletteEdamFromage des pyrénéesSaint-MarcellinVacherinRoquefortLivarotSaint-paulinpont l’ÉvêqueMimolette

AmandeNoix de cajou

Flocon d’avoineblé tendreentier

300 à 400mg/100g

Cervelle deveau cuiteCervelled’agneau cuiteFoie de génissecuitRognons d’agneauSardine à lasauce tomateCarpeLieu noirCrabeMousse de poissonhareng grillé

ReblochonSaint-NectaireCamembertFromage bleuTommeMaroillesFetaGorgonzola

CacahuèteNoixpâte d’arachide

Muesli en floconspop-corn

Tableau 3: Aliments particulièrement riches en phosphore Liste non exhaustive. Élaborée d’après la table du Ciqual, 2012

Page 32: Revue Rein echos

32 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

nutrition

les aliments. Un choix quantitatif et qualitatif permet de concilier ces deux paramètres tout en gardant une alimentation variée et équilibrée.

Les aliments particulièrement riches en phosphore (cf. tableau 3) sont les abats, certains poissons gras, les fro-mages à tartiner et à pâte dure ainsi que les aliments dits « diététiques », naturellement riches en minéraux ou enrichis.La teneur en phosphore est très va-riable selon les types de fromage: en moyenne, les fromages à pâte pres-sée cuite apportent 690 mg de phos-phore pour 100g (Comté, Emmen-tal,...), contre 490 pour ceux à pâte ferme non cuite (Gouda, Cantal,...). Cette teneur n’est plus que de 360 mg pour les croûtes lavées (Maroilles, Livarot,...) et 290 mg pour les pâtes molles (Brie, camembert,...).Il y a une explication simple à une telle variation, liée à leur mode de fabrication: la teneur en phosphore des produits laitiers dépend direc-tement de la proportion de lait qu’ils contiennent: par exemple, pour fabri-quer un camembert, il faudra 2 litres de lait et plus de 3 litres pour la même quantité d’emmental. Pour un yaourt on aura besoin de 125 ml de lait et de seulement 60 ml pour un riz au lait.De plus, les fromages à pâte molle ont été égouttés, débarrassés de leur petit lait**** (amenant avec lui calcium et phosphore) tandis que les fromages à pâte cuite pressée ont conservé les minéraux du lait, dont le phosphore. Les fromages sont des concentrés de lait.

Tableau 4: Équivalences entre aliments

Tableau 5: Comparatif de la teneur en phosphore de deux menus

1 portion de produit laitier

= un verre de lait (125ml)= 1 yaourt= 1 fromage blanc= 2 petits suisses= 1 entremet (crème dessert, flan, liégeois, …)= 20 à 30 g de fromage à pâte dure= 30 à 40 g de fromage à pâte molle

1 portion de viande

= 100 g de viande rouge= 100 g de volaille= 100 g d’abats= 100 g de poisson= 2 tranches de jambon = 2 œufs

Menu « idéal » phosphore Menu « piège » phosphore

Café au laitTartines de pain beurrées

9035

Chocolat au laitCéréales petit-déjeuner riches en fibres

265120

Asperges vinaigrette1 cuisse de pouletpâtes aux légumesCrème à la vanillepoire 1 petit pain

502001801001035

2 sardines à l’huileblanc de pouletGratin de pâtes au fromageComtéYaourt nature 1 petit pain

32048033019012535

Chou-fleur 1 tranche de jambonbrieCompote1 petit pain

7075751035

Chou-fleur béchamelFoie d’agneauFromage à tartiner aux noixCompote1 petit pain

1254251801035

Total du menu = 960 mg de phosphore Total du menu = 2625 mg de phosphore

Il y a une exception à cette règle: les fromages dits fondus, à tartiner: fabriqués selon un processus indus-triel, ils sont souvent de moins bonne qualité nutritionnelle: plus pauvres en lait (et donc en protéines), ils sont néanmoins très riches en phosphore car des sels de fonte ont été ajoutés dans les ingrédients («phosphates»).D’autres aliments contiennent des additifs de phosphate (polyphos-phates , phosphate de sodium, acide phosphorique = E540 à 546): on les trouve dans les charcuteries sous vide, les plats cuisinés industriels et les sodas. Cette adjonction ne contri-bue toutefois que peu aux apports en phosphore.Le tableau n°3 indique les aliments particulièrement riches en phos-phore, qu’il vaut donc mieux limiter. Il faut cependant relativiser ces infor-mations qui comparent l’apport en phosphore aux 100 g avec la quan-

tité normalement consommée de ces produits : on mange rarement 100 g de lait en poudre ou 100 g de fromage au cours d’un repas, contrairement à la viande où la portion peut dépasser les 100 g. (cf. tabealu 3)

4. Conclusion : les recommandations en pratiqueSept conseils pour bien manger :prendre une à deux portions de viande (ou équivalent) chaque jour (tableau 4)prendre deux à trois produits laitiers chaque jour varier les différents types de viandes, poissons, produits laitiersalterner laitages et fromages d’un repas sur l’autreéviter les fromages à tartinerprendre les médicaments chélateurs de phosphore prescrits pendant le repaslimiter les aliments particulièrement riches en phosphore à une fois par semaine (tableau3) \\\

Glossaire * les acides aminés sont les maillons des chaînes de protéines. certains sont es-sentiels: l’organisme ne peut les synthé-tiser et doivent donc être fournis par l’alimentation**npcr: normalized protein catabolic ratio: score qui reflète le catabolisme protéique, calculé à partir de l’urée san-guine et du poids.*** poids sec: poids sans œdèmes **** le « petit lait » est le liquide qui reste après la coagulation du lait, il contient une grande partie de l’eau des minéraux du lait (calcium, phosphore)références[1] rapport afssa «apport en protéines : consommation, qualité, besoins et re-commandations », octobre 2007[2] moyens thérapeutiques pour ralentir la progression de l’insuffisance rénale chronique chez l’adulte, anaes, 2004 [3] Low protein diet for chronic kidney disease in non-diabetic adult (review), fouque d., cochrane database syst re-vue, 2006.[4] kdoqi guidelines nutrition in chronic renal failure , 1997[5] kdigo clinical practice guideline for the diagnosis, evaluation, prevention and treatment of chronic kidney disease-mineral and bone disorder (ckd-mBd) kidney international 2009

Page 33: Revue Rein echos

nutrition

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 33

Page 34: Revue Rein echos

34 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

nutrition

Cet article vous donne les conseils généraux pour gérer au mieux votre potassium,

mais l’accompagnement par une dié-téticienne-nutritionniste reste néces-saire pour adapter ces conseils à vos habitudes afin de préserver le plaisir de manger et la convivialité.Lors de l’insuffisance rénale, la fonction de filtration des reins étant peu ou pas assurée, l’élimination du potassium dans les urines ne se fait pas convenablement. Le potas-sium apporté par l’alimentation s’accumule dans le sang entre deux séances de dialyse. Il est donc indis-pensable d’adapter son alimentation pour maintenir une concentration de potassium sanguin (kaliémie) satisfaisante, comprise entre 3,5 et 5,5mmol/l.Le potassium joue un rôle dans la contraction musculaire et notam-ment dans la contraction cardiaque. L’excès de potassium, appelé hyper-kaliémie, peut entraîner des troubles cardiaques graves. Il se manifeste par une grande fatigue musculaire, des fourmillements des extrémités et du visage, des nausées et vomissements, un goût métallique dans la bouche et un ralentissement du pouls.

Si vous ressentez ces symptômes, il faut impérativement vous rapprocher de votre néphrologue.La principale cause d’hyperkalié-mie est l’alimentation notamment le week-end car il y a un jour supplé-mentaire sans dialyse et que c’est souvent un moment socialement propice à une alimentation plus riche (invitations, restaurant…)Cependant, une défaillance de la dialyse (problème de fistule, tech-niques de dialyse ou bain de dialyse inadéquat) peut aussi être à l’origine de l’élévation du taux de potassium sanguin. En cas d’hyperkaliémie, il est donc important de revoir la diététicienne qui, après une enquête alimentaire, pourra évaluer vos apports et se rap-procher du médecin si besoin.Un médicament peut vous être pres-crit pour mieux maîtriser la kaliémie.Une bonne éducation nutritionnelle évite les interdits !La notion de potassium a tendance à effrayer et certains patients sont trop stricts par manque de connaissance. Le moment du repas est alors source de frustration, voire d’angoisse. Des restrictions trop sévères peuvent entraîner une dénutrition et être dom-mageables à la vie sociale du patient en l’isolant parfois de la table familiale et en le privant de toute convivialité.La diététicienne de votre structure de dialyse est la personne ressource pour vous accompagner en vous don-nant des conseils adaptés à vos goûts

séveriNe�FrigOUt���� diététicienne-nutritionniste Coordinatrice du programme d’éduca-tion thérapeutiquedialyse - NephroCare ile de France

La mise en diaLyse s’accomPagne de nouveLLes recommandations nutritionneLLes. Parmi eLLes, Le contrôLe des aPPorts en Potassium est souvent vécu comme une contrainte Par Le Patient et son entourage. une meiLLeure connaissance des aLiments Permet d’être moins restrictif et de varier L’aLimentation en utiLisant Les équivaLences.

mieUx�cONNaitre��le�POtassiUm�

PoUr PoUvoir se Faire Plaisir !

et envies et aux habitudes de vie de la famille. Le rôle de la diététicienne de la struc-ture de dialyse est aussi de former l’équipe soignante afin que tous les professionnels aient le même dis-cours et ne culpabilisent pas les patients. Cette éducation diététique se fait dans le temps. Les 1ères consultations sont consacrées à la connaissance des aliments riches en potassium. Des entretiens de suivis réguliers permettent au patient de travailler sur les équivalences et les conseils de cuisson afin de pouvoir manger de tout en ayant un équilibre nutritionnel satisfaisant.Les aliments les plus riches en po-tassium sont :les légumes secs (haricots secs, flageolets, pois chiches, lentilles, fèves…)les fruits secs (pruneaux, dattes, rai-sins secs, figues et bananes séchées…)les fruits oléagineux (noisette, caca-huètes, amandes, pistaches, châ-taignes, avocat…)le chocolat, le cacao la bananeles fruits et légumes frais les pommes de terreles frites et les chipsles céréales complètes et le pain completles jus de fruits, les jus de légumes, les potages et bouillons de légumesle vin, la bière et le cidreles sauces tomates, les concentrés de tomate

Page 35: Revue Rein echos

nutrition

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 35

Les sels dits « de régime » sont inter-dits car ils contiennent du chlorure de potassium. Il est préférable d’uti-liser du « vrai » sel avec modération et de cuisiner avec des aromates, des épices et des fines herbes pour don-ner du goût.Les pâtes, le riz blanc, la semoule et le pain blanc sont les aliments les moins riches en potassium. Ils doivent être la base de votre alimen-tation et être consommés quotidien-nement à l’un des 2 principaux repas. Leur faible teneur en potassium vous permettra d’équilibrer vos apports journaliers.Plutôt que l’interdiction totale, il est préférable de contrôler la fréquence et la quantité de consommation des aliments riches en potassium, en évi-tant leur association dans la journée. Par exemple, si vous consommez des pommes de terre sautées au déjeu-ner, il faudra manger des aliments à faible teneur en potassium au dîner. Votre diététicienne pourra vous conseil-ler sur les équivalences, ce qui vous permettra de vous autoriser tous les aliments. Vous pourrez, par exemple, vous faire plaisir de temps en temps, en terminant votre repas par 4 carrés de chocolat à la place du fruit.Une consommation régulière de fruits et de légumes frais, bien répar-tie sur les repas est recommandée car ils sont source de fibres et de vi-tamines. Egalement source de potas-sium, il est conseillé de limiter leur consommation quotidienne à :1 portion de légumes crûs (100g)1 portion de légumes cuits ou de pommes de terre cuites (200g)1 fruit moyen crû1 fruit moyen cuit (compote ou fruit au sirop sans le jus)

En respectant les saisons, vous pour-rez déguster une grande variété de fruits et légumes et éviter ainsi la lassitude. (cf. tableau)Une consommation excessive de viande, poisson ou œuf (supérieure à 250/300g par jour) et de lait (supé-rieure à un demi litre par jour) peut aussi être à l’origine d’une hyperka-liémie.Pour les grandes occasions (fêtes de fin d’année, mariage…), il est souhai-table de rencontrer le néphrologue et la diététicienne qui vous conseilleront sur les traitements (médicaments et aménagement de la dialyse) et sur l’alimentation pour vous permettre d’apprécier pleinement ces événe-ments gastronomiques sans prendre de risque pour votre santé.En pratique dans l’assiette !Pour maintenir ou retrouver un bon état nutritionnel, l’alimentation doit être variée et équilibrée, composée de chaque famille d’aliments :

les viandes, poissons ou œufs : 2 fois par jourles produits laitiers (lait, laitages et fromage) : 2 à 3 fois par jourdont 1 part de fromage maximumles féculents (céréales, pommes de terre, pain) : à chaque repas les fruits : 2 par jour (1 crû et 1 cuit) et les légumes (1 crû et 1 cuit)les matières grasses : à chaque repas en privilégiant les graisses d’origine végétale.les boissons : seule l’eau est indis-pensable. La quantité sera adaptée au volume de vos urines (diurèse)sucre et produits sucrés : pour le plaisir ! Cette famille n’est pas indis-pensable à l’équilibre alimentaire mais elle peut être consommée avec modération ! Les quantités seront adaptées indivi-duellement selon :vos résultats biologiquesvos besoins énergétiquesles éventuelles pathologies associées (diabète, hypertension…)Dans le cadre de leur programme d’éducation thérapeutique « Ma vie avec la dialyse », les structures de dialyse de NephroCare Ile de France proposent aux patients de participer à un atelier de groupe intitulé « le potassium : une histoire de cœur ! ». La finalité de cet atelier est de per-mettre aux patients d’exprimer leurs difficultés et leur ressenti par rap-port au potassium et de trouver des repères pour équilibrer leurs repas.Ces ateliers, animés par la diététi-cienne et une infirmière, se déroulent pendant la séance de dialyse. Ils sont très appréciés des patients. C’est un lieu privilégié d’échanges où chacun peut parler et être écouté. La ren-contre avec d’autres dialysés et le partage des expériences participent aussi à une meilleure acceptation de la maladie.L’éducation nutritionnelle du patient dialysé est essentielle pour une meilleure qualité de vie. L’accompa-gnement par une diététicienne-nu-tritionniste est un soutien qui facilite l’autonomie du patient vis-à-vis de son alimentation. La connaissance des aliments riches en potassium et des équivalences permet d’éviter les interdits systématiques et de diver-sifier son alimentation afin que les repas restent un moment de convi-vialité et de plaisir ! \\\

