4
1 Seigneur, à qui irions - nous ? Transcription de la vidéo n. 1.2 Bonjour, vous vous souvenez qu’on a longuement parlé la dernière fois de Marie à propos de la naissance de Jésus, et notamment du chant qu’elle a entonné à son arrivée chez sa cousine Élisabeth, nous dit saint Luc. En fait, ce chant du Magnificat n’est en rien une invention de Marie : c’est une louange qui s’inspire des Psaumes — Les Psaumes sont une série de 150 poèmes rassemblés en un seul livre et que juifs et chrétiens aiment chanter chaque jour. En particulier, Marie s’inspire des derniers Psaumes du livre. On peut citer le Ps 136 : Le Seigneur s’est souvenu de nous dans notre humiliation car éternelle est sa miséricorde ! Ou le Ps 138 : Sublime est le Seigneur qui voit les humiliés et reconnaît de loin les superbes ! Ou le Ps 146 : Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les humiliés, le Seigneur aime les justes de charité (Ps 146,8) Autant de thèmes qu’on retrouve dans le Magnificat : Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humiliés. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de sa miséricorde de la promesse faite à nos pères en faveur d’Abraham et de sa descendance à jamais… (Lc 1,5154) Alors plus précisément, un mot doit éveiller notre attention : « Le Seigneur élève les HUMILIÉS. » LE SEIGNEUR ÉLÈVE LES HUMILIÉS C’est la seconde fois que Marie utilise ce mot, ou cette famille de mots, dans son Magnificat, puisqu’elle commence par chanter : « Mon être exalte de Seigneur, mon esprit exulte en mon Dieu car il a porté son regard sur l’humiliation de sa servante. » On retrouve souvent ce thème de l’humiliation dans les Psaumes et dans les livres de la Sagesse biblique pour désigner ceux qui, littéralement, sont COURBÉS mais qui sont surtout ceux que les superbes méprisent, ceux dont se rient les “Grands”. Or voilà que c’est sur ces HUMILIÉS que DIEU se penche, et là, nous apprenons quelque chose d’essentiel, de bouleversant : DIEU, le VRAI DIEU qui s’attache aux humbles plutôt qu’aux grands, le DIEU de l’Alliance qui s’est penché sur Israël alors qu’il n’était plus qu’un résidu d’esclaves voués à l’extermination par Pharaon : ce Dieulà, le DIEU de la ToRaH est fondamentalement HUMBLE ! Comprenons bien : quand je m’incline devant une haute personnalité, il ne s’agit pas d’humilité ; appelons ça de la loyauté, de la civilité, de l’hommage que rend un petit à un plus grand que lui. En revanche, qu’un plus grand se courbe respectueusement devant un plus petit, ça, c’est de l’HUMILITÉ ; une humilité qui rime avec noblesse et avec amour ! Par exemple : Mère Teresa n’est pas humble quand elle s’agenouille devant le Pape ; mais elle l’est quand elle s’abaisse devant un humilié en qui elle reconnaît qu’en tant que toutpetit, jonché dans la rue, il est revêtu de majesté. Son geste n’a aucune condescendance ; elle ne surplombe rien : elle exprime la Charité comme la respiration exprime la vie… Or il faut être immensément GRAND pour respirer ainsi. Il faut être DIEU, ou s’être laissé rencontrer par Lui pour pouvoir à notre tour aimer de Charité jusqu’au bout, ce qui n’est possible que si nous nous inscrivons dans la Charité même de DIEU. Donc, lorsque DIEU se penche sur l’humiliation de sa servante, il est HUMBLE. Voilà peutêtre la définition la plus belle de l’Humilité : l’humble se reconnaît à ce qu’il voit l’humilié que les superbes, eux, ne voient pas — il y a une très puissante parabole à ce sujet, c’estàdire un court récit qui s’inspire des événements quotidiens pour illustrer un enseignement. Il s’agit de la parabole du riche et du pauvre Lazare. Je vous la mets dans les documents ”Pour aller plus loin”. Quoi qu’il en soit, l’humilié : voilà celui que DIEU « voit », dit le Psaume, parce que c’est dans l’humilité que se tient la Ressemblance entre l’humilié et l’humble : l’un comme l’autre, refusent d’être des superbes, de regarder le monde de haut. C’est cette ressemblance qui va permettre leur rencontre, comme avec Marie : « Il a porté son regard sur l’humiliation de sa servante ! ». DIEU ne l’écrase pas, tout au contraire, il l’ÉPOUSE et il l’ÉLÈVE d’autant plus qu’en retour, Marie Le reçoit tel qu’Il s’est révélé dans la tradition de ses pères, dans la ToRaH de Moïse donc, depuis Abraham. Et pour ne pas tomber dans le piège des pures idées, des fantasmes toujours dévastateurs, voilà que cette rencontre se vérifie dans la CHAIR avec la naissance de Jésus en qui DIEU et l’Homme sont en telle communion que l’Un et l’autre subsistent ensemble en une seule et même personne, dans un don libre de l’un à l’autre qui révèle entre eux une AMITIÉ ineffable et profondément joyeuse. PAS D’AMOUR SANS HUMILITÉ C’est alors qu’on découvre à quel point la grandeur de l’AMOUR tient dans l’HUMILITÉ, une humilité qui manifeste d’abord et avant tout DIEU comme un PÈRE. Eh oui : que font des parents lorsqu’ils reçoivent leur enfant, sinon s’abaisser jusqu’à lui dans le seul but de l’ÉLEVER : être père, être mère, c’est participer à l’humilité de DIEU ; c’est aimer en vérité en abandonnant toute superbe pour s’abaisser jusqu’à l’enfant pour être avec lui, gratuitement ; jouer, grandir, découvrir le monde avec lui et se réjouir à le voir prendre son envol. Eh bien : voilà une magnifique icône du DIEU Père dont la Vierge nous livre la clef dans son chant : « Il a porté son regard sur l’humiliation de sa servante ! »

Seigneur, à qui irionsnous - saintsymphorien.netsaintsymphorien.net/IMG/pdf/00._ktchume_nat_1.2_2.pdf · ! 1! Seigneur, à qui irions-nous ? Transcription de la vidéo n. 1.2! Bonjour,!

