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Les risques d’origine technologique André DAUPHINÉ Les risques technologiques, aussi anciens que l’humanité, prennent vraiment leur ampleur avec la révolution industrielle. Ce sont cependant les moins meurtriers, loin derrière les risques d’origine naturelle et même après l’ensemble des risques disséminés ou chroniques comme les accidents domestiques, du travail ou de la route. En France, de grandes catastrophes technologiques ont eu lieu, mais les risques liés à l’implantation de structures industrielle ou énergétique ont fortement reculé depuis vingt ans. Inégalement répartis sur le territoire, comment peuvent-ils évoluer à l’avenir ? Leur acuité, leur ampleur vont-elles s’accroître, ou au contraire, saura-t-on mieux les gérer ? RISQUE ET CATASTROPHE DORIGINE TECHNOLOGIQUE Le risque est potentiel, la catastrophe est réelle Le risque désigne un phénomène potentiel. Il existe un risque d’irradiation nucléaire en France, mais aucun accident notable n’a eu lieu. La catastrophe est un phénomène réel. Tchernobyl est une catastrophe nucléaire. Le risque possède une dimension probabiliste que la catastrophe n’a plus. Il n’y a pas concordance, ni dans le temps, ni dans l’espace, et encore moins en intensité. Dans l’espace, la catastrophe survient à l’intérieur ou au-delà des limites du risque, même si elle est plus ponctuelle. Enfin, un petit risque peut produire une grande catastrophe. Les manifestations de la catastrophe d’origine technique Les catastrophes d’origine technologique agissent de trois façons. D’abord, elles sont toxiques en propageant des produits dangereux que l’homme peut respirer, avaler ou toucher. L’incendie, source de brûlures ou d’asphyxie, est une seconde manifestation de ce type de catastrophe. Enfin, les explosions sont une source de traumatismes. Depuis 1970, le BLEVE (Boiling Liquid Expanding Vapour Explosion) désigne la dépressuration rapide de gaz liquéfiés combustibles conduisant à la formation d’une boule de feu. Le BLEVE de Feyzin, le 4 janvier 1966, a fait 18 morts. Ces impacts peuvent être associés. Mais surtout, dans les grandes métropoles, les risques d’origine technologique sont souvent couplés à des risques d’origine naturelle. Ils prennent alors le nom de risques « nat- tech » (naturels puis technologiques) ou « tech-nat » (technologiques puis naturels). Lors des tempêtes de l’hiver 1999, on a frôlé une catastrophe nat-tech avec l’inondation partielle de la centrale nucléaire du Blayais. Accident, désastre et catastrophe d’origine technologique Suivant l’ampleur de la catastrophe, on distinguera des accidents (sans victime), des désastres (moins de 30 victimes), des catastrophes (plus de 30 victimes). Cette typologie reprend le seuil de 30 victimes choisi par les Nations unies. Il n’est pas admis par tous. En France, on compte plus de 460 équipements à risque, soumis à la directive Seveso 2. Mais seulement 13 catastrophes ont fait plus de 30 victimes de 1950 à 2000. Pour ce même intervalle de temps, 42 désastres firent au moins 1 victime. Mais les enjeux des risques sont de trois ordres : humains, économiques et environnementaux. Les effets sur l’homme peuvent être immédiats ou différés — toxicité, brûlures, asphyxie, traumatismes — les effets sur les biens se traduisent par des destructions, détériorations et dommages aux habitations, aux ouvrages, au bétail, aux cultures. Quant à l’environnement, il peut être affecté par la pollution brutale ou différée de l’air, de l’eau, du sol ou des nappes phréatiques avec risque d’atteinte de la flore, des fruits et légumes par les racines, des animaux puis des hommes par la chaîne alimentaire. On utilise aussi parfois le vocable de « risque technologique majeur », qui désigne un enjeu à la fois par les conséquences directes sur les personnes, les biens et l’environnement, mais aussi par les conséquences indirectes et les effets déstabilisants sur les systèmes industriels et sociaux. Futuribles / Etude rétrospective et prospective des évolutions de la société française (1950-2030) 35.

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Les risques d’origine technologique André DAUPHINÉ

Les risques technologiques, aussi anciens que l’humanité, prennent vraiment leur ampleur avec la révolution industrielle. Ce sont cependant les moins meurtriers, loin derrière les risques d’origine naturelle et même après l’ensemble des risques disséminés ou chroniques comme les accidents domestiques, du travail ou de la route. En France, de grandes catastrophes technologiques ont eu lieu, mais les risques liés à l’implantation de structures industrielle ou énergétique ont fortement reculé depuis vingt ans. Inégalement répartis sur le territoire, comment peuvent-ils évoluer à l’avenir ? Leur acuité, leur ampleur vont-elles s’accroître, ou au contraire, saura-t-on mieux les gérer ?

