San-Antonio polka

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San antonio polka!

de Nostrabrus. ~t o jai mon doigt.

.es petits bateaux. Prive de Walter Klozett. jour la dame. s laiment chauve. O pour porte-jarretelles. 7ulevard.z slip, gondolier. ~se-moi tes mictobes!tans lorille.

iun lit de cocu. cfl avait.~ des choses.ms avec ton cierge.don culte sur la commode.Tire-men deux, cest pour offrir.A prendre ou lcher.Baise-bali La Baule.Meurs pas, on a du monde.Tarte la crme story.~ On liquide et on sen va. Champagne pour tout le monde!VRglez-lui son compte! La pute enchante.Bouge ton pied que je voie la mer. Lanne de la moule.Du bois dont on fait les pipes. Va donc mattendre chez Plumeau.Morpions Circus.Remouille-moi la compresse.Si maman me voyait!Des gonzesses comme sil en pleuvait.Les deux oreilles et la queue.Pleins feux sur k tutu.Laissez pousser les asperges.

Monsieur

Poison dAvril, ou la vie de Lii Pute.Bacchanale chez la mre Tg&Dgustez, gourmandes!Plein les moustaches.Aprs vous sil en reste, k Prsident.Chauds, les lapins!Alice au pays des merguez.Fais pas dans le porno...La fte des paires.Le casse de loncle Tom.Bons baisers o tu sais.Le trouillomtre zro.Circulez! Y a rien voir.Galantine de volaille pour dames frivoles.Les morues se dessalent. a baigne dans k bton. Baisse la pression, tu me les gonfies!Renifle, cest de la vraie

Hors srie:

LHistoire de France.Le standinge.Bru et ces dames.Les vacances de Brurier.Bru-Bru.La sexualit.Les Con.Les mots en pingle de San-A ntoma.Si Queue-dne mtait cont.Les confessions de lAnge noir.Y a-t-il un Franais dans la salle?Les cls du pouvoir sont dans la bote gants.Les aventures galantes de Brurier.Faut-il tuer les petits garons qui ont les mains sur les hanches?

OEuvres compltes:

SAN-ANTONIO POLKA

SAN-ANTONIO

SAN-ANTONIO

POLKA

6, rue Garancire6~ rimpression-690C milleEdition originale paruedans notre collection Spcial-Policesous le numro 333Texte paru galement dans le Tome V des OEuvres Compltes de San-Antonio

La loi du 11 mars 1957 nautorisant, aux termes des alinas 2 et 3 de lArticle 41, dune part, que les copies ou reproductions strictement rserves lusage priv du copiste et non destines une utilisation collective, et, dautre part, que les analyses et les courtes citations dans un but dexemple et dillustration, toute reprsentation ou reproduction intgrale ou partielle, faite sans le consentement de lauteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (alina ~ de lArticle 48).Cette reprsentation ou reproduction, par quelque procd que ce soit, constituerait donc une contrefaon sanctionne par les Articles 425 et suivants du Code Pnal.

1963, ditions Fleuve Noir , Paris

Tous droits rservs pour tous pays, y comprislU.R.S.S. et les pays scandinaves. Reproduction ettraduction mme partielles interdites.

ISBN : 2-265-03958-6ISSN 0768-1658

CHAPITRE PREMIER

La radio jouait: Si tas trop chaud dpolie-toi, cette fameuse chanson hautement intellectuelle qui fit le tour du monde nagure en passant par le dtroit de Bring.Alentour, les pentes neigeuses miroitaient au soleil. Assis la terrasse du Sapin Bleu, de Courchevel, je sirotais un cocktail Terrific (1), dont vous trouverez la recette au bas de cette page danthologie, lorsque je la vis.Son transat se trouvait douze centimtres du mien et la distance qui nous sparait me parut incomblable.Cette souris-l, mes amis, nachetait pas ses soutiens-gorge chez Michelin, croyez-moi. Ce quelle trimbalait devant ses poumons tait bien elle et cest pas avec une pingle de nourrice quon aurait pu le dgonfler. Je connaissais au moins cent cinquante mille messieurs qui auraient dpens une fortune pour lui sous-louer sa laiterie modle avec

(1)Le cocktail Terrific : un tiers de jus de tomate, un tiers de vodka, un tiers dhuile de foie de morue, un tiers de crme fouette, un tiers dalcool de menthe, un tiers dessence de trbenthine (a fait six tiers, mais a nen a que plus dunit)! Le tout battu avec une corne chaussure et saupoudr de poudre Nab. Se boil la temprature ambiante.

tous les accessoires. Elle avait des yeux qui vous court-circuitaient le bulbe et une bouche plus sensuelle quune dition non expurge du Kma-Stra. Son pantalon-fuseau vous faisait penser des tas de trucs, ses bottes de cuir noir des tas de choses dont aucune naurait t racontable une premire communion. Moi, vous me connaissez? Quand une personne pareillement conditionne se fourvoie dans mon espace vital (comme dirait Jean-Jacques) jai illico envie de lui demander de quelle couleur tait le cheval blanc dHenri IV.IIexiste plusieurs mthodes efficaces pour chambrer une nana esseule. La meilleure consiste la faire marrer. Les skieurs dbutants qui descendaient Belle-Cte la va comme tu peux te retenir me fournirent la matire idale pour un parachutage sans balisage dans lintimit de cette bergre. Lui dsignant une grosse daronne de quinze tonnes arc~ boute sur ses planches comme une naufrage sur le radeau qui la mduse, je lui dis dun ton plaisant:-Voil une dame qui ferait mieux de faire de lavalanche, plutt que du ski.Ma voisine de fauteuil ne sourcilla pas, ne tourna pas vers moi son beau visage bruni par lair des cimes, nmit pas la plus lgre onomatope. Son manque absolu de ractions pouvait sexpliquer de trois manires diffrentes : ou bien elle tait sourde, ou bien elle tait trangre et nentravait pas le franais, ou encore - mais cette dernire hypothse me contristait - ma tronche de sducteur ne lui revenait pas. Jentrepris sance tenante de me pencher sur son cas.Je fis tomber mon verre vide, ce qui eut le don de la faire tressaillir, preuve que ses coquilles dguster Mozart fonctionnaient. Ensuite je lui demandai en douze langues diffrentes si elle tait: anglaise,

italienne, portugaise, irlandaise, auvergnate, aileL~

mande, polonaise, uraissaisse, moldave, japonaise (son bronzage pouvait tre aprs tout congnital), lyonnaise ou leucmique. Son mutisme persistant, je dus me rabattre sur la troisime solution et jen conus quelque humeur. Cest pas la peine davoir la frime de Casanova, les deltodes de Cassius Clay, lintelligence de Bergson et le talent de Jean Cocteau pour que la premire ptasse venue vienne vous snober dix-huit cent cinquante mtres daltitude! Votre avis, mes princes?Je quittai mon fauteuil et me penchai sur le sien.-Vous savez que a se soigne trs bien, lui dis-je.Elle frona ses merveilleux sourcils taills dans la masse et son regard couleur de glacier fona dun ton.-Je vous demande pardon? laissa-t-elle tomber.Elle avait une voix qui vous faisait guiiguii dans les trompes dEustache; une voix basse et mlodieuse. On lui aurait fait lire lannuaire des chemins de fer rien que pour lentendre parler!-Vous tes toute pardonne, mon petit.Son regard bleu des mers du Sud fona encore et une lueur mchante y scintilla.-Quentendez-vous par a se soigne trs bien ? demanda-t-elle.-Je parlais de votre mutisme. Jai un ami qui est un champion des cordes vocales. Il est arriv faire chanter le grand air de la Traviata un sourd-muet et faire rciter du Verlaine une carpe; cest une performance, non? En ce moment, il fait de la rducation une cl molette et aux dernires nouvelles elle ferait dj : Arrr, arrr ! Moi je suis certain, mon petit, que votre cas nest pas dsespr.-Je vous prie de cesser ces familiarits, quelle rtorqua du tac au tac, comme une mitrailleuse. Je ne vous connais pas!

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-Il ny a pas de lacune plus facile combler; je suis prt faire crire mon curriculum au non sur les murs de votre chambre, mon coeur. Je mappelle San-Antonio, avec un trait dunion aprs le San, et le mme trait dunion avant lAntonio, par mesure dconomie.-Et part a, quest-ce que vous savez faire? soupira enfin la belle enfant.Sa question, encore que rbarbative, mincita croire que je tenais le bon bout.-A part a, je sais faire des tas de choses, mon petit: peigner une girafe, peindre en noir un lphant blanc, sucer la tour Eiffel pour la rendre pointue, jongler avec des boules de gomme ou sculpter le buste de Mon Gnral dans une vieille morille moisie, et puis, ce que je ne sais pas faire je pense lapprendre, vous savez. Il ny a pas plus dou que moi.-Et il ny a srement pas plus bavard, riposta-telle.-Comment est-ce votre petit nom? Je ne men souviens dj plus.-Peut-tre parce que je ne vous lai jamais dit 7-Peut-tre bien, oui. Ce sont les explications les plus simples qui sont les plus rationnelles. Alors?Ctait la charnire de notre entretien. A partir de cette seconde, ou bien elle mallongeait son blaze et je navais plus qu dire le reste, ou bien elle menvoyait chez Plumeau pour voir si jy tais.-Devinez!Ctait in the pocket, comme disent les Allemands qui parlent anglais.-Barbara? suggrai-je.-Non.-Eva?

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-Si vous me promettez de me la rendre aprs usage, oui!La mme a eu un petit rire qui sest faufil dans ma moelle pinire et mest descendu jusquau stroumfbigntz culbuteurs compenss.-Je mappelle Lydia.-Inespr, bredouillai-je.-Pourquoi?-Jai toujours rv de connatre une Lydia et je me suis pay douze dpressions nerveuses avec lectrochocs parce que je nen rencontrais pas. Dire quil a fallu que je grimpe jusqu Courchevel pour en dnicher une, a sarrose, a, mon petit coeur. Vous prenez un Terrific cocktail avec moi.-Non.-Pourquoi?Elle a eu un petit froncement de sourcils.-Je ne suis pas seule!Ctait la tuile. Je limaginais avec un vieux miroton bandage herniaire, plein de sterlings et de prjugs. Elle tait pile le genre de beaut quun dlabr du calbar coltine au Grand Vefour, chez Cartier et chez Chanel histoire de faire croire au Tout-Pantruche quil est un vrai Casanova, une pe de plumard damasquine!-Erreur, mon chou, rtorquai-je; dans la vie on est toujours seul. Limportant cest de savoir avec qui!Et comme le loufiat passait promiscuit (Bni dixit), je pris mon lan pour le hler.-Deux Terrifies, Bob!-Non un seul! rectifia une voix dans mon dos.Joprai un petit mouvement pivotant afin de mater lincongru : je dcouvris un solide gaillard ct duquel Burt Lancaster ressemblait un petit enfant rachitique et plus dcalcifi quune limace. Il avait lair aussi commode que douze chiens-loups

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attachs par la queue un juke-box jouant un disque dHallyday. Javais vaguement limpression de connatre cette armoire normande, mais je ntais pas fichu de mettre un nom sur sa tronche de massacreur.Le zig en question vint se placer devant moi, mvitant de justesse dattraper le torticolis.-a fait un bout de moment que jcoute tes salades, mon pote, me dit-il aimablement, et je prfre tannoncer tout de suite quelles me dfrisent.Jai bill dennui, mais poliment, en mettant ma main devant mon fume-cigare.-Dites, mon coeur, ai-je soupir en me tournant vers la fille, cest votre petit camarade de pageot, ce grand truc braillard?Elle tait un peu plotte, la soeur, je vous le dis. son julot a eu un hoquet, comme sil venait de sasseoir sur un brasero en activit.-Ecoute, bonhomme, a-t-il grinc en sinclinant sur moi, on est dans un endroit tout ce quy a de slect et je voudrais pas faire du rebecca grand spectacle sur cette terrasse. Alors, tu vas te prendre par la main et temmener promener plus loin, nest-ce pas?-En vertu de quoi, bel nergumne?-En vertu de ce que ta bouille me fout le cafard, mon pote! Barre-toi! Et si je te reprends baratiner mademoiselle, je te dguise en accident de chemin de fer, cest not?Je me suis octroy un nouveau billement des plus badins!-Dites, Lydia, part dboucher votre vier ou passer la cuvette de vos ouatres lesprit-de-sel, quoi peut bien servir ce machin-l?Alors l, il a piqu sa crise, le mastar! Jai senti que a nallait pas tarder fonctionner ct biceps et

