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Conseil canadien des marchés publics C.P. 2404 St-Nicolas, Québec, G7A 4X5 [email protected] (418) 619-1951 Mémoire Consultations publiques Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction Réflexions du Conseil canadien des marchés publics Préparé par : François Émond Directeur général Le 20 juin 2014

Réflexions du Conseil canadien des marchés publics · Conseil canadien des marchés publics C.P. 2404 St-Nicolas, Québec, G7A 4X5 [email protected] (418) 619-1951 Mémoire Consultations

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Conseil canadien des marchés publics C.P. 2404

St-Nicolas, Québec, G7A 4X5 [email protected] (418) 619-1951

Mémoire

Consultations publiques

Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans

l’industrie de la construction

Réflexions du

Conseil canadien des marchés publics

Préparé par :

François Émond

Directeur général

Le 20 juin 2014

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Table des matières MISE EN CONTEXTE ..................................................................................................................... 3

Quelques mots sur notre organisme ........................................................................................ 3

Notre contribution potentielle à vos travaux ........................................................................... 4

SOMMAIRE DU CONTENU ........................................................................................................... 6

PRATIQUES ACTUELLES EN MATIÈRE D’OCTROI DE CONTRATS PUBLICS DANS CERTAINES

PROVINCES CANADIENNES .......................................................................................................... 7

Mise en garde ......................................................................................................................... 7

Constats quant aux pratiques actuelles ................................................................................... 7

DES CONDITIONS GAGNANTES VISANT À MINIMISER LES RISQUES DE COLLUSION ET DE

CORRUPTION DANS UN PROCESSUS D’APPEL D’OFFRES ............................................................ 14

Confier la préparation des appels d’offres à des professionnels en approvisionnement ......... 14

Assouplir le cadre législatif afin de permettre la mise en place de stratégies

d’approvisionnement adaptées au besoin et au marché ........................................................ 17

Encourager la mesure de la performance des fournisseurs .................................................... 18

Favoriser une plus grande ouverture des marchés tant régionaux que provinciaux. ............... 20

Protection des informations importantes lors d’un processus d’appel d’offres ...................... 22

AUTRES ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION PERTINENTS ......................................................................... 24

Les impacts associés à la transparence .................................................................................. 24

Désignation professionnelle en approvisionnement spécifique pour le domaine public ou

gouvernemental .................................................................................................................... 25

Favoriser et encourager l’atteinte des meilleures pratiques en matière d’approvisionnement

public .................................................................................................................................... 28

CONCLUSION ............................................................................................................................ 30

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MISE EN CONTEXTE

Quelques mots sur notre organisme

Le Conseil canadien des marchés publics (CCMP) a été mis sur pied en

septembre 1999 dans le but de devenir la principale ressource en matière de

marchés publics au Canada. Ses origines premières proviennent du

Gouvernement du Québec qui a originalement fondé et soutenu financièrement

cet organisme pendant plusieurs années. Cet organisme à but non lucratif est

maintenant complètement autonome et se veut être le principal porte-parole des

professionnels des marchés publics au Canada. Ses membres sont des

organismes appartenant à divers paliers de gouvernement qu’ils soient municipal,

provincial, territorial, ou des Sociétés d’État. Ils proviennent aussi du secteur de

l’éducation et des soins de santé. Le Conseil canadien des marchés publics a

pour mission de soutenir la communauté des marchés publics partout au Canada

en promouvant le dialogue, en facilitant l’échange d’information, en formulant des

réponses adaptées aux questions courantes et en fournissant l’expertise

nécessaire à la solution des problèmes communs. Notre organisme compte plus

d’une centaine de membres qui sont des organismes publics provenant de ces

divers secteurs.

Tous les professionnels en marchés publics œuvrant au sein de nos organismes

membres ont ainsi accès aux bénéfices liés à l’adhésion. Ils forment une

communauté d’un peu plus de 500 professionnels répartis un peu partout au

Canada qui ont à cœur l’application des meilleures pratiques en

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approvisionnement dans un contexte public où la contribution à vouloir toujours

mieux servir le citoyen est toujours un objectif de premier plan. Les défis auxquels

font face nos membres sont nombreux et importants mais nous constatons surtout

que ceux-ci sont très souvent communs et comportent beaucoup de similarités et

ce peu importe la province ou le secteur d’activité dans lequel nos membres

évoluent.

Le CCMP est géré par un Conseil d’administration constitué d’une douzaine de

directeurs qui sont tous des professionnels et/ou gestionnaires en

approvisionnement dans le secteur public et qui représentent des organismes

membres. Notre organisation est aussi gérée par un Directeur général qui voit au

fonctionnement de l’organisme mais qui travaille aussi continuellement à

contribuer à son développement mais surtout à mieux soutenir la communauté des

marchés publics canadien en leur offrant une valeur ajoutée accrue leur

permettant de toujours mieux performer dans leur fonction. Son Directeur général

a aussi été un gestionnaire en approvisionnement tant dans le secteur privé que

public où il a œuvré pendant quelques années comme Directeur des acquisitions

pour un organisme municipal québécois.

Notre contribution potentielle à vos travaux

Nous croyons fermement que notre organisation puisse apporter une contribution

significative dans le cadre de vos travaux surtout en ce qui a trait à l’acquisition de

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connaissances liées à l’application des meilleures pratiques en matière d’octroi de

contrat publics au niveau canadien et même nord-américain.

