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SOMMAIRE Santé-Mag / Magazine mensuel de la santé / Mars 2012 / N° 04 Edité par Média Pub Santé •Adresse : Cité des Annassers 1 Bat. 1000 Kouba 16050 Alger-Algérie • Tél./fax : +213 (0) 21 29 39 32 • Site web : santemag-dz.com Directeur de la publication : • ACHOURI Mohamed Directeur de la rédaction : • NASRI Youcef Coordinatrice : • ALAHOUM Amina Directeur technique : • HAMMOUDA Hocine Comité de rédaction : • HAMDI Rania • KHALEF Lilia • RIF Nahla • BELMAHI Douaa • ZAHAF Loubna • NAHLIL Djaouida • SOLTANE Hania • BADREDINE Sawsen • FORTAS Nadjia Conception : TRI-EVENT Correction : GHARNAOUT Amar ISSN : 2253-0061 Dépôt légal : 188-2012 Entretien avec le Dr MAMERI Riad, Spécialiste en orthopédie. «comprendre un mal de dos ». > P. 07 Place de la neuro oncologie pédiatrique, dans le contexte algérien actuel, Par : Ahmed BASTANDJI. > P. 09 Les prothèses mammaires, en gel de silicone cohésif : état des lieux à Oran, Par : L. ZINAI-DJEBBAR. > P. 13 Tuberculose : un combat de tous les jours. Entretien avec le Pr Nour-Eddine ZIDOUNI > P. 15 Accord de libre Echange, Inde UE. > P. 17 Pr Tahar RAYANE, « Il faut réfléchir à un registre national de la maladie rénale chronique ». > P. 20 le Pr Farid HADDOUM : « Il faut passer du tout hémodialyse à toute la néphrologie ». > P. 22 Traitement de l’anémie, au cours de l’insuffisance rénale chronique de l’adulte, Par le Dr M.BOUKHELOUA. > P. 23 La transplantation rénale pédiatrique : expérience mono centrique du service de néphrologie de l’hôpital de Béni Messous, Par : A. BENZIANE. > P. 24 Le diabète pèse lourd dans les budgets de santé. Peut-on le prévenir ? Pr Slimane KHALFA. > P. 26 Dr Aziz DAOUD. Standardiser l’hémoglobine glyquée, en Algérie : est-ce une urgence… ? > P. 27 Nouvelle étude sur l’analyseur d’hémoglobine glyquée hors laboratoire de Bayer : A1CNow+ de Bayer. > P. 29 Le Dr Aziz DAOUD. Le pied diabétique n’est pas une fatalité. Il n’y a pas, non plus, de traitement miracle. > P. 31 Diabète en Algérie : «10% de la population est atteinte». Entretien avec Le président de l'Association des diabétiques de la wilaya d'Alger, M. Fayçal OUHADA. > P. 32 Pr Farida LACETE : « Près d’un million de diabétiques, du type 1, en Algérie ». > P.33 Etude de perturbations immuno-endocriniennes, suite à un état de stress post traumatique, chez les accidentés de la route, Amina DJOUINI. > P. 34 Pr Leila HARIDI : « Il est important de dépister, précocement, les troubles du nouveau-né ». > P. 40 Mohamed BOUKHORS. porte-parole de la Fédération nationale des insuffisants rénaux. > P. 42 LA QUÊTE DU BONHEUR : comment vivre heureux ? > P. 44 AGENDA. > P. 50

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S O M M A I R E

Santé-Mag / Magazine mensuelde la santé / Mars 2012 / N° 04

Edité par Média Pub Santé•Adresse : Cité des Annassers 1

Bat. 1000 Kouba 16050Alger-Algérie

• Tél./fax : +213 (0) 21 29 39 32• Site web : santemag-dz.com

Directeur de la publication :

• ACHOURI MohamedDirecteur de la rédaction :

• NASRI YoucefCoordinatrice :

• ALAHOUM AminaDirecteur technique :

• HAMMOUDA HocineComité de rédaction :

• HAMDI Rania• KHALEF Lilia

• RIF Nahla• BELMAHI Douaa

• ZAHAF Loubna • NAHLIL Djaouida• SOLTANE Hania

• BADREDINE Sawsen• FORTAS Nadjia

Conception : TRI-EVENTCorrection :

GHARNAOUT Amar

ISSN : 2253-0061 Dépôt légal : 188-2012

• Entretien avec le Dr MAMERI Riad, Spécialiste en orthopédie. «comprendre un mal de dos ». > P. 07

• Place de la neuro oncologie pédiatrique, dans le contexte algérien actuel, Par : Ahmed BASTANDJI. > P. 09

• Les prothèses mammaires, en gel de silicone cohésif : état des lieux à Oran, Par : L. ZINAI-DJEBBAR. > P. 13

• Tuberculose : un combat de tous les jours. Entretien avec le Pr Nour-Eddine ZIDOUNI > P. 15• Accord de libre Echange, Inde UE. > P. 17• Pr Tahar RAYANE, « Il faut réfléchir à un registre national

de la maladie rénale chronique ». > P. 20• le Pr Farid HADDOUM : « Il faut passer du tout hémodialyse à toute la néphrologie ». > P. 22•Traitement de l’anémie, au cours de l’insuffisance rénale chronique

de l’adulte, Par le Dr M.BOUKHELOUA. > P. 23• La transplantation rénale pédiatrique : expérience mono centrique du service

de néphrologie de l’hôpital de Béni Messous, Par : A. BENZIANE. > P. 24• Le diabète pèse lourd dans les budgets de santé. Peut-on le prévenir ?

Pr Slimane KHALFA. > P. 26• Dr Aziz DAOUD. Standardiser l’hémoglobine glyquée,

en Algérie : est-ce une urgence… ? > P. 27• Nouvelle étude sur l’analyseur d’hémoglobine glyquée hors laboratoire de Bayer :

A1CNow+ de Bayer. > P. 29• Le Dr Aziz DAOUD. Le pied diabétique n’est pas une fatalité.

Il n’y a pas, non plus, de traitement miracle. > P. 31• Diabète en Algérie : «10% de la population est atteinte».

Entretien avec Le président de l'Association des diabétiques de la wilaya d'Alger, M. Fayçal OUHADA. > P. 32

• Pr Farida LACETE : « Près d’un million de diabétiques, du type 1, en Algérie ». > P.33• Etude de perturbations immuno-endocriniennes, suite à un état

de stress post traumatique, chez les accidentés de la route, Amina DJOUINI. > P. 34• Pr Leila HARIDI : « Il est important de dépister, précocement,

les troubles du nouveau-né ». > P. 40• Mohamed BOUKHORS. porte-parole de la Fédération nationale

des insuffisants rénaux. > P. 42• LA QUÊTE DU BONHEUR : comment vivre heureux ? > P. 44• AGENDA. > P. 50

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Un protocole d’accord, algéro-fran-çais, dans le domaine de la lutte contrele cancer, verra "bientôt" le jour, à la fa-veur de rencontres entre experts desdeux pays, dont la prochaine est prévueen mars, à Oran, a indiqué, jeudi à Paris,le ministre de la Santé, de la populationet de la réforme hospitalière, DjamelOuld Abbès.

"Une rencontre, entre des représen-tants de l’Institut français du cancer, duministère de la Santé et des profession-nels du cancer, en Algérie, est prévue àOran, pour aboutir à un protocole, glo-bal, d’échange d’expériences, notam-

ment dans le cadre de la formation", aannoncé le ministre, à l’APS, en marged’une visite de travail, de trois jours,dans la capitale française.

M. Ould Abbès venait d’exposer, de-vant des professionnels français de lasanté, le plan national de lutte contre lecancer, lancé il y a presque deux ans etde suivre une présentation du plan fran-çais, en la matière, faite par la présidentede l’Institut national du cancer (INCa),le Pr. Agnès Buzyn. Le ministre a rap-pelé que, dans le cadre de ce plan, l’Al-gérie s’est fixée, entre autres objectifs,de réaliser quinze centres anti-cancer(CAC), dont la moitié est, déjà, opéra-tionnelle et d’un Institut national ducancer, de dimension africaine, en coursde réalisation, à Oran. "Pour matérialiserde tels objectifs, le besoin, en encadre-ment spécialisé, est fortement ressenti,toutes spécialités confondues (radiothé-rapeutes, oncologues, médecins physi-ciens, dosimétristes)", a-t-il indiqué,

relevant qu’à travers les discussions qu’ila eues, dans la matinée, avec, notam-ment, le directeur adjoint de l’Institut decancérologie Gustave Roussy (IGR), àVillejuif (Val de Marne), Charles Gué-pratte, il a noté une "volonté et une dis-ponibilité des partenaires français, decontribuer à la formation, ici en Franceet clés en main, en Algérie".

Pour le ministre de la Santé, tout celaconcourt à une convergence de vuespour, d’abord, tenir une première ren-contre, en mars prochain en Algérie, desexperts des deux pays, dans la luttecontre le cancer et finaliser un protocoled’accord, dans ce domaine.

"L’entendement est très envisageable,d’autant plus que l’INCa fonctionne,selon une feuille de route tracée par laprésidence de la République et qu’en Al-gérie le président Bouteflika a donné desinstructions et tracé une feuille de route,pour la lutte contre le cancer", a-t-il ex-pliqué.•

Algérie-France : prochain protocole d’accord,dans le domaine de la lutte anti-cancer

Santé-Mag - N° 04 Mars 20124

Une Académie nationale de médecinesera créée" d’ici trois mois ", en Algé-rie, avec l’objectif de fédérer toutes lescompétences nationales en la matière etpréparer les élites de demain, a an-noncé, vendredi à Paris, le ministre de laSanté, de la population et de la réformehospitalière, Djamel Ould Abbès.

Le ministre s’exprimait, à l’APS, ausortir d’une entrevue avec le présidentde l’Académie française de Médecine,André-Laurent Parodi et son secrétaireperpétuel, Jacques-Louis Binet, person-nalités qu’il a sollicitées, pour " accom-pagner" le projet algérien.

" Nous venons de jeter un nouveaujalon dans les relations algéro-fran-çaises, en lançant la création d’une Aca-démie de médecine, en Algérie, avec descompétences nationales, ayant pourprincipale mission de préparer l’avenirdes élites, dans ce domaine", a-t-il indi-qué.

Pour ce faire, le ministre a chargé le

professeur algérien, Mostefa Keddari -membre élu depuis 2007 - en qualité decorrespondant étranger, à l’Académienationale française de médecine, d’en-gager, au nom du ministère de la Santé,une " cellule de réflexion "au sein del’Académie, pour " préparer les textes,qui seront présentés au gouvernementet créer, dans trois mois, une Académiealgérienne de médecine".

Lors de cette entrevue, qui s’inscritdans la cadre de la visite de travail queM.Ould Abbès effectue, depuis jeudi enFrance, M. Parodi a déploré qu’il n’y aitqu’un seul membre correspondant al-gérien, au sein de l’Académie, dont il as-sure la présidence.

" Parmi nos partenaires de proximité,l’Algérie est la moins largement repré-sentée, au sein du réseau des corres-pondants et membres associés,étrangers, de l’Académie", a-t-il relevé,souhaitant voir s’exprimer davantage decandidatures (algériennes), pour " com-

bler ce déficit " et " œuvrer au rappro-chement des médecines des deux pays".

Avant ces entretiens, le ministre de laSanté avait visité les différents espacesde l’Académie française de médecine,un temple du savoir, créé en 1820 etconsidérée comme une référence, enmatière de santé. Elle est reconnuecomme le seul réseau intégré de com-pétences, adaptées aux besoins, les plusmodernes, de la médecine et de la santépublique. L’Académie compte, outredes compétences françaises, 40 mem-bres associés, étrangers et 100 membrescorrespondants, étrangers.

M. Ould Abbès est en visite de travailde trois jours, en France, à l’invitationde la secrétaire d’Etat chargée de lasanté, Nora Berra, avec qui il a eu desentretiens, jeudi soir, ainsi qu’avec le mi-nistre du Travail, de l’emploi et de lasanté, Xavier Bertrand. Il doit rencon-trer, samedi, des médecins algériens éta-blis en France.•

ACTUALITÉ

Une Académie nationale de médecine, prochainement créée, en Algérie

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Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 5

Santé-mag >ACTUALITÉ>INFOS

La présidente du conseil d’adminis-tration de l’INCa, le Pr Buzyn, s’est,pour sa part, déclarée "très touchée parla similitude des deux plans nationaux(algérien et français) de lutte contre lecancer". "C’est la même philosophie, lesmêmes questions, ce sont les mêmesobjectifs",

a-t-elle relevé, jugeant "très intéres-sant" d’échanger, avec des représentantsde l’Algérie, sur le suivi d’un plan delutte contre le cancer et sur l’atteinte deses objectifs.

Interrogée sur la mise en pratiqued’un protocole d’accord, commun, delutte contre le cancer, la première res-ponsable de l’INCa a estimé que cet en-tendement comprendrait "deuxversants: un premier concernera lessoins, qui sera mis en place avec l’IGR etun second versant plan de santé pu-blique, avec l’INCa, où nous pourrionséchanger et faire venir, éventuellement,les pilotes du plan au ministère de laSanté, pour aider à construire les bonsindicateurs, pour l’Algérie".

"Il s’agit d’être sûr que les mesures,demandées par le Plan, atteignent leursobjectifs. Donc, c’est un partenariatentre deux administrations, sur un pilo-tage d’un plan de santé publique", a-t-elle soutenu.

Plus de 43 000 nouveaux cas de can-céreux sont recensés, annuellement, enAlgérie, dont plus de 19 000, chez leshommes et plus de 22  000, chez lesfemmes. Pour lutter contre le cancer,une enveloppe de 21 milliards de dinarsa été réservée cette année.

En France, ce sont 365.000 nouveauxcas de cancer recensés en 2011, le can-cer étant la première cause de mortalité,dans l’Hexagone, avec le tabagismecomme première cause de décès. Crééen 2004, l’INCa est doté d’un budget de160 millions d’euros, par an, dont 60millions réservés à la recherche.

M. Ould Abbès est en visite de travailde trois jours en France, à l’invitation dela secrétaire d’Etat chargée de la santé,Nora Berra, avec qui il aura des entre-tiens dans la soirée. Il doit s’entretenir,auparavant, avec le ministre du Travail,de l’emploi et de la santé, Xavier Ber-trand.

Vendredi, il visitera l’Académie natio-nale de Médecine, à Paris, avant de ren-contrer, samedi, des médecins algériensétablis en France.•

Le ministre de la Santé, de la popu-lation et de la réforme hospitalière,Djamel Ould Abbès, a inauguré mardi,au niveau de l’EHU "1er Novembre"d’Oran, l’unité d’allogreffe de lamoelle osseuse, relevant du service hé-matologie. Cette unité permettra laprise en charge et le traitement desmaladies du sang, comme la leucémie,par la greffe de la moelle, au profit dupatient, par le biais d’une transfusionsanguine, à condition de compatibilitégénétique, comme l’a souligné le chefdu service d’hématologie de l’hôpital,le Pr. Amine Bakajda.

Le responsable de l’unité d’allo-greffe, le Pr. Mohamed Brahimi, a ex-pliqué, au ministre, qui étaitaccompagné de la Secrétaire d’étatfrançaise à la Santé, Nora Berra, quecette nouvelle structure pourra assurerprès de 50 interventions, chaqueannée.

D’autre part, l’unité d’allogreffe bé-néficiera, à l’horizon 2013, de l’exper-

tise d’une équipe médicale slovaque,spécialisée dans la greffe des cellulesosseuses. Ce projet permettra la maî-trise de certaines techniques médicales,"très avancées", pour traiter certainesmaladies ou complications, comme lepied diabétique et la réparation tissu-laire.

M. Ould Abbès a fait remarquer queson département ministériel est déter-miné à développer la pratique de latransplantation d’organes, par la miseen place, notamment, d’une banqued’organes, en Algérie.•

Inauguration de l’unité d’allogreffe à l’EHU d’Oran

Jumelage, prochainement, entre la facultéde médecine d’Alger et l’université Harvard

La Faculté de médecine d’Alger etl’université Harvard, aux Etats-Unisd’Amérique, seront jumelées, prochai-nement, a annoncé, mardi à Alger, leministre de la Santé, de la Population etde la réforme hospitalière, DjamelOuld Abbès.Ce jumelage entre dans le cadre duprotocole d’accord, signé en juin 2011,entre l’Algérie et les Etats-Unis, pourla création, à Alger, d’un pôle interna-tional de biotechnologie et de produc-tion de médicaments. Intervenant, à l’occasion de la réuniondu haut comité algéro-américain de pi-

lotage et de suivi du projet, M. OuldAbbès a indiqué que l’Algérie tireraprofit de ce jumelage, compte tenu del’expérience de l’université américaine,en matière de recherche dans la luttecontre le cancer. A cet effet, de jeunesmédecins effectueront des missionsd’investigation et de formation, enAmérique, dans le domaine de la phar-macie industrielle et de laboratoire.Le ministre s’était rendu dans cetteuniversité, lors de sa récente visite auxEtats-Unis, l’ancien recteur de cetteinstitution ayant obtenu le prix Nobelde médecine.•

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Santé-Mag - N° 04 Mars 20126

Concrétisation, en avril, du projet d’un pôle internationalde biotechnologie, en Algérie

Santé-mag >ACTUALITÉ>INFOS

L’application, sur le terrain, du proto-cole d’accord pour la création, en Al-gérie, d’un pôle international debiotechnologie et de production demédicament, en partenariat avec lesAméricains, sera "effective" à partir du21 avril 2012, a annoncé, mardi à Alger,le ministre de la Santé, de la populationet de la réforme hospitalière, DjamelOuld Abbès."Avec le lancement des travaux des lo-caux, devant abriter un pôle interna-tional de biotechnologie et deproduction de médicaments, à Sidi Ab-dellah (Alger), nous entamerons, du 21avril au mois de juin 2012, la phaseconcrète de l’application, sur le terrain,de ce protocole d’accord", a indiqué M.Ould Abbès.Intervenant, à l’occasion de la réuniondu haut comité algéro-américain de pi-lotage et de suivi du projet, le ministres’est "félicité" des efforts fournis, à ceteffet, de la part des Américains et desAlgériens, relevant le "bon travail" ef-fectué par les différents ministères al-gériens, associés à ce projets."Désormais, l’Algérie joue dans la courdes grands, dans le domaine de la mé-decine et la santé", a fait observer leministre, précisant que ce sera le 4epôle, dans le monde, après ceux deBoston aux Etats-Unis d’Amérique,Singapour pour l’Asie et Dublin pourl’Europe. Ainsi, l’Algérie est appelée à devenir le nou-veau pôle de l’industrie biopharmaceu-tique ; qui couvrira, à l’horizon 2020,

les besoins en médicament, au niveaulocal ainsi qu’au Moyen-Orient et enAfrique, selon le ministre.Lors de la réunion du haut comité al-géro-américain de pilotage et de suividu projet, tenu ce mardi, les deux par-ties (algérienne et américaine) ontconvenu d’une feuille de route, en pré-vision du lancement du projet, en in-sistant sur l’harmonisation despratiques juridiques et techniques. Acet effet, une délégation algérienne serendra, à Dublin puis à Boston, dans lecadre d’une mission d’information etd’investigation et de formation. Par ail-leurs, M. Ould Abbès a rappelé que ceméga projet coïncide avec la célébra-tion du cinquantenaire de l’indépen-dance de l’Algérie, relevant, aussi, quela coopération algéro-américaine, dansle domaine de la santé, arrive audeuxième rang, après les hydrocar-bures.De son côté, le président du Conseildes hommes d’affaires algéro-améri-cains, Smail Chikhoune s’est "félicité"de l’avancement du projet, mettant l’ac-cent sur l’"engagement" du gouverne-ment algérien, qui est "très réceptif"."Nous sommes sur la bonne voie,quant à la concrétisation du pôle del’industrie biopharmaceutique, pouraller vers la technologie et l’innova-tion". A cet effet, il a affirmé que lacommunauté algérienne,  aux Etats-Unis, veut "s’impliquer" dans ce pro-jet, annonçant, dans le même sillage, lavenue en Algérie, le mois prochain, demédecins et experts algériens établis enAmérique.Par ailleurs, M. Chikhoune a fait savoirque le Groupe Saidal a été sollicité,pour faire partie du conseil des labora-toires pharmaceutiques américains, entant que membre.Pour sa part, le président du syndicatdes laboratoires américains PhRMA,pour la région Afrique et Moyen-Orient, M. Achraf Allam, a mis enexergue la "volonté" de l’Algérie deconcrétiser ce projet, se montrant "dis-posé à soutenir et accompagner" l’in-dustrie pharmaceutique algérienne.•

Nécessité de former un plus

grand nombre de spécialistesen radiologie

Le ministre de la Santé, de la popula-tion et de la réforme hospitalière, M.Djamel Ould Abbès a affirmé, samedi,que les hôpitaux nationaux enregis-traient un manque en spécialistes enradiologie, d’où la nécessité d’en for-mer un grand nombre, en vue de pal-lier ce manque.Le ministre, qui intervenait en marged’une journée d’études sur la forma-tion en neuroradiologie, a indiqué queles appareils de radiologie ne faisaientpas défaut, au sein des hôpitaux natio-naux, ajoutant que le problème résidaiten le nombre, insuffisant, de spécia-listes en radiologie.Selon les statistiques avancées par M.Ould Abbès, le nombre de spécialistes,en radiologie, est estimé à 685, dont242 exerçant dans les hôpitaux publics.Dans ce contexte, M. Ould Abbès aprécisé que les "hôpitaux situés dansles régions éloignées, notamment dansle Sud et les Hauts plateaux souffrent,davantage, de ce problème, à l’instardes wilayas de Laghouat, Ghardaïa etAdrar".En vue de palier le manque en enca-drement, le ministre a appelé à adopterune politique de formation continuebien ficelée, d’autant que l’Algérie dis-pose de spécialistes de haut niveau.Le ministre de la Santé avait présidé,en décembre dernier, à Adrar, la signa-ture d’une convention de coopérationentre le ministère de la Santé, de la po-pulation et de la réforme hospitalièreet des médecins spécialistes. Laconvention de coopération, dans le do-maine de la formation médicale, auprofit des personnels de la santé de lawilaya d’Adrar, portait, notamment,sur des spécialités telles que la chimio-thérapie, la chirurgie interne et l’ima-gerie.Cette convention, qui sera suivie d’au-tres conventions, s’inscrit dans le cadrede la politique tracée par l’Etat, pourgarantir la prise en charge sanitaire desmalades, à travers toutes les wilayas.•

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Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 7

Santé-mag >ACTUALITÉ

«Pour comprendre un mal de dos, il ne faut pas considérer la colonnevertébrale seule, mais aussi, tout ce qui l'entoure : tendons, ligaments,nerfs et muscles»

Ainsi, des douleurs dorsales peuventêtre, uniquement, dues à une atteintedes vertèbres (os), en cas d'ostéopo-rose, par exemple, D'autres fois, cesont les articulations, entre les vertè-bres, qui peuvent faire souffrir, ou ledisque entre les vertèbres, ou encoreun muscle à proximité, qui souffred'une contracture.

Si certaines pathologies, liées au malde dos, sont, facilement, identifiables,grâce à l’image médicale, comme leshernies discales ou bien encore, l’ar-throse, il est, parfois, difficile de re-trouver un élément, significatif,pouvant expliquer l’apparition ou lapersistance d’une dorsalgie.

C’est au chu de Constantine qu’onrencontre le docteur Mameri Riad,spécialiste en orthopédie, qui nous ex-plique que, toutefois, le médecin doitapprécier et rechercher les facteurspouvant l’expliquer. Ainsi, il peut seproduire des contractures musculaires,qui déclenchent la douleur et qui peu-vent provoquer une asymétrie verté-brale, à l’origine de déplacements

vertébraux, mineurs. Les contracturesapparaissent, suite à un déséquilibremusculaire, engendré par des activitésphysiques dissymétriques (sport à ra-quette, par exemple), des mauvaises at-titudes posturales (travail de bureau,maniement de poids lourds...).

Une patiente, âgée à peine de 30 ans,souffrant de son dos depuis plus de 3mois, après consultation chez un gé-néraliste - lui exigeant des radios-, estorientée vers un spécialiste. Le méde-cin, qui la  prend en charge, va,d’abord, s’atteler à détecter un pro-blème aigu, comme une hernie discaleou une maladie rare (spondylarthrite,brucellose…). C’est l'imagerie médi-cale qui lui donnera les principales in-formations, é v e n t u e l l e m e n tcomplétées par une prise de sang, à larecherche d’un syndrome inflamma-toire. Mais, assez souvent, les réponsesse trouvent en écoutant et en exami-nant le patient, en s’intéressant à sonmode de vie, sa profession, ses loi-sirs…

Voici quelques conseils de la part du docteurMameri Riad :

En faisant attention – tout en insis-tant sur le mot attention - un diagnos-tic précis, doit, tout de même, êtretoujours posé. Il arrive, en effet, quedes patients traînent des maux de dos,sans que l'on ait établi, dès le départ,un diagnostic précis. Le danger est dedécouvrir, au bout de plusieurs mois,l'existence d'une tumeur...

Aussi, en cas de mal de dos, il est,bien sûr, conseillé de consulter sonmédecin traitant et éventuellement, unmédecin spécialiste : un rhumatologue

ou un spécialiste de la rééducationfonctionnelle.

Cette dame de 2 enfants, sera traitéeen fonction de sa gravité. Ainsi, pourune hernie discale : il s'agit du repos aulit strict, associé à des médicamentsassez puissants. En cas d'échec, une in-tervention chirurgicale est envisagée.

Le docteur Mamri lui fait savoir que,autrefois, seuls des médicaments,contre la douleur, sont prescrits. Ilssont efficaces et plusieurs classes peu-vent être utilisées : an ta lg iques,décontracturants m u s c u l a i r e s ,anti-inflammatoires sont prescrits,couramment.

