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santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant 03 UN ANCIEN MINISTRE DE LA SANTÉ A LA TÊTE DU PARTENARIAT 08 LA SURVIE DES ENFANTS: QUELS PROGRES ? 16 NOUVELLES RESSOURCES 02 Courrier 06 Bill Gates donne 60 millions de dollars pour la santé des nouveau-nés 10 Sur le front des catastrophes: Cachemire, Nouvelle-Orléans, Aceh 13 Dépression post-partum et santé du nouveau-né NUMERO 2 - JANVIER 2006 ISSN: 1815-9184 Le Bulletin du Partenariat pour la NOTE DE LA RÉDACTION L orsque nous avons fait paraître le premier numéro de Lives - Vies, en juillet dernier, nous n’avions aucun moyen de savoir comment réagiraient ses lecteurs. Serait-ce une publication utile, qui ferait jaillir de nouvelles idées, qui ferait progresser notre sens de la communauté? A en juger par votre courrier, la réponse est oui, un oui enthousiaste!Lives - Vies est distribué dans plus de 180 pays et publié en anglais, en français et en chinois. Une édition espagnole est aussi en projet. Le bulletin du Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant nouvellement constitué est consacré principalement à la survie des enfants et à la santé de la mère et du nouveau-né. Nous espérons trouver de nouvelles pistes de réflexion sur ces questions, sans oublier, bien sûr, les liens entre la santé de la mère et celle du nouveau-né ou de l’enfant. Comment, dans votre cas, s’est fait le passage à la continuité des soins? Quelles ont été vos satisfactions, quelles difficultés avez-vous rencontrées? Nous serons heureux de publier votre expérience ou vos réflexions dans le numéro de juillet. Ecrivez-nous à [email protected].

santé de la mère, du nouveau-né et de l'enfant

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santé de la mère,du nouveau-né et de l’enfant

03 UN ANCIEN MINISTRE DE LA SANTÉ A LA TÊTE DU PARTENARIAT

08 LA SURVIE DES ENFANTS: QUELS PROGRES ?16 NOUVELLES RESSOURCES02 Courrier

06 Bill Gates donne 60 millions de dollars pour la santé des nouveau-nés

10 Sur le front des catastrophes: Cachemire, Nouvelle-Orléans, Aceh

13 Dépression post-partum et santé du nouveau-né

NUMERO 2 - JANVIER 2006ISSN: 1815-9184Le Bulletin du

Partenariat pour la

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N Lorsque nous avons fait paraître le premier numéro de Lives - Vies, en juillet dernier, nous n’avions aucun moyen de savoir comment réagiraient ses lecteurs. Serait-ce une publication utile, qui ferait jaillir de nouvelles idées, qui ferait progresser

notre sens de la communauté? A en juger par votre courrier, la réponse est oui, un oui enthousiaste!Lives - Vies est distribué dans plus de 180 pays et publié en anglais, en français et en chinois. Une édition espagnole est aussi en projet. Le bulletin du Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant nouvellement constitué est consacré principalement à la survie des enfants et à la santé de la mère et du nouveau-né. Nous espérons trouver de nouvelles pistes de réfl exion sur ces questions, sans oublier, bien sûr, les liens entre la santé de la mère et celle du nouveau-né ou de l’enfant. Comment, dans votre cas, s’est fait le passage à la continuité des soins? Quelles ont été vos satisfactions, quelles diffi cultés avez-vous rencontrées? Nous serons heureux de publier votre expérience ou vos réfl exions dans le numéro de juillet. Ecrivez-nous à [email protected].

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LIVES est une publication semestrielle du Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant.Le Secrétariat du Partenariat est assuré par l’Organisation mondiale de la Santé en ses locaux.20 Avenue Appia, 1211 Genève 27, SuisseTéléphone: +41 22 791 49 14 - Télécopie: +41 22 791 41 71http://www.pmnch.org courriel: [email protected]

Photo de la page de couverture: Randai Purty (25 ans) et Basu (3 mois).Talakhali, Orissa, Inde. Photo Ami Vitale/Panos

© Organisation mondiale de la Santé 2006

Responsable de la publication: Petra ten Hoope-BenderRédacteurs en chef: Lori McDougall, Brigid McConvilleRecherches photographiques: Ananda KorchynskiAdministration: Lionel Courtial

La présente publication n’est censée représenter ni le point de vue, ni la politique déclarée de l’Organisation mondiale de la Santé ou des organismes membres du Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant.

L’autorisation de reproduire ou de traduire le présent bul-letin doit être demandée au Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant.

Soutien rédactionnelFlavia Bustreo, Banque mondiale; Bernadette Dael mans, OMS; Vincent Fauveau, FNUAP; Joy Lawn, Saving New-born Lives/Save the Children USA; Frances McConville, DFID; obstétrique Starrs, FCI; Nancy Terreri, UNICEF; Anne Tinker, Saving Newborn Lives/Save the Children USA; Joyce Thompson, CISF

Conception graphique: Lopez Design Pvt.Ltd(http://www.lopezdesign.com)

ISSN :1815-9184

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Permettez-moi de vous adresser mes plus vives félicitations pour le

lancement réussi du Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant, auquel j’ai eu le privi-lège d’assister en marge de la dernière Assemblée générale des Nations Unies à New York.

L’assistance nombreuse et le thème de la cérémonie inaugurale du 12 septembre témoignent clairement de notre désir commun de défendre les 4ème et 5ème OMD et de faire mieux prendre conscience de la nécessité de réduire encore la mortalité maternelle et celle de l’enfant. Je sais pertinem-ment que le chemin sera long et diffi ci-le, mais j’ai la conviction qu’ensemble, main dans la main, nous y arriverons.

Alpha Oumar KonaréPrésidentCommission de l’Union africaine,Addis Abeba, Ethiopie

Merci pour le nouveau bulletin qui remplace Maternité sans risque. Je l’ai beaucoup apprécié. Je me suis sentie partie liée avec une équipe enthousiaste et énergique de personnes motivées, qui ont à coeur la vie des mères et des nouveau-nés.Sister Raymonde GrattonSt. Mary’s MkandaMkanda, MchinjiMalawi

J’ai beaucoup appris grâce à votre bulle-tin. J’aimerais pouvoir m’abonner pour pouvoir aider mes collègues de travail.Agawaoma OgbuIbadan, OyoNigeria

Lives-Vies est une publication très instructive et très utile. C’est un formi-dable moyen d’information sur la santé génésique, la santé de l’enfant et les sujets qui s’y rattachent. C’est vraiment une retransmission des événements «sur le vif» pour ceux qui s’occupent de la vie de la mère et de l’enfant.D. Dharma RaoHindustan Latex Family PlanningPromotion TrustHyderabad, Inde

Formateur et chercheur, je travaille sur la maternité sans risque et la santé du nouveau-né. Ce bulletin est très impor-tant pour moi et très instructif. Aussi, j’aimerais le recevoir régulièrement.Shyam ShresthaMIRAKatmandou, Népal

Je suis ravi d’avoir reçu le premier numéro de Lives et j’aimerais m’assurer que mon nom fi gure bien sur votre liste de diffusion.Professeur Miki KarplusUniversité Ben GourionBeer Sheva, Israël

Félicitations pour la nouvelle présen-tation de votre revue sur la santé de la mère et de l’enfant et la Déclaration de Delhi. Puis-je vous suggérer de la publier aussi en espagnol?

Merci de maintenir mon nom sur votre liste de diffusion afi n que je puisse conti-nuer à recevoir cette publication impor-tanteDr. Ricardo G. TorresLima, Pérou

[email protected]

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L’ancien ministre de la santé, M. Songane, prend la direction du Partenariat

NOUVELLES

Francisco Songane Compétence technique, clairvoyance et engagement

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Lancement mondial du Partenariat

Le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant a été

lancé à New York le 12 septembre, impri-mant ainsi un nouvel et vigoureux élan à la réduction de la mortalité maternelle et infantile dans le monde.

Le Partenariat est issu de trois groupes existants, le Partenariat pour la maternité sans risque et la santé du nou-veau-né (Safe Motherhood and Newborn Health Partnership), le Partenariat pour la santé du nouveau-né (Healthy New-born Partnership), et le Partenariat pour la survie de l’enfant (Child Survival Par-tnership) (voir page 4).

En s’associant, les partenaires fon-dateurs ont cherché à harmoniser et à intensifi er leurs efforts pour atteindre

les 4ème et 5ème objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui appel-lent à réduire des deux tiers la mortalité de l’enfant et des trois-quarts la morta-lité maternelle d’ici 2015.

La cérémonie inaugurale, qui s’est tenue dans les bâtiments de l’UNICEF à New York, a été marquée par un discours passionné de M. Alpha Oumar Konaré, président de l’Union africaine. «Rien ne changera si nous restons sur la même voie,» a-t-il déclaré. «C’est sur les épau-les de l’Afrique que repose avant tout la responsabilité de construire des pays démocratiques et des sociétés sans ex-clus. Avec une bonne gouvernance, nous pouvons avoir une société mobilisée.»

Le discours de M. Konaré a été suivi d’une table ronde organisée conjointe-ment par le Partenariat et l’Alliance mon-diale pour les vaccins et la vaccination (l’Alliance) sur le thème des 4ème et 5ème OMD, à laquelle ont participé: Mary Ro-binson, ex-Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme; Ann Veneman, Directeur général de l’UNICEF; Joy Phumaphi, Sous-directeur général de l’OMS; Tomotyo Olaniyan, observateur permanent par intérim de l’Union africai-

ne auprès des Nations Unies; Allan Ro-senfi eld, doyen de la Mailman School of Public Health à l’Université de Columbia; et Julian Lob-Levyt, secrétaire exécutif de l’Alliance (voir l’entretien en page 14).

Après la table ronde, des membres du Partenariat –associations de profes-sions médicales, ONG, organismes do-nateurs, organisations multilatérales et gouvernements nationaux– ont déclaré leur attachement à la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant.

Depuis le lancement du Partenariat en septembre, ses membres ont déployé une intense activité pour mettre en place un comité directeur intérimaire et des groupes de travail, tenir des sessions d’échange d’informations au niveau ré-gional (voir «le Partenariat en Afrique», page 4), organiser conjointement une grande conférence sur la survie de l’en-fant à Londres (voir page 8) et, tout der-nièrement, nommer le premier directeur du Partenariat, Francisco Songane, an-cien Ministre de la santé du Mozambique (voir ci-dessous). Lori McDougall

Pour en savoir plus sur le Partenariat : http://www.pmnch.org

Francisco Son-gane, ancien

ministre de la san-té du Mozambi-que, a été nommé directeur du Par-tenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant, et sera installé au secrétariat du Partenariat situé dans les locaux

de l’OMS à Genève. Agé de 51 ans, le Dr Songane, gynécologue obstétricien, est aussi titulaire d’un mastère de santé publique de l’Université de Boston et d’un mastère d’économie fi nancière de l’Université de Londres.

Au long d’une carrière bien remplie dans la santé publique, le Dr Songane a exercé ses nombreuses activités au niveau local, au niveau national et au ni-veau international.

Au Mozambique, il a été direc-teur médical de district et formateur d’enseignants, ainsi que directeur et chef du département de gynécologie

et obstétrique de l’hôpital de Beira, deuxième du pays par son importance (1988-1999).