  • Upload
    dohanh

  • View
    215

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

  1  

Seigneur, à qui irions-nous ? Transcription de la vidéo n. 1.2

 

Bonjour,  

vous  vous  souvenez  qu’on  a  longuement  parlé  la  dernière  fois  de  Marie  à  propos  de  la  naissance  de  Jésus,  et  notamment  du  chant  qu’elle  a  entonné  à  son  arrivée  chez  sa  cousine  Élisabeth,  nous  dit  saint  Luc.  En  fait,  ce  chant  du  Magnificat  n’est  en  rien  une  invention  de  Marie  :  c’est  une  louange  qui  s’inspire  des  Psaumes  —  Les  Psaumes  sont  une  série  de  150  poèmes  rassemblés  en  un  seul  livre  et  que  juifs  et  chrétiens  aiment  chanter  chaque  jour.  En  particulier,  Marie  s’inspire  des  derniers  Psaumes  du  livre.  On  peut  citer  le  Ps  136  :  

Le  Seigneur  s’est  souvenu  de  nous  dans  notre  humiliation  car  éternelle  est  sa  miséricorde  !  

Ou  le  Ps  138  :  

Sublime  est  le  Seigneur  qui  voit  les  humiliés  et  reconnaît  de  loin  les  superbes  !  

Ou  le  Ps  146  :  

Le  Seigneur  ouvre  les  yeux  des  aveugles,    le  Seigneur  redresse  les  humiliés,    le  Seigneur  aime  les  justes  de  charité  (Ps  146,8)  

Autant  de  thèmes  qu’on  retrouve  dans  le  Magnificat  :    

Déployant  la  force  de  son  bras,    il  disperse  les  superbes.  Il  renverse  les  puissants  de  leurs  trônes,    il  élève  les  humiliés.  Il  comble  de  biens  les  affamés,    renvoie  les  riches  les  mains  vides.    Il  relève  Israël  son  serviteur,    il  se  souvient  de  sa  miséricorde  de  la  promesse  faite  à  nos  pères  en  faveur  d’Abraham    et  de  sa  descendance  à  jamais…  (Lc  1,51-­‐54)  

Alors  plus  précisément,  un  mot  doit  éveiller  notre  attention  :  «  Le  Seigneur  élève  les  HUMILIÉS.  »    

 

LE  SEIGNEUR  ÉLÈVE  LES  HUMILIÉS  

C’est  la  seconde  fois  que  Marie  utilise  ce  mot,  ou  cette  famille  de  mots,  dans  son  Magnificat,  puisqu’elle  commence  par  chanter  :  «  Mon  être  exalte  de  Seigneur,  mon  esprit  exulte  en  mon  Dieu  car  il  a  porté  son  regard  sur  l’humiliation  de  sa  servante.  »  On  retrouve  souvent  ce  thème  de  l’humiliation  dans  les  Psaumes  et  dans  les  livres  de  la  Sagesse  biblique  pour  désigner  ceux  qui,  littéralement,  sont  COURBÉS  mais  qui  sont  surtout  ceux  que  les  superbes  méprisent,  ceux  dont  se  rient  les  “Grands”.  Or  voilà  que  c’est  sur  ces  HUMILIÉS  que  DIEU  se  penche,  et  là,  nous  apprenons  quelque  chose  d’essentiel,  de  bouleversant  :  DIEU,  le  VRAI  DIEU  qui  s’attache  aux  humbles  plutôt  qu’aux  grands,  le  DIEU  de  l’Alliance  qui  s’est  penché  sur  Israël  alors  qu’il  n’était  plus  qu’un  résidu  d’esclaves  voués  à  l’extermination  par  Pharaon  :  ce  Dieu-­‐là,  le  DIEU  de  la  ToRaH  est  fondamentalement  HUMBLE  !  Comprenons  bien  :  quand  je  m’incline  devant  une  haute  personnalité,  il  ne  s’agit  pas  d’humilité  ;  appelons  ça  de  

la  loyauté,  de  la  civilité,  de  l’hommage  que  rend  un  petit  à  un  plus  grand  que  lui.  En  revanche,  qu’un  plus  grand  se  courbe  respectueusement  devant  un  plus  petit,  ça,  c’est  de  l’HUMILITÉ  ;  une  humilité  qui  rime  avec  noblesse  et  avec  amour  !  Par  exemple  :  Mère  Teresa  n’est  pas  humble  quand  elle  s’agenouille  devant  le  Pape  ;  mais  elle  l’est  quand  elle  s’abaisse  devant  un  humilié  en  qui  elle  reconnaît  qu’en  tant  que  tout-­‐petit,  jonché  dans  la  rue,  il  est  revêtu  de  majesté.  Son  geste  n’a  aucune  condescendance  ;  elle  ne  surplombe  rien  :  elle  exprime  la  Charité  comme  la  respiration  exprime  la  vie…  Or  il  faut  être  immensément  GRAND  pour  respirer  ainsi.  Il  faut  être  DIEU,  ou  s’être  laissé  rencontrer  par  Lui  pour  pouvoir  à  notre  tour  aimer  de  Charité  jusqu’au  bout,  ce  qui  n’est  possible  que  si  nous  nous  inscrivons  dans  la  Charité  même  de  DIEU.  

