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A SSOCIATION DES P ARENTS ET A MIS DE LA P ÉDAGOGIE S TEINER REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS 14 DÉCEMBRE 2008 EDITORIAL PAGE 1 1.2.3. SOLEIL ‱ REVUE DE L’APAPS La Rencontre : thĂšme cent fois traitĂ© sans doute, mais tou- jours neuf et Ă  construire, Ă  l’image de l’homme. ThĂšme Ă  la fois central et multiple comme l’humain. ThĂšme par excellence mĂ©diateur dont la culture est nĂ©cessaire au plus haut point dans le monde d’aujourd’hui. Ren- contre tout d’abord de l’homme avec lui-mĂȘme, et au contact de "l’Autre“ que l’on aimerait pouvoir qualifier aujourd’hui de "prochain". Car dans un monde paradoxalement taraudĂ© par les divisions, Ă  l’heure de la mondiali- sation, et exacerbĂ© par les Ă©goĂŻs- mes, c’est vers l’Homme et donc vers la jeunesse qu’il convient de porter ses regards. Le monde a besoin de valeurs qui ne soient pas seulement boursiĂšres. L’Apaps a fĂȘtĂ© son 7Ăšme anniversaire en mai 2008, et c’était dĂ©jĂ  une rencontre avec le projet que nous portons. Ren- contre amicale et chaleureuse Ă©galement avec celles et ceux qui soutiennent notre travail. Ce fut aussi la trĂšs belle confĂ©ren- ce donnĂ©e Ă  cette occasion par Jean Pierre Ablard sur "l’art de la rencontre“, dont nous donnons ici un extrait concernant le tra- vail des professeurs. En effet, ce thĂšme de la Rencontre se situe au cƓur de l’action de l’Apaps : rencontre annuelle des parents et des professeurs animĂ© par un travail Ă©troit entre l’Apaps et la FĂ©dĂ©ration, liens tissĂ©s avec des associations de parents d’écoles Waldorf au niveau europĂ©en, mais aussi rencontre entre les parents et la pĂ©dagogie par des articles de "fond“ dans la revue, l’édition de confĂ©rences, et des tĂ©moignages sur la vie des Ă©coles 
 La cĂ©lĂ©bration de nos 7 ans a Ă©tĂ© l’occasion de rappeler la nĂ©cessitĂ© de placer l’Education au cƓur de la citĂ©. Il s’agit lĂ  d’un devoir qui devrait s’imposer aujourd’hui aux responsables po- litiques, comme Ă  l’ensemble des dĂ©cideurs du monde de l’éduca- tion, de la culture et de l’économie. Mais cette prioritĂ© doit pouvoir s’exercer dans le cadre d’une rĂ©elle libertĂ© pĂ©dagogique. La crĂ©ativitĂ© ne peut fleu- rir que dans un climat de libertĂ© culturelle. Et quoi de plus culturel que l’Education? La diversitĂ© culturelle constitue un fait majeur de nos sociĂ©tĂ©s. Elle est gĂ©nĂ©ratrice de paix et d’humanisme. Elle consti- tue un socle pour une citoyennetĂ© adulte et respectueuse des choix d’autrui. C’est sur ce terreau de la diversitĂ© que l’Europe s’est construite. C’est dans cet esprit que la revue 1, 2, 3 Soleil se fait l’écho de rĂ©alisations et d’initiatives de la pĂ©dagogie Waldorf en Europe et dans le monde. Certes, l’Educa- tion ne relĂšve pas actuellement de la compĂ©tence europĂ©enne. Elle demeure mĂȘme nationale Ă  l’excĂšs 
 Mais cet Ă©largissement de l’horizon est indispensable. Plusieurs articles du prĂ©sent nu- mĂ©ro de 1, 2, 3 Soleil tĂ©moignent des prĂ©occupations europĂ©ennes de l’Apaps qui soutient l’initiative Eliant destinĂ©e Ă  peser sur les instances europĂ©ennes, afin de prĂ©server les rĂ©alisations issues de l’anthroposophie et respec- tueuses de la nature humaine : mĂ©decine et santĂ©, agriculture biodynamique, pĂ©dagogie Waldorf notamment
 Rappelons qu’un grand "rendez-vous“ europĂ©en aura lieu en juin 2009, puisque l’Europe Ă©lira ses reprĂ©sentants pour 5 ans. On a parfois le sentiment que les valeurs qui fondent la pĂ©dagogie Waldorf se situent Ă  "contre-courant“ face au flot de l’uniformisation qui nivelle tout sur son passage. Mais le Saumon de la Sagesse de la My- thologie celtique ne remonte-t- il pas le courant pour retrouver la Source ? Pour terminer notre propos, et pour que l’espĂ©rance d’aujourd’hui soit la rĂ©alitĂ© de de- main, partageons ces quelques mots de Saint-ExupĂ©ry : " Il nous semble Ă  nous, que notre ascension n’est pas ache- vĂ©e, que la vĂ©ritĂ© de demain se nourrit de l’erreur d’hier, et que les contradictions Ă  surmonter sont le terreau mĂȘme de notre croissance. Nous reconnaissons comme nĂŽtres ceux mĂȘmes qui diffĂšrent de nous. Mais quelle Ă©trange parentĂ© ! elle se fonde sur l’avenir, non sur le passĂ©. Sur le but, non sur l’origine. Nous sommes l’un pour l’autre des pĂšlerins qui le long de chemins divers, peinons vers le mĂȘme rendez-vous “. Bonne lecture Ă  tous Jean POYARD Rencontres au cƓur de la pĂ©dagogie AIX-EN-PROVENCE Ecole maternelle Rudolf Steiner tĂ©l.: 04 42 24 14 18 Mars : Portes ouvertes Mai : FĂȘte de Printemps ALÈS Ecole Caminarem tĂ©l.: 04 66 83 20 43 17/12 : Jeux de NoĂ«l 21/03 : Portes ouvertes 01/05 : FĂȘte de mai AVIGNON Ecole Rudolf Steiner de Sorgues TĂ©l/Fax : 04 90 83 37 07 20/12 : Jeux de NoĂ«l 12-13/02 : PiĂšce de 11e : La tempĂšte, de Shakespeare 28/03 : Portes ouvertes 8-9/05 : Travaux de fin de cycle (chefs d'Ɠuvres de 11e cl) CANNES MOUGINS Ecole maternelle internationale de Valbonne TĂ©l.: 04 92 98 19 08 Se renseigner CARPENTRAS/MAZAN Jardin d’enfants "Le petit prince“ TĂ©l./Fax : 04 90 69 50 13 6/12 : MarchĂ© de NoĂ«l Portes ouvertes (date Ă  prĂ©ciser) CHATOU Ecole Perceval TĂ©l. : 01 39 52 16 64 Fax : 01 39 52 59 40 18/12 : Jeux de NoĂ«l 22,23,24/01 : PiĂšce de la 11e classe: La guerre de Troie n'aura pas lieu de Jean Giraudoux 6/03 : SoirĂ©e chefs d'Ɠuvre (12e), 7/03 : chefs d'Ɠuvre de 12e, travaux d'annĂ©e de 9e 21/03 : Portes ouvertes 4/04 : WOW Day (cf 1,2,3 n°12) 14,15,16/05 : PiĂšce de 8e classe COLMAR Ecole Mathias GrĂŒnenwald TĂ©l. : 03 89 27 13 24 18/12 : Jeux de NoĂ«l 20-21/02 : PiĂšce de 11e classe 28/03 : Vente de printemps 4/04 : Chefs d'Ɠuvre (12e) 17,18,19/04 : PiĂšce de la 8e classe (suite page 19) " Il nous semble Ă  nous, que notre ascension n’est pas achevĂ©e, que la vĂ©ritĂ© de demain se nourrit de l’erreur d’hier
“

REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

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Page 1: REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

ASSOCIATION DES

PARENTS ET AMIS

DE LA PÉDAGOGIE

STEINER

R E V U E S E M E S T R E L L E D E L ' A P A P S

14D É C E M B R E 2 0 0 8

E D I T O R I A L

PAGE 11.2.3. SOLEIL ‱ REVUE DE L’APAPS

La Rencontre : thĂšme cent fois traitĂ© sans doute, mais tou-jours neuf et Ă  construire, Ă  l’image de l’homme. ThĂšme Ă  la fois central et multiple comme l’humain. ThĂšme par excellence mĂ©diateur dont la culture est nĂ©cessaire au plus haut point dans le monde d’aujourd’hui. Ren-contre tout d’abord de l’homme avec lui-mĂȘme, et au contact de "l’Autre“ que l’on aimerait pouvoir qualifier aujourd’hui de "prochain". Car dans un monde paradoxalement taraudĂ© par les divisions, Ă  l’heure de la mondiali-sation, et exacerbĂ© par les Ă©goĂŻs-mes, c’est vers l’Homme et donc vers la jeunesse qu’il convient de porter ses regards. Le monde a besoin de valeurs qui ne soient pas seulement boursiĂšres.

L’Apaps a fĂȘtĂ© son 7Ăšme anniversaire en mai 2008, et c’était dĂ©jĂ  une rencontre avec le projet que nous portons. Ren-contre amicale et chaleureuse Ă©galement avec celles et ceux qui soutiennent notre travail. Ce fut aussi la trĂšs belle confĂ©ren-ce donnĂ©e Ă  cette occasion par Jean Pierre Ablard sur "l’art de la rencontre“, dont nous donnons ici un extrait concernant le tra-vail des professeurs. En effet, ce thĂšme de la Rencontre se situe au cƓur de l’action de l’Apaps : rencontre annuelle des parents et des professeurs animĂ© par un travail Ă©troit entre l’Apaps et la FĂ©dĂ©ration, liens tissĂ©s avec des associations de parents d’écoles Waldorf au niveau europĂ©en, mais aussi rencontre entre les parents et la pĂ©dagogie par des articles de "fond“ dans la revue, l’édition de

conférences, et des témoignages sur la vie des écoles 


La cĂ©lĂ©bration de nos 7 ans a Ă©tĂ© l’occasion de rappeler la nĂ©cessitĂ© de placer l’Education au cƓur de la citĂ©. Il s’agit lĂ  d’un devoir qui devrait s’imposer aujourd’hui aux responsables po-litiques, comme Ă  l’ensemble des dĂ©cideurs du monde de l’éduca-tion, de la culture et de l’économie. Mais cette prioritĂ© doit pouvoir s’exercer dans le cadre d’une rĂ©elle libertĂ© pĂ©dagogique. La crĂ©ativitĂ© ne peut fleu-rir que dans un climat de libertĂ© culturelle. Et quoi de plus culturel que l’Education? La diversitĂ© culturelle constitue un fait majeur de nos sociĂ©tĂ©s. Elle est gĂ©nĂ©ratrice de paix et d’humanisme. Elle consti-tue un socle pour une citoyennetĂ© adulte et respectueuse des choix d’autrui. C’est sur ce terreau de la diversitĂ© que l’Europe s’est construite.

C’est dans cet esprit que la revue 1, 2, 3 Soleil se fait l’écho de rĂ©alisations et d’initiatives de la pĂ©dagogie Waldorf en Europe et dans le monde. Certes, l’Educa-tion ne relĂšve pas actuellement de la compĂ©tence europĂ©enne. Elle demeure mĂȘme nationale Ă  l’excĂšs 
 Mais cet Ă©largissement de l’horizon est indispensable. Plusieurs articles du prĂ©sent nu-mĂ©ro de 1, 2, 3 Soleil tĂ©moignent des prĂ©occupations europĂ©ennes de l’Apaps qui soutient l’initiative Eliant destinĂ©e Ă  peser sur les instances europĂ©ennes, afin de prĂ©server les rĂ©alisations issues de l’anthroposophie et respec-

tueuses de la nature humaine : mĂ©decine et santĂ©, agriculture biodynamique, pĂ©dagogie Waldorf notamment
 Rappelons qu’un grand "rendez-vous“ europĂ©en aura lieu en juin 2009, puisque l’Europe Ă©lira ses reprĂ©sentants pour 5 ans.

On a parfois le sentiment que les valeurs qui fondent la pĂ©dagogie Waldorf se situent Ă  "contre-courant“ face au flot de l’uniformisation qui nivelle tout sur son passage. Mais le

Saumon de la Sagesse de la My-thologie celtique ne remonte-t-il pas le courant pour retrouver la Source ? Pour terminer notre propos, et pour que l’espĂ©rance d’aujourd’hui soit la rĂ©alitĂ© de de-main, partageons ces quelques mots de Saint-ExupĂ©ry :

" Il nous semble Ă  nous, que notre ascension n’est pas ache-vĂ©e, que la vĂ©ritĂ© de demain se nourrit de l’erreur d’hier, et que les contradictions Ă  surmonter sont le terreau mĂȘme de notre croissance. Nous reconnaissons comme nĂŽtres ceux mĂȘmes qui diffĂšrent de nous. Mais quelle Ă©trange parentĂ© ! elle se fonde sur l’avenir, non sur le passĂ©. Sur le but, non sur l’origine. Nous sommes l’un pour l’autre des pĂšlerins qui le long de chemins divers, peinons vers le mĂȘme rendez-vous “.

Bonne lecture Ă  tous Jean POYARD

Rencontresau cƓur de la pĂ©dagogie AIX-EN-PROVENCE

Ecole maternelle Rudolf SteinertĂ©l.: 04 42 24 14 18Mars : Portes ouvertesMai : FĂȘte de Printemps

ALÈS

Ecole CaminaremtĂ©l.: 04 66 83 20 4317/12 : Jeux de NoĂ«l21/03 : Portes ouvertes01/05 : FĂȘte de mai

AVIGNON

Ecole Rudolf Steiner de SorguesTĂ©l/Fax : 04 90 83 37 0720/12 : Jeux de NoĂ«l 12-13/02 : PiĂšce de 11e : La tempĂšte, de Shakespeare28/03 : Portes ouvertes8-9/05 : Travaux de fin de cycle (chefs d'Ɠuvres de 11e cl)

CANNES MOUGINS

Ecole maternelle internationale de ValbonneTĂ©l.: 04 92 98 19 08Se renseigner

CARPENTRAS/MAZAN

Jardin d’enfants "Le petit prince“TĂ©l./Fax : 04 90 69 50 136/12 : MarchĂ© de NoĂ«lPortes ouvertes (date Ă  prĂ©ciser)

CHATOU

Ecole PercevalTĂ©l. : 01 39 52 16 64Fax : 01 39 52 59 4018/12 : Jeux de NoĂ«l22,23,24/01 : PiĂšce de la 11e classe:La guerre de Troie n'aura pas lieude Jean Giraudoux6/03 : SoirĂ©e chefs d'Ɠuvre (12e),7/03 : chefs d'Ɠuvre de 12e, travaux d'annĂ©e de 9e21/03 : Portes ouvertes4/04 : WOW Day (cf 1,2,3 n°12)14,15,16/05 : PiĂšce de 8e classe

COLMAR

Ecole Mathias GrĂŒnenwaldTĂ©l. : 03 89 27 13 2418/12 : Jeux de NoĂ«l20-21/02 : PiĂšce de 11e classe28/03 : Vente de printemps4/04 : Chefs d'Ɠuvre (12e)17,18,19/04 : PiĂšce de la 8e classe

(suite page 19)

" Il nous semble Ă  nous, que notre

ascension n’est pas achevĂ©e, que la vĂ©ritĂ©

de demain se nourrit de l’erreur d’hier
“

Page 2: REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO :

Jean Pierre Ablard, Anne

Dichamp, Anne-Marie Doret,

Martine Dubiez, DaniĂšle Dubois,

Mariam Francq, Robert Greuillet,

Didier Hamel, Maaike Holdstock,

Nancy Huston, Michel Joseph,

Benoit Journiac, Maryvonne

Moncharmont, Jacqueline Perdriat,

Jean Poyard, Phillip Reubke

S O M M A I R E

Edito p 1

De la couleur Ă  la forme p 2-4

Les jeux de Noël p 5-7

Rencontre parents européens p 8

Dynamiser l'esprit de l'europe p 9

Les rencontres parents-profs p 10

Alliance for childhood p 11

L'Esprit du temps p 11

Les 7 ans de l'Apaps p 12-13

Le travail des professeurs p 14-15

TĂ©moignage de Nancy Huston p 16

Nos voisins d'Amérique p 17

A Marie Françoise Cuvillier p 18

Blanchefleur p 19

Le jardin des petits p 19

Une Ă©cole Ă  la ferme p 20

De la couleurĂ  la forme

Activités picturales dans les petites classespar Robert Greuillet

Pour la dĂ©velopper, l’art et la culture du beau seront prĂ©cieux afin de saisir, de structurer ces forces nouvelles de façon vivante et d’en faire des capacitĂ©s qui pourront ĂȘtre mises au service d’apprentissages scolaires Ă©volutifs

L’enfant porte en lui un trĂ©sor d’images. Une part de ces images intĂ©rieures va constituer la matiĂšre premiĂšre qui, en se diffĂ©renciant, en se prĂ©cisant dans ses contours et en s’enrichissant, contribuera aux premiers apprentissages. Ces ima-ges sont Ă  l’origine des capacitĂ©s de reprĂ©sentation et de mĂ©morisation.

