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SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A RAPPORT ANNUEL 2013 LIBÉRER LE PLEIN POTENTIEL DU SÉCTEUR FINANCIER EN AFRIQUE

SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A … · OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires PADESFI Programme d’Appui au Développement du ... des thématiques

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SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A

RAPPORT ANNUEL 2013

LIBÉRER LE PLEIN POTENTIEL DU SÉCTEUR FINANCIER EN AFRIQUE

À PROPOS DU PARTENARIAT MFW4A

Le Partenariat pour La finance au service de l’Afrique (MFW4A) vise à soutenir les efforts des pays africains dans le renforcement de leurs secteurs financiers par la coordination et l’organisation des actions de développement favorisant une collaboration plus étroite entre les partenaires au développement et encourageant les échanges entre les parties prenantes africaines.

Créé lors du sommet du G8 de Heiligendamm en octobre 2007, le Partenariat MFW4A reconnaît l’importance du secteur financier dans le développement du secteur privé, le soutien à la croissance économique et à la création d’emplois. Douze membres fondateurs, bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux, soutiennent le Partenariat avec une vision commune d’intervention en vue de soutenir l’efficacité et l’efficience du secteur financier africain.

LE SECRÉTARIAT DE MFW4A Le Partenariat MFW4A reconnait que le renforcement du développement du secteur financier (DSF) en Afrique exige une coopération efficace et renforcée entre les gouvernements africains, les partenaires au développement, le secteur privé et autres parties prenantes. Pour soutenir les activités du Partenariat, un Secrétariat a été créé en 2008 et logé à la Banque Africaine de Développement (BAD) à Tunis (Tunisie).

Les objectifs stratégiques du Secrétariat sont: (1) la constitution d’un pôle de connaissance de référence pour le DSF en Afrique; (2) la mise en place d’une plateforme active de réseautage des acteurs clés du DSF en Afrique et (3) être un interlocuteur privilégié des intervenants dans le DSF en Afrique.

Les activités du secrétariat reposent sur quatre piliers: (1) la gestion et la diffusion du savoir; (2) la coordination des bailleurs de fonds; (3) l’engagement avec les parties prenantes et (4) le plaidoyer. Ces piliers constituent la colonne vertébrale de la stratégie du Secrétariat.

Ce rapport annuel présente les activités de MFW4A en 2013, deuxième année de mise en œuvre de la stratégie triennale du Partenariat. Après l’introduction des perspectives et des défis du secteur financier en Afrique, le rapport décrit les réalisations de MFW4A dans le cadre des priorités clés définies par le plan stratégique 2012-2014.

SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A

RAPPORT ANNUEL 2013

AVANT-PROPOS DE LA PRÉSIDENTE DU COMITÉ DE SUPERVISION 5

AVANT-PROPOS DU COORDINATEUR DU PARTENARIAT MFW4A 6

INTRODUCTION 9

PLAIDOYER 10

CONSTRUCTION DES RÉSEAUX 14

FINANCE AGRICOLE ET RURALE 17

RÉGLEMENTATION ET SUPERVISION BANCAIRE 19

LE GENRE ET LA FINANCE 20

FINANCEMENT DE L’HABITAT 21

SERVICES BANCAIRES MOBILES 22

SYSTÈMES DE PENSION 23

CAPITAL-INVESTISSEMENT ET CAPITAL-RISQUE 24

FINANCEMENT DES PME 25

UN PÔLE DE CONNAISSANCES 26

STRUCTURE DE GOUVERNANCE 29

Sommaire

2

aCroNYmeS eT aBrÉViaTioNS

ABCA Association des Banques Centrales Africaines

CC Conseil Consultatif

ADEPME Agence pour le Développement et l’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises du Sénégal

AFD Agence Française de Développement

BAD Banque Africaine de Développement

FAF Forum Africain de la Finance

AFRACA Association africaine du crédit rural et agricole

AFRITAC Centre régional d’assistance technique d’Afrique

AFSWG Groupe de travail des parties prenantes sur la finance agricole

AgFin-DWG Groupe de travail des bailleurs de fonds sur la finance agricole et rurale

ANPME Agence Nationale pour les Petites et Moyennes Entreprises du Bénin

UA / CUA Union Africaine / Commission de l’Union Africaine

UAFH Union Africaine pour le Financement de l’Habitat

AVCA African Venture Capital Association

BaFin Autorité de surveillance financière fédérale allemande

BCEAO Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest

BEAC Banque des États d’Afrique Centrale

BMZ Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement

BRVM Bourse Régionale des Valeurs Mobilières

CAADP Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine

CSBA Communauté des Superviseurs Bancaires Africains

CGBC Comité des Gouverneurs des Banques Centrales

CEMAC Communauté Économique et Monétaire des États de l’Afrique Centrale

CGAP Groupe consultatif d’assistance aux pauvres

CREPMF Conseil Régional de l’Épargne Publique et des Marchés Financiers

DPD Base de données des projets des bailleurs de fonds

DWG Groupe de travail des bailleurs de fonds

EAC Communauté d’Afrique de l’Est

BEI Banque Européenne d’Investissement

EMPEA Association du capital-investissement pour les marchés émergents

FSAP Programme d’évaluation du secteur financier

DSF Développement du secteur financier

PIB Produit Intérieur Brut

GIZ Agence de coopération internationale allemande pour le développement

HF-DWG Groupe de travail des bailleurs de fonds sur le financement de l’habitat

FMI Fonds Monétaire International

IOPS Organisation internationale des autorités de contrôle des pensions

MB-DWG Groupe de travail des bailleurs de fonds sur les services bancaires mobiles

MFW4A La finance au service de l’Afrique

NEPAD Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique

NFNV New Faces New Voices

ODA Assistance officielle au développement

OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

PADESFI Programme d’Appui au Développement du Secteur Financier

PER Programme Économique Régional

RNCS Rapport National sur la Compétitivité du Sénégal

SADC Communauté de développement de l’Afrique australe

SARB Banque centrale d’Afrique du Sud

SIDA Agence suédoise de coopération internationale au développement

PME Petites et Moyennes Entreprises

ASS Afrique subsaharienne

SWG Groupe de travail des parties prenantes

CEA-ONU Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique

USAID Agence des États-Unis pour le développement international

UEMOA Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine

SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A RAPPORT ANNUEL 2013 3

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AVANT-PROPOS DE LA PRÉSIDENTE DU COMITÉ DE SUPERVISION

L’année passée a réaffirmé à nouveau la pertinence et l’importance de MFW4A en tant que plateforme unique pour relever les défis des secteurs financiers

africains. Au cours de cette deuxième année de notre stratégie triennale, nous sommes parvenus à coordonner les processus clés des réformes du secteur financier en Afrique. Nous avons également établi de nouveaux réseaux avec les partenaires au

développement et les parties prenantes africaines afin de mieux aligner les interventions sur des besoins prioritaires et nous avons poursuivi notre positionnement en tant que principal pôle de connaissances pour le DSF en Afrique.

Notre plan stratégique est centré sur le développement de nouveaux outils et de nouvelles interventions tout en exploitant l’existant afin de soutenir encore davantage à catalyser le DSF en Afrique. La réussite de la tenue des dialogues sur le secteur financier au Tchad (CEMAC), au Maroc (Maghreb) et au Sénégal (UEMOA) a démontré l’utilité de ces interventions en termes de sensibilisation des décideurs politiques et des parties prenantes africaines pour faire avancer les réformes dans le secteur financier. L’implication de multiples parties prenantes, comprenant les banques centrales, les gouvernements, les associations professionnelles et les partenaires au développement a également été crucial pour assurer un soutien approprié aux politiques et stratégies définies pour le DSF.

Le fort leadership de nos institutions partenaires a également été au cœur de notre stratégie. La participation indéfectible de nos partenaires au développement et des parties prenantes à nos groupes de travail en est la preuve et a permis d’accomplir plusieurs initiatives fructueuses dans plusieurs thématiques clés tels que la réglementation et la supervision bancaire, la finance agricole et rurale, le genre et la finance et le financement des PME. Les résultats concluants d’une enquête récente auprès des parties

prenantes en Afrique et des partenaires au développement attestent de la qualité des réalisations du Secrétariat, telles que la création de la Communauté des Superviseurs Bancaires Africains (CSBA) et la mise en place d’un réseau des structures d’appui aux PME dans l’espace UEMOA.

En matière de gouvernance du Partenariat, la deuxième réunion du Conseil Consultatif (CC), qui s’est tenue en mai 2013 à Marrakech, en marge des Assemblées Annuelles de la BAD, a démontré l’importance de ce conseil en tant que plateforme d’interaction avec les partenaires au développement sur des questions stratégiques. Le statut et le rôle du CC reste toutefois à repenser pour que le Partenariat puisse bénéficier davantage d’une telle structure, composée de parties prenantes de MFW4A pouvant jouer un rôle actif dans le DSF en Afrique.