Conseils de préparation des fruits, légumes verts et pommes de terre

• la peau des végétaux est riche en potas-sium : il est préférable d’éplucher, les fruits, légumes verts et pommes de terre avant de les consommer.• Le potassium est soluble dans l’eau :- Evitez les cuissons sans eau : à la vapeur, au four, au micro-ondes, à l’étouffée ou en friture- Epluchez et coupez en morceaux les légu-mes, fruits et pommes de terre, les faire cuire dans un grand volume d’eau et jetez l’eau de cuisson- Après la cuisson à l’eau, vous pouvez cuisi-ner les légumes ou pommes de terre à votre convenance.- N’utilisez jamais l’eau de cuisson pour la préparation de sauce ou potage

1 pomme moyenne

1 poire moyenne

1 petite tranche de pastèque (150g)

1 petite pêche

10 fraises 2 clémen-tines

½ pample-mousse

1 rondelle d’ananas

20 framboi-ses

1 petite orange

10 cerises 2 petites prunes

1 petite tranche de melon (100g)

1 kiwi

10 grains de raisin

2 petits abricots (ou 1 gros)

½ petite banane

1 fruit cuit = 1 petite compote du commerce ou une part de fruits au sirop sans le jus

Equivalences en potassium des fruits1 portion de fruit frais est égale à :

Page 36: Revue Rein echos

36 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

néphrologie et grand âge

Voilà bientôt deux ans que l’équipe Néphrologique des Polycliniques Bordeaux Nord

Aquitaine et Polycliniques Bordeaux Rive Droite ont travaillé, en étroite collaboration avec les laboratoires Bbraun Avitum, à la conception et à la réalisation de ce « 1er symposium néphrologie et grand âge », qui s’est déroulé les 31 mai et 1er Juin 2012, Place de la Bourse à Bordeaux.Il est très rare que l’organisation pra-tique et scientifique d’un symposium soit confiée à une équipe libérale exerçant en secteur privé, et nous ne cesserons de remercier le labo-ratoire Bbraun Avitum d’avoir crû en nos capacités et notre volonté à faire naitre un tel évènement.Il s’agit, nous l’espérons, du premier symposium pérenne sur le sujet du grand âge, qui sur un rythme d’un symposium tous les deux ans, per-mettra de couvrir au fur et à mesure des années, tous les versants néph-rologiques d’une population gran-dissante, qui reste à nos yeux un des grands défis du XXIème siècle.Comme un clin d’œil, le symposium a débuté par trois communications de

jeunes néphrologues ou intervenants en cours de formation, tel un passage de témoin.Vous trouverez dans cette revue, quelques unes des interventions et des sujets abordés lors de cette première réunion. Le dénominateur commun, qui se veut notre signature, est d’aborder des sujets pratiques, pour des praticiens de terrain, et c’est pour cela que chaque orateur choisi s’est vu confier un sujet sous forme de question, afin qu’une vraie réponse soit apportée par son inter-vention.C’est sous le soleil Bordelais et la chaleur que se sont déroulées ces journées, dans un cadre superbe, et le résultat nous semble avoir été à la mesure de nos attentes, avec des sujets diverses, intéressants, et des échanges avec la salle nombreux,

Dr�thierry�baraNgerNéphrologuePolyclinique Bordeaux Nord aquitainePolyclinique Bordeaux rive droite

iNtrODUctiON

dans un climat de travail certes, mais aussi de bonne humeur.Nous tenons à remercier tous les membres du comité d’organisation, néphrologues de la région sud-ouest, tous les membres du comité scien-tifique venant eux, de la France en-tière, et tout particulièrement Mon-sieur le Pr Christian Combes qui nous a fait l’honneur de présider ce comité d’une part, mais surtout qui nous a fait part de son expérience et de son expertise reconnue de tous.Et bien sûr, un grand merci aux labo-ratoires Bbraun Avitum, partenaires des Néphrologues depuis de longues années, qui sans jamais interférer dans nos choix, ont assuré avec maitrise et brio, toute l’aide logistique. Rendez-vous au printemps 2014, même lieu, même sujet général, et croyez-le, même motivation de tous ! \\\

Page 37: Revue Rein echos

néphrologie et grand âge

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 37

La dénutrition est fréquente chez la personne âgée. On estime que la prévalence de

la dénutrition est de 4 à 10% chez la PA vivant à domicile, jusqu’à 30 à 70% chez la PA hospitalisée. Cette fréquence élevée a motivé la réali-sation et la publication d’un rapport et de recommandations par l’HAS en 2007. Ce rapport pointe les situations les plus à risque, en particulier les défaillances d’organes chroniques dont l’insuffisance rénale. La com-plexité de la prise en charge de la nutrition de la PA IRC est sous-esti-mée. L’équipe soignante doit prendre en compte l’IRC et ses complications ou comorbidités associées comme l’HTA, le diabète, les pathologies vas-culaires … ainsi que les spécificités liées à la prise en charge gériatrique. Le rapport REIN 2010 montre que seuls 15 % des patients de plus de 75 ans en dialyse, n’ont pas d’autres comorbidités. L’âge médian à la mise en dialyse en 2010 était de 71 ans. L’équipe soi-gnante doit faire face à une double contrainte puisqu’au traitement de pa-tients insuffisants rénaux chroniques, le plus souvent atteints d’autres pa-thologies comme le diabète ou l’arté-rite, éventuellement dialysés s’ajoute

le suivi spécifique des patients géria-triques. (cf. figure 1)La prise en charge de la dénutrition, c’est d’abord un dépistage précoce. Il n’y a pas de marqueur spécifique à utiliser chez la personne âgée. (Ta-bleau 2) Le bilan biologique habituel inclut le dosage des protéines dont l’albu-mine et la préalbumine. Une baisse constante de ces protéines doit faire pratiquer un bilan plus complet. L’examen clinique et l’interrogatoire recherche une baisse du poids plus ou moins récent. Ces 2 critères « simples », suivis dans le temps per-mettent de nous alerter sur un état de dénutrition en cours d’installation. L’évaluation de la perte de poids n’est, bien entendu, pas si simple chez le patient dialysé pour qui la perte de poids peut être masquée par un excès d’eau dépisté tardivement. Des outils récents de mesure de la composition corporelle comme l’impédancemé-trie, permettent de mieux évaluer la perte de masse grasse ou de masse maigre. Mais là encore, les résultats ne sont pas faciles à interpréter chez

Dr�PhiliPPe�chaUveaUaurad-aquitaine et CHU de Bordeaux

le patient âgé et dialysé. La combinai-son de ces critères (tableau 3) per-met de guider la conduite à tenir. Le rapport poids/taille2 (BMI en anglais) détermine une zone à risque lorsque le poids est trop bas. Inférieur à 21 dans la population générale, ce rap-port devrait être supérieur à 23 chez le patient dialysé (recommandations EBPG Européenne). L’ensemble des critères peut être combiné dans une grille que chaque soignant peut uti-liser comme le MNA (mini nutritio-nal assessment). Dans cette grille,

Prise�eN�charge�NUtritiONNelle�DU�sUjet�âgé� les mêmes

exiGeNCes ?La Prise en charge de La nutrition de La Personne âgée (Pa) corresPond Le PLus souvent à une Prise en charge de La dénutrition Protéino-énergétique, c’est à dire L’insuffisance des aPPorts en Protéines et en énergie Par raPPort aux Besoins.

La figure 1 résume cette complexité.

Page 38: Revue Rein echos

38 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

néphrologie et grand âge

chaque critère a un poids plus ou moins important ou score. La somme de ces scores permet de classer le patient dans une zone à risque. Cette grille a été validée par des études cli-niques dans la population générale.L’interrogatoire diététique tente d’es-timer les apports alimentaires et/ou la baisse récente de ceux-ci. Chez le patient âgé, il est évident que l’interro-gatoire du patient ne peut suffire ; on doit se rapprocher de la famille ou de l’institution pour vérifier par exemple, si des difficultés récentes ont été ob-servées au moment des repas. Ces informations permettent de prendre en compte d’éventuelles modifications de l’environnement ; deuil, change-ment de résidence, troubles digestifs jusque-là inconnus, problèmes den-taires, perte d’appareil ou apparition de trouble de la mémoire ou de signes neurologiques. (Tableau 4)Le tableau 5, non-exhaustif, illustre comment chez la personne âgée, la

chaîne qui va du choix et de la dis-ponibilité des aliments, jusqu’à leur utilisation par l’organisme peut être perturbée et peut affecter le statut nutritionnel. Le choix des aliments dépend de l’état psychologique qui peut être va-riable, mais aussi de la consistance, de la texture et de l’odeur qui va gui-der le choix et finalement la quan-tité prise. Le temps des repas, le fait d’être seul ou en groupe peuvent être déterminants pour motiver la prise alimentaire. Il faut toujours laisser le temps à la personne âgée de manger, il peut être important de la motiver et/ou de l’aider. Les problèmes den-taires et de mastication sont évidents chez la PA ; ils supposent que l’on puisse préparer et servir des menus adaptés. La mauvaise ingestion de l’aliment induit sa mauvaise digestion elle-même aggravée par les troubles digestifs liés à l’âge ou aux patho-logies associées. En fin de chaîne,

l’utilisation des nutriments est modi-fiée avec l’âge. Il existe une sorte de “résistance “ à la renutrition. L’acti-vité physique réduite aggrave cette résistance.La prise en charge de la dénutrition doit être une affaire d’équipe. Chacun a un rôle. Au moment de la distribu-tion et de l’aide au repas, le person-nel peut noter une perte d’appétit, une difficulté à ingérer tel ou tel ali-ment, un trouble de la mastication. Le contact avec la famille et les aidants permet d’anticiper des problèmes sociaux pas toujours évoqués par le patient lui-même ou de dépister un état dépressif en phase dévelop-pement. L’interrogatoire diététique permet de guider la renutrition. Il s’attache à varier les repas et les textures des compléments s’ils sont prescrits. Le suivi doit s’assurer qu’ils sont pris au bon moment et qu’ils ne se substituent pas aux repas. Le timing des séances de dialyse doit pouvoir assurer une bonne prise en charge à domicile, éviter les horaires qui modifient trop les habitudes ou en opposition avec la prise en charge à domicile (retour trop tardif, livraison des repas, passage de l’infirmière …). Enfin le maintien d’une activité phy-sique suffisante permet de conser-ver l’autonomie du patient et favorise son maintien à domicile. L’examen clinique, au cabinet en dehors de la dialyse permet d’évaluer par des test simples, le maintien d’une activité physique ou au contraire une diminu-tion des capacités ou de la force mus-culaire. Le contact de l’équipe avec le médecin traitant permet d’anticiper ou de dépister précocement une dé-gradation de l’état nutritionnel ou une perte de ses capacités.

Dans la pratique, on l’aura compris, le premier traitement de la dénu-trition c’est le dépistage précoce. Encore plus chez le patient âgé que dans la population générale, la perte de poids est associée à une perte de la masse maigre. Le processus de récupération est beaucoup plus lent et le plus souvent incomplet. Comme on l’a évoqué précédemment, il existe chez la PA une forme de résistance à la renutrition. La figure 6 montre qu’ à prise en charge identique, les mar-queurs nutritionnels comme l’albu-mine mettront plus de temps à se

Tableau 2

Tableau 3

Page 39: Revue Rein echos

néphrologie et grand âge

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 39

Tableau 4

Tableau 5

normaliser chez le patient de plus de 60 ans. Il a clairement été montré que, chez la PA, la synthèse protéique est diminuée à apports en acides aminés et en calories identiques. Néanmoins, il a aussi été clairement montré que la supplémentation orale, bien pres-crite et bien suivie, améliore l’état nutritionnel, même après 75 ans chez le patient dialysé. De même, les pro-grammes de motivation à l’activité physique sont efficaces après 75 ans, sur la dépendance et sur la qualité de vie.Chez le patient dialysé, la supplé-mentation orale pendant la séance est efficace, si elle est bien conduite et adaptée au patient (quantité, qua-lité, fractionnement au cours de la séance pour éviter les trop grands volumes). Elle est particulièrement recommandée pour les patients âgés qui dialysent le matin, où la dialyse après un long jeune nocturne est par-ticulièrement catabolique.Le suivi diététique permet de mettre en place une supplémentation adap-tée en dehors des séances. La seule prescription ne suffit pas. Le suivi par la diététicienne permet de vérifier que les suppléments sont bien pris en dehors, et non à la place des repas.

En conclusion et pour répondre à la question « les mêmes exigences ?» on répondra OUI, les mêmes exi-gences que dans la population géné-rale et conformes aux recommanda-tions de l’HAS (tableau 7).

Beaucoup de services de néphrolo-gie ou de centres de dialyse n’ont pas suffisamment de temps diététicien pour assurer un suivi mensuel après un dépistage de tous les patients de plus de 75 ans. Le suivi par une dié-téticienne en ville est limité par la non-reconnaissance de ses actes. La relation de l’équipe soignante avec la prise en charge en ville est aussi consommatrice de temps et de temps d’assistante sociale. Si la prise en charge et le suivi sont bien struc-turés, avec la motivation de toute l’équipe, le support nutritionnel de la personne âgé peut être efficace. Il permet de maintenir le patient à do-micile avec une bonne autonomie et une bonne qualité de vie. \\\ ”

“L’évaluation de la perte de poids

n’est, bien entendu, pas si simple chez le patient dialysé pour qui la perte de poids peut être

masquée par un excès d’eau dépisté

tardivement. Des outils

récents de mesure de la composition

corporelle comme

l’impédancemétrie, permettent de

mieux évaluer la perte de masse

grasse ou de masse maigre.