La pratique des arts, dans les Ă©coles Rudolf Stei-ner, n’a pas comme but de former de futurs artistes. Comme les soins physiques l’ont fait pour le corps lors des sept premiĂšres annĂ©es, la culture artistique va contribuer Ă  donner forme Ă  la vie intĂ©rieure, en se servant de ces nouvelles forces disponibles, tout au long de la deuxiĂšme septaine.

La place des arts dans le processus édu-catif proposé dans nos écoles est, de ce fait, fondamentale.

Dans les premiùres classes la peinture joue un rîle bien particulier. Elle met en Ɠuvre le mystùre de l’image, celui des formes et des couleurs, reflets des nuances de la vie de l’ñme.

La peinture et le grand geste des premiĂšres classes

Rudolf Steiner attire l’attention sur les deux fonctions diffĂ©rentes de l’Ɠil :

- qui suit les contours des objets, les formes et fait alors le geste du dessinateur,

- ou perçoit les surfaces colorées selon les différences de valeurs entre le clair et le sombre,

lorsqu’il devient peintre.Une diffĂ©renciation existe entre le domaine de

la peinture et celui du dessin. Dans nos Ă©coles – Rudolf Steiner en parle lors

des conseils donnĂ©s pour le premier jour d’école, lors de l’arrivĂ©e de l’enfant en 1Ăšre classe – ces deux domaines sont tout d’abord nettement distincts, constituant chacun une matiĂšre Ă  part entiĂšre.

Tout ce qui est trace de mouvement, dessin, graphisme, prĂ©cision du trait, est travaillĂ© dans une discipline propre aux Ă©coles Steiner-Waldorf: le dessin de forme ou dessin dynamique. C’est un des piliers de l’enseignement dans les petites classes. En revanche, ce qui concerne la couleur et les lois du monde colorĂ© est mis en Ɠuvre dans "le cours de peinture“.

Le domaine de la peinture sera ici principale-ment celui de la couleur traitée en surface.

La plupart des exercices proposĂ©s dans ce cours, dans les trois premiĂšres classes, partiront de la couleur pour aboutir Ă©ventuellement Ă  la forme. Au lieu de commencer par un dessin au trait qu’on emplit de couleurs, comme cela se fait souvent par ailleurs, ce qui Ă©loigne l’enfant de son expĂ©rience visuelle immĂ©diate (les objets sont rarement cernĂ©s de cette façon), c’est du dynamisme de la couleur elle-mĂȘme, de la force qu’elle contient, rĂ©pand ou concentre, c’est du sentiment qu’elle suscite que naĂźtront progressivement la forme et le motif.

Il s’agira alors de considĂ©rer le mouvement des couleurs dans l’espace. Pour un petit enfant qui est de façon immĂ©diate dans la perception sensorielle, il est Ă©vident qu’un bleu s’éloigne et que le rouge s’approche de lui. L’expĂ©rience rĂ©pĂ©tĂ©e, l’exercice frĂ©quemment pratiquĂ© et ressenti dans toutes ses

A PARTIR DE 6, 7 ANS, L’ENFANT ABORDE UNE NOUVELLE ÉTAPE DE SON ÉVOLUTION. LA PERTE DES DENTS

DE LAIT ET L’APPARITION DE LA DENTITION DÉFINITIVE SONT LES SIGNES D’UNE PROFONDE MÉTAMORPHO-

SE. A CET ÂGE ET POUR UN CYCLE DE SEPT ANNÉES ENVIRON, DES FORCES VONT ÊTRE DISPONIBLES POUR

ÉLABORER DE NOUVELLES FACULTÉS. L’UNE D’ENTRE ELLES, POUR CE QUI EST VISUEL, EST PARTICULIÈRE-

MENT INTÉRESSANTE POUR NOTRE SUJET : LA FACULTÉ D’AFFINER, DE PRÉCISER LA FORME DE NOS IMAGES

INTÉRIEURES.

La citation de la premiĂšre page

est extraite de "Lettre à un otage“

de Antoine de Saint-Exupéry

PAGE 02 1.2.3.SOLEIL ‱ REVUE DE L'APAPS ‱ NUMÉRO QUATORZE

Page 3: REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

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variations lui permettra d’enrichir, de cultiver les sensations vĂ©cues spontanĂ©ment.

En cours de pein-ture, l’éducation artis-tique proposĂ©e dans les Ă©coles Waldorf au cours des premiĂšres classes sera dispen-sĂ©e principalement grĂące Ă  des exercices guidĂ©s, proposĂ©s en fonction de ce qui vit dans l’ñme des enfants et qui reste la source premiĂšre. A l’énoncĂ© d’un exercice propo-sant un questionnement prĂ©cis en termes de couleurs, chacun pourra rĂ©pondre par sa peinture de façon judicieuse en mĂȘme temps qu’originale et individuelle.

Par ailleurs, l’expression d’images per-sonnelles spontanĂ©es, riches et nombreuses Ă  cet Ăąge, trouvera Ă©galement sa place en classe, grĂące Ă  la peinture mais aussi au moyen du bloc, du crayon de cire ou de techniques mixtes.

La technique : L’aquarelle sur papier mouillĂ©.

Pour ce qui est des moyens employĂ©s en peinture, une technique Ă  la fois simple, souple et riche de possibilitĂ©s nous aide Ă  nous approcher de ce but : l’aquarelle sur papier mouillĂ© (lavis). TravaillĂ©e horizonta-lement, elle rend possible tous les fondus et dĂ©gradĂ©s, aide, si besoin, Ă  dissoudre les contours trop dĂ©finis, facilite le rendu rĂ©gulier en larges surfaces, en taches de couleurs. GrĂące Ă  cette technique, l’enfant approche aussi intimement l’élĂ©ment avec lequel il a une relation intense : l’eau por-teuse de vie.

La couleur et l’eau ont un lien originel. Un caillou sec semble terne, alors qu’une fois mouillĂ©, il brille de nuances colorĂ©es insoupçonnĂ©es. Sur un support humide, la couleur semble vivante, prend toute sa

force et se meut d’un mouvement qui lui est propre : le bleu simple-ment posĂ© sur la feuille mouillĂ©e ne rĂ©agit pas comme le jaune, par exemple.

La peinture prati-quĂ©e dans cet esprit est une aide prĂ©cieuse pour conserver Ă  l’enfant sa mobilitĂ© in-tĂ©rieure, nĂ©cessaire Ă  un dĂ©veloppement harmonieux.

Une lecture du plan scolaire En 1Ăšre classe, l’enfant fait l’expĂ©rience

approfondie de la couleur avec laquelle il est amenĂ© Ă  peindre, l’expĂ©rience de la rencontre avec cet Ă©lĂ©ment que le maĂźtre caractĂ©risera d’abord dans son dynamisme et son mouvement.

Les contes qui servent de toile de fond Ă  cette classe, au travers desquels l’enfant revit le passĂ© de l’humanitĂ©, permettent, sans que cela devienne illustration, d’ex-pĂ©rimenter le lien existant par exemple entre tel personnage et une tache de jaune rayonnant, entre tel autre et le bleu enveloppant


FraĂźcheur, joie lĂ©gĂšre et Ă©merveillement s’expriment spontanĂ©ment dans ces cours hebdomadaires trĂšs attendus par les en-fants. Des liens profonds entre le monde des couleurs et la vie intĂ©rieure naissante s’organisent.

AprĂšs les avoir nommĂ©es et dĂ©couver-tes dans leurs personnalitĂ©s propres, l’élĂšve peut affiner sa perception de la rencontre de deux couleurs. On distinguera alors les unions qui ont de la force, comme celle du jaune et du bleu (deux couleurs primaires) et les juxtapositions qui ont moins de carac-tĂšre, comme celle du jaune et du vert (une couleur primaire et une secondaire). Les accords de deux ou trois couleurs seront

pratiquĂ©s dans toutes leurs possibilitĂ©s de variations et de composition. Dans ce cours rĂ©gulier, les bases du langage des couleurs seront mises en Ă©vidence en lien avec l’ex-pĂ©rience et la sensibilitĂ© des enfants.

Une fois l’exercice terminĂ© et les cou-leurs sĂšches, souvent le lendemain, un temps sera pris pour parler des sensations, des sentiments Ă©prouvĂ©s devant telle ou telle proposition colorĂ©e.

Dans quelle image, par exemple, le rouge est-il le plus brillant du fait de son lien avec telle ou telle couleur ? Dans quelle image apparaĂźt-il plus en relief ? Quelle impres-sion donne ce dĂ©gradĂ© de bleu ? Le jaune est-il plus lumineux dans tel environnement colorĂ© ou dans tel autre ? Il s’agit alors de dĂ©velopper, non pas le jugement de valeur sur les capacitĂ©s des Ă©lĂšves, mais la facultĂ© de ressentir en soi la vie des couleurs, leurs relations entre elles ainsi que la possibilitĂ© de les caractĂ©riser.

L’image crĂ©Ă©e par chaque Ă©lĂšve sera affichĂ©e au milieu de toutes celles de ses camarades. Au cours de la semaine, que de regards d’enfants se tournent vers leurs peintures pour s’en Ă©merveiller, s’étonner, se placer dans le groupe et apprendre des propositions des autres !

La 2Ăšme classe permettra d’approfon-dir, de prĂ©ciser ce qui a Ă©tĂ© abordĂ© l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente et de faire la connaissance de la qualitĂ© de sentiment propre Ă  chaque couleur. L’enfant vit alors davantage au sein d’une dualitĂ© qui le rend particuliĂšrement sensible au rapport entre les mouvements de l’ñme et les couleurs : un rouge peut-ĂȘtre rĂ©confortant et royal ; le jaune pur et joyeux est si dĂ©licat qu’une seule goutte de bleu suffit Ă  le rendre triste et barbouillĂ© tandis qu’un violet mal intentionnĂ© peut l’ensorceler.

La couleur est alors identifiĂ©e, non seu-lement Ă  une activitĂ© dynamique, mais aux situations morales. Nous proposerons Ă  l’enfant de 2Ăšme classe qu’il expĂ©rimente les couleurs comme illustration sourde de ce qui commence Ă  vivre en lui.

Encore tout imprĂ©gnĂ© du monde ambiant, il ressent Ă  cet Ăąge le besoin d’ĂȘtre actif en complĂ©tant toujours un peu les choses qui l’entourent. Il vit particuliĂšrement bien les aventures des animaux qui parlent comme des ĂȘtres humains. Les fables et les lĂ©gen-des des saints, dans lesquelles la dualitĂ© Ă©voquĂ©e est Ă©vidente, peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©es comme source d’inspiration en cours, sans encore ĂȘtre illustrĂ©es Ă  pro-prement parler.

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Page 4: REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

PHOTO ELIANE NAGATA

L’élĂšve, plus confiant vis-Ă -vis de la technique, commence consciemment et avec un enthousiasme qui surprend souvent un observateur de passage, Ă  crĂ©er de nouvelles couleurs en mĂ©langeant des couleurs primaires, ce qui n’avait pas encore Ă©tĂ© travaillĂ© rĂ©guliĂšrement jusque-lĂ .

La quĂȘte du sensEn 3Ăšme classe, dans sa 9Ăšme annĂ©e, l’enfant

se met, peu Ă  peu, Ă  s’interroger en profondeur sur le sens des choses. Il pĂ©nĂštre alors dans le monde de l’Ancien Testament ; les rĂ©cits imagĂ©s qui lui sont adressĂ©s font Ă©cho aux Ă©vĂšnements qu’il vit intĂ©rieurement Ă  cet Ăąge.

En peinture, nous commençons l’annĂ©e en abordant les grandes images de la CrĂ©ation. Le cheminement au travers des certitudes, mais aussi des doutes, est la consĂ©quence de cette confron-tation avec la matiĂšre crĂ©Ă©e. L’enfant est mainte-nant capable de travailler avec finesse les nuances colorĂ©es : les dĂ©gradĂ©s, le lĂ©ger, le sombre. Cela permet, si besoin est, et conformĂ©ment Ă  son vĂ©cu

intĂ©rieur, de crĂ©er des am-biances, des accords plus tendus, plus dramatiques ; les personnages de l’Ancien Testament se revĂȘtent du rouge de la colĂšre divine, du bleu du dĂ©couragement. Les tĂ©nĂšbres deviennent violet foncĂ©, TubalcaĂŻn le forgeron est environnĂ© de rouge ardent.

Au cours de la 3Ăšme classe, l’accord Ă©lĂ©mentaire et primordial bleu-jaune-rou-ge, peu Ă  peu, laisse place au sein de l’ñme Ă  l’accord vert-orange-violet, plus ter-restre, plus mystĂ©rieux aussi.

L’enfant quitte le Paradis des couleurs primaires, manifestĂ© avec Ă©clat dans le monde extĂ©rieur, pour dĂ©couvrir un monde plus intĂ©rieur et plus secret. La couleur devient activitĂ© : Ă  ce moment, on vit avec les enfants ce passage de l’humanitĂ© oĂč, comme dans l’Ancien Testament, un peuple en quĂȘte de son identitĂ©, de son Moi divin part Ă  la recherche de la terre promise.

D’autres pĂ©riodes de cours montrent parallĂšle-ment l’activitĂ© des hommes qui travaillent, cultivent et transforment la terre pour y vivre dignement. Les mouvements intĂ©rieurs et les atmosphĂšres s’in-tensifient et vont permettre de mener davantage la couleur vers la forme par une sorte de densifi-cation, de dĂ©cantation progressive.

Tout ce qui est dessin, ce qui a besoin de dĂ©-tails - les illustrations concernant les mĂ©tiers, les plantes – ne sera pas dĂ©laissĂ©, mais plutĂŽt pratiquĂ© Ă  sec, au crayon de cire. Ajoutons que, dans cette classe, la peinture peut ĂȘtre dĂ©jĂ  envisagĂ©e par

période de 10 à 15 jours.Entre la 3Úme et la 4Úme classe, a lieu ce que

Rudolf Steiner appelle "le passage du Rubicon“ : ce point de non-retour oĂč l’enfant s’engage rĂ©so-lument dans le monde terrestre.

A partir de la 4Ăšme classe, la surface colorĂ©e et la forme Ă©voquĂ©es plus haut, vont s’unir plus intensĂ©ment pour donner naissance Ă  des images plus rĂ©alistes, tandis que la vie intĂ©rieure devient davantage consciente et indĂ©pendante du monde extĂ©rieur. L’enfant ne va plus autant vivre dans l’imaginaire ; il cherchera Ă  ĂȘtre encore plus en lien avec son environnement.

La question de la ressemblance avec le réel va alors émerger avec force et sera prise en compte dans les cours de peinture.

L’enfant s’incarnant davantage, la dĂ©marche artistique dans les arts qui lui sont proposĂ©s va se mĂ©tamorphoser et se diversifier. Il sort peu Ă  peu de l’enfance pour aller vers l’adolescence et la maturitĂ© terrestre.

Nous pourrons montrer comment le plan sco-laire accompagne cette Ă©volution.

Transmettre des valeurs profondément humaines

GrĂące Ă  l’éducation artistique et la pratique d’un art, il est possible d’avoir accĂšs Ă  une part du mystĂšre de la vie de façon personnelle, immĂ©diate, intuitive, de faire l’expĂ©rience du lien de l’homme Ă  l’univers. Cette dĂ©marche artistique contribue Ă  une comprĂ©hension sensible du vivant, de l’humain et Ă  l’ouverture du cƓur devant le monde.

Le dĂ©veloppement de cette sensibilitĂ© favorise un sentiment de responsabilitĂ©, de gratitude vis-Ă -vis de la crĂ©ation et d’émerveillement devant la beautĂ© de l’univers.

Enseigner et faire pratiquer l’art aux enfants, c’est cultiver et transmettre des valeurs profondĂ©-ment humaines, comme la crĂ©ativitĂ©, l’harmonie, le respect, le tact, le discernement et la capacitĂ© d’agir librement.

Robert Greuillet Professeur d'arts plastiques Ă  l'Ă©cole PercevalBibliographie :

- Nature des couleurs, Rudolf Stei-

ner , EAR

- La progression de la peinture et du

dessin dans les Ă©coles Steiner Waldorf,

Bernadette Hégu, Fédération des écoles

Steiner Waldorf en France

- Voir, vivre et comprendre les couleurs,

Ueli Seiler-Hugova, Triades

- Le traitĂ© des couleurs, GƓthe, Tria-

des

- Couleur, Liane Collot d’Herbois, EAR

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L'automne est rougeRouge de colÚreLa colÚre des feuillesDes feuilles décrochéesQui voulaient rester làBien au frais bien au froidPour écouter l'histoireQue racontent sapinsCyprÚs épicéasAux soirs de la Noël

Liska

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Chaque matin, de semaine en semaine, la lumiĂšre grandit.