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que sa machine bourrer le pif tait sous pression. Effectivement, cest parti. Il possdait une gauche comme un butoir de locomotive et la patate quil ma place au menton ma permis de reluquer Vnus et ses environs sans lunette astronomique. Notez que ctait un peu ma faute. Je me doutais quil allait biller, mais mon radar personnel na pas eu le temps de fonctionner.-Tas pig, galopin? ma-t-il demand, tout firot.Javais pig. Javais pig qui javais affaire. Une cacahute de cette ampleur, mis part un champion professionnel, il ny avait quun type au monde capable de me la faire dguster.Je ne sais pas si cest venu du fait que je le voyais triple, mais je lai reconnu: Riri Belloise, un dur dont le casier judiciaire ressemblait, en moins propre, des murs de lavatory.Quelques annes auparavant javais eu le plaisir de lui offrir une paire de bracelets serrures la suite dune histoire de faux talbins. Lui non plus ne mavait pas reconnu.La jalousie qui laveuglait, probable?-Des fois que tu serais intress par des cours du soir, ricana-t-il, fais-toi inscrire mon secrtariat.Ilma considr en pouffant de rire. Je devais avoir la mine glandularde, effondr dans mon transat avec un hmatome (de Savoie) au menton.-Dommage que jaie pas mon Leca, bonhomme. Je taurais tir le portrait!Sur un haussement dpaules mprisant ii sest dsintress soudain de moi.-Viens, Lydia, a-t-il enjoint sa souris. On va se faire une petite Loze pour nous ouvrir lapptit.Dj le couple sloignait.-Hep! Minute! leur ai-je lanc.

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II na fait quun demi-tour, Riri. Sa physionomie tait aussi avenante que celle dun gorille constip.- Mssieur veut un complment dexplication?- Monsieur pense quil faut tre un drle de lavement pour frapper un homme vautr dans un transat, fiston.Le gars Riri naimait pas quon lui fasse la morale.Au lieu de protester, il a dfait son anorak.- Laisse tomber, chri, a suppli sa bergre, pas desclandre ici.Mais autant essayer darrter un super-constellation avec un filet papillons. Inquiet, le loufiat qui draguait dans le secteur sest mis vacuer dare-dare sa verrerie. Un couple de skieurs fourbus qui dbarquaient de lAlpe homicide croyaient quon charriait et rigolaient du simulacre. Je me suis lev en soupirant.a a fait ricaner le king-kong.- Pas la peine de te mettre debout, mon pote! Je tannonce que tu vas avoir droit un bifton de parterre, le temps de compter jusqu dix!Fallait peut-tre en finir, hein, mes amis? A votre avis? Mon standing commenait partir en brioche. Le standing, cest comme lallumage dune bagnole:si on le rpare pas au bon moment on tombe vite en carafe!Alors je me suis mis compter haute voix:- Un... deux... trois...Et pendant ce temps je faisais le simulacre de lui cloquer ma gauche; il contrait, mais comme javais retenu mon coup, que jtais bien camp sur mes deux cannes et que lui tait plus dcouvert que le compte en banque dun producteur de films, il a eu droit ma droite favorite.Vous le savez, les gars, dans la vie, il faut toujours mettre tout son petit coeur louvrage, II a fait Zgnomffff , et a titub.

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-Quatre... cinq.., six..., ai-je poursuivi.Et de lui plar un une-deux lestom. Il avait le naze comme un hamburger arros de ketchup. II a battu lair de ses bras et il est tomb sur son dargif, comme une poire mre au pied de son arbre.-Quest-ce quon dcide, Riri? ai-je demand en minclinant sur sa pomme. Je continue de compter jusqu 10 ou je garde la monnaie?IIavait des yeux comme les barreaux dun soupirail et il parlait entre deux dents because ma droite du dbut lui avait bloqu les maxillaires.-Vous connaissez mon nom?-Tiens, on ne se tutoie plus! On est fchs?-Comment vous me connaissez? insista-t-il.-Mon pauvre Belloise, ce que je ne connais pas de toi pourrait scrire au dos dun timbre de quittance.Ilsest mis genoux, mais na pas pu se relever. Courb en deux, il se massait la brioche en lamentant:-Oh! la la! Oh! direct au buffet! Jai cru que jallais cracher mon foie dans la neige!Lydia qui jusqualors navait pas manifest est venue au renaud.-Dites donc, monsieur San-Antonio, je crois que vous y tes all un peu fort!a lui a redonn des couleurs, Riri. De lnergie aussi! En ahanant il sest remis sur ses fltes.-San-Antonio! Sans blague... Cest donc vous, monsieur le commissaire! Vous tes tellement bronz, et puis avec votre serre-tte... Je vous avais pas reconnu!-Moi, cest ta patate que je tai reconnu, Riri.-a alors! a pouff Lydia, cest vraiment drle! Ainsi, vous tes amis!-Amis nest pas le mot, rectifiai-je, disons que nous nous sommes connus nagure, pas vrai, Riri?

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-a...-Je tai perdu de vue depuis lhistoire des Bonaparte bidons. Tavais morfl lourd?-Deux piges!-Des vacances, quoi! Et tes venu te faire bronzer Courchevel?-Jen avais besoin. Le grand air, Poissy, on le respire avec une paille! Si on allait cluser un gorgeon pour se remettre de nos motions, monsieur le commissaire?-Pourquoi pas!Ila eu un petit sourire farceur.-Cest ma tourne! a-t-il ajout.

CHAPITRE II

Ctait pas le tellement mauvais bourrin, ce Riri Belloise. Daccord, il tait peu probable quil figurt jamais dans le rpertoire des Saints, voire dans le Whos who. Mais, et il me lexpliqua longuement en clusant une bouteille de champ, il avait des circonstances drlement attnuantes : pas de pre, une vieille qui se pionardait, lenfance sans pain, les mauvaises frquentations au dpart. Les messieurs qui staient occups de son ducation sortaient tous de centrale (de celle de Poissy principalement) et, lheure o il me causait, y en avait une bonne charrete qui fumaient la racine de pissenlit avec la tronche entre les jambes.On sest spars pour le djeuner, bien que Rin met convi leur table.-Tes trop jalmince pour mon got, Riri! Je me connais, quand je vois une nana carrosse comme la tienne jai tendance vouloir jouer le Clair de Lune de Werther sur ses jarretelles, cest plus fort que moi.Ilavait clat dun rire dont staient rgals les chos de la montagne.-Je suis pas jalmince, commissaire. Ce matin, ctait pour lhonneur, je vous avais pris pour un cave, sauf votre respect.Nanmoins jtais rest sur mes positions. Trin-

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quer avec un malfrat est une chose. Passer ses vacances de neige avec lui en est une autre. Fallait que je respecte mon standing.On ne sest donc plus revus de la journe. Dans laprs-midi, je me suis pay des motions fortes dans la Saulire et le soir je suis all draguer la Bergerie o jai eu lhonneur et lavantage de rencontrer une personne agrable en compagnie de laquelle jai pass une soire plus agrable encore.Ctait pas le genre pin-up fracassante, au contraire. Primo, elle avait un brin de bouteille, mais discret, et ses petites pattes-doie ajoutaient son charme. Une dame de la bonne socit, venue la montagne pour la sant de ses enfants. Elle leur consacrait ses journes, rservant ses nuits son usage personnel. Nous finies trois danses, nous bmes deux verres et nous allmes faire un tour. La suite je ne vous la dis pas parce que a vous ferait rougir comme des langoustes si vous saviez que ladite personne possdait une voiture amricaine avec siges renversables et chauffage ambiant pulsion cardio-vasculaire double sur mollusque hybride perforation intermdiaire biconvexe.La tire recouverte de neige ressemblait un igloo. Pour y entrer, fallait dgager la lourde la pelle de camping et faire pipi sur lencadrement de la portire pour la dgeler, mais une fois lintrieur, a valait la peine!Elle mappelait Gervais parce que je jouais divinement lesquimau frileux. Cette sance, mes aeux! le Pre Nol en aurait chial dans sa hotte! A la fin du circus on a essay un regroupement de nos acadmies, mais ctait pas facile, croyez-moi. Ma petite camarade avait une jambe passe dans le volant et une autre coince lintrieur de la bote gants. Jai vu le coup quon allait tre oblig de la dgager avec un chalumeau oxhydrique! Pour

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comble de bonheur, son aprs-ski a bloqu le klaxon et quand on est sortis de la charrette il y avait douze mille huit cent quatre-vingt-deux personnes avec des flambeaux et des lampes lectriques qui nous attendaient.Bref, une heure du matin sonnait toute vole lorsque jai rintgr lhtel. De la musique parvenait du bar. Je my suis dirig pour un ultime glass. Au moment o jallais y pntrer, une voix est sortie du salon de lecture.-Msieur le commissaire!Jai fait demi-tour. Dans une pnombre ouate, prs dun magnifique feu de bches artificielles dont les tubes lectriques ptillaient joyeusement dans la chemine en faux marbre imitation bois, Riri Belbise gesticulait comme un professeur de culture physique dans sa salle ou un Napolitain au tlphone.-Quest-ce que tu fiches l, Riri?-Je vous attendais, msieur le commissaire.Sa voix avait des inflexions bizarres. Une sorte despce dinquitude assombrissait son regard.-a na pas lair de carburer, gars?-Je voudrais vous dire quelque chose!a ne me bottait pas. Un zig comme Riri, quand il vous fait des confidences, cest jamais pour vous dballer du prsentable.Jtais prt parier votre air gland contre une vue basse que ce tordu stait embringu dans une vilaine histoire et quil comptait sur le fils unique et prfr de Flicie pour arranger les choses. Avec les truands comme lui, cest toujours du kif: si vous avez le malheur de vider un pot en leur compagnie, ils se htent de vous rclamer la lune.-Je tcoute...Mais il narrivait pas accoucher.-Ten fais une tronche, Riri!

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-Y a de quoi!-Bigre! Cest si grave que a?-Grave cest un mot faiblard pour causer de mon affaire, msieur le commissaire.-Dis donc, Belloise, tu me mets leau la bouche et, cette altitude, a risque de geler!II a hauss les paules. Dans le bar tout proche, le pick-up jouait un truc vachement salace et, travers le rideau masquant la porte vitre du salon, japercevais des couples si troitement enlacs quon aurait dit des troncs darbres.-Vous savez pourquoi je suis Courchevel, msieur le commissaire? Oh! cest pas pour faire du ski, croyez-moi!Je me suis racl la gargante.-Ecoute, Riri, avant de balancer la vapeur, souviens-toi que je suis un poulet. Je prfre te prvenir loyalement que si ce que tu vas me dire tait trop moche, jai beau tre en vacances, jagirais en consquence.-Je sais, msieur le commissaire. Et cest justement parce que vous tes flic que je me confie: je suis ici pour tuer un homme!Aprs ce petit couplet il a pouss un grand soupir de soulagement et a attendu mes ractions. Je dois reconnatre que a mavait un peu souffl.-Tu men honnis de chouettes, Belloise. Je ne savais pas que tu travaillais dans le raisin?-Justement, je veux pas, msieur le commissaire. Jusquici jai men une existence qui nest pas publiable dans le bulletin paroissial, daccord, mais je ne me suis jamais tach les pognes.-Je sais, Riri.-Cest pour a que je suis bien dcid ne pas faire ce quils mordonnent!-Qui, ils?

