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Sarcomes des tissus mous (STM) et tumeurs stromalesgastro-intestinales (GIST)
Soft-tissue sarcomas and gastrointestinal stromal tumorsA. Le Cesne
Institut Gustave-Roussy, 39, rue Camille-Desmoulins, F-94800 Villejuif, France
Reçu le 7 juin 2013 ; accepté le 1 juillet 2013
Les sarcomes/GIST ont fait
l’objet de cinq séances entières et
de sessions parallèles. Ces derniè-
res sont toujours aussi riches en
innovations et en concepts théra-
peutiques avec des résultats qui
peuvent changer nos pratiques
quotidiennes, aussi bien dans la
prise en charge des GIST que dans
celle des sarcomes.
Tumeurs stromales gastro-
intestinales (GIST)
Treize ans après le traitement du
premier patient par imatinib
(Glivec®), l’engouement autour des
GIST et du concept des thérapeu-
tiques ciblées dans cette pathologie
est toujours aussi exceptionnel. Les
enseignements de cet ASCO 2013
sur les GIST peuvent se résumer
de la façon suivante.
En situation adjuvante
Pas de réactualisation cette année
de l’étude germano-scandinave
(SSG-AIO) présentée il y a deux
ans en séance plénière (ASCO
2011, Joensuu et al., abstract no 1),
puis à l’ESMO 2011. Cette étude
comparait une année à trois ans
d’imatinib dans les GIST à haut
risque de rechute. La survie sans
récidive et la survie globale étaient
significativement augmentées dans
le groupe de patients ayant reçu
trois années de traitement. Cette
étude est venue modifier un stan-
dard thérapeutique, les GIST à
risque significatif de rechute (risque
intermédiaire et haut risque de réci-
dive selon la classification de l’AFIP
2006) devant recevoir dorénavant
un traitement adjuvant par imatinib,
400 mg/j, pendant une durée mini-
male de trois ans. Une extension de
l’AMM dans ce sens de l’imatinib
(Glivec®) a été obtenue aux États-
Unis et en Europe en début d’année
2012.
Rappelons que les courbes de
survie sans récidive sont parallèles
dans les deux bras thérapeutiques
(SSG-AIO), uniquement déplacées
dans le temps d’un intervalle lié à
la durée de la prise de l’imatinib
plus de six mois environ (le temps
de développer une progression
RECIST sur une imagerie conven-
tionnelle). Ces constatations sous-
entendent que l’imatinib ne permet
que de retarder la rechute, mais ne
l’empêche pas.
Très attendue, la troisième et
dernière grande étude randomisée
sur l’intérêt de l’imatinib en situa-
tion adjuvante a été rapportée
cette année (Casali et al., abstract
no 10500). Comparant deux années
d’imatinib à une simple surveillance
après l’exérèse R0/R1 d’un GIST
localisé à haut risque et à risque
intermédiaire de rechute (classifica-
tion NIH de 2002), cette étude coor-
donnée par l’EORTC est la plus
importante en nombre de patients
(n = 908) et celle dont l’objectif prin-
cipal était le plus retardé dans le
temps par rapport aux autres : le
temps jusqu’à l’obtention d’une
progression tumorale sous 400 mg
d’imatinib (imatinib-free failure sur-
vival [IFS]). Rappelons que le critère
principal initial (survie globale)
avait été modifié en cours d’étude
pour de multiples raisons : peu
d’événements tumoraux (bonne
nouvelle pour les patients), sensibi-
lité des traitements à la rechute,
résultats non connus avant 2025,
pression des patients inclus dans
cette étude, publication des deux
autres études sur le sujet… En
clair, quelle est, à partir de la date
de la randomisation, la durée de la
période jusqu’à la survenue d’une
résistance à l’imatinib dans les
deux bras thérapeutiques, la reprise
de l’imatinib étant prévue par le
protocole à la rechute des patients.
Les résultats peuvent se résumer et
analyser de la façon suivante :
– l’imatinib administré pendant
deux années diminue significative-
ment le risque de rechute de façon
analogue aux deux études précé-
dentes, la survie sans progres-
sion (SSP) à trois ans étant à
84,2 % dans le bras imatinib vs
65,8 % dans le bras surveillance
(p < 0,0001, HR à 0,58). À cinq
ans, les courbes se rapprochent,
l’imatinib ne faisant que décaler
la rechute dans le temps, sans
la prévenir réellement, comme
dans les deux études adjuvantes
précédentes ;
– malgré la présence de 528
GIST à haut risque de rechute
selon la classification initiale de
Fletcher (2002), les rechutes sont
nettement moins fréquentes que
dans les deux études précédentes
avec même un plateau à plus de
62 % de SSP à cinq ans dans le
bras surveillance. La reclassifica-
tion de ces GIST selon laCorrespondance : [email protected]
Compte
rendu
Rep
ort
■Oncologie© Springer-Verlag France 2013DOI 10.1007/s10269-013-2304-8
1
classification de Miettinen (2006)
ne retrouve plus que 391 GIST à
haut risque de rechute, et les cour-
bes deviennent alors plus confor-
mes à ce que nous connaissons
dans ce sous-groupe de patients
(plateau à 45%environ à cinq ans) ;
– les GIST à risque intermé-
diaire de rechute (selon Fletcher
ou Miettinen) ne rechutent pas,
peu ou plus ! Les courbes sur la
SSP (imatinib vs surveillance)
dans ce groupe de patients n’ayant
même pas été présentées. En
dehors de la rupture tumorale
(voir ci-dessous), des réflexions
doivent être approfondies dans
ce groupe de patients dont les
taux de rechutes deviennent
moins fréquents que ceux estimés
il y a quelques années. C’est peut-
être dans ce groupe de patients
que la classification de Joensuu
est la plus pertinente : avec des
variables continues sur la taille et
le nombre de mitoses, le risque de
rechute des GIST à risque intermé-
diaire selon Miettinen est sensible-
ment diminué avec celle de Joen-
suu. Par ailleurs, il est aussi
indéniable que des progrès consi-
dérables ont été effectués dans la
prise en charge chirurgicale ini-
tiale des patients atteints d’un
GIST localisé par rapport à l’étude
pionnière (ACOSOG). Le diagnos-
tic de GIST est de plus en plus
porté en préopératoire (Eaddy et
al., abstract no 10590), plus de
83 % des patients ont bénéficié
d’une exérèse R0 dans l’étude
européenne. Rappelons en outre
qu’il existait un taux de concor-
dance de 77 % entre la description
de l’acte opératoire et le remplis-
sage des fiches de recueil des
données de cette étude dans une
communication rapportée de l’an-
née dernière (ASCO 2012, Hohen-
berger et al., abstract no 10096) ;
– la rupture tumorale (162
patients, 17,8 % des patients)
avant ou pendant l’intervention
chirurgicale conditionne l’avenir
de ces patients. Deux ans après
l’exérèse d’un GIST perforé à haut
risque de rechute, 20 % seulement
d’entre eux sont non évolutifs,
65 % dans le groupe à risque inter-
médiaire de rechute. Lorsque l’on
regarde attentivement la courbe
de rechute des GIST à risque inter-
médiaire de rechute dans cette
étude, la rupture tumorale est
donc un facteur pronostique très
défavorable. Ces patients doi-
vent être considérés comme des
patients virtuellement métasta-
tiques et l’imatinib administré
comme en situation tumorale
avancée (Guidelines ESMO 2012).