C’est Ă  l’époque oĂč le soleil a une action moindre sur la terre, oĂč toute vie semble s’ĂȘtre retirĂ©e au sein de cette derniĂšre que l’on commĂ©more la NativitĂ©. Vient alors le temps des Jeux de NoĂ«l que tous les pro-fesseurs du millier d'Ă©coles Waldorf dans le monde offrent aux Ă©lĂšves, aux parents, aux amis. Cette tradition se transmet de gĂ©-nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration depuis la fondation de la premiĂšre Ă©cole Ă  Stuttgart en 1919. Elle renoue avec les grandes coutumes du Moyen-Age et du dĂ©but des temps moder-nes qui s’étaient perpĂ©tuĂ©es discrĂštement Ă  OberĂŒfer, petit village isolĂ© sur une Ăźle du Danube. Ces Jeux avaient Ă©tĂ© recueillis par Julius Schröer, professeur Ă  l’universitĂ© de Vienne au XlX Ăšme siĂšcle, maĂźtre du jeune Rudolf Steiner. Plus tard, celui-ci les choi-sit pour cĂ©lĂ©brer NoĂ«l avec les enfants des Ă©coles Waldorf.

A l’origine, Ă  OberĂŒfer, ils Ă©taient jouĂ©s

uelques semaines nous sĂ©pa-rent de la fĂȘte la plus univer-sellement cĂ©lĂ©brĂ©e dans le

monde occidental.Une vĂ©ritable frĂ©nĂ©sie s’empare alors

des foules qui envahissent les magasins, les restaurants, les spectacles et se bous-culent dans une dĂ©bauche de lumiĂšres, de musiques. C’est aussi le temps des appels Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ©, aux dons. Cette agitation est-elle le prĂ©lude Ă  la plus intime, Ă  la plus douce fĂȘte de l’annĂ©e?

NoĂ«l est bien une fĂȘte de lumiĂšre mais de lumiĂšre intĂ©rieure et de chaleur. Pendant ces jours sombres, dans les Ă©coles Waldorf, le long chemin vers NoĂ«l est ponctuĂ© de fĂȘtes, vĂ©cues surtout par les plus jeunes: St Martin, le Jardin de l’Avent, St Nicolas, Ste Lucie...La pĂ©riode de l’Avent, pĂ©riode de l’attente, est chĂšre au coeur des enfants avec le Calendrier et la Couronne de l’Avent.

par les paysans et ils en ont gardĂ© leur sim-plicitĂ© touchante et naĂŻve. Ainsi la compa-gnie du Jeu du Paradis est prĂ©cĂ©dĂ©e d’un paysan portant un petit sapin et d’une paysanne tenant une boule de gui, deux plantes chargĂ©es de symboles.

Dans la plupart des Ă©coles de langue française, le texte du Jeu d’Adam (auquel assistent les enfants Ă  partir de la 3Ăšme classe) est de tradition trĂšs ancienne. Il relate le dĂ©but de l’Ancien Testament, la crĂ©ation et la chute de l’Homme. Il est grave mais aussi plein d’espoir. Les grandes paroles de Dieu ouvrent une voie vers l’avenir." Puis un homme en la croix mourra,Autrement ĂȘtre ne pourra.Et par sa mort l’humain lignageSera ĂŽtĂ© de lourd servage".

La fĂȘte d’Adam et Eve, le 24 dĂ©cembre,

prĂ©cĂšde celle de la NativitĂ© que la deuxiĂšme partie des Jeux Ă©voque avec l’Annoncia-tion, le Voyage Ă  BethlĂ©em, la NativitĂ©, le Jeu des Bergers.

AprĂšs la tension du premier Jeu, nous retrouvons avec le chanteur Ă  l’étoile nos joyeux paysans qui, par la grĂące de leur humilitĂ©, vont s’effacer derriĂšre l’Ange, Marie, Joseph, les aubergistes, la servante. Et "nous verrons le Jeu commencer“.

Ce n’est pas une piĂšce de thĂ©Ăątre comme nous l’entendons Ă  l’heure actuelle, mais une succession de tableaux, d’images, qui touchent encore notre cƓur comme celui des foules du Moyen-Age.

Les textes du Voyage à Bethléem et de

la NativitĂ© ont pour base l’Evangile selon St Luc qui Ă©voque la naissance de JĂ©sus dans une Ă©table et l’adoration des Ber-gers. Combien est Ă©mouvante cette Marie si douce, si pleine d’humilitĂ© et d’accepta-tion! Marie, si pauvre, est habitĂ©e par la confiance, la foi qui donnent la force de poursuivre la route.

Notre coeur se serre lorsque Joseph et Marie sont rejetĂ©s, situation archĂ©typique des grandes misĂšres dans lesquelles se dĂ©bat le monde. La compassion de la plus humble des servantes les guide vers un abri. L’étable

par Jacqueline Perdriat

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Jeux de Noëldans les

Ă©coles Steiner-Waldorf

Les

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est sombre. Joseph est inquiet mais l’Ange participe à la naissance et tout s’illumine dans un moment de silence recueilli. Tout comme les enfants, nous "voyons“ l’Enfant dans la crùche.

Les oeuvres d’art si nombreuses Le re-prĂ©sentent couchĂ©, nu. Marie agenouillĂ©e se penche vers Lui et leurs regards, le plus sou-vent, se croisent. Marie salue l’Enfant :"Je, pauvre crĂ©ature,Ainsi qu’il est droitureTe salue humblement ".

Et les bergers vont entrer en scĂšne avec

leur verve, leurs Ă©clats de joie, leur simplicitĂ©. Moment de dĂ©tente tant attendu tous les ans par tous grands et petits. Les querelles cessent avec le partage du repas apportĂ© par Sylvain le plus ĂągĂ©, le plus pondĂ©rĂ©, mais aussi par ce qu’il raconte :" Le Messie dont nous avons soif,Le Messie viendra dans le mondePour consoler, dĂ©livrer les cƓurs purs. Alors, nous serons sur la terreDĂ©livrĂ©s du tourment de misĂšre “

Alors, par l’intermĂ©diaire du songe, le reprĂ©sentant du monde spirituel leur apparait pour leur annoncer "des temps nouveaux“. Ils l’entendent par "l’oreille du cƓur“ et dĂ©cident de tout abandon-ner, de partir dans la nuit et le froid avec leurs modestes offrandes sans valeur ma-tĂ©rielle mais ĂŽ combien prĂ©cieuses! Ce ne sont pas des cadeaux mais des dons car ils sacrifient quelque chose nĂ©cessaire Ă  leur subsistance.

Leur quĂȘte se fait dans l’obscuritĂ©. Rien ne les guide que "leurs cƓurs dĂ©vorĂ©s de zĂšle“ ainsi que Joseph l’a perçu quand il ouvre la porte:"Qui cherchez-vous par ici, mon ami? Quelqu’un qui veuille vous mener plus loin?Quel but oriente vos pensĂ©esEt vos cƓurs dĂ©vorĂ©s de zĂšle?“

L’Adoration des Bergers fait partie des grands thĂšmes que bien des artistes inspirĂ©s ont Ă©voquĂ©e dans leurs oeuvres oĂč l’Enfant est couchĂ©, si petit, si fragile, si attendrissant. Guillot, Gallus, Sylvain, ber-gers reprĂ©sentants des forces du coeur, compatissent et repartent illuminĂ©s, apai-sĂ©s, enrichis intĂ©rieurement.

Cette quĂȘte de l’Enfant ne se poursuit-elle pas en chacun d’entre nous pour aller plus loin?

Quand le bon vieux Crispin souhaite par-

ticiper aussi Ă  l’évĂšnement, il demande:"Est-ce loin?“

La rĂ©ponse du plus jeune berger fait toujours sourire:"Le temps d’y arriver!“

N’est-elle pas bien sage, cette rĂ©ponse Ă  notre Ă©poque oĂč tout le monde se plaint de "ne pas avoir le temps“ et de "n’arriver Ă  rien“? Pour chaque individu, il faut "le temps d’arriver“ au but, quel qu’il soit.

Lorsque toute la compagnie a dĂ©crit un grand cercle autour de l’assistance, en chantant et qu’elle a quittĂ© la salle, les images vivront encore longtemps. Que de gĂ©nĂ©rations d’enfants pleins de fraĂźcheur les ont recrĂ©Ă©es dans leurs jeux Ă  la mai-son! Les paroles rĂ©sonnent dans le souvenir tant et si bien, qu’au fil des annĂ©es, chaque rĂ©plique reste si vivante, et qu’on la rĂ©cite intĂ©rieurement avec les joueurs.

Ainsi les Jeux de NoĂ«l reviennent comme un point central au milieu du cercle de l’annĂ©e. Ils sont toujours les mĂȘmes et prĂ©sentent toujours le beau geste de Marie au moment de la NativitĂ© ou la chute des bergers sur le verglas. Cependant, ils restent vivants car toutes sortes de nuances colorent gestes et paroles selon l’interprĂ©tation.

A notre Ă©poque oĂč le "zapping“ cher aux tĂ©lĂ©spectateurs s’infiltre partout, dans tous les domaines de la vie, il est intĂ©ressant de faire l’expĂ©rience inverse : retrouver chaque annĂ©e, Ă  la mĂȘme Ă©poque ce que l’on croit connaĂźtre par cƓur et s’apercevoir qu’avec les annĂ©es, l’oreille entend diffĂ©remment, l’Ɠil voit autrement selon sa propre maturitĂ©. On dĂ©couvre alors d’autres richesses que

celles de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente mĂȘme aprĂšs les avoir vĂ©cues des dizaines de fois.

La pĂ©riode de NoĂ«l commence donc ainsi et s’achĂšve avec le Jeu des Rois, aprĂšs les douze jours saints qui sĂ©parent le 25 dĂ©-cembre du 6 janvier.

Dans les premiers temps de l’Eglise, l’Epiphanie (qui signifie "apparition“) Ă©tait la fĂȘte la plus solennelle des chrĂ©tiens. On y honorait le mĂȘme jour : la naissance de JĂ©sus Ă  BethlĂ©em, son Adoration par les Mages, son baptĂȘme par Saint Jean-Baptiste, son miracle Ă  Cana oĂč il changea l’eau en vin. C’est le pape Jules Ier au IVĂšme siĂšcle qui fixa la date de NoĂ«l au 25 dĂ©cembre, trois jours aprĂšs le solstice d’hiver. Le 6 janvier fut rĂ©servĂ© Ă  la commĂ©moration de l’Ado-ration des Mages.

A la rentrée des vacances, le Jeu des

Rois offre un deuxiÚme aspect de Noël, Î combien différent! Il est joué dans certaines écoles de langue française.

L’Evangile selon Matthieu lui sert de trame. Le texte de Marguerite de Navarre rĂ©sonne avec gravitĂ©, sobriĂ©tĂ©, dans une belle langue qui demande un rĂ©el effort pour suivre le contenu de chaque tirade. Plus de naĂŻvetĂ©, plus de compassion, Le mal, le mensonge, la tyrannie entrent en scĂšne avec HĂ©rode et sa clique jusqu’à l’impitoyable massacre des Innocents, si-tuation Ă©galement archĂ©typique.

Avec les Rois nous sommes dans une toute autre ambiance qu’avec les Bergers. Ils Ă©taient en quelque sorte les "savants“ de leur temps qui pouvaient, entre autres, lire dans la sagesse des Ă©toiles. DĂšs le dĂ©but,

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nous sommes avertis que ce ne sera pas le coeur qui les guidera, car Dieu dit :" Le Fils aimĂ©, par lequel tout je fais,Je ne veux plus qu’il soit tant mĂ©connu.Ce qu’ai promis, longtemps, Ă  maintes fois,A mes Ă©lus, je veux qu’il soit tenu.Les bergers l’ont comme Dieu reconnu.Si au bas peuple ai fait ce bien apprendre,Aux sages rois du Messie la venueJe veux aussi faire nouvelle entendre.Or, levez-vous, parfaite Intelligence ! “.

Les trois Rois, si pleins de savoir, sont

tourmentĂ©s intĂ©rieurement, selon leur nature respective, par le doute, l’orgueil, le dĂ©ses-poir. Ils font appel Ă  Philosophie, Tribulation et Inspiration. L’Ange leur dĂ©voile le secret qui mĂšnera chacun vers ce qu’il cherche : "Trouver te faut Divine Intelligence“.

Alors que les bergers formaient dĂ©jĂ  un groupe, se connaissaient, les rois, si majes-tueux, si droits et solennels dans leur dĂ©-marche, viennent d’horizons diffĂ©rents, sui-vant l’étoile, et leur rencontre marque le dĂ©but d’une quĂȘte vers la vĂ©ritĂ©.

AprĂšs leur som-bre passage chez HĂ©-rode elle les guide de nouveau vers l’Enfant. Dans l’art, l’image de l’Adoration des Mages contraste avec celle des bergers. La plupart du temps, Marie est assise, droite, royale. C’est plutĂŽt une Madone. L’Enfant-Christ sur ses genoux n’est plus couchĂ© comme dans la crĂšche : le plus souvent il est debout ou assis. Son regard se dirige vers les Rois

et non plus vers Marie.

Leurs offran-des sont prĂ©cieu-ses : l’or, l’encens, la myrrhe porteurs de tant de sym-boles. Les Rois ont trouvĂ© "Divine Intelligence". Les Ă©changes entre Marie, Balthazar, le plus ĂągĂ© en bleu, Melchior, le roi rou-ge et Gaspard le plus jeune tout de vert vĂȘtu, portent le sceau de la sagesse et de la divinitĂ©.

Le représentant du monde spirituel leur

parle aussi dans leur sommeil, cette fois aprĂšs leur rencontre avec l’Enfant divin, pour les prĂ©venir du danger qu’ils courent en revenant vers HĂ©rode.

La sagesse di-vine leur Ă©vite le piĂšge que leur im-mense savoir n’avait pas dĂ©celĂ©. Alors, Ils reprennent chacun leur route.

Marguerite de Navarre a complĂ©tĂ© "l’Ado-ration des trois Rois“ par "la ComĂ©die des Innocents“, dramatique, poignante, oĂč la mort est si prĂ©sente. Elle ouvre le chemin vers PĂąques. Et maintenant, le soleil a re-pris son cours ascendant.

Les Jeux de Noël ne sont pas un spec-

tacle. Il faut y participer avec une Ăąme d’enfant. C’est un don des professeurs Ă  l’école qui coĂ»te de nombreuses heures de rĂ©pĂ©titions.

Chaque année des anciens élÚves, des anciens parents retrouvent le chemin des écoles pour se joindre à nouveau à cette sorte de célébration

Les Jeux de NoĂ«l et le Jeu des Rois sont modestes et volontairement dĂ©pouillĂ©s. Ils peuvent parfois paraĂźtre anachroniques aux yeux de certains. Ce sont des germes de lumiĂšre qui accompagnent petits et grands dans des moments difficiles de la vie. Certaines paroles reviennent et aident Ă  "aller plus loin“ .

Aussi avec l’Ange :"Venez ouĂŻr nos Jeux et Ă©battements !Et veuillez pardonner s’il y a chose Ă  re-prendreCar n’avons voulu faire chose dĂ©plaisanteA personne qui soit vivante...Prenez nos Jeux en grĂ©, Je vous en prie !“

Et "Bon NoĂ«l“ Ă  tous ! Jacqueline Perdriat

Ancien professeur de l'Ă©cole Perceval

Séminaire "Créateur d'école"

Une deuxiĂšme session aura lieuĂ  Chatou, les 1 et 2 mai 2009

(date Ă  confirmer)

Se renseigner auprÚs de la Fédération(01 43 22 24 51)

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AprĂšs mĂ»res rĂ©flexions et prĂ©paratifs concertĂ©s, une deuxiĂšme rencontre a Ă©tĂ© organisĂ©e par la dynamique association norvĂ©gienne, en Grande Bretagne, sur le site magnifique de l’école Michael Hall dans le Sussex, au sud de Londres, sur le thĂšme suivant : "Le dĂ©veloppement de l’Enfant et le RĂŽle des Parents dans une Ecole Waldorf “.

L’assistance avait doublĂ© par rapport Ă  l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente (plus de 20 au lieu de 10) et le nombre de pays aussi ( 9 au lieu de 4). Les pays reprĂ©sentĂ©s Ă©taient les suivants: Allemagne, Angleterre, Esto-nie, Finlande, France, Lettonie, NorvĂšge, SlovĂ©nie, SuĂšde.

Lors de l’ouverture de la rencontre, la principale organisatrice Ă  Michael Hall nous a prĂ©sentĂ© les particularitĂ©s de l’école ainsi que l’organisation des parents. Cette per-sonne, salariĂ©e Ă  mi-temps, occupe un poste de "coordinateur de communication“ par rapport aux parents. Outre une prĂ©sence quotidienne qui commence chaque matin avec le "cafĂ© des parents“, il y a diverses autres activitĂ©s qui nous ont paru fort in-tĂ©ressantes et parfaitement transposables ailleurs. En voici quelques unes :

- Citons en premier "la Journée des Pa-

rents“ qui se dĂ©roule un samedi et concerne toutes les classes. Ce jour lĂ , les parents vont Ă  l’école ! Cela signifie qu’ils naviguent de classe en classe, de matiĂšre en matiĂšre, pour suivre des cours presque Ă  l’identique de leurs enfants ! GĂ©nial, n’est-ce-pas ?