Dans les douleurs chroniques, qui,quelquefois, engendrent des pro-blèmes psychologiques, on peut avoirrecours aux antidépresseurs. La cor-rection des déplacements vertébrauxmineurs peut être, aussi, indiquée. Cer-taines techniques de manipulation etd’ostéopathie donnent, parfois, de ra-pides résultats. La kinésithérapie, desséances de rééducation avec, parfois,des massages peuvent, aussi, être pro-posés. Bien évidemment, il faut insistersur la prévention, favoriser les sportséquilibrés (natation, vélo), encouragerles patients à, éventuellement, perdredu poids, à se muscler et à éliminer leurstress. Il faut veiller à bien appliquer lesconseils de manipulation d'objetslourds, ou de maintien postural, sur-tout dans les professions à risque. Desfacteurs psychologiques interviennent,aussi, dans le mal de dos : un stress,une anxiété, une dépression peuvent,également, déclencher des problèmesdorsaux, ou les aggraver. •

Entretien avec le Dr MAMERI Riad, Spécialiste en orthopédie

•• Par Salem Ismail HAMMOUDI

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Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 9

Santé-mag >ACTUALITÉ

Place de la neuro oncologie pédiatrique,dans le contexte algérien actuel

Les tumeurs cérébrales pédiatriquesreprésentent 25% de l'ensemble des

cancers de l'enfant. Bien que le termecancer ne s'applique pas, systématique-ment, à l'ensemble de ces tumeurs, il estd'usage de regrouper, sous cette déno-mination, toutes les tumeurs cérébrales,qu'elles soient de nature bénigne ou ma-ligne, car leur spécificité soulève des pro-blèmes thérapeutiques uniques,indépendamment de leur nature histolo-gique. Les données épidémiologiques,concernant les tumeurs cérébrales pé-diatriques en Algérie, sont, encore, limi-tées. Cependant, compte tenu de lapopulation algérienne actuelle et de sonprofil démographique, faisant état d'uneimportante population infantile, on peutestimer que le nombre, approximatif, an-nuel, de nouveaux cas de tumeurs céré-brales, chez l'enfant de moins de 5 ans,est d'au moins 500 ; soit un chiffre égalou supérieur à celui de la France. En l'ab-sence de registre officiel, ces donnéesrestent hypothétiques. Il est évident quela mise en place d'un registre, algérien,des tumeurs cérébrales pédiatriques et defaçon plus générale, d'un registre, algé-rien, des cancers pédiatriques est unoutil, indispensable, qui permettra un re-censement, précis, sur le plan épidémio-logique. Un tel registre permettra,également, de mesurer, au fil du temps,les progrès réalisés, dans la prise encharge des tumeurs pédiatriques. On es-time que, dans le monde actuel 15%,seulement, des enfants atteints de can-cer, bénéficient d'une prise en charge ap-propriée (1). Les 85%, restant, n'ontaccès qu'à un service limité, du fait del'insuffisance de moyens diagnosticset/ou thérapeutiques, qui est, dans laplupart des cas, la conséquence de l'in-suffisance de moyens financiers. Avantde considérer l'oncologie pédiatriquecomme une priorité secondaire, par rap-port aux efforts de vaccination ou de

prévention, par exemple, une étude, dé-taillée, des enjeux apparaît utile.

En effet, la mise en place de proto-coles thérapeutiques n'est pas utopique,même en cas de ressources limitées. Ceciest, notamment, réalisable, lorsqu'ilexiste des infrastructures d'oncologieadulte, en particulier des services d'on-cologie ou des équipements de radio-thérapie, puisque l'appareillage est lemême, qu'il s'agisse de radiothérapieadulte ou pédiatrique. La Société Inter-nationale d'Oncologie Pédiatrique a prisconscience de ces réalités et a mis enplace des programmes de réflexion, surle développement de l'oncologie pédia-trique, dans les pays, dont les ressourcesde santé sont limitées (PODC, paedia-tric oncology in developing countries).La situation de l'Algérie est, cependant,particulière, car les moyens techniquessont présents et la compétence des pro-fessionnels de santé permet une prise encharge, appropriée, de la plupart des can-cers pédiatriques. En ce qui concerne lestumeurs cérébrales de l'enfant, il appa-raît évident que des progrès, substantiels,peuvent être réalisés sans investissementparticulier, grâce à une meilleure organi-sation et coordination de la prise encharge et un meilleur accès aux servicesexistants, notamment les services d'ima-gerie médicale moderne. La prise encharge des tumeurs cérébrales pédia-triques exige, en effet, une multidiscipli-narité i m p l i q u a n t radiologistes,neurochirurgiens, pathologistes, onco-logues et radiothérapeutes. L'absence decoordination de ces différents services,les retards ou des difficultés d'accès àcertains services (comme l'imagerie mé-dicale) vont, dès lors, avoir des consé-quences, parfois catastrophiques, quivont grever le pronostic vital et fonc-tionnel et en règle générale, alourdir lecoût de la prise en charge. Ce travail apour objectif de passer en revue les prin-

cipaux éléments, indispensables à uneprise en charge, optimale, des tumeurscérébrales pédiatriques et de les situerdans le contexte de l'Algérie actuelle. Les3 modèles, étudiés et présentés, sont lemédulloblastome, les gliomes de basgrade et l'épendymome. Ces 3 types his-tologiques représentent 75% de l'en-semble des tumeurs cérébralespédiatriques.

LE MÉDULLOBLASTOME Il s'agit d'une tumeur cérébrale ma-

ligne, qui constitue, environ, 20% del'ensemble des tumeurs cérébrales pé-diatriques et 40% des tumeurs de lafosse cérébrale postérieure. Le médullo-blastome est susceptible de dissémina-tion névraxique (2). Ce risque justifie uneirradiation systématique de l'axe particu-lièr, élément essentiel du traitement post-opératoire. La prise en charge dumédulloblastome de l'enfant est, parfai-tement, codifiée. Une fois le diagnosticde tumeur de la fosse postérieure établi,la résection chirurgicale est l'étape, in-dispensable, permettant le diagnostichistologique et l'exérèse, aussi complèteque possible, de la tumeur. La qualité decette résection a un rôle pronostic ma-jeur et c'est pourquoi la pratique d'unetelle biopsie limitée est considérée, ac-tuellement, comme inacceptable. Laprise en charge, postopératoire, dépendde l'âge de l'enfant et de l'étendue de lamaladie. La prise en charge, du nourris-son et du petit enfant (de moins de 3ans), est particulière et sera détaillée, ci-dessous. Chez l'enfant plus grand, l'irra-diation craniospinale constitue letraitement de référence postopératoire.Les doses d'irradiation dépendent du ré-sultat du bilan d'extension. Celui-ci re-pose sur l'évaluation de la qualité deexérèse, par l'imagerie postopératoire(scanner ou lRM) et la recherche de mé-tastases névraxiques, au moyen de l'IRM

Par : A.Bastandii (1), E. Bouffet (2),T. Filali (3), S. Tliba (4), L. Djellali(5) N.Bouchair-Tourab(l), MC. Yaiche(l), L. Boustil (1) A. Belghersa(l) J).

1-Clinique Médicale Infantile Sainte Thérèse, Annaba.2-Director programmer neuron oncology, hospital for Sick Children, Toronto

3-CRU BEN BADIS Constantine.4-CRU IBN ROCHD Annaba.5-CRU Oran.

Clinique Médicale Infantile Sainte Thérèse, AnnabMots - clés : Neurooncologie - Tumeur cérébrale pédiatrique - Chimiothérapie - Radiothérapie – Chirurgie - Médulloblastome - Gliome – Ependymome.

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spinale et de étude cytologique du liquidecéphalorachidien, au 10-15e jour post-opératoire (3,4). Il est à noter que l'étudede l'axe spinal, en imagerie, ne dispensepas de l'étude cytologique du LCR. Demême, l'étude cytologique du LCR ven-triculaire n'a pas la même fiabilité quecelle du LCR prélevé par voie lombaire(4). Les doses d'irradiation peuvent êtreréduites, en cas de bilan postopératoirenégatif (résection complète, pas de mé-tastases). Cette réduction des doses nes'accompagne pas d'un risque, plus élevé,de rechute et des taux de survie, sans ré-cidive, supérieurs à 80% à 3 ans, ont étérapportés chez les patients, traités par ir-radiation craniospinale à dose réduite etchimiothérapie (5). L'irradiation doit êtredébutée dans les plus brefs délais. Laplupart des protocoles, actuels, recom-mandent un délai de 4 semaines, maxi-mum, entre la chirurgie et le début del'irradiation. Ceci exige une coordina-tion, parfaite, entre les différents ser-vices, q u ' i l s ' a g i s s e del'anatomo-pathologie (nécessité d'uneconfirmation diagnostic, dans les 5 à 10jours suivant l'intervention), de l'image-rie médicale (bilan d'extension postopé-ratoire, y compris IRM spinale) et desservices d'irradiation (programmation etmise en route du traitement). Il est ànoter que l'ensemble de cette prise encharge ne nécessite pas, obligatoirement,des moyens additionnels, mais, unique-ment, une excellente coordination entreles services et un accès, rapide, aux ser-vices d'imagerie médicale et de radiothé-rapie. Le retard, dans la transitionchirurgie-irradiation a, inévitablement,des conséquences néfastes et s'accom-pagne d'un risque, significatif, de récidivelocale et/ou de dissémination, qui va re-tentir sur le pronostic vital et fonction-

nel. Le traitement du médulloblastomeà haut risque nécessite, en effet, desdoses d'irradiation plus importantes, quivont s'accompagner de risque de sé-quelles plus sévères. En outre son pro-nostic, en terme de survie, est,significativement, différent ; de l'ordre de40 à 50%, à 3 et à 5 ans. Bien que cer-taines études pilotes suggèrent un béné-fice, possible, de techniques d'irradiationstéréotaxique ou conformationelle, l'ir-radiation du médulloblastome de l'en-fant reste basée sur des techniquesstandard, utilisant l'accélérateur linéaire.La qualité de l'irradiation est essentielle etce type de traitement doit être, autantque possible, centralisé dans des servicesbénéficiant d 'une exper t i se pédia-trique(6).

En ce qui concerne la chimiothérapie,son rôle est, actuellement, admis, aussibien dans le cadre du traitement du mé-dulloblastome à risque standard (résec-tion complète, pas de métastases), quede celui du médulloblastome à hautrisque (autre cas de figure). La chimio-thérapie pré irradiation n'est, cependant,pas recommandée, car le retard de miseen route de l'irradiation parait être res-ponsable d'une réduction des taux desurvie, notamment en cas d'irradiation àdoses réduites (7). Le choix du protocolede chimiothérapie peut dépendre descontraintes techniques et structurelles.Cependant, parmi les différentes combi-naisons, reconnues comme efficaces, au-cune n'a, véritablement, fait la preuve desa supériorité. Les protocoles, reconnuscomme standard, sont, par exemple, l'as-sociation vincristine-Iomustine, l'asso-ciation lomustine-vincristinecispaltine, leMOPP, l'association etoposide-carbo-platine. Le protocole « 8 drogues en unjour» a été abandonné par la plupart des

oncologues, depuis la publication des ré-sultats de l'étude CCG 92l, qui a fait étatd'une supériorité de l'association vincris-tine-lomustine sur ce protocole, dans lecadre d'un essai randomisé (8). Au total,la prise en charge du médulloblastome,chez l'enfant algérien, ne nécessite pasd'investissement additionnel, ni le re-cours au transfert à l'étranger. L'utilisa-tion, appropriée, des moyens techniques,disponibles, devrait permettre une priseen charge, optimale et l'espoir de taux desurvie, comparables à ceux des pays in-dustrialisés - à facteurs de risque égaux.En ce qui concerne le nourrisson et lepetit enfant, les protocoles, actuels, cher-chent à éviter ou à différer l'irradiation,en raison de ses conséquences, néfastes,sur le développement du système ner-veux central. En conséquence, les résul-tats, en termes de survie sans récidive etde survie globale, sont moins bons quechez l'enfant plus grand, traité par irra-diation craniospinale. Dans ce grouped'âge, la survie, sans récidive, chez lejeune enfant, traité par chimiothérapiepostopératoire exclusive, est de j'ordrede 30%, en cas de médulloblastome derisque standard et de 10%, pour lesformes à haut risque. Les résultats desprotocoles coopératifs (anglais, français,italiens, allemand, nord-américains)étant, sensiblement, identiques, le choixlogique sera celui du protocole le plussimple ayant la toxicité et la morbidité laplus faible. A cet égard, le choix du pro-tocole Bébé SFOP paraît judicieux.

LES GLIOMES DE BAS GRADELes gliomes de bas grade constituent,

en pourcentage, le groupe prédominant,dans le cadre des tumeurs du systèmenerveux central de l'enfant. L'astrocy-tome pilocytique (grade 1) est le type his-to l o g i q u e l e p l u s f r é q u e n t .Contrairement aux gliomes de bas gradede l'adulte, les gliomes de bas grade pé-diatriques ne connaissent qu'exception-nellement une transformation maligne.Le traitement de ces gliomes est, avanttout, chirurgical. Ainsi les astrocytomespilocytiques du cervelet ont un pronos-tic, excellent, après exérèse chirurgicalecomplète (9). En revanche, les gliomesde bas grade, localisés dans des zonesd'accès chirurgical difficile, comme letronc cérébral ou le thalamus, soulèventdes problèmes thérapeutiques plus com-

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plexes. Il en est de même des gliomesdes voies optiques, observés en associa-tion ou non avec une neurofibromatoseet dont la résection chirurgicale com-plète est, le plus souvent, impossible. Lediagnostic de ces tumeurs est, parfois,difficile et volontiers tardif. En effet, lessignes cliniques sont volontiers trom-peurs et insidieux. Un exemple, clas-sique, est celui de la cachexiediencéphalique ou syndrome de Russelsymptomatique d'un tel gliome hypo-thalamique.

Le traitement de ces gliomes a, long-temps, reposé sur l'irradiation focale. Ce-pendant, l'utilisation de l'irradiation, chezdes enfants en bas âge, a suscité d'im-portantes réserves ; d'autant que plu-sieurs études ont fait état d'une efficacité,remarquable, de la chimiothérapie, dansces tumeurs. Le mécanisme d'action dela chimiothérapie, dans les gliomes debas grades, tumeurs bénignes à faible ac-tivité antimitotique, reste inconnu. Plu-sieurs hypothèses suggèrent unmécanisme d'action antiangiogénique,plutôt que cytotoxique. Au cours de cesdernières années, la place de la chimio-thérapie est devenue prépondérante, no-tamment chez le petit enfant. Le but dela chimiothérapie est d'éviter, ou de re-tarder, l'irradiation. Certains enfants peu-vent, ainsi, nécessiter un ou deuxtraitements chimiothérapiques, voireplus. A ce titre, les gliomes de bas grade,inopérables, semblent s'apparenter à desmaladies chroniques et le rôle de l'onco-logue est de mettre en place un plan detraitement, assurant la meilleure effica-cité, au prix d'une toxicité immédiate età long terme, la plus faible possible.Dans cette optique, l'irradiation s'inscrit,actuellement, comme un traitement dedernier recours, en cas d'échec de la chi-miothérapie. Plusieurs protocoles de chi-miothérapie ont été rapportés, au coursdes dernières années. L'association vin-cristine-carboplatine est, pour beaucoup,le traitement de référence. Cependant,d'autres combinaisons peuvent être en-visagées, comme le TPCV (thioguanine,procarbazine, CCNU, vincristine), dontla toxicité est faible et le maniement fa-cile (3 médicaments administrés, par voieorale et 2 injections de vincristine, toutesles 6 semaines) ou le protocole BébéSFOP, utilisant une chimiothérapie sé-quentielle à faible dose. La vinblastine,hebdomadaire, a montré une efficacité,

intéressante, dans les rechutes degliomes de bas grade et peut être, égale-ment, utilisée comme traitement de pre-mière ou deuxième intention (11).

Les indications thérapeutiques, dansles gliomes de bas grade, sont, actuelle-ment, bien définies. En présence d'ungliome partiellement réséqué, ou d'ungliome non opérable, s'accompagnantd'une symptomatologie clinique mi-neure, la surveillance clinique et radiolo-gique est de mise. Sont traités, parchimiothérapie, les gliomes présentantune progression, après chirurgie d'exé-rèse incomplète et les gliomes s'accom-pagnant d'un risque vital et/oufonctionnel important. Par exemple, unenfant présentant un gliome opto-chias-matique, associé à une baisse, impor-tante, de l'acuité visuelle sera traitéd'emblée, en raison du risque de cécitépermanente, secondaire à la tumeur. Lesenfants, atteints de neurofibromatoseayant un gliome optique ou opto-chias-matique, constituent un groupe à part.La majorité de ces gliomes a un com-portement indolent et le traitement chi-miothérapique ne sera envisagé qu'en casde progression clinique et/ou radiolo-gique. Il est, enfin, de règle d’éviter, aumaximum, le recours à l'irradiation, chezles patients souffrant de neurofibroma-tose, du fait d'un taux élevé de compli-cations v a s c u l a i r e s et neurointellectuelles, dans cette population (12).

L'ÉPENDYMOME L'épendymome est une tumeur, rare,

constituant, environ, à peine 10% des tu-meurs cérébrales pédiatriques. Cepen-dant, l'incidence de l'épendymome varieselon l'âge et il s'agit, par exemple, d'unedes tumeurs les plus fréquentes, chez lenourrisson de moins d'un an. De nom-breuses controverses persistent, au sujetde l'épendymome. La principaleconcerne son diagnostic histologique eten particulier, les critères permettant dedifférencier l'épendymome bénin del'épendymome anaplasique. Selon les sé-ries, le pourcentage de formes anapla-siques varie de 10 à 90%, et ceci illustre,clairement, l'impossibilité de comparerles résultats des séries, en fonction deleur histologie (13). Ceci rend, égale-ment, compte de l'impossibilité, en l'étatactuel, de définir une stratégie thérapeu-tique, basée sur le type histologiquebénin ou anaplasique. La seule exception

paraît concerner les épendymomes bé-nins supratentoriels, pour lesquels denombreux auteurs s'accordent à consi-dérer, qu'en cas d'exérèse complète, iln'est pas nécessaire d'envisager une telleirradiation postopératoire (14). Le trai-tement de l'épendymome est, avant tout,chirurgical. La valeur pronostic d'uneexérèse complète est, actuellement, re-connue par la majorité des auteurs. Laplupart des séries récentes témoignentd'une différence de survie globale, del'ordre de 40 à 50%, entre exérèse com-plète et partielle et la chirurgie de « se-cond-look » est devenue une approche,logique, dans le traitement de l'épendy-mome, en cas d'exérèse incomplète (15).L'importance de l'exérèse, en terme pro-nostic, renforce la valeur de l'imageriepostopératoire. Plusieurs auteurs ontsouligné la supériorité de l'imagerie post-opératoire, par rapport à l'estimation dela qualité de l'exérèse, par le chirurgienlui-même (13). L'imagerie postopératoiredoit être réalisée précocement, idéale-ment dans les 72 heures, suivant l'inter-vention chirurgicale. Le traitement,postopératoire, de l'épendymome dé-pend de l'âge de l'enfant. Cependant, ilest admis que les résultats, à long terme,sont supérieurs, lorsqu'une irradiationpostopératoire est proposée. L'irradia-tion, dans l'épendymome, est une irra-diation focale ; le rôle de l'irradiationcraniospinale n'ayant pas été démontré,en terme de contrôle local et à distance.L'âge auquel l'irradiation peut être pro-posée dépend, étroitement, de la tech-nique d'irradiation utilisée. Lestechniques d'irradiation stéréotaxiquespermettent l'irradiation à fortes doses devolumes cibles limités, tout en épargnantles tissus environnants. L'irradiation sté-réotaxique, sous toutes ses formes (irra-diation conformationelle, IMRT), est,donc, l'irradiation de choix de l'épendy-mome. L'utilisation de ces techniques apermis d'abaisser l'âge de l'irradiation etce, sans sembler augmenter l'incidencede séquelles neurocognitives et intellec-tuelles (16). Il est tout à fait possibled'envisager une irradiation focale, chezun enfant âgé de 2 ans ou moins, en par-ticulier lorsqu'il s'agit d'une tumeur in-fratentorielle. Lorsque l'irradiationstéréotaxique n'est disponible que dansun nombre limité d'unités de radiothé-rapie, il est essentiel de développer un ré-seau de soin, régional ou national,

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facilitant la prise en charge, optimale, del'ensemble des enfants pouvant bénéfi-cier de cette technique, quel que soit leurlieu d'origine.

La chimiothérapie n'occupe qu'uneplace, réduite, dans la prise en charge del'épendymome (17). Aucune étude n'apermis de démontrer le bénéfice de lachimiothérapie, en termes de survie.C'est pourquoi, la chimiothérapie adju-vante n'est pas indiquée, après une exé-rèse complète, lorsque j'enfant est en âgede recevoir une irradiation. La chimio-thérapie est, toujours, proposée chez lepetit enfant, dans le cadre des proto-coles, dits « bébés ». Cependant, son bé-néfice reste à démontrer et le taux derechutes, ou de progressions, en coursde traitement, est important. Dansl'étude SFOP bébé, tous les enfants, pré-sentant un résidu post chirurgical, ontprogressé, en cours de chimiothérapie(18) (grill et al). Globalement, la stratégiethérapeutique, optimale, concernant lespetits enfants, reste à définir. L'approche,consistant à différer ou éviter l'irradia-tion grâce à la chimiothérapie, donne desrésultats, dans l'ensemble, décevants etsemble, surtout, profiter aux enfantsayant fait l'objet d'une exérèse complète.La chimiothérapie semble, cependant

avoir un rôle, possible, en cas d'exérèsechirurgicale incomplète. Une chimio-thérapie de courte durée (2 à 4 mois)pourrait faciliter la réalisation d'une se-conde intervention (second-look) etpermettre une exérèse, complète ousubtotale, avant la mise en route d'uneirradiation. Les protocoles SIOP etCOG comportent, l'un et l'autre, unarbre de décision basé sur l'étendue del'exérèse chirurgicale initiale. En casd'exérèse incomplète, les deux proto-coles proposent une chimiothérapiecourte, suivie d'une réévaluation et dechirurgie de second look, lorsque celle-ci est jugée réalisable par le neurochi-rurgien. Un des bénéfices de cetteapproche semblerait être de faciliter legeste chirurgical, la majorité des chirur-giens s'accordant à reconnaître que lachimiothérapie facilite la réalisation dela ré-opération. L'obtention d'une exé-rèse complète ne dispense, cependant,pas d'une irradiation complémentaire,lorsque l'âge de l'enfant la permet.

CONCLUSIONS : La complexitéde la prise en charge des tumeurs céré-brales de l'enfant est, actuellement, re-connue et a donné lieu audéveloppement de la sous spécialité deneuro oncologie. En effet, en l'absence

de coordination des soins, les résultatsdes traitements peuvent être désastreux,du fait du retard, à la mise en route, detraitements complémentaires essentiels.Avec une estimation de 500 nouveauxcas de tumeurs cérébrales, par an, dans lapopulation pédiatrique algérienne, leproblème de la neuro oncologie pédia-trique ne peut pas être ignoré. Uneétude, détaillée, de l'ensemble des res-sources existantes, en Algérie, suggèreque cette spécialité peut avoir une place,à condition que les médecins et les au-torités de tutelle facilitent l'accès aux ser-vices et la communication entre lesdifférents acteurs, impliqués dans la priseen charge. En l'état actuel, la pratique debilans (notamment radiologiques) ap-proximatifs, faute de ressources appro-priées et les retards de transfert, parabsence de coordination entre les ser-vices (neurochirurgie, pathologie, radio-logie, radiothérapie, oncologie) rendentcompte de résultats décevants, qui, ce-pendant, paraissent pouvoir être amélio-rables, sans augmentation des coûts desoin. Au contraire, une prise en charge,synchronisée, pourrait éviter les retardset permettre de meilleurs résultats, en of-frant un traitement, optimal, à un stadeplus précoce et donc, plus favorable, entermes de pronostic vital et fonctionnel•

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LES PROTHESES MAMMAIRESProthèse mammaire en gel de silicone

cohésif : état des lieux, à Oran

Par : L. ZINAI-DJEBBAR, Service de ChirurgiePlastique et Réparatrice

QU'EST-CE QUE LA SILICONE?

Les silicones appartiennent à une fa-mille de polymères de silicium, qui va-

rient selon la longueur de la chaîne et letype de radicaux branchés sur l'atome desilicium. Elles présentent une grande sta-bilité physique et chimique. Leurs qualitésd'inertie, de résistance à la chaleur, à l'oxy-dation, à l'humidité et à la lumière ont per-mis, depuis longtemps, leur utilisation dansle domaine biomédical. Cependant, les si-licones ne sont pas biodégradables et sont,définitivement, stockées dans l'organisme.Leur tolérance semble liée aux réponses del'organisme à leur contact, par le méca-nisme des réactions à corps étranger mais,également, par un processus de phagocy-tose des particules, par le système réticulo-endothélial. Ce dernier mécanisme étant,encore, mal précisé.Les silicones, destinées à une utilisationbiomédicale, ne contiennent pas d'impu-retés (tels des agents antioxydants, colo-rants, plastifiants ou résidus de catalyse).Par vulcanisation, elles donnent des élas-tomères de silicone ou gommes, ces der-nières entrant dans la fabrication desenveloppes d'implants mammaires. Les in-jections directes, pour augmenter le vo-lume mammaire ou encore pour comblerles rides sont, en revanche, interdites dufait de nombreuses complications.En France, à partir du 10 mai 1995, l'utili-sation de toute autre prothèse que les pro-thèses gonflables ou pré-remplies de

sérum physiologique reste interdite, saufen cas d'accord de dérogation. Et ce n’estque le 31 Juillet 2001, après la publicationdans le New England Journal of Médecined’une méta-analyse, affirmant l’absence delien entre les implants en silicone et les ma-ladies auto-immunes ou le cancer, quel'Afssaps lève cette interdiction, pour lesentreprises concernées (laboratoires Seb-bin, Arion, Eurosilicone et PIP). Une peur subsistait, encore : ces implantsfavorisent-ils, sur le long terme, la surve-nue d’un cancer du sein? Plusieurs étudesavaient, déjà, donné des résultats rassu-rants ; les femmes, porteuses d’une pro-thèse mammaire, ne présentaient pas plusde risque de cancer du sein. Mais ces don-nées restaient limitées, tant en nombrequ’en durée de suivi ; jamais plus de 10 à15 ans. Des chercheurs, danois, ont suiviprès de 3 000 femmes, ayant opté pourune augmentation mammaire, entre 1973et 1995. Avec un recul, maximum, de 30ans, cette étude bénéficie du plus long suivijamais réalisé, sur le sujet. Les résultatssont sans appel : aucun risque de cancerdu sein, supplémentaire, n’a été enregistréchez les porteuses de prothèses mam-maires. Les chercheurs ont même noté unebaisse, à peine significative, de ce risque.Contre-indications:- Conditions localesnon satisfaisantes.- Infection évolutive oususpicion d’un cancer du sein.- Conditionsphysiologiques ou traitements médica-menteux susceptibles d’augmenter lerisque chirurgical et/ou entrainant descomplications postopératoires.- Facteursde risque : obésité, tabac, diabète, coagu-lopathies, maladie auto immune, maladievasculaire, instabilité psychologique ou ab-sence de motivation.

