36
Roman CM2 Le voyage des retrouvailles, Théo et Mélina Baptiste, Carla, Elya, Manon, Emma, Timothé, Anaïs, Julien, Laureline, Maëlle, Paco, Kenny G, Axel, Shanna, Quentin, Typhanie, Kenny M, Flore, Martin, Léane, Flavien, Charlotte, Justine, Ianis, Enzo, Loann

Roman CM2 - ac-grenoble.fr

  • Upload
    others

  • View
    8

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Roman CM2

Le voyage des retrouvailles,

Théo et Mélina

Baptiste, Carla, Elya, Manon, Emma, Timothé, Anaïs, Julien, Laureline, Maëlle, Paco, Kenny G, Axel, Shanna, Quentin, Typhanie, Kenny M, Flore, Martin, Léane, Flavien,

Charlotte, Justine, Ianis, Enzo, Loann

Page 2: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Chapitre 1 : la lettre

• Il y a du courrier pour vous !

Mélina et Théo dévalent les escaliers à la rencontre de Sonia, leur mère adoptive. Tous les deux ont environ douze ans, ils sont inséparables. Théo vient

d'Australie, il est un peu grincheux mais très dynamique. Mélina vient d'Egypte elle est aussi brune qu'il est blond, elle est douce et posée. Bref, ils s'entendent

parfaitement bien.

Mélina attrape l'enveloppe et l'ouvre avec précipitation. Théo ne la lâche pas d'une semelle.

• Qu'est-ce que c'est, qu'est-ce que c'est ?

• Attends ! Minute ! laisse-moi sortir ce truc bizarre.

• M'enfin qu'est-ce que c'est ?

• Oh...on dirait... mais oui c'est ça, c'est une carte au trésor !

• Hein ? Quoi ? Fais voir !

Stupéfaits, ils remarquent quelque chose d'écrit au verso de la carte. Théo lit :

« Vos parents qui vous aiment »

• Ça alors !!!

• Hé regarde, il y a encore quelque chose dans l'enveloppe !

• Oh... des photos !!! Oui, celles de nos parents ! Incroyable...

• Tu crois qu'ils nous envoient ça pour qu'on les retrouve ?

• Ouais, ça m'en a tout l'air. Et cette carte au trésor pourrait bien être le moyen d'y arriver.

• Et ce papier là, c'est quoi ?

Page 3: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

• Attends, fais voir. Oh mais c'est un papier Air France, les avions. On va demander à Sonia de quoi il s'agit.

• Ouais, mais où est-elle ?

Très excités ils se ruent à travers la maison pour trouver Sonia. Ils finissent par la dénicher au jardin, dans les framboisiers lourds de fruits rouges, elle va

faire la confiture et ça sentira très bon dans toute la maison, mmm.

• Maman, regarde ce qu'on a reçu !!!!

• C'est dingue, nos parents ne nous ont pas oubliés et en plus ce qui est super dingue c'est qu'ils se connaissent !!!

• Oui mes chéris je ne vous en ai jamais parlé car je voulais attendre que vous soyez assez grands pour connaître votre histoire. Et là je vois qu'il est plus

que temps. On se retrouve à la cuisine pour un goûter extraordinaire.

Théo et Mélina sont abasourdis par tant de surprises. Ils préparent un jus avec des fruits du jardin et quelques biscuits au chocolat, les préférés de Sonia. Les

quelques minutes qui s'écoulent avant l'arrivée de leur « petite maman » leur paraissent interminables. Soudain elle est devant la porte, le sourire aux lèvres.

• Je vois que j'étais attendue ! Merci mes Amours. Délicieux.

Les enfants restent muets et picorent à peine un bout de biscuit, tant l'émotion leur a coupé l’appétit. Enfin, Sonia se décide :

• Il était une fois deux couples de chercheurs en biotechnologie, les premiers vivaient en Australie dans un village Aborigène, les seconds habitaient près

des sources du Nil. Tous les quatre n'avaient qu'une seule idée en tête : trouver un procédé capable de recycler les eaux usées avec un minimum de

pertes et de récupérer l'humidité atmosphérique pour produire de l'eau potable, même dans les secteurs les plus arides de notre planète. Et ils ont trouvé !

Chaque couple avait mis au point la technique pour aboutir à l'un des deux objectifs. Mais il leur manquait l'autre morceau du puzzle. Et grâce à internet,

ils se sont trouvés et ont assemblé leurs compétences pour aboutir à une machine absolument géniale pour les peuples de ces régions sèches et pauvres.

Malheureusement leur invention n'est pas pour plaire aux grandes industries de l'eau qui dominent le monde. Ils ont dû fuir, se cacher sans relâche pour

échapper aux tueurs envoyés par ces grandes multinationales. Entre temps vous étiez nés. Vos parents qui vous aiment plus que leur vie ont dû prendre

la douloureuse décision de se séparer de vous pour que vous soyiez sains et saufs. Nous nous connaissions depuis nos études au CERN de Grenoble et

ils ont immédiatement pensé à moi. Ils m'ont suppliée de vous accueillir tous les deux ici à Bordeaux, loin de tous ces dangers, avec la promesse de vous

retrouver un jour quand la situation serait apaisée. Voilà vous savez presque tout. Il semble que nous approchons de ces retrouvailles.

Page 4: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

• Mais alors...

• Mais, mais...

• Regarde cette carte, maman... oups... on peut quand même encore t'appeler maman ?

• Venez là que je vous serre fort. Vous êtes mes enfants, je vous ai depuis que vous avez quatre mois... alors je suis votre maman de cœur. Je vous aime

pareil.

• Ah...

• Bon, heu, dis maman, tu penses quoi de cette carte ?

• J'en pense que vous devriez aller préparer vos sacs à dos et plus vite que ça ! J'appelle l'aéroport pour réserver trois places pour le Pakistan, car telle doit

être notre première destination.

• Au fait, Sonia, regarde ce qu'il y avait aussi dans l'enveloppe. C'est quoi ce truc ?

• Et bien ça m'a tout l'air d'être un pass. Il vous permet de voyager librement en avion pendant un an avec les personnes qui vous accompagnent. Ils ont

vraiment tout prévu !

• Mais et le collège ?

• Je m'en charge, répond leur maman de cœur. Si je m'engage à vous faire rattraper les cours, ça ne posera aucun problème.

• T'es vraiment la meilleure des mamans toi.

