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N* 10 JANVIER / FEVRIER 1961 Belgique : 10 Frs. France : 1 N. Ft.

RHYTHM and BLUES panorama no. 10 (janvier/fevrier … · nement annuel gratuit. De plus tout nouvel abonné aura droit à une carte du R. & B. Club qui porte la photo du grand pianiste

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N* 10

JANVIER / FEVRIER 1961

Belgique : 10 Frs. France : 1 N. Ft.

EDtTOBlALNous aurions bien voulu au début de cette année 1961 n'avoir rien d'autre à fa i­

re qu'à vous souhaiter les bons vœux traditionnels et une ample provision de L. P.

Mais voilà . . . le bilan de R & B P. est nettement déficitaire. Alors quoi î Plier bagages ) Renoncer ï Non. Avec votre aide, la petite revue que vous trou­viez sympathique peut encore vivre et propager la bonne parole. Voilà donc pour­quoi nous avons porté la cotisation annuelle à 50 francs belges (5 N. F. ) et le nombre de numéros, à 6 par an. Notez que notre but n'est pas de réaliser un quelconque bé­néfice (s 'il en est un, il est uniquement et essentiellement d'ordre moral) et une pe­tite perte au bout du compte ne nous fait pas peur. Mais i l est néanmoins des limites à ne pas franchir. Aussi, avons-nous l'impudence (ou l'imprudence î . . . ) de croire que cette modique contribution ne vous fera pas hésiter à souscrire, tous tant que vous êtes, à un nouvel abonnement. Nous savons que les amateurs préfèrent (à juste titre) consacrer leur argent à l'achat de disques. Ils ont entièrement raison. Mais si l'on veut bien considérer que R & B P. est un bulletin "pas comme les autres", non commercial, dont le but est de renseigner, voire de conseiller et guider, cette pe­tite augmentation du tarif paraîtra excessivement minime. D'autant que le nombre de pages par numéro est plus élevé et que nous conservons l'ambition d 'am plifier et d'améliorer encore la présentation du R & B P. Alors, amis du ja zz, pour nous aider, diffusez la revue, faites-la connaître autour de vous, trouvez-nous des dépositaires et écrivez-nous vos suggestions, vos désirs et vos critiques. Vous qui dirigez desclnbs ou appréciez notre musique autrement que comme une musique à la mode, a idez- nous.

Pour rappel : tout membre qui nous fera parvenir 5 cotisations, recevra un abon­nement annuel gratuit. De plus tout nouvel abonné aura droit à une carte du R. & B. Club qui porte la photo du grand pianiste et chanteur de blues Memphis Slim.

Alors, donnez-nous un coup de main, contribuez au déploiement de la revue.

D'avance, nous vous en remercions 1

S e r g e T O N N E A U .

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Chers amis du B lues ,

Nous nous excusons du retard apporté dans la diffusion de notre bulletin, re- ) tard imputable aux grèves belges et à la perturbation qu'elles ont entrafhée dans la distribution du courrier.

Notre directeur, Serge Tonneau qui assure à lui seul la composition du R &B P. (gros travail qui occupe la totalité de ses loisirs) ne peut plus, malgré tout son dévouement, soutenir le rythme actuel. D'autre part, malgré notre désir de mainte­nir un tarif d'abonnement modique (dérisoire à notre époque, il faut l'avouer), mal­gré un nombre réconfortant d'abonnés et l'effort consenti par certains de ceux-ci qui, de leur proche chef, nous ont versé un abonnement de soutien (ce dont je les remer­cie), nous sommes contraints d'augmenter nos prix et de limiter les parutions à 6 nu­méros par an, étant entendu que le nombre de pages passera de 32 pages à 44 pages. Cette formule permettra à Serge Tonneau de respirer un peu entre chaque numéro. Quant à l'augmentation, elle s’explique en ce sens que nous n'avons aucun support publicitaire, contrairement aux autres revues spécialisées, nos ressources se limitant au produit des abonnements et pourquoi ne pas l'avouer, aux sacrifices financiers con­sentis par notre directeur. Il est donc évident que, tant que les firmes ne nous accor­deront pas leur aide matérielle, nous ne pourrons compter que sur vous tous, nous en­gageant, en contre-partie à améliorer la revue dès que notre trésorerie sera en excé­dent.

Nous n'avons pratiquement reçu que des encouragements ce qui laisse suppo­ser que R & B P. plaît à l'ensemble de nos lecteurs et ce qui nous engage à perséve- rer dans la même voie. Notre programme est-il trop ambitieux 7

Soyez-en juges :

1* - agrandir le cadre de nos collaborateurs (envoyez nous donc vos articles qui seront publiés s'ils sont jugés intéressants et surtout s'ils sortent des sentiers bat­tus, car le blues comporte de nombreux artistes méconnus).

2° - développer la bourse aux disques et revues. Notre désir serait de porter celle -c i à 4 ou 5 pages, ce qui aurait l'avantage d'une part, de permettre aux col­lectionneurs de trouver ou de revendre ce qu'ils désirent et, d'autre part, de nous procurer une petite aide financière supplémentaire (tarif d'insertion à la portée de tous).

3* - développer la rubrique discographies et d'essayer de faire un relevé aus­si complet que possible des 78 tours édités par des firmes spécialisées, telles que "Baltimore", "HJCA" , "F RS", "Ricisues", e tc ... (un appel particulier est lancé aux collectionneurs de ces marques).

4* - essayer de grouper les commandes de LP adressées aux U, S. A. et de vous les procurer ainsi, à moindres frais. Cela pose évidemment certains problèmes: longs

délais, versements de fonds par anticipation...

Tout cela ne peut se mettre au point qu’avec votre aide, mais d'ores et déjà, je me permets d'insister pour que vous vous réabonniez au plus vite et m'adressant à ceux qui ont eu l'avantage de bénéficier du tarif d'abonnement à 2 N. F. (20 Frs bel­ges) qu'ils n'attendent pas la réception de la totalité des 9 numéros qui leur sont dus, abandonnant ainsi une partie de leurs droits, pour se réabonner au nouveau tarif. Je propose également aux abonnés récents de leur procurer les n* 4, 5, 6, 7, 8, et de faire débuter ainsi leur abonnement avec le n* 4 (les n* 1, 2 et 3 sont épuisés). Je m'excuse d'employer ces méthodes peu conformes aux principes, mais, pour chacun, l'effort demandé reste minime alors que pour Serge Tonneau et moi-même, il sera, émanant de vous tous, une aide précieuse qui nous permettra d'assurer longue exis­tence au Rhythm' and Blues Panorama.

Quant aux collectionneurs, à eux de juger s'ils désirent voir se développer une rubrique qui n'existe dans aucune autre revue, tant en Belgique qu'en France. A ce sujet, je précise que je désire rester dans les tarifs les plus corrects et qn'iJs n'est pas question de proposer des disques à des tarifs prohibitifs, ni de tricher sur l'état des dis­ques, le bulletin ne servira d'ailleurs que d'intermédiaire et chacun devra faire sui­vre son annonce de ses noms et adresse.

J'espère que vous comprendrez tous que notre principal désir est d'aider l ’ ama­teur de blues et le collectionneur et que nous ne pourrons le faire qu'avec votre étroi­te collaboration.

Je vous en remercie à l'avance.*

René RAMEL £, J. C. France.

Ami lecteur de R & B P ., connaissez-vous le bulletin HCF ?

Depuis 10 ans le HCF défend la véritable musique Jazz. Grâce à lui le "barrage" a été dénoncé.

Le HCF vous donnera tous les renseignements sur les disques nouveaux français, anglais, américains. Le HCF vous parlera de ceux que l'onne cite jamais dans les revues dites "spécialisées,,

Aidez la cause du vrai Jazz en vous abonnant.

Mensuel : 1,50 NF (Etranger 2 N.F. )Abonnement annuel : 13,50 NF (Etranger 20 NF).

Rédaction : Hugues PANASSIE65, Fbg du HOUSTŒR à MONTA UBAN (Tarn et Garonne) C. C. P. : 390. 45 - Toulouse.

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"A PROPOS DU DERNIER LP DE MEZZROW"

Disque Vogue LD 51830 - 33 tours 30 cm. Groupant :STRUTTIN' WITH SOME BARBECUE - FIVE OR FIVE TIME - CARELESS LOVE - SWINGUIN WITH MEZZ - BLUES DES ANNEES VINGT - OLD FASHONED LOVE sut une face. ROSE ROOM - COQUETTE - JUNGLE BELLS - BIG BUTTER AND EGG MAN- CLARINET MARMELADE - BLACK AND BLUE au verso.

Cet album a le mérite de grouper de nombreux chefs d'œuvre qui viendront combler de fâcheuses lacunes dans les discothèques, mais, n'eût-il pas mieux valu publier les microsillons d'origine en entier ? Microsillons que nous recherchons tous " frénétiq ue ment

Quelques critiques progressistes n'hésitent pas à dénigrer Mezz en espérant que le public lui tournera le dos. Mais les jeunes amis du jazz savent où se trouve la vé­ritable musique et il suffit d'assister à un concert de Mezz pour se rendre compte que les seuls mécontents sont aussi les ennemis du swing. Au lieu de vous reproduire les p£les élucubrations de l'un de nos "spécialistes" nous avons pensé que Pops aurait un avis plus direct sur la question.

D a n i e l CORBEL.

(traduit par Madeleine Gautier).

Je veux parler ici de deux hommes, l'un blanc et l'autre noir, qui avaient tous deux le même cœur généreux lorsqu'il s'agissait de rendre les gens heureux. Joe Oli­ver n'hésitait pas à se mettre en quatre lorsqu'il y avait un jeune à aider : il lui ex­pliquait les choses, les situations, aidant les malchanceux aussi bien pour les choses de la musique que pour celles de la vie quotidienne, e tc ., alors que les grands ‘cracks", quand j'étais gosse à la Nouvelle-Orléans, n'avaient jamais le temps ou

plutôt ne voulaient pas se donner le mal de nous aider, n'ayant la patience de rien supporter de la part des jeunes. Eh bien, Mezz Mezzrow - il a toujours été "Mezz" pour ses disciples, tels que moi et tant d'autres, qui l'aiment comme je l'aime moi- même - Mezz me fit l'e ffet dès la première fois que je le vis (c'était dans le South Side, au début des années 20, quand ça boumait ferme à Chicago) d'une sorte de dieu envoyé ici-bas de Harlem pour servir, pour prouver qu'il y a sur cette terre des

êtres vraiment humains i un m i homme tout frais démoulé, tel m'est apparu ce vieux Mezz.

Il y a quelque chose chez lui qui, dès notre première rencontre, me fit sentir parfaitement à l'aise avec lui, détendu, "chez mol”. Dans ses yeux, i l y a la même chaleur que dans les yeux de Joe Oliver. Ensuite, bien sûr, i l s'est écoulé du temps entre le moment où je l ’ai connu à Chicago et celui oh je l'a i retrouvé ; c'était à Broadway à l ’époque de l'immense succès de la revue Connie's Hot Chocolatés. Le spectacle était accompagné par l'orchestre de fosse - dont je faisais partie - celui de Leroy Smith, un très bon groupement. My, myl il savait enlever un spectacle cet orchestre de Leroy, et comment ! C 'était en quelque sorte un bonheur de faire partie d'un te l groupement, car Leroy était célèbre à l ’époque. Et juste avant le lever du rideau, après l ’entracte, c'était moi qui jouais et chantais AJIN’T MISBE- HAVIN, dont c ’était la création.

Quand je connus Mezz et sa clarinette, i l était flanqué de tout le groupe des jeunes de l'Austin High School de Chicago qu'il trafiiait dans le South Side de caba­ret en cabaret. Ayant eu la veine d’être pilotés par Mezz, tous ces jeunes ont natu­rellement pigé le jazz en vitesse et se sont ainsi trouvés un peu en avance sur ceux de leur génération. C'est que Mezz leur enseignait jusqu'au moindre iota, je veux dire par là qu 'il leur expliquait patiemment chaque coup de la batterie, les riffs du piano, les changements harmoniques des blues et jusqu'à la plus minuscule phrase susceptible de leur être utile, à tous ces petits gars de l'Austin High School. Et Mezz, ce merveilleux musicien de la grande époque, de la vieille époque dont je suis moi-même, de cette épcque où nous prenions tous la musique au sérieux. Mezz avait beaucoup à leur apprendre; et i l le leur apprit, croyez-m oi Je ne citerai pas leur nom, car tous ces jeunes dont je parle savent leur nom, n’est-ce pas ? Et tous ces gamins sont restés accrochés aux basques de Mezz pendant des années, bien après la fin de leurs études, une fois arrivés à l'£ge d'homme. Iis sont d'ailleurs devenus des hommes remarquables et des musiciens de premier plan. Et Mezz s'était telle­ment intéressé à eux, ces jeunes, il avait tant fait pour eux, qu'il avait fini par mettre sa clarinette au rancart pour leur consacrer tout son temps.

A l ’époque, Mezz jouait déjà fort bien de la clarinette et était l'éga l des meilleurs : les John y Dodds, Lawrence Oewey, Jim mie Noone, tous des FORCES sur la clarinette, qui venaient d'arriver à Chicago et soufflaient le tonnerre. Tous furent hautement appréciés par Mezz - et par la plupart des anciens. Mezz les a tout de suite repérés et comment 1 Johny Dodds, Jimmie Noone, et les autres n 'étai­ent pas arrivés à Chicago depuis une journée que Mezz s'installait avec eux et, com­plètement déchafhé - comme il l'a toujours été - déversait dans sa clarinette des torrents de merveilleux blues. En fait, c'est de là que vient le titre de son livre, "Really the blues” ("La Rage de Vivre"). Sapristi, quel beau morceau i l a écrit là l C'est bien simple, c'est son cœur que Mezz a versé à profusion dans ce livre, ce cœur dont CHAQUE PULSATION EST DE L'OR. Tout ce que Mezz dit dans son livre ne peut être que la vérité ; on ne peut pas écrire un "Really the hlues" sans en avoir vécu intensément chaque minute. En lisant ce livre on croirait entendre quelqu'un chanter.

