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SÉCURITÉ DANS LES BÂTIMENTS Le Stade de Suisse fête ses 10 ans CONSTRUCTIONS SANS OBSTACLES L’habitat pour tous les âges NOUVELLE RECHERCHE SUR LES VÉLOS ÉLECTRIQUES Des résultats surprenants Le magazine du bpa pour les partenaires de la prévention 3/2015

Sécurité danS leS bâtimentS - bfu.ch sécurité... · ou jamais au volant et 86 % qu’ils mani-pulaient rarement ou jamais un système de navigation en conduisant. Selon Uwe Ewert,

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Sécurité danS leS bâtimentS

Le Stade de Suisse fête ses 10 ans

cOnStructiOnS SanS ObStacleS

L’habitat pour tous les âges

nOuVelle recHercHe Sur leS VélOS électriQueS

Des résultats surprenants

Le magazine du bpa pour les partenaires de la prévention 3/2015

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StatuS 2015: les Suisses, raisonnables sur la route

ÉDITORIAL

Chaque année en Suisse, environ un million de personnes se blessent durant leurs loisirs; plus de 2200 mortelle-ment. Tous les ans, au début du mois août, le bpa publie les chiffres détaillés dans STATUS, la statistique des acci-dents non professionnels et du niveau de sécurité en Suisse. Comme son nom l’indique, il ne s’agit pas d’un ouvrage de référence contenant uniquement des données chiffrées sur l’accidentalité, car il examine aussi les opinions et les comportements. Outre les indica-teurs de sécurité récurrents (p. ex. taux de port de la ceinture de sécurité), STATUS traite des comportements déclarés tirés des domaines de la circu-lation routière, du sport, de l’habitat et des loisirs.

Mené par l’institut LINK en mars 2015 à la demande du bpa, le sondage représentatif effectué auprès de la popu-lation a obtenu, entre autres, les résul-tats suivants en matière de circulation routière: 68 % des automobilistes ont indiqué qu’ils conduisaient rarement ou jamais plus vite qu’autorisé. 96 % ont déclaré qu’ils téléphonaient rarement ou jamais au volant et 86 % qu’ils mani-pulaient rarement ou jamais un système de navigation en conduisant.

Selon Uwe Ewert, psychologue de la circulation au bpa, ces chiffres sont partiellement surprenants: «Les son-dages sur les comportements illicites peuvent bien entendu induire des réponses biaisées liées à la désirabilité sociale.» mor

POUR COMMENCER

Construire intelligemment profite à tousLa Suisse construit à un rythme effréné: nouveaux bâtiments, réno-vations, réaffectations … L’espace habitable est rare, surtout dans les villes et les agglomérations. Aujourd’hui, les logements doivent non seulement être dépourvus d’obs tacles, mais aussi adaptables aux évolutions de la situation de vie.

Il est intéressant de constater à quel point les besoins des enfants convergent avec ceux des seniors. Au même titre que les petits, les aînés sont heureux de voir que les com-mandes de l’ascenseur ne sont pas installées trop haut. La jeune maman se promenant avec sa poussette est aussi contente que l’homme âgé avec son déambulateur lorsque les transi-tions sont sans différences de niveau à l’intérieur et autour des bâtiments.

Les bâtiments dépourvus d’obs-tacles facilitent le quotidien de tous, qu’on soit jeune ou âgé, avec ou sans restrictions physiques, seul ou vivant en communauté. Ces constructions contribuent également à une meil-leure sécurité de leurs habitants.

Ursula Marti

IMPRESSUMEditeur: bpa – bureau de prévention des accidents, Hodlerstrasse 5a, cH-3011 berne, [email protected], www.bpa.ch, tél. + 41 31 390 22 22 Changements d’adresse: [email protected] Rédaction: ursula marti (wortreich gmbh), tom Glanzmann (bpa), rolf moning (bpa), nathalie Wirtner Julmi (bpa) Adresse de la rédaction: ursula marti, wortreich gmbh, maulbeerstrasse 14, 3011 berne, [email protected], tél. + 41 31 305 55 66 Traduction: section Publications / langues, bpa Illustrations et photos: page 1: KeYStOne/Gaetan bally; pages 11 (moto), 12, 14, 16: bpa; pages 2, 3, 4, 5, 6, 8; 10: iris andermatt; page 9: centre suisse pour la construction adaptée aux handicapés; page 15: Police de lausanne Mise en page: Srt Kurth & Partner aG, ittigen Impression: aSt & FiScHer aG, Wabern Tirage: allemand: 8900, français: 3000, italien: 1100. Parution trimestrielle. iSSn 2235-8862 (version imprimée) / iSSn 2235-8870 (PdF)

© l’utilisation et la citation d’articles ne sont possibles qu’avec l’accord de la rédaction et moyennant l’indication exacte des sources.

Conduire plusvite qu´autorisé

Téléphoner avec un dispositif mains-libres tout en conduisant

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Stefan Stauffiger (à gauche) et Tobias Jakob sont unanimes: l’excellente conception du Stade de Suisse a permis de réduire les risques d’accident.

DOSSIER Sécurité danS leS bâtimentS

PLANIFICATION MINUTIEUSE les bâtiments à forte affluence doivent absolument être des constructions sûres. Se fondant sur l’exemple du Stade de Suisse, «objectif sécurité» indique comment réduire les risques d’accident.

