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1 Rôle de la femme dans le secteur irrigué au Maroc

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Rôle de la femme dans le secteur irrigué au Maroc

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SOMMAIRE

I- INTRODUCTION .............................................................................................................3

1-1 Objectifs de l’étude ........................................................................................................4

1-2 Méthodologie de l’étude .................................................................................................5

II- DONNEES GENERALES SUR LE MAROC ...................................................................5

2-1 Situation ........................................................................................................................5

2-2 Caractéristiques générales ...............................................................................................6

III- L’IRRIGATION AU MAROC..........................................................................................7

3-1. Les potentialités hydrauliques ........................................................................................8

3.2. La mobilisation des ressources en eau.............................................................................8

3-3 La gestion de l’eau d’irrigation ......................................................................................13

a) Acteurs de la gestion de l’eau d’irrigation..............................................................................13

b) Les Associations des Usagers des Eaux Agricoles (AUEA)....................................................13

c) Droits d’eau ..................................................................................................................13

IV- ETUDE DU ROLE DES FEMMES RURALES EN IRRIGATION ...............................14

4-1 Méthodologie ..............................................................................................................14

4-2 Résultats de l’enquête ...................................................................................................14

a) Situation générale des femmes rurales...................................................................................14

b) Rôle des femmes dans la production et la transformation des productions agricoles ...........................15

c) Rôle des femmes rurales dans l’élevage ..................................................................................18

d) Participation des femmes rurales à la gestion de l’exploitation ....................................................20

e) Rôle des femmes rurales dans l’approvisionnement en eau ..........................................................22

f) Rôle des femmes rurales dans la conduite de l’irrigation.............................................................23

g) Maîtrise des notions d’irrigation par la femme........................................................................23

4-3- Contraintes.................................................................................................................26

V- RECOMMANDATIONS.................................................................................................27 Dans le monde rural, le retard accusé dans l’accès des femmes aux services publics est la

principale cause de leur marginalisation et partant leur faible implication dans la gestion de l’eau..............................................................................................................................................27

REFERENCES ....................................................................................................................30

ANNEXES...........................................................................................................................31

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I- INTRODUCTION Nul ne peut contester les rôles et les apports des femmes au développement en milieu rural. Elles constituent une force active importante au niveau du travail et de la production et contribuent considérablement au revenu familial à travers leurs activités agricoles et para agricoles. Pourtant, les femmes sont souvent sous-estimées dans les stratégies de développement. La division de la main-d’œuvre agricole entre les femmes et les hommes tend à confiner les femmes dans le rôle de producteur pour les besoins du ménage: non payée et non comptabilisée dans les statistiques, la main-d’œuvre féminine n’est pratiquement pas reconnue dans le domaine de l’agriculture. Pourtant, il a été démontré que les femmes obtiennent souvent de meilleurs résultats grâce à leur travail consciencieux et à l’attention qu’elles prêtent à une gestion soignée. Bien trop souvent, elles ne se voient pas accorder autant de moyens que les hommes, et de nombreuses études conviennent que les économies nationales pourraient nettement progresser si les politiques permettaient aux femmes de contribuer davantage à la production agricole. Depuis le début des années 1980, une attention de plus en plus grande est consacrée aux relations entre les femmes et l’environnement, et en particulier l’eau, dans le cadre de conférences internationales. L’Agenda 21, résultat principal du Sommet de la Terre organisé à Rio en 1992, inclut un chapitre sur l’ "Action mondiale en faveur de la participation des femmes à un développement durable et équitable".

La même année, la Conférence internationale sur l’eau et l’environnement (Dublin) inclut les femmes dans l’un de ses quatre principes: "Les femmes jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement, la gestion et la préservation de l’eau". En 1995, lors de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes (Beijing, Chine), les gouvernements se sont engagés dans la Déclaration de Beijing à: "Faire connaître le rôle des femmes, et surtout des femmes rurales et des femmes autochtones, dans les domaines de l'irrigation, de l'aménagement des bassins versants, de l’assainissement, et subventionner des recherches sur ces questions en accordant une place particulière aux connaissances et à l'expérience des femmes autochtones".

Lors de la Conférence internationale sur l’eau, à Bonn, en décembre 2001, le rôle des femmes s’est vu accorder une grande importance dans la Déclaration ministérielle: "Tant les hommes que les femmes devraient être associés sur un pied d’égalité à la gestion de l’utilisation durable des ressources en eau et au partage des bénéfices. Il est nécessaire de renforcer le rôle des femmes dans les domaines relatifs à l’eau et d’assurer une plus large participation de celles-ci". Le Sommet de Johannesburg (28 août - 5 septembre 2002) a pris plusieurs engagements liés aux femmes dans sa Déclaration politique. Notamment:

"Promouvoir l’accès équitable et la pleine participation des femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes, à la prise de décisions à tous les niveaux..."; "Améliorer l’accès des populations urbaines et rurales les plus démunies à la terre et à la propriété, à un abri approprié et à des services de base, en accordant une attention particulière aux femmes chefs de ménage"; "Faciliter l’accès à l’information et la participation, notamment des femmes, à tous les niveaux,

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afin de soutenir les politiques et prises de décisions liées à la gestion des ressources en eau et à la mise en œuvre des projets".

1-1 Objectifs de l’étude

A une échelle globale, il est souvent constaté que les agriculteurs et, par conséquent, les irrigants sont à prédominance masculine ; ce qui conduit à affirmer le contrôle des ressources familiales et du travail par les hommes, les femmes bien qu’elles participent à plusieurs tâches en relation avec la pratique de l’irrigation, leur rôle reste invisible. Cette situation est imputable aux traditions et à la culture ; jadis, dans les sociétés musulmanes, les femmes n’avez pas droit à une existence libre et indépendante, elles devraient être sous tutelle, du père, du mari et ; à défaut, celle du fils ou du frère. Des études de cas et des travaux de recherche effectués dans certaines régions, ont montré que cette dépendance ainsi que le non contrôle des moyens de production et aux ressources en eau affectent la sécurité alimentaire de la famille, les hommes manifestement plus d’intérêt pour les productions agricoles marchandes que pour les productions vivrières. Les exploitations tenues par des femmes sont exposées à beaucoup plus de difficultés pour des raisons socio – culturelles et éducatives (manque d’informations sur leurs droits, problème double d’accès et d’intégration dans le marché qui est souvent réservé aux hommes, sous – estimation des capacités des femmes, négligence de leur rôle et parfois même manque du respect, …). En effet, il est connu que dans le milieu rural, de nombreuses questions tabous limitent énormément l’activité de la femme et la place dans une situation très défavorable par rapport à l’homme : l’accès au marché, la communication avec des hommes étrangers, le travail durant la nuit (irrigation), sont perçus comme une grave atteinte au statut social de la famille. Face à ces contraintes, dans les exploitations tenues par des femmes, les cultures sont beaucoup plus diversifiées et ce pour assurer un meilleur équilibre nutritionnel et une sécurité alimentaire, constatation qui est loin d’étonner puisque les femmes étaient responsables, depuis l’antiquité, de la provision alimentaire : stockage des denrées alimentaires, conservation des aliments, … etc. A travers l’histoire de l’humanité, les femmes ont eu une relation particulière vis-à-vis de la ressource en eau : elles sont responsables de la collecte et de l’approvisionnement ainsi que du nettoyage et des questions sanitaires ; de plus, elles s’occupent du jardin potager et de l’abreuvement des animaux. Dans les exploitations traditionnelles, la corvée de la conduite de l’irrigation de surface incombe plus aux femmes. Par conséquent, l’importance d’impliquer la femme ainsi que l’homme dans le programme de gestion des ressources est non seulement pour améliorer la condition féminine, mais elle constitue un élément essentiel pour un développement effectif et une utilisation efficiente de ces ressources. Dans des systèmes traditionnels, les femmes assuraient la conduite des irrigations à la parcelle alors que les hommes sont responsables du puisage de l’eau (par noria, dlou, …), tâche qui nécessitait de la force ; ainsi, la répartition des tâches était plus visible. Avec l’évolution des techniques d’irrigation, leur rôle devenait de plus en plus invisible et leur intervention est perçue comme une aide et non comme une contribution effective. L’objectif général de l’étude est de comprendre le rôle de la femme rurale dans la gestion de l’irrigation. Les objectifs spécifiques de cette étude sont:

- Appréhender le rôle de la femme en irrigation - Ressortir la sensibilité de la femme aux diverses questions relatives aux ressources et leurs usages

- identifier les contraintes à l’implication de la femme en irrigation

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- formuler des recommandations visant de réduire les inégalités entre femme et homme

1-2 Méthodologie de l’étude

Pour réaliser cette étude nous avons procédé :

• à la consultation de la documentation disponible et actualisée sur le plan

national en relation avec le rôle des femmes rurales;

• la discussion du sujet avec des spécialistes des questions du genre ;

• des enquêtes auprès des femmes exploitantes dans différentes régions du

pays Les enquêtes réalisées ont permis d’effectuer :

- une typologie des exploitations selon le sexe et l’âge des propriétaires ; - une analyse de la répartition des tâches agricoles et surtout dégager le degré d’implication des femmes dans la pratique des irrigations. Etant donné que ce degré semble être fortement corrélé à la technique d’irrigation (de surface, par aspersion et localisée), les enquêtes seront effectués dans différents périmètres irrigués : les périmètres de petite et moyen hydraulique, les périmètres pompage privé et les périmètres de la grande hydraulique.