En tant que Ministre de la santé du Mozambique (2000-2004), on lui attribue le mérite d’avoir recouru au partenariat pour prévenir l’apparition d’épidémies durant les inondations de 2000 et 2001, et d’avoir contribué d’une manière déci-sive à l’élaboration et la mise en applica-tion de la stratégie du Mozambique pour le secteur de la santé. Il a dirigé un cer-tain nombre d’opérations pendant cette période, dont une campagne de vacci-nation contre l’hépatite B, des études sur un vaccin possible contre le paludisme et l’utilisation d’un vaccin plus effi cace contre le choléra. Il a aussi introduit les traitements antirétroviraux dans le sys-tème public, initiative qui a été suivie partout dans le monde.

Parmi ses multiples engagements dans la communauté internationale, le Dr. Songane a siégé au comité exécutif et au conseil d’administration de l’Allian-ce. Il a aussi été membre de l’Équipe 4 du Projet Objectifs du Millénaire des Na-tions Unies (2002-2004), qui a étudié les modalités concrètes de réalisation des

objectifs du Millénaire pour le dévelop-pement en ce qui concerne la santé de la mère et de l’enfant.

Il est l’auteur de nombreuses pu-blications sur la santé maternelle et est actuellement inscrit à un programme de doctorat au Karolinska Institutet de Stockholm.

Selon Kul Gautam, président du co-mité directeur intérimaire, le Dr. Songane allie compétence technique, clairvoyan-ce et engagement. «Tout au long de sa carrière, il n’a cessé de défendre, en pa-roles et en actes, la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants».

Le Dr. Songane, pour sa part, décla-re : «J’ai mis au monde des enfants dans les régions rurales et je me suis efforcé de faire connaître jusque dans les instan-ces les plus hautes le drame des mères et des enfants qui meurent partout dans le monde. En tant que directeur de ce nouveau partenariat mondial, j’espère mobiliser le soutien et coordonner les actions en privilégiant le niveau natio-nal de manière à ce qu’ensemble, nous parvenions à empêcher la mort inutile de 11 millions de femmes et d’enfants chaque année dans le monde.

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NOUVELLES

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Le Ministre de la santé d’Ethiopie, Tedros Adhanom, lors d’une réunion sur la survie de la mère, du nouveau-né et de l’enfant à Addis Abeba en octobre dernier.

Le Partenariat en Afrique

Une table ronde a eu lieu à Addis Abeba, en Ethiopie, en octobre der-

nier, pour faire connaître les activités du Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant et mettre en lumière les possibilités d’accélérer l’ac-tion pour la survie maternelle et infantile en Afrique.

Sur le thème «Atteindre les 4ème et 5ème OMD: améliorer la survie des fem-mes et des enfants», cette table ronde a réuni une centaine de représentants de gouvernements nationaux, d’organismes des Nations Unies, d’ONG, d’organismes bilatéraux, d’associations professionnel-les et d’établissements universitaires. A la tribune se sont succédé Tedros Ad-hanom, Ministre de la santé d’Ethiopie, Doyin Oluwole, de l’OMS AFRO, Petra ten Hoope-Bender, du Partenariat, Anne Tinker, de Save the Children USA, et

Björn Ljungqvist, de l’UNICEF Ethiopie.Le modérateur, Khama Rogo, de la

Banque mondiale, a donné le ton en sou-lignant qu’il était urgent de conjuguer les efforts en Afrique: «Il est vrai que certains pays ont fait des progrès tangibles, mais dans leur majorité, les pays africains ne sont pas, actuellement, en voie d’attein-dre les OMD de 2015 concernant la santé de la mère et de l’enfant. Des vingt pays qui ont le taux de mortalité maternelle le plus élevé dans le monde, 19 se trouvent en Afrique subsaharienne.»

Tedros Adhanom, coprésident du Partenariat, a souligné combien il im-portait de tisser des liens entre tous les acteurs, des familles aux gouvernements et aux instances mondiales en passant par les professionnels de la santé : «Mal-gré les interventions existantes ou envi-sageables qui permettent de sauver des

vies, on continue d’enregistrer quotidien-nement d’innombrables décès de mères, de nouveau-nés et d’enfants. C’est une disparité inacceptable, le droit à la vie est le premier des droits de l’homme.»

Doyin Oluwole, de l’OMS, a mis l’ac-cent sur les possibilités d’accélérer, en s’y ralliant, les initiatives existantes telles que la feuille de route pour atteindre les OMD relatifs à la santé de la mère et du nouveau-né, avalisée par l’Union africai-ne. Il ne faut pas, selon elle, sous-esti-mer les diffi cultés que le Partenariat de-vra affronter, ni manquer de tirer toutes les leçons des réussites et des échecs qu’ont connus d’autres partenariats ou fonds mondiaux.

La table ronde «Atteindre les 4ème et 5ème OMD» s’appuyait sur deux grandes réunions régionales organisées à Addis Abeba par l’OMS AFRO et ses partenaires: la quatrième réunion du Groupe spécial régional de santé génésique (qui a com-porté une session spéciale sur la santé du nouveau-né) et la réunion régionale de la Consultation sur la survie de l’enfant. Le Groupe spécial de santé génésique est chargé de lancer la feuille de route pour atteindre les 4ème et 5ème OMD en Afri-que et d’en suivre la progression. Cette approche graduelle en vue d’accélérer les actions au niveau des pays a été mise en place dans 31 pays en à peine un an, et 14 de ces pays ont arrêté des plans na-tionaux. La table ronde «Atteindre les 4ème et 5ème OMD» du Partenariat était destinée à promouvoir les recoupements entre ces réunions et à intégrer les programmes de santé maternelle, néonatale et infanto-juvénile. Joy Lawn

A propos du Partenariat

L e Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant comprend plus de 80 membres représentant

des pays partenaires, des organismes des Nations Unies, des organismes multilatéraux, des organisations non gouver-nementales, des associations de professions médicales, des donateurs bilatéraux et des fondations, des établissements universitaires et des instituts de recherche. Il a été lancé en septembre à New York à la suite de la fusion du Partenariat pour la maternité sans risque et la santé du nouveau-né (Safe Motherhood and Newborn Health Partnership), du Partenariat pour la santé du nouveau-né (Healthy Newborn Partnership), et du Partenariat pour la survie de l’enfant (Partnership for Child Survival)(voir page 3).

Le Partenariat appuie les efforts des pays pour une cou-verture universelle des interventions essentielles pour la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants par les actions suivantes :• soutien apporté aux pays : promouvoir activement une

meilleure coordination entre les partenaires dans les pays

et appuyer la création, la mise en oeuvre et l’évaluation d’un plan général au niveau national;

• sensibilisation : mettre mieux en évidence la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant dans les programmes politiques et préconiser l’accroissement des ressources fi nancières et autres;

• interventions effi caces : promouvoir l’évaluation, l’inten-sifi cation et la réalisation d’interventions effi caces repo-sant sur des bases factuelles et mettant l’accent sur la réduction des inégalités d’accès aux soins ;

• suivi et évaluation : suivre les progrès réalisés en respon-sabilisant les parties prenantes à tous les niveaux pour qu’elles respectent leurs engagements sur le plan fi nan-cier et celui des politiques.

La première réunion de tous les membres du Partenariat doit avoir lieu fi n 2006, date à laquelle le comité directeur sera dési-gné par scrutin. C’est actuellement Kul Gautam, Directeur gé-néral adjoint de l’UNICEF, qui exerce la présidence du comité directeur intérimaire co-présidé par Tedros Adhanom, Ministre de la santé d’Ethiopie, et Ann Starrs, Vice-président exécutif de Family Care International.

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Défi nition de la sage-femme

L a sage-femme est une personne qui, ayant suivi régulièrement un programme d’enseignement spécialisé en obstétrique dûment reconnu dans le pays où

il a lieu, a achevé avec succès le programme d’études prescrit en obstétrique et a acquis les qualifi cations nécessaires pour avoir le droit d’exercer légalement la profession de sage-femme.

La sage-femme est une personne professionnelle et responsable, qui tra-vaille conjointement avec les femmes pour leur procurer le soutien, les soins et les conseils nécessaires pendant la grossesse, l’accouchement et le post-partum, pour effectuer des accouchements de son propre chef et dispenser des soins aux nouveau-nés et aux nourrissons. Ces soins incluent les mesures préventives, la promotion de l’accouchement normal, la détection des anomalies chez la mère et l’enfant, le recours à l’assistance médicale en cas de besoin et l’exécution de mesures d’urgence.

La sage-femme joue un rôle important de conseillère et d’éducatrice sani-taire, non seulement à l’égard de femmes, mais également au sein de la famille et de la collectivité. Ses fonctions englobent l’éducation prénatale et la préparation au rôle de parent, et elles s’étendent à certains aspects de la santé de la femme, de la santé sexuelle ou génésique et des soins aux enfants.

La sage-femme peut exercer à domicile, à l’hôpital, dans un dispensaire, dans une unité sanitaire, ou dans tout autre cadre.

Ce document peut être téléchargé (en anglais) à l’adresse suivante: http://www.medicalknowledgeinstitute.com/fi les/ICM%20Defi nition%20of%20the%20Midwife%202005.pdfNdT: la défi nition donnée ici en français est celle trouvée dans: Le dossier de la mère et de l’enfant: Guide pour une maternité sans risque, annexe 3 (défi nition de 1992) modifi ée ou complétée par celle de Brisbane 2005 trouvée sur le site www.hebamme.ch (site de l’association des sages-femmes suisses). Cette dernière n’est pas très bien rédigée en français

Déclare-moi, je serai citoyen!

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NOUVELLES

Une campagne pour la déclaration des naissances au Cambodge a eu

des retombées spectaculaires pour la santé des nouveau-nés et des enfants. Après à peine plus d’un an de campa-gne, la déclaration des naissances a fait un bond en avant, passant de moins de 5 % à un chiffre attendu de 80 %, ce qui procure aux enfants du pays une protec-tion et des droits nouveaux.

En décembre 2002, le Gouverne-ment royal du Cambodge a décidé que tous les citoyens devaient être enregis-trés en l’espace de trois ans. Moins de 5 % de la population cambodgienne, forte de 12 millions de personnes, fi -gurait alors sur les registres, l’état civil ayant été interrompu pendant la période des Khmers rouges.

Plan Cambodia, des volontaires des Nations Unies et la Banque asiatique de développement ont travaillé en étroite coopération avec le Ministère de l’inté-rieur cambodgien pour organiser une campagne nationale itinérante pour la déclaration à l’état civil à partir d’octobre 2004. L’opération a comporté une grande campagne d’affi chage dans tout le pays, une foire pour les enfants à laquelle ont participé 4 000 enfants et parents, et une exposition d’affi ches sur le thème «La déclaration des naissances: de meilleu-res perspectives pour les enfants».

Cette campagne a connu un succès remarquable. En octobre 2005, 65 % des Cambodgiens (soit 8 millions de personnes) avaient reçu leur extrait de naissance. On s’attend à ce que ce chif-fre atteigne 80 % à la fi n de l’année.

La déclaration des naissances est un acte décisif pour protéger les droits des enfants à l’enseignement et aux soins et pour réduire les risques d’exploitation. Pourtant, plus du tiers des enfants dans le monde ne sont pas offi ciellement dé-clarés comme citoyens.