Le devenir de ces patients sous
imatinib, en termes de SSP, est
significativement meilleur que
ceux traités par chirurgie exclu-
sive (p < 0,0001) ;
– à ce jour, il n’existe aucune
différence de survie entre les
deux bras, survie aux alentours
de 95 % à cinq ans pour tous les
patients inclus dans l’étude, 90 %
toujours à cinq ans pour les 391
patients à haut risque de rechute
selon Miettinen. À noter qu’il n’y
a à ce jour « que » 62 décès sur
les 908 patients. Pour informa-
tion, il en fallait 147 sur les 400
premiers patients pour l’analyse
finale de l’étude si l’objectif prin-
cipal de la survie avait été main-
tenu ! Deux années d’imatinib ne
suffisent donc pas pour modifier
la survie globale des patients, à
la différence des trois années
de l’étude germano-scandinave
(SSG-AIO) qui demeure donc le
standard thérapeutique dans les
GIST à risque significatif de
rechute à ce jour ;
– plus de 75 % des patients ont
reçu les deux années de traitement,
11 % l’ont arrêté dans les six pre-
miers mois pour des questions de
tolérance ou refus de le poursuivre.
À noter que 11 patients ont conti-
nué l’imatinib après les 24 mois
prévus par le protocole ;
– le temps jusqu’au dévelop-
pement d’une résistance secon-
daire sous imatinib était donc
l’objectif principal de cette étude :
il n’existe pas de différence signi-
ficative entre les deux bras de trai-
tements. Une supériorité non
significative (p = 0,14) est obser-
vée en faveur du traitement adju-
vant dans les GIST à haut risque
de rechute (classification de Miet-
tinen). Comment interpréter ces
résultats :
• l’administration de l’imatinib
en situation adjuvante ne sélec-
tionne pas plus rapidement des cel-
lules résistantes ;
• cet indicateur (IFS) pourrait
être un indicateur précoce de la
survie globale, l’avenir le confir-
mera ou non ;
• les patients inclus dans cette
étude dans le bras surveillance
n’ont pas été pénalisés, puisqu’à
ce jour leur devenir sous traitement
(période jusqu’à échappement thé-
rapeutique) demeure le même ;
– que dire à une communauté
scientifique/pays/autorités de santé
qui stipulerait, à la vue de cette
étude, qu’il faille attendre la rechute
métastatique, même dans le groupe
de patients à haut risque de rechute,
avant de débuter un traitement par
imatinib ? Plusieurs points :
• un patient préférera toujours
être dans une situation préventive
ou adjuvante, potentiellement
curatrice en recevant de l’imatinib
en postopératoire que dans une
situation de rechute tumorale,
métastatique, « palliative » en rece-
vant de l’imatinib à partir du
moment où des nodules sont visi-
bles à l’imagerie ;
• le volume tumoral à la rechute
dans le bras surveillance n’est pos-
siblement pas le même que ceux
qui rechutent malgré deux années
de traitement, raison pour laquelle
il existe une petite différence entre
les deux courbes, quoique non
significative. Il s’agit là d’un point
qui mériterait d’être étudié, car
cette petite différence entre les
deux courbes pourrait se traduire
par un gain sur la survie dans les
années à venir (voir aussi sur le
sujet Palesandro et al., abstract
no 10552) ;
• ces résultats ne concernent
que cette étude où l’imatinib a été
administré sur deux ans. Rappe-
lons que l’étudeSSG-AIO a démon-
tré un impact significatif sur la sur-
vie lorsque l’imatinib est
administré sur trois ans sur un
groupe de patients similaires à
ceux de l’étude européenne ayant
un GIST à haut risque de rechute ;
• même si l’imatinib se comporte
plus comme un cytostatique
qu’un agent cytotoxique, son
Dossier
Them
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administration prolongée dans le
temps en situation adjuvante per-
met de retarder la rechute tumorale.
Les résultats de l’étude Persist (cinq
années d’imatinib dans les GIST à
haut risque) sont vivement attendus
(l’année prochaine ?). N’assiste-
rions-nous pas à la même histoire
qu’avec l’hormonothérapie dans le
cancer du sein où dix années de
tamoxifène en situation adjuvante
réduiraient le risque de rechute par
rapport aux cinq années, jusque-là
un standard thérapeutique ?
– Unemeilleure caractérisation
phénotypique/génotypique des
patients nous aidera certainement
dans le futur à mieux définir les
sous-groupes de patients devant
bénéficier d’un traitement adjuvant,
et ce, certainement pour une durée
possiblement supérieure à trois ans,
car si un patient doit rechuter, il
rechutera, quel que soit a priori la
durée de l’imatinib (en tout cas
pour une durée minimale de trois
ans). Une méta-analyse de ces trois
études adjuvantes (ACOSOG/SSG-
AIO/EORTC) devra être effectuée
pour identifier surtout les patients
ne devant pas bénéficier d’un traite-
ment adjuvant possiblement inutile :
les GIST ayant une mutation D842V
de PDGFR en font partie (ces der-
niers semblent par ailleurs avoir
d’autres mutations associées,
FGFR4 et DDR2, Pantaleo et al., abs-
tract no 10540). Dans la mesure où
environ 20 % des GIST de l’estomac
présentent cette mutation ponc-
tuelle totalement dépourvue de la
moindre sensibilité in vitro et in
vivo, la recherche du statut muta-
tionnel est devenue obligatoire
dans les recommandations euro-
péennes publiées récemment
(ESMO 2012). Les patients qui béné-
ficient le plus d’un traitement adju-
vant par imatinib sont les patients
porteurs d’une altération génétique
de l’exon 11 de KIT (deux tiers des
patients). Compte tenu de la sensibi-
lité différente des altérations généti-
ques des exons 11 de KIT vis-à-vis
de l’imatinib (voir chapitre suivant)
en situation tumorale avancée, des
durées différentes de traitement en
situation adjuvante pourraient
même être discutées dans un avenir
proche.
En situation de rechute
ou avancée : première ligne
de traitement
L’étude BFR14, close aux inclusions
depuis mai 2009 (434 patients
inclus), apporte comme chaque
année depuis dix ans maintenant
de nouvelles pierres à l’édifice bâti
en 2002. Quoi de neuf cette année
dans cette étude académique ?
– Une des deux communica-
tions cette année s’est intéressée
à l’évaluation des facteurs pronos-
tiques cliniques mais, pour la pre-
mière fois, couplés au statut muta-
tionnel des GIST (Domont et al.,
abstract no 10548). Une analyse
mutationnelle a été effectuée sur
322 patients (74 %) : les mutations
de l’exon 11 concernent 75 % des
patients pour lesquels une analyse
a pu être effectuée, les exons 9,
9,6 %, les WT (wild-type) 11,4 % et
les mutations de PDGFRa concer-
nent seulement 2,6 % de l’ensem-
ble des GIST documentés. Seuls
les trois groupes de patients les
plus fréquents ont été analysés
sur le plan pronostique (exons 11
et 9 de KIT et WT). Les patients
ayant une mutation de l’exon 11
de KIT ont une PFS médiane de
presque 40 mois (nouvelle base
pour l’élaboration de futures
études sur ce groupe de patients)
contre 12,6 et 12,3 mois pour les
patients ayant respectivement une
mutation de l’exon 9 et ceux sans
mutations (WT). Outre le statut
mutationnel (exon 11 vs non-exon
11) et le volume tumoral influen-
çant la PFS, le sexe (PFS nettement
plus favorable pour les femmes) et
l’expression de CD34 sur les cellu-
les tumorales ressortent égale-
ment comme variables significa-
tives. Quant à la survie médiane,
si elle n’est toujours pas atteinte
dans le groupe des exons 11
(75 % de patients en vie à cinq
ans !), elle est de 55 mois pour les
exons 9 et les WT. Outre le statut
tumoral (exon 11 vs non-exon 11),
le sexe (survie de 82 % à cinq ans
pour les femmes vs 64 % pour les
hommes), le PS initial (seulement
32 % de survie à cinq ans en cas
de PS2) et des taux élevés des lym-
phocytes et bas des polynucléaires
neutrophiles initiaux sont liés éga-
lement significativement de façon
favorable à la survie globale.