A ces fins, une fiche d’enquête transcendante a été préparée (Annexe 2) et a été déjà testée auprès d’un échantillon de 50 ménages dans 5 régions du Maroc. L’analyse des résultats permettrait : - la caractérisation de la typologie des exploitations par sexe, par âge, … - la définition du rôle de la femme dans les différentes tâches agricoles, - l’identification des contraintes limitant le rôle de la femme, - l’évaluation des retombées économiques de ces tâches sur la situation des femmes, - l’analyse de l’influence des autres secteurs sur l’activité des femmes dans le secteur irrigué.

II- DONNEES GENERALES SUR LE MAROC

2-1 Situation

Par sa situation entre deux mers et un désert, d’une superficie estimée à 710.850 km2, le Maroc constitue une entité géographique dont les caractéristiques modèlent un cadre naturel tout à fait original, à dominance méditerranéenne au Nord, atlantique au centre et désertique au Sud. Le pays possède 4 grands massifs montagneux : le Rif au relief accidenté, culmine avec le jebel (mont) Tidirhine à 2 548 m avant de s'abaisser à l'est, et à l'ouest vers le détroit de Gibraltar ; le Moyen Atlas formé de hauts plateaux entre Azrou et Timhadit, présente, au nord-est, une région plus accidentée. Le Bou-Iblan (3 190 m) est le plus haut sommet ; le Haut Atlas, aux reliefs tantôt tabulaires, tantôt en pics ou en clochetons, possède dans sa partie occidentale le sommet marocain le plus élevé: le Toubkal (4 167 m) ; le Haut Atlas et le Moyen Atlas enserrent de hauts plateaux arides à l'est, un grand couloir de glacis et un chapelet de basses plaines à l'ouest ; ils forment au centre du pays une dorsale imposante servant de frontière entre les parties atlantique et saharienne du pays ; l'Anti-Atlas, flanqué au sud de plaines alluviales, de crêtes rocheuses dénudées et de plateaux pierreux, se dresse en parallèle du Haut Atlas (Bamouh, 2003).

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Carte de situation du Royaume du Maroc

2-2 Caractéristiques générales

La population du pays est estimée en 2004 à 29,8 millions d’habitants avec un taux d’urbanisation de 56%. Le produit Intérieur Brut (PIB) moyen par habitant est de l’ordre de 1,180 $EU, l’économie étant dominée par les secteurs secondaire et tertiaire qui représentent plus de 85% du PIB. Par contre, le secteur agricole (incluant pêche)- qui fournit environ 40% de l’emploi total- ne contribue qu’à hauteur de 15 à 20% du PIB. Compte tenu de la stagnation relative du secteur minier et énergétique, la croissance de l’économie marocaine continue à dépendre largement des performances de l’agriculture, elles-mêmes liées aux conditions climatiques, essentiellement à la pluviométrie qui conditionne la production en sec (bour) couvrant près de 90% de la surface agricole utile (Ajbilou, 2003). 2-3 Présentation du secteur agricole Depuis l’indépendance, le secteur agricole constitue un des piliers du développement économique et social de notre pays. Le rôle que joue ce secteur est lié à son importance dans l’économie nationale et à ses relations avec les autres secteurs d’activités. Sur le plan économique, le secteur agricole contribue de façon notable à la formation du PIB total et qui varie entre 15 et 20%. Cette variabilité est due essentiellement aux fluctuations des conditions climatiques. L’emploi agricole constitue 40 °/° de l’emploi total et 80°/° de l’emploi rural. Par ailleurs, la contribution de l’irrigation au PIB agricole se situe en moyenne autour de 45 % avec une variabilité selon les conditions climatiques. En effet, le secteur irrigué contribue avec 35% au PIB agricole, en bonne année agricole, contre 70% en mauvaise année. En matière de sécurité alimentaire, le secteur agricole joue un rôle important dans la couverture d’une grande part de la demande alimentaire du pays en produits de base. Les taux de couverture de cette demande sont de 72% pour les céréales, 52% pour le sucre, 25% pour les huiles, 87% pour le lait et 100% pour les viandes et les fruits et légumes.

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En ce qui concerne les échanges extérieurs, la contribution du secteur agricole dans le commerce extérieur national représente entre 14 et 24 % de la valeur des importations globales. Les exportations agricoles représentent près de 18 % en moyenne de la valeur des exportations globales, avec une fluctuation allant de 15 à 21 %. A noter que, le secteur de l’irrigation assure, en moyenne, 75 % des exportations de produits agricoles. Le taux de couverture des importations agricoles par les exportations agricoles varie d’une année à l’autre. Cette variabilité est aussi enregistrée quant au taux de couverture des importations agro-alimentaires par les exportations agro-alimentaires qui se situe selon les années entre 45 et 102 %.

* Répartition de la superficie totale. La superficie totale du Maroc s'élève à 71 millions d'hectares dont près de 55% des superficies sont constituées par des terres à vocation agricole, pastorale et forestière.

* Occupation du sol

La superficie agricole utile qui s'élève à 9 millions Ha, dont plus d’un million d'ha irrigués, se répartit comme suit : * Céréales : 68 % * Arboriculture fruitière : 8,8 % * Autres cultures : 10,5% * Jachère : 12,7

III- L’IRRIGATION AU MAROC

Depuis l’indépendance du Maroc, le secteur de l’irrigation s’est vu assigné le rôle de moteur du développement de l’agriculture. Ce choix stratégique est dicté par le contexte climatique du pays, par les possibilités qu’offre la valorisation de ses ressources naturelles, par les impératifs de sécurité alimentaire et par les conditions objectives de sa paysannerie. La situation géographique du Maroc est à l’origine des contraintes climatiques qu’il subit et des atouts dont il dispose sur les plans pluviométrique et hydrologique comparativement aux autres pays de l’Afrique du Nord. En effet, eu égard à sa situation à l’extrême pointe nord-occidentale du continent africain, le Maroc dispose de deux façades maritimes dont principalement l’Atlantique qui le favorise sur le plan pluviométrique. Le relief du Maroc et particulièrement les chaînes montagneuses de l’Atlas et du Rif constituent des barrières qui interceptent les influences humides provenant de l’ouest à l’origine des

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précipitations nivales et météoriques. Elles forment en outre un véritable bouclier protégeant les plaines occidentales des influences sèches des vents du sud et de l’est. Les massifs montagneux du Maroc constituent en outre un véritable château d’eau d’où prend naissance un dense et riche réseau hydrographique. Le climat méditerranéen du Maroc en fait une contrée caractérisée par une grande irrégularité temporelle et spatiale des précipitations. L’analyse des précipitations sur le plan spatial révèle que 80% du territoire national reçoivent moins de 400 millimètres par an. Sur le plan temporel, la variabilité est telle qu’il n’est presque pas possible de déceler la moindre similitude entre deux campagnes agricoles successives. La situation devient encore plus difficile, quand les déficits pluviométriques s’aggravent durant les années sèches et à l’occasion des années très humides par la violence des précipitations souvent à l’origine de crues dévastatrices. Il s’en suit une grande irrégularité du régime hydrologique des cours d’eau. Dans de telles conditions, il n’est pas possible de disposer de la plénitude des ressources en eau superficielles sans le recours à la régularisation des cours d’eau. Pour les mêmes raisons, toute production agricole pluviale devient aléatoire et ne peut être considérée comme une source sûre de contribution à la sécurité alimentaire du pays, à la stabilité et l’amélioration des revenus des agriculteurs et de leurs conditions d’existence. C’est pour parer ces difficultés que les populations rurales du Maroc ont, depuis des temps immémoriaux, essayé d’apprivoiser les cours d’eau, de multiplier les captages et de canaliser, par les moyens les plus ingénieux, l’eau vers les terres les plus fertiles, comme il n’y a pas eu une seule des dynasties qui se sont succédées sur le Trône du Maroc sans contribuer à la promotion de la mobilisation de l’eau et de l’irrigation. La politique du million d’hectares lancée par Feu S.M. Hassan II est venue couronner cette riche histoire de l’irrigation au Maroc.

3-1. Les potentialités hydrauliques

Les potentialités hydrauliques mobilisables au Maroc sont estimées en moyenne à 20 milliards de mètres cubes dont 4 milliards de ressources en eau souterraines. La superficie agricole utile du pays s’élève à 9 millions d’hectares par rapport à une superficie totale de 71 millions d’hectares, soit à peine 13%. Eu égard aux ressources en eau mobilisables pouvant être affectées au développement de l’irrigation, les superficies irrigables de façon pérenne sont de 1 million 360 mille hectares auxquelles s’ajoutent 300 mille hectares d’irrigation saisonnière et par épandage des eaux de crues.

3.2. La mobilisation des ressources en eau

Depuis les années 1960, l’édification des barrages a été au centre des préoccupations des pouvoirs publics. Feu Sa Majesté le Roi Hassan II a tenu à souligner à chaque occasion l’importance de cette politique pour l’avenir du pays. Aujourd’hui le bilan est impressionnant, le Maroc compte plus d’une centaine de barrages pour une capacité de retenue totale de près de 16 Milliards de mètres cubes permettant de régulariser annuellement près de 12 Milliards mètres cubes d’eau de surface, à cela s’ajoute la réalisation de 13 systèmes de transfert d’eau. Cette infrastructure hydraulique permet d’atténuer de façon très significative les effets des phénomènes hydrologiques extrêmes telles que la sécheresse et les inondations. Quant aux ressources en eau souterraines, les efforts de mobilisation permettent de disposer annuellement d’un volume de 2,8 milliards de mètres cubes.