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Ila baiss le ton et, bien que nous fussions seuls, a coul un regard peureux autour de lui.-Des gens que je ne connais pas, commissaire. Des gens qui ne me contactent que par tlphone.-Passionnant, tu joues les Chevalier Mystre. Quest-ce quils te disent, tes zbres?-Que si je bute pas la personne en question dici dimanche, la police recevra un dossier mon sujet.-Un dossier?Ila baiss le nez.-Un dossier gnant que vos collgues ignorent. Permettez-moi de rester discret ce propos.Ctait la moindre des choses et je nai pas insist, cet t de mauvais got.-Et qui est... la personne en question?-Franois Lormont!-Attends, a me dit quelque chose, ce nom. Cest pas lindustriel?-Si. Il est au Carlina en ce moment. Belloise ntait plus le mastar qui mavait fait renifler sa droite le matin sur la terrasse. Il avait lair dun pauvre bonhomme croul.-Vous voyez, msieur le commissaire, je mets mon sort entre vos mains...-On ta promis quelque chose en change de cet assassinat?-Cinq briques.-Cest pas le Prou!Ila hauss les paules.-Cest bien parce que ces mecs me tiennent autrement, quils essaient de me faire marner au rabais.Ilsest pris la hure dans ses grosses paluches de massacreur. On aurait dit un mme. Un mme de quatre-vingt-dix kilos la bouille hache de cicatrices, mais un mme tout de mme!

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-Tu as bien fait de te confier, Riri. On va aviser. Avant dimanche, tu dis?-Oui. Et on est vendredi!

***

La sonnerie du tlphone na retenti que deux fois et le Vieux a dcroch. Il avait beau tre deux heures du matin, sa voix tait aussi frache quun bouquet de fleurs et plus nette que de lanis dans lequel on na pas encore mis de leau.-Jcoute!-San-Antonio, monsieur le directeur!Ily a eu une brusque chaleur dans son ton.-Oh! par exemple! Alors, ces vacances?-Je crois que je nen prendrai vraiment que le jour o je serai allong dans un beau cercueil capitonn; et encore je me demande si larchange Machinchouette ne viendra pas me raconter quon lui a fauch son aurole pendant quil se faisait faire sa mise en plis!-Quest-ce qui se passe? Vous tes Courchevel?-Oui. Seulement jy fais des rencontres, patron. Je lui ai narr la petite histoire de Riri Belloise. Le boss coutait en jouant tagada-tsoin-tsoin avec son coupe-papier sur le socle du tlphone. a vibrait dsagrablement dans mes feuilles.-Cest quel genre, votre Belloise?-Des gros bras pleins de biceps et une grosse tte pleine dair. Faux billets, proxntisme, vol qualifi... Mais jamais de sang sur les doigts, du moins pas ma connaissance... Et vous, patron, Franois Lormont, vous connaissez?-Naturellement. Il tait au lunch lorsquon ma remis la cravate. Le Tout-Paris...-Puisque vous le connaissez, pouvez-vous men-

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voyer demain un garon ayant sa stature et sa corpulence? Bref, quelquun qui lui ressemblerait le plus possible.-Vous avez une ide?-Jen ai mme plusieurs. Nous devons absolument dcouvrir qui sont ces gens qui tiennent se dbarrasser de Lormont. Tant que nous ne le saurons pas, ses jours seront en danger.-Parfait, je fais le ncessaire. Que proposez-vous donc?-Que Belloise tue Lormont.IItait habitu mes fantaisies, le Tondu. Pourtant il a cess de faire de la musique avec son coupe-papier.-Vous dites, San-Antonio?-Je dis que Belloise doit tuer Lormont... avec lassentiment de Franois Lormont, bien entendu. Un simulacre, patron. Histoire de voir ce qui se serait pass si Belloise avait jou le jeu de ses mystrieux.., clients jusquau bout.-Vous mavez fait peur, a rigol le boss. Trs bien. Je vous envoie un gars, et vous, vous prenez toutes dispositions avec lindustriel. Je vous donne carte blanche. Mais que tout cela reste officieux, nest-ce pas?Y a vraiment des moments o on a envie de conseiller au Vioque de travailler chez C.C.C. car il naime pas se mouiller.-Tout ce quil y a dofficieux, monsieur le directeur!

CHAPITRE Il!

Le Carlina est un tablissement tout ce quil y a de slect, avec eau chaude et froide tous les tages et plantes vertes profusion.II est dix heures du mat lorsque je mannonce, frais comme un rabbit de rabbin, dans un pull bleu ciel couleur pinard et un futal fuseau beige bien plus beau quun fuseau horaire frachement sorti des ateliers de Greenwich.Je demande parler M. Franois Lormont. La ravissante prpose sonne lintress, lequel demande qui je suis. Je fais rpondre que je suis moi-mme, ce qui est la vrit la plus vraie que jaie jamais profre. Il accepte de me recevoir.Un groom me pilote travers ltablissement jusquau deuxime tage et mintroduit dans un salon confortable avec vue sur la neige. Il y a des reproductions de Dufy aux murs et des originaux de Lvitan par terre. Je confie la face sud de ma personne un canap moelleux et jattends. Dans la chambre voisine, une radio distille du langoureux. Quelques minutes scoulent et la lourde souvre sur un homme dune quarantaine dannes, de taille moyenne et qui serait blond sil lui restait des cheveux. Il porte une robe de chambre cossaise aux couleurs du clan Macdonald. Il a les pieds nus dans des mules italiennes et il fume la pipe quil sest fait

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faire rcemment. Le regard est celui dun homme habitu aux affaires, qui jauge ses interlocuteurs en une seconde et sait, au bout de cette seconde, ce quil a attendre deux.-Monsieur San-Antonio? Votre nom me dit quelque chose, attaque-t-il, bille en tte. Ne seriez-vous point ce fameux commissaire dont les exploits dfrayent si souvent la chronique?-Fameux est un bien gros mot, monsieur Lormont.-Vous permettez? dit-il.Ildcroche le biniou.-Un djeuner complet, murmure Lormont.Puis, avant de raccrocher:-Voulez-vous prendre quelque chose avec moi?-Volontiers.-Caf, th, chocolat?-Whisky.Ilsourit.-Votre rputation nest pas usurpe, dirait-on. Montez ma bouteille de scotch, ajoute-t-il.Ayant pass ses petites commandes matinales, il sassied en face de moi.-Je suppose que vous avez quelque chose me dire, commissaire.-En effet, monsieur Lormont.-Eh bien, je vous coute!-Je suis venu vous apprendre une triste nouvelle : on va vous assassiner.Je ne sais pas quelle bouille vous pousseriez si je dbarquais chez vous pour vous annoncer un truc comme a. Mais je suis prt parier un casque pointe contre une pointe Bic que vous deviendriez vachement plichon et que vos genoux feraient bravo. Lormont, lui, encaisse la nouvelle sans broncher.

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-Avant demain soir, monsieur Lormont.-Qui?L je me garde bien de balancer le blaze de Riri.-Je lignore encore, mais je sais de source extrmement sre que lvnement doit se produire.-Pour quelle raison doit-on me tuer?-Je comptais un peu sur vous pour lapprendre, avou-je.-Pourquoi diantre! voulez-vous que je le sache?-Parce quen gnral on connat ses ennemis ou les gens auxquels on porte prjudice. On ne fait assassiner que ceux qui vous gnent. Les statistiques ont prouv que huit fois sur dix, la victime porte une partie de la responsabilit du meurtre.Il ne sourcille toujours pas et continue de me fixer en ttant nonchalamment son morceau de bruyre. Je viendrais lui dire quun tordu a embouti une aile de sa calche, il marquerait plus de contrarit.-La chose ne semble pas vous affecter outre mesure, monsieur Lormont?-En effet.-Je vous admire.-Il ny a pas de quoi. Ce nest pas du courage mais de lincrdulit, mon cher commissaire. Je nai pas dennemis, je nai jamais caus de prjudice mon prochain, du moins pas ma connaissance, et je considre cette nouvelle comme un bobard, soit dit sans vouloir vous vexer!-Je la tiens pourtant du futur tueur en personne.L, il tique un choua.-Expliquez-vous!A cet instant on frappe la lourde et un larbin sannonce, porteur dun plateau abondamment garni. Jattends quil ait mis les adjas pour continuer.-Les gens qui vous veulent du mal ont pay un

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truand pour vous descendre. Ce truand sest dgonfl et ma averti, voil lhistoire, monsieur Lormont.-Mais...-Permettez: peut-tre sagit-il en effet dun bobard. Mais peut-tre que non. Si cest une blague vous le verrez, si a nest pas une blague vous ne le verrez pas; car si ce nest pas une blague on vous tuera rellement.-Mais puisque votre type sest dgonfl!-Lui, oui. Mais ceux qui entendent vous tuer nen resteront pas l. Ils recommenceront. Et ils feront appel cette fois aux services dun dur moins tendre que le premier!Largument a atteint son objectif. Lormont se met touiller son caf avec une lenteur de geste qui en dit long comme une nuit de noces au Spitzberg sur sa rverie.-Je ne fais pourtant pas de politique...-Mais vous faites des affaires, de grosses affaires qui doivent gner des concurrents.Ilsourit, et jadmire son calme. Malgr tout ce quil peut dire il a du cran, le gars! Du cran et tous les accessoires qui vont avec.-Si on devait tuer ses concurrents, le monde des affaires ressemblerait la Sologne un jour de chasse! Mme Chicago ces mthodes nont pas cours, murmure Lormont.Ilmdite un bref instant, puis, ayant aval deux gorges de caoua il demande, tout en versant un nuage de milk dans sa tasse-Que pensez-vous de tout a, monsieur SanAntonio?-Je pense quil convient dagir, comme si nous L tions convaincus du danger.-A savoir?-Faites-vous du ski, monsieur Lormont?L- Naturellement! sinon pourquoi serais-je venu

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Courchevel. Me prenez-vous pour un pilier de bar?-Des gens viennent uniquement pour le grand air, object-je.a le fait marrer.-Ces gns-l prennent un bol dair dans la journe et douze whiskies le soir dans les boites de la station, vous le savez bien!-Demain matin, monsieur Lormont, vous partirez faire du ski en ayant soin dendosser un accoutrement aisment reprable. Si vous navez rien dextravagant dans votre garde-robe, allez faire un tour chez Jean Blanc tantt. Affubl de cette tenue voyante, coiff dun bonnet et le nez chauss de lunettes, vous viendrez mon htel, je suis au Sapin Bleu.-Ensuite?Je prends mon scotch dans lequel un cube de glace joue les peaux de chagrin.-Ensuite je vous expliquerai mon plan, monsieur Lormont. Dores et dj je vous recommande la plus grande discrtion. Comportez-vous exactement comme dordinaire et ne parlez personne de ma visite.Ilhoche la tte.-Entendu. Mais, entre nous, commissaire, ce micmac ne me dit rien. Je suis ici en vacances et ce cinma mest trs dplaisant.Oh! ma douleur! Vous verriez votre San-A piquer sa rogne des jours J, les mecs!-Confidence pour confidence, monsieur Lormont, je suis galement en vacances Courchevel et je prfrerais dvaler le Biolley en ce moment plutt que de moccuper de votre scurit! -L-dessus, je vide mon godet dun trait. Cest du~ chouette, du super-chouette, pur malt!-Ne vous fchez pas, mon cher ami.

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- Je ne me fche pas, mais il est dplaisant de voir les gens bougonner parce que vous essayez de sauvr leur peau.Je me lve et marche la porte. Lormont mescorte. Avant de me quitter il pose sa main race sur mon paule musculeuse.- Merci, et pardon, San-Antonio. Vous me plaisez beaucoup!

Cest le moment de svacuer, les gars, des fois que le monsieur aurait un gros coup de tendresse pour moi!

