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MASCULIN / FEMININ : « On ne nait pas femme, on le devient » La construction sociale des genres et ses effets Séance 1 : Les stéréotypes de genre Document 1 : Stéréotypes et publicités 1) Que révèle cette publicité sur les stéréotypes associés aux femmes et aux hommes ? 2) Les personnages de ces publicités sont-ils interchangeables ? Pour quelles raisons ? Document 2 : Le cerveau a-t-il un sexe ? QUESTIONS : 1) Que véhicule l’idée selon laquelle il y aurait un cerveau féminin et un cerveau masculin?

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MASCULIN / FEMININ : « On ne nait pas femme, on le devient »

La construction sociale des genres et ses effets

Séance 1 : Les stéréotypes de genre Document 1 : Stéréotypes et publicités

1) Que révèle cette publicité sur les stéréotypes associés aux femmes et aux hommes ? 2) Les personnages de ces publicités sont-ils interchangeables ? Pour quelles raisons ?

Document 2 : Le cerveau a-t-il un sexe ? QUESTIONS : 1) Que véhicule l’idée selon laquelle il y aurait un cerveau féminin et un cerveau masculin?

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2) Quelles sont les raisons scientifiques permettant d’affirmer que l’essentiel de nos comportements ne sont pas innés mais résultent d’un apprentissage ?

Une femme travaillant dans les chantiers Un homme puériculteur

Document 4 : Taux de féminisation dans quelques professions (moyenne annuelle 2007-2009), en %

QUESTIONS :

1) Faites deux phrases utilisant les données entourées et qui permettent d’en comprendre le sens. 2) Quels sont les points communs des métiers très féminisés ? Qu’est-ce qui les distinguent des métiers les moins féminisés ?

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Document 5 : Quel métier pour quel sexe ?

QUESTIONS : 1) Comment réagissez-vous aux propos tenus par le personnage du dessin? 2) Qu’attend-on traditionnellement des femmes dans notre société ? 3) D’après le texte, pourquoi les filles continuent-elles à faire majoritairement des choix stéréotypés en matière de profession ? 4) Quelles sont les valeurs qui confinent les femmes dans leur rôle de mère et de femme au foyer ? Quelles sont les valeurs qui peuvent les en libérer ?

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Document 6 : Les principaux stéréotypes féminins et masculins

QUESTIONS : 1) Qu’est-ce qu’un stéréotype ? 2) Donnez des exemples de stéréotypes appliqués à différents domaines. 3) A quoi les stéréotypes servent-ils ?

Page suivante : quand les stéréotypes féminins ont la vie dure …

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publicité de la chaîne de distribution Casa

pour les ustensiles ménagers

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Document 7 :

QUESTION : 1) Que pensez-vous de ces affiches ? 2) Effectuez une recherche sur l’entreprise ADIA : quelle est la particularité de cette entreprise ? 3) Trouvez un titre à ce document. Document 8 : D’innocents jouets pour divertir ?

Dessin de Plantu

Doc. 9 : ‘’L’idéal’’ masculin : Deux universitaires américains se sont rendus célèbres en énonçant les quatre impératifs de la masculinité sous forme de slogans populaires. En tout premier lieu : no Sissy stuff (rien d’efféminé). Bien que l’on sache maintenant que les hommes ont les mêmes besoins affectifs que les femmes, le rôle stéréotypé masculin leur impose des sacrifices et la mutilation d’une partie de leur humanité. Puisqu’un homme, un vrai, est celui qui est pur de toute féminité, c’est toute une partie de lui qu’on lui demande d’abandonner. Ensuite, le vrai mâle est the big wheel (une huile, une personne importante). C’est l’exigence de la supériorité par rapport aux autres. La masculinité est mesurée à l’aune du succès, du pouvoir et de l’admiration que l’on vous porte.

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Troisième impératif : The sturdy oak (un chêne solide) met en lumière la nécessité d’être indépendant et de ne compter que sur soi-même. Il a été superbement illustré par If, le célèbre poème de Kipling qui fait l’éloge de l’impassibilité masculine : ne jamais manifester émotion ou attachement, signes de faiblesse féminine. Dernier impératif: Give’em Hell ! (allez tous au diable !) insiste sur l’obligation d’être plus fort que les autres, même par la violence si nécessaire. L’homme doit exhiber une apparence d’audace, voire d’agressivité; montrer qu’il est prêt courir toits les risques, y compris quand la raison et la peur suggèrent le contraire. L’homme qui se soumet à ces quatre impératifs est le supermâle qui a longtemps fait rêver les foules. Il est illustré à merveille par l’homme des cigarettes Marlboro (The Marlboro man) dont l’affiche a sillonné le monde. L’homme dur, solitaire parce qu’il n’a besoin de personne, impassible, viril à souhait. […] La plupart des cultures ont adhéré à cet idéal et créé leurs propres modèles. Mais c’est l’Amérique, sans rivale culturelle, qui a imposé à l‘univers ses images de la virilité : du cowboy à Terminator en passant par Rambo, incarnés par des acteurs cultes (John Wayne, Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger), ces héros du grand écran ont servi d’exutoires et font encore fantasmer des millions d’hommes.