Donc,  lorsque  DIEU  se  penche  sur  l’humiliation  de  sa  servante,  il  est  HUMBLE.  Voilà  peut-­‐être  la  définition  la  plus  belle  de  l’Humilité  :  l’humble  se  reconnaît  à  ce  qu’il  voit  l’humilié  que  les  superbes,  eux,  ne  voient  pas  —  il  y  a  une  très  puissante  parabole  à  ce  sujet,  c’est-­‐à-­‐dire  un  court  récit  qui  s’inspire  des  événements  quotidiens  pour  illustrer  un  enseignement.  Il  s’agit  de  la  parabole  du  riche  et  du  pauvre  Lazare.  Je  vous  la  mets  dans  les  documents  ”Pour  aller  plus  loin”.  Quoi  qu’il  en  soit,  l’humilié  :  voilà  celui  que  DIEU  «  voit  »,  dit  le  Psaume,  parce  que  c’est  dans  l’humilité  que  se  tient  la  Ressemblance  entre  l’humilié  et  l’humble  :  l’un  comme  l’autre,  refusent  d’être  des  superbes,  de  regarder  le  monde  de  haut.  C’est  cette  ressemblance  qui  va  permettre  leur  rencontre,  comme  avec  Marie  :  «  Il  a  porté  son  regard  sur  l’humiliation  de  sa  servante  !  ».  DIEU  ne  l’écrase  pas,  tout  au  contraire,  il  l’ÉPOUSE  et  il  l’ÉLÈVE  d’autant  plus  qu’en  retour,  Marie  Le  reçoit  tel  qu’Il  s’est  révélé  dans  la  tradition  de  ses  pères,  dans  la  ToRaH  de  Moïse  donc,  depuis  Abraham.  

Et  pour  ne  pas  tomber  dans  le  piège  des  pures  idées,  des  fantasmes  toujours  dévastateurs,  voilà  que  cette  rencontre  se  vérifie  dans  la  CHAIR  avec  la  naissance  de  Jésus  en  qui  DIEU  et  l’Homme  sont  en  telle  communion  que  l’Un  et  l’autre  subsistent  ensemble  en  une  seule  et  même  personne,  dans  un  don  libre  de  l’un  à  l’autre  qui  révèle  entre  eux  une  AMITIÉ  ineffable  et  profondément  joyeuse.  

 

PAS  D’AMOUR  SANS  HUMILITÉ  

C’est  alors  qu’on  découvre  à  quel  point  la  grandeur  de  l’AMOUR  tient  dans  l’HUMILITÉ,  une  humilité  qui  manifeste  d’abord  et  avant  tout  DIEU  comme  un  PÈRE.  Eh  oui  :  que  font  des  parents  lorsqu’ils  reçoivent  leur  enfant,  sinon  s’abaisser  jusqu’à  lui  dans  le  seul  but  de  l’ÉLEVER  :  être  père,  être  mère,  c’est  participer  à  l’humilité  de  DIEU  ;  c’est  aimer  en  vérité  en  abandonnant  toute  superbe  pour  s’abaisser  jusqu’à  l’enfant  pour  être  avec  lui,  gratuitement  ;  jouer,  grandir,  découvrir  le  monde  avec  lui  et  se  réjouir  à  le  voir  prendre  son  envol.  Eh  bien  :  voilà  une  magnifique  icône  du  DIEU  Père  dont  la  Vierge  nous  livre  la  clef  dans  son  chant  :  «  Il  a  porté  son  regard  sur  l’humiliation  de  sa  servante  !  »    

  2  

Rien  que  cette  considération  révolutionne  ce  que  toutes  les  autres  religions  ont  pu  supputer  à  propos  de  DIEU.  Je  vais  essayer  de  vous  donner  quelques  pistes.  Par  exemple  :  DIEU,  s’il  est  DIEU,  ne  peut  être  que  Plénitude  :  plénitude  de  VIE,  plénitude  d’Être,  etc.  Or  une  plénitude  orgueilleuse  est-­‐elle  seulement  concevable  ?  DIEU  alors  serait  «  plein  de  lui-­‐même  »,  absolument  autosuffisant  !  Un  Créateur  satisfait  de  sa  richesse  ;  Il  «  aurait  »  sa  divinité  avant  que  d’  «  être  »  DIEU  !  Or  c’est  ainsi  qu’en  toute  religion,  les  hommes  inventent  des  idoles  qu’à  terme,  ils  ne  peuvent  que  mépriser,  à  moins  d’accepter  d’en  être  les  esclaves  à  tout  jamais,  ce  qui  est  juste  révoltant.  Eh  bien,  en  Jésus,  nous  découvrons  qu’en  réalité,  DIEU  est  HUMBLE  ou  alors  c’est  qu’Il  n’est  pas  !    

