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RïVUE B'INFORM^ION ET ODÏ^M^

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Ce ne sont pas tous les chemins qui mènent au féminisme«Je ressens une frustration personnelle devant l'ingratitude et l'incom-préhension qui est manifestée envers les dites féministes. Je me ques-tionne à savoir combien de personnes ont vraiment réfléchi à la défini-tion du féminisme avant de crier leur désapprobation et leurcondamnation?»Une réflexion de Jeannine Ouellette

ACTUALITÉ8

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La représentation collectiveL'automne dernier lors du Symposium de la femme à Toronto, les par-ticipantes avaient manifesté le besoin que soit mis sur pied une coali-tion provinciale des femmes francophones de l'Ontario. Ce qui fut dit,fut fait! Un an plus tard, son porte-parole, Thérèse Boutin, fait le pointsur ce plus récent mot d'ordre des Franco-ontariennes.

Mon coup de foudre pour la LouisianeRepartir à zéro, changer le cours de sa vie et se découvrir des apti-tudes insoupçonnées, voilà ce que nous livre Denise Dantin. Aujour-d'hui «la célébrité du bayou! Et depuis cinq ans, la dynamo de l'émis-sion de télévision Bonjour.» Un témoignage chaleureux d'une femmequi a fait un bon bout de chemin, de sa dactylo au micro.

Denise Dantin sur le plateau.

La Passerelle pour faire le pontUn comité de jeunes universitaires qui a comme mandat «de conscien-

tiser la population étudiante à la situation actuelle des femmes et depromouvoir l'avancement de leur cause sur le campus», n'a pas la

tâche facile. Opter pour l'humour comme véhicule pour se faireconnaître, quelle bonne idée!Un texte de Louise Bourque

La nouvelle...Fermez les yeux et imaginez un certain matin de votre enfance aumoment de la rentrée scolaire. Le brouhaha de la cour d'école, la son-nerie de la cloche, le bruit des souliers sur le marbre, l'alignement despupitres, l'odeur de la craie et la voix de la maîtresse... «La clochevenait de retentir et les enfants s'étaient tus. Plus silencieuse quejamais, Suzanne tenait fébrilement la main de sa soeur...»Une nouvelle de Josée Gauthier

Création«La série Proie et prédateurs a été conçue un soir que je regardais

le téléjournal... Les informations télévisées présentent les catastrophesde façon linéaire, froide, sans émotion, ce qui ne fait qu'engendrer la

même attitude chez le spectateur.»C'est ce qui a lancé la série d'oeuvres de l'artiste d'origine manitobaine

Suzanne Gauthier présentée sous le titre VORTEX dans la collectionRouge des Éditions du Blé. Proie et prédateurs forme un tout et atteintson but, en ce qu'il suscite l'émotion et permet de mieux connaître les

procédés qui amènent à l'oeuvre comme tel.

Femme de tête, femme de coeur«L'auteurede cette biographie, Margarete Buber-Neuman, avoulu rendre hommage à une amie et une femme exception-nelle, Helena Jesenka, journaliste tchèque déportée dans uncamp de concentration lors de la dernière Guerre mondiale.Un livre qu'on ne peut oublier.»Par Anne Boudreault

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SEPT.-OCT.-NOV. 86 FEMMES D'ACTION

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Notre qualitévous saisit ?

tant!mieux :

Laissez-vous donc saisir ainsi cinq fois par annéepar les meilleurs articles, page après page, sur levécu des femmes francophones en milieuminoritaire.

EMMES D'ACTIONPOUR CELLES QUI VEULENT ÊTRE À LA PAGE......ET LA TOURNER!

TOURNE LA PAGE*^ 18% DE RABAIS

J'inclus 125 pour 5 numéros(2.65$ de moins Qu'au kiosque)

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' L'ABONNEMENT POUR ORGANISMES EST DE 23S'AN ET LE TARIF INTERNA-TIONAL PAR VOIE DE SURFACE 20S. PAR AVION 26S.

RETOURNERA:FEMMES D'ACTION. 525-325. rue Dalhousie. Ottawa (ONT/ KIN 7G2

Page 4: RïVUE B'INFORM^ION ET ODÏ^M^

Se sensibiliser, c'est pas sorcier«Je suis une jeune fille comme bien d'autres et comme la plupart

des adolescentes de mon âge, j'ai un très grand désir de connaître cequi m'attend dans l'avenir.» Pour préparer son futur, Paulyanna Pelle-

rin du Nouveau-Brunswick participe aux comités de jeunes et nous faitpart ici d'une expérience qui a été pour elle un tremplin important.

Syntoniser la bonne fréquence«Je pense que la situation des jeunes n'est pas tellement diffé-

rente de celle des Canadien-ne-s en général. Si un être humain n'a pasbeaucoup de possibilités d'avenir, que fait-il? Il ou elle se renferme sur

lui-même... À la Fédération des jeunes Canadiens-français, on essaiede rejoindre les jeunes en étant conscients de ce phénomène.» Voilà'un des propos tenus par Jacinthe Guindon, jeune Franco-ontarienne

qui connaît bien ce dont elle parle.Entrevue réalisée par Micheline Piché.

Mon premier chagrin d'amour!«Pourtant, je me souviens des instants où je le rencontrais dans

les corridors de l'école. Malgré le grand nombre d'étudiants qui nousentouraient, je m'imaginais constamment que nous étions les deux

seuls êtres sur la terre!» Une peine d'amour, ça peut se produire à toutâge. Pour l'auteur, ce chagrin était bien réel. Elle nous en fait, quel-

ques années plus tard, la confidence.!Une histoire vécue de Marie-Claude Rancourt

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La rentrée... en quatre voix«II me semble parfois que c'est l'importance accordée à la routineet à la répétition qui distingue tellement l'école de mon enfance et

celles que fréquentent mes enfants. Cependant, je suis parfois inquiètedevant les projets, les sorties... Sauront-elles écrire sans fautes,

sauront-elles leurs tables de multiplication? Dans ce texte, deux épo-ques se rencontrent et se répondent.

Par Michelle Trottier et ses trois filles.

Mal de socialisation — La santé des adolescentesSaviez-vous que 40% des adolescentes se trouvent trop

grasses alors que seulement 12% dépassent leur poids normal. Bouli-mie, anorexie mentale, usage du tabac, de l'alcool et du cannabis sont

souvent l'expression du mal de socialisation dont souffrent plusieursadolescentes. Tels sont les faits divulgués par le CCCF du Nouveau-

Brunswick et dont nous fait part une de ses représentantes,Rosella Melanson.

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Prendre sa vie en main«II n'y a pas si longtemps, ma vie était complètement

différente. Quand on a vingt ans ou vint-deux comme moi, qu'on a«l'esprit libre», on aime sortir, aller dans les discos pour danser et ren-

contrer des ami-e-s.» Depuis, deux événements sont venus boulever-ser quelque peu le quotidien de cette jeune Franco-colombienne.

Un témoignage de Colette Larson

Sois belle et tais-toi«Entre la théorie et la pratique, il y a parfois tout un monde!

C'est ce qu'a réalisé Roxanne Hughes-Lebrun qui nous fait part de sesconstatations... suite à sa première année de vie en résidence

d'étudiant-e-s. Elle y retourne cette année, souhaitons-lui bonnechance. À moins que ses confrères n'aient suivi des sessions de «rat-

trapage» au cours de l'été!

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Note de la rédaction 29 Événements 32 Les écrits restent 35 Le boutte du boutte

SEPT.-OCT.-NOV. ! FEMMES D'ACTION

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Comment reconnaîtreune femme à la page?

On est500

il fautse parler!

TOURNE LA PAGE *A -S'c DE RABAIS

_ RETOURNER A:

SEPT.-OCT.-NOV. 86 FEMMES D'ACTION

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Comité national d'informationMadeleine Riordan (présidente)

Adrienne Bernard (Alberta)Pierrette Boily (Manitoba)

Claire Lanteigne-Frigault (Maritimes)Johanne Morin-Corbeil (Ontario)

Rédactrice en chefMicheline Piché

CorrespondantesAnne Boudreault. Louise Bourque,

Thérèse Boulin, Denise Dantin, JoséeGauthier, Suzanne Gauthier, Colette

Larson, Noreen Le Bouthillier. RoxanneHughes-Lebrun, Rosella Melanson, ClaireMazuhelli, Jeannine Ouellette, Paulyanna

Pellerin, Marie-Claude Rancourt,Michelle Trottier.

PublicitéMicheline Piché

Abonnement et promotionChantai P. Cholette

Les individu-e-s peuvent se procurer larevue FEMMES D'ACTION en s'y abon-nant au coût de 12$ (1 an), 20S (2 ans),

28$ (3 ans), ou 35$ (abonnement desoutien — 1 an). Les organismes peuventégalement recevoir la revue en s'abonnantau coût de 23$ par année. Le tarif interna-tional par voie de surface est de 20S/année

et par avion de 26$/année.

ProductionLes Illustrateurs de l'Outaouais Inc.

IllustrationsMichel Lavigne: p.5, 12, 24, 26, 35

Henri Lessard: couverture, p. 14, 15, 19Stéphanie Pelot: p.7, 8, 22, 33

FEMMES D'ACTION est imprimée par:La Corporation K.G. Campbell (Ottawa)

FEMMES D'ACTION est une revue d'infor-mation et d'opinion des femmes franco-phones vivant en milieu minoritaire; elle estpubliée cinq fois l'an par la Fédération natio-nale des femmes canadiennes-françaises(FNFCF).Le contenu de FEMMES D'A CTION peut êtrereproduit en indiquant «Texte tiré deFEMMES D'ACTION, la revue des femmesfrancophones vivant en milieu minoritairepubliée par la Fédération nationale desfemmes canadiennes-françaises».Ni la FNFCF, ni la rédaction n'assument laresponsabilité des opinions émises dansFEMMES D'ACTION, elles tenteront toute-fois de publier des points de vue divergents,afin de susciter des débats, d'encourager iepartage d'information et de créer une dyna-mique.Toutes sont invitées à soumettre leurs écrits,en français, à FEMMES D'ACTION. Toute-fois, il s'avère important d'entrer d'abord encommunication avec la FNFCF, 325, rueDalhousie, pièce 525, Ottawa (Ontario) K1N7G2, téléphone (613)232-5791. Toute de-mande de reproduction doit être envoyée àcette même adresse.La Fédération nationale des femmescanadiennes-françaises (FNFCF) est unorganisme bénévole national qui se veut deplus en plus un outil de revendications pourles Franco-Canadiennes.Dépôt légal. Bibliothèque nationale,ISSN 0226-9902.

Permis d'affranchissement au tarif de 2e

classe en instance. Port payé à Ottawa.

Etre soi-mêmeavant tout

IJéjà loin derrière et pourtant siprès, l'Année internationale dela jeunesse a laissé derrière elleune petite traînée de poudre quicontinue, heureusement, à fairedes étincelles. On retrouve donccette année, sous forme livres-que, des comptes-rendus, des col-loques, des rencontres, des con-férences qui en disent long surl'état d'être des jeunes filles d'au-jourd'hui.

Chacun à sa manière tente decerner l'environnement dans le-quel évolue les adolescentes desannées 80 et son impact, à moinsde quinze ans de l'an 2000. Pourfaire le point mais aussi pouridentifier les accrocs et tenter deles réparer, en se pressant lescoudes et en redoublant d'ar-deur, avant qu'il ne soit troptard. Afin que les filles d'aujour-d'hui soient à la hauteur de nosattentes, de notre rêve d'une so-ciété équitable. Mais est-ce leleur? Ou doivent-elles le refor-muler à leur manière? Savent-elles que, ce qu'elles prennentpour acquis est une série de con-quêtes récentes, fragiles, loind'être coulées dans le béton. El-les apprendront comme l'une descollaboratrices, auteure de «Soisbelle et tais-toi», que beaucoupde chemin reste à faire. Tout demême, j'ai noté une grande forcechez les jeunes filles rencon-trées : la détermination, et il enfaut aujourd'hui. Il en faut pourgarder son enfant naissant, de-venir leader de groupe, ne pascraindre l'appellation féministe,faire reconnaître ses droits defrancophone en milieu minori-taire, poursuivre ses études alors

que le marché du travail offremoins de postes vacants, en som-me, comme le dit l'expression:«Avoir sa place au soleil».

On le sait, par expérience, l'a-dolescence est l'âge de l'affirma-tion de soi, de la recherche de sonidentité et des remises en ques-

tion comme le souligne très bienle texte de Claire Mazuhelli dansses «Confidences d'une adoles-cente de 30 ans» (à la fin). Onsait aussi que c'est l'âge des rê-ves, de ceux que l'on tentera deréaliser au cours de sa vie. Ilssont essentiels et nécessaires etpuisent leur source un peu par-tout. Il s'agit donc et c'est lànotre rôle, de fournir aux rêvesdes jeunes filles leurs meilleuresinspirations. De celles qui leurferont désirer un avenir où cha-cune n'aura rien à envier à per-sonne car elle aura pris les déci-sions, fait les choix en respectantavant tout son intégrité et sadignité de femme.

FEMMES D'ACTION

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Ce ne sont pas tousles chemins qui mènent

au féminismeFéministe, pseudo-féministe,femme militante ou ordinai-re, anti-féministe ou tradi-tionaliste? Laquelle vousressemble le plus ? Ou est-ce même important de sesituer par rapport à uneétiquette aussi rigide ouflexible qu'elle soit ?La réa-lité est que ces différentestangentes ne servent qu'àdissocier les femmes entreelles et le plus triste danscette histoire, c'est que cesont les femmes elles-mê-mes qui s'imposent ces dif-férences qui divisent. Biendes femmes ont peur du fé-minisme comme bien deshommes ont peur de l'ho-mosexualité. Comme si çapouvait s'attraper!Le mot féminisme soulève dessentiments différents pour diffé-rentes personnes, cela va de soimais il faut noter l'effet que pro-duit ce mot maudit. Certainespersonnes frissonnent, d'autresragent ou en sont gêné-e-s etmême, chez certaines gens, cesont des sentiments d'agressivitéqui font surface en présence de cemot. Somme toute, il existe au-tour du féminisme un grand ma-laise. C'est comme si un simplemot pouvait transmettre une ma-ladie grave, une maladie qui peuten faire crever certain-e-s !

par Jeannine Ouellette

Honnêtement, nous savonsqu'il ne s'agit pas simplementd'une difficulté avec le mot maisbien avec la représentation sym-bolique du mot. L'avènement duféminisme s'est vu associé à ungroupe particulier de femmes;des femmes militantes, dévouéeset décidées, qui entreprenaientde changer les règlements d'unjeu qui durait depuis déjà beau-coup trop de siècles. Des femmesqui s'opposaient catégorique-ment à la domination d'un sexesur l'autre, des femmes qui o-saient ouvrir la voie vers l'éga-lité. Enfin, des femmes qui vou-laient améliorer leur sort et celuides femmes à venir.

