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Chapitre1
Je cours sur le chemin de terre, tombe, tente de me relever…Une violente douleur au crânem’assaille.
Jesombredanslenéant…J’ouvrelesyeux.Rien,jenevoisrien.Jememets à trembler.Lapeur, l’angoisse, le froid s’insinuent enmoi commede fines lamesde
rasoir.Deslarmescoulentlelongdemesjoues.Mesépaulessonttellementdouloureuses.J’ail’étrangesensationquel’onm’arrachelesbras.Jemedébatslorsquejecomprendsqu’onmeligote.Jeparviensàmelever,tiensàpeinesurmesjambesquiflageolent,perdsl’équilibre.
Troptard…J’aibeautenterd’écarterlesbras,debougerlespoignets,rienn’yfait,jesuisattachée.Jesensquelquechosequicaressemonvisage…dutissu…Onm’abandélesyeux.–Laissez-moipartir,jebalbutieentredeuxsanglots.Pourtouteréponse,jesenslepoidsd’uncorpssurmoi.Jemetrémoussepourtenterdem’échapper,
mais n’arrive à rien. Je gémis d’horreur quand un souffle chaud caresse mon cou et que des mainsparcourentavidementmoncorps.Jesensmonagresseurseraidirau-dessusdemoi.
L’airdésertemespoumons.Unbruit…Desvoix…J’ouvre la bouche pour hurler, appeler à l’aide,maismon agresseur est plus rapide et fourre un
morceaudetissudansmabouche.Ilserelève.Jesuislibre…Jetentederecrachermonbâillondefortune,sansgrandsuccès.Jesuffoque,m’étouffe.Jel’entendsrevenirversmoiencourant.J’essaiedemerelever,dem’échappermaisilmerattrape
etplaquequelquechosesurmonvisage.Ilmesaisitparlebraspourm’attirerjenesaisoù,maisjemedébatsdumieuxquejepeuxendonnantdegrandscoupsdepieddanslevide.Monravisseurmelâche,puismerattrape.Jetombe,m’effondre,respiredelapoussière,maispeuimportesijem’étouffe,jesaisques’ilm’embarque,c’enserafinidemoi.
LatêtedeYaourthantemespensées.Jeneveuxpasfinircommeça…Underniercoupdepied,jel’entendstrébucher,puiss’éloignerencourant.Unbruitdemoteuretle
silence.Jereprendsmonsouffleavecdifficulté.Desparticulesdeterresèches’insinuentdansmespoumons.
Jesuffoque.J’aibesoind’air…
Jebouge,finisparroulersurlecôtéetinspireenfin.Jememetsàhurlerquandjemesensglisser.Jeroule,tentedetrouveruneprise,demeretenir,maisrienàfaire,jedoissombrerdanscequiressembleàunfossé,àuntrou…
Je finis par ralentir dansma chute, jusqu’àm’arrêter.Ma respiration est saccadée,mais je suisvivante!
Jeroulesurleventre,glisseànouveau,essaiedememettreàgenouxmaisretombeimmédiatement.Jesuissurdelaterresèche,àboutdeforce.Jefinisparm’allongerenespérantmereposeretpouvoirunenouvellefoistenterdem’échapper.
–What?Ididn’tsaythat!Jemefige.Ilyaquelqu’un!Unevoixfémininerépondquelquechose.Ilssontplusieurs…Ilsdoiventmechercher…Moncœurs’accélère.L’espoir…Jecrie,hurle,appelleàl’aide,maisnesorsdemabouchequ’unsonétouffé.Foutubâillon…–Je«trempemonbiscuit»?Çaveutdirequoi?s’écrie-t-il.Lebeau-frère!C’estlebeau-frèredeThomas!Jegigotedanstouslessens,glisseànouveau.–Tusaistrèsbien!–Lola…Etlasœur!C’estlasœurdeThomas!–Pourquoit’arrêtesdemarcher?luidemande-t-elle,visiblementsurprise.Tuasenfincomprisque
j’avaisraison?Jegémis,souffle,jesuisàboutdeforce.–Ilyadestracesdelutte…,luirépond-il.–Quoi?!Maisonn’yvoitrien!–Chut…–Non,maisnemepoussepascommeça!–Lola,tais-toi,luiordonne-t-il.–Ouh!Non,tunemeparlespascommeça,Jerry!hurle-t-elleencoreplusfort.–Lola,shutup!Silence.C’estmachance…Je gigote à nouveau en tentant de faire le plus de bruit possible. J’ai la gorge en feu, les yeux
baignésdelarmes,j’ail’impressiondem’ensevelirdanslaterre…Jemeraidislorsquejesensquel’onm’attrape.Desmainsmesaisissent,maisjenemelaissepas
faireetremuedanstouslessensenhurlant.–Calme-toi,Samantha!onmecrie.Maisjen’écoutepas,j’aipeur.Jepanique.Jenesaisplusoùj’ensuis…Jedonnedescoupsdanslevide.Ilmefautquelquessecondespourcomprendrequejesuislibre.Onm’adétachée!–Samantha,onneteferaaucunmal!medit-onplusdoucement.Jemedébatsencore.L’angoissenesemblepasvouloirmequitter.–Lola,net’approchepas!aboie-t-ilencontinuantdememaintenirausol.Commejesuisàboutdesouffle,mesmouvementssefontpluslents…puisfinissentpars’arrêter.
Jefermelesyeux,tentedereprendremarespiration.–Est-cequ’ellevabien?J’appellelapolice!–Lola,jet’aiditderesterlà-bas!–Est-cequ’elleestblessée?demande-t-elleànouveau.D’ungestedésordonné, jemepasseunemain tremblantesur levisage.Lebâillonest fixésurma
boucheavecduscotch!–Nebougepas,Samantha,mechuchote-t-il,jevaisjustet’enleverça,OK?Jehochelatêteetsensdesdoigtsseposersurmonvisage.Ilenlèveaussidélicatementquepossible
l’adhésifpuismeretireletissuquiétaitenfoncédansmabouche.J’inspireunegrandeboufféed’air.Libre,enfinlibre…–Jevaisenleverlebandeau,maintenant,medit-ildoucement.Jehocheànouveaulatête,pascertainedepouvoirémettrelemoindreson.Jesenssesdoigtss’affairerdansmescheveux,melestirantparmoments.Sonsoufflecaressemon
cou,lepoidsdesoncorpssurlemien…Jesuistentéedeleserrercontremoipourmelaisserenvelopperparsachaleurmaismeretiens.Lemorceaudetissuquitteenfinmesyeux.Jelesouvre,cligneetdiscerneenfindesformesfloues.Jesourismaladroitementàlaformemassivepostéeau-dessusdemoi.
–Samantha,tuesblessée?m’interroge-t-ilens’écartantdemoi.Le froidme saisit tout à coup. Je passemesmains surmes bras nus,mon visage, parcoursmon
corps,neconstateaucuneblessure.Jeprendsappuisurmesmainspourmesoulever,sansgrandsuccès.–Jevaist’aider,melance-t-il.Ilm’aideàmelever.Mesjambestremblent.J’aimalpartout…Ilenlèvesonmanteauetm’aideà
l’enfiler.Ilmetendlamainetnousescaladonslaravineensemble.–Jerry,faisattentionàtajambe!luicrieLoladepuislechemin.Ils’immobilise.J’aibeauyvoirflou,jesuissûrequ’iln’appréciepassesrecommandations.Ilm’attrapelebras,memaintenantaussidroitequepossible,etm’aideàmehissertantbienquemal
jusqu’enhautdelapente.Jemeraidisquandj’aperçoislespharesd’unevoiturevenirversnous.Jememetsàtrembleretme
senssubmergéeparlapanique.Ilrevient…
***
–Accélère!jecrieàDamien.–Calme-toi,tun’esmêmepascenséêtrelà!merépond-ilfroidement.Jeglisseunemaintremblantedansmescheveux.Non,jenesuispascenséêtrelà…Aprèscequej’aifait,cequej’aidit,ellenevoudraplusjamaismevoiroumêmemeparler.Ma
gorgesenoueàlapenséedecequejeluiaifaitsubir.Jesuisallétroploin…JedistingueLolaetJauboutduchemin.IlnemefautquequelquessecondespourrepérerSamantha.Ellesemblesipetite,emmitoufléedanscegrandmanteau…Mamâchoiresecrispequandjecomprendsquec’estlemanteaudeJerry.C’estmoiquiauraisdû
lasauver,monmanteauetmesbrasquiauraientdûlaréchauffer…Pas…Jeserremespoings.–Tunevienspas?ditDamien,mecoupantdansmesréflexions.Jen’avaismêmepasréaliséquelavoitureétaitarrêtée!Ilfaudraitquejedescende,quejeluidemandecommentelleva,quejem’excusepourtoutça…
Jenebougepas.Jesuisparalysé.–C’estpeut-êtremieux,effectivement,ditDamien,malàl’aise.Jenerépondspasetleregardedescendredelavoitured’unairabsent.Qu’est-ce que j’aimerais courir vers elle, la prendre dansmes bras, lui dire que tout va bien se
passer,quetoutcecin’étaitqu’uncauchemar,l’embrasser,prendrepossessiondesoncorpsunedernièrefois…
Unpetit chouinement attiremon attention. Jeme tourne et voisMaurice quim’observe depuis labanquettearrière.Ilremuesonderrièreethésiteàvenirversmoi.Jefinisparl’attraperetleposersurmesgenoux.
–Moiaussi jeveux la retrouver, jecommenceencaressant lechiot.Toi, tupourras la retrouver,dormiravecelle…
Je soupire, entortille mon index dans sa queue et contemple le ballet lumineux de l’ambulances’approchant du groupe. On entoure Samantha d’une couverture de survie tandis que les portes duvéhicule s’ouvrent pour l’installer dans l’habitacle et l’examiner, sous les yeux de Damien qui ne laquittentpas.Lolase lovedans lesbrasdeJerryetsemblesous lechoc.Damienfronce lessourcilsetregardeSamanthad’unairsoucieux.
Ill’aimebien…c’estévident…Jesaisquejenedevraispaspenseràcegenredechosemaisc’estavecluiqu’elledevraitêtre,pasavecmoi.Moiquimecachedanslavoitureetl’épie.Moiquil’aifaittantsouffrirqu’elleafinidansunfosséaumilieudenullepart.
Mamainsefigesurlechiotquandj’aperçoisl’agentHerniearriveràsontour.Ilmontedirectementdansl’ambulance,inspecteSamantha,descend,puissonregardseposesurlaPorsche.Ilnemevoitpas,maisilsaitquejesuislà,àl’observer.
JenepensepasqueDamienleluiaitdit,maisillesait…Cemecaquelquechosededérangeant…D’une main, je maintiens Maurice immobile, tandis que de l’autre, je saisis mon téléphone. Je
composelenumérodemonagenceetdemanded’unevoixglaciale:–Oùenêtes-vousàproposdesrecherchessurl’agentHernie?–Trente-cinqans,célibataire,vitavecsamèredansunebanlieue tranquille.Sesétatsdeservice
sontplutôtbonsàpartunincidentl’annéedernièreavecuneprostituée…–Quelincident?–Durantuncontrôledepolice,ilaabattuunejeuneprostituéeàboutportant.Selonlerapport,elle
auraitétéarmée,maisj’aifaitdesrecherchesdanslespiècesàconvictionetjen’aitrouvéd’armenullepart.
Intéressant…–Quoid’autre?– Il est inscrit sur un site de rencontres sous le pseudonyme de Toplover et converse depuis
quelquessemainesavecMlleGarniersouscenom.Marespirationsecoupe.–Pardon?Ilsseconnaissent?– Pas vraiment. J’ai lu lesmessages et rien ne laisse à penser qu’ils se connaissent réellement,
monsieur.–Discute-t-ilavecd’autresjeunesfemmes?–Non,monsieur,MlleGarnierestlaseulepersonneavecquiilaitpriscontact.Étrange…–Envoyez-moiunecopiedesmessagesetdesondossier,etcontinuezvosrecherches,jelanceen
raccrochant.Jeregardel’ambulancepartir,songeur.CetagentHerniecachequelquechose…
Jeposelechiotquis’estendormisurlesiègeetsorsdelavoiture.LolasedégagedesbrasdeJquandellemevoitetvientàmarencontre.
–Tuesdanslavoituredepuistoutcetemps?m’interroge-t-elle,interloquée.Je ne réponds pas et me dirige vers l’agent Hernie en train de discuter avec Damien. Lorsque
j’arriveàleurhauteur,ilssetaisentetmejaugentduregardpendantcequimesembleêtreuneéternité.–Monsieur ! s’exclame faussement l’agentHernie. Vous étiez là… ou plutôt, vous étiez dans la
voitureàguettercommeunprédateurenmaldeproie,devrais-jedire…–Commentêtes-vousarrivéicisivite?jedemandeenguisederéponse.– Samantha m’a appelé. Elle pleurait en disant qu’elle avait peur de vous, dit-il sur un ton
doucereux.Putaindemerde!Demieuxenmieux!Silence.Damienmedévisageavantdebaisserlesyeux.Ilahonte,hontedemoi,decequej’aifait,deceque
jesuis…Siçapeutleconsoler,jemehaisdetoutmonêtre,moiaussi.–J’aiappeléMatt, il rejointSamanthaà l’hôpital,etuneéquipes’y trouvedéjàpourassurerson
arrivéedanslesmeilleuresconditions.–Tuestrèsefficace,jeconstate,crispé.Bienplusquemoi,encoreunefois…–Bon,lesgonzesses,vousvousenverrezdesfleursplustard,jevousrappellequ’onauncingléen
liberté!lancel’agentHerniealorsquedesvoituresdepolicearrivent.–JevaisramenerLolaetJerry,ditDamienenpartantdéjà.Jejetteunœilàl’agentHerniequiexaminelestracesausol.Lanuitvaêtrelongue…
Chapitre2
–Jemesensbien,maman,jedisalorsqu’ellemedévisagepar-dessussatassedecafé.–Moui,biensûr…C’estjuste,quandjepenseàtoutça…àtoutcequiauraitput’arriver…Ellenefinitpassaphrasemaisjesaiscequ’elleveutdire.J’ypensedepuisqueJerrym’asortiedufossé.Cesentimentconstantd’insécuriténemequitterasansdouteplusjamais…Pendantuninstant, jemesuisvuefinircommeYaourt.Lorsquej’aisenti lesmainsparcourirmon
corps, j’ai eu l’impression que laMort choisissait ce qu’elle emportait ou non… comme un boucherchoisiraitlesmeilleursmorceauxdeviande.J’ailacertitudequ’iln’yavaitriendesexueldanscegeste.Ils’agissaitd’uneétude,unexamendemoncorpsavantdemedécoupercommeungigot.
Unfrissonmeparcourt.Jeseraihantéeéternellementparcetteexpérience.Jenepréfèrepaspenseràcequiseseraitpassésionnem’avaitpasretrouvée…
Mamaincommenceàtrembler,renversantunpeudecafé.Jeposelatasseetinspireprofondément.Jesaispourtantquejen’aiplusrienàcraindre.Mattm’araccompagnéehiersoiretilm’aexpliquéledispositifmisenplaceparl’agencedesécuritéde…Jesecouelatête.Jeneveuxpaspenseràluinonpluspourlemoment.