É. Badinter, XY, De l’ identité masculine, Odile Jacob, 1992.

Document 10 : « Tu seras un homme, mon fils. »

Ne pleure pas. Tel est le premier commandement. Quand on est un garçon, on ne pleure pas, Qu'on ait les genoux écorchés ou un gros chagrin, on retient ses larmes. Le petit mâle apprend très vite qu'étant un garçon, il lui faut contrôler, refouler sa sensibilité, savoir garder la face et masquer ses sentiments. Le petit mâle apprend très vite aussi que, n'étant pas une fille, il ne saurait avoir le même caractère, les mêmes occupations, les mêmes jeux. Selon que l'on naît garçon ou fille, il y a deux voies et deux mesures ; le garçon comprend très tôt qu’il vaut mieux être un garçon, qu'il est vexant d'être traité de fille : « Quand on me traitait de fille, je ne comprenais pas, mais je me sentais vexé parce qu'on me disait ça de telle façon que je me sente vexé, quoi... Rien que par le ton, tout ça... Quand on me disait ça, c'était comme si je m'écartais d'une voie toute tracée, et puis qu'on me refoutait d'un coup de patte sur les rails... » (Christian). L'éducation de garçon est destinée à mettre le petit mâle sur la bonne voie, à lui faire acquérir ou à développer chez lui les qualités « masculines », la virilité, au détriment des qualités considérées comme « féminines », à le préparer au rôle de chef qu'il devra jouer dans la famille ou la société.

C. Fulconnet el S. Lefaucheur, La fabrication des mâles, Collection Points-Actuels, Éditions du Seuil, 1977. Document 10bis : Devenir homme

Pour parodier Simone de Beauvoir*, on pourrait dire que « l'on ne naît pas homme, on le devient ». L’injonction à la virilité est un code de conduite très puissant dans les représentations et les pratiques sociales des hommes (…). Dans les travaux que j'ai menés, lorsque l'on

demande aux hommes de raconter les événements marquants de leur biographie individuelle, ils parlent beaucoup d'une socialisation masculine qui se fait dans les cours d'école, les clubs de sports, la rue : tous ces lieux dont les garçons s'attribuent l'exclusivité d'usage […]. C'est dans le groupe des pairs que, dès le plus jeune âge, les garçons apprennent qu’ils doivent se différencier des femmes : ne pas se plaindre, apprendre à se battre, apprendre aussi à être les meilleurs... Tout ce qui n'est pas conforme à la conduite virile va être classé comme féminin. Le garçon qui n’y adhère pas va être la risée des petits camarades. De fait, les hommes vont être socialisés à la violence masculine des plus forts sur les plus faibles. C'est d’ailleurs cette même violence qu’ils vont reproduire par la suite dans le monde du travail, dans le couple... Les travaux du psychologue Christophe Dejours par exemple ont bien montré qu’un ouvrier du bâtiment ne peut pas dire qu'il a peur. Conjurer sa peur va consister à surenchérir sur la virilité, ne pas s'attacher à 15 mètres de hauteur par exemple.

D. Weizer-Lang, « La construction du masculin », in Sciences humaines n' 146, février 2004.

* Simone de Beauvoir (1908-1986) est un écrivain et philosophe féministe. Elle publie Le Deuxième Sexe en 1949, où figure cette phrase célèbre : « on ne naît pas femme, on le devient » QUESTION : A partir des documents 10 et 10bis, en quoi peut-on dire que les « pairs » participent à la socialisation sexuée ? Reprenez des passages du texte et utilisez le vocabulaire sociologique approprié : socialisation, normes, valeurs, stéréotypes, rôle, etc.

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Vouadelz ?

Document 11 : Le genre précède le sexe Le « genre social » est l'identité construite par l'environnement social des individus, c'est-à-dire la « masculinité » ou la «féminité », que l'on peut considérer non pas comme des données « naturelles », mais comme le résultat de mécanismes extrêmement forts de construction sociale, au travers de la socialisation. Elle a traits aux comportements, pratiques, rôles attribués aux personnes selon leur sexe, à une époque et dans une culture donnée. Le genre ne recoupe pas systématiquement le sexe : il est possible d'être de genre masculin tout en étant de sexe féminin et inversement. (…) La perception du monde contemporain est limitée par le prisme masculin/féminin, et ces catégories arbitrairement construites ne sont pas justifiées d'un point de vue biologique, dans la mesure où il n'y a pas de rupture mais un continuum qui part des hommes les plus physiologiquement masculins, jusqu'aux femmes les plus physiologiquement féminines, en passant par un entre-deux où la définition n'est pas si simple. Entre-deux qui prouve justement que les catégories homme/femme n'existent pas telles quelles dans la nature. (…) Cela ne revient pas à nier les différences physiologiques qui peuvent exister entre individu-es, mais simplement à considérer qu'une catégorisation binaire n'est ni évidente, ni indispensable, ni même justifiée par un quelconque recours à la biologie.