• Et l'argent ? Comment on va payer quand on fera tous ces voyages. Ça doit coûter une fortune de faire le tour du monde...

• Vos parents ont prévu ça aussi : depuis que vous êtes avec moi, ils ont versé de l'argent sur un compte en prévision de ce grand voyage. J'ai la carte

internationale avec laquelle vous pourrez retirer l'argent en devises locales dans chaque aéroport. Et je crois que vous ne manquerez de rien. Une

dernière chose : les passeports. Je m'en suis occupée car je savais que vous ne tarderiez pas à recevoir cette lettre.

• T'es géniale !

• Qu'est-ce qu'on t'aime toi !

• Bon, ben... c'est parti !

Page 5: Roman CM2 - ac-grenoble.fr
Page 6: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Chapitre 2 : les Kalash

Les voilà dans l'avion. Des millions de questions se précipitent dans leur tête :

Est-ce qu'on va les reconnaître ?

Mais comment on va trouver ce village paumé ?

Est-ce que j'ai pris assez de culottes ?

Est-ce qu'il y aura du ketchup ?

Pourquoi les Kalash ?

Et ma lotion anti-boutons ?

Est-ce que Sonia nous en veut de l'entraîner dans cette aventure ?

Qu'est-ce qu'on leur dira ?

Pendant ce temps Sonia discute avec son voisin. Elle parle sacrément bien l'anglais ! Elle a vraiment l'air ravi à l'idée de faire ce tour du monde improvisé.

• De quoi vous avez parlé avec l'Indien assis à côté de toi ?

• Formidable ! Il va lui aussi chez les Kalash, sa sœur Indira se marie dans le village où nous allons et nous propose de faire route commune. Incroyable,

non ?

• Ah ouais, ça s'annonce carrément bien.

Page 7: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Islamabad, capitale du Pakistan. Un vol sans histoire, quoiqu'un peu long. Achok, notre nouvel ami, trouve le 4x4 qui doit le conduire jusqu'à Mastuj. Trois

jours de piste cabossée à travers le Pakistan. Un pur bonheur.

L'arrivée est un réel soulagement pour notre dos et notre fessier. Achok fait les présentations et explique notre quête. Tenzing, le promis d'Indira, nous

suggère d'aller rencontrer Tanuk le chaman. À peine nous aperçoit-il qu'il s'exclame :

• Vous êtes les enfants de Tom et Sarah, d'Ali et Izia. Et vous êtes sur le chemin des retrouvailles.

Heureusement que Tenzing parle anglais. Il traduit tout à Sonia qui nous retransmet l'histoire en français.

• Ils étaient parmi nous il y a un peu plus d'un mois . Voyez ce qu'ils nous ont offert : leur machine à eau. Ce sont des personnages généreux et

profondément humains. Vous les retrouverez et serez fiers d'être leurs enfants.

• Mais où devons-nous aller à présent ? Que signifie ce symbole qui figure sur l'emplacement de votre village ?

• Ce n'est pas un symbole, c'est le nom d'un village en Espagne, dans la Cordilière Bétique : Huelma, au pied de la montagne Magina. Ils sont partis là-bas

pour installer la même machine à eau que celle-ci.

Pendant que nous discutions avec Tanuk, nous avons remarqué deux jeunes Kalash qui nous observaient. Nous demandons de qui il s'agit. Ce sont les

cousins de Tenzing : Mikilili et Saïfullah. Nous faisons leur connaissance et lions rapidement amitié. Ils souhaitent nous accompagner dans notre aventure.

Sonia est d'accord.

Nous restons à Mastuj le temps des noces et retournons prendre l'avion, direction l'Espagne du sud avec la promesse de donner de nos nouvelles.

Page 8: Roman CM2 - ac-grenoble.fr
Page 9: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Chapitre 3 : Huelma

Atterrissage à Madrid, puis train jusqu'à Jaèn et enfin autocar jusqu'à Huelma. C'est vrai que le paysage semble de plus en plus sec. Nous comprenons mieux

pourquoi nos parents sont venus dans cette région. Une fois arrivés dans le village, nous cherchons la machine à eau, preuve de leur passage. Elle est installée

dans le patio de la maison communale. Nous interrogeons l'homme chargé de sa surveillance et de son fonctionnement. Sonia nous est encore d'une aide

précieuse car elle parle aussi espagnol.

• Bonjour Monsieur, excusez-nous de vous déranger mais nous sommes à la recherche de nos parents, ceux qui vous ont installé cette machine.

Surpris, l'homme se retourne en manquant de tomber :

• Oh, oui, vous voulez parler d'Ali, Izia, Tom et Sarah ? Oui aucun doute vous êtes leur miroir.

• Ah ça doit être vrai.

• Oui, nous essayons de les retrouver. Ils nous ont envoyé une carte au trésor et en la suivant nous somme arrivés ici. Mais le problème est que nous ne

savons pas ce que nous devons faire maintenant.

• Comprenez-vous ce symbole qui est représenté sur l'emplacement de votre village ?

• Heu... non. Mais je crois que je connais quelqu'un qui pourrait vous aider. Venez avec moi.

Nous le suivons jusqu'à une maisonnette en pierre au creux d'une colline de roches. Tout a l'air si désolé par ici... Pedro est là, il savait que nous allions

arriver et nous accueille avec un thé frais et quelques biscuits aux amandes. Nous lui racontons notre histoire depuis le tout début. Il nous écoute sans nous

couper une seule fois la parole. Puis, silence, il réfléchit. Les premiers mots prononcés semblent sortir d'un autre personnage. C'est vraiment étrange. On dirait

que Pedro est dans un rêve. Il utilise des mots bizarres. Sonia nous explique qu'il est en transe. Le signe est en fait une constellation, la Petite Ourse, elle nous

indique la direction du grand Nord. Oui nous devons aller en Alaska, il y a un autre symbole sur ce pays tout blanc. Mais Pedro précise que nous devons

continuer notre chemin seuls, sans Sonia. Nous devons faire nos preuves.

Page 10: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Le soir est tombé sans que nous nous en soyons aperçu. Pedro nous invite à passer la nuit chez lui. Nous reprendrons la route demain. La soirée sera

inoubliable, autour d'un feu de camp, les villageois sont venus nous rejoindre avec des victuailles, des guitares et beaucoup de bonne humeur. Ils sont tellement

attachants. Nous avons autant de mal à partir de chez eux que chez les Kalashs. Pedro nous donne une petite boîte contenant des graines. Elles pourront nous

servir dans notre long voyage. Elles ont un grand pouvoir de guérison.