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Dans les années qui ont suivi, nous avons eu maintes occasions de parler de choses sérieuses, M ezz et moi, notamment lorsque je l 'a i invité à me suivre dans une grande tournée de théâtres à New-York, Baltimore, Philadelphie, Washington et re­tour à New-York. C ’était un spectacle de Mvaudeville” auquel participait l ’orchestre. M ezz avait accepté de me suivre en tant que conseiller légal et musical, car il sa­vait l ’estime que je lui portais, et la chère amitié qui nous liait. Aucun rapport avec ces jeunes dont je viens de parler ; une fois que M ezz leur eut tout sacrifié, ils lui tournèrent le dos et se comportèrent vis-à-vis de lui comme des reptiles. Et aujourd’ hui tous sont devenus célèbres - quelques-uns sont même riches. Non pas que Mezz soit pauvre : i l a su être prévoyant et garder de quoi faire face aux heures difficiles» aux jours sombres, aux "rainy days", comme on dit.

Tenez, je connais deux musiciens noirs célèbres qui sont à Paris en ce moment. Eh bien, ils se détourneraient de leur chemin pour éviter de rencontrer Mezz, te lle­ment ils ont eu peur d'avoir à reconnaître leuirs torts vis-à-vis de lu t Et ils vont ra­conter partout de vilaines choses sur le grand M ezz, Moi, je tiens à dire qu® tous Sas moments que j 'a i passés avec M ezz, je m 'en souviens avec joie. Tenez, par t e m p le » le jour où j 'a i enregistré "Hobo you can't ride îhis train” (je parle du plus célèbre de tous les ”hoboes" dam ce disque) j 'a i demandé à tous les gens qui se trou­vaient dans le studio V ictor ce que c 'é ta it qu'un "hobo9*. Personne ne le savait, Alors je suis a llé à M era qui était en train de parler au Directeur de chez Victor et je lui a i demandé D is donc, Daddy M ezz, quel est le plus célèbre des ^hoboes” 2 Tout traa^uülemeat, M ess m 'a répondu "C ’est "A -N * l w (Hobo : vagabond, celui qui voyage en "brûlant le dur", "A -N # 1" est le nom du plus célèbre vagabond des Etats- Unis» Ancien m illionnaire, i l distribua sa fortune pour vivre libre et sans contrainte, seloiK la sature}. Vous voyez hein 1 Pour m o! - et pour des milliers de gens sur la terre - M ezz , c'est l'hom me qui sait tout; et i l en était de même de Joe Oliver.

M ezz, maintenant, joue à nouveau de la clarinette à la tête d ’un orchestre, et m oi, Satchmo, je dis :

"V IVE M E Z Z R 0 W ET JOE OLIVER t *

ooOoo==--

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BIG BILL B R O O N Z Y

"Blues with Big Bill Broonzy, Sonny Terry, Brownie Me Ghee'' - 33 tours 30 cm - Folkways FS 3817 - 7/10.

KEY TO THE HIGHWAY - RED RIVER BLUES - CROW JANE BLUES - WILLIE MAE - DAISY - LOUISE - SHUFFLE RAG - BLUES - BEAUT1FUL CITY - I ’M GONNA TELL GOD HOW YOU TREAT ME - SINNER MAN - WHEN THE SAINTS GO MARCHIN’IN.

Ce LP groupe des enregistrements respectifs de Big Bill Broonzy : WILLIE MAE- SHUFFLE RAG - SINNER MAN; de Sonny Terry : CROW JANE - LOUISE - BEAUTIFUL CITY - et enfin : de Brownie Me Ghee : RED RIVER BLUES - DAISY - I'M GONNA TELL GOD HOW YOU TREAT ME. Ces trois artistes sont réunis dans : KEY TO THE HIGHWAY - BLUES et WHEN THE SAINTS GO MA RCHIN ’IN. Enfin des interviews par Studs Terkel sont spécialement assemblées sous les sujets suivants : WHAT ARE THE BLUES - TAKE ON THE BLUES et TAKE ON THE SPIRITUALS.

A la lecture de la composition de cet album, vous avez pu constater les va­leurs assez hétéroclites qu'il représente. Chaque musicien interprète trois thèmes, puis ensemble ils en jouent trois autres. De plus, par-ci, par-là, ils discutent et ré­pondent à des questions posées par Terkel, On se demande pourquoi Folkways a éla­boré ce mélange "style jam-session" pas tellement heureux. Evidemment, au point de vue commercial, cela pourrait être fort alléchant: Faut-il, sous ce rapport rap­peler la popularité de ces trois bluesmen qui sont pratiquement les seuls à être venus en Europe. -Encore que Big Bill séjourna longtemps en Belgique et en France, tandis que Brownie Me Ghee-Sonny Terry ne dépassaient pas la Grande-Bretagne. Mais fa­veur du public ne signifie pas forcément grand talent, et si l'audition du tandem Me Ghee-Terry reste agréable (et doit avoir maints attraits sur scène), on ne peut pour autant les hisser au niveau d'un Big Bill Broonzy, assurément supérieur.

Brownie Me Ghee est certes un bon guitariste, mais ses dons sont tout de même plus limités que ceux d ’iin Big Bill, d'un Hopkins (pour ne rien dire des Blind Lemon Blind Blacke). Sonny Terry possède, lui, bien des qualités, malheureusement il est fort inégal et un emploi abusif de clichés rendent parfois ses prestations assez ampou­lées. En outre, on n'a pas toujours l'impression de se trouver en présence d'un authen­tique représentant du blues, mais plutôt d'un spécialiste du folklore américain, étant donné certains effets cow-boy de son jeu. Ces réserves faites, force m'est de recon­naître qu'il montre parfois un mordant et un sens du blues qui semble plus évident

dans ce recueil que dans la masse des disques qu'il a gravés ces dernières années.

C'est donc Big Bill qui fournit les séquences les plus palpitantes avec les inté­ressantes versions de WILLIE MAE et SINNER MAN; SHUFFLE RAG est un swinguant solo de guitare sans vocal. KEY TO THE HIGHWAY et BLUES émergent des autres morceaux tant par le swing des trois musiciens que par la partie vocale largement as­surée par Bill. En effet, c'est lui qui chante entièrement KEY TO THE HIGHWAY sur un beau contrechant d'harmonica de Sonny Terry, tandis que le chant de BLUES met alternativement en vedette Brownie Me Ghee, Bill, Sonny Terry, puis à nouveau Big Bill. Ic i aussi les phrases d'harmonica sont d'excellente venue et le swing des deux guitares, plein de relief. Je regrette vivement qu'on ne les ait pas enregistrés davan­tage ensemble, malgré que leur dernier morceau WHEN THE SAINTS GO MARCHIN' IN n'ait pas la même classe.

Brownie Me Ghee interprète plaisamment DAISY et RED RIVER BLUES qui est d'ailleurs fort court, mais son l'M GONNA TELL GOD HOW YOU TRAET ME me pa­rait trop maniéré et sophistiqué. De son côté, Sonny Terry reste égal à lui-méme dans CROW JANE BLUES et BEAUTIFUL C ITY , cependant que LOUISE souffre de l'in ­évitable comparaison avec les nombreuses et transcendantes versions que nous a lais­sées Big Bill.

En résumé, un recueil qui ne manque pas d'intérêt, d'autant que l'enregistre­ment est de première qualité. Je vous conseille donc de l'écouter attentivement, car on y entend le regretté Big Bill Broonzy, ce qui ne peut laisser indifférent un vérita­ble mordu du bines.

C H A M P I O N J A C K DUPREE

33 tours 30 cm. Storyville SLP 107 - 9/10.

ROLL ME OVER AND ROLL ME SLOW - DAYBREAK STOMP - THAT'S ALL RIGHT - REMINISCIN' WITH CHAMPION JACK - I HA D A DREAM - HOU SE RENT PARTY - SNA PS DRINKING WOMAN - ONE SWEET LETTER FOR YOU - JOHNSON STREET BOOGIE WOOGIE - MISERY BLUES - WHEN THINGS GO WRONG - NEW VICKSBURG BLUES.

Parmi les noms qui envahissent depuis quelque temps le marché du blues, ce­lui de Champion Jack Dupree est souvent à l'honneur. Nous l'avons trouvé dans le microsillon 25 cm Atlantic 332005, dans le "Jazzorama n* 3" (RCA 430. 279), il par­tage aussi un LP américain avec Jimmy Rushing (Audio Lab AL 1512) et le revoici dans douze solos de piano gravés en janvier 1960 à Copenhague. Dans ses gravures an­térieures Jack Dupree s'affirmait bon pianiste de blues dans la lignée de Leroy Carr, mais à ma connaissance, il n'avait jamais approché d'aussi près la perfection, que lors de cette séance danoise, qui représente probablement ce qu'il a fait de mieux jusqu'à présent. Elle y recèle un petit chef d ’œuvre de l'art noir en REMINISCIN'

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WITH CHAMPION JACK où sur un tempo lent, lown down à souhait Jack Dupree re ­late de savoureux souvenirs sur Big Bill, Tampa Red (et son chien 111), Memphis Slim, Leroy Carr et Scrapper Blackwell, MISERY BLUES autre blues lent me parait d'une qualité comparable; c'est le genre de morceau qui empoigne l'auditeur et qui ne le ISche que lorsqu'il est terminé. I l y a encore de beaux blues lents d'une pureté exemplaire DAYBREAK BLUES - ONE SWEET LETTER FOR YOU - NEW VICKSBURG BLUES. Et tout au long de ces faces, son intelligence du blues est réellement remar­quable et n'aurait pas été désavouée par le plus renommés bluesmen. Entendons-nous bien, Jack Dupree n’exprime pas le blues pesant à ras de terre comme les Joshua Al t- heimer, Memphis Slim (et ce n'est pas une réserve mais une constatation) mais bien le blues citadin comme Leroy Carr.

Cette parenthèse fermée, intéressons-nous à nouveau aux blues lents pour anno­ter que le ONE SWEET LETTER FOR YOU de Dupree est un classique blues et n'offre aucun rapport avec la mélodie du même nom parfois jouée en jazz.

JOHNSON STREET BOOGIE WOOGIE est une version très personnelle et vigou­reuse de la célèbre composition de Pine Top Smith : PINE TOP S BOOGIE WOOGIE. Certaines des phrases qu 'il joue ne sont d'ailleurs pas sans rappeler Pine Top Smith,

Ses vocaux tantôt parlés, tantôt chantés, sont d'une aisance stupéfiante; rien de forcé là-dedans, qu'il se présente (ROLL ME OVER AND ROLL ME SLOW), qu 'il décrive une house rent party (HOUSE RENT PARTY) ou qu 'il chante l'amusant SNAPS DRINKING WOMAN, i l reste parfaitement simple et naturel.

JOHN LEE HOOKER

"That's my Story" - 33 tours 30 cm, Riverside RLP 12-321 - 8,5/10.

I NEED SOME MONEY - COME ON AND SEE ABOUT (* ) - IM WANDERIN' - DEMO- CRATIC MAN (#) - I WANT TO TALK ABOUT YOU - GONNA USE MY ROD - WEDNESDAY EVENIN'BLUES - NO MORE DOGGIN* - ONE OF THESE DAYS - I BE- LIEVE I ’U GO BACK HOME - YOU'RE LEAVIN’ME, BABY - THAT'S MY STORYC).

John Lee Hooker -g. & vocal. Sam Jones -b, Louis Hayes -dms,(* ) John Lee Hooker - g. & vocal.

New-York, 9 février 1960.è •• • •

"The Country Blues o f John Lee Hooker" - 33 tours 30 cm. Riverside RLP 12-838 -9.5/10.

BLACK SNAKE - HOW LONG BLUES - WOBBLIN' BABY - SHE'S LONG, SHE'S TALL,SHE WEEPS LIKE A WILLOW TREE - PEA VINE SPECIAL - TUPELO BLUES - I'M INPRISON BOUND - I ROWED A UTTLE BOA T - WATER BOY - CHURCH BELL TONE - BUNDLE UP AND GO - GOOD MORNIN', LITTLE SCHOOL GIRL - BEHIND THE PLOW.

John Lee Hooker - g. & vocal. - Détroit, avril 1959

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L'engouement que le public manifeste actuellement pour les véritables blues­men a pour heureuse conséquence, la publication de nombreux recueils consacrés à cet art. C'est là un fait d'une Importance capitale si l'on songe qu'il y a un an ou deux, on n'avait presque rien à se mettre sous la dent. En sus, les malheureux 45 tours ou 78 tours qu'on parvenait à grand peine à importer des U. S. À, étaient loin d'être toujours techniquement parfaits. Et voilà que „ maintenant, des firmes se met­tent à sortir des LP de blues qui bénéficient de tous les avantages de la technique ac­tuelle. Nous avons eu le cas avec Lightnin' Hopkins et ses nombreuses et excellentes parutions. C'est maintenant au tour d'un antre bluesman, tout aussi primitif : John Lee Hooker. Lorsqu'on a affaire à de tels interprètes, il ne peut être question d'être déçu, surtout si la firme leur laisse une certaine liberté d'action. Dans tel cas, vous aures un résultat identique à ceux qui ont été obtenus avec Hopkins ou avee ces ré­cents Hooker. De tels albums expriment continuellement le même slimat et ont tout le temps d'imprégner l'auditeur de ce ”œo®d’' si particulier au blues. "Mocd” qui agit comme une drogue, vous obligeant à écouter votre ration journalière de musi­que- mais comme ans drogue bienfaisante qui vous sost de tontes les vilenies de la vis mederne. Dès qæe John Lee touche sa geitare, tout s'efface peœ faire place au bï'Aei dans tonte sa pureté, pas besoin de beaæc accords ou d'harmoBisê savantes tou? jæ îe bons à séduise superficiellement Non, avec de? moyens très simples qui remon­tent au fond des temps : une guitare et ane vois;, il nous entraîne à sa suite dans an monde merveilleux exempt de conventions et de fasœ senîlnasataJArxm, sjn'awsen blane, es dép!* de toute .culture prétendue, n'a jamais pu reproduire!

