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Anesthésie régionale
chez l'enfant
Bernard Dalens, MD, PhD
Université Laval
& CHUL du CHUQ
Blocs périphériques
Plan et objectifs
Bénéfice des blocs périphériques
Rappel embryologique : formation des plexus
Particularités des techniques de localisation
nerveuse chez l’enfant
Blocs de conduction (membres)
Blocs d’espace (tronc)
Bénéfices
Analgésie limitée au territoire chirurgical
Absence de retentissement général
(cardiovasculaire, respiratoire et cérébral)
Pas d'hospitalisation due à l'anesthésie
Confort du patient, retour activité précoce
Épargne morphinique en postopératoire
Possibilité de cathéters avec "biberons" à
domicile (milieu "éduqués" seulement)
Embryologie des membres
Bourgeons des
membres apparaissent
sous la poussée des
artères
Les artères entraînent
les nerfs et les
aponévroses : gaine
continue autour des
nerfs depuis les
méninges jusqu'aux
avant-bras
L4
C7
Formation des plexus
Convergence des
racines spinales :
C5-Th1 (plexus
brachial)
L1-L4 (plexus
lombaire)
L5-S5 (plexus
sacré)
Plexus brachial
Distribution
intermétamérique
conservée
Plexus lombaire
(lombal)
Plexus sacré
(sacral)
Localisation nerveuse
Perte de résistance au franchissement de
fascias : bloc de compartiment (+blocs
épiduraux)
Neurostimulation : nerfs mixtes
Échographie :
visualisation des structures environnantes
(vaisseaux, aponévroses, os)
visualisation directe des nerfs
Échographie : particularités
pédiatriques
Plus l'enfant est
petit, plus grande
est la disproportion
entre sa taille et
celle des sondes
d'échographie
Faible minéralisation osseuse
Ossification du squelette : très incomplète à
la naissance : le nouveau-né est
"transparent" aux ultrasons
Coupe longitudinale ("long axe") : bonne
visualisation du canal spinal, de la moelle, du
cône médullaire, de canal épendymaire, de la
queue de cheval et du filum terminal, du
hiatus sacré pendant les premiers mois de
vie
Canal
épendymaire
Cône
médullaire
Filum
terminal
Queue
de cheval
Corps
vertébral
de L2
Disque
intervertébral
Faible minéralisation osseuse
Croissance : la minéralisation augmente ; les
os réfléchissent davantage les US
Dès 1 an, le cône d'ombre vertébral ne
permet plus de visualiser complètement le
contenu du canal spinal
Toutefois, si la sonde est bien orientée
transversalement, il reste possible de bien
visualiser la moelle au niveau des espaces
intervertébraux
Faible contraste nerveux
La transparence acoustique accrue du
squelette aux US s'applique
malheureusement aussi aux nerfs
Leur mise en évidence est souvent
délicate, combinant les effets d'une
taille réduite et d'une échogénicité faible
Faible contraste nerveux
Certains nerfs sont ± impossibles à
repérer, même avec un matériel
performant
parfois pour des raisons anatomiques :
nerf intercostal (cône d'ombre de la côte
sus-jacente)
mais aussi simplement parce que leur taille
est inférieure au pouvoir de résolution des
sondes : branche terminale du Xème nerf
intercostal, nerf dorsal du pénis etc.
Forte échogénicité des fascias
Les aponévroses sont d'autant plus
échogènes que l'enfant est plus jeune
Ce sont elles qui souvent permettent de
se repérer pour localiser les troncs
nerveux peu visibles… à condition de
connaître l'anatomie !
Blocs d'espace : plus faciles
Attention aux artéfacts résultant de la forte
échogénicité aponévrotique !
Interface
concave
Image en miroir
(sans existence réelle)
Muscle
grand droit
Particularités liées à la
croissance
Plus l'enfant est jeune :
plus les structures sont proches de la
surface
mais plus elles sont "petites" également
Moindre pression artérielle et surtout
veineuse : plus grande sensibilité à
l'écrasement par la sonde (vaisseaux
paraissant manquer…)
Identification des structures
Nerf : change d'aspect selon l'orientation du faisceau US par rapport à son trajet
Artère : une légère pression majore la pulsatilité, une forte pression la fait disparaître
Veine : une pulsatilité transmise par une artère voisine est fréquente
Tendon : s’épaissit et devient musculaire.