CONCLUSION : Les implants mam-maires, en silicone, n’augmentent pas le

risque de cancer. Pour le Dr R. Salmon,chef du service de chirurgie à l'InstitutCurie, à Paris, l'affaire des prothèses PIP acompliqué les choses, dans le processusdécisionnel des patientes, confrontées à laquestion d'une reconstruction immédiate.En effet, les malades ont peur et hésite-ront à entreprendre une reconstruction,après une mammectomie. Regrettant la"psychose", déclenchée par l'affaire PIP, leDr N. Bricout a insisté sur le fait « qu’ilexiste des fabricants sérieux » et que "lesimplants ont un bel avenir devant eux".Il demeure à convaincre les femmes de sefaire réimplanter des prothèses, certifiéesconformes par l’Afssaps. Ces implants ontune durée de vie plus longue, de nos jourset certains fabricants les garantissent à vie.Ils ne gênent pas l’allaitement.Ces prothèses ont une consistance fermeet un aspect plus naturel, avec absence devagues et de plis. Tout l’intérêt du gel desilicone cohésif est qu’il n’y a pas de sili-cone liquide et donc, pas de risque de levoir se répandre dans les tissus.La prothèse mammaire est une solutionsur mesure, à proposer à chaque patiente.Cependant, il faut signaler que la présenced’une prothèse a une influence sur lesmammographies potentielles et ceci serasignalé au radiologiste. Ce type d’implantmammaire est la solution de choix. Denombreux rapports témoignent de leur in-nocuité.En Algérie, au CHU ORAN, nous dispo-sons de prothèses en silicone de type «Per-thèse (Pérouse, France), Silimed (Brésil) ».La reconstruction mammaire, par pro-thèse, est un complément au traitementmoderne chirurgical, radical, du cancer dusein. Pour la patiente mutilée, il s’agit d’unesolution de réparation, optimale, du pointde vue psychologique, morphologique etfonctionnel.•

Les premiers implants mammaires sont utilisés, depuis 1865, pour augmenter la taille des seins des femmes. La pose du premier implant connu

s'est effectuée en Allemagne, où de la graisse d'une tumeur bénigne a été retirée, chez une femme noire, pour l'implanter dans son sein. Thomas

Cronin et Frank Gerow, des plasticiens de Houston, développèrent la première prothèse mammaire, en silicone, avec la collaboration de la Dow

Corning Corporation, en 1961. L'implant était constitué par une enveloppe de silicone, remplie d'un gel, épais et visqueux, de silicone.

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Santé-Mag - N° 04 Mars 201214

Santé-mag >ACTUALITÉ>>INFOS

Plus de 680 spécialistes, en radiologie,exercent dans le secteur de la santé

Le secteur de la santé dispose de plusde 680 spécialistes en radiologie, dont242 exercent dans le secteur public, a in-diqué, à Alger, le ministre de la Santé, dela population et de la réforme hospita-lière, Djamel Ould Abbès. "Danspresque tous les établissements hospita-liers publics, ces praticiens peuventcompter sur un plateau technique mo-derne, doté d’appareils de radiologie nu-mérique, de scanners et d’appareilsd’imagerie à résonance magnétique(IRM)", a affirmé le ministre, à l’ouver-ture des journées de formation en ima-gerie abdomino-digestive.

Pour les structures de base, sur les1.845 établissements publics de santé deproximité, 90% d’entre eux disposentd’un appareil de radiologie fixe. Pour lereste des établissements, qui représen-tent 10%, leur dotation en équipementsnécessaires "est en cours". Il s’agit, prin-cipalement, de centres de santé érigés enpolycliniques, a précisé le ministre de laSanté.

"Notre pays a le devoir d’assurer, à sapopulation, le meilleur état de santé pos-sible, compte tenu des ressources hu-maines et matérielles dont il dispose", asouligné M. Ould Abbès, relevant quedans le domaine de la radiologie, "des ef-forts considérables ont été consentis,tant en matière d’acquisition d’équipe-ments que de formation de personnels".

Revenant sur ces journées de forma-tion, le ministre de la Santé a estimé queles thèmes choisis "illustrent tout l’inté-rêt que suscite l’imagerie médicale", unespécialité, a-t-il dit, "qui a bénéficiéconsidérablement, ces dernières années,des progrès de la science et de la tech-

nologie". "Dans beaucoup de patholo-gies médicales, qu’il s’agisse du diagnos-tic, de l’intervention chirurgicale ou ducontrôle post-opératoire, l’imagerie mé-dicale prend une place de plus en plusimportante", a-t-il expliqué.

M. Ould Abbès a, en outre, préciséque "l’amélioration des connaissances,dans ce domaine, notamment l’acquisi-tion et la maîtrise de techniques nou-velles et les échanges d’expériences sont,aujourd’hui, une nécessité, pour la re-cherche diagnostic et la prise en chargede certaines pathologies".

Il a appelé, par la même occasion, lesmédecins, quel que soit leur régimed’exercice, à "s’informer et à participer,activement, aux débats sur les questionshautement spécialisées, lors des col-loques et congrès médicaux" pour "amé-liorer leurs connaissances et leur niveaude compétence, en vue d’assurer uneprise en charge médicale, de qualité, auxmalades".

Ces journées de formation, organiséespar la Société algérienne de radiologie etd’imagerie médicale (SARIM), en colla-boration avec la Société française d’ima-gerie abdomino-digestive (SIAD), ontpour objectif d’assurer un enseignementde perfectionnement, aux spécialistes al-gériens en radiologie et de les familiariseraux techniques modernes d’explorationradiologiques, dans leurs volets diagnos-tic et thérapeutique. Il s’agit, aussi, decontribuer à la formation des futurs for-mateurs, a déclaré, à l’APS, NoureddineBendib, président de la SARIM, préci-sant que d’autres formations similairesseront organisées, prochainement etporteront sur d’autres spécialités.•

La sclérose en plaques (SEP) est unemaladie inflammatoire, qui touche lesystème nerveux central (le cerveau, lesnerfs optiques et la moelle épinière).Cette maladie altère la transmission desinflux nerveux et se manifeste par dessymptômes très variables, entre autres :engourdissement d'un membre, troublesde la vision, sensations de décharge élec-trique dans un membre ou dans le dos,troubles des mouvements. La SEP évo-lue par poussées qui, au bout dequelques années, laissent des séquellespouvant devenir très invalidantes. Cettemaladie auto-immune chronique, dé-crite, pour la première fois en 1868, parle neurologue français, Jean-MartinCharcot est causée par un ensemble defacteurs génétiques et environnemen-taux. Fait encore inexpliqué, il y a 2 foisplus de femmes que d'hommes atteintspar cette maladie. Cette pathologieconstitue un problème majeur de santépublique puisqu'elle touche, le plus sou-vent, des personnes âgées entre 20 et 40ans. Nos spécialistes neurologues affir-ment que 10.000 cas de sclérose enplaques ont été diagnostiqués, en Algé-rie.

Résolument tourné dans la rechercheet le développement de molécules inno-vantes, le laboratoire Suisse, Novartiscompte mettre, très prochainement, à ladisposition des praticiens et des patientsalgériens, un nouveau médicament, dontle principe actif est le Fingolimod, per-mettant d'atténuer les symptômes et deralentir la progression de la maladie.L'interaction, continue et fructueuse, del'équipe médicale Novartis en Algérie,constituée de 7 médecins, qui travaillenten partenariat étroit avec nos experts etsociétés savantes, se concrétisera, de-main, par la tenue d'une réunion scienti-fique, à laquelle participeront des expertsalgériens et étrangers. Cette rencontre,organisée par le laboratoire Novartis,permettra aux participants de discuterdu diagnostic de la SEP et des nouveau-tés, en matière de thérapie. Novartis, ac-tuellement 3ème leader mondial del'industrie pharmaceutique, devrait at-teindre, dans les 3 ans, la place de n°1 etce, grâce à un riche portefeuille de pro-duits innovants. Pour rappel, la scléroseen plaques affecte près de 2.5 millionsde personnes dans le monde. •

La scléroseen plaques en débat : 10.000 cas en Algérie

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Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 15

Santé-mag >ACTUALITÉ

TUBERCULOSE :un combat de tous les jours

La tuberculose est une maladie conta-gieuse, qui s’attaque, habituellement,

aux poumons, mais, parfois, aussi, àd’autres parties du corps, comme lesreins, les ganglions et les os. Autrefois, latuberculose était, souvent, mortelle et onlui donnait le nom de «consomption ».De nos jours, le traitement, aux antibio-tiques, permet d’en guérir. En l’absencede traitement, une personne atteinte detuberculose évolutive, peut infecter, enmoyenne, 10 à 15 autres personnes, enl’espace d’une année. Cependant, les su-jets infectés ne font pas, nécessairement,une tuberculose. Le système immuni-taire oppose un rempart au bacille tu-berculeux qui, protégé par une épaissecouche cireuse, peut rester pendant desannées. Les sujets infectés, dont le sys-tème immunitaire est affaibli, sont plussusceptibles de développer la maladie.La lutte, contre la tuberculose, s’appuiesur le dépistage des cas, la prise encharge et le traitement des malades ; enparticulier des malades contagieux et lavaccination, par le BCG. Celle-ci a pourbut, principal, de protéger les jeunes en-

fants des formes graves de la tubercu-lose précoce, notamment les méningitestuberculeuses. La tuberculose fait partiede ce qu’on appelle les « maladies depauvreté », parce qu’elles se répandent,surtout, dans les milieux où sévissent lesconditions suivantes : -La malnutrition,des mauvaises conditions sanitaires, unsurpeuplement et un manque de suivimédical.

Elle sévit, donc, de façon persistante,dans les pays économiquement défavo-risés. Selon l’OMS, le tiers des cas de tu-berculose se concentre dans la région del’Asie du Sud-Est (qui comprend no-tamment l’Indonésie, le Cambodge, la

Thaïlande et le Viêtnam). L’Afrique (sur-tout dans la région subsaharienne) et leMoyen-Orient suivent de près. Ces troisrégions du Globe regroupent 85 % detous les cas de tuberculose. Dans cespays, la fréquence de la tuberculose, dansles prisons, est, souvent, 100 fois plusélevée que dans la population générale.Les camps de réfugiés présentent, aussi,un problème de taille.

En Occident, la maladie est plus ré-pandue dans les milieux défavorisés,chez les autochtones, les sans-abri, lesutilisateurs de drogues intraveineuses, lespersonnes atteintes de sida et celles quisont nées dans un pays où la tuberculoseest fréquente. En Algérie, à l’instar despays occidentaux, la maladie est, tou-jours, présente, maîtrisée, toutefois,grâce à la prise en charge thérapeutique.

Le point avec le professeur Nour-Ed-dine Zidouni, chef de service en phti-siologie au CHU de Beni Messous etexpert dans la lutte contre la tuberculose,ainsi que le docteur Sofiane Alihalassa,chargé du programme national de lalutte contre la tuberculose.•

•• Par : Ourida AIT ALI

La tuberculose est une maladie contagieuse. Comme un rhume banal, elle se propagepar voie aérienne. Seules les personnes, dont les poumons sont atteints, peuvent trans-mettre l’infection. Lorsqu’elles toussent, éternuent, parlent ou crachent, elles projet-tent, dans l’air, les germes de la maladie, appelés bacilles tuberculeux. Il suffit d’eninhaler quelques-uns, pour être infecté.

Dans cet entretien, qu’il a bien voulu nousaccorder, le professeur Nour-Eddine Zi-douni explique que la tuberculose n’a jamaisdisparu, dans le monde et dans notre pays.L’Algérie fait, donc, partie des pays à pré-valence moyenne. Ainsi, la lutte contre le ba-cille de Koch continue, grâce aux moyensthérapeutiques et l’amélioration des condi-tions de vie des sociétés à risque. En effet, cespécialiste explique que la tuberculose est unemaladie de la pauvreté.

On parle, en ce moment, du retourde la tuberculose, comment expli-quer cette recrudescence ? Professeur Nour-Eddine Zidouni : Il

n’y a eu ni aller, ni retour. Le retour de lamaladie, la réapparition et la recrudes-cence ne sont que des fantasmes, profé-rés par des ignorants. Je mesure mesmots. Ce sont des ignorants qui neconnaissent pas la maladie. Il faut qu’onarrête de dire ça. La tuberculose est unemaladie infectieuse qui n’a jamais disparu

de notre pays. Elle est présente, dans laplupart des pays du monde, de manièreplus ou moins importante.

Où sommes-nous situés par rapportà d’autre pays ? Nous, nous sommes un pays à préva-

lence moyenne. Nous ne sommes pas unpays où la maladie est une charge demorbidité ou un fardeau de santé pu-blique. Nous sommes considéréscomme les pays du Bassin méditerra-

Entretien avec le Professeur Nour-Eddine ZIDOUNI* : «La tuberculose n’a jamais disparu»

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Santé-Mag - N° 04 Mars 201216

Santé-mag >ACTUALITÉ

néen, c’est-à-dire un pays à prévalencemoyenne. Il faut arrêter avec cette lé-gende, qui prétend qu’il y a un retour dela maladie ; ce n’est pas vrai, elle présenteet suit l’évolution naturelle de la maladiequi est combattue, par des armesconventionnelles, c’est-à-dire une mé-thodologie, qui associe un traitement etune surveillance.

On dit que le bacille de Koch amuté, qu’en pensez-vous? Ça aussi, c’est une autre hérésie. On

parle de multi-résistance et la multi-ré-sistance survient lorsqu’on traite mal lesmalades. Cela veut dire que la multi- ré-sistance, c’est l’impossibilité, pour les an-tibiotiques usuels, de détruire les bacilles.Effectivement, c’est une mutation quiest causée par des traitements, qui sontinappropriés ou mal conduits.

Est-ce que nous disposons, juste-ment, de ces médicaments appro-priés ? Oui, nous avons des médicaments ap-

propriés. Certes, nous avons rencontréquelques perturbations, qui ont affectéles produits pharmaceutiques dans notrepays et ce n’est un secret pour personne.Mais, nous avons tenté, à chaque fois, deparer au pire et de faire en sorte que cesperturbations n’entravent pas le bon dé-roulement du programme de luttecontre la maladie de la tuberculose.

On dit, également, que c’est une ma-ladie qui appe les populations pau-vres. Pourquoi ?Tout à fait ! C’est une maladie de la

pauvreté, parce que le bacille se transmetmieux. Par exemple, lorsqu’il y a dix per-sonnes dans une pièce, la maladie setransmet mieux que si il y en a qu’uneseule, ou deux. Et ensuite, c’est une bac-térie de type particulier, qui est nocivelorsque les conditions de l’organisme sedégradent, par des mauvaises conditionsde vie, par la pauvreté ; qui dit pauvretédit mal nutrition et une mauvaise réac-tion de défense de l’organisme, vis-à-visde ce genre de bactérie.

Est-ce une maladie qui est en pro-gression en Algérie ?Non, au contraire - c’est-à-dire de

1996 jusqu’à 2005 - lors de cette décen-nie, nous avons connu une guerre contreles civils, dans notre pays, pendant plus

de 10 ans. Il y a eu un déplacement despopulations, il y a eu des saccages et desincendies des structures de santé. Il y aeu une volonté, délibérée, de détruire leréseau sanitaire, dans certaines régionsdu pays et donc, nous avons payé lesconséquences de ces actes, néfastes, parune nouvelle organisation sanitaire, quinous permet, maintenant, de récupérertous les déficits que nous avons eus. Làje parle de la tuberculose et des maladiesrespiratoires.

Ce qu’il faut comprendre, également,c’est qu’il y a un accroissement, naturel,de la population et une répartition de lamaladie, en fonction de l’accroissementde la population. Maintenant, la courbetend à s’infléchir et à avoir une préva-lence, c’est-à-dire, un nombre de ma-lades par rapport à la population, qui estcelui d’une situation d’une gravité mon-diale. C’est pour la première fois qu’onatteint une population de 35 millionsd’habitants. Lorsqu’on dit 20.000, parrapport à une population figée à1.000.000 habitants, comme en 1962, ef-fectivement, la situation aurait été diffé-rente, c’est-à-dire très grave. En tout étatde cause, il ne faut pas baisser les bras.

Vous dites qu’il ne faut pas baisserles bras, cela veut-il dire qu’on peutéradiquer cette maladie ?C’est une maladie de la pauvreté et de

la proximité. Lorsque les Algériens se-ront mieux nourris, lorsqu’ils habiterontmieux, lorsqu’ils ne souffriront pas dufroid, lorsque dans les zones rurales lesconditions de vies seront meilleures, ehbien ! Cette maladie va disparaître, grâceà l’effet, combiné, du développent et dela prise en charge thérapeutique.

Mais, souvent on entend des alertescomme quoi la maladie est de re-tour, comment expliquer cela ?Ce n’est pas un hasard. En 1945, lors

de la 2e Guerre Mondiale, la tuberculoseétait un fléau en Europe, car, à cetteépoque, beaucoup de pays européensont eu une très mauvaise politique desanté, concernant la lutte contre la tu-berculose et pour preuve, on voit desalertes qui sont, totalement, incompré-hensives de nos voisins du nord de laMéditerranée, mais l’effet du dévelop-pement a été un facteur clé, dans

la réussite de l’infléchissement de lacourbe de la prévalence de la maladie.

Est-ce qu’on a pris des mesures deprévention ?Oui, les mesures de prévention font

partie intégrante du programme. La me-sure de prévention, c’est de surveiller letraitement du malade et de faire un dé-pistage, c’est-à-dire des examens cli-niques et radiologiques, dans l’entouragedu malade.

Quels sont les signes, cliniques, decette pathologie ?Le signe est, plutôt, banal : une toux

prolongée, qui ressemble à une grippe.Mais, ce qui doit alarmer le malade, cesont les crachats, qui commencent à êtrestriés de sang.

Quel est le taux de mortalité de latuberculose, en Algérie ?Le taux de mortalité est d’environ 3%,

quel que soit le traitement et, quelle quesoit la précocité, dont on peut agir en-vers cette maladie. Cependant, ce quinous gêne, ce n’est pas, tellement, le tauxde mortalité. Ce qui gêne et est, parfois,difficile (mais ceci est fait, néanmoins),c’est de ramener le malade à la guérison.C’est ça l’acte préventif majeur.

Pourquoi donc est-ce difficile de ra-mener le malade à la guérison totale ?

Parce qu’il faut briser la chaîne detransmission. Tous les bacilles, qui sontprésents dans l’atmosphère, projetés parla toux des malades, doivent être briséset la seule façon d’y arriver est de pren-dre en charge le malade, en lui adminis-trant un traitement de six mois.

Est-ce qu’on risque une épidémie ?La tuberculose n’est pas une maladie

à caractère épidémique, car le bacille semultiplie lentement il n’y a jamais eud’épidémie, en Algérie, sauf dans des casparticuliers, lors des deux Guerres Mon-diales.•

* Professeur en médecine, chef de service enpneumo-phtisiologie à l’hôpital de Beni Messous.Membre titulaire de l’Union internationale desmaladies respiratoires et de la tuberculose.Expert, de la région Afrique, de l’OMS pourla lutte contre la tuberculose et les maladies res-piratoires.•

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Santé-mag >ACTUALITÉ

Accord de libre Echange, Inde UE:Etranglement de l’accès auxmédicaments, pour les malades du Sud

Les accords de libre-échange, signésle 10 février entre l’Union Euro-

péenne et l’Inde, font craindre le pire,aux associations de lutte contre le sidadu monde. Depuis dix ans que les mé-dicaments génériques, produits en Inde,ont permis de faire baisser le prix descombinaisons thérapeutiques utiliséescontre le VIH, de 15.000 dollars par per-sonne et par an à 165 dollars, la situationrisque de changer, avec ces accords, quivont renforcer les droits de propriété in-tellectuelle.

Les associations de lutte contre le sida,en Inde et dans le reste du monde, s’in-quiètent, particulièrement, de l’évolutiondes négociations et plus précisément,des conséquences du renforcement desdroits de propriété intellectuelle (exclu-sivité des données, définition de l’inves-tissement, notion de propriétéintellectuelle, dans le chapitre investisse-ment), sur l’accès aux médicaments in-diens, à bas prix, pour des millions demalades. La protection de la propriétéintellectuelle n’a, jusqu’ici, pas prouvéson impact, positif, sur l’efficacité de l’in-novation, dans le domaine pharmaceu-tique, alors même qu’elle prouve, chaquejour, son influence, négative, sur la santédes populations les plus démunies.

Pour éviter le désastre, pour les ma-lades vivant avec le VIH, dans les paysafricains et dans les payas arabes, ces as-sociations, 34 au total dont Sidaction,France / Sidaction, Burkina Faso /AIDES, France / Act Up, France / Sol-this, France / Coalition Plus, France /ALCS, Maroc / ANSS, Burundi / Ka-sabati, Burkina Faso / EVT, Togo /RAS+, Togo / Forum des anciens com-battants pour la lutte contre leVIH/SIDA, l’amélioration de la santé etde l’éducation « FACOSASE », BU-RUNDI / Kénédougou Solidarité, Mali/ RIP+, Côte d’Ivoire / AFIA SANTE,RD Congo /KIRIMINA, Equateur /COQ SIDA, Canada / GROUPESIDA GENEVE, Suisse / ARCADSIDA, Mali / AMO-CONGO, RDCongo / ARAS, Roumanie / Centre deRecherche et de Prospective Interdisci-plinaire (CRPI), RD Congo/Forum des

ONG et Association de lutte contre lesida au Congo (FOSIC), République duCongo / APCS, Algérie / Walé, Mali /AFASO, Cameroun/ Colibri, Cameroun/ AJPC, Congo / MVS, Niger / ACS,Togo / CERADIS, Bénin / Positive Ge-neration, Cameroun / Ruban Rouge,Côte d’Ivoire, ont signé une lettre oùelles lancent un, ultime, appel à l’UnionEuropéenne et à l’Inde, pour que les me-sures, visant à renforcer les droits depropriété intellectuelle, soient enlevéesde ces accords. L’enjeu est de taille car,aujourd’hui, seulement un tiers des per-sonnes vivant avec le VIH, en indicationde traitement, sont, effectivement, trai-tées. Elles demandent, à la CommissionEuropéenne et à l’Inde, d’enlever cettenotion d’exclusivité des données des ac-cords et de remettre la protection de lasanté publique à l’honneur, dans ces ac-cords. Les signataires de cette lettre,adressée au président de la CommissionEuropéenne, José Manuel Barroso, auCommissaire Européen de la DG Trade,Karel De Gucht et au Premier Ministreindien, Manmohan Singh, attirent l’at-tention sur cette disposition d’exclusivitéactuelle de l’accord, qui va à l’encontrede la production et de la commercialisa-tion de médicaments génériques. Eneffet, la notion « d’exclusivité des don-nées » va au-delà des standards interna-tionaux des accords ADPIC (Aspectsdes Droits de Propriété Intellectuelle quitouchent au Commerce).

En effet, ces derniers ne protègentque « les données non divulguées pourempêcher un “injuste” usage commer-cial ». Contrairement aux accords bilaté-raux défendus par la CommissionEuropéenne, les ADPIC ne confèrent nidroits exclusifs ni période de monopolede commercialisation.

Comptant parmi les plus gros pro-ducteurs de génériques du monde, l’Indeest devenue la principale « pharmacie »des pays en voie développement. Les gé-nériques représentent 80 % des traite-ments achetés par les bailleursinternationaux, dans 115 pays à bas etmoyen revenu.

Les associations africaines de lutte

contre le sida sont indignées par la tour-nure, possible, de l’avenir, pour des mil-lions de malades, soulignent lesassociations, dans cette correspondance.

Pour ces organisations, « depuis 2007,l’Union Européenne et l’Inde négocientdes accords bilatéraux de libre-échange,qui renforcent les droits de propriété in-tellectuelle et entravent l’accès aux pro-duits de santé à bas prix, comme desvaccins ou des médicaments, considéréscomme essentiels. Le 10 février 2012,lors du sommet entre l’Union Euro-péenne et l’Inde, tenu à Delhi, c’est lecadre politique, des accords de libre-échange, qui a été finalisé. Les associa-tions de lutte contre le sida, en Inde etdans le reste du monde s’inquiètent par-ticulièrement, de l’évolution de ces né-gociations et plus précisément, desconséquences du renforcement desdroits de propriété intellectuelle ».

En juin 2011, les Nations-unies ontpromis de doubler l’accès au traitementanti VIH, afin de passer de 7 à 15 mil-lions de personnes sous traitement, d’ici2015. Si les accords de libre-échange en-traveront, davantage, la production detraitements à moindre coût, cette pro-messe ne sera pas tenue.

Ce que redoutent ces associations estl’exclusivité des données, qui va créer unnouveau système de monopole, distinctdu système de brevets. Selon leur esti-mation, « en pratique, avec cette exclusi-vité, les données des essais cliniques,développés par le laboratoire initial, nepeuvent pas être réutilisées, pour ap-prouver la commercialisation d’un mé-dicament générique.

Il devient obligatoire que chaque fa-bricant réalise ses propres essais cli-niques d’innocuité et d’efficacité dugénérique, qui a pourtant, déjà, démon-tré son équivalence, à la formulationd’origine. Concrètement, si l’accordentre l’Inde et l’Union européenne étaitconclu en l’état, il deviendrait impossi-ble, par exemple, de produire ou decommercialiser du sirop de névirapine,pour soigner un enfant vivant avec leVIH alors même qu’il n’est pas brevetéen Inde ». •

•• Loubna ZAHAF

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Santé-Mag - N° 04 Mars 201220

EV E N E M E N T

Pr Tahar RAYANE« Il faut réfléchir à un registre nationalde la maladie rénale chronique »

« Malgré des dispositions légales et re-ligieuses très incitatives, il existe une ina-déquation, flagrante, entre l’offre et lademande en matière de transplantationrénale  » rappelle le professeur TaharRayane, l’un des spécialistes de référenceen matière de néphrologie et transplan-tation d’organes, dans sa communica-tion lors du congrès de la sociéténationale de néphrologie, qui s’est dé-roulé, récemment, à Alger.

Le constat est en effet assez regretta-ble. Depuis1986, date à laquelle a étéréalisée la première greffe rénale, en Al-gérie, par une équipe du CHU Musta-pha, à nos jours, moins de milletransplantation ont été pratiquées dansle pays. Au total, plus de 1000 patientsvivent avec un greffon fonctionnel,dont plus de 900 ont été transplantésen Algérie. Pourtant, la demande est trèsforte.  La liste des insuffisants rénaux,en attente d’un rein, qui était de 3000patients en l’an 2000, a carrément dou-blé, en 10 ans. Un recensement, nonexhaustif établi un potentiel de 7000candidats à la transplantation rénale.

Le reste, quelques 14 500 personnessouffrant de dysfonctionnement rénalchronique, sont traités par hémodialyse

en centre, dont plus de 6000 sont prisen charge, dans le secteur privé. Envi-ron 400 patients sont mis sous dialysepéritonéale, généralement à domicile.Evidemment, praticiens de la santé etinsuffisants rénaux n’ont de cesse deplaider en faveur d’une meilleur poli-tique de greffe d’organes, afin d’affran-chir les malades des contraintes del’hémodialyse, et par là même, d’unmeilleur confort de vie.