Lasonnetteretentit,mefaisantsursauteraupassage.–Tonpèreadûoubliersesclés,meditmamèreenplaçantdélicatementsamainsurmonépaule.Elleposesa tassedecaféetsedirigevers l’entréependantqueje tentedecalmerlesbattements
effrénésdemoncœur.Jefermelesyeux,inspire,expire…Laportedelacuisines’ouvresur…Monsangsefige.Jel’observe,sonregardsombre,sonvisagesansexpressionetpourtanttellement
beau…–Samantha,mesalue-t-ildoucement.Jenerépondspas,jenesuispasenétatdedirequoiquecesoit.Pourquoiest-illà?Ilveutfinirce
qu’ilacommencéhier?J’auraisdûprévenirmamère…Ellenel’auraitjamaislaisséentrer…–Jesuisdésolépour…,commence-t-ilenfixantlesol.–OùestMaurice?jelecoupe.Ilrelèvelesyeux,medévisage.–Ilestchezmoi.–Pourquoi?–Jemesuisditqu’unenterrementn’étaitpassaplace.
Jefroncelessourcils.Quoi?!Qu’est-cequ’ilraconteencore?–Jesuisvenupour…t’accompagner…–C’estmonpèrequim’accompagne.IlestpartiacheterdesfleurspourlafamilledeGürt.Thomasinspire,semblemalàl’aise.Peuimporte,c’estuncinglé…,medis-jeavecunpincement
aucœur.Est-cequelapolicesaitcequ’ilafait?–Nousavionsconvenuquec’étaitmoi…–Jepréfèreyalleravecmonpère,jerépondssèchement.Jeveuxqu’ilparte…–Tonpèren’apasdeformationmilitaire,souffle-t-il.Jelevoisserreretdesserrersonpoing.Jeveuxvraimentqu’ilparte…–Jetedoisdesexplicationsaussi…–Tunemedoisrien,jelecoupeànouveauenmelevant.Tudevraispartir,jedoismepréparer…,
dis-je.Jesorsdelacuisineencourant.Jeleheurteaupassage,maispeuimporte,j’aibesoindemettrede
ladistanceentrenous. Jeglissedans les escaliersmais repars aussitôt.Une foisdansmachambre, jefermelaporteetm’yadosse,àboutdesouffle.
Jel’entendsdiscuteravecmamère,maisnedistinguequ’unbrouhaha,puislaported’entrées’ouvreetsereferme.
Ilestparti…Jemelaisseglisserausoletessuieleslarmeségaréessurmesjoues.Auboutdequelquesminutes,jemerelèveetmedirigeverslafenêtre.J’observeleshommespostés
dansunevoiturenoireet inspireprofondément,rassurée.Uncoupd’œilàmonradio-réveilm’apprendque je devraisme dépêcher deme préparer pour l’enterrement. Jem’assoismalgré tout sur le lit enm’interrogeantsurlatactiqueàadopterpourrécupérerMaurice.Jesecouelatête,dépitée,enpensantquecepsychopathedeThomasretientmonchienenotage…
Mattm’adonnésonnuméro.Jedevraispeut-êtrel’appeler…J’attrapemontéléphone,hésiteetmedécide.
Salutc’estSam,JevoulaissavoirsitupouvaismeramenerMaurice,s’ilteplaît.IlestchezThomasetjeneveuxpasledéranger.Mercid’avanceSamantha
C’estfaux!Maisjemevoyaismalécrire«Toncinglédefrèreretientmonchiotenotage,peux-tum’aideràlesecourir?»!
HeySam!Commenttuvas?Tutombesàpic,Lolanousrendfou(unesombrehistoiredepliagedeserviettes!)PasdesoucispourMaurice,jeteleramèneKissMatt
Jesourisenregardantlemessage.Mattestvraimentcharmant…
MerciMatt.Jevaisàunenterrement,maisjedevraisêtrerentréepour16heures.C’estbonpourtoi?Sam
J’écrirais bien « Peux-tu vérifier que ton psychopathe de frangin ne découpe pas mon chiot enmorceaux?»,maisjecroisquec’estmieuxdenepaslemarquer.
Unnouveaubip.
Dis-moi,tuasunevieaussiexcitantequelafamilleAddams!Pasdesoucis,jevienspourlegoûteretaccepted’êtrepayéencafé;)KissM.
Décidément,danscettefamille,ilsaimentsigneravecleursinitiales!Jetrouveçaétrange…Jenedevraispeut-êtrepas le laisser entrer tout à l’heure…Si ça se trouve, il est aussi fouque
Thomas,peut-êtremêmepire!Mouais…SijeveuxrécupérerMaurice,jenevaispasycouper.Parcontre,ensuite,finilafamille
Morell…
Caféoffert:-)S.
Ouais,moiaussi,jepeuxsigneravecmesinitiales!Jejetteunnouveaucoupd’œilàl’heure:mince,ilfautvraimentquej’aillemepréparer!Jesorsmarobenoireduplacard,descollants,dessous-vêtements,unevesteetfilemedoucher.J’enlève labuéesur lemiroir, fronce lessourcilsenvoyantmonvisageblancparsemédepetites
coupuresetdebleus.Jedevraisdemanderàmamèredememaquiller…Jeneveuxpasracontercequis’estpasséhiersoir,jenem’ensenspaslaforce.Jem’habille et appellemamère depuis le haut de l’escalier. Au bout de quelques instants, elle
monteetmedévisage.–Ondiraitquetuvasàunentretiend’embauche!Je baisse les yeux et regardema robe. C’est vrai, j’utilise exactement la même tenue pourmes
entretiens!–Jen’aipasd’autrerobe,maman.IlfaudraitquejedemandeaussiàMattderécupérermesvêtements…–Viens,onvaregarderdansmonarmoire,medit-elleensouriant.Jem’installesurlelitpendantqu’ellefarfouilledanssonplacard.Ellefinitparensortirunerobe
fourreau.–Tul’essaies?mepropose-t-elleenmelatendant.Jelasaisisetvaisl’enfilerdanslasalledebains.Jemeregardedanslemiroir,désespérée,etreviensdanslachambrepourmontrerlerésultatàma
mère.–C’estpasterrible!s’exclame-t-elleenlorgnantletissupendouillantetenmetournantautour.Sauf
quec’estlapluspetiterobequej’ai.–Jedevraisremettrelamienneetpuisc’esttout,jelance,résignée.–Non,j’aiunemeilleureidée!dit-elleenrepartantverssonplacard.Elleensortuneceinturenoireetmelapasseautourdelataille.Ellearrangelesplisdelarobeet,
unefoisterminée,jedoisavouerquec’estpasmal.–Tumemaquilles,aussi?jeluidemandeavecunsouriretimide.–Biensûr!lance-t-elleenpartantdanslasalledebains.
Elleenrevientavecsatrousseàmaquillage,installeunechaiseenfacedemoietscrutemonvisage,lessourcilsfroncés.
Elleattrapeuntubedefonddeteintetmeditavecungrandsourire:– Je sais que les circonstances sont tragiques, mais je suis contente de te maquiller. Ça fait
longtempsquel’onn’apaspasséunmomentquetouteslesdeux.–C’estvrai,ondevraitlefaireplussouvent,jerépondspendantqu’ellemetapotelevisage.J’enfilemesballerinesetdescendsretrouvermonpèrequienfilesavestedecostume.–Tuestrèsélégant,papa,jeluidisensouriant.–Jeteremercie,jen’aipassouventl’occasiond’enfilercecostumeetjetrouvequ’ilmeserreàla
taille…,avoue-t-ilavecunegrimace.Jememordsleslèvrespournepasrireetfilemettremonmanteau.Lasonnetteretentit.Oh!non!PourvuqueThomasnereviennepasàlacharge…J’hésiteuninstantavantd’ouvrirlaporte.–Damien!jem’exclame,surprise.–Pourvousservir,BelleRouquine!–Qu’est-cequetufaislà?jedemande,complètementdécontenancée.–Moiaussitum’asmanqué,mesort-ilenriant.–Mais…je…euh…–Hum!Quej’aimefairebégayerunefemme,lance-t-ilavecunsourirecharmeur.–Quoi?!–Bon,onyva?–Maisoù?–Àl’enterrement!dit-ilenmecaressantunemèchedecheveux.Jerepoussesamain.–J’yvaisavecmonpère,jerépondsenremettantmeslunettesenplace.Ilfroncelessourcils,mebousculeetentre.Non,maisc’estpasvrai,cemecestvraimentsansgêne!–MonsieurGarnier,salue-t-ilmonpère,quinesemblepascomprendrecequisepasse.–Oui?–DamienMorell,jesuisvenuaccompagnervotrefilleàl’enterrementdesacollègue.–Ahbon?–Oui,jesaisquecen’étaitpasprévu,maiscomptetenudelasituation,nousavonspenséquece
seraitmieuxpoursasécurité.–Morell?Vousêtesdelafamilledesonpetitami?demandemonpère.–Oui,monsieur.–Pourquoin’est-ilpaslàenpersonne,sijepeuxmepermettre?–Ehbien,votrefilleetluisesontdisputés,maisilresteinquietpoursasécurité.Monpèremejetteuncoupd’œil,puisdévisageDamien.–Qu’est-cequimeditquevousassurerezlasécuritédemafillemieuxquemoi?Damiensoulèveunpandesaveste.Monpèrefroncelessourcilsetdit:–MonsieurDamienMorell,s’ilarrivequoiquecesoitàmafille,j’aibeauêtreunvieuxmonsieur
fatigué,jevousretrouveraietvoustuerai.J’ouvrelabouche,surpriseparsesparoles.Monpèreneferaitpasdemalàunemouche!–C’estlégitime,répondDamienenréajustantsaveste.Ilsaluemonpèreetsepostedevantmoi.
–Tuesprête?medemande-t-ilensouriant,l’airvictorieux.Maisqu’est-cequec’estquecettefamilledetordus?J’observemonpère, puisDamien, etme résigneà le suivre jusqu’à lavoituregaréedevant chez
moi.JeregardeleshommesquiysontdéjàinstalléspendantqueDamienm’ouvrelaportièrearrière.–Dis,BelleRouquine, on ne t’a jamais dit que ça ne se fait pas de dévisager les gens de cette
façon?–Çafaitbeaucoupdemondejustepourm’accompagneràunenterrement,jechuchote.–C’estunesimplequestiondesécurité,BelleRouquine.Net’enfaispas,toutvabiensepasser.Jeresserremachinalementmonmanteauetmeglissesurlabanquette.Damienrefermelaportière,
faitletourets’installeàcôtédemoiendéboutonnantsaveste.J’observel’armefixéecontresapoitrineetcomprendspourquoimonpères’estincliné.Entresastatureimposanteetsonarme,monpèrenefaisaitpaslepoids!
J’inspireunegrandeboufféed’air,fermelesyeuxetcalematêtecontrel’appui-tête.–Tuluimanques,ditdoucementDamien.Jemeredresse,ouvrelesyeuxetl’observequiregardeparlafenêtre.–Ilne t’apas toutdit,BelleRouquine, ila laissédecôtéunpassage importantde l’histoirehier
soir.Moncœurs’accélère.–Quelpassage?jesouffle.Iltournesatêteetplongesesyeuxbleusdanslesmiens.–Cen’est pas àmoide te ledire.Maisparfois, les apparences sont trompeuses, dit-il avantde
tournerànouveausonattentionsurlepaysage.Ilmanqueunboutdel’histoire?Toutàl’heure,Thomasaditqu’ilvoulaitmeparler.Etsic’étaitunenouvelletentativede…dequoi?Jenelesaismêmepas!Àvraidire,j’aitoujours
eu le sentiment qu’il était dangereux,mais je n’ai jamais pensé qu’ilme ferait dumal.Et aujourd’huiencore,jenecomprendspassesmotivations.
Jesoupireetmecaleànouveaucontrel’appui-tête.Siseulementriendetoutçan’étaitarrivé…
Chapitre3
Lavoitures’arrêtedevantlebâtiment.Unfrissonmeparcourttandisquejedévisagemescollèguesagglutinés en haut des marches qui mènent au funérarium. Ils discutent, la mine sombre. Mon cœurs’accélère.
Jenedevraispasêtrelà…,medis-je,lagorgeserrée,avantd’êtrecoupéedansmespenséesparDamien.
Jeregardesamainposéesurlamienne.–Toutvabiensepasser,mechuchote-t-il,l’airsûrdelui.–Cen’estpasça,jeluirépondsdoucement.–Alorsc’estquoi?m’interroge-t-il,surpris.Jesecouelatête.Jenepeuxpasluidire.Jecommenceàouvrirlaportière,maisilinterromptmongeste.–Samantha?insiste-t-il.Jememordslajoueetfinisparparler.–Je…jenedevraispasêtrelà!–Pourquoi?– Je ne la connaissais pas, je ne sais rien d’elle !Rien…Vraiment rien !Ni sur tous ces gens,
d’ailleurs!–Commentça,tunelesconnaispas?–J’aipassé lessixdernièresannéesdemavieà leséviter. Jeneconnaismêmepas leursnoms,
rien…Jenesaisriensureux!jem’écrie,désespérée.–Oh!lâche-t-iltoutsimplement.Ilfroncelessourcils,semblantréfléchiràlasituation.Jesoupire.Pourlapremièrefois,j’enaihonte.Tousmescollèguessontlà,vêtusdenoir,certains
semblentdévastés,etmoi,j’ail’impressiond’êtreunimposteur…Voilàpresqueseptansquejeprendssoindenepasapparteniràleurmonde.Pourquoi?Justeparcequecen’estpaslaviequejevoulais!Maisjenesaismêmepascequejeveux…
–Tusais,j’aivraimentcouchéavecbeaucoupdefemmescesdernièresannées,mecoupeDamiendansmespensées.
Jelèvelesyeuxetl’observe.Hein?!–Tantmieuxpourtoi…,jefinisparrépondre,incertaine.Ilsefoutdemoiouquoi?Jeviensdeluirévélerquelquechosedesuperpersonneletlui…
–Cequejeveuxdire,c’estquejeneconnaispaslequartdesnomsdetoutescesfilles,continue-t-il.
Demieuxenmieux…–Maiselles,ellessaventquijesuis.C’estmoiouçadevientdeplusenpluspathétique,cettehistoire?–Oùest-cequetuveuxenvenir?–Toietmoi,onestpareils.–Jetedemandepardon?Çan’arienàvoir!jem’exclame,outrée.–Ohquesi!Saufque,contrairementàmoi,tuasmauvaiseconscience.Jeleregarde,interdite.–Allez,onyva!lance-t-ild’untonenjoué.Non,maisjerêve!Ildescenddelavoituresansrienajouter.Jenesaisplusoùj’ensuis,moi!Je
resteassisequelquessecondesdeplus,unpeuperdue,etfinisparmerésoudreàsortir.Bon,ben,allons-y,medis-jeenouvrantmaportière.Je descends et m’immobilise instantanément avant de rougir quand je constate que tous mes
collèguesmedévisagent.Non,jen’auraisvraimentpasdûvenir…Je remets mes lunettes en place, hésite à retourner dans la voiture… sursaute quand quelqu’un
commenceàapplaudir,puisd’autres,puistousm’acclament.Qu’est-cequ’ilsepasse?jem’interrogeenresserrantmavesteautourdemoi.J’aimepasdesmassestoutecetteattention…–Jetejure,c’estpareilquandjememetsàpoil!mechuchoteDamien,amusé,enmeprenantparla
taille.Maisc’estquoisonproblèmeàcelui-là?!J’hésitefranchementàprendremesjambesàmoncouenvoyantmonpatronveniràmarencontre.– Mademoiselle Garnier, je suis enchanté de votre présence, me lance-t-il en me serrant
vigoureusementlamainsousleregardempreintd’émotiondemescollègues.Jenesaispastropquoirépondre,doncjemecontentedeluiadresserunsourirepoli.Jecroisque
c’esttroptardpourpartirencourant…–Jesuisheureuxégalementquevousnousreveniezlasemaineprochaine,continue-t-ilenattendant
visiblementuneréponsedemapart.Disuntruc,Samantha…Silence.N’importequoi!Riennesemblevouloirsortirdemabouche.Je luisourisd’unaircrispéenregardantàdroite,à
gauche.–Veuillez l’excuser, elle ne s’attendait pas à un tel accueil.Vous la connaissez, Samantha est la
timiditéincarnée,ditDamienavecungrandsourire.Entoutcas,elleesttrèsfièredefairepartiedecettegrandefamille,lafamilleMartinBricoPlus!s’exclame-t-il.