Pirouli « Du genre au sexe », forum social libertaire, 2003 QUESTION : Pourquoi est-il préférable de parler de différences de genre, plutôt que de différences de sexe ?

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Séance 2 : Filles et garçons : une socialisation différenciée

■ Les Jouets Document 1 : Le Père noël est-il sexiste ?

QUESTION : En quoi les jouets proposés contribuent-ils à renforcer les stéréotypes sexués ? Document 2 : Les catalogues de jouets, un catalogue de clichés ! Un florilège de clichés : Dans le catalogue des jouets de Noël d'Auchan, dont le slogan est "La vie, la vraie», la page "Fées du logis" présente trois petites filles qui, l'air triste et résigné, un foulard dans les cheveux, repassent, manient l'aspirateur et le chariot porteur du matériel pour laver les sols. "Dès 3 ans», précise la légende... Chez Carrefour, les petites filles poussent les landaus, auscultent les bébés, passent l'aspirateur, font la cuisine, se maquillent, quand les garçons jouent au garage, au circuit de voitures, à la moto électrique, au punching-ball et au baby-foot. Dans le catalogue de la Foirfouille, une petite fille et un petit garçon sont installés devant une cheminée, comme un petit couple. Il lit un livre, sourcils froncés ; elle tient son bébé dans les bras, l'air absent. Seul Leclerc innove, avec un petit garçon dans la page des cuisines miniatures.

Article paru dans Le Monde du 16/12/2001

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Document 3 : Les jouets ne sont pas neutres

QUESTIONS : 1) A partir des documents 1 à 3, reproduisez et complétez le tableau ci-dessous. 2) A quoi le choix par les adultes de jouets différenciés selon le sexe renvoie-t-il ? 3) Montrez que les jeux et jouets ne sont pas neutres et qu’ils contribuent à modeler des comportements stéréotypés. Garçons Filles Exemple de jouets reçus

Qualités et attitudes requises

Plutôt utiles, plutôt ludiques

Plus nombreux, moins nombreux

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■ Les contes de fée

Document 4 : Images féminines et masculines dans les contes de fées

Si l’on compare les images féminines de la littérature enfantine contemporaine avec celles des légendes traditionnelles, on s’aperçoit que bien peu de choses ont changé. Les vieilles légendes nous offrent des femmes douces, passives, muettes, seulement préoccupées par leur beauté, vraiment incapables et bonnes à rien. En revanche, les figures masculines sont actives, fortes, courageuses, loyales, intelligentes. (…) Le Petit Chaperon rouge est ainsi l’histoire d’une fillette à la limite de la débilité mentale, qui est envoyée par une mère irresponsable à travers des bois profonds infestés de loups, pour apporter à sa grand-mère malade de petits paniers bourrés de galettes. Avec de telles déterminations, sa fin ne surprend guère. Mais tant d’étourderie, qu’on n’aurait jamais pu attribuer à un garçon, repose entièrement sur la certitude qu’il y a toujours à l’endroit et au moment voulus un chasseur courageux et efficace prêt à sauver du loup la grand-mère et la petite fille. Blanche-Neige est une autre petite oie blanche qui accepte la première pomme venue, alors qu’on l’avait sévèrement mise en garde de ne se fier à personne. Lorsque les sept nains acceptent de lui donner l’hospitalité, les rôles se remettent en place : eux iront travailler et elle tiendra pour eux la maison, reprisera, balaiera, cuisinera en attendant leur retour. Elle aussi vit comme l’autruche, la tête dans le sable, et la seule qualité qu’on lui reconnaisse est la beauté. Mais puisque ce caractère est un don de la nature, et non

un effet de la volonté individuelle, il ne lui fait pas tellement honneur. Elle réussit toujours à se mettre dans des situations impossibles, et pour l’en tirer comme toujours, il faut l’intervention d’un homme, le Prince charmant, qui l’épousera fatalement. Cendrillon est le prototype des vertus domestiques, de l’humilité, de la patience, de la servilité, du sous-développement de la conscience, elle n’est pas très différente des types féminins décrite dans les livres de lecture aujourd’hui en usage dans les classes primaires et dans la littérature enfantine en général. Elle non plus ne bouge pas le petit doigt pour sortir d’une situation intolérable, elle ravale les humiliations et les vexations, elle est sans dignité ni courage. Elle aussi accepte que ce soit un homme qui la sauve, c’est son unique recours, mais rien ne dit que ce dernier la traitera mieux qu’elle ne le fût jusqu’alors. Les personnages féminins des légendes appartiennent à deux catégories fondamentales : les bonnes et incapables et les malveillantes. « On a calculé que dans les contes de Grimm 80% des personnages négatifs sont des femmes. »(…) La force émotive avec laquelle les enfants s'identifient à ces personnages confère à ces derniers un grand pouvoir de suggestion, qui se trouve renforcé par d'innombrables messages sociaux tout à fait cohérents. S'il s'agissait de mythes isolés survivant dans une culture qui s'en détache, leur influence serait négligeable, mais la culture est au contraire imprégnée des mêmes valeurs que ces histoires transmettent (…).