Le Stade de Suisse fête les 10 ans de sa construction réussie

Le Stade de Suisse, la maison des Young Boys de Berne, est en activité depuis dix ans. Il a été construit à l’emplace-ment exact du légendaire stade du Wankdorf et peut désormais accueillir jusqu’à 32 000 supporteurs. En l’ab-sence de matchs, on y organise concerts et autres événements. Aux alentours du stade, un grand centre commercial, des restaurants, des bureaux et des salles de conférence ont été construits.

Dès le départ, la sécurité était un point essentiel. Le bpa a été consulté par l’entre preneur général déjà lors de la phase de construction. Il a ainsi pu for-muler dans un rapport des recomman-dations concrètes concernant la sécu-rité. Visiblement, le processus a été profitable, estime Stefan Stauffiger du club de football bernois Young Boys. «A notre connaissance, un seul accident s’est produit au cours des dix dernières

années. Quelqu’un s’est cassé le coccyx en chutant dans les escaliers.» En voyant les supporteurs dévaler les marches à la fin d’un match, on pour-rait s’étonner qu’il n’y ait pas davantage d’accidents. «Souvent excités, ils ont les yeux rivés sur leur téléphone pour connaître au plus vite les résultats des autres clubs.»

Conseiller en sécurité et responsable Habitat / Loisirs / Produits au bpa,

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DOSSIER Sécurité danS leS bâtimentS

Tobias Jakob met ce succès sur le compte des entrées et sorties du stade, remarquablement conçues. Les esca-liers sont régulièrement entrecoupés de paliers intermédiaires et équipés de suffisamment de mains courantes et de garde-corps. En outre, le début d’un escalier est marqué en couleur, donc bien visible, et le revêtement de sol est antidérapant, ce qui est particulière-ment important par temps de pluie.

Suffisamment d’espaceL’intérieur du stade est lui aussi équipé de nombreux éléments de sécurité tels que des escaliers et des garde-corps sûrs ainsi que des grilles supplémentaires près des montées d’escalier permettant l’accès au stade. L’expert du bpa a immédiatement remarqué l’inclinaison des escaliers, faible pour un stade. «Plus la valeur de l’inclinaison est proche de 30°, plus les spectateurs gravissent les escaliers facilement et sûrement», explique Tobias Jakob. Les espaces importants entre les rangées de sièges

sont également pratiques. En effet, ils permettent aux supporteurs de circuler entre les rangées sans que les autres spectateurs ne soient contraints de se lever.

Un coup d’œil vers l’espace VIP montre un large garde-corps en verre. Ici aussi, le problème a été résolu avec brio affirme le spécialiste: «ces garde-corps protègent parfaitement des chutes sans pour autant restreindre la vue sur le terrain.» D’ailleurs, les bâtiments

privés sont eux aussi de plus en plus souvent équipés de garde-corps en verre. Aujourd’hui, le verre de sécurité feuilleté protège suffisamment, même s’il se brise, et permet des configura-tions très esthétiques.

Le shopping en toute sécuritéLe centre commercial de Wankdorf attire lui aussi de nombreux visiteurs grâce à la filiale d’un grand détaillant, divers magasins et des restaurants. La prestation de conseil du bpa effectuée il y a dix ans englobait également cette partie du complexe. Dans le hall d’en-trée, le niveau de sécurité est excellent: l’accent a été mis sur le sol, car les chutes sont le type d’accident le plus fréquent. Les ressauts et différences de niveaux

ont été supprimés afin d’éliminer toute source de faux pas.

Un autre atout est constitué par l’immense sas de propreté à l’entrée. Par temps de pluie, celui-ci évite que les visiteurs mouillent le sol et le rendent glissant. Tobias Jakob évalue aussi posi-tivement la grande rampe d’escalier dans le hall d’entrée: «le garde-corps est suffisamment haut et composé de bar-reaux verticaux qui descendent jusqu’au sol. Ils permettent aux enfants de regar-der à travers et les empêchent d’escala-der le garde-corps ou de chuter en pas-sant par les ouvertures.»

Autour du stadeEn contournant le stade, on remarque les billetteries placées aux différents

les nombreuses mains courantes rendent les escaliers plus sûrs.

la billetterie a une hauteur suffisante pour que personne ne puisse monter sur le toit.

«Escaliers et garde-corps sûrs sont les principaux éléments de sécurité.»tobias Jakob

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l’entrée du centre Wankdorf: sans seuil, mais avec sas de propreté

des escaliers peu inclinés et des rangées de sièges bien espacées.

le garde-corps en verre de l’espace ViP est élégant et empêche les chutes.

angles, au pied des escaliers. En raison de cet emplacement, les supporteurs risqueraient de faire une chute de plus de deux mètres en montant sur leur toit plat. Grâce aux conseils du bpa, ces constructions ont une hauteur suffi-samment élevée, qui en empêche l’esca-lade. Dans le cas contraire, des me - su res organisationnelles (barrières p. ex.) entravent l’accès au toit.

La visite se termine par une vue d’ensemble sur le complexe du stade: à l’extérieur aussi, la construction est généreuse en espace. Stefan Stauffiger montre la Papiermühlestrasse, rue très fréquentée située du côté nord du stade: «heureusement qu’il y a beaucoup d’es-pace entre la rue et les accès au stade. Qu’ils viennent pour un match ou

pour un concert, les spectateurs sont donc bien protégés du trafic routier.» Le Stade de Suisse – une construction exemplaire en matière de sécurité!