Euh…jecroisqu’ilenfaitunpeutroplà!Jejetteuncoupd’œilàmonpatronquisembleému.Bon,enfait,peut-êtrepas!medis-jequandcelui-cimeserredanssesbras.Jemeraidisetfinisparluitapoterledos.Toutceladevientfranchementgênant…Monpatronmelâcheaprèscequimesembleêtreuneéternitéets’éloigne.Jerespireenfinquandmescollèguespassentàautrechoseetseremettentàdiscuterentreeux.Je
préfèreça,jen’aimevraimentpasêtreaucentredel’attention.
–Jesais,jesuistropfort!mechuchoteDamienalorsqu’unefemmed’uncertainâges’approchedemoid’unpashésitant.
Lesrouagesdemamémoiresemettentenmarche.Quic’est ?…Bonsang, jeme fais lapromessedeconnaître l’organigrammede la société sur le
boutdesdoigtsàpartirdemaintenant.–MademoiselleGarnier?Jehochelatête.Finalement,jenelaconnaispeut-êtrepas,enfait!–JesuislamamandeGürt,medit-elletoutdoucement,unelarmecoulantsursajoue.Jemefigeetlaprendsdansmesbras.Jenesaispascequim’arrive,mais…non,làvraiment,jecroisquejedeviensbizarre!medis-je
enmemettantàsangloter.Jefinisparm’écarterd’elleet,dansunmouvementcomplètementdénuédeclasse,j’essuiemonnez
aveclereversdemonmanteauenbredouillantun«Toutesmescondoléances».Jemonterapidementlesmarchesetmefaufileàl’intérieur,derrièreunegrandeplanteverte.Inspire,expire…Jefermelesyeuxettentedemereprendre.Untoussotementforcésefaitentendre.Jerouvrelesyeuxetvoiss’agiterunkleenexdevantmoi.–Merci,Damien,jelanceenl’attrapant.Ilpasselatêteentrelemuretlaplante,etm’observe,laminedégoûtée,quandjememouche.–Ilfaudraitquetusortesdetoncoin.Silence.– Samantha, même moi qui suis le frère de Thomas, donc qui ai beaucoup d’expérience en
comportementétrange,jetrouveça…bizarredesecacherderrièreunefausseplanteverte!–Ilatoujoursétécommeça?Ilmefixe,maisnerépondpas.–Thomas,jeveuxdire…Ilatoujoursétéétrange?jerépèteenreniflant.–Non.Ils’appuiecontrelabaievitrée,leregardperdudanslevide.–Avant,cen’étaitpasjustemonfrère,c’étaitmonmeilleurami,etpuis…,continue-t-ilensecouant
latête.Peuimporte…,finit-ilenseredressant.Ilarrangesavesteetmesortdemacachetted’unmouvementdemain.J’émetsunpetitcouinement
quandjemeretrouvecontrelui.–Hum, j’aimequandlesfemmesfontdespetitsbruitspourmoi,dit-ilencaressantunemèchede
cheveuxéchappéedemonchignon.Je tapesursesdoigtsetsorsdesonétrangeétreinte.Je le trouvebien tactile…Etbeaucouptrop
sexyaussi…Jediraisbienqu’ilneserendpascomptedel’effetqu’ilasurlesfemmes,maisc’estfaux!Illesait
etilenjoue.Etmoi,jeneveuxpasjoueraveclui.–JenepensepasqueThomast’aitdemandédemepeloter!jelâcheenremettantmeslunettesen
place.Ilsembleréfléchiretfinitparhausserlesépaulesenlançant:–C’estplusfortquemoi!Jesuispersuadéequ’aucunefilleneluirésiste,àcelui-là!Maisavecmoi,ilestmalparti,carla
familleMorell,j’enaimoncompte.–Samantha!m’interpellelaseulepersonnedontjeconnaisselenom.Elles’approchedemoietobserveDamien,lesyeuxronds.C’estvraiquecen’estpaslegenrede
spécimenquel’onrencontretouslesjours.
–Manue,commenttuvas?jeluidemandepourlaramenersurterre.Maisc’estsanseffet.EllebégaieuntrucmaisneparvientpasàquitterDamiendesyeux.– Manue, donc ! Je suis Damien, un ami de Samantha, se présente-t-il avec un léger sourire
charmeur.Sienplusilnefaitrienpourl’aider,onnevapass’ensortir!–Unami?répète-t-elle,auborddel’apoplexie.–Ondevraitallers’installer…,dis-jepourcoupercourtàcemanège.J’attrapeDamienparlebrasetletiredanslasalle.Manueestlaseuledemescollèguesavecqui
j’entretiensunsemblantd’amitié.Certes,leterme«amitié»n’estpastrèsadaptéànotrerelation,maisaumoins,jeconnaissonnom!Alors,mieuxvautqueleloverauxmusclesd’acierresteloind’elle.Jeneveuxpasqu’illuibrisesonpetitcœuretqu’aprèsçameretombedessus.
MonsangseglacequandjevoisleportraitgéantdeGürtentourédefleurs.VoilàpourquoiCatharina,l’exdeThomas,medisaitquelquechose…Ellesseressemblent.Etpasqu’unpeu…carrément!–Damien,tunetrouvespasque…enfin,Gürtnetefaitpaspenseràquelqu’un?–Non,lâche-t-il,toutàcoupcrispé.Ilnesavaitpas…MonDieu,Fannyaussi!Ellesressemblenttouteslesdeuxàl’exdeThomas!Blonde,lescheveuxbouclés…Est-cequelapoliceestaucourant?PourquoiDamiennelesavait-ilpas?IlnetravaillepasavecThomas?Alors,s’ilnetravaillepas
avecThomas,pourquoiest-cequ’ilaunearme?Maisc’estquoicettefamille?–Assieds-toi,laRouquine,meglisseDamienenmetirantversunechaise.Monespritpartdans tous les sensalorsque jem’installeetque lacérémoniecommence.Quelle
étrangecoïncidence…IlfautquejelediseàToplover.–Samantha?m’interpelleDamien.Jeregardeautourdemoi.–Iln’yapluspersonne,jesouffle,unpeuperdue.–C’estnormal,c’estterminé,meditDamienenselevant.J’observelamainqu’ilmetend.–Damien,ellesseressemblenttouteslestrois!– C’est une coïncidence, Samantha, une simple coïncidence ! Je sais ce qui traverse ta tignasse
rousseencemoment,maisThomasn’arienfait.Situsavaiscequis’estréellementpasséavecCatharina,tuneteposeraispascegenredequestion.
–Maisjenesaispascequis’estpassé!HormisqueThomasluiatiréuneballedanslatêteet…Marespirations’accélère.Jemesenssubmergéeparlapanique.Moncœurcognetellementfortque
j’ail’impressionqu’ilvajaillirdemacagethoraciqued’unmomentàl’autre.JeneprêteaucuneattentionàDamien.Enplus,jelevoismalmedire:«Maisoui,monpsychopathe
defrangintuedesjeunesfemmes,lesdécoupeenmorceauxetc’estungrandfandeDanyBrillant!»–Ilfautquejesorted’ici,dis-jeàboutdesouffle.Jemelève,attrapemesaffairesetparsencourant.–Samantha,attends,calme-toi!melanceDamienenmesuivant.Jesuissurpriseparlafouleencoreagglutinéedanslehalldufunérariumetmefaufileàtraversmes
collègues.
J’aibesoind’air…Jecours,ouvrelaporte,dévalelesmarchesetm’arrête,lesoufflecourt.Unelarmeglisselelongde
majoue.Jel’essuierageusemententremblantdespiedsàlatête.–Toutvabien?JemeretourneetvoisManuequim’observe,lessourcilsfroncés.J’avalemasaliveettentedemereprendre.–Je…Jenefinispasmaphrase.Jen’arrivepasàfairelepointsurmesémotions,surtoutça…Elleserapprocheetmedévisagefroidement.Jecroiselesbrassurmapoitrine,soudaintrèsmalàl’aisesoussonregard.C’estvraique,parfois,
ellepeutêtrefroide,maisenrèglegénérale,ons’entendplutôtbien.Enrevanche,là,ellemedonnedesfrissonsdansledos,etjenesaispaspourquoi.
–Tuesblessée?m’interroge-t-elle.Jesecouelatête,necomprenantpastroplesensdesaphrase.–Tuasdesecchymosessurlevisage.Tuesblessée?répète-t-elleens’approchantencoreunpeu
plusdemoi.Jerecule,regardeautourdemoietconstatequ’iln’yapersonne.–Je…j’aieuunpetitaccident,jebredouille.–Unaccident?demande-t-elleenfronçantlessourcils.Jehochelatêteetresserreunpeupluslespansdemonmanteau.–Tudevraisfairegaffeàtatête,lance-t-elleavecunétrangesourireenpartant.–Samantha!s’exclameDamien,mefaisantsursauter.Il croise Manue avec un sourire charmeur. Je reste sans voix, les muscles crispés. Mon corps
sembleêtreàl’affûtd’unéventueldanger.–Thomasaraison,ilnefautpastelâcherd’unesemelle!dit-ilenarrivantàmahauteur.–Tuasentenducequ’elleadit?jeluisouffle.–Quoi?Qui?Tacollègue?Mon regardest toujours rivédans lamêmedirection.Manuen’estplus làet,pourtant, je sens sa
présencetoutautourdemoi.–Thomasn’arienfait…,jechuchote.–Écoute,jedevraisteraccompagner.Tuasl’air…Enfin,tuestrèsétrange.Jebaisselatêteetlesuisjusqu’àlavoiture.PourquoiManuem’aditça?OK,ellen’aimepaslescaissières,maisellen’auraitjamaisfaituntrucpareil!C’estimpossible…–Tuessûrequeçava,laRouquine?medemandeDamienenm’ouvrantlaportière.Jenerépondspas.Jen’arrivepasàmesortirdelatêtemonétrangeconversationavecManue.J’ai
l’espritembrouillé…–Samantha,c’estàcausedelaphotodeGürt?–Entreautres,jesouffle.–PourquoiThomasaurait-iltuétacollègue?Cemecestsupernulpourremonterlemoral!C’estça,salignededéfensepoursonfrère?–Lorsqu’onenquête,c’estlapremièrequestion,lemobile,reprend-il.–Etc’étaitquoilemobilepourCatharina?–Tunelâchespasl’affaire,laRouquine!Jesecouelatêteensoupirantet,auboutd’unmoment,jefinispardemander:–Tufaisquoidanslavie?TutravaillesavecThomas?
–Non,moi,jesuisespion.Ilsortsontéléphonedesapoche.Jel’observe,lesyeuxécarquillés,alorsqu’ilpianoteuntruc.–«Espion»?jedemande.Ilfinitparleverlesyeuxdesonportableetmelanceleplussérieusementdumonde:–Oui,Samantha,comme007.Donc,lafolieestuntraitdelafamilleMorell!Damienrangesontéléphoneetmelanceenriant:–IlfautvraimentquetuparlesavecThomas.–Pourquoi?Luiaussiestespion?jesorsensecouantlatête,dépitée.–Cen’estpasàmoideteparlerdecegenredechose,laRouquine.–Arrêtedem’appeler«laRouquine»et…demeparlertoutcourt!Jem’enfoncedanslesiège,plusmaussadequejamais.Pendantletrajet,mesyeuxseperdentdanslepaysage,etunefoisdevantchezmoi,jen’attendspas
quel’onm’ouvrelaporte.Jesorsdelavoituresansdireaurevoir.Cemec,cettefamillemeportentsurlesnerfs.Jeclaquelaported’entréeetmontedansmachambrecommeunautomate.J’entendsmonpèrem’appeler,maisjenem’arrêtepas.
J’enpeuxplusdetoutça.Jeveuxmavie,mavied’avant!J’entre dans ma chambre, enlève mes lunettes, défais mon chignon, passe une main dans mes
cheveuxetfiledanslasalledebains.J’ai besoin deme débarrasser de ces vêtements, de cette odeur quime colle à la peau, de cette
douleurquim’étreintlapoitrine,decettepeurquimeparalyse.J’ouvrel’eauetmeglissesouslejetchaud.L’eaus’infiltredansmachevelure,coulelelongdemon
corpstandisquedeslarmesbaignentmesjoues.Jenecomprendsplusrien!Thomasest lecoupable idéaletpourtant,si j’écoutemoncœur, jesaisquecen’estpas lui.Hier
soir…cequej’aivu…cequ’ilm’adit…lafaçondontilmel’adit…Jesaisquec’étaitlui,lapartiesombredesonâme,qu’ilprendsoindecachermaisquej’aitoujourssoupçonnée.
LesmotsdeManuerésonnentenmoi.J’éteinsl’eau,m’enrouledansuneservietteetfiledansmachambre.J’allumemonordi,ouvrema
boîtemailettombesurlepremiermessageenvoyéparletueur:«Faisgaffeàtatête.»QuelleestlaprobabilitépourqueManuemediselesmêmesmots?jem’interrogeenmelaissant
tombersurmonlit.Etsielleaussiavaitreçudesmenaces?Elleapeut-êtrepeuretn’osepasappelerlapolice?Jesecouelatêteàl’idéequ’elleauraitquelquechoseàvoiraveclemeurtredeGürt.C’estimpossible,jemesouviensdesonvisagequandelleestentréedanslaréserve.Ellesemblait
autant sous le chocquemoi. Jeme lève, saisismon téléphoneet l’observe. Je compose lenumérodeToploveretresteledoigtsuspenduau-dessusduboutond’appel.
Ets’iln’étaitpasaucourantpourThomas?Jedevraispeut-êtred’abordlaisserThomass’expliquerpourCatharina?Nonmais,etpuisquoiencore?Cetypeestmalade.Ilm’aavouéavoirtuésonexd’uneballeentre
lesdeuxyeux!Qu’est-cequej’attendsdeplus?J’appuie.Deuxsonneries.–Mouais,répond-ilenmâchouillantuntruc.Jefaisabstractiondusentimentdedégoûtquimeprendauxtripes,fermelesyeuxetdisdoucement:–Ilfautque…enfin…jenesuispassûre…–C’estencoreàcausedetonpetitami?
Quoi?–Cen’estpas…– Écoute, Samantha, cemec est dérangémais je ne peux rien faire pour toi, lance-t-il avant de
raccrocher.Hein?Jedécolleletéléphonedemonoreilleetl’observe,choquée.Ilaraccroché!«Ilestdérangé,jenepeuxrienfairepourtoi…»Çaveutdirequoi,ça?«Démerde-toi,Samantha»oubien«Thomasestcinglémaispasdangereux»?Je continue de regarder mon portable comme si la réponse allait s’afficher. Il se met à sonner.
Étonnée,jelelâcheetleramasseaussitôt.–Allô?jedécroche,encoresousl’effetdelasurprise.–Salut,c’estMatt.–Oui?–Bon,voilà,j’aiunpetitsouci,dit-il,malàl’aise.Maurice…Finalement,ceneserapeut-êtrepassisimplequeça…–Jevaisallerdroitaubut:j’aipastonchien.–Quoi?–Thomasn’estpaschezluiettonchiotnonplus.–Ilestpartilepromener?Pourvuqu’ilsoitpartilepromener…–Oui,c’estcertainementça!Bonsang,mêmemoijemensmieux!–Matt,tuasappeléThomas?Peut-êtreque…–Ilnerépondpas,mecoupe-t-il.Oh,monDieu,pauvreMaurice…Qu’est-cequ’illuiafait?–Maistudoisbiensavoir…jeveuxdire,c’esttonfrère!–Samantha,nepaniquepas,jesuissûrquetonchiotvabien.Écoute,ilfautquej’yaille,onsetient
aucourant,OK?–Quoi?Matt?Jeregardeletéléphone.Ilaraccroché.Non,maisc’estquoicettenouvellemaniedemeraccrocheraunez?Bon…bon…bon…J’inspireprofondément,melève,attrapeunjean,untee-shirt,unsweatàcapucheetm’habille.Je
mecoiffe.Inspire,expire…PourMaurice!–Jevaisretrouvermonbébé,jelanceenattrapantmonsacàmain.
