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Planète LE DOSSIER VERT PAGES RéALISéES PAR PHILIPPE CLOT Le sprint du bambou A l’image de cette petite reine mexi- caine, le bambou se profile comme un MATÉRIAU ÉCOLOGIQUE idéal pour relever les défis du XXI e siècle. Le Bamboocycle UH-2, du designer mexicain Diego Cárdenas. (il en existe 1300 sur Terre) poussant dans la région de Veracruz pour assurer une bonne moitié du cadre d’une bicyclette. Cette économie d’acier, matériau très énergi- vore, assure un bonus carbone au Bamboocycle. Et, surtout, c’est la frime garantie avec cette bécane urbaine monovitesse dont chaque exemplaire, matériau naturel oblige, ne ressemble à aucun autre. Le Bamboocyle a enfin le bon goût d’arborer antibactériennes. Solide, rec- tiligne, léger, non corrosif, il se laisse transformer à l’infini: échafaudages, parquets, meu- bles ou encore… vélos. Le designer mexicain Diego Cárdenas a en effet réussi à exploiter l’exceptionnelle rigi- dité d’une espèce de bambou I l a tout pour être un pre- mier de classe écolo, le bambou: il pousse vite, il capture tout plein de carbone, il produit en moyenne 30% de plus d’oxygène que les arbres et il n’a pas besoin de dopants chimiques pour prospérer grâce à ses propres substances Photo: DR un prix raisonnable malgré sa nature forcément artisanale. Panda Bicycles, un concurrent américain de Fort Collins, dans le Colorado, propose de son côté trois modèles également d’une grande élégance, mais nettement plus chers que le deux-roues latino. _ Sites internet: Bamboocycle: 825 fr. www.bamboocycles.com Panda Bicycles: de 2000 à 3000 fr. www.pandabicycles.com Compter environ 200 fr. de frais supplémentaires pour le transport. L’ILLUSTRé 45/10 103

Ringier Magazine NOV 2010

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Planètele dossier vertPages réalisées Par

PhiliPPe Clot

Le sprint du bambouA l’image de cette petite reine mexi-caine, le bambou se profile comme un matériau éCologique idéal pour relever les défis du XXIe siècle.

Le Bamboocycle UH-2, du designer mexicain Diego Cárdenas.

(il en existe 1300 sur Terre) poussant dans la région de Veracruz pour assurer une bonne moitié du cadre d’une bicyclette. Cette économie d’acier, matériau très énergi-vore, assure un bonus carbone au Bamboocycle.Et, surtout, c’est la frime garantie avec cette bécane urbaine monovitesse dont chaque exemplaire, matériau naturel oblige, ne ressemble à aucun autre. Le Bamboocyle a enfin le bon goût d’arborer

antibactériennes. Solide, rec-tiligne, léger, non corrosif, il se laisse transformer à l’infini: échafaudages, parquets, meu-bles ou encore… vélos.Le designer mexicain Diego Cárdenas a en effet réussi à exploiter l’exceptionnelle rigi-dité d’une espèce de bambou

il a tout pour être un pre-mier de classe écolo, le bambou: il pousse vite, il

capture tout plein de carbone, il produit en moyenne 30% de plus d’oxygène que les arbres et il n’a pas besoin de dopants chimiques pour prospérer grâce à ses propres substances

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un prix raisonnable malgré sa nature forcément artisanale. Panda Bicycles, un concurrent américain de Fort Collins, dans le Colorado, propose de son côté trois modèles également d’une grande élégance, mais nettement plus chers que le deux-roues latino. _

▶ Sites internet: Bamboocycle: 825 fr. www.bamboocycles.com Panda Bicycles: de 2000 à 3000 fr. www.pandabicycles.com Compter environ 200 fr. de frais supplémentaires pour le transport.

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Notre poubelle ulti meDu 20 au 28 novembre, la semaine euroPéenne de la réduCtion des déChets nous invitera à mieux gérer nos ordures. Car le problème demeu-re aigu. Une visite de la pharaonique installation de stockage ISDS permet de mieux mesurer l’ampleur du défi.

substances nocives. Naguère, elles finissaient dans la nature, dans les cours d’eau et donc dans nos estomacs, nos pou-mons. Mais ici, après avoir été mélangées à du ciment, elles vont dormir pour l’éter-nité ou presque dans cette cuvette creusée dans la marne, avant d’être recouvertes par plusieurs mètres de terre une fois atteints les bords de la baignoire.Quant aux eaux qui traver-sent ces montagnes de boues cimentées, elles sont drainées et analysées au cas où la sta-bilisation du ciment ne serait pas parfaite. On vient de Chine pour visiter cette unité de stockage, emblème du propre en ordre helvétique, et qui avale bon an mal an 13 000 tonnes de ces déchets.