L’Atelier de planification stratégique de 2013, auquel ont participé le staff du Secrétariat, les membres du Comité Exécutif et un panel de parties prenantes africaines, a dressé le bilan des progrès du Partenariat et a défini les moyens de préserver sa pertinence dans le contexte d’un secteur financier africain en pleine évolution. Les résultats de cet atelier serviront de base à l’examen mi-parcours des avancées réalisées par le Partenariat et contribueront à la préparation du prochain plan stratégique triennal 2015-2017.

Au nom du Comité de Supervision, je tiens à exprimer ma gratitude envers nos partenaires au développement pour leur engagement et leur soutient constants. Je tiens en outre à remercier nos partenaires africains pour leur collaboration active et leur pleine adhésion à la vision de MFW4A, au staff du Secrétariat pour son inlassable effort et à la Banque Africaine de Développement qui a accueilli le Secrétariat et qui continue à apporter un important soutien au Partenariat. Je suis particulièrement fière de ce que nous avons accompli en 2013 et impatiente de capitaliser autour de ces réalisations pour faire avancer l’agenda du DSF en Afrique.

Gabriela Braun Présidente du Comité de Supervision

SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A RAPPORT ANNUEL 2013 5

AVANT-PROPOS DU COORDINATEUR DU PARTENARIAT MFW4A

Le paysage du secteur financier africain a sensiblement évolué au cours des dernières années. Nous assistons à des développements sans précédent sur le continent, avec notamment la révolution des services bancaires mobiles et l’expansion transfrontalière des banques régionales

et panafricaines. Le Secteur Financier en Afrique vit actuellement des moments forts dans son développement et MFW4A est fier d’y être associé.

2013 a été pour le Secrétariat du Partenariat une année importante et marquée par la réussite. Durant cette deuxième année de la mise en œuvre de notre stratégie triennale, nous avons intensifié nos efforts dans la poursuite de nos objectifs stratégiques : être un interlocuteur privilégié des intervenants dans le DSF en Afrique, le pôle de référence de savoir et une plateforme dynamique de réseautage et de connexion des acteurs clés de la finance en Afrique par la facilitation et la promotion du dialogue entre les parties prenantes et les partenaires au développement.

Notre engagement auprès des parties prenantes africaines a pris de l’ampleur. Nous avons poursuivi notre travail avec les autorités nationales, régionales et continentales et les réseaux professionnels panafricains. Parmi nos réalisations les plus notables en 2013, on y retrouve notamment l’organisation réussie des dialogues sur le secteur financier en Afrique du Nord, de l’Ouest et Centrale. Ces dialogues ont contribué à soutenir les réformes du secteur financier dans les différentes régions du continent et continueront à jouer un rôle déterminant dans le repositionnement du DSF comme une priorité absolue dans l’agenda du développement du contient.

Notre réussite en 2013 a également été marquée par notre engagement dans la promotion de l’échange d’expériences entre les parties prenantes africaines sur des thématiques importantes au DSF en Afrique. Nous avons tenu la réunion inaugurale de la Communauté des Superviseurs Bancaires Africains (CSBA) à Alger (Algérie), où les banques centrales africaines et les partenaires au

développement ont appelé à des actions coordonnées pour faire progresser et développer la réglementation et la supervision transfrontalière. Nous avons aussi soutenu le Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine (CAADP) pour faire progresser les questions de politique de financement de l’Agriculture et du milieu rural à travers plusieurs projets de soutiens institutionnels, tels que l’étude financée par la GIZ sur la coordination de la politique financière agricole dans cinq pays africains.

Dans le domaine du financement des PME, nous avons renforcé les plateformes d’échange et de partage d’expériences par l’établissement d’un plan de travail semestriel pour le réseau formel des structures d’appui aux PME dans l’espace UEMOA. Nous avons établi, enfin, les bases d’appui au développement des marchés financiers et au soutien à la couverture des besoins de financement à long terme en Afrique lors d’un séminaire de l’Organisation internationale des autorités de contrôle des pensions (IOPS), impliquant les principales parties prenantes en Afrique.

Par ailleurs, MFW4A joue un rôle de plus en plus important dans la coordination des efforts des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux de soutien au DSF en Afrique. Les réunions des groupes de travail thématiques des bailleurs de fonds, les consultations directes et les ateliers ont permis d’aboutir à de nombreuses collaboration, interventions et publications conjointes entre les partenaires au développement dans plusieurs domaines tels que le financement de l’habitat, les services bancaires mobiles et le financement de l’agriculture. En outre, MFW4A a maintenu une base de données exhaustive des projets des bailleurs de fonds dans le secteur financier en Afrique.

Nous avons aussi beaucoup réalisé en 2013 dans nos efforts de gestion et de diffusion du savoir. Nous avons restructuré notre site web, qui devient un centre de connaissances dynamique pour les ressources sur les questions relatives au secteur financier en Afrique. Le niveau d’intérêt et de fréquentation de notre site web a, par conséquent, augmenté considérablement et le nombre d’abonnements à notre lettre d’information bimensuelle a dépassé les prévisions.

aVaNT-ProPoS DU CoorDiNaTeUr DU ParTeNariaT mFW4a6

En termes de gouvernance, le Conseil Consultatif (CC) a continué de jouer un rôle de premier plan dans la promotion du Secteur Financier en Afrique. Il a tenu sa deuxième réunion annuelle en marge des assemblées annuelles de la BAD en mai 2013 à Marrakech (Maroc) où il a préconisé les actions prioritaires à entreprendre par MFW4A et ses partenaires afin de soutenir le développement des marchés financiers en Afrique. Nous allons continuer à renforcer notre structure de gouvernance ainsi que le rôle du CC dans le cadre de la nouvelle stratégie triennale (2015-2017) du Partenariat. Enfin, nous avons tenu en novembre 2013 un Atelier de planification stratégique pour examiner et évaluer les réalisations, les défis et les actions futures du Partenariat. Cet atelier a permis de définir les recommandations clés qui éclaireront l’examen à mi-parcours des progrès du Partenariat et contribueront à la préparation de la prochaine stratégie.

C’est donc avec le plus grand plaisir que je vous présente notre rapport annuel, reflétant les principales activités du Secrétariat et ses réalisations en 2013. Je tiens à exprimer ma sincère reconnaissance à tous nos partenaires pour leur soutien et leur engagement indéfectibles envers notre mandat. Je remercie également le staff du Secrétariat pour le travail inestimable accompli en 2013, dont les résultats sont toujours de plus en plus concluants. Le Secrétariat du Partenariat MFW4A est toujours prêt à relever les défis du développement et de l’approfondissement du secteur financier en Afrique. Je me réjouis de la poursuite de cet appui enthousiaste et que notre impact sera renforcé en 2014 et au-delà.

Stefan Nalletamby Coordinateur du Partenariat MFW4A

SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A RAPPORT ANNUEL 2013 7

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INTRODUCTION : Perspectives et défis des secteurs financiers en Afrique

Au cours des dix dernières années, le paysage financier africain a été renforcé par une série de réformes. De nombreux pays africains ont entrepris des réformes structurelles et juridiques et les organisations régionales ont, quant à elles, harmonisé les cadres juridiques et réglementaires transfrontaliers. Après la crise mondiale, la reprise a été forte et de nouvelles solutions financières basées sur les nouvelles technologiques, telles que les services bancaires mobiles, sont apparues avec un réel potentiel de transformation et de développement de l’accès aux services financiers en Afrique.

En dépit des progrès réalisés, le secteur financier en Afrique reste confronter à de nombreux défis importants. Le système financier dans de nombreux pays africains demeure de petite taille, vulnérable, dominé par les banques ciblant majoritairement les grandes entreprises bancables au sein du secteur formel. La fourniture des services financiers en Afrique présente encore d’énormes lacunes, particulièrement au profil des secteurs clés de l’économie tels que les PME, l’agriculture et les infrastructures. Le manque d’accès au financement des entreprises et des ménages nuit à l’efficacité du secteur financier en tant que moteur de croissance économique en Afrique.

Le développement du secteur financier engendre également de nouveaux défis. L’expansion transfrontalière des banques régionales génère, en dépit de ses avantages évidents, de nouveaux risques de stabilité financière régionale. L’expansion rapide de ces réseaux bancaires nécessite une surveillance réglementaire accrue à la fois dans les pays d’origine que ceux d’accueil. Les économies africaines se doivent de développer de toute urgence de nouvelles formes de financement à long terme basées sur le marché et offres institutionnelles pour consolider les progrès récents du continent et construire un avenir durable.