Ainsi, le statut mutationnel n’est
pas forcément le facteur pronos-
tique le plus important dans les
GIST, et à côté de ce dernier, de
nombreux autres paramètres clini-
ques et biologiques doivent être
également pris en considération.
Validation en tout cas du caractère
indolent des GIST localisés opérés
ayant une mutation D842V de
PDGFRa, ces patients ne dévelop-
pant pas de rechute tardive (seule-
ment six patients, aucun patient
ayant une mutation de l’exon 12
ou 14 de PDGFRa). La survie signi-
ficativement prolongée chez les
femmes par rapport aux hommes
pourrait être expliquée par une
concentration plasmatique de
l’imatinib en médiane 33 % plus
élevée chez les femmes (Espat et
al., abstract no 10538). Quant à la
probabilité d’obtenir une rémission
complète sous imatinib (25 % des
patients sur une série du MD
Anderson), elle est liée au faible
volume tumoral lors de la rechute,
au nombre des métastases, faible
indexmitotique de la tumeur primi-
tive et rechute intra-abdominale
exclusive (Conley et al., abstract
no 10545) ;
– si l’on s’intéresse maintenant
qu’aux patients ayant unemutation
de l’exon 11 de KIT (173/196
patients ayant une mutation de
KIT dans le BFR14), une analyse a
été faite sur le devenir des patients
en fonction du site du premier
codon altéré au sein de l’exon 11
de KIT (Emile et al., abstract
no 10542) : 41 patients ont une pre-
mière altération avant le codon
557, 74 altérations à partir de 557
ou 558 (dont la fameuse délétion
557-558, n = 37) et 52 à partir de
559. Les trois groupes de patients
sont similaires sur le plan clinique.
De façon très intéressante, le
groupe de patients ayant une
mutation débutant au codon 557
ou 558 est le plus sensible à
l’imatinib avec 43 % de réponse
complète (p = 0,028), mais c’est
celui qui va le plus rapidement
développé des résistances secon-
daires avec une PFS médiane de
Compte
rendu
Rep
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3
30,6mois (40mois pour l’ensemble
des exons 11), contre plus de
63 mois pour les patients qui ont
les mutations les plus distales au
sein de l’exon 11 (≥ 559). Il n’y a
pas de différence sur la survie glo-
bale. Ces constatations, qui doivent
être validées sur un nombre plus
important de patients où dansd’au-
tres études, pourraient également
être évaluées en situation adju-
vante. Rappelons que la délétion
557-558, l’une des altérations géné-
tiques les plus fréquentes au sein
de l’exon 11 de KIT, semble être
l’une des plus péjoratives dans les
GIST localisés opérés. Va-t-on vers
un traitement à vie en adjuvant
dans ce groupe de patients (grande
sensibilité de l’imatinib, prévention
des résistances secondaires sur
une maladie résiduelle minimale) ?
– Y a-t-il de la place pour tester
en première ligne de traitement en
situation de rechute tumorale des
inhibiteurs de tyrosines-kinases
autres que l’imatinib ? Outre
l’étude randomisée actuellement
ouverte aux inclusions en première
ligne de traitement comparant le
masitinib (AB1010, ABscience) et
l’imatinib (155/222 patients inclus),
l’étude ENESTg1 a été rapportée
cette année. Elle comparait l’imati-
nib au nilotinib (anti-Bcr-Abl, KIT et
PDFGRa, Novartis). Cette étude a
été interrompue prématurément
(644 patients inclus au lieu des
736 prévus par le protocole, rando-
misation 1:1) en avril 2011 pour
« futilité ». Les résultats définitifs
n’avaient jamais été rapportés
(Blay et al., abstract no 10501).
Pour être synthétique :
• la PFS à deux ans est significa-
tivement supérieure dans le bras
imatinib par rapport au nilotinib
(59,2 vs 51,6 %), les deux courbes
se séparant dès le troisième mois
du début du traitement ;
• cette différence s’explique par
une différence hautement significa-
tive en faveur de l’imatinib dans le
groupe de patients ayant un exon 9
de KIT (12 % des mutations analy-
sées, 50 patients au total) : PFS
médiane de trois mois avec le nilo-
tinib, non atteinte avec l’imatinib
(67 % des patients sont non pro-
gressifs sous imatinib à 24 mois,
HR aux alentours de 40 !). Si
comme on le pense, très peu de
patients ont reçu initialement des
fortes doses d’imatinib (ce qui est
le standard si la connaissance du
statut mutationnel est connue
avant de débuter un traitement par
imatinib), il s’agit de la PFS la plus
longue jamais observée avec l’ima-
tinib dans ce groupe de patients
dont l’évolution est généralement
défavorable (PFS médiane de
12 mois dans l’étude BFR14, voir
précédemment). Il serait utile que
cette cohorte de patients soit analy-
sée avec les autres facteurs pronos-
tiques connusdanscette pathologie
(volume tumoral, sexe, lympho-
cytes, polynucléaires neutro-
philes…) ;
• les PFS des patients ayant une
mutation de l’exon 11 de KIT sont
similaires ;
• après l’analyse intermédiaire,
les patients inclus dans le bras nilo-
tinib étaient invités à « switcher »
rapidement vers un traitement par
imatinib avant même toute pro-
gression selon RECIST. Malgré la
mise en route de l’imatinib en cas
de progression ou avant toute pro-
gression tumorale sous nilotinib, il
existe une différence significative
sur la survie globale en faveur des
patients ayant reçu de l’imatinib en
première ligne de traitement (90 %
de survie à deux ans avec l’imati-
nib, 81,8 % avec le nilotinib). Cette
différence s’observe aussi bien
dans les exons 9 de KIT que dans
les exons 11. Ces résultats sous-
entendent que l’imatinib ne rat-
trape pas forcément tous les
patients qui sont traités par des
anti-tyrosines-kinases autres que
l’imatinib en première ligne de
traitement ;
• la tolérance du nilotinib est
comparable à celle de l’imatinib.
En cas d’intolérance de l’imatinib,
le nilotinib peut donc servir d’alter-
native pour les patients présentant
une mutation de l’exon 11 de KIT ;
– GIST et mutations : on ne
peut plus se passer du statut muta-
tionnel du GIST, lorsque l’on pren-
dra en charge un patient, en situa-
tion de rechute, mais surtout en
situation adjuvante (recommanda-
tions ESMO 2012) tant :
• le bénéfice de l’imatinib sur la
SSP varie en fonction du statut
mutationnel ;
• la fréquence des mutations
insensibles est élevée dans les
GIST localisés (mutation D842V de
PDGFRa présente dans environ
20 % des GIST gastriques opérés) ;
• la durée optimale de l’adminis-
tration de l’imatinib risque de s’al-
longer dans le temps dans les GIST
à haut risque de rechute.
Des communications très inté-
ressantes cette année ont porté
sur la détection dans le plasma de
cellules tumorales circulantes
contenant le statut mutationnel du
GIST en situation notamment de
résistance à l’imatinib (l’équivalent
debiopsies « liquides» et non endo-
tumorales dont l’accessibilité dans
les GIST avancés est délicate) ;
• via la technologie de type BEA-
Ming (émulsion, amplification…),
96/199 patients inclus dans le pro-
tocole GRID testant le régorafénib
en troisième ligne de traitement
(voir plus loin) ont bénéficié de
cette approche (Demetri et al., abs-
tract no 10503) : 84 % de concor-
dance entre le tissu tumoral et
l’ADN circulant concernant lamuta-
tion primitive du GIST, plus de faci-
lité (en rapidité et en performance)
pour détecter les mutations secon-
daires dans le plasma que dans la
tumeur, meilleure estimation des
caractéristiques de ces mutations
en situation avancée (75 % de nou-
velles mutations dans la zone cata-
lytique du récepteur, exon 17 et 18).