RISQUE ET CATASTROPHE D’ORIGINE TECHNOLOGIQUE

Le risque est potentiel, la catastrophe est réelle

Le risque désigne un phénomène potentiel. Il existe un risque d’irradiation nucléaire en France, mais aucun accident notable n’a eu lieu. La catastrophe est un phénomène réel. Tchernobyl est une catastrophe nucléaire. Le risque possède une dimension probabiliste que la catastrophe n’a plus. Il n’y a pas concordance, ni dans le temps, ni dans l’espace, et encore moins en intensité. Dans l’espace, la catastrophe survient à l’intérieur ou au-delà des limites du risque, même si elle est plus ponctuelle. Enfin, un petit risque peut produire une grande catastrophe.

Les manifestations de la catastrophe d’origine technique

Les catastrophes d’origine technologique agissent de trois façons. D’abord, elles sont toxiques en propageant des produits dangereux que l’homme peut respirer, avaler ou toucher. L’incendie, source de brûlures ou d’asphyxie, est une seconde manifestation de ce type de catastrophe. Enfin, les explosions sont une source de traumatismes. Depuis 1970, le BLEVE (Boiling Liquid Expanding Vapour Explosion) désigne la dépressuration rapide de gaz liquéfiés combustibles conduisant à la formation d’une boule de feu. Le BLEVE de Feyzin, le 4 janvier 1966, a fait 18 morts.

Ces impacts peuvent être associés. Mais surtout, dans les grandes métropoles, les risques d’origine technologique sont souvent couplés à des risques d’origine naturelle. Ils prennent alors le nom de risques « nat-tech » (naturels puis technologiques) ou « tech-nat » (technologiques puis naturels). Lors des tempêtes de l’hiver 1999, on a frôlé une catastrophe nat-tech avec l’inondation partielle de la centrale nucléaire du Blayais.

Accident, désastre et catastrophe d’origine technologique

Suivant l’ampleur de la catastrophe, on distinguera des accidents (sans victime), des désastres (moins de 30 victimes), des catastrophes (plus de 30 victimes). Cette typologie reprend le seuil de 30 victimes choisi par les Nations unies. Il n’est pas admis par tous. En France, on compte plus de 460 équipements à risque, soumis à la directive Seveso 2. Mais seulement 13 catastrophes ont fait plus de 30 victimes de 1950 à 2000. Pour ce même intervalle de temps, 42 désastres firent au moins 1 victime.

Mais les enjeux des risques sont de trois ordres : humains, économiques et environnementaux. Les effets sur l’homme peuvent être immédiats ou différés — toxicité, brûlures, asphyxie, traumatismes — les effets sur les biens se traduisent par des destructions, détériorations et dommages aux habitations, aux ouvrages, au bétail, aux cultures. Quant à l’environnement, il peut être affecté par la pollution brutale ou différée de l’air, de l’eau, du sol ou des nappes phréatiques avec risque d’atteinte de la flore, des fruits et légumes par les racines, des animaux puis des hommes par la chaîne alimentaire.

On utilise aussi parfois le vocable de « risque technologique majeur », qui désigne un enjeu à la fois par les conséquences directes sur les personnes, les biens et l’environnement, mais aussi par les conséquences indirectes et les effets déstabilisants sur les systèmes industriels et sociaux.

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Trois sources essentielles de risque : l’énergie, la chimie, la mobilité

Les accidents industriels récents ont révélé la très grande sensibilité du public aux accidents impliquant les industries nucléaire et pyrotechnique, la chimie et la pétrochimie avec des produits communs tels le chlore et l’ammoniac, les gaz de pétrole liquéfiés et les gaz combustibles, les hydrocarbures ou le développement des biotechnologies (crainte de la dissémination de micro-organismes modifiés qui auraient des effets pathogènes et contribueraient à la rupture de certains équilibres écologiques). Ces secteurs d’activités, associés aux grands ouvrages (barrages) et aux transports des matières dangereuses, constituent pour les pouvoirs publics et les contemporains des risques technologiques majeurs.