Nous partons à Gibraltar. De là nous prenons le bateau pour le Canada et Sonia embarque pour Bordeaux. Des larmes coulent. Mais nous savons que c'est

pour mieux nous retrouver.

Dix jours plus tard, arrivée à Quebec, nous prenons un avion jusqu'à Fairbanks. Quelques trous d'air plus tard, nous arrivons en plein cœur de L'Alaska. En

descendant de l'avion, Mikilili et Saïfullah étaient très étonnés de découvrir un paysage ressemblant à leur vallée enneigée. Un véhicule sur chenillettes nous

transporte jusqu'à Minto.

Page 11: Roman CM2 - ac-grenoble.fr
Page 12: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Chapitre 4 : les neiges éternelles

Nous y voilà. C'est immense, c'est blanc, c'est vide... quelques maisons petites et basses tapies dans la neige. Toutes ont des couleurs très vives pour qu'on

les voie au milieu de tout ce blanc. Où nous diriger ? C'est Mikilili et Saïfullah qui vont être nos guides. Ils sont habitués à ces conditions-là. Ils repèrent des

traces dans la neige. On dirait que toutes les empreintes se dirigent vers un même endroit. Mais la priorité absolue est de trouver un commerce où acheter de

quoi nous couvrir chaudement, nous, petits Bordelais frileux. Nous sillonnons tout le village sans trouver de boutique. Toutefois, nous remarquons une sorte

d'hôtel. Nous sonnons et coup de chance, une dame nous ouvre avec un grand sourire bienveillant. Elle semble tout droit sortie de son igloo, l'anorak et les

bottes en moins. Deuxième coup de chance elle parle un français hésitant mais nous arrivons à nous comprendre. Elle nous annonce même qu'elle a un petit

rayon de vêtements chauds pour les touristes perdus comme nous. Elle nous dit qu'elle est d'ailleurs très étonnée de voir autant de touristes en si peu de temps,

en plus des gens qui nous ressemblaient beaucoup.

• Nos parents !

• Vous avez vu nos parents ? Ali, Izia, Sarah et Tom... Quand étaient-ils là ?

• Oh ils sont repartis il y a une semaine. Ils nous ont installé une machine extraordinaire à côté de l'école.

• Une machine à eau !

• Oui, comment le savez-vous ?

• Bah, c'est leur truc en ce moment.

Alors Nuna nous fait entrer dans son petit salon avec son poêle diffusant sa bonne et douce chaleur. Elle nous invite à nous asseoir et nous raconte le séjour

de nos parents. Plus nous entendons parler d'eux et plus nous nous sentons proches. Elle nous offre même une collation bienvenue et très reconstituante. Nos

amis Kalash sont radieux.

Page 13: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Après un passage par son rayon vêtements chauds, nous partons en direction de l'école, histoire de se rendre compte du travail de nos scientifiques. Mais

nous nous étonnons : pourquoi ici ? Ils ne manquent pas d'eau... Saïfullah croit avoir l'explication :

• C'est pour ne pas polluer durant la saison des neiges, et quand tout est fondu, ça devient très sec : ici nous sommes au niveau du Cercle Polaire et le jour

ne se couche plus en plein été. Il peut même faire très très chaud.

• Ah ? On a du mal à le croire...

Nous retournons chez Nuna et cette fois nous lui montrons notre carte au trésor en lui racontant ce qui nous mène ici. Elle comprend tout de suite et appelle

sa sœur Ituk qui est un peu voyante et très érudite. Elle pourra nous aider. Elle partagera le souper avec nous.

• Montrez-moi donc votre carte. Hum, oui, je vois...

• Vous voyez ?!!

• Oui, regardez là sur notre village, ce symbole c'est un langage très ancien : le langage utilisé par les Aymaras, au Pérou. C'est en fait le symbole de la

citadelle de Machu Picchu au nord- est de Cuzco.

• Et bien nous voilà fixés sur notre prochaine destination.

• Décidément ils vont nous faire faire un tour du monde avant les retrouvailles !

La soirée s'est encore une fois très bien passée, chaleureuse et riche de découvertes sur un peuple très attachant. Au moment de partir, Ituk nous donne un

pendentif, c'est une divinité célèbre à Cuzco. Elle nous ouvrira des portes nous dit-elle. Embrassades et nouvelles promesses... notre famille s'agrandit à chaque

étape !

Chenillette, avion, autocar... on the road again !

Page 14: Roman CM2 - ac-grenoble.fr
Page 15: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Chapitre 5 : au pays d'Aiapaec

De Cuzco, nous devons aller à Quillabamba, village le plus proche de Machu Picchu. Le périple est long et chaotique. Ça nous rappelle le voyage au

Pakistan pour rejoindre les Kalash. Le paysage est vraiment extrême ici. Les routes sont étroites et longent des ravins très abrupts, impressionnants. Mélina qui

a le vertige a dû fermer les yeux pendant presque tout le trajet. C'était vraiment une expérience unique, riche en émotions. Histoire de nous détendre, le

conducteur nous fait comprendre que là c'est une très belle route, large et en bon état... comparée à la piste d'accès du Machu Picchu... Aïe ça promet !

Enfin, nous arrivons à Quillabamba, tous un peu nauséeux, soulagés de sortir enfin de cette boîte de conserve. Encore une fois, il fallait trouver un endroit

pour passer la nuit et tâcher de bien dormir avant l'épreuve de demain qui s'annonçait plus qu'éprouvante.

Le conducteur nous avait indiqué un quartier où nous trouverions facilement une auberge accueillante. À l'instar des Kalash, les Péruviens sont des hôtes

hors pair. Affamés, nous dévorons une soupe locale à base de viande et de légumes plutôt chargée en pommes de terre. Très nourrissante et quelque peu

épicée... ça chauffe ! Un gros dodo et nous serons d'attaque pour l'ascension de la célèbre forteresse péruvienne. L'aubergiste s'est même chargé de contacter un

guide.

Sancho arrive avec ses lamas qui porteront notre paquetage comprenant des vivres et une toile de tente pour une bonne semaine de randonnée et de

bivouacs.