Elena Gianini Belotti, Du côté des petites filles, 1974 QUESTIONS :

1) Quelle est l’idée principale du texte ? 2) L’analyse de l’auteure vous semble-t-elle encore valable aujourd’hui ? Expliquez.

■ L’attitude des parents Document 5 : Une même attitude des parents selon le sexe de l’enfant ? Tous les comportements de l'enfant sont, dès son plus jeune âge, " lus " et interprétés différemment selon son sexe, par les adultes (...).Par exemple, les pleurs d'un nourrisson sont interprétés en termes de colère si le bébé est présenté comme un garçon, en termes de peur s'il est présenté comme une fille ; ou encore, devant des bébés comparables, on emploiera plus souvent le qualificatif de " grand " si le bébé est un garçon, de "mignonne " s'il s'agit d'une fille. Sans s'en rendre compte, les mères se comportent différemment, notamment dans les jouets qu'elles leur proposent, mais aussi dans leurs interactions verbales : on parle plus, on reprend plus les bruits émis par l'enfant, quand il s'agit d'une fille. Il semble donc que l'on stimule leur comportement social davantage que chez les garçons. Par contre, ces derniers sont plus stimulés sur le plan moteur : on les manipule avec plus de vigueur, on les aide à s'asseoir, à marcher, plus que quand il s'agit d'une fille (...). Les stéréotypes liés au sexe masculin ou féminin " ce qui se fait ", quand on est un homme ou une femme vont donc être partagés par les enfants dès leur plus jeune âge. Quand on demande, par exemple, à des enfants de 3-4 ans de choisir, sur des photos ou parmi des objets réels, des jouets (ou des activités) propres à leur sexe, ils expriment dès cet âge des préférences conformes à leur sexe.

Une socialisation sexuée, Marie Duru-Bellat, L' Harmattan, 1990

Dans les maternités, à poids et taille égaux, les garçons sont décrits par leurs parents comme grands, avec des traits marqués, tandis qu’on dit des petites filles qu’elles sont petites, mignonnes, gentilles et qu’elles ont des traits fins. […] Lorsqu’ils jouent avec leurs fils, les pères mettent l’accent sur la réussite, fixent un haut niveau cognitif et sont plus exigeants, moins chaleureux tandis qu’ils privilégient la qualité relationnelle avec leurs filles : encouragements, aides,

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plaisanterie. Ils stimulent l’autonomie des garçons dans la résolution des problèmes en ne donnant pas à ces derniers autant d’aide qu’à leurs filles. Bref tout cet ensemble de comportements différenciés, de stimulations, d’attentes, d’injonctions, de récompenses, ou de désapprobations contribuent à forger peu à peu des identités de genre qui, pour n’avoir rien de naturel, finissent par coller à la peau des garçons et des filles, comme une seconde nature.

Christian Baudelot, Roger Establet, Quoi de neuf chez les filles ? Entre stéréotypes et libertés, 2007

QUESTIONS : 1) Repérez dans les deux textes (doc.5) les différences de termes employés par les parents pour qualifier les petits garçons et les petites filles. 2) Cela correspond-il à des différences réelles entre les enfants ? 3) En résumé, quelles sont les normes que les parents ou les proches affectent au genre, c’est-à-dire qu’ils appliquent aux enfants en fonction de leur sexe ? 4) Expliquez la phrase soulignée

■ A L’École Document 6 : Une attitude différenciée des professeurs ?

Dans les années 1990, la thèse de Mireille Desplats met en évidence le fait que les notes scolaires ne sont pas la pure expression de la valeur de la copie. Elles sont influencées, notamment, par la variable sexe : les mêmes copies de physique, bonnes, moyennes ou médiocres, sont distribuées à un panel d'enseignants avec un prénom de garçon ou de fille. Quand il s'agit d'une bonne copie, la note est plus élevée si elle correspond à un prénom de garçon. Mais quand la copie est médiocre, elle obtient une moins mauvaise note avec un prénom de fille. Le paradoxe n'est qu'apparent. L'attente de réussite en matière scientifique est plus grande du côté des garçons que des filles. Quand un garçon en rend une mauvaise, on le punit plus sévèrement. En revanche, on n'attend pas grand chose des filles et on les traite avec indulgence. Nicole Mosconi parle de double standard d'évaluation des élèves. La méthode des cas fictifs de Bernadette Dumora, professeur de psychologie à Bordeaux (Gironde), met en évidence les mêmes phénomènes. Elle constitue des pseudo dossiers d'orientation en fin de classe de seconde. Parce qu'ils sont d'un niveau moyen, ces dossiers donnent une marge d'interprétation à l'enseignant. II apparaît que le même dossier, s'il correspond à un nom de garçon, a beaucoup plus de probabilité de conduire à une 1ère scientifique.

Propos recueillis par Christian Bonrepaux, Le Monde de l’éducation, janvier 2003.