***

De retour au Sapin Bleu, je demande la mignonne standardiste si M. Belloise est lev et elle me rpond que non. Je menquiers de son numro de piaule : cest le 22, ce qui ne manque pas de sel comme disait un marchand de morve de mes amis.Parvenu au second, jappuie mon oreille exerce contre le chambranle de la lourde 22, comme le ferait un toubib contre le placard dun patient.La porte ne compte pas 33, 33, mais elle laisse filtrer un dialogue damoureux:- Passe-moi ma crme, chri.- Encore! riposte Riri, maussade.- Le soleil est mauvais et jai le derme si fragile!- Derme mon cul! rtorque Belloise, jai horreur que tu te foutes ces trucs gras sur la frime.- Mais pourquoi? stonne Lydia.- Quand je tembrasse, jai limpression de bouffer un beignet. Et jaime pas les beignets!Je me dis quil est temps de stopper ces roucoulade~ et je toque la turne. Cest Riri qui vient mouvrir. Il a un slip pour tout vtement. A poil, il ressemble une colonne Morriss. Sa viande est

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couverte de graffiti. Sur une de ses jambes, il y a tatou Je ne marche plus! et sur lautre : Moi non plus. Au bas de son bide on lit cette prcieuse indication : Robinet des officiers. Sur lun de ses bras : le buste de la Rpublique, une et indivisible ma-t-on dit; sur son buste un bras de lumire du XVHC sicle; sur son autre bras un portrait en pied de lamiral japonais Bokono-Tumaplu avec toutes ses dcorations. Enfin, autour du cou de notre kiosque journaux ambulant le classique dcouper en suivant le pointill .-Tiens! msieur le commissaire! Je touche son cou.-Voil qui sera prcieux M. Destourneaux le jour o tu te pseras sur la bascule Charlot!-Parlez pas de malheur! grogne Riri en touchant du bois.-Emballe tes tatouages et viens me trouver dans ma carre, je suis au 7.Tout en parlant, je file un coup de priscope en direction de la mme Lydia. Jen ai le palpitant qui fait un triple Nelson en arrire sans appui. Elle ne porte quune culotte grande comme le mouchoir dune marquise, un soutien-lolo et un porte-jarretelles en dentelle arachnenne. Le tout est bleu et vous convulse le grand zygomatique depuis le disjoncteur polyvalent jusquau glottemuche suprieur droit. Elle me regarde dans la glace de sa coiffeuse et me virgule un regard tellement brlant que, dinstinct, je regarde autour de moi dans lespoir de dcouvrir un extincteur.-Hello! commissaire!Cette gosse, mes amis, vous la consommeriez sans pain! Je me dis que dici pas longtemps et peut-tre avant, il faudra que je moccupe de sa gographie. Cest pas juste quil se goinfre tout seul, Riri. De la confiture un cochon, quoi!

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Y a des statues de marbre qui ont srement chop la danse de Saint-Gui en lapercevant! Elle rendrait sa virilit un tramway dsaffect. Non seulement elle est belle et carrosse faon sirne, mais de plus elle a ce je ne sais quoi qui vous dguise le schmilblick en Fenwick. On se demande quoi a tient : un clat de regard? Un reflet de la peau? Un parfum? Mystre!- Cest daccord, je vous rejoins tout de suite! massure Belloise qui napprcie pas tellement ma contemplation.Mon regard colle cette fille comme du sparadrap. Je larrache dun coup sec. a fait mal, mais je serre les chailles ~- Cest a, mon gars, remue-toi; je suis press. L-dessus je regagne ma piaule. Je la trouve terriblement vide. Une chambre sans femme, cest une choucroute sans jambon.Vous ne pensez pas?

CHAPITRE IV

Ilest payant, Riri, avec sa limace fantoche et son futal rouge. On dirait un zouave pontifical en vacances. La chemise porte un motif bizarrode. Le truc reprsente confusment une course de traneaux dans le Grand Nord (en anglais the Big North). Il sest cloqu un serre-tronche, histoire de faire plus martial. Et le serre-bol comporte lui aussi un motif: des feuilles de lierre. On dirait que le gars Riri vient denlever le premier prix de tir au poulet la facult de dfouraillage de Bidandair.Comme je me marre, il sinquite-Quoi test-ce quil y a, msieur le commissaire?-Tu ressembles Nron enfant, lui dis-je. Taurais une plume dans le prose, la ressemblance serait hallucinante!Ilronge son frein en gardant les bas morceaux pour plus tard.-Vous vouliez me causer?-Oui, mon lapin. Jai pris mes dispositions conoernant lattentat.-Alors?-Tas le feu vert.-Comment a, le feu vert? be Belloise.-Tu peux trucider Lormont tout est O.K.On lui mettrait des fourmis rouges dans so calbar quil ne serait pas plus surexcit.

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-Vous vous foutez de moi, commissaire?-Pas du tout!-Cest compltement insens!-Justement : jadore les histoires de dingue.Mais exciter trop longtemps la curiosit dun type comme Riri na rien de plaisant. Son cervelet na pas le format magnum, ce serait plutt la bouteille chantillon. Je me dcide laffranchir:-Demain matin, Lormont viendra ici. Il sera fringu dune manire un peu tapageuse, tu me suis?Avec peine. Cest un cul-de-jatte de la matire grise. Avec ccoince, il faut adopter la vitesse croisire et ne pas oublier de mettre ses clignotants dans les carrefours.-Oui, mais...-Une fois dans ma carre il se dpoilera. Pas parce que jai des moeurs contre nature, mais parce quil refilera ses fringues un homme moi. Lorsque mon gars aura mis les vtements de Lormont il ira faire un peu de ski et tu le suivras, tu me files toujours le train, baby?-Oui, mais...-Lorsque vous serez un peu lcart, lui et toi, tu le flingueras comme un lapin. Cest pas plus dif, Riri.-Pourquoi test-ce que je buterais un de vos archers, msieur le commissaire?.Si je le laisse se poser des problmes, il va chauffer et pter un joint de culasse, mon Belloise. Dj que ses culbuteurs font un drle de bruit!Je ne sais pas si cest un effet doptique, mais de la fume commence lui sortir des orifices.-Tu tireras mon collgue avec le joujou que voici.Et je sors de ma valoche un ptard qui stopperait le hoquet dun pic pneumatique.-Chouette mcanique, apprcie Riri.

-Cest un Beretta, larme de lhomme sportif. Deux drages de ce machin-l dans la poitrine et te voil plein de courants dair!-Enfin, quoi, bon Dieu, vous ne voulez pas que je mette en lair un poulet pour sauver les os de Lormont! Cest pas que je soye communisse, msieur le commissaire, mais je trouve que cest pas normal.-Il est charg blanc, gros malin!Le visage de Belloise devient radieux comme un coucher de soleil sur la Mditerrane.-Compris! affirme-t-il avec une grande sobrit dexpression.-Bravo. Je savais que tu tais un garon extrmement intelligent.Je lui remets le Beretta.-Voil lobjet, Riri. Mets-le au frais en attendant demain.

***

Dans laprs-midi, je rceptionne lenvoy du Vioque. Cest en le dfrimant que je mesure la sagacit du Tondu. Il a lamericans eye, le Dabe. Laurent, son messager, a exactement la silhouette de Lormont. Mme corpulence, mme calvitie, mme forme de visage. On pourrait croire que les deux hommes sont du mme maire, mais pas de la mme paire!Jaffranchis Laurent sur le pourquoi du comment du chose et il se gondole comme un Vnitien. Je lemmne sur la piste blanche o il savre excellent dgringoleur. Bref, il est pile lhomme quil me fallait. On passe un aprs-midi ultra-sportif et une nuit pique dans diffrents tablissements tous plus slects les uns que les autres. Whiskies gogo!Laurent est ravi par ce turbin en forme de

vacances. Lorsque nous regagnons le Sapin Bleu, une heure trs avance pour son ge, il me gazouille dans les manches air que cest un job idal que le ntre, vu quil vous permet de vivre des instants de qualit aux frais de la mre Marianne.

Le lendemain, dassez bonne heure, la jeune vierge de la rception mannonce quun monsieur me demande. Cest Lormont qui me rend ma politesse. Il radine, loqu dune manire plutt marrante. Il porte un fendard presque blanc, coup dune bande noire verticale. Il a un anorak agrment dun aigle dans le dos. Il a sur la tronche une toque dastrakan (Bru appelle a de lestragon) et ses lunettes sont en virgule.Sarcastique, il virevolte dans la pice.-a vous va comme a, San-Antonio?-Cest inespr, monsieur Lormont, jespre que vous me donnerez une photo en souvenir.-Et maintenant que dois-je faire?-Vous dvtir! Je vous ai prpar une robe de chambre, des pantoufles et de quoi lire. De plus, vous pourrez demander ce que vous voudrez la rception, la police franaise sera heureuse de vous offrir les boissons de votre choix!Ilouvre de grands chsses.-Expliquez-vous!Je tambourine contre la cloison et Laurent fait une entre rapide.-Voici linspecteur Laurent qui va enfiler vos effets et prendre votre place!-Et alors?-Il partira faire du ski. Le tueur gages le suivra et labattra de plusieurs balles dans le dos!Je lui vaporise mon clin dyeux numro 68 ter, celui qui a fait perdre la tte une rosire et ses boutons de jarretelles la soeur ane de ladite rosire.

-Balles blanc, dans la neige, cest de circonstance. Mon homme culbutera et fera le mort.-Mais o voulez-vous en venir?-A ceci: pendant plusieurs heures vous serez officiellement mort!Lonnont blmit, rougit, jaunit, verdit, violit, marronnit (comme Saint-Laurent du), orangit, arcen-cilit, puis reprend tant bien que mal sa couleur initiale.-Pensez-vous un instant, mon bon ami, aux consquences quaurait une telle nouvelle? Le remue-mnage quen toute modestie elle causerait dans lindustrie! Leffervescence qui rgnerait dans mes usines! Laffolement de ma famille! Le...Je le stoppe dun geste premptoire.-Attendez: la nouvelle ne dpassera pas Courchevel.-Mais la presse est reprsente ici!-Il se trouve que je suis un ami de Jean LaurentLefbure, le Lazareif de Courchevel! Si je lui dis dcraser, il crasera, cest un gentleman.-Et a vous donnera quoi, que la population de Courchevel me croie mort?-La possibilit de dmasquer ceux qui en veu-; lent vos jours, monsieur Lormont!-Comprends pas!-Ils sont l, dans lombre, qui surveillent les agissements de leur tueur. Sitt son forfait aompli, ils se manifesteront. Cest ce moment-l que jaurai ma chance de leur mettre la main au collet!Il rflchit.-Je vois, mais supposons que la nouvelle transpire tout de mme. Supposons que quelquun dici tlphone un ami de Paris et que la nouvelle gagne la capitale, malgr toutes vos prcautions?-En ce cas je ferais dmentir immdiatement. Nous dirions que lhomme abattu tait un voleur la

tire qui vous avait drob votre portefeuille avant de se faire descendre.-Je naime pas beaucoup ce genre de publicit.Ilva pas remettre le couvert, Lormont! Je suis sur le point de lui dire quil aille se faire empailler o bon lui semblera lorsquil ralise ma rogne et fait amende honorable.-Mais peu importe! ajoute-t-il. Marchons dans votre plan, aprs tout cest votre mtier. Vous tes le policier et moi la victime!En riant il se dsape. Laurent met ses fringues. Tout est O.K. Je file un coup de grelot Belloise qui attend dentrer en piste dans sa chambre, en faisant probablement une fleur sa souris. Vu laltitude, cette fleur serait un edelweiss que a ne mtonnerait pas!Dix minutes plus tard, une gentille colonne se dirige vers le tire-miches de la Loze. Il y a l : le faux Lormont (qui a lair plus vrai que lauthentique); puis le dear Belloise avec son Beretta dans la ceinture, et enfin le superbe commissaire SanAntonio sur qui se dtournent toutes les dadames de la station.Ilfait un temps comme sur les affiches de propagande. Le ciel est bleu comme les yeux de la mme Lydia et les montagnes aussi drues que sa ravissante poitrine.Les cannes de remonte cliquettent dans lair salubre. Nous nous sommes lancs la queue leu leu dans la formation dcrite plus haut. La neige siffle sous nos planches la marche du gnral Hiver. Votre San-Antonio, mes petites butes si chries, ouvre grand son oeil givr. Mon plan sera-t-il payant, ou bien me ramasserai-je lamentablement? Jopte pour loptimisme. Les zigs qui en veulent Lormont ne doivent pas avoir une conflan aveugle en