Ursula Marti

�Plus d’informations sur la sécurité des escaliers dans la brochure technique 2.007 du bpa «escaliers». télécharger ou commander sur www.commander.bpa.ch.

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les aspects juridiquesBÂTIMENTS PUBLICS lorsqu’on pénètre dans un bâtiment public, on ne pense pas nécessairement à sa sécurité. cependant, en cas d’accident, la question du respect des dispositions légales se pose.

La visite du Stade de Suisse (v. article précédent) montre bien que les con-structeurs ont accordé une grande importance à la sécurité. D’un côté, les mesures prises volontairement et, de l’autre, le droit, qui impose la manière de construire.

Le respect des normes et des dispo-sitions légales est payantDans le domaine de la construction, la prévention est réglée principalement par de nombreuses prescriptions légales (droit de la construction) ainsi que par des normes qui ne sont pas établies par un organe de droit public (p. ex règles reconnues de l’art de construire, normes techniques). En particulier pour les travaux de construction, bon

nombre de prescriptions étatiques en matière de sécurité doivent être respec-tées, comme l’obligation de porter un casque de protection, qui est fixée par l’ordonnance sur les travaux de construction1.

Pendant la phase d’exploitation aussi, des normes et prescriptions visant à protéger des accidents les utili-sateurs de l’ouvrage et les tiers sont à respecter. En général, le droit de la construction ne définit que des objec-tifs de protection. Par exemple, les bâti-ments et installations doivent être exploités et entretenus de manière à ne présenter aucun danger pour les per-sonnes ou les choses2. Les normes contiennent des indications sur les mesures de protection concrètes qu’il

faut prendre pour atteindre un certain objectif de protection. Si le planifica-teur connaît bien l’usage prévu pour l’ouvrage, il pourra intégrer les aspects de sécurité de manière plus ciblée et prendre les mesures qui s’imposent.

Les sanctions: une mesure de prévention indirecteLe système de sanctions de l’ordre juri-dique en vigueur a aussi un effet indi-rect sur la prévention, pour autant que tous les acteurs de la construction en aient connaissance. Ci-après, l’exemple de la responsabilité du propriétaire d’ouvrage, décisive pour la prévention des accidents non professionnels.

En vertu de l’art. 58 du Code des obligations (CO), le propriétaire d’un

les exigences de sécurité imposées aux bâtiments publics tels que le Stade de Suisse et les commerces attenants sont élevées. en cas d’accident, le propriétaire est responsable. un conseil précoce sur la sécurité est vivement recommandé.

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bâtiment ou de tout autre ouvrage répond du dommage causé à des tiers par des vices de construction ou par le défaut d’entretien. Il s’agit d’une res-ponsabilité dite causale, car le proprié-taire doit se porter garant du dommage causé par son ouvrage défectueux indé-pendamment de sa propre responsabi-lité. Cet article concerne non seulement les propriétaires d’ouvrages privés, mais aussi la collectivité, propriétaire de bâtiments publics. Selon le Tribunal fédéral, un ouvrage est défectueux lorsqu’il n’offre pas une sécurité suffi-sante pour l’usage auquel il est destiné. Il peut p. ex. s’agir de garde-corps ou de parois vitrées ne résistant pas aux sollicitations.

Le tribunal décide toujours en fonc-tion des circonstances concrètes si l’ou-vrage est défectueux. Cependant, le propriétaire de l’ouvrage est en droit de s’attendre à ce que les utilisateurs fassent de l’ouvrage un usage adéquat et observent un minimum de prudence.

Le défaut peut se situer au niveau de la construction, mais aussi de l’entre-tien du bâtiment. En effet, l’utilisation et le temps créent de nouvelles sources de danger. Le propriétaire sera donc tenu pour responsable des dommages causés s’il ne prend pas les mesures nécessaires ou si celles-ci sont insuffi-santes ou inadaptées, alors qu’il aurait été raisonnablement exigible de sa part de constater et de remédier à ces défauts.

Les exigences en matière de sécurité sont généralement plus élevées pour les bâtiments accessibles au public que pour ceux d’usage strictement privé. En cas d’utilisateurs vulnérables, la juris-prudence fixe aussi des exigences plus élevées concernant la construction et l’entretien. Des mesures spéciales sont donc requises, notamment pour les jar-dins d’enfants et les écoles publiques,

puisque les comportements inappro-priés sont prévisibles chez les enfants non surveillés.

Conséquences de la responsabilité du propriétaire d’ouvrage sur la sécurité des bâtiments publics:

Analyse des risques précoce pour les nouveaux bâtimentsLa construction d’un bâtiment néces-site une planification minutieuse et prudente. En général, les bâtiments à grande aff luence constituent des pro-jets de construction complexes. Il est donc recommandé d’effectuer, dès le début, une analyse détaillée des risques en collaboration avec des spécialistes. Il convient aussi de mentionner les risques pertinents dans un contrat et de les réduire grâce à des mesures tech-niques et organisationnelles (plans

d’utilisation et de sécurité). Dans le cas du Stade de Suisse, ces recommanda-tions ont été suivies puisque l’entre-preneur général a impliqué le bpa dès la phase de construction. Une gestion des risques qui se poursuit pendant la réalisation du projet de construction permet non seulement de prévenir les accidents, mais de limiter les coûts additionnels considérables.