Nonobstant ces défis, l’Afrique a une occasion unique pour un développement économique durable et le secteur financier devrait y jouer un rôle essentiel. Les réseaux de collaboration et de travail des partenaires au développement et des parties prenantes africaines continuent de développer des outils innovants répondant de plus en plus aux besoins de financement de la transformation de l’Afrique dans des domaines variés, tels que le financement des PME et l’inclusion financière. L’échange d’expériences et de pratiques de DSF s’élargit et s’adapte davantage aux besoins des systèmes financiers africains. Un nombre croissant de pays africains apporte l’appui nécessaire à travers des réformes politiques et réglementaires. Cette dynamique ouvre la voie à de réels progrès à realiser dans le DSF en Afrique dans les années à venir.

SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A RAPPORT ANNUEL 2013 9

PLAIDOYER : Promouvoir le dialogue stratégique sur les réformes du secteur financier

MFW4A a mené plusieurs initiatives en 2013 pour placer le DSF au cœur de l’agenda du développement en Afrique, profitant de la présentation de l’ouvrage La finance en Afrique : au-delà de la crise en Afrique francophone pour organiser une série de dialogues sur le secteur financier, notamment au Tchad pour la Communauté économique et monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC), au Sénégal pour l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et au Maroc pour le Maghreb. En outre, MFW4A, l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA) et la Banque Mondiale ont co-organisé une table ronde de haut niveau sur les implications stratégiques de l’évolution rapide des activités bancaires transfrontalières en Afrique. Enfin, le Conseil consultatif (CC) de MFW4A a continué de jouer un rôle de premier plan dans la promotion du DSF lors des assemblées annuelles de la BAD.

Impulser le DSF dans la CEMAC et au Tchad

Malgré une croissance soutenue au cours des dix dernières années, le secteur financier de la CEMAC est limité par un faible niveau d’intermédiation financière et une incapacité structurelle à recycler les excédents de liquidité dans le secteur réel. L’accès des populations aux services bancaires se situe à environ 10 %, avec de fortes disparités-pays. De plus, la région est confrontée à une insuffisance prononcée de financement à long terme pour satisfaire des besoins importants tels que l’habitat et les PME. En outre, il est nécessaire de développer et de fournir des alternatives au financement bancaire, eu égard au fait que le coût des services bancaires demeure élevé.

Quant au système financier tchadien, il est très peu profond, segmenté et exposé à des risques importants. En octobre 2011, les résultats de l’évaluation de la stabilité du secteur financier tchadien menée par le FMI dans le cadre du FSAP ont mis en évidence de nombreuses déficiences, telles que : (1) un système financier très peu développé; (2) la faiblesse du cadre juridique et judiciaire et (3) des insuffisances dans la gestion de la trésorerie de l’État qui menacent la stabilité du secteur bancaire.

C’est dans ce contexte que MFW4A a facilité un dialogue public-privé sur le secteur financier à N’Djamena, en octobre 2013, permettant d’aborder les problèmes actuels du secteur financier dans la CEMAC et au Tchad. Les participants ont exprimé une volonté forte d’accélérer les réformes et souligné le rôle important du DSF dans la réalisation de la Vision 2025 et du Programme Économique Régional (PER 2009-2015) de la CEMAC, qui vise à créer un environnement régional compétitif afin d’attirer massivement les investissements privés dans les secteurs de croissance. Les orientations stratégiques de la Banque des États d’Afrique Centrale (BEAC) ont été bien accueillies en raison de leurs implications notables en faveur du développement du secteur financier dans la CEMAC. Différentes mesures ont été préconisées, notamment: (1) l’adoption d’une politique proactive de promotion de l’inclusion financière; (2) le renforcement des secteurs bancaire et de la microfinance, et (3) la dynamisation des marchés financiers.

Pour le Tchad tout particulièrement, des mesures spécifiques sont nécessaires (non exhaustives): (1) la recapitalisation des banques publiques en difficulté et (2) l’amélioration de la gestion de la trésorerie de l’État (base caisse).

Partager la longue expérience marocaine en matière de réforme du secteur financier

Le Maroc a réalisé des changements ayant abouti à une transformation du secteur financier, tout particulièrement dans le cadre du Programme d’Appui au Développement du Secteur Financier (PADESFI) financé par la BAD. Ce programme a eu des résultats considérables en termes: (1) d’augmentation de l’inclusion financière des ménages et des entreprises; (2) d’amélioration de la gouvernance du secteur financier; (3) d’harmonisation rapport par aux normes internationales et (4) de renforcement du marché financier par l’introduction de nouveaux instruments financiers.

En mai 2013, MFW4A a organisé une réunion en marge des Assemblées Annuelles de la BAD à Marrakech, où les représentants des autorités financières et du secteur

PLaiDoYer : PromoUVoir Le DiaLogUe STraTÉgiqUe SUr LeS rÉFormeS DU SeCTeUr FiNaNCier10

privé, ainsi que les partenaires au développement ont pris connaissance de l’expérience marocaine.

Soutenir les réformes au sein de l’UEMOA et au Sénégal

Bien que le nombre d’adultes titulaires d’un compte auprès d’une institution financière dans l’UEMOA soit passé à environ 19 %, il reste inférieur au niveau atteint dans des pays tels que le Ghana, 29 %, et le Kenya, 42 %. En outre, le ratio du crédit au secteur privé sur PIB n’est que de 13 % dans l’UEMOA, bien en dessous de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne (SSA) (17 %) et des pays en développement (varie entre 30 % - 50 %). L’accès des PME au financement reste fortement limité, entravant leur développement dans la région.

Pour sa part, le secteur financier au Sénégal, s’est développé, tant en taille, qu’en profondeur au cours de la dernière décennie, avec un niveau de crédit au secteur privé nettement supérieur à celui de la plupart des pays de l’UEMOA. Cette tendance positive reste toutefois limitée au crédit à court terme, tandis que l’accès du secteur privé au crédit progresse à un taux plus faible que dans d’autres pays performants d’ASS. De plus, l’accès au financement reste une contrainte majeure pour les ménages et plus encore pour les PME.

MFW4A et la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ont co-organisé un dialogue sur le secteur financier en avril 2013 à Dakar en vue d’examiner les questions relatives au DSF au sein de l’UEMOA et au Sénégal. La réunion s’est tenue à la BCEAO qui travaille étroitement avec les gouvernements nationaux et les principales institutions régionales telles que la Commission de l’UEMOA, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) et le Conseil Régional pour l’Épargne Publique et les Marchés Financiers (CREPMF) pour promouvoir le DSF. Le gouvernement du Sénégal mène également des réformes au niveau national afin de lever les contraintes existantes en matière de DSF.

Il convient de noter que, plusieurs projets régionaux seront engagés dans le cadre du Programme régional de l’UEMOA

en faveur de l’accès au financement. Il s’agit notamment de : (1) la modernisation de l’infrastructure financière avec la création d’une centrale des bilans, d’un registre des garanties et d’un registre foncier; (2) la multiplication des modes de financement à la disposition des entreprises, notamment par l’adoption d’une législation sur de nouveaux produits tels que le crédit-bail, l’affacturage et le capital-investissement et (3) la création d’un observatoire des services financiers afin de suivre leur disponibilité et leur qualité.

Mise en place d’une plateforme de dialogue stratégique de haut niveau avec les banques centrales africaines

L’Afrique a connu une croissance sans précédent des banques panafricaines au cours des dernières années. Quoique ce développement s’accompagne d’opportunités de taille pour le secteur financier africain, il existe aussi de potentiels risques inhérents à cette tendance expansionniste, y compris de contagion transfrontalière.

C’est dans ce contexte que MFW4A a organisé, en partenariat avec l’ABCA et la Banque Mondiale, une table ronde de haut niveau lors des réunions du printemps de la Banque Mondiale et du FMI en avril 2013 sur le thème : Les Activités bancaires transfrontalière en Afrique : Optimiser les dividendes de l’intégration tout en gérant les risques. Les participants à la table ronde ont convenu de la nécessité d’accroître les efforts en faveur de l’intégration financière régionale et reconnu la nécessité de renforcer les pratiques de surveillance transfrontalière au niveau national et régional. Les organisations panafricaines telles que l’ABCA et la Communauté des Superviseurs Bancaires Africains (CSBA) ont été encouragées à jouer un rôle d’orientation et de coordination du processus.

Les résultats de cette réunion serviront à enrichir les discussions stratégiques dans le cadre de diverses institutions et instances régionales. En outre, MFW4A, l’ABCA et la Banque Mondiale ont convenu de faire de ce Dialogue des gouverneurs, un rendez-vous régulier pendant les prochaines réunions du printemps de la Banque Mondiale et du FMI.

SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A RAPPORT ANNUEL 2013 11

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DEUXIÈME RÉUNION DU CONSEIL CONSULTATIF : Libérer le potentiel des marchés financiers pour la transformation structurelle de l’Afrique

En cette période de forte limitation de l’aide publique au développement (APD) et d’austérité chez les traditionnels pays donateurs, l’Afrique doit davantage compter sur la mobilisation et l’utilisation de ses propres ressources intérieures pour préserver et accélérer la croissance économique. Compte tenu des besoins pressants de financement à long terme du continent, le secteur financier, et particulièrement les marchés financiers, est de plus en plus reconnu comme essentiel au développement de l’Afrique.