En effet le CCMP compte, à l’intérieur de ses rangs, un très bon réseau de

professionnels qualifiés en matière d’octroi de contrats publics qui vous permettra

d’avoir accès à une foule d’information pouvant vous aider dans vos recherches.

Bien que notre base de membres soit exclusivement canadienne, notre organisme

détient aussi des ententes de partenariats avec certaines organisations

américaines qui sont similaires à la nôtre et qui se dévouent à la communauté des

marchés publics américains. En effet le National Institute of Governmental

Purchasing (NIGP) (www.nigp.org) et le National Procurement Institute (NPI)

(www.npiconnection.org) sont deux entités majeures aux États-Unis avec qui le

CCMP détient des ententes de partenariats à divers niveaux. Le CCMP siège

aussi sur le National Council for Public Procurement and Contracting (NCPPC)

(www.goncppc.org). Il est aussi le seul partenaire canadien du prestigieux

Achievement of Excellence in Procurement (AEP) (www.npiconnection.org) une

distinction qui reconnaît les meilleures pratiques en approvisionnement pour les

organismes publics et qui favorise l’atteinte de l’excellence en matière d’octroi de

contrats publics. Cette entente de partenariat amène aussi le CCMP à siéger sur

le comité d’évaluation des candidatures ce qui devient une riche source

d’information en matière de meilleures pratiques. Bien que ce prix soit bien

reconnu au niveau américain le CCMP compte en faire la promotion et soutenir

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les organismes canadiens qui souhaitent soumettre leurs candidatures. Pour cette

première année de partenariat cinq organismes publics canadiens ont soumis leur

candidature et les évaluations ont eu lieu à la mi-juin. Les résultats seront connus

sous peu et les organismes ayant atteint le pointage minimal exigé pour obtenir le

prix se verront remettre leur distinction lors de notre Forum annuel qui se tiendra

à Montréal du 27 au 29 octobre 2014.

SOMMAIRE DU CONTENU Il a été porté à notre attention un peu plus tôt cette année que la Commission

d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la

construction procèderait à des consultations publiques afin de recueillir des

informations pouvant l’aider dans ses recherches en cours et ses

recommandations à venir. Nous avons donc pris connaissance du document

d’information sur les consultations publiques et avons réfléchi aux éléments de

réponses que nous pourrions vous fournir. Nous vous présenterons d’abord un

court résumé de certaines pratiques en matière d’appel d’offres et d’octroi de

contrats publics au niveau canadien. Notre contribution se situera principalement

au niveau des éléments visant à minimiser les risques de collusion et de corruption

dans le cadre d’un processus d’appel d’offres et aux conditions favorables visant

à minimiser l’influence politique dans le cadre d’un processus d’appel d’offres.

Nous porterons finalement à votre attention certains autres éléments plus

généraux de réflexion qui, nous croyons, demeurent pertinents dans le cadre de

vos recherches.

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PRATIQUES ACTUELLES EN MATIÈRE D’OCTROI DE CONTRATS

PUBLICS DANS CERTAINES PROVINCES CANADIENNES

Mise en garde

Le Conseil canadien des marchés publics ne détient pas d’étude comparative qui

résume les pratiques en matière d’octroi de contrats dans les différentes provinces

et différents territoires. Il n’y a jamais eu de besoin à cet égard qui nous ait été

exposé. Par conséquent le contenu des pages qui suivent reflètent certaines

informations que nous détenions où que nous avons obtenu par le biais d’un court

sondage fait pour tenter de vous aider dans votre recherche et qui a été adressé

à un échantillon de membres répartis un peu partout au Canada et qui proviennent

principalement du secteur municipal. Ce contenu a pour seul but de vous

présenter un bref survol des pratiques actuelles dans certains organismes publics.

Il ne relève pas d’une étude scientifique, mais plutôt d’un partage quant aux

pratiques actuelles en matière d’approvisionnement dans un contexte public.

Constats quant aux pratiques actuelles

Un des constats généraux que nous pouvons poser à ce jour surtout en ce qui a

trait aux provinces de l’ouest canadien, soit la Saskatchewan, l’Alberta et la

Colombie-Britannique est que la plupart des organismes publics de ces provinces

doivent se conformer au New West Partnership Agreement (NWPTA)

(www.newwestpartnershiptrade.ca) qui est un accord entre les trois

gouvernements de ces provinces qui favorise le libre marché, mais qui surtout

encadre certaines façons de faire en matière d’approvisionnement dans un

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contexte public. Cet accord est toutefois très permissif en ce qui a trait aux règles

d’appel d’offres et d’octroi de contrat. En effet, après avoir sondé quelques entités

publiques dans ces provinces surtout au niveau municipal, nous notons que les

façons de faire entre celles-ci sont très différentes. Ces écarts dans les façons de

faire proviennent justement du fait que cet accord est très permissif. Les seules

règles qui encadrent le processus d’appel d’offres ont surtout trait aux seuils

monétaires qui exigent que les entités publiques procèdent par appel d’offres

public plutôt que par voie d’invitation. L’accord spécifie en fait que tous les contrats

publics doivent faire l’objet d’un appel d’offres public lorsque le montant estimé de

la dépense dépasse un seuil de 75 000$. Ce même seuil est élevé à 200 000$

pour les contrats de construction. Le but de cet accord est donc essentiellement

de définir un seuil à partir duquel un contrat doit être visible au public afin de

favoriser le libre marché.