Page 40: Revue Rein echos

40 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

néphrologie et grand âge

1/ Introduction Débuter la dialyse quelque soit l’âge a pour objectif de maintenir en vie les patients insuffisants rénaux tout en leur préservant une qualité de vie la meilleure possible. A l’opposé, faire le choix d’un traitement conservateur est synonyme de décès à court terme du patient. Avec le vieillissement de la population, de plus en plus de pa-tients très âgés arrivent au stade de l’insuffisance rénale terminale. C’est alors au néphrologue d’envisager ou non une prise en charge en dialyse.

2/ Données épidémiologiquesLes données du registre REIN montrent que l’âge médian des pa-tients incidents en dialyse en 2009 était de 70.2 ans et que la prévalence des patients de plus de 75 ans en dia-lyse était de 38 %. Par ailleurs, entre 2005 et 2009, l’incidence des moins de 75 ans stagne alors que sur la même période, elle augmente de 12 % pour les plus de 75 ans et de 74 % pour les plus de 85 ans(9). Force est donc de constater que l’âge n’apparaît donc pas comme un facteur limitant au commencement de l’épuration extra-rénale.La dialyse du sujet âgé est donc une routine dans nos centres mais leur rend-on service ? Des réponses sont apportées par D. Joly en 2003 qui a repris dans un centre, de façon rétrospective, les patients de plus de 80 ans pour lesquels une dialyse

était débutée en les comparants à ceux pour lesquels une décision de traitement conservateur était vali-dée. Il met en évidence une médiane de survie meilleure dans le groupe dialyse versus le groupe traitement conservateur (28.9 mois vs 9.9 mois p < 0.0001)(8). Biensur, les patients du traitement conservateur accu-mulaient bien plus de co-morbidités. Néanmoins, cela montre que lorsque la décision de dialyse est prise chez ces patients de plus de 80 ans, elle leur apporte une survie satisfaisante. Cette survie reste néanmoins va-riable, Tamura et coll rapportent aux états unis des survies médianes en dialyse de 0.6 ans pour les plus de 90 ans et 1.3 ans pour les 80-84 ans(15). D’autres données plus récentes, re-trouvent sur 1781 patients de plus de 75 ans débutant la dialyse une survie à 2 ans de 60%(7).Une fois le choix de la dialyse effec-tué, ces patients âgés doivent ils avoir des paramètres de dialyse différents des patients plus jeunes (séances plus courtes, etc..). A ce sujet, les avis convergent vers des modalités de dialyse équivalentes à celles des patients plus jeunes. C’est ce qui est retrouvé dans DOPPS : un temps de dialyse équivalent, des KT/V iden-tiques, une hémoglobine similaire mais une albuminémie plus basse traduction de la dénutrition(3). Dans cette même étude, il est rapporté que l’abord vasculaire chez ces pa-tients âgés débutant la dialyse est plus souvent un cathéter qu’une fis-tule. Ceci s’explique en partie par les

Dr�FraNçOis�PrOvôt�(CHrU de lille)

références tardives mais peut être aussi par la crainte du néphrologue de créer une FAV qui ne servirait pas longtemps ! Quelque soit les raisons de ce surplus de catheter, il est cor-rélé à un sur-risque de mortalité(11). La FAV reste donc le gold standart.Cependant, quelque soit les bons soins que nous procurons aux pa-tients, il faut garder en mémoire que par rapport à une population appariée non dialysée, il existe lorsque l’on est dialysé une diminution de 50% de la qualité de vie globale (3). Alors, s’il n’apparaît pas déraisonnable de débuter la dialyse chez nos pa-tients âgés, quelle qualité de vie leur offre-t-on ? Malgré les contraintes de la dialyse, on note un meilleur ressenti psycho-social des patients âgés par rapport aux sujets jeunes alors que c’est l’inverse pour le res-senti physique comme on pouvait s’y attendre(1-10). Des données similaires sont retrouvées dans DOPPS(3). En résumé, l’âge ne constitue cer-tainement pas un élément suffisant pour contre indiquer une prise en charge en dialyse. Les paramètres cliniques, en particulier l’état cognitif et de dépendance ainsi que l’anam-nèse du patient sont autant d’élé-ments capitaux pour choisir de dia-lyser ou non. Un score pronostic de mortalité à 6 mois du début de la dia-lyse a été proposé chez ces patients de plus de 75 ans et peut-être une aide à la prise de décision(6). Enfin, il faut rappeler qu’il n’y a aucun inté-rêt à débuter la dialyse trop préco-cement, les signes cliniques doivent primer au calcul de la clairance sur-tout chez ces patients(2- 5).

3/ le traitement conservateurL’alternative à la prise en charge en dialyse est le traitement conserva-teur. Ce choix doit être issu d’une décision pluridisciplinaire (gériatres, néphrologues, médecin traitant, équipe de soins palliatif). Pour que le confort de vie de ces patients soit

y�a-t-il�UN�âge�limite�la mise eN dialyse ?

L’oBjectif de cette revue n’est certainement Pas de donner une réPonse Précise à La question Posée mais PLutôt de fournir des Pistes de réfLexion.

Page 41: Revue Rein echos

néphrologie et grand âge

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 41

assuré, il faut que les néphrolo-gues connaissent et sachent gérer au mieux les symptômes (lassi-tude, prurit, dyspnée, syndrome des jambes sans repos) dont la séquence d’apparition est bien décrite et dont on sait qu’ils se majorent dans les deux derniers mois de vie(12). Il est donc indispensable que cela fasse partie de l’enseignement des futurs néphrologues qui seront de plus en plus confrontés à ces situations. Si ce traitement conservateur est bien pris en charge il n’est pas constaté plus d’hospitalisation que les patients dialysés(13). Alors quels sont les patients qui requièrent d’un traitement conserva-teur ? Ces patients sont significative-ment plus graves avec un état cognitif moins bon (4). La population ciblée est donc celle des plus de 75 ans avec un index de Charlson > 8 un Karnofs-ki< 40 et une albuminémie <25 g/l.(14).Des aides à la décision sont propo-sées sous forme de recommanda-tions par la Renal Physicians Associa-tion(14). Cela consiste surtout par une anticipation de la discussion avec le patient, ses praticiens et ses proches. Parfois, la situation est limite, il peut alors être proposé un temps d’essai en dialyse pour se donner le temps d’apprécier la tolérance et la qualité de vie. Quoiqu’il en soit cette décision de traitement conservateur doit être prise en collaboration avec des spé-cialistes du grand âge et de la méde-cine palliative pour assurer au patient un confort optimal(2).

Conclusions Le fait de débuter ou non la dialyse ne dépend donc pas de l’âge du patient mais plutôt de l’état général et des co-morbidités. Cette décision ne peut être issue que d’une vision partagée et si possible anticipée avec la famille, le médecin traitant et les autres pra-ticiens du patient. La prise en charge surtout dans le cadre du traitement conservateur doit être mixte pour profiter des connaissances des gé-riatres et des médecins de médecine paliative.Lors des débuts de la dialyse, nos Maîtres considéraient qu’il était légi-time de débuter une dialyse chronique si l’on donnait au moins six mois de survie aux patients avec une qualité de vie physique, sociale et psychique

satisfaisante. Quarante ans plus tard, cette vision bien que subjective reste vraie puisque l’on retrouve dans les aides à la décision pour le traitement conservateur cette question : serai-je surpris si mon patient mourait dans l’année !(14) \\\

Bibliographie :1. avramovic m, stefanovic v. health re-lated quality of life in different stages of renal failure. artificial organ, 2012, epub ahead of print.2. Berger Jr, hedayati s. renal repla-cement therapy in the elderly population clin J am soc nephrol.,7, 2012; 1039-1046.3. canaud B, tongL, tentori f, akiba t, karaboyas a, gillepsie B, akizawa t, pisoni rL, Bommer J, portfk. clinical practices and outcomes in elderly hemo-dialysis patients: results drom the dialysis outcomes and practice patterns study (dopps). clin J am soc nephrol, 6, 2011, 1651-1662.4. chandna sm, silva-gane m, marshall c, Warwicker p, greenwood rn, farr-ington k. survival of elderly patients with stage 5 ckd: comparison of conservati-ve management and renal replacement therapy. nephrol dial transplant. 26, 2011, 1608-1614.5. cooper B and coll. a randomized, con-trolled trial of early versus late initiation of

dialysis. new england journal of medici-ne, 363, 2010, 609-619.6. couchoud c, Labeeuw m, moranne o, allo t, esnault v, frimat L, stengel B. french renal epidemiology and informa-tion network (rein): a clinical score to predict 6-month prognosis in elderly pa-tients starting dialysis for end-stage re-nal disease. nephrol dial transplant 24, 2009, 1553-1561.7. foote c, ninomiya t, gallagher m, perkovic v, cass a, mc donald sp, Jardi-ne m. survival of elderly dialysis patients is predicted by both patient and practice characteristics. nephrol dial transplant, 2012, epub ahead of print.8. Joly d, anglicheau d, albertic, nguyen a, touam m, grünfeld Jp, Jungers p. oc-togenarians reaching end-stage renal disease: cohort study of decision-making and clinical outcomes. J am soc nephrol, 14, 2003; 1012-1021.9. kessler m, ayav c, arpelding mL, couchoud c. evolution des caractéristi-ques des patients en insuffisance rénale chronique terminale lors de l’initiation du traitement par dialyse. données de rein 2004-2009. nephrologie, 2012. epub ahead of print.10. kutnerng, Jassal sv. quality of life and rehabilitation of elderly dialysis pa-tients. seminars in dialysis, 15, 2002, 107-112.11. ocak g, halbesma n, Le cessie s, hoogeveen ek, van dijk s, kooman J, dekker fW, krediet rt, Boeschoten eW, verduijn m.haemodialsis catheters increase mortality as compared to arte-riovenous accesses especially in elderly patients. nephrol dial transplant, 26, 2011, 26111-2617.12. murtagh fe, sheerin ns, addington-hall J, higginson iJ. trajectories of illness in stage 5 chronic kidney disease: a lon-gitudinal study of patient symptoms and concerns in the last year of life. clin J am soc nephrol. 6, 2011, 1580-1590.13. o’connor n, kumar p. conservative management of end-stage renal disea-se without dialysis: a systematic review. Journal palliative medecine, 15, 2012, 228-234.14. renal physician association. shared decision-making in the appropriate ini-tiation of and withdrawal from dialysis. clinical practice guideline. october 2010.15. tamura m, tan Jc, o’haere a. optimi-zing renal replacement therapy in older adults: a framework for making indivi-dualized decisions. kidney international, 2011, epub ahead of print.

Page 42: Revue Rein echos

42 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

néphrologie et grand âge

IntroductionLes lois Kouchner du 4 mars 2002 et Léonetti du 22 avril 2005 définissent un cadre pour le refus d’obstination thérapeutique déraisonnable et la possibilité de limitation ou d’arrêt de traitement. La dialyse en progrès technique constant est indiquée pour des pa-tients de plus en plus fragiles.L’évolution de leurs pathologies dépendantes ou indépendantes de la maladie rénale chronique et/ou la survenue d’événements médicaux nouveaux peuvent faire remettre en cause le traitement par dialyse deve-nu plus à risque que bénéfique.L’unité de Concertation Ethique en Néphrologie, grâce à sa discussion pluridisciplinaire, permet, au néph-rologue, de mener la réflexion néces-saire pour une décision éclairée et un projet de soins adapté, tracé, décul-pabilisant la famille et opposable en cas de désaccord, l’arrêt s’accom-pagnant toujours de la survenue du décès.

Mise en place d’une Unité de Concertation Ethique en NéphrologieHistorique En 2002, les premières situations envisageant un arrêt de dialyse, ont été discutées en toute logique avec l’équipe mobile de soins palliatifs. Puis, pour bénéficier de l’avantage d’un groupe pluridisciplinaire déjà constitué, des dossiers ont été pré-sentés à l’Unité de Concertation Alzheimer. Compte tenu des particu-larités de la dialyse, individualiser un espace spécifique de réflexion s’est imposé dès 2004.

Organisation pratiqueLes sessions sont préparées et ani-mées par la néphrologue respon-sable de sa mise en place qui est éga-lement secrétaire de séance. Les participants auto-recrutés sont volontaires et bénévoles. Le groupe réunit un philosophe, une juriste, une psychologue, deux assistants sociaux, deux cadres infirmiers, un aumônier, un neurologue, un psychiatre, plu-sieurs infirmiers, aides-soignants, néphrologues impliqués ou non directement dans les situations évo-quées. Pour des raisons logistiques, gériatre, médecin de l’équipe mobile d’accompagnement et de soins pal-liatifs, médecin traitant, représen-tant du lieu de vie du patient sont peu présents. Ils sont contactés indé-pendamment. Les participants sont tenus au respect de confidentialité. Pour un maximum de participants disponibles, un créneau de réunion mensuel (hors vacances scolaires) a été choisi. Le calendrier est annoncé pour l’année et un ordre du jour en-voyé avec chaque rappel. Les réunions ont lieu quel que soit le

DOcteUr�jOcelyNe�maUriZi�balZaN�Nephrologue et responsable Unite Concertation ethique en Nephrologie CHU Grenoble

nombre de participants.Pour être discutée, une situation doit être rapportée par un ou plusieurs intervenants impliqué afin que des questions pouvant aider à la réflexion ne restent pas sans réponse.Les conclusions sont formelles : un compte rendu est rédigé, archivé et accessible dans le dossier du patient. Si nécessaire, elles sont diffusées par courriel aux néphrologues d’as-treinte. Elles peuvent être diffusées de façon informelle entre profession-nels de santé pour améliorer la prise en charge du patient.