Quatre jours de marche éprouvante, durant lesquels nous discutons bien avec notre nouvel ami Sancho à peine plus âgé que nous. Il a entendu parler de nos

parents, les scientifiques de l'eau ! C'est alors que nous croisons des paysans chez qui nos parents ont installé leur machine. Fiers et reconnaissants, ils tiennent

absolument à nous la montrer. Nous passons la nuit chez eux et découvrons encore la générosité des gens du bout du monde. On a envie de croire que tous les

humains forment une grande famille. Dès notre arrivée au Machu Picchu, nous sommes frappés par l'immensité du lieu. Pas le temps de rêver, nous devons

chercher la divinité du pendentif. Elle est sûrement gravée quelque part, ou peut-être est-ce une statue ? Nous parcourons les ruines en tous sens. Quelle

merveille ! On a du mal à imaginer l'ampleur du travail pour construire cette forteresse si haut perchée. Mélina trouve l'effigie sur le mur d'un temple : le Dieu

Page 16: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

est gravé dans une suite de symboles qui ressemblent à des hiéroglyphes, ça doit être une phrase. Sancho qui a plus d'une corde à son arc sait déchiffrer le

message.

• « Aiapaec se rend chaque soir sur les berges du lac Titicaca où il admire le coucher de soleil en se baignant dans ses eaux sacrées »• Bon ça me semble clair... voilà notre prochaine destination.

• Oh chouette on va se refaire le pont de la mort ! s'écrie Saïfullah.

• Ouais ! Ben je m'en passerais bien , se lamente Mélina...

• Hé mais au fait, les graines de Pedro... si tu essayais d'en mâcher une ?... Peut-être qu'elle t'aiderait à moins stresser.

• Montre-moi ces graines, propose Sancho. Oui bien sûr, c'est du Griffonia simplicifolia. Théo a raison, tu devrais essayer.

La descente se déroule tranquillement. Nous faisons une nouvelle fois étape chez les paysans où nous avons d'ailleurs l'occasion de goûter l'eau qui sort de

la machine. C'est là que nous prenons toute la mesure du génie de nos parents. La fin du chemin est un peu triste car nous savons que nous devrons nous séparer

de Sancho. Nous espérons bien le revoir... un jour... qui sait ? Au moment des adieux, Sancho nous offre une fiole contenant de la poudre : mélangée à de l'eau

et d'un peu d'huile, c'est un onguent universel. On en aura sûrement l'usage au cours de notre quête. Embrassades, larmes et promesses. Nous commençons à en

avoir la triste habitude...

A Cuzco, nous prenons le train jusqu'à Juliaca, ville au bord du lac, puis direction Moho en autocar. Bingo : en plein cœur du village, une place carrée avec

en son centre la même statue que notre pendentif. Nous l'observons très attentivement et Mikilili remarque une sorte de papier qui dépasse à peine de son espèce

de bretelle. Mélina l'extirpe et nous reconnaissons illico l'écriture de nos parents : « Baguio, Philippines, bon voyage et à très vite ! »

• Ça vous dirait un petit plouf dans les eaux sacrées avant de reprendre notre tour du monde ? propose un peu lassée Mikilili.

• Carrément !!! répondent en choeur ses compagnons de fortune.

• Le premier à l'eau est Aiapaec ! défie Saïfullah.

• And the winner is... ME ! lance Théo en éclaboussant tout le monde.

Joyeux moment de détente amplement mérité pour nos courageux adolescents. Aucune divinité n'est ressortie de cette baignade improvisée, mais des

vêtements transformés en maillots de bain bons pour un essorage vigoureux. Les garçons, au boulot !

Page 17: Roman CM2 - ac-grenoble.fr
Page 18: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Chapitre 6 : une île paradisiaque

On pourra dire que l'avion, ça nous connaît maintenant ! De même que les transports locaux. De Manille, nous voyageons en train jusqu'à Baguio.

Étonnant : jusqu'alors, nos parents nous avaient plutôt envoyés dans des villages minuscules et paumés. Là, nous arrivons dans une ville plutôt étendue au nord-

est de l'île de Luçon, la plus grande de l'archipel des Philippines. Après avoir réservé une grande chambre dans un hôtel abordable, nous visitons Baguio. Le lac

Burnham nous paraît un bon endroit pour trouver un nouvel indice. Situé au milieu d'un parc, nous explorons chaque petit recoin.

Nous finissons par trouver Raymond, le gardien du site. Dans un anglais approximatif nous lui demandons si nos parents seraient venus jusqu'ici. La chance

étant notre atout majeur, il n'est nullement étonné de notre question et nous mène directement à la machine qui permet de filtrer l'eau du lac et de la transformer

en eau potable. Il nous explique : l'eau de ce lac était en train d'empoisonner la faune et la flore qui le peuplait. La pollution ruisselant des montagnes alentours

aboutissait dans le lac en dévastant tout ce qui pouvait y vivre. Merci les dégâts de l'agriculture intensive !

• Vos parents m'ont confié un message pour vous.

• Ah ?

Maintenant nous avons l'habitude d'être reconnus avant même de parler... Le message nous recommandait d'aller admirer le bas relief en pierre sombre, près

du bassin à poissons. Nous sommes accompagnés par le gardien qui nous explique, une fois devant, que les esclaves représentés viennent d'Ouganda. Ils étaient

utilisés dans les mines d'or ainsi que pour le terrassement des rizières.

C'est la fin de journée, Raymond nous invite à passer la soirée chez lui. C'est avec joie que nous acceptons son offre. En chemin, nous passons devant la

maison de sa petite fille Thao. Raymond la convie pour le souper. Belle et bonne idée. Il nous sert un bangus (poisson typique) grillé accompagné de riz (plus

que local) et d'une sauce paksiw à base de vinaigre et d'ail. Pour le dessert, un halo halo rafraîchissant (mélange de glace pilée, de fruits confits, de crème glacée

et de céréales) un vrai délice... Au fil de la soirée nous apprenons que nos parents se sont liés d'amitié avec eux, Thao leur ayant servi de guide durant leur

séjour. Etudiante en histoire, elle leur a permis de mieux comprendre le passé et les coutumes de ce peuple.

Page 19: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

• Quand ils sont partis, vos parents m'ont parlé de retrouver un de leurs confrères à Rome.

• Mais je croyais qu'ils allaient en Ouganda !

• Oui telle était bien leur destination. Avec escale à Rome. Leur ami s'appelle Léonardo Da Venci. Son nom, on ne peut pas l'oublier !

• Ça non ! Et il peint lui aussi ?

• Vous verrez bien... Tenez moi au courant.