Chapitre4
Bon,çafaitbiencinqminutesquejeregardecefichuportail…Mondoigtsepositionnedevantlasonnetteetresteimmobile.Il lafrôlemaisnelatouchepas.Je
froncelessourcilsetcontinuedel’observerjusqu’àlavoirdouble.Jegrimace,enlèvemondoigt,remetsmeslunettesenplaceetinspire.
Iln’estpaslà,alorspourquoijepanique?Etpourquoijesuisici,aussi,s’iln’estpaslà?Moietmasuperlogique…,medis-je,ironique.Bon,allez,courage,Samantha!PourMaumau…,jememotiveavantd’appuyerd’uncoupsecsur
lasonnette.Jesursautequandunevoixrésonnedansl’interphone.–C’estSamantha,jechuchoteaprèsunlongsilence.Personnenerépond.J’aipeut-êtretropattenduavantdemeprésenter…oualorsjenel’aipas
ditassezfort…,medis-jeenmegrattantlatête.Finalement, leportail finitpar s’ouvrir. Je jetteuncoupd’œil circulaireetm’avance, incertaine.
Unefoisdevantlaporte,j’hésite:est-cequejedoisfrapper?C’estpeut-êtrepasunebonneidéed’êtrevenuechezThomas…Jemeraidisquandlaportes’ouvreetrespireànouveaunormalementquandj’aperçoisDamien.Ils’appuienonchalammentcontrel’encadrementetcontinuedem’observerencroisantlesbrassur
la poitrine. J’avale difficilement ma salive en fixant ses biceps, qui paraissent plus gros dans cetteposition.
–Tuesvenuepourmereluqueroubienilyauneautreraison?demande-t-ilavecunlégersourireencoin.
–Je…je…,jememetsàbégayerenrougissant.Jesuisvenuerécupérermesaffaires.–Tiens,onseparleànouveau?–Çadépend.Tucomptesencoretecomparerà007?–Chérie,cen’estpasmoiquimecompareàJamesBond,c’estluiquisecompareàmoi…Rienqueça!–Àvraidire,jetrouvequetufaisplusAustinPowers,jerétorque.Ilseredresse,sembleréfléchiruninstant.–Aprèstout,ilfinitpargagneràlafinens’envoyantuntasdenanasaupassage,doncçasetient…
Etpuis,siAustinPowerst’excite,jen’aiqu’unechoseàdire:Yeahbaby!s’écrie-t-ilavantdesemettreàrireenretournantàl’intérieur.
Jeresteplantéesurleseuiletfinisparlesuivre.Jefermedoucementlaporteetentredanslesalon.–Matt?jem’exclame,surprisedeletrouveraffalésurlecanapé,unebièreàlamain.
–Samantha!Ilselève,surpris.–TuastrouvéMaurice?jel’interroge,soudainpleined’espoir.–Maurice?!répèteDamienennousobservanttouràtour.–Oui,monchiot,jedisdoucement.Tunelecherchaispas?jedemande,àdeuxdoigtsdefondreen
larmes.–Samantha,net’enfaispas,jesuissûrqu’ilvatrèsbien…,commenceMatt.–TuasappeléThomasaumoins?Iljetteuncoupd’œilàDamiendugenre«Pitié,aide-moi».–Pourquoitousleshommesdecettefamillesontaussidécevants?jesorsenmedirigeantd’unpas
lourdverslachambredeThomas.Jemesenstriste,fatiguéeetencoreunefoisencolèrecontremoi-même.Commentj’aipucroirequeMattallaitm’aider?En fait, cene sont pas juste leshommesde cette famille qui sont décevants,maisplutôt tous les
représentantsdelagentmasculine!Je sors lavalise,que je retrouve rangéeà lamêmeplace, l’ouvreetcommenceàyentassermes
affaires,lecœurlourd.Jenesuispasfaitepourleshommes…ouleshommesnesontpasfaitspourmoi,auchoix.Maisune
choseestsûre,çarevientaumême!J’ailaisséThomass’immiscerdansmavieetvoilàlerésultat!Jesuispoursuivieparunpsychopatheetmonchiotaétékidnappé…
–Samantha,jesuissûrquetonchienvabien.Thomasvarevenir…,tentedesejustifierMatt.Jenel’écoutepasetcontinuederangermesvêtements.–Bon,jevais…–Joueràlaconsole?jelecoupe,énervée.Aprèsuncourtsilence,ilmelance:–Oui,joueràlaconsole,etjecroisquetudevraist’expliqueravecThomas.–Situnevoulaispasm’aider,Matt,tun’avaisqu’àledire!Nepaspleurer,nepaspleurer…,jem’encourage,lagorgeserrée.–Thomas est bizarre,mais pasméchant. Je lui confieraima vie sans hésitation.Alors parle-lui,
finit-ilenretournantdanslesalon.Jefixel’encadrementdelaportevideensoupirant.JenesuispascertainequemacolèreenversMattsoitjustifiée.Ilnem’arienpromis,aprèstout!Jejettelepullquejetiensdanslavaliseetm’assoissurlelit.Plusjeréfléchisauxderniersévénementsetplusj’ailacertitudequeThomasn’yestpourriendans
lemeurtredeGürtoudansladisparitiondeFanny.C’estvraiqu’ilyauneressemblancefrappanteentreCatharina,sonex,etlesvictimesdupsychopathefandeDanyBrillant,maiscertaineschosesnecollentpas.
Thomas souffre de problèmes psychologiques, c’est certain, mais tout ça ne cadre pas avec sapersonnalité.Jenesuispasexperteencriminologie,maisun tueurquicacheune têtedansuneréserveveutfairepasserunmessage,sefaireremarquer…Thomas,lui,estdugenrediscret.
Enplus,ilsembleréellementattachéàmoi.Alors,àmoinsqu’ilaiteuunerelationégalementavecGürt et Fanny, ce n’est pas plausible. Sans compter que je ne ressemble pas à son ex, ni aux autresvictimes…
–Samantha?JemelèveimmédiatementetvoisThomasquim’observe.Moncœurbatàtoutrompre.Tousmes
senssontenalerte.–Maurice!jem’exclameenvoyantmonchiotsedandinergaiementversmoi.
Jel’attrape,folledejoie,lecaresseetleserrecontremoi.–Qu’est-cequetuesdoux,jesouffleenleserrantplusfort.Etilsent…lalavande?jesorsenle
reniflant.– Je l’ai massé… Il était stressé… Tu sais, à cause de notre dispute et tout ça…On est allés
consulteretlepsycaninm’aditqueçaluiferaitdubien.–Hein?!jem’exclame,lesyeuxronds.TuasamenéMauricechezunpsy?–Ilcouinaitetétaittoutagité,sedéfendThomas.Ilm’observe,leregardsombre,ensefrottantledessusdesesmainsbandées.Qu’est-cequiluiestarrivé?jem’interrogeenregardantsespansements.–Peut-êtreparcequesamamanluimanquait!jem’exclameenserrantMauriceplusfortcontremoi.Jeneluidemanderairienausujetdesesmains.Jeneveuxpasqu’ilpensequejem’inquiètepour
lui. Parce que ce n’est absolument pas ça ! C’est juste de la curiosité. Et si je me le répète assez,j’arriveraipeut-êtreàm’enconvaincre…
– Oui, mais je me suis dit que… que peut-être tu reviendrais le chercher, me dit Thomas enplongeantsonregarddanslemien.
Pendantuninstant,j’ailesoufflecoupéparsonaveu.Doncc’étaitça,ilagardémonchiotdansl’espoirdemerécupérer.Nefondspas,Samantha…Ilatuésonex-copine…J’inspireetmelance:–Thomas,jene…–Jesuisdésolé,Samantha,j’aiétésurpris,j’aipaniqué…çan’auraitjamaisdûsepassercomme
ça,mecoupe-t-il.–Thomas,tu…–Oui,j’aifaitleschosesaffreusesdontjet’aiparlé,maisilyatellementdechosesquetunesais
pas…Catharinan’étaitpasquelqu’undebien,elle…jen’avaispaslechoix…–Tun’avaispas lechoix?Thomas, jecroisque faireceque tuas fait ressemble fortementàun
choix.Cequejeveuxdire,c’estquelesaccidents,çapeutarriver,maislà,cequetum’asditavoirfaitestassezviolent.
Il luiaquandmêmetiréuneballedans la tête!Etcommesicen’étaitpassuffisant,après, il l’abrûlée!Ils’estquandmêmeacharné…
Lesouvenirdenotreconversationmedonnedesfrissons.–C’estdifficileàexpliquer.–Jen’aipasvraimentl’impressionquetuessaies!Etj’avouequejenesuispascertained’avoir
enviequetulefasses.–OK,lâche-t-ilensepassantlesmainssurlevisage.Je le regarde tourner en rond. J’ai enviede rester.Moncœurmehurle«Écoute-le !»,maisma
raisonmedit«Fuistantqu’ilesttemps!».–Tutesouviensquandjet’aiditquej’avaisétémilitaire?Jehochelatête,necomprenantpasoùilveutenvenir.–Enfait,jen’étaispasvraimentmilitaire.Jesoupire,caleMauricesousmonbrasetlance:–Laisse-moideviner…tuétaisespion?–Commenttulesais?Jesecouelatête,dépitée,etrecommenceàremplirmavalise.Thomass’approche,m’attrapeparlebrasetrépèteeninsistantsurchaquemot:–Commenttulesais?Jem’écartedeluietlâche,sarcastique:
–DemandeàAustinPowers!–Quoi?Jejettemesvêtements.Etpuismerde!–J’enaimarre,Thomas!Jenesaispasàquoitujoues,maisjen’enpeuxplus,alorssituveuxme
tuer,tue-moi!Maisarrêtedetemoquerdemoi!jefinis,enlarmes.JeposeMauricesurle lit, fermelavaliseaveccequej’aieule tempsd’emballer,reprendsmon
chiotdansmesbrasetm’envaissousleregardmédusédeThomas.Non,maisunespion!Etpuisquoiencore?Tantpispourlerestedemesaffaires,qu’illesgardesiçaluifaitplaisir!–Samantha,jeveuxsavoircommenttuesaucourant?medemandeThomasenm’agrippantlebras.–Damien,jeluiaidemandécequ’ilfaisaitdanslavieetilm’aditqu’ilétaitespion!Est-cequetu
as tué tonex?Jenesaismêmepas…Après tout,siçase trouve,çaaussic’estfaux.C’estquoi…unpari?unjeu?Tut’esditqueçaseraitamusantdejoueraucingléaveclamochetérousse?
Jedégagemonbrasettraverselesaloncommeunefusée.Jem’arrêteauniveaudelaported’entréeetlâcheensanglotant:–Jeneveuxplusrevoiraucund’entrevous.Jeposelavalise,ouvrelaporte,larécupèreetretourneàmavoitureaussivitequepossible.Jesors
lesclésdemapocheetm’yprendsàplusieursreprisespourouvrirlavoiture.J’installeMauricesurlesiègepassageraveclavaliseetmeglissederrièrelevolant.
Hiersoir,quandilm’aavouéavoirtuésonex,jel’aicru…maislà,jeviensdecomprendrequesiçasetrouve,çan’estmêmepasvrai!Aprèstout,jen’aiquesaparoleetellenevautpasgrand-chose.Pourquoijen’aipaspenséqueçapouvaitêtreuneblague?Pourtant,c’estlogique!
Unmec super sexy, plein aux as, qui s’intéresserait àmoi, genre il tombe amoureux en quelquessecondesaprèsm’avoirvuebourrée,avachiesurunepelouse!Ils’estmoquédemoidepuisledébut…Ilasurfésurcettehistoiredemeurtrepourallerencoreplusloindanssaplaisanterie…
–Oh,monDieu!jem’exclame,horrifiée.Lepuzzleprendenfinforme.Thomasestexpertencriminologie,ilasimulépourvoirjusqu’oùça
pouvaitaller…EtlemanquederéactiondeToplovertoutàl’heure…Siçasetrouve,ilestaucourantquec’estunpari!
J’essuie rageusement mes larmes et allume le contact. La radio se met en route. Je fronce lessourcils,monteleson.
Mafiancée,elleestpartieAvecmonmeilleuramiMaisj’auraisdûm’endouterQu’unjourellemequitteraitMafiancée,elleestpartieDanyBrillant!Jebaisselesonetjetteuncoupd’œilautourdemoi,lecœurbattant.Jenevoisrienàpartunvieux
monsieurquisepromène.Ilvaudraitmieuxquejerentrerapidementchezmoi.Jenedoispasoublierqu’unmaladerôde…Jepasselapremièreetdémarre.Jefaisgrincerlesvitesses,manqueàplusieursreprisesdetamponneruneautrevoituretellementla
peurme paralyse. Je ne pense qu’à une chose : rentrer chezmoi, chezmes parents, où jeme sens ensécurité.
Tremblante, jemegare, inspire,attrapeMauriceetmesaffaires.Jepresselepasjusqu’àlaported’entrée.Jemesensobservée…Jeregardeautourdemoi.LavoituredeshommesdeThomasn’estpluslà.
Une larme coule le long de ma joue. À quoi je m’attendais ? Forcément, maintenant que j’aidécouvertsonmanège,pourquoiilprendraitlapeinedecontinueràassurermaprotection?
J’entre,poselavalisedansl’entréeainsiqueMaurice.–Tusaisqueçafaitaumoinsvingtminutesquejet’attends,melanceEmmaensortantdusalon.Mince,j’avaisoubliél’anniversairedemagarcedecousine…–Jesuisdésolée,jeluiréponds,lavoixenrouée.–Qu’est-cequisepasse?m’interroge-t-ellequandelles’approche.–Rien,jesuisalléecherchermesaffaireschezThomaset…Jeneterminepas.Jepensequemeslarmesetlavaliseparlentd’elles-mêmes.Emmam’attrapeetmeserredanssesbras.–Allonstefaireunebeautéettuverras,enmoinsdetempsqu’iln’enfautpourledire,tuaurasune
ribambelledeprétendants!mechuchote-t-elle,optimiste.–Mouais,jegrommelle.Jevaisgarderpourmoilefaitquemêmeavecunravalementdefaçade,jepensequemoncasest
désespéré.Jelalaissem’entraîneràl’étage,suiviedeprèsparMaurice.Ellemefaitasseoirsurlelitetjela
laissemerelooker.Çafaitdetrèsnombreusesannéesqu’elles’acharneàmecoiffer,memaquiller,memanucurer,etjecroisqu’elleyprendtoujoursautantdeplaisirquelorsquenousavionsdouzeans.Parcontre,moi,jevoislesannéesdéfileretjemerendscomptequetoutçaestbieninutile.
– Je pense que l’onva partir sur un looknature, classique…, commence-t-elle en trifouillantmatignasse.Attends,jevaischerchermontéléphone,j’aivusurYouTubeunetressetropsympa…,lance-t-ellealorsqu’elleestdéjàpartie.