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Belloise et ils le font surveiller discrtement pour sapproche de lui. Jaimerais bien voir quoi ressemsassurer que le pote Rin ne les pigeonne pas. blent ces quidams.Nous arrivons en haut de la Loze. Laurent largue Voil donc le San-A. sur lattes qui pique schuss. sa canne et pique vers la valle aprs avoir assur la Mes Allais 60 miaulent comme un chaton enferm bride de ses btons dans ses pognes. Mon petit dans un Frigidaire. Je suis du. Les trois skieurs en camarade Riri en fait autant. Je mate un bout de question se composent dun moniteur de la station moment leurs gracieuses arabesques avant de plon- que je connais bien et de deux jeunes Anglaises ger mon tour. Mais au lieu de les suivre, je auxquelles il donnait un cours. Le moniteur est descends en biais, de manire conserver de la agenouill auprs de Laurent.hauteur par rapport eux.Il me regarde et murmureA cette heure de la matinoche, il y a encore peu de - Je ne sais pas ce quil a pu se faire, regardez! trpe sur les pistes. Nanmoins quelques skieurs San-Antonio regarde, mes lapins. Et ses drages radinent et foncent, dans la position de loeuf (celle prsidentielles se convulsent sous leffet de la stumise la mode par Yul Brynner). Maintenant, peur. Mon camarade Laurent est mort. Il a morfl Belloise et Laurent se trouvent trs au-dessous de deux bastos dans le buffet. Une immense tache moi. Ils bombent en direction de la piste bleue, rouge stend dans la neige. Je palpe son pouls:suivant litinraire que jai tabli.nobody! Je regarde sa bouche : pas la moindre bue Cest un coinceteau tout ce quil y a de peinard en ne sen chappe. Cest fini. FINI!ce moment et o il fait bon revolvriser SOfl Pro - Cest un crime! mannonce le moniteur en chain. Laurent sarrte dans un nuage de neige ramassant le Beretta tout chaud qui senfonce lente-provoqu par son savant drapage. Il plante ses bois ment dans la neige durcie.de part et dautre de son acadmie, comme un type - a men a tout lair, bredouille cette nave de qui a dcid de se gargariser loxygne en matant San-Antonio.un merveilleux paysage.. Je hurlerais de rage si, biscotte la neige, je ne Mon pote Belloise le rattrape. Je distingue confu- craignais de passer pour un loup.sment son geste. a fait BOUM-BOUM! en Mest avis que cet enviand de Riri ma repass de majuscules, et un petit nuage de fumaga stire dans premire. Il a chang les fausses valdas du Beretta lair vivifiant. Belloise repart, bille en hure, tandis r contre des vraies. Daccord, Laurent na pas d que mon collgue scroule dans un style qui ren- souffrir. Mais sa stupeur, ce pauvre gars, lorsquil a drait jalmince un type du Franais mterprtant ralis quil prenait de la vraie pure dans les Shakespeare. . . . ponges!Je ne me presse pas dintervenir car je tiens voir - Je vais prvenir les secouristes et la gendarme-ce qui va suivre. Trois bonnes minutes scoulent, eti rie! fais-je au moniteur.mon pote Laurent gt toujours dans la neige. Il doitL Jai hte de remettre la pogne sur Belloise. Quand trouver le temps long, le pauvre biquet. Enfin un jaurai fini de lui raconter ma vie, il ne lui restera petit groupe de trois skieurs fait un crochet etl plus assez doreille pour couter le dernier disque de

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Frank Sinatra. Si toutefois il est assez patate pour - Regarde les pralines qui restent, baby. Tu nemavoir attendu!vas pas me dire que ce sont des haricots verts?Oh! la bouille du gentleman, mes aeux! Un vrai*portrait robot!**-Mais, msieur le coco... Vous maviez dit que

Eh bien! croyez-moi ou allez vous faire tatouer le ctait charg blanc... Et puis javais moi-mme numro de tlphone de M. Jean Mineur sur lomo- vrifi par mesure de scurit! plate gauche avec un cure-dent fourche tlescopi- - Sa mine effondre nest pas feinte! Il nest pas que, mais la premire personne que javise en capable dinterprter u~i rle pareil, le Riri. Lui, la radinant au Sapin Bleu, cest mon Riri, aussi radieux subtilit, cest pas sa longueur donde! quun documentaire en couleurs sur les les Hawaii. - Je vous jure, msieur le coco... missaire, jyIlest au bar de notre htel et sirote un between the suis pour rien. Nom de Dieu! Je serais pas all sheets en coutant la radio. Il me vote un sourire en flinguer un flic sous vos yeux, surtout aprs vousavoir affranchi de ce qui se passait!140 de large lorsquil maperoit. - Alors situ es blanc, dis-je, cest que quelquun - Alors, msieur le commissaire, a va commedautre a remplac les fausses balles par des vraies!vous voulez! - Mais, cest impossible! - A merveille, Al Capone! - Quas-tu fait de ce feu, depuis que je te lai II rit et profitant de ce que le barman fourbit sondonn, hier soir?perco, il murmure: - II na pas quitt ma poche, je le jure, msieur le - Vous avez vu ce carton! Votre zig est un corn-Icommissaire.dien de premire. Ma parole, jai vraiment cru - Mais toi, espce de lavedu, tu las quitte, taquil morflait le potage!poche, pour dormir, non? Il savise de ma mine lugubre et demande: - Daccord, mais mes fringues taient ct de - Mais quest-ce qui se passe? Vous semblezmon lit. Et elles nen ont pas boug, Lydia vous letout chose?dira. - Cest pas moi qui suis tout chose, Riri, mais lei - Daccord, Lydia va me le dire! O est-elle?gars que tu viens de dessouder! - Elle est alle faire des courses. - Comment a? bredouille lenfoir. .. - Viens! - Pas tonnant quil ait bien jou la comdie, iiy~ - O a?avait de vraies prunes dans le ptard! - Dans ta chambre. Les ratiches de Belloise se mettent jouer le - Pour quoi faire?grand air de Carmen. - Tu le verras, mais si cest pour ta vertu que tas- Dites, charriez pas, implore-t-il, jai horreur des inquitudes, ne te court-circuite pas le bulbe, le des histoires macabres! jour o je virerai ma cuti je choisirai des partenairesJe sors de ma poche le Beretta que jai pris la1. plus sexy que toi! prcaution de conserver et je dgage le chargeur.~ Nous montons chez lui. Vous me connaissez, mes

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amis, et vous savez quentre une fillette au coeur cie, ma brave femme de mre, ma toujours dit que tendre et moi, il y a autant de diffrence quentre la plus noble conqute de lhomme ctait le cheval une violette blanche et un rouleau de fil de fer et que la moins noble ctait la femme.barbel, mais franchement, je commence prendre - Vous faites erreur, msieur le commissaire!des vapeurs. Aprs un pareil coup fourr, la Terre - Jadore a, baby. Si jtais riche, je ne ferais ne sera plus assez grande pour que je puisse plan- que a. Seulement, voil : mes moyens ne me le quer mon humiliation! permettent pas.Nous pntrons dans la chambre 22. La pice est Je le plaque pour aller rejoindre Lormont dans ma vide. Sur la table, bien en vidence, japerois une chambre. Le moment est venu de subir les premiers enveloppe portant comme libell : sarcasmes! A cette crpe de Riri Belloise. Ma piaule est aussi vide que celle de Riri. Je meJe dcachette et je lis cette simple phrasedis que lindustriel est peut-tre all aux toilettes et Tu as bonne mine, tueur de flic! je dcide de patienter un moment lorsque je fais uneCest tout. Mais a veut en dire long. Le message double constatation : mon oeuvre-lit a disparu et on signifie que les correspondants de Belloise nont pas a sectionn les cordes rideaux de ma fentre.t dupes de ma ruse et quils ont su, avant mme Quen pensez-vous, tas de ncrophages? Bizarre, que le meurtre soit commis, que Riri les doublait. hein?-Tiens, dis-je, lis, cest pour toi!Illit et devient jaune comme un grain de courge.-Vous mavez foutu dans une belle merde! ditil. Dici que ces gens-l menvoient dans lespace, il ny a pas loin-Dis-moi, Riri, ta mme tait au courant de notre petit cinma?Ilhausse les paules.-Mais non, voyons!Je le cramponne par les endosses, le forant me regarder.-Tu as lair aussi franc quun marchand de fonds qui essaierait de vous vendre une usine gaz dsaffecte en vous faisant croire que cest le chteau de Chambord! Tu crois vraiment que cest encore le moment de me berlurer, Riri?Ilbaisse la tte.-Oh! bon, daccord, la gosse sait. Mais elle est rgulire, vous savez!-Rgulire comme les rayures dun zbre. Fli

CHAPITRE V

Mon petit camarade Belloise ressemble un monsieur qui viendrait dallumer sa cigarette avec un numro gagnant de la Loterie Nationale. Il a le gloufanou baladeur flchissement dsempar se conjugue au troisime groupe sanguin, les ga~~ Tout comme celui du valeureux San-A. dailleurs!Jai dans ma petite tronche une minuscule ide q prend ses quartiers dhiver. Cette ide, cest q cette histoire va faire parler delle, et de moi for same occasion! Va y avoir du cri dans le Lander neau!Je descends lescalier aussi vite que les pentes la Loze et jinterviewe miss on vous cause , dlicieuse standardiste lunettes. Cest une petii brunette aux yeux gris comme la mer du Nord.-Dites, belle enfant, vous nauriez pas vu so un monsieur en robe de chambre?Elle secoue sa tte de linotte.-Vous plaisantez, monsieur San-Antonio! robe de chambre, dans Courchevel!Elle a raison, mme une pomme de terre noser pas se montrer en robe de chambre dans un pate aussi slect!-Autre chose, personne na quitt cet taol ment en emportant un gros paquet, style roul?SAN ANTONJO POLKA47Elle secoue sa chevelure sombre avec la mme nergie souriante.-Quelle ide! gazouille cette bcasse.La sonnerie du bigophone linterpelle. Elle susurre All! jcoute et je vais mloigner de son rade lorsque le larbin aux jambes arques qui coltine les valoches, nettoie les pompes et distribue le papier water sapproche de moi.-Moi, jai vu, fait-il avec un accent savoyard tellement forc que a pourrait bien tre dans le fond un accent italien.-Vous avez vu quoi?