QUESTION : Répondez à la question-titre du doc. 6. Document 7 : Filles et garçons : une orientation différenciée

1) Complétez la dernière ligne du tableau. Que constatez-vous ? 2) Sachant que les effectifs des deux sexes d’une tranche d’âge, en France, sont proches, où les garçons manquants sont-ils scolarisés? 3) En quoi le doc. B éclaire-t-il le doc. A ?

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Document 8 : Si les filles réussissent mieux à l’école, leur position sociale est moindre

QUESTIONS : 1) Selon l’auteur, pourquoi les filles réussissent-elles mieux à l’école ? 2) Quel est le paradoxe énoncé par l’auteur? 3) Comment explique-t-il ce paradoxe ? 4) Les filles, en moyenne, réussissent mieux et vont plus longtemps à l’école que les garçons, pourtant elles convertissent moins bien que les garçons cette supériorité scolaire. Classer les différentes causes de cet écart selon qu’elles sont « imputables » aux filles elles-mêmes ou qu’elles les « subissent » de l’extérieur.

En résumé, filles et garçons sont socialisés différemment

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Séance 3 - Conséquences: les inégalités hommes/femmes ■ Dans la sphère domestique Document 1: Durée moyenne des activités au cours d'une journée (du lundi au dimanche) Unité : heure par jour

Il s'agit de moyennes par jour, y compris samedi, dimanche et vacances.

Insee - enquête Emploi du temps 2009-2010, personnes de 15 ans et plus en France métropolitaine

QUESTIONS : 1) Calculez le temps de travail (au sens économique) hebdomadaire d’une femme puis d’un homme, et commentez le résultat. 2) En choisissant l’outil statistique approprié, calculez l’écart relatif du temps domestique quotidien des femmes par rapport à celui des hommes. Interprétez ce résultat à l’aide d’une phrase rigoureuse. Document 2 : Évolution du partage des tâches domestiques

Source : Insee, Champ/: France métropolitaine, couples d’actifs occupés

QUESTIONS : 1) En utilisant les données de 2010 dans le doc. 2, complétez le diagramme ci-dessous (doc. 3) sur le modèle de la ligne « bricolage » (en respectant la proportionnalité des bandes). Puis complétez la dernière colonne du doc. 2. 2) Commentez la première ligne du doc. 4 (temps domestique global). 3) Quels autres constats faites-vous ?

Hommes Femmes Temps physiologique (sommeil, soins personnels et repas) 11h36 11h53

Temps professionnel (travail, trajets, formation) 3h55 2h39

Temps domestique 2h24 3h52

dont : - Ménage, cuisine, linge, courses... 1h23 3h03

- Soins aux enfants et aux adultes 0h14 0h31

- Bricolage 0h25 0h04

- Jardinage, soins aux animaux 0h22 0h14

Temps de loisirs (télévision, lecture, promenade, jeux, Internet, sport) 4h24 3h46

Temps de sociabilité (conversations, courrier, visites, réceptions) 0h51 0h57

Transport (hors travail) 0h50 0h53

Total 24h 24h

Hommes

Femmes

Part des femmes

1999 (en heures)

2010 (en heures)

Évolution (en minutes)

1999 (en heures)

2010 (en heures)

Évolution (en minutes)

1999 2010

Temps domestique 1:59 2:00 1 3:48 3:26 - 22 66 … - dont ménage, cuisine, linge, courses, etc..

1:04 1:08 4 3:06 2:35 - 31 74 …

- dont soins aux enfants et aux adultes

0:11 0:18 7 0:27 0:36 9 79 …

- dont bricolage 0:30 0:20 - 10 0:04 0:05 1 12 20 - dont jardinage, soins aux animaux

0:14 0:14 0 0:11 0:10 - 1 44 …

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Document 3 : Le partage des tâches domestiques en 2010 au sein d’un couple d’actifs occupés

Document 4 : Une lente évolution…

1) D’après le doc. 4, comment évolue le partage des tâches domestiques dans le couple ? Étayez votre réponse à l’aide de données chiffrées tirées du doc. 2. 2) Quelle est la tâche encore très majoritairement accomplie par les femmes ? 3) Que signifie la phrase soulignée ?

EXERCICE

■ Dans le monde du travail Document 5 : Les stéréotypes lors des recrutements des femmes

2010 (en heures)

Femme active occupée (part en %, en rouge)

Homme actif occupé (part en %, en bleu)

2010 (en heures)

Temps total

Temps domestique global 3h26 2h00 5h26 ménage, cuisine, linge, courses, etc..

soins aux personnes

bricolage 0h05 20 % 80 % 0h20 0h25 jardinage, soins aux animaux

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QUESTION : D’où proviennent les stéréotypes concernant les femmes et l’emploi ? Vous semblent-ils justifiés ? Document 6 : Des inégalités sur le marché du travail

Taux de sous-emploi dans

l'emploi total1(%)

Part parmi les dirigeants dans les entreprises de 250 salariés et plus (%)

Part parmi les cadres supérieurs en 2008

(%)

Inégalités de salaires : les hommes gagnent en moyenne 26,7% de plus que les femmes3 Hommes 2,2 91,4 62

Femmes 7,7 8,6 38 1. Le sous-emploi désigne la situation d’un salarié qui a un emploi à temps partiel (- de 35 h par semaine) alors qu’il souhaiterait travailler davantage.