Et  regardez  comment  cette  humilité,  si  nous  acceptons  de  la  voir,  convertit  notre  regard  sur  DIEU  :  on  pardonne  difficilement  à  quelqu’un  de  l’emporter  sur  nous  s’il  n’est  pas  humble  !  En  revanche,  s’il  l’est,  ça  change  tout  :  sa  supériorité  ne  nous  annule  pas  ;  on  ne  le  sent  pas  supérieur  pour  la  raison  que  cette  supériorité  nous  élève  !  On  reconnaît  même  avec  bonheur  cette  supériorité  du  fait  que  l’humilité  en  est  le  sceau.  On  n’est  pas  jaloux  d’un  grand  humble,  or  c’est  dans  ce  sens  que  Jésus  nous  travaille  :  pourquoi  nous  défend-­‐il  ne  serait-­‐ce  que  de  dire  de  quelqu’un  qu’il  est  fou,  sinon  parce  que  le  dire,  c’est  se  positionner  comme  supérieur  à  lui  en  le  rabaissant,  donc  l’humilier  !  Une  attitude  absolument  antinomique  avec  DIEU  !  L’humble  n’humilie  pas  !  Il  n’humilie  JAMAIS  :  la  profondeur  de  son  être  s’y  oppose.  Eh  bien  :  voilà  le  DIEU  transcendant  que  nous  révèle  Jésus,  en  sa  CHAIR  !  L’humilité  de  Jésus  est,  tout  au  long  de  sa  vie,  l’humilité  même  de  DIEU  qu’Il  veut  communiquer  à  l’homme  par  l’Esprit  Saint,  parce  que  cette  Humilité  est  le  lieu  même  de  notre  élévation,  de  notre  divinisation  !  

 

QUI  S’ÉLÈVE  SERA  ABAISSÉ,  QUI  S’ABAISSE  SERA  ÉLEVÉ  

Alors  il  faut  évoquer  à  ce  propos  un  enseignement  clef  de  Jésus,  qui  revient  plusieurs  fois  dans  les  évangiles  :  «  Qui  s’élève  —  c’est-­‐à-­‐dire  qui  s’élève  par  soi,  par  vanité,  qui  se  fait  superbe  —  Qui  s’élève  donc  sera  abaissé  —  sous  entendu,  par  DIEU  ;  c’est  souvent  le  sens  du  passif  dans  la  littérature  biblique  qu’on  appelle  un  “passif  divin”  —  Mais  qui  s’abaisse  —  c’est-­‐à-­‐dire  qui  choisit  d’être  HUMBLE,  de  ne  pas  regarder  les  autres  de  haut,  que  ce  soit  DIEU  ou  le  prochain  —,  qui  s’abaisse,  donc,  sera  élevé  —  sous  entendu  :  sera  élevé  PAR  DIEU,  toujours  le  passif  !  Et  souvent,  Jésus  double  cette  sentence  en  ajoutant  :  Les  premiers  seront  les  derniers  ;  les  derniers  seront  les  premiers  !  Non  qu’il  faille  renoncer  à  être  le  meilleur,  au  contraire.  Mais  le  meilleur  en  termes  de  QUALITÉ,  pas  de  quantité.  Et  pour  ça,  rien  de  tel  que  de  rester  proche  des  plus  pauvres,  des  humiliés,  tout  en  ne  lâchant  pas  DIEU,  ni  ses  frères  et  sœurs  dans  l’Église  !  Un  exemple  étonnant  de  quelqu’un  qui  a  réussi  mais  qui  se  donne,  comme  règle,  de  vivre  régulièrement  à  côté  des  plus  démunis,  c’est  M.  Emmanuel  Faber.  En  2016,  en  tant  que  PDG  du  groupe  Danone,  il  a  fait  un  discours  aux  étudiants  de  HEC  dont  le  lien  se  trouve  dans  les  documents  Pour  aller  plus  loin.  Or  ce  qu’il  fait  avec  ces  HUMILIÉS,  c’est  parce  que  la  vie  lui  en  a  certes  ouvert  le  chemin  à  travers  son  propre  frère,  mais  c’est  aussi  et  surtout,  car  M.  Faber  est  catholique,  au  nom  du  Christ,  pour  suivre  le  Christ  CHARNELLEMENT.  

Alors  il  y  aurait  beaucoup  à  dire,  tellement  le  chemin  de  contemplation  qui  s’ouvre  ici  est  infini  !  Mais  voyez  comment  HUMILITÉ  ne  rime  décidément  pas  avec  mollesse,  impuissance  ou  déficience,  tout  au  contraire  !  Simplement,  dans  la  plénitude  de  sa  Toute-­‐Puissance,  DIEU  NE  NUIT  PAS  —  ce  qui  est  la  définition  même  de  l’innocence  —  DIEU  est  INNOCENT  par  nature.  Dans  le  monde  du  péché,  pour  éviter  de  se  nuire  à  soi-­‐même,  on  s’emploie  à  nuire  aux  autres.  Jésus,  lui,  enseigne  tout  à  l’inverse  que  c’est  dans  la  mesure  où  on  est  nuisible  à  autrui  qu’on  est  nuisible  à  soi-­‐même  ;  et  inversement  :  c’est  dans  la  mesure  où  l’on  est  bon  envers  autrui  qu’on  est  bon  envers  soi-­‐même  :  «  Ce  que  vous  voulez  que  les  hommes  fassent  pour  vous,  faites-­‐le  vous-­‐mêmes  pour  eux.  Voilà  la  ToRaH  et  les  prophètes  !  »  (Mt  7,12)  Sans  attendre  de  retour  !  Il  ne  s’agit  pas  de  faire  quoi  que  ce  soit  pour  autrui  en  vue  qu’autrui  en  fasse  autant  sinon  plus  pour  moi,  parce  que  ce  serait  utiliser  l’autre  à  mes  fins,  et  on  retombe  dans  l’orgueil  manipulatoire  !  Pas  faciles…  Et  pourtant,  on  sent  bien  que  là  est  le  secret  de  la  vraie  VIE,  ce  qui  permet  de  pressentir,  à  tout  le  moins,  que  l’HUMILITÉ  n’est  pas  simplement  une  valeur  mais  une  manière  de  SE  TENIR  DANS  L’ÊTRE  sans  le  transformer  en  avoir…  L’HUMBLE  est  par  définition  quelqu’un  de  PAUVRE  :  non  qu’il  n’ait  rien,  mais  il  ne  POSSÈDE  RIEN,  parce  que  tout  ce  qu’il  a  est  POUR  AUTRUI  !  Et  là,  on  se  sent  vraiment  petit  et  c’est  tant  mieux…  raison  pour  laquelle  nous  avons  besoin  de  nous  unir  à  Jésus  en  ouvrant  notre  CHAIR  à  l’Esprit  Saint,  car  seul  les  HUMILIÉS  savent  accueillir  l’Esprit.  