Démarche de réflexion Un outil d’aide à la discussion d’ar-rêt de dialyse a été conçu. C’est un guide pour repérer les différentes étapes indispensables pour mener la réflexion préalable à la décision que prendra le néphrologue référent en charge du patient.Le facteur temps est primordial dans la démarche pour anticiper, abor-der la question en amont, l’évoquer régulièrement et prendre le temps de collecter les renseignements. En cas d’urgence la décision incombe à l’astreinte, souveraine.Etape 1 : Elle consiste à recueillir l’avis des partenaires de soins. Etape 2 :Le patient est avisé de la discussion le concernant, de façon claire, non ambivalente avec infor-mation sur les conséquences de l’arrêt de dialyse, et assurance que l’arrêt de dialyse n’est pas un arrêt des soins.Si le patient est hors d’état d’exprimer sa volonté, selon son régime légal de protection, l’information est donnée à la personne de confiance, la famille, au Procureur de la République, au juge des tutelles ou au tuteur.

qUaND�et�cOmmeNt�arrêter�la�Dialyse�?�

exPÉrieNCe de la PlUridisCiPliNaritÉ.

Page 43: Revue Rein echos

néphrologie et grand âge

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 43

Etape 3 : Son avis est demandé au patient ou à son représentant, et d’éventuelles directives anticipées sont consultées.Etape 4 : La discussion collégiale cherche à vérifier que l’arrêt de dia-lyse ne cache pas une autre problé-matique accessible à une prise en charge, en identifiant les éléments déclenchant la discussion : - survenue ou aggravation de pathologie(s) associée(s) chroniques évoluant défavorablement ou d’un événement aigu intercurrent - symptômes sévères et invalidants sans lien avec la dialyse - mauvaise tolérance des séances de dialyse - difficultés techniques ou logistiques liées à la dialyse - sentiment d’obstination déraison-nable perçu par les équipes soi-gnantes- demande formulée par le patient, la famille ou les proches - influence négative de l’environne-ment social ou familial.Avant d’arrêter la dialyse, des al-ternatives sont proposées comme diminuer le nombre ou la durée des séances, envisager un changement de technique ou de site de traitement. Un changement du lieu de vie ou la vérification que les thérapeutiques sont optimales pour soulager ses symptômes sont envisagés.Etape 5 : La décision prise est commu-niquée au patient ou à son représentant.Etape 6 : La décision est appliquée avec mise en œuvre de soins adaptés. Etape 7 : Le patient peut revenir sur sa décision.Quand l’arrêt de dialyse est acté, les soins sont axés sur le confort. Les actes et les traitements sont allégés. L’équipe mobile de soins palliatifs est sollicitée. Les risques de surcharge hydro-sodée ou d’hyperkaliémie connus sont cadrés. La fin de vie se fait à domicile si le patient ou ses proches le souhaitent avec un rapa-triement direct en Néphrologie sans passer par le service d’accueil des urgences si la situation devient diffi-cilement supportable. Le service est doté de 2 lits identifiés de soins pal-liatifs. Le patient n’est pas transféré afin qu’il ne change pas d’environne-ment et d’équipe au moment où il a le plus besoin d’un entourage familier.

EvolutionL’apport spécialisé des intervenants a permis d’élargir les sujets abordés aux indications de transplantation, de contre indications à la dialyse, de consultations spécifiques, de mises au point. Le personnel soignant sensibilisé a accès à des formations sous forme d’« Ecoute et communication, agres-sivité dans la relation, fin de vie », de groupes de paroles et d’analyse de la pratique. L’activité est validée pour l’Evaluation des Pratiques Professionnelles.

RésultatsAprès des débuts consacrés à se structurer, cette unité fonctionne sous forme de concertation depuis 2006.Le bilan d’activité annuel demandé pour l’Evaluation des Pratiques Pro-fessionnelles enregistre 20 à 30 situations discutées sur 8 à 10 ses-sions. La moitié des dossiers sont repris itérativement illustrant l’im-portance du temps nécessaire pour décider.Les discussions sont déclenchées par la survenue d’une pathologie aigüe surajoutée, une souffrance liée à la dialyse, une difficulté technique, la demande du patient, un sentiment d’obstination déraisonnable.L’âge (de 43 à 88 ans) et l’ancien-neté en dialyse (de quelques jours à 14 ans) ne sont pas déterminants. Le délai de survenue du décès est de 1 à 90 jours selon la persistance ou non d’une fonction rénale résiduelle.La décision n’est pas toujours conforme aux conclusions des dis-cussions collégiales. L’opposition ou l’ambivalence du patient, d’un de ses proches, d’un intervenant extérieur, des désaccords entre équipes ou une inadéquation entre la technique et l’état du patient font diverger des recommandations.

ConclusionConfronté à la chronicité d’un traite-ment invasif, le néphrologue doit par-fois se positionner entre technique et éthique. L’unité de Concertation Ethique en Néphrologie est un lieu et un temps d’échanges qui, si elle ne résout pas tout, lui permet, de prendre une décision sans omettre d’élément déterminant.

Elle apporte un cadre législatif et référencé. \\\

Références Bibliographiques - arrêt de dialyse : place d’un outil d’aide à la réflexion en pratique cliniqueJ. maurizi-Balzan, g. Jarrin, n. carlin, L. cimar, o. moreaud, g. Laval ; ethique & santé 2007, vol. 4, no4, pp. 207-212 - question de l’arrêt de dialyse et soins palliatifs. étude rétrospective sur trois ans au centre hospitalier universitaire de grenoble et élaboration d’un outil d’aide à la décisionguillemette Jarrin, Jocelyne maurizi-Bal-zan, guillemette Lavalnéphrologie & thérapeutique ; vol 3 - n° 4 p. 139-146 - juillet 2007 Loi Léonetti du 22 avril 2005Loi kouchner du 2 mars 2002.

Page 44: Revue Rein echos

44 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

néphrologie et grand âge

IntroductionPour les patients au stade de la sup-pléance de l’insuffisance rénale, la transplantation rénale est la meil-leure des solutions en termes de survie et de qualité de vie. Cependant, l’âge moyen des patients à l’initiation de la dialyse (69 ans) et de la greffe (51 ans) pose un problème pour les plus âgés à plusieurs niveaux : l’évalua-tion des receveurs (cognition, fragilité gériatrique), les conditions d’accès à la greffe, le choix et la répartition des greffons, l’évaluation des risques, en particulier immunologique, infectieux et cardiovasculaire, et la modula-tion de l’immunosuppression. Il faut en effet évaluer, plutôt a priori qu’à posteriori, le ratio utilité/futilité de la proposition de transplantation rénale chez les sujets les plus âgés. Au-delà des résultats individuels, optimistes ou pessimistes, il convient de regar-der les résultats des registres et des études non seulement en chiffres de survie des greffons et des patients, mais aussi en termes de qualité de vie, de projet de vie et de réhabilitation des sujets. Une attitude trop optimiste tendrait à un geste de transplan-tation sans bénéfice et grevé d’une morbi-mortalité inacceptable et de la perte de greffons éventuellement utilisables chez d’autres receveurs. A l’inverse, le déni de la transplantation sur le seul critère de l’âge aboutirait à refuser une alternative efficace sur le plan de la réhabilitation individuelle et sur les coûts d’allocation des res-sources médicales.

Il faut revenir aux données factuelles, aux disparités selon les systèmes de santé, et aux éléments potentielle-ment dissuasifs.Si on observe un accès accru à la transplantation rénale, les nouveaux critères d’allocation des greffons font plutôt bénéficier les receveurs plus jeunes, dans la limite de l’avancée en

âge des donneurs potentiels. De plus, les critères élargis pour le don d’or-gane (donneurs limites) ne résolvent pas la demande des sujets âgés. Les reins de donneur vivant apparaissent théoriquement plus pertinents pour les personnes âgées mais posent le problème du don d’enfant à son pa-rent, même si l’enfant en question a en général la cinquantaine pour les receveurs seniors.

P.�ZaOUi,�F.�bayle,�l.�crOZe,�b.�jaNbON,�P.��malveZZi,��m.��PaDilla,�r.�tetaZClinique Universitaire de néphrolo-gie, Unité de transplantation rénale,Université J Fourier CHU Grenoble BP 217 – 38043 Grenoble cedex. [email protected]

A ce jour il n’existe pas d’index fiable permettant d’établir un profil des greffons et d’évaluer les risques, en particulier de non fonction primaire en cas de donneur âgé ou d’utilisa-tion de reins marginaux.Ll’intérêt des biopsies au prélèvement reste controversé. Il faut aussi évaluer l’impact des greffes de rein doubles (bi-greffes), des machines de perfu-sion et des systèmes d’allocation « senior-pour-senior ». Il existe de plus des variations géographiques, même en Europe et aux US, dans l’organi-sation des prélèvements et dans les questions de réglementation et de remboursement.

En conclusion La greffe de donneur vivant peut fournir la meilleure option pour des seniors âgés sélectionnés même avec des donneurs âgés et grâce à une expansion méthodique mais rai-sonnée de la communauté des don-neurs. (cf. graphique ci-dessous). Les enjeux de la transplantation du sujet âgé qui vont déterminer les cibles du bilan pré-greffe et les choix de l’im-munosuppression sont : la qualité du

jUsqU’à�qUel�âge�eNvisager� la GreFFe rÉNale ?

Page 45: Revue Rein echos

néphrologie et grand âge

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 45

greffon proposé, le risque du rejet et de son traitement, en particulier les risques infectieux, cardiovasculaires, et métaboliques (diabète).Si la mortalité par infection augmente chez les greffés de plus de 65 ans (16 décès par an pour 1000 patients versus 6 pour la tranche d’âge 40-49 ans), elle reste moindre que chez

les dialysés en liste d’attente (20 décès par an pour 1000 patients). A l’inverse, si le risque de rejet aigu est plus faible chez les seniors, leur risque de perte de greffon indépen-damment d’épisodes de rejet est plus élevé (greffon âgé, état vasculaire du receveur, infections urinaires). De plus, l’allocation « senior pour

senior » entraîne un risque de rejet plus élevé en cas d’attribution d’un greffon plus âgé, certains marqueurs de sénescence pouvant activer le sys-tème immunitaire du receveur. Enfin, si le risque cardiovasculaire s’élève avec l’âge des greffés (38 décès par an pour 1000 patients), il est bien plus important chez les dialysés en liste d’attente (96 décès par an pour 1000 patients). Dans ce contexte, la présence d’un diabète chez un trans-planté rénal augmente le risque de perte du greffon de 63% et de décès de 87%. Quant au risque de mortalité par cancer après greffe, s’il est plus élevé chez les seniors comme dans la population générale, sur les études les plus récentes, il ne semble plus différent de celui de la population dia-lysée du même âge et avec les même facteurs de risque.

L’utilisation des immunosuppres-seurs est bien évidemment modifiée par l’âge créant une augmentation de la variabilité des taux des immu-nosuppresseurs, en partie liée à l’hétérogénéité génétique persistant avec l’âge. S’il n’y a pas de règle de prescriptions spécifiques pour les seniors, il faut rapprocher la surveil-lance des dosages pharmacologiques et éviter les génériques. (cf. tableau ci-dessus)Malgré les risques de surdosage des immunosuppresseurs, le risque de lymphome des greffés âgés est plus faible que chez les plus jeunes. Si l’arrêt précoce des corticoides est recommandé chez les sujets âgés, il entraîne un risque de rejet aigu significatif, mais sans conséquenc, semble-t-il, sur la survie des greffons à 5 ans.En conclusion, amener un sujet âgé à la transplantation rénale nécessite d’évaluer précocement le projet de greffe, d’établir les possibilités de greffe préemptive, en particulier à partir d’un donneur vivant, de finali-ser le bilan pré-greffe et de le réac-tualiser, enfin d’adapter les immuno-suppresseurs. Il s’agit de contrôler le dilemme entre la sur-immunosup-pression et ses risques d’infection, cardiovasculaires et de diabète et la sous-immunosuppression condui-sant aux épisodes de rejet et à la perte du greffon dont la marge est plus étroite avec l’avancée en âge. \\\

Page 46: Revue Rein echos

46 /// Reins-Échos n°13 - www.rein-echos.fr

néphrologie et grand âge

Parler ou écrire sur la bien-traitance suppose une cer-taine expérience dans le domaine des relations hu-

maine, en l’occurrence de la relation d’aide.La relation d’aide se veut, par défi-nition, bientraitante. Cela dit, sans un minimum de techniques rela-tionnelles, les résultats sont moins garantis.L’exemple le plus facile étant la vo-lonté de se vouloir bien traitant et au bout du compte parvenir à un résultat inverse.En effet, la bientraitance est avant tout une question d’état d’être, de façon d’être.En même temps, une observation de soi-même et de l’effet que l’on pro-duit sur l’autre permet d’ajuster sa façon d’être si nécessaire.D’où le concept de bientraitance ac-tive, c’est-à-dire consciente.Le soignant, en l’occurrence, décide d’être dans la bientraitance et porte une attention minimale sur lui-même

de manière à vérifier par observation sur le patient, s’il produit sur lui un effet positif.Garder l’axe de la bientraitance active permet de conserver des attitudes bientraitantes en permanence sim-plement par intégration psychique et émotionnelle au quotidien.Une présence, un silence, un regard conscient et soutenant sont des outils précieux de bientraitance active.Derrière ces attitudes multiples, vous trouverez toujours les valeurs de res-pect, d’écoute, de considération et d’empathie.Donc, la bientraitance est une notion de pratique, d’amélioration et d’ap-prentissage permanent.Cela est l’inverse de la bientraitance passive proche de la maltraitance aussi passive.Dans les deux cas, il ne s’agit pas d’un travail conscient et orienté mais d’attitudes pouvant être volatiles et dépendant de plusieurs facteurs sub-jectifs (humeur, problèmes person-nels…).Alors qu’un soignant est décidé à pratiquer la bientraitance qui rentre évidemment dans le rôle propre infir-mier par exemple, il a par là-même, une garantie consciente et incons-ciente d’amélioration de sa capacité à être bientraitant consciemment et inconsciemment.La bientraitance est une décision intime demandant de la constance et de la conscience.Ceci préserve de comportements maltraitants passifs de l’ordre essen-tiellement de l’inconscience.Prenons l’exemple de l’écoute. Ecouter, contrairement à une notion fausse, ne va pas de soi.Certes, il arrive que certains soient plus doués que d’autres pour cette activité ; mais globalement, écouter s’apprend. Ecouter le patient, recevoir de façon apaiser ce qu’il dit, ne pas cher-cher une solution à sa place (frein à

aZiZ�DjeNDliréférent psychosocialNephrocare ile de France

l’écoute) : autant d’éléments s’inté-grant progressivement et permettant de devenir un meilleur bientraitant.Pour résumer et donner l’essentiel de l’expérience, l’objectif est de deve-nir un meilleur bientraitant.Pour cela, une intention stable est nécessaire ainsi qu’une proximité à soi-même de façon à toujours s’amé-liorer en apprenant parfois de ses erreurs et en soulignant aussi ses réussites de bientraitance.Donc travaillons à être des bientrai-tants ! \\\

bieNtraitaNce�:etre UN BieNtraitaNt

suite�sur�rein�échos��numéro�14�dossier�«Nutrition�et�dialyse»�:�articles�:�raymond�azar,�christophe�gourc,�jean�rené�larue�(avec�mme�gonzalez)�et�Nathalie�ramade,�par�manque�de�place�sur�ce�numéro.�Désolé.