Cette étude pionnière a permis en
outre de démontrer, toujours dans
l’étude GRID, que le devenir des
patients sans mutations secondai-
res allait mieux que ceux ayant
acquis ces fameuses mutations
(exon 13-14/17-18) et que le béné-
fice du régorafénib était identique
dans ces deux sous-groupes de
patients ;
• la quantité de ADN circulant
semble proportionnelle au statut
tumoral de la maladie, pratique-
ment indétectable en situation de
réponse complète, en grande quan-
tité en cas de rechute oudeprogres-
sion sous traitement (Von Bubnoff
et al., abstract no 10508). La nature
Dossier
Them
atic
file
4
de la mutation (primitive ou secon-
daire) a pu être détectée chez 15
patients sur les 38 patients prélevés
au cours du temps (291 prélève-
ments). Cela va-t-il mener vers une
analyse systématique du DNA cir-
culant en situation adjuvante pour
sélectionner les patients devant
relever d’un traitement adjuvant ?
• Via une technique permettant
d’analyser de très nombreuses
mutations impliquées dans les
tumeurs au sens large du terme
(Ion Ampliseq Cancer Panel), il a
été retrouvé sur 125 patients pré-
sentant unGISToutre lesmutations
KIT et PDGFRa connues dans cette
pathologie, 12 % de mutation du
gène MLH1 et 16,8 % du gène MET
(Xu et al., abstract no 10544). Vers
d’autres thérapeutiques ciblées
dans les GIST ? À suivre
attentivement ;
• les GIST évoluant dans un
contexte NF1 sont rares (6 % en cas
deNF1 déclaré et GIST recherché et
1,7 % de l’ensemble des GIST dits
« sporadiques ») (Nishida et al.,
abstract no 10539) sont tous WT,
ayant un faible indexmitotique, sur-
venant chez des patients plus jeu-
nes de dix ans par rapport aux
GIST nonNF1, très souventmultifo-
caux et très peu sensibles à l’imati-
nib et au sunitinib (aucune réponse
dans cette série) ;
– dans la guerre des inhibiteurs
de tyrosines-kinases possiblement
efficaces au-delà de la première
ligne thérapeutique, outre le suniti-
nib qui a obtenu une AMM en 2006
dans les GIST réfractaires/résis-
tants/intolérants à l’imatinib, le
régorafénib vient également d’ob-
tenir son AMM en troisième ligne
de traitement et va être commer-
cialisé d’ici peu en France. Quoi
de neuf cette année dans les
« ibs » ?
• Le régorafénib (Bayer 73-4506),
pan-tyrosine-kinase inhibant KIT,
PDGFR, FGFR, VEGFR1, 2, 3 et B-
RAF vient donc renforcer l’arsenal
thérapeutique dans les GIST avan-
cés. La phase II initiale (160 mg/j
3 semaines/4, 34 patients) a été
réactualisée cette année (George et
al., abstract no 10511) : la PFS
médiane de dix mois était l’une
des plus élevées jamais obtenue
dans des GIST résistants à l’imati-
nib et au sunitinib. L’activité du
régorafénib semble particulière-
ment élevée dans les GIST résis-
tants ayant acquis une nouvelle
mutation au niveau de l’exon 17
de KIT (zone catalytique, plutôt
insensible au sunitinib) et par une
activité également non négligeable
dans les GIST WT SDH déficients
(trois réponses sur six patients).
Ces constatations cliniques sur le
régorafénib sont, comme sou-
vent dans le modèle des GIST,
corroborées par les études in vitro
(Serrano-Garcia et al., abstract
no 10510), le sunitinib restant
l’agent le plus sensible sur les nou-
velles mutations au sein de l’exon
13 de KIT (poche ATP). Quant à
l’étude randomisée de phase III
(GRID) rapportée l’année dernière
qui a permis l’enregistrement du
régorafénib dans les GIST avan-
cés, plusieurs analyses exploratoi-
res ont été effectuées : 1) le béné-
fice du régorafénib s’observe dans
tous les sous-groupes de patients
testés : âge (plus ou moins 65 ans,
sexe, durée de l’administration
antérieure de l’imatinib et du suni-
tinib (Joensuu et al., abstract
no 10551) ;
• l’imatinib : très attendue, la
communication orale (Kang et al.,
Late breaking, abstract no 10502)
de l’étude académique randomisée
sud-coréenne qui comparait en
troisième ligne et plus (40 % des
patients en quatrième ligne de
traitement) la réintroduction de
l’imatinib vs surveillance (avec
crossing-over à la progression)
chez 80 patients porteurs de GIST
avancés ayant progressé au mini-
mum sous imatinib et sunitinib et
qui devait avoir reçu au moins six
mois d’imatinib. Une nouvelle fois
dans lesGIST avancés, les résultats
se passent de commentaires : la
PFS est significativement supé-
rieure (doublée) dans le bras imati-
nib (p = 0,00075) même si la
médiane de PFS reste faible (1,8
vs 0,9 mois), 31 % des patients
obtiennent un nouveau contrôle
tumoral pendant un minimum de
trois mois, la PFS médiane des
patients ayant progressé (bras
témoin) et mis sous imatinib est
similaire (1,7 mois) à celle du bras
expérimental. À noter que la
concentration médiane d’imatinib
dans le sang des patients prélevés
sous imatinib en troisième ou qua-
trième ligne de traitement est de
1 840 ng/ml (670–5 820), soit un
taux aussi élevé qu’en première
ligne de traitement. Cette étude
vient confirmer ce que nous
savions déjà :
• il est utile de reprendre l’ima-
tinib même chez des patients ayant
progressé sous imatinib des
années auparavant ;
• la réintroduction d’un inhibi-
teur de KIT en nième ligne ralentit
toujours la progression tumorale,
certains patients ayant d’ailleurs
poursuivi leur traitement au-delà
de la progression RECIST ;
• l’arrêt de tout traitement
entraîne une progression excessi-
vement rapide délétère pour les
patients (PFS médiane de trois
semaines dans le bras surveil-
lance !) ;
• ces résultats valident les
recommandations de l’ESMO 2012
qui soulignait l’intérêt de reprendre
l’imatinib après échappement aux
traitements antérieurs ;
• le sunitinib (Pfizer) : une gas-
trectomie totale isolée ou une inter-
vention sur l’intestin grêle isolée ne
modifient pas la pharmacociné-
tique du sunitinib ou de son méta-
bolite actif, le SU12662 (de Wit
et al., abstract no 10547). C’est
la combinaison des deux qui
diminuent significativement leur
concentration plasmatique (de 21
et 28 % respectivement). L’admin-
istration du sunitinib est faisable
chez des patients âgés de plus
de 65 ans (71 patients) (Duffaud
et al., abstract no 10546) : le taux
d’albumine et d’hémoglobine ini-
tiale ainsi que le PS conditionnent
la survie globale de ces patients. Le
sunitinib a dû être arrêté définitive-
ment chez 24%des patients, le plus
souvent dans les trois mois qui sui-
vent sa mise en route et chez des
patients présentant des comorbidi-
tés associées où une réduction de
dose initiale semble s’imposer ;
• le ponatinib (Ariad) est peut-
être l’un des traitements de demain
Compte
rendu
Rep
ort
5
dans les GISTs : puissant anti-KIT,
PDGFR, VEGFR, les IC50 de ce der-
nier se comparent toutes favora-
blement à l’imatinib et au sunitinib
et les travaux de M. Heinrich ne
souffrent généralement d’aucune
lacune (Heinrich et al., abstract
10509). Le ponatinib semble actif
également sur la majorité des
mutations acquises au cours des
traitements précédents, allant de
l’exon 13 à l’exon 18. Enfin, le
ponatinib se fixe également sur la
forme inactive deKIT. Une étude de
phase II va débuter cet été outre-
Atlantique ;
– pour être définitivement
complet dans la thématique GIST
cette année à l’ASCO, à noter :
• une étude sud-coréenne revi-
sitant l’intérêt de l’exérèse des
lésions résiduelles en cas de
contrôle tumoral satisfaisant
sous imatinib (Ryoo et al., abstract
no 10550) : après une durée
médiane d’administration de
l’imatinib de 19,1 mois, les 42
patients ayant été opérés de leur
métastase ont une survie sans
récidive et une survie globale
significativement supérieures par
rapport au 92 patients non opérés,
et ce, même après appariement
statistique des patients entre eux
pour limiter les biais de sélection
évidents entre les deux groupes
de patients. Les patients de sexe
féminin, ayant un GIST de faible
volume tumoral muté au niveau
de l’exon 11 de KIT et opérés de
leurs lésions résiduelles, sont
ceux qui obtiennent des survies
prolongées ;
• une incidence accrue des can-
cers du rein dans les deux sexes
(risque relatif de 4,3) et du côlon
chez la femme (RR de 2,96) chez
des patients ayant développé anté-
rieurement un GIST. Ce risque de
cancer secondaire est plus élevé
dans les GIST à haut risque mito-
tique (Smith et al., abstract
no 10537).