Jem’observeàladérobéedanslemiroirdufonddemachambreetsoupire.Commentj’aipucroirequ’unmeccommeThomass’intéressaitàmoi?Ildoitêtreencoreentrainderiredetoutçaavecsesfrères…–Jeneregrettepasd’avoirprismonferàlisser,melanceEmmaenentrantdanslachambreavec
songrossacnoir.Toutestpareilquelorsqu’onavaitdouzeans…jusqu’àsonfichusac!Je ferme les yeux et me laisse faire. Au cours des années, Emma est devenue une experte en
relookingdel’extrême.–Donc?demande-t-elleenmepeignant.–«Donc»?jerépèteenfeignantnepascomprendresaquestion.–Qu’est-cequis’estpasséavecThomas?Jememordslalèvre.Jen’aiabsolumentpasenvied’enparler.Enplus,cetteconversationacomme
unairdedéjà-vuetmeramèneirrémédiablementonzeansenarrière.Etbonsang,çafaittoujoursaussimal.
Jehaisleshommes!Tristan,Thomas…touslesmêmes!–Samantha,jenecomprendspas,cemecsemblaitcomplètementaccro…–Ilnel’étaitpas!jelacoupeinstantanément.Oui,toutçaavraimentunairdedéjà-vu…Commequoijen’apprendspasdemeserreurs!Emmas’arrête,lepeigneenl’air,etmedévisage.–Commentça?
– J’aimerais bien que tume refasses lamême coiffure que…que, tu sais, je continue en faisantcommesijenepleuraispas.
Emmas’assoitàcôtédemoietmeprenddanssesbras.–Samantha,parle-moi,mesupplie-t-elledoucement.Jesecouelatête.–Jenesaisplussonnom,c’estlafilleblondedeGossipGirl, jechuchoteenessuyantunelarme
égaréesurmajoue.–BlakeLively?Jehochelatête.Emmaserelèveetrecommenceàmebrosserlescheveux.–Tusavaisqu’elles’étaitmariéeaveclemecquijoueGreenLantern?–Non,jerépondsenpleurantencore.Jecroyaisqu’ilétaitgay!–Ilsontmêmeunbébé!–Ilnel’estpeut-êtrepasalors,jeréponds,perduedansmespensées.J’aimal… J’aimal au cœur, enfin, je crois que c’est le cœur…ou bien c’est le trou béant que
Thomasalaissédansmapoitrinequimefaitatrocementsouffrir.–TuasachetéquoiàDelphine?medemandeEmmaencommençantàmetresserlescheveux.–Rien.Jeviensàsonanniversaire,c’estdéjàpasmal,jecrois.–Tutesouviens,lafoisoùonluiacrevélespneus?Un léger sourire s’étire surmon visage. Bien sûr que jem’en souviens ! On avait dix-sept ans,
c’étaitjusteaprès…Tristan…Mouais,c’estamusantdevoirque,malgrélesannées,pasgrand-chosen’achangé!–Tuveuxqu’ontrouveunpoissondégueuetqu’onlecachesoussonlit?J’hésite,j’avouequeçameconsoleraitunpeu…l’espaced’unmoment…–Pourquoipas,jelâchemollement.Mamèreaachetédupoissonpourlerepasdedemain.–Tusais,unjour,tutrouverasunmecbienquiprendrasoindetonpetitcœurcommesic’étaitla
choselaplusprécieuseaumonde.–Jesuiscontentequetum’accompagnes,dis-jepourchangerdesujet.Personnenevoudrademoi,jamais…–Moipas!lâche-t-elle.–Quoi?Elleattachemescheveuxetseplantedevantmoi.–C’étaitàThomasdet’accompagner,pasàmoi!–Oui,mais…–Arrêteavectes«mais»!Malgrécequetusemblespenser,iltenaitoutientàtoi,jenesaispasce
quis’estpassé,maisj’aivulafaçondontilteregardait!–Arrête,jel’avertis.–Non,Samantha, jen’arrêteraipas!Jesaisquetuasunpassécompliquéaveclesmecsetc’est
pourbeaucouplafautedetagarcedecousine.Mais…–C’étaitunpari!jem’écrie,àboutdesouffle.Unesaletédepari.Oui,encore!jecontinueenme
levant.–Quoi?–Thomasjouelacomédiedepuisledébut.–Commentça?Qu’est-cequ’ilt’adit?–C’estpascequ’iladit…–Ilt’aavouéavoirmenti?mecoupe-t-elle.–Non,ilm’aavouédestasdetrucs!
–Quelstrucs?J’hésiteàluirépéter.Etpuiszut!–Ilm’aditavoirtuésacopine.Etqu’ilétaitespion,aussi.Elleouvrelabouche,puislareferme.Ellesembleréfléchiretdemande:–Ilavraimentditça?–Oui!–Siçasetrouve,ilavraimenttuésacopine!–Sic’estcensémerassurer,jet’avouequeçanemarchepassuper.Ellelèvelesyeuxaucielensoupirant.–Toutdépenddupointdevue!C’estquoisonnomdefamille?demande-t-elleendégainantson
téléphone.–Jenepensepasquecesoitlegenredechosequ’ontrouvesurInternet!–Samantha,faisconfianceàGoogle!Jesoupireetfinispardire:–Morell,sans«e»àlafin.Ellesourit,s’installesurlelitetcommencesesrecherches.Jemeregardedanslaglace,passemesdoigtssurlatresse.Jedoisdirequec’estpasmaldutout…–Alors,ilyaeuunTheodorMorellquiétaitlemédecind’Hitler.Parcontre,surThomasMorell,il
n’yapasgrand-chose.Mêmesicecharmantgarçonàmoitiénunemanquepasd’intérêt…Ellememontre la photo en question avec un sourire coquin. Je remetsmes lunettes, légèrement
agacéequ’ellen’aitrientrouvé.Même si, au final, ce n’est pas étonnant… Je n’imagine pas Thomas avoir poussé le vice de la
plaisanteriejusque-là.Est-cequel’agencedesécuritéestvraimentàlui?jem’interrogesoudain.–Bon, j’avouequetoutçan’estpas trèsconcluant,maissuruntéléphone,c’estassezcompliqué,
dit-elleenposantsonportablesurmonbureau.Elleselève,ouvremonarmoireetseretourne,souslechoc.–Oùsonttesvêtements?Jecroisqu’ilyapasmaldechosesquejeneluiaipasracontées…–Jevaischercheràboire,jecroisqu’onvaavoirbesoind’alcool!
Chapitre5
–Vousallezbien,lesfilles?nousinterrogemonpèreennousobservantdanslerétroviseur.Pourtouteréponse,onsemetàpouffercommedescollégiennesprisesenfauteavecEmma.Jecroisquej’aiunpeutropforcésurlevin…,medis-jeenrougissant.C’estlafautedecefichuTariquet!Yapasidéed’êtreaussibon…Enplus, j’avaisbienbesoind’unpeud’alcoolpouraffronterDelphine.Jehaismacousine.C’est
unegarce!Ellem’atoujoursdétestée.Quandj’étaispetite,ellem’appelaitPoildecarotte,etàchaquefoisqu’ellepassaitàcôtédemoi,elledisaitqueçapuait.Unefois,durantlesvacancesd’été,ellem’acolléunchewing-gumdans lescheveuxpendantque jedormais.Mamèreabienessayéd’arrangerça,mais j’aieuunecoupegarçonnependantplusieursmois.Çanem’apasvraimentaidéeàmefairedesamis.
Petite,maigrichonne,blanchecommeuncachetd’aspirineetlescheveuxcourts…Onauraitditquej’étaismalade!Delphineenaprofitépourfairecourir lebruitque j’avais lapesteetque j’étaiscontagieuse.Du
coup,aucunenfantnevoulait joueravecmoidepeurdeseretrouvercouvertdepustules.Unjour,unenouvelleestarrivéeà l’école:Emma.Delphinemejetaitdescaillouxavecsescopinesenm’appelantPoildecarotteetEmma,quipassaitparlà,enaattrapéunebonnepoignéeetlesalancéssurellesenlesinsultant.Cefutledébutd’unebelleamitiéponctuéederevanchesenversDelphineettoutesaclique.
Jeserremonsacàmaincontremapoitrineensouriant.Etcesoir,mission«poissonpourri»!…Monpèresegaredevantlamaison.Noussortonsdelavoitureetsonnons.Quandlaportes’ouvre,
j’opte pour une mine renfrognée et un regard noir. Delphine nous accueille tout sourire. Elle estmagnifique,commetoujours.Tandisquemoi…non.
Emmaafaittoutsonpossible,maisjesuistoujoursaussi…moi!–Bonsoir,Samantha,mesalue-t-ellecrispée.Jehochelatêteavecunegrimacepourluirendrelapolitesse.–Oh,maisqueladorablepetitchiot !s’exclame-t-elleenadmirantMauriceportant fièrementson
nœudpapillon.Elle s’avance pour le caressermais je le prends dansmes bras. Il est hors de question qu’elle
caressemoninnocentbébé.–Ilmord,jeluisorsavecunregardféroce.
– Ce n’était peut-être pas une bonne idée de l’amener, alors, me répond-elle avec, toujours, cemêmesourirefigésurlevisage.
–Samantharigole,lancemamèreenmejetantunregardnoir.Mauriceestadorable.Je ne comprendrai jamais pourquoi je suis obligée de subir Delphine. Anniversaire, mariage,
baptême,fêtesdefind’année,vacances…Jelasupportedepuisquejesuisnée!Lediablesourittoujoursavantdedirepoliment:–Entoutcas,jesuisraviequevousayezpuvenir.Jepensaisquetuannulerais,Samantha,quetu
préféreraisrestercheztoiensécurité.Enfin,cheztesparents,jeveuxdire!–Jenepensepasqu’elleauraitétéplusensécuritéseuleà lamaison, lui rétorquemonpèrequi
sembledéjààboutdepatience.Cequiestrassurant,c’estquemonpèrenel’appréciepasnonplus.Ill’atoujourstrouvéepesteet
arrogante.Encequimeconcerne, jelacompareraisàunpruneau.Elledevientrapidementindigesteetfaitbienchier.Maisjenedisrien, jeneveuxpasêtreirrespectueuseenverscespauvrespruneauxquin’ontriendemandéàpersonne.
–Non,c’estsûr!Elleseraplusensécuritéici,aumilieudesafamilleetd’enfantsinnocentsquin’ontriendemandé,etcertainementpasàpartagerl’horreurdecemonde.
–Etenplus,sionsefaitattaquer,ellepourraseservirdetoicommebouclierhumain!s’exclameEmma.Elleavraimentbienfaitdevenir…
–Etsinousallionsnousservirunpeudechampagne,criepresquemamère.C’estl’anniversairedeDelphine,ilfautfêterça,finit-elleenpoussantmacousinepourquenousentrions.
Jepasseàcôtéd’elleetluichuchote:–Siunfoufurieuxarrive,jet’appelle!Emmametireverslesalonenriant.Jesaluelerestedemafamille.Toutlemondes’extasiedevantMaurice,quejefinisparposersur
lesgenouxdemagrand-mèrequiestlittéralementsouslecharme.Ellelecaresselesmainstremblantes.Mauricesecoucheetfinitpars’endormir.Jenepeuxpasm’empêcherdesouriredevantlespectacle.
Emmameglisseunecoupedechampagnedanslamainetremuelesépaules.Qu’est-cequ’elletrafique?Ellemeregarde,insistante,etbougeànouveaulesépaules.Elleauneattaque,ouquoi?Ellemefaitunclind’œilbienappuyé.Jedevraispeut-êtreappeleruneambulance…Ellesoupire,agacée,etarticulesilencieusement«poisson».Ahoui!C’estlesignaldelamission«poissonpourri»!Jehochelatêtepourluimontrerquej’aicomprisetposelacoupedechampagnesurlebuffetàcôté
demoi.Jerécupèremonsacàmainquejeserrecontremoi,lecœurbattantàtoutrompre.Bonsang,jenesuispasfaitepourça!Jetranspire.Jesuisrouge.Delphinem’intercepteavantquejenesortedusalon.–Tuvasoù?medemande-t-elle,lessourcilsfroncés.–Auxtoilettes!jem’exclamebientroprapidement.Jesuissûred’avoirunécriteausurlefrontaveclemot«COUPABLE»inscritenrougeetengras.–Jesuisétonnéequetunesoispasvenueavectonnouveaupetitcopain,melance-t-elle,unsourire
encoin.Espècedegarce…–Nousnesommesplusensemble,jerépondsentremesdents.–Çaaétérapide!
–Commentça?–Annabellem’aannoncéilyadeuxjoursquetuvenaisaccompagnéed’unmecsupersexyetplein
auxas,etlejourJ,pluspersonne!Jetrouveça…étonnant!AnnabelleluiaparlédeThomas!Forcément!–Jenecomprendspascequetuinsinues.Tucroisquejemesuisinventéunpetitami?–Ledésespoirpousseparfoisàfairedeschosesétranges!Garce…garceetencoreGARCE!–Contrairementàcequetucrois,jenesuispasdésespérée,Delphine!–Ahbon?Moi,jeleserais,àtaplace!Presquetrenteans,devoirretournervivrechezsesparents
àcausededettes,nepasavoirdetravail,nidepetitami…Elleserecoiffeavecunemoue.–Enfin,tuastoujoursétéextrêmementjalouseenversmoi.J’aileboulotdemesrêvesauzoo,une
bellemaisonetjemedoutequecesoirdoitêtreuneépreuvesupplémentairepourtoi.–Jenesuispasjalousedetoi,Delphine,jesouffleenregardantmespieds.Jetedétesteparcontre!Lèvelesyeux,Samantha,redresse-toi,montre-luiquetuesquelqu’un…Rien,jenedisrienetcontinuedefixerlesol.–Jepensequ’Annabellet’aditpourmoietTristan…Jerelèveimmédiatementlatête.–Oups!Non,detouteévidence!Tristanetmoiallonsnousmarier…J’inspireungrandcoupetdisdoucement:–Félicitations.J’entendsungrandbruit,metourneetvoisEmmaquiétaleunesauceblanchesurlesol.–Maisquellemaladroitejefais!s’exclame-t-elleenfaisantmined’essuyeravecunboutdenappe.–Oh,monDieu!s’écrieDelphineenvoyantlecarnage.Jesourisetmedirigeverslachambre.Étrangement,j’ainettementmoinsmauvaiseconscience.J’entredanslachambredeDelphine,refermedoucementlaporteetmeglissesouslelitavecmon
sacàmain.J’ensorslesaccongélationaveclepoissonentouréd’adhésifetlescotcheauxlattesdesonsommier.Jerisensilenceetmefigequandj’entendslaportes’ouvriretserefermer.
Siellemetrouvesoussonlitentraindecollerunpoisson,çavaêtreépique!Maisquelledrôled’idée!jemefustigesilencieusement.Ellequipensequejesuisjalouse,elleva
prendrecegestecommeuneconfirmation.Pourquoij’aiécoutéEmma?jem’interrogealorsquej’entendsmacousinerâler.Jenesaispastropcequ’elleraconte,maisellesemblefurieuse.Ellefaitclaquerlaportedeson
placard,enlèvesesescarpins…Apriori,ellesechange…Laportes’ouvreànouveau.Jevoisunepairedechaussuresdevillemasculinealleràsarencontre.Pitié,pourvuquecenesoitpasTristanquivientlapeloter…Jefermelesyeux,jeneveuxpasassisteràça!Je ne discerne que des bruits étouffés.C’est forcément son cher fiancé ! Sinon, ça ne serait pas
drôle!Illajettesurlelit.Etvas-yqueçagigotedanstouslessens…Etvas-yqueçagémit…C’estdrôlemais,cematin, jemedisaisquemavienepouvaitpasêtrepire.Puis je suisalléeà
l’enterrementdeGürt,j’aidécouvertqueThomass’étaitmoquédemoi,quemagarcedecousineallaitse
marieraveclemecque…Ehzut!Etsijesortaisenfaisant«Bouh»?!J’auraisl’airridicule…Jesecouelatête.Non,cen’estpasunebonneidée…Maisquelleidiote!Jemetournesurlecôté,ouvremonsac,ensorsmontéléphone,coupelesonet
envoieunmessageàEmma.
