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Royetcinema-bio.ch/.../FILMS/NouvellesIciBas/brochureroyet.pdf · 2008. 9. 8. · RoyetFrançois François Royet est né à Pontarlier dans le Doubs en 1962. Il apprend d’abord

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François

RoyetFrançois Royet est né à Pontarlier dans le Doubs en 1962. Il apprend d’abord le métier de menuisier et charpentier qu’il exerce quelques années tout en se consacrant à la réalisa-tion de films en Super 8. Il filme ce qui l’entoure et tourne des bouts d’essais avec ses copains comme comédiens. Dé-terminé à faire de cette passion son activité principale, il dé-veloppe avec l’aide du Centre Franc-Comtois du Cinéma un projet de court métrage sur la récolte des cônes de sapins et d’épicéas (métier saisonnier qu’il exerça). PROFESSION ÉCUREUIL est sa première réalisation officielle, en 1985. Une autre vie commence...Pour pouvoir tourner ses propres films, François Royet tra-vaille comme machiniste (notamment sur des films de Jean Marbœuf, Grand Guignol en 1987 et Corentin ou les infortunes conjugales en 1988), puis il est tour à tour cadreur (Une affaire d’état de Jean Marboeuf) puis chef opérateur ; métiers qu’il apprend en se chargeant de l’image de ses propres films et en faisant celle d’autres réalisateurs pour deux longs métrages (Le syndrome de l’espion et La chasse aux doryphores de Daniel Petitcuenot) et une quarantaine de courts métrages et documentaires.Parallèlement à cela, il continue de développer ses propres projets. Fasciné par la force créatrice des peintres, il consa-cre un court métrage à l’aventure de Claude Monet à Belle- Île-en-Mer, HUILE SUR TOILE, et évoque dans CRAYON, TERRE, SAVON ET ROUILLE SUR FOND DE JOURNAL le peintre Jean Daligault, qui, malgré des conditions de vie extrêmement difficiles, peint en déportation. Après avoir

présenté au Centre National de la Cinématographie le scé-nario “Courbet le Magnifique”, François Royet obtient une aide qui lui permet de réaliser COURBET, LA TOURMENTE, maquette d’un long métrage dont il peaufine le scénario. En 2000, il décide de tourner un documentaire sur le monde des exclus. Il y travaille durant plus de cinq ans. C’est ainsi que naît en 2007, après deux ans de montage, DES NOU-VELLES D’ICI-BAS. Entre temps, il tourne en 2005 le très beau documentaire-fiction animalier VIE SAUVAGE DANS LES ROSEAUX et ensuite un documentaire de création sur la danse contemporaine dans une maison d’arrêt, INTRA-MUROS, MOUVEMENTS (2006). Fin 2006 et début 2007, François Royet est l’un des chefs opérateurs du nouveau film de Luc Jacquet — le réalisateur de La marche de l’empereur — Le renard et l’enfant.

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1985 Profession écureuil --- Documentaire, 11 min. 1er Prix du Festival de Saint-Laurent de Cerdant

1987 Sous peine de Jazz --- Court métrage musical avec le trio GMT

1992 Camille le forgeron --- Fiction TV, 26 min. 2e Prix du Festival de Saintes

1992 �HUILE�SUR�TOILE --- Fiction, 7 min. Prix Art/Fiction au festival du film d’art de l’UNESCO

1994 Du vent pour un rêve --- Documentaire, 26 min.

1995 Alice au pays d’Ornans --- Conte, 15 min.

1995 L’écho des derniers taillandiers --- Documentaire, 26 min. 1er Prix du Festival d’Astavar 96

1995 CRAYON,�TERRE,�SAVON�ET�ROUILLE�SUR�FOND�DE�JOURNAL --- Fiction, 11 min. Grand Prix du French American Film Workshop 97 (Avignon)

1996 Frappé --- 45 short TV de 1’40

1996 Symphonie en lamineurs --- Documentaire, 13 min.

2000 COURBET,�LA�TOURMENTE --- Fiction, 11 min.

2005 VIE�SAUVAGE�DANS�LES�ROSEAUX --- Documentaire TV, 52 min. Prix du public au festival de Saint-Albert Prix Nature et découverte à Ménigoute Prix artistique à la FRAPNA (Grenoble)

2006 INTRA-MUROS,�MOUVEMENTS --- Documentaire de création, 26 min. 2e prix du festival du film d’action sociale de Montrouge

2007 CAPTATION�01,�CE�CHOU�SI�BEAU --- Documentaire, 26 min.

2007 DES�NOUVELLES�D’ICI-BAS --- Documentaire, 94 min.

FRANçOIS ROYET, RÉALISATEUR

Huile sur toile Crayon, terre, savon et rouille… Courbet, la tourmente Des nouvelles d’ici-bas

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D O C U M E N T A I R E SLa falaise aux faucons de Jean-Philippe MACCHIONI (Diffusion CANAL+) , 52 min.

Le bal des espèces de Caroline PHILIBERT

Si petits de Caroline PHILIBERT (Diffusion La 5ème), 52 min.

Les seigneurs du lac de Jean-Philippe MACCHIONI (Diffusion CANAL+), 52 min.

Animaliers de J.P. MACCHIONI (Diffusion CANAL+), 6 x 26 min. et 5 x 52 min.

Au pays de Bernadette de Solveig ANSPACH, 26 min.

Patient-passion et Si dure la douleur de Caroline PHILIBERT (Diffusion La 5ème), 26 min et 52 min.

Le géant de Tignes (Diffusion CANAL+), 26 min.

Du vent pour un rêve Aventure en Terre de Feu, 26 min.

Souffler n’est pas jouer de Jean-Michel CARRÉ

Rue des lapidaires de Georges NIVOIX

Les petites cités de caractère, 13 min.

L’écho des derniers taillandiers, 13 min.

Le miracle du temps et Comté, le goût du vrai de Georges Nivoix, 2 x 26 min.

Naturimage de J.P. Macchioni, série animalière pour France 3 National

D I V E R S

Futuroscope diffusé sur un mur d’images de 800 téléviseurs au pavillon de la Vienne au Futuroscope de Poitiers

Clip de Jack Smith de Christophe RUGGIA

Petites histoires naturelles, Série TV

FRANçOIS ROYET, CHEF OPÉRATEUR ET CADREUR

L O N G S M É T R A G E SLe renard et l’enfant

(2006/2007 - Partie hiver du film) de Luc JACqUET (La marche de l’empereur) et 2e caméra sur toute la durée du tournage.

La chasse aux doryphores de Daniel PETITCUENOT

Le syndrome de l’espionde Daniel PETITCUENOT

C O U R T S M É T R A G E S C I N É M ABouzouki blues de Bertina HENRICHS. (diff. ARTE)

Après coup de Bertina HENRICHS

Passé composé de Jean-Christophe LAURENT et Jean MILON

Cannibales de William-Karl GUERRIN

Bleu nuit de Edith FAIVRE

Jean Françaix de Christine PAILLARD

Grossesse de Anne MERKER

Claque de fin de Nicole DEVILLPOIX

L’arbre de vie de Gérard THOMAS

Adieu dragueur de Hervé CHARBONNIER

T É L É F I L M SUne affaire d’Etat de Jean MARBOEUF

Eurocity 99 de Philippe ORY

Une affaire d’Etat (J. Marbœuf) Huile sur toile (F. Royet) Le renard et l’enfant (L. Jacquet)

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FICTIONS

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…iL disposait de petits Carrés de papier joUr-naL ; Les CoULeUrs, iL Les fabriqUait aveC Ce qUe L’on peUt réCUpérer dans Une CeLLULe…

…GUstave CoUrbet fait son entrée dans Le déCor et soULÈve Une MaGnifiqUe toUrMente, qUi eMporte L’éqUipe et noUs entraÎne, noUs speCtateUrs,…

…Les tons toUjoUrs Chan-Geants de La “GUeUse” et Les siLhoUettes tor-tUrées des roChers de Gneiss et de sChiste finis-sent par Le sédUire…HUILE SUR TOILE / 6-7

CRAYON, TERRE, SAVON ET ROUILLE… / 8-11

COURBET, LA TOURMENTE / 12-15

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sCénario, réaLisation et iMaGe : françois

royet

assistante réaLisatriCe

et sCripte : Zohra ansri

assistant CaMéra :

stéphane Carbon

MontaGe : Laurence Gambin et

paul rambaud

déCors et CostUMes : nathalie

Martella et joël Lavrut

postiChes et MaqUiLLaGe :

doris büger

son : philippe arbez

MaChiniste : Gilles bucher

eLeCtriCien : didier rolot

prodUCtion : /big bang productions

/Le Centre franc-Comtois du Cinéma

avec le soutien de la fondation Claude Monet, de la Drac,

du Conseil Régional de Franche-Comté et

de l’Académie des Beaux-Arts

interprÈte : Bernard Cupillard

(Claude Monet)

Prix Art / Fiction au festival du film d’art

de l’UNESCO

HUILE��SUR�TOILE

19927 min.

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Il en repartira le 25 novembre avec trente-neuf toiles.A son arrivée, sa première impression se résume en ces mots : « Je suis

triste, c’est sinistre » mais après quelque temps, la diversité des couleurs et des formes de la côte sauvage, les tons toujours changeants de la “gueuse”

et les silhouettes torturées des rochers de gneiss et de schiste finissent par le séduire. « Je sens que chaque jour je la comprends mieux, la “gueuse”, ce

nom lui va bien ici, car elle est terrible, elle vous a de ces tons d’un vert glauque et des aspects absolument terribles ; bref, j’en suis fou ».

Très vite il met en train une douzaine de toiles dont il compte faire sa moisson définitive mais bientôt il en commence d’autres sous de nouvelles

lumières. Pour y travailler, il lui faut retrouver des lumières semblables. Il emporte donc plusieurs toiles à chaque séance et travaille ainsi en permanence sur tout un ensemble qu’il retouche, complète, améliore.

Les changements de temps, l’irruption de la tempête et aussi l’attachement de plus en plus passionné de l’artiste à ses sujets et à la réussite de

ses peintures font que la campagne de travail initialement prévue pour quinze jours va se prolonger de plus d’un mois. Dans la dernière partie

de cette campagne, passionné par les effets picturaux de la tempête, Monet ira jusqu’à peindre sous le vent et la pluie pour obtenir certains effets

produits par une mer en furie. Un observateur dira : « Les rafales lui arrachent parfois sa palette et ses brosses des mains, son chevalet est amarré

avec des cordes et des pierres. qu’importe, le peintre tient bon, et va à l’étude comme à une bataille … ».