Au-delà des retards considérables, ac-cusés par l’Algérie dans ce domaine, leProfesseur Rayane reconnait que beau-coup d’étapes ont été franchies en opti-misant, autant que possible, la prise encharge de l’insuffisance rénale chro-nique. Pour mieux illustrer ces propos, ilraconte cette poignante histoire : « J’aile souvenir, particulièrement pénible,d’un homme d’une soixantaine d’an-nées, enseignant à la retraite, dont j’avaisla responsabilité, comme médecin trai-tant au tout début des années 1980. Ilétait diabétique de type 2, et sa fonctionrénale s’est détériorée, nécessitant uneépuration extra rénale. J’avais expliqué àses enfants et à sa femme qui l’accom-pagnaient qu’une abstention thérapeu-tique était la décision la plus sage, euégard à son âge et à l’existence d’autrescomorbidités ». Il explique cette déci-sion, qui peut paraitre, de nos jours,comme un refus de prodiguer des soins,par le contexte qui prévalait trente ansau passé. « A cette époque, les patientsqui développaient une insuffisance ré-nale chronique terminale, avaient unechance sur deux de décéder, six moisaprès. Durant ces années, des milliers

d’exclus, condamnés à une mort cer-taine par des équipes médicales, censéesleur porter secours et alléger leurs souf-frances ».

On considérait, alors que l’âge limited’inclusion sur un programme de dia-lyse était de 60 ans. Les diabétiques, lespatients porteurs d’une comorbidité,une complication cardiovasculaire, unetumeur même curable, un trouble de lapersonnalité, ou une tare physique,étaient également privés de dialyse.« L’âge moyen des dialysés ne dépassaitpas 45 ans et la survie en hémodialysen’excédait pas 5 ans, avec un taux demortalité annuel dépassant les 20%.Même les personnes ayant cotisé touteleur vie à la sécurité sociale ne pouvaientaccéder aux thérapeutiques de substitu-tion, une fois atteints par cette maladiequi était perçue comme une sanction in-juste », révèle ce professeur.

Aujourd’hui, le nombre de centresd’hémodialyses a été multiplié par cent,passant de 4 en 1980 à 290 en 2011.L’épidémiologie et la pathologie rénalesont mieux cernées, depuis la créationet le fonctionnement de plusieurs ser-vices de Néphrologie. La prise encharge basée sur l’exclusion, a été ban-nie. En dépit de ces progrès, beaucoupreste à faire, estime le praticien. « Il faut,dès maintenant, réfléchir à la mise enplace d’un registre national de la maladieRénale Chronique ; ce qui nous per-mettra de mesurer, en termes de préva-lence et d’incidence, l’impact de cettemaladie dans notre pays et de connaîtreles principales étiologies, afin d’appré-cier les besoins futurs » conclue-t-il.•

Au-delà des retards considérables accusés par l’Algérie dans le domaine de la trans-plantation, le Professeur Rayane reconnait que beaucoup d’étapes ont été franchies,en trente ans, en optimisant, autant que possible, la prise en charge de l’insuffisancerénale chronique.

•• Propos recueillis par Lilia KHALEF

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Santé-Mag - N° 04 Mars 201222

Selon lui, la néphrologie modernedoit reposer sur deux segments :

prévention et remplacement d’ organes;la dialyse chronique étant très ocontrai-gnante et véçue, par les malades, commeune « véritable prison».

Le professeur Haddoum se félicite del’initiative du ministère de la Santé deprévoir la créaction d’une Agence detransplantation d’organes, tissus et cel-lules qui sera, soutient ce spécialiste, «un outil administratif, technique etscientifique, pour développer, durable-ment, l’ activité de transplantation d’ or-ganes, tissus et cellules. Bientôt, unecarence sera réparée, à jamais, dès quela loi sera votée et l’Agence créée .Desprofessionnels, à plein temps,de la trans-plantation, des budgets, des pro-grammes ambitieux, des bilans annuels,des statistiques, des banques de don-nées, des listes de patients, en attente degreffe, voila ce que sont, en termes sim-ples et précis, quelques - unes des mis-sions légales d’ une Agence ».

Le président de la Société algériennede néphrologie, dialyse et transplanta-tion, estime que le pays dépense, sanscompter, dans la prise en charge des in-suffisants rénaux. Près de 300 millionsd’euros, par an.

« Cet effort financier est remarquable.Il y a peu d’exemples, en Afrique, d’untel investissement pour une seule pa-thologie ! ».

Il fait remarquer, toutefois, que « noussommes loin, encore très loin, des stan-dards internationaux, en matière d’ or-ganisation des soins, en néphrologie. Ilest recommandé, pour la prise en chargedes patients en IRCT, la repartition sui-vante, pour les 03 méthodes : 50 % en

transplantation rénale, 30 % en hémo-dialyse et 20 % en dialyse péritonéale.Notre objectif, pour les années à venir,est le suivant : passer du tout hémodia-lyse à toute la néphrologie. Nous de-vons mettre fin, coûte que coûte, àl’hégémonie de l’hémodialyse ; d’autantque le tout hémodialyse nous coûtecher».

Il y avait, fin 2011, 13 000 patients ;soit 90% du total des insuffisants ré-naux, traités par la technique de l’hé-modialyse et environ, 500 par la dialysepéritoriniale, à domicile. Très peu ontété tranplantés (environ 1000, depuis la

première greffe rénale).Les 13.000 patients en hémodialyse

sont répartis, de façon inégale, entre lesecteur privé, qui prend en charge 8.500patients (65 %), dans 130 cliniques pri-vées, conventionnées par les caisses deSécurité sociale. Les 4500 autres patients(35 %) sont traités dans les 200 unitésd’hémodialyse chronique du secteur pu-blic (CHU, EPH et EPSP). La préven-tion de la MRC et la transplantationrénale doivent être, considère le profes-seur Haddoum, des priorités médicalesnationales, pour une meilleure qualité desoins, mais, également, pour des raisonsde coût, à long terme.

Les défis de la néphrologie, pour lesannées 2010, se déclinent par « le déve-loppement, simultané, de nombreusesmesures, comme : le dépistage et le diag-nostic précoces de la MRC , la mise en

place d’un réseau thérapeutique, chez lesdiabétiques et les hypertendus, la géné-ralisation des traitements NEPHRO-PROTECTEURS, le developpementdes méthodes moins coûteuses, commela dialyse péritonéale et la priorité, ab-solue, qui est de donner naissance et dé-velopper notre programme national detransplantation rénale», soutient le pré-sident de la SANDT.

Il poursuit : « Nous devons stabiliserle nombre de patients en hémodialyse(qui augmente, sans cesse, depuis 10ans), ainsi que leur flux, en misant, àlong terme, sur la prévention de la MRCet à moyen terme, par plus de DP etplus de TR. C’est ce que font, depuisfort longtemps, les pays riches.

Nous pouvons, également, faire bais-ser, fortement, la très lourde facture del’hémodialyse (01 seul fournisseur, enéquipements et consommables), en ap-pliquant les règles du marché concur-rentiel. Ces règles sont, déjà, appliquéesen TR ( 06 fournisseurs, en médica-ments et consommables)et en DP, éga-lement (02 fournisseurs), pour lestraitements, dits néphroprotecteurs(près de 35 fournisseurs, en médica-ments). Elles contribuent, très large-ment , à la baisse des coûts » .Actuellement, le consommable, pourhémodialyse, en Algérie, coûte trois foisplus cher qu’en Tunisie et quatre foisplus cher qu’en Egypte.

« Le tout hémodialyse, n’est pas unesolution, à long terme. Nous voulonsmener ces combats, de toute notreforce, par intime conviction », conclutle président de la SANDT. •

Propos recueillis par Lilia KHALEF

Le professeurFarid Haddoum insiste sur lanécessité de mettre fin à l’hé-

gémonie de l’hémodialyse.

Le Pr Farid HADDOUM, à Santé Mag :

« Il faut passer du tout hémodialyseà toute la néphrologie »

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Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 23

Traitement de l’anémie, au coursde l’insuffisance rénale chronique de l’adulte

Par le Dr M.BOUKHELOUA, médecin dialyseur, chef de Service

Messages destinés aux confrères généralistes :

Devant tout patient ayant une maladie rénalechronique et une hémoglobinémie inférieure à 11g/dl, il est recommandé de :• rechercher une cause extra-rénale de l’anémie(la première des causes est la carence en fer) ;• traiter la carence en fer, si elle existe;• proposer un traitement par un agent stimulantde l’érythropoïèse (ASE : érythropoïétine alphaou bêta, ou darbepoetin alfa), après s’être as-suré de l’absence d’une cause, curable, de l’ané-mie, autre que l’insuffisance rénale ;• L’objectif, de cette prise en charge, est de cor-riger l’anémie, afin de ralentir la progression descomplications cardiaques et d’améliorer la qua-lité de vie du patient ;• Le bilan martial comprend : le dosage du fersérique, de la transferrine, de la ferritine et lecalcul du coefficient de saturation de la transfer-rine;• Les bénéfices cliniques des ASE ne sont dé-montrés que chez les patients atteignant unecible d’hémoglobinémie supérieure à 11 g/dl ;• La pression artérielle doit être surveillée, ré-gulièrement, pendant la phase d’initiation du trai-tement par ASE ;• Une résistance aux ASE doit être suspectée,quand le patient :• n'atteint pas la cible, alors qu'il reçoit plus de300 UI/kg/semaine d'érythropoïétine alpha oubêta ou plus de 1,5 µg/kg/semaine de darbe-poetin alfa ;• ou a un besoin continu de telles doses, pourmaintenir une hémoglobinémie à 11 g/dl.

Les bonnes pratiques de lacorrection de l’anémie, chez les

insuffisants rénaux :1. Le diagnostic de l’anémie,

chez un insuffisant rénal chronique.La recherche de l’anémie est nécessaire,

chez tout patient présentant une insuffisancerénale chronique, quel que soit son niveaud’altération de la fonction rénale.

L’anémie est définie lorsque l’hémoglobineest < 11,5 g/dl, chez les femmes adultes, <13,5 g/dl, chez les hommes adultes et < 12g/dl, chez les sujets de plus de 70 ans.

Avant d’entreprendre un traitement, parfacteur érythropoïétique, une exploration hé-matologique, élémentaire, doit permettre d’éli-miner toutes les causes, non rénales, de cetteanémie. L’origine, rénale, de l’anémie sera re-tenue, sur la notion d’une insuffisance rénaleà un stade avancé et l’élimination de touteautre cause.

2. Les cibles thérapeutiques d’hémo-globine et les réserves martiales.

Le taux d’hémoglobine, minimum cible, estfixé à 11 g/dl, quels que soient l’âge, le sexe etl’ethnie du patient. L’hémoglobine cible sera,néanmoins, modulée en fonction de l’âge, dela tolérance de l’anémie, des facteurs de risqueet de la comorbidité associée. Une note, par-ticulière, est portée sur le risque des insuffi-sants cardiaques, des diabétiques et despatients atteints d’artériopathies périphériques.

La deuxième cible thérapeutique concerneles réserves martiales. Tous les patients insuf-fisants rénaux chroniques, traités par facteurérythropoïétique, doivent avoir des réservesmartiales satisfaisantes, favorisant l’érythro-poïèse. La ferritine doit être > 100 µg/l, lepourcentage de cellules hypochromes < 10 %,la saturation de la transferrine > 20 % et la te-neur hémoglobinique érythrocytaire > 29pg/cellule.

3. Le traitement de l’anémiepar facteurs érythropoïétiques.

L’utilisation de facteurs érythropoïétiquesest indiquée chez tout patient, insuffisantrénal, dont l’hémoglobine est < 11 g/dl, quelsque soient son niveau d’insuffisance rénale etsa modalité thérapeutique.

L’administration de facteurs érythropoïé-tiques est conditionnée par le type de patientet la nature du facteur érythropoïétique uti-lisé.

Pour les patients hémodialysés, la voie IVpourrait être préférée, pour des raisons deconfort et d’agrément, tandis que la voiesous-cutanée permet de réduire, substantiel-lement, les doses de facteur érythropoïétiquenécessaires. Les patients hémodialysés rece-vront, préférentiellement, le facteur érythro-poïétique, par voie veineuse (époétine-alpha,époétine-bêta ou darbepoïétine-alpha). L’uti-lisation sous-cutanée sera possible, dans lamesure où elle permet de réduire les besoins.

La fréquence d’administration est fonctionde la nature de la molécule retenue, de la voied’administration et de la réponse obtenue.

Dans la phase de correction, la dose de fac-teur érythropoïétique est de 20 à 30 % supé-rieure à celle de la phase d’entretien.

Le contrôle, rapproché, de la pression ar-térielle et la surveillance de l’accès vasculairesont conseillés, pendant la phase de correc-tion.

Tous les patients, traités par facteur éry-thropoïétique, doivent bénéficier d’une sup-plémentation en fer, afin de satisfaire les

cibles martiales établies. L’état des réservesmartiales et du fer utilisable est à évaluer pé-riodiquement; de 1 à 3 mois, pendant la phasede correction rapide et de 2 à 6 mois, durantla phase d’entretien.

L’administration de fer intraveineux est laseule façon d’obtenir une efficacité constante.

Le programme de dialyse doit être opti-misé, afin d’apporter la dose de dialyse, né-cessaire à l’efficacité des facteursérythropoïétiques. Elle répond aux défini-tions des bonnes pratiques européennes, soitun Kt/V équilibré > 1,2, pour un patient réa-lisant trois séances de dialyse, par semaine.

L’emploi de traitements adjuvants vitami-niques et antioxydants (vitamines E et C, glu-tathion, carnitine) peut être utile chez certainspatients, mais n’est pas recommandé, defaçon régulière.

4. La résistance à l’actiondes facteurs érythropoïétiques.

La résistance, au traitement et à l’action desfacteurs érythropoïétiques, se définit, pourdes doses d’érythropoïétine ≥ 300U/kg/sem., pour l’érythropoïétine (alpha oubêta) et de 1,5 µg/kg/sem., pour la darbé-poïétine. Les causes de résistance doivent êtrerecherchées ; les deux principales étant la ca-rence, absolue ou fonctionnelle, en fer et l’in-flammation.

Les autres causes de résistance feront l’ob-jet d’une recherche attentive : perte de sang,hyperparathyroïdie, intoxication albuminique,maladie hématologique, maladie inflamma-toire ou cancer, malnutrition, hémolyse, dia-lyse inadéquate et prise de médicaments,potentiellement, toxiques.

Une érythroblastopénie, par anticorps anti-érythropoïétine, sera suspectée et recherchée,dès lors qu’un patient, traité par facteurs éry-thropoïétiques, présentera une chute, rapide,de l’hémoglobine (0,5 à 1 g/dl/sem.) ou né-cessitera une transfusion, alors que les pla-quettes et les leucocytes demeurent normauxet qu’il existe une chute des réticulocytes <10 x 109/l. La confirmation du diagnosticsera apportée par un myélogramme, retrou-vant une érythroblastopénie (érythroblastes< 5 %), avec cellularité normale et par la pré-sence, dans le sérum, d’anticorps anti-éry-thropoïétines.

Une fois le diagnostic confirmé, aucun fac-teur érythropoïétique ne pourra plus être ad-ministré chez ce patient.

Un traitement immunosuppresseur sera àenvisager.•

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Historique : Le service de néphrologie, adulte, du CHU Béni-Messous est un des premiers services de cette spécialité, en Al-gérie. Il a été inauguré vers le début des années 80, du siècle dernier, par les premiers néphrologues, rentrés d’une formation enFrance. Il proposait, principalement, la dialyse péritonéale et l’hémodialyse, à quelques jeunes patients en urémie chronique termi-nale. Il s’est doté, rapidement, d’une unité d’hospitalisation, qui avait vocation de faire la néphrologie clinique avec les différentesexplorations, notamment la ponction biopsie du rein. Actuellement, ce service compte plus de 40 lits, dont plus de quatorze sont des-tinés à la transplantation du rein. Le nombre de générateurs d’hémodialyse a, également, connu une croissance importante. Desquelques machines du début, nous comptons, actuellement, plus de 24 générateurs, dont 6 sont destinés à la population pédiatrique.

Santé-Mag - N° 04 Mars 201224

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La transplantation rénale pédiatrique : expérience mono centrique du servicede néphrologie de l’hôpital de Béni Messous

Introduction: La proximité de deuxservices de pédiatries dans le même CHU,a vu le nombre de patients enfants, qui ar-rivent en épuration extra rénale, croître defaçon très importante. Après l’épurationextra rénale (hémodialyse et dialyse péri-tonéale), il était, dans l’ordre des choses, depasser à une autre étape ; celle du rempla-cement thérapeutique par transplantationd’un rein par un donneur, intra familial, vi-vant. Cette expérience a débuté le mois dedécembre 2006, avec la collaborationd’une équipe de chirurgie étrangère (hôpi-tal Necker) et celle de la chirurgie infantile,du CHU Béni-Messous. Ainsi, a été greffé,avec le rein de son papa, le premier enfantde moins de 15ans. Depuis, nous avonsréalisé plus de 130 transplantations rénales,incluant des enfants et des adultes.

Patients et méthode: De décem-bre 2006 à décembre 2011, nous avonsprocédé à la transplantation rénale de16enfants de moins de 16ans. Pour ce travail,nous réalisons, ainsi, une étude rétrospec-tive sur dossiers de ces 16 patients. Les ob-jectifs assignés à ce travail sont de préciserl’aspect démographique de notre série,l’évolution et les problèmes, que nousavons rencontrés avec cette thérapeutique,particulièrement chez l’enfant.

Nous procédons au recrutement des pa-tients, avec leurs donneurs respectifs.Après exploration, ils sont proposés auxéquipes de réanimation et de chirurgie.Après l’intervention chirurgicale, le coupledonneur - receveur est rapatrié, au sein del’unité de transplantation de notre service.

Résultats : • Les donneurs :Graphe 1 : répartition des donneurs.

Les ascendants directs des patients en-fants ont représenté 100% des donneurs.Les mères étaient plus nombreuses. Ellesreprésentaient 62.5% de l’ensemble desdonneurs versus, 37.5% pour les pères.

• Les receveurs : Graphe 2 : répartition des receveurs.

Les enfants de sexe masculin représen-tent ¾ de l’ensemble des enfants trans-plantés du rein, pour ¼ de sexe féminin.

• Qui donne à qui : Graphe 3 : répartition du don, selon le sexe du

donneur et du receveur.

Les garçons étaient majoritaires, aussibien pour le don réalisé par les mères, quecelui réalisé par les pères. Une interpréta-tion, sociologique, basée sur les aspectsprotecteurs, d’une société patriarcale surl’héritier mâle, serait trop facile. Au fait,notre recrutement concernait beaucoupplus les garçons que les filles et une des ex-plications, qui nous parait la plus plausiblede cet état, est que les uropathies étaientbeaucoup plus fréquents, chez les garçonsque chez les filles. Nous avons côtoyé desparents, qui luttaient avec la même énergie

pour leur enfant, quel que soit le sexe de cedernier.

Graphe 4 : répartition des receveurs, selon leursâges.

Notre manque d’expérience, concernantla transplantation rénale pédiatrique, à faitque les premiers enfants, greffés par notreéquipe, se situaient dans la tranche d’âgedes 11-16 ans. Deux ans après la premièregreffe pédiatrique, nous avons commencéà recruter des enfants, en bas âge et avecdes poids de moins de 20 kilos. Notre plusjeune patient été âgé de 4ans et 8 mois.Issu d’un mariage consanguin, il présentaitune polykystose autosomique récessive.Traité, pendant 16 mois, par dialyse péri-tonéale. En 2010, il recevait le rein de sonpère âgé, alors, de 36 ans.

• Les étiologies de l’insuffisancerénale terminale :

Graphe 5 : les étiologies de l’IRCT.

50 % des enfants greffés, n’avaient pasune étiologie déterminée de leurs insuffi-sances rénales. Ce qui rendait l’apprécia-tion, du risque de récidive, aléatoire.Certains enfants ont bénéficié de la greffe

Par : A. BENZIANE, Service de néphrologie. Chu de Béni Messous

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rénale, dans un contexte d’urgence vitale :impossibilité, anatomique, de les placer endialyse péritonéale et difficulté à confec-tionner un abord vasculaire. Les causes,urologiques, ont constitué 25 % des étio-logies retrouvées. La majorité de ces casétait constituée par la persistance desvalves postérieures de l’urètre. 2 cas sur 3,des néphropathies héréditaires, étaient re-présentés par la polykystose hépatorénale.

• Mode d’épuration : Graphe 6 : type de traitement, avant trans-

plantation rénale.

Plus de 81 % des enfants transplantés,de notre série, avaient bénéficié de l’hé-modialyse. Certains avaient commencél’épuration par la dialyse péritonéale,pour des durées plus ou moins courtes,avant de passer à l’hémodialyse.Un seul patient de notre série n’avaitsubit aucun type d’épuration avant satransplantation.

Bilan immunologique : 81 % denos patients étaient semi- identiques avecleurs donneurs, pour l’identité HLA. 19 %présentaient des anticorps anti HLA declasse I et II avant leurs transplantations.100 % des patients avaient des cross-match négatifs, au début et à la fin de leursexplorations.

Protocole d’induction : Chez tousnos patients, nous avions entamé l’induc-tion à J-1, par le mycophenolate mofétil.A J0, les anti thymoglobulines (ATG),étaient précédées et suivies par des bolusde méthyle prédnisolone. Chez les pa-tients, qui présentaient une identité HLAproche de plus de 75 % avec leurs don-neurs et en l’absence d’anticorps antiHLA, les ATG n’étaient pas prescrits. L’in-disponibilité du basiliximab ne nous a paspermis d’utiliser ce produit.

Traitement anti rejet d’entretien :Pour les anticalcineurines, nous avions

prescrit aussi bien la Cyclosporine que leTacrolimus. La première était évitée, au-tant que possible, chez les enfants de sexeféminin pour ses effets secondaires, sur lesystème pileux. Le second était évité, en

cas où existait une histoire familiale de dia-bète. Pour la Cyclosporine, la dose habi-tuellement utilisée, ne dépassait pas les4mg/kg/jour, répartie en deux prises. Ladose de Tacrolimus, prescrite, était égaleou inférieure à 0.08mg/kg/j. Pour cesdeux molécules, les doses étaient réajus-tées, en fonction de la dose résiduelle. Lemycophénolate mofétil était la secondemolécule prescrite avec les anticalcineu-rines, généralement, à la dose de28mg/kg/j en deux prises.

Les corticoïdes étaient prescrits de J1 àJ7, à la dose de 1mg/kg/j. A partir de J8,on passait à la dose de 0.5mg/kg/j, pourles arrêter, de façon définitive, entre lesixième et huitième mois.

Evolution :• Complications médicalesLes infections bactériennes et virales ont

représenté le plus gros lot des complica-tions médicales, observées dans notresérie.

Un de nos patients a présenté un syn-drome de détresse respiratoire aigu(SDRA) à J7 post transplantation, nécessi-tant sa réadmission en milieu de réanima-tion médicale. L’évolution a été favorable,après trente jours d’antibiothérapie.Deux patients ont présenté des pyéloné-phrites ; l’un sur le rein propre restant, l’au-tre sur le greffon, siège d’une sonde endouble J, qui n’a pu être extraite qu’au boutde six mois principalement, a cause del’épisode infectieux. Dans les deux cas,nous avions perdu le greffon.

Nous avons, également, déploré la perted’un enfant, après 12 mois de sa trans-plantation, avec le rein de sa mère, suite àune encéphalopathie herpétique docu-mentée.

Une patiente a présenté un rejet, aigu, autroisième mois post transplantation. Elle atrès bien répondu au traitement anti rejet.Avec un recul de plus de 27 mois, ellegarde une fonction rénale normale.

Deux patients, parmi ceux qui avaientune néphropathie indéterminée, ont pré-senté, de façon plus moins rapide, une dé-gradation, inexpliquée, de leurs fonctionsrénales respectives. Malgré tous les traite-ments anti rejet et devant l’absence d’unecause virale (sauf le BK virus), nous lesavons classés comme récidive de la né-phropathie initiale. L’histologie en postgreffe n’a pas été d’un grand secours, enl’absence d’une référence en pré greffe.

• Complications chirurgicales :Nous avons observé, dans notre série,

trois cas de reflux vésicaux-urétéraux(RVU), un seul a été opéré avec succès,une année après sa transplantation rénale.La seconde patiente, qui présentait, initia-lement, une uropathie à type de reflux, surle rein droit et un méga uretère, sur le reingauche n’a pu bénéficier d’une correctiondu reflux sur le greffon. Nnéanmoins, de-vant les infections urinaires récidivantes,elle a bénéficié d’une néphrectomie du reinpropre droit, qui était le siège de microabcès, pouvant êtres la principale cause desinfections urinaires répétées. Avec seule-ment quelques mois de recul, elle ne pré-sente plus d’épisodes infectieux et lafonction rénale tend à se normaliser.

Pour le troisième cas de RVU, un bilanrénal, toujours correct et l’absence d’in-fections urinaires récidivantes, nous ontconduits à une abstention de tout gestechirurgical avec surveillance stricte. Un pa-tient a présenté une sténose de l’uretère,au huitième mois post greffe. Il a été re-pris, avec succès.

Evolution : Avec un recul, qui variede 60 à 12 mois, 4 patients, sur 16, sont re-venus en hémodialyse. 2 cas, suite à des in-fections incontrôlées, 2 autres ont présentéune récidive, probable, de la néphropathieinitiale, dont la forme histologique est lahyalinose segmentaire et focale(HSF). Unpatient est décédé, suite à une encéphalo-pathie herpétique. Les 11 autres présententune fonction normale du greffon.

Discussion : Certaines difficultés, quinous sont apparues, étaient communesaux greffés, enfants et adultes, tel que l’ab-sence d’exploration virologique complète.L’absence d’une histologie, en pré greffepour la majorité des patients ; ce qui aug-mentait considérablement le risque de ré-cidive. Par ailleurs, pour les caspédiatriques, nous avions des difficultés àinstaller une coopération, permanente,avec les équipes de chirurgies infantiles,pour la gestion du post greffe.

Conclusion : La transplantation ré-nale est le traitement de choix, chez l’in-suffisant rénal. Chez l’enfant, elle doit êtrele traitement préférentiel, vers lequel doi-vent tendre tous les efforts des différenteséquipes, pour une coopération multidisci-plinaire efficace. Les résultats de notresérie sont encourageants, mais sont appe-lés à êtres améliorés, grâce à l’acquisitiond’une expérience, dans ce domaine etl’amélioration des moyens d’investigation,dédiés à cette activité. •

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Santé-Mag - N° 04 Mars 201226

D O S S I E R > D I A B E T E

Le diabète pèse lourd dans les budgetsde santé. Peut-on le prévenir ?

Votre question est fort pertinenteparce que le diabète de l’adulte,

comme un certain nombre de mala-dies non transmissibles (obésité, HTA)n’est pas une fatalité et un grand nom-bre de cas sont évitables par des me-sures très simples.