 

PAS  D’AMOUR  SANS  SACRIFICE  

Du  coup,  on  pourrait  croire  qu’en  rencontrant  Jésus,  on  soit  saisi  nécessairement  par  tant  de  Grandeur  !  Dans  le  fond,  ne  pourrait-­‐on  pas  QUE  suivre  un  tel  homme  si  on  le  croisait  ?  Que  nenni  !  Parce  qu’un  tel  homme,  d’abord,  laisse  LIBRES  ceux  qu’il  rencontre  ;  et  ensuite  parce  qu’il  dérange  nécessairement  l’ordre  établi  sur  la  loi  du  plus  fort,  raison  pour  laquelle  Jésus  finira  sa  vie  sur  la  croix…  Alors  maintenant  la  question  rebondit  :  est-­‐ce  que  ça  signifie  pour  autant  que  la  vie  de  Jésus  ne  sera  que  douleur  et  tristesse  ?  Vu  du  côté  de  l’AVOIR,  on  peut  interpréter  son  histoire  comme  ça,  ce  qui  est  juste  révoltant.  Mais  du  côté  de  l’AMOUR  qui  conjugue  la  Charité  et  l’Amitié,  l’interprétation  de  cette  histoire  est  tout  à  l’opposé  !  Je  laisse  ici,  à  nouveau,  la  parole  au  père  François  Varillon  qui  a  exprimé  la  chose  avec  une  justesse  très  fine  :  «  Ce  n'est  qu'au  niveau  du  sacrifice  consenti  par  amour  que  l'on  peut  expérimenter  l'unité  paradoxale  de  la  souffrance  et  de  la  joie.  Quand  on  est  décentré  par  rapport  à  soi,  quand  l'autre  est  celui  à  qui  l'on  dit  sans  trop  mentir  “Tu  es  tout  pour  moi”,  quand  la  vie  ou  un  secteur  de  la  vie  est  “consacrée”  à  autrui,  la  souffrance  est  alors  vécue  comme  essentielle  à  la  joie.  On  le  pressent  à  partir  de  cette  petite  phrase  toute  simple,  souvent  entendue,  de  l'ami  qui  rend  à  l'ami  un  service  coûteux  :  “Je  suis  tellement  heureux  de  faire  cela  pour  toi  !”  Qu'on  prolonge  cette  ligne,  et  l'on  comprendra  comment  la  limite  peut  être  atteinte  :  la  joie  de  mourir  d'amour.  La  souffrance  n'est  plus  imperfection  ni  entrave  au  bonheur  :  elle  est  le  bonheur  même.  »  C’est  vraiment  magnifiquement  dit.  Donc  il  est  un  bonheur  pour  DIEU  de  nous  être  présent,  jusque  dans  ce  que  nous  avons  de  plus  douloureux,  jusque  dans  ce  que  nous  avons  de  moins  avouable,  parce  que  cet  accompagnement  silencieux  n’est  autre  que  l’AMOUR  en  acte  

  3  

de  RÉDEMPTION  :  DIEU  endosse  le  prix  de  notre  péché  ;  il  prend  sur  Lui  notre  souffrance,  mais  sans  nous  regarder  de  haut,  HUMBLEMENT,  sans  nous  écraser,  de  sorte  qu’en  sa  présence  même,  nous  nous  sentions  non  pas  condamnés  mais  AIMÉS,  PARDONNÉS  et  ÉLEVÉS,  tout  blessés  que  nous  soyons.  «  Je  suis  tellement  heureux  de  le  faire  pour  toi  !  »  

 

«  FAIS-­‐TOI  CAPACITÉ,  JE  ME  FERAI  TORRENT  »  