C’est dans ce contexte que la deuxième réunion du Conseil Consultatif (CC) s’est tenue en marge des assemblées annuelles de la BAD à Marrakech, en mai 2013. Dans le sillage du thème des assemblées annuelles : La transformation structurelle de l’Afrique, le CC a abordé la question du rôle des marchés financiers dans la transformation structurelle de l’Afrique, avec un accent particulier sur le financement à long terme. Des représentants des ministères des finances, des banques centrales, du secteur privé et des institutions panafricaines ont profité de cette rencontre pour échanger ensemble, ainsi qu’avec les donateurs qui participent en qualité d’observateurs sur le rôle des marchés financiers comme moteurs de la transformation économique et structurelle en Afrique.

Les délégués ont convenu de la nécessité de promouvoir: (1) le renforcement de l’intégration financière régionale; (2) une plus grande harmonisation du droit des affaires et des normes comptables; (3) un équilibre entre règlementations et innovations financières; (4) des évaluations crédibles du risque; (5) un accroissement des d’échanges commerciaux et (6) un dialogue favorisant l’efficience et un environnement propice aux marchés financiers sur le continent. Pour atteindre ces objectifs, il a été recommandé que les gouvernements et autres décideurs et les associations professionnelles du secteur collaborent au développement de politiques et de stratégies adéquates pour libérer le potentiel de financement des investissements à long terme et des besoins de développement de l’Afrique. Les dialogues nationaux sur le secteur financier, les groupes de travail et les publications de MFW4A ont également été perçus comme des outils de sensibilisation par rapport à cet agenda stratégique.

SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A RAPPORT ANNUEL 2013 13

CONSTRUCTION DES RÉSEAUX : Aligner les interventions en matière de DSF aux besoins prioritaires

MFW4A a catalysé des progrès importants à travers ses groupes de travail thématiques, qui constituent des plateformes dynamiques de création des réseaux pour les professionnels des domaines du DSF sélectionnés dans lesquels des besoins ont été identifiés.

Groupe de travail des bailleurs de fonds

MFW4A a continué en 2013 à faciliter et soutenir les groupes de travail des bailleurs de fonds sur des thématiques clés centrées sur la finance agricole et rurale, le développement des marchés financiers, les services bancaires mobiles,

l’intégration financière régionale, les transferts de fonds des migrants et le financement de l’habitat. Ces groupes de travail ont permis à MFW4A de jouer un rôle important dans l’approfondissement du dialogue et de la collaboration entre partenaires au développement afin d’encourager les interventions conjointes et éviter la duplication.

FINANCE AGRICOlE ET RURAlE

(AGFIN-DWG)

Créé en : mai 2012Membres : 20 bailleurs de fonds et partenaires

au développement Présidence : USAID

DéVElOPPEMENT DES MARCHéS

FINANCIERS (CMD-DWG)

Créé en : juin 2010Membres : 16 bailleurs de fonds et partenaires

au développementPrésidence : BAD

FINANCEMENT DE l’HABITAT

(HF-DWG) NOUVEAU

Créé en : mai 2013Membres : 13 bailleurs de fonds et partenaires

au développementPrésidence : AFD

SERVICES BANCAIRES MOBIlES

(MB-DWG)

Créé en : juillet 2011Membres : 27 bailleurs de fonds et partenaires

au développementPrésidence : CGAP

INTéGRATION FINANCIèRE

RéGIONAlE (RFI-DWG)

Créé en : avril 2010Membres : 19 bailleurs de fonds et partenaires

au développementPrésidence : BAD

TRANSFERTS DE FONDS

DES MIGRANTS (R-DWG)

Créé en : octobre 2009Membres : 22 bailleurs de fonds et partenaires

au développementPrésidence : BEI

GrouPe De trAvAiL

DeS bAiLLeurS De FonDS

CoNSTrUCTioN DeS rÉSeaUX : aLigNer LeS iNTerVeNTioNS eN maTière De DSF aUX BeSoiNS PrioriTaireS14

Groupes de travail des parties prenantes

MFW4A a aussi collaboré avec des parties prenantes publiques et privées du secteur financier dont des représentants des Ministères des finances, des banques centrales et d’autres régulateurs, ainsi que des organismes, associations et banques panafricains et régionaux de l’ensemble du continent pour définir les besoins en DSF,

alimenter les stratégies des partenaires au développement et améliorer l’alignement de l’expertise et des financements avec les priorités de DSF aux attentes.

Actuellement MFW4A gère trois groupes de travail des parties prenantes sur la finance agricole, la réglementation et la supervision bancaire et le financement des PME.

GROUPE DE TRAVAIl DES PARTIES PRENANTES

SUR lA FINANCE AGRICOlE (AFSWG)

Créé en : novembre 2011Membres : 20 institutions

Équipe de coordination : MFW4A/AFRACA

COMMUNAUTé DES SUPERVISEURS

BANCAIRES AFRICAINS (CSBA)

Créée en : août 2012Membres : Banques centrales africaines (43 institutions)

Présidence : Banque Centrale de Maurice Vice-présidence : Banque des États d’Afrique Centrale (BEAC)

Équipe de coordination : Secrétariat permanent de l’ABCA (avec l’appui de MFW4A)

RéSEAU DES STRUCTURES D’APPUI AUx PME

Créé en : mars 2012Membres : 9 institutions

Équipe de coordination : MFW4A/ANPME/ADEPME

Thématiques clés

En soutenant les thématiques clés du DSF, MFW4A a continué de jouer un rôle proactif dans l’évolution et l’adaptation au paysage en mutation du secteur financier

en Afrique en 2013. Les activités thématiques reflètent les priorités les plus urgentes exprimées par les parties prenantes, ainsi que les orientations stratégiques des partenaires de MFW4A, et s’appuient sur le solide leadership des institutions du réseau MFW4A.

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FINANCE AGRICOLE ET RURALE : Soutenir des investissements agricoles durables en Afrique par le biais du secteur financier

Avec plus de 60% de la population africaine employée dans l’agriculture, le secteur pourrait être un catalyseur majeur de la croissance économique générale, porteur d’un énorme potentiel de création d’emplois et de réduction de la pauvreté. Pour autant, le développement agricole est confronté à des défis multiples et complexes. La sécurité alimentaire, la volatilité des prix, les risques environnementaux et la faiblesse des infrastructures en zones rurales sont autant de défis majeurs que l’Afrique doit relever. En outre, les clients agricoles, essentiellement de petits exploitants agricoles, sont confrontés au manque d’accès aux services financiers adéquats.

L’accès aux services financiers de toutes les catégories de producteurs agricoles et agri-entreprises est primordial pour libérer le potentiel agricole de l’Afrique et financer la croissance de ce secteur. Pour faire progresser la question de la politique financière agricole en Afrique, MFW4A a canalisé ses efforts pour soutenir les objectifs stratégiques du CAADP, un programme de l’Union Africaine (UA) et du Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui vise à aider les pays africains à atteindre la voie de développement, par le biais de l’agriculture.

Suite à l’adoption en 2011 des Principes de Kampala, qui constituent un ensemble d’orientations politiques suggérant les actions les plus urgentes requises pour libérer la finance agricole en Afrique, MFW4A a mené une session de travail au cours de la 9ème Plateforme de Partenariat CAADP en mars 2013, à Addis-Abeba, pour intégrer les Principes de Kampala dans le cadre du programme CAADP. De nombreuses organisations régionales et internationales, des ministères de l’agriculture et des finances, des banques centrales, la Commission de l’Union Africaine (CUA), des banquiers du secteur privé et des organisations d’agriculteurs y étaient représentés. MFW4A a de plus invité des

partenaires au développement, membres du Groupe de travail des bailleurs de fonds sur la finance rurale et agricole (AgFin-DWG) à participer à cette session pour mobiliser les ressources financières et techniques afin de soutenir la mise en œuvre du CAADP.

Les recommandations de l’étude Intégrer les principes de Kampala et le Document d’orientation sur la finance agricole dans le cadre du CAADP, financée par MFW4A/la GIZ, ont été approuvées au cours de cette session de travail. Les participants ont noté que le Partenariat CAADP manquait de l’expertise, des ressources et des réseaux nécessaires pour aider efficacement les pays à renforcer leur secteur de la finance agricole. La réunion s’est conclue par des appels à financement de deux postes d’experts de la finance agricole au sein de l’Agence du NEPAD, qui seraient chargés de diriger des plateformes de dialogue multi-parties prenantes au niveau national et régional.

