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Lundi 14 décembre 2015 Ouest-France 3 Le FN ne transforme pas l’essai du premier tour Front national qui rit. Front national qui pleure. Arrivé en tête dans six ré- gions au soir du premier tour, le par- ti présidé par Marine Le Pen pouvait espérer en diriger plusieurs. Mais, hier soir, aucune région n’est tombée dans l’escarcelle frontiste. Trois rai- sons expliquent cet échec relatif. Un, l’isolement. Une fois de plus, le Front national joue seul contre tous et se montre incapable de nouer des alliances avec d’autres formations politiques. Une confirmation de l’im- passe à laquelle il est confronté lors des seconds tours. Deux, la mobilisation des électeurs. Le FN a fait pratiquement le plein au premier tour et a manqué de ré- serves de voix pour transformer l’es- sai une semaine plus tard. La hausse importante de la partici- pation a joué contre l’extrême droite, qui a reculé en pourcentage d’une semaine sur l’autre. Les scores sont même sans appel dans plusieurs ré- gions. Trois, le « front républicain ». En re- tirant ses listes dans le Nord et en Paca et en appelant à voter pour la droite républicaine dans l’Est, le Parti socialiste a privé le FN de victoires, même là où il partait favori. Un vote FN élevé Mais cet échec du Front national est à relativiser. Le FN a confirmé, hier, qu’il s’est installé durablement et à un haut niveau dans le paysage po- litique français. Au second tour des régionales de 2010, il ne totalisait que 9,17 % des suffrages et moins de deux millions des voix. C’est trois fois plus aujourd’hui. Marine Le Pen a beau jeu d’affirmer qu’elle sera de- main « la première force d’opposi- tion dans la plupart des conseils ré- gionaux ». Le parti frontiste ne manque pas de motifs de consolation. Il s’af- firme comme l’opposant au système « UMPS ». Il est parvenu à focaliser la campagne sur sa présence par- tout au second tour. Il aura fait chu- ter la gauche dans ses deux bastions du Nord et du Sud-Est où elle n’au- ra aucun élu pendant la prochaine mandature. Les adversaires du FN n’affichaient d’ailleurs, à l’image de Manuel Valls, « aucun soulagement, aucun triom- phalisme ». « Le danger de lex- trême droite nest pas écarté »,a ajouté le Premier ministre. « Cette mobilisation ne doit ce- pendant sous aucun prétexte faire oublier les avertissements qui ont été adressés à tous les responsa- bles politiques, nous compris, lors du premier tour », a lancé Nicolas Sarkozy. François VERCELLETTO. Le parti de Marine Le Pen ne remporte aucune région. Reuters Sept régions à droite, cinq à gauche, aucune au FN La participation, en nette hausse, a profité à la droite qui gagne les Pays de la Loire et la Normandie. La gauche est loin de la déroute annoncée. La gauche résiste bien Les élections se suivent et ne se res- semblent pas toujours. Pour la pre- mière fois depuis le début le début du quinquennat de François Hol- lande, la gauche sort la tête de l’eau. Après avoir perdu une centaine de villes aux municipales, terminé troi- sième aux élections européennes et perdu une centaine de cantons aux élections départementales, la gauche fait presque jeu égal avec la droite à ces élections régionales. La carte de France se partage entre le rose et le bleu. Le Parti so- cialiste conserve cinq régions et perd d’un cheveu la Normandie et l’Ile-de- France. Un résultat plutôt inespéré pour François Hollande. Ce n’est pas une déroute, mais ce n’est pas non plus un succès. La gauche disparaît dans le Nord et en Paca où elle a été distancée dès le premier tour. Et, dans au moins deux régions, Centre-Val-de-Loire et Bour- gogne-Franche-Comté, si le PS l’em- porte c’est parce que le Front natio- nal garde un niveau élevé qui affaiblit la droite. Pas d’euphorie, donc. « Ce soir, il n’y a aucun soulagement, aucun triomphalisme, aucun message de victoire », a commenté Manuel Valls, soulignant que le danger de l’extrême droite « n’est pas écar- té ». Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, s’est félici- té que la « déroute annoncée » n’ait pas eu lieu, mais il a lui aussi parlé d’« un succès sans joie ». La droite rassurée et déçue La soirée est loin d’être mauvaise pour la droite. Les Républicains font basculer en leur faveur les deux ré- gions les plus riches, l’Ile-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que les Pays de la Loire et la Normandie. Mais l’opposition n’a pas de quoi pa- voiser. Nicolas Sarkozy, qui misait sur les difficultés de François Hollande pour rêver d’un grand chelem, a per- du son pari. La déception est d’au- tant plus grande que la droite doit au moins deux de ses victoires, dans le Nord et en Paca, au « sacrifice » de la gauche qui a accepté de retirer ses candidats. La leçon est assez limpide : la droite républicaine est la première à subir la concurrence du FN. François Fillon a rappelé, hier, que le premier tour « reste le véritable baromètre de l’état du pays ». Nicolas Sarko- zy a pris acte, hier soir, des « aver- tissements » lancés par les élec- teurs. Mais, s’il prône « l’union avec le centre, le refus de toute compro- mission avec les extrêmes », le chef des Républicains, rassuré par ce se- cond tour, appelle aussi à débattre des « grandes questions qui angois- sent les Français », parmi lesquelles l’Europe, le chômage, la sécurité, l’identité. Autant dire qu’il est prêt au bras de fer avec Alain Juppé. L’échec du FN Le Front national, qui ne décroche aucune région, n’a pas confirmé sa percée historique du premier tour. Il s’incline en duel dans le Nord et en Paca, ainsi qu’en triangulaire dans le Grand Est et en Bourgogne-France- Comté. La participation, qui a enre- gistré une hausse record entre le premier et le deuxième tour, a joué en faveur des candidats du « bloc ré- publicain ». Le FN se consolera en constatant qu’il dispose désormais d’« un nombre record d’élus » dans toutes les régions. 2004 2010 1998 Ouest-France 59 % Participation 1 er tour 2 nd tour 49,91 % Corse Auvergne Rhône-Alpes Normandie Ile- de-France Bourgogne Franche-Comté Bretagne Centre Val de Loire Alsace Champagne-Ardenne Lorraine Nord- Pas-de-Calais Picardie Aquitaine Limousin Poitou- Charentes Pays de la Loire Provence-Alpes- Côte-d’Azur Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées Droite Gauche Régionaliste La couleur politique des 13 nouvelles régions En Nord-Picardie, Xavier Bertrand revient de loin LILLE (de notre envoyé spécial). - Ils soufflent. À leur visage, on voit qu’ils ont senti le vent du boulet. Et qu’ils reviennent de loin. Le triomphe est modeste. Dans leur permanence du boulevard Carnot, les jeunes par- tisans de Xavier Bertrand n’ont pas le goût à exploser de joie. La meilleure preuve, c’est que les premières bou- teilles de champagne arrivent bien après les estimations de 20 h. Xavier Bertrand obtient 57,77 % des voix. Marine Le Pen est scot- chée à 42,23 %. C’est franc et mas- sif. Dans l’entourage de l’ancien mi- nistre de Nicolas Sarkozy, personne n’a oublié son retard de 350 000 voix sur le Front national. Et la remontée considérable qu’il a opérée au se- cond tour. « La victoire des gens du Nord et de Picardie » Les Républicains et leurs alliés du centre savent ce qu’ils doivent à la gauche, aux électeurs du socialiste Pierre Saintignon. Arrivé en troisième position au soir du premier tour avec 18,12 %, il a préféré se retirer. « Vrai- ment un beau rassemblement, se ré- jouit Guy-Noël Seillière, responsable des jeunes Républicains de Lille. En appelant à voter pour Xavier Ber- trand, Martine Aubry, la maire de Lille, a gommé les états d’âme de bien des électeurs de gauche