Les trente-neuf sujets bellilois sont aujourd’hui exposés aux quatre coins du monde, trace indélébile de la passion d’un homme pour la lumière.

HUILETOILESUR

L’aventUre piCtUraLede CLaUde Monet

à beLLe-ÎLe-en-Mer

LE 12 SEPTEMBRE 1886, CLAUDE MONET DÉBARqUE àBELLE-ÎLE-EN-MER.

Un court métrage dont le but avoué est de montrer un peintre prêt à tout pour s’exprimer. De magnifiques

images de Belle-Île-en-Mer où l’on voit un Monet bravant la pluie et le vent, parfois au péril de sa vie. La bande-son en Dol-by-Stéréo renforce l’impression de solitude de l’homme face au déchaînement des éléments : pas de dialogues, juste le souf-fle du vent et le grondement de l’océan. Un film qui fait aimer la peinture.L

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1995

(…)

LAPRESSE

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réaLisation : françois royet

sCénario : françois royet et jocelyne Mahler

iMaGe : françois royet,

assisté de stéphane Carbon

assistante réaLisation et sCripte :

Zohra ansri

MontaGe : Laurence Gambin

déCors : ranko perisic et

eric Meignan

MaqUiLLaGe : doris büger

son : Michel sertillanges

MixaGe : dominique veillard

prodUCtion : / big bang

productions / aster / Centre franc-

Comtois du Cinéma avec le soutien du musée

de la Résistance, de la Ville et de la Citadelle de

Besançon, de la Drac et du Conseil Régional

de Franche-Comté

Grand Prix du French American

Film Workshop 97 (Avignon)

CRAYON,�TERRESAVON�ET�ROUILLE

SUR�FONDDE�JOURNAL

199511 min.

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Arrêté le 31 août 1941, il fut jugé et condamné par le tribunal du peuple. Il passa alors de prison en prison où

il fut torturé. Son calvaire se termina à Dachau où il fut exécuté dans des conditions mystérieuses le 5 avril 1945, un mois avant l’armistice.

Durant sa déportation, Jean Daligault continua à peindre dans des conditions plus que précaires. Pour support, il disposait de petits

carrés de papier journal ; les couleurs, il les fabriquait avec ce que l’on peut récupérer dans une cellule : le blanc du savon, le vert et le noir

des salissures et des moisissures grattées au mur… C’est avec la soupe collante et infecte distribuée chaque jour qu’il mélangeait ses couleurs.

C’est là, dans l’enfer de l’enfermement et du désespoir que Jean Daligault devint le grand peintre qu’il désespérait d’être à l’époque de la liberté.

Il nous donne une œuvre inconnue, éparse et incomplète d’une très grande force évocatrice. Une œuvre qui dit : oui cela a existé, qui accuse

l’homme de tout ce qu’il a fait de mortel mais en même temps qui témoigne de l’ingéniosité, de la permanence de l’esprit de l’être humain

dans les conditions les plus invraisemblables d’oppression.

Ce film met en évidence la

formidable volonté d’espérer,

d’exprimer et de témoigner

d’un homme.

Le parti pris du réalisateur

est celui de suggérer plus

que de montrer par des

gros plans et sans discours

aucun, l’enfermement, la

violence puis la fabrication

méthodique des supports, des

couleurs, en un mot comment

jean daligault faisait pour

peindre dans un univers

hostile où l’essentiel restait

hypothétique.

CRAYON,TERRE,SAVONETROUILLESURFONDDEJOURNAL

Toutes les personnes qui ont connu Jean Daligault s’accordent à dire que ce curé était un drôle de paroissien ! Bon vivant, ne dédaignant pas la bon-ne chère, passionné de littérature, de sciences et d’arts plastiques, il se met à peindre et même à écrire dès l’âge de 18 ans. Au tout début de la guerre, l’abbé bohème et rêveur devient résis-tant. Il est fait prisonnier en 1941. Il sera abattu à Dachau en 1945. Malgré d’atroces souffrances : la maladie, la faim, la torture, Daligault continue à créer. Il se fait le témoin de la vie dans

les prisons et les camps, mais il peint éga-lement des sujets religieux, utilisant tout ce qui lui tombe sous la main. Curieusement, c’est durant cette période qu’il trouve son style et devient véritablement peintre. C’est de l’artiste Daligault que parle le très beau film de François Royet. Un film dans

lequel chaque plan est traité comme un tableau, où chaque image est admirable-ment construite. Le réalisateur joue tout autant avec les lignes qu’avec une lumière qui emprunte souvent au clair-obscur. Toute la force de ce film est dans la façon de suggérer plutôt que de montrer. Ce qui apparaît à l’image est la partie visible de l’iceberg et on sent très bien que la partie cachée est beaucoup plus terrible. La ban-de-son joue d’ailleurs le rôle de révélateur de ce que l’image ne fait qu’esquisser. Un film à la fois terrible et magnifique.

JEAN DALIGAULT, JEUNE PRêTRE, S’ENGAGEA TRèS TôT DANS LA RÉSISTANCE.

LAPRESSE

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999

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Tes deux derniers films, Huile sur Toile eT Crayon, Terre, savon eT rouille sur fond de journal, sont consacrés à des peintres, peux-tu nous dire pourquoi ?Parce que, souvent, ce sont des gens qui sacrifient leur petit confort personnel pour tenter quelque chose. Et puis la

peinture est une manière de voir et de donner à voir, les peintres sont un peu les éclaireurs de notre perception des choses. Ce qui m’intéresse n’est pas tant leur peinture que leur démarche. Je trouve qu’il y a dans le travail d’un peintre une forte dose d’espoir. Même s’il s’agit d’une peinture «noire», le fait de dénoncer que c’est noir, c’est penser que cela peut encore servir à quelque chose, et en cela c’est profondément optimiste.

Pourquoi avoir choisi jean daligault ?Parce que sa démarche m’a impressionné, touché et ému très fortement. Ce que Monet avait réalisé à Belle-Ile-en-Mer m’avait déjà touché particulièrement, mais pour Daligault c’est encore autre chose, sa démarche est tellement solitaire. Le regard de l’autre n’existe pas, en tout cas pas dans son monde. Son acte de création est un acte essentiel et nécessaire, le contraire de ce qui motive un peintre de salon mondain. Daligault est un être humain qui va vers d’autres êtres humains, et uniquement cela.

dans ce film tu as utilisé presque systématiquement les gros plans …Oui, pour suggérer et non pas montrer. Il fallait à tout prix éviter de faire du spectacle. Ce n’est pas du “cinéma” ! Montrer les choses, les rendre visibles reviendrait à les rendre supportables. Le hors-champ est plus important que le champ. Ce qui apparaît à l’image est en quelque sorte la partie visible de l’iceberg, et l’on sait que la partie cachée est beaucoup plus terrible.

a la fin du film, juste avant de voir la toile accrochée au musée, la flamme de la bougie de daligault s’éteint alors que tonne le coup de feu qui le tue. Que représente pour toi cette flamme, car la flamme est souvent un symbole, le symbole de la vie, de l’espoir, de la foi etc. ?Je ne sais pas si pour toi la foi représente la foi religieuse …

non, la foi au sens large …Ah, d’accord, car pour moi, le fait que Daligault soit curé n’est pas le moteur de tout ça. C’est un être humain qui se retrouve dans ces conditions-là et qui réagit comme ça. Bien sûr on peut toujours s’imaginer en voyant ce qu’il peint que la foi y est pour quelque chose, mais personnellement ce n’est pas ce qui m’intéresse chez lui. Il y a beaucoup d’autres déportés qui n’étaient pas croyants et qui ont fait des choses très bien, qui ont résisté, qui ont créé, donc cette flamme n’est pour moi que la vie, la vie d’un homme, de Jean Daligault, résistant et artiste et quand elle s’éteint, elle représente un énorme gâchis, la fin d’une vie d’homme tué par la bêtise d’un système. Pour moi il est important de dire que la voie de l’intolérance et du racisme mène au gâchis, au néant, d’ailleurs après cette image, il y a un noir… Cette flamme qui s’éteint ce n’est pas non plus un espoir qui s’éteint, elle s’éteint pour dire « voilà les chemins qu’il faut éviter à tout prix, ils nous mènent à l’injustice, au noir, à la destruction de l’être humain. »

daligault a témoigné de la vie dans les camps, il a dessiné ses camarades, ses geôliers, il a montré la déchéance physique et morale des prisonniers, y compris la sienne puisqu’il a fait de nombreux autoportraits, or, curieusement la seule toile vraiment aboutie que l’on voit à la fin du film est un sujet religieux, une descente de croix. Peux-tu nous expliquer ce choix ?Ce n’est pas le sujet religieux que j’ai choisi, la descente de croix ou la Crucifixion, que l’on soit croyant ou non, représente dans notre culture la souffrance humaine. La deuxième chose est que lorsqu’on voit cette œuvre-là, on est choqué ou du moins surpris de ses couleurs étonnantes. On peut imaginer que dans des conditions pareilles on puisse faire des choses avec de la terre, mais on a du mal à croire qu’on puisse faire quelque chose d’aussi coloré. C’est déjà étonnant que Daligault ait pu imaginer cela, car dans les récits qu’on lit ou qu’on entend sur les camps, il est toujours fait allusion à la grisaille, à l’absence de couleur, à la monochromie des paysages… et lui, au milieu de tout ça, non seulement il imagine ces couleurs mais il arrive

Propos recueillis par Gilbert Chagrot pour le fanzine Le Zig !, avril 1999.

ENTRETIENavec François Royet

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à les créer, c’est extraordinaire. Quand j’ai vu cette peinture pour la première fois, je me suis dit que ce n’était pas possible qu’il ait pu faire cela là-bas, et pourtant toutes les preuves sont là. Au dos de la peinture, Daligault a noté : vert, la moisissure du mur, rouge, la rouille d’une pelle, blanc, savon. Tout son génie a été de juxtaposer ces couleurs finalement assez pauvres pour en faire une peinture d’une richesse de teintes inouïe. En fait tout le film ne fait que montrer la préparation de cette œuvre magnifique. Pour en revenir au sujet religieux, encore une fois, ce n’est pas la foi de Daligault qui m’intéresse, surtout qu’entre nous, c’était un drôle de curé, il n’était pas très apprécié de sa hiérarchie, loin de là, il faisait son chemin personnel, ce qui m’intéresse c’est que Daligault est devenu là un vrai artiste. D’autres personnes ont ramené ou transmis des camps des documents, dessins etc … faits dans des conditions difficiles, mais chez lui il y a quelque chose qui même sorti du contexte est extrêmement fort et apporte une dimension universelle. En fait, si on résume, ce qui m’interpelle le plus, que ce soit dans ce film-là ou dans Huile sur toile, qui dit la même chose, même si les conditions de création de Monet ne sont pas les mêmes, c’est que, peut-être, l’art est plus important que tout le reste et que même quand l’homme n’a plus les choses essentielles, le boire, le manger etc., il continue à avoir besoin

de penser et créer, qu’avant d’être un estomac et un animal, il est un être qui pense et a besoin de s’exprimer.