Insee, enquêtes emploi 2008. QUESTION : Faites une phrase rigoureuse exprimant chacune des données soulignées. Document 7 : La composition des comités exécutifs : où sont les femmes ? Le comité exécutif est l’instance de direction du groupe (au sens économique), à la tête duquel se trouve le président directeur général (PDG).

Le comité exécutif de l'Oréal Le comité exécutif de Peugeot SA

QUESTIONS : 1) Quel point commun y a t il entre ces deux comités exécutifs? 2) Quel paradoxe la photographie du comité exécutif de l'Oréal révèle t elle? Doc. 8 : Ségrégation verticale et ségrégation horizontale La majorité des emplois féminins reste concentrée dans quelques secteurs d’activité et regroupée sur un petit nombre de professions déjà fortement féminisées. C’est ce que l’on appelle « ségrégation horizontale ». De la même façon, les possibilités (l’accès à des postes élevés dans la hiérarchie demeurent fort modestes pour la plupart des femmes. C’est ce que l’on nomme « ségrégation verticale ».

Margaret Maruani, Travail et emploi des femmes, © La Découverte, 2003. 1. A l’aide du doc. 4 p. 2 et 3 de ce dossier, donnez des exemples de métiers dans les PCS les plus féminisées et dites quelles sont leurs principales caractéristiques. 2. En quoi le dessin illustre-t-il la ségrégation horizontale? 3. Donnez des exemples de ségrégation verticale.

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Doc. 9 : Des salaires mensuels inégaux selon la PCS et le sexe

Salaires mensuels nets selon le sexe et la catégorie sociale

Hommes en €

Femmes en €

Ensemble en €

Écart hommes/ femmes en %

Ensemble 2 219 1 795 2 069 23,6 Cadres supérieurs et chefs d'entreprise salariés 4 375 3 347 4 083 … Professions intermédiaires 2 180 1 908 2 068 … Employés 1 491 1 405 1 432 … Ouvriers 1 561 1 288 1 523 …

Champ : Travailleurs salariés du secteur privé et semi-public à temps complet uniquement. Source : Insee, 2008

QUESTIONS : 1) Faites une phrase rigoureuse précisant le sens de chacune des données en gras. 2) Complétez la dernière colonne du tableau. 3) Complétez le texte suivant :

Les calculs permettent d’affirmer qu’en moyenne, en 2008... Le salaire d’une femme est égal à …..….. % de celui d’un homme, c’est-à-dire qu’une femme gagne ........ % de qu’un homme. Le salaire d’un homme est égal à ………. % de celui d’une femme, c’est-à-dire qu’un homme gagne ……..% de …….... qu’une femme.

4) Quelles premières hypothèses pouvez-vous formuler afin d’expliquer l’écart de salaire à temps plein entre les hommes et les femmes ? Document 10 : Évolution du salaire moyen des femmes à temps plein rapporté à celui des hommes (en %)

Source : Observatoire des inégalités, 2014 (d’après Insee). QUESTION : Décrivez précisément l’évolution de l’écart de salaire homme/femme (périodisez et utilisez les données chiffrées).

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Document 11 : Décomposition des écarts de salaires entre hommes et femmes, en 2012 Lecture: les salaires des femmes sont en moyenne inférieurs de 27% à ceux des hommes. Si l'on ne tient compte que des temps complets, en retirant l'effet du temps partiel (3 %), l'écart est de 24 %.

QUESTION : A l’aide du schéma (doc. 11) et des doc. 6 à 8, énoncez les différentes explications des inégalités de salaires entre hommes et femmes. Document 12 : Des rôles sociaux toujours différenciés Depuis un demi-siècle, les femmes ont obtenu progressivement une égalité de droits avec les hommes. La conquête de l’autonomie professionnelle, l’évolution des modèles familiaux, la maîtrise de la procréation, ont transformé leur image et leur situation sociale. La présence féminine s’est notablement affirmée dans le monde du travail. [...]. Quant aux jeunes filles, elles sont les grandes gagnantes de ces dernières décennies; quelle que soit leur origine sociale, leurs parcours scolaires sont meilleurs que ceux des garçons, et cela, même dans les disciplines scientifiques. Pourtant, de nombreuses études montrent la persistance de profondes inégalités entre les deux sexes: inégalités de salaires, d’accès aux postes de décision et de pouvoir, etc. Dans le couple, le partage des tâches est encore une douce utopie : les femmes se consacrent trois fois plus que leur compagnon aux activités ménagères et parentales, et dans ce domaine, les chiffres évoluent peu. [...]. Les difficultés et les sacrifices des femmes lorsqu’elles veulent concilier leurs rôles familiaux et professionnels sont aujourd’hui clairement identifiés. Elles se retrouvent contraintes d’utiliser des stratégies compliquées pour articuler « le couple infernal », c’est-à-dire la sphère privée et la sphère publique. La « charge mentale » que constituent les imbrications et successions d’activités professionnelles, de travail domestique, d’éducation des enfants est toujours plus lourde pour elles que pour les hommes. Lorsqu’elles veulent s’investir professionnellement, elles doivent souvent hypothéquer leur vie familiale ou [...] mettre au point des bricolages astucieux en sacrifiant bien souvent leur temps libre ». Ce qui aboutit pour les moins aisées à des doubles journées de travail.