Plan International travaille assidû-ment sur cette question ailleurs dans le monde et a organisé, avec l’UNICEF et le FNUAP, une conférence sur la décla-ration des naissances en février 2004, la première qui ait jamais eu lieu sur ce sujet. Les délégués ont émis, à cette occasion, une déclaration demandant que l’enregistrement de toute naissance soit obligatoire et gratuit, convenant qu’il était absolument prioritaire de sensibili-ser l’opinion et de défi nir des cadres ju-ridiques (http://www.plan-international.org/identity).

La déclaration des naissances est aussi une préoccupation de la Confédé-ration internationale des sages-femmes et du Conseil international des infi rmiè-res, qui mènent campagne ensemble pour l’enregistrement des naissances

partout dans le monde. On trouve leur déclaration commune à l’adresse Inter-net http://www.icn.ch/PR16_03f.htm. Par ailleurs, Health Metrics Network, réseau de collaboration mondiale nou-vellement créé pour renforcer les systè-mes d’information sanitaire des pays, se joindra à ces actions (http://www.who.int/healthmetrics).

La campagne itinérante pour l’enre-gistrement des naissances a été réalisée avec le concours de 13 000 fonctionnai-res cambodgiens et de 27 volontaires des Nations Unies, un par province. Le Gouvernement cambodgien a suspendu la perception des droits d’enregistre-ment habituels pendant toute la campa-gne, ainsi que toutes les amendes et les poursuites pour enregistrement tardif. Brigid McConville

Sages-femmes : une nouvelle défi nition

L a Confédération internationale des sages-femmes (CISF-ICM) vient de

réviser et d’actualiser son document fondamental «Défi nition de la sage-femme». La nouvelle défi nition a été approuvée lors de la réunion triennale de l’ICM qui s’est tenue à Brisbane en juillet 2005. Les principales mises à jour comprennent la mise en exergue de la responsabilité et du statut professionnel des sages-femmes; une mention spéci-fi que de leur rôle de partenaire des fem-mes et l’ajout, dans la description des soins dispensés par la sage-femme, de l’expression «la promotion de l’accou-chement normal», par laquelle la CISF exprime sa conviction que les soins peuvent se concevoir sans le recours à de grands moyens technologiques.

La défi nition initiale a été créée en 1972 et actualisée en 1990. Elle est lar-gement utilisée, notamment par l’OMS et la FIGO.

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Notes d’orientation sur la santé néonatale

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NOUVELLES

Bill Gates donne $60 millions pour sauver des nouveau-nés

Saving Newborn Lives (SNL), une initiative de Save the Chil-dren USA, s’est vu accorder un don de 60 millions de dol-

lars par la Fondation Bill et Melinda Gates. Etalé sur six ans, ce don permettra à Saving Newborn Lives et à ses partenaires de promouvoir l’adoption d’actes médicaux pour les nouveau-nés sur la base de données factuelles. Pour ce faire, SNL opérera dans 18 pays d’Asie et d’Afrique où l’on comptabilise, en tout, près de 65 % des morts de nouveau-nés dans le monde.

Ce don fait suite à un don de 50,5 millions de dollars reçu en 2000 par Save the Children pour mettre au point des stratégies d’amélioration de la santé néonatale et faire mieux connaître cette question. Cette nouvelle donation, la plus élevée que Save the Children USA ait jamais reçue, permettra à l’organisation de mettre à profi t les connaissances accumulées au cours des cinq dernières années, plus particulièrement sur les premières semaines de la vie, pendant lesquelles se produisent les deux tiers des morts de nouveau-nés.

«Certains problèmes sanitaires mondiaux, comme le SIDA, ne peuvent se résoudre facilement, mais ce n’est pas le cas ici,» com-mente Bill Gates. «Le monde a une chance de faire cesser les morts de nouveau-nés qui se comptent en millions chaque année.»

Quatre millions d’enfants meurent chaque année au cours du premier mois de leur vie, alors que 75 % de ces morts pour-raient être évitées par le recours à des instruments et des ser-vices simples et peu coûteux tels que l’utilisation de lames de rasoir propres pour couper le cordon ombilical et d’antibioti-ques pour soigner la pneumonie, ou l’information des familles sur l’utilité de maintenir les nouveau-nés de faible poids à la naissance en contact peau contre peau avec la mère.

Saving Newborn Lives cherchera à promouvoir l’adoption à grande échelle d’instruments et d’approches permettant de re-médier aux trois grandes causes de mortalité chez les nouveau-nés d’une semaine, à savoir les infections, l’asphyxie durant l’ac-couchement et à la naissance, et l’insuffi sance pondérale. Les principales activités menées dans les 18 pays consisteront à :• mettre au point et à l’essai de nouveaux instruments pour

lutter contre les trois principales causes de mortalité néo-natale: infections graves, problèmes respiratoires et com-plications de la prématurité;

• démontrer et évaluer les mesures des stratégies qui ont fait la preuve de leur effi cacité pour réduire la morbidité et la mortali-té néonatales afi n de déterminer quels sont les instruments et les méthodes qui sont le mieux adaptés aux circonstances;

• intégrer les soins aux nouveau-nés dans les programmes existants de santé maternelle et infantile;

• aider les pays à vaincre les diffi cultés qui les empêchent d’intensifi er les soins aux nouveau-nés.

«L’initiative de Saving Newborn Lives a eu un retentisse-ment considérable en faisant changer les pratiques sanitaires», explique Anne Tinker, directeur de SNL. «Ces deux dernières années, par exemple, elle a permis de faire passer de 30 à 57 % la proportion des enfants nés à la maison qui reçoivent des soins dans la première semaine suivant la naissance, dans les régions de la Bolivie où l’organisation intervient. Au Bangladesh, cette proportion est passée de 18 à 55 %. De plus, la mortalité néo-natale due au tétanos qui faisait 28 000 victimes chaque année au Pakistan, a été réduite de moitié grâce à une campagne na-tionale de vaccination des femmes en âge de procréer réalisée par les pouvoirs publics, l’UNICEF et Save the Children.»

Saving Newborn Lives est membre fondateur et hôte du Partenariat pour la santé du nouveau-né (Healthy Newborn Partnership) qui vient de s’associer au Partenariat pour la survie de l’enfant (Child Survival Partnership) et au Partenariat pour la maternité sans risque et la santé du nouveau-né (Partnership for Safe Motherhood and Newborn Health) pour former le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant (voir page 3).

Dans certaines parties de la Bolivie, Saving Newborn Lives a contribué à faire passer de 30 à 50 % la proportion des enfants nés à la maison qui reçoivent des soins dans la première semaine suivant la naissance.

Une nouvelle note d’orientation sur la santé et la survie des nouveau-nés a été établie par le Population Reference

Bureau des Etats-Unis en collaboration avec Saving Newborn Lives. The Mater nal-Newborn-Child Health Continuum of Care: Collective Voices, Collective Effort to Save Lives est la dernière d’une série de notes d’orientation destinées à aider les décideurs et les professions médicales à intégrer les soins du nouveau-né dans les programmes existants pour la mater-nité sans risque et la survie des enfants.

Cette série, intitulée «Policy Perspectives on Newborn Health» (Perspectives d’actions pour la santé des nouveau-nés) comporte cinq titres: The Healthy Newborn Partnership

(le Partenariat pour la santé du nouveau-né) (juillet 2004), Integrating Essential Newborn Care into Countries’ Policies and Programs (L’intégration des soins essentiels du nouveau-né dans les politiques et les programmes des pays) (septem-bre 2003), Using Evidence to save Newborn Lives (Utiliser les données factuelles pour sauver des nouveau-nés) (mai 2003), Why invest in Newborn Health? (Pourquoi investir dans la santé des nouveau-nés?) (avril 2003), et Healthy Mothers and Healthy Newborns: The Vital Link (La santé des mères et celle des nouveau-nés: un lien vital) (avril 2002). Ces notes peuvent être consultées en ligne (en anglais) à l’adresse suivante: http://www.prb.org.

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NOUVELLES

L’intégration des soins fait reculer de 20 % la mortalité de l’enfant

Ann Veneman était entrée depuis à peine quinze jours dans ses nouvelles

fonctions à la tête de l’UNICEF lorsqu’elle a pris la parole à l’Assemblée générale de la santé, en mai dernier, pour y annoncer une nouvelle remarquable. Dans plusieurs pays d’Afrique occidentale et centrale, les taux de mortalité de l’enfant ont, selon les estimations, reculé de 20 % au cours des trois dernières années.

Comment? Grâce à une meilleure couverture des interventions intégrées de santé maternelle et infantile dans cer-taines des régions d’Afrique les plus dif-fi ciles d’accès. «Les premiers résultats de cette initiative sont remarquables», dit-elle. «Ils nous montrent ce que l’on peut obtenir en peu de temps avec une approche intégrée s’appuyant sur des données scientifi ques solides».

L’approche dont parle Ann Veneman est le Programme accéléré de l’UNICEF pour la survie et le développement de l’enfant, constitué d’un ensemble intégré d’interventions de santé maternelle et in-fantile. Ce programme, démarré en 2002 dans 100 districts de 11 pays d’Afrique du Centre Ouest, a porté sur 17 millions de femmes et d’enfants. Il comprend trois séries différentes d’interventions peu coûteuses et d’une grande effi ca-cité, qui vont des approches préventives et thérapeutiques relevant de la stratégie de prise en charge intégrée des maladies de l’enfant (PCIME) aux soins prénatals

et à un renforcement de la vaccination associée DTC et rougeole, en passant par la distribution de vitamine A.

Ces mesures sont appliquées, dans les districts où la mortalité des enfants est élevée, par les dispensaires publics et les services communautaires, la pré-paration des parents aux gestes sanitai-res étant assurée au foyer.

«Au cours des quinze dernières an-nées, l’Afrique a, en moyenne, régressé en ce qui concerne le maintien en vie et en bonne santé des enfants», dit Ann Ve-neman. «L’Afrique subsaharienne, qui ne compte que 12 % de la population mon-diale, concentre 42 % du nombre total des décès d’enfants de moins de cinq ans dans le monde».

Le programme de l’UNICEF repose sur le principe du partenariat et fait appel aux gouvernements et aux ministères de la santé, à l’OMS, la Banque mondiale, aux dirigeants communautaires et à diverses ONG. Des «contrats de résultats» sont négociés au niveau local, chaque partenaire étant chargé d’obtenir des résultats déterminés.

Lors de la réunion, Ann Veneman a volontiers admis que le gouvernement canadien avait lancé un défi à l’UNICEF en lui offrant 30 millions de dollars pour élaborer un programme de réduction d’au moins 15 % de la mortalité infanto-juvénile, à condition que le coût des mesures ne dépasse pas 1 000 dollars par vie sauvée.

Ann Veneman a dit que là où le pro-gramme avait été pleinement appliqué, on estimait à 20 % le recul de la mortalité, et ce pour un coût supplémentaire de 500 dollars par vie sauvée. Selon les données les plus récentes, la mortalité des enfants de moins de cinq ans dans certains dis-tricts parmi les plus reculés du Sénégal a diminué de près de 25 % depuis 2002. Au Mali, les taux ont baissé de 21 %, suivis de près par ceux du Ghana et du Bénin, respectivement de 17 % et 16 %.

L’UNICEF envisage maintenant d’atteindre 60 % des enfants d’Afrique subsaharienne d’ici 2009 grâce à ces in-terventions intégrées réalisées au niveau des communautés. Lori McDougall

Au poste de vaccination, en Afrique centrale.