Page 47: Revue Rein echos

néphrologie et grand âge

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 47mars -septembre 2012 - Reins-Échos n°12 /// 47

reCHerCHe CliNiQUe

Guidés par des impératifs de coûts, les industriels du médicament ont redéployé

leurs stratégies de développement clinique vers les zones émergeantes, en particulier les pays d’Europe de l’Est et l’Asie. Une mauvaise nou-velle pour les patients Français car « à chaque fois qu’un essai clinique n’est pas réalisé sur notre territoire, nos patients sont privés de l’oppor-tunité d’accéder, les premiers, aux traitements les plus prometteurs du moment », insiste Yves Alamercery. Lorsqu’un essai clinique est conduit en dehors de l’hexagone, il faut at-tendre plusieurs années avant que le médicament ou le dispositif médi-cal (DM) concerné arrive sur le mar-ché Français. « De plus, lorsque ces études sont menées au-delà de l’Eu-rope Occidentale, les données ne sont pas automatiquement exploitables en France du fait des différences métaboliques importantes entre les populations. » Une réalité plusieurs fois identifiée, notamment dans les traitements de l’hypertension et pour certains en oncologie. S’agissant des études post-AMM, c’est à dire celles qui observent l’usage, l’efficacité et la tolérance dans la « vraie vie », elles ne sont pas transposables d’un pays à l’autre.

Participer à un essai cliniqueUne enquête réalisée par l’AFCROs en 2008 a mis en évidence l’intérêt des patients pour les essais cliniques ainsi que leur volonté d’être plus, et mieux informés sur le sujet. « Les patients qui entrent dans un essai clinique ont une réelle chance de bénéficier d’un traitement meilleur que ceux existants car les promo-teurs, s’il n’avaient pas l’espoir de cette avancée, n’engageraient pas les investissements importants qui sont nécessaires à la mise en place d’une étude clinique. » Ainsi, en par-ticipant à un essai clinique, le patient se donne une chance de se soigner mieux, et plus vite. « Il est utile pour lui, mais également pour un membre de sa famille qui pourrait avoir la même maladie dans le futur, ou plus largement pour toutes les personnes concernées par une même patholo-gie. » Au-delà, le patient contribue à améliorer notre système de santé et

assOciatiON�FraNçaise�Des�crOsexplications avec yves alamercery,membre du comité directeur del’association Française des Cros(Contract research organization)qui réunit 70 % des entreprises derecherche clinique & épidémiologique.

devient acteur des progrès qui amé-liorent l’espérance de vie. « Je sou-haite rappeler aux volontaires et pa-tients Français que la pratique de la recherche clinique Française est ex-trêmement encadrée par la loi. Tous les participants à un essai clinique sont informés, éclairés, et totalement libres de poursuivre ou d’interrompre une étude sans aucune conséquence pour eux ». Loin d’être un cobaye, le patient est au contraire un partenaire de la recherche.

essais�cliNiqUes�réalisés�DaNs�l’hexagONe�:

UNe CHaNCe PoUr les PatieNts FraNçais

dePuis une dizaine d’années, Le nomBre d’études cLiniques réaLisées sur Le territoire diminue de L’ordre de 4 à 5 % Par an. une situation PréoccuPante qui PénaLise Les Patients français.

Page 48: Revue Rein echos

48 /// Reins-Échos n°12 - www.rein-echos.fr

RecheRche clinique

Toutefois, la mise à disposition d’un nouveau médicament ou dispositif médical conserve

toujours une part d’incertitude quant à ses effets sur la population. D’où l’importance des études post-AMM qui observent les produits de santé en conditions réelles d’utilisation. Le Dr Gérard SORBA, Président de l’Association Française des CROs (Contract Research Organization) qui réunit 70 % des entreprises de la re-cherche clinique & épidémiologique, répond à nos questions.

Quels sont les critères d’évaluation retenus pour me-surer l’impact d’un produit de santé sur la population ?En premier lieu, il est important de rappeler qu’une évaluation n’est pertinente et réaliste que si elle est fondée sur des données qui rendent compte des pratiques dans la vraie vie. Nous mesurons l’impact en termes de bon usage, de tolérance, de qualité de vie, de morbidité et de mortalité, ainsi que sur l’organisation du système de santé.

Comment se mesure l’efficacité et la tolérance d’un médica-ment en vie réelle ?L’efficacité et 1a tolérance d’un mé-dicament dépendent étroitement des caractéristiques (âge, sexe, gravité de l’affection traitée, maladies et fac-teurs de risques associés, co-pres-criptions, ...) de la population qui les utilise et des conditions d’utilisation (dose, durée de traitement, asso-ciations médicamenteuses, mode et rythme de surveillance, etc.). Un re-levé exhaustif est fait sur une popu-lation large.

S’agissant du critère « impact sur l’organisation du système de santé », qu’est-ce qui est évalué ?Quel que soit le moment de la vie d’un médicament ou d’un dispositif médical, il s’inscrit toujours dans un système d’offre de services de santé que le patient est amené à utiliser. Aussi, nous vérifions la pertinence de l’organisation des soins. Nous

Loi « Jardé » : quelles évolutions réglementaires majeures pour les recherches qui impliquent la personne humaine ?publiée au Journal officiel du 6 mars 2012, la loi « Jardé » offre désormais un cadre juridique unique aux recherches médicales impliquant la personne. Ses points clés :- L’obligation pour les promoteurs d’études cliniques d’obtenir l’avis favorable d’un Comité de pro-tection des personnes pour toutes leurs recherches impliquant l’homme. Une évolution qui implique des dossiers à la fois plus complets et mieux renseignés, et pour toutes les catégories de recherche.- La définition de trois catégories de recherches : . Interventionnelles comportant une intervention sur la personne non justifiée par sa prise en charge habituelle ; . Interventionnelles qui ne portent pas sur des médicaments et ne comportent que des risques et des contraintes minimes ; . Non interventionnelles dans lesquelles tous les actes sont pratiqués et les produits utilisés de manière habituelle, sans procédure supplémentaire ou inhabituelle de diagnostic, de traitement ou de surveillance. Grâce à ces études, les médicaments ainsi que les dispositifs médicaux marqués CE, sont observés dans des conditions réelles d’utilisation, ce qui contribue à une amélioration im-portante de la santé publique. L‘entrée en vigueur de la loi dépend de la publication de certains décrets. Toutefois, la loi « Jardé » n’a pas été remise en cause par les politiques.

étudions également l’aspect médico-économique en analysant les condi-tions d’emploi du produit, le temps nécessaire au personnel soignant pour l’utiliser, et, selon les cas, le temps d’hospitalisation qui peut être nécessaire.

Pourquoi dites-vous que les so-ciétés d’études cliniques (CROs) ont de sérieux atouts pour con-duire ces études post-AMM ?Ce n’est pas par hasard si le guide méthodologique pour ce type d’étude rédigé par la Haute Autorité de Santé cite les CROs comme acteurs de ré-férence. En effet, les sociétés de re-cherche clinique & épidémiologique regroupées au sein de l’AFCROs sont capables de proposer une solide expertise des méthodologies obser-vationnelles, un savoir-faire médical, une forte connaissance des acteurs locaux (médecins, associations de patients,…), des standards qualifica-tifs ainsi qu’une absence de conflits d’intérêts.

méDicameNts�OU��DisPOsitiFs�méDicaUx�

CommeNt est ÉvalUÉe leUr sÉCUritÉ ?

Les méthodes actueLLes d’évaLuation d’un Produit de santé avant son autorisation de mise sur Le marché (amm) Permettent d’affirmer que, dans des conditions exPérimentaLes, ceLui-ci Présente une efficacité suffisante Pour Pouvoir être administré.

Page 49: Revue Rein echos

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 49

pharmacie

Un médicament est composé d’un principe actif (P.A.) et d’excipients.

les P.A. confèrent aux médicaments, leur activité tandis que les excipients sont dénués d’activité thérapeutique, ils ne servent qu’à la fabrication : on distingue des produits conservateurs, des arômes ou des masqueurs de goûts, des liants, des colorants… Tous ces excipients entrent dans ce que nous appelons « la galénique » . Exemple, dans le cas du Doliprane, on est obligé d’utiliser des produits qui masquent l’amertume de paracéta-mol (le P.A) -, des liants (pour que le comprimé soit bien compact ) , des diluants (poudre inerte qui permet de faire des comprimés suffisamment gros, etc….). Il est évident que ces produits sans effets thérapeutiques peuvent avoir des effets « notoires » : risque d’allergie pour certains mais ces effets sont rarissimes et bien connus. La liste des excipients auto-risés est déposée auprès de l’autorité de tutelle (l’AFSSAPS) et sont utilisés par tous les laboratoires de géné-riques ou de princeps (médicaments originaux) : faire le procès de l’utili-sation de ces excipients est ridicule car cela revient à incriminer TOUTE l’industrie du médicament.Un laboratoire lorsqu’il découvre une molécule doit la faire valider par un long processus de tests visant à vérifier son efficacité et son innocuité Cette phase de contrôle dure entre 6 et 8 ans. Lorsque ce processus s’achève , il obtient une AMM (Autori-sation de Mise sur le Marché) et il en a l’exclusivité pendant 15 à 20 ans .A l’issue de cette période , la molécule tombe dans le domaine public et tous les laboratoires ont alors le droit de la synthétiser et de la commercialiser MAIS sans copier son apparence (le

comprimé de Lexomil par exemple est un brevet industriel déposé inalié-nable et donc son générique est pré-senté sous une forme différente (Pour n’avoir pas respecté cette obligation les laboratoires IVAX ont été condam-nés à une très forte pénalité), sinon il tombe sous le coup de la loi anti copie.

C’est pour cette raison que les génériques n’ont jamais l’apparence du princeps.La loi définit strictement la qualité de générique : les contrôles exercés sont les mêmes que pour l’original et sou-vent plus drastiques car si la loi impose

jeaN�marc�lalesdocteur en pharmacie

que le médicament soit contrôlé selon les méthodes physico-chimiques de la date de dépôt d’AMM, le générique lui, a l’obligation d’être contrôlé selon les méthodes du moment (c’est-à-dire les plus récentes).En général, 20 opérations de contrôles sont effectuées tout au long de la chaine de fabrication sur l’ensemble des matières premières utilisées et sur tous les process de fabrica-tion. Aussi bien l’AFSSAPS que la commission européenne exercent des contrôles réguliers et aléatoires (contrôles surprises).Depuis 10 ans , aucun lot de génériques n’a entraîné le moindre problème d’intoxication , ou de malaises….Les matières premières utilisées pro-viennent souvent des mêmes chimi-quiers ; il n’en existent plus qu’une petite dizaine dans le monde dont la plupart sont chinois ou indiens MAIS LES LABORATOIRES DE PRINCEPS S’APPROVISIONNENT AUPRES DES MÊMES !! La courbe d’efficacité (courbe de

les�géNériqUes�des exPliCatioNs soNt dUes à Nos PatieNtsdans Le cadre des génériques , soyez assurés qu’au moindre risque , mes confrères susPendraient toute suBstitution Parce que moraLement, iLs sont attachés à Leurs Patients et Parce qu’iLs sont tenus à une garantie trentenaire de Leurs actes ( chaque déLivrance engage Le Pharmacien Pour 30 ans).

Page 50: Revue Rein echos

50 /// Reins-Échos n°12 - www.rein-echos.fr

pharmacie

pharmacocinétique) d’un générique ne doit en aucun cas s’écarter de +1% de l’original afin de garantir un effet identique.Des études ont été rapportées der-nièrement par l’académie de méde-cine affirmant le contraire mais elles concernent des études sud -améri-caines (où la législation est beaucoup plus floue) ou des antibiotiques par voie IV non commercialisés en France.Le contrôle qualité est très strict : si le médicament est produit en Europe, les contrôles incombent au labora-toire producteur sur le lieu de fabri-cation, si le médicament est produit hors d’Europe, tous les contrôles sont refaits en France. Un générique est donc fabriqué avec la même rigueur que le médicament princeps , ne peut être présenté que sous une apparence différente et son prix (à sa sortie ) est, par la loi, inférieur de 50 à 75 % du princeps. Les économies générées sont énormes : 1,8 milliard en 2011 et plus de10 milliards en 10 ans.Si les obstructions infondées des mé-decins et des différents lobbies (en 1er lieu , l’industrie pharmaceutique) , ces économies seraient de 4 milliards/an soit la construction de 5 ou 6 CHU…Les pharmaciens se voient imposer tous les ans des objectifs de substitu-tion (80 % de substitution sur chaque molécule) et, dans le cas où ils ne seraient pas atteints , sont pénalisés financièrement par des baisses de prix et de marge par la mise en place de TFR .Dans ce cas le générique et le princeps ne sont plus remboursés qu’à un tarif forfaitaire qui implique en général une perte de 30 à 40 % de la marge du pharmacien.Les médecins , mis à l’écart du déve-loppement des génériques (bien qu’on leur ait proposé en 1992 d’y partici-per), sont réticents à la substitution car souvent mal informés : les indus-tries du générique n’ont pas le droit à la visite médicale contrairement aux fabricants de princeps5 qui perdent 80 % des volumes des prescriptions lorsque leurs médicaments tombent dans le domaine public, d’où leurs discours désinformateur). Nous assis-tons en fait à une guerre économique totale entre eux !