Ces recommandations ont ensuite été partagées avec les membres du groupe AgFin-DWG, qui se sont engagés à soutenir des activités conjointes de finance agricole dans le cadre de leur plan stratégique entériné, centré sur trois axes principaux: (1) soutenir la mise en œuvre des Principes de Kampala; (2) répondre aux besoins identifiés par le Groupe de travail des parties prenantes sur la finance agricole (AFSWG) et (3) favoriser la diffusion du savoir et le partage de l’information. Le plan stratégique du groupe AgFin-DWG est en cours de mise en œuvre sous la coordination du Secrétariat de MFW4A et a déjà mis en place des projets communs. La GIZ et MFW4A ont par exemple commandé une Étude d’évaluation de la coordination de la finance agricole en Afrique focalisée sur cinq pays, à savoir le Burkina Faso, l’Éthiopie, le Ghana, le Maroc et la Zambie. Le rapport final, prévu en 2014, servira de base aux initiatives de plaidoyer et aux politiques et projets de développement agricole dans ces pays.

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RÉGLEMENTATION ET SUPERVISION BANCAIRE : Création de la Communauté des Superviseurs bancaires Africains

L’émergence de groupes bancaires régionaux est devenue un moteur de l’intégration financière du continent. Aujourd’hui, de nombreuses banques africaines ont une présence commerciale dans de nombreux pays et marchés. L’intégration financière ainsi créée participe au renforcement des systèmes financiers face aux contraintes imposées par des marchés de petite taille et fragmentés, mais elle s’accompagne aussi de risques qui exigent une approche réglementaire et de surveillance proactive et une plus grande coopération transfrontalière.

Pour autant, la coopération entre les superviseurs des pays d’accueil et d’origine ne suit pas le rythme des exigences nouvelles imposées par la rapidité de l’expansion des banques régionales. La surveillance consolidée fait défaut et les dispositions juridiques qui encadrent le secret et la confidentialité ne favorisent pas le partage au moment opportun de l’information pertinente. Il est nécessaire de renforcer à la fois la capacité de surveillance et la confiance mutuelle entre les superviseurs des différents pays.

Créée en 2012, la Communauté des Superviseurs Bancaires Africains (CSBA) est une plateforme panafricaine d’échanges d’expériences et de bonnes pratiques entre superviseurs bancaires. Il s’agit d’une initiative commune de MFW4A et de l’ABCA permettant aux superviseurs d’échanger et de favoriser l’apprentissage entre pairs tout en engageant des activités de renforcement des capacités. Parallèlement, la CSBA leur permet de réfléchir sur les sujets et les tendances à l’échelle mondiale dans le domaine de la réglementation et de la surveillance et de débattre de la pertinence et de l’applicabilité des normes et politiques réglementaires internationales dans le contexte africain.

Suite à l’adoption de la CSBA par l’Assemblée des Gouverneurs de l’ABCA, les Secrétariats de MFW4A et de l’ABCA travaillent étroitement à la mise en place des structures de fonctionnement et de gouvernance. La Banque d’Algérie a accueilli la réunion inaugurale de la CSBA en janvier 2013 sur le thème Renforcement de la supervision bancaire transfrontalière et coopération en Afrique.

Y ont participé des représentants de 26 banques centrales, du Secrétariat de l’ABCA, du Comité des Gouverneurs des Banques Centrales de la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC), du ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ), de la GIZ, de l’autorité de surveillance financière fédérale allemande (BaFin), du Centre régional d’assistance technique d’Afrique de l’Est (AFRITAC), du Secrétariat du Conseil de Stabilité Financière (CSF), de la Banque Mondiale et du FMI.

Les participants ont souligné la nécessité d’améliorer la coopération entre les autorités de surveillance nationales en matière de supervision bancaire transfrontalière, de réduire les lacunes réglementaires (tels que l’absence de réglementation en matière de holdings), de mettre en place des collèges de superviseurs pour les principales banques régionales et mettre en place des accords plus contraignants en matière d’échange d’information au quotidien et de la gestion de crise.

La réunion a également permis aux participants d’examiner les priorités de l’Afrique relatives à l’adoption des normes et politiques internationales (Bâle I à III, Principes fondamentaux de Bâle, normes internationales en matière de reporting financier) parallèlement au renforcement de l’inclusion financière sur le continent, en s’appuyant sur des structures autres que les banques, notamment des alternatives telles que la microfinance, les services bancaire mobiles et les agents bancaires.

La CSBA, avec l’appui de MFW4A et de l’ABCA, envisage par conséquent de jouer un rôle consultatif dans la définition des préoccupations et des priorités du continent entre 2014-2016. Il en est de même pour la poursuite de son objectif prioritaire d’amélioration de la coopération et de l’échange de meilleures pratiques entre autorités de réglementation et de surveillance en Afrique, ainsi que catalyser l’assistance financière et technique pour soutenir les processus de réforme. Par la suite, un plan stratégique 2014-2016 de la CSBA été présenté en août 2013 lors des assemblées annuelles de l’ABCA à Maurice.

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LE GENRE ET LA FINANCE : Catalyser le changement pour promouvoir l’inclusion financière des femmes au sein de la SADC

L’accès des femmes aux services financiers possède un impact très significatif en matière de développement, notamment d’accroissement des actifs économiques, tant au niveau des ménages que des entreprises. Au niveau des ménages, les femmes, dans la plupart des cas, sont les principales gestionnaires des finances de la famille, assurant la répartition des revenus du ménage entre la satisfaction au quotidien des besoins de base et l’épargne complémentaire à investir pour protéger l’avenir de la famille.

Pour autant, il existe toujours des disparités entre hommes et femmes en termes d’accès aux services financiers, l’accès des femmes étant inférieur à celui des hommes. Du côté de la demande, nombre de femmes sont limitées par le manque de temps et par les coutumes, qui limitent leur mobilité et leur capacité à interagir avec les prestataires de services financiers. Du côté de l’offre, les prestations ne sont pas adaptées aux besoins des femmes. La présence physique limitée des institutions financières et leurs heures d’ouverture restreintes sont particulièrement contraignantes pour les femmes, en raison de leur mobilité limitée. En outre, parce que nombre d’institutions financières n’appréhendent ni la demande de produits adaptés aux besoins des femmes ni la solvabilité des femmes africaines, celles-ci par conséquent ne constituent pas un segment de clientèle prioritaire.

MFW4A demeure focalisé sur son le travail de plaidoyer et de promotion de l’accès des femmes au financement sur le continent en 2013. La note stratégique Faire avancer l’inclusion financière des femmes en Afrique, coproduite par MFW4A, New Faces New Voices (NFNV), la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la GIZ pour le compte du BMZ, offre aux décideurs africains et autres parties prenantes un ensemble de recommandations politiques hautement prioritaires pour promouvoir l’accès des africaines aux services financiers.

Sur la base des recommandations de ce document, MFW4A s’est associé à NFNV, à la GIZ pour le BMZ et à la Banque centrale d’Afrique du Sud (SARB) pour organiser en avril 2013 une rencontre sur la promotion de l’inclusion financière des Africaines en Afrique Australe.

Celle-ci s’est tenue en marge d’une réunion du Comité des Gouverneurs de Banques Centrales (CGBC) de la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC). Les décideurs politiques et autres intervenants ont échangé sur le développement et de la mise en œuvre des politiques nécessaires à l’amélioration de l’inclusion financière des femmes. Deux défis ont particulièrement été mis en exergue, à savoir la nécessité : (1) d’une meilleure représentation des femmes au sein des équipes dirigeantes au niveau du continent et (2) de pallier au manque d’information et de disposer d’un plus grand nombre de données ventilées selon le sexe. Cette réunion a constitué une étape importante en vue de la construction d’un consensus régional et le partage d’information sur les approches stratégiques visant d’un marché à l’autre à promouvoir un meilleur accès des femmes aux services financiers.

Suite à cette importante rencontre, la réunion du CGBC au Swaziland ne septembre 2013, a appelé les gouverneurs: (1) à soutenir les changements au niveau des politiques, juridiques, réglementaires et en matière de supervision ainsi que les mécanismes institutionnels au niveau national visant à promouvoir l’accès des femmes aux services financiers et (2) à soutenir et faciliter la mise en œuvre des projets pertinents pour promouvoir cet accès.

MFW4A a également coordonné la traduction et la publication en portugais du document d’orientation Faire avancer l’inclusion financière des femmes en Afrique diffuser lors de la Conférence Inclusion financière des femmes au Mozambique qui s’est déroulée en décembre 2013 à Maputo. La conférence a été accueillie par la Banque centrale du Mozambique et NFNV sous l’égide de MFW4A, la GIZ, pour la BMZ, et le programme d’appui au développement de l’économie et des entreprises (SPEED) de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Elle a abordé trois principaux thèmes: (1) le rôle des données ventilées par sexe; (2) l’éducation financière et la protection des consommateurs et (3) le rôle des services bancaires mobiles. Les discussions ont abouti au développement de plans d’actions qui seront mis en œuvre par NFNV Mozambique.