Prévenir l’hémorragie du post-partumL’hémorragie du post-partum, première

cause de mortalité maternelle partout dans le monde, suscite une attention nou-velle. L’Initiative de lutte contre l’hémorra-gie du post-partum préconise la prise en charge active du troisième stade du tra-vail qui permet d’éviter jusqu’à 60 % des cas d’hémorragie. L’hémorragie du post-partum se défi nit par une perte de sang de plus de 500 ml après l’accouchement.

L’Initiative de lutte contre l’hémorragie du post-partum est un projet d’une durée de trois ans fi nancé par USAID et lancé en 2004 par cinq organismes partenaires: PATH, RTI International, EnGender Health, la Fédération internationale de gynécolo-gie et d’obstétrique et la Confédération internationale des sages-femmes.

Elle a pour but d’améliorer les prati-ques de soin en développant, en dehors de la formation, la prise en charge active du troisième stade du travail, et en amé-liorant la qualité de la prise en charge et sa pratique, tant dans les établissements de soins que dans les communautés.

Elle vise aussi à répandre plus lar-gement dans les pays l’usage des uté-

rotoniques et des instruments pour un faible coût. Jusqu’ici, au moins 25 % des 500 000 décès maternels qui se produi-sent chaque année dans le monde, et jus-qu’à 60 % dans certains pays, sont consé-cutifs à une hémorragie du post-partum.

«Toute personne accompagnant la naissance doit être capable d’effectuer les gestes de prise en charge du troisième sta-de du travail et doit disposer du matériel et des fournitures nécessaires,» explique De-borah Armbruster, directeur de l’Initiative et membre de PATH. «L’ocytocine est le mé-dicament de choix pour la prise en charge active du troisième stade du travail, mais elle n’est pas toujours disponible.» L’Initia-tive cherche à changer cet état de choses, tout en recueillant des renseignements sur l’utilisation de l’ocytocine en Afrique de l’Est et en Amérique centrale. Pendant ce temps, Gynuity Health Projects, grâce à des fonds de la Fondation Bill Gates, mène des études cliniques de grande ampleur pour évaluer l’effi cacité et déterminer les doses thérapeutiques du misoprostol dans la prévention et le traitement de l’hémorra-gie du post-partum. Brigid McConville

La prise en charge active du troisième stade du travailIl est avéré que la prise en charge active du troisième stade du travail réduit dans une proportion signifi -cative les hémorragies du post-par-tum, les pertes de sang et la néces-sité d’une transfusion sanguine. Elle comprend trois éléments principaux qui sont :• l’administration d’un agent uté-

rotonique (l’ocytocine est le plus effi cace pour empêcher l’hémor-ragie du post-partum);

• la traction contrôlée du cordon ombilical;

• le massage utérin après expul-sion du placenta.

Pour télécharger un dossier sur l’hé-morragie du post-partum : http://www.pphprevention.orgSur l’utilisation du misoprostol dans la prévention de l’hémorragie du post-partum : http://www.gynuity.org

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CHRONIQUE

Compte à rebours pour 2015Des experts se réunissent à Londres pour faire le bilan des actions pour la survie des enfants

La Princesse Anne d’Angleterre salue un participant à la conférence, Philip Adongo, du Navrong Health Research Centre (Ghana).

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Sénégal : Améliorer la nutrition

«Une bonne alimentation est le fondement de la santé de l’enfant», soutient Mamadou Sidibe, Ministre de la plani-

fi cation et du développement durable du Sénégal, qui assistait à la conférence.

«La malnutrition nous prive d’énergie et compromet notre santé et notre vie. Elle contribue à plus de la moitié de toutes les morts d’enfants», explique le ministre. «Elle diminue les facultés d’apprentissage scolaire et la capacité de travail. Pour le Séné-gal, c’est un gaspillage de ressources d’1,6 milliard de dollars et la cause du décès de 300 000 enfants en dix ans. Le Gouverne-ment du Sénégal trouve cela inacceptable et est résolu à faire changer cet état de choses».

Créée en 2002, la Commission sénégalaise de lutte contre la malnutrition, rattachée au Bureau du Premier ministre, se consacre à une approche multisectorielle commençant au niveau des ménages et de la communauté, qui a été essayée et retouchée en fonction des différentes régions. Des initiatives novatrices ont vu le jour telles que des groupes de soutien pour les femmes enceintes et des groupes de grand-mères permet-tant aux femmes d’apprendre les unes des autres en valorisant le respect dû aux femmes âgées dans la communauté.

Ces initiatives viendront consolider les résultats acquis par le Sénégal dans la réduction du taux de malnutrition, passé de 23 % en 1992 à 17 % en 2004. Par ailleurs, la mortalité infantile est passée de 86 à 61 pour mille et celle des enfants de moins de cinq ans de 199 à 121 pour mille entre 1986 et 2005.

Bolivie : gratuité des soins

«La mortalité infantile et celle des enfants de moins de cinq ans ont radicalement diminué en Bolivie», estime Alvaro

Rafael Muñoz-Reyes, Ministre de la Santé jusqu’en janvier 2006. Cette réussite est due à l’assurance maladie universelle instituée au bénéfi ce des mères et des enfants et fi nancée par le budget de l’Etat. Cela a permis de lever les contraintes fi nan-cières qui faisaient obstacle à la santé et d’élargir l’accès aux soins en Bolivie.

«L’encadrement juridique et politique permet de résoudre le problème de l’accès insuffi sant aux soins par la mise en place d’un régime d’assurance national», explique M. Muñoz-Reyes, mais «il est très important d’y associer les communautés pour que les [progrès] soient durables».

La prise en charge intégrée des maladies de l’enfant dans la communauté a nettement amélioré les soins dispensés aux nouveau-nés entre 2003 et 2004. En outre, des alliances natio-nales et locales ont permis de mobiliser des ressources, de conjuguer les efforts et d’appuyer les interventions.

Au cours des sept années durant lesquelles il a exercé la médecine en milieu rural, M. Muñoz-Reyes a vu comment, avec l’aide de la communauté, les femmes ont gagné la bataille pour «faire naître leur enfant dans la position de leur choix, malgré la vive opposition des médecins. Maintenant qu’elles sentent que leurs souhaits et leurs convictions seront respectés, elles sont beaucoup plus nombreuses à faire appel aux services de santé, ce qui permet de sauver beaucoup de vies.»

L’année 2005 a-t-elle marqué un tour-nant pour la mortalité de l’enfant dans les pays pauvres? C’est bien là l’espoir des experts du développement mondial réunis à l’Université de Londres pour deux jours, les 13 et 14 décembre.

La conférence «Compte à rebours pour 2015» démarre une série de bilans bisannuels des progrès accomplis pour la survie des enfants, auxquels avait appelé le groupe Bellagio dans sa série d’articles sur la survie de l’enfant parus en 2003 dans The Lancet. Se sont no-tamment succédé à la tribune Lee Jong-wook, Directeur général de l’OMS, Ann Veneman, Directeur général de l’UNICEF et la Princesse Anne d’Angleterre.

La conférence a été organisée pour faire le bilan des interventions en faveur de la survie des enfants, déterminer ce qui fait obstacle aux progrès et exami-ner comment en venir à bout, convenir des indicateurs à utiliser pour suivre les

progrès des ac-tions, et favoriser l’engagement des institutions dans les actions en fa-veur de la survie de l’enfant. Le principe consistant à traiter la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant comme une entité et à tra-vailler en synergie a été le thème ré-current de la confé-rence.

Un rapport qui fera date, intitulé Tracking Intervention Coverage for Child Survival: The 2005 Report, a été publié à l’occasion de la réunion. Les auteurs soutiennent que près de 35 millions de vies d’enfants pourraient être sauvées

dans les dix prochaines années grâce à un certain nombre de mesures simples, effi caces et peu coûteuses, qui com-prennent la vaccination, l’allaitement maternel exclusif, l’accès à l’eau pota-

Les pays s’informent de leurs réussites en matière de réduction de la mortalité de l’enfant

CHRONIQUE

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ble et à l’assainissement, l’utilisation de moustiquaires contre le paludisme, la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, la réhydratation par voie orale et la prise en charge de la pneumonie.

Ce rapport indique qu’aucun des 60 pays où les taux de mortalité des en-fants sont les plus élevés n’assure aux enfants la totalité des interventions vi-tales qui peuvent être appliquées à des conditions abordables. «La plupart de ces 60 pays assurent à une proportion importante de leurs enfants au moins certaines interventions, de sorte que nous voyons très précisément ce qu’il y a à faire et où», explique Jennifer Bryce, l’un des auteurs du rapport. Le rapport défi nit les conditions de départ qui ser-viront ultérieurement à mesurer les pro-grès accomplis sur une base régulière.

Dans certains pays, la proportion des mères et des enfants qui ont accès aux interventions vitales est en augmen-tation rapide. Au Ghana, par exemple, les taux d’allaitement maternel exclusif ont quadruplé au cours des quelques années passées.

De même, le nombre de parents qui font soigner un enfant pour une pneumo-nie, première cause mondiale de mor-talité chez l’enfant, monte en fl èche au Liberia, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Afrique du Sud. En même temps, la distribution de moustiquaires s’accélère au Togo et au Malawi.

Rapidité et simplicité sont les mots clés pour atteindre les 4ème et 5ème objectifs du Millénaire pour le dévelop-pement, réduire la mortalité de l’enfant et améliorer la santé maternelle.

Zulfi qar Bhutta, de l’Université Aga Khan du Pakistan, déclare: «Nous pouvons agir au niveau des commu-nautés par des interventions simples...

Nous devons aussi agir sur les com-portements sociaux, la manière dont la société conçoit la santé maternelle et néonatale. Les inégalités deviennent criantes lorsqu’il s’agit des mères et des nouveau-nés».

«Ce rapport constitue la première fi che d’évaluation des résultats de notre travail», indique Kul Gautam, Directeur gé-néral adjoint de l’UNICEF et président du comité directeur intérimaire du Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant. «Pour la suite», explique-t-il, «le mieux est d’assurer la continuité des soins maternels et infantiles».

La conférence de Londres a été or-ganisée par le Bellagio Child Survival Stu-dy Group, la London School of Hygiene and Tropical Medicine, l’OMS, l’UNICEF, The Lancet, le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant, Save the Children, USAID, BASICS, le Department for International Develop-ment (DFID) du Royaume-Uni, la Banque mondiale et l’Association internationale de pédiatrie. Brigid McConville

http://www.childsurvivalcountdown.com

Ethiopie : gros plan sur les systèmes de santé

Dans la population essentiellement rurale de l’Ethiopie, les morts d’enfants sont beaucoup trop courantes (140 pour

1 000). Le tiers de ces décès surviennent pendant la période néonatale, et la mortalité maternelle est de 871 pour 100 000.

La première mission en Ethiopie du Partenariat mondial pour la survie de l’enfant a eu lieu en décembre 2003, et grâce à l’enga-gement résolu du gouvernement, une stratégie a pu être mise sur pied en novembre 2004. «L’important, c’est l’harmonisation» expli-que Tedros Adhanom, Ministre de la santé, qui indique que l’Ethio-pie n’a maintenant qu’»un seul plan, un seul budget et un seul système de contrôle. Forcés à nous aimer, dit-on chez nous».