Les entités publiques utilisent un portail électronique similaire à ce qui peut exister

au Québec afin de publier leurs appels d’offres. En effet, dans l’ouest canadien,

chaque province a son propre portail électronique qu’il privilégie. L’Alberta utilise

L’Alberta Purchasing Connection (APN) (www.purchasingconnection.ca) par

exemple qui est similaire au Système électronique d’appel d’offres au Québec

(SE@O). Ces portails, bien que propres à chaque province, sont conformes aux

différents accords interprovinciaux canadiens favorisant la libre concurrence à

travers tout le pays.

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Un autre élément qui diverge de façon importante dans les façons de faire des

autres provinces par rapport à ce qu’on retrouve au Québec a trait à leur capacité

de pouvoir acquérir différents biens et services par appel d’offres utilisant des

critères qualitatifs de pondération ainsi qu’un système de pointage. Les autres

provinces semblent avoir beaucoup de latitude à ce niveau. Nous n’avons pas pu

vérifier l’encadrement sur cet aspect dans toutes les provinces, mais encore une

fois les provinces de l’ouest canadien n’ont aucune règle leur spécifiant dans quel

contexte elles doivent octroyer leurs contrats au plus bas soumissionnaire

conforme plutôt qu’à celui ayant obtenu le pointage le plus élevé dans un contexte

d’évaluation des offres par grille de pointage basée sur des critères qualitatifs

d’évaluation. Les professionnels en approvisionnement conviendront donc eux-

mêmes de la meilleure marche à suivre en fonction du type de bien ou service à

acquérir et de la valeur de ceux-ci toujours dans une perspective d’obtenir la

meilleure valeur globale pour l’organisation. Des comités de sélection sont

constitués pour procéder à l’évaluation des offres. La protection et la

confidentialité associée aux membres des comités de sélection sont toutefois des

éléments très sensibles et les organismes publics prennent toutes les mesures

possibles dans leurs politiques pour protéger la confidentialité des membres des

comités de sélection.

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En ce qui a trait aux estimations requises avant le processus d’appel d’offres tous

les organismes que nous avons sondés en exigent de leurs clients internes, et ce

avant même de lancer le processus d’appel d’offres La différence significative a

davantage trait aux seuils à partir desquels des estimés sont requis. Ceux-ci ne

sont habituellement pas rendus publics et sont conservés pour usage à l’interne

principalement au moment de faire l’analyse des offres reçues et à l’octroi des

contrats. Certaines entités vont les rendre disponible au public lors de l’octroi des

contrats, mais il s’agit davantage de l’exception que de la norme.

La divulgation des résultats d’appel d’offres est toutefois une pratique répandue à

tous les niveaux et dans toutes les provinces. Cette pratique est commune par

souci de transparence envers le public et aussi afin de diminuer le volume de

demandes d’accès à l’information. La plupart des entités vont divulguer les

résultats d’appel d’offres en indiquant le nom des soumissionnaires et le montant

de chaque offre reçue. Certains iront jusqu’à divulguer l’adjudicataire ainsi que le

montant de l’estimé mais il n’y a aucune règle encadrant cette pratique. Chaque

organisme décidera selon ses propres règles internes de l’information qu’il

divulguera.

L’évaluation de la performance des fournisseurs est un autre aspect qui diverge

beaucoup d’une province à l’autre, mais surtout d’une entité à l’autre. Il n’y a pas

de cadre légal qui encadre cette pratique et les organismes publics semblent

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assez autonomes dans leurs pratiques à cet égard. Certains organismes sondés

ont la possibilité d’interdire à un fournisseur de présenter une soumission pour une

certaine période, et ce à cause d’une mauvaise performance dans l’exécution de

contrats précédents. Ceux-ci doivent toutefois avoir au préalable bien défini leur

processus interne leur permettant d’arriver à cette finalité. En effet ceux qui ont la

possibilité de mettre un fournisseur sur une « liste noire » doivent avoir au

préalable bien documenté les motifs faisant en sorte qu’une entreprise se retrouve

sur cette liste. Le processus en est toutefois un qui est interne et propre à chaque

organisation et il ne semble pas y avoir de cadre légal uniformisant cette pratique.

Un des questionnements énoncés avait trait à la capacité des organisations à pré

qualifier leurs fournisseurs avant de lancer un appel d’offres. Puisqu’il n’y a pas

vraiment de cadre légal encore une fois qui règlemente cette pratique, la plupart

des organismes sondés ont la capacité de le faire et le font dans certains cas

particuliers de projets spécifiques et plus complexes où ils ne peuvent se permettre

de faire affaire avec un fournisseur qui prétend, mais qui n’a pas les qualifications

requises pour exécuter le contrat. Un processus de pré-qualification est donc

complété avant le processus d’appel d’offres. Tous sont par contre conscients que

cette pratique doit être l’exception et non la norme puisqu’elle a pour effet de

restreindre la libre concurrence et c’est pourquoi elle est utilisée dans le cadre de

projets spécifiques.