Alors  oui,  ça  nous  met  en  dette  vis-­‐à-­‐vis  du  DIEU  Sauveur.  Et  alors  ?  Par  ailleurs,  ne  le  sommes-­‐nous  pas  déjà  d’avoir  été  créé  ?  Gratuitement  ?  Et  alors  ?  On  pourrait  dire  la  même  chose  de  chaque  enfant  vis-­‐à-­‐vis  de  ses  parents,  et  alors  ?  Qu’attendent  les  parents  qui  misent  tout  sur  leur  enfant  alors  qu’ils  l’élèvent  ?  Qu’il  leur  rembourse  au  jour  de  ses  18  ans  la  somme  équivalente  dépensée  pour  lui  ?  Non  !  Qu’il  prenne  son  envol  et  qu’à  son  tour  il  soit  porteur  de  vie  et  d’espérance,  voilà  la  récompense  ultime  !  Eh  bien  ne  serait-­‐ce  pas  la  même  chose  pour  un  DIEU  qui  n’est  qu’Amour,  qui  est  la  source  de  tout  Amour  ?  Qui  est  l’AUTEUR  même  de  l’Amour  ?  AUTEUR  est  un  mot  magnifique  :  étymologiquement,  il  désigne  celui  qui  fait  grandir,  qui  impulse  le  désir  d’agir.  Or  à  nouveau,  un  AUTEUR  véritable  suppose  l’HUMILITÉ  qui  donne  TOUT  !  Si  DIEU  est  l’AUTEUR  de  la  Création,  c’est  en  tant  qu’Il  ne  retient  rien  pour  LUI  puisqu’il  n’est  QUE  DON  de  soi  ;  l’être  de  DIEU  que  révèle  Jésus,  c’est  ça  :  non  pas  DIEU  qui  serait  puissant  et  ensuite,  par  magnanimité,  déciderait  de  se  donner  ;  DIEU  N’EST  QUE  DON,  il  est  POUR  AUTRUI  !  Ce  mode  d’être  est  même  INSCRIT  en  LUI,  nous  dit  Jésus,  puisque  le  Père  est  POUR  LE  FILS,  le  FILS  est  POUR  LE  PÈRE,  et  de  cet  amour  réciproque  qui  porte  le  Père  vers  le  Fils  et  le  Fils  vers  le  Père  jaillit  Celui  qu’on  appelle  l’Esprit  Saint,  c’est-­‐à-­‐dire  l’Esprit  de  DIEU  qui  est  le  débordement  de  cette  VIE  d’AMOUR  et  grâce  à  qui  va  paraître  la  VIE  créée  :  «  Au  commencement,  Dieu  créa  le  ciel  et  la  terre.  La  terre  était  informe  et  vide,  les  ténèbres  étaient  au-­‐dessus  de  l’abîme  et  l’Esprit  de  Dieu  planait  au-­‐dessus  des  eaux.  »  (Gn  1,1-­‐2)  Voilà  :  et  d’emblée,  on  comprend  que  la  CRÉATION  est  elle-­‐même  appelée  à  ne  pas  arrêter  ce  flux  de  vie  surabondante,  en  «  excès  »  comme  disent  les  philosophes,  au  sens  d’un  trop-­‐plein  de  VIE  qui  ne  cesse  de  déborder.  Voilà  :  la  plénitude  du  DIEU  VIVANT  est  un  débordement  de  VIE.  Un  débordement  qui  témoigne  que  DIEU  est  donc  TRINITÉ  :  trois  personnes  :  le  Père,  le  Fils  et  l’Esprit.  Trois  Personnes  parce  qu’en  ce  qui  concerne  l’Amour,  on  ne  peut  pas  se  contenter  de  parler  d’énergie  ou  de  rester  dans  un  anonymat  fonctionnel.  Non,  en  DIEU,  il  y  a  3  Personnes  qui  président  au  débordement  de  cette  HUMBLE  SOURCE  éternelle  d’AMOUR  Créateur  et  Sauveur  !  Décidément,  qu’on  tourne  la  question  par  tous  les  bouts,  DIEU  ne  peut  être  source  que  s’Il  est  HUMBLE,  s’Il  est  TOUT  POUR  AUTRUI.  Et  ceux  qui  sont  à  même  de  recevoir  ce  DON  ne  peuvent  être  à  leur  tour  que  les  HUMILIÉS,  les  PETITS,  ceux  qui  sont  vides  de  tout  avoir  au  sens  de  toute  rétention,  de  toute  avarice,  de  toute  mesquinerie  ;  qui  ne  sont  au  contraire  que  réception,  réceptacle,  capacité,  hospitalité.  Rappelons-­‐nous  simplement  cette  phrase  que  Sainte  Catherine  de  Sienne  entend  de  la  part  de  Jésus  au  cours  d’une  extase  :  «  Fais-­‐toi  capacité,  Je  me  ferai  torrent  !  »  Être  en  capacité  de  recevoir  le  torrent  d’Amour  qui  jaillit  de  la  Source  éternelle,  non  pour  le  garder  pour  soi  mais  pour  diffuser  cet  AMOUR  vivifiant  dans  la  Création  :  voilà  ce  qui  fait  la  GRANDEUR  de  l’homme  attaché  

à  DIEU  tel  que  la  foi  en  Jésus  nous  en  dévoile  le  Mystère  et  voilà  en  définitive  ce  à  quoi  travaille  TOUTE  LA  BIBLE.    

 

DIEU  REND  HUMBLES  LES  GRANDS  

Toutes  les  figures  de  cette  histoire,  DIEU  les  travaille  pour  qu’ils  deviennent  HUMBLES,  à  commencer  par  Abraham,  Isaac  et  Jacob,  les  Patriarches.  À  qui  il  faut  ajouter  Moïse  que  le  livre  des  Nombres  —  le  4e  livre  biblique  —  désigne  comme  «  l’homme  le  plus  humble  que  la  terre  ait  porté.  »  (Nb  12,3).  De  prince  d’Égypte,  il  devient  simple  berger  en  plein  désert  ;  un  prince  que  DIEU  a  défait  de  sa  superbe  pour  pouvoir  être  entendu  et  l’envoyer  libérer  Israël  de  l’anéantissement  planifié  par  Pharaon  !    

On  songe  à  David  !  Peut-­‐être  est-­‐il  considéré  aujourd’hui  comme  un  grand  roi,  mais  à  tout  le  moins,  il  n’avait  rien  d’un  Alexandre  le  Grand  ou  d’un  Pharaon  d’Égypte  !  Le  pays  d’Israël,  c’est  tout  petit,  même  avec  l’annexion  des  terres  alentour  !  Alors  ?  Qu’est-­‐ce  qui  fait  d  e  lui  un  roi  PLUS  GRAND  qu’Alexandre  ou  que  Pharaon  ?  C’est  qu’il  a  appris  de  DIEU  que  la  grandeur  était  l’humilité  :  son  tempérament  était  violent  —  ce  n’était  pas  un  enfant  de  chœur  —,  jusqu’à  ce  que  cette  violence  se  retourne  contre  lui  !  Il  fut  un  temps  où  il  se  croyait  tout  permis,  mais  il  a  bien  du  admettre  que  son  arrogance  conduisait  sa  politique  à  la  faillite…  alors  il  s’est  reconnu  pécheur,  il  s’est  HUMILIÉ  devant  le  Seigneur,  et  là,  il  est  devenu  un  GRAND  ROI,  LE  roi  d’Israël  à  qui  tout  Juif,  aujourd’hui  encore,  fait  référence  !    