Les priorités nationales en matière de santé sont mainte-nant la santé maternelle et infantile ainsi que la prévention et la maîtrise du VIH/SIDA et du paludisme. Pour atteindre ses objectifs, l’Ethiopie a mis en place un «Programme de dévelop-pement sanitaire» et multiplie les dispensaires. «Notre but est d’assurer des soins de santé primaires universels d’ici à 2008 grâce à la présence d’un poste sanitaire dans tous les villages et d’un centre médical pour 25 000 habitants. Nous avons réali-sé le tiers de cet objectif», nous déclare le ministre.

Dans le cadre du programme de développement sanitaire, des volontaires de foyers sélectionnés recevront une forma-tion de 96 heures aux techniques de soins élémentaires. Un «tribunal social» veillera à l’application des décrets en matière sanitaire. «Nous voulons former 3 000 agents de santé en trois ans», dit encore le ministre. «D’ici là, 2 167 dispensaires seront transformés en centres médicaux et 563 centres médicaux seront construits de neuf». Selon lui, l’Ethiopie aura besoin de 3,1 milliards de dollars pour atteindre le 4ème objectif du Millé-naire pour le développement, à savoir réduire des deux tiers la mortalité de l’enfant d’ici 2015.

«Notre philosophie consiste à considérer que les foyers sont les principaux producteurs de la santé. Tout comme il produit des produits agricoles, chaque foyer est en mesure de produire de la santé». En même temps, «l’institutionnalisation est la pièce maîtresse pour traduire la vision en actions», ajoute-t-il.

Népal : Mobiliser la communauté

Le Népal a réussi à réduire rapidement la mortalité de l’enfant. Au cours des vingt dernières années, le taux de mortalité

des enfants de moins de cinq ans est passé de 201 à 70 pour 1 000 naissances vivantes.

Le Directeur de la santé de l’enfant du Népal, YV Pradhan, attribue ce résultat à une série d’opérations de santé publique réalisées dans tout le pays. Un exemple de ces opérations est le traitement des enfants atteints de pneumonie par des femmes volontaires constituées en groupes d’action sanitaire commu-nautaire, qui a permis de sauver 8 500 enfants par an.

Par ailleurs, explique le Dr Pradhan, «la campagne d’admi-nistration de vitamine A a eu des résultats spectaculaires et a permis d’atteindre 90 % des enfants», évitant ainsi 12 000 décès d’enfants par an. Le travail des groupes d’action sanitaire et la formation qu’ont reçue ces femmes pour prendre en charge les infections du nouveau-né ont aussi permis de sauver de nombreuses vies.

«Nous avons maintenant 48 000 de ces groupes de femmes, soit un pour 80 foyers», nous dit le Dr. Pradhan. «La moitié d’entre elles ne savent pas lire, mais elles ont montré que les soins communautaires peuvent réduire de 28 % la mortalité due à la pneumonie. Les médecins étaient d’abord inquiets de les laisser manier des antibiotiques, mais nous avions la volonté de déléguer, et cela a réussi.» Brigid McConville

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Une gynécologue, Azra Ahsan (à droite sur la photo) et d’autres doctoresses mettent au monde un enfant à l’hôpital de campagne d’une ONG après le déplacement de la mère consécutif au tremblement de terre au Cachemire. «Tout autour de nous se produisaient des glissements de terrain», se souvient Ahsan.

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Près de la moitié des personnes qui vivent actuellement ont traversé une

catastrophe naturelle une fois au cours des dix dernières années.

Sur ces quelque deux milliards et demi de personnes, les mères, les nourrissons et les enfants sont les plus durement frappés par les catastrophes et leurs conséquences, non seulement parce qu’ils sont généralement moins en mesure d’y échapper en courant, en escaladant ou en nageant, par exemple, mais surtout parce que ce sont eux qui souffrent le plus de l’effondrement des services de santé. Les femmes encein-tes et les nouveau-nés sont privés de soins qualifi és. Les enfants sont mena-cés par le manque d’eau potable et de nourriture et par la maladie.

Durant le séisme du Pakistan, la moitié des 80 000 personnes qui ont trouvé la mort étaient des enfants. Le nombre des femmes et des enfants qui ont péri pendant le tsunami de 2004 était largement supérieur à celui des hommes. Dans quatre villages Ouest, par exemple, les hommes qui ont survécu sont trois fois plus nombreux que les femmes.

La moitié des 80 000 personnes qui ont péri pendant le séisme au Pakistan étaient des enfants

Ceux qui participent aux opérations de secours en cas de catastrophe font valoir que le meilleur moyen de protéger les femmes dans de telles circonstances et après consiste à faire en sorte qu’elles soient associées à la prise de décisions, à leur ménager des espaces privés pour les soins et à les aider à retrouver leurs moyens de subsistance.

Au Guatemala, l’ouragan Stan

Le 3 octobre 2005, l’ouragan Stan a frappé le Guatemala, provoquant

des inondations et des coulées de boue dévastatrices. Dix jours plus tard, Sameer Sah, de Plan International, s’est rendu sur la côte sud gravement touchée, où de nombreuses familles avaient été évacuées et mises en sécurité dans des écoles transformées en abris.

«Dans toutes les crises, les person-nes les plus vulnérables sont les femmes enceintes et les enfants. Le problème le plus grave au Guatemala est l’eau pota-ble, car les puits ont été pollués par les inondations. La diarrhée met les enfants en danger de mort, et, pour les femmes, le risque c’est la maladie ou la perte de leur enfant. Les gens buvaient de l’eau minérale, mais c’est une source limitée. C’est pourquoi nous avons commencé à recueillir l’eau de pluie à l’aide de struc-tures installées sur les toits.

«Plan avait enseigné à des jeunes que la première priorité dans une situa-tion d’urgence est de s’occuper des femmes enceintes et des enfants. Les jeunes ont donc cherché les femmes enceintes, leur ont demandé quand la naissance était prévue et ont trouvé des véhicules pour les conduire au centre médical pour y accoucher.

«Les sols détrempés favorisent le paludisme et la dengue, aussi procure-t-on aux communautés des moustiquai-res. Les femmes enceintes et les jeunes enfants sont les premiers à en recevoir, comme les malades.

«La perte des moyens de subsistan-ce signifi e que les femmes et les enfants manqueront de ravitaillement. Plan a

fourni des dons permettant de reconsti-tuer les stocks des commerçants et des agriculteurs et a donné aux familles des provisions de nourriture pour un mois.

«Par le passé, nous avons vu que si l’on n’agissait pas rapidement après une catastrophe, le risque était d’autant plus grand que les enfants soient exposés à des sévices. Les enfants sont très vulné-rables, surtout dans les abris, et trop effrayés pour parler; les auteurs, quant à eux, s’arrangent pour disparaître.»

Pakistan : le tremblement de terre

Le 8 octobre 2005, un séisme d’une très grande magnitude a

frappé le Cachemire, causant plus de 70 000 morts du côté pakistanais et près de 1 500 dans la partie indienne. Selon les premières estimations des Nations Unies, 40 000 femmes encein-tes ont été touchées par le séisme, tandis qu’une personne sur cinq de toutes celles qui ont été affectées avait moins de cinq ans. Azra Ahsan, gynéco-logue à Karachi, Pakistan, s’est portée volontaire et a offert ses services.

«Je me suis rendue dans un hôpi-tal de campagne installé par l’ONG Citizen’s Foundation à Muzaffarabad. J’étais avec mon mari, chirurgien, et trois autres femmes volontaires. Des amis ont cherché à nous dissuader d’y aller en disant que «ce n’était pas un endroit pour les femmes». Pourtant, en voyant, à la télévision, qu’il y avait beau-coup de femmes étrangères, je me suis dit que si l’endroit était sûr pour elles, il l’était aussi pour moi.

«Nous sommes restés là dix jours. Ce que j’ai vu est indescriptible. Au début, je n’ai fait que poser inlassa-blement des cathéters sur des jeunes femmes paraplégiques. Nos coutumes font qu’il est impensable que cela soit fait par un homme. Je frémis en pensant au sort qu’auront connu ces femmes de régions montagneuses, dont la maison a été détruite, et qui ont perdu tant de proches.

«Pendant notre séjour, nous avons effectué plus de 300 opérations, en grande partie sur des femmes et des enfants qui avaient été amenés par héli-coptère des montagnes. Ils souffraient de fractures, de blessures par lacéra-tion, de lésions articulaires et rachidien-nes. Tous étaient en état de choc. J’en ai rarement entendu crier de douleur, même parmi les enfants. Tous avaient perdu plusieurs membres de leur famille.

Sur le front des catastrophes : de Katrina au CachemireBrigid McConville s’entretient avec des professionnels de la santé des répercussions des catastrophes naturelles survenues récemment sur la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant

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Emi Munir, sage-femme indonésienne, ici avec son fi ls Yudha Munir, a perdu son mari et trois fi lles lors du tsunami. En quelques semaines, elle s’est pourtant remise au travail, ouvrant un nouveau dispensaire à Banda Aceh pour dispenser des soins gratuitement aux mères et aux nouveau-nés.

Yvonne Long a donné naissance à la petite Katrina à l’aéroport de la Nou-velle-Orléans avec l’aide de l’infi rmière sage-femme Robbie Prepas.

CHRONIQUE

Ils n’avaient pas seulement des bles-sures corporelles, ils avaient subi des traumatismes profonds et souffraient en silence.

«Des glissements de terrain se produisaient sans cesse autour de nous, et l’air empestait des milliers de corps encore ensevelis sous les décombres des bâtiments. J’ai vu beaucoup de femmes enceintes qui devaient aller accoucher à l’hôpital local, mais le bâtiment s’était effondré sur les patients et le personnel.

«J’ai aussi mis au monde le premier bébé du camp. La mère avait été descen-due des montagnes par un hélicoptère de secours et était en travail. Elle nous a dit que toutes les maisons de son village étaient détruites, que beaucoup de ses habitants avaient été tués ou blessés et que tous ceux qui restaient dormaient dehors.

«Heureusement, elle a eu un accou-chement normal et la nouvelle de la nais-sance a été accueillie par des acclama-tions dans tout l’hôpital et dans le stade de l’armée. Ce bébé symbolisait un nouveau commencement.»

Etats-Unis : l’ouragan Katrina

En août dernier, l’ouragan Katrina s’est abattu sur la côte de la Louisiane,

provoquant des inondations et submer-geant une partie de la Nouvelle-Orléans. Robbie Prepas, infi rmière sage-femme, a rejoint une équipe de secours médical à l’aéroport de la ville.

«Environ 2 000 personnes évacuées se trouvaient là sans eau, sans nourriture, sans sanitaires en état de fonctionnement et sans électricité. Il s’agissait de gens très pauvres, même en comparaison de beaucoup de ceux que j’ai côtoyés dans les pays en développement.

«Nous avons soigné toutes sortes de maux, depuis les arrêts du coeur et les blessures par balle jusqu’aux attaques, en passant par l’hypertension, le diabète et l’asthme. Les gens étaient déshydratés et privés de nourriture depuis plusieurs jours. Beaucoup d’entre eux, séroposi-tifs, n’avaient pas de médicaments.

«Les réfugiés continuaient cepen-dant d’affl uer, certains après plusieurs jours de marche. Tout l’espace était occupé et nous n’avions toujours ni nourriture, ni eau.