Et le patient dans tout cela ?Le pharmacien, dans sa relation avec son patient poly- médiqué , est

conscient de l’inquiétude générée par le changement d’aspect des médi-caments dans le cadre de la substi-tution, et souvent ne l’impose pas à des personnes qui la refusent ou ne la comprennent pas MAIS l’attitude de médecins (dont les intérêts financiers sont peut être ménacés) qui apposent de façon systématique le mention NS sont responsables de 2 choses :• de ne pas permettre à la SS de réali-ser les économies attendues • de provoquer le déremboursement de certains médicaments afin de com-penser l’absence de ces économies.Dans mon exercice, j’ai toujours refu-sé de substituer des molécules vitales (immuno-modulateurs , certains anti épileptiques, traitement anti hormo-naux du cancer du sein..) mais pour des médicaments courants, je suis souvent passé outre la mention NS….parce que j’y suis obligé par la S.S.En dernier lieu, il faut savoir que les principaux laboratoires de génériques sont souvent des grands laboratoires pharmaceutiques : les laboratoires SANDOZ sont en fait une filiale de NO-VARTIS (leader mondial de la pharma-cie), PFIZER fabrique ses propres gé-nériques et TEVA (leader mondial du générique)fabriquent des molécules pour toute l’industrie pharmaceutique mondiale. Les laboratoires de géné-riques ne sont pas des petits fabri-cants chinois de faux médicaments.En France le générique n’existe que depuis 10 ans. Il représente 50 % des délivrances aux USA , en Angleterre ou 40 % en Allemagne. En France seu-lement 10 % !!! Dommage car cela est un gisement d’économies importantes A QUALITE DE SOINS IDENTIQUES.Dernièrement des affaires sur les médicaments ont jeté un trouble sur l’appréciation de la qualité du médi-cament mais elles ont des origines diverses : détournement d’usage, tromperie sur l’action réelle d’un mé-dicament… Un seul point commun : les experts médecins des différentes commissions étaient souvent reliés à

l’industrie pharmaceutique.Les pharmaciens ont une OBLIGA-TION de réserve qui leur imposent de ne pas témoigner de ces dérives , au risque d’être sanctionnés par les tri-bunaux.Dans le cadre des génériques , soyez assurés qu’au moindre risque , mes confrères suspendraient toute subs-titution parce que moralement, ils sont attachés à leurs patients et parce qu’ils sont tenus à une garan-tie trentenaire de leurs actes (chaque délivrance engage le pharmacien pour 30 ans).Rein échos : L’AIR PC, AIRG France, la Ligue Rein et Santé, Trans-forme (4 associations représentatives de pa-tients) se sont inquiétées néanmoins (dans un communiqué adressé à Mari-sol Touraine en août 2012), d’une part concernant les génériques d’immuno suppresseurs en transplantation pour lesquels des publications de sociétés savantes marquent de profondes ré-serves sur ces médicaments à marge étroite qu’ils ne contrôlent plus ; et d’autre part sur la décision de l’AMO d’obliger les patients à prendre ces génériques d’immuo suppression au risque supplémentaire de ne pas se voir attribuer le tiers payant. Ainsi le non substituable des médecins trans-planteurs ne s’appliquent que quand le patient peut avancer le prix du médicament. Pour les autres, contre l’avis de leur médecin traitant, on leur impose, tant le pharmacien que l’assurance maladie un générique non recommandé par les comités scienti-fiques concernés.Rappel du chapeau de l’article ci-des-sus : « Dans le cadre des génériques, soyez assurés qu’au moindre risque, mes confrères suspendraient toute substitution parce que moralement, ils sont attachés à leurs patients et parce qu’ils sont tenus à une garantie trentenaire de leurs actes (chaque délivrance engage le pharmacien pour 30 ans). » Nous souhaitons plus de concertation avec les pharmaciens qui dans le cadre de la convention pharmaceutique et de leurs nou-velles missions vers les chroniques ont besoin de mieux comprendre nos problématiques propres, notamment dans le cadre de leur garantie tren-tenaire. Nous allons nous employer à créer ce dialogue très largement sou-haitable, dans le contexte actuel.»

Page 51: Revue Rein echos

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 51

pharmacie

Les signes cliniques (dou-leur, sang dans les urines = hématurie) peuvent être la cause de sa découverte,

mais dans de nombreux cas, il s’agit d’une découverte d’imagerie (écho-graphie ou scanner) parfois fortuite, l’examen pouvant être réalisé pour une autre raison. Le traitement est le plus souvent chirurgical par une néphrectomie (ablation d’un rein) qui peut être partielle ou totale, par voie classique ou par coelioscopie voire par robot assisté. Dans certains cas, on peut aussi proposer un traitement local par cryothérapie. Si la tumeur est localisée uniquement au rein et de petite taille, ce traitement est suffisant et une simple surveillance est recom-mandée dans les mois et années qui suivent. Cependant, dans 40% des cas, il existe des métastases à distance de la tu-meur, qui ne sont pas sensibles à la radiothérapie, ni aux chimiothérapies classiques et peu accessibles à la chirurgie. Ces CCCR sont très vascu-larisés et se développent grâce au « Vascular Endothelial Growth factor » (VEGF). Ce facteur est un facteur de croissance des vaisseaux permettant à la tumeur de croître et d’essaimer des métastases à travers ses nou-veaux vaisseaux appelés « néovais-seaux tumoraux ». Depuis quelques années, il existe de nouveaux traitements antiangiogé-niques qui ciblent le VEGF et les ré-cepteurs du VEGF et que l’on appelle « thérapies ciblées ». Ces traitements permettent une amélioration de la survie des patients porteurs d’un can-cer du rein métastatique mais aussi

d’autres tumeurs très vascularisées comme les tumeurs du foie, du colon, du rectum, ou de l’estomac de type « GIST » = GastroIntestinal Stromal Tumours). De nombreux traitements antiangiogéniques sont commercia-lisés ou font l’objet de protocoles de recherche. Certains s’administrent par voie intraveineuse comme l’AVAS-TIN® (Bevacizumab) toutes les 3 semaines et d’autres par voie orale en continu ou en cures comme le SUTENT® (Sunitinib) ou le NEXA-VAR® (Sorafenib). Dans le cancer du rein, le plus utilisé est actuellement le Sunitinib mais de nouvelles molécules sont en cours d’étude. Le plus sou-vent, ce traitement est utilisé après la chirurgie de la tumeur primitive, pour traiter les métastases (traitement ad-juvant). Cependant, dans certains cas, il peut être prescrit avant la chirurgie pour faire diminuer le volume tumoral (traitement néoadjuvant), ou même en l’absence de chirurgie si la tumeur n’est pas opérable.Cependant, le VEGF est aussi indis-pensable aux vaisseaux normaux et tous ces traitements peuvent donc en-traîner des effets secondaires. A coté des effets digestifs classiques avec les chimiothérapies anticancéreuses (diarrhées, vomissements, fatigue) on peut voir se développer des effets secondaires rénaux comme l’hyper-tension artérielle (HTA) parfois sévère, une protéinurie (protéines dans les urines), ou une insuffisance rénale par différents mécanismes. La fréquence de ces effets secondaires n’est pas connue avec précision mais semble suffisamment élevée pour justifier un contrôle régulier de la pression arté-

Pr�cécile�vigNeaU�Pr�Nathalie�riOUx-leclercqservice de Néphrologie, service d’anatomie et Cytologie PathologiquesCHU Pontchaillou, rennesCNrs Umr6290/ iFr 140 Université rennes 1

caNcer�DU�reiN�et NoUvelles « tHÉraPies CiBlÉes »

Le cancer du rein touche environ 12 000 Personnes Par an en france, rePrésentant donc 3% des cancers de L’aduLte. Parmi Les cancers du rein, 70% sont des carcinomes à ceLLuLes cLaires du rein (cccr).

Page 52: Revue Rein echos

52 /// Reins-Échos n°12 - www.rein-echos.fr

pharmacie

rielle et de la bandelette urinaire chez les patients traités, quelle que soit la molécule utilisée. Ces effets secon-daires semblent aussi « doses-dépen-dants » et apparaissent donc après plusieurs cycles de traitement. Ils dis-paraissent aussi le plus souvent rapi-dement après l’arrêt du médicament responsable. Pourtant, des études montrent que le traitement antiangio-génique est d’autant plus efficace sur la tumeur que certains effets secon-daires comme l’HTA se développent et les praticiens sont donc peu enclins à arrêter le traitement ; il est donc indispensable de surveiller ces effets secondaires, les traiter, comprendre leur physiopathologie et de n’arrêter le traitement qu’en cas de signes de gravité.L’HTA semble très fréquente (12 à 100% selon les études), aussi bien de novo que majorant une HTA connue (en moyenne de 20%) . La pression artérielle varie souvent en fonction du moment du cycle de traitement, elle augmente les jours ou semaines de traitement et rediminue pendant les périodes sans traitement. La pres-sion artérielle doit donc être systé-matiquement mesurée au cours du traitement, au mieux en automesure à domicile pour adapter le traitement

antihypertenseur du patient au cycle de traitement. Les traitements clas-siques de l’HTA et en particulier les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ou les antagonistes des récep-teurs de l’angiotensine 2 (ARA-2) sont le plus souvent efficaces pour traiter cette HTA et permettent de continuer le traitement antiangiogénique tout en contrôlant l’HTA.La fréquence de la protéinurie est mal connue car celle-ci n’est pas systéma-tiquement recherchée et seuls les cas les plus graves, patients néphrotiques ou insuffisants rénaux, sont adres-sés aux néphrologues. La protéinurie est souvent associée à l’HTA et à des oedèmes des membres inférieurs plus ou moins importants. Seulement quelques biopsies rénales ont été réa-lisées, la plupart rapportant une Mi-cro-Angiopathie Thrombotique (MAT) correspondant à des microthrom-boses dans les petits vaisseaux ré-naux. Quelques cas de néphrites de type immunoallergiques, ont aussi été rapportés. Il est essentiel de recher-cher cette protéinurie régulièrement par une simple bandelette urinaire et une éventuelle insuffisance rénale associée par une prise de sang éva-luant le taux de créatinine. La biopsie rénale, même sur le rein unique, peut

être indiquée pour apprécier l’éten-due et la nature exacte des lésions et ainsi permettre de poursuivre ou non le traitement. Les traitements anti-protéinuriques comme les IEC ou les ARA2 peuvent être prescrits à la fois pour contrôler la pression artérielle mais aussi diminuer la protéinurie. La physiopathologie de ces effets secondaires reste mal connue et né-cessite des études complémentaires. Pour les patients présentant un can-cer du rein en particulier, la biopsie du rein restant d’où provient la protéinu-rie est délicate mais parfois indispen-sable. Le tableau clinique associant HTA, protéinurie et oedèmes des membres inférieurs ressemble à la situation de la femme enceinte préé-clamptique et des similitudes de phy-siopathologie devraient permettre à la recherche de comprendre ce qu’il se passe sous antiangiogénique.Enfin, des articles récents laissent penser que les médicaments frei-nant la production ou l’action de l’angiotensine 2 pourraient diminuer la fréquence et l’agressivité de cer-tains cancers dont le cancer du rein. En effet, l’angiotensine 2, hormone essentielle dans la régulation de la pression artérielle a aussi des effets prolifératifs, en particulier sur les cellules tumorales notamment du cancer du rein. Les IEC, les ARA2 ou les inhibiteurs de la rénine pourraient donc en plus de contrôler les effets secondaires des traitements antian-giogéniques, avoir un effet « adjuvant » sur le cancer. Des études sont en cours, notamment chez l’animal, pour essayer de montrer cet effet sur des tumeurs rénales.En résumé, le cancer du rein est dans un grand nombre de cas un cancer de découverte fortuite et facilement guéri par une chirurgie partielle ou totale. Cependant, quand la tumeur a métastasé ou est évoluée localement, un traitement complémentaire par médicaments antiangiogéniques peut être nécessaire pour freiner le déve-loppement des néovaisseaux tumo-raux et la dissémination de la tumeur. Ces traitements nécessitent une sur-veillance, notamment de la pression artérielle et de la bandelette urinaire à la recherche de complications qui peuvent nécessiter un traitement complémentaire, ou d’arrêter le trai-tement antiangiogénique.