HELP!JesuiscachéesouslelitdeDelphinequiestentraindefairedescochonneriesavecTristan.
Quelquessecondesaprès,jereçois:
Paspossible,Tristanestavecmoi!
Hein?!NOOON!DelphinetrompeTristan!NouveauSMS:
J’arrivedèsquepossible…
Jeme retourne et vois lespiedsdeDelphinequinebougentplus.L’homme se relève et s’écarted’elle.
Jenesaispaspourquoi,maisj’aicommeunmauvaispressentiment…Onfrappeàlaporte.–Delphine,j’airenversélehoumousetj’aibesoinquetumemontresoùestlaserpillière.Pasderéponse.Ellenebougepasd’unpoil.Enrevanche,l’hommesemblesurpris.J’entendslafenêtres’ouvrir.–Oh là là, je crois queMaurice vient demanger un bout du canapé, continueEmmaderrière la
porte.Elleauraitputrouveruneautreexcuse!Commesimonbébémangeaitdescanapés…Mauriceest
unchiencivilisé!Delphinenebougetoujourspas.Ilyaunproblème…Enfin,jecrois…Bon,jesors!Jem’extirpedesouslelitetmefige.Delphineestinconsciente.–Emma,appelle lespompiers ! jehurleen touchant le coudemacousineà la recherchede son
pouls.Laportes’ouvre.–Oh,monDieu!s’exclameEmmaensaisissantsontéléphone.Rapidement,jemeretrouveentouréedeTristanetdesmembresdemafamille.Onmepousseenarrièreencriant:–Maisqu’est-cequetuluiasfait?–Rien,j’airienfait…,jesouffle,aufonddelapièce.Personnenem’écoute.ToutlemondeestautourdeDelphine.Matante,quiestinfirmière,entameun
massagecardiaque.Jerestelà,immobile.Jen’airienfait…,jemerépèteenboucle.J’étaissouslelitetjen’airienfait.
–Ellerespire!s’écriematante.Jerespireàmontour.Jenem’étaismêmepasrenducomptequejeretenaismonsouffle.–Lapoliceetlespompiersarrivent,lanceEmma.–Qu’est-cequis’estpassé?m’interrogedoucementmamère.Jesecouelatête.–Çan’estpastoi?mechuchote-t-elle,suspicieuse.–Non!jecrie,vexée.Toutlemondem’observe.–Ilyavaitunhommeet…ils’estenfuiparlafenêtre,jenel’aipasvu.Jeremetsmeslunettesenplace,croisemesbrassurmapoitrineetregardelesol.–Qu’est-cequetufaisaislà?demandemonpère.–Je…j’allaisauxtoilettesetj’aientendudubruit…etlà,j’aivuDelphineinconsciente.–Ainsiqu’unhomme?J’ail’impressionquemonpèrenemecroitpas…Jehochelatête.Jenemevoispasexpliquercequejefaisaisréellement!Ouentoutcas,pasenprésencedetoutemafamillequimedévisage.Finalement,ilsreportenttousleurattentionsurmacousineinconsciente.Les minutes durant lesquelles nous attendons les secours me semblent interminables. Mais ils
arriventenfin,placentDelphinesousoxygèneetl’enveloppentd’unecouverturedesurvie.Moi,jeresteassiseenboule,dansuncoin,avecMauriceetEmma.Jesoupiredesoulagementquand
l’agentHerniearrive.Pourune fois, je suis raviede levoir,mêmesi l’idéede lui raconterceque jetrafiquaissouslelitmecollelanausée.Maisbon,mentiràmonpèreestunechose,mentiràlapoliceenestuneautre.
Jemelèveetvaisàsarencontre.Jem’immobilisequandonpousseviolemmentToplover.Thomascourtversmoi,blanccommeunlinge.Lorsqu’ilm’aperçoit,ils’arrêteetmedévisage.L’inquiétudeselitsursestraitset,pendantuninstant,jemedemandecommentilpeutjoueraussibienlacomédie.
Ets’ilnelajouaitpas?Ets’iltenaitvraimentàmoi?Jemeprendsàespérerquesousceregardbleunuitsecachequelquechose,uncœurquibatpour
moi…mêmefaiblement…mêmeunbattementsurdeux…Ilpasseunemaintremblantesurmonvisageetmedemanded’unevoixlégèrementrauque:–Commenttuvas?Cette simple question semble lui coûter. Comme si me parler, me regarder, me toucher lui
demandaientuneffortinsoutenable.Aucun son ne parvient à franchirma gorge.Mesmots sont bloqués sous le poids de son regard.
Alors,jehochelatêteenespérantquemonsilencesignifietellementplusquetouslesmotsdumonde.Toploverseplanteàcôtédenousettoussoteennousobservantdurement.–Encorelesmêmes!s’exclame-t-ilenmeregardant,visiblementagacé.–Enfin,pastoutàfait,souffle-t-ilendéshabillantEmmaduregard.–Vousdevezêtrel’agentHernie?ditEmmaenluitendantlamain.–Enpersonne,dit-ilenmepoussantpourêtreplusprèsd’elle.Ilattrapesamainetlacaresse.–Etvousêtes?l’interroge-t-ilaveclamêmevoixronronnante.–Emma.Ilémetunesortedegrognementgutturalenréponse.Beurk!Lepire,c’estqu’Emmasemblesouslecharme!–C’estvousquiêteschargédel’enquête?lanceTristan.
Toplover se retourne et l’observed’un air dédaigneux tandis queThomas se serre contremoi enposantunemainsurmesreins.
–Oui,jesuisl’agentHernie,etvoicil’expert.–VousdevezarrêterSamantha.C’estellelacoupable,ditTristanenmeregardantfroidement.Jesecouelatête,effarée.Commentpeut-ilcroireque…–Etqu’est-cequivousfaitpenserça?l’interrogeToplover,lessourcilsfroncés.–Elleétait seuleavecma fiancée lorsquec’est arrivéet ellesontunpasséassezcompliqué.De
plus,cesoir,Delphinedevaitannoncernosfiançailles.JesensThomasseraidiràcôtédemoi.Ilenlèvesamaindemondosetjemesensnue,toutàcoup.–Jen’aurai…,jecommence.–EtenquoivosfiançaillesmettraientMlleGarnierencolèreaupointdes’attaquermortellementà
lavictime?demandeThomas,leregardnoir.Jel’observerapidement,ilnepeutpascroireunechosepareille!–Samanthaestamoureusedemoidepuisl’adolescence,répondTristansanshésiter.Maisquel…Bonsang!JevoislamâchoiredeThomastressauteruneseconde.Pourquelqu’unquin’estpasattachéàmoi,il
sembleprêtàarracherlatêtedeTristan.Etsij’avaistirédesconclusionsunpeutrophâtivessurThomas?–Jesuisdésolée,Tristan,mais…–Mais tun’esvraimentqu’ungrosblaireau ! s’écrieEmma.Réveille-toi !Samanthan’aplusde
sentimentpourtoidepuisqu’elleaappristonstupidepariavecDelphine!Ehben,voilà,jecroisquetoutlemondeestaucourantmaintenant!Toute ma famille nous dévisage en silence. Onze ans que l’on garde ça secret… Onze longues
annéesdeguerrefroideavecDelphineréduitesànéantenquelquessecondes!–Quelpari?demandeThomas.Jesecouelatêteàl’intentiondeTristan.Pitié,neracontepasça…Pitié…Tristaninspireungrandcoupetdit:–Justeunparidegamins.–Unparidegamins?répèteThomas.Tristancommenceàsesentirmalàl’aise.Alorsqu’ilouvrelabouche,jelance:– Il y avait un homme dans la chambre avecDelphine. Je n’ai pas réagi, je croyais que c’était
Tristan…–Commentça,tucroyaisquec’étaitTristan?demandemonpère.Oups!J’auraisdûattendreavantdesortirça!Monpèreet sondétecteurdemensonge intégrénevontpaspasseràcôtédecetaveu.Thomaset
Toplovermeregardent,jenepeuxplusreculer.Jedoisavouermescrimes!–Oui,jenevoyaisquesespiedsetducoup…–Maisoùétais-tupournevoirquesespieds?m’interrogemonpère.Re-oups…J’ail’impressiond’avoirànouveauhuitans!Jebaisselesyeux,regardemeschaussures.–Samantha!Tonpèret’aposéunequestion!megrondemamère.Jelèveunpeulesyeuxetlesvoistousquim’observent,attendantuneréponsedemapart.–Je…j’étaiscachéesouslelit.Onvoulaitjustefaireuneblague!Etquandunhommeestentré,je
croyaisquec’étaitTristan!
–Tunousasmenti!s’exclamemonpère,furieux.–Je…jenevoulaispasracontercettehistoiredepoisson…,jecontinueavecunetoutepetitevoix.–«Depoisson»?répètemamère,lesyeuxécarquillés.Jemesensrougiràvued’œil.–C’étaitjusteuneblague!s’exclameEmma.–Uneblagueavecdupoisson?demandeTristanenmeregardantavecdégoût–oupitié.–J’aiscotchéunpoissonsouslelit,jesouffleenfixanttoujourslesol.–Quelpoisson?m’interrogemamère.–Unedestruitesquetuasachetéespourledéjeunerdedemain.–Samantha!Cesontdestruitesarc-en-cielbio!s’écriemamère,furieuse.Ellem’observe,leregardnoir.–Bien!MademoiselleGarnier,veuilleznoussuivre,ditThomasenmemontrantlasortie.Ilnemecroitpas?–Maisje…jen’airienfait,jechuchote,paniquée.–Ehbien,nousallonsparlerdetoutça,continue-t-ilenmepoussantdoucement.Mamèreétouffeuncriavecsamain.Monpèrelaprenddanssesbrasetmeglisse:–Ne t’enfaispas,mapuce, jesuissûrque toutvas’arranger.Maisnedis rien tantque l’avocat
n’estpaslà.Unavocat?Oh,monDieu!Jeneveuxpasallerenprison…
Chapitre6
J’observe lavitresans tain.Moncœurbatvite, tropvite.J’ai l’impressionqu’ilva jaillirdemapoitrineets’écrasercontrecettefichuevitre!
Çafaitdesheuresquejesuisici.Bon,OK,peut-êtrepas.Maisj’angoisse,alorsvingtminutesouuneheure,c’estpareil.
Dansquoijemesuisencoreembarquée…Quelleidéedevouloircacherunpoissonsouslelitdesacousine…
Bonsang,Samantha, tuas vingt-huitans !Tuesuneadulte !Pasune saleadoqui s’amuseàcacherdespoissonspourris…
Est-cequec’estillégaldecacherdespoissons?Nooon…Onnepeutpasmemettreenprisonpourça!Enfin,jecroispas…Laportes’ouvresurThomas.Jesursaute.Aucuneémotionneselitsursonvisage.Bon,çanechangepasded’habitude,nonplus !Onnepeutpasdireque l’onpuisse lire en lui
commedansunlivreouvert…Ilposeundossiersurlatable,tirelachaiseenfacedemoiets’yassoit.MesyeuxnaviguententreThomas,ledossier,lavitreetencoreThomas.Ilsepasseunemainsurlevisage,mescrutedesesyeuxbleunuit.J’avaledifficilementmasalive.Enfait,jesuistrès,trèsangoissée…–Parle-moidetarelationavecTristanGesfren,lance-t-il.–Je…jen’aipasderelationavecTristan!jebégaie.–Pourtant,ilm’asembléquevousvousconnaissiez!Lesparolesdemonpèremereviennent…–Jenedoispasparlersansmonavocat,jechuchote.Ilselaissetomberenarrière.–Tuesamoureusedelui?–Dequi?DeTristan!IlparledeTristan!Enfin,jecrois…–TuparlesdeTristan?jedemandepourêtresûre.Ilnerépondpas.
Ilest jaloux?S’ilest jaloux,çaveutdirequejemesuis trompée…,medis-je,espérantmalgrémoi.
Jenesaispastropcequej’espère…Quejemesoistrompéesurcettehistoiredepari?Maissijemesuistrompée,çasignifiequ’ilatuésonex…–Non,jenesuispasamoureusedeTristan,etsic’étaitlecas,çaneteregarderaitpas!Pourquoij’aiditça?!J’aienviedemegifler!PourquoijevaistoujoursàlaconfrontationavecThomas?Habituellement,jenedisjamaiscequejepense,maisaveclui,jen’aiaucuneretenue.Etpourquoiilneditrien?–Non,iln’yarienentreTristanetmoi.Ilnedittoujoursrien.–Ilyaeuunpetittruc,maisc’étaitilyalongtemps…Ilcroiselesbrasetcontinuedem’observerensilence.–J’avaisdix-septans,ilenavaitdix-neuf…J’aiapprisaprèscoupqu’ils’agissaitd’unstupidepari
avecmagarcedecousine…Jeneluiairienfait,maisc’estvraiquejenel’aimepasdesmasses.Elleestaffreuse,etcecrétindeTristan,cequ’ilafait,c’étaithorrible!
Thomasseredresse.–Jesuissûrequetousceshommesquineveulentpasdemoietmonkarmademerde,c’estsafaute!Ilrelèveunsourcil,nedittoujoursrien.–Tuterendscompte,quelgenredepersonnefaitça?!Jesuisàboutdenerfs.–Ilm’aséduiteet…etilm’afaitcroirequ’ilm’aimait,etunefoisqu’ilaeucequ’ilvoulait,ilm’a
jetée!Thomasouvrelabouchepourparler,maisjem’écrie:–J’aiperdumavirginitéaveclui!Thomasmeregarde,lesyeuxécarquillés.–Delphinenesaitrien,jefinisdoucementenmerendantcomptequejesuispeut-êtrealléeunpeu
loindansmesrévélations.Ilinspire,semblecherchersesmots,puismedit:–NousavonsretrouvéMlleJouliet.Cen’estpaslaréponsequej’attendais…–C’estunebonnenouvelle.LafamilledeTammydoitêtresoulagée.–Elleestmorte,dit-ilfroidement.J’étouffeuncri.–Oh,monDieu!Quand?Comment?–Nousavonsretrouvésoncorpsdansunterrainvaguecematin.Jenesaispasquoidire.Elleneméritaitpasça.Ilfautvraimentretrouvercefoufurieux…–EtManueGaltezadisparu.–Non!jem’écrie.Jemelèveetarpentenerveusementlapièce.–Jel’aivuetoutàl’heureàl’enterrement.Jemefige.–Elleétaitbizarre…ellem’adit…Jenefinispasmaphraseetmelaissetombersurmachaise,souslechoc.–Qu’est-cequ’ellet’adit?
–De«fairegaffeàmatête»,jerépondsdoucement,leregardperdudanslevide.–Pourquoit’a-t-elleditunechosepareille?Jesecouelatête.–Jenesaispas,elleapeut-êtreétémenacée,elleaussi.Thomassoupireetouvreledossier.–Savais-tuqueManuefaisaitpartiedufan-clubdeDanyBrillant?Ilattrapeunefeuilleetmelatend.Jelaprendsetlis.