Tu as souvent présenté ton film. Quelles sont les réactions les plus courantes des spectateurs ?La première réaction c’est le silence. Puis beaucoup disent qu’ils sont étonnés que dans de telles conditions d’oppression cet homme ait pu arriver à créer. Cela m’est difficile de savoir comment le spectateur réagit exactement, en tout cas, cela ne s’exprime pas pour eux directement par des mots, cela se passe ailleurs. Pour ma part ce que j’aimerais qu’on en retire finalement c’est un espoir. C’est quand même fou qu’un être humain s’exprime encore et d’une manière aussi forte et sensible alors qu’une terrible machinerie fasciste, efficace comme on le sait, est en train de raser la planète de toute opposition. Cela veut carrément dire que tout est toujours possible pour celui qui a encore la force de lutter. Et à nous aujourd’hui, je crois que cela nous dit : « Alors ! qu’est-ce qu’on attend ? ».

JEANDALIgAULTest né à Caen le 8 juin 1899. Après des études au lycée Malherbe, il entre au séminaire. Mobilisé en 1918, il est envoyé en 1919 en occupation en Alle-magne puis en Syrie. Il visite ensuite le Moyen-Orient avant d’être ordonné prêtre à Bayeux en 1924. Vicaire à Vire en 1925, puis en 1927 et 1928 à Trouville, il est nommé curé d’Olendon en 1930. En 1935 et 1936, il entreprend de nombreux voya-ges en Europe. Nommé prêtre «habitué», c’est-à-dire libéré des tâches religieuses, il réside à Caen chez sa mère. En 1937 il reprend ses voyages, en Amérique du Nord notamment. Il en ramène de nombreux dessins et croquis.En 1939 il est mobilisé à Rouen. Dès l’occupation, hostile au nazisme, il adhère au réseau de résis-tance Hector.En 1940, l’Eglise lui demande de reprendre son service religieux.Arrêté le 31 août 1941, Jean Daligault est incarcé-ré à Caen, à Rouen, à Paris et, en 1942 à Fresnes. Le 10 octobre 1942, il est envoyé au camp de Hin-zert où il restera jusqu’au 25 mars 1943. Après des séjours dans les prisons de Cologne, Wittlich et Trêves, il est transféré à Munich, puis au camp de Dachau où il est abattu d’une balle dans la tête le 28 avril 1945.

Plusieurs des œuvres de Jean Daligault sont exposées au Musée

de la Résistance et de la déportation de Besançon et au Mémorial de Caen.

REPèRESbIOgRAPhIqUES

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réaLisation : françois royet

1er assistant : didier Charles

sCénario : françois royet

et Guy boley

iMaGe : dominique

bouilleret et patrick allombert

déCors : ranko perisic jany Girardis Michel royet

jules delières

CostUMes : odile sauton

assistée de anne-Laure estève et Cécile doutrioux

CadreUrs 35 MM : stéphane Carbon,

assisté de nicolas delblonde et Guillaume le Grontec

CadreUrs dv : Cyril barbançon,

patrick allombert, daniel petitcuenot,

philippe perrin

artifiCier : philippe perrin

MontaGe : Marie tavernier et Laurence Gambin

son : philippe arbez et sébastien Linozzi

prodUCtion : Lézards associés

et artefilm avec le soutien

du Centre National de la Cinématographie et

de la Ville de Besançon

COURBET,LA�TOURMENTE

200011 min.

interprÈtes :

Courbet : Jean-Christophe��

Quenon

La communarde : Sylvie�Malissard

Modèles, soldats et communards : Ghislain Montiel,

Marie boley, emmanuelle pretot,

Cathy roggy, Muriel racine,

Michel renaud, thierry rousseau,

stéphane idlei, Gilbert Chagrot,

eric Louvrier, jacques Marques,

philippe Chevènement, jean-Marie vogt,

Marie-hélène Crequy, Michel Cote,

fabrice andré, frédéric Laville.

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décrit le film qu’il va réaliser sur le peintre Gustave Courbet. Pour raconter

« l’histoire du combat de cet homme », il cherche « quelque chose de tripal, de sensuel », pas une reconstitution historique

traditionnelle. Pendant que le metteur en scène s’enflamme, pris par ses visions, des techniciens montent le décor de l’Atelier des Arts, école officielle de peinture sous Napoléon III. Le repère

de l’académisme. Le comédien qui doit interpréter Courbet répète son rôle avec François Royet. Soudain Gustave Courbet fait son entrée dans le décor et soulève une magnifique tourmente, qui

emporte l’équipe et nous entraîne, nous spectateurs, jusqu’à une scène d’exécution pendant la Commune. L’élan de la rebellion est

brisé, et Courbet jeté en prison.FRÉDÉRIC STRAUSS

PEINTURE, CINÉMA, MêME COMBAT

Séduisant, inventif, original et même déconcertant, Courbet, la tourmente nous entraîne dans l’univers de la pein-ture avec les moyens du cinéma. Ou peut-être est-ce l’inverse. Car l’échan-ge est fructueux entre les deux artistes que nous voyons ici : un peintre et un cinéaste, l’un regardé et l’autre regar-dant, l’un « faisant son cinéma » (c’est Courbet, quel sens de la mise en scène dans tout ce personnage !) et l’autre cherchant comment le dépeindre (c’est Royet, en pleine tourmente créa-trice devant “sa toile” en train de pren-dre forme). A travers ce jeu de miroirs, le cadre est donné : il ne s’agit pas d’un

film illustratif, au service de la grande His-toire (dates, circonstances, contexte...), mais d’un dialogue avec la création. Un dialogue neuf, libre, dans lequel, comme

les membres de l’équipe du film, nous sommes invités à intervenir.N’avons-nous pas, devant ces images, une furieuse envie d’interpeller Courbet ? Pas de familiarité cependant : le maître garde sa grandeur. Tout en se jetant dans cette aventure Courbet, et en jetant Courbet dans l’aventure de son film, François Royet affirme en effet qu’ils ne sont pas, l’un et l’autre, sur un plan d’égalité. Au geste du peintre, dont la force nous est suggérée par l’assurance qu’il démontre, le cinéaste oppose, de manière spirituelle, ses gesticu-lations. Il se place en admirateur de Cour-bet, humble face à ce génie qui balaie tout sur son passage, comme on le voit. Mais il

LAPRESSE

DANS UNE IMMENSE USINE DÉSAFFECTÉE, LE CINÉASTE FRANçOIS ROYET

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lui faut cependant se placer aussi en créateur, plein d’ambition pour le film qu’il réalise. Il est à la fois en retrait, s’effaçant derrière son sujet, et aux comman-des d’un rêve qui naît d’une imposante machinerie technique : ces deux aspects du métier de cinéaste sont parfaitement éclairés ici. C’est l’affirmation d’une vision personnelle qui, entre deux époques, deux disciplines artistiques distinctes, crée ici un lan-gage commun.Dans les premiers mots de François Royet sur Cour-bet, l’expression « Ce qui me plaît... » est à entendre au sens fort : c’est son propre goût que le cinéaste défend. Son goût pour l’artiste Courbet, mais aussi, plus généralement, son goût de la beauté. Son idée du cinéma. De la même façon, et plus vivement encore, nous voyons Courbet défendre son idée de la peinture en s’écriant : « A quoi cela sert-il de faire des tableaux à la manière de Raphaël, du Titien, de Véronèse, si ce n’est à montrer notre prétentieuse impuissance à deve-nir nous-mêmes ? » Courbet milite pour une peinture à la première personne, débarrassée des références intimidantes, des modèles contraignants, et Fran-çois Royet lui répond avec un film qui ne se laisse pas impressionner par les spécialistes de Courbet, ni par les règles du cinéma de reconstitution historique : un film à la première personne, singulier. Dans le studio de cinéma improvisé où nous pénétrons, des décors trop sommaires peinent à figurer l’Académie des Beaux-Arts au temps de Napoléon III. Mais ce vaste espace, une ancienne usine avec les vestiges de gran-des verrières, évoque en revanche aisément l’atelier d’un peintre. Un grand atelier comme celui peint par Courbet en 1855, une toile grandiose de 6 mètres sur 3,60 mètres intitulée : « L’Atelier du peintre, allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique ». Dans ce tableau, le temps est donc ramassé, et il l’est aussi dans le film de François Royet, contraction violente de la vie et de l’œuvre de l’artiste. Là encore, le cinéma fait écho à la peinture. Dans le catalogue de l’exposition où il présentait « L’Atelier du peintre », Courbet avait écrit un texte où il expri-mait ce désir : « être non seulement un peintre, mais encore un homme, en un mot faire de l’art vivant ». En nous donnant à voir, inséparablement, l’homme et le peintre, mais aussi Courbet et son interprète, François Royet signe un film où l’art vit, et qui rend le cinéma vivant.

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la forme de votre film surprend : comment l’avez-vous déterminée ?Ce film est une maquette. Il ne s’agissait pas pour moi de mettre en place une histoire, mais de proposer une vision. Cette forme permet justement d’aborder Courbet sous plusieurs angles, sans avoir peur de créer des contrastes. Comme il est impossible de faire un documentaire sur Courbet, toute reconstitution est forcément une représentation. Alors, j’ai préféré en jouer vraiment. Il y a chez Courbet un élan, une énergie qui

sont une invitation à faire du cinéma vivant, presque un film d’aventure. L’aventure de l’art. Ce n’est pas parce qu’on parle de peinture qu’on doit s’adresser à une petite élite de spécialistes.

dans le film, on vous voit dire que vous n’aimez pas les reconstitutions historiques. Mais vous connaissez bien l’époque et la vie de Courbet …C’est la moindre des choses. Je ne voulais pas qu’on tombe dans la reconstitution datée, mais si je dis complètement le contraire de ce qui s’est passé, il vaut mieux que j’invente franchement un personnage. La réalité historique peut être encombrante dans la forme, puisqu’elle entraîne facilement vers le film en costumes classique, mais elle donne aussi des idées. Par exemple, quand le comédien qui joue Courbet parle avec les mots de Courbet, aujourd’hui, on les

entend autrement : sa parole a encore un sens pour nous. On dépoussière le personnage et sa voix se met à résonner dans notre propre vie.

le film était-il écrit ou s’est-il improvisé au tournage ?C’est nécessairement au tournage que tout prend forme, et ça a été une expérience forte, quatre jours de rêve dans un élan très agréable. Mais le film était entièrement écrit. Les trois opérateurs qui tournaient en permanence avec les caméras DV avaient le scénario, et ils devaient réaliser des images précises. Comme ils étaient libres de filmer, en plus, tout ce qui leur paraissait beau ou intéressant, je me suis retrouvé avec cinquante heures de rushes au montage. J’ai alors décidé d’oublier le scénario pour organiser cette matière. Mais petit à petit, je suis en fait naturellement revenu à

la structure du scénario. Car ce qui fonctionnait vraiment, c’est ce qui avait été écrit, prévu, réfléchi pour la mise en scène. Il faut donner la sensation de liberté, le côté DV brouillon, mais il faut mettre en scène.