Sarcomes des tissus mous
L’ASCO 2013 n’a pas été un excel-
lent cru dans le domaine des sarco-
mes des tissus mous (STM). Le
concept des thérapeutiques ciblées
inauguré avec les GIST à l’aube du
troisième millénaire a incontesta-
blement ouvert des horizons nou-
veaux dans le domaine des STM.
Un meilleur démembrement biolo-
gique/cytogénétique des sarcomes
en général fait de chaque sous-type
histologique une cible potentielle
pour de nouvelles approches théra-
peutiques qui verront leur essor
dans les années qui viennent. Les
voies de signalisations intracellu-
laires sont décortiquées dans
chaque sous-type histologique, et
les essais thérapeutiques se basent
désormais sur des anomaliesmolé-
culaires (causales pour certaines
d’entre elles, secondaires pour
d’autres). L’année 2013 confirme le
déclin de la chimiothérapie conven-
tionnelle et l’essor des thérapeu-
tiques ciblées. Quelles sont les
nouveautés dans le domaine des
STM en 2013 ?
Chimiothérapie/radiothérapie
adjuvante
Aucune communication véritable
cette année sur la chimiothérapie
ou la radiothérapie adjuvante.
Juste une analyse de la data base
du Groupe sarcome français (3 369
patients) venant confirmer que la
radiothérapie adjuvante diminue
significativement le risque de
rechute locale (p < 0,001) (Italiano et
al., abstract no 10575), et que la chi-
miothérapie adjuvante a un impact
significatif sur la survenue deméta-
stasesdans les grades3 et nondans
les grades 2 (p < 0,001). Même son
de cloche sur le rôle de la radiothé-
rapie après exérèse d’un lipoma-
like (liposarcome bien différencié
de faible grade de malignité) où
elle diminue significativement le
risque de développer une rechute
locale même si les indications de
radiothérapie sont disparates d’un
centre à l’autre et ne concernent
pas les mêmes patients (Cassier et
al., abstract no 10582).
Chimiothérapie/radiothérapie
néodjuvante
L’utilisation d’un traitement systé-
mique d’induction ou d’une radio-
thérapie première dans les sarco-
mes localement avancés est
fréquente dans les centres prenant
en charge ce type de pathologie.
Son impact sur la survie reste à
démontrer, et la sélection des
patients pouvant en bénéficier à
déterminer. Il n’existe toujours
aucune nouvelle étude randomisée
posant cette question en dehors de
celle coordonnée par l’EORTC,
ancienne et négative. Que faut-il
retenir sur le sujet cette année ?
– Une étude originale compa-
rant deux chimiothérapies d’induc-
tion (ou adjuvante) différentes
(quatre cycles) : une convention-
nelle (AI : doxorubicine 75 mg/m2
plus ifosfamide 2,5 g/m2 pendant
trois jours), l’autre moins dans
cette situation tumorale (GT :
gemcitabine plus docétaxel,
doses classiques de l’association)
(Davies et al., abstract no 10524).
L’objectif principal était le nombre
d’hospitalisation rencontré dans
les deux bras thérapeutiques :
84 patients inclus (sur huit ans !),
pas de différence significative
concernant l’objectif principal
(plus de neutropénie fébrile avec
l’AI, mais plus de réactions ana-
phylactiques avec le GT), pas de
différence significative sur la sur-
vie sans récidive à deux ans, pas
de différence sur la survie glo-
bale. Aucun résultat donné sur la
chirurgie, les réponses histolo-
giques… comme si les traitements
locorégionaux n’avaient que peu
d’importance dans la prise en
charge des STM localisés… ;
– les critères de réponse radio-
logique selon RECIST et même
la réponse histologique (< 10 %,
10–50 %, > 50 % de cellules tumo-
rales identifiables sur la pièce
opératoire) après un traitement
d’induction par doxorubicine–
ifosfamide n’influencent pas le
devenir des patients (68) atteints
d’un synovialosarcome (SS) loca-
lement avancé opérable (taille
médiane : 8 cm au diagnostic).
Seul le grade histopronostique
est corrélé au développement
des métastases et à la survie. À
coupler avec la recherche de
l’expression nucléaire de l’IGF1R
et du CXCR4 dont leur perte
chez 38 et 16 % des SS serait
Dossier
Them
atic
file
6
corrélée à une meilleure survie
globale (Palmerini et al., abstract
no 10571) ;
– une étude sur le rôle éventuel
d’une radiothérapie néoadjuvante
sur un mode hypofractionné (Rut-
kowski et al., abstract no 10564) :
cinq séances de 5 Gy, traitement
évalué chez 220 patients (dont 137
tumeurs primitives, taillemédiane :
9 cm) de 2006 à 2010 en Pologne.
Une chirurgie de type R0 a pu être
effectuée chez 79%des patients. Le
taux de rechute locale est de 20 %.
La toxicité est non négligeable avec
dans 17 % des cas des problèmes
cicatriciels prolongés (> 1 mois),
12 % de désunion cicatricielle,
11 % d’œdèmes prolongés et
nécessité d’une nouvelle interven-
tion chirurgicale dans plus de 6 %
des cas. Il est loin d’être certain que
ce mode de radiothérapie soit plus
avantageux qu’une radiothérapie
conventionnelle.
Sarcomes rétropéritonéaux (TRP)
Plusieurs communications sur le
sujet cette année :
– une étude rétrospective
bicentrique américaine sur 204
patients opérés entre 2003 et
2011 : y a-t-il une place de la radio-
thérapie dans ces formes tumora-
les particulières dont le pronostic
est plus lié à l’évolution locorégio-
nale qu’à la dissémination tumo-
rale métastatique ? (Kelly et al.,
abstract no 10520). Il s’agit d’une
étude comparative entre deux
centres, l’un ne traitant les
patients que par chirurgie exclu-
sive (172 patients) ; l’autre groupe
recevant une radiothérapie péri-
opératoire (IMRT, protonthérapie,
32 patients). La survie sans rechute
locorégionale est de 90 % à cinq
ans pour ceux ayant reçu la radio-
thérapie vs 65 % dans le groupe
chirurgie seule (p = 0,06) malgré
une morbidité périopératoire
significativement plus élevée. Pas
d’impact sur la survie globale.