Ces premières féministes ontété vues et perçues comme étantdes «briseuses de familles» etdes «causeuses de troubles» parun bon nombre de gens. Elles ontété étiquetées comme des lesbien-nes, des femmes frustrées, desanti-hommes et des anti-enfants.Elles sont venues ébranler lesvaleurs et les standards qui nousavaient été imposés par les hom-mes, de tous les temps. Ellesfurent méprisées, détestées, cri-tiquées, rejetées... Il a fallu queces femmes fassent preuve d'uneincroyable confiance en elles-mê-mes et en la portée de leur mis-sion pour continuer avec achar-nement le travail difficile qu'el-

les avaient amorcé avec convic-tion.

Je ressens une frustration per-sonnelle devant l'ingratitude etl'incompréhension qui est mani-festée envers les dites féministes.Je me questionne à savoir com-bien de personnes ont vraimentréfléchi à la définition du fémi-nisme avant de crier leur désap-probation et leur condamna-tion ? Je peux comprendre (même

Le mouvement des femmes,ce n'est pas pour les autres,mais bien pour chacune denous qui en profitons direc-tement ou indirectement.

si je ne l'approuve pas) que cer-tains hommes se sont accrochésà des mythes destructeurs de laréalité parce qu'ils sont en voiede perdre certains droits. Maisles femmes, elles ont tout à ga-gner en supportant le mouve-ment féministe !

Est-ce que les femmes pensentque se sont des hommes qui ontmilité pour nous donner le droitd'être reconnues comme « person-nes», que ce sont des hommes quiont travaillé pour nous accorderle droit de vote, que ce sont deshommes qui vont s'organiserpour régler la situation critiquedu manque de garderies au C ana-da, du manque de refuges pourfemmes en situation de crise, dumanque de centres d'aide pourvictimes de viol??? Comme l'ex-

6 FEMMES D'ACTION

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pression anglaise le dit si bien :«Look again!»

Même si les féministes luttentcontre la pornographie, cela nesignifie pas qu'elles soient con-tre le sexe comme bien des gensle prétendent. Il faut comprendrela différence entre les deux extrê-mes, se donner la peine de lireentre les lignes, savoir reconnaî-tre les nuances. Plutôt que d'ad-hérer à un faux syllogisme, ilfaut prendre le temps de vrai-ment examiner les effets de lapornographie sur les relationshomme-femme. Si seulement lesfemmes pouvaient s'avouer le ma-laise qu'elles ressentent enversla pornographie plutôt que d'a-

le mouvement, les questions sontpassées d'une logique gratuite àun raisonnement aux bases ra-fraîchies. Plutôt que de ques-tionner le comportement de lavictime du viol, les femmes ques-tionnent le fait que l'hommeviole; plutôt que de seulementquestionner les raisons qui ex-pliquent pourquoi une femme a-busée reste avec le partenaireviolent, les femmes questionnentle fait que l'homme bat; plutôtque de chercher à blâmer le com-portement jugé inacceptable dela prostituée, les femmes ques-tionnent le fait que l'hommeutilise le service et son compor-tement demeure irréprochable.

O

voir l'air comme si ça ne lesdérangeait pas, un grand passerait alors accompli. Je croisque les femmes n'osent pas s'ar-rêter pour étudier la question dela pornographie puisque dansbien des cas. elles entreraientdirectement en conflit avec l'hom-me de leur vie. Elles ne veulentsurtout pas donner l'impressiond'être «jalouse», «vieux jeu» oumême, «pas libérée» (quelle iro-nie!).

Les femmes ont posé de nou-velles questions, elles ont ren-versé la dialectique, elles ont ou-vert un nouveau dialogue. Avec

J'aurais pu énumérer d'autresexemples niais je crois que vousvoyez à quoi je veux en arriver.

Je peux (avec difficulté) arri-ver à comprendre le mécanismequi gouverne l'action et la réac-tion des femmes envers le fémi-nisme mais je ne peux pas l'ac-cepter. En tant que femme, jesuis profondément blessée parl'attitude de bien des femmesenvers les féministes. Je ne voispas comment le fait de travailleractivement à la promotion et àl'amélioration de la condition devie des femmes peut être si repro-chable en soi!

Il faut absolument faire preuvede capacité à assimiler de nou-velles informations et ne pas uni-quement s'en tenir aux pre-mières définitions et aux pre-mières démonstrations. Le mou-vement a changé, les féministesont changé. Le militantisme s'estadouci, probablement par obli-gation et non par choix étantdonné les stéréotypes et les atti-tudes infligées par la société. Ilne faut pas automatiquement as-sumer que les féministes sont«commeci» ou «commeça», c'esttrop facile. Prenez donc le tempsde vous questionner sur le sujet,de vous proposer une définitiondu féminisme et de regarder lepositif qui dérive directement del'action militante des femmes.

En terminant, je vous proposeune définition du féminisme telque je le perçois.« Le féminisme, c'est un mode devie dont la philosophie a commeidéal l'égalité entre les hommeset les femmes. Adopter cette phi-losophie signifie travailler, defaçon individuelle et (ou) collec-tive à une cause véritablementhumaine en vue d'améliorer lacondition de vie des femmes etdes hommes et ce, afin d'ouvrirune nouvelle avenue pour les rap-ports entre les sexes. Le but estde vivre en harmonie avec leshommes et non pas dans unedynamique interpersonnelle quidicte la supériorité de l'un etl'infériorité de l 'autre.»A

Jeannine Oueilette est unejeune femme de vingt-huit ans.Psychologue de formation, elle acomplété ses études à l'Universitéd'Ottawa. Elle occupe actuelie-

\ ment le poste d'intervenante enviolence familiale au CentreJeanne-Sauve de Kapuskasing(Ontario). Elle siège au conseild'administration d'Habitat-Inter-lude et elle a donné pendant prèsde deux ans des cours de prépara- \tien au travail pour les femmes. \

SEPT.-OCT.-NOV. 86

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ACTUALITSUne coalition des femmes francophones de l'Ontario

La représentationcollective

Le besoin fondamental des Franco-ontariennes d'avoir une voix uniqueen matière sociale, économique etpolitique est de plus en plus pres-sant. Nous sommes dispersées auxcinq pôles stratégiques de la pro-vince: l'est, le centre, le sud, le nord-est et le nord-ouest; nous sommesmembres de regroupements recon-nus et solides, d'organisations lo-cales sans lien avec les autres ounous sommes seules et trop souventnous oeuvrons indépendamment lesunes des autres, nous réinventons laroue, nous déployons des énergiesinutilement, et nous nous sentonsisolées. Par rapport au mouvementféministe en général, aux paliersnational mais surtout provincial,nous avons souvent l'impression d'ê-tre englouties dans le «melting pot»ou carrément méconnues et doncignorées de la majorité anglaise.

C'est à la lumière de ces constata-tions (des vérités de La Palice, n'est-ce pas ?) que les femmes qui ont pu serendre au Symposium de la femme àToronto en octobre 1985 ont deman-dé que soit mise sur pied une coali-tion des femmes francophones del'Ontario.

À une réunion d'une vingtaine defemmes convoquées à Toronto enjanvier 1986 par le Conseil des Af-faires franco-ontariennes dans le butde créer une coalition, les partici-pantes ont opté pour la mise sur piedd'un groupe de travail dont le man-dat est de proposer une forme de coa-lition qui réponde le mieux aux be-soins de la gent féminine ontaroise.

Nous sommes cinq à siéger sur cecomité: nous venons de tous lescoins de la province, nous sommesde tous les âges, certaines sont mem-bres d'organisations structurées, d'au-tres non regroupées, nous avons cha-cune nos préoccupations socio-fémi-

par Thérèse Boutin

nistes, familiales et de travail et parsurcroît, le groupe mis au monde parle CAFO mais délaissé par l'orga-nisme pour des raisons dont nous nevoulons pas préjuger, fonctionnepour le moment sans budget. (Heu-reusement qu'il y a la bonne volontéde ses membres et une offre de dépan-nage financier de l'UCFO et de laFédération). Nous sommes donc àl'image du mouvement féministe fran-cophone de notre milieu !

Bien que nous soyons encore trèsloin de pouvoir réaliser le mandatqui nous a été donné et que nous nesommes pas prêtes à livrer notremarchandise avant au moins uneautre année, mieux vaut immédia-tement tirer au clair quelques points,à savoir ce qu'est la coalition. C'estune association de personnes enga-gées dans la poursuite d'un intérêtcommun; les trois mots magiquessont la concertation, la coopérationet la collaboration ; tout ça afin de sedoter d'un pouvoir de négociationavec les différents gouvernementsou autres instances décisionnelles;pour en arriver à ce stage de déve-loppement, la coalition doit non seu-lement faire preuve de cohésion maisaussi démontrer une force collective.

La coalition que nous créerons enOntario ne dédoublera pas le travailfait par les organismes et regroupe-ments déjà existants. La coalitionaura cependant le rôle de porter cesdossiers à l'attention soit des ins-tances décisionnelles, soit à d'autresregroupements encore plus puissantsque le nôtre, politiquement parlant,comme par exemple, le Conseil dustatut de la femme. En d'autres ter-mes, la coalition ne se substituera

pas aux femmes qui font le travailsur le terrain et ne dédoublera pas lesdossiers. Elle assumera la respon-sabilité de communicatrice entre lesmouvements et les régions et ellejouera un rôle politique (avec unpetit ou un grand P, selon les cir-constances).

Mais avant de franchir le Rubi-con1, nous avons plusieurs petitesrivières à traverser, certaines plustraîtres que d'autres :

1. le besoin fondamental de se bienstructurer;

2. un financement adéquat;3. la nécessité de rejoindre toutes

les femmes de la province soient-elles membres de la FNFCF, del'UCFO, de l'Union des fermières ouautre regroupement plus ou moinsconnu ou seules;

4. la reconnaissance de l'autono-mie des différentes associations fé-minines de la province tout en fai-sant valoir notre accessibilité;

5. une crédibilité assurée auprèsde toutes les instances déci-sionnelles de la province.

En guise de conclusion, il serait demise de s'attarder sur le tandem«femme» et «francophone» à savoirquel qualificatif vient en premier. Laréponse à ce dilemme, parce que s'enest un, semble évidente à prime a-bord. Mais un siècle d'histoire activechez les féministes franco-ontarien-nes ne peut nous laisser indifféren-tes. Laissons donc à d'autres institu-tions qui ont fait leurs preuves tellesl'ACFO, le soin de s'occuper de lafrancophonie et faisons preuve desuffisamment d'amour-propre pourassurer nous-mêmes le bien-être denotre corps et de notre esprit. A

1. L'expression «franchir le Rubicon» signi-fie prendre une décision grave et en ac-cepter les conséquences.

8 FEMMES D'ACTION

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Tout quitter pour tout découvrir!

Mon coup de foudrepour la Louisiane

Le coup de foudre pour laLouisiane, la chaleur de Va-initié des Cajuns du Sud,un emploi d'animatrice detélé communautaire dispo-nible au bon moment, unesecrétaire-comptable mont-réalaise désireuse de se re-cycler et la grande aven-ture de l'émission «BON-JOUR» dure déjà depuisplus de cinq ans.

par Denise Dantin

Je suis Denise Dantin, la célébrité dubayou! Et depuis cinq ans. la dyna-mo de l'émission de télévision « Bon-jour». Je pense que je me suis tailléeune place au soleil dans les moeursdes Acadiens de la Louisiane.

Autre fait intéressant, c'est la seu-le émission du genre en Louisiane àprendre l'antenne du lundi au ven-dredi sans relâche. Je suis la réalisa-trice, la recherchiste, l'animatrice etaussi la vendeuse de publicité pourarrondir mes fins de mois ! Le salaireest assez maigre, les heures sont trèslongues mais la satisfaction person-nelle d'oeuvrer à conserver l'histoireorale et visuelle des gens d'ici, çac'est la véritable récompense.

J'ai fait la connaissance avec laculture «Cajun» lors de plusieursséjours en vacances dans le sud de laLouisiane avec mon premier époux.

Le climat chaud et ses gens avec lecoeur sur la main ont contribué aurêve de la petite Québécoise que j'é-tais, de m'établir ici en permanence.

Après mon divorce d'avec monconjoint canadien et une vie con-jugale qui a duré quinze années, j'ai

réalisé que ma personnalité allaitbien au-delà de mon rôle d'épouse etde mère de famille. Alors j'ai décidéde quitter mon coin de pays natalafin de refaire ma vie sous un cielplus clément.

En une seule nuit, j'ai décidé devendre tout ce qui m'appartenait etj'ai donné à qui le voulait tout ce queje ne pouvais pas vendre. C'était aumois de septembre 1976.

C'est ainsi qu'à l'âge de 41 ans, j'ailaissé un emploi de secrétaire-comp-table à Montréal, au salaire quandmême raisonnble de 20000S parannée.

Je ne possédais aucun papier (per-mis de travail ou de séjour), seule-ment deux valises en mains.

Mais des amis que j'avis rencon-trés lors de mes voyages en Loui-siane m'avaient dit à plusieurs re-prises que j'aurais toujours un lit etde la nourriture.

C'était il y a dix ans. Depuis quel-

ques années, j ai pignon sur rue àGolden Meadow, petite localité quis'étend le long du Bayou Lafourchedans la paroisse du même nom, prèsdu Golfe du Mexique.

Dans cette région, 70 pour 100 delapopulation est francophone et Cal-lais Cablevision couvre plusieurs pa-roisses avec environ 20 000 abonnés.

Notons en passant qu'une «pa-roisse» en Louisiane est à peu prèsl'équivalent du mot «comté» auQuébec.

Je suis bien intégrée à la commu-nauté maintenant, je fais partie dudécor. Tout le monde connaît Deniseet je connais à peu près tout lemonde.

J'éprouve aussi toute une sensa-tion quand je me fais servir au mêmerestaurant où j'avais travaillé à lacuisine.

J'ai fait pas mal de chemin de«laveuse» de vaisselle à speakerinede télévision. Je pense à ça chaque

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Denise Dantin à l'oeuvre pour Calais Cablevision lors d'une parade du Mardi Gras.

SEPT.-OCT.-NOV. 86 9

Page 11: RïVUE B'INFORM^ION ET ODÏ^M^

fois que je regarde les réflecteurs etles caméras dans le studio, sur le pla-teau de mon émission.

Avant de devenir une personnalitéde la télé locale, j'ai travaillé commesecrétaire-comptable dans un chan-tier maritime et j'avais épousé, enseconde noce, un homme de GoldenMeadow. C'est à cette époque que j'aiposé ma candidature à la station detélévision Callais Cablevision. J'é-tais ravie et étonnée à la fois de mevoir confier un travail à temps par-tiel parce qu'en fait, ma seule expé-rience sur les ondes se résumait à lapromotion d'une organisation pourpersonnes divorcées au Canada.Quand j'ai accepté le poste, je devaistravailler à la station à 3 h 30 dumatin afin d'être au petit écran à 7 h.J'allais ensuite travailler au chan-tier maritime. Parfois, je passais lanuit à traduire des nouvelles.