où se trouve la plus grande baignoire par-faitement imperméa-

ble du monde? Juste à côté d’Oulens, village vaudois voi-sin de l’autoroute A1. Mais cette gigantesque cuve ne sert pas aux ablutions d’un géant. Elle a été creusée et sécuri-sée à l’asphalte pour stocker les déchets ultimes de notre société.Depuis douze ans, c’est en effet à l’Installation de stoc-kage de déchets stabilisés (ISDS) que sont achemi-nées, cimentées et entassées les cendres volantes et les boues des cheminées de la plupart des usines d’in-cinération romandes. Ces résidus demandent des soins spéciaux: ils contiennent des métaux lourds et d’autres

Tout serait donc parfait au pays des déchets spéciaux suisses? Pas tout à fait. «Aujourd’hui, la politique qui prime, c’est la politique du franc, déplore Michel Chappuis, président du conseil d’administration d’ISDS. Je veux dire par là que nous sommes obligés d’être concurrentiels, de baisser nos tarifs, pour garder certains de nos clients qui risqueraient de faire traiter leurs déchets ailleurs, quitte à renoncer à un stockage de cette qualité.»Une législation plus contrai-gnante serait donc bienvenue. Mais la balle est aussi dans le camp du simple citoyen. Il est toujours possible de mieux trier ses déchets et, surtout, de réduire leur volume. «Il est aujourd’hui utopique d’envi-sager une société zéro déchets,

estime Dominique Bollinger, professeur à la HEIG d’Yver-don (voir encadré ci-dessous). Mais, pour avoir fait par exem-ple le test du tri d’une benne de déchets de notre école avec mes étudiants, il est certain

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qu’on peut faire beaucoup mieux, aussi bien au niveau du tri que sur le plan de la quantité.» _

▶ Site officiel de la Semaine européenne de la réduction des déchets: www.ewwr.eu/fr

Les détenus de la petite prison genevoise de Villars sont depuis une année reCyCleurs d’ordinateurs et de téléviseurs. Et tout le monde y trouve son compte.

Déchets valorisants

Le vieux tube cathodique renferme son précieux cuivre sous le plastique. Mais Amin* va lui faire son affaire. «Au fil du temps, on développe les bonnes tactiques en fonction des modèles, explique le détenu. Quand le cuivre est enfermé dans la même pièce de plastique, cela demande plus d’efforts. Mais regardez celui-ci: il est scellé avec une sorte de résine, bien plus simple à découper.»Le prisonnier recycleur est fier de son modeste mais réel savoir-faire acquis au fil des mois. Qua-tre autres pensionnaires de cet établissement, qui abrite une vingtaine d’hommes en fin de peine ou condamnés à moins d’une année, séparent les mé-taux des plastiques, désossent des cartes-mères d’ordinateurs ou formatent même des disques durs qui peuvent encore servir. La concentration règne devant ces circuits imprimés et ces pla-ques d’aluminium profilé.Le directeur de l’établissement, Laurent Rochat, est à l’origine de cette petite entreprise der-rière les barreaux: «Nos détenus vont tous vers la liberté. Ils n’en sont séparés que de quelques se-maines ou mois. Mais la plupart d’entre eux n’ont pas ou peu de formation. Ce travail de recy-clage a pour but de les valoriser, de leur donner quelques idées. A mon arrivée, il y a trois ans, il

n’y avait qu’une menuiserie où l’on faisait du petit bois avec des palettes. Il fallait quelque chose de plus ambitieux. L’idée m’est venue d’un détenu qui m’avait demandé un congé spécial pour pouvoir assister à une séance d’information sur la formation de recycleur CFC. Et c’est mon collaborateur et maître d’atelier, Cédric Ducrest, qui l’a mis sur pied.»Un chiffonnier moderne livre donc désormais à la prison du matériel électronique usagé brut. Celle-ci lui retourne le cui-vre, l’aluminium et les éléments contenant des métaux précieux. Le tout parfaitement trié. Les détenus gagnent un petit pécule, tout comme l’Etat de Genève. «Et, depuis que cet atelier tour-ne, nous avons constaté une baisse de la violence et des pro-blèmes liés à la toxicomanie à l’intérieur de la prison», se ré-jouit son directeur.* Prénom d’emprunt.