John Les Hooker partage nsaf des vingt-cinq thèmes avec deux ascompag&a- ïsses ; Sam Jones =b. et Louis Hayea -dm$,, heureusement as&sss discrets eî guère gfmaæîSb C'sst cspeædaæs le présence de ces dessx musiciens qui incise à accæder ■Me cote pins flatteuse au microsillon ”Tk# Counîry Hess of John Lee Hooker" dans SeqEeî il est seul. »

Grâce à on enregistrement parfait, on peut joui? de toutes les nuances et de &&SS le» Imonatisas de sa voix. Son chant nerveu.*, entremêlé d® mjsrœæea, sa

téfk h ïtm gt expressive aboutissent œnttoueUemeaï aux racine* du Bises le pins .rcsîfegsjîSqïss,, 5a guitare sonne avec un relief saisissant et on peut à loMs détailler «oæ jeu fait de violents contrastes. Ceux-ci sont causés par des phrases évoquant pas- fois les basses que développent certains pianistes de blues et de boogie wo@gie, entre­coupées d'accords violents que Hooker produit en fouettant subitement le$ cordes de son isBE>t£pm?ent. Tokî cela doane à son style un sàraêïère plus martelé et plus accsn- •iaé ?,e!ui d « la plupart, des autres gufearistes de blues,

',s RLP 12-638 (où i l est seul) je discerne particulièrement une spkndide sérfî 1e tempos ienîs : BLACK SNAKE - HOW LONG BLUES - l'M IN PRISON BOUND (Sii guitare y à des inflexions émouvantes) ~ S ROV/ED A UTTLE BOY où sa voix peu travaillée et son jeu de guitare quasi humain se rejoignent pour fournir une complain­te d 's plus prenantes) - WATER BOY (r-hant de travail du domains des "chàin-gang"- $ELL TONE (plein d'effets véhéments au début et qui se termine d'une

■'•ers trc ufolante) - BEHÎN THE PLOW et surtout TUPELO BLUES, blues ultra low-

ndown essentiellement parlé avec réponses de guitare après chaque phrase parlée. Il y a aussi des morceaux plus vifs : WOBBLIN'BABY - PEA VINE SPECIAL - GOOD MOR- NIN'. LI'L' SCHOOL GIRL - SHE’S LONG, SHE'S TALL, SHE WEEPS LIKE A WILLOW TREE animés d'une fascinante partie instrumentale.

Après Lightnin ’Hopkias (Tradition TLP 1040); voici que John Lee Hooker à son tour grave une version du thème de Tommy Me Clennan : BOTTLE IT UP AND GO. Dans le Tradition le titre était devenu : BOTTLE UP AND GO et ic i il s'est transfor­mé en BUNDLE ÜP AND GO.

L'autre disque (RLP 12-321) contient aussi de bien beaux blues lents et en tout premier lieu les treis merveilleux titres où il est seul : COME ON AND SEE ABOUT - DEMOCRATIC MAN - THAT’S MY STORY, Ainsi que I ’M WANDERIN' (rageur) - I WANT TO TALK ABOUT YOU (lancinante partie instrumentale et vocal "méchant")- GONNA USE MY OWN (ic i Hooker emploie ua style plus récitatif, tout en jouant une ensorcelante partie de guitare bâtie su? un simple riff qui revient constamment; c'est fou le climat tendu que celà engendre) - WEDNESDAY £ VENIN ’BLüËS (sur ce merveilleux et émouvant blues lent, il joue des phrases qui ne détonneraient pas dans l'interprétation du blues au piano) - ONE OF THESE DAYS (empreint d'un intense fee- ling) - IBELIEVE l'LL GO Ba CK HOME (aussi prenant que le précédent, mais je ne sais si c'est une idée, mais l'accompagnement me paraît plus embêtant que dans les autres titres) - YOU'RE LEA VIN' ME, BABY (aussi beau que n'importe laquelle de ces plages, admirablement interprété par Hooker).

I NEED SOME MONEY et surtout NO MORE DOGGIN ’ appartiennent à des genres plus emportés mais tout aussi excellents.

Mais i l y aurait tellement à dire sur cette musique qu'il vous faudra plusieurs auditions pour appercevoir toutes les beautés qu'elle recèle. Pour ma part, j'en suis à ma cinquième audition consécutive et je suis toujours aussi emballé. Si vous aimez le blues, procurez-vous sans tarder ces recueils et si le blues vous est étranger, ache­tés-les quand même et par leur intermédiaire, apprenez à aimer le blues, cette mu­sique si merveilleuse que c'est presque un miracle qu'elle existe au 20ème siècle.

JOHN LEE HOOKER

33 tours 30 cm. Crown CLP 5157 - 9/10.

BOOGIE CHILLUM - I'M IN THE MOOD - CRAWLING KING SNAKE - QUEEN BEE - HOBO BLUES - WEEPING WILLOW - COLD CHILLS - HOOGΠBOOGIE - WHISTLING AND MOANING - SALLY MAE - HOUSE RENT BOOGIE - ANYBODY SEEN MY BABY.

Hollywood, 1948-49.

La marque américaine "Crown" connue pour la vente de ses LP au prix incroya­blement bas de $ 1. 95, mais dont, hélas la reproduction n'est guère fameuse, sort

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depuis quelques temps une série de blues records, absolument sensationnelle (John Lee Hooker, Elmore James - et, dans une moindre mesure, de nombreux B. B, King),

C'est ainsi que nous lui devons un 33 tours de John Lee Hooker. Lequel 33 tours groupe douze faces parues sous l'étiquette "Modem Hollywood” dont la valeur et.., la rareté sont unanimement reconnues des amateurs. Comme il fallait s'y attendre, l'original sur 78 tours est techniquement supérieur. Cependant il n'y a pas de caren­ce grave à déplorer et c'est donc sans réserve que je vous le recommande, d'autant que la musique en est incomparable. Seul, COLD CHILLS est vraiment faible. Le I'M IN THE MOOD dans lequel on entend deux parties vocales de John Lee - par le procédé du re-recording - me parait légèrement inférieur à la version récente du Top Rank RLP 103. Le reste contient plusieurs chefs d'œuvre pouvant être classés dans les cinquante ou cent meilleurs disques de blues.

John Lee Hooker joue un boogie-woogie intitulé BOOGIE CHILLEM sur tempo moyen. Combien sobrement, il se sert alors de sa guitare, accompagnant des phrases tantôt chantées, tantôt parlées.

HOBO BLUES doit être un de ses blues favoris; il le cite trop volontiers, WHIST - LIN' AND MOANIN', autre blues lent, ne comporte aucune parole, simplement une mélopée murmurée ou sifflée.

Et lorsque je vous aurai dit que Hooker se fournit un soutien rythmique en frap­pant du talon sur le sol, vous aurez une faible idée de l'atmosphère que dégage l'au­dition de cette musique.

HOOGIE BOOGIE - HOUSE RENT BOUGIE sont aussi des boogie woogie en tempo vif. Le premier ne contient pas de vocal, tout au plus John Lee Hooker s'encourage- t- il de la voix et crée parfois de véritables solos avec les pieds, solos qu'il ponctue encore de claquements de doigts. La partie instrumentale est constituée de riffs lan­cinants qu'il développe, répète et étaye d'accords cinglants.

SALLY MAE - ANYBODY SEEN MY BABY et QUEEN BEE BLUES sont des blues lents qui ne le cèdent que de peu aux premières plages citées.

En terminant, je vous signale que deux de ces titres furent autrefois publiés par la marque Vogue : WHISTLIN' AND MOANIN' et HOOGIE BOOGIE (Jazz Selection 762 ou en Angleterre Vg V 2101).

ELMORE JAMES

‘Blues after Hours" - 33 tours 30 cm - Crown CLP 5168 - 9/10.

DUST MY BLUES - SUNNYLAND - MEAN AND DEVIL - DARK AND DREARY - STAN­DING AT THE CROSSROADS - HAPPY HOME - NO LOVE IN MY HEART FOR YOU - BLUES BEFORE SUNRISE - I WAS A FOOL - GOODBYE BABY.

Pour beaucoup d'amateurs de blues, Elmore James n'est pas un inconnu. Plu­sieurs revues ont déjà cité son nom et, notamment, "Jazz 58" dans son numéro de

janvier 1958 où Yannick Bruynoghe relatait son séjour à Chicago et écrivait ; "Elmore James joue de la guitare avec un tube métallique au petit doigt de la main gauche (le "bottle-neck" perfectionné) et chante, accompagné par la petite formation clas­sique : saxophone-ténor, piano, deuxième guitare et batterie. C'est une musique lan­cinante, qui ne cesse pas un seul instant de dégager un maximum de swing, et ses blues lents (assez rares) sont très émouvants".

Hélas, pour la plupart des blues fana attachés au continent, il était très d iff i­cile de se procurer des œuvres de ce chanteur et guitariste. Louons donc le Saint pa­tron des marques de disques et des fervents du blues qui a permis qu'un microsillon entier soit consacré à Elmore James. Je safe, les "Crown" ne bénéficient pas de la reproduction Hi-Fi et les esprits chagrins remarqueront entre les plages un grattement assez prononcé! Mais, que voulez-vous, mieux vaut avoir un enregistrement impar­fait que rien et aucun défaut vraiment sérieux ne vient troubler le plaisir de l'audi­teur à l’écoute de ces faces. C e lle -c i sont d'origine "Flair” et devraient dater des années 1953-55. Cette musique est un profond stimulant et tout à fait conforme à la description qu'en avait faite Yannick Bruynoghe dans sa revue. Elmore James chante lui-même de façon sauvage, emportée, avec des phrases arrachées, tout en s'accom­pagnant à la guitare électrique. Le "bottle-neck" qu 'il utilise lui permet d'exécuter d'impressionnants glissandos de syle hawaiten, comme dans GOQDBYE BABY. Un seul de ces dix titres ne casse rien : NO LOVE IN MY HEART FOR YOU qui se déroule pres­que continuellement sur un rythme latino-américain. DUST MY BLUES, grand best seller parmi les noirs et dont STANDING A T THE CROSSROADS est une seconde ver­sion, contient une admirable partie de guitare et de piano. Nous retrouvons ordinai­rement ces qualités dans tous les titres dont mes préférés sont : BLUES BEFORE SUN - RISE - I WAS A FOOL - GOODBYE BABY - DUST MY BLUES et SUNNYLAND, un blues lent de derrière les fagots.

Croyez-moi, commandez vite ce disque, commandez-en même deux exem ­plaires, car si vous aimez le blues, le vôtre sera vite usé. Puis, la pochette est te l­lement agréable à regarder et pourra éventuellement servir à décorer votre chambre !

MEMPHIS SL IM

"Songs of Memphis Slim and Willie Dixon" - 33 tours 30 cm. Folkways FA 2385- 8/10.

JOOGIE BOOGIE - STEWBALL - JOHN HENRY - KANSAS C ITY N° 1 - KANSAS CITY N* 2 - KANSAS CITY N* 3 - HAVE YOU EVER BEEN TO NASHVILLE, PEN î - ROLL AND TUMBLE - BEER DRINKING WOMAN - CHICAGO HOUSE RENT PARTY - 44 BLUES - UNLUCKY.

Les amateurs qui, au mois de septembre, ont assisté au merveilleux concert de Memphis Slim à Anvers, retrouveront avec plaisir la même atmosphère tout au long de ce microsillon. Pourtant, notable différence, Memphis Slim est accompagné ici par son partenaire musical habituel : le contrebassiste Willie Dixon, lequel tire de

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son intrument des sons volumineux, feutrés, amples qui ne sont pas sans évoquer son ancienne carrière. Car - pour ceux qui l'ignorent - Willie Dixon est un ancien boxeur. IIl a une carrure impressionnante et gagna en 1940 le "Gant d'Or" qui est la plus gran­de consécration des boxeurs amateurs aux U. S. A. A partir de 1943, Dixon a enre­gistré pas mal de disques à Chicago en tant qu'accompagnateur de nombreux artistes de blues : Muddy Waters, Eddie Boyd, Otis Rush, etc.,. Ce qui signifierait que le bassiste des "Aristocrat-Chess" de Muddy Waters n'est pas continuellement Big Craw­ford selon les discographies, mais bien Crawford dans les premiers et Dixon par la suite. Cette méprise a pu être commise d'autant plus facilement que Dixon joue dans le même style que Big Crawford, Crawford étant probablement un des premiers contrebassistes de blues à avoir donné une telle sonorité à l'instrument.

Dans presque tous les thèmes, Memphis Slim chante. Et je dois avouer à ce propos que je golîte bien mieux son chant à présent. Il y a à cela, je pense, deux raisons ; d'abord son chant est plus fidèlement rendu que dans la plupart de ses enre­gistrements; puis, le fait de l'avoir vu et entendu en réalité m'a permis d’apprécier davantage sa voix belle, forte et bien timbrée, par malheur souvent appauvrie en disques.

Comme lors du concert d'Anvers, Memphis Slim dédie trois morceaux à Kan- sas City, succèssivement "KANSAS CITY BLUES” , une composition de Jim Jackson, "PINEY BROWN BLUES" de Pete Johnson-Joe Turner et enfin, du pur R.& B. avec le thème de Little Littlefield (et non "Love W illie Loverfield" si l'on se rapporte à la notice). Les Anversois qui, le 15 décembre, ont assisté à la présentation de "blues records" par Yannick Bruynoghe ont pu comparer les originaux des deux premiers ti­tres. Dans les KANSAS CITY, Memphis Slim suit d'assez près les modèles. Pourtant cela sonne autrement; vous pouvez d'ailleurs aisément le vérifier avec PINEY BROWN BLUES qui existe dans le commerce (45 tours Brunswick 10.602). Portez toute votre attention sur la partie de piano de Pete Johnson (un des plus brillants pianistes de blues qui soit) et vous constaterez qu'avec les mêmes moyens, sans rien changer, Memphis Slim transforme PINEY BROWN BLUES en lui conférant un cachet plus pri­mitif, de la même valeur, bien que tout à fait différent de la création de Pete John­son. Dénonçons en passant deux nouvelles erreurs dans le livret qui accompagne tous les Folkways et qui mentionne au sujet de cette plage : FRIDAY BROWN composé par . . . Big Bill Broonzy 11 !