Je vis maintenant seule et je n'aiplus, heureusement, à me fendre enquatre entre deux emplois car depuiscinq ans, je travaille à Callais Ca-blevision à temps plein.

Les résidants des paroisses de La-fourche et de Terrebonne qui peu-vent capter mon émission se sonthabitués à suivre de près «BON-JOUR» qui est diffusé deux fois parjour.

Mon émission est très populaire etil n'est pas rare que les téléspecta-teurs comparent leurs recettes aveccelles de Mme Aliza Toups, un cor-don bleu de grande réputation qui

dévoile les secrets de la cuisine«cajun» à mon émission.

On dit souvent que je parle beau-coup avec mes mains quand je parleà quelqu'un et j'aime plonger mon

regard dans les yeux de la personneà qui je parle pour m'assurer qu'il abien compris.

Je suis toujours à la recherche denouvelles, 24 heures sur 24, ou en-core d'une nouvelle idée ou mêmed'un-e nouvel-le ami-e. Pour moi, latélévision en langue française enLouisiane est devenue une véritablevocation.Les Cajuns

Pour vous donner un exemple del'accueil «cajun» dont je parle: alorsque je travaillais au chantier mari-time, je confie à un garde de sécuritéque je n'avais pas vu mes enfants

depuis trois ans et je m'ennuyaisplus particulièrement du plus jeune;je pense que le bébé de la famille,c'est toujours un peu spécial. Le gar-de quitte le bureau pour revenirmoins d'une demie heure plus tardavec une mystérieuse enveloppe bru-ne. Dans celle-ci se trouvait la som-me de 302$ qu'il avait sollicitée au-près des travailleurs du chantier.

C'est la raison pour laquelle jesens que j'ai une dette de coeur en-vers les gens d'ici. Ils ont toujours étéaux petits soins avec moi.

En 1985, je suis devenue une desambassadrices de la télévision d'ex-pression française en Louisiane lorsde la première Rencontre interna-tionale des télévisions locales com-munautaires francophones à Tour-nai en Belgique. Et, de nouveau en1986 soit au mois d'avril de cette an-née, je suis allée à Montréal commeinvitée de «BONJOUR MATIN» àTélé-Métropole et aussi à l'émission«AU JOUR LE JOUR» de Radio-Canada.

Et bien sûr, pour conclure, mondésir serait de pouvoir partager monamour de la culture des « CAJUNS»de la Louisiane avec le Canada aucomplet et de montrer des images dema patrie d'adoption sur les chaînesfrançaises qui desservent le Canadafrançais.

En fait, nous sommes tous descousins de la grande famille fran-cophone hors Québec des Amé-riques. A

vous déménagez?faites-nous le savoir...pour qu'on vous suive!

NOUVELLE ADRESSE:

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Un comité étudiantpour les jeunes femmes

La Passerelle pourfaire le pont

La Passerelle est le nom du comitéétudiant sur la condition des femmesà l'Université de Moncton. Depuisqu'il a vu le jour, il y a environ un an,l'organisme s'efforce tant bien quemal de remplir le mandat qu'il s'estdonné: conscientiser la populationétudiante de l'université à la situa-tion actuelle des femmes et promou-voir l'avancement de leur cause surle campus.

C'est à l'initiative de JudithHamel, finissante en philosophie,que le comité a été créé l'été dernier.« Durant mes trois premières annéesà l'université, je me suis rendue comp-te que dans mon entourage immé-diat, les gens n'étaient pas cons-cients de la condition des femmes, dela violence dont elles sont victimes ».

Au printemps 1985, Judith Hamelet d'autres étudiantes formulaientun projet pour obtenir les fonds né-cessaires à la mise sur pied de l'or-ganisme. À l'été, quatre étudiantesétaient embauchées grâce à des sub-ventions du Secrétariat d'État et d'Em-ploi et Immigration Canada. Par ail-leurs, la Fédération des étudiants et

par Louise Bourquedes étudiantes de l'Université de Monc-ton (FEUM) s'engageait à fournirl'argent pour l'équipement de bu-reau. C'était les débuts de La Pas-serelle.

Le projet d'été a permis l'organisa-tion du comité; les étudiantes ont pupréciser les objectifs de La Passe-relle, ses modalités de fonctionne-ment et choisir ses moyens d'inter-vention. Le comité a entrepris demettre sur pied un centre de res-sources documentaires. De plus, unerecherche sur la violence faite auxfemmes a été menée dans le cadre duprojet et un calendrier d'activitésrelatives au thème de la recherche(conférences, films, etc.) a été dressépour l'année académique 1985-1986.On avait également prévu une chro-nique régulière dans le journal étu-diant Le Front et une émission heb-domadaire à la radio étudianteCFUM-MF pour permettre à chacu-ne et chacun d'émettre leurs opi-nions sur des thèmes relatifs à lasituation des femmes. Mais le man-

que de participation étudiante a ra-pidement mis fin à cette initiative.

Si l'ensemble des activités prévuespar La Passerelle pour la dernièreannée académique a eu lieu, la parti-cipation étudiante a été faible entout temps sauf lors des activitésrelatives à la Journée internationaledes femmes. Par ailleurs, JudithHamel, coordonnatrice de La Passe-relle jusqu'en avril dernier, dit s'êtrevite rendue compte que les gens quiparticipaient aux activités étaientdéjà sensibilisées à la cause des fem-mes. «Et ça, avoue-t-elle, c'est dé-cevant.»

Mais, à son avis, la principale dif-ficulté qu'a connue l'organisme cetteannée se situe au niveau du recrute-ment de bénévoles. Durant la der-nière année académique, le comitéétait formé de trois membres actifsseulement, soit Judith Hamel, Syl-vie Boucher et Marlène Ruel. «Ondevait passer la majeure partie denotre temps à demander des subven-tions pour assurer le fonctionne-ment de l'organisme ou encore à

Suite à la page 34

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Du rouge aux

La nouvelK/adieuse, Suzanne arboraitune tunique neuve. Ce quiavait d'abord semblé une ca-tastrophe lui avait finalementpermis de déjouer le droit d'aî-

nesse qui faisait d'elle, pau-vre seconde, l'«heureuse»

récipiendaire des vête-ments usagés de sa

_^ gande soeur. Pour lapremière fois de

I I s a courtev i e .

par

le vêtement de rayonne marinereluisait de partout et sentaitbon la nouveauté. Une rentréedépareillée!

L'air déconfit de son père avaitpourtant présagé du pire lors-qu'à la fin juillet, au retour del'usine, il s'était effondré dans sachaise berçante. «Loïse, ma fem-me, chu léoffé... Y en ont slacké80 comme moé à matin... paraîtqu'on vend pas assez comparéaux Chinois de Taïwan. Le voya-ge à Deschambault pi le zoo pourles enfants, aussi ben rayer çad'ia carte !». Jadis, le textile avaiteu ses heures de gloire. Malgré lebruit infernal des machines, letravail plus souvent qu'autre-ment monotone et la sensationsourde de se faire exploiter parles patrons aux gros cigares pu-ants, filer était une façon hono-rable de gagner sa croûte. Lesnombreuses mises à pied des der-niers mois auguraient cepen-dant bien mal pour l'avenir du«coton», comme disaient les ou-vriers non syndiqués. Son mai-gre chèque de vacances gisantsur la table de cuisine, Leopoldfixait le néant. Une mince lueurd'espoir traversa pourtant sonesprit quand il vit sa femme s'es-suyer fortement les mains surson tablier avant de le dénouer,le plier religieusement en quatreet le déposer délicatement sur lebuffet chambranlant. Des gestes

qui, liés les uns aux autres ensyncopée, composaient le rituelprémonitoire que l'homme avaitappris à reconnaître au fil desdifficultés. On aurait pu parlerde chorégraphie tant chacun desmouvements de Loïse semblaitavoir été étudié afin de créerl'ambiance sereine nécessaire àl'échange. « Dis-toi ben qu'y en ades ben pires que nous autres».Et elle citait les Hamel qui a-vaient perdu une fille cruelle-ment fauchée par le tracteur oules Bédard dont la mère se mou-rait d'un mal qu'on n'osait nom-mer tout haut de peur qu'il n'as-saille l'un des siens. «Je pourraisfaire des ménages, le temps deramasser un peu d'argent pi onpourrait déménager chez monfrère Jos, à St-François-Xavier.Y ont toujours besoin de mondepour les foins. On fera croire auxenfants qu'on a changé d'idéepour les vacances.» Une heureplus tard, après avoir jonglé àune solution qui avait de l'allure.Leopold repris les mêmes dires,au présent cette fois. «Tu vasfaire des ménages, le temps...».Le temps de se convaincre quec'était l'homme qui prenait lesdécisions.

La cloche venait de retentir etles enfants s'étaient tus. Plussilencieuse que jamais. Suzannetenait fébrilement la main de sasoeur Denise. Elles étaient lesdeux nouvelles au couvent, cetteannée, et ce titre envié de toutesleur donnait du rouge aux joues.

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15-25 a.n.5L'expérience d'Équité-Jeunesse

Se sensibiliser,c'est pas sorcier!

par Paulyanrta Pellersn

<J e suis une jeune fille comme bien d'autres et commela plupart des adolescentes de mon âge, j'ai un trèsgrand désir de connaître ce qui m'attend dans l'ave-nir. Pour me préparer, à ma façon, je me suis toujoursintéressée à différents comités dans mon propremilieu. Il y a un an et demi cependant, on m'a donné lachance de participer à un nouveau comité provincialà l'extérieur de chez moi. J'ai répondu à ce défi, car ils'agissait bien d'un défi, avec tout le dynamisme dontj'étais capable. Imaginez, préparer une journée tout-à-fait spéciale consacrée aux jeunes du Nouveau-Brunswick et insérée dans le cadre d'un congrès d'en-vergure nationale qui portait le nom de « Coopérationjeunesse».

C'est ainsi que, sous la direction de la Fédérationdes Dames d'Acadie en collaboration avec Activités-Jeunesse s'est organisée une journée qui a été pourmoi une expérience très enrichissante et inoubliable.En compagnie de quatre autres adolescentes quivenaient de différents coins de la province, j'ai éla-boré les sujets à traiter. Ceux-ci devaient contribuer àoutiller les filles afin qu'elles prennent en main leurdestin et en même temps, créer de nouveaux rapportsentre les jeunes filles et les garçons. Intitulée «Équitéjeunesse», notre journée avait comme slogan: «Paspareilles mais égales!». C'était tout un programme etil fallait assurer le succès de notre projet. Dès notrepremière rencontre avec le comité organisateur, nousavons identifié les trois objectifs qui nous semblaientles plus importants :

1. ouvrir un premier dialogue entre les jeunes filleset les garçons sur l'égalité des sexes ;

2. informer les jeunes adolescentes et adolescents,afin de les sensibiliser aux réalités sociales desjeunes filles;

3. formuler des recommandations précises afin decontinuer les démarches nécessaires pour déve-lopper ce secteur.

Mes deux grandes peurs étaient qu'il y ait des conflitsentre les sexes et que cette journée ne soit pas prise ausérieux. Nous devions élaborer sur des sujets tels lapublicité sexiste, les effets de la pornographie, le har-cèlement sexuel, les rôles familiaux, la ségrégation àl'école, la démonstration de ses sentiments, la révolu-tion technologique et les chances d'emploi.

Comme on peut le voir, j'avais un peu raisond'être inquiète. Mais je dois dire que même si, par

moment, le dialogue était un peu difficile, chaquejeune qui a participé au congrès a fait valoir son pointde vue sur l'ensemble des questions. Rien n'a été traitélégèrement et les participant-e-s ont montré beaucoupde maturité.

Depuis ce congrès, j'ai eu l'occasion d'assister àdes rencontres de d'autres comités qui se sont formésdans ma région. J'ai pu aider d'autres jeunes à mettresur pied des ateliers et leur transmettre l'informationdont ils avaient besoin. Vous voyez donc que l'orga-nisation de cette rencontre «Equité jeunesse» a portéfruits. De mon côté, cela m'a permis d'acquérir plus deconfiance en moi et d'en connaître davantage en vue

de préparer un avenir plus juste. Cette reconnais-sance des réalités de notre quotidien est maintenantpartagée par plus d'adolescentes et d'adolescents.Elle doit être poursuivie. J'encourage les femmesjeunes et moins jeunes à s'informer et à participerafin d'être plus sensibilisées aux questions qui lesconcernent maintenant car si le respect des droits dechacun nous touche aujourd'hui, c'est aussi un héri-tage pour demain, pour un futur plus équitable. A

PaulyannaPellerin est âgée de 17 ans et habite àRogersville au Nouveau-brunswick. Elle entre-prend cet automne une treizième année en vue depoursuivre l'an prochain, ses études en servicesocial ou en techniques infirmières. Elle est prési-dente provinciale de l'organisme ActivitésJeunesse.

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Les 15-25 et la FJCF

Syntoniser la bonnefréquence

par Micheline Piché

Améliorer la qualité de vie des jeunesfrancophones vivant en milieu minori-taire, tel est l'objectif de la Fédérationdes jeunes canadiens-français. Organis-me national fondé en 1974, la Fédéra-tion est un outil de revendication de

Jacinthe Guindon, agente de recherchefif d'analyse à la F.J.C.F.

taille auprès des élus provinciaux etfédéraux. Elle mène de front plusieursdossiers touchant la situation économi-que, le secteur des communications, laformation, les sports et les loisirs. Son-action se veut complémentaire aux acti-vités de ses neuf membres, soient lesassociations provinciales. Elle rejoint

au total 133000 jeunes âgés de 14 à 25ans (de 15 à 30 ans dans le cas de l'Onta-rio). Pour en connaître un peu plus,FEMMES D'ACTION est allée rencon-trer l'une des chefs défile de l'organismeet de sa génération, Jacinthe Guindon.Née à Rockland (Ontario), Jacinthe,âgée de 26 ans, est agente de rechercheet d'analyse à la Fédération. Ses propossont empreints du même dynamisme etde la ténacité qui se dégage du travailaccompli par la FJCF.

F.A.: Jacinthe, comment s'est développévotre intérêt pour la cause du fait françaiset celle des jeunes?J.G. : Cela fait très longtemps que je participe àdes groupes sociaux. Toute jeune, j'ai fait partiedes Jeannettes, puis des Guides. Il me sembleavoir toujours défendu la cause des franco-phones, d'abord le nationalisme franco-onta-rien puis la cause des femmes et de façon plusévidente alors que j'étais coordonnatrice auCentre d'accès pour femmes à Ottawa. Je penseque la défense des droits de la personne en l'oc-currence celle du fait français au pays, desfemmes et des jeunes, c'est quelque chose qui estdans ma nature. Contrairement à mes parents,j e suis une personne publique. J'aime rencontrerles gens, échanger des idées, défendre descauses.F. A. : Que retirez-vous de votre travail à laFJCF?J.G. : Ce que je trouve le plus intéressant, c'estde faire du développement communautaire. Con-trairement au travail dans la fonction publique

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Deux ailespour voler...