Comment avez-vous décidé d’apparaître dans le film ? vous jouez avec votre propre image, vous nous autorisez même à en rire !Bien sûr, j’espère que c’est assez clair ! Il fallait que le film parle de Courbet et pas de moi, mais j’espérais que ma présence créerait un peu de cocasserie, de légèreté. Pour préparer ce film, j’ai vraiment eu besoin de donner des explications aux techniciens, et ce n’était pas toujours simple, alors je finissais par mimer les scènes et je voyais les membres de l’équipe qui me regardaient un peu éberlués, les bras ballants. C’était une situation assez drôle et je me suis dit que ce serait bien de la faire entrer dans le film. Je suis plutôt timide par nature, alors c’était un peu un défi : fais avec ce que tu es, tu parles un peu n’importe comment mais tant pis, lance-toi, on verra au moins un énergumène qui a envie de faire un film. Après tout, c’est le principal puisque cette maquette doit donner envie de voir le long métrage que je veux réaliser sur Courbet.

ENTRETIENavec

François RoyetPropos recueillis par

Frédéric Strauss

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doCuMenTaires

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…Loin des doCUMentaires pesaMMent expLiCatifs aUxqUeLs noUs soMMes habitUés, iL fiLMe Un peintre aU travaiL sans qUestions…

…Une peintUre toUr à toUr sUrprenante, drô-Le, tendre, soUvent to-nitrUante de La vie MoU-veMentée de Certains de nos ConteMporains…

…dans Un territoire MYs-térieUx noMMé roseLiÈre Un Chaos de roseaUx, de jonCs où Le Monde de L’air et Le Monde de L’eaU ne sont GUÈre dissoCiabLes…

…iLs troUvent ça débiLe, Les prisonniers, pUis iLs essaient, iLs se prennent aU jeU, iLs troUvent MêMe ça beaU, et toUt à CoUp, sUrGit…

VIE SAUVAGE DANS LES ROSEAUX / 18-21

INTRA-MUROS, MOUVEMENTS / 22-27

CAPTATION 01, CE CHOU SI BEAU / 28-29

DES NOUVELLES D’ICI-BAS / 30-35

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réaLisation : françois royet et

jérôme bouvier

iMaGe : françois royet,

jérome bouvier, Cyril barbançon

son : Cyril barbançon

MontaGe : françois royet,

Laurence Gambin

sCénario : françois royet, jean

philippe Macchioni et Guy boley

CoMMentaire : Marie-pierre Muller

et Guy boley

MUsiqUe : bernard Montrichard et jérôme Lefebvre

voix : jean topart

prodUCtion : Canal + / aster

VIE�SAUVAGE�DANS��

LES�ROSEAUX

200552 min.

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un chaos de roseaux, de joncs où le monde de l’air et le monde de l’eau ne sont guère

dissociables.De nombreuses espèces

(grenouilles, brochets, foulques, grèbes, putois, hérons huppés,

râles…) se côtoient ainsi, entre ciel et eau, et semblent

vivre en autarcie depuis la nuit des temps. C’est un combat sans

fin pour donner la vie et pour la conserver : chaque chasseur est

chassé par plus puissant, par plus rusé que lui.

Ici la vie éclate dans ce qu’elle a de plus cruel, de plus primaire, de plus fondamental mais la grâce et

la beauté y trouvent aussi leur place.

Le film ne se veut pas un descriptif naturaliste des espèces

présentées, il tente simplement de chercher à comprendre le

processus vital qui les lie dans un équilibre saisissant.

Ce film qui a toutes les apparences d’un documentaire n’en est, en fait, pas un au sens strict. Il emprunte la forme du documentaire, mais a été entièrement écrit et réalisé comme une fiction. En effet, chaque événement qui le com-pose a été imaginé (à partir de faits réels) et ordonné dans le but d’obtenir une construction dramatique précise, totalement aboutie à l’étape du scéna-rio. Les protagonistes de cette “histoire animalière” ont également été traités comme dans une fiction : ils sont des “personnages animaux” caractéri-sés chacun par les attributs de l’espèce qu’ils représentent. Bien sûr, nous nous sommes continuellement attachés à ce que l’illusion d’images prises sur le vif fonctionne (utilisation de très longues focales, avant plans flous, etc.), à ce que les événements racontés aient une base solidement ancrée dans le réel, et enfin, à ce que les comportements des ani-maux soient rigoureusement justes.

PROPOSde

François Royet

VIE

SAUVAGE

DANS

LES

ROSEAUX

DANS UN TERRITOIRE MYSTÉRIEUX

CE FILM NOUS ENTRAÎNE

NOMMÉ ROSELIèRE :

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Le râle d’eauLe crapaudLe brochetLe grèbe huppéLe foulqueLa couleuvreLe tritonLe milanLe grèbe castagneuxLe cygneL’hirondelleLa rousserolleLe héron pourpréLa grenouilleLe putois (furet putoisé)La corneilleLe coucou

Un remarquable docu-fiction nourri des histoires parallèles des habitants d’une roselière.Qu’est-ce qu’une roselière ? Fran-çois Royet et Jérôme Bouvier nous font découvrir, au cœur des marais, ce chaos de roseaux et de joncs où le monde de l’air et le monde de l’eau ne sont guère dissociables. Ce territoire indistinct, étrange, immuable, grouille de vie et de silhouettes insolites évo-luant dans des décors fantastiques. En observant, au fil des saisons, la vie et

les occupations des habitants de ce milieu naturel encore intact, les réalisateurs dévoilent peu à peu le processus vital qui lie, soude et détruit ces espèces : la loi du marais est, depuis la nuit des temps, celle qui régit la vie du monde animal et, dans la chaîne alimentaire, tout chasseur est chassé par plus fort ou plus malin que lui. Le milan mange la couleuvre, qui mange le triton, qui mange le têtard.

Entre ciel et eau, oiseaux, poissons et batraciens se livrent un combat sans mer-ci pour donner la vie et pour la conser-ver. Cependant, ce “Dallas” aquatique réserve aussi des moments paisibles. La saison des amours, la nidification sont l’occasion de scènes plus sereines. L’hu-mour n’en est pas absent avec le culot du coucou qui vide le nid d’une rousserolle pour lui faire couver son œuf ! La maman rousserolle s’occupera du bébé coucou, rapidement plus gros qu’elle …

Les animaux qui se pressent dans cette roselière, quelque part en France, n’ont rien d’exotique : rainettes et crapauds, grèbes huppés, foulques et râles d’eau etc. se côtoient entre ciel et terre. Nous découvrons au fil des saisons l’équi-libre cruel qui régule la vie de cette faune.

Une réalisation brillante, des images de toute beauté et la voix de Jean Topart sont les atouts de ce documentaire qui décrit avec intelligence un microcosme de vie sauvage et familière.

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Le toUrnaGe de vie saUvaGe dans Les roseaUx s’est dé-roULé sUr 18 Mois.

95 % des iMaGes ont été toUrnées en franChe-CoM-té, prinCipaLeMent aUx en-virons dU LaC saint-point (doUbs), et qUeLqUes-Unes dans Le jUra.

des iMaGes CoMpLéMentai-res, notaMMent de hérons, ont été toUrnées dans La doMbes (ain).

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réaLisation, sCénario, iMaGe,

MontaGe : françois royet

MUsiqUe : bernard Montrichard

interprÈtes : franck esnée

et des détenus de la maison d’arrêt

de besançon

prodUCtion : Zarafa films (pantin) théâtre de l’espace

avec le concours de la Drac, du Conseil Régional

de Franche-Comté, du Ministère de la Justice (DRSP

Bourgogne-Franche-Comté) et de la Ville de Besançon

2e prix du festival du film d’action

sociale de Montrouge

INTRA-MUROS,MOUVEMENTS

200626 min.

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INTRA-MUROS, MOUVEMENTS OU COMMENT L’ART FAIT DE NOUS DES HOMMES

proposer aux prisonniers de la maison d’arrêt de Besançon de s’exprimer dans la danse contemporaine.

Ils trouvent ça débile, les prisonniers, puis ils essaient, ils se prennent au jeu, ils trouvent même ça beau et, tout à coup, surgit un imprévisible

instant de grâce, un mouvement d’une infinie délicatesse.

Du travail sobrement et

patiemment tissé par le

danseur Franck Esnée

avec les détenus, François

Royet a construit un film

impressionniste. Paroles

denses saisies au vol, pas

de danse hésitants mais

généreux, puis, en ellipses

de couleur et de courbes

mouvantes, un ballet

inattendu, d’une extrême

légèreté. Un film pudique,

rigoureux, touchant, très

travaillé, étonnamment

beau. (pierre izibert)

Il est extrêmement difficile de donner à voir, à ressentir et comprendre une expérience aussi profonde que celle d’un chorégraphe-danseur qui se col-tine jour après jour l’âpreté et la froi-deur du monde carcéral, pour y faire surgir l’art.Pendant cinq ans, à raison d’une semaine chaque mois, Franck Esnée a travaillé à la maison d’arrêt de Besan-

çon où il a progressivement fait fondre la glace de l’enfermement en jouant avec la vérité du lieu. Son engagement humain et artistique est total, son travail magnifi-que. François Royet a subtilement, magis-tralement filmé l’expérience du début à la fin en faisant ressortir le tempo, la force et la beauté, sur une musique de Bernard Montrichard. Un trio d’exception pour une œuvre qui touche en profondeur.On y voit l’artiste et ces hommes dont on veut faire des animaux en cage, leur souf-france murée dans ce monde clos où l’on se verrouille et où l’on s’affronte, se battre,

ensemble, pour creuser la matière comme le sculpteur creuse la pierre et dégrossir à petites touches, insensiblement, pour aller vers la finesse la plus grande possible, l’im-palpable justesse de la relation, du mou-vement, du geste, du contact. Un contact qu’on peut croire impossible en ce lieu. Jusqu’à retrouver la sensibilité qu’on ne montre jamais, ici. La grâce qu’on aurait pu croire à jamais perdue, l’entièreté de l’homme qui était là, cachée derrière le masque et la posture du réprouvé.Une extraordinaire leçon d’humanité et de beauté du geste.L’art, nous le pensons, ne trouve sa puis-sance qu’en se frottant à la difficulté de nos vies, pour en faire jaillir la force, le sens, la fulgurance. Il est peu fréquent de le ressen-tir à ce point.