«J’ai mis au monde un enfant à l’aé-roport et des jumelles dans une ambulan-ce. L’une des jumelles se présentait par le siège, aussi la mère était-elle en route pour l’hôpital [pour y subir une césa-rienne]. Les deux mères et les enfants se portaient bien, mais nous n’avons malheureusement eu aucun moyen de le faire savoir à leur famille.»

«Enfi n, le 1er septembre, la Garde nationale et deux nouvelles équipes

médicales sont arrivées avec de la nour-riture, de l’eau, de l’électricité et des toilettes mobiles. Nous avions jusque là vu 10 000 patients.»

Indonésie : le tsunami

Emi Munir est sage-femme et originaire de la province d’Aceh, en Indonésie.

Lors du tsunami de décembre 2004, elle a été blessée et a perdu son mari et trois fi lles. Emi a continué à s’occuper des autres et est devenue un exemple pour des centaines d’autres sages-femmes. Elle a été reconnue, avec l’Associa-tion indonésienne des sages-femmes, meilleur défenseur de la maternité sans risque en période de crise, distinction qui lui a été décernée en 2005 par The White Ribbon Alliance et le Global Health Council.

«Lorsque la mer s’est retirée, je suis allée séjourner, avec 50 autres person-nes, dans la maison d’une famille aisée de Neusu, à Banda Aceh, où je suis restée environ deux semaines. Certains étaient dans le même état que moi –je

ne marchais toujours pas– mais d’autres étaient dans un état pire encore. Je n’étais donc pas seule à vivre cette tragédie.

«Pendant mon séjour dans cette maison, je suis devenue l’infi rmière du groupe et je me suis occupée de ceux qui étaient blessés et malade. Je n’avais pas le choix. Ces gens avaient déses-pérément besoin de moi, et moi d’eux. Sans ce travail, je n’aurais pu continuer à vivre.

«Je suis rentrée chez moi le septiè-me jour pour voir dans quel état se trou-vait ma maison, et j’ai vu qu’elle était détruite. Toute la région avait été dévas-tée, elle avait perdu les deux tiers de ses habitants. Mon frère m’a alors ramenée à Bukittinggi, la ville où je suis née. J’y suis restée deux semaines avec ma mère et des parents.

«Mes anciennes amies de l’école d’infi rmière avaient appris ce qui m’était arrivé. Toutes sont venues m’accueillir à l’aéroport. J’étais très triste, mais en même temps j’étais heureuse qu’elles ne m’aient pas oubliée. Chaque matin, trois ou quatre d’entre elles venaient me réconforter et changer mes pansements jusqu’à ce que je sois guérie. L’affection de mes proches et de mes amies m’a fait reprendre courage et m’a permis de surmonter la douleur de la disparition des membres de ma famille.

«De retour à Banda Aceh, je savais qu’il fallait reprendre le cours de ma vie. En février, j’ai repris le travail dans un nouveau dispensaire ouvert à Lueng Bata, à Banda Aceh, où j’ai pu donner des soins gratuitement aux mères et aux nourrissons pendant les deux premiers mois de leur vie.»

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Les nouveaux pères sont de plus en plus en vue, selon une récente enquête mondiale. Le magazine FatherWorld a

observé des pères sur les cinq continents, à la recherche des meilleurs papas. Qui sont les vainqueurs? Les Pygmées Aka du nord du Congo. En l’absence de la mère, le père calme l’enfant en lui donnant le mamelon à sucer.

Les Pygmées Aka s’occupent plus des nourrissons que les pères de n’importe quelle autre société connue, selon le rapport de FatherWorld. En moyenne, ils portent leurs bébés

ou les gardent près d’eux pendant 47 % du temps, battant jusqu’aux pères suédois qui arrivent en tête dans le monde occidental avec en moyenne 45 % des soins parentaux.

A l’échelle du monde, les pères qui participent au soin de l’enfant lui consacrent maintenant entre le quart et le tiers du temps qu’y passent les femmes, et cette proportion est en augmentation. L’enquête a aussi montré que :• les pères assurent un tiers des soins parentaux au

Royaume-Uni;• aux Etats-Unis, la contribution des pères est passée de

la moitié aux deux tiers de celle des mères au cours de la dernière décennie;

• prendre soin des enfants accroît le bien-être psychique des hommes;

• le régime hormonal des nouveaux pères se modifi e au moment de la naissance, à l’image des variations hormo-nales que connaît leur partenaire.

Toutefois, dans de nombreuses cultures de par le monde, les hommes ne sont pas considérés comme faits pour s’occu-per des enfants. Sur les 156 cultures étudiées dans l’enquête, 20 % seulement encouragent les relations étroites entre les hommes et les nourrissons, et 5 % seulement avec les jeunes enfants.

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Tous les jours, aux quatre coins du monde, les pères infl uent d’une manière décisive sur la santé des mères et des enfants

et leurs perspectives de vie. Et pourtant, ils sont souvent oubliés des programmes en matière de santé maternelle, néonatale et infanto-juvénile.

«Ce sont souvent les pères qui ont le pouvoir de décision et la maîtrise des ressources», explique Patrice Engle, conseiller principal de l’UNICEF pour la petite enfance. Pourtant, de nombreuses interventions sanitaires «restent ciblées exclusive-ment sur les femmes, qui n’ont pas toujours l’autorité nécessaire pour les mettre en pratique», poursuit-il. «La participation des pères peut être l’un des piliers les plus importants du soutien aux enfants, mais elle reste trop peu utilisée.»

Les choses sont toutefois en train de changer. Entre 2002 et 2003, le nombre des bureaux de pays de l’UNICEF qui ont recours à des stratégies spécifi ques pour les pères dans leurs

PaternitéLe rôle des pères dans la santé familiale est trop souvent négligé

interventions intéressant les parents a pratiquement triplé, passant de 10 à 28. Depuis, la Commission de la condition de la femme, dans le cadre des Nations Unies, a demandé en 2004 que les pères autant que les mères soient inclus dans les programmes visant les nourrissons et les enfants.

Dans un article paru dans le magazine FatherWorld publié par Fathers Direct, une oeuvre de bienfaisance du Royaume-Uni (http://www.fathersdirect.com), Engle indique que l’on a constaté des changements notables dans le comportement des pères dans plusieurs des pays où travaille l’UNICEF. Bien qu’ils résultent d’un grand nombre de facteurs, les change-ments observés sont notamment :• une réduction des dépenses des pères pour leur propre

compte, au bénéfi ce de la famille;• une amélioration des pratiques d’alimentation des nourris-

sons et des jeunes enfants;• une scolarisation accrue des fi lles, qui ont de meilleurs

résultats scolaires;• un accès accru des mères aux soins prénatals;• une augmentation du poids des enfants à la naissance;• une progression des taux d’allaitement maternel.Une conférence internationale sur la paternité organisée par Fathers Direct en 2003 a été consacrée à la valorisation du rôle des pères dans le bien-être et le développement des enfants, à la promotion de l’égalité entre les sexes, au développement de l’accès aux soins et à la lutte contre la pauvreté, la malnu-trition et le VIH/SIDA chez l’enfant. Cinquante experts des cinq continents ont participé à cette conférence, ainsi que des hauts fonctionnaires des Nations Unies.

La conférence a mis en exergue l’urgence de la recherche pour infl uer sur les politiques publiques en matière de santé, d’éducation et de services sociaux en tenant compte de leurs effets sur les pères et les familles.

«L’attitude et les actes des partenaires masculins des femmes enceintes ont une infl uence sur la santé de la mère et de l’enfant», déclare Tom Beardshaw, de Fathers Direct, qui préconise «un cadre de politiques et de pratiques qui incitent les hommes à [prendre soin] de la santé et du bien-être de leur partenaire et des enfants, et qui mette fi n aux attitudes et aux comportements malfaisants». Brigid McConville

Les meilleurs papas : les Pygmées

Risque accru de VIH pendant la grossesse

Selon une étude publiée récem-ment dans The Lancet, le risque

de contamination par le VIH est plus élevé pendant la grossesse (Vol. 366, 1182-1188, 1er octobre 2005; http://www.thelancet.com).

Les auteurs de cette étude ont constaté que les femmes enceintes du district de Rakai, en Ouganda, étaient deux fois plus susceptibles de contracter le VIH/SIDA que les femmes qui ne l’étaient pas.

R.H. Gray et ses collaborateurs ont suivi plus de 10 000 femmes, dont un cinquième étaient enceintes ou allaitaient. Ils ont trouvé qu’il était peu probable que le risque accru durant la grossesse soit dû à des comportements sexuels à risque. En revanche, la cause pouvait être recherchée dans «les modifi cations hormonales affectant les muqueu-ses génitales ou les réponses im-munitaires».

Les femmes devraient donc être averties de ce risque, et être incitées à recourir aux préservatifs ou à l’abstinence sexuelle, moyens qui présenteraient, en outre, l’avan-tage de les protéger des autres affections transmises sexuellement qui peuvent affecter la mère et le nouveau-né.

De l’avis des auteurs, cela «rend d’autant plus impérieuse la nécessité d’offrir des services de planifi cation des naissances, surtout lorsque le risque de contracter le VIH est très élevé». Brigid McConville

SAVOIR

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La santé en AfriqueLe British Medical Journal consacre un

numéro spécial à la santé en Afrique (vol. 331 du 1er octobre 2005; http://www.bmj.com) dans lequel sont présentés à la fois de nouvelles études et des articles d’opinion sur les principales causes de mortalité telles que le VIH/SIDA et le pa-ludisme, et sur des «problèmes sous-es-timés» tels que l’hémorragie du post-par-tum et l’inégalité entre les sexes.

Les auteurs sont, pour la plupart, des chercheurs d’Afrique du Sud et du Nigeria et des personnes attachées à des écoles de santé publique du Royaume-Uni ou des Etats-Unis qui travaillent en Afrique et qui ont, entre autres, publié des articles sur les médicaments des-

tinés à traiter l’hémorragie du post-partum et le paludisme chez le nourris-son et l’enfant.Un article, par exemple, étudie l’effi cacité de l’administration intermittente de traitements de

prévention du paludisme à des nourris-sons du Ghana (Daniel Chandramohan et al.), et montre l’intérêt des antipaludi-ques tels que l’artéméther-luméfantrine chez l’enfant en Zambie (Dejan Zurovac et al.). Un autre article montre que le mi-soprostol permet de réduire la mortalité

et la morbidité durant l’accouchement en réduisant l’incidence de l’hémorragie grave (Lars Høj et al.).

Les questions plus générales ne sont pas oubliées. Un article étudie les effets de la suppression de la par-ticipation fi nancière des usagers des soins, qui permettrait de sauver la vie de 233 000 enfants par an dans 20 pays africains (Chris James et al.).

Ce numéro du British Medical Jour-nal illustre à la fois la dimension du pro-blème et l’ampleur de la tâche. Gérer les ressources humaines, atteindre les ob-jectifs du Millénaire pour le développe-ment, lutter contre la corruption, tous ces sujets ressortent comme des composan-tes à part entière de l’amélioration de la santé en Afrique. Brigid McConville

Dépression du post-partum et santé du nouveau-né

On pensait autrefois que, dans les pays en développement, les soins du post-partum étaient un facteur d’équilibre puisque les femmes accédaient au statut valorisé de

mères et bénéfi ciaient d’un repos imposé, d’une aide accrue pour les tâches pratique et de la possibilité de participer aux rituels prescrits par leur culture. Or les chercheurs constatent que les taux de dépression du post-partum y sont deux à trois fois supé-rieurs à ce qu’ils sont dans les pays riches, où 10 à 15 % des femmes connaissent une dépression dans la première année de la naissance. On peut donc penser que les initiatives visant à améliorer la santé du nouveau-né et de l’enfant gagneraient à être complétées par des mesures pour améliorer la santé psychique des mères.