Depuis la révolution industrielle, les catastrophes concernent essentiellement trois secteurs : l’énergie, la chimie et les transports. Le graphique 1 montre que les catastrophes du secteur transport sont les plus meurtrières au cours du dernier quart de siècle.

De plus, tous les risques d’origine technologique ont changé de visage. Les grandes catastrophes minières ont d’abord été remplacées par des ruptures de barrages. Puis, l’énergie nucléaire est devenue le premier super risque. Entre temps, les grands complexes pétrochimiques, ont été le lieu d’accidents meurtriers, notamment à Feyzin, le 4 janvier 1966 (18 victimes), et à La Mède le 9 novembre 1992 (6 victimes). De plus, certaines catastrophes, comme le naufrage de l’Erika, ont un impact uniquement écologique, tandis que dans un tunnel, comme celui du Mont Blanc, les impacts sont essentiellement humains (39 victimes).

CARTOGRAPHIE DES RISQUES

À l’échelle nationale, les risques ponctuels sont inégalement répartis sur le territoire

À l’échelle de la France, la majorité des catastrophes d’origine technologique sont ponctuelles. La plupart des désastres correspondent à des localisations d’usines à risque, à des équipements urbains dangereux, ou à des « points noirs » sur des axes de transport.

Cependant une catastrophe déborde parfois ce site d’origine. Son extension spatiale dépend du milieu dans lequel elle se propage. Les déplacements à l’intérieur de la lithosphère, du sol, s’effectuent sur de très courtes distances. Les catastrophes provoquées par l’exploitation d’une mine débordent exceptionnellement les limites du site d’exploitation. Inversement, dans l’atmosphère, le déplacement des particules se fait sur de très vastes territoires, voir un continent dans le cas des retombées radioactives. Entre ces deux situations extrêmes, les catastrophes qui empruntent l’hydrosphère ont une ampleur spatiale de taille régionale.

Dans le temps, cette diffusion est très rapide et difficilement maîtrisable dans un milieu atmosphérique. Elle est déjà plus lente dans l’hydrosphère comme l’atteste l’exemple des pollutions marines. Elle est encore plus lente dans la lithosphère, ce qui explique en partie le choix d’enfouissement des déchets nucléaires.

En France, les risques technologiques sont répartis de façon très inégale sur l’ensemble du territoire. À l’exception de la Côte d’Azur, aucune agglomération importante n’est à l’abri d’un risque d’origine technologique soumis à la directive Seveso 2. Mais chaque risque technologique obéit à une localisation préférentielle. La carte 1 montre une très forte concentration des installations dites Seveso autour de quelques grandes aires urbaines et portuaires : la région parisienne, Douai et Dunkerque, Strasbourg, Bordeaux, Marseille et Lyon. Les grandes villes des vallées de la Seine et du Rhône sont menacées, car elles sont situées sur des axes de transport qu’empruntent les matières dangereuses.

La gestion spatialisée des risques technologiques

Les principes de lutte contre les risques technologiques n’ont pas changé depuis le décret impérial du 15 octobre 1810. Il s’agit de séparer les usines dangereuses et les zones d’habitations. On applique alors le principe du zonage. Il est interdit de construire dans un rayon fixé autour d’un équipement dangereux. Depuis la loi de 1976 sur les installations classées, des zones tampons doivent éviter les conflits de voisinage. Ces zones de dangers, formées de cercles concentriques, sont remplacées, dans les P.U.L., par des zones de protection rapprochée et

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des zones de protection éloignée. Ces dernières intègrent la géographie des sites, les reliefs, les vents dominants, et les axes de transport.

HISTOIRE ET PROSPECTIVE DES CATASTROPHES D’ORIGINE TECHNOLOGIQUE

Histoire récente des catastrophes d’origine technologique

Les véritables catastrophes d’origine technologique sont devenues exceptionnelles en France. La figure 3 montre que le nombre de tous les accidents recensés a augmenté, mais que le nombre de victimes est en forte diminution.

Tout au long du XXe siècle, mais de façon irrégulière, les pertes humaines des catastrophes d’origine technologiques ont diminué. Il est loin le temps où une seule catastrophe, celle de la mine de Courrières, en 1906, faisait plus de 1000 victimes. L’essentiel de cette baisse s’explique par la mise en place de mesures de sécurité efficaces. Il s’agissait d’éviter que l’accident ne se produise. Cette forme de lutte a donné naissance aux systèmes ultra sûrs. L’aviation, les trains à grande vitesse, le nucléaire civil sont des systèmes placés sous haute surveillance. Mais les ergonomes ont démontré qu’il était dangereux de poursuivre dans cette seule voie. L’accident du concorde en juillet 2000 semble leur donner raison.

