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SAIGON, L’ÉTÉ DE NOS 20 ANS

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Saigon, l’été de noS 20 anS

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Saigon, 1951

Si loin si proche. Soixante-cinq ans après le début de la guerre d’Indochine, ce conflit colonial demeure le moins connu de ceux qui ont impliqué la France depuis 1945. Pourtant, à l’instar de la guerre d’Algérie, un grand nombre de familles françaises ont été impactées par ce conflit. Quelles étaient les raisons profondes de cette guerre lointaine ? Ses protagonistes ? Son contexte si particulier dans une France en pleine reconstruction ?

Pour la première fois à la télévision, une œuvre de création originale revient sur cette page trouble de notre histoire contemporaine, à travers une fresque romanesque qui mêle les destins de personnages très attachants aux soubresauts politiques et sociaux de la France des années 50. La grande histoire revisitée au prisme des histoires personnelles de cinq jeunes héros, nos fils et nos filles, nos frères et nos sœurs… Ambitieux et singulier, ce film de 2 x 90 minutes s’inscrit parfaitement dans la ligne éditoriale de la fiction de France 3 dont l’Histoire reste une pierre angulaire.

Anne HolmesDirectrice de l’unité Fictions de France 3

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Première Partie C’est en France, au début de l’année 1949, que l’histoire commence. Philippe, Gérard, Pedro : les copains d’abord…Phuong, Fabienne : de véritables amies… L’une est la maîtresse de l’un, l’autre deviendra l’épouse du même ; ils ont 20 ans et le monde s’ouvre à eux.Tous se retrouvent joyeusement à l’occasion du mariage de Philippe de Beauséjour, mais au lendemain de cet événement, le cours de leur histoire aura déjà tragiquement changé.

Les femmes sont restées en France, les hommes sont en Indochine : Pedro dans l’horreur des combats, Philippe, planqué à l’état-major, Gérard, dans son commerce florissant de Saigon.Mais toutes et tous sont pris par « le mal jaune », une sorte de nostalgie qui devient poussée de fièvre certains soirs de cafard, certains jours d’abandon…

Réalisé par Philippe VenaultScénario de Jacques Forgeas et Philippe VenaultProduit par Fabienne Servan Schreiber et Jean-Pierre FayerUne production Cinétévé avec la participation de France Télévisions, Arte France et TV5 MondeAvec le soutien du Département de la Charente-Maritime, de la Région Poitou-CharentesAvec le soutien du Centre National de la Cinématographie et de l’Image Animéede la PROCIREP – Société des Producteurs et de l’ANGOADirectrice de l’unité fiction de France 3 : Anne HolmèsConseiller de programmes : Olivier Prieur

Avec Théo Frilet (Philippe), Clovis Fouin (Gérard), Adrien St Jore (Pedro), Audrey Giacomini (Phuong), Barbara Probst (Fabienne), Samuel Labarthe (Général Edouard de Beauséjour), Thibault de Montalembert (Colonel Imbert), Gaëlle Bona (Sophie), François Godart (François Godart).

Seconde Partie

Toutes et tous se retrouvent en Indochine. Philippe, Gérard, Pedro, Fabienne, Phuong ont toujours 20 ans, et pourtant « le mal jaune » leur a déjà donné 100 ans.

L’amitié a volé en éclats, l’amour est devenu un objet de marchandage entre la vie du peuple vietnamien et les services de contre-espionnage de l’armée française. Le commerce florissant de Gérard est devenu le lieu du plus sordide des trafics. La mort, la trahison sont désormais les compagnons de chacun.Finalement, l’Histoire comptera ses héros, ses martyrs et ses éclopés de la vie.Pour peu d’entre eux, la vie continuera, entre le rire fou d’un Pedro malade de la guerre, et la « re-naissance » de Philippe de Beauséjour, marchant dans les montagnes du Haut Tonkin…

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Théo FriletFils d’un général, Philippe est élève à l’école d’officiers de Saint-Cyr, par tradition familiale. Son engagement dans la guerre d’Indochine est donc une évidence. Son mariage avec Fabienne, avant de partir, est censé l’éloigner de toutes sortes de tentations et faire de lui un jeune militaire modèle. Mais un problème de santé lui vaut d’être affecté à l’état-major, aux transmissions, puis aux renseignements.