LAPRESSE

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nTra-MurosAU DÉPART, UNE GAGEURE :

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ques instants d’évasion, quelques ins-tants d’apesanteur.Séquence par séquence, on voit les efforts, la difficulté et les échecs, ça grince. Le formateur doit apprendre, et vite. On entend aussi des témoignages de vie. Puis, au dernier tour de verrou, quelques images de grâce. Intra-muros, reportage sur l’art, œuvre sociale, mais surtout œuvre d’art aboutie, nous offre une grande palette d’entrées : esthé-tique, chorégraphique ou art-vidéo, pédagogique ou sociale. Intra-muros évite aussi tous les écueils du genre. Considérer des corps énergiques, des personnalités massives et des destins taillés comme des tessons de verre nous évite la bonne conscience et les lamen-tations sur les victimes. Un montage

Tourner dans une prison n’est pas chose aisée. Qu’est-ce qui t’a motivé à entreprendre le tournage sur le travail de franck esnée avec les détenus, d’autant que tu n’avais pas de production pour ce projet ?Au départ c’est Franck Esnée qui m’a appelé, il voulait montrer ce qui se passait dans son atelier danse, avec les détenus, hors des murs de la prison. Etant donné qu’il ne produisait pas un spectacle de fin de stage (son travail est totalement basé sur l’improvisation, l’instantanéité,

donc par essence non représentable sur commande) il cherchait quelqu’un qui pourrait capter sur le vif ce que lui offraient les gars dans l’intimité du travail. Quelque chose qu’il disait être fort, poignant, fondamentalement sincère, quelque chose qui avait changé son rapport au monde, à l’humanité, à l’autre. Je ne pouvais qu’être touché par de tels arguments, de plus, cela faisait quelque temps que j’avais envie de toucher du doigt l’univers de la prison, j’avais même pensé faire «visiteur de prison» mais je ne savais pas vraiment comment aborder tout cela. La demande de Franck s’imposa alors aussitôt comme une réponse idéale. Question production, c’est le Théâtre de l’Espace de Besançon qui s’est attelé à la recherche d’argent. Au vu des éléments de départ du projet : improvisation, instants fragiles, forme à trouver au cours du travail, nous n’avions

Un corps – ou bien était-ce une âme ? – s’élance vers une fenêtre barrée de grilles. Le prisonnier-dan-seur ne l’atteindra pas mais s’éva-nouira dans le floutage du ralenti. Puis l’image crue revient sur cette salle de prison. Un bruit de verrou claque dans la lumière dure. Une lourde porte verte se referme sur la voix off d’un détenu : « Ma maman ! C’est ça que je repense tout le temps dans ma tête ; ma maman m’a mis au monde, elle m’a porté neuf mois. » Une casquette veille dans un coin.

Un pigeon s’envole derrière les grilles. Le carrelage froid d’un lavabo. Une tête tondue se pose sur une épaule massive. Une voix off aussi : « On va travailler sur la délicatesse aujourd’hui » …

Intra-muros, de François Royet, filme une aventure, celle du danseur Franck Esnée, aux prises avec un étrange corps de ballet. Des têtes dures sous les crânes tondus, mais des âmes au taquet, mises à la peine. Coaching intense en milieu sensible. Un moment de déconcentra-tion du chorégraphe et tout peut déra-per, avec d’autres conséquences, entre ces murs sans tendresse, qu’un specta-cle inabouti.Sur un rythme alerte, une ambiance musicale très juste, et sans un com-mentaire, les 26 minutes du film nous donnent à saisir une ambition : « Ce que je vous demande, dit Franck Esnée, ce n’est pas de devenir des danseurs, mais de développer une qualité de danseur. » Pour obtenir, un peu mieux que quel-

à peu près aucune chance d’obtenir une coproduction télé. Il fallait donc se débrouiller avec des moyens réduits. Avoir un dispositif léger, de manière à mettre les moyens que nous avions dans le suivi, la durée de tournage, la multiplication des chances de capter des moments forts.

a quels problèmes majeurs t’es-tu heurté lors de ce tournage, qu’ils soient matériels ou humains ?La principale difficulté a été pour moi de tourner sans savoir où j’allais. Etant donné que les détenus travaillaient en improvisation constante, j’ai décidé de me mettre dans la même situation. Ne rien «fabriquer», seulement capter, être dans l’instant, au plus proche de là où ça se passe, sans a priori, en totale improvisation. La construction et la recherche du sens ne viendraient que dans la solitude de la salle de montage

et seulement là. C’est une situation assez inconfortable car jusqu’à la fin du tournage, qui a tout de même duré sept semaines, je ne savais pas quel film j’étais en train de faire. Après, plus personnellement, je dirais qu’il y a la prison elle-même, le fait qu’on y rencontre des gens tous très différents avec qui se tissent forcément des liens. Après quelques heures de travail, Franck et moi ressortons, les autres restent. J’ai des instants, des fins de séances, qui me sont restés… Il faut dire que cela leur fait quatre heures où on leur parle normalement, sans mépris, sans brimades. Au sortir de quatre heures particulièrement fructueuses parfois nous descendons ensemble un petit escalier qui mène à la section inférieure. Au bas de cet escalier Franck et moi partons vers la sortie. Un jour, l’un des détenus nous a serré longuement la main… Nous l’avons regardé rejoindre sa

AMES EN PEINE

Propos recueillis par Gilbert Chagrot pour le fanzine Le Zig !

ENTRETIENavec

François Royet

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nerveux permet d’éviter l’ennui, les redites. Mais sa vraie réussite est d’avoir tiré – comme le danseur des détenus – une force constante des contraintes du milieu carcéral. Le floutage des visa-ges donne à l’ensemble la touche d’une œuvre abstraite colorée et parfaitement maîtrisée, évoquant l’art-vidéo. Cette œuvre, témoignage fort, laisse au spec-tateur le sentiment d’avoir participé à un travail sur son propre corps, la spon-tanéité, le respect de l’autre en impro-visation. « Un truc important dans l’im-pro, dit le danseur, c’est : j’assume ce que je fais. » Du bon ou du mauvais côté des barreaux, un bon viatique pour les jours de pluie.

cellule. Il s’enfonçait, tête baissée, rasant les murs, tout le long du grand couloir désert qui menait à la porte ouverte de sa cellule… Sortir, reprendre normalement sa vie, conserver une cohérence dans tout cela devient vite de plus en plus difficile …

Tu refuses de te définir comme un réalisateur “engagé”, or, quand on connaît ton travail, on se rend compte que tes sujets ne sont pas choisis par hasard : outre intra-muros, tu as montré daligault peignant dans un camp de concentration, tu racontes l’histoire de Courbet au moment où il participe à la Commune, tu tournes un documentaire sur les exclus…Très franchement, je fais des films parce que j’adore ça, c’est au fond la recherche d’un plaisir tout personnel, je ne pense pas que cela soit vraiment là la définition de l’engagement… Quant au choix des sujets, c’est

d’abord ce qui me touche, me pose question ou m’enthousiasme. Non, décidément je ne crois pas… Un film qui serait un point de vue militant très efficace mais sans ces petits riens essentiels qui font du cinéma autre chose qu’un discours, une leçon ou l’exposition d’un point de vue, ne m’intéresserait absolument pas à tourner. J’admets que tant qu’à faire, et surtout vu le temps que j’y passe, je préfère travailler sur quelque chose d’un peu “consistant” que sur un sujet futile. Mais si j’arrive à rendre un sujet même léger, touchant, émouvant, sensible ou drôle, je suis dans ce qui m’intéresse, me fait vibrer. L’important étant, pour moi, de toucher. Alors c’est peut-être là que se trouve une part un peu «militante», dans le sens où je pense que si cette émotion peut ébranler quelques idées reçues, faire mieux comprendre un problème dans sa complexité, provoquer plus de tolérance ou faire qu’on juge

moins à l’emporte-pièce une situation ou une personne, j’en suis ravi… J’ai trop de respect pour les gens qui sont engagés sur le terrain, tous les jours, dans la dure réalité, souvent sans aucune reconnaissance, pour penser que je suis «engagé». D’autre part, pour moi, le degré d’engagement d’un film n’est jamais un critère d’évaluation.

l’autre caractéristique de ton travail est une recherche esthétique, quel que soit le sujet traité, esthétique qui, loin de nuire au fond, l’enrichit…Je crois que cela rejoint quelque part ma réponse précédente… Ce n’est pas parce que c’est un sujet «difficile» qu’il faut s’interdire la recherche formelle, bien au contraire. Imagine un sujet comme celui-ci traité de manière morne et austère parce que la réalité de cet univers l’est… En tant que spectateur, il ne resterait plus alors qu’à se tirer une balle…

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avant de voir votre film, je m’attendais à un reportage, à un documentaire. or ce n’est pas ça du tout ! C’est très beau ! et surprenant, imprévisible…FRANCk�ESNéE�// Ce n’est pas un film conventionnel. C’est une palette de petites touches impressionnistes construite sur de l’improvisation. L’improvisation n’est pas la facilité que le mot pourrait suggérer. C’est un vrai travail, une démarche qui suppose l’adhésion de tous les participants et une mise en péril constante de tous. Les prisonniers ont vécu avec moi des stages d’une semaine, par groupes de huit à chaque fois. Chaque journée était une nouvelle découverte. Il fallait que la capture vidéo soit aussi une improvisation.

FRANçOIS�ROYET�// Je devais attraper les choses au moment où elles naissaient. Franck n’est pas dirigiste dans ses indications, chaque mouvement de corps n’existait qu’une fois, il fallait capter des moments, suivre intuitivement. La vidéo est l’outil idéal pour ça. Avec de la pellicule, qui est coûteuse, on n’aurait jamais pu saisir large, on aurait perdu tel instant génial qu’on ne repérait même pas sur le coup. J’ai filmé beaucoup pendant sept mois puis, en trois mois d’examen des rushes et de montage, j’ai structuré.