La répartition statistique des victimes est fortement dissymétrique. La moyenne est fortement tirée par les impacts de quelques super catastrophes. De 1950 à 2000, on a recensé 2223 victimes, dont 412 pour la seule catastrophe de Malpasset, soit plus de 18 %. Malgré une décroissance des pertes humaines, des catastrophes très meurtrières sont encore à redouter.

En sens inverse, les dépenses induites par ces catastrophes ont augmenté. Les coûts des catastrophes de l’Erika et de concorde dépasse 1 milliard de francs. On dispose d’un essai de comptabilité détaillée concernant le naufrage de l’Amoco-Cadiz. Si les coûts de nettoyage sont évalués à 559 MF, les dommages aux ressources vivantes s’élèveraient à environ 1 700 MF, et le manque à gagner des activités économiques, notamment du tourisme, seraient de l’ordre de 900 MF. Ainsi, les pertes visibles engendrées par le nettoyage ne sont pas les plus graves.

Trois scénarii possibles

Le scénario tendanciel

En prolongeant les tendances actuelles, les accidents et les catastrophes d’origine technologique devraient présenter une double évolution. Leur nombre devrait se stabiliser tandis que leurs impacts meurtriers devraient continuer à baisser. Cependant, l’analyse des systèmes ultra sûrs montre que cette réduction ne tend pas vers un seuil de risque zéro.

Par ailleurs, l’introduction de nouvelles technologies est une source de nouveaux risques. Le cas le plus évident concerne les biotechnologies. Elles n’ont pas encore eu d’effets véritablement catastrophiques. Cependant, quelques accidents graves s’observeront lors de la mise sur le marché de nouveaux produits. Ces nouveaux risques devraient concerner avant tout les foyers d’innovation, les très grandes métropoles, Paris, puis secondairement Lyon et Marseille.

Le scénario des catastrophes en réseau

Dans cette configuration, la tendance générale reste orientée à la baisse. Mais, quelques catastrophes exceptionnelles ne sont plus improbables. Elles seront le résultat d’un effet de domino : une petite fluctuation provoquant des effets démesurés. De tels scénarios sont envisageables pour l’énergie nucléaire, les futurs avions gros porteurs, des tunnels urbains incendiés, des navires géants de croisière.

Il est probable que ces grandes catastrophes envahissent tout l’espace à partir d’un point fixe (radiations nucléaires) ou s’insinuent le long des réseaux (gazoduc). Ces catastrophes réseaux sont à redouter dans les grandes aires urbaines en voie de métropolisation. Les métropoles d’estuaires, Bordeaux ou Nantes, ou linéaires comme la Côte d’Azur, ont des réseaux faiblement connexes, ce qui les rend particulièrement vulnérables. Dans le temps, ces super catastrophes exceptionnelles forment donc un pic sur la courbe générale, rapidement effacé,

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sauf dans le cas d’un accident nucléaire, moins probable, mais dont les effets se feraient sentir sur un intervalle de temps plus long. Il serait possible d’envisager alors un sous-scénario de même type, mais avec un pic s’étalant dans le temps.

Le scénario de l’émergence

Ce scénario, devenu évident pour les risques du vivant avec l’épidémie du Sida, est sans doute moins probable pour des risques uniquement technologiques. Mais, il n’est pas à exclure totalement. Ainsi, les grands barrages construits il y a une trentaine d’années souffrent d’une maladie du béton qui les rend très fragile. Fort heureusement, une attention soutenue a permis de reconnaître cette maladie et de la traiter. Mais une telle vigilance ne s’applique pas à tous les risques.

Bien que la courbe générale obtenue ressemble à celle du scénario 1, l’émergence de nouveaux risques n’est plus dépendante de la seule création de nouveaux produits. Le danger émerge de façon plus ou moins spontanée, sans doute dans d’autres domaines, avant de frapper le champ des technologies.

Sur le plan spatial, ce type de scénario ne présente pas une localisation préférentielle. Certes, les villes sont plus menacées, mais à l’inverse des deux scenarii précédents, on ne perçoit pas de différences entre elles.

Malgré une meilleure prise en compte des risques d’origine technologique, la stagnation et même le recul de ces risques ne doivent pas masquer que des perturbations plus ou moins sensibles peuvent provoquer une progression brutale, mais limitée dans le temps, d’accidents de cette origine. Dans l’espace, les métropoles dont les réseaux sont faiblement connexes (ville d’estuaire, villes ponts, villes littorales) sont les plus menacées.