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En ce qui a trait maintenant aux méthodes d’adjudication des contrats, nous

notons qu’il n’y a aucune règle qui encadre celles-ci auprès des organismes

sondés et qui sont principalement concentrés dans l’ouest canadien. Comme les

gouvernements provinciaux n’ont pas de lois régissant les méthodes

d’adjudications, ceci force les organismes publics à se doter de politiques internes

en ce sens. Nous avons pu recueillir quelques politiques internes dans certaines

municipalités. Bien que les méthodologies se ressemblent parfois à plus haut

niveau, les processus opérationnels définissant les méthodes d’adjudication sont

parfois très différents d’un organisme à l’autre. Il est donc difficile de définir une

méthode qui soit uniformisée. Ceci permet toutefois à ces organisations de prévoir

des mesures adaptées à leur réalité opérationnelle tout en respectant certains

principes de base en adjudication de contrats. Nous notons aussi qu’auprès de

certains organismes sondés, il y a une tendance à responsabiliser les

professionnels en approvisionnement et les gestionnaires en leur donnant le

pouvoir nécessaire leur permettant d’adjuger de façon autonome les contrats. Les

élus sont ainsi à l’extérieur de ce processus et ce par souci d’efficacité puisque le

processus d’adjudication des contrats peut-être parfois beaucoup plus long s’il doit

être soumis aux élus pour approbation. Ils le font aussi afin de ne pas s’impliquer

dans le processus. Les élus restent impliqués dans le processus d’adjudication,

mais pour des contrats dont la valeur et/ou la durée sont importantes. Les

divergences quant aux seuils d’approbation varient toutefois beaucoup d’un

organisme à un autre.

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La libre concurrence est un enjeu important qui revient constamment lors de

discussions avec nos membres. Les professionnels en approvisionnements

souhaitent en effet s’assurer de créer des conditions optimales qui favorisent la

libre concurrence entre les soumissionnaires et qui permettent aussi à un nombre

de fournisseurs toujours croissant de pouvoir présenter une soumission lors de

leurs appels d’offres publics. La réflexion associée à ces conditions favorables

doit toutefois être approfondie avant le processus d’appel d’offres. Ceci implique

la mise en place de conditions dans les appels d’offres qui ne sont pas restrictives

et qui permettent à des fournisseurs potentiels qu’il soient d’origine locale ou en

provenance d’une autre province de pouvoir déposer une soumission.

Malgré ces efforts il arrive toutefois fréquemment que, de façon naturelle, le bassin

de soumissionnaires potentiels soit restreint à la région géographique immédiate

où est situé le donneur d’ouvrage. Plusieurs raisons expliquent probablement ce

phénomène et n’ont pas nécessairement trait à l’appel d’offres spécifiquement

surtout pour les contrats d’approvisionnements en biens de toutes sortes. Il est

toutefois difficile de cerner les motifs qui font en sorte que des soumissions ne

soient pas déposées par des fournisseurs situés dans d’autres provinces que celle

où est le donneur d’ouvrage. Chaque industrie a très certainement des motifs

différents et il serait difficile de trouver des motifs qui soient généralisés. Il pourrait

toutefois être pertinent d’approfondir la recherche en posant des questions plus

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www.cppc-ccmp.ca 14

approfondies, pour des secteurs d’activités bien définis, à certains professionnels

en approvisionnement afin de connaître leur position sur le sujet.

DES CONDITIONS GAGNANTES VISANT À MINIMISER LES

RISQUES DE COLLUSION ET DE CORRUPTION DANS UN

PROCESSUS D’APPEL D’OFFRES Un organisme ne pourra jamais être à l’abri de la collusion lors d’un processus

d’appel d’offres. Il peut toutefois créer des conditions favorables permettant de

l’éviter ou de la décourager le plus possible. L’essentiel des éléments permettant

de minimiser les risques peuvent être réunis lors de la préparation de l’appel d’offre

principalement dans la définition de la stratégie d’approvisionnement.

Confier la préparation des appels d’offres à des professionnels en

approvisionnement

Un des premiers éléments favorable selon nous est de confier la préparation de

l’appel d’offres à un professionnel en approvisionnement qui est à l’emploi de

l’organisme public et qui verra ainsi à la défense de ses meilleurs intérêts. Il faut

surtout éviter deux choses importantes :

- Confier la préparation de l’ensemble de l’appel d’offres à une firme externe

de professionnels spécialisée surtout dans la préparation des documents

techniques de l’appel d’offres.

- L’implication des instances politiques de l’organisme dans la préparation

des documents d’appels d’offres notamment en ce qui a trait à la sélection

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des soumissionnaires à inviter dans le cadre d’un appel d’offres sur

invitation ou des soumissionnaires à aviser dans le cadre d’un appel d’offres

public.

Le premier élément permettra de confier la préparation des documents d’appels

d’offres à deux types de professionnels dont l’importance est tout aussi

équivalente et dont l’expertise doit interagir de façon complémentaire. Les

professionnels comme les ingénieurs sont spécialisés dans la définition des

exigences techniques liées aux appels d’offres. Les professionnels en

approvisionnement peuvent, quant à eux, amener une valeur ajoutée significative

dans la définition d’une stratégie d’approvisionnement adaptée au besoin à

combler mais surtout au marché vers lequel sera lancé l’appel d’offres. Ils pourront

ensuite rédiger les clauses administratives appropriées et adaptées à cette

stratégie. Les conditions du marché à solliciter incluant la concurrence ou la non-

concurrence sont des préoccupations quotidiennes des professionnels en

approvisionnement et c’est pourquoi ils se doivent d’interagir de façon

complémentaire avec les autres professionnels impliqués dans la définition des

besoins plus techniques à combler. Cette complémentarité ne peut qu’être

bénéfique pour les donneurs d’ouvrage. Plusieurs de nos membres ont en effet

plusieurs exemples de projets à succès où ils ont travaillé en étroite collaboration

avec les professionnels responsables de la définition des besoins techniques

amenant des éléments stratégiques de réflexion qui n’ont été que bénéfiques pour

l’organisation.

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En ce qui a trait au deuxième élément, nos membres sont unanimes sur ce sujet.