Rénovation des constructions existantesEn règle générale, le droit de la con s-truction ne comporte aucune obliga-

«Le propriétaire d’un bâtiment répond du dommage causé à des tiers par des vices de construction ou par le défaut d’entretien.» regula Stöcklin

tion explicite concernant l’adaptation des constructions existantes aux mesures de sécurité les plus récentes. Cependant, en faisant contrôler pério-diquement la sécurité de ses bâtiments par un expert, tout propriétaire d’ou-vrage (même une collectivité) contri-bue tant à en maintenir la valeur, qu’à prévenir les accidents. Une évaluation des mesures de sécurité d’un bâtiment ne doit pas avoir pour seule raison une rénovation importante. En effet, un changement d’affectation ou la mise en évidence de défauts manifestes sont aussi l’occasion de contrôler le niveau de sécurité et de mettre en place de nouvelles mesures de sécurité. Le pro-priétaire réduit ainsi son risque d’être tenu pour responsable en cas d’acci-dent.

La règle du risqueIl faut savoir que le droit tant civil que pénal reconnaît qu’une obligation d’agir pour les acteurs de la construc-tion peut découler de la règle dite du risque: «quiconque crée un état dange-reux, l’entretient ou en est juridique-ment tenu pour responsable doit prendre toutes les mesures de précau-tion nécessaires et raisonnablement exigibles pour éviter toute atteinte à des tiers, et en particulier à l’intégrité cor-porelle». La règle du risque constitue une ligne directrice importante pour les acteurs de la construction, mais elle fournit aussi aux juristes et aux autori-tés une aide pour la prise de décision lorsqu’il s’agit d’évaluer le respect des règles de prudence dans un cas concret.

Regula Stöcklin

1 Ordonnance du 29 juin 2005 sur la sécurité et la protection de la santé

des travailleurs dans les travaux de construction (RS 832.311.141)

2 Art. 21, al. 1, loi sur les constructions du canton de Berne, 9 juin 1985

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CONSTRUCTION POUR TOUS LES ÂGES entretien avec Felix bohn du centre suisse pour la construction adaptée aux handicapés, qui conseille les architectes, les communes et les maîtres d’ouvrage lors de la planification de bâtiments sans obstacles.

les constructions adaptées aux seniors sont bénéfiques pour tous

Felix Bohn, à quels obstacles les personnes âgées sont-elles confrontées dans l’habitat?Felix Bohn: De manière générale, deux principaux domaines posent problème. Le premier est l’accès au logement. Sans ascenseur, de nombreux seniors atteignent difficilement les étages supé-rieurs. L’autre concerne la salle de bain,

où le manque de place est souvent pro-blématique. Un fauteuil roulant ou une aide à la marche passent difficilement. Mais les autres pièces ont aussi leurs obstacles. Dans la cuisine par exemple, l’évier se situe rarement à côté de la cui-sinière. Lorsqu’on cuisine des spaghet-tis, il faut donc porter la casserole d’eau bouillante jusqu’à l’évier pour la vider.

Pour un senior ou une personne au poi-gnet foulé, ceci représente un défi lié à des risques inutiles.

Quelles mesures faut-il prendre pour éliminer les obstacles dans un logement?Dans le cas d’un bâtiment existant, des adaptations simples permettent déjà

Felix Bohn, centre suisse pour la construction adaptée aux handicapés, s’engage pour des constructions sans obstacle. Outil de travail pour les spécialistes, ces lunettes vertes simulent une déficience visuelle.

DOSSIER Sécurité danS leS bâtimentS

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d’optimiser la sécurité de l’apparte-ment. Dans les escaliers, il suffit par exemple de fixer une main courante de chaque côté. L’idéal est de retirer ou de sécuriser les tapis ou toute autre source de chutes. Les seniors ont besoin de davantage de lumière. Un éclairage optimal est donc nécessaire. Des poi-gnées fixées dans la salle de bain ou d’autres pièces permettent de se lever plus facilement. Enfin, le maître d’ou-vrage devrait mettre en place certaines mesures dès la phase de construction.

Lesquelles?Des couloirs suffisamment larges, un sol antidérapant, l’absence de seuils et la construction d’un ascenseur. Toutes ces mesures ne sont pas seulement utiles aux aînés, mais à nous tous. Manœuvrer avec une poussette ou une valise à roulettes dans un couloir étroit est forcément pénible. Une femme enceinte est certainement heureuse de pouvoir se tenir à une main courante en montant les escaliers. De plus, nous allons tous vieillir un jour et être tri-butaires d’un environnement sans obs-tacle. Un jour ou l’autre, les con s-tructions adaptées aux seniors sont bénéfiques pour tous.

Vous dites que les mesures «devraient» être mises en œuvre lors de la con s-truction. Cela n’est-il pas systéma-tiquement le cas?Malheureusement, non. Depuis 2004, les grands immeubles d’habitation sont soumis à la loi sur l’égalité pour les handicapés, contrairement aux maisons individuelles et aux petits immeubles d’habitation. En outre, la loi régit principalement les accès aux bâtiments et aux appartements. Même si les lois sur les constructions de cer-tains cantons vont plus loin, des direc-tives plus complètes manquent souvent. A cela s’ajoute que la demande de per-mis de construire est généralement la seule étape au cours de laquelle le res-pect de la loi est contrôlé. Les contrôles ultérieurs sont effectués sur la base de

plans, sur lesquels de nombreux cri-tères n’apparaissent pas. Par exemple, les experts ne pourront pas vérifier si le sol sera antidérapant ou si l’éclairage satisfera aux normes.

