9e séminaire – 26 & 27 mai 2011 - Bénodet

Pratiques culturelles et numérique

Godefroy Dang Nguyen et Sylvain DejeanM@rsouin, Telecom Bretagne

Sociologie des pratiques culturelles• Dans les années 60 Bourdieu a passé au crible

les pratiques culturelles. Il a montré qu’elles étaient le reflet de la position sociale, opposant cultures dominante et dominée.

• «L’écrit, la musique classique, les musées, l’art et essai.• « La musique populaire, la télévision voire la photo (« un art

moyen »).– La consommation est ostentatoire (Veblen)

• On s’identifie à la classe supérieur en adoptant son système de valeur.

– La qualité d’une œuvre n’est pas liée à une valeur « intrinsèque » (comme le proclamait Adorno dans les années 30).

• Mais à la capacité des classes « dominantes » à imposer leur préférences.

Une vision modernisée

• loin de la société Bourdieusienne des 60’…, émergence des classes moyennes, dans les 70’s – d’une société du loisir, de la massification scolaire, des

media de masse, du développement des TIC.– Transmission horizontale des pratiques culturelles

• Entre pairs au sein des mêmes classes d’âge

– La culture « populaire » devient alors la culture dominante.

• Pilotée par des groupes multimedia qui « imposent » leur vedettes « préfabriquées »

• Les élites elles même succombent (en partie) à cette évolution

L’avènement de l’éclectisme culturel

• Pour autant les distinctions sociales ne disparaissent pas.– Nouvelles formes, plus ostentatoires, plus

diversifiés.

• On oppose désormais:– Les omnivores

• Pratiques variée, CSP+

– Les univores• Mono pratique, réseau social peu diversifié

Pratiques modifiées par les TIC?

• Etude de O.Donnat pour la DEPS (2009)– Première étude qui tente de faire le lien entre pratique

culturelle et révolution numérique.• Bilan des pratiques culturelles 1997-2008.• N’interroge pas réellement les pratiques TIC

– Principaux enseignements• Généralisation des nouveaux « écrans »

– Au détriment de la radio, de la presse, de la télévision…jeune génération.

• Renouveaux des pratiques expressives– « culte de l’amateur » (Flichy).– Renouveau de l’écriture (blogs…).

TIC et diversité culturelle

• En théorie, Internet soustrait l’offre de contenu à toute contrainte de capacité.– Marché numérique de la longue traine, 80% de l’offre

représente désormais 80% de ce qui est consommé.– Le goût est beaucoup moins manipulé par les

industries

• En théorie, l’espace des goûts s’élargit– Affaiblissement du « star system »– Indifférenciation « proam » – Possibilité pour chaque individu de trouver ce qui

correspond le mieux à ses attentes.

TIC et diversité culturelle

• Mais l’abondance nécessite de pouvoir s’orienter– Rôle des agrégateurs (Google, yahoo)– La prescription des goûts se fait au sein des plateformes de

réseaux (communautés en ligne , Amazon)

• La réalité d’Internet est parfois tout autre.– Sur les réseaux P2P les internautes téléchargent principalement

les blockbusters et les têtes d’affiche des hits parade.– En personnalisant les réponses aux requêtes, google renforce

les internautes dans leurs croyances et leurs préférences : les premiers liens sont toujours les mêmes! Cela ne favorise pas l’exploration, la découverte

Le renouveau des spectacles vivants

• L’industrie culturelle a perdu la possibilité de reproduction des œuvres.– Le contenu n’est plus attaché à un support.– Echange, mixage, recomposition bouleversent les

contours de la PI.

• Ce qui re-devient unique, non reproductible, authentique…– Le spectacle vivant (cinéma, concert, visite)– La fréquentation des salles de cinéma et de spectacle

est en augmentation.

Face à ces évolutions, public?

• Focalisation sur la musique

• Volonté de mettre en évidence une composante « locale » des pratiques culturelles : Quel meilleur exemple que la Bretagne?

• Mesurer l’impact des TIC sur les pratiques culturelles– Pas seulement des substitutions d’écran

L’enquête M@rsouin

• 2000 internautes interrogés sur leurs pratiques culturelles.– 1000 représentatifs de la région Bretagne.– 1000 représentatifs du reste de la France.