Parmi les pièces contenues dans cet album, je mentionnerai aussi bien volon­tiers :

- JOOGIE BOOGIE qui (comme le laisse supposer son titre) est un boogie woogie(sans vocal) en tempo moyen-vif avec une solide pulsation de Willie Dixon.

- ROLL AND TUMBLE et 44 BLUES dont vous connaissez peut-être les versions conte­nues dans le premier LP Folkways (FG 3524). Mais l'adjonction d'un bassiste et la partie vocale et instrumentale de Memphis Slim modifient profondément ces blues, leur donnant un tout autre cachet.

- Enfin, CHICAGO HOUSE RENT PARTY est une très longue interprétation en tempo

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lent, au cours de laquelle Willie Dixon et Memphis Slim dialoguent tranquillement, très détendus, ce qui n'empêche nullement le second, de fournir une renversante par­

tie de piano.

Le manque de place et de temps m'obligent à reporter la chronique de nom­breux disques de blues au numéro suivant. Mais qu'il me soit cependant permis de vous conseiller sans autre commentaire quelques enregistrements particulièrement remarquables, afin que vous puissiez déjà vous les procurer :

MEMPHIS SL I M

"Memphis Slim and the real honky tonk piano solos with vocal" - 33 tours, 30 cm Folkways FG 3535.. . . un des plus sensationnels recueils de blues au piano de ces dernières années,

L I G H T N IN ' HO P K I NS

"Lightnin' and the blues" - 33 tours 30 cm Herald LP 1012. Un aspect des plus vivants du talentueux bluesman dans une excellente sélection d'interprétations des années 1954 -55.

S O N N Y BOY WI L L I A MSON

"Down and out the blues" - 33 tours 30 cm. Checker LP 1437. La parution de ces 12 faces du chanteur-harmoniciste Sonny Boy Williamson - le second du nom - reste un des événements de l'année écoulée.

FURRY LEWIS

33 tours 30 cm Folkways FS 3823.Furry Lewis se révèle dans ses plages un authentique chanteur-guitariste ancien style de grande classe.

JOE TURNER

"Blues N* 5" - 33 tours 25 cm. Atlantic 332. 015 . . . du Rock’n Roll, mais du vrai..,

Notes : Au vu du bulletin que publie l ’ f International Blues Record Club" l'harmonie iste du LP "Roostei Blues” de LIGHTNIN' SLIM (voir N* 9, page 14) est LAZY LESTER.

Rappelons que i'1. B. R. C. est une association qui se propose d ‘enregistrer des bluesmen peu ou pas connus. La cotisation s'élève à 15 dollars pour les étrangère et donne droit à 3 LP de 30 cm.

Si la chose vous intéresse, adressez-vous à Mr. Chris A. STRACHWITZ, "Inter­national Blues Record Club” - P. O. Box 671 - LOS GATOS - California (USA).

par Jean DE ROM, Bernard N I Q U E T , Se rge TONNEAU et André VANBI NST .

LOUIS ARMSTRONG:

45 tours Brunswick 12.156 - 8,5/10.

THE MA RDI GRAS MA RCH - î LOVE JAZZ.

Louis Armstrong -tp.voc, Trummy Young -tb, Peanuts Hucko-cl, Eddie Miller -ts, Billy Kyle -p, A l Hendrick son g. Mort Herbert, -b. Danny Barce- lona -dms. Octobre 1958.

THE MARDI GRAS MA RCH est intro­duit par un court, mais foudroyant passa­ge de trompette, puis Louis avec son dynamisme habituel chante plusieurs chorus qui à deux reprises sont coupés par la bêlante apparition d'un choeur et deux énergiques glissandos; de trom­bone. Pour finir : improvisation collec­tive menée rondement par un Louis et ua Trummy survolté ! D,u styie New Or­léans à 100%.

Louis est encore très en vedette dansI LOVE JAZZ où il chante une bonne moitié du morceau et conduit avec maf- trise les improvisations collectives qu'il parsème de percutantes envolées dans l'aigu. Le choeur hollywoodien roucou­le un tantinet après le premier vocal de Satchmo et Eddie,Miller prend 8 bana­les mesures de saxo-tenor. En raison de la présence presque constante du roi du jazz, vous feriez bien d'acquérir ce dis­que , à moins que ce ne soit déjà fait.

LOUIS ARMSTRONG

45 tours Brunswick 12.182 - 8,5/10,

PRETTY LITTLE MISS Y -BYE AND BYE.

PRÉTf^: LITTLE MISSY date de '55 I et comporte le personnel habituel du "ail stars" de cette époque : Louis -tp & voc., Trummy Young -tb, Barney Bigard -cl, Billy Kyle -p, Arvell Shaw -b, Barrett Deems -dms. On y entend de fort bonnes interventions de Billy Ky-| le, Barney Bigard, nettement supérieur à ses successeurs au sein du "ail stars" et surtout de Trummy et Louis, ce der- I nier longuement présent au chant et à la trompette.

Dans BYE AND BYE, Armstrong est entouré d'un orchestre de studio avec choeurs et violons que dirige Gordon Jenkins. Cette version qui date de 1954 diffère énormément de la première, réa­lisée en 1939. Ici l'interprétation s ou­vré sur une fantastique introduction de trompette unpeu dans le genre de WEST END BLUES,; après quoi, exposé du thème par l'orchestre et deux chorus vocaux. Louis chante le premier de façon iden­tique à celui de 1939 et adopte de nou­velle^ paroles pour le second. Vient une intervention des choeurs et Satchmo em­bouche sa trompette pour deux chorus, le premier extrêmement découpé, taa*

-18- S. T.

dis que le second est empreint de lyris­me et se termine par une superbe et puissante .envolée dans le régistre aigu,

S. T.

LOUIS, A RMSTRONG •. - .• A'-*.'Vr-V .. ■ • ' - ’ ' M

45 tours Brunswick 12.139 -7/10.

LAZYgONES - EASY STREET.

Ces deux titres sont des duos vocaux entre Louis et Gary Crosby, accompa­gnés par la formation de 1955 : Trummy Young -tb, Barney Bigard -cl, Billy Ky- le -p, Arvell Shaw -b, Barrett Deems -dms. Si vous désirez montrer à vos amis quelle différence existe entre un chanteur de charme et un jazzman, fa i­tes-leur entendre ce 45 tours. Autant le chant de Louis est rempli de swing, de fermeté et de vigueur, autant celui de son coéquipier est fade et sirupeux.Outre les longs vocaux, on a droit dans LAZYBONES à un bel exposé de Trum­my et par moments à de jolies broderies au piano. Dans EASY STREET, Arm- strong joue une brève introduction de trompette et un peu plus loin dans la seconde moitié, prend encore 8 mesu­res instrumentales sur un ravissant con- trechant de trombone par Trummy.

S. T,

S I DNE Y BECHET

45 tours EP Vogue EPL. 7572 - 7/10.

SILENT NIGHT - BLUES DU PAPA NOËL- SPIRIT HOLIDAY - WHITE CHRIST- MAS.

Sidney Bechet (ss), Claude Gousset (tb), J-Cl. Pelletier (org. hamm. ), Alix

Bret (b), Kansas Field (dm).Paris, 12 déc. 1958.

"BECHET JOUE NOËL” vient à point• en cette période de fin d'année et nous propose des faces inédites du regretté Sidn£y. Les quatre plages de ce petit recueli’ sont les damiers'enregistrements qu'un sursis de maladie lui a permit de réaliser avant de succomber le 14 mai 1959, ÿ 1 'inèxorable'cancë r pulmonai­re qui le rongeait.

Disons de suite que les interpréta­tions sont très sympathiques et que nous y retrouvons Sidney Bechet en bonne forme, avec toutefois une sonorité plus délicate que par le passé, mais cadrant parfaitement dans cette ambiance ”ne- gro-spirituals”.

La fougue et la chaleur qui se déga­gent de son jeu stimulent remarquable­ment les musiciens de la formation au sein de laquelle Claude Gousset et Pel­letier se mettent souvent en valeur.Sans vouloir trop critiquer ce dernier, disons que son travailà l'orgue est en général assez superficiel et manque d' une sûreté, dont il fait preuve comme pianiste. A lix Bret et Kansas Field four­nissent un soutien solide à la rythmique.

Le point le plus impressionnant des faces réside dans SPIRIT HOLIDAY. où l ’on peut entendre en re-recording la voix de Bechet, voix émouvante au timbre voilé, où l'on devine l'effort physique déclinant. La prise de son en a, d'ailleurs, été mal reproduite, mais il se dégage de ce morceau une atmos­phère si étrange qui mériterait, à elle seule, l'achat du disque, qui constitue un incontestable document, que les ad­mirateurs du grand disparu se doivent de posséder.

J. D. R.-19-

P. S. : Une erreur s'est glissée sur la pochette : dans GUMBO et WILD OATS, la guitare est tenue par Bill Jennings au lieu de Billy Butler.

J. D. R,

BILL DO G G E T T

"Hot Doggett” - 33 tours » 30 cm - Odeon X OC 141 8,5/10.

HIGH HEELS - HONEY BOY - TRUE BLUE - WILD OATS - GUMBO - SQUASHY - PERCY SPEAKS - OOF I- SHOVE OFF - QUAKER CITY - WHO'S WHO - EARLY BIRD.

Dans le plus pur style "Rhythm & Blues", l'orguaniste Bill Doggett se pré­sente, sur cette cire, à la tête de di­verses petites formations : ténor-sax, orgue et section rythmique composée de guitare, basse et batterie, dont le personnel complet se trouve détaillé au verso d'une pochette très appétissan­te, représentant des "hot dogs” cuits à point sur des braises ardentes, et qui donnent l'eau à la bouche I Pour les oreilles, le contenu de l'album est tout aussi délectable.

Enregistrés entre 1952 et 1956, ces morceaux, pour la plupart des blues, sont joués sur un tempo moyen, favori­sant admirablement la danse, et déga­gent un maximum de swing.

Eu effet, tout ici carbure ferme, de­puis Bill Doggett qui prend quelques bons soLos et se déchalhe littéralement sur son instrument, jusqu’au guitariste Bil­ly Butler dont les remarquables varia­tions sur le blues nous font découvrir un musicien de grand talent. Sans vouloir passer les quatre ténors en revue, signa­lons que toutes les plages du présent re­cueil nous font admirer leur jeu nerveux mais aux qualités certaines.

C'est du tout chaud, et au risque de me répéter, je dirai que c'est du ”R& B" de première classe 1

DUKE E L L I N G T O N

"Blues in Orbit" - 33 tours - 30 cm,Philips B. 47004 L 9, 5/10.

THREE J’S BLUES - SMADA - PIE EYE'S BLUES - SWEET AND PUNGENT - C JAM BLUES - IN A MELLOW TONE - BLUES IN BLUEPRINT - THE SWINGERS CET THE BLUES TOO - THE SWINGER'S JUMP - BLUES DM ORBIT - VILLES VILLE IS THE PLACE MA N.

New-York, 2 décembre 1959.

Jean De Rom ayant très justement attribué 9/10 au précédent microsillon de Duke (Voir R'n'B Panorama N* 7), je tiens à noter celui-ci au moins 9,5 car il est encore supérieur. A vrai dire il ne contient pas une mesure de déchet; même l'inévitable solo de ténor du sieur Hamilton (THREE J'S BLUES) est soutenu par des riffs d'un swing foudroyant, qui le font avaler, et comment 1 Hodges,Ray Nance et Harry Carney sont aussi bons que de coutume. Duke joue çà et là le blues au piano de façon renversan­te, et le batteur (je pense que c'est Jim- my Johnson) swingue confortablement.Ce LP nous permet d'entendre les deux trombones qui remplacèrent après la tournée européenne Britt Woodman et Quentin Jackson. J'avoue que je n'au­rais pas reconnu le premier, Matthew Gee Jr, s 'il s'agit bien du Matthew Gee qui faisait, en 1948/50 partie de l'orchestre Erskine Hawkins; il est vrai qu'il ne joue

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normalement que dans C JAM BLUES (premier solo de trombone), utilisant le reste du temps un "baritone horn" à la sonorité curieuse. L'autre trombone, Booty Wood, s'essaye à jouer dans le style de Tricky Sam, tout en faisant preuve d'une certaine personnalité; l'un et l'autre sont à suivre. Voilà bien des considérations oiseuses devant un tel disque. Ecoutez le, achetez le, usez le et allez en acheter un autre exemplai­re. Le vrai mot, c'est Duke qui l'a trou­vé, après l'enregistrement d'un morceau qui n’avait pas encore de titre : THE SWINGERS GET THE BLUES TOO.. .

B. N.

DUKE E L L I N G T O N

"At the Bal Masqué" - 33 tours 30 cm. Philips B07508L. 7/10.

ALICE BLUE GOWN - WHO'S AFRAID OF THE BIG BAD WOLF ? - GOT A D A­TE WITH AN ANGEL - POOR BUTTER­FLY - SPOOKY TAKES A HOLIDAY - THE PEANUT VENDOR - SATIN DOLL- LADY IN RED - INDIAN LOVE CALL- THE DONKEY SERENADE - GYPSY LOVE SONG - LAUGH, CLOWN,LAUGH.

celle que nous retrouvons dans ses con­certs de Newport; mais les interpréta­tions contenues dans le présent recueil portent tout de même la maïque elling- tonienne, ce qui relève la valeur de ces exécutions assez commerciales par le choix des thèmes, dont chaque titre i l ­lustre, à propos, un travesti.

Tout d'abord, il est heureux de pou­voir entendre d'excellents passages du Duke au piano, notamment dans SATIN DOLL et LAUGH, CLOWN, LAUGH.

Ensuite, une large part est laissée aux principaux solistes de l'orchestre; c'est ainsi que nous retrouvons le trom­pette Clark Terry dans WOLF et au flu- gelhorn dans LADY IN RED, P. Gonsal- ves (BUTTERFLY, LADY IN RED), Ray Nance à la trompette dans PEANUT VENDOR et au violon dans BUTTERFLY et GYPSY, Harry Caraey (SPOOKY et CLOWN); tandis que DONKEY SERENA - DE est entièrement réservé au trombone de Quentin Jackson.

Les amateurs de Duke Ellington seront donc satisfait, par ce disque qui démon­tre une nouvelle fois que le talent du grand musicien est sans limite.