Jenepeuxpasvivresansvous…Votrevoixenvoûtantemefaitvibrerjusqu’autréfondsdemonâme…
–Jenecomprendspas,jedisencontinuantdelired’autresdéclarationsd’amour.–CesontdesmessagesqueMlleGaltezaadressésàDanyBrillant.Chezelle,nousavonsretrouvé
desphotos,desCD,desDVD…–Lefaitqu’ellesoitfandeDanyBrillantnesignifiepasqu’elleestcoupable!Etdanslachambre
deDelphine,c’étaitunhomme!jem’exclame.Manuem’afaitpeurtoutàl’heure,maisjenel’imaginepastueuseensérie…–Est-cequetuessûrequ’ils’agissaitd’unhomme?m’interrogeThomas.–Oui,j’ensuiscertaine!–Tuasditn’avoirvuquesespieds…–Despiedsd’hommes,j’ensuissûreetcertaine!Ilfroncelessourcilsetdit:–Nousnesavonspassi l’agressiondetacousineest liéeounonàcetteaffaire.Pourlemoment,
elleestencoreinconsciente,maisdèsqu’elleseréveillera,nousl’interrogerons.Ilrangeledossier,lefermeetselève.–Jesuislibre?Je…jen’airienfaitettulesais!Ilmedévisageunesecondeetmesortdansunsouffle:–Tumemanques.Toiaussi…–Je saisque tun’espascoupable,mais jepréfèreque tu restes là. Jeneveux…jenepeuxpas
recevoirencoreunappeldisantque…Ilsecouelatêtecommepourcombattreunterriblesouveniretseredresse.–Restelà,Samantha,s’ilteplaît.Jesaisquejenepeuxpast’yobliger,mais…Ilnefinitpassaphraseetpartpresqueencourant.Jeregardelaporteserefermerderrièrelui.Jenesaisplusquoipenserdetoutça.Maisjesuissûre
d’unechose,c’estqu’ilnes’agitpasd’unpari.Ets’ilavaitétéhonnêtetoutàl’heureavecmoi?Mouais…,medis-jeenposantmonfrontsurlatable.Agentsecret?!Çaexistevraiment,aumoins?Hormisàlatélé?Probablement…Jemeredresse.Monregardseperddanslemiroirsanstaindurantquelquesinstantsetjesursaute
lorsque la porte s’ouvre à nouveau.Mon père entre en trombe et me prend dans ses bras. Il semblesoulagé,etpourlecoup,moiaussi.
–Onm’aditquetupouvaispartir,medit-ilenmescrutantcommepourvérifierquejen’airien.Jecomprendssoninquiétude,onfaitrarementdessortiesfamilialesenprison,doncforcément,
çaperturbe!–Oui,mais…
Oh,etpuiszut!Thomasvoudraitquejeresteici,maisàquoibonpuisqu’ilarésolusonenquête?Jesuismonpère,perduedansmespensées.JesuispersuadéequeManuen’yestpourrien…Et on ne m’enlèvera pas de la tête que c’est bien un homme que j’ai vu dans la chambre de
Delphine.–Tupréfèresrentrerourejoindretoutlemondeàl’hôpital,medemandemonpèreenmontantdans
lavoiture.–Ilvautmieuxquejerentre,jeluirépondsenm’attachant.Ilnemecontreditpasetdémarre.–Est-cequetupeuxenvoyerunmessageàtamèrepourluidirequejeresteavectoi?medemande-
t-ilenmetendantsontéléphone.–Cen’estpaslapeine,papa!jerépondsenlerangeantdanslevide-poches.–Çan’estrien,Samantha,etjenemesentiraipasrassurédetesavoirseuleàlamaison.–Thomasm’aditqu’ilsavaienttrouvélecoupable.–Ahbon!Quiest-ce?–Unedemescollègues…Manue.–Etilt’aditlemobile?m’interrogemonpère.–Non,jesaisjustequ’ilsontdespreuvescontreelle.–JemedemandecequesignifiaientleschansonsdeDanyBrillant…Ilseconcentre,visiblementperdudanssesréflexions.–Ilsemblaityavoirunmessagefort…–Thomasm’aditqu’elleétaitfandeDanyBrillant.Çamebriselecœurdeluigâchersonplaisird’enquêteurdudimanche,maisbon,jelelaisseraime
battreauCluedopourmerattraper.–Maispourquoidécoupersesvictimes?reprend-il.Bon,ilneveutpaslâcherl’affaire!–Jenesaispas,Papa!–Est-cequeThomasavunotretableau?Tusais,tamèreetmoi,nousyavonspassédutemps…Bonsang,j’espèrequemamèrenel’apasmontréàThomas!Cetrucesthorrible!Ilsontfabriquéunesortedescrapbookingmacabregéant!–Jenesaispas,jerépondssobrement.Maisqu’ilnecomptepassurmoipourexhiberleurhorreur!Etpuis,jeneverraicertainementplusjamaisThomas,maintenantqu’ilarésolusonenquête.J’aimalauventre,toutàcoup…Àchaquefoisquejepenseàlui,jemesenstoutebizarre…Est-cequ’ilavraimentétéagentsecret?Etpourquoijepenseàçamaintenant?–Papa,çaexistelesagentssecrets?jedemandedoucementententantdefairecommesiderienn’
était.Ilmedévisageuninstant.Ilsembletrouverlaquestionbizarre.–CommeJamesBond?–Oui,maisenplusréaliste.–Jecrois.Entoutcas,ilexistelesrenseignementsgénéraux…Ilcommenceàpartirdansdesexplications,maisjen’écoutepluscequ’ilraconte.Lefaitestqu’il
nesemblepasplusaucourantquemoi!Ilsegaredevantlamaison.Jedétachemaceintureetcommenceàsortir.–Samantha,jepeuxrestersitulesouhaites.–Non,c’estbon,etpuisilfautquetuaillescherchermaman,ellen’apaslavoiture.
–Elletrouveraquelqu’unpourlaraccompagner.–Papa,net’enfaispas!Jevaisrentrer,appelerEmma,prendreunbainetmecoucher.–Bien,lance-t-ilàcontrecœur.Je lui souris et descends de la voiture. J’ouvre la porte d’entrée, allume la lumière etmon père
repart.Pendantuneseconde,lesilencemepèse.Uneimpressiondedangermesaisit,maisjelarepousseimmédiatement.
J’attrapemontéléphoneetappelleEmma.–Hellolatueuse!mesalue-t-elle.Aumoinsilyenaunequeçafaitmarrer,toutecettehistoire!–Re!Tuesrentréecheztoi?–Oui,jenemevoyaispasaccompagnertafamilleàl’hôpital.–Mouais,c’estsûr,jerépondsenmedirigeantverslacuisine.–J’enrevienspasdel’attitudedecetabrutideTristan!Genretuesencoreamoureusedelui…Bon
sang,toutecettehistoireremonteàplusdedixans!Dixansettoujourscélibataire!J’aibesoindesucre,degraisseetdeBobl’éponge!–Etpuis, justepar jalousie, tuaurais tentéde truciderDelphine !Attends, ilyacinquantemille
raisonspourquetuessaiesdelatuer,maiscertainementpaspourceconnarddeTristan…Je cale mon téléphone entre mon épaule et mon oreille, et sors le Nutella du placard pendant
qu’EmmacontinuedepersiflersurTristan.–Etcettecoupedecheveuxdemerde!Tuasvuça?OndiraitGodefroydeMontmirail…Ahoui!LesVisiteurs!Jemedisaisqu’ilmefaisaitpenseràquelqu’un…–Parcontre,sonhaleinetireplusversleJacquouillelaFripouille!J’attrape une petite cuillère etme dirige vers le salon. Je choisismonDVD deBob préféré, la
saisonhuitnoncensurée,l’insèredanslelecteuretposemesfessessurlecanapé.–Quandjepensequetuaslaisséunmecpareiltetoucher!Tuasvulacouleurdeseschaussettes?
ROUGE!Non,maisc’estquoiceplouc?…continueEmma.J’allumelatélé.–Emma,oùestMaurice?–Oh!ilestavecmoi!Net’enfaispas,jeteleramènedemainmatin.Donc,jetedisais,unpantalon
commeçanesemetpasavecdeschaussettesrouges…Jesélectionne«toutlire»,ouvrelepotdeNutellaetyfourremacuillère.Jetouille,trempeetlèche
avecdélectation.–Pourquoitugémis?medemandeEmma.Bonsang,jen’avaismêmepascalculéqu’elleavaitarrêtédeparler!–JemangeduNutella,jerépondsenpassantmalanguesurmesdents.–Sanspain?–Biensûr!–Non,parcequetusais,lepainçafaitgrossir!Danscegenredesituationsd’urgence,ilvautmieux
évitertoutescaloriesinutiles!–Promis,Emma,pasdepain!–TuveuxquejeteramèneMaurice?–Non,c’estbon,demainmatin.–Dis-moi…euh…Qu’est-cequ’elleaàtournerautourdupot?Çaneluiressemblepas…–Jevoulaissavoir,enfin,situn’yvoispasd’inconvénient…Tusais,l’agentHernie…
–Qu’est-cequetuveux?–Ilesttrès…Con!C’estlapremièrechosequimevientàl’esprit,enfait…–Ilm’ainvitéeàsortiraveclui.Alorsjevoulaissavoir…–Tuveuxsortiraveclui?jel’interroge,commesilachosemesembleinconcevable.–Ouais…enfin,situesd’accord!–Oui,situenasenvie,jedisenenfournantunenouvellecuillèredeNutelladansmabouche.–MerciSamantha,ilesttellement…Bête!–Jamie!Çac’estpasfaux,ilressemblevraimentàJamieDornan.–SiToplover teplaît,alorsvas-yetprendsçacommeunecompensationpourteschaussuresque
j’aiperdues!Quinetenterienn’arien!–Nouspouvonsconsidérercelacommeunbeleffort…–T’espassérieuselà,c’estquedeschaussures!–DesPrada,Samantha!C’étaientdesPrada!répète-t-elle,visiblementcrispée.Jelèvelesyeuxauciel.–Bon,OK,maisnotebiencebeleffort!–C’estnoté!Ilfautquejetelaisse,jevaisluienvoyerunmessagepourluidireOKpourdemain
soir!–Bonnesoiréeetoccupe-toibiendeMaurice.–Net’inquiètepas,ildort!Çanem’étonnepasdelabête…–Bonnenuit!Ellegazouilleetraccroche.Bon,iln’yaplusqueBob,leNutellaetmoi…–J’aicruquetun’allaisjamaisraccrocher!Surprise,jelâchelepotdeNutellaettombeducanapé.–Manue?Maiscomment…quand…etpuisqu’est-cequetufaislà?Est-cequejedoisavoirpeur?Selonmoncœur,oui!Puisqu’ilbonditdansmapoitrine.–J’aicasséunefenêtre.Jesuislàdepuisunbonmomentetjesuisvenuepourtoi.Àcetaveu,jegrimpesurlecanapéenbrandissant…macuillère!–Tucomptesfairequoiaujusteavecça?demande-t-elleendésignantmonarme,amusée.–Si tusavais lenombredechosesque l’onpeut faireavecunecuillère, tuneposeraispascette
question!Ellemescrute,unsourcil relevé,etvas’asseoirdans lefauteuilàcôtéducanapé.J’endescends
immédiatementetmeréfugiedansuncoin.–Lapoliceestàmarecherche,dit-elleenramassantlepotdeNutella.–Onsedemandebienpourquoi…,jerétorque,ironique.Franchement,Samantha,cen’estpaslemomentdedevenirsarcastique!–Tuaimestontravail?demande-t-elleenplongeantundoigtdanslepotdeNutella.–Euh…pasvraiment.Mouais,enfinbon,delààtuerdesgens…Non!Mêmesi,pourcertainsclients,l’idéem’atraverséuneoudeuxfoisl’esprit!–Moi,jeledéteste!
Qu’est-cequ’il vautmieux?Gagnerdu temps jusqu’à cequemesparents rentrent–oupartir encourantsansoublierdehurler,pourdonnerplusdepoidsàmonressentiactuel…
–IlparaîtquetuesfandeDanyBrillant,jelance.Jenesaispassielleestarmée,alorsoptonspourlapremièreméthode.–Oui,jel’adoreetpuisc’estunhommecharmant,d’unegrandegénérosité,continue-t-elle.Ellemeregarde,lesilencedevientpesant.Trouvequelquechoseàdire,Samantha…–Jenelesaipastuées,finit-ellepardire.–Jen’airienditdetel!–Maisj’avouequej’enaieutrèsenvie.SurtoutGürt!Cettefilleétaitd’unebêtise…s’exclame-t-
elleenreprenantunpeudeNutella.–Jenel’aipastrèsbienconnue…–Franchement,jemedemandequituconnaisdanscetteboîte.Tun’asjamaisfaitaucuneffortpour
t’intégrer.C’estçalemobile?Tuerlespirescaissières?–Si,j’ai…–Donne-moiunnom.Peuimporte:unecaissière,uneresponsable,unemployéderayon…vraiment
quituveux!Jeréfléchis,puisréfléchisencoreetfinisparlâcher:–TammyBrouette!Mince,jecroisquec’estpasça…–Quiça?–Tunepeuxpasconnaîtretoutlemonde!–Crois-moi,s’ilyavaitquelqu’unquis’appelaitcommeça,jelesaurais!Jesoupire.–Manue,jeteconnaistoi!Tunevaspasmetuerparcequejesuisunecaissièrenulle!–Maisjenevaispastetuer!–Alorsqu’est-cequetufaislà?–Jesuisvenuepourtoi!–Manue,çaressemblefortementàunemenace…–Non,tunecomprendspas!Jesaisquiest…Elles’interrompt.Elledevientlivideetelleregardeàcôtédemoi,l’airterrifié.–Alors,onparledemoi?s’exclameunevoixmasculinequimesemblefamilière.Jevaispourmeretourner,maisn’aipasletempsdebougerqu’ilmesaisitetposeuntissuimbibé
surmabouche.J’ailatêtequitourne.Cetteodeur…Jenesaispascequec’est,maiselles’insèrepartoutdansmagorge,dansmonnez.Mesjambessedérobent.Mesmusclestoutcommemoncorpss’endorment.Jem’effondre.
Manue semble pétrifiée. Elle se lève du fauteuil,mais il sort une arme de sa ceinture et lui tiredessus.Ellefaitunpasdeplusets’écroule.
J’aienviedecrierquandlecorpsimmobiledeManuetombeausol,maisaucunsonnesortdemabouche.Mêmemescordesvocalessemblentanesthésiées…
Pourquoi?jemerépèteinlassablement.Maisjecroisquel’heuren’estplusauquestionnement…–Tutedemandescertainementpourquoijefaisça?Jehocheraisbienlatête,maismoncorpsestparalysé.–Enréalité,jenesaispastrop!JebaisaisGürtdansmonbureauetj’aiserrésoncoupendantque
jejouissais.Unefoisterminé,elleétaitmorte.Jel’aicachéedanslaréserve, letempsdetrouverquoi
faireducorps.Ladécoupermesemblaitunebonneidée.Ilgrimaceetreprend:–Saufquedécouperquelqu’un,c’estpassifacile!J’avouequej’enaipaslamoindreidée!C’estpaslegenred’activitéquejepratique!–J’aicommencéparlatête,maisilyavaitdusangpartout.J’aidûmelaveraumoinstroisfoisles
cheveuxpourtoutenlever.Etenplus,ças’insinuepartout!J’enavaismêmedanslesoreilles.Unechancequej’aideshoussesdeprotectiondansmavoiture!