• Distinction de 3 niveaux d’engagement dans la pratique culturelle musicale:– Pratique d’appartement : peu engageant– Pratique de sortie: moyennement– Pratique d’amateur: fortement

TIC et pratique musicale en ligne

2%

5%

10%

14%

19%

20%

23%

24%

30%

64%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%

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Ecouter sur des sites (youtube, spotify etc..)

A part l’accès aux sites spécialisés,une pratique en ligne encore minoritaire

Type de pratiques et score d’usages en ligne

010

2030

Per

cent

0 2 4 6 8 10count_web 0

510

1520

25P

erce

nt

0 2 4 6 8 10count_web

05

1015

20P

erce

nt

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1015

20P

erce

nt

0 2 4 6 8 10count_web

Echantillon total

Moyenne=2,06

Pratique de sortie

Moyenne=2,68

Pratique d’appartement

Moyenne=2,32

Pratique amateur

Moyenne=3,23

L’engagement est porté par les usagesen ligne

Typologie des pratiques musicales et des usages en ligne

Les non r-accordés

Les musiciens convertis

Les amateurs avertis

Les nomades connectés

Web2.0

Les musiciens amateurs

4%

48%

30%

18%

Les pratiques d’appartement

Internautes occasionnels

Les extrêmes• Les non r-accordés (48%)

– Peu amateurs de musique, pas de concert– Internet hebdo, femme, 40 ans et +, beaucoup de

temps libre, écoutent ponctuellement des CD à domicile, habitent où ils sont nées.

• Les musiciens convertis (4%)– Ecoutent, sortent et pratiquent la musique.– Utilisent les outils numériques pour leurs pratiques

amateurs (mixe, sample, compose)– Convertis aux outils du web participatif

(commentaires, recommandations, échanges).– Hommes, 25-40 ans, bac+3/+4

Les entre-deux

• Les amateurs avertis– De nombreuses sorties concert, se déclarent

très amateur de musique.– Utilise peu les outils numériques pour l’écoute

de musique…privilégie les CDs, les radios nationales.

– Utilise Internet tous les jours, mais lorsqu’ils le font pour la musique c’est uniquement pour appuyer leurs pratiques hors ligne (achat CD, place de concert).

Les entre-deux

• Les nomades connectés– Ils ont jeté les CD…l’écoute est numérique (youtube,

disque dur)… sur baladeur et téléphone quotidiennement.

– Quelques concerts annuels et pas de pratique amateur.

– 18-30 ans, fréquentation intensive des réseaux sociaux.

– Utilisent l’ensemble des usages musicaux en ligne.– Sont depuis moins de 3 ans à l’endroit où ils vivent.– Une pratique culturelle nouvelle!

TIC et culture: entre information et apprentissage

• La pratique culturelle nécessite un apprentissage – C’est un bien d’expérience.– Son utilité marginale est croissante.– Sa nature est ses caractéristiques sont complexes.

• Avec l’émergence du web participatif, Internet doit permettre un renforcement des pratiques culturelles…– Accélération des effets d’apprentissage– Facilitation des pratiques (mixage, sampling, tablature).

Mais concerne seulement 12% de ceux qui se déclarent très amateur de musique.

TIC et culture: entre information et apprentissage

• Les pratiques en ligne renouvellent et impactent les pratiques « d’écoute » individuelles.– La chaine Hi-Fi et le CD sont remplacés par le disque

et dur et le balladeur MP3.– L’écoute devient mobile.– Recommandations, playlist, partage de musique

créent de nouvelles interactions (moins individuelles).– Rien n’indique pour autant que ces mutations

accélèrent l’acquisition d’un « capital culturel ».• Pas de corrélation avec un accroissement des pratiques de

sorties et d’amateurs.

Bonus track: Visite virtuelle

• 12% des internautes ont déjà visité des musées en ligne ou des expositions virtuelles.

• Un usage fortement déterminé socialement

• En continuité de la pratique offline

Données M@rsouin enquête « individus » 12/2009

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

moins de20 ans

20-29 30-39 40-49 50 et plus

Visite virtuelle

Ecoute musique

Visionne vidéo

00,05

0,10,15

0,20,25

0,3

Fréquence d'activité culturelle offline et visite de musée virtuel online

Visite virtuelle