Ganglion : une taille limitée et disparaît rapidement de l’image
Identification des structures
Structure Échogène Compressible Pulsatile Persistance
Nerf variable
(position)
- - + (position)
Veine +++ ++ ± ++
Artère +++ ± +++ +++
Tendon change - - change
Ganglion - - - disparaît
Bloc du plexus brachial
Innervation du MS : dépend presque entièrement du plexus brachial
Une faible partie cependant dépend :
d'une branche terminale du 2ème nerf spinal (nerf intercosto-brachial), parfois aussi d'un rameau de C1 et/ou de C3
et de rameaux provenant du plexus cervical
Branches Cordons Divisions Troncs Racines
terminales (faisceaux) primaires C4
C5
C6
C7
C8
Th1
Bras
Creux
axillaireThorax
Espace
intersca
-lénique
Espace
para-
vertébral
Blocs au canal huméral Blocs
axillaires
Blocs infra-
claviculaires
Blocs supra-
claviculaires
Blocs inter-
scaléniques
Stimulation musculaire
Selon le niveau de ponction :
parties différentes du plexus et effet très
différent des AL
signification différente des contractions
Contraction dans le territoire du médian = :
nerf médian (bloc huméral)
cordon latéral ou médial (bloc infra-clav.)
tronc supérieur ou inf. (bloc supra-clav.)
racine C5 (bloc interscalénique)
Spécificités pédiatriques
Sommet pulmonaire et plèvre apicale :
situés dans le cou
Les trois cordons du plexus sont situés
dans une gouttière creusée dans le
parenchyme pulmonaire : éviter les
abords juxta-claviculaires du plexus
brachial chez le nourrisson, même sous
échographie
Racines du
plexus brachial
A. sub-clavière
Plèvre apicale
Sommet
pulmonaire
Thymus
Clavicule
1ère côte
V. sub-clavière
Indications
Indications générales
chirurgie d'urgence sur le membre supérieur
analgésie postopératoire après chirurgie réglée
Blocs axillaires : à envisager en premier lieu ;
chirurgie du bras, l'avant-bras et la main
Blocs supra-claviculaires : chirurgie de
l'épaule, du bras et du coude
Blocs interscaléniques : chirurgie de l'épaule
(rare chez l'enfant)
Contre-indications
CI générales : infection au site de ponction,
hypocoagulabilité sévère du patient (surtout
pour les blocs au niveau du cou et du thorax),
enfant "incontrôlable", refus parental
CI spécifiques (problèmes respiratoires ou
bloc susclaviculaire bilatéral, sauf bloc
parascalénique)
Cas particulier : risque de syndrome des
loges (ou compartimental)
Bloc interscalénique (= abord
paravertébral)
Clavicule
Chef sternal
du SCM
Chef
claviculaire
du SCM
Technique classique de Winnie
Position : décubitus dorsal,
bras le long du corps, tête
légèrement tournée du côté
opposé.
Repères : apophyse transverse
de C6 (cartilage cricoïde),
espace interscalénique, bord
postérieur du SCM
Trajectoire : oblique, visant le
coude opposé, c-à-d en
direction médiale (60°), caudale
(60°) et postérieure (30°)
Blocs infraclaviculaires
thoraciques
Position :
décubitus dorsal,
tête neutre ou tournée du côté opposé,
bras le long du corps ou en abduction à 90° (meilleure diffusion circonférentielle)
Repères : sillon delto-pectoral, coracoïde, clavicule
Apophyse
coracoïde
Sonde
Point de ponction
1-2 cm au-dessous
de la clavicule, sur la
parallèle au grand
axe du corps
tangente au bord
médial de la
coracoïde
Bloc infraclaviculaire
thoracique
Bloc axillaire
Position : décubitus
dorsal
Repères : muscles
grand pectoral et
coracobrachial,
artère axillaire
Ponction :
intersection des 2
muscles (fossette)
Bloc spécifique du fémoral
Indications : chirurgie urgente et non urgente
de la cuisse (fractures du fémur ++)
Équipement : aiguille à biseau court de 35-50
mm de long; éviter stimulation électrique en
cas de fracture du fémur
Solutions anesthésiques : 0,5 mL/kg jusqu'à
25 mL
Complications : ponction de l'artère fémorale
(rare)
Bloc iliofascial
Indications : chirurgie, urgente ou non, de la
cuisse
Équipement : aiguille à biseau court de 35-50