philippe de beauséjour Gérard FouGeray

Clovis FouinFils du charcutier du village. Gérard a très vite compris qu’il était plus facile de gagner de l’argent en Indochine qu’en Charente-Maritime ! Le trafic de la devise locale (la piastre) n’a plus de secret pour lui, et son commerce d’import-export à Saigon lui assure un quotidien agréable.

phuonG n’Guyen

Audrey GiacominiElle est la meilleure amie de Fabienne, avec qui elle a

partagé sa scolarité chez les Demoiselles de la Légion d’honneur. Fille de militaire français d’Indochine, mort au combat, Phuong travaille également à l’hôpital du

Val de Grace. Mais elle sera amenée à servir la cause du peuple vietnamien. Elle est, elle aussi, amoureuse

de Philippe, avec qui elle entretient une liaison secrète et enflammée.

Fabienne de beauséjour

Barbara ProbstElle est la jeune épouse de Philippe de Beauséjour dont elle est très amoureuse. Sa mission est de perpétuer le nom des Beauséjour. Elle travaille comme infirmière à l’hôpital militaire du Val de Grace, à Paris, et n’aspire qu’à une chose : rejoindre son mari en Indochine.

Adrien Saint JoreFils du vigneron du domaine de Beauséjour où l’on produit du cognac. Espagnol (son père est un ancien de la guerre d’Espagne), Pedro a fréquenté la même école du village que Philippe et Gérard. Son avenir est tout tracé dans les rangs de vignes, mais un événement imprévu va le mettre lui aussi sur la route de la guerre d’Indochine.

pedro Galindez

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Samuel LabartheGénéral de corps d’armée, il travaille auprès du ministre de la Défense nationale, en tant que conseiller privé. Il est l’incarnation des déchirements et des incohérences entre le commandement militaire et le pouvoir politique durant la guerre d’Indochine. Dans la famille Beauséjour, on est militaire de père en fils depuis le premier Empire. Le général est prêt à tout sacrifier, même son fils, pour que cette tradition perdure.

Général edouard de beauséjour

Colonel imbert

Thibault de MontalembertC’est un vieil ami du général de Beauséjour. En poste à l’état-major du CEFEO (corps expéditionnaire français en Extrême-Orient) à Saigon, le colonel est le supérieur hiérarchique de Philippe. Affecté au service des transmissions, il est aussi chargé du renseignement, orchestrant, avec une habileté de renard, son service.

Gaëlle BonaElle est la sœur aînée de Philippe de Beauséjour à qui elle voue un attachement sans borne, assez proche du sentiment amoureux. Confidente, elle aime sans juger, même dans les circonstances difficiles. Elle dirige l’exploitation vinicole du domaine de Beauséjour.

François Godart

François GodartIl est un agent des services de renseignements civils. C’est un flic du SDECE (service de documentation extérieure et de contre-espionnage). Il travaille auprès du Haut Commissaire de France, en Indochine, en relation avec son homologue de l’Armée. Il opère surtout sur les conséquences et les ramifications du trafic de piastres au profit du Viet Minh.

sophie de beauséjour

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éclairer un conflit méconnuLe projet est né au lendemain d’un autre film sur la guerre, Trois jours en juin, adapté du roman de Frédéric Fajardie, Un pont sur la Loire, également coécrit avec Jacques Forgeas. Ce récit racontait comment, durant la Seconde Guerre mondiale, quelques officiers avaient décidé, contre la volonté de la population locale, d’empêcher l’accès d’un pont aux Allemands. Avec Jacques, nous nous sommes interrogés sur le sort des officiers à la libération de la France, en 1945. L’histoire nous a donné la réponse : ils rempilaient directement, en partant pour l’Indochine. Outre les films de Pierre Schœndœrffer (La 317e section, Le Crabe-Tambour, Diên Biên Phu…), ce conflit colonial n’a jamais fait l’objet d’une fiction à la télévision. Personnellement, j’en avais quelques souvenirs. D’enfance d’abord, avec mon oncle, le frère de mon père, militaire engagé en Indochine. Puis plus tard, avec mon beau-père, un légionnaire. Ce qui m’a toujours frappé, c’est que beaucoup de ceux qui en revenaient refusaient d’en parler. Découvrir ce qu’il y avait sous cette chape de silence, comprendre ce conflit colonial méconnu, le quotidien des soldats, la réalité de la guerre, la nature de l’opinion de l’époque… voilà ce qui nous a intéressé.