qui ont été sensibles au risque FN et qui ont joué le jeu. » La sénatrice UDI Valérie Létard, candidate sur la liste Bertrand, est rayonnante. Elle évoque un « mo- ment historique » : « C’est la victoire de la République, plus que d’une fa- mille d’idées. Une victoire qui nous oblige. Droite et centre doivent être désormais capables de créer une gouvernance apaisée, pas sectaire. Et garder le lien avec les familles de gauche qui ne seront pas représen- tées dans la nouvelle assemblée. » À Saint-Quentin, la ville dont il est maire, Xavier Bertrand a, dès 20 h, re- mercié les électeurs de gauche qui sont venus à son aide contre le Front national. Sous les applaudissements. Le discours est grave. Solennel. « Ici, les électeurs ont donné une leçon de courage et d’honneur aux partis politiques. Ce n’est pas ma victoire, c’est la victoire des gens du Nord et de Picardie. L’histoire retiendra que c’est ici que nous avons stoppé la progression du Front national. » À Hénin-Beaumont, à une cen- taine de kilomètres du fief de Xavier Bertrand, Marine Le Pen encaisse le coup et tente de balayer la stupeur de la salle au moment où s’affiche à 20 h, sur les écrans, la nouvelle carte des régions. « Désormais, nous sommes la seule force d’opposition. Il n’y a plus de clivage droite-gauche mais un clivage entre mondialistes et pa- triotes. Ces élections marquent une montée inexorable du Front natio- nal. Rien ne pourra nous arrêter. » À ses côtés, Steeve Briois, le maire d’Hénin-Beaumont, s’échauffe : « La malhonnêteté et le mensonge l’ont emporté. On a subi une campagne de haine. » Malmenée, bousculée de scru- tin en scrutin depuis des années, la gauche aura montré que finalement, elle a de beaux restes dans ses fiefs nordistes. Et que son sens de la dis- cipline et ses réflexes républicains fonctionnent encore. Une consola- tion pour ces électeurs sans repré- sentants dans la future assemblée. Marc PENNEC. Xavier Bertrand, Les Républicains. AFP Provence-Alpes-Côte d’Azur Les électeurs de gauche font gagner la droite Grosse vague de soulagement à 20 h chez les centaines de militants réunis au siège de campagne de Christian Estrosi, dans un hôtel du centre de Nice. Sur les écrans de télévision, les premières estimations du vote en région Provence-Alpes-Côte d’Azur viennent de donner le candidat de la droite large vainqueur. Avec 45,22 % des voix, son adversaire du Front na- tional, Marion Maréchal-Le Pen enre- gistre un échec d’une ampleur inat- tendue. Durant la semaine, les son- dages lui donnaient un léger retard. Le scrutin la place finalement loin derrière. « Au fond du trou » Comme partout en France, la forte mobilisation a joué au détriment très net de l’extrême droite. Le 6 dé- cembre, 48 % des électeurs s’étaient abstenus. Hier, la participation était supérieure de onze points. Le front républicain a bien fonctionné. Les ca- lamiteux 16,5 % obtenus au premier tour par la liste du socialiste Chris- tophe Castaner, puis l’annonce du re- trait imposé par Paris, avaient plongé les militants dans un total désarroi. Avec ses 40,5 % au premier tour, le FN leur semblait parti pour gagner sans coup férir. « On est au fond du trou », nous avaient dit plusieurs sympathisants socialistes, rencon- trés dans le département du Vau- cluse. Sonnés aussi, les écologistes avaient vu disparaître la possibilité de fusionner avec leurs alliés du PS. Dès le soir même, ils demandaient à leurs électeurs de contrer le FN en allant voter « massivement » au second tour, mais sans pouvoir se résoudre à prononcer le nom d’Estrosi. Pour l’emporter, le maire de Nice devait attirer deux électeurs de gauche sur trois. S’agissant d’un can- didat situé à la droite de la droite, le pari n’était pas gagné d’avance. Le refus de laisser la Région tomber aux mains du FN a été le plus fort, comme