L'égalité pour /vous réaliser. /

on sait que les idées que l'on va présenter serontécoutées. Ce qu'il y a d'intéressant à la Fédéra-tion, c'est la possibilité d'influencer le processusdécisionnel gouvernemental, de créer des pro-grammes, de nouveaux services. C'est un travailardu. Il faut faire beaucoup de lobbying. Maisc'est de cette façon que l'on peut être écouté.F.A.: Il y a quelques années, votre orga-nisme publiait un document intitulé Ladernière jeunesse ? dans lequel on faisaitétat de la situation alarmante des jeunesfrancophones hors Québec, du processuspresqu'inévitable d'assimilation. Qu'enest-il maintenant?J.G.: Aujourd'hui,on ne parle plus né-cessairement d'assi-milation mais plutôtd'intégration. Je nesais pas... il sembleque ce soit une nou-velle vague de la jeu-nesse, on est moinscontestataire. On atendance à être pluscréateur et on veutplus s'intégrer à lasociété. De là à enperdre notre identité !C'est une des ques-tions que l'on se pose.Si cette nouvelle dé-marche est intéres-sante et doit nous per-mettre d'avoir autantde possibilités d'ave-nir que les jeunes an-glophones, cela im-plique-t-il nécessai-rement la perte d'une certaine partie de notreidentité pour obtenir plus d'avantages écono-miques ? C'est ce que l'on cherche à prouver avecnotre étude économique qui sortira en novem-bre. On veut démontrer avec chiffres à l'appuique les jeunes francophones sont défavoriséspar rapport aux jeunes anglophones sur lesplans du revenu et des possibilités d'emploi. Auniveau national, ces données vont nous permet-tre d'obtenir que les responsables des program-mes de formation et de création d'emploi augouvernement les révisent en fonction aussi dela clienntèle francophone. Par exemple, les or-ganismes francophones à but non lucratif sesont vus couper leurs subventions alors qu'ilspermettaient pourtant aux jeunes de travailleret de prendre de l'expérience en français.

F.A.: Aujourd'hui, la tendance chez lesjeunes est beaucoup plus axée vers l'actionindividuelle que collective, est-ce que cecise reflète dans la participation des jeunesaux associations provinciales?J.G. : Je pense que la situation des jeunes n'estpas tellement différente de celles des Canadiens-ne-s en général. Si un être humain n'a pas beau-coup de chances d'obtenir un emploi, pas beau-coup de possibilités d'avenir, que fait-il? Il serenferme énormément sur lui-même, c'est sonpremier réflexe ; ça ne veut pas dire qu'éventuel-lement il n'aura pas un réflexe social, vouloir se

défendre en groupe.À la Fédération, onessaie de rejoindreles jeunes en étantconscient de ce phé-nomène. Par exem-ple, l'avènement du«Walkman», de lamusique sur casset-tes, a rendu possiblela préparation et ladistribution de cas-settes de musiquerock en français. Sil'on peut donner legoût de la musique enfrançais, c'est tou-jours ça ! À l'intérieurdu volet communica-tion, il y a aussi toutel'élaboration des ra-dios communautai-res qui est en train dese réaliser et qui seraen plus créateur d'em-plois.

F.A. : Quelle est donc la participation réel-le des jeunes aux organismes?J.G. : Les associations provinciales prennent deplus en plus d'ampleur, rejoignent de plus enplus de jeunes. Par exemple, l'Alberta et la Sas-katchewan étaient «à terre» il y a deux ans. Iln'y avait qu'une dizaine de jeunes à leur assem-blée annuelle, maintenant ils sont plus de cent ày participer dans chaque province. C'est lamême chose en Colombie Britannique où seforment régulièrement des Clubs Jeunesse. Et sion a réussi à maintenir les organismes et à allerchercher les jeunes, c'est grâce à l'animationcommunautaire et non aux institutions. Pourmaintenir la vitalité, cela prend vraiment desanimatrices-teurs capables d'aller chercher desgens. Le secteur formation de notre organisme

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peut aider à soutenir les ressources humainespar des stages. Par exemple, nous donnons unstage de formation pour le «Parlement jeunessenational» et il s'en donne aussi dans les pro-vinces.F.A. : Les jeunes femmes sont-elles nom-breuses au sein des associations?J.G. : Au niveau du conseil d'administration dela FJCF, c'est assez bien équilibré. Pour ce quiest des provinces, il y a deux présidentes d'asso-ciations provinciales sur neuf. Lorsqu'une jeunefemme est présidente, il y a plus de chances queles adhérentes soient plus nombreuses. Les fem-mes sont d'ailleurs, à mon avis, très intéresséespar le travail social, elles y ont des intérêts pro-fonds.F.A. : Vous avez tenté une première expé-rience de sensibilisation chez les jeunesfemmes dans le cadre de la Journée inter-nationale des femmes, le 8 mars dernier,qu'en était-il?J.G. : II s'agissait d'une trousse dont le contenuavait été choisi par cinq jeunes femmes et quiportait sur le sexisme, le harcèlement sexuel etla santé. Chaque thème était accompagné deréflexions et de textes informatifs publiés et dif-fusés en collaboration avec la FNFCF. Les dis-cussions en ateliers ont été positives mais celan'a pas eu l'ampleur souhaité. C'était vraimentune première tentative de regroupement.F.A.: Des sujets difficiles à aborder, engénéral?J.G. : Je pense qu'ils sont plus difficiles à traiterpour les adultes que pour les jeunes. Je me réfèreici à un congrès régional en Ontario où l'on adiscuté en atelier de la contraception. Les jeunesposaient vraiment beaucoup de questions. Jepense que l'intérêt est là; ils veulent avoir plusde connaissances, se renseigner, en discuter.Par contre, ils se sentent mal à l'aise lorsque lesparents sont là. Il y a toute la question de lamoralité. Chez les francophones hors Québec, lareligion catholique est très présente.F.A. : Est-ce que votre organisme songe àpoursuivre des démarches semblables àcelle du 8 mars dernier?J.G. : C'est à moi que revient cette responsabi-lité, je devrais approcher les responsables desprovinces pour susciter des discussions avec lesjeunes sur ce qu'ils vivent. Jusqu'à présent, j'aisurtout attendu que les demandes proviennentdes provinces, des jeunes eux-mêmes. Mainte-nant, je crois qu'il faut plutôt les influencer, lesaider à trouver de nouveaux modèles car lesjeunes hommes ne veulent pas nécessairement

du pouvoir mais ils vivent dans une société où, situ n'est pas «macho », tu ne peux avoir de blondeet tu risques de perdre tes amis. Les jeunes filles,de leur côté, ne s'affichent jamais comme fémi-nistes pour des raisons semblables. D'ici à ce quedes actions concrètes soient prises au sein desmembres de la Fédération, il faut aborder tousces sujets par le biais de rencontres, lors de sor-ties, etc. Le besoin est là, c'est évident, mais ilfaut y aller doucement car la moralité, l'éduca-tion parentale rendent ces questions très déli-cates, encore plus en milieu rural.F.A. : Quel type d'avenir envisagent lesjeunes femmes canadiennes-françaises?J.G. : D'abord, à ma connaissance, celles quisont actives dans la communauté n'ont pascomme objectif principal de se marier, d'avoirdes enfants et de rester à la maison. Leur butpremier est de faire carrière, d'avoir un avenirautonome. Ce sont celles qui sont les plus dé-brouillardes, les plus avant-gardistes. La parti-cipation à des organismes sociaux, par exemple,permet de trouver d'autres moyens de s'épa-nouir, de se connaître, de s'affirmer. Il y a aussil'autre part de la population féminine qui elle,choisit le travail à la maison, le soin des enfants.Ce rôle plus traditionnel fait plaisir aux gouver-nements car, selon eux, le chômage diminuerait,ces jeunes ne se chercheraient pas d'emplois.Remarque, c'est peut-être une conséquence de lasituation économique difficile dans laquelle seretrouvent les jeunes femmes qui leur fait pren-dre cette décision-là.F.A. : Elles optent donc pour une solutionqui, pensent-elles, leur apportera la sécu-rité financière ; elles ont si peu confianceen elles-mêmes?J.G. : Quand on parle des jeunes francophoneshors Québec, un des thèmes les plus importantset qui aurait besoin de plus d'approfondisse-ment est celui de l'affirmation de soi. Chez lesjeunes femmes, c'est encore à développer. Ellesvivent déjà, parfois sans le savoir, la doubleoppression: celle d'être femme et de vivre dansun milieu minoritaire. Les possibilités pour ap-prendre à s'affirmer sont pourtant là, les orga-nismes provinciaux existent pour les jeunes etc'est très valorisant d'y participer. Idéalement,il faudrait que des comités de jeunes femmes seforment dans chaque association, mais ça vavenir éventuellement. En attendant, plus ellesse joindront aux rangs, plus grandes seront noschances d'offrir à la jeunes collectivité franco-phone canadienne une meilleure qualité de vie.

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15-25 ansUne confidence

Mon premier...chagrin d'amour !

par Marie-Claude Rancourt

11 me faisait rêver ! Chaque regard en ma direc-tion, chaque moindre signe me donnait de l'es-poir. C'est bel et bien ainsi que je le rêvais: sesbeaux cheveux blonds, ses yeux d'un bleu ex-quis, sa stature impressionnante, son sourirecharmant, sa personnalité attirante, son carac-tère enthousiaste.

Éric était pour moi le seul «homme» à desmilles à la ronde. Jamais je n'aurais considéré«aimer» quelqu'un d'autre. Personne, à mesyeux, ne lui arrivait à la cheville, même pas aupetit ongle du petit orteil !

J'aurais tout donné pour qu'il porte sonintérêt quelques instants vers moi. Mais com-ment aurait-il pu? Seule ma meilleure amieconnaissait mes sentiments pour lui. Et, com-bien de fois lui ai-je fait promettre de ne pas englisser un mot à personne ? C'était mon secret etje tenais, plus que tout, à ce qu'il en reste ainsi.

Pourtant, je me souviens des instants où jele rencontrais dans les corridors de l'école. Mal-gré le grand nombre d'étudiants qui nous entou-raient, je m'imaginais constamment que nousétions les deux seuls êtres sur cette terre !

J'étais certaine qu'il pouvait entendre, àchaque fois que je l'apercevais, le bruit de fer-raille que laissait échapper mon petit coeursensible.

J'avais appris à connaître sa routine, j'en-registrais TOUS les petits détails de sa vie per-sonnelle, je pouvais nommer tous ses amis, «lagang», comme on l'appelait, et je n'avais aucunproblème à citer tous leurs sobriquets.

C'était si important pour moi! Chaque ma-tin, je me levais pour l'école en me disant quedans quelques heures à peine, je le verrais ànouveau...

Croyez-le ou non, cette fantaisie a duré plusd'un an... jusqu'au jour où il a découvert mon siprécieux secret. Je me demande encore aujour-d'hui comment cela a pu se produire.

Pendant quelques jours, j'ai dû endurer lesfarces plates de ses copains à mon égard et merésigner au fait qu'il savait tout.

Pendant plusieurs semaines, j'ai tenté de

me convaincre que ce n'était pas vrai et que, ceque je ressentais pour lui n'était qu'un simplebéguin d'adolescente. Pendant plusieurs mois,j'ai fait semblant de l'oublier.

Depuis plusieurs années, je me demande ceque je lui avais trouvé!!!

Aujourd'hui, je connais Éric et, jusqu'à uncertain point, nous sommes devenus des amis.Je ne suis pas prête d'oublier ce drame senti-mental, ce chagrin d'amour, cette période bou-leversante.

Il m'est impossible de concevoir pour quel-les raisons ce garçon m'impressionnait tant!Une chose est certaine, cette époque est déj à bienloin.

À présent, j'ai rencontré quelqu'un d'épa-tant avec lequel je peux partager toutes mescraintes, toutes mes peines, toutes mes ambi-tions et mes souvenirs. Je réussis même à luiparler d'Éric et il comprend, même s'il s'agit là...de son meilleur ami ! ANOTE: Nous remercions la personne qui a préférésigner sous un nom de plume, de nous avoir fait par-tager son premier chagrin d'amour.

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Mon école, leur école

La rentrée...enquatre voix

par Michelle Trottier

Oeptembre: la rentrée... le retour à l'école... une nou-velle année! Depuis toujours, le premier lundi de sep-tembre représente, pour moi, le véritable Jour de l'An.C'est l'héritage de mes nombreuses années commeétudiante, enseignante et mère.

C'est en septembre que j'évalue le passé, leschangements, que je mesure le progrès, que je prendsdes résolutions, que j'élabore des projets.

Enfant, je me dirigeais vers une école où chaquejournée commençait avec une dizaine de chapeletsuivi de la période de catéchisme, d'arithmétique et degrammaire et de la récréation de 10h30... Une école oùchaque mois commençait avec le premier vendredi dumois et la remise de la médaille d'honneur.

Michelle Trottier à l'âge de 18 ansalors qu'elle terminait sa 12e année.

Aujourd'hui, mes enfants m'entretiennent de bron-tosaures, construisent des machines simples, visitentQuébec, séjournent au Lac Brown, déchiffrent descartes routières de l'Ontario, participent au clubd'improvisation, rencontrent bûcheron, sénateur etembaumeur, me parlent de récré, d'éduc, de prep, cor-rigent leurs erreurs avec du «liquid» et font leurdevoir avec leur calculatrice.

Amélie: Avant, il y avait des costumes et les gar-çons étaient séparés des filles. Les professeurs « bat-taient» les élèves.

Roxanne: Oui, les professeurs étaient plus sé-

vères. Et si les filles étaient séparées des garçons, il nepouvait pas y avoir de «flirt-»! C'était complètementstupide!

Geneviève: Les classes mixtes permettent plusd'échanges. Nous avons des idées différentes, desopinions. À part ça, les stéréotypes sont plus marquésquand les sexes sont séparés.

Amélie:0ui, dans ce temps-là, les filles ne pou-vaient même pas porter des pantalons !

Il me semble parfois que c'est l'importance accor-dée à la routine et à la répétition qui distingue telle-ment l'école de mon enfance de celles que fréquententmes enfants. Cependant, je suis parfois inquiètedevant les projets, les sorties, les activités que le sys-tème scolaire propose à mes enfants: SAURONT-ELLES LEURS TABLES DE MULTIPLICATION?SAURONT-ELLES ÉCRIRE SANS FAUTE?

Geneviève: On apprend mieux en essayant desexpériences différentes, en découvrant soi-même parnos erreurs, notre vécu.

Amélie: Mais, je ne suis pas certaine que je vaisapprendre à écrire sans faute.

Roxanne: On apprend beaucoup plus de choses.C'est plus intéressant surtout avec des profs commeLise Joncas.

Je suis émerveillée de l'éventail des connais-sances qu'on leur propose. Je crains tout de même quela discipline et la persévérance leur feront défautdans un monde qui exigera beaucoup. N'y avait-il pasde mérite à ces longues heures de travail acharné pourapprendre par coeur les règles, les poèmes?