Le geNre eT La FiNaNCe : CaTaLYSer Le ChaNgemeNT PoUr PromoUVoir L’iNCLUSioN FiNaNCière DeS FemmeS aU SeiN De La SaDC 20

FINANCEMENT DE L’HABITAT : Combler le retard du financement de l’habitat en Afrique

L’Afrique a aujourd’hui le taux d’urbanisation le plus élevé au monde. UN Habitat rapporte que 46 villes africaines comptent aujourd’hui plus d’un million d’habitants, et, au cours des quinze prochaines années, les villes africaines devraient accueillir chaque jour 40 000 personnes supplémentaires, un chiffre qui révèle une pression urbaine croissante avec de sérieuses limites de capacité. L’habitat peut améliorer le niveau de vie par une création de patrimoine et de sécurité qui peut permettre aux ménages à faible revenu d’échapper au piège de la pauvreté. Il constitue en outre une partie importante du PIB et contribue à la création d’emploi et à la croissance économique.

Le manque de financement est reconnu depuis longtemps comme l’un des principaux obstacles à l’accès au logement pour les ménages à faible revenu. Le financement de l’habitat est un nouvel axe prioritaire de MFW4A, qui résulte naturellement de sa mission de coordination des bailleurs de fonds et de promotion de l’interaction entre tous les partenaires. À l’heure où de nombreux bailleurs de fonds et partenaires au développement travaillent à la promotion du développement du secteur du financement de l’habitat, il apparait un besoin évident de coordination de leurs interventions, projets et activités, afin d’éviter la duplication et de combler le retard en financement, tout en débattant les spécificités et les risques des systèmes de financement à long terme de l’habitat. Pour satisfaire ce besoin, MFW4A, en collaboration avec l’Agence Française de Développement (AFD), a mis en place un groupe

de travail des bailleurs de fonds sur le financement de l’habitat (HF-DWG) en 2013.

La levée de capitaux pour satisfaire la demande croissante de financement de l’habitat constitue un défi majeur pour les prêteurs. Dans ce contexte, les membres du HF-DWG ont participé à un atelier consultatif sur les Perspectives d’investissement dans le financement de l’habitat pour les bailleurs de fonds en Afrique, qui s’est déroulé en septembre 2013 à Maurice lors de la 29ème Conférence annuelle de l’Union Africaine pour le financement de l’habitat (AUHF). L’événement était axé sur la mobilisation de capitaux pour le financement de l’habitat et a permis aux membres du HF-DWG de présenter les interventions de leurs organisations en matière de financement de l’habitat sur le continent et de communiquer avec des parties prenantes africaines et des experts du financement de l’habitat. La réunion a préconisé des actions dans deux domaines : (1) la recherche de produits et de modèles commerciaux innovants pour débloquer la chaine du logement en Afrique et (2) la promotion de la généralisation du recours aux services financiers à long terme pour combler le retard du logement en Afrique.

L’événement a également permis de valider le plan de travail du HF-DWG qui s’articule autour de trois domaines clés, à savoir : (1) le partage et la diffusion des connaissances sur les questions relatives au financement de l’habitat; (2) l’appui aux projets et (3) la création d’un environnement favorable au secteur du financement de l’habitat en Afrique.

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SERVICES BANCAIRES MOBILES : Centrer les interventions des bailleurs de fonds sur les questions prioritaires du développement des services bancaires mobiles

L’Afrique connait une expansion sans précédente des services bancaires mobiles et continue d’être le leader mondial dans ce domaine. La prestation de services financiers via des téléphones mobiles offre aux systèmes financiers africains la possibilité de dépasser certaines contraintes infrastructurelles et de toucher à moindre coût un nombre d’utilisateurs jamais atteint. Au Nigéria, les 7,7 millions de clients des services d’argent mobile représentent un énorme potentiel. Pour autant, malgré le grand nombre de clients enregistrés des services bancaires mobiles, l’utilisation de l’argent mobile reste très faible, avec un taux actif de seulement 9,2 %. Dans un but de sensibilisation à l’usage des services financiers mobiles en tant que vecteur de l’inclusion financière au Nigéria et en Afrique de l’Ouest, MFW4A a mobilisé des partenaires au développement et des membres du groupe de travail des bailleurs de fonds sur les services bancaires mobiles (MB-DWG) dans le cadre d’un atelier consultatif lors de la conférence AITEC 2013 sur la banque et les transferts

d’argent par téléphone mobile en Afrique de l’Ouest, qui s’est déroulée en mars 2013 à Lagos, Nigeria. L’atelier a permis de stimuler le dialogue entre les parties prenantes et les membres du MB-DWG sur les approches innovantes de produits financiers et de modèles économiques et sur le besoin pressant de promouvoir les services bancaires mobiles au Nigéria et en Afrique de l’Ouest.

L’atelier a servi de base pour déterminer les contours des futures interventions futures et a permis de définir les axes prioritaires du MB-DWG pour 2014. L’action du MB-DWG s’appuiera sur les recommandations suivantes formulées lors de l’atelier consultatif: (1) améliorer l’infrastructure et développer les réseaux d’agences; (2) fournir une éducation financière; (3) développer un nouveau modèle économique axé sur les pauvres et les « non bancarisés » et (4) impliquer les parties prenantes clés dès les premières étapes des interventions en matière de services bancaires mobiles.

SerViCeS BaNCaireS moBiLeS : CeNTrer LeS iNTerVeNTioNS DeS BaiLLeUrS De FoNDS SUr LeS qUeSTioNS PrioriTaireS DU DÉVeLoPPemeNT DeS SerViCeS BaNCaireS moBiLeS 22

SYSTÈMES DE PENSION : Soutenir le développement des marchés financiers

De nombreux pays africains ont effectué des progrès dans la mise en place des conditions macroéconomiques essentielles à l’investissement à long terme. Toutefois, le développement des marchés financiers, des institutions et du cadre réglementaire et de supervision reste embryonnaire. Les fonds de pension, en particulier, jouent un rôle important dans le développement des marchés financiers et la satisfaction besoins de financement à long terme, à travers la mobilisation et l’allocation de l’épargne à long terme pour soutenir l’investissement.

La récente réforme des systèmes de pensions opérée dans de nombreux pays d’Afrique a abouti à la création des fonds de pension privés qui accumulent rapidement des actifs sous gestion. Au Nigéria, par exemple, ces actifs sont passés de 7 milliards d’USD en décembre 2008 à 23,4 milliards d’USD en septembre 2013. Au Ghana, le secteur des pensions devrait croître de plus de 400 % au cours des quatre prochaines années.

La croissance récente du secteur des pensions en Afrique offre des perspectives positives pour le financement des investissements à long terme dans les infrastructures et d’autres secteurs dont l’Afrique a désespérément besoin. Cette évolution est particulièrement pertinente dans le contexte actuel marqué par des contraintes au niveau des finances publiques et de réduction des budgets d’aide publique au développement des pays étrangers. Parce qu’elle doit être gérée avec précaution, cette croissance s’accompagne toutefois de défis en matière de supervision et de réglementation.

C’est dans ce contexte que MFW4A et l’organisation internationale des autorités de contrôle des pensions (IOPS)

ont co-organisé un atelier sur le Renforcement des systèmes de pension en Afrique par une supervision efficace à Nairobi en septembre 2013. L’atelier a été accueilli par le Retirement Benefits Authority (RBA) du Kenya et réuni des intervenants du secteur, des autorités de réglementation et des experts sur les politiques en matière de retraite de 13 pays africains.

Les débats ont porté sur les perspectives et les défis de la réforme des pensions en Afrique sous l’angle de la supervision. Les participants ont noté que le développement des systèmes de pension doit aller de pair avec celui des systèmes financiers nationaux en général et des marchés financiers en particulier. Ils ont également soulevé l’absence de produits adéquats répondant aux besoins spécifiques des investisseurs institutionnels africains.

À cet égard, les principes directeur de l’OCDE sur le financement des investissements à long terme par les investisseurs institutionnels sont considérés comme offrant aux gouvernements et aux instances de réglementation une orientation majeure quant à la mobilisation des flux d’épargne vers des actifs importants tels que les infrastructures. Conformément aux principes de l’OCDE, les participants ont préconisé une intervention publique dans les projets d’investissement à long terme, des cadres réglementaires pour les véhicules d’investissement collectifs et les titres, une collaboration et un partage de ressources entre investisseurs, tout en soulignant la nécessité de renforcer les capacités tant au niveau des investisseurs institutionnels que des autorités de réglementation, pour une gestion efficace du risque.