Le directeur, Laurent Rochat, l’agent de détention, Désiré, et le maî-tre d’atelier, Cédric Ducrest, entourent une partie du fruit du travail.

C’est dans cette gigantesque «baignoire», à Oulens, en pleine campagne vaudoise, que les cendres volantes et les boues provenant des cheminées des usines d’incinération romandes sont stabilisées.

De haut en bas: l’eau traversant les monticu-

les de déchets est drainée.Les cendres et boues

cimentées sont disposées par couches.

Les déchets spéciaux attendent leur traitement

dans une halle.

la heig d’yverdon se plie en quatreFaute d’appartenir à l’Ue, la suisse restera largement en marge de cette semaine européenne de la réduction des déchets. seule la Haute école d’ingénierie et de gestion d’Yverdon-les-Bains y partici-pera, sous l’impulsion de Domi-nique Bollinger, professeur en gestion de l’environnement.

ProgrammeDu 22 au 26 novembre: exposi-tion dans le hall du site de

Cheseaux; 23 novembre: dès 17 h, sur le site de saint-roch, un cinq à sept «gestion des déchets et développement durable», projection du film HOME de Yann arthus-Ber-trand; 25 novembre: anima-tions gratuites sur le thème «réutiliser au lieu de jeter», projection du film Le syndrome du Titanic de Nicolas Hulot.

▶ Plus d’infos sur http://go.heig-vd.ch/reduction-dechets

Une partie du savoir-faire acquis sera peut-être reconnu par l’Association des recycleurs genevois.

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Un clavier sans fil qui marche à la seule énergie de la lumière naturelle ou artificielleJolie prouesse de Logitech! Deux larges capteurs photo-voltaïques permettent à ce clavier sans fil de se passer de piles. Le bonus écologique se double ainsi d’un bonus de tranquillité: l’autonomie de ce concentré de technologies de pointe est en effet garanti grâce à une batterie très performante capable de compenser trois mois d’obs-curité complète.

▶ Logitech Wireless Solar Keyboard K750: 99 fr. www.logitech.com/fr-ch

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il a longtemps dirigé l’entre-prise familiale de vidéosur-veillance, active dans plu-

sieurs pays. Il se retrouve depuis l’année passée dans le savon liquide, en Suisse, à Gland (VD). Mais pas n’importe quels savons liquides: Sébas-tien Bidault les a voulus bios et locaux. Le sourcilleux label Ecocert est là pour garantir que, chez Scientia Natura, les listes de composants imprimées sur les étiquettes sont courtes et fleurent bon la nature.«Il y avait une niche à occu-per dans les savons liquides et mous: la niche écologique. Je me suis donc lancé, sans y connaître rien, mais en sachant ce que je voulais. Toutes les huiles que j’utilise sont bios. Tout doit être naturel et tous les flacons recyclables.»Même si la vague verte faci-lite l’émergence de ce type de produits, le marketing reste décisif. «J’ai décidé de m’adres-ser prioritairement aux gens qui ont envie de retrouver des valeurs sûres du passé. Le savon noir, notamment, c’est une valeur historique. Je l’ai donc privilégié pour ma gamme de nettoyage SanyBio. Pour mes produits corporels Helvetia Natura, plutôt à base d’huile de tournesol, j’ai choisi de souli-gner leur recette naturelle avec

l’abc du dd Mardi 16 novembreL’expression «développement durable» (DD) s’est imposée partout, mais parfois abusive-ment. L’institut de formation Sanu organise le séminaire «ABC du développement dura-ble», d’une demi-journée, pour remettre les pendules à l’heure.

▶ Sanu, rue Dufour 18, Bienne. De 13 à 17 h. www.sanu.ch/offre

les vegan tiennent salonDimanche 28 novembreLes 100% végétariens (pas de produits laitiers, ni d’œufs, ni même de miel) tiennent salon à Paris pour la deuxième année consécutive. Brunch, concerts, démonstrations culinaires, défilés de mode…

▶ La Bellevilloise, rue Boyer 19-21, www.parisveganday.fr

climat et montagne8 et 12 décembreDeux journées mondiales à haute valeur écologique se suc-cèdent début décembre: celle du climat et celle de la monta-gne. L’occasion de se docu-menter, de réfléchir, voire d’agir.