Des études récentes menées au Viet Nam, au Pakistan, en Inde, en Turquie et en Afrique du Sud révèlent des taux de dépression allant de 23 à 40 %. Une étude réalisée auprès de 506 femmes de Hô Chi Minh-Ville, au Viet Nam, par exemple, fait ressortir un taux de dépression de 32,7 % (Fisher et al., BJOG: An International Jour-nal of Obstetrics and Gynaecology, 2004); une étude portant sur 632 femmes du sud de Kahuta, au Pakistan, indique un taux de 28 % à 12 semaines post-partum (Rahman et al., Psychological Medicine, 2003); enfi n, une étude menée auprès de 2 514 femmes de Turquie orientale et centrale ayant accouché l’année précédente constate des taux de 27,2 % (Inandi et al., International Journal of Epidemiology, 2002).

Les auteurs notent aussi des ressemblances frappantes entre les facteurs de ris-que de dépression chez les mères de nouveau-nés de pays pauvres et de pays indus-trialisés. Il s’agit notamment :• d’une grossesse non désirée (Fisher et al., 2004);• de mauvaises relations avec le partenaire: absence au moment de la naissance

de l’enfant; manque de soutien pratique ou affectif de sa part; sa participation insuffi sante aux soins du nourrisson; des attentes conditionnées par une concep-tion rigide des rôles; un comportement réprobateur, coercitif ou violent (Fisher et al., 2004; Patel et al., American Journal of Psychiatry, 2002; Rahman et al., Child: Care, Health and Development, 2003);

• du manque de soutien pratique et affectif ou de critiques de la part de membres de la famille (Inandi, 2002).La dépression du post-partum peut avoir des répercussions importantes sur les

nouveau-nés. Les mères dépressives tendent à arrêter l’allaitement au sein plus tôt (Cooper et al., Journal of Psychosomatic Research, 1993) et à être moins sensibles à leur enfant. Indépendamment des autres risques, les enfants de mères dépressives, surtout dans les milieux défavorisés, sont deux fois ou trois fois plus susceptibles de présenter respectivement un retard de poids ou un retard de croissance à six mois (Patel et al., 2002).

Les femmes en état de dépression sont moins aptes à comprendre et à utiliser les conseils sanitaires; or les programmes de promotion de la santé qui visent à améliorer la santé de l’enfant s’appuient la plupart du temps sur les mères.

Synthèse élaborée par Jane Fisher (Université de Melbourne), Meena Cabral de Mello (OMS), Vikram Patel (London School of Hygiene and Tropical Medicine), et Atif Rah-man (Royal Manchester Children’s Hospital, Royaume-Uni).

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La Facilité de fi nancement interna-tionale pour la vaccination

La Facilité de fi nancement internationale pour la vaccination a été créée par l’Al-

liance en septembre 2005 pour accroître les aides et assurer la fi abilité et la prévisibilité des fl ux de crédits destinés à la vaccination et aux systèmes de santé dans la période menant à 2015, échéance fi xée dans les ob-jectifs du Millénaire pour le développement.

La Facilité mobilise des crédits en contractant des emprunts garantis par des engagements à long terme juridiquement contraignants pris par divers donateurs. Ces engagements peuvent être convertis en crédits déboursables immédiatement sous la forme de dons servant à fi nancer des programmes de vaccination dans les pays bénéfi ciaires. Des obligations sont émises en échange des promesses de paiement des donateurs sur les marchés internatio-naux de capitaux; la Facilité paie ensuite aux titulaires des obligations un taux d’in-térêt convenu et rembourse le capital des obligations à leur échéance à mesure que les donateurs réalisent leurs engagements pendant la durée du programme.

La Facilité prévoit d’investir 4 milliards de dollars pour empêcher la mort de 5 mil-lions d’enfants entre 2005 et 2015, et celle de plus de 5 millions d’autres personnes à l’âge adulte (http://www.iffi m.com)

Rose Mlay: donner sa chance à chaque mère en Tanzanie

PREMIÈRE PERSONNE

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Rose Mlay, coordinatrice

de White Ribbon Alliance of Tan-zania, s’entre-tient avec Brigid McConville.

Q. Quelles sont les priorités pour une maternité sans ris-

que en Tanzanie?R. Il nous faut plus d’infi rmières sages-femmes et de médecins. Or, depuis 1994, le nombre d’infi rmières sages-femmes a considérablement diminué. Celles qui consentent à aller dans les régions recu-lées devraient bénéfi cier d’avantages en termes de logement et de rémunération. Par ailleurs, les accoucheuses tradition-nelles devraient inciter les femmes à faire appel à du personnel qualifi é.

Les responsables politiques tanza-niens, les hommes et l’ensemble de la communauté doivent savoir que la morta-lité maternelle est en augmentation dans ce pays, surtout par manque d’accou-cheuses qualifi ées. Les complications –hémorragie, hypertension, occlusion,

infection puerpérale, anémie, VIH– qui font que les femmes perdent la vie, cette vie si précieuse, et celle de leur enfant, ne sont pas du ressort d’une parente ou d’une accoucheuse traditionnelle.

Certains de nos responsables po-litiques [parmi les anciens] adorent les accoucheuses traditionnelles parce c’est l’une d’elles qui a aidé leur mère à les mettre au monde. Mais l’anémie et la malnutrition sont encore plus répandues de nos jours parmi les femmes de nos villages qu’autre-fois, et elles peuvent en plus être doublées de séropositivité et de paludisme. Pour beaucoup de femmes, aujourd’hui, quel-ques millilitres de sang peuvent être fatals.

Q. Que pensez-vous des progrès de la maternité sans risque en Tanzanie?R. Je suis souvent découragée, mais je ne renonce pas. Chez nous, soixante pour cent des mères accouchent à la maison sans soins qualifi és, mais les accoucheuses traditionnelles ne savent pas traiter les complications qui mena-cent les mères et les nouveau-nés. Nos grand-mères souffraient de fi stule, et ce problème terrible affl ige encore les mè-res de nos jours. C’est inacceptable.

Q. Quels sont les principaux problèmes auxquels vous vous heurtez?R. L’un des problèmes les plus graves est l’impact du VIH/SIDA et la participation des hommes à la prévention. Je pense que les hommes doivent accompagner les femmes aux visites prénatales et que le couple doit volontairement aller aux consultations sur le VIH/SIDA, faire une recherche de séropositivité et se présenter ensemble pour les résultats. [Nous avons constaté que] les hommes en pareille situation ont à coeur d’assu-rer la protection du nouveau-né et de veiller à ce que la femme soit bien soi-gnée. La conduite à tenir devant le VIH ne devrait jamais être séparée du travail qui est fait pour la maternité sans risque, et inversement.»

White Ribbon Alliance of Tanzania (WRATZ) a été créée en mars 2004. Elle travaille en coopération avec le Ministère de la santé de Tanzanie pour que les ac-coucheuses qualifi ées soient plus nom-breuses, mieux qualifi ées et aient plus d’emplois. WRATZ compte maintenant 241 membres, individuels ou organisations.Contact: [email protected]

Julian Lob-Levyt : des fi nancements à long terme pour sauver des vies

Julian Lob-Levyt est secrétaire exécutif de l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination qui a

récemment créé la Facilité de fi nancement internationale pour la vaccination afi n d’accroître et de régulariser le versement des aides pour la vaccination et les systèmes de santé. Propos recueillis par Jacqueline Toupin.

Sauver des vies: «La Facilité pourrait empêcher la mort de 5 millions d’enfants d’ici 2015, en plus du million et demi de morts qui seront évitées si les placements dans l’Alliance continuent au rythme actuel. Nous prévoyons de mobiliser

4 milliards de dollars qui constitueront une aide plus stable en faveur de la vaccina-tion dans les pays les plus pauvres et une sécurité qui incitera les fabricants à investir dans des vaccins nouveaux ou sous-utilisés.»Améliorer la santé sexuelle et génésique : «Nous sommes aussi très contents que des possibilités de vaccins contre les maladies sexuelles et génésiques se dessinent, tels que le vaccin contre le papilloma virus pour prévenir le cancer du col.»L’Alliance et le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant : «Nous sommes vraiment contents d’être liés au Partenariat, notamment parce qu’il met l’accent sur les services de santé de base. Dans le cadre de la Facilité, nous ouvrons une nouvelle fenêtre pour les systèmes de santé qui offre une plus grande souplesse et vise à fi nancer des solutions aux problèmes transversaux tels que le développement des ressource humaines.»Le développement des systèmes de santé : «L’intérêt majeur de la Facilité est qu’elle permet de restaurer des services de santé élémentaires. Les pays nous ont clairement fait savoir qu’ils voulaient des fi nancements sûrs et à long terme pour les systèmes de santé. Dans le cadre des efforts mondiaux déployés par l’Organisation mondiale de la santé, la Banque mondiale et l’UNICEF, qui sont les chefs de fi le en la matière, la Facilité peut contribuer à cette mission.»

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OPINIONS

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Khama Rogo

Chères sages-femmes: nous avons besoin de vous et les OMD de nous

La réduction de la mortalité ma-

ternelle d’ici 2015 est l’un des princi-paux OMD et il va maintenant de soi que les soins qua-lifi és sont au coeur de cet objectif. C’est à l’aune des pratiques des sa-ges-femmes que

l’on mesure le degré de qualifi cation des soins. On ne saurait s’en étonner puisque ce sont les pratiques qui soutiennent la pratique obstétricale. Dans ce contexte, la pratique des sages-femmes et l’obsté-trique sont en réalité une seule et même pratique; tout au plus les deux faces d’une même pièce.

Comme beaucoup d’entre vous le savent, ce qui, à nos yeux, est simple bon sens ne l’est pas pour tous les membres de nos professions respectives. Les rela-tions entre les sages-femmes et les obs-tétriciens laissent beaucoup à désirer, en raison, bien souvent, de mesquineries et d’une acrimonie qui sont largement le fait de mes confrères obstétriciens.

Au cours de mes longues années de pratique, je n’ai pas réussi à élucider

la cause profonde de ce problème ni à comprendre comment deux personnes qui se doivent autant l’une à l’autre peu-vent ne pas s’apprécier mutuellement, et ce avec une constance aussi déplorable. Une telle irrationalité est généralement associée aux extrémistes religieux et aux fanatiques de la race.

Aurions-nous dans nos rangs leurs équivalents professionnels? Et cela pourrait-il être la raison de ces malen-tendus? A qui profi te la discorde, et comment s’attaquer à ce problème?

En tant qu’obstétricien diplômé, je peux vous avouer une chose, que vous n’ignorez sans doute pas. J’ai appris l’obstétrique des mains des sages-fem-mes. Comme la plupart d’entre nous, et comme doit le faire tout bon obstétricien. Ce que je suis devenu, je le dois à toutes les sages-femmes qui ont guidé ma main (et mon scalpel) dans la salle de travail et d’opération il y a plus d’un quart de siè-cle. Pour l’avoir accepté, je me suis tou-jours senti profondément à égalité avec toutes les sages-femmes et en situation d’humilité sereine en leur présence.