Geneviève: Mais la persévérance, ça dépend plusde l'individu que de l'école. Certaines personnesseront persévérantes. Pour la discipline, bien... nousavons plus de liberté d'expression ce qui est bien.Nous pouvons nous confier à nos enseignants(es).Parfois, nous disons des niaiseries. Ce serait peut-êtremieux si nous pensions plus et si nous ne disions pastout ce qui nous passe par la tête.

Amélie: Justement ! Il y a beaucoup déjeunes quisacrent.

Roxanne: C'est vrai que souvent on «lâche»parce que c'est pas assez intéressant ou trop difficile.

Septembre, c'est aussi le moment où, en tant quefamille, l'on se négocie la routine domestique. C'est letemps d'assigner les tâches, de réajuster les horaires(télé et salle de bain), de réviser les allocations, dedistribuer les privilèges, d'organiser les activitésparascolaires. Il est évident que mes parents ne nousconsultaient pas de la même façon, que les options,d'ailleurs, étaient limitées. Les cours d'arts martiaux,par exemple, ne s'offraient pas dans le nord de l'On-tario dans les années 50.

Roxanne: As-tu décidé quel montant tu vas medonner cette année ? Est-ce que je dois encore contri-buer une partie des coûts pour mes cours d'é-quitation ?

Geneviève : Si tu reçois ton chèque d'allocation, tudois contribuer 10%pour l'achat des vêtements. C'estcomme ça que ça marchait pour moi à 14 ans.

Amélie: Et moi ? Est-ce que j'aurai une augmen-tation ? Allez-vous m'aider à payer les cadeaux ?Deuxdollars par semaine, ce n'est pas suffisant!

Roxanne: Oui, et cette année, l'école ne paye pas

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15-25 ans

Roxanne, Geneviève, Amélie, ses trois filles.

ma passe d'autobus!Elles seront deux à

l'école secondaire cetteannée : Geneviève qui ter-mine et devrait s'ins-crire à l 'universi té ,Roxanne qui commenceet qui aura à découvrirtout un monde nouveau.Amélie entreprend l'é-cole intermédiaire. Celareprésente des change-ments d'école, de cama-rades, de trajets d'au-tobus.

Roxanne: Cette an-née, il y aura de nou-veaux règlements... beau-coup de nouvelles person-nes à connaître. J'ima-gine que j'aurai plus deresponsabilités mais plusde liberté aussi.

Geneviève: C'est ma dernière année au secon-daire avant le grand saut... En tant que finissantes àl'école, nous aurons des privilèges. Il me faut prendredes décisions pour l'université, considérer les avan-tages et désavantages.

Amélie : Moi, il faut que je m'habitue à la rotation.Je pense que nous aurons plus de travail, que les profsseront plus sévères... Je vais avoir un CASIER avecUN CADENAS!!!

Lors de mon séjour à l'école secondaire, seule-ment trois choix de carrière étaient envisageablespour les filles : secrétaire, infirmière ou enseignante.J'avoue qu'aucune de ces options suscitait mon en-thousiasme. Faute de mieux, j'ai opté pour l'ensei-gnement, carrière que j'ai, par la suite, abandonnée.

À la fin de l'École normale, un emploi m'atten-dait. Je connais, d'ailleurs, des personnes de magénération qui n'ont jamais eu à postuler pour unemploi, qui n'ont jamais rédigé un curriculum vitaeou fait face à un comité de sélection. Un grand nom-bre n'ont jamais connu de période de chômage. Lamajorité ont vécu leur carrière comme une progres-sion ascendante vers des emplois mieux rémunérés.

Amélie: Plus tard, je veux être diplomate. Paulme dit que je serais bonne diplomate parce que je suiscapable d'être sérieuse quand je mens.

Roxanne: Moi, je veux travailler avec les ani-maux. J'aimerais être vétérinaire ou zoologiste...Geneviève: J'ai des intérêts tellement variés. Je veuxêtre chirurgienne en passant par pilote d'avion... Lacarrière qui m'intéresse le plus pour le moment, c'estle droit. Mais, je ne suis pas capable de faire un choixdéfinitif. J'ai peur de choisir trop vite... de commenceret de changer d'idée... d'avoir à recommencer...

Roxanne : Et il y a tellement de compétition sur lemarché du travail. Il y a beaucoup de monde sansemploi. Ça va probablement être pire pour nousautres...

Geneviève: Mais je pense que si tu es déterminée,tu peux réussir à trouver une «job». C'est pas toujoursune bonne «_/o6» mais c'est un commencement. En-

suite, tupeux en avoir une meilleure et un jour, tupeuxfaire ce que tu veux.

Amélie: Oui, mais je ne sais même pas commentdevenir une diplomate! Comment devient-on diplo-mate ? Où prend-on l'argent ? À qui demande-t-on ?

Roxanne: Mais, en tout cas, je sais que je veuxtravailler parce que je ne veux pas me marier.

Amélie: Ben moi, je veux me marier mais je veuxtravailler aussi. Je ne veux pas faire le ménage desautres. Je veux vivre avec un homme quelques annéesavant de le marier... pour le connaître.Geneviève: Je pense que la cohabitation, c'est mieux.C'est plus simple quand on veut se séparer. Mais il nefaut pas oublier que les femmes ont plus de chancesmaintenant. Même si ce n'est pas parfait, il y a déplusenplus d'égalité. Nous avons plus de chances et nousles prenons, nous nous affirmons. D'une manière,c'était plus facile avant parce que les filles savaient cequi allait arriver. Maintenant, il y a tellement dechoix... mais j'aime mieux ça comme ça quand même.

Eh oui! De nos jours, nos filles sont confrontées àune multitude de choix : choix de carrière, choix de vie.Elles sont tenues, dès leur jeunesse, de prendre desdécisions, d'éliminer des options, de choisir sans pourautant connaître les conséquences, sans pour autantêtre assurées du succès, du bonheur.

Cependant, leur réalisme mêlé à leur détermina-tion me nourrit et me rassure. Nous sommes en routevers un monde meilleur. A

Michelle Trottier, agent de développement et an-cienne enseignante; Geneviève, 17 ans, étudianteen 13e année; Roxanne, 14 ans, étudiante en 9e;Amélie, 12 ans, étudiante en 7e partgent leur vieavec René et Erik, 12 ans et demie, étudiant en 7e.Erik, pour sa part, veut devenir joueur de base-bail,de hockey, architecte ou président de compagnie.Depuis trois ans, ils et elles tentent l'expérienced'une famille reconstituée.

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Quelques propos qui portent à réfléchir

La santé des adolescentespar Rosella Melanson

La plus grande menace à la santé des adolescentesvient des pressions sociales qu'elles subissent. Leconseil consultatif sur la condition de la femme duNouveau-Brunswick en est venu à cette conclusionaprès une étude portant sur la santé des adolescentesde cette province1.

L'idéal de beauté féminine ou la «tyrannie dé laminceur»2 ainsi que la socialisation des filles à êtredépendante de l'approbation de l'homme pour se sen-tir belle, ont comme résultat la préoccupation quasi-universelle des adolescentes pour les régimes d'amai-grissement—qu'elles soient obèses ou non — et làféminisation des désordres de F alimentation. L'insuf-fisance nutritionnelle, les désordres tels l'anorexiementale3 et la boulimie" ainsi que le lien probableentre l'usage répandu du tabac et le désir de contrôledu poids chez les adolescentes peuvent avoir desconséquences sérieuses sur la santé physique et émo-tionnelle ainsi que sur le rendement scolaire desadolescentes. . : y ; ;

Selon l'étude, les adolescentes sont plus suscepti-bles de souffrir de sous-alimentation que les adoles-cents. Lorsque les adolescentes, comme il arrive à cetâge, succombent aux aliments sucrés/salés à faibleteneur en éléments nutritifs, les effets peuvent êtreplus nuisibles que chez les adolescents parce qu'ellesont réduit leurs autres rations alimentaires.

L'anorexie mentale et la boulimie sont des désor-dres dits féminins, tellement ils sont rares chez leshommes et garçons. Le peu de cas rapportés par leshôpitaux du Nouveau-Brunswick pousse l'étude duCCCF à supposer qu'il y a « ici comme ailleurs, beau-coup d'erreurs de diagnostic.»

Une étude américaine récente démontre que tan-dis que 12% des répondantes collégiales pesaient trop,40% d'entre elles pensaient être trop grasses. Cettepréoccupation exagérée est répétée par les femmesadultes : une autre étude américaine effectuée en 1983démontrait que tandis que 25% de répondantes adul-tes dépassaient leur poids normal, 75% d'entre ellespensaient être trop grasses.Grossesse à la baisse

L'étude ne révèle pas que des faits négatifs. Labonne nouvelle est que le nombre de grossesses etd'enfants nés d'adolescentes a diminué de 51% auNouveau-Brunswick, une tendance compatible aveccelle à l'échelle nationale et internationale des dixdernières années. En effet, en 1984, le nombre d'ado-lescentes donnant naissance était presque la moitiédu nombre des années 1950.

Évidemment ce qui a aussi beaucoup changé estle nombre d'enfants nés d'adolescentes célibataires etle nombre d'adolescentes célibataires qui gardentleur enfant. Le public croit souvent que le nombre degrossesses adolescentes augmente — les manchettesparlent même d'« épidémie» de grossesses adoles-centes alors que; c'est notre sensibilisation au pro-blème qui augmente depuis que les mères adoles-centes n'acceptent plus de vivre en marge de la

Usage de droguesLes garçons et filles des écoles secondaires ontun

même taux d'usage de drogue (l'alcool, le cannabis etune combinaison de ces deux drogues, en ordre defréquence d'usage). Mais les adolescentes utilisenttrois fois plus de tranquillisants non prescrits que lesgarçons. V' • • : . ; , ; • - ' • ' . . ' . ' ; • ' . : ;V:y

«On croit savoir que bon nombre des troubles•névrotiques dont les femmes adultes sont le plus sou-vent victimes, y compris la dépression^ sont causéespar dés pressions culturelles qui ont pour effet delimiter les choix des femmes. Il faut donc se poser laquestion à savoir si les adolescentes atteintes de dés-ordres semblables sont victimes des mêmes pres-sions,» selon l'étude.

La présidente du Conseil consultatif sur la condi-tion de /.la femme du ;; Noiiyéau-brunswick, MyrnaRichards, a fait appel aux ministères gouvernemen-taux concernés de reconnaître le besoin des adoles-centes pour des images qui valorisent l'individualitéplutôt que la conformité. Elle a aussi dit que les rai-sons pour lesquelles les adolescentes sont plus sou-vent victimes des désordres de l'alimentation que lesgarçons devaient faire l'objet d'une étude exhaustive.Gependantj il est déjà certain que ces problèmes desanté n'auront pas leur solution d'un laboratoire derecherche mais plutôt de changements sociaux et durapport de forces entre les sexes. A

1. La santé des adolescentes, préparé par le Consei I consu Ita-tif sur laconditionde '.(a; femme du N.-B., (95, rue Foundry,suite 207, Moricton (N:.-B.), E1C5H7) par Elspeth Tulloch,recherchiste. ..•',:". . " : . . . • '.

2. Kim Chemin, The Obsession : Reflections on the Tyranny ofS/endemess^New York, Harper and Row, 1981.

3. L'anorexie mentale est un désordre grave caractérisé par uncomportement qui vise •.l'amaigrissement, une crainte pro-fonde de gagner du poids et la perte d'au moins 25% dupoids normal.

4. La'boulimië est caractérisée par la consommation rapide; d'une grande quantité de nourriture, une crainte de ne plus

pouvoir arrêter dé manger, des régimes d'amaigrissementextrêmes tels des vomissements provoqués ou l'usage depurgatifs?" ' " : • • ' ! ;

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• •• •••••B^ KL; * 15-25Les responsabilités et la jeunesse

Prendre savie en mainpar Colette Larson

11 n'y a pas si longtemps, ma vie était complètementdifférente. Quand on a vingt ans ou vingt-deuxcomme moi, qu'on a «l'esprit libre», on aime sortir,aller dans les clubs, les discos pour danser et rencon-trer des ami-e-s, c'est ainsi que se déroulaient souventmes soirées après le travail.

Aujourd'hui, en ce mois de juillet 1986, j'ai tou-jours l'esprit aussi libre sauf que deux événementsimportants se sont produits dans ma vie. Le premieret le plus apparent est que je suis enceinte de 8 mois.Le second est que je suis maintenant propriétaired'une maison. Ces deux décisions, je les ai prises moi-même en sachant que finalement, c'était ma vie et quej'en étais la seule responsable.

Avoir un enfant à vingt-deux ans sans conjointofficiel peut paraître pour plusieurs comme une choseimpensable, d'autant plus que sa venue n'était pasplanifiée. Cependant, une chose s'avérait certaine etce, depuis longtemps: je garderais l'enfant. Il n'étaitpas question de subir un avortement ou encore ledonner en adoption. La décision aurait été plus lourdede conséquences si je m'étais retrouvée enceinte à 16ans car je n'avais pas, à cette époque, les ressources etla maturité que j'ai aujourd'hui. Mon choix n'estcependant pas dicté par la morale ou la religion, il estplutôt le résultat d'un état d'esprit qui a grandi enmoi ; la responsabilité que j'ai de ma vie et de la façondont elle se déroule me revient entièrement. Cetteattitude m'a probablement été léguée par ma grand-mère. C'était une femme très forte, mère de treizeenfants, qui a fait beaucoup pour les siens. Elle a sudévelopper une unité familiale qui se répercute encoreaujourd'hui sur les petits-enfants. Elle m'apportebeaucoup de fierté. L'exemple de ma grand-mère m'aaidé au moment où j'ai eu à prendre des décisionsimportantes.

Pour beaucoup de personnes, jeunes et moinsjeunes, l'idée d'avoir un enfant ou de « commencer unefamille » signifie la fin de la vie ou que celle-ci s'arrête.C'est un peu la réaction de ma mère qui a d'abord étéchoquée. Elle s'est revue au moment où elle s'estretrouvée enceinte sans être mariée (ce qui fut fait,trois mois plus tard) et craignait que j'aie à faire faceaux mêmes problèmes. Elle a cependant compris parla suite que c'était différent pour moi. Je pense quetoutes les mères désirent que l'avenir de leurs enfantssoit meilleur que le leur. Je sais que ma situation ne

sera pas toujours aisée et qu'il y a beaucoup de chosesque je n'ai pas encore accomplies. En ce sens, l'achatde la maison est une démarche de plus vers l'autono-mie. Mon plan d'action est de la rénover pour larevendre avec profit. Déjà, elle a augmenté de valeur.Pour aider à payer l'hypothèque, je loue le rez-de-chaussée. Ainsi, financièrement, avec mon emploique je reprendrai en janvier, il m'est possible desubvenir à mes besoins.