▶ Climat: www.bafu.admin.ch/klima Montagne: http://www.fao.org/mnts/intl_mountain_day_fr.asp

«Je m’éclate dans la nature tout autour de chez moi Le plus gros péché environne-mental que vous ayez commis?J’ai beaucoup voyagé, il y a une dizaine d’années, souvent en avion, contribuant sans

doute à un phénoménal déga-gement de CO2 dans l’atmo-sphère.Aujourd’hui, plus question de voyages lointains: je m’éclate dans la nature tout autour de chez moi ou dans une Europe accessible en train.

La bonne action écologique qui vous ouvrira peut-être la porte verte du paradis?Peut-être le choix de concentrer toutes mon énergie dans le métier singulier qui est le mien: faire découvrir, aimer et respec-ter la nature au travers de deux revues, de films et d’un festival!

La polluante envie qui vous tente souvent?Mes envies sont peu polluantes,

mes rêves faits de bivouacs ou de randonnées en montagne, en famille ou entre amis.

Le désastre écologique qui vous rend vert de rage?De manière générale, la terri-fiante indifférence que mani-feste notre société face à la des-truction planétaire de la nature.

La prière que vous réciteriez en faveur de la planète?Qu’un jour on mesure le degré d’avancement de notre civilisation à la part de nature sauvage que nous aurons su préserver.

▶ Le 200e numéro de «La Salamandre», consacré aux mammouths, a paru.

Chaque année, la fondation Ocean Conservancy, basée à Washington, coor-donne la Journée mondiale du nettoyage des côtes. elle fait ensuite les comptes détaillés des déchets repêchés par un demi-million de bénévoles dans son rap-port annuel. Ces statistiques permettent de faire une radiographie précieuse de la poubelle marine mondiale. On peut aussi en tirer un hit-parade des immondices par nombre d’unités.en septembre 2009, les dix déchets les plus fréquemment ramassés, parmi une masse totale de 3,33 millions de kilos, étaient tous des résidus de consomma-tion individuelle. et c’est le mégot de cigarette qui arrivait largement en tête: avec plus de 2 millions d’unités, il repré-sente en effet 20% du nombre total de déchets.Certes, un mégot de cigarette (qui met une dizaine d’années pour se dégrader) a un impact écologique moins lourd qu’un réfrigérateur (11 112 repêchés), qu’une voiture (23 459) ou qu’une batte-rie (29 598). Mais sa «belle» première place permet de mesurer le travail de sensibilisation qu’il reste encore à faire pour que les citoyens cessent de consi-dérer les mers, les lacs et les cours d’eau comme des poubelles.

«Je suis heureux de pouvoir être fier de mes produits»Le développement durable ouvre des perspectives à des entrepreneurs-nés comme Sébastien Bidault. Ce Bourguignon installé en Suisse a lancé l’année passée une gamme de savons liquides bios. Il nous livre quelques recettes pour réussir dans le business vert.

des étiquettes évoquant les pro-duits du début du XXe siècle.» L’illustrateur nyonnais Aurélien Hubert a donc créé un petit garnement dans des décors très art nouveau. «Et le fait que mes produits soient fabriqués en Suisse leur donne un très fort bonus de crédibilité.»Sébastien Bidault n’a pas hésité à inventer aussi son propre label pour souligner l’autre exigence écologique de ses savons: le «circuit court de distribution». En clair, tous les produits de base et les flacons eux-mêmes sont fabriqués à moins de 800 km du site de production de Gland. Autant de pétrole et de kérosène économisés par cette proximité. Et, bien sûr, pas la moindre goutte d’huile de palme.Mais tout n’est pas rose dans le business vert. Il faut se battre: «Les débuts ne sont jamais faciles. Mais lancer une entre-prise qui s’efforce de respecter l’environnement, cela donne un bonus d’enthousiasme. Cela renforce aussi ma qualité d’écoute auprès de ma clientèle. Je suis heureux de pouvoir être fier de mes produits.» _▶ Les produits de Scientia Natura sont distribués notamment dans les magasins bios et diététiques, ainsi que dans les boutiques et garden centres Schilliger. www.laboratoires-scientia-natura.ch

l’éCoConfessionnal de… le job vertl’éCogadget

l’infograPhie

l’agenda vert

julien Perrot rédacteur en chef du magazine «la salamandre»

Sébastien Bidault a développé une très large gamme de savons.

Le hit-parade de la poubelle marine1er

Mégots decigarettes2 189 2522e

Sacs enplastique943 2333e

Emballagesde fast-food912 2464e

Bouchonset capsules912 2465e

Bouteillesen plastique883 737

6e

Vaisselle512 517

7e

Bouteillesen verre459 531

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Canettesen alu457 631

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Pailles412 940

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