J. D. R.

Cet album fut enregistré en 1958, lors d'un bal donné au club "Bal Mas­qué" à Miami et nous plonge, dès les premières mesures, dans une ambiance très "dancing" qui sera certainement décriée par les puristes du jazz.

A vant de vouloir discuter les défauts de ce disque, il est nécessaire de s'en­tendre sur le genre de musique que Duke Ellington a voulu produire. En effet, jou­ant pour la danse, il ne fait pas preuve de la même recherche musicale que

C L A U D E H OP K IN S

"Yes Indeed" - 33 tours - 30 cm.Prestige "Swingville" 2,009 - 9,5/10.

IT DON'T MEAN A THING - WILLOW WEEP FOR ME - YES INDEED - IS IT SO- EMPTY BED BLUES - WHAT IS THIS THING CALLED LOVE - MORNING GLO- RY.

Emmet Berry-tp, Buddy Tate -ts, Claude Hopkins -p, Wendell Marshall -b, Ozie Johnson -dms.

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Voici un disque absolument excep­tionnel, fruit d'une séance récente (1959 ou 60), une de ces séances où tout semble marcher tout seul, où l'in ­spiration et le groove sont trouvés dès les premières mesures, où la section rythmique carbure, où la prise de son est merveilleusement équilibrée, bref, un vrai chef d'œuvre. Les amateurs sa­vent depuis longtemps que Emmet Ber- ry et Buddy Tate sont d'éminents ja zz­men, et je ne reviendrai pas sur leurs qualités; sachez seulement que tous deux, jouent, ici, encore cent fois mieux que dans d’autres enregistrements récents (TATE’S DATE sur Prestige, BEAUTY AND THE BLUES sur Colum­bia, etc). C'est, à n’en pas douter, grâce au soutien de piano que leur four­nit Claude Hopkins; il faut bien recon­naître que depuis trente ans et plus, le jazz n'a plus fourni de pianiste de la carrure d'un Claude Hopkins ou d'un Don Frye, que l'on n'avait d'ailleurs guère enregistrés jusqu'à ces derniers temps. Qu'on ne s'y trompe pas, Clau­de se montre ic i l'égal d'un Fats ou d' un W illie le Lion, dans un style d 'a il­leurs inspiré de l ’ un et de l'autre. MQR- NING GLORY est à ma connaissance le premier solo de piano qui lui ait été donné d'enregistrer en 35 années d 'ac­tivité musicale, et quand tout l'orches­tre attaque le blues lent, dans EMPTY BED BLUES, les murs de la pièce se mettent à tanguer. L'état de grâce, quoi.

B.N.

WES M O N T G O M E R Y

"The West Montgomery Trio” - 33 t. 30 cm - Riverside 12. 310 - 7,5/10.

'ROUND MIDN1GHT - YESTERDAYS - I THE END OF A LOVE AFFAIR - WH1S- PER NOT - ECORAH - SATIN DOLL - MISSILE BLUES - TOO LA TE NOW - JINGLES.

Wes Montgomery (g) - Melvin Rhynë (organ) - Paul Parker (d).

New-York, 5/6 Oct. 59.

"The Incredible Guitar of Wes Montgo­mery” - 33 t. 30 cm - Riverside 12.320

. 7,5/10.AIREGIN - D NATURAL BLUES - POLKA DOTS AND MOONBEAMS - FOUR ON SIX - WEST COAST BLUES - MISTER WALKER - GONE WITH THE WIND - IN YOUR OWN SWEET WAY.

Wes Montgomery (g) - Tommy Fla- nagan (p) - Percy Heath (b) - Albert Heath (d). New-York, 26/28 Jan '60.

V . • •

Pour la critique américaine, le gui­tariste Wes Montgomery constitue la dé­couverte de l ’année 1960. A en croire, ce musicien de 35 ans aurait découvert sa voie en entendant, en 1959, des dis­ques de Charlie Parker I On ne comprend mêîne pas pourquoi l ’auteur de cette per­le (Ralph J. Gleason) tient à nous la faire avaler en place d'une huitre, car, croyez moi, il y avait en 1959, belle lurette que Montgomery comme tous les musi­ciens de sa génération, connaissait les disques de Parker et qu'il avait trouvé sa voie. On ne peut certes pas exiger de Ralph J. Gleason qu'il possède des 78t. Alladin de Sonnie Parker (HAMP’S GUM- BO, PRETTY BABY) qui datent de 1949 et mettent fort convenablement en va­leur un certain John Leslie Montgomery; du moins eut-il pu se référer à un article

de la Revue du Jazz (1950), ou se repor­ter à la page 215 du Dictionnaire du Jazz de Madeleine Gautier et Hugues Panas* sié, au lieu d'abuser le public; car il y a de l'abus; il suffit d'écouter Wes pen­dant 12 mesures pour constater qu'il s'en fout, de la musique de Parker........

Rétablissons les faits : en 1959, Wes, superbement inconnu, jouait à Indiana- polis avec un trio, pour la croûte; passa dans cette ville Cannonball Adderley, qui possède flair infaillible et sens criti­que développé; il entendit Wes, fut sé­duit, et usa de ses relations pour que lui soit donnée sa chance à New York, c'est tout.

11 est d'ailleurs risible que la même critique qui ignorait Wes i l y a dix ans, porte ces deux disques au pinacle. Non qu'il y joue mal, au contraire; qu 'il im­provise sur une corde ou en accords (et il passe, au cours d'une même phrase, de l'un à l'autre procédé avec beaucoup de dextérité), il le fait en pur swingman de l'école Christian - Grimes - Mackel, et il semble qu'il ait pas mal à dire, une bonne attaque et un don certain de la mélodie. Je dis " i l semble", car dans l'un et l'autre disque, i l traine le boulet d'accompagnateurs qui ne conviennent aucunement à son jeu, et il doit se dé­brouiller avec des morceaux à l'harmo­nisation insolite à plaisir (AIREGIN - ECORAH, IN YOUR SWEET WAY - 'ROUND MIDNIGHT); il s'en tire d ’a il­leurs fort bien, mais c'est dans WEST COAST BLUES - D. NATURAL ou MIS­SILE BLUES qu 'on se rend compte que, solidement accompagné, Wes eut sans doute bouclé la boucle. Ce sera pour une autre fois, avec la permission de l'oncle Sam et de Jim Crow.

B. N.

KID ORY ____________________

"The Kid from New Orléans Ory that is" 33 tours 30 cm. Verve M.G, V-10168/1SNA G IT BLUES - SOMEBODY STOLE MY GAL - OLD GREY BONNET - RUN- NIN' WILD - SWANEE RIVER - OLE MISS - BLACK AND BLUE.

Personnel : Kid Ory (trombone); Mar­ty Marsala (trompette); Darnell Howard (clarinette); Cedric Haywood (piano); Frank Haggerty (guitare); Charles Oder, (basse); Earl Watkins (batterie).

Ce recueil qui a été enregistré en 1957 est très bon. Cependant, il eût été encore meilleur si à la place de Marty Marsala à la trompette on nous eût gra­tifié de Teddy Buckner comme dans le volume "Kid Ory plays W. Handy" - Verve M. G. V-1017.

Marty Marsala est un trompettiste blanc qui joue dans l'esprit voulu mais il n'a ni la classe ni la sonorité de Teddy Buckner. N'empêche le recueil est trans­cendant.

La section rythmique est homogène, cependant l'excellent pianiste Cedric Haywood en émerge. Vous aurez proba­blement vu et entendu Cedric Haywood ai cours des tournées européennes de Kid Or) en 1956 et en 1959. Tous ses solos sont agréables comme ceux qu'il jouait aux concerts.

Darnell Howard est le clarinettiste rêvé pour Kid Ory, c'est lui qui contri­bua en grande partie à la réussite des fa­ces enregistrées par le "Kid" en 1945. (MAPLE.LEAF RAG - WEARY BLUES -ORIGINAL DIXIELAND ONE STEP.......etc.. ). Il a un jeu fluide et agréable.

C'est un régal pour l'oreille, écoutez le début de son solo dans "SOMEBODY STO- LE MY G AL" c'est une pure merveille! Lorsque j'a i acheté ce disque j'a i remis ce passage cinq fois consécutivement.

Enfin Kid Ory est toujours le même c'est à dire le plus grand trombone "NOUVELLE ORLEANS" il joue beau­coup en solo et dans les ensembles.

Je déplore les larmoiements provo­qués de certains soi-disants amateurs de jazz qui gémissent en disant que Kid Ory vous offre un goût de déjà entendu et qu 'il ne s'écoute plus avec surprise!Ce sont ces mêmes gens qui font la fine bouche devant Teagarden! Je les plains, ils n'ont rien compris au ja zz !

Les morceaux interprétés prouvent que le répertoire de Kid Ory est vaste, un seul d'entre eux est peu réussi : "BLACK AND BLUE", Louis Armstrong a trop marqué ce morceau de sa person­nalité.

En résumé achetez ce disque, i l en vaut la peine, c'est une musique sponta­née et si un jour vous avez le cafard, mettez le, ce sera un remède efficace.

A. VB.

H A L S I NGER

"Blue Stompin*’ - 33 tours 30 cm. Prestige 7153 9,5/10.

BLUE STIMPIN' - WENDY - WITH A SONG IN MY HEART - MIDNIGHT - FANCY PANTS - THE BLAST OFF.

Charlie Shavers -tp, Ha 1 Singer -ts, Ray Bryant -p, Wendell Marshall -b, Osie Johnson «dms.

Le saxo-tenor Hal Singer n'avait ja- I mais vraiment eu l'occasion de briller en disque. La marque Prestige, décidé­ment très active, a comblé cette lacu­ne voici peu, grâce à la publication de cet enregistrement. Dès BLUE STOMPIN' fidèle à son titre, on est dans le coup.Ca saute, ça swingue nerveusement,avec de superbes interventions de Charlie Sha­vers, hargneux à souhait, Ray Bryant qui \ n'est pas le moins enthousiasmant et Hal Singer, dont le jeu ravira tous les fer­vents de saxo-tenor swinguant et riffant sans relâche.

Introduit à la trompette bouchée par Shavers, WENDY est un thème élaboré sur les harmonies de "AS YOU LONG AS I LOVE". Hal Singer y improvise toute une série de chorus construits avec une incroyable et impeccable logique. Ceci est peut-être un des plus beaux solos de saxo-tenor de ces dernières années; vrai­ment, hormis des types comme Hawkins, Buddy Tate, Eddie Davis ou Gonsalves, on se demande qui serait capable d 'in­terpréter un solo qui chante et raconte une histoire de cette façon. I l faut l 'a ­voir entendu pour y croire 1

WITH A SONG IN MY HEART n'est rien de moins qu'une ballade, merveil­leusement déniaisée par les mtsiciens. Vous serez probablement surpris, à l 'é ­coute de cette plage, par la belle et chaude sonorité de Hal Singer, que l'en­registrement rend parfaitement.

Une bonne moitié de la seconde face est occupée par MIDNIGHT, un blues lent, composition de Hal Singer. Rare­ment un blues lent a été joué avec un te l swing et une telle cohésion. Les musiciens, décontractés, se compren­nent et tendent leurs efforts dans la même

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direction, sans aucun esprit de compéti­tion. Les chorus de trompette sont d'une progression et d'un drive époustoufflant, mais lorsqu’arrive le moment où Hal Singer empoigne son ténor et se met à dialoguer avec Charlie S ha vers, tout se met à tanguer autour de vous. La ten­sion est telle, qu’on a envie de crier "assez"!

FANCY PANTS est enlevé sur un tem­po très rapide, peut-être même un peu trop; cependant, n'ayez aucune crainte pour le déroulement des opérations. Les musiciens semblent aussi à l'aise sur ce tempo que dans n'importe quel autre de l'album. C'est inouf, surtout grâce à Charlie S ha vers dont la virtuosité tech­nique paraît sans limites.

Egalement en tempo vif, THE BLAST QFF est un autre bines dH au talent de compositeur de Hal Singer. Les solistes qui s’y présentent sont : Hal Singer, Char­lie Shavers, Ray Bryant et encore Hal Singer. Celu i-ci fait preuve de son en­train coutlimier, tandis que Shavers est bouillant à souhait et que Ray Bryant con­firme sa réputation de meilleur planiste depuis Garner.

Si vous ne possédez pas encore ce microsillon, n'attendez pas plus long­temps, pour l'acheter. Une telle réussi­te est à peine croyable, d'autant que, aussi étrange que cela puisse paraître, il n'y a pas de musicien trouble-ftte. Arrivé à la fin de cette chronique, je m'aperçois n'avoir rien dit de Osie John­son! Eh bien, si vous achetez ce LP, vous ferez connaissance avec un VRAI d rum­iner, un drummer qui SAIT pousser les musiciens et les stimuler, un batteur de jazz quoi ! 11

S. T.

SAM " T H E M A N ” T A Y L O R

"Jazz for Commuters" - 33 t. 30 cm. Metrojazz E. 1008 7,5/10.

BUCK'S COUNTRY BOUNCE - LONG ISLAND RAILROAD - WASTCH ESTER WALTZ - ROCKLAND COUNTRY - ROUND TRIP - WESTPORT WA IL - LESTER LEAPS IN - BODY AND SOUL - AIR MAIL SPECIAL - ALL TOO SOON - FLYIN 'HOME.

New-York, 15 & 22 octobre 1958.

On serait tenté d'être sévère pour ce disque* car les musiciens ont, par la fau­te du superviseur (Léonard Plume, bien sur), manqué de peu une réussite indis­cutable. Puis on se rend compte que, tel quel, il rend cependant justice' au solide swingmah qu’est le saxo-tenor Sam Tay- lor, disciple d'Illinois Jacquet et Araett Cobb, qui n'avait jamais eu de chance avec ses enregistrements. Ici, il joue très abondamment, jouit d'une liberté totale et d'un bon soutien rythmique; de fait, il swingue comme il ne l'avait ja- ma is fait en disque. Les arrangements, signés Budd Johnson, sont excellents, et outre ceux de Sam, d'autres soli -(par Charlie Shavers, Budd Johnson et Hank Jones, principalement)- sont de premiè­re classe. Hélas, Léonard a flanqué ces jazzmen d ’un nombre égal de progressis­tes blafards qui occupent la cire 25% du temps; il estime, écrit-il au dos de la po­chette, que ce dosage doit réconsilier par­tisans du pseudo jazz moderne, du rock'n' roll et du jazz traditionnel! En fait la cause est vite entendue; dès que Thad Jones commet l'imprudence de jouer après Shavers ou Georgie Auld après Tay- lor, l'oreille sensible au swing n'a plus d'illusion, tant la chute est, à chacfue

fois, verticale. Ecoutez cependant ce disque pour Sam Taylor, jazzman très

méconnu.