FRANCk�// Ne pas savoir à l’avance, jamais… Au début, je craignais l’intrusion de la caméra, les stagiaires auraient pu se replier, ou cabotiner. On s’est mis en position de grande fragilité, François tenait sa caméra sur l’épaule… La confiance s’installait dès la

première heure. Rien de contrôlé, de dirigé ; du partage.FRANçOIS�// En les suivant j’ai souvent eu l’impression de danser avec eux… Tout s’est fait au feeling, sans préparation, sans a priori professionnel.

le pari de l’improvisation était difficile. vous auriez pu proposer aux prisonniers le travail d’un petit ballet construit, comme on le fait avec les jeunes pour la fête de l’école… FRANçOIS�// Oui, scénariser puis monter le film avec les gars. Mais on aurait perdu la vie, la disponibilité pour ce qu’on ne sait pas, cette irruption de la surprise… FRANCk�// Pour les pensionnaires de la maison d’arrêt, cette proposition de danse venait de la planète Mars, c’est vrai ! Ils devaient se lancer dans un truc pour lequel ils n’avaient aucun repère. Non seulement s’exprimer avec le corps, accepter d’être danseurs en prison, mais encore être les architectes de leurs propres mouvements…

la première partie du film montre qu’il y a d’ailleurs eu des résistances. l’un des présents parle d’un « truc de pédé »…FRANCk�// Le stage était proposé comme du “théâtre physique”. Tous les volontaires étaient acceptés, tous les âges étaient là. Certains venaient par intérêt culturel, d’autres parce qu’ils s’ennuyaient en cellule. Il fallait d’abord se rencontrer et accepter, avec la danse, de prendre des risques devant les autres. Ils s’exclamaient : « Ça veut rien dire tout ça ! » Mais ils revenaient le lendemain. Parfois, spectateurs de leurs camarades, ils étaient les premiers surpris : « C’est beau ! » Avec très peu de règles, ils ont accompli un travail énorme.

la technique filmique est étonnante pour le profane, ces corps flous qui évoluent sur de grands aplats de couleur…FRANçOIS�// Une contrainte de départ était que le spectateur ne devait pas pouvoir identifier les détenus. Je n’allais pas poser des mosaïques sur les visages, les corps auraient été changés, le mouvement cassé. J’ai traité l’image globalement. On aurait pu d’autre part choisir un noir et blanc très contrasté,

mais on aurait ainsi appuyé lourdement le côté tragique de la prison. Les corps sont là suffisamment pour dire la difficulté d’être dans cet univers ; vous avez vu que beaucoup de ces personnes dans leur danse jouent inconsciemment avec les murs, avec les bords de l’espace, c’est très parlant.

FRANCk�// Ce qui est bouleversant, c’est cette aspiration à la vie, cette nécessité de respirer qui s’avoue. Personne n’oublie où il est, mais ce qui est beau chez ces hommes c’est qu’ils donnent aux autres, accomplissent l’acte le plus généreux qui soit. Quand on est serré dans la pire des impasses, la révolte n’est peut-être pas de hurler, mais de reprendre sa vie. Le film n’explique pas, la couleur livre des sensations, des irruptions de vie qui ne sont pas contrôlées, qui échappent à leurs acteurs comme elles échappaient à nous qui étions avec eux.

Cette irruption de la vie dans les corps m’a fait songer à l’un des premiers spectacles de notre histoire, l’ajax de sophocle. les dieux sont la présence forte de la pièce. ils ne sont pas sur scène, et pourtant sans cesse ils agitent les humains.FRANCk�// C’est ça : on est animé. Les dieux traversaient les Grecs. La danse vient ici habiter des corps qui sont bridés par la détention, physiologiquement diminués par cette contrainte. La danse improvisée est née dans les années soixante-dix d’un désir politique : se mettre devant ce qui traverse le corps, la réalité, l’instant, ce qui est le contraire du monde réglé, de la machine chorégraphiée du monde. L’humanité, c’est tout ce qui nous lie et qui nous échappe.

FRANçOIS�// Quand on travaille en prison, on peut être tenté par la posture militante, parce que le monde carcéral est dur, il est scandé de mille petites brimades. Je me souviens d’un gars qu’on appelait au parloir alors qu’il ne recevait pas de visite, ou d’un autre à qui son père avait dit : « Tu n’es plus mon fils » et qui restait bloqué là-dessus. Un détenu que nous avions vu en stage et qu’on entend dans le film s’est suicidé... Mais toute la place est donnée à la vie qui se dit quand même, à la beauté qui insiste. Ces pas de danse, peut-être, écartent un peu les murs…

Le danseur Franck Esnée et le cinéaste François Royet se sont entretenus avec le journaliste Pierre Izibert. Bribes de dialogue.

ENTRETIENavec

Franck Esnée et François Royet

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réaLisation : françois royet

assisté de philippe dias

prodUCtion : /big bang

productions /andesys

avec le soutien de la Ville de Châteauroux

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200726 min.

(…) La fleur épriseL’accueil d’égratignure

L’odyssée du chou rougeL’étendue de ses eaux contenues

Cueillir sur la peau mêmeEssarter comme on aime (…)

Jacques Moulin

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CAPTATION�01CE�CHOU�SI�BEAU

François Royet filme un peintre au travail sans questions, à distance respectueuse : c’est ce

pari d’effacement qui jette le spectateur au cœur du processus de création. Il présente les trois jours de travail de Charles Belle en

un triptyque, une sorte de cimaise : au centre, l’artiste en mouvement, sur les côtés l’œuvre qui croît et embellit, se reprend et se peaufine

pour que se trouve enfin cette « couleur qui n’existe pas », comme dit le peintre en examinant son joli chou ramené du jardin.

Cette écoute vigilante n’est pas sans rappeler l’attention flottante du psychanalyste. Car le peintre ne se contente pas de coucher de grands aplats ; il se livre à lui-même quelques réflexions que nous surprenons

pendant que nous essayons de comprendre son projet. Et plus nous le comprenons, plus nous saisissons ses techniques, plus grande nous

apparaît pourtant l’énigme de l’acte artistique. Nous suivons au plus près la genèse d’un grand et beau tableau, mais le cœur de l’entreprise

toujours se dérobe à nos esprits trop cartésiens. quelque chose nous échappe, et le film engendre un effet de ravissement. Un peu comme

regarder le cœur du chou, le cœur des fleurs et de tous les sujets qu’il peint, reste, pour Charles Belle, un saisissement toujours renouvelé

dont il dit seulement : « C’est érotique. » François Royet a filmé l’art dans le détail de sa mise en œuvre :

paradoxalement, il en a magnifié le mystère.

Pierre IzibertVous pouvez retrouver Charles Belle et sa peinture sur le site : www.charlesbelle.comUn livre retrace la carrière artistique du peintre, «Charles Belle» (Editions Art Price, 2005)

LOIN DES DOCUMENTAIRES PESAMMENT EXPLICATIFSAUXqUELS NOUS SOMMES HABITUÉS,

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réaLisation, iMaGe :

françois royet

MontaGe : Marie tavernier,

Laurence Gambin, françois royet

MUsiqUe : bernard Montrichard

MUsiqUe additionneLLe: jérôme Lefebvre

interprÈtes : (dans leurs propres

rôles) jeanine dessay

stéphane pizo jean-pierre Maillefer

andré jeannin dominique rousselet

jean-Michel Guillomot

Michel Lefèvre Michel faivre sylvie duclou

Géraldine Gruet nicole bergez

prodUCteUr déLéGUé :

patrick faivre

prodUCtion : big bang productions

avec la participation de aster

avec le soutien du Conseil Régional de Franche-Comté

DES�NOUVELLES�

D’ICI-BAS�

200794 min.

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Ici-bas la neige tombe et il fait froid. Il y a peu de monde dehors sinon Jea-nine, infirmière de santé publique qui sillonne au volant de sa voiture les rues enneigées d’une petite ville du Haut-Doubs à la recherche de ceux que per-sonne ne cherche jamais, ces hommes qui vivent en marge d’une société qui les ignore tant qu’ils ne font pas plus de bruit que la danse des flocons dans le vent glacé.Ces hommes, pour maintes raisons, ne sont plus en mesure d’assumer leur propre vie et ont, pour la plupart, choisi l’alcool pour supporter, pour

oublier. Oublier qu’ici-bas ils n’ont plus grand-chose : à peine quelques rêves timi-des. Ils déambulent, le pas mal assuré, le

long des vitrines illuminées des magasins dans lesquels ils n’entrent jamais. Leur luxe à eux se résume à un paquet de cigarettes et quelques bouteilles de bière d’avance, à un endroit chaud où ils pourront discuter de tout et de rien. On suit Johnny, Stéphane et les autres, surtout Johnny et Stéphane d’ailleurs qui, plus peut-être que leurs compagnons d’infortune, ont besoin que Jeanine évite que leur situation ne devien-ne encore plus terrible. Jeanine qui sait

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CE FILM N’EST NI LA DÉNONCIATION D’UN ÉTATDES LIEUX, NI UN CONSTAT SANS ISSUE,

LAPRESSE

DES

NOUVELLESD

’ICI-surtout pas un film social larmoyant, et encore moins la

canonisation médiatique d’une sainte femme engagée auprès des plus démunis mais plutôt une peinture tour à tour surprenante,

drôle, tendre, souvent tonitruante de la vie mouvementée de certains de nos contemporains. Ceux pour qui rien ne va de soi,

ceux qui se heurtent sans cesse aux chicanes des procédures et des usages, qui basculent à la première brise dans les

comportements extrêmes, les cris et les heurts, ceux qui, malgré d’innombrables coups et bosses, gamelles et gadins, nuits

blanches et vents glacés, continuent d’arpenter, de batailler, de rire aussi, de vivre en somme.

JEAN-PIERRE MAILLEFER, DIT “JOHNNY” JEANINE DESSAY STÉPHANE PIZO

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qu’il n’existe pas de remède miracle, qui négocie avec eux de petits contrats : un peu de travail, un logement décent, une cure de désintoxication, toute chose qui leur permet de faire encore un bout de chemin aussi dignement que possible. Jeanine qui ne peut plus refermer un dossier et tourner le dos à quelqu’un qu’elle soutient depuis onze ans sous peine de le plonger dans une détresse encore plus grande. Jeanine qu’ils respectent, qu’ils aiment ou qu’ils haïs-sent suivant les circonstances, parce que si elle les aide, elle est aussi à l’occasion leur conscience, l’empêcheuse de tourner en rond, la mouche du coche, celle qui les écoute et les guide mais qui les engueule aussi quand ils vont trop loin … et ils vont souvent trop loin !Tout le talent de François Royet est d’avoir laissé vivre ce petit monde sans jamais intervenir. Aucun commentaire, aucune interview, aucune voix off ne viennent parasiter l’histoire qui n’est racontée que par le quotidien des protagonistes et leur évolution personnelle. Ce parti pris évite tout jugement et tout baratin convenu.Le spectateur est face à ces hommes qui vivent, pleurent ou rient et deviennent vite des personnages auxquels il s’attache. Il se prend à espérer que tel ou tel s’en sortira, il est ému des regards échangés entre Jea-nine et Johnny, par la sombre lucidité de Stéphane, il rit quelquefois, non pas à leurs dépens mais avec eux, bref, il apprend à les connaître et à les aimer.Des nouvelles d’ici-bas est une peinture pleine d’humanité, à la fois terrible, décon-certante et drôle d’un milieu souvent mal connu, un milieu dans lequel tout est exacerbé, où rien ne va de soi : passer un coup de téléphone à une administration ou remplir un formulaire semblent être des démarches qui requièrent une énergie que certains n’ont plus. Les comportements sont souvent extrêmes et, faute de mots pour dire, les cris et la violence devien-nent le mode d’expression le plus usité.