mm de long, permettant la recherche d'une
perte de résistance, prolongateur souple
(aiguille "immobile")
Solutions anesthésiques : 1 mL/kg jusqu'à 30
mL
Complications : virtuellement aucune
Branches de
l'obturateur
Psoas
Fascia lata
Artères fémorales
profonde et
superficielle
Veine
fémorale
Fascia iliacaFémoral
Cutané
latéral
Bloc iliofascial
Position : décubitus dorsal, MI en
extension (position indifférente)
Repères : ligament inguinal
Ponction : 1/3 latéral - 2/3 médiaux
ligament inguinal
Technique : perpendiculaire à la peau, 2
pertes de résistance
Sonde
d'échographieLigament inguinal
Épine du
pubis
Épine iliaque
antéro-supérieure
Point de ponction
Artère fémorale
Blocs continus
Réinjections intermittentes : 0,2-0,5 mL/kg
(max 20 ml) de lidocaïne ou mépivacaïne à
1% toutes les 6-8 h
Perfusion continue :
0,5 mL/h/année de bupivacaïne 0,125%
ou de ropivacaïne 0,2%
L'addition de clonidine (4µg/kg/24h) renforce
la durée et la profondeur du bloc (+ sédation
légère)
Blocs proximaux
Indications : chirurgie urgente et non urgente
du pied et de la jambe (± bloc saphène)
Équipement :
stimulateur de nerf (indispensable) : 1,5-2
mA
aiguilles isolées (50-180 mm)
Solutions anesthésiques : AL, clonidine
Complications: #0 avec la voie latérale
Bord supérieur
de la rotule
Bord inférieur
du vaste médial
Bord supérieur
du biceps fémoral
Point "bas"
Point "haut"
N. sous-costal
N. iliohypogastrique
N. ilioinguinal
N. spermatiqueexterne
N. cutané latéral
N. dorsal du pénis
Innervation inguinale
Oblique
externe
Oblique
interne
Transverse
Crête
iliaque
EIAS
Épine du
pubis Position de la sonde
d'échographie
Bloc ilio-inguinal et
iliohypogastrique
Tri-bloc inguinal
Chirurgie de la région inguinale et du cordon :
herniorraphies et hernies étranglées,
hydrocèle et kyste du cordon, orchidopexie
(avec bloc périnéal)
Intérêt +++ pour la chirurgie ambulatoire (pas
d'impotence des membres inférieurs)
Complément analgésique chez le prématuré
opéré sous anesthésie spinale
Tri-bloc inguinal
Position : décubitus dorsal
Point de ponction : union quart externe - 3
quarts internes de la ligne ombilic - EIAS
Pincement cutané et orientation de l'aiguille à
45° vers le milieu du ligament inguinal
1 seul ressaut : aponévrose externe du
muscle oblique externe; 0.2 -0,3 mL/kg
d'anesthésique local
Bloc ombilical
Indication : cure de hernie ombilicale, hernie
de la ligne blanche
Technique : introduire, des deux côtés, une
aiguille à biseau court au travers de
l’aponévrose du grand droit à 3-4 cm de la
ligne médiane
La gaine franchie (résistance franche),
injecter en éventail 0,2 mL/kg/côté de
bupivacaïne à 0,5% (intérêt de l'échographie)
Xème nerf intercostal
Branche terminale
Muscle grand droit
Aponévrose
profonde
Aponévrose
superficielle
Branche
latérale
Branche antérieure
de la branche
latérale
Branche
postérieure
récurrente
Bloc pénien
Indication : chirurgie du
pénis (prépuce, gland ++)
Position : décubitus dorsal,
pénis tiré vers le bas pour
tendre le fascia de Scarpa
Repères : symphyse et
branches du pubis
2 ponctions, de part et
d'autre de la ligne médiane
Particularités pédiatriques
D'autant plus importantes que l'enfant est plus jeune
Ne se situent souvent pas là où on les attendait
L'avantage de la superficialité des structures est atténué par la taille et l'échogénicité nerveuses moindres
Axes vasculaires et aponévroses sont très échogènes : facilitent la localisation nerveuse (si l'anatomie est connue…)
Particularités pédiatriques
Blocs d'espace : facilités +++ par l'écho
Nerfs non accompagnés de gros vaisseaux :
utiliser conjointement la neurostimulation
Visualisation de la diffusion de l'AL : atout
majeur et unique de l'échographie :
permet de repositionner l'aiguille si
distribution circonférentielle incomplète
permet de réduire les doses injectées