L’analyse multivariée sur cette
série permet d’individualiser trois
facteurs pronostiques indépen-
dants : la radiothérapie, le grade
histopronostique et le sous-type
histologique (plus favorable pour
les léiomyosarcomes). Seule une
étude randomisée (actuellement
en cours, étude EORTC) compa-
rant la chirurgie seule à cette
même chirurgie précédée par de
la radiothérapie permettra de sta-
tuer définitivement sur son rôle
sur le contrôle tumoral de ces
sarcomes ;
– une autre étude, italienne,
testait une association d’ifosfa-
mide à fortes doses, selon le
schéma italien (1 g/m2 par jour pen-
dant 14 jours, trois cycles avec à
partir du deuxième cycle une radio-
thérapie concomitante (1,8 Gy par
jour, 50,4 Gy dose totale) suivi
d’une chirurgie d’exérèse de ces
TRP (Gronchi et al., abstract
no 10519) : 83 patients inclus,
72 % d’entre eux ont reçu le
schéma thérapeutique prévu par
le protocole), 90 % d’entre eux ont
pu bénéficier d’une chirurgie
macroscopiquement complète.
Quinze patients (19 %) ont néces-
sité une hospitalisation prolongée
et un patient est décédé des suites
opératoires. Les SSP à trois et cinq
ans sont de 56 et 44 % respective-
ment qui se comparent, d’après les
auteurs, favorablement aux séries
historiques… ;
– les traitements néoadju-
vants (radiothérapie préopéra-
toire) dans les TRP nécessitent
un diagnostic histologique avant
tout traitement spécifique. Les
biopsies à l’aiguille n’augmentent
pas le risque de rechute locoré-
gionale (Boccone et al., abstract
no 10583), bien au contraire : le
taux de rechute locale dans cette
série rétrospective italienne est de
8 % si une biopsie a été effectuée
(25 patients) vs 23 % dans le
groupe de patients opérés d’em-
blée (75 patients). Même si ces
taux ne diffèrent pas sur le plan
statistique, la biopsie à l’aiguille
permet aussi d’éviter des chirur-
gies d’emblée pour des tumeurs
rétropéritonéales non sarcoma-
teuses (lymphome, tumeurs ger-
minales…) qui ne relèvent pas
d’une chirurgie initiale ;
– les tumeurs tronculaires dont
les TRP sont des localisations élec-
tives pouvant donner des rechutes
tardives (au-delà de cinq ans)
après le traitement initial du sar-
come et donc nécessitant un suivi
prolongé (Toulmonde et al., abs-
tract no 10574). À noter que 9,3 et
5,8 % des patients rechutent loca-
lement ou développent des méta-
stases au-delà de cinq ans sur les
719 patients (toute localisation de
sarcome) analysés dans la data
base du Groupe sarcome français.
Chimiothérapie en situation
avancée
Nouveaux produits/thérapeutiquesciblées
Pazopanid
Le pazopanid (GW786034, Glaxo) :
inhibiteur de VEGF, PDGF et KIT,
l’étude PALETTE, rapportée l’année
dernière (ASCO 2011, Van Der
Graaf, abstract no LBA10002), avait
démontré pour la première fois
dans le domaine des STMmétasta-
tiques l’impact positif d’une théra-
peutique ciblée sur le devenir des
patients avec une PFS augmentée
de 200 % (de 7 à 20 semaines) par
rapport à un placebo (sans cross-
over possible) et une survie globale
augmentée de deux mois (NS).
Grâce à cette pionnière dans le
genre, le pazopanid vient d’obtenir
son AMM aux États-Unis et en
Europe. C’est le premier facteur
antiangiogénique enregistré dans
les STM métastatiques. Quoi de
neuf cette année sur le sujet ? Une
analyse des longs répondeurs
(étude PALETTE plus étude de
phase II initiale de l’EORTC) : 34 %
des patients inclus ont une PFS
supérieure à six mois, 33 % des
patients ont une survie supérieure
à 18 mois, 12 patients étaient tou-
jours sous pazopanib deux ans
après leur inclusion dans l’une de
ces deux études (3,7 ans pour l’un
d’entre eux) (Kasper et al., abstract
no 10553). Il s’agit d’unemajorité de
femmes avec des STM de grade 1
ou 2 qui n’ont pas forcément
répondu objectivement au pazopa-
nib (longues stabilisations).
Inhibiteurs mTor
Les inhibiteurs mTor : les analo-
gues de la rapamycine, inhibiteurs
Compte
rendu
Rep
ort
7
de la voie mTor, bloquant la voie
intracellulaire AKT/mTor/S6kinase
sont toujours très explorés dans
les STM ou tumeurs osseuses :
– l’association everolimus plus
imatinib dans les SS est totalement
inefficace (Keohan et al., abstract
no 10558), malgré leur synergie in
vitro sur des lignées cellulaires
de SS surexprimant PDGFRa,
trois stabilisations sur dix patients
évaluables ;
– le sirolimus (3 à 6 mg/j) est
possiblement plus intéressant
dans les hémangioendothéliomes
épithélioïdes (HEE) évolutifs avant
leur inclusion (Stacchiotti et al.,
abstract no 10565) : une réponse
partielle, six stabilisations prolon-
gées de plus de six mois sur dix
patients évaluables, six améliora-
tions du PET-scan sur six patients
évalués par cette imagerie fonc-
tionnelle, la PFS médiane est de
24 mois. La réintroduction du siro-
limus chez des patients de nouveau
progressifs à l’arrêt de ce dernier
a permis d’obtenir de nouveau
un contrôle tumoral chez deux
patients. À suivre.
Ombrabuline
L’ombrabuline (AVE8062, Sanofi) :
nouvelle grande étude de phase III
randomisée (355 patients) dans les
STM après l’étude PALETTE (pazo-
panib) et SUCCEED (ridaforolimus)
comparant chez des patients pré-
traités (deuxième ou troisième
ligne), du cisplatine (75 mg/m2)
associé à ce facteur antiangio-
génique (25 mg/m2) à du cisplatine
plus placebo (Papai et al., abstract
no 10506). La différence sur la SSP
(médiane) entre les deuxbras théra-
peutiques est de quatre jours, neuf
jours si les sarcomes pléiomorphes
sont exclus de l’analyse (sous-
groupe le plus défavorable), et
pourtant la PFS est significative-
ment supérieure de quelques
semaines (p = 0,03) dans le bras
ombrabuline en raison d’une sépa-
ration des courbes après la
médiane (50% environ des patients
progressent dès lapremière évalua-
tion tumorale). Cette étude vient
rappeler :
– qu’une synergie in vitro entre
deux produits n’est pas synonyme
d’efficacité chez l’homme ;
– que le cisplatine dans les
STM est un produit inactif (plu-
sieurs études antérieures de
phase II [5 % de réponse]) ;
– qu’une augmentation signifi-
cative de la PFS ne se traduit pas
forcément par un bénéfice clinique
pour les patients.