France 2, programme régional, 218 mètres, le samedi à 18 heures.

28 janvier 1961 - Pearl Bailey4 février 1961 - Rex Stewart (Henderson Homecoming)

11 février 1961 - Gatemouth Brown18 février 1961 - Buddy Tate / Ike Quebec (récents)25 février 1961 - Duke Ellington (1937-38)4 mars 1961 - Rosetta Tharpe

11 mars 1961 - King Oliver / Jimmie Noone18 mais 1961 - Hot Lips Page25 mars 1961 - Slim Gaillard1 avril 1961 - Red Prysock / Plas Johnson8 avril 1961 - John Lee Hooker

J A Z Z PAN ORA MA - par Hugues Panassié

France 2, le mercredi de 16 h. à 16 h. 23.

25 janvier 1961 - Jimmy Rushing and the Big Brass1 février 1961 - Erroll Garner "Paris Impression"8 février 1961 - Little Walter

15 février 1961 - Roy Milton22 février 1961 - Mahalia Jackson

B. N.

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par René RAMEL L J. C. - France

La Guilde du Jazz a édité un microsillon 25 cm n* J. 1024 consacré à 2 trom­pettes méconnns de la masse des amateurs de jazz. Disant cela, nous pensons surtom à Hot Lips Page dont nous possédons trop peu d enregistrements,

Buck Clayton (né dans le Kansas en 1912) débuta très tôt au piano et se mît à la trompette à l'âge de 19 ans. Il est un des rares musiciens de cette époque à avoir beaucoup voyagé, puisqu à 21 ans» il jouaii en Chine avec le pianiste Teddy Wea- tfcerford, En 1936. il remplace Lips Page chez Sasie et contribue durant quelques an­nées à créer a^ec Lester Young, Dicky Wells, quelques chefs d œuvres de Easie,

Trompette régulier, fin et délicat, il joue avec beaucoup de subtilité. U pos­sède une jolie sonorité et a Le sens de l'improvisa don. On ne îtri connaît guère de mauvais disques. Enfin, malgré une certaine vogue du bop, il a su rester le trempet­te qu*il était en 1932. C'est également un très bon arrangeur. Il a surtout écrit pour Count Basie. Enfin, sur le plan humain, c'est peut-être le musicien le plus agréable que je connaisse.

Tecdy Wüson et Sl&m Stevart sont à signaler dans les trois morceaux que Bock interprète et qu'il enregistra à New-York en 1945.

Au verso, nous trouvons quatre plages de Kop Lips Page, né au Texas en 190S et mon en 1954. Cet excellent trempe ne, au tempérament fougueux et parfois ex­ubérant est rnmm connu, nonobstant une carrière tôt commencée. En 1932, il est chez Bemüe Moten avant que Basie prenne la direction de l ’orchestre. Il se fixe en­suite à New-York, puis en 1941 joue chezÀrtie Sisaw. H vient plusieurs fox eu Euro­pe et notamment à Paris, en 1943. B excelle dans le Blues et le chante znagnsfîqae -

usent. Deux plages de ce microsillon révèlent c'aille tus ses dois de chanteur. Ls rythmique composée ce Hack Jooes, 5tam Stevart et SicLsev Catien est rerriarqna

Les titres de ce disque de la G&üde soai

DIGA DIGA DOW - WEUE IN THE MCNEY et LOVE ME OR LEAVE ME pour 5 Jck et YOD COME IN HERE. WOMAN - I"VE GOT THE WORLD OH STRING - HAPPT ME­DIUM et LOVES YOU FUNNY TMNG pour L%e Page.

Vente uniquement à la G u tic e du Jaxx.

B E S T n e < m e s w i 9 6 0 \Au cours de l'année écoulée, vous avez pu lire la chronique de

nombreux disques de blues dans la rubrique : "EN SILLONNANT LE BLUES". Il nous a paru intéressant, au seuil de 1961, de refaire une

.‘ p e t it e liste, des meilleurs parutions* Cette liste a éjé dressée par le critique bien connu Yannick BRUYNOGHE, en collaboration avec le responsable de la rubrique Serge TONNEAU.

Voici les enregistrements qu'ils vous recommandent tout spécia­lement :

Blues a n c i e n :

BIG BILL BROONZY - 33 tours 30 cm Folkways FA 2326 LIGHTNIN' HOPKINS - 33 tours 30 cm Tradition TLP 1040

ainsi que la face qui lui est consacrée dans le 33 tours 30 cm Héritage HLP 1001.

MEMPHIS SLIM - 33 tours 30 cm Folkways FG 3524

R é é d i t i o n s :

LEROY CARR - 45 tours EP Fontana TFE 17051 BLIND WILLIE JOHNSON - 45 tours EP Fontana TFE 17052 THE COUNTRY BLUES - 33 tours 30 cm R. B. F. 1

f SONNY BOY WILLIAMSON - 33 tours 25 cm RCA

Blues m o d e r n e :

RAY CHARLES - 33 tours 30 cm Versailles MEDX 12020 JIMMY RUSHlNG - 33 tours 30cm Philips B07567L LA VERN BAKER - 33 tours 25 cm Atlantic 332. 012

45 tours EP Aüantîc 212. 024

1 ' """ " IflU1 ypffl

BI L L C O L E M A N | B r u x e l l e s

Grande joie que de retrouver Bill Coleman le 23 novembre dernier dans une pe­tite ia lle bien sympathique à la Maison du Peuple de Bruxelles.

En effet, à force de savoir qu 'il réside toujours en France, on a tendance à neplus prêter attention à l'activité de ce trompettiste. De ce fait peut-être on le voitrarement à l'affiche d'un concert de jazz et on ; • f '- f c ^ e r lors-■qu'îï ^asse à un bal dont la publicité est d'ailleurs souvent restreinte et locale.

Cette année au festival de Comblain, quoique défavorisé par une audition en plein air, Bill Coleman vint réchauffer les jazz fans qui durent attendre la fin de la soirée du dimanche pour l'entendre, après avoir dCt subir une salade de musiciens au talent souvent fort douteux! Cette attente sur la prairie humide fut récompensée, car malgré un mauvais soutien Bill Coleman jona d'une façon merveilleuse et fut cha­leureusement ovationné!

Dès lois on devait espérer beaucoup lors du concert prévu à la Maison du Peu- pie. Et ce fut, bien sûr une soirée exceptionnelle! Inspiration constante, belle sono­rité, technique irréprochable, style personnel et très raffiné, phrases continues et élégamment construites, beau choix de thèmes et de tempos, grand swingman et bon chanteur telles sont les qualités de ce gentil et sympathique "gentleman" de la trompette.

L'orchestre de J. P. Vanderborght qui l'accompagnait joua seul pendant la pre­mière partie qui fut quelque peu monotone, mais après l'entracte l'orchestre fut "gal­vanisé" par la présence du grand "trompette noir”. Il y a lieu de signaler le bon sou­tien de Bodash (Léon Demeuldre) à la batterie, sur lequel Bill Coleman pouvait s'ap-' puyer. Il fut soutenu aussi par Pol Dubois à la basse et s'entendit musicalement très bien avec J. P. Vandenborght pianiste et leader de la formation. Henri Caiels à la trompette, visiblement impressionné par Bill fut rapidement mis à l'aise, grâce à la : simplicité et à la bonhommie de ce dernier. Henry Carels joua cependant d'une ma -1 nière assez inégale. Quant au saxo-ténor de la formation (son nom nous échappe), il ! nous exécuta quelques bons chorus bien balancés. Mais parmi les accompagnateurs, seul Bodash fournit un travail remarquable, prouvant ainsi une fois de plus qu'il est un des meilleurs et des plus solides batteurs d'Europe! Tempo immuable, jeu carré, break et chorus rappelant Joe Jones d'avant guerre !

Bill Coleman exécuta successivement COME BACK AGAIN TO INDIANA - HEY. YOU WITH CRAZY EYES - JEEPERS CREEPERS - contenant un vocal excellent et ori- ginal - le nostalgique SAINT JAMES INFIRMARY très bien chanté aussi - un super swinguant CARAVAN - ensuite le populaire ALL RIGHT O. K. YOU WfflN qui amusa ‘ fort bien le public et qui intensifia le fluide passant entre les musiciens et les audi­teurs tous très détendus - enfin un brillant SAINT LOUIS BLUES et un SWEET GEOR- GIA BROWN cheval de bataille de Bill Coleman dont les dialogues trompette-batterie et le riff final furent un des meilleurs moments.

Ce concert permit de rappeler qu'après Louis Armstrong, Cootie Williams, Buck Clayton, Roy Eldridge, Charlie Shavers ou Jonah Jones, il existe encore d'autres grand trompettistes tel Bill Coleman qui semble oublié aux Etats-Unis et négligé en Europe. Aussi les spectateurs présents à cette modeste soirée eurent conscience qu'en réalité, I ils avalent vécu un grand concert de Jazz!

Roger de MOERLOOSE.

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E C H O S - N O U V E L L E S - C O N C E R T S

J A Z Z A T T H E S W I N G V I L L E

Sous ce titre un peu étrange, l'Union des Anciens de l'Université Libre de Bru xelles organisa le 12 décembre dernier, dans le splendide grand auditorium Paul Emile Janson à la C ité Universitaire, une soirée comprenant des noms d'affiche qu’ i l est assez mal venu de réunir sous 1"étiquette "jazæ" et "swing".

Ouvrant le concert, l'excellente formation de Maxim Saury interpréta : ORIGINAL DIXIELAND ONE STEP - APEX BLUES etMAPLE LEAF RAG. Voilà certes un des meilleurs orchestres N. O- blancs dont la vedette est le trompettiste Jean

Claude Naude dont la rigoureuse technique étaye à m erveille un phrasé inspiré de Louis Armstrong.

Les ensembles sonnent très bien; la mise au point de l'orchestre est parfaite.

Las ! après cette heureuse prestation, nous avons dû subir le trio René Urtre- ger avec Daniel Humair, type parfait du batteur "chasse mouche" et Guy Pederson à la basse. Ce trio exécuta : BYE BYE BLACKBIRD et WOULD BE SO NICE COME HOME TO. Triste musique progressiste, reflet de la mine du minable René Urtreger

A ce trio vinrent s'ajouter un saxo-tenor et le tromboniste Luis Funtés. Sous l'épithète de "Soultet de Daniel Humair" ils déclamèrent stoïquement : WEST COAST BLUES - GREEN DOLPHIN STREET et LA RONDE.

L'assistance qui avait apprécié Maxim Saury, hua poliment le trio Urtreger, se lassa et commence à chahuter ce triste quintette. Et la venue sur scène de la lourde formation commerciale de Henri Seghers provoqua la grande pagaille dans le public, tandis qu'elle exécutait consciencieusement "SPICY”.

Ce fut au tour de Mac-Kac Reilles de venir chanter ALL OF ME et un deuxiè­me thème dont les amateurs du premier rang n'entendirent pas une note, tant la sal­le était bruyante. Mac-Kac, gagman débitant du Rock and Roll de mauvaise veine avait provoqué le p ire.. .

Heureusement, l'entracte arrivait pour calmer un peu les esprits.

La deuxième partie du programme commença par une réapparition de l'orches­tre Henri Seghers, à nouveau chahuté.

Ensuite, Martial Solal interpréta avec D. Humair et Pederson JOR DU - THEMES A TÏCS - OUIN OUIN, donnant ainsi l'impression qu 'il possède un tempérament v i­goureux de jazzman, sacrifié hélas aux goût, style et mode du jour, des progressis­tes.

Toots Thielemans de retour des Etats-Unis après une longue absence nous ré­apparut sous son aspect de gagman bruxellois "bien de chez nous", accompagné par

AeâotrOuersin '(b)ï D. Humair (cTms)'et René Urtreger (p), II joua’ un SWEET GEORGIA

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BROWN à l'harmonica, mais cette interprétation manquait de flamme et donnait 1* impression d’un numéro rabaché pour la millième fois. SULTY SERENADE, anatole de Tyree Glenn fut exécuté à la guitare électrique tout en sifflotant le thème, sorte de gag qui plut assez au public. Enfin, à l'harmonica, il enleva avec beaucoup de swing un blues traditionnel sur tempo rapide et parvint même à faire jouer plus "car­ré", Humair et Urtreger, lesquels abandonnèrent, pour la joie de tous, leur musiquet­te de laboratoire.

Enfin, la grande vedette de la soirée, Stéphane Grappelly, vint se joindre à eux et nous régala avec IF I HAD YOU - NUAGES et LADY BE GOOD où Grappelly exécu­ta les riffs de EXACTLY LIKE YOU enregistré par le quintette du Hot Club de France. Ce fut un véritable triomphe et Grappelly fut vraiment très heureux de se voir ainsi apprécié. Nous rappellerons simplement sa justesse, son coup d'archet incisif, sa so­norité tantôt moelleuse, tantôt acide et mordante, ses phrases claires ou complexes toujours bien construites, son potentiel de swing, toutes choses qui paraissent effrayan­tes à exécuter sur un violon 1

Quant aux "Double Six" qui durent clôturer le concert après ce moment mer­veilleux, ils ont paru d'autant plus ridicules avec leur musique de bonnes facture, mais commerciale; et leur manière de gesticuler sur scène provoqua un tel remous dans l'auditorinm qu'il ne fut même plus possible d'annoncer une jam finale qui de­vait réunir tons les musiciens... Il valait peut-être mieux ainsi, tant pour le jazz que pour les jazzmen.