Quels sont vos objectifs pour l’avenir?J’aimerais que tous les logements soient adaptés à toutes les générations. Propo-ser des appartements pour seniors, comme le font certaines communes, ne suffit pas. La plupart des personnes souhaitent rester chez elles et ne pas être contraintes à déménager à cause d’obstacles liés à la construction. Tous les logements devraient respecter des standards minimaux afin de permettre à tous les futurs seniors de vieillir dans l’environnement qu’ils connaissent. C’est dans notre intérêt à tous, même au niveau socioéconomique. Certes, la situation s’est améliorée avec le temps, mais les autorités et maîtres d’ouvrage doivent être sensibilisés davantage à cette problématique.

Une dernière question: à quoi sert la paire de lunettes sur la table devant vous?Ce sont des lunettes qui simulent une déficience visuelle. Nous les distri-

buons aux architectes et leur deman-dons de les porter pour descendre les escaliers ou se servir des commandes d’un ascenseur. Ainsi, ils se rendent compte des difficultés auxquelles sont confrontées les personnes âgées ou malvoyantes. Les déficiences visuelles ou auditives sont souvent sous- estimées, alors que la population et les autorités sont davantage conscientes de la problématique du fauteuil roulant par exemple. Il ne s’agit pourtant que de l’un des nombreux troubles dont il faut tenir compte lors de la construc-tion.

Entretien: Andrea Mattmann

informations sur le thème des aînés à la maison, sur les mesures con s-tructives dans les emS ainsi que des conseils pour exercer la force et l’équilibre sur www.preventionchutes.bpa.ch

�informations sur le centre suisse pour la construction adaptée aux handicapés sur www.construction-adaptee.ch

Felix BohnFelix bohn est responsable du domaine constructions adaptées aux personnes âgées au centre suisse pour la construction adaptée aux handicapés. en collaboration avec le bpa, entre autres, il a contribué à l’élaboration de diverses brochures techniques et directives de planification. celles-ci s’adressent aux proches de seniors, au personnel de soins ainsi qu’aux architectes et maîtres d’ouvrage.

une cuisine ergonomique limite les déplacements, ce qui améliore à la fois le confort et la sécurité.

10 objectif sécurité 3 / 2015

POINT DE VUE de tobias Jakob, responsable Habitat / loisirs / Produits au bpa, sur la sécurité des installations situées à proximité de bâtiments.

constructions sûres, même à l’extérieur

décoratif, réservoir naturel ou piscine? En fonction de cela, une zone peu pro-fonde ou une clôture peuvent constituer des éléments de protection adéquats. La documentation technique «Pièces et cours d’eau» du bpa contient des mesures d’aménagement et de sécurité utiles à prendre en compte dès la phase de plani-fication.

La sécurité est également essentielle pour les aires de jeux. En vertu de la norme en vigueur SN EN 1176, les enfants doivent apprendre à surmonter les risques. En tenant compte de leur évolu-tion et de leur besoin de jouer, les contu-sions ou les fractures occasionnelles constituent un risque tolérable lié à l’ap-prentissage. Cependant, il faut absolu-ment éviter les blessures graves pouvant

entraîner un handicap, voire la mort. Les équipements de jeux ne doivent présenter aucun danger masqué. Une attention particulière sera prêtée aux points de coincement et à la présence suffisante d’espaces libres et de chute équipés de revêtements antichocs. Vous trouverez plus d’informations sur le sujet dans la documentation technique du bpa «Aires de jeux».

Les installations de loisirs sont tou-jours plus prisées. Aujourd’hui, les concepts urbanistiques doivent prévoir une offre diversifiée en la matière (bai-gnade, sport, etc.). Outre les installations de sport et de loisirs classiques, les bike et skateparks ont tendance à se développer. Ces derniers sont souvent complétés par des pumptracks: grâce à leur dynamique importante, ces boucles artificielles offrent de belles sensations! Pour garan-tir un plaisir de la glisse durable, le pro-priétaire doit respecter tant les prescrip-tions en matière de construction, que celles qui concernent l’entretien, et ce, pendant toute la durée de vie de l’instal-lation. Plusieurs publications du bpa contiennent des informations et des outils d’aide relatifs à ce sujet. •

�Vous trouverez les documentations techniques 2.026 «Pièces et cours d’eau» et 2.025 «aires de jeux» ainsi que la brochure technique 2.011 «bike et skateparks» (prochainement) sur www.commander.bpa.ch.

En matière de prévention, la sécurité des constructions ne se limite pas au

bâtiment lui-même. Les accès et l’amé-nagement des alentours sont tout aussi importants pour garantir un espace de vie et de loisirs sûr.

Nombreux sont ceux qui ont besoin d’avoir un étang ou des jeux d’eau à proximité de leur domicile. Pareille valo-risation de l’espace de vie peut avoir des raisons écologiques, pédagogiques ou purement esthétiques. Cependant, on ne pense pas toujours aux dangers d’une telle installation. Les jeunes enfants en particulier sont toujours attirés par les pièces d’eau, mais ils ne perçoivent pas le risque de noyade et s’approchent de l’eau sans peur. En premier lieu, il s’agit de définir l’usage de l’installation: élément

Tobias Jakob au parc liebefeld à Köniz: «les installations extérieures doivent elles aussi être des constructions sûres.»