Anciens produits
La trabectédine (Yondelis®, Pharmamar)
Plusieurs communications intéres-
santes sur le sujet cette année :
– une communication orale
sur l’association trabectédine
(1,1 mg/m2 à j1 en trois heures)
doxorubicine (60 mg/m2 à j1) chez
44 patients présentant un léiomyo-
sarcome utérin vierge de toute
chimiothérapie antérieure (Pautier
et al., abstract no 10505) : 30
patients ont atteint les six cycles
prévus par le protocole (pas de
maintenance prévue notamment
avec la trabectédine), réduction
des doses dans 14 % des cycles,
taux de réponse objective de
57 %, durée médiane de la réponse
de 5,5 mois, contrôle tumoral chez
86 % des patientes, sept patientes
ont pu être secondairement opé-
rées de leurs métastases. La toxi-
cité attendue est principalement
hématologique avec 6%des cycles
compliqués de neutropénie fébrile
et 48 % de neutropénie de grades
3–4. Les PFS à trois et sixmois sont
respectivement de 84 et 73 % avec
une PFSmédiane de 8,1 mois. Rap-
pelons que selon les critères d’effi-
cacité de l’EORTC, en première
ligne de traitement dans les STM,
la PFS à six mois doit être supé-
rieure à 40 %. Cette étude de
phase II souligne la nécessité de
poursuivre la recherche de traite-
ments spécifiques dans des sous-
types de sarcomes différents, la
grande chimiosensibilité des léio-
myosarcomes utérins à la trabecté-
dine, et l’activité remarquable de
cette association en première
ligne de traitement qui pourrait
devenir un traitement de référence
dans les léiomyosarcomes en
général (résultats de la cohorte
léiomyosarcome non utérin en
attente, ESMO 2013) et possible-
ment en situation adjuvante dans
les léiomyosarcomes utérins en
particulier (versus gemcitabine/
docétaxel des Américains ?). À sui-
vre de très près ;
– une étude rétrospective por-
tant sur 885 patients traités dans
le cadre de l’AMM et depuis
l’AMM en France. Il s’agit de la
vraie vie des patients sous trabecté-
dine traités en France dans les cen-
tres ayant une expérience indé-
niable dans les sarcomes et sur le
Yondelis® (Le Cesne et al., abstract
no 10563) : le taux de réponse objec-
tive est de 16,1 %, la PFS médiane
de quatre mois et la survie globale
de 12,2 mois. La PFS et la survie
globale sont meilleures lorsque la
trabectédine est administrée en
deuxième (40 % des patients) ou
troisième ligne (39,2%),moins bon-
nes au-delà (20,8 % en quatrième
ligne et au-delà). Le nombre de
cycle médian administré est de 4
(de 1 à 28 cycles). Neuf pour cent
des patients ont été hospitalisés
pour un effet secondaire significatif,
dont quatre décès toxiques (0,4 %).
Les patients qui bénéficient le plus
(analysemultivariée) de la trabecté-
dine en termes de PFS sont les
patients porteurs de liposarcome
et léiomyosarcome et ceux qui ont
reçu le traitement précocement
(défavorable dans les angiosar-
comes et sarcomes indifférenciés).
Ceux qui bénéficient le plus de la
trabectédine en termes de survie
sont les femmes, les patients en
bon état général et ceux qui reçoi-
vent précocement la trabectédine
(deuxième ou troisième ligne). De
façon très intéressante, les patients
non progressifs après six cycles et
qui poursuivent le traitement au-
delà vont significativement mieux
que ceux qui arrêtent le traite-
ment : PFS de 11,2 vs 7,2 mois
et survie globale de 25,1 vs
16,9 mois. L’étude TDIS qui pose
cette question actuellement de
façon prospective et randomisée
(arrêt vs poursuite chez les patients
non progressifs à six cures) devra
valider ce concept pouvant faire
modifier nos pratiques dans ce
domaine. À suivre ;
Dossier
Them
atic
file
8
– l’étude de phase II randomisée
comparant la trabectédine (schéma
AMM) à une chimiothérapie à bases
d’anthracyclines dans les sarcomes
sous-tendus par une translocation
chromosomique (grande majorité
de liposarcomes myxoïdes) était
attendue (Hendifar et al., abstract
no 10517) : presque 50 patients par
bras thérapeutiques, réponses
objectives de 8,2 % avec la trabecté-
dine, 25 % avec les antracyclines,
PFS (18,8 vs 8mois respectivement)
et OS (38,9 vs 27,3mois) non signifi-
cativement augmentée avec la tra-
bectédine, autant de patients opérés
dans les deux bras sur leurs méta-
stases résiduelles. Même si peu de
patients font une telle différence
entre les deux courbes de la PFS,
cette étude démontre que la trabec-
tédine a une activité au minimum
similaire à celle d’unemonothérapie
par doxorubicine ou d’une poly-
chimiothérapie nettement plus
toxique à tous les niveaux dans
25 % des sarcomes présentant une
translocation chromosomique spé-
cifique. Les patients ne pouvant
recevoir des anthacyclines bénéfi-
cient d’une SSP au minimum simi-
laire si la trabectédine était utilisée
en première ligne de traitement.
L’étude de l’EORTC comparant,
en première ligne de traitement,
la doxorubicine à deux schémas
d’administration de la trabectédine
dans tous les sarcomes métasta-
tiques va réellement définir la place
de ce dernier dans l’arsenal théra-
peutique actuel ;
– enfin la tolérance de la trabec-
tédine chez les patients de plus de
65 ans (44 patients analysés) est
satisfaisante (Sanfilippo et al.,
abstract no 10576) avec cependant
plus de neutropénie de grades 3–4
(50 %) que dans la population plus
jeune. Tous les patients ont reçuune
dose départ de 1,3 ou de 1,1 mg/m2.
À noter que le nombre médian de
cycles administrés de trabectédine
était de six et en médiane, en troi-
sième ligne de traitement.
Anthracyclines/alkylants
L’ASCO2013, comme les précéden-
tes années, voit disparaître progres-
sivement de l’arsenal thérapeutique
les chimiothérapies dites conven-
tionnelles, en tout cas administrées
isolément. Très peu de communica-
tions sur les « vieilles drogues » de
la famille des anthracyclines et des
alkylants. À noter cependant :
– une étude de phase II rando-
misée intéressante combinant
la doxorubicine et des faibles
doses (deux doses testées, 0,8 et
45 µg/m2) de TNFα administré de
façon hebdomadaire en sous-
cutanée (Ferrari et al., abstract
no 10568). Si l’idée était originale,
les résultats le sont moins : 69
patients inclus (première ou supé-
rieure ou égale à une deuxième
ligne), le TNFα administré isolé-
ment est inactif (PFS de 1,5 mois,
survie médiane de 4,7 mois),
aucune réponse objective dans les
deux bras avec doxorubicine
(résultats même très décevants et
surprenant en association avec les
« fortes doses » de TNFα). Dans le
seul bras qui a dépassé l’hypothèse
statistique initiale (doxo 60, TNFα0,8 μg/m2), souvent des patients
vierges de traitement par anthracy-
clines, la PFS médiane est de
4,8 mois et la survie globale de
9,8 mois. À oublier ;
– une étude de phase II sur
une nouvelle anthracycline moins
ou non cardiotoxique, l’amrubi-
cin (neuf aminoanthracycline,
40 mg/m2 en dix minutes, trois
jours de suite) testée chez 13
patients évaluables (Gouw et al.,
abstract no 10587) : trois réponses
partielles, quatre réponses mineu-
res et stabilisations, quatre progres-
sions mineures (moins de 20 %)
et de réelles progressions. Aucune
toxicité de grades 3–4. À suivre ;
– une nouvelle petite étude sur
le cyclophosphamide per os admi-
nistré selon un schéma métrono-
mique, mais cette fois-ci à la dose
de 50 mg/j en continu (Comandone
et al., abstract no 10572) à la diffé-
rence du schéma rapporté il y a
deux ans par l’équipe de l’IGR
(ASCO 2011, Mir et al., abstract
no 10065) : la PFS médiane est de
quatre mois chez 45 patients fati-
gués (PS médian de 2). Aucune
toxicité particulière, trois réponses
mineures et 18 stabilisations tumo-
rales dont certaines très longues.
Une étude de phase II randomisée
va sans doute être initiée en pre-
mière ligne thérapeutique (vs
doxorubicine) chez des patients
de plus de 65 ans ;
– enfin une association ifosfa-
mide (2 g/m2 par jour pendant
trois jours) et sorafenib (800 mg/j)
chez 35 patients prétraités par
anthracyclines (Garcia del Muro et
al., abstract no 10523) : 17 % de
réponse objective, PFS médiane
de 4,8 mois, survie médiane de
plus de 16 mois, mais avec une
toxicité non négligeable.
Quoi de neuf dans certains sous-
types histologiques ?