Parmi les musiciens et les auditeurs qui furent rassemblés lors de cette soirée, certains furent irrités par l'attitude générale du public. Ce programme fut cependant un test involontaire dont le résultat doit rendre optimiste le véritable amateur de jazz!

Du côté scène, il y avait des musiciens et des chanteurs de variétés (Henri Se­ghers, les Doubles Six, Mac-Kac) des musiciens de jazz authentique (Grappelly, Ma­xim Saury) et des musiciens progressistes (D. Humair - R. Urtreger). Chacune de ces catégories, y pouvait faire état de styles différents et d'interprètes de toutes qualités et de toutes réputations. Quant aux organisateurs, de très bonne foi, ils crurent que ce concert, dont l'entrée était gratuite , allait être écouté et apprécié d ’un bout à l'autre, quel que soit le genre de numéro promis par les noms à l'affiche. Hélas, ce fut une bévue, ils furent dépassés par les événements, car ce n'est pas un public de music-hall qui s'est rendu à cette séance, mais bien une foule composée quasi-exclu­sivement d'étudiants de l'Université Libre de Bruxelles, public d'élite s'il en est, quoique pas tout à fait familiarisé avec le vrai jazz.

N’est-il pas réconfortant de constater que seuls, les jazzmen de cette séance, c. à. d. l ’orchestre Maxim Saury et Stéphane Grappelly ont été écoutés en silence et abondamment applaudis ? Ces musiciens en furent d'ailleurs les premiers ravis.

______________________ -31- j

Certains soi-disant critiques et pseudo-amateurs proclament habituellement, que seuls . les concerts de pseudo-jazz moderne ne sont pas chahutés, tandis que les concerts de jazz traditionnels entraihent au chahut. Ils durent être quelque peu dé­concertés par cette expérience imprévue et durent donc cacher une fois de plus leur mauvaise foi derrière une indignation de petit bourgeois.

Autant réconfortés que les jazzmen cités, les vrais amateurs de jazz furent heu­reux de constater que le message de bons et authentiques jazzmen a été réellement intercepté par ce public estudiantin si hasardeusement rassemblé,

Roger de MOERLOOSE.

b Le 27 décembre dernier, devant huit à neuf cents membres des Jeunesses Musi­cales de Belgique, le critique et spécialiste du bines YANNICK BRUYNOGHE, assisté de AMORY DE SAINT MOULIN a présenté une fort intéressante conféren­ce sur le Blues et le Negro-Spirituals. Cette séance de deux heures fut agrémen­tée de disques, fil ms et diapositives.

Félicitons les J. M. B. pour leur choix et les conférenciers pour la qualité de leur exposé.

b Le Jury de l'International Jazz Club s'est réuni le 4 décembre 1960 à Paris en vue d'attribuer ses prix annuels.

Grand prix : Le Grand Prix 1960 est attribué à :"DUKE" ELLINGTON JOHNNY HODGES - 33 t, 30cm "Backto Back" - Verve MG V8317 ou Barclay 5013,

Prix International : Destiné à distinguer le meilleur disque enregistré par des musiciens de différentes nationalités. Décerné à :

CLAUDE BOLLING joue "Duke" Ellington - 33 tours Fontana680204.

Mention Spéciale : "FROM SPIRITUALS TO SWING", "VISAGES DU JAZZ" -2 disques Chant du Monde Amadeo-Vanguard AVRS 9014-9015. ou Guilde du Jazz J 1248-1249.

a De son côté le "Hot Club de France" a décerné un PRIX MONDIAL destiné à couronner les enregistrements non publiés en France.

Palmarès du Prix Mondial du H. C. F.

Best Jazz LP HAL SINGER's "Blue Stompin" - Prestige 7153.Best Blues LP : MEMPHIS SLIM's "At the Gâte of Horn" - Vee Jay 1012.

Best Single Performances

1- Cop Out Extension by DUKE ELLINGTON with PAUL GONSALVES in “Festival Session" A merlcan Columbia CL 1400, - EngllsliVphüip» BBL 7355.

2- Buck Jumpin' by AL CASËY in Casey's "Buck Jumpin'” - Prestige/ Swingville 2007.

3- Four Faces o f fohnny and Tasty by JOHNNY LETMAN In "Cascade o f Quartets" VôJL 1 - Engliih Columbia CX 1191.

• ••••

Le gï.amd charaîeur et guitariste de blues LIGHTNÎN' HOPKINS a donné plusieurs concerts à New-York dw t un au Carnegie Hall.

Louis Armstrong et son 'AU SI art” composé de Trummy Young -tb, Barney Bi­gard -cl, liU y Kyle -p, Mor. Herbest -b, Damay Earceîona -dïSJ et Velma Middleton ont joué quatre conceift* à Pairi* : deux le 24 décembre et deux Se 31 décembre.

Suite du répertoire des microsillons consacrés au blues et édités en France de- is fin 1956,

BLUES "COUNTRY” - 46 t. EP. POP spo 17007 - Standard.Letter to my baby (Big B1U) - Whistlin’ and moanin'blues (John Lee Hooker) - Saturday evening (Alec Stewart et Sonny Terry) - Honey Bee (Muddy Watera),

* BIG BILL BROONZY- 46 t. EP. Philips 430714 - Medium.Tell me what klnd of man Jésus is - See see rider - When l've beea dtinkin' - Sweet low sweet chariot rHollUnde - février 1956),

f RAY CHARLES • 45 t. EP. Atlantic 212. 005 - Médium.Yes indeed * I had a dream - The right time - That's enough.

LA VERN BAKER - 45 t. EP. Atlantic 212. 004 • Médium.St Louis blues - I crled u tear - I walted too long - It's so fine.

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WASHBOARD SAM - 33 t. 25 cm - RCA 130. 256 - Standard(avec les pianistes Joshua Altheimer, Memphis Slim, Horace Malcolm, Si-tneon Henry, Black Bob et Big Bill -g).I've been treated wrong • I love my baby - Mountain blues - Phamton black snake - Little leg woman - Gonna hit the highway - I'm gonne keep my hair parted - Booker T. blues - Block and tackle- She's makin' a fool out of me.

BESSIE SMITH - 45 t. EP. Philips 429. 518 BE - Médium.St. Louis blues - Reckless'blues - Sobbin’ hearted blues - Cold in hand blues.

MILTON BUCKNER - “Rockin" Hammond" 45 t. EP. Capitol EAP 1-722. - Médium - (Milton Hinton -b, Micky Baker -g).Count's basement - Mighty low - The beast - One o'clock jump.

BAD LUCK BLUES - 33 t. 30 cm. Brunswick 87. 504 - Standard.Blue ghost blues (Lonnie Johnson) - Cryln’ mother blues (Red Nelson) - Bad Luck blues (Kokomo Arnold) - Playin' myself the blues tCecilGant) - Some- day baby blues (Sleepy John Estes) - Candy blues (Lemdy Johnson) - Highway blues (Lightnin' Hopkins) - New failing raln blues (Lonnie Johnson) - Bad things on my mind (Lightnin' Hopkins) - Jailhouse blues (Sleepy John Estes) - Red beans and rice (Kokomo Arnold) - Road tramp blues (Peetie Wheatstraw) - Evo­lution blues (Cousin Joe) - Blues on Central Avenue (Joe Turner).

FATS DOMINO - 45 t. EP. Polydor 27.703 - Médium.Whole lotta lovin' - Coquette - When the Saints go marchin' in - Tellin'lies.

CHAMPION JACK DUPREE - 33 t. 25 cm. Atlantic 332. 005 - Standard. Strollin' - Can't hick the habit - Evil woman - Junker's blues - Bad blood - Goin' down slow - Frankie and Johnny - Stack-o-lee,

JIMMY REED - 45 t. EP. Top Rank RES 101 - Standard.Boogie in the dark - You don’t have to go - Ain 't that lovin' you baby - You got me crying.

JAZZ GILLUM - 33 t. 25 cm. RCA 130. 257 - Standard.You should give some away - You got to run me down - Keep on salling -Key to the Highway - Take a little walk with me - I'm not the lad - Handreader blues - Down south blues - Signifying woman - Gonna take me rap.

LITTLE RICHARD - 45 u EP. RCA Camden 60. 206 - Populaire.Every hour - I brough it ail on my self - A in't EOthin' happenin' - Why did you leave me.

SA MM Y PRICE - 45 t. EP. Savoy 460 SV 436 - Médium.(avec King Curtis -ts, Mlckey Baker -g).Rib joint - Tishomingo - Juke joint - Jive joint.

RAY CHARLES - 33 t. 30 cm - Versailles MEDX 12. 020 - Médium.Ain 't that love - Drown in my own tears - Come back baby - Sinner s prayer -

Funny (but I still love you) - Losing hand - A fool for you - Hallelujah I love her so - Mess around - This little girl of mine - Mary Ann - Greenbacks - Don' t you know - I got a woman.

*■ JAZZ GILLUM - 45 t. EP. RCA - 75. 462 - Standard.Reckless rider blues - Whiskey head budd le s - Got to reap what you sow * Jazz Gillum's blues.

RAY CHARLES à Newport - 45 t. EP. Atlantic 212. 015 - Médium.The right time - Tell ail the world aboit you - I got a woman.

FATS DOMINO - 45 t. EP Polydor 27.707The big beat - Sick and tired - I want you to know - Long lonesome jonmey.

FATS DOMINO - 45 t. EP. Polydor 27. 710I'm walkin' - Blue monday - Blueberry hill - So long.

9 JOHN LEE HOOKER ■ 33 t. 30 cm Top Rank RLP103 - Populaire (1955-59). Dimples - Hobo blues - I'm so excited - I love you honey - Boogie chillum - Little wheel - I'm in the mood - Maudie - Crawlin' king Snake - Every night - Time is marching - Baby lee.

BLUES "SUBURBAN” - 45 t. EP. POP spo 17003 - Standard.Mamie’s blues (Jelly Roll Morton) - Yancey's mixture (Jimmy Yancey) - The fives (Clarence Lofton) - Country jail spécial (Champion Jack Dupree).

V BLUES "C ITY” - 45 t. EP POP spo 17. 004 - Standard.I love my baby (Memphis Slim) - Just got lucky (Clarence "Gatemouth" Brown) Loving you (Lowell Fulson) - House Party (Amos Milburn).

RAY CHARLES - 45 t. EP. Atlantic 212. 013 - Médium.Black jack - Heart breaker - What’s I say.

FATS DOMINO - 45 t. EP. Polydor 27. 708Little Mary - *‘44" - What will I tell my heart - Mardi-gras in New-Orleans.

FATS DOMINO - 45 t. EP Polydor 27. 709Rosalie - Young school girl - Barrelhouse - You rascal you.

MEMPHIS SLIM - 45 t. EP. Top rank RES 116 - Standard.(intitulé : "What's is the matter"} - enregistré en 1958-59).What's the matter - This time I ’m through - Steppin'out - My gai keeps me crying.

T. BONE WALKER - 45 t. EP. Polydor 27. 722 (probablement enregistré en 1951- titre : "Tihythm’ and Blues N" 2"),Cold cold feeling - I got the blues - Sheet walking woman - I got the blues again.

BILL DOGGETT - 45 t. EP. Odéon SOE 3506 - Standard.Hold it - Blip blop - Blues for Handy - Birdie.

T. BONE WALKER - 33 t. 25 cm. Atlantic 332. 006 • Standard.T. Bone blues - Evenin' - Play on little girl - Blues rock - Papa ain't salty - Two bones and a pick - T. Bone shuffle • Stormy monday blues - Blues for Marili.

CHUCK WILLIS - 45 U EP. Atlantic 212. 011 - Médium/That train has gone - My life - Betty and Drupee - My Crying eyes.

BLUES "MODERNE" - 45 t. EP. POP spo 17005 - spo 17005 - Standard.Million dollar secret (Helen Humes) - No rollin' blues (Jimmy Witherspoon)- Rocky mountain blues (Billy Holliday) - Worried life blues (Sonny Parker).

MILTON BUCKNER - 33 t. 30 cm Capitol T. 722 - Standard.Count's basement - Mighty low - Well be together agaln - Jumpin' at the woodside - The beast - One o'clock jump - Wild scene - Blue and sentimental- Deep purple - Jumpin' at the Zanzibar - When you wish ypon a star - The late late show.

JOHN LEE HOOKER - 45 t. EP. Top Rank RES 196 - Standard.(enregistré en 1955-56-57).Wheel and deal - The road is so rough - Everybody rockin' - Crawlin' black spider.

LITTLE RICHARD - 33 t. 30 cm. London HA - U 2193 - Médium.(intitulé ; "The fabulons Little Richard").Shake ahand - Chic ken little baby - A il night long - The most I can offer - Lonesome and blue - Wonderin’ - She knows how to rock - Kansas City - Direct- ly from my heart - Maybe I'm right - Early one morning - I'm just a lonnely guy - Whole lotta shakin' goin’ on.

JIMMY WITHERSPOON / WILBUR DE PARTS - 33 t. 25 cm - Atlantic 332.007 - Standard (probablement enregistré en 1 î>a7).Lotus blossom - Trouble in mind - Big fine girl - See see rider - Careless love- Tain't rtobody's business if I do - St. Louis blues - How long blues.

RALPH WILLIS - 45 t. EP. Odéon SOE 3504 - Standard (enregistré en 1953) - avec Sonny Terry - harmonica).Why'd you do it - Do right - Gonna hop on down the line - Door bell blues,

LA VERN BAKER - 33 t. 25 cm, Atlantic 332. 012 - Standard.(intitulé : "La Vem Baker chante Bessie Smith”, enregistré en 1957).Baby doll - On revival day - Money blues • Ain’t gonna play no second fiddle- Back water blues - Empty bed blues - Young woman's blues - Preaching the bines.

BILL DOGGETT - 33 t. 30 cm, Odéon XOC 141 - Populaire ("Hot Doggett", enregistré : 1952 à 1956).

Hight heels - Honey boy - True blues - Wild oats - Gumbo - Squashy - Percy speaks - Oof - Shove off - Quaker city - who's who - Early bird.

m FRANKIE LEE S1MS - 45 t. EP. Top Rank RES 129 - StandardWhat will lucy do - Mise y blues - Walking with Frankie - Hey Utile giil.

m BILLY BOY - 45 î. Top Rank RS 126 - StandardHere is my picture - You've got me wrong,

B LIGHTNIN’ HOPKINS - 45 t, Top Rank 11001 - StandardWonder v»hat is wrong with me - Bad boogie.