Le monde a besoin des sages-fem-mes, maintenant plus encore que jamais. Nul n’ignore que sans les sages-fem-mes, il ne peut y avoir de maternité sans

risque. Tout obstétricien doit admettre que sans la sage-femme, la pratique obstétricale est une pratique morte.

C’est pourquoi nous devons construi-re des ponts, mais il faut faire le premier pas. Ce que je vous exhorte à faire du fond du coeur, c’est à apporter votre pro-pre pierre pour tracer le chemin qui mène-ra au dialogue entre nos deux professions à tous les niveaux. Nous devons faire une trêve pour pouvoir faire naître une nouvelle relation d’estime et de respect entre nous, dans le plus grand intérêt des millions de femmes et de mères qui comptent telle-ment sur nos compétences conjuguées.

C’est de cela que le monde a besoin si nous voulons atteindre les OMD: co-hérence, tolérance et harmonie entre les professions, en faisant passer l’intérêt de la patiente avant tout.

En fi n de compte, nous avons be-soin les uns des autres, comme les fem-mes dont nous avons appris à préserver la vie ont besoin de nous.

Khama Rogo est spécialiste principal (santé) de la Banque mondiale. Ces propos sont une adaptation du discours qu’il a tenu au 27ème congrès de la Confédération internationale des sages-femmes à Brisbane, en juillet 2005.

Nouvelles Ressources (suite de la page 16)

Santé de l’enfant

Child Survival in Sub-Saharan AfricaTaking StockSARA Project/Academy for Educational Develop-ment2005, 290 pages (anglais)Fichier PDF: http://www.aed.org/ToolsandPubli-cations/upload/Taking_Stock.pdfCe document résume les conclusions et les prin-cipaux enseignements du Projet SARA, réalisé à la demande du Bureau de l’USAID pour l’Afrique. L’étude porte sur: les schémas de la mortalité de l’enfant en Afrique subsaharienne; la couverture des interventions concernant la santé de l’enfant; les programmes de l’USAID, ses partenariats, ses fi nancements et ses contraintes.

Pocket Book of Hospital Care for ChildrenGuidelines for the Management of Common Illnes-ses With Limited ResourcesOMS2005, 398 pages (anglais)ISBN: 92-4-154670-0Fichier PDF: http://www.who.int/child-adolescent-health/New_Publications/CHILD_HEALTH/PB/00.PB_full_low.pdfManuel au format de poche destiné aux agents de santé appelés à soigner les jeunes enfants admis dans les hôpitaux de premier recours de pays en développement. Il met l’accent sur la prise en char-ge des principales causes de mortalité des enfants hospitalisés, les problèmes des nouveau-nés et les affections chirurgicales de l’enfant qui peuvent être

prises en charge dans les petits hôpitaux.

La situation des enfants dans le monde 2006Exclus et invisibles UNICEF2005, 156 pages (anglais, français, espagnol)ISBN-13: 978-92-806-3917-9Fichier PDF: http://www.unicef.org/french/sowc06/pdfs/sowc06_fullreport_fr.pdfLe rapport sur La situation des enfants dans le monde 2006 s’intéresse aux enfants les plus vulnérables dans le monde, dont il est exceptionnellement diffi -cile de protéger les droits à vivre leur enfance dans la sécurité et la santé. Ce rapport montre comment les enfants pauvres, exploités et victimes de sévi-ces sont souvent absents des débats publics, de la législation, des statistiques et des reportages.

Technical Updates of the Guidelines on Inte-grated Management of Childhood Illness (IMCI)Evidence and Recommendations for Further Adap-tationsOMS2005, 45 pages (anglais)ISBN: 92-4-159348-2Ficher PDF: http://www.who.int/child-adolescent-health/New_Publications/IMCI/ISBN_92_4_159348_2.pdfCela fait maintenant plus de sept ans qu‘a été créée la Prise en charge intégrée des maladies de l‘enfant (PCIME), et son adaptation et sa mise en oeuvre dans les pays ont été très enrichissantes. Cette mise à jour contient de nouvelles conclu-sions sur les adaptations et les recommandations d‘adaptation de la PCIME concernant le traitement de la pneumonie, de la diarrhée et de la fi èvre/du paludisme, ainsi que l‘alimentation du nourrisson.

Déchiffrage

Subside par vache en Europe

Revenu de la moitié de la population mondiale

Coût d’un accouchement

par

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NOUVELLES RESSOURCES

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Suite page 15 16

Cette section présente les nouveaux ouvrages, manuels, rapports, guides et autres outils qui

peuvent être téléchargés gratuitement à l’adresse URL indiquée sous chaque titre. Des exemplaires imprimés peuvent aussi être commandés chez l’éditeur indiqué. Lives ne distribue pas d’exemplai-res imprimés de ces titres.

Santé génésique

Decision-Making Tool for Family Planing Clients and ProvidersOMS/Johns Hopkins Bloomberg Center for CommunicationPrograms 2005, 244 pages (anglais)ISBN: 92-4-159322-9Fichier PDF: http://www.who.int/reproductive-health/family_planning/tool.htmlCe tableau à feuilles mobiles s’adresse au personnel des consultations de planifi cation familiale et vise à guider les clients dans le choix et l’utilisation d’une méthode de planifi cation des naissances. Des onglets de couleur renvoient à différentes sections: méthodes de contraception, questions de double protection contre la grossesse et les MST ou le VIH, clients ayant des besoins particuliers.

Infections sexuellement transmissibles et autres infections de l’appareil reproducteur :Guide de pratiques essentielles OMS 2005, 221 pagesISBN: 92 4 259265 X Fichier PDF: http://www.who.int/reproductive-health/publications/fr/stis_ gep/text_fr.pdfCe manuel s‘adresse aux gestionnaires de la santé et aux praticiens opérant avec des ressources limitées. Il comprend des chapitres traitant de questions générales sur les IST et les IAR et leurs complications, de la manière d‘aborder ces affections

comme une partie intégrante des services de santé génésique, et de la manière de diagnostiquer et de traiter les problèmes qui leur sont liés.

L’état de la population mondiale 2005La promesse d’égalité: Egalité des sexes, santé en matière de procréation et objectifs du Millénaire pour le développementFNUAP2005, 128 pages (anglais, français, espagnol)ISBN 0-89714-751-0Fichier PDF: http://www.unfpa.org/swp/2005/pdf/fr_swp05.pdfCette année, le rapport étudie dans quelle mesure la communauté mondiale a rempli ses engagements. Il dresse le bilan des progrès et des lacunes, et examine les rapports entre pauvreté, égalité entre les sexes, droits de l’homme, santé génésique, confl it et violence à l’encontre des femmes et des petites fi lles.

Santé maternelle

Achieving Skilled Attendance for AllA Synthesis of Current Knowledge and Recommen-ded Actions for Scaling UpSandra MacDonaghDFID Health Resource Centre2005, 37 pages (anglais)PDF: http://www.dfi d.gov.uk/pubs/fi les/skilled-attendance-report.pdfCe rapport fait la synthèse des données factuelles justifi ant la promotion des „soins qualifi és pour tous“ et propose des mesures pour atteindre cet objectif. Il passe en revue les interventions qui ont permis de réduire la mortalité maternelle dans les pays, et présente des études épidémiologiques, une évalua-tion de programmes d‘interventions et une modéli-sation de données.

Evidence-Led Obstetric CareStrategies to Change Practice and PolicyOMS2005, 50 pages (anglais)Fichier PDF: http://www.who.int/reproductive-health/publications/evidence_led_obstetric_care/text.pdfCe rapport fait suite à une réunion qui s’est tenue en janvier 2004 à Genève sous les auspices du Dépar-tement de la santé et de la recherche génésiques de l’OMS pour trouver des moyens de promouvoir les soins fondés sur des données factuelles dans les domaines de la grossesse et de l’accouchement, en utilisant la bibliothèque de santé génésique de l’OMS comme source de données à examiner.

Fight for lifeSérie de 8 vidéos (anglais)http://www.who.int/making_pregnancy_safer/videos/en/index.htmlLa BBC et la Division de l’OMS Pour une grossesse à moindre risque se sont associées pour produire une série de fi lms sur les questions qui entourent la concep-tion, la grossesse, la naissance et la petite enfance dans différentes régions du monde. Les pays fi lmés jusqu’ici comprennent l’Afghanistan, le Bangladesh, la Bolivie, l’Inde, le Malawi, la Moldova, la Mongolie et l’Ouganda.

Formal and Informal Fees for Maternal Health Care Services in Five CountriesPolicies, Practices, and PerspectivesS. Sharma et al.USAID/POLICY Working Paper Series2005, 54 pages (anglais)PDF: http://pdf.dec.org/pdf_docs/PNADD338.pdfCette étude, réalisée en Egypte, en Inde, au Kenya, au Pérou et au Viet Nam étudie dans quelle mesure la suppression de la participation fi nancière des usagers aux services de santé maternelle protège effective-ment l’accès des pauvres et dans quelle mesure il y a lieu de la compléter par d’autres mesures.

Santé néonatale

HIV and Infant FeedingCounselling ToolsUNICEF/OMS2005, Tableau à feuilles mobiles, 45 pages (anglais); Brochure: 13 pages (anglais), Guide de référence: 95 pages (anglais)ISBN: Tableau: 92-4-159249-4; Guide de référence: 92-4-159301-6Fichiers PDF: http://www.who.int/child-adolescent-health/publications/NUTRITION/HIV_IF_CT.htmCet ensemble d’outils sur le VIH et l’alimentation des nourrissons se compose d’un tableau à feuilles mobiles à utiliser en consultation avec des femmes enceintes et/ou des mères séropositives, de prospectus à distribuer expliquant comment nourrir l’enfant selon le mode choisi par la mère en évitant les risques, et d’un guide de réfé-rence pouvant servir de manuel et offrant plus de détails techniques et pratiques que les fi ches de conseil.

Household-to-Hospital Continuum of Maternal and Newborn CareACCESS2005, 16 pages (anglais)Fichier PDF: http://www.accesstohealth.org/toolres/pdfs/HHCCreport_ACCESS.pdfCette note d’information sur la continuité des soins maternels et néonatals de la maison à l’hôpital présen-te les problèmes que pose l’intégration et la mise en oeuvre de programmes pour la mère et le nouveau-né au niveau de la communauté et de l’hôpital. Elle aborde les aspects sociaux et les questions relatives aux systè-mes de santé dans la communauté en rapprochant les membres de la communauté et les praticiens.

The “Rights” Start to LifeA Statistical Analysis of Birth RegistrationUNICEF2005, 35 pages (anglais)ISBN: 92-806-3858-0Fichier PDF: http://www.unicef.org/publications/fi les/BirthReg10a_rev.pdfLa déclaration d’une naissance est souvent considérée comme une simple formalité administrative sans rapport avec la santé de l’enfant, son éducation, son dévelop-pement ou sa protection. Cette publication analyse les raisons pour lesquelles beaucoup d’enfants ne sont pas enregistrés à la naissance et conclut par des recomman-dations d’approches programmatiques nouvelles suscep-tibles d’améliorer les taux de déclaration des naissances.