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A la veille de l’indépendance, la superficie irriguée ne dépassait guère les 65.000 ha. En 1960, la superficie totale équipée était de 150.000 ha dont 97.000 en grande hydraulique. L’objectif du million d’hectares irrigués fixé par Feu Sa Majesté le Roi Hassan II en 1967 a constitué un véritable tournant pour le domaine de l’irrigation qui verra par la suite une accélération soutenue d’extension du patrimoine irrigué. Ainsi, les superficies aménagées par l’Etat sont passées de 213.700 ha en 1967 à 442.850 ha en 1975 à 748.300 ha en 1990. En 1993, un nouvel élan a été donné aux aménagements hyro-agricoles par le lancement du Programme National d’Irrigation qui s’est fixé comme objectif l’extension de l’irrigation sur 250.000 ha nouveaux et la remise en état de 200.000 ha de périmètres existants. En 2000, en comptabilisant les superficies aménagées et celles qui étaient en cours d’aménagement, l’objectif du million d’hectares a été largement atteint et le défi relevé. Actuellement, les superficies des périmètres publics aménagés par l’Etat ont atteint 1.016.700 ha dont 682.600 ha de périmètres de grande hydraulique et 334.100 ha de périmètres de petite et moyenne hydraulique, soit un rythme d’équipement annuel de près de 20.000 ha/an. Ces efforts se sont traduits par d’importants investissements consentis par l’Etat pour les programmes d’irrigation représentant entre 43 et 77 % des investissements publics alloués à l’agriculture durant les décennies 1970, 1980 et 1990. Depuis 1965 à 2004, le Maroc a investi près de 32 Milliards de DH pour la réalisation les aménagements hydro-agricoles dont plus de 87% dans les zones de grande hydraulique.

Pour sa part, le secteur privé a déployé un effort considérable dans l’irrigation des terres agricoles. Cet effort s’est accentué au fil des années et a connu un rythme élevé notamment à partir des années 1980 avec les épisodes de sécheresse et l’importance progressive des cultures dont la production est destinée à l’exportation. Une étude récente (2002) sur l’irrigation privée au Maroc a montré que les agriculteurs ont contribué à l’extension de l’irrigation sur une superficie nouvelle de 441.430 ha.

Evolution des superficies aménagées par les pouvoirs publics

150,0 172,0

272,6

442,8

563,5

641,7

748,4

871,0

973,51 016,7

0

200

400

600

800

1 000

1 200

x 1

000 h

a

1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2004

Globalement, l’irrigation gravitaire représente 83% des superficies totales aménagées (par l’Etat et le privé), l’aspersion occupe 10% alors que l’irrigation localisée représente 7%. Le tableau ci-après récapitule l’importance des superficies équipées par type et mode d’irrigation. Importance des superficies équipées par type d’irrigation et par mode d’irrigation (en hectares)

Mode d’irrigation Type d’irrigation Gravitaire Aspersion Localisée total

Grande Hydraulique 554 057 128 543 - 682 600 Petite et Moyenne Hydraulique 327 230 6 900 - 334 130 Irrigation Privée (en dehors des périmètres déjà aménagés 327 225 16 230 97 975 441 430

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par l’Etat)*

Total 1 208 512

151 673

97 975

1 458 160

(*) Selon une étude réalisée en 2002 sur l’irrigation privée.

a) La Grande Hydraulique La grande hydraulique correspond aux neuf grands périmètres d’irrigation publics alimentés principalement à partir des barrages et délimités géographiquement au sens du Code des Investissements Agricoles, qui en représente la loi-cadre et qui fait des Offices Régionaux de Mise en Valeur Agricole leurs gestionnaires exclusifs. Les superficies irrigables de ces périmètres peuvent aller de 30.000 à 250.000 hectares. Il s’agit des périmètres de la Moulouya, Tadla, Haouz, Doukkala, Gharb, Tafilalet, Ouarzazate, Loukkos et Souss-Massa.

Ouarzazate

Tafilalet

Souss-

Massa

Haouz

Tadla

Gharb

Doukkala

Loukkos Moulouya

CARTE DES PCARTE DES PÉÉRIMRIMÈÈTRES TRES IRRIGUIRRIGUÉÉS AU MAROCS AU MAROC

La superficie actuellement aménagée en grande hydraulique s’élève à 682.600 ha alors qu’elle n’était que de 97.000 ha en 1960, soit un rythme d’équipement de 13.300 ha/an.

Pour des considérations techniques et surtout socio-économiques (coût d’investissement relativement faible, niveau d’instruction et de technicité des agriculteurs, utilisation de la main d’œuvre, matériaux d’équipement locaux, etc.), le choix s’est porté largement sur l’irrigation de surface qui occupe une superficie de 554.060 ha, soit 81%.

Evolution des superficies aménagées en grande hydraulique

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97,0115,0

182,5

326,8

422,1455,6

514,1

558,7

641,2682,6

0

100

200

300

400

500

600

700

x 1

000

ha

1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2004

Situation actuelle des périmètres de Grande Hydraulique (superficies en ha) Mode d’irrigation Dénomination du grand

périmètre Bassin versant Potentiel

irrigable (ha) Superficie Equipée (ha) Aspersion Gravitaire

Moulouya Moulouya 77.280 77.280 15.462 61.818 Gharb Sebou 222500 113.350 18.658 94.692 Doukkala Oum Rbiâa 133.600 104.600 35.693 68.907 Haouz Tensift+Oum Rbiâa 189.920 142.620 0 142.620 Tadla Oum Rbiâa 117.840 109.000 0 109.000 Tafilalet Ziz 27.900 27.900 0 27.900 Ouarzazate Drâa 37.650 37.650 0 37.650 Souss-Massa Souss-Massa 39.900 39.900 34.114 5.786 Loukkos Loukkos 33.570 30.300 24.616 5.684 Total 880.160 682.600 128.543 554.057

b) La Petite et Moyenne Hydraulique Au Maroc où l’irrigation est une pratique séculaire, la Petite et Moyenne Hydraulique a existé depuis la nuit des temps, en témoigne un patrimoine riche et diversifié de technologies de mobilisation et de distribution de l'eau (khettara, noria, …), ainsi que des formes d'aménagement et d'organisations sociales pour le développement et la gestion des périmètres de PMH. La PMH concerne une multitude de périmètres répartis sur tout le territoire national et dont les superficies sont beaucoup plus modestes que dans le cas de la grande hydraulique, variant de quelques hectares à quelques centaines voire quelques milliers. L’eau d’irrigation a des origines diverses, généralement peu ou pas régularisées : petits barrages de régularisation, retenues collinaires, prises de dérivation au fil de l’eau, captage de sources, khettaras, pompages dans la nappe, épandages d’eau de crues. La gestion de ces périmètres, en comparaison avec la grande hydraulique, est davantage une gestion participative. La PMH est généralement orientée vers une mise en valeur agricole dont les productions sont destinées essentiellement à la consommation locale. Grâce à l’étendue de son potentiel d’irrigation et au rôle qu’elle joue sur le plan socio-économique, la PMH a bénéficié d’un intérêt grandissant de l’Etat qui a mis en œuvre d’importants moyens pour développer ce type d’irrigation. En effet, ce secteur représente 35 % du potentiel national irrigable de façon pérenne, soit 484.000 ha, et 300.000 ha d’irrigation saisonnière. Par ailleurs, la situation géographique intermédiaire entre montagnes et plaines et entre grands périmètres irrigués et zones en sec, donne à la PMH une très grande importance socio-économique. Son développement permet l'aménagement d'une grande partie du territoire et atténue le déséquilibre engendré par le développement des grands périmètres irrigués et des villes. Les périmètres de PMH constituent de véritables pôles de développement générant de la richesse pour les zones limitrophes dont le potentiel productif est plus limité.

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En 1960, la PMH comptait à peine une superficie totale aménagée de 53.000 ha. La nouvelle politique hydraulique et hydro-agricole lancée vers la fin des années 1960 a largement profité à ce secteur qui a connu une extension rapide de ses superficies équipées passant de 90.100 en 1970 à 332.300 ha en 2000. Actuellement, la superficie totale aménagée en PMH est de l’ordre de 334.100 ha. Avec seulement 6.900 ha irrigués par aspersion, l’irrigation de surface reste la principale technique d’irrigation pratiquée dans les périmètres de PMH (98%).

Evolution des superficies aménagées en PMH

53,0 57,0

90,1

116,0

141,4

186,1

234,3

312,3332,3 334,1

0

50

100

150

200

250

300

350

x 1

000 h

a

1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2004

c) L’irrigation privée Généralement, l’irrigation privée se caractérise par le fait que le financement des investissements et les coûts d’exploitation et de maintenance sont pris en charge par les exploitants ou les propriétaires. Si l’irrigation privée a existé au Maroc depuis longtemps, son développement s’est accentué dès les années 1980 avec l’ampleur et la fréquence du phénomène de la sécheresse et grâce à l’aide consistante de l’Etat au profit des agriculteurs pour l’aménagement de leurs exploitations. Les zones d’agriculture pluviale dont le potentiel de production est satisfaisant ont été les plus touchées par la sécheresse, l’irrigation y est devenue cruciale et la multiplication des aménagements par les agriculteurs a connu une nette avancée depuis. Selon une étude réalisée en 2002 par le Département de l’Agriculture sur l’irrigation privée au Maroc, la réalisation des aménagements hydro-agricoles par le privé a concerné, en dehors des périmètres de grande hydraulique et de PMH équipés par l’Etat, une superficie totale de plus de 441.400 ha dont 327.225 ha en mode gravitaire, 16.230 ha en aspersion (pivots et rampes frontales) et 97.975 ha en irrigation localisée. A cela il faut ajouter 185.180 ha (dont 15.930 ha en aspersion classique) équipés par les privés mais situés à l’intérieur des périmètres d’irrigation déjà aménagés par les pouvoirs publics.