Martine Fournier, «Égales et différentes », Sciences humaines, nº 85, juillet 1998.

1. Quels sont les signes d’une progression de l’égalité entre hommes et femmes dans la société française ? 2. Pourquoi ne peut-on pas pour autant parler d’égalité ? 3. Donnez des exemples concrets pour illustrer l’expression soulignée. 4. D’après le document, quels sont les éléments expliquant la persistance d’inégalités entre les deux sexes sur le marché du travail? ■ Dans la sphère politique Document 14 : Part des femmes parmi chaque catégorie d'élus, en%

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SYNTHESE : Les principales causes des inégalités entre les hommes et les femmes

- La socialisation encourage à des comportements de genre différents ; La socialisation est l'ensemble des mécanismes par lesquels les individus apprennent et assimilent les normes et les valeurs d'une société ou d'un groupe. Dès la petite enfance, les parents vont inciter chaque enfant à se conformer aux stéréotypes de genre (masculin ou féminin) attachés à leur sexe. Les parents vont ainsi valoriser chez la petite fille des comportements d'obéissance, de discrétion, de douceur, ils vont l'inciter à être au service des autres... Plus tard, les filles vont exploiter ces "qualités" dans leur choix professionnel : elles auront tendance à refuser les emplois d'autorité et de responsabilité au profit des emplois qui leur sont "destinés" (enseignante, infirmière, assistante de direction => métiers au contact et au service des autres), elles se voient mal donner des ordres à des hommes. C'est donc parce que les femmes intériorisent les valeurs et les normes (transmises par la famille, mais aussi l'école, les pairs, les médias, la religion…) conformes à leur genre qu'elles ont moins de chance, à diplôme égal, d'occuper une position de cadres et des postes à responsabilités. - Le contenu de la formation suivie ; Les filières sont sexuellement marquées dans la mesure où, dès leur plus jeune âge, les filles sont socialement conditionnées à se spécialiser dans des activités ‘’traditionnellement’’ féminines. Au lycée, les filles sont sur représentées dans la série littéraire qui mène à des études supérieures de lettres ou de sciences humaines ; ces études débouchent sur des emplois peu valorisants en termes de responsabilité (le même commentaire peut-être fait pour la filière STG). - Des tâches domestiques inégalement réparties ; Les tâches domestiques et l'éducation des enfants pèsent toujours davantage sur les femmes que sur les hommes ; dans ces conditions, il est difficile, pour les femmes diplômées, de concilier vie professionnelle et vie familiale. Les contraintes de temps ne leur permettent pas d'être aussi disponibles que les hommes dans le travail. Elles "préfèrent" donc renoncer aux emplois à responsabilité qui impliquent des heures supplémentaires, des déplacements, bref des emplois qui demandent de prendre en partie sur son temps personnel hors travail. - Le monde du travail tend à maintenir la domination masculine Les femmes sont encore souvent considérées comme ayant moins d'autorité ‘’naturelle’’ que les hommes ; elles sont donc écartées des postes d'autorité et se voient proposer des emplois qui s'inscrivent dans le prolongement des fonctions domestiques (soins, enseignement...) Ces explications permettent de comprendre pourquoi les filles transforment encore mal leur réussite scolaire en position sociale élevée.

D’après Site INSEE – 2007

Pour finir…

« On ne nait pas femme, on le devient »

La division sociale des rôles masculin et féminin est-elle déterminée biologiquement ou est-elle, au contraire, le résultat de la socialisation différentielle des enfants en fonction de leur sexe ? On connaît la réponse apportée à cette question par Simone de Beauvoir, et avec l’ensemble des mouvements féministes « On ne naît pas femme, on le devient ». De fait, l’observation du comportement des mères à l’égard de leurs nourrissons montre que, dès les premiers mois de la vie, garçons et filles sont traités différemment sans que les adultes soient toujours conscients de leur attitude. [...] Avec les années, les différences vont s’accentuer. La petite fille sera davantage sollicitée pour les tâches ménagères ou pour les relations avec la parentèle; on l’encouragera à se montrer coquette, souriante, douce, conciliante. Par contre, le petit garçon qui adoptera le même comportement sera traité de « femmelette ». L’attitude des parents renforce ainsi sélectivement et souvent inconsciemment les traits de caractère les plus conformes aux stéréotypes masculin et féminin. [...] La petite fille s’identifie à sa mère, le petit garçon à son père. Chacun va ainsi reproduire les conduites sexuellement différenciées de l’ancienne génération.

Source : Dictionnaire de sociologie, Hatier 1995. QUESTIONS : 1) Qu'est-ce que la division sociale des rôles ? Illustrer cette division à l’aide d’exemples tirés du dossier et de votre expérience. 2) Expliquez l'expression : « On ne naît pas femme, on le devient ». 3) Que signifie l'expression soulignée ? 4) Trouvez des exemples d’apprentissages précoces qui structurent la personnalité des garçons et des filles.