en témoignent les 54,78 % fi- nalement obtenus par la liste Estrosi. « Avec cette victoire, nous avons déjoué tous les pronostics […] C’est la victoire d’un grand peuple, qui une fois de plus a montré sa capa- cité de résistance », a clamé le nou- veau président de la région Paca, qui succède au socialiste Michel Vau- zelle, au pouvoir depuis 1998. « Il y a des victoires qui font honte aux vainqueurs », a dénoncé dans la soi- rée Marion Maréchal-Le Pen. Selon elle, il n’existe « pas de plafond de verre au score du FN ». Christian Estrosi devra diriger la ré- gion « autrement que la campagne quil a conduite », a demandé pour sa part Christophe Castaner, le sa- crifié socialiste. Il a annoncé la créa- tion prochaine «dun observatoire de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec les forces vives, les différents partis politiques, les fé- dérations socialistes » pour pallier l’absence totale d’élus de gauche à la Région. Marc MAHUZIER. Christian Estrosi, Les Républicains. Reuters Île-de-France Valérie Pécresse reprend la région dix-sept ans après Grand sourire. Un peu après 21 h 30, Valérie Pécresse quitte son QG de campagne, dans le VIII e arrondisse- ment. Trois estimations la donnent gagnante. À sa seconde tentative, elle sait maintenant qu’elle a gagné. Elle obtient au total 43,8 % des voix contre 42,18 % à Claude Bartolone (PS) et 14,02 % à Wallerand de Saint- Just (FN). Avec une participation en hausse de près de dix points en une semaine : 54,46 contre 45,90 %. L’union de la droite aura 121 sièges, contre 66 à la gauche et 22 au Front national. Dix-sept ans après le RPR Michel Giraud, l’ancienne ministre de Nico- las Sarkozy et proche de François Fillon, ramène la région Île-de-France à la droite. Au terme d’une campagne très dure, particulièrement entre les deux tours. Le camp socialiste accu- sant Valérie Pécresse de « faire des œillades » aux électeurs du FN. « Une présidente libre » La nouvelle présidente l’a évoqué très directement : « J’ai bien conscience d’avoir rassemblé des voix venues de tous les horizons », lance-t-elle. Elle a considérablement progressé entre les tours, gagnant 13 %. Sa victoire associe le vote utile de certains électeurs du FN. Celui- ci a perdu 4 points d’un dimanche à l’autre. Elle bénéficie de l’apport de 30 % des voix écologistes, se- lon certaines études. Par contre, les enquêtes semblent montrer qu’elle n’aurait pas capté les 6,5 % du sou- verainiste Nicolas Dupont-Aignan. Un tiers de ces derniers choisissant même de se reporter sur le FN. Et Valérie Pécresse d’ajouter qu’elle serait « une présidente libre », qu’elle ne sera « ni la femme d’un camp, ni la femme d’un parti, ni la femme d’un lobby ». « La sécurité et l’emploi seront mes priorités im- médiates », a-t-elle ajouté, précisant qu’elle abandonnera son mandat de députée Les Républicains des Yve- lines, pour se consacrer à la région. Peu après, Claude Bartolone te- nait à « saluer » ses « partenaires » de l’union qu’il était parvenu à réali- ser avec EELV, le Front de gauche, le PCF… Il a d’ailleurs cité nommé- ment Emmanuelle Cosse pour les écologistes et Pierre Laurent pour le PCF. « Merci d’avoir su dépasser nos différences », leur a-t-il décla- ré. Cette union lui a permis de pas- ser de 25,19 % à 41,9 %, un peu au- dessus des 40 % que représentait le total des voix de gauche, dimanche dernier. Philippe SIMON. Présidence de l’Assemblée natio- nale. Claude Bartolone, comme il s’y était « engagé au début de la cam- pagne », remettra son « mandat de président de lAssemblée nationale à la disposition de Bruno Le Roux, président du groupe socialiste. Il déterminera si les députés socia- listes, dont ma légitimité est issue, souhaitent ou non que je pour- suive la responsabilité quils mont confiée ». Valérie Pécresse, Les Républicains. AFP