Du  coup,  le  Magnificat  de  la  Vierge  devient  lumineux,  il  prend  tout  son  sens  :  

Déployant  la  force  de  son  bras,    il  disperse  les  superbes.  Il  renverse  les  puissants  de  leurs  trônes,    il  élève  les  humiliés.  Il  comble  de  biens  les  affamés,    renvoie  les  riches  les  mains  vides.    Il  relève  Israël  son  serviteur,    il  se  souvient  de  sa  miséricorde…  (Lc  1,51-­‐54)  

 

JÉSUS  A  GRANDI  PARMI  LES  HUMILIÉS  

Pour  en  revenir  à  Jésus,  il  a  donc  grandi  parmi  ces  humiliés,  dans  un  milieu  où  on  se  reçoit  du  DIEU  des  pères,  où  on  lit  les  Prophètes,  où  on  prie  les  Psaumes  et  où  on  essaye  de  vivre  à  l’école  des  figures  de  l’histoire  d’Israël,  conscient  que  l’avenir  du  peuple  n’est  pas  ailleurs,  que  le  Règne  de  DIEU  tant  attendu  ne  passe  pas  par  un  autre  chemin  que  celui  de  l’humilité  ;  et  c’est  à  partir  de  là  que  Jésus  prêchera  sur  le  Règne  de  DIEU,  à  travers  des  paraboles  toutes  simples,  mais  tellement  parlantes  pour  les  foules  :  «  Jésus  proposa  cette  parabole  aux  disciples  :  “Le  Règne  des  Cieux  est  comparable  à  une  graine  de  moutarde  qu’un  homme  a  prise  et  qu’il  a  semée  dans  son  champ.  C’est  la  plus  petite  de  toutes  les  semences  —  voilà  les  HUMILIÉS  —,  mais  quand  elle  a  poussé,  elle  dépasse  les  autres  plantes  potagères  et  devient  un  arbre,  si  bien  que  les  oiseaux  du  ciel  viennent  et  font  leurs  nids  dans  ses  branches.”  Et  Jésus  de  poursuivre  :  Il  leur  dit  une  autre  parabole  :  “Le  Règne  des  Cieux  est  comparable  au  levain  qu’une  femme  a  pris  et  qu’elle  a  enfoui  dans  trois  mesures  de  farine  jusqu’à  ce  que  toute  la  pâte  ait  levé.”  »  (Mt  13,31-­‐33)  L’humilité  de  DIEU  enfouie  dans  le  peuple,  que  personne  ne  

  4  

remarque  alors  que  c’est  grâce  à  lui  que  ce  peuple  va  pouvoir  s’épanouir  et  devenir  nourrissant  au  quotidien  pour  toutes    les  nations.  

Ceci  dit,  je  voudrais  qu’on  n’oublie  pas  le  peuple  d’Israël  où  Jésus  enracine  cette  passion  pour  les  humiliés.  Alors  bien  sûr,  elle  vient  du  DIEU  HUMBLE  qu’il  est  en  Personne,  mais  en  même  temps  n’oublions  pas  qu’Il  est  un  DIEU  INCARNÉ  !  Si  cette  incarnation  n’est  pas  une  blague,  autrement  dit  si  Jésus  est  vraiment  homme,  ça  signifie  qu’il  n’a  pas  la  science  infuse  !  Il  doit  donc  entrer  dans  la  mémoire  de  son  peuple  transmise  de  génération  en  génération  dans  l’étude  et  la  prière.  Une  prière  d’une  part  quotidienne  et  d’autre  part  hebdomadaire  —  le  jour  du  Shabat  —  dont  fait  partie,  par  exemple,  ce  qu’on  appelle  la  BiRKaT  Ha-­‐Shi‘R,  la  Bénédiction  du  Chant  :  «  Ô  Seigneur  […],  Toi  qui  ressuscites  les  morts  et  guéris  les  malades,  qui  dessilles  les  yeux  des  aveugles  et  redresse  les  humiliés,  qui  fais  parler  les  muets  et  dévoiles  les  mystères,  c’est  Toi  et  Toi  seul  que  nous  honorons.  »  Voilà  en  définitive  le  programme  que  va  accomplir  Jésus  à  travers  toute  sa  vie,  un  programme  qui  vérifie  CHARNELLEMENT  que  Jésus  est  véritablement  le  Messie  attendu  par  son  peuple.  

 

«  ES-­‐TU  CELUI  QUI  DOIT  VENIR  ?  »  

Le  premier  à  nous  le  dévoiler  dans  les  évangiles,  c’est  un  homme  appelé  Jean-­‐Baptiste,  le  fils  d’Élisabeth  que  Marie  était  allée  visiter  et  devant  qui  elle  a  entonné  le  chant  du  Magnificat.  Jean-­‐Baptiste  était  une  personnalité  connue  à  l’époque,  de  lignée  sacerdotale  —  son  père  officiait  dans  le  temple  comme  prêtre,  donc  Jean-­‐Baptiste  lui-­‐même  était  prêtre  —,  mais  il  vivait  en  ermite  dans  le  désert.  C’est  lui  qui  baptisera  Jésus  dans  le  Jourdain.  