La fleur au fusil de la jeunesseContrairement aux Etats-Unis, nos films de guerre mettent souvent en scène des soldats de 30-35 ans. Or, dans la réalité, les soldats ont souvent à peine 20 ans et les officiers, sortis de Saint-Cyr, guère davantage. Pour Jacques Forgeas et moi, il était très important que ce film raconte une aventure de très jeunes gens qui vont entrer, de manière fracassante, dans l’âge adulte. Dans les années 50, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ils découvrent la joie de vivre, le rock, le be-bop, les cigarettes américaines. Pedro, Philippe, Gérard, Fabienne, Phuong et les autres prennent la vie à bras le corps, sans en mesurer toutes les conséquences. Les trois garçons partent pour l’Indochine, fascinés par tout ce que représente l’Orient. A l’époque, Saigon, c’est Las Vegas, avec les jeux, les fastes, les cabarets, les filles… Un paradoxe total avec la cruelle réalité de la guerre qui règne à quelques centaines de kilomètres, ou à la frontière chinoise, au nord du pays notamment.

interview de PHiliPPe VenaUlt

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Orient (CEFEO) étaient dévolus à des tâches de gardiennage (protection des voies ferrées, des installations industrielles, des plantations d’hévéas, des ponts et des routes, des villages, etc.). Ce n’était pas une guerre de mouvement. En Afghanistan, c’est pareil. Les militaires assurent la surveillance d’ambassades et de postes avancés dans les montagnes. Claquemurés dans des fortins, ils doivent régulièrement sortir pour appuyer leur présence, au risque, à chaque fois, de tomber dans les embuscades des talibans. Enfin, sur le plan économique, la région est intéressante pour ses richesses souterraines. En Indochine, les profits que représentaient la production de caoutchouc, à l’est, et du riz, à l’ouest, ont été déterminants dans le maintien de la France dans cette région du monde. Une phrase, que je fais dire à l’un des personnages, reprise du livre de Lucien Bodard, résume bien la situation : « A votre avis, cher ami, combien y a-t-il encore de bonnes années à se faire en Indochine ? »

L’amitié à l’épreuve de la guerreNotre postulat de départ était donc de raconter l’histoire de trois gamins qui ont vécu l’Occupation dans le même village, soudés par une solidarité de circonstance. Il est probable, que dans les années 80, le fils du général de Beauséjour n’aurait pas été copain avec le fils du métayer vigneron ni avec celui du charcutier. La guerre, la Résistance, les ont réunis. Nous voulions que les milieux sociaux soient différents mais proches géographiquement. Le village nous permettait de créer ce lien.

Singularité du scénario, aucun des personnages n’a de mère. C’est un choix étrange mais symbolique. Tous sont, d’une certaine manière, « orphelins ». La présence de mères dans le paysage aurait sans doute empêché, par compassion, l’accomplissement du destin des trois garçons, qui n’a lieu que dans une sorte de rapport brutal aux pères. Philippe embrasse la carrière militaire par obligation, par tradition, Gérard méprise sans doute son père d’être « un petit commerçant sans envergure », et Pedro s’oppose au sien – un réfugié de la guerre d‘Espagne – parce qu’il s’oppose à lui-même, dans une agressivité construite sur un événement qu’il ne peut avouer. Aux destins de ces trois amis d’enfance, nous avons greffé deux personnages féminins, deux amies, elles aussi issues de différents milieux mais unies par leur formation chez les Demoiselles de la Légion d’honneur : Fabienne et Phuong. La guerre va

profondément modifier les liens qui unissent tous ces personnages.

Incarner les réalités de l’époqueLa cruauté de la guerre, le trafic des piastres, l’espionnage… Le souci permanent du projet était de personnifier chaque problème, et pas seulement de les raconter. Un peu à la manière de la très réussie série italienne Nos meilleurs années, de Marco Tullio Giordana, une fresque sur l’Italie contemporaine qui mêle les destins individuels aux soubresauts politiques et sociaux du pays, des années 68 à 95 (les Brigades rouges, la lutte contre la mafia…). Notre parti pris était de rendre cette fiction totalement romanesque, sans aucune mention à des personnages réels. Ainsi, le juteux trafic des piastres, qui a enrichi particuliers et grosses entreprises industrielles, qui a également servi à alimenter les caisses du Viet Minh, est concentré dans le personnage de Gérard. On ne pouvait pas seulement l’évoquer à travers les enquêtes que mène Philippe. De même, Fabienne incarne l’une de ces nombreuses jeunes filles qui épousaient à la hâte les jeunes soldats envoyés au front. Et Phuong, Française d’origine vietnamienne, une troublante intrigante qui rallie le Viet Minh.