L’humour n’est pas absent pour autant, un humour souvent grinçant, notamment chez Johnny (ah le passage à l’euro !) qui prend tout avec fatalisme et qui lorsqu’on lui dit « à demain » répond « si je ne suis pas mort » dans un grand éclat de rire, ou quand rien ne va plus, se contente d’un « c’est la vie ! » accompagné d’un sourire plus parlant qu’un long discours.Oui, c’est la vie, c’est leur vie dans toute sa vérité, ses désastres, ses espoirs. Qui sait, il ne leur a peut-être manqué qu’un peu de chance ?

Ça commence par un morceau d’antho-logie qui frôle le burlesque. Fin 2001, le passage à l’euro est imminent. Jeanine, infirmière de santé publique au centre communal d’action sociale de Pontar-lier dans le Haut-Doubs, tente d’incul-quer les bases de conversion du franc à Monsieur Maillefer. Pour ne pas « se faire avoir » lorsqu’il fera la manche ou achètera sa bouteille de rosé.« 2 euros, ça fait 13 francs et 12 centi-mes », répète inlassablement l’infir-

mière. « Faut arrêter de boire que de l’eau » rétorque mi-guoguenard, mi-énervé M. Maillefer qui n’y comprend rien. Après la théorie, les travaux pratiques, Jeanine l’accompagne à la supérette du coin pour repérer les prix. Mine de rien cette scène, qui provoque l’hilarité, laisse sourdre un certain malaise. Voir M. Maillefer, impuis-sant et perplexe, les pièces étalées devant lui sur le bureau de Jeanine, c’est saisir instantanément ce que ce changement d’habitudes représente pour les personnes les plus fragiles (SDF, étrangers, vieillards, etc) : une véritable perte de repères. Sans accompagnement, cela peut vite virer au cauchemar.Des nouvelles d’ici-bas, le film de François Royet, est à l’image de cette scène, sans pathos ni raccourcis faciles. Le spectateur

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se laisse parfois aller à sourire et même à rire de bon cœur, l’âpreté du monde qu’il donne à voir n’en est pas moins crue. Le réalisateur, qui a suivi pendant 5 ans Jea-nine et quelques-unes des personnes dont elle s’occupe, réussit cependant la proues-se, sur un sujet aussi sensible, de ne pas repousser le spectateur.C’est la force de ce documentaire d’une heu-re et demie que de rendre « regardables » et même aimables ce (ceux) que – dans la vraie vie – on préfère ne pas voir et encore moins côtoyer. D’ailleurs, ce commerçant du centre ville exaspéré le hurle au visage de Jeanine : « Vous êtes payée avec notre argent pour vous occuper de ça ! ». Au fil des images, « ça » prend formes humaines. Ils s’appellent Johnny, Sté-phane, Dominique. Cependant jamais l’infir-mière n’use de cette familiarité, elle s’adresse à eux d’un Monsieur habillé de leur patro-nyme, toujours. Ce que cette infirmière de santé publique accomplit, bien au-delà de ce que son employeur attend d’elle, c’est nour-rir, entretenir coûte que coûte, leur identité vacillante. Au-delà de l’alcool, de la déchéan-ce sociale et familiale, de la rue, du froid, des coups de couteau et des coups de gueule, ..., il y a des hommes broyés qui se débattent. Jeanine à leurs côtés. On s’identifie à l’une tout autant qu’aux autres. Sans démonstra-tion et avec une économie de mots, on per-çoit bien qu’il est question de trajectoires, de « pas de chance » et non de personnalités ni de prédispositions. Au détour d’une conver-sation, M. Maillefer glisse qu’il a perdu ses parents à l’âge de 14 ans. « C’est la première fois que vous me parlez de vos parents », souligne l’infirmière. M. Maillefer n’en dira pas plus. Pour toute réponse, Jeanine livre à voix haute l’état de ses réflexions « Quand tous les pro-fessionnels ne sont plus compétents, pour une raison ou pour une autre, y’a de sacrés trous quand même, ... ». Des trous qui se transfor-ment souvent en gouffres pour les gens de la rue. Jeanine essaie juste de les aider à ne pas s’y embourber dans ces fichus trous.

la première question que nous voulons te poser est : pourquoi ce sujet, ce film ?(Après un long moment de réflexion.) J’avais envie de comprendre, comprendre comment ça marche tout ça, comprendre comment on en arrive là, s’il existe de véritables moyens mis en oeuvre pour aider celui qui se retrouve à cette place et aussi, comment on vit, pense, lorsqu’on y est, et surtout, pourquoi, pour beaucoup de ces gens, il reste difficile d’en sortir... (Nouveau temps de réflexion.) Il y avait aussi la ville, quasiment un village où tout le monde se connaît ou presque... Où en tout cas, moi, je connais beaucoup de monde et de milieux très différents ... Toutes ces vies qui se croisent, tous ces gens à la fois si proches et semblables qui cohabitent... Bien ou mal d’ailleurs... En fait, au tout début, je voulais écrire une fiction dont les actions des uns interféreraient avec la vie des autres... L’idée qu’aucun acte n’est sans conséquence pour ses semblables, l’impression qu’on est chacun un peu responsable de la situation des autres... quelque chose comme ça... Enfin c’était très flou, mais je cherchais là autour... J’avais envie d’ausculter les rouages, les fonctionnements, me disant qu’il y avait certainement là, dans le microcosme d’une petite ville, des éléments universels qui aideraient à mieux comprendre les rapports des uns avec les autres... J’ai alors cherché à échanger avec des personnes vraiment ancrées dans les problèmes sociaux, des gens qui avaient vraiment les mains dedans, qui connaissaient les tenants et les aboutissants de chaque histoire, qui les vivaient au jour le jour mais qui avaient

aussi une distance, une réflexion face à tout ça... C’est comme ça que j’ai rencontré Jeanine... On a beaucoup parlé, beaucoup. Plus elle me racontait des choses, plus j’avais l’impression que faire du “cinéma” avec tout ça était totalement décalé. Je trouvais que les moyens nécessaires, non seulement les coûts financiers mais aussi les artifices employés par le cinéma étaient totalement inappropriés pour rendre le vécu de ces situations... Je me voyais mal, par exemple, recréer artificiellement ne serait-ce qu’une lumière qui rendrait l’aspect glauque d’une situation ou demander à un comédien d’atteindre des états extrêmes et de le retrouver le soir pour le dîner offert par la production... J’ai donc décidé de me fondre seul dans le quotidien de Jeanine et les situations qu’elle rencontre avec une petite caméra numérique et un micro HF. Je ne savais pas très bien où j’allais mais après tout, dans un documentaire, n’est-ce pas de faire vivre une véritable expérience au spectateur qui prévaut ?

a partir du moment où tu as pris la décision de travailler seul en suivant jeanine, tu avais bien entendu l’obligation morale et légale de demander aux “acteurs” l’autorisation de les filmer. Comment ont-ils réagi à ta demande et, surtout, comment ont-ils accepté ta présence, car ce qui surprend tout au long du film, c’est leur naturel, ils ne jouent que très rarement avec la caméra comme s’ils l’oubliaient ?Au-delà des questions d’autorisations, il s’est posé tout de suite, non seulement à moi mais à Jeanine aussi, des questions d’ordre moral ; avions-nous le droit d’exposer aux yeux de tous la vie de ces personnes en grande difficulté ? Cela a été une question vraiment très très sensible, nous en avons beaucoup parlé. Jeanine était très mal à l’aise avec tout ça, moi un peu moins car je savais qu’au vu des séquences filmées, je pouvais très bien décider de tout arrêter et de ne rien montrer... C’était un risque à prendre...

Propos recueillis par Gilbert Chagrot pour le fanzine Le Zig !, juillet 2007.

ENTRETIENavec François Royet

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Nous avons donc choisi de nous laisser du temps pour répondre à cette question... Pour l’heure, il s’agissait de pouvoir filmer... Il fallait que ceux que j’allais filmer me fassent confiance sur ce que j’allais faire et dire avec ces images. J’ai donc pris l’engagement suivant : je filmerais pendant plusieurs années et c’est seulement à la toute fin du tournage, alors que tous sauraient ce que j’ai filmé de leur histoire que je leur demanderais l’autorisation de diffuser leur image. Et ce, y compris pour Jeanine. Chacun savait donc que je prenais le risque de devoir supprimer toute image le concernant. C’est d’ailleurs ce que j’ai dû faire pour l’une des personnes avec laquelle j’ai énormément tourné... Un jour, il est parti, je ne l’ai jamais retrouvé, je n’ai donc pu utiliser aucune des images qui le concernaient, ce qui représentait, en plus d’un personnage supplémentaire au parcours vraiment intéressant, plusieurs mois de tournage... Quant à Jeanine, je ne lui ai demandé l’autorisation de diffuser son image qu’avant la toute première projection publique du film, c’est-à-dire... il y a vraiment très très peu de temps... Ainsi, tout le monde “me tenait!” Un seul refus et c’était des mois de travail qui partaient à la poubelle... Je crois en fait que c’était le plus juste partage des risques... Au-delà de cette règle un peu formelle, il s’est installé entre eux et moi une véritable complicité. Ce n’était plus moi qui venais faire un film, c’est un film que nous faisions ensemble autour de leurs difficultés de vivre. Pour une fois, ils se sentaient dignes d’intérêt, pour une fois quelqu’un s’enquérait de ce qu’ils vivaient au quotidien et pas seulement par le biais de quelques images tournées à Noël à l’heure où les bonnes consciences daignent une fois l’an leur accorder audience, non, tous les jours, presque à chaque étape de leur démarche... Cela les étonnait d’ailleurs... Stéphane m’a dit un jour : «Je ne comprends pas, les mecs de France 3, ils viennent au resto du cœur l’après-midi et ça passe le soir, toi, ça fait des mois que tu es là et on n’a toujours rien vu passer...». Mais pour en finir là-dessus, concrètement, j’ai d’abord accompagné Jeanine sans caméra puis j’ai parlé du fait que j’aimerais faire un film, à chacun, j’ai expliqué comment et