Thao nous fait elle aussi un cadeau : dans une boîte en paille de riz tressée, une poignée de graines d'amarante. Elle nous explique que c'est très riche en

protéines. Si nous sommes en panne de nourriture, nous pouvons tenir une semaine en mâchant quelques graines par jour.

Elle nous propose de nous faire visiter son île avant de reprendre l'avion. Nous découvrons des paysages comme nous n'en avions jamais vus. Merci

beaucoup Thao ! Et au revoir... Elle viendra en France dès qu'elle aura décroché son diplôme.

Page 20: Roman CM2 - ac-grenoble.fr
Page 21: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Chapitre 7 : La cité antique

Aéroport Léonard De Vinci, Roma. Nous arrivons dans une ville qui ressemble à une fourmilière. Ça court dans tous les sens, ça klaxonne, ça crie, ça

parle avec les mains... Et dire que nous sommes sur la même planète. Incroyable. Nous allons à la poste centrale pour trouver l'adresse de Léonardo, non pas lui,

l'autre !

Il habite une ferme Via del Baiardo sur les berges du Tibre au nord de la ville. Un taxi nous y mène promptement après douze queues de poisson et au

moins autant d'invectives. Ouf quand il nous dépose nous poussons un gros soupir de soulagement. Nous sommes entiers !

Une adorable chienne nous accueille en aboyant gaiement. Son maître, alerté par le tapage, vient à notre rencontre. Il s'apprête à nous demander ce que nous

voulons... mais s'arrête illico : il nous reconnaît.

• Zina, silenzio ! Ciao amici ! Fa più di due settimane che vi aspetto !

• Plaît-il ? lâche Théo.

• Oh pardon vous ne parlez pas notre bel italiano... Je disais que ça fait plus de deux semaines que je vous attends. Entrez donc mes amis. Présentez moi

vos compagnons de route.

• Voici Mikilili et lui c'est Saïfullah, ils sont Kalash et nous ne nous quittons plus.

• On agrandit notre famille ! jubile Mélina.

• Bene ! On va commencer par vous installer. Puis on va cucire un grosso piatto de pasta. Ecco.

• Ouais !!! À table les jeunes !

• Si dice : « A tavola giovani ! »

Page 22: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Comme il n'attendait que deux enfants, nous nous serrons un peu et tout est pour le mieux. Les pâtes sont excellentes, on a même droit à une goutte de

chianti (hips). Si Sonia savait ça ! Léonardo est adorable mais alors qu'est-ce qu'il est bavard ! Il n'y a pas que le vin qui nous a saoulé. On ne se fait pas prier

pour aller se coucher.

Le lendemain, Léonardo nous fait faire la visite de Roma, prestissimo ! On a tout vu en une seule journée... c'est dire ! On en a pris plein les yeux...et plein

les oreilles tant les Italiens parlent fort. Léonardo nous a offert una pizza romana dans son ristorante favorito. Deliciosa ! Grâce à notre hôte, nous sommes

presque devenus italophones. Rapidamente e incredibile.

Deuxième nuit chez notre artiste du langage qui profite de la minestrone pour nous raconter comment il a connu nos parents. Pour le dessert il nous a

préparé une excellente panna cotta aux framboises. Nous savons tout - ou presque – en rejoignant notre chambre. OUF quelle journée !

À l'aéroport, Léonardo nous offre... un dictionnaire franco-italien... hé hé on aurait dû s'y attendre. Embrassades dynamiques et mélodieuses. Arrivederci

amici ! Buon viaggio !

Vol pour l'Ouganda, destination Kampala. Changement de décor !

Page 23: Roman CM2 - ac-grenoble.fr
Page 24: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Chapitre 8 : la randonnée

En sortant de l'avion, nous sommes saisis par la chaleur : 30 degrés à l'ombre... Et pas mal d'humidité. Ça nous rappellera le climat des Philippines.

Kampala est une capitale à taille humaine : peu de gratte-ciels, beaucoup de verdure et de taxis. Blancs les taxis.

C'est d'ailleurs dans la queue pour l'un de ces taxis que nous faisons la connaissance de Clara, anglaise, qui vit dans ce pays depuis plusieurs mois. Elle

travaille pour une ONG (organisation non gouvernementale). Elle étudie l'évolution des comportements animaux suite aux changements climatiques planétaires.

Elle nous propose de nous accompagner dans notre recherche : où est donc implantée la machine à eau ?

• Une machine à eau ? relève Clara.

• Oui, nos parents en ont certainement installé une dans ce pays, confie Mélina.

• Attendez... ça me dit quelque chose... heu...mais oui, bien sûr ! Bundibugyo !

• Bundiquoi ?

• Bundibugyio : c'est un village qui a un hôpital. Et par ici, il n'y en a pas tant que ça, des hôpitaux. Je crois bien qu'elle est là-bas votre machine !

Montrez-moi votre carte au trésor.

• Tiens, regarde, là sur l'Ouganda, ils ont tracé un signe.

• C'est bien ce que je disais, c'est le symbole de cette ville.

• Yes ! On sait où on doit aller !! se réjouit Théo.

• Bon, on doit d'abord passer par le refuge du Pic Margherita : j'y ai installé du matériel d'observation et il faut que j'aille relever les résultats. Puis nous

irons directement à Bundibugyio. Ça vous va ?

• Ouais super chouette ! se satisfait Mélina.

• Oh oui !!! En plus ça nous rappellera notre pays ! jubile Saïfullah.

• Escalader un Pic ? Laissez tomber. Le treck c'est pas mon truc... j'y arriverai pas. Le Machu Picchu c'était mon maximum, ronchonne Théo.

Page 25: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

• Allez fais pas ton bougon, viens, s'il te plaît, le supplie Mikilili.

• Et puis on ne va pas jusqu'au sommet, on s'arrête à la moitié, 2500 mètres. En plus mes amis porteurs vont nous accompagner, le rassure Clara.

• Super ! Eux aussi ils ont des lamas ?

• Ah, non, eux, ils portent les bagages sur leur tête.

• Ouah ! Balaises !

• Bon mais il faudrait se dépêcher parce qu'on a quand même de la route à faire.

• Non, coupe Théo, on n'y va pas ! J'ai faim et je suis fatigué.

• OK, on va commencer par un poulet grillé- maïs sur le marché et Théo, tu pourras te reposer dans le car qui nous déposera au pied du sentier. En plus tu

seras bien bercé ! le charrie Clara.