De mĂȘme, sont organisĂ©es des "JournĂ©es des Enseignants“ pour les enseignants du public et d’autres pĂ©dagogies .

- Ensuite, " Les journĂ©es Portes Ouvertes“ sont organisĂ©es un jour d’école et visiteurs et parents potentiels sont invitĂ©s Ă  assister aux cours dans les classes !. Ceci s’ajoute bien sĂ»r aux prĂ©sentations gĂ©nĂ©rales et spĂ©-cifiques de la pĂ©dagogie et de l’école. Les Ă©lĂšves prennent une part trĂšs active dans le dĂ©roulement de ces animations.

- Et enfin, "l’entretien de dĂ©part“, or-ganisĂ© Ă  l’occasion du dĂ©part de chaque famille qui quitte l’école, quelle qu’en soit la raison, afin d’avoir un Ă©change clair et amical avant de se quitter.

Ces quelques exemples nous ont parus particuliĂšrement judicieux !

Le soir nous avons assistĂ© Ă  une re-prĂ©sentation d’un jeu thĂ©Ăątral par la 7Ăšme classe sur St François d’Assise. Ce thĂšme a servi de tremplin Ă  Christopher Clouder, fondateur et animateur principal du Con-seil EuropĂ©een des Ă©coles Steiner-Waldorf,

(en anglais l’European Council for Steiner Waldorf Education : ECSWE), pour sa con-fĂ©rence du lendemain matin :

On peut caractĂ©riser le trait principal de St François par le courage. Celui de renon-cer aux valeurs Ă©tablies et confortables, et celui d’en crĂ©er de nouvelles, basĂ©es sur la dĂ©votion et l’intĂ©rĂȘt pour les hommes. Ce schĂ©ma peut servir d’exemple Ă  tous les hommes de bonne volontĂ© en gĂ©nĂ©ral, et au mouvement Waldorf en particulier. Par exemple, :

-Accepter pleinement de renoncer aux normes traditionnelles et faire confiance aux nouvelles valeurs !

-S’intĂ©resser aux autres de maniĂšre posi-tive plutĂŽt que d’attendre que les autres s’in-tĂ©ressent Ă  nous de maniĂšre nĂ©gative !

–Adapter notre langage et notre com-portement social pour nous rendre trans-parents, audibles et visibles !

Une autre contribution intĂ©ressante est venue de Godi Keller, un enseignant Suisse-NorvĂ©gien fondateur et animateur de "l’AcadĂ©mie des Parents“ oĂč il agit en tant que conseiller auprĂšs des parents dans diverses situations et pays, afin de les aider Ă  surmonter les "crises“ et de leur redonner confiance. Il constate que les problĂšmes rencontrĂ©s sont quasi identiques d’un pays et d’un contexte Ă  l’autre


Un chercheur universitaire et profes-seur Waldorf finlandais, Esa Makinen, nous a exposĂ© aussi les grandes lignes de son sujet de thĂšse qui portait sur la situation des parents de l’époque actuelle et l’inte-raction avec la sociĂ©tĂ© civile, en parallĂšle Ă  la tradition Waldorf.

Il a rappelé les conseils de R. Steiner sur la nécessité de relations aimantes et respec-tueuses entre parents et enseignants.

Suite Ă  de nombreux Ă©changes aprĂšs l’ensemble de ces contributions nous avons cheminĂ© vers l’élaboration d’une "charte" pour notre mouvement intitulĂ© : Interna-tional Steiner Waldorf Parents Network, ou RĂ©seau International de Parents Steiner Waldorf, ( en abrĂ©gĂ© ISWPN).

Il se dĂ©finit comme un rĂ©seau de soutien rĂ©ciproque entre parents Ă  travers l’échange d’idĂ©es et d’expĂ©riences dans le domaine de la pĂ©dagogie Steiner Waldorf.

Les objectifs fondamentaux de ISWPN se regroupent en cinq points :

- le droit pour les parents de choisir le type d’éducation appropriĂ© pour leurs enfants.

Rencontre européenne des parents Waldorf juin 2008

POUR MÉMOIRE, EN JUIN 2007, (VOIR 1,2, 3, SOLEIL NO. 12), SUR L’INITIATIVE DE L’ASSOCIA-

TION SUÉDOISE DES PARENTS WALDORF , L’APAPS A ACCUEILLI UNE PREMIÈRE RENCONTRE

DE PARENTS WALDORF EUROPÉENS À CHATOU AVEC DES REPRÉSENTANTS DE QUATRE PAYS

POUR UN TOTAL D’ENVIRON 10 PARTICIPANTS. L’OBJECTIF ÉTAIT DE COMPARER NOS ASSOCIA-

TIONS NATIONALES RESPECTIVES ET D’EXPLORER LA POSSIBILITÉ DE STRUCTURATION D’UN

RÉSEAU ÉTENDU D’ASSOCIATIONS DE PARENTS .

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Contrairement Ă  ces caricatures enva-hissantes hyper-administratives, hyper-Ă©ta-tiques ou hyper-Ă©conomiques, le vrai visage de l’Europe serait celui d’une libre vie de l’esprit embrassant toutes les cultures et langues nationales, rĂ©gionales et minori-taires. L’Europe ne doit pas ĂȘtre un "Super Etat“ comme actuellement (type USA) mais un espace de libertĂ© et de fraternitĂ©.

Cet espace existe en fait dĂ©jĂ  partout dans le monde car c’est l’espace de la rencontre! LĂ  oĂč au moins deux ĂȘtres se rencontrent vraiment, lĂ  se crĂ©e un espace de communi-cation, d’apprentissage, de dĂ©veloppement, d’harmonisation sociale et individuelle, es-pace de beautĂ© et de guĂ©rison.

Avec la diversitĂ© de ses langues et cultures, avec sa maniĂšre toute particu-liĂšre de cultiver un individualisme ouvert vers le social, l’Europe a pour vocation de cultiver cet espace. DĂšs l’ancienne GrĂšce, c’est cette culture du milieu et du coeur, de l’harmonie entre terre et ciel, de la crĂ©ation de formes communautaires pleinement hu-maines, qui constitue le rĂ©el milieu vivant des EuropĂ©ens.

L’initiative Eliant souhaite que la com-munautĂ© europĂ©enne et celle des autres pays du monde deviennent sensibles Ă  cette culture de la qualitĂ© humaine dans la rencontre. Pour cela elle veut soutenir les

approches issues de l’anthroposophie qui ont fait leurs preuves par leur souci de la qualitĂ© dans la nutrition, dans l’agriculture, dans la prĂ©servation du cadre Ă©cologique, dans la mĂ©decine et les remĂšdes, dans l’éducation et la formation, dans les arts et techniques, dans tous les domaines du social, y compris celui du maniement cons-cient et responsable de l’argent.

Ces dĂ©marches courent actuellement le risque d’ĂȘtre laminĂ©es par la vague dĂ©-ferlante de la mondialisation nĂ©o-libĂ©rale qui envahit de plus en plus l’Europe. Pour contrer cela et se faire entendre des auto-ritĂ©s europĂ©ennes, il faut s’appuyer sur la lĂ©gislation de la CommunautĂ© EuropĂ©enne. Celle-ci prĂ©voit en effet la possibilitĂ©, pour tout groupement d’opinion, d’ĂȘtre reconnu Ă  partir du moment oĂč celui-ci a pu rĂ©unir un million de signatures. C’est pourquoi, depuis novembre 2006, l’initiative euro-pĂ©enne Eliant s’est mise en place.

Jusqu’à dĂ©but septembre, elle a rĂ©ussi Ă  rassembler 506 500 signatures du mon-de entier (dont 440 000 environ de la CE) autour de sa charte, avec - dans la phase actuelle - environ 1000 signatures collec-tĂ©es chaque jour. Pour parvenir Ă  un mil-lion de signatures de citoyens de l’Union europĂ©enne, l’action Eliant doit en rĂ©unir encore prĂšs de 500 000 et dispose pour cela de quelques jours si elle veut le faire

avant le 31 dĂ©cembre 2008. Il suffirait donc de multiplier par 5 le nombre de signatu-res quotidiennes! Cela semble sans doute difficile, mais c’est tout de mĂȘme faisable, surtout quand on considĂšre que certains grands pays n’ont recueilli que relativement peu de signatures.

Pour ce qui est de la France et de la Belgique, Ă©tonnamment bien placĂ©es (res-pectivement 2Ăšme avec plus de 50 000 signatures - juste derriĂšre l’Allemagne ! - et 7Ăšme avec prĂšs de 15 000), il suffirait que chaque signataire en trouve par exemple 10 autres qui en chercheraient 10 Ă  leur tour, etc.

Pour aider à cela, il est possible de si-gner en ligne: - Vous allez d’abord sur le site : www.eliant.eu- vous pouvez y lire la charte et les diver-ses rubriques- il vous suffit ensuite de cliquer sur la ru-brique "collecte des signatures“- puis sur le drapeau de votre langue- vous remplissez enfin le tableau qui apparaüt (reproduit ci-dessous) et vous l’envoyez

"Par ma signature, j’apporte mon soutien Ă  l’Alliance ELIANT qui vise Ă  assurer la re-connaissance juridique pleine et entiĂšre de la mĂ©decine anthroposophique, des produits alimentaires Demeter, de la pĂ©dagogie Stei-ner-Waldorf et des autres initiatives issues de l’anthroposophie en Europe.“PrĂ©nom *Nom *Ville *Pays *E-mail *

- Vous pouvez aussi envoyer par la poste en suivant les indications de la rubri-que: "pour signer par courrier“, ou bien en recopiant le texte ci dessus, suivi de votre signature.

VoilĂ , ce n’est pas trop compliquĂ© mais extrĂȘmement important pour l’avenir tout proche et sans doute mĂȘme lointain (Ă  con-dition d’écarter assez vite les nombreuses menaces graves pour la planĂšte et ses crĂ©atures dont l’humanitĂ© - cette derniĂšre en Ă©tant la grande responsable).

Merci à vous de bien vouloir aider à faire circuler ce message dans vos cercles et réseaux.

Michel JosephDirecteur de la revue Tournant

Action ELIANT, Rebgasse 37, D-79540 Lörrach Fax : 00 49 7621 168 18 63 ‱ Email [email protected]

QUE FAIRE AVEC CETTE UNION EUROPÉENNE TELLEMENT LOIN DES ASPIRATIONS DES

CITOYENS ET PEUPLES D’EUROPE, DE LEURS CULTURES, IMPUISSANTE LÀ OÙ ELLE DEVRAIT

L’ÊTRE, TROP PUISSANTE LÀ OÙ IL NE FAUDRAIT PAS ?

Pour dynamiserl’esprit de l’Europe

- l’implication Ă  ce libre choix d’un finan-cement Ă©galitaire de la part de l’Etat.

- le soutien de l’impulsion vivante et Ă©volutive basĂ©e sur les idĂ©es de Rudolf Steiner

- la nĂ©cessitĂ© d’une solide coopĂ©ration entre parents et enseignants.

- l’engagement de l’ISWPN Ă  dĂ©velopper les processus et structures appropriĂ©s pour soutenir l’ensemble de ces buts.

Cette charte peut ĂȘtre consultĂ©e, entre autres, sur le site : www.waldorfparents.net

Le "bouquet final“ de l’apport de Chris-topher Clouder a Ă©tĂ© l’engagement pris au nom du Conseil EuropĂ©en de prendre notre

structure en gestation sous son Ă©gide et de nous proposer notamment le bĂ©nĂ©fice de ses moyens de communication selon nos besoins. Etant donnĂ©e l’image prestigieuse et trĂšs respectĂ©e de cette instance parmi les institutions europĂ©ennes Ă©ducatives, cette "main tendue“ sera un atout trĂšs apprĂ©ciable pour notre structure naissante et permettra une beaucoup plus grande efficacitĂ© pour nos actions futures.

Il appartient Ă  prĂ©sent Ă  chaque pays de faire connaĂźtre ce travail, de diffuser cette charte et de rĂ©flĂ©chir activement aux suites Ă  donner lors de notre prochaine rencontre qui aurait lieu en Juin 2009 en Estonie
 "si Dieu le veut“ ! A suivre !

Mariam Francq

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Pour la seconde annĂ©e, l’Apaps Ă©tait partenaire de la FĂ©dĂ©ration des Ecoles Steiner en France et dans la prĂ©paration de ces rencontres, Ă©taient dĂ©jĂ  en germes les prĂ©mices de leur franche rĂ©ussite.

Le choix du thĂšme : la dĂ©marche goethĂ©-enne comme axe fondamental de la pĂ©da-gogie ou "Le rĂŽle de la perception et de l’attention dans l’éducation". Nous avions le souhait que ces rencontres soient des moments d’expĂ©rimentation, de partage et d’échanges entre tous les acteurs de la pĂ©dagogie, les parents , les professeurs, les amis.

Le choix des modalitĂ©s de travail : des apports conceptuels suivis d’ateliers, dont les thĂšmes dĂ©rouleront la scolaritĂ© du jar-din d’enfants aux grandes classes Ă  travers diverses expĂ©riences.

Le choix des intervenants et l’architecture du programme de ces deux journĂ©es,

Le choix des lieux, une partie dans l’école de Sorgues, une partie dans une grange situĂ©e dans un superbe domaine du 17Ăšme siĂšcle agrĂ©mentĂ© d’un magnifique jardin d’inspiration florentine.

VoilĂ  le dĂ©cor plantĂ©. Nous nous sommes retrouvĂ©s Ă  150 personnes dĂšs le vendredi soir pour travailler durant tout un week-end Ă  dĂ©velopper en chacun de nous la di-mension de la perception, de l’attention, Ă  expĂ©rimenter de maniĂšre Ă  percevoir, com-prendre, approfondir les fondements d’une pĂ©dagogie soucieuse de l’apprentissage par les sens, de la rencontre par l’attention, de la quĂȘte du sens.

Une confĂ©rence Ă  deux voix de François Lusseyran et Raymond Burlotte : "Com-prendre le monde en le vivant : l’enjeu de l’enseignement des sciences“ a tentĂ© de mettre en scĂšne la double question: la cul-ture scientifique ambiante permet-elle de conserver la facultĂ© d'Ă©tonnement face aux phĂ©nomĂšnes ? Peut-on intĂ©grer l'ex-pĂ©rience dans un processus permettant de renouer avec l'Ă©nigme de l'homme face au monde, vĂ©cu fondateur d'une vĂ©ritable connaissance ?

Puis la troupe s’est Ă©toffĂ©e le samedi matin avec trois exposĂ©s introductifs au travail des ateliers.

Dominique Dupin, jardiniĂšre d’enfants qui nous a fait partager la vie bouillonnante du jardin d’enfants oĂč on expĂ©rimente, mais aussi oĂč on met en scĂšne la vie rĂ©elle, oĂč il est important de cultiver la joie et l’en-thousiasme.

Jacques Monteaux, qui Ă  partir de l’en-seignement de la grammaire, Ă  trois Ăąges diffĂ©rents mettra en perspective l’expĂ©rience et la perception. Les exemples montreront combien il est important que l’enfant puisse rentrer dans la signification en la produisant par lui-mĂȘme.

Emmanuel Canard, comme dans la classe, rĂ©alisera une expĂ©rience de chimie. Il est important pour les Ă©lĂšves de leur permettre d’éprouver la rĂ©alitĂ© et ainsi de dĂ©velopper des forces de pensĂ©e qui leur permettent d’aller jusqu’à la conceptualisation.

Le scĂ©nario Ă©tait dĂ©jĂ  bien avancĂ©, le pu-blic Ă©tait prĂȘt Ă  entrer en scĂšne : 14 ateliers de travail rĂ©partis en trois sĂ©ances. Selon les thĂšmes, chacun a pu expĂ©rimenter, per-cevoir, conceptualiser dans des conditions identiques Ă  ce que vivent les Ă©lĂšves. Nous avons pu ressentir des Ă©motions comme l’étonnement, l’enthousiasme, la joie, la cha-leur de partager. La diversitĂ© des metteurs en scĂšnes (professeurs) nous a donnĂ© une magnifique reprĂ©sentation de la diversitĂ©, de la qualitĂ© des Ă©quipes pĂ©dagogiques des Ă©coles françaises.

La fin de l’aprĂšs-midi s’approchant, le jeu s’est transformĂ©, les enseignants ont rejoint leur thĂ©Ăątre pour travailler leur art de la pĂ©dagogie, les parents, eux, se sont retrouvĂ©s pour parler de leur expĂ©rience de parent Waldorf Ă  travers leur engagement individuel et la dimension sociale.