Une documentation précieuse et nécessaireCe film est une aventure de quatre années, parmi lesquelles deux d’entre elles ont été consacrées à la collecte d’informations.

Outre les ouvrages littéraires, parmi lesquels La Guerre d’Indochine de Lucien Bodard, Infirmière en Indochine (1950-1952) d’Hélène Carre Tornezy, (voir liste des sources bibliographiques à la fin du dossier de presse) et les films de Pierre Schœndœrffer, nous avons consulté les archives du haut-commissariat de France conservées à Aix-en-Provence. J’ai ouvert pour la première fois des cartons de documents qui, il y a encore peu de temps, étaient classés « secret ». Une récente loi autorise désormais une consultation publique restreinte à un certain nombre de dépôts d’archives. Une mine de documentations passionnantes et de nombreux rapports d’enquête qui, dès 1947, mettent en lumière le vaste trafic des piastres. Tout le monde y prenait part, y compris les entreprises comme les banques, les compagnies aériennes, etc. Certains ont constitué de véritables trésors de guerre.

Résonance actuelleIl y a des similitudes entre la guerre d’Indochine est celle que mène aujourd’hui la France en Afghanistan. La conduite de la guerre, le quotidien des soldats, le désintérêt de l’opinion publique... L’armement est évidemment beaucoup plus moderne, mais, comme en Indochine — et contrairement à l’Algérie —, l’Afghanistan est une guerre d’engagés et de maintien de la paix. Dans les premiers temps en Indochine, les trois quarts du corps expéditionnaire français en Extrême-

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Un peu d’Histoire...

En 1950, la guerre d’Indochine a 4 ans et en métropole, tout le monde s’en moque. La population, assommée par les six années de la Seconde Guerre mondiale, est occupée à la reconstruction, aspire à la tranquillité et aux nouveaux bonheurs de la consommation.En Indochine, c’est la drôle de guerre. Le Viet Minh harcèle le corps expéditionnaire français par des actions sporadiques, des attaques éparpillées contre des convois ou des villages, où des militaires français claquemurés dans des fortins tentent de se défendre, et de défendre la population des partisans. Les attaques ont presque toujours lieu de nuit. Le jour, tout est calme. Le combattant Viet dort sous l’apparence du paysan.

A Saigon, la vie coloniale continue, avec ses fastes et ses profits. Au fond, personne n’est pressé de perdre ou de gagner cette guerre. Ou ces guerres. Des guerres multiples, surtout économiques : celle pour le caoutchouc, à l’est, pour le riz à l’ouest, et pour la piastre, à Saigon, dont le trafic génère de gros profits.La préoccupation majeure, c’est que cette guerre dure. Cela arrange tous les acteurs : le Viet Minh (pas encore prêt pour prendre le pouvoir), l’ensemble de ceux qui font des affaires (pas encore assez riches), et l’armée qui espère, avec le temps, trouver remède à son enlisement.Car une prospérité énorme, incroyable, règne, alimentée par le milliard quotidien déversé par l’Etat français sur l’Indochine, pour les besoins du corps expéditionnaire. Jamais on n’a aussi bien vécu en Indochine, du plus puissant au plus humble. Jamais, dans un pays en guerre, on a vu autant de migrants venus faire des affaires. Jamais le port de Marseille n’a connu une telle activité, ou le port de Saigon vu ses quais encombrés par autant de marchandises.

Pourtant la production, le travail, n’y sont pour presque rien. La dépense règne partout, le commerce, le plaisir, le jeu. Les importations, les circuits financiers, le trafic des piastres, les spéculations font ronfler Saigon comme un poêle Godin, dans un luxe tapageur.