DOSSIER Sécurité danS leS bâtimentS

objectif sécurité 3 / 2015 11

LOISIRS

Vêtements de protection pour motocyclistesen cas de chute ou de collision, un équipement de protection approprié permet de diminuer le risque de blessures. le bpa demande donc aux motards de vérifier si leur équipement correspond au standard de sécurité actuel.

AGENDA

rH Suisse: le bpa tiendra salon!Point de rencontre des professionnels de la branche, le prochain Salon rH Suisse aura lieu à Palexpo du 30 sep-tembre au 1er octobre 2015. le bpa sera l’un des partenaires santé princi-paux et y présentera ses services dans la halle 2, stand F09. accom pagné d’une petite équipe, christian Wyssmüller, conseiller entreprises pour la Suisse romande et le tessin, fera connaître les solutions proposées pour lutter contre les accidents de loisirs. Pour rappel, chaque année, environ 500 000 personnes exerçant une acti-vité lucrative sont victimes d’un acci-dent non professionnel, avec des répercussions importantes sur l’organi-sation du travail et sur les coûts. une conférence intitulée «le savoir-faire de la prévention des accidents non pro-fessionnels au service des entreprises» est prévue le 1er octobre à 10 heures au Forum 3, halle 2. Pour recevoir des bil-lets gratuits, nous vous invitons à envoyer un courriel à: [email protected]

www.salon-rh.ch

OFFRE

nouveau SafetyKit «Ski / Snowboard»le ski et le snowboard figurent parmi les sports préférés en Suisse. les magnifiques paysages enneigés attirent les sportifs dans les montagnes. mais, chaque année, 52 000 d’entre eux sont accidentés. afin de sensibiliser les

employés à adopter un comportement sûr quand ils skient ou font du snow-board et à prévenir les absences, le bpa propose un nouveau SafetyKit aux entreprises. il contient une affiche a3 à placarder dans l’entreprise, un flyer avec

des conseils préventifs et un foulard multifonctions comme petit cadeau, une présentation PowerPoint pour des formations internes ainsi qu’une vidéo.

�www.safetykit.bpa.ch

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SUR LE TERRAIN recHercHe

ETUDE SUR LES VÉLOS ÉLECTRIQUES le bpa a, pour la première fois, procédé à une analyse de la sécurité des vélos électriques. Quelques résultats sont surprenants: ainsi, les accidents des utili-sateurs de vélos électriques sont beaucoup plus souvent des pertes de maîtrise que des collisions avec d’autres usagers de la route. entretien avec Gianantonio Scaramuzza, auteur de l’étude.

«les résultats de l’étude sur les vélos électriques nous ont surpris»

Gianantonio Scaramuzza, de plus en plus d’utilisateurs de vélos électriques sont grièvement blessés ou meurent dans un accident sur les routes suisses. Entre 2011 et 2014, le nombre d’acci-dents a doublé. Est-il donc dangereux de rouler à vélo électrique?Gianantonio Scaramuzza: je ne peux pas répondre par oui ou par non. Depuis 2008, nous assistons à un véri-table boom des vélos électriques en Suisse. Leurs moteurs et leurs batteries s’améliorant continuellement, ils deviennent plus commercialisables.

Parallèlement à l’augmentation des ventes, les accidents ont aussi progressé. On estime que quelque 300 000 vélos électriques circulent en Suisse, et la ten-dance est à la hausse. En analysant les risques qui y sont liés et en sensibilisant à cette problématique, le bpa fait donc figure de pionnier.

Cette étude est composée de quatre éléments, dont une expérience. Qu’avait-elle de particulier? L’expérience consistait à faire estimer la vitesse de deux-roues (vélos classiques

et électriques, motos) s’approchant de la gauche par des sujets assis au bord de la chaussée qui faisaient office de conducteurs de véhicules motorisés. Les deux-roues variaient en termes de vitesse, de type de véhicule ainsi que d’âge et de sexe de leurs utilisateurs. Nous avons simulé une situation typique: une voiture est à un signal «Stop» ou «Cédez le passage» et un deux-roues approche de la gauche. A notre connaissance, une telle expé-rience n’avait encore jamais été faite; c’est donc une première.

Gianantonio Scaramuzza, collaborateur scientifique recherche au bpa, dans la vidéo «le vélo électrique est plus rapide qu’on ne le pense».

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Avec cette expérience, vous vouliez prouver que la vitesse des vélos élec-triques est souvent sous-estimée. Avez-vous réussi? Nous avons constaté que la vitesse de deux-roues qui s’approchent de la gauche est effectivement sous-estimée. Elle est encore plus difficile à estimer dans des positions plus hautes et légère-ment en retrait. On peut donc supposer que les conducteurs de véhicules tout-terrain par exemple sous-estiment plus fortement les vitesses. Mais ce qui nous a réellement surpris, c’est que cette sous-estimation concerne aussi bien les vélos classiques qu’électriques. La vitesse s’est avérée être un facteur d’in-fluence majeur: en effet, plus un deux-roues est rapide, plus sa vitesse est sous-estimée.