L’Apaps animait ce moment d’échan-ges et de partage. A partir de la prĂ©senta-tion de diffĂ©rentes typologies de parents repĂ©rĂ©es dans le travail de prĂ©paration, nous avons proposĂ© aux participants, une trentaine de personnes, de tĂ©moigner de

leur expĂ©rience. Les tĂ©moignages ont Ă©tĂ© d’une grande richesse. On a pu voir Ă  tra-vers ces expĂ©riences, ces questionnements, combien le choix de cette pĂ©dagogie a des origines, des motivations diffĂ©rentes ; mais combien il rĂ©pond pour tous Ă  un vĂ©ritable questionnement, Ă  une recherche de bien ĂȘtre, d’équilibre pour leurs enfants. Il se dĂ©gage pour la majoritĂ© d’entre eux une mobilisation intĂ©rieure qui n’est pas sans retentissement individuel, familial, social. On perçoit trĂšs nettement comment ce que vivent les enfants gĂ©nĂšre enthousiasme et engagement chez les parents. Nous avons aussi pu entendre combien ce choix est rĂ©alisĂ© dans la confiance, malgrĂ© certaines difficultĂ©s (doutes, difficultĂ©s financiĂšres) qui apparaissent plus comme source d’en-gagement que de dĂ©sengagement.

Le dimanche matin dans la brume mati-nale provençale toute la troupe s’est rĂ©unie au domaine de Brantes pour partager en-semble, dans une forme de restitution, les vĂ©cus, les Ă©motions, les apprentissages de ce week-end. Jacques DallĂ©, par lecture de plusieurs passages d’un ouvrage de Simone Weil, Ă©voquant le thĂšme central, l’attention, a initiĂ© ce moment de travail qui s’est dĂ©roulĂ© dans une exceptionnelle Ă©coute, attention des uns et des autres.

Nous avons, pour terminer, ouvert largement les portes du théùtre pour ac-cueillir la présentation des projets des dif-férentes écoles françaises : que de trésors de créativité !

Je veux dire que ce fut une magnifique rencontre, oĂč cette dimension de l’attention a toujours Ă©tĂ© prĂ©sente : dans l’accueil de l’école de Sorgues, dans l’organisation oĂč tout semblait aller de soi, dans le travail et si je reprends la dĂ©finition de l’attention selon Simone Weil "une attitude de l’ñme qui fait que l’on se dĂ©tourne de bonne façon de soi et qui permet de se situer dans le prĂ©sent Ă  nul autre pareil“, j’ai passĂ© un week-end attentive aux autres, enthousiaste par la ri-chesse du travail, ressourcĂ©e par la chaleur des Ă©changes, comme Ă  nul autre pareil.

Anne- Marie Doret

La démarche goethéenne sous le soleil d'AvignonRencontres parents-professeurs 2008

DANS LA DOUCEUR AUTOMNALE, NOUS SOMMES PARTIS PLUSIEURS MEMBRES DU CON-

SEIL D’ADMINISTRATION DE L’APAPS POUR PARTICIPER AUX RENCONTRES NATIONALES 2008

PARENTS/PROFESSEURS/EDUCATEURS QUI SE SONT DÉROULÉES À SORGUES, "EN AVIGNON“

COMME ILS DISENT LÀ BAS !

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"L’alliance pour l’enfance“- quel mou-vement mondial vigoureux se cache der-riùre ce nom ?

HĂ©las, il n’ y a pas beaucoup de vigueur face Ă  la souffrance de l’enfant dans le monde d’aujourd’hui oĂč il est noyĂ© dans des objets et des images tuant sa crĂ©ativitĂ©, ou bien torturĂ© par la misĂšre, Ă©touffĂ© par la pauvretĂ© d’ñme, ballottĂ© par des adul-tes incapables de tisser des liens sociaux chaleureux


Alors pourquoi pas un mouvement fort, une "Alliance“ qui rĂ©veille les cons-ciences ? La question se pose Ă  chacun de nous, car l’Alliance for Childhood n’est ni une association, ni une institution, mais un rĂ©seau ouvert de personnes (morales ou individuelles) qui prennent des initiatives pour attirer l’attention sur les besoins de l’enfant, qui agissent pour que ses besoins soient respectĂ©s.

Bien sĂ»r, les Ă©coles et jardins d’enfants Waldorf travaillent dans ce sens. Mais dans beaucoup d’autres associations, Ă©coles, mouvements et courants pĂ©dagogiques, des personnes compĂ©tentes sont Ă  l’Ɠuvre qui constatent aussi la dĂ©tresse des enfants. Chercher le dialogue avec eux pour mener des actions qui touchent un public plus large en dehors des cadres institutionnels, telle est l’idĂ©e de l’Alliance pour l’enfance. C’est une invitation Ă  organiser des dĂ©bats, con-fĂ©rences, tables rondes, expositions et spec-tacles, Ă  mettre en commun des rĂ©sultats de recherches et Ă  inventer plein d’autres choses encore pour rĂ©veiller les consciences par rapport aux besoins de l’enfant.

L’idĂ©e c’est aussi d’agir localement, mais de communiquer plus largement. Par exemple, si vous organisez un dĂ©bat avec la psychothĂ©rapeute, l’institutrice et la jar-diniĂšre Waldorf prĂšs de chez vous dans la salle polyvalente de votre village, pour lequel vous avez invitĂ© dix journaux locaux, faites le savoir au moins Ă  une autre personne liĂ©e Ă  "l’Alliance“, ainsi les annonces et Ă©ventuel-lement les rĂ©sultats du dĂ©bat se rĂ©pandent plus largement. En revanche aucun "grand chef“ ne vous demandera d’agir, rien ne se fait sans l’initiative individuelle.

Depuis le lancement de cette idée en 1998 beaucoup de petites initiatives ont

germĂ© ici et lĂ . A Colmar nous organisons modestement chaque annĂ©e une table ronde dans la Maison des Associations :"L’influence de la TĂ©lĂ© sur le jeune enfant“, "PrĂ©venir la violence“, "L’enfant et l’ordinateur“... (con-tact: [email protected] ).

Au niveau mondial il y a des actions de plus grande envergure en cours, qui elles aussi sont le fruit de l’initiative de quel-ques-uns :

Christopher Clouder, ancien professeur de grandes classes en Grande Bretagne, responsable du Conseil EuropĂ©en des Eco-les Steiner en Europe, a lancĂ© un groupe de travail concernant la qualitĂ© de vie de la petite enfance en Europe. Quelques-uns de ces partenaires : un mouvement de pa-rents protestants au Pays Bas, European Children Network (Belgique), Verein mit Kindern Wachsen (Allemagne), Internatio-nal Association for Steiner/ Waldorf Early Childhood Education (IASWECE) et d’autres encore. Ensemble ils rencontrent rĂ©guliĂš-rement un groupe d’Europarlementaires prĂ©occupĂ©s par les questions d’éducation. Leur derniĂšre sĂ©ance de travail Ă  Bruxelles (le 12 novembre) Ă©tait animĂ©e par Bruno Cy-

rulnik: "Quelles mesures peut-on prendre pour amĂ©liorer la qualitĂ© de la petite enfance dans l’Union EuropĂ©enne ?“ Le site de ce groupe de travail : www.allianceforchild-hood.eu L’adresse d’une participante fran-cophone, Clara Aerts, jardiniĂšre d’enfants en Belgique: [email protected]

En Angleterre, un colloque aura lieu le 18 novembre Ă  l’universitĂ© de Londres (plus d’informations : www.allianceforchildhood.org.uk).

Joan Almond, ancienne jardiniĂšre Waldorf de New York a crĂ©Ă© une association aux Etats Unis qui regroupe beaucoup de courants pĂ©dagogiques. A travers des congrĂšs et des publications, elle essaye d’alerter le public sur les problĂšmes d’obĂ©sitĂ©, de manque de jeu libre et de surconsommation mĂ©diatique. Leur site : www.allianceforchildhood.net. Contact : [email protected]

Ute Kraemer, travailleur social dans un bidonville de Sao Paolo, s’est liĂ© Ă  plusieurs autres associations pour organiser un con-grĂšs du 19 au 21 novembre Ă  Sao Paolo : "Care of children from birth to 3 years’ - Not violence from the cradle“

Pour ceux qui parlent le brésilien : www.aliancapelainfancia.org.br

Et si quelqu’un voulait crĂ©er un site fran-cophone simplement pour rendre visible ce qui se fera peut–ĂȘtre un jour en France
il faudra simplement le dire aux autres.

Phillip Reubke

Qu'est-ce donc que

"L'Alliance for Childhood“?

Depuis plusieurs annĂ©es, L’esprit du temps s’attache Ă  publier des articles concernant la pĂ©dagogie. Ainsi, le dernier numĂ©ro (67) comprend trois articles sur l’adolescence : "Cheminer sur la crĂȘte“ (Henning Köhler), "Pourquoi la pubertĂ© ?“ (Albrecht Schad) et "Enfanter le moi“ (M. Michael Zech).

Le numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, outre des articles sur Champollion, Pic de la Mirandole et sur les contes, comprend un article du pĂ©da-gogue Walter RiethmĂŒller ("Une identitĂ© dĂ©liquescente en des temps accĂ©lĂ©rĂ©s“). Les autres textes visent Ă  prĂ©senter sous de multiples aspects la vision de l’homme et du monde renouvelĂ©e par l’anthroposo-phie et le goethĂ©anisme. (Dans le dernier numĂ©ro sont traitĂ©s des sujets comme les Ă©motions collectives, les catastrophes natu-relles rĂ©centes, les taches solaires ou bien la

perception.) Leur contenu peut constituer pour des parents d’élĂšves un complĂ©ment substantiel aux apports des rĂ©unions de parents, des congrĂšs ou des confĂ©rences organisĂ©s dans les Ă©coles. On pourra les retrouver dans leur multiplicitĂ© sur le site www.esprit-du-temps.com. Une table thĂ©-matique permet de trouver les textes sur des sujets donnĂ©s. Certains textes figurent in extenso sur le site. En utilisant la fonction "rechercher“ du navigateur, on peut dans cette mĂȘme table retrouver les auteurs (Kranich, Burlotte, Schad...). La grande ma-joritĂ© des articles gardent leur actualitĂ© des annĂ©es aprĂšs leur publication.

Benoit JourniacL'Esprit du temps, 15 rue Albert Joly, 78360 Montesson

TĂ©l : 01 30 53 11 18

La revue L'esprit du temps

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L'Apaps a fĂȘtĂ© ses7 ansd'activitĂ©

L’espĂ©rance du temps qui passe Parents et professeurs savent bien

l’importance des rythmes dans la vie et en particulier celui des "septaines“ dans le dĂ©veloppement de l’ĂȘtre humain. De mĂȘme, il est apparu que l’Apaps, crĂ©Ă©e en 2001, avait elle-mĂȘme accompli un cycle et qu’elle abordait une nouvelle Ă©tape de son activitĂ©. Ainsi est nĂ©e l’idĂ©e de cĂ©lĂ©brer ces 7 ans d’activitĂ© au service de la pĂ©dagogie Steiner-Waldorf.

C’est ainsi que nous avons Ă©tĂ© accueillis, en mai 2008, par l’école Perceval de Chatou, sur le lieu mĂȘme de notre AssemblĂ©e GĂ©nĂ©-rale constitutive, 7 ans plus tĂŽt. Ce fut une aprĂšs-midi chaleureuse et amicale qui s’est terminĂ©e par un beau moment musical. Un moment de rĂ©flexion Ă©galement, par la trĂšs belle confĂ©rence donnĂ©e par Jean Pierre Ablard sur le thĂšme de la Rencontre. Ce fut

Le 24 mai 2008, Ă  l’école Perceval de Chatou

un trĂšs beau cadeau d’anniversaire donnĂ© Ă  l’Apaps, dont on trouvera un extrait dans ce numĂ©ro de 1, 2, 3 Soleil et qui fera l’objet d’une publication dans son intĂ©gralitĂ©.

Cet anniversaire fut aussi l’occasion de nous projeter avec espĂ©rance dans l’avenir.

Il Ă©tait une fois l’APAPS La crĂ©ation de l’Apaps, en avril 2001,

pourrait ressembler Ă  la naissance d’un conte : une crĂ©ation qui semble spontanĂ©e mais s’inscrit dans le prolongement d’une

idĂ©e trĂšs ancienne. L’idĂ©e, en effet, de rĂ©unir au niveau

national les parents et amis de la pĂ©dago-gie Steiner-Waldorf avait Ă©tĂ© lancĂ©e, il y a dĂ©jĂ  longtemps, au motif que cette pĂ©da-gogie serait plus forte, socialement mieux entendue et reconnue si les "utilisateurs“ s’en faisaient les tĂ©moins. Elle serait plus forte et crĂ©dible si les parents et anciens parents s’engageaient, au niveau national et non plus seulement Ă  celui de leur Ă©cole, pour promouvoir la pĂ©dagogie Waldorf. Pour cela, il fallait crĂ©er des liens.

Il fallut les difficultĂ©s et les suspicions des annĂ©es 2000 – 2001 pour qu’une Ă©tin-celle jaillisse et qu’un groupe de quelques parents dĂ©cide de fonder une association. C’est dans cette perspective sociĂ©tale et d’engagement citoyen que s’est crĂ©Ă©e l’Apaps en avril 2001.

Depuis lors, nous avons tracé notre chemin, accompagnant parents et anciens parents, amis et professeurs, ainsi que les écoles dans leur cheminement. Au total, au fil des années, 1 300 personnes ont été adhérentes, ce qui est important, compte tenu de la mobilité et du renouvellement des parents dans les écoles.

On pourrait ainsi caractĂ©riser l’Apaps-comme un crĂ©ateur de liens, la revue 1, 2, 3 Soleil en Ă©tant un organe privilĂ©giĂ©.

Un engagement personnel de chacun pour affirmer des valeurs humanistes

L’adhĂ©sion Ă  l’APAPS constitue un choix libre et individuel de personnes qui estiment que l’Education constitue un enjeu majeur du XXIĂšme siĂšcle et que le libre choix pĂ©da-gogique est une dimension essentielle de la libertĂ© de penser. C’est dans cette perspec-tive citoyenne, culturelle, voire spirituelle, que les adhĂ©rents de l’Apapsinscrivent leur geste pour la promotion de la pĂ©dagogie Steiner-Waldorf.

Reconnue en thĂ©orie, la libertĂ© de choix pĂ©dagogique rencontre en France, dans les faits, de multiples obstacles, juridiques, ad-ministratifs, Ă©conomiques. Faire un choix pĂ©dagogique rĂ©ellement diffĂ©rent pour ses enfants relĂšve aujourd’hui pour chaque

parent d’un vĂ©ritable "parcours du com-battant“. Et c’est aussi enfermer dramati-quement les Ă©coles dans une dualitĂ© diabo-lique : la mort par la perte de son identitĂ© ou l’asphyxie progressive par manque de moyens financiers.

Contribuer Ă  une rĂ©elle reconnaissance du libre choix pĂ©dagogique constitue un objectif majeur de l’Apaps.

1, 2, 3 Soleil, miroir de l’activitĂ© de l’APAPS

Pour retracer sa "biographie“ et faire le bilan des sept annĂ©es passĂ©es, il suffit d’ouvrir et de relire les 13 numĂ©ros de la revue.

Françoise Garbit-Poyard a montrĂ© par quel processus vivant un nouveau numĂ©ro voit le jour, deux fois par an, alors qu’à cha-que fois on repart Ă  zĂ©ro dans la recherche des articles qui font alterner des tĂ©moigna-ges sur la vie des Ă©coles et des rĂ©flexions de fond sur la pĂ©dagogie. L’image qui est venue est celle de l’allaitement de l’enfant:aprĂšs chaque tĂ©tĂ©e, la mĂšre n’a plus de lait. Et quelques heures aprĂšs, il lui est de nouveau possible de nourrir le nouveau-nĂ©! Il en est de mĂȘme pour 1, 2, 3 Soleil,
 Ă  la diffĂ©rence que les articles ne viennent pas tout seuls !

Chaque numĂ©ro est le fruit d’un travail important d’une toute petite "Ă©quipe de rĂ©-daction“ Ă  l’affĂ»t de ce qui se fait et se vit

PAR JEAN POYARD

Jean Pierre Ablard

Jean Poyard

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dans le Mouvement Waldorf en France, mais aussi en Europe et dans le monde. Chaque titre donnĂ© Ă  la revue est dĂ©cidĂ© une fois le numĂ©ro presque achevĂ©, et s’apparente Ă  un nom de baptĂȘme.

François Lusseyran a prĂ©sentĂ©, de fa-çon vivante, une image des 7 ans d’activitĂ© en regroupant les nombreux articles en fonction des cinq objectifs principaux de l’association, regroupement effectuĂ© non pas Ă  la façon d’un naturaliste classant des espĂšces, mais plutĂŽt Ă  la façon d’un peintre disposant ses couleurs sur sa toile.