-Deux hommes qui emportaient un gros paquet bien long et tout mou. Mme que quelque chose est tomb du paquet et que ctait une pantoufle noire!-Par o sont-ils sortis?-Par le service. Ils ont pris la porte quon sort les skis.-Et aprs?-Je les ai vus qui grimpaient dans une DS noire fourgonne.-Il y a longtemps de a?-Vingt minutes.Je me catapulte sur la standardiste et je lui saisis le combin pleines mains.-La gendarmerie de Moutiers, vite! glapis-je la dame des pet et th.-Ici le commissaire San-Antonio des Services spciaux! lanc-je. Etablissez immdiatement un barrage sur la route entre Salins et Moutiers afin darrter une DS ou une ID noire carrose en fourgonnette. A lintrieur vous trouverez un type ficel dans un couvre-lit.-Faudrait voir ne pas vous fout de nous! rouspte le gendarme.-Faites ce que je vous dis, nom de Dieu! Pour confirmation de cet ordre, rappelez le Sapin-Bleu

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Courchevel, vous verrez quil ne sagit pas dune L-dessus, je file avec le larbin aux jambes blague. Arrtez tous les occupants de la bagnole en arques dsenneiger ma charrette.question. Paralllement, envoyez du monde lagare et vrifiez si une ravissante fille brune, rpon- * **dant au nom de Lydia... Je mets la main sur lcouteur et je lance Je suis stopp Salins par le barrage de police que

Belloisejai provoqu. Je me fais reconnatre de ces mes-- Le blaze de ta gerce?sieurs et je leur demande sils ont des nouvelles de-Roubier.-Lydia Roubier, nattend pas le train!~ ~ noires, mais aucune ntait carrosse en fourgon-Compris! Faites vite, a urge! Dailleurs je vais vousnette. Ils les ont stoppes pourtant et les ontrejoindre!fouilles, sans rsultat. On na repr aucune Lydia Je rends le combin la mme. - Quest-ce qui est arriv? demande-t-elle, la gare. Cest plutt mochard, hein, mes amis? Mais je nai pas le temps de lui rpondre. Je suis F Le petit San-A. chri de ces dadames en mne deen train de jouer ma carrire, les mecs. Et qui plus~ moins en moins large et bientt il pourra se blottir entre les lments dun radiateur de chauffageest : ma rputation.Si je ncrase pas ce coup, elle ne vaudra pas plus central. Je regarde dun oeil nostalgique la formidable chane de montagnes qui se dresse devant moi,que celle dun faussaire en timbres-poste qui auraiti barrire inexpugnable! Franois Lormont se trouve-contract la danse de Saint-Gui.Je cours troquer les lattes de skieur contre des~ t-il encore au coeur des Alpes, ou bien la-t-on bottes basses en cuir souple comme la conscience~ emmen vers des rgions inconnues par un moyen dun marchand de voitures, plus inconnu encore?- Quest-ce quon fait? bredouille Belloise.En tout cas, je ne vais pas me mettre arpenter les Ce pluriel me force examiner son cas. Jhsite~ routes et les sentiers alpestres. En deux temps et une paire de secondes et je le biche par le collet, trois mouvements de cerveau ma dcision est prise.-Toi, tu vas rester ici, crme de nouille! Si tuE Les choses ont pris une tournure trop grave pour que essaies de mettre les adjas, ce qui tarrivera par la je continue dassumer lenqute au gr de ma suite sera impubliable dans les journaux. Si par fantaisie. Faut que jen rfre en haut lieu! Jaime-hasard ta souris rappliquait, motus! Tu lui dis que tu~ rais mieux me rendre aux lieux daisance, croyez-as fait ton turbin et que je te couvre. Nessaie pas d4 moi. Je suis dans une situation ct de laquelle une la cuisiner, surtout, compris? cuvette de gogue occupe une position privilgie- Compris, msieur le commissaire.dans lchelle des valeurs.-Jai pas de conseil te donner, mais moi, tu Je donne lordre aux gendarmes dexplorer la place, je machterais les oeuvres compltes dcl rgion et doprer des descentes discrtes dans les Simenon et je menfermerais double tour dans ma~ htels afin de retrouver la mme Lydia et, ventuel-piaule. Tu risques de graves ennuis, noublie pa1 lement, Franois Lormont. Ensuite de quoi je

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prends la route de Chambry, qui se trouve tre galement celle de Pans.Je vous prie, non pas dagrer lexpression de mes sentiments particuliers, mais de croire que je dpoussire le cadran de mon compeur sur toute sa surface! Levergias, je men tamponne les pneumatiques. Pas besoin de chanes. Du reste, on vous la souventes fois rpt o il y a de la chane, y a pas de plaisir!Les ceuss qui me voient dbouler se demandent si je suis un Martien en retard ou si on est mercredi! En pas une plombe, je dboule dans la banlieue de Chambry. Et cest l que la malchance continue de maccabler. Comme je dpasse le panneau mannon ant que je me trouve dans la capitale des anciens ducs of Savoie, il se produit un bruit idiot sous le capot de ma guinde et celle-ci se met battre la breloque. En jurant comme un congrs de charre tiers, je vais regarder. Pas dhistoire, mes lapins jai bel et bien coul une bielle! Me voil beau! Comme quoi, quand cest pas votre jour, vous ferie mieux daller au dodo non pas avec une soeur (vo la rateriez) mais avec un somnifre.Comme il y a un garage vingt-cinq centimtresi de l, jy laisse ma brouette en recommandant au~ tlier de faire le ncessaire. Puis je moffre un tax~ auto qui pousse lamabilit jusqu me conduire gare. Un employ mannonce que le train for P va entrer en gare dans douze secondes. Cest petite consolation.Effectivement, le teut-teuf sannonce en ferrail~ lant. Je me vote un compartiment de first classe av une vue sur la mer et je mabats sur une banque moelleuse, bris par cette fatigue particulire qu provoquent les fortes motions.Nous ne sommes que deux dans mon comp ment : un vieux cur habill en ecclsiastique et miSAN ANTONJO POLKA51fringu en skieur! Mest avis que je vais avoir bonne mine en dhotant Pantruche. Tant que je me cantonnerai aux abords de la gare de Lyon, a ira encore, mais cest after! Avec mes bottes et mon anorak, je vais solliciter lattention des passants.

Le train dmarre. Le cur ligote son brviaire et je me mets roupiller, ce qui est un passe-temps valable en loccurrence. Je rve illico que je suis sur mes skis. Je dvale toute pompe une cte raide comme la paroi dune pissotire et je vais franchir une voie ferre linstant prcis o un train radine. Pas moyen dviter a. Je tente dsesprment de marrter, mais la suite de je ne sais quel sortilge, je ne sais plus le faire. Je pousse un cri.-Amen! fait le cur en refermant son livre.Je le regarde, effar. A ce moment-l, un loufiat de chez Cook arpente le couloir en agitant sa sonnette. Le cur se signe distraitement. Cest un rflexe conditionn : il sest cru la messe au moment de llvation. Votre gars San-A. pense que lhomme daujourdhui doit, pour tre en mesure daffronter la vie tumultueuse, se sustenter un choua et il se lve pour gagner le wagon-restau. Me voil qui remonte le couloir en brimbalant. Je suis meurtri au plus profond de mon tre, pas par les coups de hanche que je donne aux parois du train, mais par la mort de ce pauvre Laurent! Il tait bath, mon plan daction! A cause de moi, un jeune gars plein de vie et davenir est maintenant allong, tout raide sur une civire. Jen chialerais...Je continue de remonter le train de mon allure de somnambule lorsquen passant devant un compartiment, jai le fouinoussard breloques virulentes courbes qui saute dans mon prouvette perfide, mes amis. Figurez-vous, ou ne vous figurez pas, jen ai rigoureusement rien branler, que, toute seulabre dans son compartiment, il y a la mme Lydia soi-

52SAN ANTONIO POLKASAN ANTONJO POLKA53mme. Elle a pos ses souliers et allong ses jambes Je ne la laisse pas se pavaner. Cest plus fort quesur la banquette den face. Elle lit Elle. Je nen croismoi. Elle cope dune mandale qui ferait ternuerpas ma rtine,ses dfenses un lphant. Des larmes brouillent sa Je tire la porte glissire et jentre. Elle lve unvue.oeil distrait, qui se ddistrait en un instant, - Espce de saligaud de flic! gronde-t-elle en se-Je ne vous drange pas? susurr-je de ma voix levant.de velours cauteleuse dont il me reste encore un Une seconde mornifle plus impressionnante que lacoupon.premire se pose sur son frais minois, avec le trainElle referme son journal et le dpose ses cts I datterrissage rentr.sur la banquette. San-Antonio, lui, procde alors ~ - Qui vous a permis? bredouille Lydia. une petite opration dlicate il abaisse les rideaux - Quelquun de bien moi! Jaime autant te masquant les trois vitres donnant sur le couloir, prvenir loyalement, ma gosse, que je suis dcid Nous voici en petit comit, elle, moi et Elle, tadministrer dautres beignes pour me faire la main,-Alors, ma choute, je dis en masseyant en face et mme te flanquer une fesse pour me faire la delle, on en a eu marre de Courchevel tout coup? ~ rtine. Elle hausse les paules. Miss Barrons-nous a dj~- Sale brute!rcupr.Elle tend le bras et dcroche lun des stores. Le-a nest pas de Courchevel que jai eu marre,1 panneau de toile senroule dune seule dtente. Je mais de Riri Belloise, me dclare-t-elle. Les brutes labaisse de nouveau et dune troisime morniflette cest gentil un moment, mais on sen lasse vite! je couche ma mme sur la banquette.-Daccord, mais a nest pas gentil de larguerL Elle se met hurler pleine voix. Je lui fourre son homme au moment prcis o il a des ennuis gros~ dun geste prompt mon mouchoir dans le bec. comme le mont Blanc.-Tu me le rendras quand tu seras calme, lui- Des ennuis, fait-elle, quels ennuis?dis-je, car il est brod mes initiales!Ce talent de comdienne, ma douleur! Je ne~ Elle touffe et refoule le mouchoir.saurais pas quelle sait, je croirais quelle ne sait pas - Vous tes..., vous tes..., Commence la douce-Il a brl un feu rouge avec une lampe f enfant.souder!Je sais, coup-je, ne cherche pas dresser la - Parlez clairement, je vous prie!liste de ce que je suis, tu en oublierais. Belloise maMa parole, si je la laisse gambader, dans trente~ dit que tu tais au courant de tout, pas la peine de secondes elle va me faire le pied de nez!me berlurer! Telle que te voil dmarre, Lydia, tu-Ignoriez-vous la raison de son sjour Cour 4 risques de finir ta belle jeunesse en taule, ma chrie!chevel, ma belle enfant?Tu tes rendue coupable de meurtre avec prmdita- Elle ne sourcille pas, la petite peste.tion en remplaant les balles blanc par de vraies - Nous sommes venus faire du ski.balles. Le fait que tu naies pas appuy sur la dtente - Cest tout?nest pas une circonstance attnuante. Je te vois trs-a me parait tre une raison suffisante, non ~ bien copant de quinze ou vingt piges! Quinze ans

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sans massage, sans bronzage, sans salons de coiffure mavais tap dans loeil que tout cela est arriv. Vrai sans instituts de beaut, sans gymnastique. Quinze ou faux, adorable voyageuse?ans sans amour, Lydia, rflchis un tantinet. Lors-1 Elle acquiesce, mollement. Je me dis que cest le que tu ressortiras du trou, mme avec une remise de! moment de lui dballer mon savoir et je lembrasse peine pour bonne conduite, tu ressembleras eni fougueusement. Pour quil ny ait pas dquivoque moins bien la fe Carabosse! Or ces annes de~ entre nous, je lui octroie au prix cotant ma galoche taule me paraissent invitables. Je tarrte, tu piges?~ romaine faon Nron. La porte de notre compartiMon petit discours bout portant porte. Elle est1 ment souvre et lemploy du wagon-restrau nousmate dun oeil salingue.plichonne tout coup, malgr les beignes que je luit - Mande pardon, fait-il, voulez-vous des tickets

Psychologue, hein, le San-A.? Il connait lesfemmes et leurs soucis! Je laurais menace de mort, - Non, merci, le congdi-je.ai administres.pour le second service? - Monsieur a tort, rigole le zig, il y a justementa ne laurait peut-tre pas commotionne, mais lui de la langue persille au menu.parler de sa beaut fltrie, cest une autrepaire de ii se taille sur cette boutade de Dijon (il estchoses.bourguignon et roule les r ). Maintenant, il faut brosser un second voletpou Je reprends mes prouesses amygdaliennes l o jegagner la partie.bleles ai laisses. Elles ne semblent pas dplaire la - Supposons que tu deviennes raisonnamme Lydia, bien au contraire. La voil qui semignonne, et que tu te confies ton San-Antoni~ plaque contre moi, qui mtreint, qui me chevauche, ador, hmm? Tu sais ce quil fait, le San-Anton4qui me comprime, qui sexprime, qui sincruste, quivnr? Il oublie que tu as jou un trs vilain rli Sinsinue, qui sempare, qui me dsempare pas, qui dans cette affaire. Il oublie que tu as tu mon petiy promet, qui tient, qui tient bien, qui ny tient plus, camarade par personne interpose. Oui, il sait a~ qui se dit que deux tu les as vaut mieux quun tien tu Daccuse, tu deviens simple tmoin. Pour linstant,L lauras...je suis lintersection de ton destin, penses-y. Mail Vous parlez dun interrogatoire, mes petites situ tobstines, je te fais emballer la prochaine gare poules! Prenez votre tour, y en aura pour tout le et tu es plus marron que deux kilos de chtaign~ monde! Cest la fiesta hroque, la chevauche dans de la crme au chocolat parce qualors il ser4 infernale, le rodo des grands jours.trop tard. A dada! Les vins du Postillon, moi! Vive la - Oh! vos promesses de flic! ronchonne la beliS.N.C.F. une et indivisible! Le mouvement berceurgosse.de la voie ferre, cest lopium du peuple, mes fils! - Les flics ont leurs faiblesses.Hommage au gnie franais qui a tout prvu: lesJe change de banquette et je me place ses cts1 accoudoirs et les repose-nuque. San-Antonjo est en Jentoure son paule de mon bras athltique. train de gagner la bataille du rail! Il va dcrocher le- Tu as sans doute dj remarqu que tu t1 ruban bleu! Il est dans les temps du record du mon genre, non? Car en somme, cest parce que monde! Il senvole vers larrive sous les ovations de