Pour les militaires éparpillés dans le pays, c’est une autre réalité. Le long des routes, dans les plantations d’hévéas, ou dans la jungle, le lot quotidien c’est le «poste», le fortin, construit dans un village, occupé par quelques hommes qui deviennent parfois, loin des états-majors, de véritables petits seigneurs de la guerre. Poussent ainsi autour d’eux des paillotes, des concubines, des interprètes, des boys, des marchés, des bistrots… tout le monde peut s’y faire une place. C’est parfois Fort Alamo. On peut y voir un personnage fort en gueule, qui lit Saint-Augustin, carbure au champagne, puis abat son homme à 200 mètres sans avoir la gueule de bois. Ailleurs, de jeunes saint- Cyriens, forts des leçons datant d’un siècle de l’école de guerre, meurent dans les rizières, incapables de s’adapter à la guérilla.

En métropole, cependant, l’aventure indochinoise fait rêver. De jeunes gens décident de partir ainsi : par idéal, par goût de l’aventure, par la perspective de revenir riche. L’idéal, lui, sera vite déçu, l’aventure y trouvera son compte, et la richesse aussi, pour autant qu’on y soit habile et prudent... C’est donc sur cette toile de fond que nos trois héros et nos deux héroïnes vont se trouver projetés…. Ce fut l’été de leurs vingt ans à Saigon, dans les années 50.

Philippe Venault

Saigon 1951Saigon 1951Saigon 1951

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« L’affaire des piastres » a été l’un des plus grands scandales financiers de la IVe République. La piastre était l’unité monétaire de l’Indochine française, émise par la banque d’Indochine. Son cours était lié au franc, un peu à la manière du franc CFA. Sa parité fut fixée en 1945. En France, une piastre valait 17 francs. Sur place, dans la péninsule Indochinoise, elle ne valait guère plus de 8 francs. Ce cours avantageux, financé par l’Etat, et destiné à encourager l’économie locale et la présence française en Indochine, fut très vite détourné de sa mission.

Pour profiter de ce taux de change, il fallait avoir l’autorisation, en produisant des justificatifs, d’exporter en France des piastres (par exemple pour acheter des biens d’équipement introuvables sur place). Très vite, des réseaux de fausses factures, des attestions de complaisance, des complicités au sein de l’Office indochinois des changes, virent le jour. Beaucoup se livrèrent à ce juteux trafic qui servit également à alimenter les caisses du Viet Minh.

la gUeRRe d’indoCHine1946-1954Cette guerre est engagée afin de maintenir la présence militaire française dans cette partie de l’Asie du Sud- Est, et pour éviter la mainmise des Américains sur les plantations d’hévéas, première richesse industrielle du pays au moment où les demandes en caoutchouc s’envolent.L’incohérence des commandements, les scandales de tous ordres, entre autres, « l’affaire des généraux » — la fuite du rapport d’enquête secret du général Revers mené sur le corps expéditionnaire français en Indochine — ont discrédité la conduite de cette guerre.8 années de conflit 8 hauts commandements militaires différents7 hauts commissaires de France en Indochine.Des services de renseignements et de contre-espionnage en métropole et en Indochine se multiplient, sans cesse réorganisés ou modifiés, et se livrent une guerre sans merci : le SDECE, la DST, le SSM, le SSFA, le SSDNFA, le BTLC, le DGD, le GCMA…Le corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) était composé de près de 230 000 hommes, exclusivement des engagés. Volontaires, ils étaient aussi recrutés avec insistance par le ministère de la Défense nationale dans les camps de prisonniers de guerre allemands.Des anciens de la Wehrmacht ou des Waffen SS, des Russes, des Serbes, des Sénégalais, des Algériens, des Marocains… constituaient un corps expéditionnaire français hétéroclite, augmenté des supplétifs vietnamiens, laotiens, cambodgiens, encadrés par de jeunes officiers français inexpérimentés.A la fin de la guerre, il restait 177 000 hommes Dont 50 000 métropolitains35 000 Nord-Africains19 000 Africains14 000 légionnaires (recrutés dans les camps de prisonniers allemands, italiens et divers)59 000 Indochinois.Près de 50 000 morts et disparus (hors autochtones)70000 blessés.En 2009, il y avait 200 000 soldats en Afghanistan.

Saigon 1951Saigon 1951Saigon 1951

Les mieux placés étaient les grands groupes bancaires et industriels. 30% de bénéfices supplémentaires chaque année pour la Banque d’Indochine, la Banque de Paris et celle des Pays-Bas ; 50% pour les exploitations d’hévéas ; 200% pour les ciments Portland, etc.