Il est naturellement impossible de rap-peler ici tous ces articles. Chaque objectif de l'Apaps a Ă©tĂ© illustrĂ© d’annĂ©e en annĂ©e par de nombreux tĂ©moignages. Un travail est en cours pour prĂ©senter toute cette di-versitĂ© rĂ©vĂ©latrice de l’identitĂ© et de l’action de l’Apaps sur notre site Internet auquel on pourra se reporter. Prenons seulement quelques exemples.

L’affirmation premiĂšre de la nĂ©cessitĂ© du libre choix pĂ©dagogique se retrouve comme thĂšme rĂ©curant dans de nombreux Ă©ditos. Mais on se reportera notamment au sĂ©mi-naire qui s’est tenu sur ce thĂšme en 2005 et dont un compte-rendu a Ă©tĂ© donnĂ© dans le numĂ©ro 7.

Le second objectif, relatif Ă  la valorisation de la pĂ©dagogie Steiner et Ă  l’information des parents, constitue le "cƓur“ de l’acti-vitĂ© de l’Apaps.

Comme tel, il est illustrĂ© par de nom-breux articles de fond et prĂ©sent dans cha-que numĂ©ro : l'importance des arts dans la pĂ©dagogie, la façon d’enseigner les scien-ces, les "rĂ©cits de fin de cours“, le rĂŽle du travail manuel dans l’éveil des facultĂ©s de l’enfant, l’importance des diffĂ©rents stages, l’eurythmie, les "chefs-d’Ɠuvre“
 On notera

Ă©galement l’évocation de la dimension spiri-tuelle et des fondements anthropologiques de la pĂ©dagogie Waldorf dans le numĂ©ro 2. La rĂ©flexion sur le rĂŽle des parents dans la pĂ©dagogie et la vie des Ă©coles est Ă©galement un thĂšme fondamental. A ce sujet, on pourra se reporter Ă  la trĂšs belle confĂ©rence de Joseph Micol dans le numĂ©ro 12.

L’Apaps se donne Ă©galement pour ob-jectif de contribuer au rayonnement des Ă©coles. Elle rend compte de leurs projets et de leurs rĂ©alisations.

En portant notre regard sur les 13 nu-mĂ©ros de 1, 2, 3 Soleil, nous avons constatĂ© que toutes les Ă©coles, petites ou grandes, et dans toutes les rĂ©gions, de mĂȘme que les institutions, avaient apportĂ© leur tĂ©-moignage au moins une fois, et parfois Ă  deux ou trois reprises. Cela tĂ©moigne des liens de confiance qui se sont tissĂ©s avec l’Apaps qui s’efforce aussi d’ĂȘtre prĂ©sente et de rendre compte des Ă©vĂšnements bio-graphiques majeurs des Ă©coles : 60 ans de l’école de Strasbourg, 50 pour celles de VerriĂšres et de Chatou, 20 ans de Saint-Genis Laval 


Au fil des annĂ©es, nous avons Ă©largi notre horizon en valorisant la dimension internationale de la pĂ©dagogie Ă  partir de rĂ©alisations exemplaires qui voient le jour dans le monde. Si la pĂ©dagogie Waldorf est de dimension modeste en France, il est important de rappeler qu’il existe 650 Ă©co-les en Europe et un millier dans le monde, sous toutes les latitudes et dans toutes les cultures. De nombreux articles illustrent ce mouvement, notamment : les Ă©coles Waldorf en Afrique du Sud , au PĂ©rou, au Japon (numĂ©ros 6 et 10) ; dans le mĂȘme esprit en IsraĂ«l, un exemple Ă©mouvant de jardin d’enfants regroupant des enfants juifs et palestiniens (n°9); une association

humanitaire en Inde, Page d’Ecriture (n°7), et le tĂ©moignage exemplaire de Sekem, en Egypte, en constant dĂ©veloppement depuis 30 ans, qui a reçu le Prix Nobel alternatif en 2003 (n° 12).

Tous ces exemples illustrent la dimension profondĂ©ment humaine et universaliste, de la pĂ©dagogie Steiner-Waldorf. Rappelons Ă  cet Ă©gard combien les fondements et la pratique de la pĂ©dagogie Waldorf sont pro-ches des idĂ©aux et des recommandations de l’UNESCO, comme nous le rappelions dans le premier numĂ©ro de la revue 1, 2, 3 Soleil en 2001.*

L’Apaps, enfin, ne saurait Ɠuvrer seule. Elle dĂ©veloppe des contacts et rĂ©alise des actions avec diffĂ©rents partenaires, en parti-culier avec la FĂ©dĂ©ration des Ecoles Steiner en France. C’est ainsi que les Rencontres annuelles Parents-Professeurs sont le fruit d’un partenariat Ă©troit entre nos deux ins-titutions. On lira dans le numĂ©ro 12 et dans le prĂ©sent numĂ©ro un compte rendu des deux derniĂšres Rencontres.

Nous dĂ©veloppons Ă©galement des par-tenariats prometteurs au niveau europĂ©en avec EFFE (numĂ©ros 3 et 10) et participons actuellement Ă  la mise en place d’ une as-sociation de parents europĂ©ens dont nous rendons compte dans le prĂ©sent numĂ©ro.

Pleins feux sur l’avenirA l’issue de cette journĂ©e exception-

nelle, riche de sens et de projets, et chaude par l’amitiĂ©, l’équipe de l’Apaps s’est sentie confortĂ©e dans ses convictions, encouragĂ©e dans ses efforts.

Ce fut aussi l’occasion de rappeler que l’Apaps est constituĂ©e d’une toute petite Ă©quipe de personnes bĂ©nĂ©voles qui souhaite voir des personnes motivĂ©es rejoindre ses rangs ou participer, mĂȘme modestement, Ă  son travail.

Nous remercions toutes celles et ceux qui nous accompagnent dans ce beau projet qui garde toute sa jeunesse : contribuer Ă  promouvoir la vraie libertĂ© de choix pĂ©da-gogique et valoriser la pĂ©dagogie Waldorf dans un monde plus que jamais menacĂ© par l’uniformitĂ© et dont les valeurs humai-nes risquent d’ĂȘtre laminĂ©es si nous n’y prenons garde.

Jean Poyard

*Rapport à l'Unesco, Jacques Delors :L'éducation: Un trésor est caché dedans (ed. Odile Jacob)

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Nathalie Jacquet (violoncelle) et Isabelle Henriot (piano)

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Page 14: REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

Le travail des professeurs quelques aspects

Extrait de la confĂ©rence "L'art de la rencontre“*donnĂ©e par Jean Pierre Ablard Ă  l'occasion des 7 ans de l'APAPS

LA RENCONTRE EST UN DES GRANDS MOTIFS DE LA VIE DES ÉCOLES : RENCONTRE AVEC LES ÉLÈVES,

LES PARENTS, LES COLLÈGUES, RENCONTRE AVEC LES MATIÈRES, AVEC LES GRANDES ÉTAPES DU DÉVELOP-

PEMENT DE L’ÊTRE HUMAIN, RENCONTRE ÉGALEMENT AVEC SOI-MÊME


LES QUELQUES RÉFLEXIONS QUI SUIVENT ONT ÉTÉ PRÉSENTÉES DANS LE CADRE D’UNE CONFÉ-

RENCE SUR CE THÈME. ELLES CONCERNENT LE TRAVAIL DU PROFESSEUR DANS SA RENCONTRE AVEC SES

COLLÈGUES, LES MATIÈRES, LES ÉLÈVES ET LES PARENTS.

Le collÚge des professeurs Le collÚge pédagogique est la rencontre heb-

domadaire de tous les professeurs, un cercle souvent Ă©largi aux collaborateurs, salariĂ©s actifs au plan administratif, responsables de l’entretien, de la cuisine, etc
 Il est le lieu d’échange privilĂ©-

gié à partir de nos expériences dans nos tùches quotidiennes.

Dans son cycle Éducation et vie spirituelle Ru-dolf Steiner confĂšre Ă  ce collĂšge sa mission – et elle n’est pas mince : " Les collĂšges pĂ©dagogiques sont l’école supĂ©rieure permanente et vivante de tous les enseignants, ils sont un sĂ©minaire perma-nent. Chaque expĂ©rience que fait le professeur Ă  l’école peut en effet vivifier son enseignement ainsi que le travail qu’il accomplit sur lui-mĂȘme. En fait quelqu’un qui enseigne, qui Ă©duque et qui en mĂȘme temps puise dans sa pratique pĂ©dago-gique une profonde connaissance des enfants et de leurs caractĂ©ristiques, quelqu’un qui s’éduque ainsi Ă  partir de ses cours, va sans cesse dĂ©couvrir des aspects nouveaux pour lui, pour l‘ensemble du collĂšge des professeurs avec qui il doit Ă©changer sur les expĂ©riences de ce type. Ainsi le collĂšge des professeurs deviendra, du point de vue psychospiri-

tuel, un tout au sein duquel chacun sait ce que fait l’autre, chacun perçoit les expĂ©riences de l’autre et jusqu’oĂč les autres collĂšgues ont cheminĂ© Ă  par-tir de leurs expĂ©riences au sein de leur classe. Le collĂšge, et c’est cela qui importe, devient alors un organe central Ă  partir duquel jaillit le sang de la pratique pĂ©dagogique, ce qui permet au professeur de garder sa fraĂźcheur et de rester vivant.“

Le collĂšge des professeurs est donc un cercle de perception de tous les phĂ©nomĂšnes en rapport avec nos actes pĂ©dagogiques, un organe de cons-truction et d’affinement de notre regard sur les classes et les enfants. C’est bien sĂ»r un des lieux majeurs oĂč se construit l’identitĂ© de l’école, une conscience commune en lien avec le type d’enfant, la constellation des professeurs, des parents, les conditions socioculturelles dans l’environnement de l’école, etc
 Le collĂšge est le lieu institution-nalisĂ© de la rencontre des professeurs entre eux, un espace qui rĂ©clame de chacun du respect tant dans les aspects extĂ©rieurs (la ponctualitĂ© par exemple, la frĂ©quentation rĂ©guliĂšre) que dans des aspects intĂ©rieurs (la fraĂźcheur de l’écoute, l’ab-sence de jugement).

Le collĂšge peut en outre ĂȘtre perçu comme un espace fragile : cela vient du fait que nous ensei-gnons Ă  partir de ce que nous sommes. C’est dans ce cadre que l’on peut tout Ă  fait comprendre les heurts qui naissent du travail en commun : si cha-cun essaie d’enseigner Ă  partir de ce qu’il est au plus profond, les ĂȘtres se rencontrent et parfois de façon vive. Un collĂšge des professeurs responsa-ble est Ă  mĂȘme de savoir gĂ©rer ces frottements inĂ©vitables !

À travers l’image du sang qu’il utilise, Rudolf Steiner compare le cercle du collĂšge pĂ©dagogique au cƓur qui bat dans la poitrine, lĂ  oĂč intĂ©rieur et extĂ©rieur se rencontrent et se vivifient. C’est certainement au niveau des forces du cƓur qu’il souhaitait que puissent se rencontrer les collĂšgues, afin de vivifier leurs connaissances intellectuelles et d’enflammer leurs actes pĂ©dagogiques au feu de l’enthousiasme.

PAR JEAN PIERRE ABLARD

* Cette conférence sera publiée

dans son intégralité dans le cadre

des brochures de l'APAPS (ndlr)

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Le travail de préparation

L’appropriation par le professeur de sa matiĂšre Ă  travers la prĂ©paration quoti-dienne de ses cours reprĂ©sente un autre aspect de son travail, peut-ĂȘtre plus intime et relĂšve du mĂȘme enthousiasme. Le professeur des petites classes, celui qui suit un mĂȘme groupe d’élĂšves pendant plusieurs annĂ©es, jusqu’à huit ans dans certaines Ă©coles, a ceci de particulier qu’il n’est pas spĂ©cialiste de telle ou telle matiĂšre. Il apprend, au fil des jours et des semaines, Ă  devenir d’abord le spĂ©cialiste de sa classe, au-delĂ  des cours de mathĂ©matiques ou de gĂ©ographie qu’il donne. Si des liens privilĂ©giĂ©s peuvent exis-ter avec certains champs disciplinaires, il en est d’autres qui lui sont plus lointains, voire parfois Ă©trangers, notamment Ă  l’approche des classes moyennes.

Il lui faut donc construire Ă  chaque nou-velle pĂ©riode, pour chaque nouvelle classe, un lien neuf avec la matiĂšre. La dynamique de travail enthousiaste qui le porte vers cette matiĂšre est vĂ©ritablement le moteur de l’intĂ©rĂȘt des Ă©lĂšves : si mes Ă©lĂšves res-sentent les efforts que je fais pour m’ap-proprier une matiĂšre qui m’est difficile ou encore Ă©trangĂšre, leurs efforts se conjuguent avec les miens et cette synergie nous porte dans un mĂȘme mouvement. Enseigner des choses que l’on sait depuis longtemps sans davantage les approfondir, sans les renou-veler, entraĂźne automatiquement chez nos Ă©lĂšves un apprentissage superficiel, une sorte de ronron pĂ©dagogique qui ne motive personne. Si par contre le professeur lutte pour s’approprier une matiĂšre, et si le fruit de cette lutte se transmet jour aprĂšs jour aux Ă©lĂšves, les conditions de la rencontre sont crĂ©Ă©es.

Rencontrer l’élĂšve

Un troisiĂšme aspect du travail des pro-fesseurs rĂ©side dans la rencontre au plan mĂ©ditatif avec les enfants, un travail qui s’accomplit dans le silence du cƓur et des perceptions. L’exercice quotidien consiste par exemple Ă  construire l’image la plus prĂ©cise d’un enfant : comment Ă©tait-il ha-billĂ© aujourd’hui, comment m’a-t- il saluĂ©, quand a-t-il pris la parole, pour rĂ©pondre Ă  quelle question, quel a Ă©tĂ© son moment de joie ou quelle a Ă©tĂ© sa difficultĂ©, comment sonnait sa voix, quelle Ă©tait sa façon de ve-nir au tableau, qu’y avait-il en lui de neuf aujourd’hui et que je n’ai peut-ĂȘtre jamais perçu 
 ?

L’enjeu est de rassembler tout ce que l’élĂšve nous dit de lui Ă  partir de ces phĂ©no-mĂšnes et d’essayer, en construisant cette image, de le rencontrer plus complĂštement le lendemain matin.

Cette façon de percevoir le neuf dans la

relation avec les enfants qui sont sous no-tre responsabilitĂ© conduit aussi Ă  percevoir l’aspect artistique que revĂȘt la rencontre avec l’autre. Si chaque Ă©lĂšve ne peut ĂȘtre rencontrĂ© chaque jour dans ce travail mĂ©-ditatif, le professeur attentif Ă  la vie de sa classe apprend vite Ă  discerner quels Ă©lĂš-ves ont besoin aujourd’hui d’une attention particuliĂšre


Rencontrer les parents

Dans le cycle de confĂ©rences dĂ©jĂ  citĂ©, Rudolf Steiner parle en ces termes de la rencontre avec les parents : "Le collĂšge pĂ©dagogique est un Ă©lĂ©ment essentiel qui mĂšne au centre de l’école. De mĂȘme, ce que reprĂ©sentent les rencontres avec les parents constitue quelque chose d’extraor-dinairement important qui nous mĂšne vers la pĂ©riphĂ©rie de l’école. Il revient Ă  ces ren-contres de crĂ©er un lien entre les enfants qui sont Ă  l’école et le foyer des parents. Nous attendons fortement des parents qu’ils comprennent ce qu’est notre organisme Ă©cole. Comme nous n’enseignons pas sur la base de programmes imposĂ©s de l’extĂ©rieur et de dĂ©crets mais que nous enseignons et Ă©duquons Ă  partir de la vie, nous ne pouvons dire : ‘ tu as suivi les programmes que telle ou telle instance t’a imposĂ©s, tu as donc bien fait ton job’. Nous devons apprendre Ă  ressentir ce qui est juste dans un rapport vivant avec les parents, avec les adultes responsables des enfants de notre Ă©cole. L’écho que les parents donnent au travail des professeurs, permet de vivifier ce dont les professeurs ont besoin pour garder la vivacitĂ© intĂ©rieure et rester vivants au plus profond d’eux-mĂȘmes.“

Il revient donc aussi aux professeurs de crĂ©er les conditions de la rencontre entre le cƓur et la pĂ©riphĂ©rie. Ce que montre Steiner Ă  travers ces paroles si actuelles est qu’en fait nous enseignons Ă  partir de la vie. Cette qualitĂ© fondatrice souvent mise

en lumiÚre dans le rapport avec les élÚves est souvent mésestimée dans la relation aux parents.