Ce que je découvre aujourd'hui avec la maison etla naissance de mon enfant, c'est l'apprentissage desresponsabilités et de tout un autre côté de la vie. Cesnouvelles responsabilités ne m'enlèvent cependantpas mes ambitions, mes projets et encore moins majeunesse. Je tiens à conserver tout au long de ma viel'esprit qu'on associe à la jeunesse soit le plaisir devivre, d'aimer la vie, de prendre les choses du bon côté

Colette ou la vie devant soi.

et ne pas vivre sous l'insigne de la peur. À mon avis,on peut avoir soixante ans et être jeune ou avoirquinze ans et avoir perdu sa jeunesse. Nous avonsbeaucoup à offrir, à apporter aux autres. C'est afin dene pas perdre contact avec les filles et les garçons dema génération que je participe depuis quatre ans à laFédération des jeunes Canadiens-français. C'est unevoie qui me donne, en plus, une vue globale de ce qui sepasse au pays.

En somme, être responsable de ses actes, avoir-confiance en soi et partager ses sentiments des beauxjours comme des moins beaux avec des êtres qui noussont chers, c'est se donner des moyens pour réussir savie. C'est se prendre en main. A

Colette Larson habite Vancouver (Colombie-Britannique). Elle a complété son secondaire ets'est spécialisée en traitement de textes. Elle estprésentement à l'emploi d'un bureau d'avocats. Encongé de maternité, elle a donné naissance en aoûtdernier à une petite fille. Parmi ses projets: retour-ner aux études pour enseigner les arts aux jeunesenfants. Elle est représentante provinciale de laFJCF.

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Ma vie en résidence d'étudiant-e-s

« Sois belle ettais-toi...»

par Roxanne Hughes-LeBrun

l^a condition féminine: je l'ai étudiée dans mescours; j'ai lu Colette et Simone de Beauvoir. Mais,cette année, je l'ai vécue.

Permettez-moi de me présenter : j'ai 21 ans et je nesuis pas une femme frustrée. Je suis née dans un desrares foyers où la femme est respectée. J'étudie àl'université depuis déjà deux ans. Et cette année, j'aivécu ma première expérience d'une vie en résidence.

Vivre en résidence, c'est vivre en groupe. C'estbien amusant de partager sa vie avec une vingtainede jeunes comme toi! Mais pour une femme, c'estdifférent !

Laissez-moi vous décrire un peu les conditions devie qui existent sur un étage mixte dans une résidenceuniversitaire. Les petites chambres sont intercalées :

garçon, fille, garçon, fille. Les gars partagent unesalle de bain, les filles partagent l'autre. La cuisine, lesalon et la chambre de lavage sont mis à la disposi-tion de tous les résident-e-s. On nous impose donc devivre en harmonie avec les hommes... ce qui n'est pastoujours possible.

Je ne cherche pas à vous choquer ou vous décou-rager, chères collègues, mais plutôt à vous sensi-biliser aux attitudes traditionnelles de mes voisinsvis-à-vis la position de la femme dans la sociétéd'aujourd'hui. Je vivais avec ces garçons; je les con-naissais, je les écoutais, je les observais. J'aimeraispartager avec vous quelques incidents et quelquescommentaires qui m'ont vraiment éveillée à ce quec'était vraiment vivre sa condition féminine dans cetentourage.

C'est la première journée en classe. Tout le mondeà hâte de raconter ses premières impressions de lajournée. Un ingénieur se vante à son copain: «II y aseulement trois filles dans mes cours... puis elles sontlaides ! Je me demande combien de temps elles vontdurer !»

Je les ignore... Un mois se passe. On commence àse connaître puisque nous vivons tous ensemble. Oncommence à porter des jugements sur les actions desautres. Les gars ont déjà catégorisé les filles : « Elle estune guidoune! J'ai vu un gars sortir de sa chambrehier soir ! Puis l'autre est frigide ! Ça fait presqu'un anqu'elle n'a pas eu de chum ! »

Mon voisin est devenu mon ami. Je l'aimais bien,je lui confiais mes secrets. Mais pourquoi devait-ilvérifier sa masculinité avec moi ? Sans doute, il a maljugé mon amitié envers lui. Il s'est ensuite vanté auxautres qu'il s'était «essayé» avec moi.

J'ai honte!Le salon est sale. Le fourneau est taché de nourri-

ture. «Nous sommes un groupe, n'est-ce pas? Et si onprenait chacun son tour afin de garder ces endroitspropres ? », suggère ma voisine. « Mais ça, ce n'est pasmon rôle», répondit le chauviniste de l'étage. «Unefemme, c'est fait pour nettoyer; c'est seulement bondans la cuisine et le lit!»

Et les rires des gars me résonnent encore dans latête.

C'est le carnaval d'hiver. Moi, j'aime bien jouerau football et j'essaye d'organiser une équipe afin departiciper au tournoi. Mais, en approchant les gars,c'est toujours la même réaction que je reçois: «Bah!

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15-25 an*\T'es une fille! Ça ne joue pas au football! T'as paspeur de te briser un ongle?»

Et je me sers les poings.Le printemps est ici. On ouvre les fenêtres pour

aspirer le bon air frais. On voit bien d'en haut. Lesgars deviennent soudainement des « girlwatchers »par excellence. Ils jugent chaque fille qui passedevant, en criant des commentaires du genre : « Regar-de la paire sur celle-là!»

«J'en ai marre, marre, marre...» comme ditSimone de Beauvoir dans La femme rompue.

La fin de l'année approche. Les gars se sententpresque responsables de moi. Ils essayent de jouer unrôle de père : « Ta j upe est trop courte ! On voit à traversta blouse. T'as l'air «guidoune» habillée comme ça!»

«Ah! Les gars, fichez-moi la paix!»Nous avons terminé nos examens finaux. C'est la

fête! Les gars veulent sortir afin de célébrer leurssuccès. J'aimerais bien y aller moi aussi. «Maisvoyons», ai-je comme réponse, «une fille, ça ne saitpas boire!»

Et, je m'enrage!Mon ami l'ingénieur est frustré. Il semble qu'une

fille a mieux réussi son cours que lui. « Bof ! C'est parcequ'elle faisait des beaux yeux aux professeurs!»,juge-t-il.

Alors moi qui croyais qu'elle était laide! Je necomprends pas.

C'est les finales de la saison du hockey. Les gar-çons monopolisent le téléviseur du salon. Aucun motdoit être échappé de la bouche des «femelles». Ilssautent en l'air et parlent aux joueurs à la télévision !Ils ont l'air bête! Mais pourquoi se moquent-ils denous, les filles, quand nous regardons nos émissionsdu genre «Dynasty»? Ils parlent à tue-tête en es-sayant de cacher l'écran de la télévision. C'est pasjuste!

C'est ça ! Il n'y a pas de justice ! Et moi qui pensaitque la femme des années 80 vivait dans un monde ditlibéré. Mais, les garçons en résidence vivent lesmêmes préjugés que leurs pères. Ils doivent anéantirla jupe afin de se valoriser! Ils ne veulent qu'unechose de nous: SOIS BELLE ET TAIS-TOI. «Ainsisoit-elle...» A

Roxane Hughes-LeBrun est originaire de NorthBay et habite Hearst depuis bientôt six ans. Elleest étudiante à l'université d'Ottawa où elle pour-suit ses études en lettres françaises et anglaises.Elle entrera l'an prochain à la Faculté d'Éducationpour devenir professeur d'immersion française.

)

Associations membres de la Fédérationdes jeunes Canadiens français Inc.

Comité JeunesseFranco-colombien853, rue Richards, pièce 104Vancouver (C.-B.)V6B 3B4(604) 669-5264

Francophonie Jeunesse del'Alberta8925-82e Avenue, Suite 200Edmonton (Alberta)T5C OZ2(403) 469-1344

- Association JeunesseFransaskoise440-26 Avenue Nord, Suite203Saskatoon (Saskatchewan)S7K 2C3(306) 244-8422

Conseil Jeunesse Provincial383, boul. ProvencherSt-Boniface (Manitoba)R2H OG9

Direction Jeunesse222 est, rue LaurierOttawa (Ontario)KIN 6P2(613) 232-8620

Jeunesse AcadienneC.P. 8Wellington (I.P.É.)COS 2EO

Activités-Jeunesse700, rue Main, pièce 208Moncton(Nouveau-Brunswick)E1C 1E4

Conseil Jeunesse Provincialde la Nouvelle-Ecosse1106, rue South ParkHalifax (Nouvelle-Ecosse)B3H 2W7

Fédération des Franco-phones de Terre-Neuve et duLabrador272, rue DuckworthSt-Jean (Terre-Neuve)A1C 1H3

Fédération des JeunesCanadiens Français(FJCF)119, rue MurrayOttawa (Ontario)KIN 5M5

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Chuchotements et complicitépar Noreen LeBouthillier

«IVler agitée, volcan prêt à déborder, ruisseau frin-gant, étang marécageux, bourrasques du nord ou dusud! Quelle bouillabaisse! Quel emballement! Quelletorpeur! »

Ces mots de Richard et Suzanne Lauzon décri-vent sans doute bien les impressions que nous lesmères avons de nos grandes filles. Devant toutes cespulsions d'énergie, nous voici perplexes et ahuriescomme si cela était si loin pour nous. Pourtant qui denous ne s'en souvient pas comme si c'était hier ? C'estce qui me fait dire que le fossé des générations n'estjamais aussi profond qu'on ne le suppose et qu'il estplus facile de communiquer avec nos filles que nous

pourrions le croire. Nous avons tellement de choses encommun! Savez-vous que nos filles en 1986 caressentles mêmes rêves que leurs mères avant elles, sontanimées des mêmes désirs d'indépendance, d'amouret de liberté, ont les mêmes idéaux et songent ellesaussi à changer le monde? Invitez votre fille à seblottir contre vous dans le grand lit et elle vous racon-tera un tas de choses ! Il n'y a rien de plus propice à lacommunication que de se pelotonner espièglementl'une contre l'autre et d'écouter...

Nos filles, dans leurs présages d'avenir, entre-voient de faire carrière, de gagner de l'argent, de semarier et d'avoir un ou des enfants. Il ne nous appar-tient pas de changer leurs rêves, mais il serait gran-dement souhaitable que nous les menions à les réali-ser sous le thème de l'autonomie qui invite l'interdé-pendance et fuit le piège de la servitude.

Elles auront à choisir le moment qui convient lemieux, c'est-à-dire «quel rêve réaliser quand?» Jepense que cela représente l'autre problème épineuxauquel elles auront à faire face dans un monde où leshorizons s'élargissent et où il est permis de rêverencore plus qu'autrefois. Pour les y préparer, rendons-les aptes à faire des choix dès maintenant, dans lequotidien de l'adolescence.

Mère, filles... que de secrets nous partageons î Etqui d'entre nous ne s'est pas surprise à recommencer àrêver, une deuxième fois avec elles ? A

La famille Le Bouthillier compte cinq enfants dont troisadolescentes Josée, Annie et Rachel. Chacune possèdeses rêves et ses aspirations.

Infirmière de profession, Noreen est mère dequatre filles et un fils, dont trois adolescentes. Elleoeuvre dans divers organismes de la communautéet travaille actuellement comme coordonnatriceclinique de l'hôpital extra-mural à Caraquet(Nouveau-Brunswick).

SEDUCTIOM, QUAND TU NOUS TIENS ...

CL

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Milena de Margarete Buber-Neumann

Femme de teleet femme de coeur

«Je sais que toi, au moins,tu ne m'oublieras pas. Grâ-ce à toi, je peux continuer àvivre. Tu diras aux hom-mes qui j'étais, et auras pourmoi la clémence du juge... »Ainsi s'achève le très beaurécit de Margarete Buber-Neumann intitulé Milena.1

Margarete Buber-Neumann a ren-contré la journaliste tchèque MilenaJesenska en 1940 au camp de con-centration de Ravensbruck, en Al-lemagne. Pendant quatre ans, lesdeux femmes vont vivre une pro-fonde amitié que seule la mort deMilena viendra rompre. Au coursdes pénibles journées au camp, Mi-lena racontera à Margarete sa jeu-nesse à Prague, sa liaison avec l'é-crivain praguois Franz Kafka, l'au-teur du Procès, ses mariages et sa viecomme journaliste. Plus qu'une sim-ple biographie, l'auteur nous faitpartager la vie d'une femme excep-tionnelle qui a su aller au bout de sesconvictions, avec les souffrancesmais aussi avec la grandeur d'âmequ'un tel choix peut commander.

Milena Jesenska est née à Pragueen 1896 d'un père professeur d'artdentaire à l'Université Charles etd'une mère issue d'une famille aisée.Sa mère étant décédée lorsque Mile-na n'avait que treize ans, le père decelle-ci jouera un rôle prépondérantdans sa vie. Personnage colériques'il en est, il sera l'une des premièressources de révolte chez sa fille. Eneffet, dès son jeune âge, Milena con-testera les règles et les conventionssociales que son père veut lui impo-ser. Ce trait de caractère sera d'ail-leurs renforcé tout au long de sonadolescence.

C'est au célèbre lycée Minerva,lycée qui a formé la fille du fondateur

par Anne BoudreauEt

de la République tchèque, Masaryk,que Milena va faire la découverte desnouveaux auteurs tchèques. Elle ydécouvrira non seulement la littéra-ture mais également le féminisme.En fait, cette école a formé les premières femmes actives dans la vie pu-blique tchèque. Nombre de sociolo-gues, de journalistes, de femmes mé-decins sont issues de cette école. Onles appelait d'ailleurs les miner-vistes. Milena était un leader à safaçon car il n'y avait pas de groupeschez les intellectuelles minervistes ;chacune avait sa personnalité pro-pre et suivait la voie qu'elle s'étaitfixée. Milena avait plus ou moinschoisi la littérature et allait de cer-cles en cercles littéraires avec ai-sance et liberté. Je dis plus ou moinschoisi la littérature car, après sonbaccalauréat, Milena n'avait ter-miné ni ses études en médecine nicelles en musique. Elle vivait au fildes jours, soutenue financièrementpar son père — ce qui, à l'époque,n'était nullement choquant — et al-lait puiser dans chaque livre, expé-rience ou amitié nouvelle, une sourcede vie. Margarete Buber-Neumannécrit que déjà « Milena possédait unesorte de don de double vue concer-nant les sentiments, une capacité depercer la couche de mensonges dontchacun se protège dans ses juge-ments sur les gens, d'aller au coeurd'une personnalité... Elle savait dis-tinguer chez les autres l'authentiquede l'acquis, de ce qui relève du vernis,des normes inertes.»

C'est en 1922 que Milena rencon-tre Ernst Polack, son premier mari.Ce sera le coup de foudre. Traducteurdans une banque et dix ans son aîné,il lui présentera plusieurs écrivainsà la mode dont Franz Kafka. La liai-son de Milena avec Polack, un juif

MargareteBuber-Neumann

Milena

allemand, ne plaisait pas du tout àM. Jesensky, fier nationaliste tchè-que. Il va même jusqu'à faire enfer-mer Milena dans une maison desanté pour l 'empêcher de voirPolack. Peine s'en fut car Milenaréussit quand même à s'échapper età revoir Polack; Jan Jesensky ac-cepte qu'elle sorte de l'établissementet celle-ci épousa Ernst Polack peude temps après. Les relations avecson père sont dès lors rompues.