Le mécanisme était simple : on envoyait des piastres en France qui, par le jeu du taux de change, doublaient leur valeur. Avec cet argent, on achetait des lingots d’or et des dollars (dont le cours était plus élevé en Indochine qu’en France) qu’on réexpédiait frauduleusement en Indochine. Une fois là-bas, avec cet argent, on achetait des piastres à 8 francs qu’on réexpédiait à nouveau en France. Et ainsi de suite pendant sept ans. Le rendement de cet argent dépassait les 100% … Jusqu’à ce que le gouvernement, après avoir englouti plusieurs centaines de milliards de francs, ne se décide à dévaluer la piastre… en 1953, quelques mois avant la défaite de Dien Bien Phu.

le tRaFiC deS PiaStReS

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Film d’histoire ou fiction historique ?Pendant quatre années, Jacques Forgeas et Philippe

Venault ont lu la plus grande partie de ce qui s’est écrit sur la guerre d’Indochine. Romans, récits, témoignages.Philippe Venault a eu accès pour la première fois

aux documents du haut-commissariat de France en Indochine et aux dossiers d’enquêtes relatifs au trafic des piastres, conservés aux archives d’Aix-en-Provence. Ces

recherches, ajoutées aux témoignages et aux souvenirs familiaux, ont permis de tisser le fond de la fiction qu’ils

racontent.Car il s’agit bien d’une fiction historique, à la manière

d’Alexandre Dumas, où des personnages, créés de toutes pièces, se débattent et tentent de vivre… l’été de leurs 20 ans dans une réalité historique, confrontés quotidiennement à la

peur, à l’amour, à l’espoir, à la trahison, à la mort.

BiBliogRaPHie

La Guerre d’Indochine, l’enlisement, l’humiliation, l’aventure par Lucien Bodard. Ed. Grasset

Historia . Numéros 25/26 Hors-Série, consacrés à la guerre d’Indochine. 1972

Infirmière en Indochine (1950-1952) par Hélène Carre Tornezy Ed. Lavauzelle

Le Trafic de piastres par Jacques Despuech Ed. des Deux Rives

deux bandeS deSSinéeS :Les Aventures de Victor Levallois de Laurent Rullier et Stanislas. Ed. Les Humanoïdes associés.

Tome 1 Trafic en IndochineTome 2 La route de Cao bang

romanSUn Américain bien tranquille de Graham Greene Livre de Poche

La Nuit indochinoise (3 volumes) de Jean Hougron Ed. Robert Laffont

Le Mal jaune de Jean Larteguy Ed. Presses de la Cité

les auteurs

Jacques Forgeas est scénariste. Ancien professeur de lettres, il a écrit bon nombre de scénarios

pour la télévision (Clara, une passion française ; Jeanne Poisson, marquise de Pompadour ; Trois jours en juin ;

La Dette ; Un siècle d’écrivains ; Cocteau)... et pour le cinéma (IP5 ; Roselyne et les lions ; Jean de La Fontaine ; Le défi...).

Il a également publié quatre romans dont le dernier, Le Jumeau de l’empereur, aux éditions Robert Laffont.

Philippe Venault est réalisateur et scénariste. Après des études d’histoire à l’Ecole des hautes études en

sciences sociales, sous la direction de Emmanuel le Roy Ladurie et Marc Ferro, et plusieurs publications sur Histoire et Fiction, il se consacre au cinéma (Blancs cassés, Paris vu

par… 20 ans après) et à la télévision. Il a réalisé plus d’une trentaine de films pour le petit écran.

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Édité par la direction de la communication externe et marketing image – novembre 2011Directeur de la publication : Rémy Pflimlin

Directrice de la communication de France 3 : Valérie ManzicResponsable du service de presse : Cécile Chemin

Directeur délégué du Studio : Eric MartinetResponsable éditoriale : Noëlle CorbefinResponsable du service rédaction : Béatrice Dupas-CantetResponsable du service PAO : Nathalie AutexierResponsables du service photo : Violaine Petite – Sandra RousselResponsable de la direction artistique : Philippe BaussantInterview : Sylvie Tournier Textes : Philippe VenaultPhotos : Jean-François Perigois - Philippe Venault - Monica Jeziorowska Bernard Barbereau/FTVConception graphique : Louisa LahcenImprimeur : Frazier

Contacts presse : France 3Céline Barrelet [email protected] 56 22 75 20 - 06 23 51 62 29

Kévin [email protected] 56 22 71 82

CinétévéMichaël Morlon 01 55 50 22 [email protected]