Il existe plusieurs niveaux d’action.Le 1° niveau consiste à renforcer la

médecine curative pour une meilleureprise en charge des diabètes connus.Le diabète est d’abord une affaire demédecins généralistes et des actions deformation sous forme de cycles deformation médicale continue sont àmener en direction de cette catégoriede praticiens qui sont en premièreligne dans la hiérarchie des soins.Quant à la disponibilité des moyens detraitement, notre pays peut s’enor-gueillir d’avoir un système de sécuritésociale très performant pour la priseen charge des maladies chroniquescomme le diabète. Non seulement,nous disposons d’un éventail très largede médicaments antidiabétiques mêmeles plus récents de plus ils sont délivrésgratuitement.

Le 2° niveau d’intervention consisteà mettre en place les moyens de dépis-tage des diabètes méconnus. L’objectifest de découvrir la maladie à un stadeprécoce pour la traiter avant l’appari-tion des complications plus difficiles etplus onéreuses à traiter..

Le corps médical a un rôle impor-tant dans ce dépistage..Le médecin gé-néraliste , qui est en première dessoins, doit avoir le réflexe de demanderune glycémie chez les sujets à risque,au même titre qu’il prend systémati-quement la tension artérielle dans lecadre du dépistage de l'HTA (hyper-tension artérielle). De même, la méde-cine du travail est aussi concernée parle dépistage, que ce soit lors de la vi-site médicale d'embauche ou du check-

up annuel que tout travailleur doitfaire. Le recours à toutes les formes demédias est nécessaire pour informer etsensibiliser la population, en particu-lier les sujets qui courent le risque dedévelopper un diabète.

Le 3° niveau d’intervention , qui estcelui de la prévention ou commentéviter de devenir diabétique, me paraitbeaucoup plus important.

En effet, la médecine curative estcertes nécessaire mais ses résultatssont limités parce qu’elle s’attaque auxconséquences de la maladie et non àses causes.

La prévention , en s’attaquant auxcauses du diabète, est beaucoup pluspayante mais ses résultats ne se mani-festent qu’ à long terme.

Parmi les causes du diabète del’adulte, on incrimine des facteurs gé-nétiques malheureusement non mo-difiables et des f a c t e u r senvironnementaux comme une mau-vaise hygiène alimentaire et à la séden-tarité ; en somme on consomme tropde calories et on en dépense trop peu.

Toute la prévention va consister àcorriger ces anomalies, très tôt dèsl’enfance. On doit inculquer aux en-fants dès leur plus jeune âge aussi bienà l’école qu’à la maison la nécessitéd’une alimentation saine et équilibréeainsi que d’une activité physique régu-lière.

La réalisation d’un tel programmen’est pas seulement une affaire du mi-nistère de la santé mais demande l’im-plication d’autres ministères dont celuide l’Education , de la Jeunesse et dusport et celui de la Communicationpour ne citer que cela..

En somme, à l’instar de ce qui se faitdans les pays occidentaux, il convientde mettre sur pied un Programme Na-tional de Lutte et de Prévention dudiabète.•

Pr Slimane KHALFAClinique d’endocrino-diabétologie, hôpital Ain Naadja - Alger

Le diabète touche, aujourd'hui, prèsd'un million d'élèves algériens. C'est cequ'affirme une association de protec-tion de l'enfance, après une enquête, deplusieurs mois, sur la santé, en milieuscolaire. La frange la plus touchée, pré-cise-t-on dans cette enquête, qui devraitêtre rendue publique prochainement,est celle des enfants du cycle primaire.Plus de 856.000 écoliers algériens sontatteints de diabète. Ce chiffre est laconclusion de l'enquête que l'Associa-tion nationale de protection de l'en-fance a menée, dernièrement, dans latotalité des wilayate du pays sur la santéen milieu scolaire.

Il représente une indication, préoc-cupante, qui devrait donner lieu, selonles souhaits de la Fédération nationaledes parents d'élèves, à «un sérieuxdébat» sur les moyens de dépistage dudiabète, chez l'enfant scolarisé. «Il y aurgence, a déclaré son président, M.Ahmed Khaled, à ce que les ministèresde l'Education nationale et de la Santépublique réfléchissent aux solutions» età «instaurer un dispositif, de sorte àmultiplier les contrôles médicaux et desanté, dans les écoles et établissementséducatifs» du pays. Pour M. Khaled, «sile diabète atteint, aujourd'hui, un nom-bre important de jeunes élèves, ce n'estpas, seulement, en raison d'une mauvaisnutrition, d'une consommation abusivede produits fortement sucrés ou de lamauvaise surveillance des parents. C'estaussi, clame-t-il, en raison de l'insuffi-sance des moyens de couverture médi-cale et de santé, dans les établissementsde l'Education nationale». Il n'y a pas,selon lui, assez de structures, ni d'ins-pections, pour prévenir le diabète enmilieu scolaire «et ce n'est qu'au mo-ment où, précise-t-il, les enseignants etles responsables d'établissements sont

PRÈS D'UN MILLION D'ÉCOLIERS

DIABÉTIQUES

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Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 27

Santé-mag >DOSSIER>DIABETE

Standardiser l’hémoglobine glyquée, en Algérie : est-ce une urgence… ?

Le DT2 est un problème, majeur,de santé publique, qui fait l’objet

d’un grand intérêt et doit, nécessaire-ment, faire l’objet d’un programme,national, d’actions de prévention et deprise en charge, parmi lesquels doit fi-gurer l’amélioration de la qualité de lasurveillance biologique. Pour évaluercet équilibre, nous avons, certes, lesglycémies (à jeun, pré ou post pran-diales) mais, les limites de ce paramè-tre sont connues.

Depuis une trentaine d’années, nousdisposons d’un marqueur extraordi-naire, qui est l’HbA1c, que tout lemonde connaît, bien sûr, mais tout lemonde ne sait pas comment ce para-mètre est dosé, dans nos laboratoires(très souvent par des techniques nonstandardisées et complètement erro-nées).

L’hémoglobine glyquée (dans safraction A1c) constitue le paramètrede référence, dans la surveillance del’équilibre glycémique, souvent appe-lée, en diabétologie, le gold standard(l’étalon Or), la boite noire du diabète,le mouchard…

Il s’agit d’un indicateur, objectif etsans complaisance, de l’équilibre gly-cémique, qui permet : • d’obtenir, facilement, une mesure dela glycémie moyenne.• de prédire le risque de complications(macro vasculaire et surtout microvasculaire).• d’avoir une évaluation de l’efficacitéthérapeutique et du risque d’hypogly-cémie.• de fixer des objectifs thérapeutiques(la cible thérapeutique est de 7%, àmoduler en fonction de la complexitédu traitement, de l’existence d’hypo-glycémie et de l’espérance de vie), maisla principale difficulté, chez nous enAlgérie, provient, essentiellement, de

l’absence de méthode de référence etdonc, de standardisation, entraînant laconfusion, avec limitation de l’utilisa-tion, efficace, des résultats de l’HbA1c.

Il est, donc, grand temps de penser,sérieusement, à la standardisation de ceparamètre - oh combien important-,dans le suivi du diabétique.

Quelles seraient les recommanda-tions, concernant le dosage de ce pa-ramètre ?N’autoriser l’utilisation, par les labo-

ratoires d’analyses médicales, que desdosages de l’HbA1C certifiées par lessociétés internationales de standardi-sation (NGSP), avec l’élaborationd’une liste d’analyseurs, dont la valida-tion est reconnue.

En Algérie, depuis une dizaine d’an-nées, nous disposons d’automates dedosage spécifique de ce paramètre, quisont validés par le NGSP et on peutciter, à titre d’exemple, le D10 de BIO-RAD, le G7 et le G8 de TOSOH, uti-lisant la technique dite HPLC(chromatographie liquide haute préci-sion), qui est la référence, mondiale,pour ce dosage.

Mais, je peux vous, dire sans metromper, qu’à peine le ¼ des labora-toires disposent de ce matériel, dont leprix est d’environ 2 millions de dinars.

Les ¾ des autres laboratoires d’ana-lyses continuent de doser l’HbA1cavec des techniques non validées, uti-lisant des kits de réactifs à micro co-lonnes à très bas coût, au résultat,complètement, erroné.

Que font les autorités sanitaires ?Le ministère de la Santé s’est impli-

qué, pour régler ce problème, depuisbientôt deux années et je peux vousdire que les choses vont beaucoupmieux que par le passé.•

Dr Aziz DAOUDClinique d’endocrino-diabétologie ;hôpital Ain Naadja - Alger

confrontés à de graves accidents desanté, qu'ils se rendent compte de lagravité du phénomène».

On ignore, pour l'instant, dansquelles conditions l'Association deprotection de l'enfance a mené soninvestigation, mais la publication, at-tendue, de ses résultats devrait éclai-rer l'opinion, sur le nombred'établissements ciblés, ainsi que surle type de panel sur lequel ses servicesont enquêté. Mais, le chiffre qu'ellevient de communiquer indique que856.000 élèves diabétiques, sur unepopulation scolaire de près de 8 mil-lions, représente un taux de 1,07%.On sait, également, que l'opération,qui a concerné les 48 wilayas du paysa touché les 3 paliers pédagogiques ets'est conclue par la découverte que lafrange, la plus touchée par la maladie,est celle des enfants du cycle pri-maire. Chez cette catégorie, expliquele président de la Fédération natio-nale des parents d'élèves, le dépistageest d'autant plus impératif qu'il s'agitde «très jeunes enfants, qui neconnaissent rien de la maladie» et«qui n'en ont conscience que tardive-ment et dans les accidents, dont ilssont victimes, à l'école.

M. Khaled affirme que la fédéra-tion, qu'il préside, reçoit, régulière-ment, des témoignages «sur desenfants pris d'évanouissement, enclasse ou à la récréation», parce qu'ilsne se savaient pas malades, ou «surdes élèves obligés de se cacher, pourprendre leurs médicaments» pourqu'ils ne soient pas rejetés, par leurscamarades. Une des revendicationsest que les enseignants exigent deconsulter, à chaque début d'annéescolaire, le livret de santé de leursélèves.•

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Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 29

Santé-mag >DOSSIER>DIABETE

Nouvelle étude sur l’analyseurd’hémoglobine glyquée, hors laboratoire, de Bayer :

Solution utile pour les cabinets médicaux et les laboratoires d’urgence

A1CNow+ de Bayer : aussi précis qu’un système de laboratoire standard

LEVERKUSEN/BARCELONE,8 FÉVRIER 2012

Une nouvelle étude1 présentée à l’occasionde la 5e conférence internationale del’ATTD (Advanced Technologies and Treat-ments for Diabetes) tenue à Barcelone a ré-vélé que l’A1CNow+®, le système de test del’hémoglobine glyquée (HbA1c) hors labo-ratoire de Bayer, était précis et montrait uneexactitude comparable à l’analyseur G8HPLC de Tosoh, un système de laboratoirestandard. Les résultats obtenus avec les deuxanalyseurs se sont avérés comparables, mal-gré des différences statistiques mineures etnon significatives.

L’analyseur d’hémoglobine glyquéeA1CNow+ de Bayer est un petit appareil demesure qui ne nécessite qu’une seule gouttede sang (5 microlitres). Il est basé sur la tech-nologie habilitante de Bayer, qui conjuguemicroélectronique, optique et bandelettesréactives de chimie sèche dans un moniteurintégré, indépendant et réutilisable et unecartouche de test à usage unique. Facile à uti-liser, l’A1CNow+ permet d’analyser deséchantillons de sang, prélevés par une piqûreau bout d’un doigt, ou par ponction veineuseet d’obtenir le taux d’HbA1c immédiate-ment, soit beaucoup plus rapidement qu’enayant recours à un laboratoire externe.

Les chercheurs qui ont mené l’étude, JoseLuis Bedini et Josep Maria Jou, du labora-toire Core de l’Hospital Clínic de Barcelone,en Espagne, ont conclu que l’analyseur d’hé-moglobine glyquée A1CNow+ de Bayer«pouvait être une solution utile pour obtenirdes résultats d’HbA1c rapides et précis encabinet médical, en laboratoire d’urgence etsur d’autres sites».

A PROPOS DE L’ÉTUDE57 échantillons de patient ont été évalués.

Tous les échantillons ont été analysés endouble pour déterminer la précision. Troislots d’échantillons différents ont été em-ployés. Les échantillons ont été obtenus àpartir de sang anticoagulé par héparinate delithium. Les résultats ont été comparés à

ceux obtenus avec l’analyseur G8 de Tosoh.Les méthodes statistiques ont utilisé la ré-gression linéaire (RL), le coefficient de cor-rélation (r), le test comparatif de Bland etAltmann et la régression de Passing et Ba-blok (P-B).

La comparaison des deux mesures réali-sées sur chaque échantillon a donné les ré-sultats suivants: N = 57, r = 0,918, différencemoyenne = –0,09. Régression linéaire (RL)= pente 0,865 et ordonnée à l’origine 0,70,Passing-Bablok (P-B) = pente 1,000 et or-donnée à l’origine –0,10. Les valeurs obte-nues avec le G8 de Tosoh ont servi devaleurs de référence. N = 57, r = 0,922, dif-férence moyenne = –0,249, RL = pente0,996 et ordonnée à l’origine –0,23, P-B =pente 1,000 et ordonnée à l’origine –0,30. Laprécision des deux mesures réalisées surchaque échantillon a été significative, ainsique l’attestent les faibles valeurs obtenuespour la différence (-0,09) et la pente de ré-gression = 1,000. Les résultats obtenus avecles deux analyseurs étaient comparables mal-gré des différences statistiques mineures etnon significatives de –0,2.

A PROPOS DE L’HBA1CL’HbA1c, également connu sous le nom

d’hémoglobine glyquée, est un complexe sta-ble qui se forme lorsque le glucose sanguinse lie de manière irréversible à l’hémoglo-bine. La durée de vie normale des érythro-cytes étant d’environ 120 jours en moyenne,le taux d’HbA1c évolue avec la fabricationde nouveaux érythrocytes. Les valeursd’HbA1c sont directement proportionnellesà la concentration moyenne de glucose dansle sang, sur les deux à trois derniers mois.Elles ne sont pas soumises aux fluctuations,quotidiennes, observées dans le cadre ducontrôle de la glycémie.

A PROPOS DE BAYERHEALTHCARE

Le groupe Bayer est une entreprise mon-diale possédant des compétences clés dansles domaines des soins de santé, de la nutri-

tion et des équipements de haute technolo-gie. Bayer HealthCare, une filiale de BayerAG réalisant un chiffre d’affaires annuel deEUR 16,913 milliards (2010), compte parmiles sociétés les plus innovantes dans l’indus-trie des soins de santé et des produits médi-caux. Elle opère à Leverkusen, enAllemagne. La société rassemble les activitésmondiales des divisions Animal Health,Consumer Care, Medical Care et Pharma.L’objectif de Bayer HealthCare consiste àdécouvrir et à fabriquer des produits quiaméliorent la santé humaine et animale. Lasociété Bayer HealthCare emploie 55 700collaborateurs (31 décembre 2010) dans plusd’une centaine de pays. Pour de plus amplesinformations, veuillez consulter le sitewww.bayerhealthcare.com.

DÉCLARATIONS PROSPECTIVES

Ce communiqué peut contenir des décla-rations prospectives reposant sur des hypo-thèses et des prévisions actuelles, formuléespar le groupe Bayer ou la direction de la fi-liale. En raison de divers risques connus etinconnus, incertitudes et autres facteurs, il sepourrait que les résultats, situations finan-cières, développements ou performancesréels de la société diffèrent sensiblement desestimations indiquées dans le présent docu-ment. Ces facteurs incluent ceux exprimésdans les rapports publics de Bayer disponi-bles sur le site Web de Bayer:www.bayer.com. La société décline toute res-ponsabilité quant à la mise à jour de ces dé-clarations prospectives ou à leur conformitéavec les événements ou développements fu-turs. •

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Bayer HealthCare

AG Communications

51368 Leverkusen

Allemagne

Tél. +49 214 30-1

www.bayerhealthcare.com

- 1Bedini JL, Jou JM, Evaluation of thepoint-of-care A1CNow+ analyzer forHbA1c; affiche présentée à l’occasionde la 5e conférence internationale del’ATTD (Advanced Technologies andTreatments for Diabetes) tenue à Barce-lone du 8 au 11 février 2012.

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Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 31

Le pied diabétique n’est pas une fatalité. Il n’y a pas, non plus, de traitement miracle

Dr Aziz DAOUD

Comment définissez-vous le pieddiabétique ?

Le pied diabétique est défini comme unpied, qui présente des lésions, allant dessimples phlyctènes (petites plaies) aux ul-cérations, qui peuvent s’infecter et aussi,des lésions détruisant les tissus profonds,pouvant aboutir aux amputations.

Toutes ces lésions sont associées a undésordre neurologique - c’est la neuropa-thie diabétique qui entraîne une perte dela sensibilité au chaud au froid et à la dou-leur associé a une déformation des orteilsavec sécheresse de la peau, qui va entraî-ner des fissures, des durillons et callosités- et une atteinte des vaisseaux sanguinsdu membre inférieur (artériopathie oumacro angiopathie diabétique), qui en-traîne une réduction du flux sanguin et unralentissement de la cicatrisation. Sa fré-quence, chez le diabétique, est aggravéepar l’hypertension artérielle, l’hyperlipémie(excès de graisse dans le sang) et le tabac.Cette atteinte vasculaire est grave car, sou-vent, indolore et sans claudication inter-mittente (crampes au niveau des molletsobligeant le patient à interrompre lamarche).

Il est à noter que si le diabète sucré estrécent, c’est-à-dire sans désordre neurolo-gique, ni atteinte des vaisseaux, le risque dedévelopper un pied diabétique est quasinul, c'est-à-dire le même risque que chezun sujet non diabétique.

Ainsi, sur un pied diabétique très vulné-rable, intervient le facteur déclenchant quiest, très souvent, un traumatisme minimepar des chaussures inadaptées, une hygiènedes pieds insuffisante, des soins de pédi-cure mal faits, des champignons entre lesorteils (en rapport avec les ablutions), unebrûlure par une source de chaleur, nonperçue par le patient.

Enfin, vient se greffer l’infection sur unpied très fragilisé, par la neuropathie et l’ar-tériopathie .L’infection est, souvent, su-perficielle, mais, dans certains cas, elle peuts’étendre en profondeur dans les tendons,muscles, os et articulations, aboutissant à lagangrène diabétique.

En résumé : De par sa situation anato-mique (distale), le pied diabétique est unorgane particulièrement exposé.C’est le carrefour des complications : neu-rologique – vasculaire – infectieuse.Ces troubles peuvent aboutir à l’amputa-tion et mettre en jeu le pronostic vital.

L’augmentation de la prévalence du dia-bète sucré et le vieillissement de la popu-lation, explique le véritable problème desanté public, que représente le pied diabé-tique.

Quelle est la prévalence du pied diabé-tique ?

• Le pied diabétique est la première caused’hospitalisation chez le diabétique.• 20 % des diabétiques présenteront un ul-cère du pied, au cours de leur vie.• Une amputation est réalisée, toutes les 30secondes, dans le monde, chez un diabé-tique.• 5 à 10% des diabétiques auront une am-putation, au cours de leur vie.• Ces risques sont 20 fois plus importantsque dans la population non diabétique.• 70% des amputations sont réalisées surdes patients de + 60 ans. • Une amputation du pied controlatéralsurvient, dans 50% des cas.• Le coût économique est impressionnant.Aux USA, la prise en charge d’un pied re-vient à 2000 dollars, pour une petite lésionet 28000 dollars, s’il y a amputation

Et si la lésion est déjà installée ? Le bon contrôle glycémique est primor-

dial. Une insulinothérapie optimalisée est,souvent, nécessaire avec des soins, locaux,avec détersion de la plaie (débridement etnécrectomie) et nettoyage, quotidien, ausérum physiologique (éviter le dakin, la bé-tadine, l’eau oxygénée et le mercuro-chrome). On utilisera la crème desulfadiazine. La mise en décharge (aurepos) du pied est, aussi, essentielle.

Elle peut se faire de différentes façons :limitation de la marche et de la station de-

bout ; parfois repos au lit; chaussure avecappui talonnier, pour les lésions de l’avant-pied, semelles podologiques, béquilles etchaises roulantes. Les antibiotiques ne sontnécessaires que s’il y a infection.

D’autres traitements sont possibles, telque les facteurs de croissances, dont lapresse a fait beaucoup de bruit, ces der-niers temps. Je rappelle que ces thérapeu-tiques ne sont utilisées que pour des plaiespeu profondes et non infectées, afin d’ac-célérer la cicatrisation. Donc, en aucun casil ne s’agit de traitement miracle, ou ex-ceptionnel, du pied.

Pour terminer voici les conseils (dixcommandements du diabétique), pourprévenir les lésions des pieds :1 Inspecter ses pieds tous les jours, si be-soin, à l’aide d’un miroir ou d’une tiercepersonne.2 Laver ses pieds, tous les jours a l’eautiède et au savon de Marseille et bien lessécher, y compris entre les orteils.3 Couper les ongles au carré, pas tropcourts et les limer. 4 Hydrater les pieds, chaque matin, s’ilssont secs, avec une crème hydratante neu-tre.5 Changer de chaussettes, tous les jours,non synthétiques : coton, laine, ou fild’Ecosse.6 Ne jamais marcher pieds nus.7 Acheter des chaussures adaptées. Leschoisir, en fin de journée, avec un boutlarge et pas de talon aiguille.8 Eviter les bouillottes, radiateurs etflammes.9 Pas de chirurgie de salle de bain. Lessoins de pédicure nécessitent une prise encharge spécialisée.10 Consulter votre médecin au moindredoute, devant toute lésion suspecte. Ne ja-mais différer la prise en charge.

Le mot de la fin :Le pied diabétique n’est pas une fatalité.

Il faut retenir que, dans plus de 80% descas, l’amputation est évitée.•

Santé-mag >DOSSIER>DIABETE

Le diabète sucré peut entraîner de graves et coûteuses complications dégénératives. Parmi celles-ci, les troubles trophiquespodologiques (lésions du pied appelé, aussi, pied diabétique), aux conséquences médico-socio-économiques majeures.

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Santé-Mag - N° 04 Mars 201232

Santé-mag >DOSSIER>DIABETE

A combien estime t- on la popula-tion algérienne atteinte de diabète?M. Ouhada : On a, environ, 10% de la

population qui est atteinte de diabète,contrairement a ce qui disent les statis-tiques de l’Etat, qui, selon elles, les ma-lades atteints sont de l’ordre de 7%, caril y a des malades non assurés. Dans cesens, nous demandons d’assurer tous lesmalades atteints de cette pathologie, afinde connaître le nombre exact des ma-lades. Le taux des malades, en Algérie,ne cesse d’augmenter. J’appelle les ci-toyens à effectuer des analyses de dé-pistage, rapide, de cette pathologie, pouréviter ses complications et réduire sesrisques. Je mets en garde les parentscontre les dangers de la consommation,excessive, par les enfants, d'alimentsmalsains et la restauration rapide, sou-vent à l'origine du diabète.

Quelles sont les principalescontraintes, qui entravent la bonneprise en charge des diabétiques? M. Ouhada : le problème qui se pose

est celui des malades non assurés. Lacouverture sociale est très importante,pour un malade du diabète. Nous, au ni-veau de notre association, on fait toutnotre possible afin d'assurer le traite-ment du diabète, tel que la fourniture deseringues, stylos, glucomètres et autresappareils. J’ai, environ, 30.000 diabé-tiques, au niveau de la wilaya d’Alger.Nos moyens sont limités, on aimeraitdonner plus et faire plus pour nos ma-lades, surtout les jeunes, qui sont de plusen plus nombreux, dans notre associa-

tion. Je déplore le fait que de nombreuxdiabétiques ne soient pas inscrits à laCaisse nationale d'assurance sociale(CNAS). Ces personnes doivent dispo-ser d'un numéro de Sécurité sociale oud'une carte de gratuité des médicaments.Cela est utile, pour eux et pour déter-miner le nombre, exact, de personnesdiabétiques. Un autre problème, qui sepose, est celui des structures sanitairespubliques et privées, qui ne jouent pasleur rôle. Vous savez, certains médecins,privés, aujourd’hui, ne pensent qu’augagne pain rapide, sans se soucier de lasanté du malade. La prise en charge dupied diabétique constitue une de nossoucis majeurs. Aucune structure sani-taire n’accepte cette complication, qui ades coûts d’hospitalisation. Dans cesens, j’estime qu’il est nécessaire de met-tre en place des stratégies de prise encharge, adaptées aux réalités nationales.On aimerait, aussi, avoir un service,pour traiter le pied diabétique danschaque hôpital, pour mieux prendre encharge les malades.

Les médicaments sont-ils disponi-bles? M. Ouhada : je dirai qu’on n’a pas un

manque de médicaments, pour les dia-bétiques. Le problème qui s’est posé etqui persiste, encore, est la mauvaise dis-tribution des médicaments.

Quel est l’impact des ruptures desmédicaments sur le diabétique?M. Ouhada : nous, en tant qu’associa-

tion d’aide aux malades, nous interve-nons, sur tous les plans, pour soulagernos adhérents. En cas de rupture de cer-taines marques de médicaments, nousconseillons à nos malades de demanderaux médecins traitants de changer lesmédicaments par d’autres, qui sont dis-ponibles sur le marché. On ne peut paslaisser un malade sans traitement. Nousdemandons, aussi, directement aux mé-decins de nos adhérents de donner des

médicaments, qui sont disponibles enAlgérie, pour que le patient puisse lesacquérir, facilement et ne pas interrom-pre son traitement.

Pouvez vous présenter votre asso-ciation; nous parler des activités ac-tuelles et vos futurs projets?M. Ouhada : Notre association est

axée sur la communication, l'éducationet la sensibilisation de toutes les catégo-ries de la société, à travers, notamment,l'organisation de journées portes ou-vertes, de conférences mensuelles et depsychothérapie de groupe. Je dois vousparler d’un projet qu’on a déjà fait l’an-née passé dont je suis très fier, qui est lacaravane de dépistage du diabète et del’hypertension. On parcouru 13 daïrateet on a eu plusieurs cas. Dans ce genrede caravane, notre devoir ne s’arrête pasau niveau du dépistage, mais aussi, dansle suivi des cas dépistés. Cette année lacaravane a commencé le mois de janvierpassé et elle est passée par 55 APC. L'as-sociation cible, chaque mois, une daïrade la wilaya d'Alger, en vue de sensibili-ser les habitants, sur l'importance de laprévention de cette redoutable maladiechronique, ainsi que ses effets,lorsqu'elle s'installe. On a organisé,aussi, une journée de dépistage, au ni-

«10% de la population est atteinte»Entretien avec Le président de l'association desdiabétiques de la wilaya d'Alger, M. Fayçal OUHADA

Diabète en Algérie :

•• Maia HARCHA

Le président de l'Associationdes diabétiques de la wilaya d'Al-ger, M. Fayçal Ouhada, à SantéMag : « La couverture sociale esttrès importante, pour un maladedu diabète. Elle lui permet d'ac-céder à tous les soins, que son étatde santé requiert».