Parents et professeurs se rencontrent sur cet aspect de la vie et sur ce qui les meut conjointement dans leurs impulsions

d’éducateur afin de dĂ©finir les espaces de responsabilitĂ© de chacun pour les connaĂźtre, les respecter. Si les processus pĂ©dagogiques adoptĂ©s par le professeur sont obscurs pour les parents, si les im-pulsions des parents sont inconnues des enseignants, il ne peut pas y avoir de travail possible autour de l’enfant. Dans

ce domaine, le temps long des diffĂ©rents cycles (jardin d’enfants, petites, moyennes et grandes classes) fait son Ɠuvre et per-met de poser, Ă©tape par Ă©tape, les bases de ce travail.

Je suis professeur et dois aux parents qui ont librement choisi cette Ă©cole la re-connaissance de pouvoir accomplir en toute libertĂ© mon mĂ©tier d’enseignant. Ceci me demande d’amĂ©liorer la comprĂ©hension des besoins de l’enfant, de partager avec les pa-rents pour mieux les connaĂźtre et d’assurer une pĂ©dagogie qui s’y adapte.

Je suis parent et dois aux professeurs la confiance, le geste qui garantit la juste Ă©volution de l’enfant. J’agis donc en cohĂ©-rence avec ce que je sais des principes de l’école, je prends en compte les besoins de l’enfant tels que dĂ©finis dans les rencontres entre parents et enseignants.

La rencontre avec les collĂšgues de l’école,

les enfants et les matiĂšres enseignĂ©es s’en-richit de ce travail avec les parents, sans le-quel il n’est pas pensable de poser un acte pĂ©dagogique rĂ©ellement fĂ©cond.

Jean Pierre AblardProfesseur de classe Ă  VerriĂšres-le-Buisson

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Le collĂšge devient alors un organe central Ă 

partir duquel jaillit le sang de la pratique

pédagogique, ce qui permet au professeur de

garder sa fraĂźcheur et de rester vivant.

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Voilà presque exactement quarante ans, ma vie a basculé.

Mai 1968 : déçu par son emploi de pro-fesseur titularisĂ© Ă  l’universitĂ© de Calgary, mon pĂšre prend la dĂ©cision (apparemment insensĂ©e, pour un pĂšre de six enfants !) d’en partir. Il fait un immense pĂ©riple Ă  travers le continent nord-amĂ©ricain, visite plusieurs Ă©coles et universitĂ©s, reçoit trois offres d’emploi, rĂ©flĂ©chit, discute avec ma belle-mĂšre, et prend sa dĂ©cision : ce sera la High Mowing School, prĂšs du petit village de Wil-ton dans le New Hampshire, soit... Ă  plus de trois mille kilomĂštres de Calgary ! Puisque cette Ă©cole est un lycĂ©e et que j’entre cet automne-lĂ  en PremiĂšre, j’y serai inscrite Ă  titre gracieux en tant que fille d’enseignant (sans cela, les frais d’inscription eussent Ă©tĂ© dissuasifs...).

Je suis catastrophĂ©e. J’ai 14 ans et demi et, pour moi comme pour tous les adoles-cents, ce qui compte le plus c’est d’ĂȘtre acceptĂ©e par mes pairs. LĂ , je vais perdre tous mes amis, sans parler de mon statut durement gagnĂ© dans la hiĂ©rarchie de popu-laritĂ© de mon Ă©cole... "Tu as pensĂ© Ă  moi?“ demandai-je Ă  mon pĂšre pendant le voyage, en pleurant... Et, encore aujourd’hui, je me souviens de sa rĂ©ponse : "A vrai dire, oui : en visitant cette Ă©cole et en pesant le pour et le contre, j’ai justement pensĂ© Ă  toi, et j’ai pensĂ© que ça serait bien pour toi.“

Difficile pourtant d’imaginer contraste plus violent.

Je quitte une grande Ă©cole publique, situĂ©e au milieu d’une ville de plusieurs centaines de milliers d’habitants - une Ă©cole oĂč j’essaie de faire oublier mes notes scin-tillantes en apprenant par coeur la derniĂšre chanson des Beatles, en me maquillant de façon outranciĂšre, en frĂ©quentant les rayons "mode“ des grands magasins et en fumant des cigarettes en cachette.... J’intĂšgre une Ă©cole au milieu de la forĂȘt, une pension oĂč

habitent... 80 Ă©lĂšves en tout en pour tout, pour quatre promotions ! Dans la mesure oĂč, fille d’enseignant, je continue de vivre au sein de ma famille, mon expĂ©rience de la High Mowing School n’est pas tout Ă  fait typique. N’empĂȘche que les deux annĂ©es que j’y passe vont me transformer en pro-fondeur.

Au bout de quelques jours, on m’ex-plique que High Mowing est une "Waldorf School“ou "Ă©cole Rudolf Steiner“, mais - respectant en cela les principes du maĂźtre lui-mĂȘme - on ne nous enseigne jamais di-rectement sa philosophie (l’anthroposophie, j’aimais bien le mot) ; plutĂŽt, on l’applique dans la maniĂšre d’aborder toutes les ma-tiĂšres. ConcrĂštement, cela veut dire que les Ă©lĂšves sont amenĂ©s Ă  comprendre l’intĂ©rĂȘt et la beautĂ© de tous les domaines de savoir, depuis les mathĂ©matiques jusqu’à l’histoire en passant par le thĂ©Ăątre, la botanique, les langues, la poterie et l’eurythmie. On nous suit individuellement, on se rĂ©jouit de nos progrĂšs, on nous Ă©coute. On nous encou-rage Ă  se respecter - chacun soi-mĂȘme et les uns les autres. On nous apprend Ă  ĂȘtre curieux. On nous incite Ă  chercher l’équilibre, l’harmonie entre l’esprit et le corps.

Alors que j’ai oubliĂ© depuis belle lurette les noms de mes profs du collĂšge et de l’uni-versitĂ©, je me souviens de chaque profes-seur de High Mowing sans exception. Gene Miller, qui nous faisait Ă©crire des haĂŻkus en atelier d’écriture ! Frank Waterman, qui a dĂ©cortiquĂ© avec nous, trois heures durant, dix lignes d’une tirade de Macbeth. Sabina Nordoff, superbe lĂ©onine quinquagĂ©naire – inoubliable prof d’eurythmie et future amie. Pascale SarkĂ©sian, qui m’a fait aimer la langue française Ă  travers des chansons et des piĂšces de thĂ©Ăątre contemporaines. Steve Eberhardt, qui a mis le feu au pla-fond du laboratoire scientifique en voulant nous montrer les Ă©tonnantes propriĂ©tĂ©s du phosphore. Je n’oublierai pas non plus les cours d’histoire de l’art prodiguĂ©s par Beulah Emmett la directrice de l’école (alors sep-tuagĂ©naire), ni sa façon de nous lire Ă  voix haute, Ă  raison d’une heure par semaine, en terminale – Ă  nous une vingtaine de hippies

aux cheveux longs et aux jeans dĂ©chirĂ©s ! – la Divine ComĂ©die de Dante. MĂ©dusĂ©s, nous Ă©tions ! Et durablement marquĂ©s.

C’étaient des personnalitĂ©s fortes, gĂ©-nĂ©reuses, hautes en couleur. Des gens pas-sionnĂ©s et passionnants. Du coup, nous nous accordions nous aussi le droit d’ĂȘtre passion-nĂ©s. Au lieu de nous lancer dans la course aux bonnes notes, ils nous invitaient Ă  nous Ă©merveiller devant la complexitĂ© du monde et l’éclosion de nos propres forces.

Mon histoire entre 1968 et 1970 ressem-ble un peu au conte du vilain petit canard. L’adolescente coincĂ©e, angoissĂ©e, stressĂ©e, perpĂ©tuellement en marge, souffrante, com-plexĂ©e... se transforme progressivement en "cygne“. Elle noue de vraies amitiĂ©s pour la premiĂšre fois de sa vie, prend confiance en elle, se dĂ©tend, s’ouvre, s’épanouit.... Ma deuxiĂšme et derniĂšre annĂ©e Ă  High Mowing, je serai dĂ©lĂ©guĂ©e de classe puis "prĂ©sidente“ de tous les Ă©lĂšves, je jouerai du piano Ă  toutes les cĂ©rĂ©monies et fĂȘtes, tiendrai des rĂŽles importants dans des piĂš-ces de thĂ©Ăątre, cesserai enfin de vivre mon intelligence comme un handicap !

L’expĂ©rience ineffaçable de la High Mowing School m’a aidĂ©e Ă  vouloir des choses pour moi-mĂȘme, et Ă  rĂ©flĂ©chir aux valeurs. Je ne remercierai jamais assez l’universitĂ© de Cal-gary pour les mauvais traitements qu’elle a infligĂ©s Ă  mon pĂšre....

Lettre de Nancy Huston* Ă©crite Ă  l’occasion du colloque

"Pour une Ă©cologie de l'Ă©ducation“ organisĂ© Ă  Arles

par la FĂ©dĂ©ration des Écoles Steiner-Waldorf en France et l'Apaps le 10 mai 2008

TĂ©moignage d'une

femme de lettres

* Nancy Huston grandit au Canada. Quand elle a six ans, sa mĂšre quitte brusquement son foyer pour aller mener sa vie ailleurs. Un traumatisme douloureux mais fondateur qu’elle transforme en richesse : c’est par l’imagination qu’elle va tenter de comprendre l’incomprĂ©hensible. ‘La Virevolte’ (1994) et ‘Prodige : polyphonie’ (1999) abordent le sujet de façon explicite. Venue Ă  Paris pour un an en 1973, Nancy Huston reste et devient Ă©lĂšve de Roland Barthes. Elle dĂ©bute sa carriĂšre en tant qu’essayiste pour le MLF, et publie son premier roman en 1981, ‘Les Variations Goldberg’. Avec ‘Cantiques des plai-nes’ (1993), elle retrouve sa langue maternelle et, depuis, se traduit elle-mĂȘme dans les deux sens. En 1996, ‘Instruments des tĂ©nĂšbres’ obtient le Goncourt des lycĂ©ens. Nancy Huston est Ă©galement musicienne, jouant de la flĂ»te et du clavecin. Elle partage son temps entre Paris et le Berry, oĂč elle vit avec son mari, le sĂ©miologue d’origine bulgare Tzvetan Todorov et leurs deux enfants.

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Samedi 3 Mai : 11h55Nous atterrissons Ă  Portland (Etats

Unis) pour un sĂ©jour familial d’une semaine en OrĂ©gon (l’état Ă©cologique de l’AmĂ©rique du Nord). Il s’étend Ă  l’ouest jusqu’au Paci-fique et est frontalier, au nord avec l’Etat de Washington, Ă  l’est avec l’état de l’Idaho et au sud avec la Californie.

Lundi 5 Mai : 15h30Nous découvrons la Cedar Wood School,

l’une des trois Ă©coles Waldorf de Portland! C’est un bel et grand Ă©difice s’élevant sur trois niveaux, situĂ©e au sud-ouest de la ville, dans un quartier pavillonnaire oĂč s’élĂšvent de magnifiques grands arbres, procurant calme et sĂ©rĂ©nitĂ© au lieu. L’école n’a pas de jardin, n’est pas entourĂ©e de barriĂšres, elle a accĂšs direct sur un grand parc, pro-priĂ©tĂ© de la ville, qui fait office de cour de rĂ©crĂ©ation !

Maintenant c’est la fin des cours de l’aprĂšs-midi. Les Ă©lĂšves, de tous Ăąges, aux gais minois, sortent de cours et nous saluent joyeusement. Nous sommes accueillis par le personnel du secrĂ©tariat, auquel se joignent peu Ă  peu des professeurs. Nous venons de France
Que d’effervescence ! On questionne, on s’esclaffe, on se congratule


Des panneaux recouvrant les murs in-forment sur les diffĂ©rentes activitĂ©s, rĂ©u-nions, prĂ©parations de fĂȘtes. Nous "recon-naissons“ aussi des dessins, des peintures. A cette heure les porte-manteaux, dĂ©bar-rassĂ©s de leur vĂȘtements, veillent jalouse-ment sur les sacs contenant les chaussons d’eurythmie. Il n’y a pas de doute "tout est pareil“!
Nous sommes un peu "chez nous“. C’est rassurant !

Le professeur de 1Ăšre classe, Kim Lebas,(tout droit venu de Nouvelle-ZĂ©lan-de) accepte gentiment de nous guider pour la visite des lieux. Il nous fait descendre au rez-de-jardin, domaine du jardin d’enfants rĂ©parti en trois salles (3 ans, 4 ans, 5 ans). Nous Ă©changeons avec les jardiniers : le coin histoire, le coin poupĂ©e, la table des saisons. Tout y est, avec juste en plus la petite touche "made in America“ (bien sĂ»r indescriptible ici).

Au rez-de-chaussée : le secrétariat, les classes 1 à 5, la salle de sport, mais aussi polyvalente, selon les besoins. Au passage

nous jetons un Ɠil rapide Ă  l’intĂ©rieur des classes. Au tableau de la 5 Ăšme classe, les devoirs sont Ă©crits, oh surprise, en japonais! Kim nous explique : dĂšs la 1Ăšre classe le ja-ponais et l’espagnol sont les deux langues Ă©trangĂšres enseignĂ©es, car "Ă  vol d’oiseau“ ce sont les deux pays les plus proches de l’OrĂ©gon. ! Mais oui bien sĂ»r


Nous terminons la visite par le 1er Ă©tage oĂč sont installĂ©es les classes 6 Ă  9.

C’est une jeune Ă©cole, ĂągĂ©e d’environ

quinze ans, qui ouvre une classe supplĂ©-mentaire chaque annĂ©e. La moyenne est de 25 Ă©lĂšves par classe. Les professeurs qui y enseignent viennent, pour la plu-part, du sĂ©minaire de Sacramento, prĂšs de San Francisco. Au passage, nous glanons quelques documents mis Ă  disposition de tous : on peut lire la lettre mensuelle de la branche de la sociĂ©tĂ© anthroposophique de Portland, notant toutes les activitĂ©s, forma-tions, stages, confĂ©rences, magasins
 se rapportant Ă  l’anthroposophie. Ou bien des prospectus proposant diffĂ©rents camps de vacances pour le mois de Juillet organisĂ©s par des professeurs de l’école !

Mardi 6 Mai : 8h30Nous accompagnons notre neveu Guillau-

me, inscrit en 1Ăšre classe. Les Ă©lĂšves arrivent peu Ă  peu tenant Ă  la main leurs "boĂźtes“ contenant le lunch prĂ©parĂ© Ă  la maison le matin. (Il n’y a pas de cantine Ă  l’école).Les "hellos“ fusent de toute part . Les enfants

Des nouvelles de nos

voisins d’AmĂ©rique sont accueillis par les professeurs, qui deux par deux font tourner de grandes cordes Ă  sauter et les invitent en chantant Ă  entrer dans le mouvement.

Nous sommes en Mai
pourtant ce matin le ciel affiche la couleur "gris-foncĂ©â€œ. Mais le soleil est dans les cƓurs avec la joie de se retrouver pour commencer une nouvelle journĂ©e."Good day“ Ă  tous !

Mercredi 7 Mai : 18 h. C’est la fĂȘte !Nous sommes tous installĂ©s dans la 1Ăšre

classe. Parents, familles, amis se saluent, s’embrassent. Les conversations vont bon train. La convivialitĂ© est de mise. Soudain, Kim fait son entrĂ©e. Il nous invite Ă  dĂ©cou-vrir "le Royaume du Calcul“. Peu Ă  peu le silence s’installe. Les 30 sujets entrent et

prennent place, quelque peu intimidĂ©s. Ils vont nous initier au langage des chiffres, des signes, des opĂ©rations. Le royaume s’anime
La magie a opĂ©rĂ©.

Les applaudissements retentissent, les protagonistes sont soulagĂ©s, ils se laissent photographier. Les plus, les moins, les mul-tipliĂ©s et divisĂ©s par ne forment plus qu’un "grand tout“, heureux d’avoir fait partie de ce beau moment de partage.

Nous faisons nos adieux Ă  l’école, une petite larme au coin de l’Ɠil, en gardant comme souvenir quelques mots-clĂ©s : Dynamisme, DisponibilitĂ©, Enthousiasme, Ouverture, Gentillesse, Joie. Et le bonheur d’avoir pu, pendant quelques jours, relier nos deux continents, distants de 5000 km, par un grand pont tissĂ© d’AmitiĂ© et de FraternitĂ©.

Nous reviendrons bientît, c’est promis. "THANK YOU“ à tous.

Maryvonne Montcharmont

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Le jeudi 24 avril dernier, Marie-Fran-çoise Cuvillier a rejoint le monde spirituel aprĂšs une existence courte et intense. Elle fut parmi les premiers adhĂ©rents de l’Apaps, confirmant ainsi son intĂ©rĂȘt pour la pĂ©dagogie.

Elle connut une enfance heureuse pro-fitant trĂšs rapidement des nombreuses activitĂ©s auxquelles elle se trouvait mĂȘlĂ©e pour y manifester enthousiasme et joie de vivre. Ce fut aussi le temps des colonies de vacances oĂč l’on dĂ©couvre par le jeu le plai-sir d’exister quand on est enfant.