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Le regard de l’anthropologue : la relativité des rôles masculins et féminins

Margaret Mead (1901-1978) choisit d’orienter ses recherches vers la façon dont l’individu reçoit sa culture. C’est donc le processus de transmission culturel qu’elle décide de placer au centre de ses réflexions et de ses enquêtes. Sa recherche la plus significative est celle qu’elle a menée en Océanie, dans trois sociétés de Nouvelle-Guinée, les Arapesh, les Mundugumor et les Chambuli. [...] Chez les Arapesh, tout semble organisé dans la petite enfance pour faire en sorte que le futur Arapesh, homme ou femme, soit un être doux, sensible, serviable. Alors que chez les Mundugumor, la conséquence du système d’éducation est plutôt d’entraîner la virilité, voire l’agressivité, que ce soit chez les hommes, chez les femmes ou entre les sexes. Dans la première société, les enfants sont choyés sans distinction de sexe ; dans la seconde, ils sont élevés durement qu’ils soient garçons ou filles. Ces deux sociétés produisent, par leurs méthodes culturelles, deux types de personnalité complètement opposés. En revanche, elles ont un point commun : elles n’engendrent pas de personnalité spécifiquement masculine ou féminine. [...] A l’inverse, les Chambuli pensent qu’hommes et femmes sont profondément différents. Ils sont persuadés que la femme est, “par nature”, entreprenante, dynamique, solidaire avec les membres de son sexe, extravertie ; et que l’homme est, en revanche, sensible, moins sûr de lui, facilement jaloux de ses semblables. [...] Dès les premiers instants de la vie, l’individu est imprégné de ce modèle, par tout un système de stimulations et d’interdits, formulés explicitement ou non, qui l’amène, une fois adulte, à se conformer de façon inconsciente aux principes fondamentaux de la culture. C’est ce processus que les sociologues ont appelé “enculturation”.

Denis Cuche, La Notion de culture dans les sciences sociales, Repères, La Découverte, 1996 QUESTIONS : 1) Complétez le tableau suivant à l’aide du texte : - Dans les deux premières colonnes, relevez les adjectifs qui caractérisent les personnalités masculines et féminines dans ces sociétés. - Dans la troisième colonne, dites pour chacune des sociétés si la personnalité féminine diffère de la personnalité masculine (répondez par oui ou non) - Dans la quatrième colonne, précisez si les rôles masculins et féminins, au sein de ces sociétés, correspondent à ceux que notre société a mis en place. 2) D’après les observations de Margaret Mead, quels sont les éléments tendant à montrer que les comportements masculins et féminins ne sont pas des données naturelles ?

Sociétés Rôles masculins Rôles féminins Rôles masculins et féminins

différenciés ?

Rôles correspondant à notre société ?

Arapesh Mundugumor

Chambuli

du logis ou cow-boy

Moralité : on ne nait pas fée

Marlboro…

On le devient

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Lexique Genre : indique le caractère culturellement construit des différences de sexe, ce dernier renvoyant à la biologie. En sciences sociales, on parle depuis les années 1970 de genre féminin et masculin plutôt que de sexe masculin et féminin afin de ‘’dénaturaliser’’ les différences hommes/femmes. Inné/Acquis : est inné tout ce qui ne relève pas de l’éducation, de l’apprentissage, et de l’expérience, donc de l’acquis. Sexisme : ensemble des valeurs, comportements et jugements qui infériorisent les personnes de sexe féminin et les assignent à des fonctions subalternes. Stéréotypes : images figées et partagées par un grand nombre de personnes que l’on applique à des groupes humains. L’homme fort et viril, la femme tendre et fragile, le Français avec son litre de vin, son béret et sa baguette… sont des stéréotypes. Ces visions s’appliquent à des rôles sociaux largement imaginaires et déconnectés de la réalité, mais elles permettent de classer et d’étiqueter autrui selon un modèle simple et réducteur. Le raciste utilise souvent des stéréotypes pour caricaturer celui qu’il veut dévaloriser de façon abusive. Ces clichés ont aussi une fonction identitaire : ils permettent aux membres d’un groupe de se définir (positivement ou négativement) par rapport aux autres. Travail à temps partiel choisi/subi : emploi qui n’est pas à temps plein (35h par semaine) mais à 80% ou 50% (mi-temps) auquel correspond donc, proportionnellement, une rémunération partielle. En France, il concerne 30% des femmes actives et moins de 6% des hommes actifs. Il peut être choisi, lorsque le salarié en fait la demande, ou subi, lorsqu’il est imposé par l’employeur (caissier, restauration rapide…). Travail domestique : tâches non rémunérées qui concernent l’entretien du foyer (ménage, préparation des repas, faire les courses, règlement des factures, entretien de la voiture, du jardin, du linge…) et l’éducation des enfants. On estime que ce travail correspondrait environ à 60% du PIB s’il était rémunéré au Smic.