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3-3 La gestion de l’eau d’irrigation

a) Acteurs de la gestion de l’eau d’irrigation

Dans le cadre du modèle d'aménagement hydro-agricole adopté au Maroc, trois principaux acteurs interviennent dans la planification, l’aménagement et la gestion des ressources en eau. Outre l’Administration qui intervient, en tant que promoteur et régulateur dans la réalisation des aménagements hydro-agricoles et leur gestion, les Offices Régionaux de Mise en Valeur Agricole interviennent en tant qu’organismes chargés de l’aménagement et de la gestion des systèmes d’irrigation et de promotion de la mise en valeur agricole, et les agriculteurs interviennent en tant qu’utilisateurs de l’eau au niveau des exploitations agricoles et récemment les Agences de bassin sont chargées de missions très larges de gestion intégrées des ressources en eau à l’échelle des bassins versants (BELGHITI, 2005).

b) Les Associations des Usagers des Eaux Agricoles (AUEA)

Ces associations regroupant les usagers au sein d’une organisation commune, se sont d’abord développées dans les périmètres traditionnels d’irrigation. Ces structures autogérées, dans le cadre de règlements intérieurs codifiés soit par des textes écrits soit par des contrats non écrits, ont des compétences pour réaliser et gérer collectivement leurs aménagements. Leurs statuts leurs confèrent des capacités en matière de délimitation du périmètre, d'expropriation pour les travaux, ou de recouvrement des redevances. Ils assurent eux-mêmes l'exploitation et le petit entretien, voire même une partie des travaux dans les périmètres de PMH. Mais il arrive parfois, avec le temps, que la réelle solidarité qui animait les promoteurs de l'aménagement se dilue comme c’est le cas des associations créées depuis des longtemps dans certains périmètres traditionnel. Dans les périmètres de Grande Hydraulique gérés par les ORMVA, le développement de la gestion participative à l’irrigation est dictée par le souci de créer des interlocuteurs valables pour impliquer les agriculteurs organisés sous forme d’associations dans le processus de prise de décision et de leur conférer progressivement les taches qu’elles peuvent réaliser plus efficacement que les ORMVA (BELGHITI, 2005).

c) Droits d’eau

Les droits d’eau des usagers sont des droits séculaires privés. Au Maroc, les droits d’eau et les

obligations qui les accompagnent sont régis par le droit moderne (droit positif promulgué

selon les procédures constitutionnelles) ainsi que par le droit coutumier musulman. Le droit

moderne a transféré le statut de l’eau et celui du réseau d’irrigation à celui de la propriété

publique par le moyen de la domanialité publique introduite au Maroc depuis 1914. La loi du

1er

août 1925 a défini les modalités de l’exploitation et les conditions générales de l’utilisation

de l’eau.

Le statut melk a l’inconvénient d’affecter l’eau aux personnes et non à la terre. Ces droits

d’eau sont sujets à des spéculations dans un marché informel où seules les conditions

climatiques font la loi. Ceci se traduit par une concentration de fortes part d’eau entre les

mains de quelques individus et par une atomisation de ces parts chez la majorité. En période

de pénurie d’eau, les personnes possédant ces droits d’eau les mettent en vente ou en location

à des prix exorbitants.

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14

IV- ETUDE DU ROLE DES FEMMES RURALES EN IRRIGATION

4-1 Méthodologie

Pour mieux appréhender le rôle des femmes dans l’irrigation au Maroc, un questionnaire a été

établi et transmis aux structures locales du Ministère de l’Agriculture en février 2006.Compte

tenu de l’originalité de l’étude et de son importance pour une meilleure intégration du genre

dans le développement, le consultant a jugé utile de mener une enquête dans les grandes zones

irriguées du pays et selon le système d’irrigation dominant : Grande hydraulique (GH), petite

et moyenne hydraulique (PMH) et pompage privé (PI).

a) Les périmètres enquêtés

L’enquête a porté sur 250 ménages répartis sur 5 grandes régions du Maroc à savoir : les plaines du Saiss (Ain Taoujtate), les plaines atlantiques (Skhirate), le Tadla, l’Oriental (Outat Lhaj) et le moyen Atlas oriental (Missour). Le choix de ces zones est dicté par l’importance de l’irrigation dans le système de l’exploitation Skhirate : est une région côtière caractérisée par le système d’irrigation privée (pompage) et une agriculture intensive axée sur le maraîchage ; il s’agit dans ce cas d’une PMH privée ; Ain Taoujdate est caractérisée par un réseau d’irrigation traditionnel-PMH, combiné au pompage et une production agricole mixte : maraîchage, céréale et élevage laitière ; Missour est une zone située au bord de l’oued Moulouya entre le Moyen et le Haut Atlas. L’eau d’irrigation est prélevée par dérivation. L’arboriculture fruitière (olivier et abricotier), la culture de l’orge et l’élevage sédentaire sont les principales activités agricoles dans cette région. Il s’agit d’un cas de PMH dont la gestion de l’eau relève des AUEA constituées conformément à la réglementation en vigueur Tadla est située au piémont de l’Atlas. Les eaux d’irrigation parviennent essentiellement des sources pour une partie des agriculteurs et des grands barrages pour d’autres. L’agriculture est relativement orientée vers les cultures industrielles : betterave, coton ; maraîchage de conditionnement, niora et céréales. Il s’agit d’un périmètre de grande hydraulique ou le tour d’eau est géré par des éguadiers qui relèvent de l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole de Tadla Outat El Haj : est un système oasien ou les agriculteurs pratiquent les cultures en étages et la taille de l’exploitation est relativement petite. b- la catégorie des femmes enquêtées Les femmes enquêtées sont essentiellement des femmes des chefs d’exploitation ou des femmes veuves chefs de foyer qui résident en milieu rural. Les jeunes filles et les grandes mères ne constituaient pas la cible de cette enquête. c- le déroulement de l’enquête L’enquête a été réalisée sur la base d’un questionnaire type préétabli par la FAO en Tunisie et complété par des informations complémentaires sur la ressource, les droits d’eau et les OPA.

4-2 Résultats de l’enquête

a) Situation générale des femmes rurales

Les femmes rurales enquêtées sont âgées de 24 et 60 ans avec une moyenne de 45ans. Elles sont à 90% mariées.

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La taille des exploitations est généralement très réduite : celles-ci se situent entre 0,5 et 20 ha. Notons cependant que les exploitations ayant une superficie entre 0,5 et 5 hectares prédominent avec un taux de 70%. Les exploitations de 10 à 20 hectares ne représentent que 5%. La population rurale féminine au Maroc a été estimée en 2004 à 7 millions. Les femmes rurales représentent 50,3% de l’ensemble de la population féminine. La population féminine rurale est caractérisée par son extrême jeunesse (40,7% ont moins de 15 ans). Plus de 87% des femmes rurales sont analphabètes avec 97,5% qui n’ont aucun diplôme et 2,1% seulement qui ont le certificat d’études primaires. Toutes les femmes rurales enquêtées ont comme principale activité le ménage, en plus de l’agriculture et l’élevage. Peu de femmes pratiquent la culture et la broderie (moins de 5%). En effet, la femme rurale exerce ses activités en même temps à l’intérieur et à l’extérieur du foyer. A l’intérieur, elle réalise tous les travaux ménagers, elle traite et transforme les produits alimentaires, elle faitt l’artisanat. Elle est également généralement chargée de la corvée de l’eau et du bois. A l’extérieur, elle participe aux activités agricoles aussi bien dans le secteur de l’élevage que dans les autres secteurs des cultures et arboricultures. Le nombre d’heures réservées par les femmes rurales aux seules activités domestiques peut dépasser dans certains cas 8 heures par jour. Ces tâches quotidiennes qui demandent beaucoup de temps, sont parfois exténuantes et présentent même, dans certains cas, des dangers pour la santé de la femme (CERED, 1994). Le temps consacré à chaque activité est très irrégulier dans le temps et dans l’espace. Ajoutons que les facteurs à l’origine de cette variabilité sont entre autres l’âge, le rang de l’épouse, la taille du ménage, la fécondité, l’existence ou non d’une belle fille, la taille de l’exploitation (CERED, 1994). La proportion de femmes rurales chefs de ménage en milieu rural est de 16%. De même ces exploitations sont gérées par les hommes puisque le taux des femmes gérantes ne dépasse pas 20%. Les femmes rurales chefs de ménage appartiennent aux groupes d’âge relativement avancés ; 70% ont plus de 45 ans, elles sont veuves ou divorcées et non instruites. La quasi-totalité des femmes chefs de ménage en milieu rural sont exploitantes agricoles, travailleuses agricoles, ou ont un type de travail assimilé.

b) Rôle des femmes dans la production et la transformation des productions agricoles

Le tableau 1 donne un aperçu sur le taux de participation des femmes dans les activités agricoles. Tableau 1 : Taux de participation des femmes rurales dans les activités agricoles