Le nouveau couple décide d'allervivre à Vienne. La vie à Vienne estdifficile et bien vite le mariage s'ef-frite. Etant sans métier, Milena en-seigne le tchèque et est porteuse debagages à la gare afin de gagnerquelques sous. Usée et humiliée, ellecommence à se droguer. Heureuse-ment, la traduction et l'écriture luidonneront assez de force pour cessercette habitude. À cette époque, unjournal de Prague accepte de publierses articles.Son amour de la vie était sanslimite.Voulant tourner le dos à Vienne et àces pénibles années, Milena, amou-

SEPT.-OCT.-NOV. 86 27 FEMMES D'ACTION

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Golf(ajusté, manches courtes, collet enpointes, blanc, encre bourgogne) 14$"

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"Les prix comprennent les frais de manuten-tion et d'envoi.

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Veuillez adresser votre chèque oumandat poste accompagné de votrebon de commande à la Fédération desfemmes canadiennes-françaises ouFFCF, 525-325, rue Dalhousie, Ottawa(Ontario) K1N7G2.

reuse, se sépare de son mari pouraller vivre à Dresde. Elle écrit tou-jours pour le journal tchèque Tri-buna à titre de correspondante demode mais aussi pour le journal duparti conservateur national Feuillesnationales dont son père est mem-bre. Après quelques mois à Dresde,Milena décide de rentrer à Pragueaprès sept ans d'exil. Elle rencontrealors son deuxième mari, l'architec-te Jaromir Krejcar. C'est le bonheurparfait entre les deux époux et Mile-na est bientôt enceinte. Une petitefille, Honza, naîtra mais des compli-cations à l'accouchement laisserontMilena infirme pour la vie. Depuiscet accident, la vie du couple ne seraplus jamais la même.

Margarete Buber-Neumann nousraconte par la suite l'engagementcommuniste de Milena et son expul-sion du parti. Mais les plus beauxpassages du livre sont ceux consa-crés aux articles politiques qu'a é-crits Milena entre 1937 et 1939. Eneffet, c'est durant cette période queMilena a rédigé ses meilleurs arti-cles, avec le regard tranchant d'unefemme qui sait observer les événe-ments de son époque. Vous vousrappelerez que Margarete disait deMilena qu'elle avait la capacité depercer la couche de mensonges dontchacun se protège. C'est cette mêmeperception de la réalité qui faisaitécrire Milena le 22 mars 1939: «...Sur la place Venceslas, un groupe desoldats allemands arrive à la ren-contre d'une jeune fille tchèque...ellese met à pleurer. Il se produit alorsquelque chose de singulier : un soldatallemand s'approche d'elle, un sim-ple petit soldat, et lui dit: «Mais,mademoiselle, nous n'y pouvonsrien...» Il l'apaisa comme on le faitavec un enfant... Rien ne le distinguede nos bidasses tchèques, c'est unhomme tout simple qui sert sonpays. Il y avait là deux êtres hu-mains qui se faisaient face et «n'ypouvaient rien»... C'est dans cettephrase affreusement banale qu'estla clé de tout...»

Quelques mois après avoir écritces lignes, Milena est arrêtée et dé-portée au camp de concentration carl'envahisseur allemand ne peut sup-porter plus longtemps son insolencemais surtout son courage.

La dernière partie du livre est con-sacrée à la vie au camp et à l'amitiéqui lie Margarete à Milena. Après

avoir terminé le livre, je me suisdemandée si Margarete aurait pusurvivre sans son amie. Cela peutsembler cocasse vu la faible consti-tution de Milena mais le courage etla ténacité de cette dernière ont étédéterminants pour Margarete. Com-me ils étaient beaux ces moments oùelles partagent les souvenirs d'ima-ges qu'elles aimaient. Je parle ducourage de Milena et de sa ténacitémais je devrais plutôt dire son a-mour de la vie. Car, c'est bien de celaqu'il s'agit —son amour de la vieétait sans limite. Aucun père, aucunamant, aucun mari, aucun tortion-naire n'a réussi à la briser. Elle avécu, elle est tombée, elle a appris,mais jamais elle n'a cédé complète-ment.

Margarete Buber-Neumann nouslivre un des chapitres de sa vie avecamour et émotion sans jamais toute-fois tomber dans le mélodrame. Elleeffleure les sentiments de Milenaavec respect et dignité. Ce qui neveut pas dire qu'elle n'a pas cons-cience de ses faiblesses, bien au con-traire. Elle dépeint certaines scènesoù l'égoïsme de Milena est étouffantpour qui la côtoie. Mais même dansces moments, Milena n'exige pourles autres que ce qu'elle exige déjàd'elle-même. Ce qui la rend plus ad-mirable encore.

Ce livre m'a fasciné pour le sujetbien sûr, mais aussi pour les détailsde la vie quotidienne, la façon devivre des Tchèques, les discussionsdans les cafés praguois, les débutsdu féminisme de ce pays, tous cesdétails sont décrits avec une exacti-tude remarquable.

Margarete Buber-Neumann a rem-pli sa promesse avec talent et vérité.Il est des livres que nous n'oublionspas facilement: Milena est un deceux-là. A1. Milena, Margarete Buber-Neumann,

aux Éditions du Seuil, Paris, 1986.

Avocate de formation, AnneBoudreault est à l'emploi du gou-vernement fédéral depuis trois ans.Elle travaille au Ministère de laJustice à Ottawa où elle exerce lesfonctions de Chef de cabinet aubureau du sous-ministre adjointau droit public. Ses passe-tempsfavoris sont la lecture et le ciné-ma.

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ACTUALITYNouvelles ontaroises

par Micheline Piché

Le congrès de l'U.C.F.O.«Plus qu'hier, moins que demain!»tel était le thème du Ile congrès pro-vincial de l'Union culturelle desFranco-ontariennes qui se déroulaitles 19, 20 et 21 août dernier à Ottawasous la présidence de Patricia Thau-vette. Plus de deux cent cinquantereprésentantes venues de divers coinsde l'Ontario ont participé à cettebiennale dans le but d'échanger surles actions accomplies et d'exprimerleurs visions du futur.

Outre le banquet « Hommage auxpionnières» qui soulignait le cin-quantième anniversaire de fondationde l'U.C.F.O., deux activités ont re-tenu plus particulièrement l'atten-tion. Il s'agit, tout d'abord, de laconférence donnée par JacquelinePelletier, secrétaire fédérale adjointedu Nouveau Parti Démocratique. Sonallocution Femme = force politiquenous offrait un témoignage franc etdirect des enjeux et des jeux de lapolitique, de la part d'une femme quicroit cependant, fermement, «qu'iln'y aura pas d'évolution sociale sansla présence de femmes en politique».Son discours souligné de quelquesnotes humoristiques enjoignait lesfemmes de bien s'organiser pour af-fronter les instances politiques : de« s'allier entre groupes pour avoirune force de frappe plus grande»dans la défense de buts communs.Ceci afin de combattre des groupesde pression d'intérêts autres et pouramener à sa cause ceux qui détien-nent le pouvoir décisionnel. La pu-blicité, le marketing, les sondages etle «lobbying» sont autant d'outilsqu'il faut apprendre à connaître et àutiliser avec tact. L'essentiel du pro-pos de Jacqueline Pelletier sera re-pris dans le numéro de février deFEMMES D'ACTION (vol. 16, n° 3)qui portera sur le pouvoir et lesfemmes.

Un recueil et un accueil bienméritéL'histoire des femmes, depuis dessiècles, a surtout été le lot des hom-mes quand elle n'est pas, tout sim-plement disparue avec ses héroïnes.Chaque démarche donc, visant àconserver et surtout à diffuser lesfaits, les actions et les luttes desfemmes par celles-ci est un pas deplus dans l'édification équitable del'Histoire.

UCFÇ1986

Éthei Côté

La sortie de Plus qu'hier, moinsque demain d'Éthel Côté met envaleur cinquante ans de vie de fem-mes francophones de l'Ontario quiont oeuvré à la mise sur pied et àl'évolution de l'Union culturelle desFranco-ontariennes. Selon son au-teure, ce fut une tâche exigeante quede retracer les documents, les dos-siers personnels, les articles de jour-naux, les rapports d'activités: derecueillir ici et là des bribes d'infor-mation, des témoignages, mais cetravail de près de six mois en a valula chandelle. Le défi a été relevé avecbrio et les membres de l'U.C.F.O.comme l'ensemble de la population,auquel il est aussi destiné, a aujour-d'hui à sa disponibilité un documentd'un intérêt certain. Des débuts, en1937. au moment où l'organisme re-groupe des femmes de tout âge desparoisses rurales: «Leur agrémentest de se rencontrer, de mieux seconnaître, de se dévouer» sous l'om-niprésence du clergé; à la fin desannées cinquante où la femme rura-le est perçue comme étant «forte.

dynamique et en plus d'être gardien-ne du foyer, elle est aussi chef d'en-treprise»; jusqu'à ces dernières an-nées, aux prises de positions plusfortes et à la mise en place d'outils decommunication, l'U.C.F.O. a faitbeaucoup de chemin.

Ce livre révèle, comme le dit ÉthelCôté, le sentiment d'appartenancedes femmes à l'organisme et leurengagement profond. Il permet aus-si de connaître, selon la PrésidentePatricia Thauvette, l'ampleur qu'apris l'U.C.F.O. au cours des derniè-res années ainsi que ses viséesd'avenir.

Et àEn octobre

Le Réseau des femmes du sud del'Ontario et l'Union culturelle desFranco-ontariennes, par le program-me Odyssée, offrira du 16 octobre au13 novembre prochain une série decinq ateliers sur le processus de laménopause. Au cours de ces rencon-tres, il sera question de change-ments qui se produisent à cette pé-riode, de la crise d'identité, de lasexualité féminine, de l'alimenta-tion et de l'éducation physique ainsique des traitements médicaux. Despersonnes-ressources vous permet-tront de mieux comprendre ce phé-nomène et vous donneront l'occa-sion de partager votre expérience.

Le Réseau, par son Comité sur laviolence faite aux femmes, organiseégalement le 4 octobre prochain unejournée «Offensive à la Violence» aucours de laquelle les participantespourront assister à divers atelierstels l'image de la femme et les média,la violence conjugale, la pornogra-phie et l'éducation sexuelle, les abussexuels envers les enfants et le rôlede l'art comme thérapie. Cette jour-née se terminera par une Nuit depoésie ayant comme thème «Pourl'Amour de l 'amour». C'est un spec-tacle multi-media organisé en colla-boration avec le Regroupement desécrivains francophones de Torontoet où l'on retrouvera une quinzainede poétesses.

Pour s'inscrire ou obtenir plus d'in-formation: Réseau des femmes dusud de l'Ontario. 6010, BathurstÏ705. Toronto. M2R 1Z7. Tél.: (416)661-7299.

SEPT.-OCT.-NOV. 29 FEMMES D'ACTION

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TOTSLes écrits restent

Pour la prochainegénération de femmes

L'une des publications les plus inté-ressantes parue au cours de l'annéeconcernant les jeunes filles est inti-tulée Le temps d'y voirl. Ce recueiloffre l'ensemble des présentationsfaites lors de la Conférence interna-tionale sur la situation des filles quia eu lieu à Montréal en octobre der-nier. On y retrouve trente-quatre tex-tes publiés intégralement et signéspar des personnalités de réputationnationale et internationale.

par Micheline PichéChacune et chacun des auteur-e-s,

selon sa sphère d'activités et sonexpérience, y est allé-e de ses ré-flexions, ses recherches, ses espoirset ses inquiétudes face à ce que l'a-venir réserve aux femmes de demain.Des textes intitulés: «Choix de car-rière et conception du rôle de lafemme», « Le plaisir, ça s'apprend, lepouvoir aussi», «Les coûts du fémi-nisme», «Les filles et les sciences»,

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ICREF151 Slarer, Suite 40SOttawa, Ontario K1P5H3(613) 563-0681

«Les filles et le phénomène de lagénération», «Avons-nous besoind'héroïnes» ou «En route pour l'an2000», pour n'en nommer que quel-ques-uns, présentent différentes fa-cettes de ce que vivent les adoles-centes d'aujourd'hui, leurs préoccu-pations et celles de leurs aîné-e-s.

Il va sans dire que si cette confé-rence était à propos, « il était grandtemps » comme dira une des invitées,la publication des présentations l'esttout autant, sinon plus. Car l'évé-nement a fait date et les proposqu'on y a tenus ne pouvaient som-brer dans l'oubli. L'intérêt de cettelecture réside dans le fait que chaquetexte nous permet de réfléchir sur unensemble de questions qui touchentde très près le vécu des jeunes fillesd'aujourd'hui comme la difficulté defaire des choix concernant leur ave-nir, comment faire connaître le fémi-nisme par son côté heureux, de l'im-portance d'établir le dialogue entregars et filles, d'être active et intègredans l'organisation de sa vie et beau-coup d'autres. Certains présentent,en plus, une vision particulière etéclaire sur tel ou tel phénomène; parexemple, que «les hommes de pou-voir attirent les femmes et les fem-mes de pouvoir font fuir les hom-mes» comme le dit la journalisteDenise Bombardier ou encore ce com-mentaire de l'auteure Marie Laberge :«Le féminisme, sans être une reli-gion, est une conviction exigeante...c'est une honnêteté, un respect de soiet surtout pas une obligation, unecontrainte, une foi d'emprunt à la-quelle on souscrit pour avoir la paixou pour éviter d'être rejeté par nosmères ou nos pareilles.» Ainsi, lesprésentations se complètent entreelles et concordent à former une vued'ensemble réaliste de ce que la so-ciété offre aux jeunes tout commeelles se montrent soucieuses de ceque vivent les adolescentes.

La lecture de Le temps d'y voirnous permet de nous rapprocher dumonde des jeunes filles, de celles quenous avons ou aurons peut-être, afind'être en mesure de mieux les com-prendre et d'aider à l'amélioration

de leur qualité de vie. Ce volume seveut aussi un guide précieux pour lesprincipales intéressées. En rejoi-gnant un grand nombre de person-nes, il contribuera sûrement à chan-ger des mentalités. On peut se pro-curer Le temps d'y voir au coût de14,95$ en écrivant aux ÉditionsGuérin, 4501, rue Drolet, Montréal(Québec) H2T 2G2.1. Le temps d'y voir. Conférence interna-

tionale sur la situation des filles (1985),sous la direction de Marguerite Séguin-Desnoyers, Guérin, 1986.

Autres lectures suggérées

Quand je pense à demain. Une étudesur les aspirations des adolescentespubliée par le Conseil consultatifcanadien de la situation de la fem-me. Disponible au prix de 4,95$ enécrivant au Conseil canadien de dé-veloppement social, 55, avenue Park-dale, Ottawa (Ontario) K1Y 1E5.