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Santé-mag >DOSSIER>DIABETE

Des chiffres, qui ne sont pas encore ar-rêtés avec une grande précision, néan-

moins, en Algérie, on parle de 1 milliond’enfants, de 0 à 15 ans, touchés par le dia-bète, du type 1(DT1).

Ce qui semble un peu nouveau et que lascience n’arrive pas à expliquer c’est quecette pathologie touche, de plus en plus, lesnourrissons. Une maladie, en outre, très dif-ficile à soigner, à cause de ces hypo et hy-perglycémie. En effet, selon les spécialistes,il n’est pas facile de contrôler et stabiliser laglycémie, chez le sujet. La maladie, qui né-cessite une prise en charge multifactorielle,peut être source de complications, par lasuite et toucher d’autres organes, tel que lesyeux, les reins …

Le docteur Farida Lacet, Professeur endiabétologie de l’enfant et chef d’unité dediabétologie à l’hôpital Nafissa Hamoud exParnet, nous donne un aperçu de cette ma-ladie.

Santé Mag : Pouvez-vous nous expliquerce qu’est le diabète du type 1 ?Pr F. Lacete : Le diabète de type 1 est l'en-

docrinopathie la plus fréquente, chez l'en-fant. En Algérie, et selon les chiffres établisapproximativement, on parle de 1 Milliond’enfants, touchés par cette pathologie. Safréquence, aussi, est inquiétante car elle esten augmentation constante, partout dans lemonde et surtout chez les jeunes nourris-sons. Notre pays ne fait pas exception et laprévalence serait de l’ordre de 22% à 26%,annuellement.

De quoi relève la prise en charge du dia-bète ? Prendre en charge un enfant diabétique

n’est pas anodin. Cela nécessite une ap-proche multidisciplinaire, et fait appel à uneéquipe comprenant médecins, infirmiersspécialisés, diététiciens et psychologues. Elle vise également trois objectifs à savoir :• en premier lieu il s’agit de normaliser laglycémie et autres paramètres biologiques. • en deuxième lieu, il faut éviter les hypo-glycémies et les hyperglycémies.

• enfin éviter l’hyperglycémie chronique, gé-nératrice de complications dégénératives.Permettre ainsi une croissance staturo-pon-dérale et pubertaire normale et une bonneinsertion de l’enfant dans la vie adulte.

Quelles sont les bases du traitement?Les bases du traitement sont l’insulinothé-rapie avec: • l’auto contrôle glycémique, • l’adaptation régulière des doses,• les règles diététiques,• l’activité physique,• l’éducation thérapeutique, dispensée àl’enfant et à sa famille.

Quels sont les soins préventifs pour éviterles complications dégénératives de cettemaladie ? Il est souhaitable d’avoir un fond d’œil

(FO) de référence, au début de la maladie,puis le refaire après 5ans, puis tous les ans.On complètera par une angiographie réti-nienne, à refaire après 2 à 3 ans, si elle estnormale ; dans le cas contraire, c’est-à-direpathologique, il importe de faire un suivipar un ophtalmologiste.

D’autre part il est obligatoire de doser lamicro albuminurie, après 3-5 ans de dia-bète; rechercher les signes cliniques de laneuropathie périphérique et d’une limita-tion articulaire.

Ne pas négliger, également, la prise encharge buccodentaire, qui doit être systé-matique, assurée par le spécialiste.

Qu’en est-il de la prise en charge psycholo-gique ? La chronicité et l’absence de guérison

peuvent entraîner, chez le jeune diabétiquedes perturbations et des problèmes com-portementaux, qui influent sur la famille,l’entourage de l ‘enfant, l’école, les amis dejeux… L’adolescence, avec sa spécificité,contribue, grandement, aux situations decrise et rend la prise en charge plus difficile.Une psychothérapie, intégrée à la consulta-tion, est fondamentale. Elle doit être assu-rée par un psychologue formé au diabète.•

Pr Farida LACETE à Santé Mag :« Près d’un million de diabétiques,du type 1, en Algérie »

•• ParTanina AIT

veau de la cité des filles de Bab Ez-zouar ou on a effectué 550 dépistagesde diabète et d’hypertension. On vaorganiser, prochainement, la mêmeopération au niveau de la cité des gar-çons de Bab Ezzouar. Des médecins,bénévoles, étaient «prêts» à répondreà toutes les questions, relatives au dia-bète, ainsi qu’à faire subir, à toute per-sonne désireuse de savoir si elle est oupas atteinte de diabète. Selon lui, la ca-ractéristique principale de cette cara-vane est la mise en évidence desbienfaits de la pratique sportive, chezla personne atteinte de diabète. Lesenfants diabétiques figurent au cœurde l'action de l'association, qui orga-nise à leur intention des séancesd'éducation physique et leur inculqueles comportements à adopter, vis-à-vis de leur maladie. On a eu, égale-ment, une campagne desensibilisation, gratuite, pour le dépis-tage du diabète, organisée au jardind'essais d'El Hamma (Alger), à l'occa-sion de la journée mondiale du dia-bète, célébrée le 14 novembre, dechaque année. Il y avait une tentedotée d'équipements médicaux, poureffectuer des analyses rapides et me-surer le taux de sucre dans le sang etla tension artérielle. En cas de diag-nostic positif, le malade est orientévers l'établissement hospitalier le plusproche de son lieu de résidence et estinscrit à l'Association, qui prend encharge les non assurés sociaux et pro-digue des conseils aux malades. On a,aussi, la thérapie du groupe, qui setient, chaque mercredi, au niveau denotre siège, sous le slogan «nous par-lerons chaque semaine». •

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Santé-mag >EVENEMENT

1- INTRODUCTION

Bien qu’il soit d’un usage courant, leconcept de stress est particulièrement

flou et ambigu. En témoignent les multiplesdéfinitions, variant selon les approchesconceptuelles et les époques (Rivolier, 1989).

Le stress est une réaction de l’organisme :confronté à un danger, il aide celui-ci à fairefront. Ainsi, on peut affirmer que, si l’ampleurde l’évènement stressant (nommé aussi stres-seur) ne dépasse pas les capacités de réponsenormale, l’organisme n’en subira pas les consé-quences. A l’inverse, si les ressources de cet or-ganisme sont débordés (qu’il ne peut fairefront à la quantité de stress qu’il doit gérer),des problèmes de tous ordres sont suscepti-bles de survenir (Selye, 1962).

Parmi l’ensemble des conséquences psy-chologiques et physiologiques, dont peutsouffrir un sujet, confronté à un évènementexceptionnel ou menaçant, l’état de stresspost-traumatique représente une modalitéévolutive, fréquente, invalidante, fortementcomplexe et qui tend à la chronicité, en l’ab-sence de repérage clinique.

Le trouble de stress post-traumatique (aussidésigné syndrome de stress post-traumatique,SSPT, ou état de stress post-traumatique,ESPT) est une réaction psychologique,consécutive à une situation durant laquelle

l’intégrité physique et/ou psychologique dupatient et/ou de son entourage a été menacéeet/ou effectivement atteinte (accident grave,mort violente, viol, agression, maladie grave,guerre, attentat, etc.).La réaction, immédiate,à l’évènement doit s’être traduite par une peurintense, par un sentiment d’impuissance oupar un sentiment d’horreur. Le SSPT sur-vient, parfois, à la suite de la réaction aigue destress à la situation anxiogène, mais il peut,aussi, apparaître beaucoup plus tard (aprèsplusieurs semaines ou plusieurs mois). Si, unterrain psychologique ou psychiatrique fra-gile (dépression, anxiété…) peut augmenter lerisque de développer un SSPT, une expé-rience traumatisante peut, à elle seule, faireapparaître un SSPT, chez des personnes neprésentant aucun antécédent. En particulier,les enfants et les personnes âgées seraient plusvulnérables. (Allen et Bloom 1994).

Les séquelles psychologiques, graves, dé-montrées, dans les années 1970, par les vété-rans de la guerre du Vietnam, ont provoquéun regain d’intérêt, pour la pathologie trau-matique. En 1974, Burgess et Holmstrom pu-blient un article sur le « rape traumasyndrome », identifiant les séquelles psycho-logiques et somatiques d’un autre trauma-tisme, jusqu’alors peu évalué : l’agressionsexuelle, et d’évènements traumatisants.

L’augmentation du nombre d’accidents de

la route, observés ces dernières années, en Al-gérie, cause un grand nombre de victimes hu-maines (décès, blessés graves). Pour exemple,le bilan, des trois premiers mois de 2011, faitressortir une tendance, à la hausse, des acci-dents de la route. Pour le premier trimestre de2011, la Gendarmerie nationale indique que758 personnes ont trouvé la mort, dans desaccidents de la route et 8 412 blessées. Com-parativement au premier trimestre 2010, lenombre de décès a augmenté de 143 (+23,25%), celui des blessés de 2138 (+34,08 %) etcelui des accidentés de 1 248 (+34,12 %).

En nous basant sur cet évènementd’actualité, notre travail a porté surl’étude de différentes perturbations,neuro-immuno-endocriniennes et métabo-liques, de 60 individus de sexe masculin, ettenté de mettre l’accent sur les modificationsimmunitaires et endocriniennes, qui sont encorrélation avec les états psychologiques desindividus atteints d’un PTSD ; ce qui avoirune grande répercussion, sur le fonctionne-ment social et/ou professionnel de l’individutraumatisé.

2 -MATÉRIEL ET MÉTHODES

2-1-Matériel biologique : Notre étudea été réalisée sur 60 individus de sexe mascu-lin, âgés de 35 à 40 ans, dont 40 ont subi un

L’état de stress post-traumatique est un trouble anxieux, majeur, chronique et invalidant, altérant la santé,physique et mentale, du patient. Selon la nature et l’intensité du traumatisme (agression physique, catas-trophe naturelle, accident, etc.), le patient riposte, mais il se produit une perturbation des différents sys-tèmes neuroendocriniens et métaboliques impliqués. De manière schématique, la fonction protectrice estassumée par le système nerveux et le système endocrinien, lesquels, sous l’influence de stimulis physiquesou psychiques stressants, déclenchent une préparation à l’action, qui se traduit par des taux bas de tes-tostérone, chez les individus PTSD. La cortisolémie, quant à elle, est significativement élevée, chez les individus stressés, alors que les tauxs’effondrent, chez les individus PTSD, comparativement aux individus témoins. L’immunosuppression éle-vée parait s’expliquer par une hyperactivité du système corticotrope.

Mots clés : Stress, PTSD, cortisol, testostérone, immunité, accidents de la route.

Etude de perturbations immuno-endocriniennes, suite à un état de stress post traumatique, chez les accidentés de la routeDjouini A. (1) , Dr Atia H. (2) , Dr Brahimi L. (3) , Dr Bastandji A. (4) , Pr Bairi A.(5) , Pr Tahraoui A. (5)1 – Département de Biologie - Université Badji Mokhtar – Annaba2 – Service Traumatologie Orthopédie – CHU Ibn Rochd – Annaba3 – Département de Biologie - Université Badji Mokhtar – Annaba4 – Clinique Médicale Infantile St Thérèse CHU – Annaba5 – Département de Biologie - Université Badji Mokhtar – Annaba

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Santé-mag >EVENEMENT

traumatisme physique, lié à un violent acci-dent de la circulation. Ils sont sélectionnés, aumoment de leur prise en charge par le per-sonnel médical et sont comparés à une popu-lation témoin de 20 individus (hommes)n’ayant pas subi de traumatisme, physique oupsychique, grave depuis 5 années, avant ledébut de notre expérimentation.

2-1-1-Lieu d’expérimentation :L’expéri-mentation a été réalisée au niveau de l’unitédes urgences (déchoquage et réanimation) duCHU Ibn Rochd d’Annaba (Algérie). Elles’est étalée sur une période de 24 mois. Le re-crutement du plus grand nombre de nos in-dividus s’est réalisé durant l’été ( Juin à Août),période connue pour son fort taux d’accidentsde la circulation.

2-1-2-Lots expérimentaux : Les patients,sélectionnés pour notre étude, ont été répar-tis, suite au traumatisme, plus ou moins vio-lent, à caractère destructeur lié à l’accident dela route, selon la gravité des blessures - et aprèsavis médical - en 2 lots expérimentaux de 20individus chacun, comparés à un lot témoinde 20 hommes sains. Lot témoin (T) : Les individus de ce lot sesont portés volontaires, pour l’expérimenta-tion. Ils sont dotés d’un équilibre psychique,et n’ont subi aucun traumatisme connu, de-puis 5 ans.Lot S : Les individus de ce lot ne considèrentpas avoir été en danger réel, malgré qu’ils aientsubi un traumatisme physique (accident de lacirculation), mais nécessitant un transfert versla structure d’urgences, vu leurs légères bles-sures.Lot PTSD : Les hommes, de ce lot, ont subiun traumatisme physique (accident de la cir-culation), avec de graves blessures et un faiblepronostic vital, qui a nécessité un transfert,immédiat, vers les services d’urgence.

2-1-3-Prélèvements sanguins : Le prélève-ment du sang veineux est réalisé, à l’admissiondes patients, le matin, au service des urgencesdu CHU Ibn Rochd d’Annaba. Le prélève-ment sanguin se fait, sur une peau désinfec-tée, au niveau du pli du coude, sauf pourcertains cas. Le sang est collecté dans des tubesà EDTA.

Après centrifugation, immédiate, pendant20 minutes à 3500 tr/mn, le plasma, aliquotédans des tubes Eppendorf, est congelé à -14°C. Il servira au dosage du cortisol, testos-térone, et IgG.

2-2-Méthodes de dosage :2-2-1-Dosages des immunoglobulines(IgG) :Le dosage, effectué, grâce à un kit de do-

sage, spécifique aux immunoglobulines etcontenant des antisérums anti IgG, permet dequantifier les IgG, qui sont des marqueurs im-munologiques, humains, de la réponse im-munitaire.

2-2-2-Dosage du cortisol et de la testosté-rone plasmatiques : Le dosage, du cortisol etde la testostérone plasmatiques, sont effectuéspar le test ’électro-chimiluminescence(E.C.L.I.A.), qui est adapté aux dosages im-munologiques, sur les analyseurs Elecsys 1010(Aron et Tyrell, 1994).

2-3-Analyse des résultats :Les résultats sont exprimés, sous forme de

moyennes (m), affectées de l’écart standard(sd) et analysés par le test T de Student.

3 - RÉSULTATS

3-1- variation des paramètres hor-monaux (cortisol, testostérone), chezun homme, après un accident de laroute : Le tableau 1 et la figure 1 représen-tent la variation de la cortisolémie, chez les su-jets masculins stressés (non PTSD) et PTSD,exprimée en moyenne ± écart-type.

Le taux de cortisol, représenté dans la figure1, révèle des niveaux significativement élevés,chez les sujets masculins stressés (299,64 ±1,49 nmol/l). Ces niveaux diminuent et sontau plus bas, chez les individus masculinsPTSD (102,83 ± 3,52 nmol/l).

Le taux de testostérone plasmatique est lé-gèrement bas, chez les sujets stressés non

PTSD (13,08 ± 0,23 nmol/l), par rapportaux sujets témoins (18,87 ± 0,91 nmol/l),mais il chute, considérablement, chez les su-jets masculins, considérés comme PTSD(9,38 ± 0,27 nmol/l) (Tab.2; Fig.2).

3-2 -Variation des paramètres immu-nitaires humoraux (IgG) (g/l), chez lessujets masculins, stressés et PTSD

La figure 3 révèle une immunodépression,remarquable, au niveau humoral, où nous as-sistons à une diminution du taux des immu-noglobulines IgG, chez les sujets masculinsstressés (9,91 ± 0,20 g/l) et PTSD (9,89 ±0,06 g/l), comparativement aux sujets té-moins (12,29 ± 0,27 g/l).

4 - DISCUSSION

Le stress est l’état qui résulte d’une pression,appliquée à un organisme ou une structure.Cette pression peut être causée, chez les hu-mains, par des demandes internes ou externes,qui sont les agents du stress, encore appelésstresseurs. Il en résulte une cascade de réac-tions, nerveuses et hormonales, destinées àdéclencher le mécanisme de survie, qui repré-sente la réponse fuite – agressivité. Reynaud& Malarewicz (2003).

Un sujet prédisposé à une situation de stressréagit, dans un premier temps, par une hy-persécrétion de CRF, d’ACTH, et de cortisolet secondairement, par les surrénales qui s’hy-pertrophient. (Canny 1990).

Dans notre étude, nous avons enregistréune augmentation de la teneur plasmatiqueen cortisol, pour les sujets masculins stressés(299,64 ±1.49 nmol/l). Une cortisolémie

Tableau 1 : Variation dutaux de cortisol plasmatique

(nmol/l) chez les sujets masculins

Figure 1 : Variation du tauxde Cortisol plasmatique

(nmol/l) chez les hommestraumatisés.

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basse est observée chez les sujets PTSD(102,8 ±3.52 nmol/l), comparés aux sujets té-moins.

L’axe corticotrope, ou axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS), est un sys-tème neuroendocrinien en cascade, avec uneboucle de rétroaction négative. Il aboutit à lasynthèse des glucocorticoïdes. Face à un évé-nement émotionnel fort, l’axe HHS s’active,aboutissant à la production de cortisol. S’ils’agit d’un événement traumatisant, ce phé-nomène est majoré. Les glococorticoîdes sontdes substances très lipophiles et donc, ellesont la capacité de passer, facilement, la bar-rière hémato-méningée. (Mc Ewen 2000)montre :• La fixation des glucocorticoïdes, au niveauhippocampique,• L’existence de récepteurs, aux glucocorti-coïdes,• Leur neurotoxicité.

Cela explique, donc, l’atrophie au niveauhippocampique, retrouvée en imagerie et lesdéficits en mémoire déclarative, chez les su-jets présentant un ESPT. Starkman, en 2010,confronte ses observations à des patients souf-frant de Cushing, présentant, donc, un tauxélevé de cortisol, et il retrouve les mêmes élé-ments, à savoir les troubles mnésiques et uneatrophie hippocampique. (Monica et al2010& Bremner et al 1995).

Les patients présentant un ESPT ont desmodifications de leur rétrocontrôle négatif.Le test à la dexaméthasone (agoniste aux ré-cepteurs des glucocorticoïdes) induit uneforte inhibition de l’axe HHS (hypersensibi-lité des Récepteurs aux glucocorticoïdes) Ye-huda (2000). Un taux basal de cortisol, plusfaible, est retrouvé chez ce type de patients.Par contre, en cas de stimulation, la concen-tration en cortisol est beaucoup plus impor-tante. (Elzinga & Bremner 2002).

L’axe HHS devient, chez les patients at-teints d’ESPT, hypo-actif, mais hyper-réactif

(Schelling 2002). Les neurones hippocam-piques deviennent, aussi, plus vulnérables. Onexplique, donc, comment un antécédent detraumatisme peut constituer un facteur derisque de développement d’un ESPT Yehuda(2000) et Schelling (2002).

Aujourd’hui, les contraintes sont, non seu-lement prolongées, mais perçues dans notreesprit. Et ce stress, chronique, provoque uneactivation de l’axe corticotrope et du proces-sus catabolique. En fait, le catabolisme chro-nique n’est pas, seulement, la plus grandecause de vieillissement prématuré et de mala-die cardio-vasculaire, mais il inhibe, sérieuse-ment, l’action de la testostérone, qui est unehormone stéroïde (dérivée d’un stérol) sécré-tée, chez l’homme, par les cellules de Leydigdes testicules, sous la stimulation d’une hor-mone hypophysaire, l’hormone lutéinisante(LH).

Elle circule dans le plasma sanguin, liée àdes protéines, plus particulièrement à la SexBinding Protein (SBP). La sécrétion de tes-tostérone débute, pendant la vie in utero, puiss’interrompt, presque complètement, après lanaissance, pour reprendre, lors de la puberté.La testostérone est nécessaire à la spermato-genèse (production de spermatozoïdes) et audéveloppement des organes génitaux, donc àla fertilité.

Le stress, dont le point de départ est céré-bral, peut agir sur la spermatogénèse, par lesvoies hormonale ou nerveuse. La voie hor-monale aboutit à une baisse de production deLHRH, à une chute des récepteurs à LH descellules de Leydig et à une diminution de l’ac-tivité enzymatique 17α hydroxylase. Ainsi, encas de stress important et prolongé, la sécré-tion de testostérone diminue et la spermato-génèse peut en être affectée. (Auroux 1995)

Dans notre étude, nous obtenons un ef-fondrement de la réponse gonadotrope, tra-duite par un taux bas de testostérone, chez lesindividus masculins stressés (13,07 ± 0.23

nmol/l). Figure 2, Tableau 2 et PTSD (9,38 ±0.27 nmol/l), en comparaison avec les té-moins.

Le mécanisme, par lequel le stress chro-nique inhibe l’axe hypothalamo-hypophyso-testiculaire, a été étudié. Le stress chroniquediminue la sécrétion de testostérone, un effetqui est associé à une diminution des niveauxde gonadotrophine plasmatique. Le stress etle traumatisme ont un effet suppresseur sur laproduction de la testostérone. En effet, sestaux chutent de 90%, chez des hommes de-vant subir une castration, suite à un canceravancé de la prostate (Handelsman, 2000).

L’association, entre la testostérone plas-mique et le comportement agressif perçu, estobservée pour témoigner de l’intérêt, crois-sant, des fluctuations hormonales, chezl’homme.

Plusieurs travaux (Benton, 1986 ; Hjem-dahl, 1988) ont été réalisés sur les variationsdes taux de testostérone de l’individu, face àun évènement en traumatiques et non trau-matiques, en insistant sur le niveau d’accom-pagnement, au moment du traumatisme. Cesobservations mettent en évidence le caractère,exceptionnel, du traumatisme, aussi bien parsa nature (violence, surprise, menace vitale),que par la signification qu’il a, pour un indi-vidu à un moment donné.

A l’heure actuelle, la majorité des études cli-niques, concernant la relation stress et patho-logie, s’appuie sur une approcheépidémiologique descriptive. Il apparaît in-dispensable que neurobiologistes, immuno-logistes, psychiatres et psychologuestravaillent, conjointement, au développementde modèles animaux, d’une part et à la réali-sation d’études longitudinales chez l’homme,d’autre part, afin d’approfondir les connais-sances des mécanismes sous-jacents à la liai-son stress -immunité pathologie. A terme, cesétudes devront répondre à la question : lestress constitue-t-il un facteur important, dansla genèse de certaines pathologies ? Si oui, parquels mécanismes

Le stress est l’ensemble des évènements psy-chologiques (traumatisme, émotion, colère,contrariété, veille, surmenage, dépression,etc.) et biologiques (interventions chirurgi-cales, écarts de température) susceptibles deprovoquer, dans l’organisme, des modifica-tions, pouvant occasionner des perturbations,plus ou moins graves, comme une dépressiondu système immunitaire.

Agression, stimulation, choc, contraintetension, commotion, émotion, déséquilibre,dépression, indisposition, malaise, sont autantde termes français qui pourraient mieux nouséclairer que le seul terme anglais de stress(Spieker et al, 2002).

Il existe une littérature, maintenant « si-

Santé-mag >EVENEMENT

Tableau 2 : Variation de la tes-tostéronémie (nmol/l) chez les

sujets masculins stressés etPTSD

Figure 2 :Variation du tauxde testostérone plasmatique(nmol/l) chez les hommes

traumatisés.

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gnifiante », montrant que le stress psycholo-gique peut créer une diminution de la réponsecellulaire immune. Ces mêmes résultats sontobtenus, dans notre étude, chez nos groupesd’individus masculins, accidentés de la routestressés et PTSD. Nous avons enregistré uneimmunodépression, illustrée, principalement,par la baisse de concentration des immuno-globulines IgG, par rapport au lot de sujetsmasculins témoins.

Ce sont les quatre grands systèmes : ner-veux, central, autonome, (sympathique et pa-rasympathique), neuroendocrinien etimmunitaire qui ont été décrits, dans leurs im-plications et leurs interactions, réciproques,avec le stress et ses différentes manifestations.A cet aspect « central », il faut ajouter la pré-sentation de très intéressants travaux, faisantapparaître que ces relations se trouvent, au ni-veau local, dans certains « organes » commela peau, le cœur et l’intestin (Liverman, 2004).

CONCLUSION :

Le syndrome de stress post-traumatique setraduit par un niveau d’anxiété élevé et unehypermnésie de l’évènement traumatisant(flash-back, cauchemars, etc.). Au niveau dessignes biologiques, le PTSD s’accompagne decortisolémie et cortisolurie diminuées, d’uneaugmentation du nombre et de la sensibilitédes récepteurs aux corticoïdes, et paradoxale-ment, d’une augmentation du CRH. On as-siste, donc, à une dissociation entre lastimulation hypothalamique et une hypoac-tivité corticotrope : le CRH hypothalamique,élevé, n’active plus, normalement, l’axe corti-cotrope. En fait, dans le PTSD, le système atrouvé son propre équilibre.

Ainsi, l’axe corticotrope, apparemment hy-poactif, est en réalité hyperactif. Il n’y a pasd’anomalies de fonctionnement de la surré-nale, ni de l’hypophyse, mais, seulement, unehypersensibilité des récepteurs aux corti-

coïdes, dans l’hypophyse. On rapporte, égale-ment, une diminution du volume de l’hippo-campe, chez les individus souffrant d’unPTSD.

En conclusion, il faut réfléchir sur l’inté-gralité des réponses d’un individu, face à untraumatisme. Pourtant, ce dernier influencetoute l’organisation de la société actuelle etdoit, donc, pouvoir se penser à tous les ni-veaux de celle-ci.

Il s’avère intéressant de faire :-Réévaluer nos techniques de prévention,

l’organisation des secours, nos méthodes detraitement et nos programmes de recherche.

-Une étude, avec une taille plus importante,de l’échantillon et à plus long terme (duréeplus longue), pour mieux spécifier les causesd’un état de stress post-traumatique et carac-tériser les facteurs environnementaux, socio-logiques et familiaux permettant soninstallation, dans une population donnée.

RÉFÉRENCESBIBLIOGRAPHIQUES

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Santé-mag >EVENEMENT

Tableau 3 :Variation du taux des immu-

noglobulines IgG (g/l) chez lessujets masculins stressés et

PTSD.

Figure 3 : Variation du tauxd’IgG (g/l) chez les hommes

traumatisés.

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Santé-Mag - N° 04 Mars 201238

RECHERCHESMEDICALES

Suivre la guérison d'une fracture, avec une puce plaquée sur l'os.

Installés sur des implants chirurgicaux, descapteurs d'un demi-centimètre de diamètre etépais d'un demi-millimètre transmettent, entemps réel, des informations sur l’état d’un osfracturé : c'est ce qu'ont réussi à faire des spé-cialistes américains de bio ingénierie médi-cale.