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CAPITAL-INVESTISSEMENT ET CAPITAL-RISQUE : Aider à absorber les écarts en matière de financement

Le capital-investissement pourrait jouer un rôle important dans le développement du secteur privé en Afrique parce qu’il offre une combinaison unique entre le financement à long terme, l’aide à la gestion et l’appui à la gouvernance. Ces caractéristiques font que le capital-investissement apporte une réponse à deux problèmes majeurs qui sapent le développement du secteur privé en Afrique, à savoir l’accès limité au financement et le manque de capacité. Dans un contexte caractérisé par des marchés financiers sous-développés et le manque de financement à long terme, le capital-investissement est une option attrayante pour les entreprises africaines en quête de capital pour la croissance.

Selon l’African Venture Capital Association (AVCA), les gestionnaires de fonds de capital-investissement ont investi 3,2 milliards d’USD en Afrique en 2013. Les données de l’association du capital-investissement pour les marchés émergents (Emerging Markets Private Equity Association, EMPEA) indiquent une augmentation de 43 % de l’investissement en capital-investissement en Afrique Subsaharienne en 2013 par rapport à 2012. Selon l’enquête annuelle 2013 de l’EMPEA, les investisseurs mondiaux en fonds de capital-investissement ont également désigné l’ASS comme la région la plus attractive pour l’investissement.

Malgré ces atouts, le capital-investissement en Afrique est toujours confronté à de nombreuses difficultés. La réglementation pose souvent problème, tant en termes de levée que de déploiement de capitaux. En Afrique, la

mobilisation des capitaux ne s’est pas encore remise de la crise financière mondiale, malgré le sentiment exprimé dans les enquêtes auprès des investisseurs. Fait peut-être plus important, environ 75 % du capital-investissement investi en Afrique provient d’institutions financières de développement et peu de capitaux locaux sont investis dans le secteur, excepté en Afrique du Sud. Dans le contexte de la croissance du secteur africain des pensions, le capital-investissement pourrait ouvrir possibilités importantes de diversification qui font actuellement défaut, que ce soit en termes de secteurs géographiques, de catégories d’actifs ou de secteur d’activité. Parallèlement, il permettrait aux fonds de pensions de bénéficier de rendements ajustés du risque attrayants.

L’action de MFW4A vise à promouvoir une meilleure compréhension, par les décideurs, les autorités de régulation et les investisseurs locaux, du capital-investissement en tant que catégorie d’actifs. En 2013, MFW4A a pris part aux travaux d’un groupe d’experts sur le capital-investissement constitué par la Commission économique pour l’Afrique des Nations-Unies (CEA). Le groupe de travail a examiné une étude commandée par la CEA sur L’état du capital-investissement en Afrique, avec un intérêt particulier pour sa contribution potentielle à la croissance et au développement. Le groupe de travail a également développé des recommandations stratégiques qui serviront de base à une ’initiative de l’Union Africaine (UA) pour la promotion du capital-investissement en Afrique et qui sera lancée lors de la réunion des chefs de gouvernement de l’UA en juin 2014.

CaPiTaL-iNVeSTiSSemeNT eT CaPiTaL-riSqUe : aiDer à aBSorBer LeS ÉCarTS eN maTière De FiNaNCemeNT 24

FINANCEMENT DES PME : renforcer le réseau des Structures d’Appui aux PMe

Le secteur privé africain est dominé par les PME. Avec les micro-entreprises, les PME constituent plus de 90 % du tissu économique, hors agriculture, et représente, dans de nombreux pays, plus de 30 % du produit intérieur brut (PIB). Pour l’essentiel, les entreprises individuelles ou familiales demeurent les principaux pourvoyeurs d’emploi et de services dans les secteurs de la vente au détail, de la transformation à petite échelle et des services aux ménages. Cependant, malgré les avantages socio-économiques qu’apportent les PME et leur rôle stratégique dans le développement économique, la création d’emploi et la croissance inclusive, elles ne reçoivent pas le soutien technique et financier dont elles ont besoin pour prospérer.

Les efforts de MFW4A pour soutenir les PME portent essentiellement sur le renforcement des plateformes d’échange et de partage d’expériences. En 2012, MFW4A, en partenariat avec l’Agence pour le Développement et l’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADEPME) du Sénégal a lancé le réseau des structures d’appui aux PMEs dans l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Le réseau vise à stimuler l’échange d’informations sur les approches innovantes, les pratiques réussies et à promouvoir un dialogue entre autorités nationales et régionales, institutions financières et partenaires au développement sur les services non financiers comme moyen pour catalyser l’accès des PME au financement dans l’UEMOA.

Après le lancement du réseau formel des structures d’appui aux PME de l’UEMOA, MFW4A a organisé en partenariat

avec l’Agence Nationale pour les Petites et Moyennes Entreprises (ANPME) du Bénin la réunion inaugurale du réseau à Cotonou en octobre 2013. A cette occasion, les membres ont adopté la charte, examiné le programme de travail pour 2014-2015 et convenu de la structure de gouvernance.

Les activités du réseau formel des structures d’appui pour les PME de l’UEMOA s’articulent autour: (1) le développement des canaux de communication entre les membres avec notamment une plateforme virtuelle pour le dialogue et le partage d’information sur les outils performants; (2) le renforcement des capacités des membres afin de mutualiser les connaissances et les pratiques innovantes; (3) la promotion des programmes et projets des membres et en particulier l’aide à la mobilisation des ressources techniques et financières auprès des partenaires du développement et (4) l’appui au dialogue institutionnel avec les autorités régionales, notamment la commission de l’UEMOA, la BCEAO, l’Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique (OHADA) et les partenaires au développement afin d’améliorer l’efficacité des outils développés et augmenter la visibilité et la reconnaissance des structures d’appui aux PME dans l’UEMOA.

La création de ce réseau réaffirme l’engagement du MFW4A envers les parties prenantes africaines et constitue la première étape d’une approche visant à accroître l’offre des services non financiers pour faciliter l’accès des PME au financement.

SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A RAPPORT ANNUEL 2013 25

UN PÔLE DE CONNAISSANCES : Libérer le savoir sur le développement du secteur financier en Afrique

La gestion et la diffusion du savoir est l’un des principaux piliers composant le mandat de MFW4A. Par le passé, des initiatives africaines de DSF ont été entravées par un déficit dans la gestion du savoir, une duplication des efforts et une application inadéquate des meilleures pratiques internationales au contexte africain. Reconnaissant le rôle croissant que confère le savoir dans le développement du secteur financier en Afrique, MFW4A s’est engagée à devenir la principale plateforme de ressources d’information et de savoir sur le développement du secteur financier en Afrique.

Les activités de gestion et de diffusion du savoir au sein de MFW4A contribuent essentiellement à une plus grande prise de conscience des problématiques de développement de la finance en Afrique et alimenter le contenu des discussions et des débats.. Divers outils de travail ont été mis en place tels que les lettres d’information bimestrielles bilingues, les revues de presse hebdomadaires bilingues, le blog Forum Africain de la Finance (FAF) et la rencontre des parties prenantes (Meet the Stakeholder, MTS) se sont avérés efficaces pour stimuler le débat sur des questions d’actualité directement liées aux secteurs financiers en Afrique.

Avec le FAF, par exemple, MFW4A réunit et publie en permanence des articles et pièces riches en savoir, émanant d’experts, d’intervenants et de chercheurs reconnus du secteur financier. De nouvelles idées sont apparues sur des thèmes clés tels que le capital-investissement, les infrastructures financières, l’assurance et la finance agricole. MFW4A a également renforcé ses efforts de communication externe en introduisant des parties prenantes clés actives dans le secteur financier africain aux lecteurs du MTS.

Les profils de secteur financier par pays constituent, en outre, un autre produit important de MFW4A relatif à la diffusion du savoir. Ces profils-pays, disponibles sur le site web de MFW4A, sont actualisés régulièrement et comprennent, entre autres, des indicateurs clés du secteur financier.

Par ailleurs, le Secrétariat a soutenu en 2013 plusieurs partenaires au développement et parties prenantes africaines par la production de notes prospectives facilitant les travaux d’études et de recherches à venir ainsi que l’identification et la mise en place de nouveaux projets potentiels dans le DSF en Afrique. Ces notes traitent, entre autres, du développement des marchés financiers, du genre et l’éducation financière, les transferts de fonds des migrants, le financement de l’offre agricole, des réformes du secteur financier, du crédit-bail et de l’affacturage.

La plateforme du savoir de MFW4A a été conçue comme un pôle de référence sur le DSF en Afrique, rassemblant des publications, documents de politiques financières et études diagnostiques sur des thèmes clés et variés tels que, notamment, la microfinance, l’accès au financement, le système bancaire et la finance agricole et rurale. En 2013, MFW4A a intensifié ses efforts d’actualisation de sa bibliothèque documentaire, qui compte désormais 1 746 publications, soit une augmentation de 47 % par rapport à 2012.

En outre, le Secrétariat a collaboré avec des partenaires au développement et des parties prenantes pour produire des publications couvrant plusieurs domaines du DSF en Afrique tels que le genre et la finance et le financement des PME. Ces publications sont disponibles sur le site web de MFW4A.