Outre cette expérience, vous avez aussi analysé les accidents enregistrés par la police qui impliquent des vélos à assistance électrique. Quels résultats avez-vous obtenus? Là aussi, nous avons été surpris: nous avons constaté que les accidents étaient plus graves avec des modèles lents (assis-tance au pédalage pouvant aller jusqu’à 25 km / h) qu’avec des vélos électriques rapides. La raison principale de cette différence est à chercher du côté des conducteurs, et en parti culier de leur âge, plutôt que du côté du type de véhi-cule. Ceci ne veut pas dire que les utili-sateurs plus âgés roulent moins bien, mais qu’en cas d’accident, du fait de leur vulnérabilité physique, leurs blessures sont plus graves.

Avez-vous pu relever dans quelle situation les accidents de vélos électriques sont les plus fréquents?Les accidents graves des utilisateurs de vélos électriques sont plus souvent des pertes de maîtrise que des collisions.

Nous ne savons pas encore pourquoi, raison pour laquelle nous aimerions approfondir l’analyse de ces pertes de maîtrise. Mais nous avons relevé quelques situations dangereuses où les collisions avec des vélos électriques sont plus fréquentes. C’est le cas, par exemple, dans les giratoires ou aux carre fours, car les conducteurs de véhi-cules motorisés ne leur accordent pas la priorité.

Les cyclistes motorisés sont-ils conscients des risques spécifiques liés à leur véhicule?L’étude a montré que les utilisateurs de vélos électriques sont conscients des risques liés aux vitesses plus élevées de leurs vélos, surtout en ce qui concerne l’allongement des distances de freinage ainsi que des potentielles erreurs d’ap-préciation commises par les autres usa-gers de la route. Mais ils ne savent pas

que les pertes de maîtrise sont beaucoup plus fréquentes que les colli sions. Toute-fois, ces connaissances ne semblent pas se répercuter sur le comportement en selle. Nous savons que les femmes, les personnes d’un certain âge, les utilisa-teurs plus occasionnels du vélo élec-trique ou encore les moins expérimen-tés à vélo classique prétendent rouler plus prudemment à vélo motorisé.

Quels sont vos conseils pour plus de sécurité à vélo électrique?Les utilisateurs de vélos électriques peuvent contribuer à leur propre sécu-rité avec des moyens simples: porter un

«La vitesse des deux-roues est effectivement sous-estimée»Gianantonio Scaramuzza

casque bien adapté et des vêtements qui les rendent visibles, rouler lumière allu-mée, aussi de jour, et faire preuve de prudence dans les situations critiques. Ceux qui manquent d’assurance ou qui n’ont pas d’expérience à vélo électrique profiteront d’un cours de conduite. Mais les conducteurs de véhicules à moteur peuvent aussi contribuer à la sécurité en faisant particulièrement attention aux deux-roues dans les gira-toires et aux carrefours. Naturellement, et c’est une condition essentielle, il faut que l’infrastructure routière soit cor-rectement aménagée. Il faut, par exemple, des distances de visibilité suf-fisantes. Les planificateurs et les autori-tés compétentes en matière de construc-tion sont sollicités.

Entretien: Camilla Krebs

résumé de l’étude du bpa «analyse de la sécurité des vélos électriques dans le trafic routier» sur www.commander.bpa.ch, réf. 2.258

2 vidéos qui contiennent de précieux conseils pour rouler en sécurité à vélo électrique et pour acheter, régler et mettre correctement le casque cycliste peuvent être visionnées sur www.objectifsecurite.bpa.ch.

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SUR LE TERRAIN SPOrt

FORUM SPORT DU bpa comment mettre en œuvre efficacement les programmes de prévention dans le sport? le Forum sport du bpa s’est penché sur cette question le 27 mai 2015 à la maison du Sport. Hansjürg thüler, responsable Sport du bpa, tire les enseignements de la discussion.

Prioriser et mettre en œuvre ensemble

Un enseignement important du Forum Sport du bpa de cette année est qu’il ne faut pas seulement mettre de l’énergie à développer des mesures de prévention. Il faut aussi qu’elles soient continuellement et correctement mises en œuvre et qu’elles bénéficient d’un accompagnement. Comment y arriver?Hansjürg Thüler: Les mesures de pré-vention devraient être discutées très tôt avec les intéressés comme les associa-tions sportives, les clubs de sport et les entraîneurs. Il faut absolument intégrer leurs opinions et leurs propositions concernant la mise en œuvre. Pour le bpa, cela signifie axer encore plus son travail sur la pratique, mais aussi tenir davantage compte de la mise en œuvre et de l’accompagnement dès la concep-tion des programmes de prévention.

Est-ce possible avec les ressources humaines et financières disponibles? C’est possible en mettant en balance le coût et l’utilité; nous pouvons ainsi classer les mesures par priorité. Il faut aussi une méthode adaptée et procéder par étapes.

Pouvez-vous nous donner un exemple?Pour la prévention des noyades, il y a un large éventail de mesures possibles qui seraient efficaces, mais toutes ne peuvent pas être mises en œuvre. C’est pourquoi, avec la SSS et d’autres insti-tutions participantes, nous devons fixer des priorités. Ensemble, nous choisissons les mesures qui peuvent être mises en œuvre et accompagnées jusqu’à la fin. Il faut alors concrétiser ces projets et en reporter d’autres.