« IIMMY REED - 45 t. EP. Top Rank RES 141 - StandardBaby what you want me to do - Gares* me baby - A sting to you* heart - I know it's a sia.

* SONNY THOMPSON - 45 t. EP. Odéon SOE 3569 - StandardBlues for the èigîn - First base - Palmetto - Gum shoe.

m BLUES VILLE CHICAGO - volume 1 - 33 t. 30 cm Top Rank RLP 109 - Populaire- date d'enregistrement 1S55-1956.Goin' bacfe home - Baby left dows - Kiags highway - Eula Mae {Joe Williams)- Bad boy - You always have a home - Ride 'em on down (Eddie Taylor) - I wish you would - I was fooled - Don't stay out ail night - I ain't got nobody (Bill Billy Boy) - Judgement day - Someose to love me (Snooky Prior) - Don't knock at my door (Eddie Taylor).

m CLARENCE "GATEMOUTH" BROWN - 45 t. POP po 455 - enregistré vers 1S5Û. Okie dokie stomp - Dépréssion blues.

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D a n s l e s p r o c h a i n s m o i s , v o u s p o u r r e z l i r e da ns : " R h y t h m ' & B l u e s p a n o r a m a " :

ROOSEVELT SYKES, par Yannick BRUYNOGHE

COOTIE WILLIAMS, par Daniel CORBEL

BASIE 50/60 par Bernard NIQUET

PIANISTES DE BLUES par Bernard NIQUETBLUES FOR EVER (liste des dernières parutions de disques de blues) par René RAMEL

GUITARISTES ET CHANTEURS DE BLUES par Serge TONNEAU

SONNY PARKER par Serge TONNEAU

. . . etc .. .

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La c é l é b r i t é a c t u e l l e de l ’ o r ches t r e Count S a s ie ne doit pas nous faire oublier les grandes qualités de bluesman de son chef. Basic s'efface çn effet de plus en plus derrière l'orchestre et cet aspect de son talent est éclipsé par \z prééminence donnée aux interprétations orchestrales, peu en rapport avec le blues.

C ’est d'aülenrs un bien curieux phénomène que le contraste de cet orchestre qui suit plutôt son époque (arrangements ridicules de Neal Hefti, solistes avachis gen­re Thad loues), avec son chef, soliste qui n'a pas changé une virgule à son style de­puis vingt ans, au point qu'il est impossible de reconnaître, au seul jeu de piano, «t on enregistrement date de 1938, 48 on 58 (alors que cette identification se fait aisé­ment par le genre de l'entourage orchestral). Car Basîe joue le blues pur, dam toute sa grandeur, sans y mêler aucun élément étranger, aucun de ces clichés mélodique: ou harmoniques qui affadissent instantanément son caractère et le rende semblable à un produit industriel standard. U n’est pas comme Big Ma ceo ou Sammy Price un mu­sicien spécifiquement blues, mais il appartient il cette catégorie de jazzmen qui sa­vent aussi joner à la perfection le blues traditionnel; c'est l'esprit des plus grasds spé­cialistes de cette musique qui anime ses solos, mais le langage est celui du jass pro­prement dit. On connaît son style si caractéristique notes cinglantes à la ma la droi­te, jetées en traits courts et espacés, jeu de main gauche - la plupart du temps ex­trêmement réduit (sauf lorsqu'il emploie le stride à la Fats Waller ou l'accompagne­ment boogie-woogie classique : 8 basses par àsessïse); notons tout de suite que cette manière parcimonieuse diffère essentiellement de l'indigence des pianistes progres­sistes. En effet, il n'est pas possible de dissocier le jeu de Basie de celui de son gui­tariste Freddie Green, qui, lai non plus, n 'a rien changé à son jeu (esprit et forme) depuis ses débuts. Depuis 1/4 de siècle, ils forment équipe, "communient dans la même musique”; leurs jeux se complètent mutuellement et l'on peut dire delà gui­

tare de Freddie Green (non celle d'un guitariste en général) qu'elle fait partie inté­grante du jeu da pianiste. Tous deux, loins de se laisser influencer par les divers cou­rants de la mode ont gardé un accent intégralement jazz, dont nombre de musiciens de l'orchestre actuel sont fort éloignés. C'est merveille de voir comment Basie, mal­gré son air indifférent, se moque au fond de tous les tics "modernistiques”. Au cours de ses solos, aux passages où l'arrangeur a prévu, en fond orchestral, une transition harmonique rococo, il laisse dédaigneusement passer le moment, comme un prome­neur sensible détourne un instant les yeux d'un coin de forêt où des citadins grossiers ont laissé des papiers sales, pour les reposer un peu plus loin lorsque le paysage a re­pris sa beauté naturelle.

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Si les occasions de l'entendre se font rares, il nous reste heureusement une su­perbe série de piano-solos enregistrée en 1938-39, presque tous des blues et de bien beaux thèmes ("HOW LONG BLUES" - "THE FIVES" - "HEY LA WDY MAMA " . . . . ), accompagnés par la seule section rythmique : Freddie Green, Walter Page, Jo Jones.La plupart du temps, i l s'y exprime dans son style propre, qui convient admirable­ment au blues et il a un accent si low-down qu'en comparaison, le jeu de Jo Jones parait léger. Ces disques ont été parfaitement analysés et mis en valeur par Hugues Panassié au chapitre XV I de son livre "Jazz Panorama".

En 1942, il a encore enregistré quelques faces en solos dont un chef d'œuvre: "CAFE SOCIETY BLUES" où il emploie presque constamment un accompagnement ré­gulier à la main gauche. C'est un régal que de pouvoir entendre Basie absolument seul au piano, comme au début de "HOUSE RENT BOOGIE" (1947) car i l déploie alors toutes ses ressources et l'on peut goûter son art dans toute sa plénitude (mais les exem ­ples sont rares en disque).

Non seulement, i l joue idéalement le blues, mais il sait aussi insuffler cet esprit à tout un orchestre, par son action et même par sa seule présence; i l faut ce ­pendant que les musiciens qui l'entourent ne soient pas réfractaires à cette musique: aussi est-ce durant les années 30 et 40 que son groupement a enregistré ses plus beaux chefs-d'œuvre. I l possédait alors d'excellents solistes, capables d'emballer tout l'o r­chestre : Hershell Evans, Harry Edison (écoutez ses formidables chorus de "FEATHER MERCHANT"), Dicky Wells, Buddy Tate; et, pour couronner le tout, l'incomparable chanteur Jimmy Rushing qui, est généralement la vedette du disque : "GOOD MOR- NING BLUES" - " I LEFT MY BABY" - "JIMMY'S BLUES" - "GOIN* TO CHICAGO", etc .. , Tous les autres solistes, que ce soit Don Byas ("HARVARD BLUES"), Buck Clayton, Emmet Berry, V ie Dickenson, Lester Young.. . e tc .. . savaient jouer le blues et s'intégrer au climat des morceaux. Cependant, un orchestre, quels que soi­ent les bons musiciens qui le composent, ne saurait donner des résultats excellents, s 'il n'existe un lien commun, qui lui donne son unité; c'est là toute l'importance du chef, même si celu i-ci ne joue pas lui-méme (par exemple Jimmy Lunceford). En Count Basie nous avons un maître, il sait installer l'atmosphère blues et l'entretenir tout au long du morceau : quelques mesures de piano en guise d'introduction et nous voilà au coeur du blues. Pendant l'interprétation, i l soutient constamment l'intérêt chez ses musiciens : soit qu 'il joue de délicats contrechants, soit qu 'il dialogue avec un soliste ou avec toute une section, soit qu 'il pimente l'arrangement de ces notes ou accords ultra-swinguants, dont il semble bien avoir le secret. C'est dans d'aussi bonnes conditions qu'ont été enregistrés : "BLUES IN THE DARK" -"THE BLUES I LIKE TO HEAR" - "RUSTY DUSTY BLUES" - "TAKE ME BACK BABY" et sur tempo rapi­de : "ROCKING THE BLUES" - THE WORLD IS MAD" - "BABY DON'T TELL ON ME"- "POUND CAKE" - "THE MAD BOOGIE" . . . e tc .. .

Actuellement les réussites de ce genre sont très rares, nombre de ces musi­ciens étant trop étrangers à l'esprit du blues (pour ne rien dire du chanteur plutôt em ­phatique qui n'apporte guère qu'un peu d'entrain). Quant aux solistes les plus jazz

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pr

(Wendell Culley, Smookie Young, Reunald Jones, A l Grey, Henry Cooker, Marshall Royal, Charles Fowlkes), Ils sont peu mis en valeur, l'orchestre devenant de plus en plus un "numéro de concert" au détriment des qualités jazz. A un musicien français qui lui demandait pourquoi l'orchestre ne jouait plus de bons tempos dansants, Mar­shall Royal (le directeur musical de l'orchestre) répondit que de tels tempos ne per­mettaient pas de mettre en valeur la virtuosité des musiciens.. . tout le drame est là. En fait, Basie n'est plus l'âme de son orchestre, il s'exprime dans un autre langage (seul, Eddie Davis est un pur swingman, digne de lui). André Persiany a raconté (bul­letin du HCF n* 82) comment se passent les répétitions : il reste à son piano, jouant sa partie, mais se désintéressant du reste, et c'est le premier alto qui s'occupe de tout.

Si Count Basie a gardé une fidélité absolue envers sa musique (il suffit de l'é- couter pendant deux mesures pour le constater), il semble par contre ne plus avoir confiance dans le public. Le bourrage de crâne de la critique américaine (et fran­çaise à sa suite) a agi de nombreux jazzmen croient ainsi qu'ils ne seront pas appré­ciés en Europe s'ils jouent leur propre musique; lorsque Sonny Parker est venu chez nous pour la première fois, en 1953, avec Lionel Hampton, il n'osait pas chanter le blues lent (pourtant sa spécialité), s'imaginant que le public n'apprécierait pas cela. Ces préjugés tombent généralement après quelques essais concluants. Pour Basie, rien de tel, il ne sort pas de sa réserve ; lorsque, pressé et encouragé par des admirateurs, il se décide à inclure un solo de piano dans le programme, il manque rarement de remporter un grand succès, et cependant il faut à nouveau le supplier pour qu'il fasse de même au concert suivant. Depuis quinze ans, il n'a pas enregistré un seul disque en solo !

Heureusement, i l nous a laissé un splendide lot de disques et il joue toujours aussi bien. Souhaitons que Norman Granz ait l'idée (pourquoi pas, il l'a bien fait pour Art Tatum) de lui faire enregistrer plusieurs microsillons "Count Basie at the piano".

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A V I S A U C O L L E C T I O N N E U R .

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Les collectionneurs désireux de faire passer dans la "Bourse aux Disques" une liste détaillée de disques, revues... peuvent béné ficier de conditions spéciales.

La page : 50 frs belges, 5 N. F.La 1/2 page : 30 frs belges, 3 N. F,

L'argent doit être versé à Serge TONNEAU ou à René RAMEL.

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otre ami MICHEL BOUJUT nous a fait l'agréable surprise de nous envoyer un poème qu’il a composé en l ’honneur du "Roi du Jazz

Louis Armsttpng. . ^ ,

Louis joueet des mondes s'écroulent en cascades de joie éclatante Louis joue et la beauté se tord Louis joueet l'on ne distingue plus son coeur de sa trompette Louis joueet fait feu de tout bois et met le feu aux poudres et le feu se propage et le feu traverse la mer et le feu nous atteint nous consume Louis joueet le vent gmfle les voiles de l'am itié Louis jouesur un arc-en-ciel de tendressesur les marches des palaisdans les roseaux du fleuvedans les prairies de mon sangpour notre libertépour les printemps à venirLouis jouedans les ruesdu premier amourdu dernier crimeles rues des usinesles rues des prisonset les rues s'ouvrent sur le c ie let le cœur des hommes se réveilleet les hommes se lèventet les hommes se rappellentLouis joueet je réinvente l'amourLouis joueet je change la vie.

( M i c h e l BOUJUT -Janv. 61).

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Disques à vendre, OU MIEUX, à échanger contre ceux que je recherche.(la plupart sont à l'état neuf).

78 tours :Armstrong : Peanut Vendor - You are lucky to me (Pari E. )

Mexican Swing - Satchel mouth swing (Br. )St Louis Blues - How I am to know (Trumbauer) (Pari E)

Ellington : 12th Street rag - Awful sad (Decca)Blues of the Vagabond - Syncopated shuffle (Pari E)Echoes of the Jungle - Limehouse blues (VSM)

Ben Carter : What l 'i l be - Out of my way (-Swing)King Cole : Lullubelle - There I said it a gain (Capitol)Mesirow : 35th & Calumet • Old fashioned love (Gramo)Chocolaté Dandies : Once upon a time - Ain ’t cha glad (Henderson) (Odéon)C. Hawkins : Jamaica shout - Heart hreak blues (Odéon)

Sweet Georgia Brown - Spotlîte (HMV)K. Oliver : Snag it (1926) - Capitol Blues (Derwey Jackson) (Vo. am. )Luis Russel : On revival Day - Tight like that (Odéon)Dicky Wells I found a nex baby - Blues (Swing)Don Redman : Chant of the weeds - Shakir.g the african (Br. Am)Fats Waller : Imagine my surprise - Your iocks don't match (HMV)Cl. Williams : I'm a little blackbird - Mandy make up.. . (Jazz Sty)Perry Bradford : Ain't Gonna piay - Lucy long (Br. Am)F. Henderson : What cha called em blues - Sugar foot stomp (Col. Am)

12th Street rag r Milenberg joys -Ash)Old black Joe - Orch. Bob Haring (Caméo)

45 tours ;Ellington : In the shade of the old apple tree - Slippery horn - Drop me off at

Harlem - Harlem speaks (-Philips)Henderson : When you do what you do - One o f these days - A new kind of man-

The meanest kind of blues (Jazz Coll)33 tours :Album Harlem Jazz 1930 Brnnswick avec Ellington, Henderson, Redman, Russel.

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