Page 53: Revue Rein echos

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 53

pharmacie

Le syndrome de Berger est désormais mieux connu sous le nom de «’ néphropathie à

IgA»,( parce que les anticorps Iga se déposent - plus ou moins lentement -dans les glomérules)J’ai été diagnostiquée il y a 29 ans environ, à la suite d’un épisode isolé d’ hématurie macroscopique: on sait que les maladies rénales –Berger comme les autres- peuvent rester asymptomatiques pendant des années, et se révèlent souvent par un épisode de’’ l’urine de couleur cola,’’ comme disent les Américains. J’ai de la chance, après près de 3 décennies mon état est assez bon, et, jusqu’à présent, j’ai eu et j’ai une vie normale: mon Berger est un non-agressif même s’il progresse lentement.J’ai essayé de mettre les chances de mon côté en ayant une vie saine, en respectant un régime alimentaire adapté, en utilisant des médicaments stabilisant une tension basse.Cependant au moment du diagnostic je ne savais pas si mon Berger était agressif ou non. Je ne savais rien de ce syndrome. J’étais terrifiée. Et je reconnais que je me serais ruiné la santé moins par les effets de la néph-ropathie que par l’anxiété qu’elle a suscitée. On sait que l’angoisse et le stress sont des facteurs aggravants pour les reins.Je n’ai trouvé auprès des instances médicales de Gênes ni l’information souhaitée qui aurait pu m’ éclairée, ni le soutien psychologique pour lutter contre mon anxiété. En fait, je crois que l’information, même si elle vous

met en face de données négatives , vaut mieux que l’incertitude, source d’anxiété qui ne prépare pas à gérer physiquement et psychologiquement les événements.En vérité, il me manquait non seu-lement l’information médicale sur l’Iga, mais aussi les conseils concer-nant ma vie quotidienne: alimenta-tion, ce qui est permis ou pas…

J’ai donc décidé de m’aider moi-mêmeGrâce à des réseaux sociaux à l’étran-ger, j’ai réalisé qu’en fait je partage le même malaise avec de nombreux autres patients insuffisants rénaux, la même absence de recommandations de la part des néphrologues, pour la vie pratique et les moyens d’éviter pour les reins des dommages plus importants. J’ai constaté alors que ce manque d’information était une constante et pas seulement une ca-rence italienne. J’ai alors pu constater que dans divers pays les malades, les familles de ma-lades, s’étaient organisés en groupes ou associations afin d’échanger aide et informations. Il m’a semblé qu’en Italie il manquait cette démarche «auto-aidants»(self-helping ) sur le rein et de cette constatation sont nés les deux groupes italiens que j’ai créés sur Facebook, ainsi que ma collaboration avec d’autres groupes dans le monde: nous avons ainsi pu échanger une multitude d’informa-tions sur les études et les recherches concernant l’insuffisance rénale en général, et la maladie de Berger /Iga en particulier. Parmi celles-ci, la recherche que j’ai suivie avec grand intérêt est celle que le Dr Andrew Plaut, aux États-Unis a consacrée aux Iga depuis les années 70, avec son collègue, le Dr Qiu Jiazhou: ils ont expérimenté un enzyme (‘haemophilus iga protéase «) qui, lorsqu’il est injecté, dissout les dépôts d’IgA dans les reins des sou-ris.

magDa�bONaciNa

http://www.tuftsctsi.org/About-Us/Success-Stories/Using-Enzymes-to-Reverse-Kidney-Disease.aspx ;http://www.ntis.gov/search/pro-duct.aspx?ABBR=PB2007103113 ; http://www.patentstorm.us/pa-tents/7407653/claims.html ;http://www.patentstorm.us/patents/7407653/fulltext.html ; http://www.freepatentsonline.com/20100261252.pdf . http://projectreporter.nih.gov/project_info_details.cfm?aid=8214565&icde=0

Comme je l’ai appris de Bonnie Schneider (directrice et fondatrice de Fondation Iga’’ Nephrophaty d’Amé-rique, qui est en contact avec les deux chercheurs, l’expérimentation ani-male est conduite avec succès.Le Dr Plaut et le Dr Qiu (qui travaillent l’un pour la» Tuft» et l’autre pour la «Igan Biosciences»)sont prêts à pas-ser à l’expérimentation humaine et recherchent des contacts avec des sociétés pharmaceutiques suscep-tibles de les soutenir.De bschneider > A: [email protected]é: vendredi, Juillet 13, 2012 18:20 Sujet du message: Re: IGAN NEWSLETTER JUILLETEn fait, ils travaillent ensemble. Ils cherchent à s’associer avec une socié-té pharmaceutique afin d’obtenir les

tOUr�DU�mONDe�eN�iga�Par maGda BoNaCiNa

La néPhroPathie à iga ou maLadie de Berger est La maLadie des gLoméruLes La PLus fréquente dans Le monde ; un Point sur L’état des recherches Par une Patiente exPerte. traduction de L’itaLien en français rein échos.

Page 54: Revue Rein echos

54 /// Reins-Échos n°12 - www.rein-echos.fr

pharmacie

moyens pour les essais sur l’homme. Le coût se chiffre en millions ! Beaucoup plus que nous pouvons récolter. Un des problèmes est malheureusement que les compagnies pharmaceutiques veulent gagner beaucoup d’argent et ce ne serait pas assez rentable pour eux. C’est une honte que cela arrive et me frustre totalement.C’est pourquoi nous sommes en train de former un petit groupe de parents de IGAN puissant pour aller à Washington DC demander plus de soutien de notre gouvernement. Jusqu’ à présent nous n’avions pas assez de poids, c’est pour cela que peu d’argent nous était alloué.C’est la raison pour laquelle nous sommes ici ensemble, en ce moment : vous, vous allez taper aux portes de l’Europe et moi à celles des Etas-Unis. Ensemble, nous allons bien obtenir une réponse! :). ‘’Bonnie SchneiderDirecteur et fondateurLa néphropathie à IgA Foundation of America P. O. Boîte 1322 Wall, New Jersey 07719 0) 732-770-7377 f) 732-681-3462 http://www.iganephropathy.org/ ‘’.

Comme le souligne Bonnie, la re-cherche prendra encore du temps et des investissements considérables d’argent et cela prendra du temps.. J’ai déjà 66 ans, je n’ai jamais pen-sé que je pourrais personnellement profiter de son issue finale, mais il semble qu’il porte une belle lumière d’espoir pour l’avenir des jeunes (et enfants) qui ont le Iga.Les recherches en génétique que plu-sieurs pays se poursuivent sur cette néphropathie et portent une grande espérance. Les rapports du ministère de la Santé des Etas-Unis témoignent de la multitude d’études sur ce sujet.‘http://report.nih.gov/indexgouverne-mentaméricain http://projectreporter.nih.gov/project_info_like.cfm?aid=7267953&icde=0

Parmi elles, celles de Yale et de Co-lumbia University, dirigées par le Dr Ali Gharavi, visent à découvrir dans la génétique des causes de l’Iga, son éventuelle transmission et sa fréquence; avec pour premier objec-tif pratique la découverte d’un mar-queur dans le sang permettant un

diagnostic définitif sans biopsie. J’ai moi-même participé à cette étude en donnant mon sang à l’Hôpital Gas-lini de Gênes qui collabore avec le dr Gharavi (chargé de collecter dans le monde 5000 échantillons de sang de patients et de leur famille).Les premiers résultats ont été pu-bliés: ils ont identifié cinq segments du génome qui facilite la production d’anticorps Iga, quelques unes des substances et des mécanismes géné-tiques qui en favorisent le dépôt dans les glomérules («erreurs de glycosy-lation; transglutaminase ), http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2937145/ http://www.nih.gov/news/health/apr2011/niddk-04.htm (‘’ Le Phatophysiology d’Iga Neph-rophaty’’, Journal de l’American Society of Nephrology, vol 22-2011, p 1795 -..).

Donc, davantage de recherches aux États-Unis sont consacrées à ces processus génétiqueshttp://jem.rupress.org/content/209/4/793] Comme toujours bien informée Bon-nie Schneider écrit (dans un courriel daté du 10 Juillet) la Columbia et le Dr Gharavi conduiront leurs re-cherches génétiques avec le Japon( dont la population présente une forte proportion de néphropathie à Iga, tout comme l’Asie et l’inde)Désormais les recherches des autres

pays cibleront les enzymes et les mécanismes génétiques qui favo-risent les dépôt Iga dans les reins . Il semblerait que les Iga viennent de la muqueuse intestinale et des voies respiratoires; je cite une recherche française:http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/67/52/43/PDF/These-HMo-hey_-_20.12.10_-_print.pdf

Parmi ces pays, il existe, outre les Etats-Unis et la France, même au Japon http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22871574 http://www.hindawi.com/journals/cdi/2011/470803/ ,(On se demande si ces méca-nismes génétiques n’agissent pas au contraire en inverse, empêchant la sortie des anticorps des glomérules une fois qu’ils y sont entrés.http://www.hindawi.com/journals/cdi/2011/470803/ );Italie http://www.ndt-educational.org/schenaslide2011txt.asp http://www.nature.com/ki/journal/v56/n5/full/4491122a.html Je cite l’un des premiers travaux du professeur Giuseppe Remuzzi -;Chine http://www.bernama.com/bernama/v6/newsgeneral.php?id=636973 ;Suède http://www.youtube.com/watch?v=p3v1Cz4Uuoo http://cjasn.asnjournals.org/content/early/2012/03/01/CJN.10331011.abstract~~V

Page 55: Revue Rein echos

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 55

pharmacie

Dans toutes ces études il est égale-ment évident que la différence de race affecte la genèse et la propagation de Berger,’’ presque’’ endémique, plus agressive et à haute fréquence dans les pays asiatiques, de sorte qu’ au Japon on fait systématiquement le dépistage de la protéinurie et l’ hé-maturie des nourrissons.Comme déjà mentionné, les Amé-ricains travaillent avec les Japonais sur ce sujet. Les Suédois mènent une recherche génétique comparant les biopsies des tissus des patients des deux races.http://ki.se/ki/jsp/polopoly.jsp?a=57857&d=23995&l=en

On accorde donc plus d’attention au fait que Berger est un trouble du sys-tème immunitaire avant d’être une néphropathie comme le disent les chercheurs américains. Citons en-core la fondatrice de «Iga Foundation of América» l’Iga n’est pas une ma-ladie rénale, mais une maladie auto immune qui détruit les reins»

En fait aux USA ils tentent d’obtenir du gouvernement le classement de l’Iga non comme une maladie rénale mais comme une maladie auto im-mune, ce qui permettrait d’obtenir davantage d’argent pour les expéri-mentations.(comme nous le lisons dans l’autre e-mail Bonnie Schneider du 28 mars 2012).

Pendant longtemps Berger n’a pas été considéré comme une maladie auto immune et même aujourd’hui elle n’est pas reconnue comme telle: est-ce dû à sa nature hybride (auto immunitaire/glomérulaire) ou à son absence de malignité.? C’est pour cela que l’on applique souvent la formule de «wait and see», sachant que l’intervention dans le système immunitaire pourrait apporter plus de mal que de bien, selon le principe :»primum non nocere». Seulement dans les cas les plus agressifs, Ber-ger a été traitée par corticothérapie et immunosuppresseurs.

Récemment des critiques sont venues des immunologistes bri-tanniques selon lesquelles on avait laissé trop longtemps les néphro-logues seuls en face de l’Iga avec des moyens limités se cantonnant au

régime alimentaire, au contrôle de la pression artérielle, aux Aceinibitori, plutôt que d’affronter la cause en pri-vilégiant les recherches immunolo-giques.http://jem.rupress.org/content/209/4/793 recherche immu-nologique.

Maintenant encore je constate par expérience indirecte, que même en Italie, en Europe, outre les USA, on traite souvent avec la cortisone et les immunosuppresseurs tant que la créatinémie et la protéinurie sont dans la normale.

Deux écoles de pensée continuent à coexister: cortisone ou pas corti-sone? (il est rare que le néphrologue soit accompagné d’un immunologiste dans la gestion de la maladie de Ber-ger). Le traitement est maintenant centré sur les stéroïdes (la dernière étude est américaine http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pub-med/22539830 ), et aussi le http://m.drugstorenews.com/article/pharma-link-gets-orphan-drug-designation-nefecon Le Nefecon est testé. Il s’agit d’un stéroïde qui semble particulièrement utile pour I’Iga, parce qu’il inhiberait seulement les anticorps intestinaux

Mais on met aussi l’accent sur les nouveaux immunosuppresseurs plus innovants et plus puissants: à com-mencer par l’utilisation du rituximab, qui a débuté à la Clinique Mayo aux États-Unis http://www.youtube.com/watch?v=K5nRq1LcAAg&feature=share , et également utilisé en Italie par le professeur Giuseppe Remuzzi à Ber-game, dans certains cas moins favo-rables ; enfin l’anti-rejet tacrolimus (Prograf), proposé par les chercheurs chinois pour l’Iga[American Journal of néphrologie vol. 35, n ° 4, 2012 article (texte intégral) l’article (PDF de 1033 ko)].

Aux USA, on fonde de grands espoirs sur un nouvel immunosuppresseur déjà approuvé par la FDA pour le trai-tement du cancer, mais c’est encore expérimental pour notre néphrite dont il ralentirait la progression. Pour l’instant il est au stade de l’ expéri-mentation animale.

(Ces mises à jour d’autres envoyés par le Nephrophaty Iga’’ Fondation’’ Juillet 13, 2012).

Parfois, les deux médicaments sont associés, bien que les nouvelles lignes directrices pour KDIGO Iga (Journal officiel de sociologie de l’International-Juin-2012 p.29 et sui-vantes) http://www.kdigo.org/clini-cal_practice_guidelines/pdf/KDIGO-GN-Guideline.pdf)recommandent de ne pas associer l’azathioprine et le cyclophosphamide avec des corticostéroïdes. les immu-nosuppresseurs ne doivent pas être administrés sous la DFG à 30% (sauf dans des cas particuliers), et ne pas utiliser le mycophénolate (Cellcept) http://www.kdigo.org/clinical_prac-tice_guidelines /pdf/ KDIGO-GN-Gui-deline.pdf . Les Japonais recommandent plutôt une amygdalectomie associée à la corticothérapiehttp://www.ncbi.nlm.nih.gov/pub-med/22833253 stéroïdes, tout comme les Allemands qui l’associent avec le cyclophosphamide . Nous pouvons cependant suivre l’évolution des études génétiques par l’ouverture d’un site Web qui met constamment à jour les nouvelles sur la recherche sur le sujet.En supposant que la naissance d’anti corps Iga dans la muqueuse respira-toire et intestinale, la recherche gé-nétique émet l’hypothèse que Berger pourrait avoir un rapport avec l’utili-sation du gluten, même chez les per-sonnes non atteintes par la maladie coeliaque. .Il y a quelques années, en 1990, une étude italienne a soutenu cette hypothèse, mais l’expérimentation n’a été menée que sur 29 patients, trop peu pour établir des certitudes http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pub-med/2311308 .