Région Moyenne

Taches agricoles

Tadla Skhirate Missour Outat El Haj

Ain Taoujtate

Préparation du sol 24% 0% 28% 29% 0% 16%

Labour 24% 0% 25% 29% 0% 16%

Semis 24% 20% 27% 29% 0% 20%

Désherbage 24% 20% 24% 29% 5% 20%

Fertilisation 18% 0% 28% 42% 0% 18%

Travaux du sol 18% 0% 25% 33% 0% 15%

désinfection 14% 10% 38% - 0% 12%

Récolte 23% 30% 36% 33% 0% 24%

Irrigation 25% 10% 33% 33% 0% 20%

Stockage 25% 10% 33% 33% 5% 21%

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Battage 25% 10% 33% 33% 5% 21%

Moyenne 22,40% 10% 26,70% 29,40% 1,40% 18,6%

taux de participation des femmes rurales aux activités agricoles

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

Préparation

du sol

Labour Semis Désherbage Fertilisation Travaux du

sol

désinfection Récolte Irrigation Stockage Battage

A l’examen du tableau et des figures, on constate que les femmes rurales au Maroc, participent à des degrés divers aux différentes activités agricoles : leur taux de participation aux différentes taches oscille entre 0 et 33%. Les femmes participent à la récolte (24%) et aux opérations de battage, stockage, semis, désherbage, fertilisation et irrigation avec un taux de 20%. Leur participation est moindre au niveau de la désinfection. La participation des femmes rurales aux différentes taches agricoles diffère d’une région à une autre. Ainsi, on constate que dans les régions de Outat El Haj, Missour et Midelt, la participation des femmes rurales est la plus importante avec un taux de participation de 30, 27 et 23% respectivement, alors que dans les régions de Skhrirate et Ain Taoujdate, la participation des femmes aux taches agricoles avec un taux de participation de 10 et 1,4% respectivement. D’une manière générale, les femmes rurales, au Maroc, participent activement à la production et la fabrication de plusieurs produits agricoles. En effet, le travail féminin est très sollicité pour le désherbage, le nettoyage, le semis, la fertilisation… Sa grande endurance, sa docilité et sa minutie sont des atouts pour l’embauche de la main d’œuvre féminine. Ajouter à cela le fait que la femme est généralement moins payée que l’homme (Le terroir, 2002).

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Taux de participation des femmes rurales aux activités agricoles selon les régions

22%

10%

27%

29%

1%

Tadla

Skhirate

Missour

Outat El Haj

Ain Taoujtate

Au niveau des cultures industrielles comme la betterave et la canne, la participation de la femme porte sur 60% des différents travaux qui sont le nettoyage, la plantation, la fertilisation, le désherbage, la coupe et l’arrachage. La participation de la femme à la culture du coton est aussi très importante. Pour ce qui est des cultures oléagineuses (tournesol et arachide) la femme participe à l’ensemble des travaux nécessaires à la culture de l’arachide où sa participation s’élève à 46%. Au niveau des cultures maraîchères (primeurs et cultures de saison), les femmes réalisent 40% de la masse du travail. En bour favorable, le travail réalisé par les femmes est d’environ 20%, ce type de culture n’est pas très développé dans ces zones. En bour défavorable, les femmes réalisent 47% des travaux. Dans ces zones, le maraîchage est pratiqué généralement sous forme de petits jardins potagers gérés exclusivement par des femmes. Une grande partie de cette production est destinée à l’autoconsommation (ZRIRA, 2005). L’arboriculture, constituée par les agrumes, les rosacées, l’olivier, la vigne, le palmier dattier, le bananier, le figuier etc., est pratiquée aussi bien dans des périmètres irrigués que dans des zones bour ; sa production est destinée principalement à la commercialisation. La participation de la femme dans ce secteur s’élève à 21% dans l’irrigué, 34% dans le bour favorable et 41% pour le bour défavorable. Pour ce qui est de la féminisation de la population travaillant principalement dans les cultures et l’arboriculture, c’est la région du sud du Maroc qui présente le taux de féminisation le plus élevé (44,3%) et la région de l’Oriental le taux le plus faible (12%) (ZRIRA, 2005 ; Ajbilou , 2003). Il est à signaler qu’on enregistre très peu d’informations sur les secteurs de la forêt et de la pêche où à priori, la femme est très peu présente. Le travail régulier de forêt consiste pour l’homme à couper les arbres pour vendre le bois ou le transformer en charbon. Pour la femme, il revêt la forme de ramassage de bois mort qui servira de combustible pour le ménage ou sera vendu généralement par les hommes. D’autres activités à caractère plus saisonnier consistent à ramasser certains produits sauvages (glands, jujubes, les herbes médicinales, les escargots, les truffes, et les champignons) (CERED, 1994). Dans le secteur de la pêche la femme intervient dans la

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transformation des produits aux niveaux des unités industrielles, mais elle est absente au niveau des équipes des pécheurs.

c) Rôle des femmes rurales dans l’élevage

Le taux de participation des femmes rurales dans l’élevage est illustré dans le tableau 2 et figures données ci-dessous. Concernant l’élevage de petit élevage, dans les différentes régions, les femmes rurales participent aux différentes taches (alimentation, fourniture du fourrage et abreuvement). Leur taux de participation dépasse les 80%. Pour ce qui est de l’élevage du cheptel, les femmes rurales participent essentiellement à la traite (90%), elles s’occupent également de l’abreuvement, la fourniture de fourrage et la conduite des troupeaux. Pour cette dernière tache, elles sont particulièrement aidées par les hommes. Le taux de participation des femmes rurales à ces différentes tâches diffère d’une région à une autre. Tableau 2 : Taux de participation des femmes rurales dans l’élevage Région Taches agricoles

Tadla Skhirate

Missour

Outat El Haj

Ain Taoujtate

Moyenne

le petit élevage

Alimentation 71% 100% 90% 100% 50% 82,2

Fourniture du fourrage 71% 100% 94% 100% 46% 82,2

Abreuvement 71% 100% 90% 100% 40% 80,2

Moyenne 71% 100% 91% 100% 45% 81,4%

Elevage du cheptel

Traite 88% 100% 96% 100% 62% 89,2%

Abreuvement 70% 35%H/F

100% 88% 86% 53% 79,4%

Alimentation 60% 35%H/F

75% 88% 81% 30% 66,8%

récolte des du fourrages 44% 10% 86% 81% 30% 50,2%

gardiennage des troupeaux

30% 48%H/F

25% 50%H.F

48% 34%H/F

67% 25%H/F

39% 27%H/F

41,8%

Moyenne 58,40% 62% 81,20% 83% 42,80%

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Taux de participation des femmes dans l'élevage de petits animaux

82,2

82,2

80,2

Alimentation

Fourniture du fourrage

Abreuvage

Taux de partiicipation des femmes à l'élevage du

cheptel

0,00%

10,00%

20,00%30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%80,00%

90,00%

100,00%

1

Traite

Abreuvage

Alimentation

Fourniture du fourrage

Conduite des troupeaux

La femme rurale au Maroc, semble avoir la prédilection pour l'élevage par rapport aux autres branches de l'agriculture, elle s'occupe de l'entretien et de l'alimentation des animaux, de la traite des vaches, du battage du lait, de l'élevage des abeilles (CERED, 1994). La femme rurale au Maroc réalise 70% des travaux du secteur de l'élevage des bovins. Sa participation est de 80% dans le bour défavorable, 67% dans les zones irriguées et 64% dans le bour favorable. Les principales activités qu'elle réalise sont l'hygiène des locaux, la traite, l'abreuvement, l'alimentation, la cueillette de fourrage, la commercialisation des sous-produits.

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d) Participation des femmes rurales à la gestion de l’exploitation

Les femmes rurales au Maroc participent d’une manière importante à la gestion de l’exploitation. Leur participation aux différentes taches est très variable (Tableau 3). On constate que les femmes participent activement à l’irrigation avec un taux de participation de 71,6%. La participation des femmes rurales à la planification des activités agricoles varie de 0% dans la région de Ain Taoujtate à 76% à Outat El Haj. La participation à la commercialisation diffère énormément d’une région à une autre. En effet, dans la région de Ain Taoujtate les femmes rurales ne participent pas du tout à la commercialisation des produits agricoles, alors que cette participation est significative dans la région de Tadla (66%) et Outat El Haj (52%). Concernant la gestion financière du foyer, près de 50 des femmes rurales participent à la décision des dépenses des bénéfices et 80% décident des dépenses de la maison. De même 50% des femmes rurales peuvent disposer d’une somme d’argent pour leurs dépenses personnelles. On note également que 56% ont une idée du bilan de leur exploitation. Tableau 3 : Taux de participation des femmes rurales à la gestion de l’exploitation Régions Taches

Tadla Skhirate

Missour

Outat El Haj

Ain Taoujtate

Moyenne

Participation dans l’irrigation

63% 50% 70% 76% 99% 71,6 %

Participation dans la planification des activités agricoles

53% 25% 54% 76% 0% 41,6 %

Participation à la commercialisation des produits agricoles

66% 25% 37% 52% 0% 36,0 %

Avez-vous une idée du bilan de votre exploitation

52% 75% 32% 90% 30% 55,8 %

Participez-vous à la décision de dépenses des bénéfices

65% 50% 55% 67% 0% 47,4 %

Pourriez-vous disposez d’une somme d’argent pour vos dépenses personnelles

58% 50% 57% 62% 24% 50,2 %

Moyenne 71,4 % 55,0 % 61,0 % 84,6 % 30,6 %

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Taux de participation des femmes à la gestion de l'exploitation