Comment le bpa peut-il favoriser la collaboration de tous les partenaires?Tout d’abord, il est important de perce-voir assez tôt quand le besoin de réseau-tage existe et quel est le potentiel d’une collaboration. Nous voulons réunir les principaux partenaires d’une théma-tique autour d’une table afin d’adopter une approche concertée. Reprenons l’exemple de la prévention des noyades évoqué ci-dessus. Dans un atelier large-ment ouvert qui aura lieu vers la fin de l’année, nous discuterons de la liste des mesures avec nos partenaires et identi-fierons leurs intérêts et leur engage-ment actuel. Pour les projets à mener en

commun, le bpa peut offrir son soutien et jouer ainsi son rôle de centre de coor-dination pour la prévention des acci-dents, par exemple sous la forme de pilotage et d’accompagnement de pro-jets, de traitement de données, d’élabo-ration de dossiers et de communication des contenus par le biais des différents canaux du bpa et de ses partenaires. um

Participants à la discussion (de gauche à droite): Hansjürg Thüler (bpa), Edith Müller (Suva), Alex Donaldson (acriSP), Sonja Hasler (modératrice), Pierre-André Weber (OFSPO), Reto Abächerli (SSS), Werner Augsburger (Swiss Volley).

Conférencier invité d’Australiel’orateur principal, alex donaldson, chargé de recherche à l’australian centre for research into injury in Sport and its Prevention (acriSP), a montré que bien que les publications scientifiques sur la prévention des accidents dans le sport soient de plus en plus nombreuses, seules quelques mesures préventives sont mises en œuvre. il encourage les spécialistes à systématiquement combiner les programmes de pré vention avec les concepts de mise en œuvre, de les accompagner et de les évaluer. le bpa accepte ce rôle.

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SUR LE TERRAIN POlice

inattention due au smartphone: une vidéo qui secoueVIDÉO DE PRÉVENTION les uns sont choqués, les autres s’amusent de l’humour grinçant du spot de prévention de la Police de lausanne. le bpa y a participé financièrement et a aidé à le diffuser. avec un succès retentissant attesté par plus de 5 millions de visionnements.

Jonas a 24 ans. Il aime écouter de la musique sur son smartphone et chatter avec ses amis, aussi quand il déambule dans la circulation routière. L’histoire tient en quelques mots: passage piétons, feu rouge, une voiture s’approche et fauche Jonas. Le spot de la Police de Lausanne a été présenté en mai 2015 lors d’une conférence de presse. Depuis son lancement, il a connu un succès insolent sur Facebook, Twitter, You-Tube, dans les journaux et à la télé-vision. En Suisse, plus de 50 médias en ont parlé, et il a été commenté par les télévisions belge, allemande, française et italienne, sans oublier la chaîne amé-ricaine NBC. Le spot a été vu plus de 5 millions de fois. Le bpa a aidé la police lausannoise à le diffuser; il a aussi financé son adaptation allemande et anglaise.

En Suisse, on est plutôt réticent à mon-trer des images choc. Le bpa n’échappe pas à la règle et renonce à des cam-pagnes qui ne font que choquer. Par contre, il approuve l’approche de la police lausannoise qui combine choc pas trop brutal et humour noir. Une enquête en ligne du bpa auprès de plus de 1700 personnes en Suisse a révélé que 40 % d’entre elles ne sont pas cho-quées par le spot. 95 % le trouvent bien et pensent qu’il invite à réfléchir. Et 80 personnes sur 100 sont motivées à ne plus utiliser leur smartphone dans la circulation routière.

Tom Glanzmann

�la vidéo se trouve sur www.spot.bpa.ch

Jonas dans la vidéo de la police lausannoise.

«Le spot tape dans le mille»3 questions à anne Plessz Glatz, chargée de communication et de prévention à la Police de lausanne et responsable du projet.

Pourquoi la police lausannoise a-t-elle choisi le thème du smartphone dans la circulation routière?nous avons constaté que le nombre d’accidents, y compris mortels, dus au fait d’écrire des SmS en mar-chant augmentait. nos patrouilles aussi ont remarqué ce comporte-ment dangereux chez les piétons.

Pourquoi ce spot a-t-il connu une diffusion si rapide?le message du spot et l’humour noir ont tapé dans le mille du groupe cible. de plus, son lance-ment a été préparé soigneusement et longtemps à l’avance. nous avons organisé une conférence de presse et travaillé avec de nombreux partenaires et personnalités.

Qu’avez-vous retiré de votre collaboration avec le bpa?le bpa nous a soutenu financière-ment, a apporté de bonnes idées et nous a aidé en nouant des contacts et en diffusant le spot sur ses canaux. le bpa a fortement contribué à son succès.

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CAMPAGNE

Soyez au clair cet automneLa nuit gagne du terrain au fur et à mesure que l’automne se dévoile. Nombre de piétons et de cyclistes croisent la route de conducteurs au crépuscule et de nuit. Si le piéton voit le conducteur arriver, celui-ci ne voit le piéton qu’à 25 m de nuit. Equipé d’accessoires réflé-chissants ou d’une lumière, le piéton se rend alors visible à une distance de 140 m. L’auto-mobiliste aura dès lors le temps d’anticiper sa manœuvre.

Afin de sensibiliser les usagers de la route, la campagne «SEE YOU» invite tout un cha-cun à être visible, de tous les côtés. Elle sera

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officiellement présentée lors de la Journée de la lumière, le 12 novembre prochain. Sur le site www.seeyou-info.ch, vous trouverez toutes les informations utiles sur le thème de la visibilité.

Soyez clairvoyants et équipez-vous. See you sur la route ! www.seeyou-info.ch

Prudence et visibilité permettent d’être perçu à temps.

nouvelle affiche à commander en ligne (réf. 5.319)