En effet tous croient qu’il doit y avoir une ligne qui soit tracée entre les instances

politiques et administratives pour tout ce qui a trait au processus d’appel d’offres,

de la définition du besoin jusqu’à l’octroi du contrat et même jusqu’à son suivi en

cours d’exécution. C’est un élément important associé aux meilleures pratiques

d’approvisionnement dans un contexte de marchés publics. Plusieurs organismes

publics surtout au niveau municipal ont, dans leurs procédures internes, des

pratiques forçant l’approbation des documents d’appels d’offres avant leur mise

en concurrence. La plupart ont aussi des délégations de dépenser où les élus

doivent approuver l’octroi d’un contrat tout dépendant de sa durée ou de sa valeur

monétaire. Il faut donc tenter de minimiser l’implication au niveau politique et

déléguer le plus possible la responsabilité du processus d’appel d’offres à une

personne en autorité au niveau administratif, que ce soit un membre de la haute

direction ou un responsable du secteur des approvisionnements tout dépendant

de la taille de l’organisation et de sa structure. Dans l’éventualité où les

organisations de plus petites tailles ne puissent se permettre ou justifier

l’embauche d’un professionnel en approvisionnement, elles devraient considérer

l’embauche de ressources externes qualifiées de façon ponctuelle au même titre

qu’elles le feraient pour avoir recours à des ressources qualifiées en ingénierie par

exemple pour la définition technique des besoins. Si les instances politiques

tiennent à approuver l’octroi du contrat en fonction de sa valeur et de sa durée

l’approbation ne doit n’en être qu’une associée à la dépense sans égard à

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l’adjudicataire du contrat et les délégations de dépenser doivent être ajustées en

conséquence.

Assouplir le cadre législatif afin de permettre la mise en place de stratégies

d’approvisionnement adaptées au besoin et au marché

Le cadre législatif québécois restreint parfois la mise en œuvre de stratégies

d’approvisionnement qui pourraient être adaptées aux besoins à combler mais

surtout au marché qui diffère parfois d’une industrie à l’autre. Dans le cas des

contrats de construction, la norme est d’octroyer le contrat au plus bas

soumissionnaire conforme. Cette norme est très bien connue par l’industrie et il

peut par conséquent être plus facile pour certains acteurs du marché d’avoir

recours à des pratiques collusoires. Si le cadre légal permettait dans certains cas

de pouvoir tenir compte de facteurs autres que la plus basse soumission ceci

pourrait permettre d’avoir recours à des stratégies d’approvisionnement qui

permettraient de minimiser les risques de collusion en introduisant des notions

dans les appels d’offres permettant de tenir compte du meilleur rapport qualité/prix

par exemple. Cette notion est fortement utilisée à l’extérieur du Québec comme

nous le mentionnions en début de rapport et ce même au niveau nord-américain.

Il est en effet fortement encouragé pour un organisme public à l’extérieur du

Québec d’avoir recours à la stratégie d’approvisionnement qui maximisera la

valeur globale pour l’organisme (prix, qualité, respect des échéanciers, fiabilité,

garantie etc) plutôt que de favoriser à tout prix le plus bas soumissionnaire

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conforme. On fait habituellement référence au terme anglais « Best Value

Procurement » dans la pratique quotidienne. Il s’agit d’une pratique qui est

d’ailleurs reconnue par le National Procurement Institute (NPI) comme étant une

« meilleure pratique » puisque le fait qu’elle soit autorisée au sein des organismes

publics est un critère d’évaluation permettant d’obtenir son prix « AEP » dont nous

avons parlé brièvement en introduction.

La mise en œuvre de stratégies d’approvisionnement adaptées aux besoins

permettrait aussi d’avoir la latitude nécessaire pour personnaliser certains

éléments contractuels qui sont répétitifs d’un appel d’offres à l’autre. Plusieurs

éléments contractuels ne peuvent effectivement pas être personnalisés puisque le

cadre législatif ne le permet pas ou en limite fortement les possibilités. Certaines

stratégies permettant de tenir compte du coût global d’acquisition par le recours à

des techniques de calcul plus poussées sont parfois difficiles à mettre en œuvre,

le cadre légal actuel limitant les possibilités à ce niveau. Ceci a donc pour effet de

rendre les pratiques en matière d’octroi de contrat plus répétitives et par

conséquent plus propices aux stratagèmes de collusion.

Encourager la mesure de la performance des fournisseurs

La mesure de la performance des fournisseurs est une notion connue et appliquée

dans le domaine privé. Sa mise en application dans le domaine public est aussi

possible bien que certains éléments puissent différer. Le cadre législatif actuel a

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www.cppc-ccmp.ca 19

été modifié à plusieurs niveaux permettant à la plupart des organismes publics de

se doter de mécanismes et outils permettant de mesurer la performance des

fournisseurs. Il faut maintenant encourager la mise en œuvre de cette pratique au

sein de tous les organismes publics et ainsi amener ceux-ci à ne faire affaire

qu’avec les meilleurs fournisseurs. Ceci contribuera aussi à changer la perception

de ceux-ci envers les marchés publics et à atteindre des standards de

performance toujours plus élevés. Ceci devrait aussi décourager, bien que plus

indirectement, les pratiques collusoires puisque le bassin de fournisseurs potentiel

sera restreint à ceux qui sont les performants.