Surveiller la reconstitution d’un os aprèsune fracture sans recourir à la radiographie nià des examens invasifs, voilà ce que peuventfaire des micro capteurs, mis au point par deschercheurs américains du Rensselaer Poly-technic Institute.

D’une taille minuscule (entre 6 et 4 mm dediamètre, pour 500 microns d’épaisseur), cescapteurs peuvent être fixés sur un grand nom-bre d’implants chirurgicaux, comme les tigesutilisées pour consolider un os cassé. Le cap-teur peut surveiller la température, la tension,les mouvements et la pression au fur et à me-sure de la consolidation osseuse. Toutes ces in-formations peuvent être récoltées, en tempsréel, par un lecteur externe.•

De plus en plus de femmes font desinfarctus, aigus, avant 50 ans

Une étude américaine montre que lesfemmes de moins de 55 ans, qui font un in-farctus risquent, davantage, d'en mourir queles hommes. Le nombre de femmes, touchées,continue d'augmenter.

En étudiant le parcours de plus d'un mil-lion de patients, victimes d'infarctus du myo-carde, dans plus de mille hôpitaux, à traversles Etats-Unis, une équipe américaine a mis aujour un risque de mortalité accru (14 %), pourles femmes de moins de 55 ans, par rapportaux hommes du même âge (10 %).

Leur étude montre, aussi, qu'"elles se pré-sentent plus avec des symptômes atypiques,sans la douleur thoracique aigüe", explique lePr. John Canto, directeur du Centre de pré-vention cardio-vasculaire de la Watson Clinicde Lakeland. Ceci expliquerait, d'ailleurs, enpartie cela : avec des signes peu caractéris-tiques, ces patientes sont, trop souvent, prisesen charge trop tard… Il insiste donc sur l'im-portance d'une meilleure information desfemmes, ainsi que des urgentistes, "pour trai-ter ces patients, correctement et dans les meil-leurs délais", poursuit le Pr. Canto.

En France, une étude publiée, en 2006,dans l'European Heart Journal, montrait,ainsi, que le risque de décès précoce, à l'hôpi-tal, après un infarctus, était presque deux foisplus important, chez les femmes de 30 à 67ans que chez les hommes du même âge. Mais,l'enquête FAST-MI (registre français des in-farctus du myocarde), réalisée tous les cinqans, pour recenser, pendant un mois, les pa-tients hospitalisés pour infarctus aigus, mon-tre que cet écart a disparu, dès 2005.

Le principal responsable serait le tabac.Sans oublier le manque d'exercice physique etla pilule, associée à la cigarette. Quant aux dif-férences avec les Américaines, la cardiologuesoupçonne leur diabète : "il est plus fréquentchez les patientes de l'étude concernées par lasurmortalité et les symptômes atypiques, dé-crypte-t-elle. Et nous savons qu'il augmente lerisque de décès précoce."•

Comment le bon cholestérol tourne mal…

Comment un cholestérol, protecteur dusystème cardio-vasculaire, peut-il devenirnocif ? Une équipe de Berkeley a réussi à vi-sualiser le mécanisme d'action de la protéineCETP, impliquée dans cette transformation.Cette avancée est essentielle, pour la re-cherche sur les médicaments "anti-cholesté-rol". Plongée dans l'infiniment petit. Tout lemonde est préoccupé par son taux de "bon" et

de "mauvais" cholestérol. Les termes sont im-propres, puisqu'il n'existe, évidemment, pasdeux sortes de cholestérol… En revanche,celui-ci peut être transporté, dans le sang, pardeux sortes de lipoprotéines : le LDL et leHDL. Et associé à l'une ou l'autre, il joue unrôle tout à fait différent dans notre santé car-diovasculaire. Le LDL-cholestérol (le com-plexe formé par le cholestérol et sontransporteur LDL) se dépose sur les parois desartères, forme des plaques d'athérosclérose, etconstitue un risque, majeur, de maladies car-dio-vasculaires. Le HDL-cholestérol, en re-vanche, est évacué par le foie et excrété. Il a,donc, un rôle d'"épuration" et de protectiondes artères. Logique, donc, que pour se pré-munir des accidents cardio-vasculaires, il soitfondamental de maintenir un taux de LDL-cholestérol circulant le plus bas possible, et untaux de HDL-cholestérol le plus élevé possi-ble.

Jusque-là, les chercheurs ont, uniquement,trouvé le moyen d'agir, en faisant baisser letaux de LDL. C'est ce que font les médica-ments "anti cholestérol". "L'objectif, actuel,pour la recherche, est de trouver le moyen defaire augmenter le taux sanguin de HDL-cho-lestérol protecteur. Dans ces variations destaux de HDL et de LDL-cholestérol, le rôlemajeur d'une protéine circulante, la CETP(Cholesterylester transfer protein), est établie,depuis quelques années. Elle permet, en effet,le transfert du cholestérol des HDL aux LDL.En un mot, la protéine transforme notre"bon" cholestérol… en "mauvais". Un comble.

C'est justement à elle que l'équipe de Ber-keley s'est intéressée. Car, sa structure carac-téristique, en forme de boomerang, estconnue, mais son mécanisme d'action molé-culaire l'était beaucoup moins. Comment in-teragit-elle avec le LDL et le HDL ? Jusque-là,plusieurs théories s'opposaient. "Certains pen-saient que la CETP faisait "la navette" entreles deux transporteurs lipoprotéiques, et d'au-tres penchaient pour la formation d'un com-plexe ternaire, formé de la protéine, du LDLet du HDL"

La théorie du complexe ternaire, même sielle n'exclut pas, totalement, l'autre, vientd'être confirmée par l'équipe de Berkeley : leschercheurs l'ont observé, par une techniquede microscopie électronique et une recons-truction de l'image en trois dimensions. "Cecomplexe ternaire n'avait jamais été vu, devisu", commente le directeur de recherche del'Inserm. C'est là toute l'importance des ré-sultats de l'étude".

Et on sait, désormais, comment la CETP

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Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 39

Santé-mag >RECHERCHES MEDICALES

agit : elle "plante" une de ses extrémités dansla lipoprotéine de HDL et l'autre dans la li-poprotéine de LDL. S'en suit un changementde conformation de la protéine, qui forme un"tunnel" en son centre, permettant ainsi detransférer le cholestérol des HDL vers lesLDL.

Maintenant que son mode d'action estmieux élucidé, tout l'enjeu est d'empêcherl'action de la protéine. Les tentatives de dé-velopper des médicaments, qui inhibent laCETP, sont en cours. Cette découverte vapermettre de mieux connaître les sites d'ac-tion de la CETP, et donc, de travailler, plusefficacement, au bloquer de son activité. Etc'est peu dire que les enjeux, que soulève la re-cherche concernant les médicaments des ma-ladies cardio-vasculaire, sont colossaux…•

Un capteur électrochimique,pour repérer les virus

Un capteur, mis au point par des cher-cheurs britanniques, parvient à détecter, spé-cifiquement, les virus et à les dénombrer. Àlongue échéance, il pourrait remplacer lestechniques actuelles qui, bien qu'efficaces, né-cessitent du temps et de l’argent. Cela per-mettrait d’incriminer, plus vite, les virusresponsables de nos maladies et donc, de pro-poser, aussitôt, un traitement adapté.

Nous avons, depuis plusieurs années, lesmoyens techniques de détecter les virus.

Cependant, les méthodes actuelles usentd’artifices et révèlent la présence de l’agent in-fectieux par des moyens indirects. Par exem-ple, le test Elisa consiste à vérifier sil’organisme produit des anticorps, contre lesantigènes viraux, signe d’une infection. Latechnique PCR, quant à elle, met en évidencel’ADN viral, dans des cellules contaminées.

Ces moyens de mesure ont fait leur preuve,mais demandent du temps, avant de fournirles résultats et deviennent, donc, relativementonéreux. Pour tenter de résoudre ce pro-blème, des chercheurs de l’université de Leeds(Grande-Bretagne), ont mis au point un cap-teur, pour détecter, rapidement et à moindrecoût, la nature du virus mais, aussi, la quantitéà laquelle on le retrouve.

Pour l’heure, le procédé ne repère que laprésence d’adénovirus, des vecteurs de mala-dies bénignes (gastroentérite par exemple),pour des personnes en bonne santé, mais quipeuvent devenir mortelles, pour les individusimmunodéprimés, comme les malades duSida ou les nouveau-nés.

Pour mettre au point le capteur, plusieursétapes ont été nécessaires. Il a fallu, d'abord,fabriquer des anticorps poly clonaux (capa-bles de se lier à différents antigènes) ayant uneaffinité spécifique pour les protéines de lacapside virale d’un adénovirus de type 5(Ad5). Puis, ces molécules ont été clivées en

deux moitiés symétriques, de manière à évi-ter qu'un seul anticorps ne réquisitionne deuxvirus, ce qu'il peut faire, et ne fausse les cal-culs. Enfin, ces anticorps ont été fixés sur uncapteur électrique.

Pour vérifier l’efficacité du procédé, leschercheurs ont plongé leur détecteur dans unmilieu comprenant deux sérotypes, distinctsmais proches (Ad3 et Ad5), à des concentra-tions variant de 10 à 1012 particules virales,par millilitre.

Grâce à la spectroscopie d'impédance élec-trochimique, qui mesure les changementsélectriques au niveau du capteur, le systèmedétecte, spécifiquement, le sérotype Ad5, àpartir d'une concentration de 103 particulesvirales, par millilitre.

Paul Millner, qui a supervisé cette étude, seréjouit de cette réussite : « Pour la premièrefois, nous avons pu tester la présence d’unvirus, dans son intégralité, plutôt que de re-chercher son matériel génétique et pour lapremière fois, nous avons pu compter lenombre de particules virales, en utilisant unepuce, créée en laboratoire ».

Les chercheurs comptent, désormais, ac-croître la sensibilité de leur outil et optimiserles différentes étapes, pour s’attaquer aux testscliniques. Si un tel procédé venait à être uti-lisé dans les cabinets médicaux, il pourrait, ef-fectivement, permettre un diagnostic, plusrapide et moins coûteux, que les techniquesactuelles. Pour les patients, cela se traduiraitpar une prise en charge, plus précoce et donc,une meilleure chance de rémission.•

Les maladies coronariennes, liées auchromosome Y des hommes.

Les hommes, dotés d’un chromosome Y del'haplo groupe I, c'est-à-dire porteurs d’uncertain nombre d’allèles sur leur chromosomesexuel, ont plus de risques de développer desmaladies coronariennes.

Une équipe australo-britannique vient demettre, à jour, un lien, inattendu, entre lechromosome Y, présent chez tous leshommes et une augmentation du risque dedévelopper une… maladie coronaire ! Les au-teurs ont travaillé à partir d’études sur l’ADNde patients, qui leur ont permis de répartir lesêtres humains en une série de groupes généa-logiques, ou haplo groupes. Chacun étaitcomposé des descendants d’un ancêtre com-mun.

Les scientifiques ont analysé les chromo-somes Y de 3.233 hommes. Les membres del’haplo groupe I, pour la plupart originairesd’Europe, présentaient un risque de maladiecoronarienne plus important que celui desautres groupes. Une différence très notable,puisqu’elle atteignait 50 %. Notons que cesur-risque est indépendant des facteurs derisques cardiovasculaires, traditionnels, que

sont le cholestérol, le tabac et l’hypertensionartérielle (HTA). « Cette prédisposition à lamaladie coronaire peut donc, au moins enpartie, être déterminée par l’ascendance pa-ternelle » d’un patient, soulignent les cher-cheurs.

Pour prévenirles crampes, buvez de l’eau !

De manière générale, les crampes corres-pondent à une contraction involontaire, dou-loureuse, prolongée et heureusement,transitoire du muscle. Un phénomène bienconnu des sportif et qui, très souvent, est dûà un manque d’hydratat Lorsqu’elles sur-viennent, par temps frais, ces douleurs reflè-tent, généralement, une mauvaise conditionphysique, voire un excès d’entraînement, auregard des capacités du moment. Sauf,lorsqu’elles se manifestent par fortes chaleurs.Dans ce cas, l’explication peut être ailleurs…

Les crampes dites « de chaleur » sont, par-fois, observées chez une personne en bonneforme physique mais… déshydratée. Car, ladéshydratation va, non seulement, augmen-ter « l’excitabilité » musculaire, mais aussi,les déséquilibres ioniques (sodium, magné-sium, potassium…) de l’organisme. Ils favori-sent l’apparition des crampes.

C’est pourquoi, pour prévenir ce risque, ilest recommandé, au sportif, de s’hydrateravant, pendant et après l’exercice.

Comment ? En buvant de l’eau, certes,mais aussi – surtout si l’effort est prolongé –des boissons « pour le sport », qui apportent,en plus, des sels minéraux et des glucides. Fré-quentes chez le sportif, donc, mais aussi, chezle travailleur d’extérieur, les crampes durent,en général, quelques minutes. Pour les soula-ger, il suffit d’étirer immédiatement le mus-cle atteint. Bon à savoir, les nageurs, cyclisteset autres amateurs de disciplines «portées »seront moins exposés que d’autres sportifs,tels que les coureurs à pied, les tennismen oules footballeurs. Ces derniers pratiquent, eneffet, des sports qui imposent davantage deblocages à leurs muscles.•

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Santé-Mag - N° 04 Mars 201240

E N T R E T I E N

Pr Leila HARIDI, chef de l’unité denéonatologie au CHU Beni-Messous :« Il est important de dépister, précocement, les troubles du nouveau-né »

Dans cette interview, le Pr. Haridi, ayant une longue expérience dans la prise en charge des nourrissons présentant un gros potentiel derisque d’handicap, plaide pour une, bonne, surveillance des grossesses à haut risque, une amélioration de la prise en charge, en salle denaissance, avec les moyens de dépistage, à temps, de la souffrance fœtale, et en postnatal, une formation du personnel, travaillant en sallede naissance, sur les techniques de réanimation d'un nouveau-né.

Vous êtes membre du Comité d'ex-perts qui travaille sur un pro-

gramme de dépistage, précoce, destroubles touchant les nouveaux nés.En quoi consiste votre apport, envotre qualité de chef de l'unité de néo-natologie, au CHU Beni Messous?

Je suis chef d'unité de néonatologie,en pédiatrie, à Béni Messous et nousassurons le suivi, à long terme, desnouveau-nés à  haut risque de handi-cap. En effet, de nombreuses patho-logies périnatales, évitables etpourvoyeuses de handicap lourd - carelles vont léser un cerveau, particuliè-rement, vulnérable du fait de son im-maturité – restent, dramatiquement,fréquentes, chez nous, du fait des in-suffisances d'un programme de pré-vention, adéquat et adapté. Il s'agit,essentiellement, de l'asphyxie néona-tale, avec ou sans traumatisme obsté-trical et de la prématurité (surtout lesgrands prématurés de moins de32SA),  qui agrandissent, chaqueannée,  la cohorte des handicapslourds. Plus accessoirement, l'ictère,grave, du nouveau-né mieux maitriséen matière de prévention, les infec-tions, l’aberration chromosomiqueetc.... Les nouveau-nés, ayant présentéune asphyxie néonatale et les préma-turés, constituent une population cibleque nous appelons " nouveau-nés àrisque"  et que nous devons suivre,  ré-gulièrement, après leur sortie, de façon

à pouvoir dépister, précocement, lesdifférents handicaps, qu'ils soient mo-teurs, sensoriels, psychoaffectifs,  cog-nitifs ... Seuls 2 ou 3 services, enAlgérie, assurent ce suivi ! Or il est trèsimportant de dépister, précocement(mais, il faut une formation, pourcela), pour pouvoir prendre en charge,précocement, ces enfants et réduire,ainsi, avec la famille et les différentspartenaires impliqués dans la prise encharge, la gravité du handicap.

Vous avez, souvent, mis en avant lefait que les nombres de naissancesaugmentent, considérablement, dansles maternités des CHU, alors que lepersonnel n'évolue pas, en parallèle.Quelle en est la conséquence, directe,sur le nourrisson et la maman?Le nombre de naissances augmente

dans les grandes maternités des CHUcar elles reçoivent, non seulement lesgrossesses à haut risque mais, aussi, letout-venant et je donne, pour exem-ple, la maternité de Béni Messous,dont le nombre de naissances est mul-tiplié par 3, en 20 ans (d'environ 3500naissances, en 1990, à plus de 10000naissances, en 2010). Or, l'unité denéonatologie, qui doit recevoir lesnouveau-nés  posant problèmes, de lamaternité n'a pas suivi, en matière decapacité d'accueil. Elle reste très in-suffisante, par rapport au nombre,croissant, de nouveau-nés posant pro-blèmes, surtout les grands prématurés,

dont la durée d'hospitalisation estlongue, souvent supérieure à 01 mois.La conséquence, malheureuse, est quenous n'arrivons plus à faire face à lademande, croissante, d'hospitalisa-tions de nouveau-nés en détresse,faute de place  ; d'où le désarroi desmédecins et des familles, car il n'y apas de place à l'improvisation en néo-natale ; il faut un minimum de rigueur.Il n'est pas question, par exemple,comme on nous le suggère, parfois, demettre deux nouveau-nés dans unemême couveuse! Nous ne l'avons ja-mais fait, à Béni Messous. Nous nemanquons pas de personnel qualifié,durant la journée et en matière d'équi-pement, il y a eu beaucoup d'amélio-ration,  mais le problème se pose lanuit ; or vous savez que la continuitédes soins est vitale, chez le nouveau-né.

Les césariennes sont, souvent, prati-quées alors que la souffrance fœtaleest à son paroxysme. Pour quelles rai-sons? Peut-on alors sauver, raisonna-blement, le nouveau-né?Le nombre de césariennes a, certes,

beaucoup augmenté, mais le nombred'asphyxies néonatales n'a pas beau-coup diminué car, il est vrai qu'un cer-tain nombre de femmes sont évacuéesou arrivent trop tard et la césarienneest faite, in extrémis, alors que le fœtusa déjà, beaucoup souffert, in utéro.Dans ces cas, même une réanimation

•• Propos recueillis par Rania HAMDI

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Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 41

bien conduite pourra, difficilement,améliorer la situation, car les lésionscérébrales sont irréversibles. Mais, cequi est important de développer, cesont les moyens, fiables, de dépistagede la souffrance fœtale, en salle de tra-vail, dans toutes les maternités, pourdécider, rapidement, d'une césarienne.Mais, il faudrait préciser ce point avecnos confrères obstétriciens.

Beaucoup de praticiens, qui s'occupentde la petite enfance, regrettent la dis-torsion entre l'activité des obstétricienset des pédiatres, qui ne travaillent pas,toujours, en complémentarité. Qu'enpensez-vous? Il est clair que la collaboration obs-

tétrico pédiatrique laisse un peu à dé-sirer et qu'il est important que noustravaillons, ensemble, pour optimiserla prise en charge mère enfant. Eneffet, le pédiatre, avant de préparer,par exemple, la réanimation d'un nou-veau-né, à la maternité, doit, au mini-mum, s'enquérir, avec l'obstétricien,du dossier de la mère et j'ai du mal àcomprendre qu'un obstétricien, qui asuivi une maman, durant toute sagrossesse, surtout s'il s'agit d'un pré-maturé, n'a pas la curiosité de savoir sice prématuré va bien, s'il a survécu,etc... Il est, donc, important que nouspédiatres, spécialisés en néonatologie,allions en obstétrique et que les obs-tétriciens aillent en néonatologie ! Enfait à Béni-Messous, les résidents as-surent, 24 h sur 24, les appels en sallede naissance, pour assurer la réanima-tion des nouveau-nés en détresse, avecun ainé et nous recevons, régulière-ment, dans l'unité des résidents enobstétrique, pour une formation ennéonatologie.

Un bébé en asphyxie périnatale en-court le risque de garder des séquelles,physiques et cérébrales, irrémédia-bles. Que faut-il faire, pour lui éviterun handicap ?Le handicap ne sera évité que si on

agit en amont, en appliquant le pro-gramme de prévention en pré, per etpostnatal. Ce programme est, certes,

bien codifié dans les textes, mais sonapplication, sur le terrain, laisse à dési-rer. Il faut une surveillance de qualitéet une prise en charge, effective, desgrossesses à haut risque, une amélio-ration de la prise en charge, en salle denaissance, avec les moyens de dépis-tage, à temps, de la souffrance fœtaleet en postnatal. Il faut former et dif-fuser, à l'ensemble du personnel tra-vaillant en salle de naissance, lestechniques de la réanimation d'unnouveau-né et il faut agir vite, car ils'agit d'une véritable action de sauve-tage d'un cerveau en danger et les 5premières minutes sont très impor-tantes et si la respiration  du nouveau-né ne reprend pas et qu'il se détériore,sur le plan de l'activité cardiaque, il y aun risque, certain pour son cerveau,car l'hypoxie( manque d'oxygène) vaentrainer une destruction des cellulesnerveuses qui, malheureusement, nese reproduisent pas.

En  réalité, quel est le taux des nou-veaux nés, pris en charge, à temps etsurtout, efficacement ?Je ne peux, malheureusement, pas

répondre à cette question, de façonprécise, mais il est clair que si la souf-france fœtale n'a pas duré trop long-temps et que sa réanimation a été bienconduite, à la naissance et qu'on ait puremonter son score d'Apgar à plus de6 à 5 minutes et si son examen neuro-logique est  normal, il a des chancespour que son cerveau ne soit pas léséet il pourra survivre, sans séquelles. Cesont des situations qui, heureusement,sont encore courantes.

Quels types de handicaps sont induitspar l'asphyxie périnatale?Tout dépend de la gravité de l'as-

phyxie, que l'on classe en 3 stades degravité croissante et à long terme, onpeut avoir plusieurs types d'anomaliesdu développement. Cela va du handi-cap majeur avec,  au pire un enfant in-firme moteur (IMC) tétraplégique, quine pourra jamais marcher, ne pourrapas parler, avec, parfois, une épilepsie,particulièrement difficile à traiter, des

troubles sensoriels visuels (cela va dustrabisme à la cécité), auditifs (hypo-acousie ou surdité), un retard mental ,des troubles graves du comportement(hyperactivité,  autisme ..) et quand ilne présente pas de handicap moteur, ilpeut présenter des troubles des ap-prentissages, avec difficultés scolaires,voire échec scolaire. Donc, tout unesérie d'anomalies neuro développe-mentales que les français appellentIMC, IMOC, et les anglo-saxons « ce-rebral palsy ».

L'équipe médicale parvient, de plusen plus, à maintenir en vie les pré-maturés, de petits poids. Est-ce quetoutes les conditions sont réunies,pour prendre en charge ces grandsprématurés?La prématurité est un autre pro-

blème, qui pourrait faire l'objet d'uneautre entrevue. Oui, il est vrai qu'onarrive à faire survivre un certainnombre de grands prématurés demoins de 1000g ; mais combien? Car,comme vous le savez, la prématuritéest fréquente chez nous ; on l'estimeentre 8 à 12% des naissances vi-vantes. La mortalité néonatale (O à28 jours) est élevée (13,5 pour mille)et la prématurité et ses complicationsrespiratoires (en rapport avec l'im-maturité pulmonaire) est la principalecause de la mortalité néonatale. Peud'unités de néonatologie peuventprendre en charge les grands préma-turés, qui nécessitent, dès la nais-sance, une assistance ventilatoire, dufait de leur immaturité pulmonaire. Iln'existe, en Algérie, que 3 services ouunités de niveau III, pouvant assurerune réanimation avec assistance ven-tilatoire, pour les grands prématurés :HCA, Mustapha et Béni Messous.Ces grands prématurés arrivent,donc, à survivre, chez nous, s'ils neprésentent pas de complications res-piratoires graves. Par ailleurs nous nedisposons pas, chez nous, de surfac-tant pulmonaire, qui, avec la ventila-tion assistée, diminuerait  les décèsdes prématurés souffrant de détresserespiratoire, en rapport avec leur im-maturité pulmonaire.•

Santé-mag >ENTRETIEN

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Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 42

Quelle est la situation générale ac-tuelle de l’insuffisance rénale?

La situation est alarmante à plusd’un titre, elle n’a guère changé depuisassez longtemps. Elle a même empiréen 2011, suite à la pénurie de médica-ments, d’accessoires et de produits di-vers.

Elle est la conséquence d’un vide ju-ridique et réglementaire.On peut la synthétiser, sommaire-ment, ainsi :• quasi-absence de politique de pré-vention de l’insuffisance rénale chro-nique ;• manque de couverture néphrolo-gique globale ;• mauvais suivi du malade insuffisantrénal (particulièrement les enfants) ;• répartition inadéquate des unités dedialyse à travers le territoire, centresétatiques saturés ;- inexistence de diététiciens, de psy-chologues et autres néphrologues-pé-diatres ;• grande variabilité dans les tech-niques, les modalités de traitementsselon les écoles ou les intérêts en jeu;• aucune évaluation du traitement per-mettant une régulation et une maîtrisedes coûts ;• aucune statistique répertoriant lenombre de malades (encore en vie)sous DP, ceux en liste d’attente de dia-lyse et ceux pouvant prétendre à unetransplantation rénale ;• manque de coordination, flagrante,entre les différents spécialistes gravi-tant autour du malade ;• absence de textes, de recommanda-

tions et de législation universelles etadéquates ;• inapplication des textes inexistants ;• manque de contrôle de la part desresponsables …. ;• quasi-absence de politique de trans-plantation et de prélèvement d’or-ganes etc…

Nous n’évoquerons pas, au-jourd’hui, l’affairisme, la recherche dugain facile et autres malversations col-latérales pratiquées par ceux (toutescatégories confondues) chargés de soi-gner le malade !

Il y a eut des acquis palpables maisbeaucoup reste à faire !

Le nombre de malades augmented’une manière exponentielle, le nom-bre de décès passés, sous silence, aussi!

Quel est le rôle de la Fédération na-tionale des insuffisants rénaux?Nos correspondances, nos innom-

brables propositions écrites depuisune dizaine d’années et nos rares en-trevues avec le MSPRH sont restéeslettres mortes. Même nos parlemen-taires n’ont prêté aucune attention audésarroi des malades.

La FNIR ne prétend pas s’immiscerdans le domaine de la fonction médi-cale ni dans la gestion des structuressanitaires. Elle est une force de pro-position citoyenne car elle vit la dureréalité du quotidien.

Les hommes et les femmes (ma-lades, parents de malades, béné-voles….) qui activent au sein de laFNIR n’ont pour seul objectif que deplacer le citoyen-malade au centre detoutes les thématiques de santé, sans

jamais prendre part aux querelles dechapelles ou se laisser aller à dénigrerqui que ce soit.

Le malade ne demande ni charité, nifaveur ni recherche de compassion,mais le droit de « survivre » dansl’honneur et la dignité, en tant que ci-toyen algérien !