Angiosarcomes/hémangioendothéliomesépithélioïdes
Les angiosarcomes/HEE : plusieurs
communications dans ce sous-type
histologique :
– les angiosarcomes sont des
sous-types de sarcomes particuliè-
rement agressifs puisque sur une
série rétrospective du Mémorial de
New York portant sur 324 patients,
36 % d’entre eux avaient des méta-
stases synchrones au diagnostic
(D’Angelo et al., abstract no 10580)
avec une médiane de survie de
moins d’un an. Même les angiosar-
comes localisés ont une survie
médiane de seulement 3,3 ans,
mais certaines rechutes peuvent
se voir excessivement tardivement
(plus de dix ans après l’épisode ini-
tial). Les patients âgés et les angio-
sarcomes viscéraux sont des fac-
teurs pronostiques défavorables ;
– les HEE sont à l’opposé sou-
vent des maladies plus indolentes
qui relèvent plus d’un geste chi-
rurgical en cas de lésion localisée
et dans un premier temps une sur-
veillance dans les HEE métasta-
tiques. Les localisations hépati-
ques représentent le site
métastatique le plus favorable
dans les HEE (Yousaf et al., abs-
tract no 10569).
Synovite villonodulaire pigmentée
Les synovites villonodulaires pig-
mentées (PVNS) : rappelons que
l’imatinib a été démontré particuliè-
rement efficace dans ces synovi-
tes villonodulaires pigmentées ou
Compte
rendu
Rep
ort
9
tumeurs à cellules géantes des ten-
dons (PVNS/TCGT). Après le pre-
mier proof of concept thérapeu-
tique dans cette entité rare (Blay et
al., Annals of Oncol 2008) sous-
tendue par une translocation chro-
mosomique spécifique t(1-2) (CSF1-
COL6A3) dans deux tiers des cas
entraînant un recrutement para-
crine de cellules inflammatoires
via leur récepteur CSF. Le nilotinib,
via son effet potentiel sur le récep-
teur du M-CSF ou CSF1, ne semble
pasplus efficaceque l’imatinib (Gel-
derblom et al., abstract no 10516) :
47 patients traités, 6,5% de réponse
objective, deux progressions rapi-
des, taux de non-progression à
trois mois de 93,6 %. À noter que
deux patients qui ont secondaire-
ment progressé sous nilotinib ont
répondu sou imatinib.
Fibromatoses/tumeurs desmoïdes
Les fibromatoses/tumeurs desmoï-
des : moins de communications
cette année sur cette tumeur
bénigne à malignité locale par rap-
port aux autres années :
– après l’activité remarquable
du sorafenib (65 % de réponse
RECIST, 35 % de stabilisation)
dans les fibromatoses agressives/
tumeurs desmoïdes (ASCO 2011,
Gounder et al., abstract no 10013),
c’est le sunitinib (37,5 mg en
continu) qui a été testé sur 19
patients dont une majorité de fibro-
matose abdominale (Jo et al., abs-
tract no 10589) : 26 % de réponse
objective, 42 % de stabilisation,
SSP à deux ans de 74 % avec, à
noter trois perforations digestives,
possiblement en rapport avec une
nécrose tumorale. Une étude de
phase II randomisée, actuellement
en cours d’inclusions en France
comparant le pazopanib à l’associa-
tion méthotrexate-vinblastine per-
mettra de mieux définir la place de
ces agents dans cette pathologie.
Liposarcomes bien/dédifférenciés
Les liposarcomes bien/dédifféren-
ciés : leurs deux cibles spécifiques
(mdm2et cdK4) aiguisent les scienti-
fiques et les compagnies pharma-
ceutiquesdéveloppant leurs antago-
nistes. Après les anti-mdm2
(RG7112, Roche) testés isolément
dans les liposarcomes bien et dédif-
férenciés localement avancés
(ASCO2011,Ray-Coquardetal., abs-
tract no 10007b), il était tentant de
l’associer à la doxorubicine (Chawla
et al., abstract no 10514) dans une
phase 1 dont les doses d’adriamy-
cine variaient de 50 à 60 mg/m2 et
les doses du RG7112 de 500 à
1 000 mg pendant cinq jours. Mal-
heureusement cette association se
heurte à tes toxicités hématolo-
giques de grades 3–4 rédhibitoires
pour une telle association dans le
futur : 74 % de neutropénie et 48 %
de thrombocytopénie, sans réelle
explication pharmacologique. Pas
de réponse partielle, quelques
régressions mineures. Pourtant,
comme dans l’étude pionnière néo-
adjuvante, une augmentation signi-
ficative de MIC (macrophage inhibi-
tory cytokine1) dans le sérum en
cours de traitement témoigne indi-
rectement de la restauration d’une
activité p53 dans les liposarcomes.
L’autre cible du liposarcome (CDK4,
amplifié dansplusde90%des cas) a
fait l’objet d’une nouvelle communi-
cation, toujours par la même équipe
du Mémorial de New York (Dickson
et al., abstract no 10512) mais cette
fois-ci avec des doses plus faibles
(125 mg/j sur 21 jours) du
PD0332991 (Pfizer), puissant inhibi-
teur de CDK4 et CDK6 dans des lipo-
sarcomes amplifiant CDK4 par FISH
et surexprimant pRb en IHC. Résul-
tats en tout point identiques que la
phase II précédente (200 mg sur
14 jours) : la PFS à trois mois est de
52% et la PFSmédiane de 18 semai-
nes (4,5 mois), la toxicité est princi-
palement hématologique avec 38 %
de neutropénie de grades 3–4 et
10 % de thrombopénie de grades
3–4.D’après lesauteurs ces résultats
sont toujours prometteurs en ter-
mes de contrôle tumoral (comparai-
son avec les études EORTC). Vers
des combinaisons anti-mdm2–
anti-CDK4 ou vers des combinai-
sons chimiothérapie anti-CDK4 ?
Malignant peripheral nerve sheathtumor
Les MPNST (malignant peripheral
nerve sheath tumor) : Est-ce que
les patients développant un
MPNST sur un terrain NF1 (neurofi-
bromatose de type 1) répondent
moins bien ou aussi bien que les
patients développant un MPNST
sporadique ? L’étude SARC006 a
testé l’association A (doxorubicine
75 mg/m2 sur deux jours)–I (ifosfa-
mide, 1,8 g/m2 par jour sur cinq
jours) [deux cycles] puis E (étopo-
side, 100 mg/m2 par jour cinq
jours)–I (ifosfamide, même dose
que précédemment) [deux cycles]
chez patients présentant un
MPNST (Widerman et al., abstract
no 10522). Les patients étaient
ensuite opérés puis recevaient une
radiothérapie adjuvante : le taux de
réponse objective est en effet moin-
dre dans les MPNST sur NF1
(17,9 %) que dans les MPNST spo-
radiques (44,4 %). La perte de pTEN
et l’activation de la voie PI3K/AKT/
mTor semblent être l’une des
voies prometteuses à explorer
dans ce sous-type histologique de
sarcome (Shurell et al., abstract
no 10555). L’hyperexpression de
GLUT1 dans les MPNST explique-
rait pourquoi ces tumeurs fixent au
PET-scan et non pas les neurofibro-
mes bénins (ASCO 2012, Combe-
nale et al., abstract no 10049).
Tumeurs myofibroblastiquesinflammatoires
Les tumeurs myofibroblastiques
inflammatoires présentent un
réarrangement du gène anaplastic
lymphoma kinase (ALK) dans 50 %
des cas environ (Lovly et al., abs-
tract no 10513). Par des techniques
de séquençage plus sophisti-
quées, de nouveaux gènes de
fusion ont été détectés dans cette
pathologie portant à 18/26 prélè-
vements analysés le nombre d’al-
térations génétiques impliquant
des kinases. Outre ALK (12/12
positif en IHC mais également
2/10 négatif en IHC), des gènes
de fusion impliquant ROS1 et
PDGFRb non précédemment
décrits dans cette pathologie ont
été mis en évidence.
Conflit d’intérêt : l’auteur dé-
clare avoir perçu des honorai-
res de Novartis, Pfizer, GSK, Phar-
mamar.
Dossier
Them
atic
file
10