La mise en place de tels outils favorisant la mesure de la performance des

fournisseurs suppose un bouleversement important de plusieurs processus

administratifs au sein des organismes publics. Il faut toutefois aller de l’avant avec

ce changement important dans les façons de faire et avoir recours aux

technologies disponibles qui permettent de favoriser une simplification de la

cueillette des données mais surtout un processus d’analyse de celles-ci qui soit le

plus épuré possible. En effet plusieurs logiciels existent afin de mesurer la

performance des fournisseurs en fonction de divers critères menant à l’élaboration

de tableaux de bord pouvant être adaptés aux différents besoin des organismes

publics.

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Favoriser une plus grande ouverture des marchés tant régionaux que provinciaux.

Il faut selon nous bien évidemment créer toutes les conditions possibles afin

d’ouvrir davantage les marchés. Certains facteurs de l’environnement externe

sont toutefois plus difficiles à contrôler pour les organismes publics et ce peu

importe les efforts déployés. Citons par exemple les coûts associés au fait, pour

un fournisseur, de venir s’installer dans une région qui n’est pas la sienne pour

exécuter un contrat de construction. Ces coûts peuvent être assez significatif et

faire en sorte que cet entrepreneur choisira délibérément de ne pas soumissionner

non seulement parce qu’il ne sera pas compétitif par rapport au marché local mais

souvent aussi parce qu’il n’aura tout simplement pas d’intérêt à soumissionner,

son carnet de commande étant déjà bien rempli. Le volume important de contrats

donnés tant dans le secteur privé que public au cours des dernières années a eu

un impact certain sur la moins grande ouverture des marchés au niveau provincial,

les entreprises étant en mesure de garnir leur carnet de commande à même leur

marché local respectif.

Bien qu’il y ait des éléments pour lesquels les organismes publics n’ont pas de

contrôle, il reste que ceux-ci peuvent, selon nous, apporter certaines mesures

correctives dans leurs pratiques afin de favoriser l’ouverture des marchés. Un des

premiers éléments de réflexion a trait à la complexité parfois intimidante, pour

certaines entreprises, des cahiers de charge ou documents d’appel d’offres de

plusieurs donneurs d’ouvrage. Ces documents sont volumineux et peuvent

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demander plusieurs heures de lecture pour un entrepreneur qui débute et n’a

jamais soumissionné sur des contrats publics. Le seul fait de devoir télécharger

un document de plusieurs dizaines voire parfois centaines de pages sur le portail

SE@O ou tout autre portail peut être intimidant et décourager certains

entrepreneurs à vouloir soumissionner. Plusieurs entreprises ne connaissent

aussi tout simplement pas le domaine des marchés publics et perçoivent celui-ci

comme étant complexe et difficile d’approche et souhaitent se concentrer sur une

clientèle provenant du domaine privé. Ceci a donc pour conséquence de favoriser

les plus grandes entreprises qui elles ont acquis, avec les années, l’expertise

nécessaire pour traiter avec les documents volumineux d’appel d’offres des

donneurs d’ouvrage.

Nous croyons donc que les donneurs d’ouvrages devraient porter une attention

particulière à ces deux aspects sur lesquels ils peuvent avoir une influence. En

effet certains documents d’appel d’offres pourraient certainement êtres allégés

et/ou épurés dans certains cas où il est pertinent de le faire et où certaines clauses

viennent alourdir inutilement ceux-ci.

Les organismes publics devraient aussi voir en quoi ils pourraient contribuer à

former et sensibiliser les marchés et plus précisément leur bassin de fournisseurs

potentiels afin de les inciter à faire affaires avec eux. Ceci peut sembler étrange

comme pratique venant d’un donneur d’ouvrage puisque la perception actuelle est

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que cette responsabilité d’avoir les connaissances nécessaires devrait revenir aux

fournisseurs mais c’est un effort nécessaire dans une perspective d’ouverture

toujours plus grande des marchés. Certains marchés en sont de vendeurs et non

d’acheteurs et dans ces cas les organismes publics doivent s’adapter en

conséquence. Elles n’ont pas nécessairement à prendre en charge cette

formation mais peuvent avoir recours à des ressources externes pour les aider

notamment les chambres de commerces qui peuvent servir d’intermédiaire. Nous

savons que certains de nos membres ont déjà intégrées cette pratique de donner

de la formation à leurs marchés leur but principal étant de contribuer à l’ouverture

de ceux-ci. Les formations données tournent autour de la thématique de

« Comment faire affaires avec un organisme public » et donnent des précisions

sur les règles importantes en matière d’appel d’offres afin de vulgariser celles-ci

mais aussi éviter les erreurs lors du dépôt des soumissions qui pourraient rendre

celles-ci non conformes. Nous notons finalement que cette pratique en est une

qui est reconnue finalement au niveau américain comme une « meilleure

pratique » puisqu’il s’agit d’un critère d’évaluation permettant d’obtenir le prix AEP

du National Procurement Institute (NPI).

Protection des informations importantes lors d’un processus d’appel d’offres

Un des éléments de réflexion avait trait au fait de protéger ou non certaines

informations dites plus « sensibles » lors du processus d’appel d’offres afin d’éviter

la collusion et la corruption. Il est bien évident que le fait de protéger certaines

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informations peut contribuer à réduire les risques de collusion et de corruption. La

protection des renseignements comme la liste des membres des comités de

sélection se doit d’être maintenue voir même règlementée et contribuera très

certainement à réduire les risques de corruption.