71,60%

41,60%

36,00%55,80%

47,40%

50,20%

l’irrigation

Planification des activités agricoles

Commercialisation

Bilan de l'exploitation

Décision de dépenses des bénéfices

somme d’argent

Taux de participation des femmes à la gestion de l'exploitation dans différentes régions du Maroc

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

Tadla Skhirate Missour Outat El Haj Ain Taoujtate

Au Maroc, dans plusieurs régions, les femmes rurales participent à la commercialisation de plusieurs produits : Le petit élevage : l’élevage de la volaille et de la cuniculture, est une activité exclusivement féminine. Les produits issus de cette activité (œufs, poulets, dindes, lapins,…) sont souvent vendus par la femme soit directement au niveau de la ferme, soit au niveau du marché

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hebdomadaire (souk). Les revenus de cette activité contribuent aux besoins de la femme, de ses enfants et de leur santé. L’élevage des ruminants : bien que la femme participe à l’amont de la commercialisation de l’élevage des ruminants (bovins, ovins et caprins) elle ne s’occupe que rarement (9,93%) de la vente mais peut détenir la tirelire familiale. Il est à signaler que les femmes participent à la vente des sous produits de l’élevage (beurre, lait, petit lait, fromage) Production végétale (couscous, figues, prunes, olives, etc.…) : Concernant la commercialisation, dans 79% des cas les produits fabriqués par les femmes sont destinés à la consommation familiale, seul l’excédent est acheminé vers les souks. Les produits de tissage : Presque toutes les femmes rurales travaillent la laine, le doum, et l’Alfa et y font participer leurs filles. Mais les produits artisanaux ont beaucoup plus un caractère d’utilité directe, utilité qui se trouve concurrencé par les produits de l’industrie. Les produits de l’artisanat sont commercialisés par les femmes rurales à des taux qui varient d’une région à une autre du Maroc (CERED, 1994). Les tableaux 2 et 3 en annexe donnent une idée sur le rôle des femmes et des hommes dans la commercialisation des produits agricoles et la responsabilité par sexe de la détention des recettes procurées par la vente de certains produits.

e) Rôle des femmes rurales dans l’approvisionnement en eau

Le tableau 4 donne une idée sue le rôle des femmes rurales dans l’approvisionnement en eau. A l’examen de ce tableau on constate que le mode d’approvisionnement de la maison dépend du mode d’irrigation. Ainsi au niveau de l’irrigation privée, 70% des femmes rurales s’approvisionnent à partir d’un puits par pompage. Au niveau de la grande hydraulique et la petite et moyenne hydraulique, 70% des femmes rurales s’approvisionnent à partir d’un raccordement AEP. Le mode d’approvisionnement de l’exploitation se fait essentiellement par pompage d’un puits et un réseau fixe au niveau des zones pratiquant l’irrigation privée. Au niveau de la grande hydraulique et la petite et moyenne hydraulique, l’approvisionnement de se fait à l’aide des saguias et des sources. Les femmes rurales ne participent pas :

• aux travaux d’approfondissement du puits ;

• aux opérations d’entretien et de démarrage des groupes de pompage ; • à la mise en place du réseau de conduites

Notons, par ailleurs, que plus que 85% des femmes rurales connaissent la qualité de l’eau. Tableau 4 : Rôle des femmes dans l’approvisionnement en eau Tadla Skhirate

Missour

Outat El Haj

Ain Taoujtate

Mode d’approvisionnement de la maison

AEP 50% puits 50% borne fontaine

AEP (67%) Saguias

Puits (57%)

Puits (68%)

Mode d’approvisionnement de l’exploitation

Source Réseau fixe

Pompage

-Réseau -Pompage

Réseau Public (86%)

Pompage (100%) réseau

Participez-vous à la gestion Aucune tache (98%)

Aucune tache (100%)

Aucune tache (71%)

Aucune tache (62%)

Aucune tache (100%)

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Avez-vous une idée de la qualité de l’eau d’irrigation ?

Oui (86) Oui (100%)

Oui (74%) Oui (100%)

Oui (68%)

f) Rôle des femmes rurales dans la conduite de l’irrigation

Le tableau 5 donne une idée sur le taux de participation des femmes rurales à la conduite de l’irrigation. L’examen de ce tableau monte que :

• Plus de 80% des femmes connaissent bien la méthode d’irrigation pratiquée dans leur exploitation ;

• Leur participation se limite à la confection des saguias et l’ouverture et fermeture des vannes ;

• La participation des femmes à la conduite de l’irrigation varie d’une région à une autre : en effet à Outat El Haj, 100% des femmes participent alors que cette participation est nulle dans la région d’Ain Taoujdate pour les femmes au foyer ;

• Le temps consacré à la conduite des irrigations par jour et par semaine est très variable d’une région à une autre ;

• Concernant les pratiques de la fertigation, la participation des femmes dans les différentes régions est pratiquement nulle ;

• De même, on constate que la majorité des femmes (88%) ne connaissent pas les risques liés à l’utilisation des engrais azotés notamment la pollution des nappes.

g) Maîtrise des notions d’irrigation par la femme

Le tableau 6 donne une idée sur la maîtrise des notions d’irrigation par la femme. A l’examen de ce tableau, on constate que :

• Plus de 50% des femmes connaissent les modes d’irrigation pratiquées les plus utilisées. La plupart connaissent l’irrigation localisée notamment le système du goûte à goûte et l’économie d’eau qu’elle permet de réaliser ;

• Elles apprécient, par ailleurs, le débit disponible pour leur exploitation difficilement mais elle ont une idée sur la surface irriguée dans leur exploitation ;

• 73% des femmes ont une idée assez claire sur la qualité de l’eau d’irrigation en terme de pollution de salinité de richesse en calcaire ;

• Les femmes décident d’irriguer leur exploitation soit selon le besoin de la plante en eau soit selon le tour d’eau ;

• Les femmes enquêtées n’ont pas d’idée précise de l’importance des pertes en eau liées au mode d’irrigation et encore moins sur les techniques d’amélioration des conduites des irrigations ;

On note que d’une manière générale, les femmes rurales dans les différentes régions ne maîtrisent pas bien les notions d’irrigation, à l’exception de la région de Outat El Haj où 67% des femmes rurales ont une idée de l’importance des pertes en eau dans leur exploitation et 52% d’entre elles disent connaître les techniques d’amélioration des conduites d’irrigation de leurs parcelles.

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Tableau 5 : Participation des femmes rurales à la conduite de l’irrigation Tadla Skhirate

Missour

Outat El Haj

Ain Taoujtate

Connaissance des modes d’irrigation

80% 100% 89% 66% 72%

Participation dans la conduite des irrigations

66% Confection des saguias,…

50% ouverture et fermeture des vannes

75% Confection des saguias,…

100% Confection des saguias,…

0%

Temps consacré à l’irrigation variable variable variable variable variable Conduite des irrigations 62% 50% 71% 90% 0% La tâche des femmes dans la conduite des irrigations

67% ouvrir et fermer les rigoles

67% ouvrir et fermer les rigoles

71% ouvrir et fermer les rigoles

95% ouvrir et fermer les rigoles

0%

Temps consacrée à la conduite des irrigations par jour et par semaine

variable variable variable variable variable

Participation à la pratique de la fertigation

0% 0% 4% 0% 0%

Connaissance des risques liés à l’utilisation abondante des engrais

6% 0% 16% 24% 12%

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Tableau 6 : Maîtrise des notions d’irrigation par la femme rurale Tadla Skhirate

Missour

Outat El Haj

Ain Taoujtate

Moyenne

Connaissance des méthodes d’irrigation les plus utilisées

25% 100% 28% 67% 36% 51,2%

Connaissance du débit disponible pour l’exploitation

25% 0% 10% 38% 0% 15%

Connaissance de la qualité de l’eau d’irrigation

70% 100% 81% 100% 5% 73%

La durée d’une irrigation variable variable variable variable variable Variable L’espacement entre deux irrigations

variable variable variable variable variable Variable

Décision d’irrigation par les femmes

100% état de la culture

100% : état de la culture

23% : le tour d’eau

100% : le tour d’eau et besoin des plantes

35% : besoin des plantes

Variable (le tour d’eau et besoin des plantes)

Connaissance de l’importance des pertes en eau liées à cette méthode d’irrigation

0% 0% 12% 67% 0% 16%

Connaissance des techniques d’amélioration des conduites des irrigations

0% 0% 20% 52% 0% 15%

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4-3- Contraintes

A l’issue de cette étude, on peut constater que les femmes rurales au Maroc participent à l’irrigation, mais leur participation se limite à l’exécution de taches réalisables par une main d’œuvre non qualifiée. En effet, les femmes ont l’expérience acquise lors de leur travail sur le terrain, mais elles ne maîtrisent pas la conduite technique de l’irrigation. Les causes de cette situation sont multiples, parmi lesquelles on peut citer : ☻ Accès aux ressources 1- La terre constitue, pour les femmes rurales, une ressource capitale qui joue un rôle

important dans la production alimentaire destinée au ménage et les activités agricoles

axées sur le marché. Au Maroc, les femmes possèdent 14% des propriétés agricoles,

leur taille ne dépasse pas la moitié de celles possédées par les hommes. Il est à

souligner également que les terres collectives sont gérées uniquement par des

hommes. Rares sont donc les femmes qui possèdent des terres car, aussi bien l’Etat

que les traditions et coutumes ont pérennisé cette rareté. Ainsi, jusqu’en 1959, les

femmes étaient déshéritées dans certaines régions marocaines. Plus tard, les terres

agricoles récupérées ont été attribuées exclusivement aux hommes (Coopératives

Agraires). Les femmes sans propriété se sont donc transformées en simples ouvrières

dans les fermes au lieu de conserver leur rôle traditionnel de productrice agricole. Ce

titre de propriété –exclusif- a donné aux hommes le pouvoir de contrôler non

seulement la terre mais aussi une autre ressource : le travail des femmes.