Compte rendu du Colloque sur lasanté des adolescentes, Bureau de laConseillère principale, Situation dela femme, Santé et Bien-être socialCanada, octobre 1984. ÉdificeBrooke Claxton, Parc Tunney,Ottawa (Ontario) K1A OK9.

Sexualité et prévention, d'abord l'af-faire des jeunes, Fondation Jeunesse2000, 420 est, rue St-Paul, Montréal(Québec) H2Y 1H4. Coût: 10,75$ in-cluant les frais de poste.

Adieu diète, bonjour bonheur, Édi-tions Libre Expression, 1983.

Les enfants du verseau, Marilyn Fer-guson, Paris: Calmann-Lévy, 1981.

Du côté des petites filles, ElenaGianni-Belotte, Éditions des Fem-mes, Paris, 1974.

Autres temps, autres moeurs. Guidepédagogique pour une éducationnon sexiste, Ontario, L'Institutd'études pédagogiques de l'Ontario,1981.

«Qui fait tourner la roue?», Lessciences et l'environnement des jeu-nes filles, Linda Fisher, Conseil dessciences du Canada, 1982. A

SEPT.-OCT.-NOV. 32 FEMMES D'ACTION

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D'une lutte à l'antreLia rédaction désire souligner son inquiétude à l'égard des per-sonnes qui souffrent sous le régime de l'apartheid en Afrique duSud. Voilà pourquoi nous encourageons les lectrices et lecteurs deFEMMES D'ACTION d'appuyer celles et ceux qui s'y opposenten refusant d'acheter et de consommer tout produit manufacturé,traité ou encore cultivé dans la République d'Afrique du Sud.Nous incitons également nos lectrices et lecteurs à boycotter lescompagnies qui, par leurs intérêts financiers, sont intimementliées au maintien de ce régime répressif.1

FRUITS FRAISOranges et citrons

OutspanPommes Granny SmithRaisons BarlinkaRaisins Cape

FRUITS ET JUS ENCONSERVEJus de pomme ApplestarJus de pamplemousse

Four StarAshton Golden ReefBenedict HugosDomingo ILXGolden KooSurf MaidWolselsy PrideAbricots et pample-

mousses YorkPêches, poires et cock-

tails de fruits FortuneAbricots D.C.Abricots, poires, pêches,

cocktails de fruitsSans Nom (No Name)de Loblawspoires Palanda

Cocktails de fruits FourStar

Poires, pêches et cock-tails de fruits Fortune

Sections d'oranges et depamplemoussesKontiki

Pêches Libby'sCocktails de fruits,

pêches et poiresPantry Sheff

Abricots RockyMountain

Abricots et pample-mousses York

CONFITURES ETMARMELADESAcadiaBonnyvale TraversFairest CapeGolden Glory et AvelonGold ReefHugo JaxIXI KooMountain ViewSouthern Pride

POISSON ENCONSERVEOcean FreshTartinade Anchovette

de PecksCape PrideGlenryckJolly RogerPilchards et CrayfishPredsHomards entiers et

queues de homardscongelés en prove-nance d'Afrique duSud

TwinfishWin ray

VIANDE EN CONSERVEApex JongebergeGlenryck PrelsHoney Cure PrimaHenny's Winray

LÉGUMES ENCONSERVEAsperges Donald CookAsperges Antel

CRAQUELINS ETBISCUITSBakensOumaUitspanPenny FarthingPyotts

BIÈREBlack HorseBlack LabelBradingBuckeyeCarlsbergCoït 45TobyDow AieHeidelbergMillerO'KeefeOld ViennaRed Cap

VINS ET SPIRITUEUXBrandy, vin et porto

PaarlsBonne EspéranceFleur du Cap-Emerald

SteinLiqueur J.V.R.Wonder ClubLa RésidenceBertramsGolden CreamLiqueur Van der HummLa GratitudeChâteau LibertésCrème KrissenLandfrostBrandy OndemeesterBrandy RembrandtBrandy RichelieuRoodeberg

CIGARETTES ETTABACBlack CatCaméoCraven ADunhillCamelGauloisesGitanesNumber 7Peter StuyvesantPâli MailRothmans

MoreSalemWinstonDrumAmphoraAmstelDunhillVirginia GoldErinmoreFlagshipScotch PlaidPicket Edition

CORPORATIONSCANADIENNES AYANTDES INVESTISSE-MENTS IMPORTANTSEN AFRIQUE DU SUDAluminium Alcan LtéeBarringer Research

LtéeLe groupe BâtaInvestissements étran-gers BayerCorporation de déve-loppement du CanadaCarling O'KeefeC.I.L Inc.Cominco LtéeConvexco LtéeDominion Textile Inc.Falconbridge Nickel

Mines LtéeCompagnie Ford du

Canada LtéeG.T. Fulford Compagnie

LtéeCompagnie Hudson's

BayICS Construction LtéeInco Ltée

International ThomsonOrganisation

Kennecott Canada LtéeLaurasia Ressources

LtéeMassey-Fergusson LtéeMoore Corporation LtéeNoranda Mines LtéePlacer Development

Ltée .Reed Stenhouse Com-

pagnies LtéeScintex LtéeSeagram Co. LtéeG.F. Sterne & Sons LtéeTinto Holfinds Canada

LtéeW. Garfield Weston

Group

BANQUES CANA-DIENNES ENTRETE-NANT DES RELATIONSAVEC L'AFRIQUE DUSUDBanque de MontréalBanque RoyaleCIBCBanque dé

Nouvelle-EcosseBanque Toronto

Dominion

1. Selon les renseigne-ments fournis par laCoalition d'actionsud-africaine de Van-couver, Oxfam et leSyndiat des travail-leurs et travailleusesde bureau et de venteau détail du Canada.

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J9oi so que...

À Welland (Ontario) Info: Fran-co-Presse publie un répertoiresur les communications. Ce réper-toire des communications françai-ses hors Québec comprendra uneliste de tous les moyens de communi-cation avec des renseignements surchacun d'entre eux. Il devrait paraî-tre incessamment. S'adresser à:Info: Franco-Presse, 455 rue EastMain, 2e étage, Welland (Ontario)K3B 3X7.

À Saskatoon, FrancoTel trans-met des messages d'intérêt pu-blic en français. La nouvelle com-pagnie FrancoTel offre aux asso-ciations, groupes et organismes lapossibilité d'enregistrer des mes-sages téléphoniques à l'intentiondes résidents francophones de Sas-katoon. Les messages sont accessi-bles 24 heures par jour, sept jours parsemaine; il suffit de composer lenuméro de FrancoTel, 653-5356. Cet-te initiative vise à renseigner lespersonnes intéressées sur les acti-vités en français qui ont lieu dans la

région. L'enregistrement d'un mes-sage coûte 5$ pour les organismes àbut non lucratif et 10$ pour les au-tres.

En Saskatchewan, un projet deradio étudiante est intégré aucours de français. Il s'agit d'unprojet lancé par des étudiants duCollège Mathieu avec l'aide du Se-crétariat d'État, de la Fondation dela radio française en Saskatchewan,du Collège Mathieu lui-même et dedons privés. À la suite de la pro-duction de cinq émissions cet été, leprojet sera véritablement lancé du-rant l'année scolaire 1986-87 alorsqu'il sera intégré au cours de fran-çais.

Le concours «La Gerbe d'or 1986»aura lieu du 29 octobre au 2 novem-bre prochain. Il s'agit de la 22e édi-tion de la fondation de ce festival ducourt métrage et de la vidéo, dont lebut est de faire connaître les réali-sateurs de toutes les régions du Ca-nada. Comme dans le passé, la manifes-tation se déroulera à Yorkton (Sas-katchewan). Elle comportera un Ciné-marché, qui sera ouvert 24 heuressur 24. S'adresser à: Golden SheafAwards, 49 est, rue Smith, Yorkton(Saskatchewan) S3N OH4. Tél. : (306)782-7077.Source (OCS-N). A

POUR CONNAITRE L'AVENIRHBHBHBHOnBBBBHHBB^ l B^B^B^^^^^^^^^BH^^^^^^^^^^BHI^BBM^H

clé votre magazine préféré(en réalité, il s'agit des trois prochains dossiers), voici un testsimple comme tout. Il s'agit de trouver le mot correspondantà chacun de ces axiomes:

1. Y TOUCHER, CE N'EST PAS NÉCESSAIREMENT S'Y BRÛLER.2. C'EST PAS LES POSTES QUI MANQUENT, C'EST LES

CANDIDATES.3. ON COURT APRÈS QUAND ON EST DÉJÀ ESSOUFLÉE.

Celles qui auront obtenu, au moins une bonne réponse (hum!) sontinvitées à collaborer à FEMMES D'ACTION. Nous aimerions

connaître vos réflexions, opinions, témoignages, etc. à propos deces sujets ou d'autres.

Vous avez une idée, une suggestion, écrivez à:

FEMMES D'ACTION, 325, rue Dalhousie, pièce 525,Ottawa (Ontario) K1N 7G2

(613) 232-5291.

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La Passerelle pour faire le pontsuite de la page 11

poser des affiches pour annoncer lesactivités.»

Judith Hamel a donc entrepris desnégociations avec l'Université deMoncton afin que La Passerelle re-lève des Services aux étudiants del'Université. Le comité bénéficieraitd'un budget de fonctionnement an-nuel pouvant s'élever jusqu'à 8000$.Cette somme, comprenant le salairede trois étudiant-e-s employé-e-s àtemps partiel durant l'année, assu-rerait à La Passerelle une stabilitéqu'elle n'a pas actuellement.

Selon Judith Hamel, le directeurdes Services aux étudiants s'étaitofficieusement engagé à donner dessuites favorables à la demande de LaPasserelle pour l'année 1986-1987.Pourtant, la coordonnatrice actuelledu comité, Elda Savoie, a expliquéque rien n'est encore confirmé pourl'instant.

Cet été. La Passerelle poursuit sesactivités régulières. Comme l'été der-nier, le comité bénéficie d'une sub-vention gouvernementale ayant per-mis l'embauche d'un étudiant et d'u-ne étudiante. Bruno Doiron prépareun dossier qui porte sur une métho-dologie d'enseignement non sexiste.Elda Savoie, employée comme coor-donnatrice du projet travaille prin-cipalement à la préparation d'unkiosque pour la promotion du comitéau Festival d'entrée qu'organisé l'Uni-versité chaque automne.

«Cette année, ce qu'il faut, c'estfaire connaître La Passerelle», af-firme Elda Savoie. «Il faut se faireconnaître, mais aussi se faire accep-ter. On va tenter de prendre un pen-chant moins intellectuel. Pour fairepasser des messages, on voudrait seservir maintenant de l'humour sur-tout. C'est la seule façon d'être pro-che de la population étudiante etd'assurer sa participation.» A

Louise Bourque est originaire, d'Ed-munston, au Nouveau-Brunswick.Elle vient d'obtenir un baccalau-réat es arts avec majeur en infor-mation-communication de l'Uni-versité de Moncton. Elle entre-prend cet automne, des études demaîtrise en sciences de la com-munication à Montréal.

SEPT,-OCT.-NOV. 34 FEMMES D'ACTION

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E PK BWConfessions cf une

adolescente de 30 ans...JLJ adolescence. ..Temps de grandsbouleversements et de remisesen questions... sans réponses...cent réponses... Vous souvenez-vous des vôtres??? «Que vais-jedevenir?», «Qui sera l'heureuxhomme qui recevra les bénéficesde mon Amour Éternel ? », « Pour-quoi ne comprennent-ils pas?»,«Pourquoi ne m'écoutent-ilspas?»... Etc.

J'ai, de cette période ingrate,des images très claires... DesClaire qui se bousculaient pourdevenir la Claire sur laquelle jefonde aujourd'hui tous mes «es-pouères»...

J'ai passé une. adolescencecomme tout le monde, c'est-à-dire«pognée» entre l'image de la-petite-fille-sage-et-bonne-à-1'écoleet cette rebelle qui naissait dansun corps que je ne reconnaissaisplus... Toute en bras et en jam-bes...Une«Bambie» de 15 ans!...Pognée entre la filîe-qui-battait-les gars-trop-baveux et celle quitentait, à mon grand désarroi, deleur plaire...

La famille prenait des alluresde champs de bataille... où jemenais, cavalière seule, une lutteà finir entre les principes incul-qués et mes opinions à moi...J'établissais ma différence, monunicité, à grands coups de portesclaquées et de déclarations dra-matiques...

Ma gang de «chûmes» — lehavre — oùjepouvaisêtre«moi»sans savoir qui j'étais... où j'exer-çais un certain pouvoir, à petitspas maladroits, les pieds dansles plats . . . Tour à tou r ,«leadeuse» et «leadée»... Il me

par Claire Mazuheiii

semblait qu'elles m'offraient unappui inconditionnel... (Dans lamesure où nous étions toutes d'ac-cord et où nous portions des jeans,il n'y avait aucun problème...)C'était l'âge où je prenais tout (ycompris moi) très au sérieux...

Aux confins de ma chambre, jeréfléchissais et portais des ju-gements fort sévères sur le mon-de, «la société» et l'incompré-hension évidente que manifes-taient les adultes... Une enfantprise dans un corps de femme quivivait des angoisses sans fins(existentielles, appris-je plustard en Philo I)... Je voguaisallègrement de drames en tragé-dies, à la fois incertaine et insou-ciante de ma destinée...

J'avais la larme et le rêve fa-ciles... Des idées de grandeur etde grandes désillusions... maistoujours au fond, la certitude depouvoir changer le monde... Il

me semble que c'est là une diffé-rence entre les «ados» 86 et les«ados», version 71... On parle detaux de suicides à la hausse, d'unsentiment d'impuissance géné-ralisé... d'une amertume certainedevant les dégâts laissés par lesgénérations antécédentes...

J'avais le goût d'indépendan-ce — d'autonomie... (et une peurbleue de la vivre)... Autonomieémotive, l'air de n'avoir besoinde personne... Autonomie finan-cière, loin du rouge dans lequel jeflotte encore... Tout le mondejoue à loto-nomie»... Mais quandon a moins de 20 ans, c'est un jeuauquel il faut gagner... Imageoblige!!

De toute façon, l'autonomiebien vécue, équilibrée, demeureencore pour moi, un but à attein-dre... Je vois cette espèce de pho-bie de la dépendance qui fait queles gens, par principe, et pouravoir l'air autonome, créent ladistance... plutôt que de recon-naître le besoin, y faire face,l'exprimer et le vivre dans toutesles contradictions qui surgis-sent.

Bref, et pour revenir à l'ado-lescence, je me demande com-ment elles sont les jeunes fem-mes d'aujourd'hui... Je les con-nais mal ou pas... Et je me de-mande comment les féministesde 15 ans arrivent à vivre leursconvictions dans ce retour auxvaleurs de droite... Leurs mèressont féministes et elles contes-tent comme j'ai contesté lamienne... Je me demande où ellesm è n e r o n t l a g é n é r a t i o nd'après... A

SEPT.-OCT.-NOV. 86 35 FEMMES D'ACTION

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