56SAN ANTONJO POLKASAN ANTONJO POLKA57sa partenaire en dlire qui lencourage frnti - Non. Je nai pas faim. Je voudrais savoir siment!quelquun vient dentrer dans ce wagon. Il va gagner le canard! Et puis soudain, il se Il ouvre des billes de loto grand format.quelque chose : le bruit du train devient plus pr - Comment a, monsieur?sent. Je ralise quon vient douvrir la portire d - Le service est commenc depuis un boncouloir. Jentends une espce de crpitement.moment, nest-ce pas? Je vous demande sil y a eumme Lydia cesse de se trmousser. Elle est eftodes retardataires!dre contre moi. Je la dpose sur la banquette et - Pas ma connaissance! Non, tout le monde estmaperois quelle a le dossard farci de petits trous. ici depuis le dbut. Un monsieur peu galant lui a vid un chargeur dan~ - Merci.les reins pendant quelle senvoyait en lair. Elle s4 !as de bol, mes frres! Il semble que le tueur du trouvait dj sur la rampe de lancement pour 14 train se soit volatilis. Et pourtant il est bel et bien septime ciel. Maintenant elle na qu poursuivre s4 dans lun de ces wagons fonant cent lheure dansroute : cest tout droit!la campagne franouaise! Je me tape la totalit duElle a perdu connaissance, son souffle est bref convoi en matant chaque voyageur sous le naze, saccad. Le sang ruisselle de son beau corps ardent mais je ne drouille pas. Une fouille de chaqueJe me palpe, ahuri de navoir pas morfl d personne serait ngative car il est fort probable que bastos. Mais non: except deux prunes qui se son le meurtrier sest dbarrass de son perforateur loges ct de ma tte dans le drap rouge de 1 ~injection directe!banquette, cest Lydia qui a tout intercept.Je me dcide affranchir le contrleur et nous Je bondis dans le couloir. Celui-ci est vide. Je n Organisons un petit programme maison pour gardersais quelle direction choisir. Je me dis quil y 1 assassinat secret.intrt foncer vers le wagon-restaurant. Au pas Jai provoqu pas mal de casse jusqu prsent, et sage, je jette un coup doeil dans tous les compart je ne tiens pas me faire une publicit dmesure. ments et partout je naperois que de paisib1e~ Maintenant il va falloir affronter le Vioque pour voyageurs. Jouvre les portes des toilettes: chos4 lui faire part de mon tableau de chasse, et jai dans curieuse, toutes sont vides. Enfin jarrive au wagon~ lide quil va y avoir des pleurs et des grincementsrestaurant.~ dentier!Peu de trpe. Ce train ne comblera pas le dficij des Chemins de fer de lEtat. En cette priode dt sports dhiver, il faut dire que le trafic sop4 surtout dans le sens contraire. Il va Paris cherche les futures fractures.Le prpos en veste blanche qui mavait vant hlangue persille maccueille avec un petit souriaimable.-Deux couverts, monsieur?

CHAPITRE VI

Le Vioque, je lai vu avec bien des vlsi diffrents, depuis que je marne pour sa pomme lai connu radieux, courrouc, acerbe, hautain, f lier, bon enfant, taciturne... Mais je ne lui ai jam vu cette bouille-l. Il est prostr et je ne sais quoi douloureux assombrit son front-qui-nen-finit-pas- Je rsume, murmure-t-il : vous avez remis truand un revolver avec lequel il a trucid vo collgue. Pendant ce temps on a kidnapp Fran Lormont dans votre propre chambre et, un peu pli tard, la matresse du tueur a t abattue dans le t alors quelle se trouvait en votre compagnie. bien cela, nest-ce pas?Je dois tre un peu plot, les gars! Jai la moe pinire qui se transforme en crme fouette,- Cest cela mme, monsieur le directeurLe Tondu masse sa drage dlicatement co:sil craignait de se fler la coquille.- San-Antonio, dit-il dune voix si sourde qu a envie de lui acheter un sonotone, San-Antonio vous ne retrouvez pas Lormont bref dlai, saute!Un frisson glac me parcourt de haut en bas, gauche droite et en diagonale.Jamais le boss na fait allusion sa destitution. lui est arriv denvisager la mienne, mais pasSAN ANTONJO POLKA59

sienne. a me chanstique le bergougnouf fromental lipothymie variable.Jimagine czigue avec une canne pche dans ses belles paluches manucures, attendant la bonne volont dun goujon pour prouver dornavant des sensations rares.-Tout de mme, monsieur le directeur!-Lormont est le beau-frre du ministre des Fonds Perdus!-Je comprends. Est-ce que ma dmission arrangerait votre cas?Ilsempourpre comme un vque qui vient dtre promu cardinal de premire classe.Je me fous de votre dmission, San-Antonio! Cest la premire fois que jentends le preLadorure lcher un gros mot.-Ce que je veux, poursuit-il, cest un rsultat immdiat : vous retrouvez Lormont vivant ainsi que ses ravisseurs!Ilme dsigne la lourde. Moi, si je mcoutais, je lui ferais bouffer son encrier de marbre, mais je me fais la sourde oreille fort heureusement et je mvacue vers des rgions plus accueillantes : savoir le troquet du coin.Bru discourt au milieu dun cercle dadmirateurs. On dit toujours San-Antonio! tonitrue lEnriure Eh bien moi,je vous rponds simplement ceci: San-Antonio mon cul! Si je serais pas l dans quatre-vingts pour cent des cas, le commissaire se prendrait un bide!Pour en avoir un comme le tien, il faudrait se le bourre de son, h, poubelle ambulante! Siouplat! gronde le Gros qui na pas dtect)n noble organe.Ilse dtourne, mavise et sa trogne violace devient dun trs joli bleu turquoise.Ptais l, San-A.! ructe Bru.quil

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-Oui, mon gros beignet froid. Jtais l! Alo voici dans le cirage. Je me dis que jaurais d rester comme a, cest toi le Sheriock Holmes attitr ~ Courchevel et chercher sur place... Franchement, Cest sur ta bedaine avarie que jai construit ma Gros, jai un coup vide!carrire?Il me dpche une bourrade affectueuse qui meLe Mahousse rejette son bitos avachi derrire son fait descendre du trottoir.crne galement avachi.- Tes toujours commak au dbut dune affaire-Si on peut plus plaisanter, je prfre menga~ complique, et puis aprs a se met carburer, tu leger dans les C et Ress!sais bien! - Tu es dj dans les C, Bru. Dans les peti Son oeil globuleux est suintant dune tendressehumide.

La vaillante assemble clate de rire et Laremarquer.arbore une bouille piteuse! c , a nest pas si mal.gonfl1- Tas quand mme un pion de rse~e, me fait-il - Paie ta tourne et amne-toi, lui enjoins-je - Qui? Il obit sans rechigner. Lorsque nous sommes su - Riri Belloise, pardine! Cest le lien qui tele trottoir, Sa Majest essaie de plaider non courattache la mystrieuse bande, San-A., oublie-lepas!pable. - Veux-zen-moi pas, San-A. Tu sais ce qu - Mais je te rpte quil ignore tout de ces gens! - a reste prouver! Et puis en admettant quilcest? On cause, on cause...-Et on cause prjudice lhomme qui vous ~ les connaisse pas, eux le connaissent. Le lien que je fait nommer inspecteur principal. Apprendre ~q te cause est peut-tre sens unique, daccord, mais il lorsquon est au bord de la destitution, cest dur! L existe!La bonne pomme se fout chialer et renifler! Je file un regard perdu mon pote. Dun seul-Fends-moi pas le coeur, San-A. Tu sais b1eI~ rtablissement il vient de reprendre sa place dans mon estime. Riri Belloise! Mais oui, of course!que je me jetterais au feu pour toi!Puis, ralisant mes paroles: Je fonce au burlingue et je rclame le Sapin Bleu -Comment a, au bord de la destruction( cor et cric, et en priorit. Cent deux secondes plus Quest-ce quy se passe? Et puis dabord commena se fait que tu nes plus zen vacances?tard, jai Riri lappareil. - Ici San-Antonio. Il faut que tu rentres Pantruche dare-dare, bonhomme. Je donne des-Ouvre un peu tes tagres mgots, bo4 instructions pour quune chignole te conduise homme!Je le mets au parfum de ce qui se passe. L~ Genve o tu prendras un zinc pour Orly. O.K.? - Comme vous voudrez, msieur le commissaire.Gravos, cest pas Einstein, mais en matire denjPuis, timidement:qute, il a de la jugeote.Il mcoute attentivement, poussant parfois d~ - Vous avez des nouvelles de Lydia? Gnouff, gnouff de goret devant son auge pouj- Yes, baby. Amne-toi, on en causera!marquer son intrt. Je raccroche. - Tu vois, conclus-je. Cest la grosse faillite, m~ - Et maintenant, fais-je Bni : au Figaro!

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-Tu veux te faire raser? demande cet tour-Non, je veux publier une annonce!-Tu veux vendre ta Jaguar?-Non plus. Cest la peau de Belloise que brade!

***

Au dbut de laprs-midi de cette sombre joum Belloise fait une arrive discrte Orly. Je le piqu la sortie de la douane. Il me virgule un sou apptissant.-Tiens, cest gentil dtre venu mattendre.Mais ma mine sinistre le fait tiquer.-H, dites donc, msieur le commissaire, c pas pour membastiller au moins?-Non, Riri, cest pour tapprendre une n vaise nouvelle! Tu es veuf!De saisissement, il laisse tomber son treint~ ville sur lasphalte du parking.-Vous dites?-Que ta mme Lydia a trpass, fils. Aie un de courage.Ila les ratiches qui applaudissent. Des cernes soulignent son regard.-Morte!-A ne plus en pouvoir. Tu pourras lui achi des chrysanthmes. Console-toi en pensant qu tavait vraiment jou un mauvais tour. Car cest qui avait chang les balles dans le Beretta.-Quest-ce qui lui est arriv?-Un chargeur de neuf millimtres dans le-Quel est lenfant de salaud qui a fait a?-Point dinterrogation la ligne! Mais fais confiance, nous le saurons bientt!-Puter une fille comme elle, faut tre saul ou quelque chose de ce genre, non?SAN ANTONJO POLKA63

-Ecoute, Riri, ta bergre tait mouille jusqu la moelle dans cette affaire. Il y a longtemps que tu tais avec elle?Non, quinze jours!Alors, cest la bande qui lavait colle sur ta te.Pourquoi quils lont efface, alors, si elle taisait partie de leur quipe?Tout en devisant, nous avons ralli ma chignole. Nous prenons place et je roule mollo jusqu la sortie du parking o le prpos boucl dans sa gurite de verre ramasse mon ticket.Hein, msieur le commissaire, insiste Belloise, Llrquoi?-Parce quelle tait en conversation avec moi et quelle commenait saffaler.Ilrugit.-Dites donc, ce serait pas vous qui...?Dun coup de coude dans le baquet, je le fais taire, is lcher mon volant.Traite-moi dassassin, pendant que tu y es! Ta lilanche-Neige te pigeonnait comme un pauvre lavedu que tu es, et tu es prt risquer le gnouf pour dfendre sa mmoire! Tu me fais marrer, h, Bayard!Nous nous dgageons et je plonge sous le tunnel. Si je suis venu te chercher, a nest pas pour tepresenter mes condolances, mais pour te demander ton concours en vue de la kermesse que jorganise la paroisse Royco!11 hoche la tte.Quest-ce que cest encore? Un nouveau9

La ferme, et garde tes fines astuces pour le procnain banquet des malfrats que tu dois srement sider. Voil le topo: les gars de la bande imaginent tavoir enviand de premire. Le petit

64SAN ANTONJO POLKASAN ANTONJO POLKAdules Beioise ses clients de Courchevel. Prire aa ser urgence somme convenue. Sans rponse 24 heures, traiterai avec qui vous pensez. Mais...