Elle aimait les enfants. Son imagination la portait Ă  raconter des histoires, Ă  partager des contes, Ă  inventer des jeux. Son rapport au monde de l’enfance fut dĂ©terminant dans sa biographie.

Prise par le mouvement de la vie elle aurait pu ĂȘtre eurythmiste, disait-elle parfois.

Cependant, attirĂ©e trĂšs tĂŽt par la psy-chologie et la pĂ©dagogie elle dĂ©couvre la mĂ©thode Montessori, se forme Ă  celle-ci puis rencontre peu aprĂšs un petit groupe oĂč elle fait la connaissance de la pĂ©dagogie Waldorf. Ce fut une vĂ©ritable rĂ©vĂ©lation oĂč elle pressentit les arriĂšres plans spirituels qui sous-tendent cette derniĂšre.

Elle travailla comme jardiniĂšre d’enfants quelques temps, participa ensuite Ă  la prĂ©pa-ration des colonies de vacances IONA.

Toujours en recherche, elle s’enga-gea dans une voie oĂč la spiritualitĂ© allait rĂ©vĂ©ler sa vĂ©ritable vocation. L’étude de l’anthroposophie et la rencontre d’un pe-tit cercle de personnes appartenant Ă  la CommunautĂ© des ChrĂ©tiens dĂ©clencha un enthousiasme tel qu’elle dĂ©cida de se prĂ©-parer Ă  la prĂȘtrise.

Devenue prĂȘtre, elle put dĂ©velopper, cul-tiver ce lien particulier qu’elle avait avec les enfants. Elle aimait Ă  imaginer, Ă  inventer. Donner vie aux images, faire rĂ©sonner en soi les contes, les histoires qu’elle racontait, reprĂ©sentait pour Marie-Françoise un acte pĂ©dagogique contribuant Ă  l’éveil, Ă  la con-naissance de nouvelles rĂ©alitĂ©s.

En rĂ©gion parisienne, mais Ă©galement en province, Marie-Françoise a permis Ă  de nombreux enfants et Ă©lĂšves de nos Ă©coles WALDORF de vivre par les contes, les cours de religion et les colonies de va-cances, des moments merveilleux oĂč une nourriture psychique et spirituelle leur Ă©tait ainsi offerte.

Elle exerça ses propres facultĂ©s de pĂ©-dagogue tout au long de sa vie. Ayant perçu l’importance de l’éducation dĂšs son plus jeune Ăąge, elle comprit qu’ĂȘtre pĂ©dagogue, c’est exercer avant tout un art qui Ă©veille, qui construit, qui fait grandir.

Emprunter soi-mĂȘme et permettre Ă  d’autres d’emprunter un chemin qui dans sa marche et sa dĂ©marche nous Ă©lĂšve, tel fut le destin de Marie-Françoise.

Puissent ces quelques lignes rendre hommage à Marie-Françoise Cuvillier pour qui la joie de vivre, le feu de l’enthousiasme se traduisirent par de nombreuses initiati-

ves au service de celles et ceux qui ont eu le privilĂšge de la rencontrer.

Didier Hamel

A Marie-Françoise Cuvillier
La PĂ©dagogie : de l’éducation Ă  l’élĂ©vation

Aux origines de l'eurythmie est l'ouvrage de base consacré à la naissance et au prime développement de l'eurythmie, dont l'original, paru en 1965, réédité depuis, n'a jamais fait l'objet d'une traduction française.

Enrichi de formes de R. Steiner, d'une introduction à l'histoire de la poésie allemande, de la traduction des poÚmes originaux, d'éléments de compréhension du caractére respectif des langues et des poésies alle-mandes et françaises, d'un florilÚge de grands textes poétiques français, d'un important corpus de notes, d'index et de tables, d'une belle iconographie, cet ouvrage présente encore les esquisses biographiques

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Geste créateur, eurythmie thérapeutique,eurythmie pédagogique

P R O G R A M M E , I N F O R M A T I O N S , I N S C R I P T I O N S :‱ Union pour l'eurythmie, 1 rue François LaubƓuf, 78400 Chatou

09 64 07 60 28 ‱ [email protected]

les 27, 28, 29 mars 2009

la vie des Ă©coles - la vie des Ă©coles - la vie des Ă©coles - la

PAGE 18 1.2.3.SOLEIL ‱ REVUE DE L'APAPS ‱ NUMÉRO QUATORZE

Page 19: REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

JOUÉ-LES-TOURS

Ecole maternelle du Petit PorteauTĂ©l. : 02 47 67 20 23 20/02 : Carnaval20/03 : FĂȘte du printemps

Ecole PrimavĂ©ra TĂ©l. : 02 47 53 46 34 16/12 : FĂȘte de trimestre28/03 : Portes ouvertes13/04 : FĂȘte de trimestre LYON

Ecole Rudolf Steiner de St Genis-LavalTĂ©l. : 04 78 50 77 4519/12 : Jeux de NoĂ«l5/01 : Jeu des Rois27/02 : Carnaval31/03 : PiĂšce de la 8e classe "Virata“24/04 : Projet d'annĂ©e de la 9e25/04 : Portes ouvertes

MOULINS–ST-MENOUX

Ecole de La MhotteTĂ©l. : 04 70 43 93 98Se renseigner

MONTPELLIER

Jardin d’enfants "Sur les ailes des lutins"TĂ©l. : 04 67 54 31 5816/12 : MarchĂ© de NoĂ«lPortes ouvertes : date Ă  prĂ©ciser

NICE/MONACO

Ecole maternelle internationale de Beausoleil Tél. : 04 92 10 89 48Portes ouvertes : date à préciser

PAU

Jardin d’enfants l’Arc-en-Ciel JurançonTĂ©l. : 05 59 06 51 6412-14/12 : Participation au salon AsphodĂšle Ă  Pau30-31/01 : WE de formation sur le rĂŽle parentalPortes ouvertes : date Ă  prĂ©ciser1-5/04 : Participation au Festival de la Petite Enfance Ă  PauEcole du Soleil–St FaustTĂ©l. : 05 59 83 04 5719/12 : FĂȘte du trimestre10/04 : FĂȘte du trimestre17/05 : Kermesse "Fleur de mai“Ateliers de l'Eau Vive27-28/03 : Ă  Paris, Les courants d'Art moderne, source de crĂ©ativitĂ©15-17/05 : Session Nature et Art en pays de Lectoure

PARIS XIVe

Jardin d’Eglantine TĂ©l. : 01 45 43 58 89En Mars : Portes ouvertes

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L’idĂ©e en Ă©tait venue, un printemps bien sĂ»r, en 2006. Elles Ă©taient deux, toutes deux mamans, Ă©ducatrices formĂ©es Ă  la pĂ©dagogie Steiner, Ă©tran-gĂšres (peut-ĂȘtre fallait-il l’ĂȘtre pour se lancer, dans un pays administrativement si pointilleux).

L’idĂ©e, c’était un lieu d’accueil de jeunes en-fants (jusqu’à 3 ans) avec une approche pĂ©dago-gique et environnementale diffĂ©rente, ce qu’elles -et d’autres aussi- avaient cherchĂ© pour leurs enfants sans le trouver.

Depuis, trois ans se sont bientĂŽt Ă©coulĂ©s ; le petit groupe s’est Ă©toffĂ©, diversifiĂ©, constituĂ© en association, Prim’Enfance. Et c’est dans ce creu-set fait de rencontres hebdomadaires, de travail en commun, d’écoute et de respect mutuel que se sont peu Ă  peu prĂ©cisĂ©s les contours du projet et que se sont nouĂ©es les rencontres sans lesquel-les le projet n’aurait pu voir le jour : personnes,

lieu
L’ouverture est prĂ©-

vue pour janvier 2009 : la crĂšche pourra accueillir 24 enfants de 2 mois Ă  3 ans au rez-de-chaussĂ©e d’un bĂątiment rĂ©novĂ© dans le respect de l’environnement ; l’approche pĂ©dagogique se fonde sur l’anthropologie Ă©labo-rĂ©e par Rudolf Steiner et s’inspire aussi des ex-pĂ©riences d’Emmy Pikler, fondatrice de l’institut Loczy Ă  Budapest.

Mais à bientît; nous donnerons de nos nou-velles et de celles des enfants


Les personnes intĂ©ressĂ©es (parents, pro-fessionnels) peuvent nous contacter au 03 89 47 57 29 (Maaike Holdstock) ou par courriel : [email protected] .

Cela se passe Ă  Troyes. L’histoire commence par une rumeur qui circule courant mai et qui dit: l’école va fermer et comme toute rumeur elle court, elle court dans la ville, mĂȘme le plombier venu faire des travaux pendant les vacances est au courant ! .

Il est vrai que la situation n’est pas brillante. Les locaux, ayant abritĂ© autrefois en plus du jardin d’enfants le cycle primaire, devenus trop grands et trop coĂ»teux sont vendus. Le jardin d’enfants termine son annĂ©e avec trĂšs peu d’enfants, et aucune succession n’est en vue pour remplacer la jardiniĂšre qui, aprĂšs de longues annĂ©es, souhaite assumer d’autres fonctions.

Mais c’est sans compter sur le petit groupe de nouveaux parents dynamiques qui attend la rentrĂ©e 2008 pour leurs enfants.

AidĂ©s de quelques membres de l’association et de deux anciennes jardiniĂšres de formation Waldorf qui pensaient (grande illusion) que l’heure de la retraite avait sonnĂ©, ils refusent cette vision de l’avenir. Rassemblant leurs forces et leur en-thousiasme pour cette pĂ©dagogie, ils sautent les obstacles les uns aprĂšs les autres.

La PMI (Protection Maternelle Infantile) mo-difiant ses exigences par rapport Ă  l’annĂ©e prĂ©-cĂ©dente, ne renouvelle pas son agrĂ©ment pour

le jardin d’enfants. Un dossier est alors dĂ©posĂ© Ă  l’inspection acadĂ©mique qui l’accepte fin aoĂ»t. Et c’est ainsi que Blanchefleur redevient Ă©cole ma-ternelle comme elle le fut de 1973 Ă  2002.

Le 2 septembre 2008, six enfants franchis-sent la porte de l’école, nous avons encore la jouissance des bĂątiments jusqu’en juillet 2009. Vincent, Ă©ducateur de jeunes enfants, les ac-cueille, et Brigitte, ancienne Ă©lĂšve de notre Ă©cole l’accompagne dĂ©sormais tout en suivant sa for-mation Ă  Chatou. Les deux anciennes jardiniĂšres les guident et les soutiennent au sein d’un petit collĂšge pĂ©dagogique.

Voici largement rĂ©sumĂ©e la dynamique qui fit de nos vacances un parcours fait tantĂŽt d’es-poirs tantĂŽt de dĂ©ceptions. Mais comme dans les contes, la reconnaissance du courage des uns et des autres vint de Juliette, 4 ans, qui au soir du premier jour quitta l’école en disant : "Elle est super Maman ton Ă©cole.“

Néanmoins tout reste à faire pour consolider ce nouveau départ, et surtout trouver de nouveaux locaux. Car déjà des petits de deux ans frappent à la porte et le souhait de tous est de leur faire partager cette précieuse pédagogie.

Anne Dichamp et DaniĂšle Dubois

BlanchefleurComment le jardin d’enfants Blanchefleur est redevenu Ă©cole maternelle

Le jardin des Petitsprojet d'accueil Petite Enfanceà l’initiative de l’association Prim’Enfance de Colmar.

la vie des Ă©coles - la vie des Ă©coles - la vie des Ă©coles - la Agenda des Ă©coles(suite de la page 1)

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L’APAPS SUR LE WEB http://www.apaps-steiner-waldorf.org

CONTACT E-MAIL :[email protected]@club-internet.fr

TĂ©l./fax: 01 30 71 42 38

SAINT-GIRONS

Ecole Chant’ArizeTĂ©l. : 05 61 69 85 6007/12 : MarchĂ© de NoĂ«l6/03 : Carnaval06/06 : Portes ouvertes

STRASBOURG

Ecole MichaĂ«lTĂ©l. : 03 88 30 19 7017&19/12 :Jeux de NoĂ«l20-21/02 : PiĂšces de la 10e classe28/03 : Portes ouvertes17/04 : Chefs d'Ɠuvre (12e)14-15/05 : PiĂšce de la 8e classe

TOULOUSE

Ecole Maternelle Les TournesolsTĂ©l. : 05 34 25 16 50Portes ouvertes : en mars

TROYES

Jardin d’enfants BlanchefleurTĂ©l. : 03 25 82 40 446-7/12 : MarchĂ© de NoĂ«lPortes ouvertes et confĂ©rences :dates Ă  prĂ©ciser

VERRIÈRES-LE-BUISSON

Libre Ă©cole Rudolf SteinerTĂ©l. : 01 60 11 38 1218/12 : Jeux de NoĂ«l10/01 : Jeu des Rois20-21/03 : PiĂšce de la 11Ăšme 21/03 : Portes ouvertes04/04 : Chefs d'Ɠuvre (12e)29-30/05 : PiĂšce de la 8e classe

1.2.3 soleil, revue semestrielle de l’APAPSBP 13 - 78401 Chatou cedex.TĂ©l./fax: 01 30 71 42 38 Directeur de la publication:Jean PoyardCoordinatrice: Françoise Poyard- GarbitComitĂ© de rĂ©daction:Jean Poyard, Françoise Poyard-Garbit, AngĂšle Maurange,Laurent BouclierMaquette: Laurent BouclierImpression: Printec

L'Ă©cole des 4 saisons, Ă  Challes les Eaux.Je vous conduis : pour se rendre dans la classe

maternelle, il faut prendre la rue de la Viager, au numĂ©ro 276, entrer par la porte Ă  cĂŽtĂ© du por-tail. Une villa se plante devant vous, bien carrĂ©e, entourĂ©e d’un jardin qui grimpe pour se trouver Ă  l’arriĂšre au niveau du premier Ă©tage d’une ha-bitation.

Une fois la porte bien refermĂ©e, longer la façade Sud Ouest, et au fond Ă  gauche, une petite cour, et sous le balcon, une porte d’entrĂ©e Ă  l’ancienne: c’est l’espace intĂ©rieur du jardin d’enfants.

Il occupe donc le Rez-de-ChaussĂ©e, bien calĂ©, Ă  flanc de cĂŽteau. De grandes baies et portes vi-trĂ©es ont remplacĂ© les fenĂȘtres et entrĂ©es trop petites, pour laisser entrer assez de lumiĂšre. A l’intĂ©rieur, de la terre aux murs chauffants, de la chaux teintĂ©e, du bois au sol, du gypse (Fermacell) au plafond et pour les cloisons : un Ă©crin pour les petits enfants.

Si l’on monte au fond du jardin Ă  gauche, un petit portillon qui donne sur le verger, mais rĂ©servĂ© Ă  nous seuls, les enfants du jardin d’enfants et leur maĂźtresse. AprĂšs le verger, le chemin monte tout en longeant le champ de blĂ©. Devant nous le Massif de la Chartreuse.

Nous redescendons la colline entre chĂątai-

gners et pommiers, et arrivons Ă  la ferme. A droite, l’enclos du cochon et l’étable aux vaches, en face, le jardin potager, de fleurs et d’aromatiques de l’école, et la classe elle-mĂȘme, petit bĂątiment tout en terre et bois. A cĂŽtĂ©, une grande maison avec les habitations; c’est la maison du fermier. Plus loin, sont groupĂ©s la boulangerie, la fromagerie et le magasin de vente. Nous sommes lĂ  Ă  la fer-me des Baraques, au 441 chemin des Baraques, ferme biologique, et Ă  l’entrĂ©e de l’école. Voici rapidement le dĂ©cor plantĂ©.

L’association "la ferme aux 4 saisons“, outre ses nombreuses activitĂ©s offertes qui scandent l’annĂ©e (parentalitĂ©, fĂȘtes de saisons...), gĂšre l’école Ă©lĂ©mentaire (une classe maternelle et une classe primaire) de pĂ©dagogie Steiner Wal-dorf. Pour les enfants de 6 Ă  12 ans, une classe unique sur cinq niveaux menĂ©e par la directrice et professeur Chantal Ezan, depuis 4 ans. Cette annĂ©e, 16 enfants la frĂ©quentent.

Le groupe de la classe maternelle comporte, lui, 9 enfants qui entreront pour la premiĂšre fois dans leur classe Ă  la rentrĂ©e de Toussaint : un peu Ă  l’écart de la ferme (Ă  peine 500m) comme dĂ©crit plus haut. Mais nous alternerons cette vie au con-tact de la nature et des animaux, et les moments oĂč l’on rentre dans un intĂ©rieur au chaud pour l’hiver, et oĂč l’on peut aussi rentrer en soi.

Martine DubiezJardiniĂšre d'enfants

l’Association "la ferme aux 4 saisons“441 chemin des Baraques 73190 Challes les eauxContacts : Esther Anquetil 04 79 25 37 80 , Isa-belle CollĂ©e 04 79 28 60 [email protected]

En savoie,une école élémentaire

Ă  la ferme

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