Merci,j’aibienvutoutcesangquandj’aitrouvélatêtedeGürt!–J’aiprislecorpschezmoi,maisçapuait,alorsjel’aimisàlapoubelle.Aucundétailnemeseraépargné…–J’avaisprévudenettoyerlaréserve,maisjen’aipaseuletemps.Bah,voyons,jevaisleplaindre,bientôt!–J’avouequejenem’attendaispasàuntelcirquepourunetête.Parcequec’esttrèscourantdetrouverdestêtesdansunmagasindebricolage?–Bon,entoutcas,tuvois,jemesuisadapté!Toutlemondeparlaitd’untueurensérie…Ilregardeauloinensouriantfièrement.– Il faut avouer que cette idée de tout faire concorder avec les chansons deDanyBrillant, c’est
simplementbrillantissime!dit-ilenriantdesonjeudemot.Entoutcas,j’avaisraisonpourunechose:letueuraunhumourétrange!–TusavaisqueManueétaitfandeDanyBrillant?Jerépondraisbien,maisjenepeuxpasbouger!–C’estvrai,tunepeuxpasrépondre!C’estdinguecequ’onpeuttrouverdansunzoo,non!Ilmeregarde.–Ehoui,c’estaussimoiquiaitordulecoudetacousine.J’avaisbesoindesescléspouraccéderà
ceci,dit-ilenmemontrantlepistolethypodermique.Entoutcas,notreamieManuevafairedodounbonmoment,aveccequ’elles’estpris!
Etc’estreparti!Ilrigole…–Unedosedecheval…ouplutôt,degirafe,danssoncas!continue-t-il,pliéderire.Ilinspireetm’observe,leregardsombre.–Maisrevenons-enàDanyBrillant.Puisquetutemontressicurieuse,jevaistoutteraconter!En
fait, j’ai découvert par hasard cet amour inconditionnel de notre chef de caisses et jeme suis dit quec’étaitunsigne.Carquimieuxqu’unecélibatairedetrente-huitansvivantseuleavecsonchat,sansamis,sansfamilleetpassionnéeparDanyBrillantpouvaitporterlechapeaudetouscesmeurtres?
Ilhausselesépaulesetreprend:–Maintenant,jevaistetuer,etensuite,çaseraletourdeManuedemourir!J’aiprévuuntrucbien
sympadesuicideaprèsmeurtre,tuverras…Ilritànouveau.–Maisj’oubliais,tuneverrasrien!Tuserasmorte…Laported’entrées’ouvredansungrandfracas.Surpris,illèvelesbras.Ah!Onfaitmoinslemalin,là!Jenevoisrien,maisilsemetàclignoterautantqu’unarbredeNoël.–Posezvotrearme,luiordonneunevoixquejereconnaisimmédiatement.Thomas!–Jevousaiditdelâchervotrearme!Il écoute et la laisse tomber au sol. Deux hommes l’encadrent, le fouillent et l’embarquent sans
ménagement.
Thomasm’attrape,meserrecontresontorse,puism’écarte,regardesijesuisblessée,mereprendcontrelui,inspirantdansmescheveux.
–Jet’avaisditderesterauposte!souffle-t-ildansmoncou.Tun’écoutesrien,Samantha!Tunem’écoutespasquandjetedisàquelpointtumerendsfou…Tunem’écoutespasquandjetedisquejesuisperdusanstoi…etencoremoinsquandjetedisquejenepeuxpasvivresanstoi…,continue-t-il.
Je ferme les yeux, laisse la chaleur de son corps m’envahir et la douce caresse de son soufflem’emporter.Thomasbougelégèrement.J’ouvrelesyeuxetlevoisattraperunmorceaudechiffonàcôtédemoi.Illeporteàsonnezetchuchote:
–Chloroforme!Ilmecaresselescheveuxetditensouriant:–Tunepeuxpasbouger.Etondiraitqueçaluifaitplaisirenplus!Ilmeserreànouveauets’appuiecontrelemur.–Ilyadesfamillesdepompiersdepèreenfilsetilyalamienne.Hein?!–ChezlesMorell,noussommesagentsspéciauxdepèreenfils.C’estcequejesuis,unagent,c’est
cequej’aitoujoursvoulufaire.Protéger,servir,commemonpèreavantmoi.Lejourdemondix-huitièmeanniversaire, jemesuisengagédansl’agence.Cen’étaitpasunenouveauté,monpèreyétaitdéjàet ilétaittrèsfierquejesuivesestraces.
Qu’est-cequ’ilraconte?!–J’aisuiviuneformationetmesuisretrouvérapidementsurleterrain.J’avaisl’impressiond’être
népourça.C’étaitmavie,etjel’aimaisetladétestaistoutautant.J’aidûfairedeschoses…Ilinspireungrandcoupetreprend:–Lesordressontlesordres.C’estunmétiertrèsdifficile,maisenmêmetempstellementgratifiant.Jel’observe,suspendueàseslèvres.– À vingt-trois ans, j’ai rencontré une femme d’une grande beauté, Catharina. J’ai tout de suite
comprisquejeluiplaisais,mais…jen’aijamaisététrèsàl’aiseaveclesfemmes.Ilsepasseunemaindanslescheveux.–Catharinan’étaitpasdustyleàpasseràautrechose.Elleaattendu,etun jour, je l’ai invitéeà
sortir.Ellemesoufflaitdesmotsd’amouretj’aifiniparmelaisserconvaincre.C’étaitmacompagne,jeluivouaisuneconfianceaveugleet…jen’auraispasdû.
Ilbaisselatête,semblecherchercommentaborderlasuite.–Unjour,durantunemission,j’aiétécapturé.Je…enfin,çaadurépendantunmoment…unlong
moment…«Unlongmoment»?Qu’est-cequ’ilappelleunlongmoment?Ilsecouelatête,meregarde,posedoucementseslèvressurmajoueetreprend:–Lorsquejesuisrentré,Catharinaétaitlà,maisquelquechoseclochait.Audébut,j’aimisçasurle
comptedecequim’étaitarrivé,maistrèsvite,j’aicomprisqu’ilyavaitplusqueça.Elleasaisiquejelasoupçonnaisdevendredesinformationsclasséestopsecretet…
Silence. Il semble avoir dumal àmettre desmots sur ce qui s’est passé par la suite. J’aimeraispouvoirbougerpourleprendredansmesbras,pouvoirparleretluidirequ’iln’apasàmeracontertoutça…
Maisjenepeuxpas.–Elleaabusédelaconfiancedemesprochesets’enestprisàeuxpourmonnayersaliberté.Elle
allait… tuermon frèreAlex parce quemon père refusait de céder.Damien a voulu l’arrêter, il a étéblessé,mais leproblèmeavecDamien,c’estqu’ilne lâchepas l’affaire.Elleallait…J’ai fait cequej’avaisàfaire,mais…
Ilfermelesyeux,secouelatête,semblevouloireffacercesouvenirquilehante.–Jenesuisplusunagent.Jeneveuxplus…tuer…jenepeuxplusfaireça…Ilmeserreànouveauetseblottitcontremoienpleurant.Bonsang,commej’aimeraispouvoirbougeretleserrercontremoi…
Épilogue
Jeregardefixementl’interphone,arrangeànouveauleharnaisdeMauriceetappuiesurleboutonenretenantmonsouffle.
Sept jours se sont écoulés depuis… le truc, lemachin… enfin, le bidule auquel je ne veux paspenser…
Pasderéponse.Encore ! C’est la cinquantième fois que je viens et le résultat est toujours lemême.Alors, soit
Thomasn’estpaslà,soitilneveutpasmevoir…Jepencheplutôtpourladeuxièmeoption!Jel’aiaccusédetouslesmauxdelaTerrealorsque,bon,enfait,ilestjusteperturbé.J’aiencoredesfrissonsausouvenirdesarévélationetdesessanglots…–Samantha!m’interpelleDamien.Jeledévisage,luietsagueuled’ange.–Qu’est-cequetufaislà?m’interroge-t-il,lessourcilsfroncés.Jesoupire.JesuissûrequeThomasadûluidirequ’ilnevoulaitplusjamaismerevoir…–Thomasn’estpaslà,dit-ilensouriantd’unairamusé.Bonsang,quecetypem’énerve!–Mouais,jeréponds,pasvraimentconvaincue.–Alors,tudoisêtresoulagéequetoutecettehistoiredemeurtresoitterminée.–Oui…Quiauraitpusavoirqu’enfaitmonpatronétaitunpsychopathe!–C’estsûr!Ilsemblemalàl’aise.Jeregardeàdroite,àgauche,cherchantunsujetdeconversation…–Ducoup,jesuisauchômage,maintenant,jelance.–ThomasestdéjàaumariagedeLola.Ahoui!C’estlemariagedesasœuraujourd’hui!–Ilapassélasemaineavecelle,ilaaidéàtoutpréparer.Etmêmes’ilaététrèsoccupé,jesais
qu’iln’apasarrêtédepenseràtoi.–Iln’apasappelé…,jechuchote.–Peut-êtreparcequ’ilt’avaitdittoutcequ’ilavaitàdireetquemaintenantc’estàtoidefaireun
choix?Jebaisselesyeuxetmeperdsdanslacontemplationdemesbaskets.–Jesaisqu’ilt’aracontél’histoiredeCatharina…Jehochelatête,gênée.– Thomasm’a sauvé la vie. S’il n’avait pas tiré sur elle, je serais mort. Je lui dois beaucoup.
Thomasestunhommebien,Samantha…Unpeubizarre,c’estvrai.Tusais,çafaisaittrèslongtempsque
jenel’avaispasvusourireetlà,ànouveau,ilnesouritplus.Tuveuxbienlefairesourireànouveau,s’ilteplaît?
Jerelèvelesyeuxetl’observe.Jeretiensmonsouffleethochelatête.–Bien!Allons-y,lâche-t-ilsimplement.–Oùça?–Aumariage!–Maisenfin,jenevaispasalleraumariagedeLola!–Jecroyaisquel’onétaitd’accord!dit-ilenmeprenantlamainetenmetirantverssavoiture.Jetentederécupérermamainmaisilestbeaucouptropfort.–Damien,arrête!Jenevaispasalleràunmariagedanscettetenue!Ils’arrête,setourneetmeregardedespiedsàlatête.–C’estvraiquetun’espasvraimenthabilléepourlacirconstance!–Non?Tucrois!–Onvapassercheztoiavant,lance-t-il,commes’ilavaittrouvélasolution.–Damien, en dehors dema tenue, je ne pense pas que ta sœur apprécie d’avoir une invitée de
dernièreminute.–Maisenfin,tuessurlaliste!–Quoi?–Tuescomptée!C’estmoiquiaimislespetitesétiquettessurlestables,alorsjesaiscequeje
dis!– Non…, je commence à répondre avant de me rappeler le moment où Thomas m’a présentée
commesafiancée.–MaisThomasn’apasditàLolaquenousn’étionsplusensemble?–Ilsembleraitquenon!Ilsaisitànouveaumamainetnousrepartonsverssavoiture.–Damien, je ne suis pas sûreque ce soit unebonne idée, je souffle alors quenous avançons en
directiondel’église.–Jen’aijamaisditquec’enétaitune!–Quoi?!Non,maisc’estpasvrai!Pourquoijel’aiécouté?Depuisquandj’écoutelesconseilsd’unmecqui
m’aditdenepasmettredeculottesousmarobe?–Samantha?JemeretournevivementettombenezànezavecThomas.–Euh,salut,jerépondssimplement.J’auraisdûréfléchiràcequej’allaisdire…–Tuesmagnifique,medit-ildoucementenmedévorantdesyeux.–Merci,jechuchoteenmesentantrougir.–Nemeremerciepas,lanceDamienendonnantuncoupdepoingamicalsurl’épauledeThomas.Ilsepencheetluimurmureavantdepartir:–Jeluiavaisditdenepasmettredeculotte,maisellen’enfaitqu’àsatête!Oh,bonsang!Jedeviensencoreplusrouge!Thomassembleprendresurluipournepasl’étriper.Ilm’observeintensémentetfinitparsouffler:–Jesuistrèsheureuxquetusoisvenue.–Thomas…je…OK,Samantha,ilfautdirequelquechosemaintenant…
–Tupeuxmedonnerunesecondechance?demandeThomasencaressant ledessusdesesmainsabîmées.
Jelesregarde,sourisetdis:–Tuvasarrêterdeboxeràmainsnues?–Jeferain’importequoipourtoi,Samantha,lâche-t-ildansunsouffle.Mesyeuxsefixentsursabouche.–Enplus,jecroisqueçaferaplaisiràLucy.Commentça,Lucy?–Macoach!serattrape-t-ilimmédiatement.Jerespireànouveau.Sacoach!–Iln’yapersonneàparttoi,Samantha…Jerougisànouveau,attrapeunpandesaveste,letirecontremoi,mehissesurlapointedespiedset
posemeslèvressurlessiennes.Commeçam’avaitmanqué…,medis-jealorsqueThomasm’embrasseavecpassion.Jelelaissem’emporter…C’estmonsexychopatheàmoi!–Dis,Thomas,tun’auraispasvuJ?nousinterromptsansvergogneMatt.Ilssontvraimentsansgênedanscettefamille!Thomass’écartedemoiàcontrecœur.–Non.Etcommetulevois,jesuisunpeuoccupé!–JesuiscertainqueSamanthapeutresterquelquesminutessanstalanguedanssabouche.Contrarié,Thomassoupire,déposeunlégerbaisersurmeslèvresetmelance:–Jereviens.Surtout,net’enfuispas!–Promis!jelâcheengazouillant.Ilm’embrasseunedernièrefoisetpartavecMatt.Bon,ben,voilà…Je regarde les invités qui commencent à entrer et prends la direction du presbytère. J’ai besoin
d’alleraupetitcoin…J’ouvreuneporteenespérantquecesoitcelledestoilettes,etforcément,non!LasœurdeThomasestassisesurunechaise,latêtebaissée.Sarobeblanchetombeencascadesur
lesol.Elleestàcouperlesouffle!Ilmefautquelquessecondespourcomprendrequ’ellepleure.Oups,jedevraispartiravantque…–Samantha?m’interpelle-t-elleensanglotant.–Oui,jeréponds,terriblementgênéedelasurprendredanscetétat.Ellememontreunboutdepapieretsemetàpleurerencoreplusfort.Jecroisqu’ilest trop tard
pourm’échappermaintenant!Jem’avanceversellepourlaconsoler,sansgrandenthousiasme.Bonsang,qu’est-cequejesuisentraindefaire?Jesuisnullepourcegenredechose!Je tapote doucement son épaule tout en regardant en direction de la porte, en espérant qu’elle
s’ouvrebientôtsurunéventuelsauveur.Jecroisquesonfiancéseraitunetrèsbonneoption…Laporteenquestions’ouvresurMattetThomas,quirestentfigéssurleseuil.J’aicommel’impressionquelefiancéneviendrapas…–Lola?l’interpelleMatt.Ils’avance,semetdevantelleetluicaressedoucementlebras.–Ilestparti…,lâche-t-elleengémissantdedouleur.
Thomaspâlit,attrapeleboutdepapier,lelit.Lafeuilleglissedesesdoigtsetilprendsasœurdanssesbras.
Ilnereviendrapas…
Vousvoulezlasuite?Nevousinquiétezpas,vousl'aureztrèsprochainement!
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HarlequinHQN®estunemarquedéposéeparHarlequinS.A.
©2016HarlequinS.A.
Conceptiongraphique:AliceNussbaum
©Marza-Fotolia.com
Parolesetmusiques:DanyBrillant
ISBN9782280340892
Tousdroitsréservés,ycomprisledroitdereproductiondetoutoupartiedel’ouvrage,sousquelqueformequecesoit.Celivreestpubliéavecl’autorisationdeHARLEQUINBOOKSS.A.Cetteœuvreestuneœuvredefiction.Lesnomspropres,lespersonnages,leslieux,lesintrigues,sontsoitlefruitdel’imaginationde l’auteur, soit utilisés dans le cadre d’une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, desévénementsoudeslieux,seraitunepurecoïncidence.HARLEQUIN,ainsiqueHetlelogoenformedelosange,appartiennentàHarlequinEnterprisesLimitedouàsesfiliales,etsontutiliséspard’autressouslicence.
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