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mot ironique quils tont laiss le prouve. Ce quil Sapin Bleu, cest pas pour a quon na pas enlev faut, cest leur faire croire que tu es moins patate iormont!quils ne limaginent. Je sais bien quil a raison de parler ainsi. Mais- Mais comment?dans ces cas-l, si lon veut sauvegarder la face il faut-En leur laissant entendre que tu sais des choses~ crier plus fort que lintress.Je te dis que notre dispositif sera sans bavures,sur leur compte.-Mais je sais rien de rien! tonne Riri.-Quest-ce que a fout du moment que prtends le contraire!Je biche in my pocket la page dannonces Figaro. Quelques lignes sont cernes de rouge, je lui dsigne et il lit laborieusement, comme un m qui vient tout juste de se farcir lalphabet:-Quest-ce cest que cette annonce! sinsurge chounneur.-Ouvre bien tes entonnoirs ondes court baby. Lorsque nos mystrieux foies-blancs lir cette prose, ils se diront que la mme Lydia ta pe tre fait des confidences sur loreiller. Comme est canne, elle ne pourra pas les rassurer sui point; alors, par mesure de prcaution, ils voud te neutraliser!Ilnen mne pas plus large quun filet de sole un sous-main. Du coup il oublie son veuvage, Sa petite sant vient de passer lordre du jour, et bredouille-Dites, mais je vais avoir droit une infusion parabellum, moi aussi!-Nous serons l, Riri!Ilsemporte:-Dites, sur la Loze aussi vous y tiez! a n~ pas sauv la vie votre copain! Et vous tiezDieu!Sil lest pas, vous menverrez des fleurs!A condition quon puisse les porter sur notre note de frais! Tu vas rentrer chez toi, ty planquer et attendre que les autres se manifestent. Nouvre personne dautre qu moi, vu?Dac.Sils te contactent par bigophone, fais semblant de marcher dans leurs vannes et accepte unlez-vous.

Avant de sortir de chez toi tu fermeras les volets. Nous serons dans les parages et nous comprendrons. Tinquite pas, mon loup, on va veiller sur toi comme situ tais la reine dAngleterre en balade Pigalle.Vous finirez par avoir mes os, prophtise ement Riri.Ce serait pas un cadeau, va!Je le largue au coin de sa rue. Et je le suis des yeuxu ce quil soit entr dans son immeuble.tenant le dispositif est en place, il ne reste plusa attendre. a ressemble la pche au vif. Si let a un peu dapptit, a risque de rigoler.Jefais le tour du pt de houses et je largue ma tte pour grimper dans la camionnette de blanur lintrieur de laquelle le Plantureux est en de saucissonner, un kil de rouge entre les

CHAPITRE VII

Une petite pluie gluante dgouline sur le parel ~ brise de la camionnette. Il fait froid. Engoncs nos lardeuss, nous avons la sensation dprimante, Gros et moi, dtre transforms en statues marbre.Sa Majest renifle puissamment et murmure-Jen ai plein les galoches de cette planq Voil plus de six heures quon se gle les breloqu dans cette saloperie de voiture. En plus de a, j contact le torticolis force de bigler les fentres ton gars.-Tu naurais pas fait un bon astronome, Si tu prends le tournis en regardant une croi quest-ce que a serait si tu visionnais la plan Mars!-Acr!Ilme dsigne le troisime tage de limmei modeste o demeure Belloise. Ce dernier est train de fermer ses volets. Je branche le contaci mon poste radio et jappelle les zigs du se dcoute!-Du nouveau! monsieur le commissaire vient de tlphoner Belloise. Une voix de fe On lui a fix rendez-vous porte de Saint-Cloud rond-point de la Reine. On lui a dit de seSAN ANTONJO POLKA67devant le marchand de journaux dans vingt minutes dattendre.-Envoyez deux inspecteurs sur les lieux.-Bien, monsieur le commissaire!-Plus une voiture-pige munie de lquipement cinmatographique. Je veux un film complet de larrive de Belloise et ses ventuelles conversations.Entendu.e coupe le jus au moment o Riri dbouche de~ lui. Il se met en marche dans la rue. Puis avisanttaxi qui survient, il lui fait signe. Le bahut stoppesa hauteur. Riri prend place dans le vhicule et ette cocher!Je dcarre mon tour. Jespre que cest pas ngio qui pilote ce trteau, car avec ma camion-e je ne suis pas quip pour faire du slalom dans riot de la circulation.Nous roulons un bout de temps, peinards. Je me que tout est en ordre. Au cas o je perdrais le ruact, je sais o va Riri, et puis mes hommes ont en place, prts intervenirDis donc, murmure Bni tout coup, cest pas ia, la porte de Saint-Cloud. Mest avis quil va tt du ct de Denfert-Rochereau!.e Mastar a raison. Au dbut, jai cru que le uffeur du bahut voulait viter des sens uniques~mmaverdavants, mais cette fois, y a pas erreur: il va carrment au sud au lieu de foncer )IIPt.

Quest-ce que a signifie? murmur-je. Nos dcoute ne se seraient pas gours, par

remets le contact.Ici San-Antonio, voiture 24. Dites, les enfants, tes certains que le rendez-vous a t fix au point de la Reine?

68SAN ANTONJO POLKASAN ANTONJO POLKA69 - Absolument certains, monsieur leJe lance dans le micro:saire.- Nous piquons sur lavenue de Choisy! - Il ny a pas eu dastuces?Jattends un instant et ajoute: - Non. La fille a t extrmement brve- Maintenant rue de Tolbiac, en direction de laprcise.~ine! - Dites une bagnole quipe de se mettreLe taxi nous est masqu par une grosse voiture deliaison avec nous et dessayer de nous joindre, nouf dmnagement, jaune cocu. Lorsque nous doublons filons sur Denfert-Rochereau! Termin! le lourd vhicule, nous poussons un cri de dses-Appuie un peu, San-A., recommande Sa Se poir: le bahut a disparu.gneune, le taxi a chang de dveloppement! ~ Je roule comme un perdu jusquau quai de laLe Gros pousse un cri.Gare: rien! Pas plus de taxi en vue que de beurre- Vise un peu!dans un restaurant espagnol.- Quoi? - Et maintenant? demande notre bagnole sui- Le taxi! Maintenant ils sont trois dedans! Epourtant personne est mont en route!g yeuse.-Pig, Gros. Cest un taxi pig! ii y avait ~ Maintenant ils peuvent aller faire une belote. deuxime type cach prs du chauffeur. n ti~ - Le taxi a disparu, dis-je. srement Riri sous la menace de sa seringue. Et je coupe le contact.gens de la bande se sont mfis. Ils ont donn ti~ - Tu sais ce que je pense? murmure le Gros. rendez-vous bidon par tlphone en prvision d Non.table dcoute ventuelle. Ce sont des malins! - Le taxi na pas eu le temps de parcourir toute Le taxi nous sme du poivre et je naime pas 4la rue jusquau quai. Ce putain de camion nous la A ce moment le grsillement de la radio retentit ~cach quelques secondes seulement. Ctait pasla voiture 2 entre en liaison avec nous.suffisant pour quils arrivent au quai; on les aurait vus.-Nous remontons le boulevard Raspaili - Alors quoi? annonce lintress.-Alors ils se sont arrts en route!-Alors foncez jusqu la place dItalie, flOl - Mais on na vu aucun taxi en stationnement! allons y arriver... Jappuie, la rage au coeur. Il ne manquerait pisuppose que... - Appuie! hurle Bni. Ils nous moulent! - Tas pas remarqu? Il y avait un garage;que Belloise se fasse mettre en lair! Cest pour Je ne lui laisse pas le temps dachever. En moinscoup que je noserais plus reparatre devantde temps quil nen faut un lapin pour perptuerVioque.son espce, je vire sur les chapeaux de roues, je La poursuite continue,contourne le paquet de maisons, comme dit le Bni,-Tu crois quils nous ont reprs? demande i~ et je me retrouve dans Tolbiac Street. Le garage estGravos. l, cent mtres sur la droite. Cest un tablissement - Je lignore.~inodeste, dlabr. Un atelier de rparations plus

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quun garage. Une vieille pompe essence macult dhuile et crpie de poussire se trouve lintrieur-Je te parie un sandwich rillettes que cest ici quil est entr, massure le Gravos.Je fais un mignon virage et je me prsente dans le garage. Je stoppe prs de la pompe. On ne voit rien de suspect : pas de taxi.Un type en combinaison bleue, brun et pas sympa savance.-Quest-ce que vous dsirez?De la tisane, fais-je.-Ici y a pas de super!Je lui dsigne ma fourgonnette.-Vous savez, je la nourris pas lther! Je ne suis pas aussi volatile!Il a un sourire aussi torve que le pied dun fauteuil Louis XIII et opine. Je fais signe Bni dexplorer les zabords, tandis que le mcano dcroche le tuyau of the pompe.-Mande pardon, fait lenflure Brurienne, ou c qu sont les lavoires taris, siouplait? demande-t-il au garagiste.-Les quoi? strangle lhomme la salopette salope.-Les gogues, rectifie le Gravos. Et dajouter aimablement:-Langlais, cest comme le cassoulet toulousain : a vous chappe!-Y a pas de toilettes ici! rtorque le pompiste. A ce moment-l, il jure comme un perdu. II a une vieille pompe main, dun modle trs vtuste. Elle ne dbite le sirop que par tranche de cinq litres. Or, lessence coule de mon rservoir que cen est une maldiction!-Mais il est plein, votre rservoir! grogne le garagiste.-Tu vois que a venait pas de lessence! dcrte

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le Mahousse avec une prsence desprit dont il convient de le fliciter chaudement.- Cest lallumage, dis-je. Vous pouvez regarder mon delco, patron?Sans mot dire, mon zbre va soulever le capot. Bru en profite pour gagner les profondeurs du garage. Il revient illico, surexcit comme trois chatons sur une plaque chauffante.- Le bahut est ici, me souffle-t-il, derrire la grosse dpanneuse que taperois!Bravo Bru! Je lui roulerais une galoche, pour peu que la fe Marjolaine veuille bien le transformer en une ravissante pucelle de dix-huit ans (blonde de prfrence).- O.K., lui dis-je, alors on va donner lassaut, bonhomme. Primo, le garagiste. Je vais lui faire dguster une infusion de capot.- Mettez voir le contact! brame lintress. Je mets le contact, et il emballe le moteur.- Mais il na rien, votre delco. a tourne rond! clame-t-il.Pour toute rponse, je pousse le capot relev. Il le morfle en pleine nuque et pousse un cri. Mais il a une tirelire en fonte, le chri! Le voil qui fait un patacaisse de tous les tonnerres, battant lair de ses bras.Je relve le capot!-Jai vu trente-six chandelles! dit-il.-Ctait beau? rigole Bru.-Non, mais dites donc!Le Gros rejette son bitos en arrire, ce qui, chez lui, a toujours t le signe dune dtermination profonde.- Tu permets que joffre mssieur lclairage au nant?Et sans attendre mon approbation, voil Sa Majest qui place un crochet lestom du pompiste.

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Cest pas le modle jeune fille, et dailleurs il ne figure sur aucun catalogue. Le style locomotive