Ce non accès des femmes rurales à la terre les empêche de faire partie des

Associations des Usagers des Eaux Agricoles (AUEA) et partant ne leur donne pas le

droit d’eau d'irrigation. Cette dernière est un facteur d'accroissement de la productivité

des sols. Grâce à elle, les agricultrices peuvent augmenter le rendement des terres

qu'elles cultivent, récolter plusieurs fois par an, contrôler l'apport en eau et mieux

conserver cette dernière. L'accès aux installations d'irrigation améliore de ce fait la

sécurité alimentaire des ménages auxquels il permet d'augmenter leurs revenus en

accroissant leur production.

2- Le crédit : rares sont les femmes rurales marocaines qui ont accès au crédit et aux

services financiers, en raison de nombreux facteurs socio-économiques. Parmi ces

facteurs, le plus important est la difficulté pour les femmes rurales à présenter des

garanties qui correspondent aux terres qu’elles possèdent. Devant cette situation, les

agricultrices ont rarement les économies et les moyens financiers nécessaires pour

investir dans la construction de puits et d'autres projets hydriques.

Cependant, il est à signaler que depuis 1995 la loi sur la microfinance a été promulguée et permet actuellement aux femmes de bénéficier de microcrédits.

☻ Accès aux Services Les femmes rurales ne constituent pas la cible des services spécialisés de l’eau et de l’irrigation en matière de conseil, d’orientations et autres services de soutien pour la gestion de l’irrigation puisqu’ actuellement la plupart des services sont prodigués aux hommes. Dans le cas des messages de vulgarisation il semble y avoir une discrimination entre les hommes et les femmes et un manque de services pertinents ciblant les femmes en particulier. Les opportunités de formation ne sont pas facilement accessibles aux femmes rurales. Souvent le contenu des formations n'est pas adapté aux besoins spécifiques de cette catégorie de la population

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☻ Accès à l'Information/ Communication/Savoir Toutes les statistiques confirment le retard dont souffre la fille rurale en matière d’éducation. Parmi les facteurs limitant la scolarisation des enfants et notamment les filles rurales, on peut citer entre autres: 1- Les filles sont d’une grande utilité dans les travaux domestiques ; 2- La distance qui sépare l’école de la maison ; 3- Les traditions et les coutumes qui pèsent sur la mentalité des parents ; 4- Les moyens des populations rurales qui sont généralement maigres, etc. De ce fait, on trouve un taux d'analphabétisme beaucoup plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Leurs compétences techniques dans la gestion de l’irrigation sont, par conséquent, tout à fait limitées. D’un autre côté, les femmes ont beaucoup plus de mal à accéder aux sources publiques d’informations (services de vulgarisation, formations, mosquées). La majeure partie du système actuel de diffusion de l’information est centré sur les hommes (coopérative agricole, AUEA, les mosquées) et le fait que les femmes ne soient pas libres d’utiliser tous les moyens de communication ne fait qu’aggraver cette situation. De plus les cercles sociaux de ces femmes ne sont pas aussi développés que ceux des hommes car ils se résument généralement aux parents / famille. ☻ Contraintes Culturelles Culturellement et juridiquement selon la charia, les femmes peuvent hériter de la terre mais dans la pratique elles en abandonnent le contrôle/gestion à leurs parents mâles. Il y a une division claire des hommes et des femmes dans le travail dans le sens où les femmes sont autorisées à faire certaines choses et sont découragées d'exécuter les autres tâches (basé sur des rationnelles locales différentes). En général, les femmes ne sont pas encouragées à sortir de la sphère domestique. Elles ont tendance à avoir moins de temps discrétionnaire, car elles ont en général une plus grande somme de travail sur le plan du nombre d'activités. Même quand elles ne peuvent assurer elles même le travail, les femmes n’arrivent pas à embaucher des travailleurs aussi facilement que les hommes le peuvent. D'autre part comme la plupart des femmes rurales sont limités à leur sphère domestique, il est

exceptionnel qu’elles participent à la gestion technique et à la planification des utilisations de

l'eau et de l'irrigation, et leurs intérêts s'en trouvent donc souvent ignorés et dévalorisés. ☻ Cadre légal Les hommes et les femmes en général se heurtent à des difficultés bureaucratiques pour l’obtention de permis afin de débuter une affaire, mais cela s’avère encore plus difficile pour les femmes. Comme la plupart des femmes rurales ne possèdent pas de papiers d’identité personnels, cela limite leurs capacités à posséder des terres, signer des contrats de bail, obtenir des droits d’eau, engager des ouvriers agricoles, et s’engager dans n’importe quel contrat légal.

V- RECOMMANDATIONS

Dans le monde rural, le retard accusé dans l’accès des femmes aux services publics est la principale cause de leur marginalisation et partant leur faible implication dans la gestion de l’eau. Aussi, dans le but de réduire les inégalités entre femmes et hommes plusieurs actions visant l’intégration du genre dans le développement sont à envisager :

■ Faciliter l’accès des femmes aux ressources

- Si elles ont accès à la terre, les femmes rurales peuvent accroître leurs revenus et contribuer

à la lutte contre la pauvreté et au développement humain durable. L’accès des femmes rurales

aux ressources va réhabiliter leur position sociale leur permettant le droit d’adhésion aux

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AUEA et disposer des droits d’eau d'irrigation comme leur consoeur l’homme. Ce qui va leur

permettre d’assurer la sécurité alimentaire de leur ménage et d'augmenter leurs revenus et leur

production.

- L’accès des femmes rurales au crédit et aux moyens financiers va leur donner la motivation

et les encouragements nécessaires pour investir dans l’équipement de l’exploitation en

matériel d’irrigation

■ Renforcer les capacités des femmes rurales

Le renforcement des capacités des femmes rurales sera possible grâce à la formation et la

sensibilisation et grâce également aux services de vulgarisation.

Les services de vulgarisation devraient être à même de :

• Informer les femmes rurales, au même titre que les hommes, des découvertes et des

innovations issues de la recherche en matière d’irrigation et de leur donner des

explications techniques simples et de leur montrer eux-mêmes le fonctionnement des

nouvelles techniques ;

• Avoir des contacts étroits (et peut-être s'intégrer) avec les groupes de femmes rurales

et les organisations non gouvernementales de développement, notamment les

responsables de l'irrigation, les centres de distribution des semences et des engrais, les

organismes chargés de la réforme agraire ou les organisations coopératives ;

• Former les femmes sur la gestion de l’eau ;

• Diffuser les bonnes pratiques en irrigation afin d’assurer une gestion durable des ressources en eau ;

■ Améliorer les capacités institutionnelles des femmes rurales L’amélioration des capacités institutionnelles des femmes rurales est à la fois, un gage de succès pour mettre en œuvre les projets de développement local, et un acquis durable pour la transparence et l’équité, la gouvernance participative, la démocratie,

■ Renforcer le rôle des femmes dans la gestion de l’eau

Il s’agit de mettre les femmes, ensemble avec les hommes, au cœur de la gestion de l’eau. Il a été démontré que les femmes obtiennent souvent de meilleurs résultats grâce à leur travail consciencieux et à l’attention qu’elles prêtent à une gestion soignée. Bien trop souvent, elles ne se voient pas accorder autant de moyens que les hommes, et de nombreuses études conviennent que les économies nationales pourraient nettement progresser si les politiques permettaient aux femmes de contribuer davantage à la production agricole. Ceci a été démontré lors de l’implication des femmes dans les projets liés à l’eau :

- Une étude récemment conduite à Daikiri, Burkina Faso, démontre qu’allouer séparément aux hommes et aux femmes de plus petites parcelles plutôt que des grandes aux chefs de ménage se traduit par des rendements plus élevés et des avantages sociaux. Lorsque les parcelles irriguées sont entre les mains d’hommes et de femmes, la productivité de la terre irriguée et de la main-d’œuvre est supérieure à celle des ménages où seuls les hommes possèdent une parcelle. Les femmes sont d’aussi bons ou même de meilleurs agriculteurs que les hommes, et celles qui ont obtenu des parcelles irriguées sont fières de développer ainsi leur capacité à contribuer aux besoins du ménage. Les femmes préfèrent participer au revenu du ménage en travaillant sur leurs propres parcelles plutôt qu’en fournissant une main-d’œuvre supplémentaire sur les parcelles de leurs maris ou sur les parcelles collectives. En

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devenant économiquement moins dépendantes de leurs maris, elles peuvent aider leurs parents et augmenter leurs chances d’accumuler des richesses personnelles sous forme de bétail. Le fait de disposer de leur propre parcelle améliore considérablement le pouvoir de négociation des femmes au sein des ménages et est source de fierté au sein du ménage et de la communauté

- Le projet SIWM dans le Sous Massa au Maroc a conduit une étude sur le rôle de la femme dans la gestion des eaux d’irrigation. Ila conclu que celle-ci est absente. C’est ainsi que huit associations féminines ont été créées. Ces associations ont été intégrées aux comités de mise en valeur du périmètre irrigué

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REFERENCES - Ajbilou A., (2003) Activité économique, vulnérabilité à la pauvreté et inégalités entre hommes et femmes. Atelier « Femmes et hommes au Maroc : Analyse de la situation et de l’évolution des écarts dans une perspectives Genre ». Département de la prévision économique et du plan. Direction de la statistique, Rabat, Maroc. - Bamouh, M., (2003) Données générales sur l’Agriculture Marocaine. www.iav.ac.ma - Belghiti M., 2005 Gestion de l’eau d’irrigation au maroc. Séminaire de promotion du semide et sur l’utilisation des systèmes d’information géographique pour la gestion et la protection des ressources en eau, Rabat du 27 au 28 avril 2005 - CERED (1994) La femme rurale au Maroc, sa place, sa condition et ses potentialités. Direction des Statistiques, Ministère chargé de la population, Premier ministre, Royaume du Maroc.