Toujours  est-­‐il  qu’à  un  moment,  la  femme  d’Hérode  Antipas  qui  le  détestait  fait  arrêter  Jean-­‐Baptiste  et  en  prison,  il  s’interroge  à  propos  de  Jésus  dont  on  lui  rapporte  les  œuvres  et  la  prédication.  Alors  il  envoie  ses  disciples  lui  demander  :  «  Es-­‐tu  Celui  qui  doit  venir  —  c’est-­‐à-­‐dire  le  Messie  attendu  par  Israël  —  ou  devons-­‐nous  en  attendre  un  autre  ?  »  Or  Jésus  répond  précisément  :  «  Allez  annoncer  à  Jean  ce  que  vous  entendez  et  voyez  :  les  aveugles  recouvrent  la  vue  et  les  boiteux  marchent,  les  lépreux  sont  purifiés  et  les  sourds  entendent,  et  les  morts  se  relèvent  et  l’Évangile  —  l’heureuse  annonce  de  la  libération  —  est  annoncé  aux  humiliés  !  »  (Mt  11,2-­‐5)  Voilà  !  Vous  entendez  ?  La  réponse  de  Jésus,  c’est  juste  la  reprise  à  la  supplication  juive  quotidienne  qui  espère  la  manifestation  de  DIEU  pour  libérer  son  peuple  composé  de  boiteux,  d’aveugles,  d’humiliés  etc.,  c’est-­‐à-­‐dire  de  gens  honorant  humblement  le  DIEU  de  l’Alliance,  le  DIEU  des  pères  et  préparant  sa  venue  à  travers  une  vie  de  fidélité  aux  commandements  de  Moïse  qui  façonne  l’humble  réceptacle  où  DIEU  pourra  faire  germer  le  Messie.  Alors  Jean-­‐Baptiste  pose  la  question  :  quand  Israël  pourra-­‐t-­‐il  accueillir  le  Messie  ?  Et  à  travers  la  reprise  de  la  prière  de  tout  Israël,  Jésus  lui  répond  :  MAINTENANT  !  Non  seulement  pour  Israël  qui  reste  la  RACINE  sur  laquelle  va  se  déployer  l’arbre  de  la  VIE,  mais  sur  laquelle  aussi  vont  pouvoir  être  greffées  les  branches  des  nations  à  l’appel  de  Jésus  :  «  Venez  à  moi,  vous  tous  qui  peinez  sous  le  poids  du  fardeau  et  moi,  je  vous  donnerai  le  repos.  Prenez  sur  vous  mon  joug  et  mettez-­‐vous  à  mon  école,  car  je  suis  doux  et  humble  de  cœur.  »  (Mt  11,28-­‐29).  Le  JOUG,  dans  le  langage  juif,  c’est  celui  de  la  ToRaH  de  

Moïse.  Le  JOUG  de  Jésus,  ce  sont  donc  les  commandements  de  VIE  de  la  ToRaH  qu’il  appelle  à  prendre  sur  les  épaules  en  Le  suivant,  lui,  Jésus,  qui  s’inscrit  dans  le  sillon  des  HUMILIÉS  grâce  à  qui  la  ToRaH  n’est  jamais  perdue  !  Le  chrétien  ne  saurait  donc  jamais  mépriser  la  ToRaH  de  Moïse  ;  à  sa  manière,  sans  être  lui-­‐même  Juif,  mais  néanmoins  en  recevant    Jésus,  le  chrétien  est  fidèle  à  cette  ToRaH  à  travers  le  commandement  de  la  Charité  :  «  Aimez-­‐vous  de  charité  comme  je  vous  ai  aimés  de  charité  ».  Là  se  résume  toute  la  ToRaH  de  DIEU,  ce  qui  suppose  un  patient  travail  sur  soi  à  la  lumière  du  Christ  et  de  l’Église.  

Enfin  voilà.  Donc  voyez  :  l’humilité  n’est  pas  facultative  quand  on  est  chrétien,  ni  d’ailleurs  quand  on  est  juif.  Alors  pour  terminer,  concrètement,  comment  sait-­‐on  qu’on  est  humble  ?  On  est  humble  quand  on  commence  à  se  dire  qu’on  ne  l’est  pas  assez  !  Le  superbe  ne  se  pose  jamais  la  question  !  L’humble,  lui,  se  la  pose  à  chaque  instant.  Et  c’est  là  qu’on  perçoit  que  l’humilité  est  liée  à  la  foi,  à  l’espérance  et  à  la  Charité,  car  de  la  même  manière,  plus  on  a  la  foi  et  plus  on  se  dit  qu’on  ne  l’a  pas  assez  ;  plus  on  espère  et  plus  on  se  dit  qu’on  n’espère  pas  assez  ;  plus  on  aime  de  charité  et  plus  on  se  dit  qu’on  n’aime  pas  assez…  Voilà  :  là  est  toute  la  dynamique  de  la  VIE,  qui  ne  s’interrompra  pas  dans  l’Éternité  ;  une  Éternité  qui,  si  nous  avons  travaillé  en  nous  cette  capacité  à  recevoir  ce  torrent  d’Amour,  nous  remplira  de  cet  excès  d’amour  divin,  de  ce  débordement  de  JOIE  divine,  de  cette  surabondance  d’humilité  qui  nous  fera  nous  donner  à  notre  tour,  librement,  sans  compter  :  là  est  l’accomplissement  de  notre  divinisation.  

Alors  tout  ça  est  bien  dense,  j’en  ai  conscience.  Revoyez  patiemment  le  tout  avec  votre  accompagnateur,  en  interrompant  la  vidéo  quand  nécessaire.  Et  quoi  qu’il  en  soit,  que  le  Christ  Jésus  vous  garde  en  sa  bénédiction.  

Je  vous  remercie.