D’un point de vue plus général, toutes les informations ou situations pouvant

permettre à un ou des soumissionnaires potentiels de savoir qui a l’intention de

peut-être soumissionner sur un appel d’offres d’un organisme public se doivent

d’être protégées. La liste des soumissionnaires potentiels s’étant procurés les

documents d’appel d’offres est une information qui devrait être confidentielle et

être gérée seulement par les professionnels en approvisionnement. Son utilisation

ne devrait qu’être réservée à savoir quelles sont les conditions du marché

associées à l’appel d’offres en cours pour ainsi permettre de peut-être, dans

certains cas, prendre des mesures pour ouvrir le marché et ce avant même la date

d’ouverture des soumissions. Les visites obligatoires de chantiers se doivent aussi

d’être mieux réglementées. Il était pratique courante auparavant pour les

organismes publics de faire des visites de chantier obligatoires et en groupe où

tous les soumissionnaires potentiels étaient réunis en même temps. Cette

pratique est maintenant mieux encadrée dans les politiques de gestion

contractuelles de certains organismes et les visites obligatoires sont maintenant

l’exception plutôt que la norme et doivent être faites individuellement. Nous

croyons que cette pratique doit demeurer ainsi et l’encadrement quant à cette

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pratique doit se poursuivre et même être mieux définie afin d’éviter les risques de

corruption lors des visites individuelles.

AUTRES ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION PERTINENTS

Les impacts associés à la transparence

Un des éléments de réflexion important pouvant peut-être réduire les risques de

corruption a trait au fait de demander aux organismes publics d’être complètement

transparents dans leur processus d’appel d’offres, d’octroi de contrats et de suivi

en cours d’exécution. Il est clair que la transparence peut réduire jusqu’à un

certain point les risques de corruption mais il faut aussi garder à l’esprit que la

transparence de façon extrême a aussi des impacts sur les organismes publics.

En effet la mise en place de certaines mesures favorisant la transparence peuvent

amener les organismes publics à modifier leurs processus afin de se conformer à

ces exigences. Ces modifications peuvent sous-entendre l’embauche de

ressources supplémentaires, l’acquisition de nouvelles technologies et la mise en

place de nouveaux mécanismes de contrôle venant alourdir les processus déjà en

place. Dans une perspective où nous demandons à l’appareil gouvernemental

d’être toujours plus efficace dans ses façons de faire, il faut seulement garder à

l’esprit que la transparence a un coût pour les organismes publics.

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Il faut finalement garder à l’esprit aussi que la transparence ne doit pas nuire à la

mise en œuvre de stratégies d’approvisionnement gagnantes pour les donneurs

d’ouvrage. Il faut donc bien réfléchir à l’impact que la divulgation d’informations

peut avoir sur les stratégies d’approvisionnements lors du processus d’appel

d’offres. Est-ce que le fait de rendre public une « liste noire » des entreprises qui

ne pourraient soumissionner sur de contrats publics pourrait par exemple, dans

certains cas, permettre à certains soumissionnaires de constater très facilement

que plusieurs de leurs compétiteurs ne sont pas en mesure de soumissionner,

restreignant la compétition et pouvant ainsi conduire à des prix plus élevés? C’est

un élément parmi tant d’autres qui doit faire partie de la réflexion associée au fait

de rendre les organismes publics transparents à tout prix.

Désignation professionnelle en approvisionnement spécifique pour le domaine

public ou gouvernemental

Plusieurs professions offrent des désignations professionnelles ou programmes

de certifications qui règlementent de différentes manières les façons de faire mais

qui supposent aussi un programme de formation rigoureux pour les obtenir. Nous

croyons donc qu’il faudrait encourager le développement de programmes de

formations et la mise en place d’une désignation ou certification professionnelle

en approvisionnement public. Il y a déjà une certification reconnue au niveau

canadien en approvisionnement et celle-ci peut être obtenue après un programme

rigoureux de formation et d’évaluation des connaissances et mène au titre de

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Professionnel en gestion de la chaîne d’approvisionnement (P.G.C.A). La réalité

des marchés publics est toutefois différente et dans un perspective où nous

croyons que les professionnels en approvisionnement puissent apporter une

valeur ajoutée et contribuer au succès du processus complet d’appel d’offres,

d’octroi de contrat et de suivi en cours d’exécution, nous croyons qu’une

désignation professionnelle adaptée aux marchés publics doit être mise en place.

Les professionnels en approvisionnement du domaine public américain ont accès

à un programme de formation menant à une certification professionnelle

spécialisée en approvisionnement dans un contexte de marchés public ou

gouvernemental. L’organisme américain qui chapeaute ce programme est le

Universal Public Procurement Certification Council (UPPCC) (www.uppcc.org).

Cet organisme gère et encadre deux programmes de certification professionnelle

soit le Certified Professional Public Buyer (CPPB) et le Certified Public

Procurement Officer (CPPO). La première offre un programme de formation et de

certification pour les professionnels en approvisionnement du domaine public et le

deuxième offre un programme de formation et de certification pour les

gestionnaires dans ce même champ d’expertise. Le processus de certification est

rigoureux et suppose une formation continue poussée complétée par un examen

de certification qui, lorsque réussit, conduira à l’une des deux désignations

professionnelles. Celles-ci ne sont pas données de façon perpétuelles et doivent

être mises à niveau périodiquement par la démonstration du maintien de certaines

connaissances obtenues par de la formation continue et par la réussite d’un

examen de maintien du niveau de certification souhaitée. L’organisme principal

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qui offre la formation qui peut mener à l’une ou l’autre des certifications

professionnelles est le National Institute for Governmental Purchasing (NIGP).

D’autres organismes offrent aussi de la formation qui puisse être éligible au

programme de certification professionnelle.