Comme prévu, passage sur le marché de Kampala où nous découvrons de nouvelles épices, de nouvelles couleurs et la mélodie de plein de nouvelles

langues : acholi, kiganda, kiswahili, konjo, lusoga, luganda... Heureusement que Clara sera notre interprète ! Nous craquons pour des mangues et un méga

régime de bananes. Nous achetons la nourriture et des chaussures de randonnée, moins chères que pas chères !...À la gare routière, Clara se charge des billets.

Quelques longues minutes d'attente et puis une nouvelle aventure s'offre à nous : les pistes ougandaises. Ça secoue !

Après une nuit dans le bus, grand confort – heureusement qu'il y a des banquettes!- nous sommes très excités, malgré la fatigue. À notre arrivée, nous

sommes ébahis devant le spectacle : une haute montagne aux sommets enneigés, des pentes couvertes de verdure, alors qu'on s'attendait à un paysage desséché.

• Bon, il faut une voiture pour aller jusqu'au départ de la piste. Allons chez mon oncle, il habite à deux kilomètres. Un peu de marche nous remettra les os

en place ! nous encourage Clara.

• Encore ! bougonne Théo...

• Non, pas « encore », la rando c'est pour demain. Là c'est une mise en bouche, ricane Saïfullah qui est décidément chamailleur.

Sur le chemin, nous croisons des éléphants, des singes et des cacatoès. Quand nous arrivons, c'est un petit homme qui nous salue. Clara le serre dans les

bras.

• Je vous présente mon oncle Nabukenya..

Page 26: Roman CM2 - ac-grenoble.fr
Page 27: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

• Mais t'es pas anglaise, toi ?

• Si, mais c'est le mari de la sœur de ma mère. Enfin, c'était. Divorcés. Des choses qui arrivent Appelez-moi Nabu, dit le petit homme.

• Tonton, tu pourrais nous conduire au départ du sentier du Pic Margherita ? Je dois aller faire mes relevés et mes amis m'accompagnent. C'est OK pour

toi ?

• Pas de problème, mais tout d'abord on va passer un moment ensemble, histoire de faire un peu connaissance. Et puis je n'ai pas souvent de visite... Alors

je vais un peu profiter de vous.

Une charmante journée pleine d'histoires plus ou moins sorties de l'imagination de Nabu, ou des légendes du pays, des nouvelles saveurs qui nous réveillent

les papilles. Explosions dans la bouche aux couleurs chaudes dignes d'un Gaughin. La potion magique d'Astérix devait à peu près avoir le même effet ! Le soir

approchant, Nabu va chercher sa voiture et nous nous tassons dans un vieux 4X4 qui roule par miracle. Une heure et demi de piste et de bosses puis c'est le

sentier qui monte qui monte.

• Oh regardez, tout un groupe de flamants roses ! Magnifique !!! s'émerveille Mikilili.

Embrassades, Nabu aurait été très tenté de faire l'ascension avec nous. Et nous nous engageons sur le sentier escarpé vite caché par la végétation. C'est

seulement à la nuit noire que nous avons installé nos sacs de couchage et allumé un feu de camp. Le lendemain nous découvrons avec un grand soulagement

que les amis de Clara, les « porteurs » nous ont rejoints. La suite de la marche sera plus agréable en tout cas moins fatigante. Le refuge, rudimentaire néanmoins

confortable, est le bienvenu après deux jours d'ascension. Nous dormons dans des hamacs, une cascade nous permet une toilette salutaire et des jeux aquatiques.

En sortant de l'eau, la faim nous tenaille mais nous devons modérer notre appétit car nous risquons de manquer de réserves. Alors Saïfullah émet son idée

lumineuse :

• L'amarante !!! Faisons une bouillie d'amarante !

• Mais oui, bien sûr les graines que Thao nous a données, ajoute Mélina.

Effectivement très nourrissantes, merci Thao. Rassasiés, nous demandons à Clara si nous pouvons utiliser son matériel d'observation. C'est alors que nous

admirons des éléphants de forêt ainsi qu’une diversité de primates (chimpanzés, babouins, colobes noirs, blancs et rouges…etc.). Nous apercevons également :

buffles, hippos, waterbuck, reedbuck… et une myriade d’oiseaux ! Nous sommes en pleine forêt tropicale entourés de plantes démesurément grandes du fait des

Page 28: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

conditions climatiques où l'air est saturé de brumes. Clara les nomme : lobelias aux fleurs écarlates, bambous, bruyères, séneçons géants qui ressemblent à des

troncs chevelus. Étonnant, magnifique. Au loin sur les sommets, nous distinguons des glaciers. Quel contraste dans tout ça !Clara constate que les naissances

diminuent encore, inquiétant... quant aux plantes, elles auraient tendance à reculer. Et toujours nous nous sentons responsables de ces dérèglements. Quand les

humains cesseront-ils de tout vouloir dominer ? Nous qui sommes si petits et fragiles dans cette immensité...

Après quelques jours au refuge, nous prenons le sentier en direction de Bundibugyio. La descente est plus rapide et nous arrivons à destination après une

semaine de périple. Nous nous mettons en quête de l'hôpital. Et là nous rencontrons le docteur chef du service pédiatrique. Sa tête ne nous est pas inconnue. Des

fois ça arrive, au bout du monde on croit reconnaître quelqu'un. Nous lui expliquons les raisons de notre visite sans même prendre le temps de lui demander son

nom. Nous n'avons que son prénom : Jean Pierre. Il nous montre la machine qui leur a permis de sauver déjà de nombreuses vies grâce à une eau potable très

pure. Il nous propose de nous héberger.

• C'est pas de refus, reconnaît Clara.

• Carrément, lâche Théo un peu lassé par le côté Indiana Jones de notre quête.

Sa maison est juste derrière l'hôpital. Un bâtiment sans aucune valeur architecturale, comme tous les logements de fonction, mais spacieux et lumineux.

Nous déposons notre barda en vrac dans le hall. Il nous invite à nous installer au salon. Des canapés vieux et super confortables... le rêve ! Sur les murs des

étagères qui croulent sous le poids des livres de toutes sortes. Documentaires, encyclopédies, romans, albums, manuels techniques... Romans ? Mélina qui est

en manque de lecture s'approche du rayonnage. Et là... surprise ! Tous les romans de Jean Yves Loude ! Incroyable !!!