pourquoi. C’est à ce moment-là seulement que j’ai commencé à tourner en demandant oralement à chaque fois aux intéressés leur autorisation, puis j’ai continué à tourner, encore et encore, tous les jours... J’ai fini par faire partie du paysage, au même titre que Jeanine et sa sacoche... Restait le problème, les craintes que nous avions au départ, Jeanine et moi, concernant l’éthique d’une entreprise comme celle-là... La donne avait changé du fait que ce n’était plus moi seul qui faisais un film de mon côté mais nous tous qui le faisions... Certains commençaient même à en revendiquer l’existence... Et puis nous avons testé un montage de quelques séquences sensibles dans de petites projections privées auprès de gens très différents dont certains étaient au départ très hostiles à l’action sociale. Les réactions étaient vraiment intéressantes, l’une d’elles nous a dit : «Nous on dit toujours sur le social... mais... en fait, c’est parce qu’on n’y connaît rien...». Nous l’avons aussi montré à des gens des forces de l’ordre, un juge, une psychologue et quelques autres encore... Au sortir de ces tests, j’étais pour ma part convaincu de l’utilité d’un film comme celui-là, Jeanine, elle, avait encore des réticences... Mais elle a accepté que je continue à tourner... Après tout, n’avait-elle pas encore tous les droits concernant son image ?

Quand tu dis que tu es convaincu de l’utilité d’un film comme celui-là, qu’espères-tu qu’il apportera au public et aux personnes que tu as filmées, ou du moins à celles qui vivent dans des conditions similaires ?Ce que je peux dire, c’est que j’avais envie de faire un travail de fond, pas seulement une incursion momentanée juste pour voir comme ça, comment ça se passe, je voulais qu’on ait vraiment le temps de suivre les choses sur une très longue période pour qu’il nous soit possible de nous approcher au plus près des êtres qui subissent ces situations, de les accompagner vraiment, qu’ils deviennent comme un proche dont on connaît les faiblesses, les intentions, au-delà de la surface des choses. Ainsi, je pense qu’on a une chance de pouvoir “comprendre”. Je dis comprendre comme lorsqu’une expérience vécue nous reste à jamais gravée dans le corps, quand on l’a ressentie dans sa propre chair et que notre point de vue en est à jamais modifié... Cette envie de comprendre, je me suis dit que je ne devais certainement pas être le seul à l’avoir. Lorsque l’on croise ces gens dans la rue dans notre vie de tous les jours, cela nous renvoie souvent à beaucoup de sentiments mêlés, il n’est pas facile de s’approcher vraiment, il y a beaucoup de peurs, peur de l’image qu’ils nous renvoient, peur qu’ils nous happent dans leur dédale d’actions désespérées, de situations chaotiques, peur aussi de ne pouvoir ou savoir gérer notre degré de “compassion” devant l’insistance des appels au secours, peur de la violence sous-jacente, des travers de l’alcoolisme. Toutes ces peurs nous tiennent à une distance qui peut produire au mieux un peu d’indifférence au pire un profond mépris qui mène tout droit vers une sorte de négation pure et simple de la personne humaine. Je crois, et c’est peut-être extrêmement prétentieux de ma part mais je l’assume, qu’un film peut modifier cela, en tout cas le rendre moins aigu, atténuer cet effet, je pense que celui qui aura vu ce film aura une conscience plus aiguë de la complexité

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des problèmes et de l’importance de trouver des attitudes et des réponses personnalisées et humaines à cette souffrance.Il y a une chose que je n’arriverai jamais à comprendre, c’est à quel point ceux-là mêmes qui ont déjà toutes les cartes en main pour surmonter les obstacles de la vie n’ont de cesse de juger et d’enfoncer les plus fragiles qui ont, pour la plupart, grandi, eux, dans des conditions sociales et familiales extrêmement difficiles. Et ça, ça commence dès l’école. Je me souviens d’un camarade de classe qui était constamment attaqué verbalement parce qu’il avait perdu sa mère... Comme s’il ne suffisait pas qu’il ait déjà subi le traumatisme de la perte d’une mère... Les enfants grandissent, portent en eux les cabosses de l’enfance et plus ils sont cabossés, plus ils reçoivent de coups... Je voudrais qu’on s’approche suffisamment pour qu’apparaisse à quel point nous ne sommes pas égaux face aux difficultés de la vie et qu’il est vraiment important de ne pas venir encore ajouter le mépris à leurs souffrances.Cela dit, savoir précisément ce que le film apportera, ça je n’en sais rien, en matière d’effet produit il s’agit d’avoir l’espérance modeste... Le film n’a pas encore été présenté au public, je manque de recul... J’ai quand même tourné pendant plus de 5 ans, pas tous les jours, bien sûr. Puis, j’ai monté encore deux ans... Aujourd’hui, je suis extrêmement curieux de l’effet qu’il va produire...

nous ne te parlerons pas de “l’esthétique”, même s’il y aurait beaucoup à dire sur le rendu des atmosphères, les gros plans sur les visages, la beauté triste des paysages urbains sous la neige etc.

… parce que nous savons que pour ce film tes préoccupations étaient autres, mais comment expliques-tu que ce documentaire se voit comme une fiction dont tu aurais travaillé le rythme, les décors et les dialogues dans le moindre détail ?

Je suis content que tu dises qu’on peut le voir comme une fiction, j’ai monté petit à petit pendant deux ans, c’est long deux ans, c’est presque aberrant mais j’ai repris mille fois les choses, il faut dire que j’avais plus de 90 heures de rushes... J’aurais pu faire un film de trois heures sans problème, j’ai encore beaucoup d’événements qui sont restés au stade du pré-montage mais il fallait que le film soit vu. Une heure et demie sur ce sujet cela fait déjà peur à beaucoup, je m’en suis rendu compte lors de la recherche de financements, avant même d’avoir vu aucune image, le sujet rebute... Du coup, j’ai travaillé beaucoup à le rendre le plus “digeste” possible, j’ai traqué l’humour, travaillé énormément la construction, le rythme... Quant à l’image, évidemment je n’ai pas cherché “la belle image”, j’ai gardé intactes les atmosphères de tous les lieux que j’ai filmés. Le grain, dû au faible éclairage de certains lieux, m’intéressait vraiment, je ne voulais surtout pas d’une image trop réaliste et froide du journal télévisé par exemple, je voulais que ce soit un film totalement “fait main”. Tous les plans sont faits à l’épaule même en longue focale... ça bouge ? Eh bien oui, c’est juste un petit bonhomme qui filme la ville avec ses petits bras... Si l’ensemble est cohérent, l’image juste par rapport au sujet, cela peut vraiment servir le film. J’espère que cela transparaît...

Tu parles du financement, si ce n’est pas indiscret, as-tu trouvé suffisamment d’argent pour travailler dans de bonnes conditions ? l’autre question est directement liée à celle-ci : tu dis que le sujet rebute, comment peut-on à ton avis expliquer cela ? en effet, les différentes

chaînes de télévision ont passé tout l’hiver à parler des “campeurs” du canal st-Martin et ont consacré un après-midi aux obsèques de l’abbé Pierre, l’une des personnalités préférées des français. il y a là quelque chose qui nous échappe !Si je regarde comment les choses se sont passées, je dirais en résumé que les pauvres n’intéressent pas beaucoup les riches... Plus sérieusement, je crois que je peux dire que le film a été vraiment très très difficile à produire... Quand je dis que le sujet effraie... Je veux dire que tout le monde est un peu réticent à aborder ces sujets, je le comprends, qui a envie de s’immerger dans des problématiques de ce genre ? Mais que l’on se rassure, dans ce milieu-là aussi l’humour a sa place et toute sa place, les dialogues sont souvent dignes d’un très grand dialoguiste et l’incongruité de la vie amène des situations qui feraient pâlir d’envie bien des scénaristes... Quant aux chaînes de télévision il n’est pas nouveau de dire qu’elles préfèrent les sujets plus légers. Cela dit, France 3 a fini par co-produire une version plus courte du film, plus courte, tout simplement parce qu’il n’existait pas de case dans les programmes correspondant à la durée du film... Il était important aussi pour les protagonistes du film qu’ils aient droit eux aussi à apparaître dans le poste, ils m’en ont souvent parlé. Aujourd’hui, le film dans sa version originale va partir dans les festivals. Son seul moteur sera le bouche à oreille du public... Je croise les doigts...

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site officiel du film : www.desnouvellesdicibas.com

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Ce catalogue a été édité par le Ciné-Club Jacques Becker et le Cercle d’Etudes et de Recherches Filmographiques pour le week-end consacré à François Royet les 21 et 22 septembre 2007 au théâtre Bernard Blier de Pontarlier.Nous remercions tout particulièrement : François Royet, Jeanine Dessay, Franck Esnée, Charles Belle, Gilbert Chagrot, et “La Belle Equipe” du Ciné-Club Jacques Becker, totalement bénévole, sans qui les Rencontres Internationales de Cinéma de Pontarlier n’existeraient pas. Nous remercions pour leur aide précieuse : Le Ministère de la Culture, Direction Régionale des Affaires Culturelles, Le Centre National de la Cinématographie, La Région de Franche-Comté, Le Conseil Général du Doubs, La Ville de Pontarlier, Le Rectorat de l’Académie de Besançon. Photographies : Patricia Coignard (Huile sur toile / Crayon, terre, savon et rouille sur fond de journal / Courbet, la tourmente) - François Royet (Intra-muros, mouvements / Des nouvelles d’ici-bas) - Sylvie Malissard (Vie sauvage dans les roseaux) - Philippe Dias (Captation 01, ce chou si beau) Conception du catalogue, des affiches et des programmes : Emmanuel Chagrot, CERF Editeur : CERF / 28 rue Maurice Cordier / 25300 PontarlierTél. 03 81 39 18 69 / E-mail : [email protected] / Site internet : www.ccjb.fr Infographie : Emmanuel Harmancey, imprimerie Simon Impression : Imprimerie Simon, 25290 Ornans - Dépôt légal septembre 2007 - ISBN 2-194146-18-3

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www.francoisroyet.com

21 & 22SEPTEMBRE 07 THEATRE BERNARD BLIER

PONTARLIERCERF/CINÉ-CLUBJACQUES BECKER