La mise en œuvre de nos proposi-tions ne relève pas de notre initiative.Néanmoins, les citoyens, les pouvoirspublics et les forces politiques sont li-bres de puiser dans ce travail de ré-flexion pour le matérialiser sur leterrain. La FNIR ne revendique pas lapaternité de ses idées et appelle aucontraire à toutes les bonnes volontésde s’en emparer et de contribuer à lesmettre en œuvre ou à militer pourqu’elles le soient.

Nous tenons à souligner, par lamême occasion, le caractère totale-ment bénévole de la FNIR afin demieux situer nos propos, de ne pasporter préjudice à notre crédibilité etéviter des interférences qui pourrontnuire aux citoyens-malades que nousreprésentons.

Quelle sont ces propositions ?Elles sont contenues dans les rap-

ports annuels que nous adressons auxministères concernés, depuis 2003, etdans les recommandations, émiseslors de la journée parlementaire de fin2009 :• Désignation d’une commission d’en-quête multidisciplinaire, de haut ni-veau, afin de faire la lumière sur lespratiques malveillantes complexes (quiont coûté la perte d’innombrables vies

V I E A S S O C I AT I V E

Mohamed BOUKHORSporte-parole de la Fédérationnationale des insuffisants rénaux

•• Nadjia FORTAS

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Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 43

humaines) concoctées dans bon nom-bre d’unités d’hémodialyse ;• Organiser et réglementer la confec-tion des fistules et la pose des cathé-ters et prothèses artificielles, au niveaudes structures étatiques, afin qu’ellesne soient plus payantes par le malade;-Prise en charge adéquate des enfantshémodialysés : utilisation des kits pé-diatriques et prescription de l’hor-mone de croissance par les spécialistesconcernés;

• Faire réviser :- l e s a r r ê t é s e t a n n e x e sN°07/MSP/MIN du 25 février 1995; -la convention CNAS/Cliniques pri -vées issue de la circulaire1388/DG/CNAS du 27 août 2006 ; - la circulaire DG/CNAS du 08 sep-tembre 2007 ;- le décret exécutif N°07-218 sur letransport sanitaire …. • Elaboration d’une charte du patienthospitalisé ;• Prévention : dépistage scolaire et uni-versitaire, information des médecins-généralistes ;• Tenue d’un dossier médical du ma-lade;• Création de services de néphrologie,à travers tout le territoire (pour consul-tation, suivi et préparation du malade àla greffe) ;• Dépistage des hépatites, en milieu dedialyse, en vue de leur éradication ;• Réglementer l’hémodialyse adulte,pédiatrique et pour diabétique (élabo-ration de guides de bonnes pratiques,d’hygiène, de contrôle de l’eau de dia-lyse, d’incinération des déchets desoins, de maintenance et de contrôledes équipements…) ;• Réglementer la coordination médi-cale entre tous les spécialistes qui en-tourent le malade (néphrologue,cardiologue, hépato-gastro-entérologue, diététicien, psychologue,pédiatre, endocrinologue….) ;• Prévoir la formation et la qualifica-tion des personnels de dialyse, de dié-tétique et de maintenance ;• Réglementer les activités et servicesdes cliniques privées et du transport sa-nitaire ;

• Elaboration d’un plan national greffe;• Finition et lancement de l’InstitutNational du Rein et de l’EtablissementAlgérien des Greffes : cette dernièrestructure peut abriter l’Agence Natio-nale de Transplantation d’Organes etde Tissus ….• Reconnaissance de l’impotence deces malades, afin de les classer dans lacatégorie des personnes handicapéespour que les plus démunis puissent bé-néficier d’une aide sociale conséquente.

Quelle est votre apport dans la greffeà partir de donneur en état de mortencéphalique?Parmi les missions de la FNIR, il y a

l’information et la sensibilisation de lasociété civile.

La FNIR a édité, grâce à des bien-faiteurs, des manuels pour les malades( à titre gracieux ) pour connaître leurpathologie, les traitements, la diété-tique et les conseils annexes et aussides fascicules, dépliants et cartes dedonneurs d’organes.

La FNIR même des actions (avecl’aide des médias) pour sensibiliser lecitoyen à la culture du don d’organes àpartir de donneur en état de mort en-céphalique: émettre le vœu (de son vi-vant) de faire don de ses organes, unefois décédé accidentellement ou ac-cepte le prélèvement des organes d’unproche décédé.

Chaque donneur en état de mort en-céphalique peut sauver une dizaine devies !

Notre cheval de bataille, pour 2012,est de susciter, en premier lieu, latransplantation de 183 enfants soushémodialyse et 87 en dialyse périto-néale.

Nous comptons aussi organiser untéléthon télévisuel de deux heures, le17 octobre 2012 à l’occasion de lajournée mondiale de la greffe et dudon d’organes où le seul but est d’ob-tenir la compréhension et l’adhésionde la société civile au don d’organespour permettre de sauver des milliersde personnes en attente d’une grefferénale, hépatique, cardiaque, pulmo-naire etc… Nous attendons l’appro-bation des Autorités concernées.

Le mot de la fin ?Par son action, la FNIR a, de tout

temps, suscité des critiques et des réac-tions !

Que ceux que cela gêne, sachentbien que nous allons continuer à jouernotre rôle de « poil à gratter » car notreseul but, c’est l’amélioration de qualitéde la prise en charge des patients.

Le débat d’aujourd’hui n’est, d’ail-leurs, que l’écho de ce que les maladesveulent faire entendre aux Autoritésconcernées, mais aussi à toutes lesâmes animées de bonne volonté, quipeuvent, leur venir en aide.

Aujourd'hui, nous sommes à untournant décisif. Si les pouvoirs pu-blics ne prennent pas les bonnes déci-sions en terme de gouvernance dusystème de santé, nous subirons lesconséquences, terribles, de notre inac-tion.

Notre système de santé évolue dansun environnement économique telle-ment perverti qu’il est difficile de le ré-former sans dégâts collatéraux, aumoins sans faire s’écrouler notre sys-tème de sécurité sociale.

Il faut changer les mentalités ou, àdéfaut, les hommes qui ont créé cesystème à leur guise.

Un état des lieux devrait, en prin-cipe, se faire en toute objectivité, hon-nêteté et courage, par les divers acteursconcernés, afin d’en tirer des mesures,qui vont engager et conditionner l’ave-nir de la santé et donc, des citoyens-malades.Il faut bien comprendre le réel pourmieux le transformer !

Nous réitérons notre disponibilitéà coopérer avec les autorités concer-nées, pour cerner les complexes mé-canismes, inhérents à la prise encharge, multiforme, de cette frangede notre population dans le seul butd’améliorer leur quotidien.

«Aucun problème ne peut être ré-solu sans changer l'état d'esprit qui l'aengendré » Albert Einstein.•

Santé-mag >VIE ASSOCIATIVE

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SANTÉ ET BIEN ETRE

LA QUÊTE DU BONHEURNous courons, tous, après le bonheur.

Cette quête universelle, à travers les âgeset les continents, n’a cessé de passionnerécrivains, philosophes, poètes. On necompte plus, aujourd’hui, les ouvragesde développement personnel, qui nouspromettent d’atteindre la félicité, enquelques recettes miracles. En marge decette littérature de développement per-sonnel, parfois simpliste, depuis trenteans, la recherche scientifique, sur le bon-heur, avance à grands pas et balaye, surson passage, bon nombre d’idées reçues.

En effet, s’il semble évident que lebonheur est la conséquence d’une vieprospère, longue et épanouie, il en est,aussi, la cause ! Eh oui, se sentir heu-reux… rend heureux ! Ceci n’est pas unelapalissade. Le bonheur se trouve, sou-vent, où on ne l’attend pas et influence,positivement, tous les domaines de notrevie : santé, relations sociales, vie amou-reuse, réussite professionnelle, etc.

Malgré les progrès scientifiques, enmatière d’imagerie cérébrale ou de psy-cho-neuroendocrinologie, il n’existe, àl’heure actuelle, aucune mesure, objec-

tive, qui permette de mesurer, précisé-ment, le bonheur d’un individu.

Comment savoirsi l'on est heureux ?

Dans l’attente d’un thermomètre mi-racle, qui permettrait d’évaluer le niveaude bien-être, comme on prend la tem-pérature, les chercheurs ont dû secontenter du meilleur indicateur, quiexiste à l’heure actuelle : tout simplementla question «Êtes-vous heureux ? ».Ainsi, la grande majorité des connais-sances scientifiques, sur le bonheur, pro-viennent d’études dans lesquelles il a étédemandé aux participants de rapporter,sur une échelle numérique, leur niveaude bien-être ou de satisfaction dans lavie.

Le rapport entrehumeur et bonheur

Mais savons-nous, vraiment, si noussommes heureux ? C’est la question ques’est posée Norbert Schwarz. Avec sescollaborateurs, il a conduit une séried’études, pour déterminer la façon dontles individus, de manière générale, éva-luent leur satisfaction dans la vie.

Dans une de ces études, les chercheursont étudié les effets de l’humeur, sur lejugement de satisfaction. Avant d’inter-roger les participants, sur leur niveau debien-être, l’expérimentateur leur avait de-mandé de faire quelques photocopiespour lui ; une pièce de 10 centimes avait,subrepticement, été placée sur la vitre dela photocopieuse, pour une moitié dessujets seulement. Les résultats de cette

simple manipulation sont surprenants.Trouver dix malheureux centimes a suffipour que les participants « chanceux »estiment leur vie, dans son ensemble,plus satisfaisante que ne l’estimaient lesparticipants contrôles. Les chercheursont, par la suite, retrouvé les mêmes ré-sultats, en introduisant d’autres élémentsde manipulation de l’humeur : distribuer,préalablement, à certains participants (etpas à d’autres) des barres de chocolat, in-terroger, certains, par une journée enso-leillée et d’autres, par une journéepluvieuse, ou encore, après une victoireou une défaite de leur équipe de footballpréférée.

À partir de chacun de ces cas, on peuttirer la conclusion suivante : l’humeurdans laquelle nous nous trouvons, aumoment présent, détermine entre 41 %et 53 % de notre sentiment de satisfac-tion, sur l’ensemble de notre existence.

Pourquoi l’humeur dumoment a-t-elle tant

d’importance ?Les psychologues proposent deux rai-

sons majeures. La première découle dufait que déterminer si l’on est heureuxest une question particulièrement com-plexe. Comme il nous est, difficilement,possible d’évaluer, de manière exhaus-tive, notre satisfaction sur l’ensembledes, nombreuses, facettes qui composentnotre existence, nous aurions tendanceà nous baser sur nos émotions du mo-ment : indicateur, certes, peu précis, maisrequérant, de notre part, beaucoup

comment vivre heureux ?LA QUÊTE DU BONHEUR :

•• Djaouida NEHLIL

La quête du bonheur est à l'origine de presque tous nos comportements. La notion de bonheur varieselon les cultures et l'humeur et il est bien difficile de la définir. La recherche du bonheur guide nos actes

et nos pensées, mais elle est, parfois, mal orientée. Le bonheur n'est, en effet, pas intrinsèque à la ri-chesse ou au pouvoir ; il se trouve là où on ne le cherche pas.

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Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 45

moins d’effort intellectuel qu’une ana-lyse multiple !

La deuxième raison vient de ce que lesspécialistes de la mémoire appellent l’ef-fet de congruence de l’humeur. L’hu-meur affecte nos capacités deremémoration, de telle sorte que les sou-venirs sont, fréquemment, congruentsavec notre état émotionnel du moment.

Ainsi, si l’on demande à des individusd’étudier une liste de mots et puis qu’onprocède à une induction d’humeur po-sitive ou négative, les participants joyeuxse rappelleront, mieux, des mots positifs,tandis que les participants tristes se sou-viendront, davantage, des mots négatifs(Ucros, 1989). Par conséquent, une per-sonne de bonne humeur, qui fait le pointsur sa vie se rappellera, plus facilement,des souvenirs positifs que négatifs. Elleen conclura, sans doute, qu’elle est, rela-tivement, heureuse.

L'illusion de fixationL’humeur n’est pas la seule à nous

jouer des tours. Le prix Nobel d’écono-mie, Daniel Kahneman, a, ainsi, mis enévidence un autre biais, important, quipeut affecter notre jugement de satisfac-tion dans la vie : l’illusion de fixation (fo-cusing illusion).

Une étude, de Strack, Martin etSchwarz (1988), illustre ce phénomène.Lorsque l’on pose, à des étudiants, laquestion «À quel point êtes-vous heu-reux dans la vie ? » puis, la question«Combien de rendez-vous amoureuxavez-vous eu, au cours du mois dernier? », la relation, entre les deux variables,est, absolument, nulle. En revanche,lorsque l’ordre des questions est inversé,le nombre de rendez-vous et le senti-ment de bonheur dans la vie sont, trèsfortement, positivement corrélés : les «célibataires » s’estiment beaucoup moinsheureux que les Don Juan. Parce que

celle-ci a été, préalablement, évoquée, lesparticipants accordent un poids, exagéré,à leur vie amoureuse, dans l’estimationde leur bonheur, en général.

Si nos évaluations, subjectives, sont àce point biaisées, est-il, dès lors, impos-sible de savoir si quelqu’un est heureux ?Pas forcément.

Est-il impossible de savoir siquelqu’un est heureux ?

On retrouve une constante dans lesétudes citées ci-dessus : les effets d’hu-meur ou de fixation disparaissent, si lesparticipants se rendent compte de leurinfluence.

Par exemple, le simple fait de deman-der « Comment vous sentez-vous au-jourd’hui ? » ou « Quel est le climat devotre région ? » avant d’interroger les in-dividus, sur leur niveau de satisfactiondans la vie, suffit à neutraliser l’influencede ces facteurs sur le jugement. Lorsquedes précautions, de ce type, sont prises,les personnes semblent, en fait, relative-ment stables dans l’évaluation de leur ni-veau de bonheur.

Au fond, ça veut dire quoi, être heu-reux, me direz-vous ? Peut-on définir cesentiment ? Voilà une bien vaste ques-tion ! Existe-t-il une définition du bon-heur ?

La questionde la machine à bonheur

Pour y répondre, considérez, toutd’abord, l’exemple suivant. Des scienti-fiques vous annoncent qu’ils viennent decréer une machine à bonheur. Une foisvotre cerveau connecté à l’imposant ap-pareil, vous passerez le reste de votreexistence à vivre la vie dont vous aveztoujours rêvé : rien ne vous sera impos-sible ! Mieux encore, l’engin est munid’un système qui vous fera complète-

ment oublier que vous y êtes connectés.Impossible de savoir, dès lors, que ce quevous vivrez n’est pas réel.

Question : désirez-vousvraiment que l’on vous installedans la machine ? Une vie, faitede sensations de plaisir, peut-

elle être qualifiée de vieheureuse ?

Cette question (les ordinateurs enmoins) a divisé penseurs et philosophes,depuis l’Antiquité. Depuis plus de 2.000ans, on distingue ceux pour qui le bon-heur est ce que l’on ressent ici et main-tenant (Épicure, Érasme) et ceux qui leuropposent un « non » farouche, en affir-mant que le bonheur n’est pas possiblesans la vertu, c’est-à-dire sans une vie,moralement, bien menée (Aristote).

Aujourd'hui, ces deux conceptions dubonheur sont désignées par les termessubjectifs well-being et psychologicalwell-being, donc le bien-être subjectif etle bien-être psychologique.

Les philosophes se sont, donc, dispu-tés la meilleure définition du bonheur,selon une conception de bien-être pré-sent, ou de vertu. Ce même clivage se re-trouve, traduit, en termes d’aujourd’hui,chez les scientifiques actuels.

Pour les uns, le bonheur, c’est vivrebeaucoup d’émotions positives, peud’émotions négatives et avoir un senti-ment, général, de satisfaction dans la vie(c'est le subjective well-being). Pour lesautres, il s’agit, plutôt, de donner un sensà sa vie, de s’accepter soi-même, d’avoirdes relations sociales épanouies etcomme on dit, de « se réaliser pleine-ment » (psychological well-being).

Actuellement, la grande majorité deschercheurs rejoint le courant du subjec-tive well-being. Même si elle a toujoursses défenseurs, il faut bien dire que laconception du psychological well-being

SANTÉ ET BIEN ETRE

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est basée sur des valeurs, plutôt, morali-satrices. Et une vision, essentiellement,occidentale : il n’est pas certain qu’un In-dien d’Amazonie ait besoin d’avoir gravitous les niveaux de la pyramide de Mas-low pour être heureux ! Après tout, siquelqu’un se sent heureux, n’est-ce paslà, vraiment, l’essentiel ?

En conclusion, les conceptions dubonheur sont, évidemment multiples,mais celle du bonheur, comme étant unecombinaison résultant de «beaucoupd’émotions positives, peu d’émotionsnégatives et un sentiment, élevé, de sa-tisfaction de vie », s’impose, aujourd’hui,dans le monde scientifique. Si, la majo-rité des études scientifiques envisagent lebonheur sous l’angle du bien-être sub-jectif et donc des émotions, encore faut-il s’accorder sur les émotions positivesqui rendent heureux.

Comparaison du bonheurentre cultures différentes

Il semble que la culture joue un rôleprépondérant. Les Américains, parexemple, associent bonheur avec gaieté,énergie et dynamisme. Ils valorisent lesémotions fortes et grisantes. Les Indiensou les Chinois, en revanche, voient lebonheur comme un état de paix etd’harmonie intérieure ; ils privilégientdes émotions moins intenses et plus se-reines. Ces différences seraient, par ail-leurs, acquises très tôt durant l’enfance,

notamment à travers les contes pour en-fants.

Le professeur Jeanne Tsai et ses col-lègues, de l’université de Stanford, ontcomparé la littérature pour enfants, auxÉtats-Unis et à Taïwan, afin de voir s’ilexistait des différences dans la manièredont le bonheur y était représenté. Ilsont sélectionné et passé au crible les 20meilleures ventes de livres, pour enfantsde 4 à 8 ans, dans chaque pays.

Trois critères ont retenu l’attention deschercheurs : le type d’activité effectuéepar les personnages de l’histoire : cha-cune des actions, de chaque protago-niste, se voyait attribuer un scored’excitation de 1 (le personnage est assisou fait la sieste) à 3 (le personnage court,joue, saute, etc.). Ces scores étaient, en-suite, additionnés pour obtenir une noted’excitation totale ; l’intensité des émo-tions exprimées par les personnages :chaque dessin du livre était codé selonque les personnages exprimaient peu oubeaucoup d’émotions (bouche ferméeou bouche grande ouverte, regard neutreou regard intense…) ; la taille des sou-rires : à chaque fois qu’un protagonistede l’histoire souriait, les chercheurs me-suraient la superficie couverte par le sou-rire, proportionnellement à la taille duvisage.

Conformément aux différences cultu-relles, exprimées à l’âge adulte, les livres,pour enfants américains, décrivaient, gé-

néralement, des activités plus « excitantes» et les dessins des personnages y étaientplus exubérants (voir tableau ci-dessous).En outre, par rapport au sourire taïwa-nais, les sourires américains occupaient,en moyenne, 15 % d'espace, supplé-mentaire, sur les visages.

Tableau comparatif des contes pourenfants américains et taïwanais : le bon-heur ne semble pas se manifester de lamême façon. Mais, encore ? Lorsqu’ondemande aux enfants lequel des deux vi-sages (excité ou calme) a l’air le plus heu-reux, les petits Américains sélectionnentle visage excité avec une probabilité huitfois plus grande que les petits Taïwanais.

La notion de bonheur est unequestion d'éducation

Enfin, dans une troisième partie del’étude, les chercheurs ont lu, à des en-fants de différentes nationalités, l’un oul’autre type d’histoire (américaine ou taï-wanaise), avant de leur proposer diffé-rentes activités, soit calmes, soiténergiques (ex : taper en rythme ou jouersauvagement de la batterie). Sans sur-prise, les enfants à qui on avait racontéune histoire taïwanaise (calme) préfé-raient se lancer dans une activité calme etles enfants à qui on avait raconté une his-toire américaine préféraient des activitésplus énergiques.

Chers parents, à bon entendeur : salut!Si vous voulez des enfants « zen », le mo-ment est, peut-être, venu de vous plon-ger dans les délices de La RizièreEnchantée ou Le voyage merveilleux dupetit moine Tchin Tchin…

En conclusion, la notion de bien-êtresubjectif est celle qui semble, le mieux,correspondre à notre vie moderne. Cetteconception du subjective well-being seprête, facilement, à l’expérimentation.Elle est exportable dans toutes les cul-tures, même si l’intensité des expériencesémotionnelles, nécessaires au bonheur,diffère de par le monde. Et, dès la petiteenfance, chacun d’entre nous appren-drait, selon son modèle culturel, quellesémotions rechercher pour être heureux.

Love, love, love… All you need is love! Lesrelations amoureuses,

épanouies, constituent un

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SANTÉ ET BIEN ETRE

ingrédient, majeur, dans la recette du bonheur.Qu'en est-il du mariage ?

Stack et Eshleman (1998) ont analyséle bonheur, auto rapporté, de 18.000adultes (célibataires, mariés, concu-bins…), dans 17 pays différents (dont laFrance, la Belgique, la Suisse et le Ca-nada). Les résultats ont montré, sansgrande surprise, qu’à l’exception de l’Ir-lande, les personnes mariées se disent,en moyenne, plus heureuses que les cé-libataires, dans 16 des 17 pays. Ceci sem-ble vrai, aussi bien pour les hommes quepour les femmes. Plus surprenant, peut-être, le mariage, en lui-même, sembleêtre relié au bien-être. Ainsi, l’effet dumariage sur le bonheur est 3,4 fois plusimportant que l’impact de la cohabita-tion légale, elle-même préférable au céli-bat.

Ces conclusions ont, cependant – et àjuste titre – été, très largement, critiquées.En effet, elles font abstraction du faitque les personnes heureuses ont uneprobabilité, plus grande, de choisir l’ins-titution du mariage, plutôt que le concu-binage. Les différences de bonheur,entre les personnes mariées et non ma-riées, pourraient, dès lors, être préexis-tantes.

La durée du bonheur à l'étude

Le mariage est, donc, lié au bonheur,peu importe dans quel ordre est la cor-rélation. Mais, quelle est la durée de cebonheur ? L'étude menée, comme tantd’autres, tend à montrer qu’un nid, com-mun, rend plus heureux qu’une garçon-nière. Encore faut-il savoir pourcombien de temps. Comme nous avonseu l’occasion de le voir, on s’habitue, ra-pidement, à tout, surtout au meilleur.Quelle que soit la situation, nous reve-nons, le plus souvent, à notre ligne debase, c’est-à-dire au niveau de bonheur

auquel nous sommes, en quelque sorte,prédisposés.

Dans une étude longitudinale, la satis-faction, dans la vie, de 24.000 Allemandsa été mesurée, sur une période de quinzeans. Lucas, Clark, Georgellis et Diener(2003) ont montré que le mariage est as-socié à une augmentation de la satisfac-tion pendant, environ, deux ans. Passéce délai, la plupart des gens retournent àleur ligne de base. Les effets du mariagesur le bonheur ne sont, donc, que tran-sitoires.

Il faut, toutefois, relativiser. Les don-nées présentées, ici, ne sont que desmoyennes. Ainsi, lorsqu’on regarde lesrésultats dans le détail, on observe uneimportante variabilité : si les joies de lavie à deux s’essoufflent, après quelquesmois, pour certains, le couple peut êtreune importante source de bonheur du-rable, pour d’autres…

Quel est donc le secret descouples heureux ?

Les scientifiques mettent, souvent, enavant, trois facteurs clés.

D’abord, dans la communication,chaque reproche est contrebalancé par,au moins, cinq marques d’affection. En-suite, les partenaires manifestent, claire-ment, leur intérêt et leur joie, quand leurmoitié vit quelque chose de positif.Enfin, les partenaires s’engagent, régu-lièrement, ensemble dans de nouvellesactivités stimulantes.

Ce dernier facteur a, notamment, étéétudié, en laboratoire, par l’équipe duprofesseur Arthur Aron, de l’universitéde New York. Les chercheurs ont me-suré la satisfaction amoureuse de 28 cou-ples de participants, avant et après leuravoir fait effectuer, soit une activité nou-velle et excitante, soit une activité plusclassique.

Les chercheurs ont constaté que le

sentiment amoureux augmentait, signi-ficativement, lorsque les couples partici-paient à une activité stimulante, alorsqu’il restait constant, lorsque les couplesparticipaient à une activité familière. Septminutes de «fun » suffisaient à améliorerla satisfaction de couple, dans son en-semble !

Mais, existe-t-il un nombre optimal d’amis,

pour être heureux ?Le docteur Richard Tunney, de l’uni-

versité de Nottingham a tenté de mettre,à l’épreuve des faits, le vieil adage « Pluson est de fous, plus on rit ». Plus de1.760 Anglais ont répondu à une en-quête, portant sur leurs relations d’ami-tié (nombre, ancienneté, qualité, etc.) etleur satisfaction dans la vie, en général.Richard Tunney a découvert que les par-ticipants, qui avaient moins de cinq amisn’étaient que 40 % à se déclarer très heu-reux. Avoir entre cinq et dix amis aug-mentait cette proportion à 50 %. Enfin,les personnes ayant plus de dix amisavaient plus d’une chance, sur deux (55%), de se déclarer très heureux.

D’une manière générale, les gens quise disaient « extrêmement satisfaits » deleur vie avaient deux fois plus d’amis queceux qui se déclaraient «extrêmement in-satisfaits ». En revanche, les résultats del’étude ont montré qu’au-delà de dix, lenombre d’amis, supplémentaires, n’aplus d’influence sur le bonheur. Par ail-leurs, pour les participants, les vieux amisproches avaient plus de poids, dans labalance du bonheur, que les nouvellesrelations.

En conclusion, selon les recherches, larecette du bonheur, en matière d’amitié,semble être d’entretenir des relationsassez proches avec, au moins, dix ami(e)sque vous connaissez, de préférence de-puis plusieurs années. Il est, également,important de compter, parmi votrebande de copains et copines, une oudeux personnes qui travaillent avecvous.•

Références : « Pourquoi les gens heureux vi-vent-ils plus longtemps ? » de Jordi Quoidbach,docteur en psychologie.

Page 48: S O M M A I R Emediapubsante.com/pdf/n4/sante-mag-N04.pdfS O M M A I R E Santé-Mag / Magazine mensuel de la santé / Mars 2012 / N° 04 Edité par Média Pub Santé •Adresse : Cité

A G E N D A

• Le SIMEM 2012

Aura lieu au prestigieux Centre des conventions

d'Oran qui avait abrité le sommet mondial du Gaz,

GNL16 et qui rouvre ses portes et se prépare à

accueillir plusieurs événements internationaux.

• C O N G R É S

I N T E R N AT I O N A L

D ’O N C O LO G I E

Organise par l’Universite de Bordj

Bou Arreridj et Pan Arab Society of Pediatric

Oncology Bordj Bou Arreridj

04 - 06 AVRIL 2012.