• Vous aimez cet auteur, on dirait. C'est une sacrée coïncidence car il est venu dans ma classe cette année. Nous avons écrit un roman avec lui. Une

intrigue au fin fond des caves bordelaises. Quelqu'un de formidable ! déclare Mélina.

• Un peu que je l'aime... c'est mon frère !

• Hein ? Vous êtes le frangin de l'écrivain ? Ouah ça c'est trop dingue ! ajoute Théo épaté.

• Alors là c'est trop fort. Heu... je pourrais en lire un ce soir ? demande timidement Mélina. Je crois que mon préféré c'est Tanuk le maudit, une histoire

qui se déroule chez vous, Mikilili et Saïfullah.

• Bien sûr que tu peux lire tout ce que tu veux. Jean Yves m'a également offert un magnifique ouvrage sur les Kalash. Ça vous intéresse ?

• Oh oui, répond Mikilili les yeux pétillants.

Page 29: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Et voilà une nouvelle soirée qui s'annonce merveilleuse. Steak frites, salade, pour un repas bien de chez nous... suivi de discussion pour les uns : Clara fait

état de ses analyses à Jean Pierre, lecture pour d'autres, ronflements pour le dernier. Mais la discrétion veut que nous ne nommerons pas le dormeur sur canapé.

Nous en avons même oublié les raisons de notre voyage. Dès le lendemain nous montrons la carte à notre hôte. Alors Jean Pierre se souvient : nos parents lui

ont parlé de Norvège. Et justement, il y a un symbole tout au nord. Nouvel extrême en vue : la Presqu'île de Varanger.

• Ils m'ont dit qu'ils devaient se rendre dans le fjord du même nom pour empêcher la pollution de chasser définitivement les baleines. Vos parents sont

vraiment des humains remarquables. Vous pouvez être très fiers d'eux. Nous leur devons tant. Ça fait du bien de voir des gens qui vont au bout de leurs

engagements.

• Les larmes vont déborder si vous en rajoutez...

• Bon ! Maintenant il faut organiser votre voyage jusque tout là-bas. Clara tu fais quoi ?

• J'aimerais beaucoup rester quelques temps pour vous aider dans votre service. Il y a tellement de travail... J'ai une formation d'infirmière... Vous croyez

que je pourrais ?

• Mais t'es pas une scientifique ?

• Si aussi. Mais infirmière est mon premier choix. Scientifique était un prétexte pour trouver l'endroit où je voudrais prodiguer des soins. Et je crois que

j'ai trouvé, avoue t-elle l'air totalement conquise.

• Merveilleuse idée se réjouit Jean Pierre. Merveilleuse.

Mélina et Mikilili se font un clin d'oeil discret... elles ont compris.

• Au fait, intervient Théo en montrant à Jean Pierre les graines de Pedro, vous connaissez ?

• Et bien non. De quoi s'agit-il ?

• Elles ont un grand pouvoir de guérison. On vous les confie. Étudiez-les, semez-les. Vous en aurez sûrement plus besoin que nous.

• Et pour une fois que c'est nous qui faisons un cadeau avant de partir ! ajoute Mikilili.

Nous nous séparons de Clara et Jean pierre avec un pincement au cœur. Vivement que ce voyage se termine et que nous puissions tous nous retrouver.

TOUS !

Page 30: Roman CM2 - ac-grenoble.fr
Page 31: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Chapitre 9 : le monde des baleines :

Atterrissage à Oslo, puis petit avion jusqu'à Vadso près de l'embouchure du fjord. Nous commençons par faire le tour du bourg, histoire de découvrir la ville

et ses activités, et qui sait, peut-être tomberons nous sur une machine à eau version savant écolo ! Nous sommes portés par une sorte d'euphorie : nous sentons

que nous approchons du but de tout ça. C'est alors que nous croisons un homme, grand, les yeux bleus, les cheveux blonds, qui nous salue :

• God dag ! Besoin d'aide ?

• Heu...

• Vous vous demandez pourquoi un parfait inconnu vous accoste en plein milieu du bout du monde.

• Ben... oui.

• Quatre jeunes gens, de morphologie plutôt différente de la nôtre, semblent perdus dans notre ville où il n'y a pas vraiment d'attrait touristique... je n'en

croise pas tous les jours. Donc que puis-je pour vous mesdemoiselles et messieurs ?

• Nous cherchons une machine à eau pour sauver les baleines. Vous pouvez faire quelque chose pour nous ?

• Et oui, c'est la magie des rencontres. God dag donc : je suis herr Jules. Pour vous servir ! Nous annonce t-il tout sourire en nous tendant une enveloppe.

Là, si quelqu'un nous avait pris en photo, il n'aurait vu que quatre paires d'yeux démesurément écarquillés. Décidément c'est un festival de surprises.

« Bonjour, nous vous donnons une mission ici en Norvège : vous devez vous rendre au rocher des baleines...

• Théo se précipite : on y va !

• Hé, attends, laisse-moi finir de lire ! le calme Mélina.

• Ha oui, oui d'accord, répond Théo tout contrit.

… À très TRÈS bientôt.

Page 32: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

PS : avez-vous bien conservé les « clés » offertes par nos amis ? Hâtez-vous, on a besoin de vous ! »

• Maintenant on peut y aller, râle Théo tout sourire.

• C'est par où le rocher des baleines ? demande Saïfullah timidement.

• Hello, c'est là que j'entre en action ! Suivez le reiseleder, le guide.

Tout est prêt : la voiture tout terrain, les provisions, les cartes topographiques très précises, les jumelles et tout une caisse remplie de trucs sûrement très

utiles. Nous profitons du trajet pour questionner herr Jules. Il nous explique comment il a fait la connaissance de nos parents. Il est vétérinaire et s'inquiète pour

les cétacés qui viennent de moins en moins dans le fjord et les baleineaux qui semblent malades. C'est lui qui a contacté nos parents. Et voilà, déjà nous arrivons

au bout de la route. Nous apercevons un campement au bord de l'eau à l'extrémité du fjord. Il y a du monde qui s'active là-bas en bas. Nous regardons Jules sans

avoir besoin de lui demander quoi que ce soit, il comprend notre question.

• Ja ! Et ils vous attendent impatiemment.

Un électrochoc nous précipite dans le chemin qui descend vers la mer. Nous ne courons pas : nous volons ! On a bien compris ? Vraiment ? Ils sont là ?