- Le terroir (2002) Femmes rurales & développement. Revue du Ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, N° 8- Mai, 2002.

- ZRIRA, 2005. Gestion des Ressources Naturelles incluant les Plantes Médicinales et Aromatiques au Bénéfice des Femmes Rurales dans les Pays du Proche Orient. Etude de cas :

Maroc. FAO, Organisation de l’agriculture et de l’alimentation Des Nations Unies

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ANNEXES

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ANNEXE I Tableau 1: Données générales sur l’agriculture marocaine (2002)

Céréales Légumineuses Cultures maraîchères

Cultures oléagineuses Classe taille

SAU (ha)

Sup. (ha)

%

Sup. (ha) %

Sup. (ha)

%

Sup. (ha)

%

0-1

87.290 61,2 3.224 2,3 6.256 4,4 1.382 1,0

1-3

590.905 67,9 21.598 2,5 28.264 3,2 12.125 1,4

3-5

701.285 69,4 27.879 2,8 29.514 2,9 13.630 1,3

5-10

1.369.757 69,1 61.280 3,1 57.573 2,9 25.954 1,3

10-20

1.398.754 69,7 64.434 3,2 51.043 2,5 23.657 1,2

20-50

1.152.633 69,5 45.496 2,7 35.722 2,2 15.035 0,9

50-100

415.827 66,7 13.451 2,2 14.258 2,3 8.067 1,3

>100

500.431 56,1 17.672 2,0 18.816 2,1 14.511 1,6

Total

6.216.882 67,7 255.034 2,8 241.446 2,6 114.361 1,2

Cultures industrielles

Cultures fourragères

Plantations fruitières

Jachère Classe taille SAU (ha) Sup. (ha)

%

Sup. (ha)

%

Sup. (ha)

%

Sup. (ha)

%

Total

0-1 5.345 3,7 7.670 5,4 20.927 14,7 10.510 7,4 142.604

1-3 30.616 3,5 26.226 3,0 90.317 10,4 70.277 8,1 870.328

3-5 29.624 2,9 24.475 2,4 91.855 9,1 92.949 9,2 1.011.211

5-10 47.788 2,4 44.450 2,2 166.302 8,4 209.631 10,6 1.982.735

10-20 27.934 1,4 36.585 1,8 143.158 7,1 261.838 13,0 2.007.403

20-50 14.808 0,9 28.219 1,7 107.234 6,5 259.681 15,7 1.658.828

50-100 6.635 1,1 13.184 2,1 45.539 7,3 106.778 17,1 623.739

>100 10.979 1,2 24.730 2,8 147.167 16,5 157.221 17,6 891.527

Total 173.729 1,9 205.539 2,2 812.499 8,8 1.168.885 12,7 9.188.375

MADRPM/DPAE (2002)

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Tableau 2: Rôle des femmes et des hommes dans la commercialisation des produits agricoles (CERED, 1994)

Homme Femme Céréales 88,7 11,3 Légumes 81,6 18,6 Fruits 83,5 16,5 Légumineuses 86,2 13,9 Lait 62,6 37,5 Beurre 53,5 46,5 Œufs 30,7 69,3 Laine 68,9 31,1 Cuir 61,7 38,3 Autres produits animaux 79,4 20,6 Bovins 90,1 9,9 Volaille 55,1 44,9 Lapins 51,9 48,2 Broderie 51,1 48,9 Tapis 52,8 47,2 Couvertures 48,3 51,7 Nattes 47,1 52,9 Poterie 51,9 48,1

Tableau 3: Responsabilité par sexe de la détention des recettes procurées par la vente de certains produits (CERED, 1994)

Homme (%) Femmes (%) Produits vivriers 85 15

Animaux 63,1 36,9

Produits animaux 47 53 Produits d’artisanat 42,6 57,4

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ANNEXE II : Enquête sur le Rôle de la femme dans la pratique de l’irrigation

Fiche d’enquête N° :…………

Région : …………… Superficie de l’exploitation : …………. Superficie Irriguée : ………. Propriétaire de l’exploitation : Homme/Femme Gérant de la ferme :Homme/Femme I. Situation générale de la femme 1.1 Niveau d’instruction 1.2. Age 1.3 Statut Social Mariée/Célibataire/Veuve 1.4 Nombre d’enfants 1.5 Activité Principale 1.6 Autres activités 1.7 Age du mari : Activité du mari : II. Répartition des tâches par genre Activités Femme Homme Les deux Activités agricoles Elevage de petits animaux Elevage du cheptel

- préparation du sol - labour - Semis - Désherbage manuel - Désherbage automatique - Fertilisation - Travaux de confection du sol - Désinfection - Récoltés - Irrigation - Stockage - Battage - Alimentation - fourniture du fourrage - Abreuvage - traite - abreuvage - alimentation - fourniture du fourrage -conduite des troupeaux

2.2 Participation dans l’irrigation a : Oui b :Non 2.3 Participation dans la planification des activités agricoles

a : oui b : quelque fois c : pas du tout

2.4 Participation à la commercialisation des produits agricoles

a : oui b : quelque fois c : pas du tout

2.5 Avez-vous une idée du bilan de votre exploitation a : oui b :Non 2.6 Participez-vous à la décision de dépenses des bénéfices

a : oui b : seulement pour les dépenses de la maison c : aucune décision

2.7 Pourriez-vous disposez d’une somme d’argent pour vos dépenses personnelles

a : oui b : quelque fois c : je dois demander à chaque fois que j’en ai besoin

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III. Rôle de la femme de l’approvisionnement en eau 3.1 Mode d’approvisionnement de la maison

a : raccordement réseau AEP b : approvisionnement à partir d’un puits distant de … m par :

- pompage - seau + corde Nombre de seaux /j : ……

c : approvisionnement à partir d’une borne fontaine distante de ….. m de la maison Nombre de seaux /j :…..

3.2 Mode d’approvisionnement de l’exploitation

a : par réseau public b : par pompage à partir d’un puits et un réseau fixe c : par pompage à partir d’un puits et un réseau mobile d : autres : …………………………………………..

3.3 Participez-vous : a : aux travaux d’approfondissement du puits (OUI/NON) b : aux opérations d’entretien et de démarrage des groupes de pompage (OUI/NON) c : à la mise en place du réseau de conduites (OUI/NON) d : à aucune tâche (OUI/NON)

3.4 Avez-vous une idée de la qualité de l’eau d’irrigation ?

a : Oui b : Non

IV. Rôle de la femme dans la conduite des irrigations 4.1 Avez-vous une idée de la méthode d’irrigation pratiquée dans votre exploitation ?

a : Oui / Le(s) quel(s) b : non

4.2 Quelle est votre participation dans la conduite des irrigations ?

a : Installation du matériel b : Déplacement du matériel mobile c : Mise en service des installations : c1 : démarrage/arrêt des groupes motopompes c2 : ouverture/fermeture des vannes c3 : ouverture/fermeture de la borne fontaine d : confection des séguias, des rigoles, des bassins ou des planches d’irrigation

4.3 Temps consacré à ces tâches par semaine ?

4.4 Conduite des irrigations a : je participe b : je ne participe pas 4.5 Dans le cas où vous participez à la conduite des irrigations, votre tâche consiste à :

a : ouvrir/fermer les vannes b : déplacer les rampes et les portes rampes c : ouvrir et fermer les rigoles, les bassins, …

4.6 Temps consacrée à la conduite des irrigations par jour et par semaine ?

4.7 Participation à la pratique de la fertigation

a : Oui Quels sont les engrais utilisés ? …………………………………………………………………………………………. Quelles sont les doses ? ………………………………………………………………………………………… b : Non

4.5 Avez-vous une idée des risques liés à l’utilisation abondante des engrais ?

a : Oui Lesquels ? ……………………………………. b : Non

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V. Maîtrise des notions d’irrigation par la femme 5.1 Avez-vous une idée des méthodes d’irrigation les plus utilisées ?

a : Oui : Lesquels ? ………….…………………………………………………………… Citez quelques avantages de ces méthodes d’irrigation : .………………………………………………………………………………………. ………………………………………………………………………………………… b : Aucune idée

5.2 Quel est le débit disponible pour votre exploitation ?

a : …… .. L/s b : aucune idée

5.3 Avez-vous une idée de sa qualité ? a : Oui Bonne Moyenne Mauvaise b : aucune idée

5.3 Quelle est la durée d’une irrigation ? 5.4 Quel est l’espacement entre deux irrigations ?

5.5 Sur quelle base vous décidez d’irriguer ?

5.6 Avez-vous une idée de l’importance des pertes en eau liées à cette méthode d’irrigation ?

a : Oui ? quelle est leur part en (%) ? …………….. b : aucune idée

5.7 Avez-vous une idée des techniques d’amélioration des conduites des irrigations à la parcelle ?

a : Oui b : Non