Ces deux programmes de certification sont aussi disponibles au Canada mais leur

désignation professionnelle demeure américaine. L’organisme NIGP possède

cinq divisions ou « chapitres » aussi au Canada afin d’assurer une certaine

présence et support au niveau du marché canadien. Notre organisation travaille

en étroite collaboration afin d’assurer un soutien complémentaire aux

professionnels en approvisionnement des marchés publics.

Bien que plus connues au niveau du Canada anglais il demeure que la pertinence

d’une désignation professionnelle en approvisionnement dans un contexte public

ou gouvernemental est selon nous un élément important à mettre en valeur. Dans

la poursuite de notre réflexion où nous croyons que les professionnels en

approvisionnement puissent apporter une valeur ajoutée dans le processus

d’appel d’offres, d’octroi de contrat et de suivi en cours d’exécution, l’obtention

d’une désignation professionnelle spécifique à ce champ d’expertise n’est qu’une

suite logique des choses. Il faut donc voir comment nous pourrions rendre un

programme similaire disponible ici dans un contexte linguistique différent. Nous

notons d’ailleurs une ouverture certaine de nos partenaires à cet égard.

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Il est évident selon nous que la poursuite d’une telle initiative peut indirectement

réduire les risques de collusion et de corruption. L’obtention d’une désignation

professionnelle de la sorte est, comme nous le mentionnions plus haut, rigoureuse,

difficile et demande beaucoup de temps et d’efforts pour les professionnels qui

souhaitent l’obtenir. Ceux-ci, en plus de recevoir de la formation sur les sujets liés

à la collusion et la corruption qui les préparent à mieux traiter avec ces

phénomènes, ne prendront aucune chance de perdre leur désignation

professionnelle pour avoir été impliqués dans des stratagèmes de la sorte. Ces

certifications sont d’ailleurs souvent des critères d’embauche dans plusieurs

organisations publiques américaines.

Favoriser et encourager l’atteinte des meilleures pratiques en matière

d’approvisionnement public

Dans un effort continu de reconnaître l’importance de la fonction associée à la

préparation des documents d’appel d’offres, d’octroi de contrats et de suivi de

ceux-ci, il nous apparaît logique de rendre cette démarche plus cohérente en

tentant d’encourager la mise en place des meilleures pratiques dans ce secteur

d’activité. La reconnaissance de l’excellence peut se témoigner de plusieurs

façons que ce soit à l’intérieur des organisations ou par des distinctions reconnues

à l’échelle provinciale ou nationale un peu comme le fait au niveau national

américain le National Procurement Institute (NPI) avec son Achievement of

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Excellence in Procurement Award (AEP) dont nous avons parlé précédemment. Il

y a eu cette année plus de deux cents entités publiques américaines de toutes

tailles qui ont soumis leur candidature pour obtenir cette prestigieuse distinction

reconnue partout aux États-Unis par les professionnels en approvisionnement

public. Ce nombre est en progression vu la volonté des organismes publics

américains d’atteindre les plus hauts standards en matière de pratiques

d’approvisionnement. Il s’agit aussi d’une opportunité de pouvoir obtenir de la

rétroaction et ainsi pouvoir poursuivre dans une perspective d’amélioration

continue des pratiques. En effet les organisations ont la possibilité de soumettre

leur candidature en se positionnant par rapport à plusieurs critères d’évaluation.

Le comité d’évaluation sur lequel siège le CCMP évalue ensuite les candidatures

en fonction de chaque critère et donne une rétroaction sur les mesures correctives

à prendre lorsque certains critères n’ont pas été rencontrés. Ceci devient donc

une riche source d’information pour les organismes publics leur permettant

d’améliorer continuellement leur processus d’acquisition.

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CONCLUSION Les pratiques en matière d’appel d’offres, d’octroi de contrats publics et de suivi

en cours d’exécution ont très certainement un impact sur les résultats associés

aux coûts d’un point de vue global pour les organismes publics. Nous espérons

que les éléments présentés dans le cadre de ce mémoire vous aideront dans le

cadre de vos recherches. Nous demeurons disponibles afin de bonifier certains

éléments que vous jugeriez plus pertinents d’approfondir. Nous croyons aussi

finalement qu’il est possible d’améliorer les façons de faire afin de réduire

significativement les risques associés aux phénomènes de collusion et corruption.

Nous ne pourrons jamais mettre les organismes publics complètement à l’abri de

ces phénomènes mais nous pouvons définitivement créer des conditions

favorables en exerçant une influence sur les éléments que nous sommes en

mesure de contrôler et c’est ce que ce mémoire tente de mettre en lumière.

En conclusion, nous tenons à vous rappeler que le CCMP tiendra cet automne du

27 au 29 octobre prochain à Montréal son Forum annuel sous le thème

« Ensemble pour un approvisionnement public éthique et responsable » qui

réunira des professionnels dédiés aux marchés publics provenant de tous les

paliers gouvernementaux répartis partout au Canada. Ils seront réunis afin de

parfaire leurs connaissances et échanger sur les meilleures pratiques au niveau

canadien. Dans la mesure où vous le jugeriez pertinent, il nous fera plaisir dans

le cadre de cet événement de vous aider à approfondir certains éléments de

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www.cppc-ccmp.ca 31

recherche en vous mettant en contact avec notre communauté de professionnels

et gestionnaires

Nous tenons finalement à vous remercier de nous avoir donné l’opportunité de

nous exprimer dans le cadre de vos travaux de recherche.

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François Émond

Directeur général

Conseil canadien des marchés publics