Alertés par le bruit de notre cavalcade, les yeux se tournent vers nous. Et nous distinguons des sourires qui n'en finissent pas de s'étirer. Et nous les

reconnaissons. L'émotion nous transperce, nous glace et nous brûle à la fois. C'est là. C'est maintenant. Nous fondons les uns vers les autres, les uns sur les

autres.

• Enfin... murmure Izia.

• Oh my son, my lovely son, you're so beautiful... répète en boucle Sarah.

• Merci herr Jules, vous nous offrez la plus merveilleuse fin.

On se serre tant, plus un seul espace ne nous sépare. On est en transe, de joie. Mais très vite, Mélina voit que quelque chose ne va pas chez sa maman. Elle

remarque des plaques rouges qui lui couvrent le cou, les mains et une partie du visage. Mélina demande ce que c'est. Izia est malade. En voulant s'approcher au

plus près d'un baleineau échoué sur le sable, elle a été trempée par une vague, depuis sa peau est comme brûlée. Aucun remède ne l'a soulagée. Aucun.

• La poudre de Sancho ! s'exclame Mikilili

Page 33: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

• Bonne idée. Saïfullah, c'est toi qui l'as. Essayons de la mélanger à de l'eau pour faire un emplâtre, propose Théo.

Aussitôt on leur fournit un grand bol, de l'eau purifiée grâce à la machine et le mélange prend la consistance d'un masque d'argile. Mélina et Izia vont dans

une tente pour étaler l'onguent. Aussitôt, Izia ressent une fraîcheur sur les lésions. C'est très bon signe. Maintenant il s'agit de contacter Sonia pour la rassurer et

surtout lui annoncer le dénouement de notre aventure. Chose aisée grâce au téléphone satellite. Nous convenons de terminer la mission avec nos parents, puis si

la santé d'Izia le permet, de passer par l'Égypte et l'Australie avant de revenir à Bordeaux, où Sonia s'est occupée de trouver des maisons pour nous loger tous.

Elle ne nous en a pas dit plus : elle nous réserve la surprise.

Tout le monde fait le tour des installations scientifiques, explications à la clé... Théo et Mikilili sentent que leur vocation est en train de naître. Oui c'est sûr,

ils vont s'associer aux travaux de nos parents. Ils sont complètement passionnés. Nous allons sur la plage à la tombée de la nuit. Quelques gros galets, et un feu

de camp digne des trappeurs nous couvre de reflets chaleureux. Quelques poissons grillés, des pommes de terre à la braise et des galettes qui cuisent sur des

galets. Ça sent bon et ça fait du bien. La grande simplicité, la sincérité de ce moment nous révèle qui nous sommes vraiment. Enfin nous comprenons notre vie.

L'avenir se dessine clairement, nos espoirs prennent corps. C'est parti !

Une petite quinzaine passe, Izia est complètement guérie, les travaux achevés. Nous avons même l'occasion magique de nous baigner le bout des pieds –

l'eau est quand même très froide- en compagnie d'une baleine et son baleineau. Elles reviennent, elles reprennent possession de leur site. Mission accomplie.

Joie de se sentir utiles pour cette merveilleuse nature si fragile et tellement menacée par l'inconséquence humaine. Nous démontons le camps pour rendre

l'endroit aussi sauvage qu'il aurait toujours dû l'être. Un des plus gros défis est de camoufler la machine pour ne pas perturber la faune. La géothermie est

l'énergie qui alimentera l'installation avec un minimum de pollution et un maximum de durabilité. La mobilisation pour cette cause a ouvert les esprits des

citoyens et des décideurs : un engagement gouvernemental est en cours de rédaction. Herr Jules nous annonce la bonne nouvelle : il est nommé responsable du

groupe parlementaire chargé de la rédaction des recommandations, voire des lois qui devraient changer les comportements en profondeur . Il a la ferme

intention d'inciter les multinationales à financer les investissements dans la dépollution mondiale. Il a même planifié l'ouverture d'une Maison de

l'Environnement Nationale. Il est invité au prochain G 20 pour présenter son vaste et ambitieux projet. Nous espérons vraiment qu'il servira d'exemple à tous

ceux qui gouvernent notre belle Planète Bleue.

Bonne chance herr Jules ! Et merci pour votre engagement.

Page 34: Roman CM2 - ac-grenoble.fr
Page 35: Roman CM2 - ac-grenoble.fr

Chapitre 10 : quelle fin !

Finalement nous décidons de rentrer en France. L'Égypte et l'Australie seront pour un peu plus tard. Nous avons besoin de nous poser, prendre le temps

de nous connaître, de découvrir la vie tous ensemble. À L'aéroport Bordeaux-Mérignac, Sonia est là, radieuse de nous retrouver au grand complet. Elle a acheté

un nouveau véhicule 9 places, il fallait bien ça ! Elle nous emmène vers notre nouveau chez-nous. Bordeaux est derrière, nous roulons au milieu des vignobles.

Nous sommes entre la Dordogne et la Garonne. Sonia nous dit que c'est pour cela que ces terres s'appellent « l'entre deux mers ». Nous arrivons dans un hameau

à peine indiqué, Saint Denis, nous pénétrons une magnifique propriété et quand nous découvrons la bâtisse, un « Ouah » unanime est notre seule réaction

tellement nous voilà bouches bées. Nous aurons la place de vivre ici tous ensemble. Au milieu de 28 hectares de vignes ! Sonia a déjà prévu sa reconversion.

Elle va nous concocter un nouveau grand cru, au goût d'aventure et aux couleurs de la vie.

Effervescence en entrant dans cette maison-château. Il y a tellement de pièces qu'on pourra jouer à cache-cache, retour en enfance que nous avons très

envie de retrouver.

Après une semaine nous devons parler sérieusement de ce que nous décidons pour l'avenir. Que vont devenir Mikilili et Saïfullah ? Nous savons que si

leurs parents acceptent, ils aimeraient faire des études chez nous, en France. Théo et Mikilili iront dans une école supérieure de recherche, Mélina voudrait

travailler dans l'humanitaire ou le journalisme engagé et Saïfullah voudrait faire des études de médecine, l'humanitaire aussi l'intéresse. Contact pris et c'est

d'accord. Mais ils retourneront passer les vacances avec leurs familles.

Les deux mois d'été nous laisseront assez de temps pour visiter nos pays de naissance. On se donne rendez-vous fin août pour préparer notre rentrée. Et

penser à organiser une grande fête où nous pourrons réunir nos amis des quatre coins du monde.

Page 36: Roman CM2 - ac-grenoble.fr