UN PÔLe De CoNNaiSSaNCeS : LiBÉrer Le SaVoir SUr Le DÉVeLoPPemeNT DU SeCTeUr FiNaNCier eN aFriqUe26

PRoFIl DE SECTEUR FINANCIER PAR PAyS

54 profil-pays, régulièrement actualisés avec des

indicateurs clés du DSF

lETTRE D’INFoRMATIoN bIMENSUEllE+ 8000 abonnés

NoTES D’INFoRMATIoN

8 notes d’information

SITE WEB DE MFW4ALe site web MFW4A.org est une plateforme de savoir pour les ressources sur le DSF en Afrique. Les internautes peuvent accéder à des informations et données actualisées, des articles, des papiers de recherche et publications ainsi que à divers liens de site web pertinents et ce dans les deux langues (en anglais et en français). Les 37 thématiques et les 54 profil-pays comprenant des indicateurs clés des secteurs financiers nationaux permettent de suivre l’évolution de questions pertinentes de DSF en Afrique.

Depuis son lancement en 2011, MFW4A.org a subi une restructuration majeure et des actualisations régulières qui en font un support plus convivial et réactif. Les efforts de MFW4A pour faire de son site web un pôle de référence en matière de savoir sur le DSF en Afrique ont été jugées positifs par les internautes, comme révélée par les conclusions de l’enquête en ligne de satisfaction lancée en 2013.

En 2013, le site a attiré des visiteurs de 182 pays, avec une forte proportion de visiteurs situés en Afrique (44 %). Il a également attiré un public divers, comprenant des décideurs politiques, des bailleurs de fonds, des établissements financiers, de la société civile, des universitaires et d’organisations régionales et panafricaines.

En sus du site web, le Secrétariat a consolidé l’image de marque de MFW4A et ses relations externes en mettant en place une approche plus élaborée de ses outils et ses processus de communication. En 2013, MFW4A a intensifié sa présence dans les médias par des communiqués de presse, réseaux sociaux, courriels, publications et fiches d’information promotionnelles ainsi que par sa participation active dans de nombreux événements panafricains et internationaux en lien avec le DSF en Afrique.

INTRODUCTION DE SIX PARTIES PRENANTES AFRICAINES

PUBLICATION DE 15 ARTICLES D’OPINION D’ÉMINENTS EXPERTS

DU SECTEUR FINANCIER

PUblICATIoNS 1,746 publications

SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A RAPPORT ANNUEL 2013 27

LA BASE DE DONNÉES DES PROjETS DES BAILLEURS DE FONDS COMME OUTIL DE RÉFÉRENCE

La base de données des projets de bailleurs de fonds de MFW4A a été conçue comme une source unique d’information sur les projets des bailleurs de fonds, en cours ou à venir, engagés en faveur du développement des secteurs financiers en Afrique. Elle permet de simplifier la planification des futures interventions et d’éviter toute duplication d’efforts des bailleurs de fonds.

MFW4A maintient et met à jours régulièrement l base de données. Ces mises à jours proviennent des bailleurs de fonds, partenaires de MFW4A.

Diffusion des projets de dsf des partenaires au développement

10 principaux thèmes financiers couverts (projets actifs)

0 50 100 150 200 250 300 350 400

Services bancaires mobiles

Intégration �nancière régionale

Financement de l’habitat

Infrastructure �nancière

Transferts de fonds des migrants

Environnement légal

Marchés des capitaux

Finance agricole et rurale

Système bancaire

Financement des PME 327

264

215

122

117

75

59

57

47

42

UN PÔLe De CoNNaiSSaNCeS : LiBÉrer Le SaVoir SUr Le DÉVeLoPPemeNT DU SeCTeUr FiNaNCier eN aFriqUe28

STRUCTURE DE GOUVERNANCE

La structure de gouvernance du Partenariat MFW4A est constituée du Conseil Consultatif, du Comité de Supervision, du Comité Exécutif et du Secrétariat.

Le Conseil Consultatif a été créé en 2012 en tant que nouvelle structure pour aviser sur les activités du Partenariat. Il réunit des « façonneurs » de la politique de développement du secteur financier en Afrique, dont des représentant des ministères des finances, des banques centrales, du secteur privé et des organismes panafricains. Les partenaires au développement y siègent en qualité d’observateurs. Le Conseil Consultatif est une source de connaissance et d’inspiration pour le Partenariat et est chargé de recommander des orientations stratégiques, de définir des priorités et d’aider le Partenariat à se recentrer plus finement sur l’agenda prioritaire du secteur financier au sens large.

Le Comité de supervision constitue l’organe exécutif du Partenariat. Il est chargé de valider les grandes lignes

politiques et stratégiques, de fixer les priorités globales, de formuler des avis et de valider le plan de travail annuel et le budget. Le Comité de Supervision est constitué de représentants des partenaires de MFW4A.

Le Comité exécutif a une vue d’ensemble des activités de MFW4A et une mission de conseil sur les sujets techniques et de définition de la vision et des activités du Secrétariat. Il partage aussi la responsabilité avec le Secrétariat sur les décisions opérationnelles liées au plan de travail, au budget et aux ressources humaines.

Le rôle principal du Secrétariat est de coordonner et d’animer les activités du Partenariat, d’encourager une collaboration plus étroite entre les partenaires au développement et de favoriser les échanges entre les diverses parties prenantes.

L’illustration ci-dessous représente la structure de gouvernance du Partenariat.

1 Le forum du Partenariat est un événement de réseautage qui regroupe des experts du secteur financier pour qu’ils partagent leurs expériences, échangent leurs meilleures pratiques et présentent des approches innovantes de la finance en Afrique. Il donne également une impulsion aux structures de gouvernance du Partenariat et en particulier au Conseil Consultatif.

indique un rôle consultatif indique la hiérarchie du Secrétariat

CoMITÉ DE SUPERvISIoN

SECRÉTARIAT DU MFW4A

CoNSEIl CoNSUlTATIF

CoMITÉ ExÉCUTIF

FoRUM DU PARTENARIAT1

SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A RAPPORT ANNUEL 2013 29

PARTENAIRES AU DÉVELOPPEMENT MEMBRES DU COMITÉ DE SUPERVISION

Banque Africaine de Développement (BAD) www.afdb.org

Groupe consultatif d’assistance aux pauvres (CGAP) www.cgap.org

Banque européenne d’investissement (BEI) www.eib.org

First Initiative www.firstinitiative.org

Agence française de développement (AFD) www.afd.fr

Agence de coopération internationale allemande pour le développement (GIZ) www.giz.de

Ministère néerlandais des affaires étrangères www.government.nl/ministries/bz

Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) www.usaid.gov

Banque Mondiale www.worldbank.org

MEMBRES DU COMITÉ EXÉCUTIF

Gabriela BRAUN, Présidente Directrice, Promoting Financial Sector Dialogue in Africa, Making Finance Work for Africa, GIZ

Marie Laure GARNIER Chef de division, Institutions financières et secteur privé, AFD

Jeffrey JACKSON Conseiller principal du secteur privé, USAID

Isaac LOBE Directeur, Gouvernance, Département de gestion économique et financière, BAD

Cedric MOUSSET Spécialiste principal du secteur financier, Banque mondiale

Stefan NALLETAMBY Coordinateur du Partenariat, MFW4A

STrUCTUre De goUVerNaNCe 30

L’ÉQUIPE DU SECRÉTARIAT DE MFW4A

Mohamed Agrebi, Administrateur de la base de données des projets des donateurs

Nawel Annabi, Assistant administratif

David Ashiagbor, Chargé des relations avec les parties prenantes

Habib Attia, Chargé des relations avec les donateurs

Abdelkader Benbrahim, Chargé de communication

Maria Isabel Berbegal Ibañez, Adjointe chargée des relations avec les donateurs

Emna Farhani, Assistante administrative

Arnaud Floris, Adjoint chargé des relations avec les parties prenantes

Alessandro Girola, Manager en charge du pôle connaissances

Hugues Kamewe, Chargé des relations avec les parties prenantes

Delphin Katendi, Adjoint chargé des relations avec les parties prenantes

Stefan Nalletamby, Coordinateur du Partenariat

Boipelo Sekgororoane, Chargée de recherche

Olivier Vidal, Adjoint chargé de la recherche

SECRÉTARIAT DU PARTENARIAT MFW4A RAPPORT ANNUEL 2013 31

NOTES

NOTES

la Finance au Service de l’Afrique

Banque africaine de développement

15, Avenue du Ghana - B.P. 323 - 1002 Tunis - Tunisie Tél : +216 71.10.39.53 - Fax: +216 71.33.44.84 E-mail : [email protected]

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SeCrÉtAriAt Du PArtenAriAt MFW4A RAPPoRT ANNUEl 2013

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