Sélection bibliographique • DAUPHINE André. Risques et catastrophes. Paris, Armand Colin, 2001 • DUPUY Jean-Pierre. Pour un catastrophisme éclairé. Quand l’impossible est certain. Paris : Seuil, 2002, 216 p. • LAGADEC Patrick. La civilisation du risque. Catastrophes technologiques et responsabilité sociale. Paris, Seuil, 1981. • LEROY Alain, SIGNORET Jean-Pierre. Le risque technologique. Paris, Puf, Que sais-je ? n °2669, 2000

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0 10 20 30 40 50 60 70 80

Énergie

Chimie

Transport

1975-2000

1950-2000

Graphique 1. Pourcentage de victimes selon les secteurs

Carte 1. Les installations technologiques dangereuses en France en 1997.

Source : IFEN

Graphique 2. Évolution des catastrophes d’origine technologique en France (source CRED)

0 100 200 300 400 500 600 700 800

1990-99

1980-89

1970-79

Nb de décèsNb d'accidents

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Graphique 3. Les trois scénarios probables

Scénario 1. Tendanciel Scénario 2. Catastrophes en réseau Scénario 3. Émergence

Encadré 1. La prévention des catastrophes technologiques

La prévention des catastrophes technologiques comprend deux groupes d’outils. L’étude de danger, institué par la loi du 19 juillet 1976 a été l’objet de décrets successifs (21 septembre 1977, 9 juin 1994), puis de l’arrêté du 10 mai 2000 qui transpose en droit français la directive Seveso 2. Conduite sous la responsabilité de l’exploitant, elle complète l’étude d’impact établie lors de la demande d’autorisation. Elle comprend essentiellement un recensement des accidents pouvant survenir, leur extension et leurs conséquences prévisibles, les moyens de secours envisagés. Parfois, pour des installations très dangereuses, le préfet demande à un organisme externe une analyse critique de l’étude danger. C’est le rapport de sûreté.

Par ailleurs, pour agir contre un accident, deux plans préventifs sont mis en place. Le premier, le Plan d’Opération Interne (P.O.I.) est rédigé par l’exploitant. Il comprend un plan de situation, des réseaux, un schéma d’alerte et le mode d’organisation des secours. Il est construit sur la technique des scénarios : à chaque accident correspond une solution potentielle. Le second, le Plan Particulier d’Intervention (P. P. I.), est réalisé par le préfet. Il est mis en œuvre quand l’accident déborde le site initial.

On retrouve donc, comme pour les risques naturels, le traitement d’une catastrophe par deux niveaux de décision, à l’échelle du site et à l’échelle du représentant de l’État. Cette dualité, a priori logique, est malgré tout une source potentielle de disfonctionnement. C’est pourquoi, dans les pays européens, les plans d’urgence sont de plus en plus gérés au seul niveau local.

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Carte 2. Les sites nucléaires en France. Situation au 1er janvier 2001

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Carte 3. Les risques liés aux barrages

Risques avec enjeux humains Communes où le risque (enjeu humain) n'est pas encore clairement défini Communes soumises à l'aléa Barrage sans enjeu humain

Source : Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement (à partir des dossiers départementaux des risques majeurs et des connaissances des services de l'État au 1er octobre 2002)

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Carte 4. Les risques liés au nucléaire

Risques avec enjeux humains Communes où le risque (enjeu humain) n'est pas encore clairement défini Communes soumises à l'aléa Nucléaire sans enjeu humain

Source : Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement (à partir des dossiers départementaux des risques majeurs et des connaissances des services de l'État au 1er octobre 2002)

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Carte 5. Les risques industriels

Risques avec enjeux humains

Communes où le risque (enjeu humain) n'est pas encore clairement défini Communes soumises à l'aléa Risque Industriel sans enjeu humain

Source : Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement (à partir des dossiers départementaux des risques majeurs et des connaissances des services de l'État au 1er octobre 2002)

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Carte 6. Les risques liés au transport de matières dangereuses

Risques avec enjeux humains Communes où le risque (enjeu humain) n'est pas encore clairement défini Communes soumises à l'aléa Matière Dangereuse sans enjeu humain

Source : Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement (à partir des dossiers départementaux des risques majeurs et des connaissances des services de l'État au 1er octobre 2002)

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