En Suède, du Karolinska Institutet, est entreprise une recherche sur ce sujet qui impliquera un grand nombre de patients et donc des années de travailhttp://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT01203007 .

Pendant ce temps aux États-Unis

Page 56: Revue Rein echos

56 /// Reins-Échos n°12 - www.rein-echos.fr

pharmacie

certains néphrologues ont commen-cé à prescrire un régime sans glu-ten, même en l’absence de preuves claires. Et spontanément des ma-lades de l’Iga ont entrepris de faire un tel régime: «do it yourself», comme on le voit dans les réseaux sociaux (une source importante d’informa-tions comme par exemple la liste de diffusion du groupe):http://health.dir.groups.yahoo.com/groupe/iga-néphropathie/messages .

C’est peut-être une mode d’au-jourd’hui, diaboliser la consomma-tion de gluten et de blé, considérée comme la cause de diverses mala-dies.Selon la même théorie qui identifie l’Iga comme se formant dans la mu-queuse intestinale, certains se pro-posent d’exclure tous les aliments susceptibles d’être allergisants: pro-duits laitiers, gluten, farines en géné-ral, œufs…etc.Des chercheurs doutent de la corré-lation entre Iga et gluten, bien qu’il paraît désormais certain qu’en sup-primant cela, les coeliaques avec Iga voient s’améliorer leur situation rénale. http://emedicine.medscape.com/article/239927-overviewsituation .Cependant, du moins en Italie, on prescrit un test coeliaque aux patients atteints de la maladie de Berger.

Donc, en parlant nourriture, je ferme le cercle et je reviens sur le sujet par lequel j’ai commencé : à savoir, le manque d’information et de soutien que les patients reçoivent de la part de leurs médecins IgA.Toujours à propos de l’alimentation à suivre, en fait, j’ai remarqué que les néphrologues, pas seulement italiens, laissent les malades livrés à eux-mêmes avec l’ordonnance : peu de sel, peu de protéines, les plus loquaces ajoutent : peu de potassium, peu de phosphore…Mais quelle quantité de protéines ? lesquelles ? Et où trouve-t’on le phosphore et le potassium ? Et com-ment le calculer ?Il y a une certaine résistance pour vous informer, même si, à votre de-mande on vous envoie chez la diététi-cienne rénale.Alors ce sont les sites dédiés qui aident les patients dans le calcul du

nombre de grammes de protéines par jour.Chartreux, et même Android ou iPhone donnent automatiquement votre régime alimentaire du rein.Pourquoi une telle carence en infor-mation ?Crainte de la part des médecins de perdre le contrôle du patient ?Crainte que la diététicienne n’exa-mine pas suffisamment les besoins du malade rénal ?Crainte des néphrologues d’imposer trop tôt un régime restrictif qui ris-querait d’amener dénutris les candi-dats à l a dialyse ? Faible confiance dans l’efficacité d’un régime alimen-taire pour Iga ? (Comme la maladie évolue lentement, il est difficile de surveiller les effets du régime sur une longue période). Crainte que la diète pour les néphrologues ne cache un business ? Je sais que jusqu’à il y a trois ans, le service de santé natio-nal italien distribuait gratuitement aux patients souffrant de néphro-pathie des aliments faibles en pro-téines (pain, biscottes, farine) que l’on retirait en pharmacie. A cause des coupes dans la santé publique, plusieurs régions dont la mienne, la Ligurie, n’en fournissent plus.Une partie de l’année, je vis près de Nice, où les médicaments sont moins

chers qu’en Italie. J’ai essayé d’ache-ter ces aliments pauvres en protéines pour les malades du rein dans les pharmacies et les magasins spécia-lisés en France. Surprise: non seule-ment on n’en vend pas, mais les com-merçants ne les connaissent même pas!. Ils connaissent les aliments sans gluten (certains d’entre eux existent en Italie), mais très peu sont en relation avec une maladie rénale.Ce n’était donc pas si important de faire disparaître protéine végétale, sodium, phosphore et potassium de notre alimentation ? Etait-ce un moyen pour les produc-teurs de gagner de l’argent ?Quoi qu’il en soit, ce n’est que l’une des nombreuses décisions entre les mains des néphrologues que le pa-tient aimerait partager, ou du moins connaître et comprendre.

Magda Bonacina : http://www.facebook.com/magda.bonacina http://www.facebook.com/groups/nefroiga/489113554451330/?notif_t=group_activity http://www.facebook.com/groups/RPSGroup/10151127459291195/?notif_t=group_activity Retrouvez cet article et ses liens sur : http://maladiedeberger.blogspot.fr/

Page 57: Revue Rein echos

oct. 2012 - mars 2013 - Reins-Échos n°13 /// 57

RecheRche fondamentale

La néphropathie à IgA est une maladie rénale très fréquente touchant environ 0,5 à 1%

de la population. Sa caractéristique principale est la présence de dépôts d’anticorps particuliers : les immu-noglobulines A de type 1 (IgA1) au niveau de l’unité de filtration du rein, le glomérule. Ces dépôts sont loca-lisés au niveau des cellules mésan-giales, induisant la prolifération de ces cellules et une inflammation et fi-brose du rein qui conduit à une moins bonne filtration du sang. On retrouve alors des protéines et des globules rouges dans les urines. La cause de ces dépôts anormaux d’IgA n’est pas connue, des facteurs génétiques et environnementaux semblent impli-qués. Chez les patients atteints de néphropathie à IgA, les IgA sériques (celles trouvées dans le sang) semblent ne pas être glycosylées correctement (pas assez de résidus sucrés, en particulier le galactose) et s’agrègent formant de gros com-plexes d’IgA. Il n’existe pas de trai-tement curatif actuellement et com-prendre comment se déposent ces IgA est crucial pour les empêcher. Notre équipe de recherche a dévelop-pé un nouveau modèle de la maladie chez la souris en créant des souris qui expriment une IgA humaine de type 1 et également le récepteur humain aux IgA : appelé CD89. En effet chez la souris, les IgA sont différentes des humaines et il n’existe pas de récep-teur aux IgA. Ces souris humanisées, transgéniques sont appelées IgA1-CD89Tg. Elles développent spon-tanément une néphropathie à IgA, avec les dépôts caractéristiques mais aussi une hématurie et protéinurie et une inflammation rénale. Nous avons utilisé ce modèle animal pour

comprendre comment se déposent les IgA1 dans les reins. Dans un premier temps, nous avons observé que nos souris ont des complexes d’IgA1 circulants qui contiennent également le récep-teur soluble CD89. Ces complexes sont néphrotoxiques et forment des dépôts mésangiaux. Sans le CD89, les dépôts d’IgA sont plutôt endo-capillaires. Pour la première fois, nous avons montré que le CD89 est présent dans les dépôts d’IgA mé-sangiaux chez la souris mais aussi chez les malades atteints de néph-ropathie à IgA (Berthelot et al. J Exp Med 2012). Les complexes d’IgA1-CD89 induisent la surexpression du récepteur aux IgA sur les cellules mésangiales: le TfR (récepteur à la transferrine). Par conséquent, si des complexes IgA1-CD89 se déposent, ils induisent plus de récepteur, donc plus d’IgA1 peuvent se déposer sur les cellules. Ces complexes activent également les cellules qui vont pro-duire des cytokines pro-inflamma-toires (molécules de signal attirant les cellules immunitaires et indui-sant une réaction inflammatoire) comme les interleukines 6 et 8 et le TNF alpha.Une équipe de chercheurs japonais avait décrit une surexpression de la tranglutaminase 2 (TGase2) dans le mésangium des patients atteints de néphropathie à IgA (Référence : Ikee et al. Nephron Clin Pract 2007). Cette protéine est une enzyme impli-quée dans plusieurs processus phy-siologiques mais également dans la formation de la fibrose. Nous avons retrouvé cette enzyme également surexprimée dans les glomérules de nos souris IgA1-CD89Tg et chez nos patients (Figure 1). Afin d’étudier le

mme�laUreliNe�berthelOtinserm Faculté de Bichat

rôle de la TGase2, nous avons utilisé des souris Knock-Out (KO) pour la TGase2 (les souris sont dépourvue de cette enzyme, le gène a été invalidé) et les avons croisées avec les souris IgA1-CD89 pour obtenir des souris KO-TGase2 / IgA1-CD89Tg. Ces sou-ris ne présentent alors pratiquement pas de dépôts de d’IgA1 (Figure 2A) et ont une hématurie diminuée (Figure 2B). De plus, avec des tests biochi-miques, nous avons montré que la TGase2 se lie aux IgA1, au CD89 et au TfR. Ce nouveau partenaire molécu-laire semble également faciliter les dépôts d’IgA comme nous avons pu le montrer in vitro avec des cellules mésangiales. La TGase 2 semble être une nouvelle cible potentielle théra-peutique dans la néphropathie à IgA.

la�traNsglUtamiNase�est�imPliqUée�DaNs�la�FOrmatiON�

des dÉPôts d’iGa daNs la NÉPHroPatHie

Page 58: Revue Rein echos

58 /// Reins-Échos n°12 - www.rein-echos.fr

voyage

Édition et gestion PublicitaiRe

associationLa Ligue Rein et Santé10 rue Montéra 75012 ParisTél. : 06 87 93 21 54www.rein-echos.fr

adresse maiL [email protected]Écrire à la revue auprès de l’association ou e-mail : [email protected]

ISSN : 1958-3184, dépôt légal 2011

Imprimé à 15 000 exemplaires

Revue Rein Échos

directeur de La puBLicationMichel Raoult

comité de rédaction (bénévoles) :Alain Blanchard, Ginette Rousseau (Vice–présidente), Marie Rampnoux, Virginie Vergnaud.

comité scientifique Mmes Berthelot et Girard Médecins Mme Pengloan, MM. Berthelot, Glotz, Herody, Hufnagel, Martinez.

auteurs participantsSans leur contribution nous ne pourrions vous offrir ce numéroMesdames : Berthelot, Bonacina, Charpentier, Chiodega, Franski, Frigout, Kucharski, Maurizi-Balzan, Roux-Leclercq, Scemla, SorianoMessieurs : Baranger, Chauveau, Coustère, Djendli, Fallet, Lales, Legendre, Malvezzi, Provot, Real, Roussel, Thervet, Zaoui et l’AFCROs

crédits photos FMC, Anne Franski (numéro hommage à A. Franski).

direction artistique et réaLisationLaurent de Sars - 38, rue du Plat - Lyon 2e

06 73 68 06 32 - [email protected]

imprimeur et routeurImprimerie Chirat,42540 St-Just-la-Pendue.

ONt PERMIS LA GRAtUIté DE CEttE REvUE, NOS SOUtIENS : Amgen, Amgen, B. Braun, Avitum, Bristol-Myers Squibb, Frésénius Medical Care, Novartis, G. Pons que nous remercions de permettre à Rein échos de passer sa sixième année au service de l’informa-tion en santé rénale.

Rles voyages au bout du monde en toute sécurité !Le programme Dialyses & Croi-sières 2013 est enfin disponible : à bord du MSC Divina et MSC Musica, découvrez les incontournables croi-sières dans les fjords ou vers les Canaries mais également pour la première fois la Mer Noire !

CROISIèRE AtLANtIqUE Et MéDItERRANéE- Cap à l’Ouest : croisière de 12 jours à destination des Canaries et Madère. Départs les 30 janvier, 10 et 21 février et 04 mars 2013- Autour de la Péninsule : croisière de 13 jours vers le Royaume-Uni, l’Espagne, le Portugal, la Tunisie et la Croatie. Départ le 08 septembre 2013

CROISIèRES MéDItERRANéE - Cap sur Venise : croisière de 9 jours qui propose un tour d’Ita-lie avec également des escales à Malte, en Grèce et au Monténégro. Départ le 15 mars 2013- Cap sur Istanbul : croisière de 8 jours à destination de la Grèce, la Turquie et la Croatie. Départs les 23 et 30 mars, le 06 et 13 avril 2013- Cap sur la mer Noire : croisière de 12 jours au départ de Venise et en direction de l’Ukraine et la Rou-manie notamment. Départs les 20 septembre, 01 et 12 octobre 2013

CROISIèRES EN EUROPE DU NORD- Fjords de Norvège : croisières de 8 jours permettant de découvrir les Fjords de Norvège, en passant par Oslo et Copenhague. Départs les 11 et 25 août 2013- Capitales de la Baltique :

croisières de 8 jours vers Stockholm, Tallin, Saint- Pétersbourg et Copenhague. Départs les 04, 18 août et 01 septembre 2013

Possibilité d’enchainer plusieurs croisières. Par exemple : « Cap à l’Ouest » du 04 mars suivie par « Cap sur Venise » du 15 mars ; « Fjords de Norvège » du 11 août suivie de « Capitales de la Baltique » du 18 août ; etc…

Pour chacune de ces croisières, un centre de dialyse est installé à bord (équipement Fresenius Medical Care et équipe médicale spéciali-sée composée d’un médecin néph-rologue et d’infirmières spéciali-sées) et permet d’accueillir 12 personnes dialysées par départ.L’équipe de professionnels Gérard Pons Voyages se charge de faire le lien entre votre centre de dialyse habituel et le centre de dialyse du bord, vous conseille et vous oriente pour l’organisation de vos séances à bord, et s’occupe de la réserva-tion de votre croisière.Informations et réservation: Dialyses & Croisières – 55 avenue de la Libération – 33110 Le Bouscatwww.dialyses-et-croisieres.tm.frdialyse@gerard-pons-voyages.frTél. : 05.56.42.49.01 / 05.56.42.72.97Et retrouvez également nos desti-nations Dialyses & vacances : www.dialyses-et-vacances.tm.fr

dialyses & Croisières

2013

Page 59: Revue Rein echos

portraits

Page 60: Revue Rein echos

portraits