Sept régionsàdroite,cinq àgauche,aucune auFN€¦ · sent les Français », parmi lesquelles l’Europe, le chômage, la sécurité, l’identité. Autant dire qu’il est prêt

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Page 1: Sept régionsàdroite,cinq àgauche,aucune auFN€¦ · sent les Français », parmi lesquelles l’Europe, le chômage, la sécurité, l’identité. Autant dire qu’il est prêt

Lundi 14 décembre 2015Ouest-France 3

Le FN ne transforme pas l’essai du premier tourFront national qui rit. Front nationalqui pleure. Arrivé en tête dans six ré-gions au soir du premier tour, le par-ti présidé par Marine Le Pen pouvaitespérer en diriger plusieurs. Mais,hier soir, aucune région n’est tombéedans l’escarcelle frontiste. Trois rai-sons expliquent cet échec relatif.

Un, l’isolement. Une fois de plus, leFront national joue seul contre touset se montre incapable de nouer desalliances avec d’autres formationspolitiques. Une confirmation de l’im-passe à laquelle il est confronté lorsdes seconds tours.

Deux, la mobilisation des électeurs.Le FN a fait pratiquement le pleinau premier tour et a manqué de ré-serves de voix pour transformer l’es-sai une semaine plus tard.

La hausse importante de la partici-pation a joué contre l’extrême droite,qui a reculé en pourcentage d’unesemaine sur l’autre. Les scores sontmême sans appel dans plusieurs ré-gions.

Trois, le « front républicain ». En re-tirant ses listes dans le Nord et enPaca et en appelant à voter pour ladroite républicaine dans l’Est, le Partisocialiste a privé le FN de victoires,même là où il partait favori.

Un vote FN élevé

Mais cet échec du Front national està relativiser. Le FN a confirmé, hier,qu’il s’est installé durablement et àun haut niveau dans le paysage po-

litique français. Au second tour desrégionales de 2010, il ne totalisaitque 9,17 % des suffrages et moinsde deux millions des voix. C’est troisfois plus aujourd’hui. Marine Le Pena beau jeu d’affirmer qu’elle sera de-main « la première force d’opposi-tion dans la plupart des conseils ré-gionaux ».

Le parti frontiste ne manque pasde motifs de consolation. Il s’af-firme comme l’opposant au système« UMPS ». Il est parvenu à focaliserla campagne sur sa présence par-tout au second tour. Il aura fait chu-ter la gauche dans ses deux bastionsdu Nord et du Sud-Est où elle n’au-

ra aucun élu pendant la prochainemandature.

Les adversaires du FN n’affichaientd’ailleurs, à l’image de Manuel Valls,« aucun soulagement, aucun triom-phalisme ». « Le danger de l’ex-trême droite n’est pas écarté », aajouté le Premier ministre.

« Cette mobilisation ne doit ce-pendant sous aucun prétexte faireoublier les avertissements qui ontété adressés à tous les responsa-bles politiques, nous compris, lorsdu premier tour », a lancé NicolasSarkozy.

François VERCELLETTO.

Le parti de Marine Le Pen ne remporte aucune région.

Reu

ters

Sept régions à droite, cinq à gauche, aucune au FNLa participation, en nette hausse, a profité à la droite qui gagne les Pays de la Loireet la Normandie. La gauche est loin de la déroute annoncée.

La gauche résiste bienLes élections se suivent et ne se res-semblent pas toujours. Pour la pre-mière fois depuis le début le débutdu quinquennat de François Hol-lande, la gauche sort la tête de l’eau.Après avoir perdu une centaine devilles aux municipales, terminé troi-sième aux élections européenneset perdu une centaine de cantonsaux élections départementales, lagauche fait presque jeu égal avec ladroite à ces élections régionales.

La carte de France se partageentre le rose et le bleu. Le Parti so-cialiste conserve cinq régions et perdd’un cheveu la Normandie et l’Ile-de-France. Un résultat plutôt inespérépour François Hollande.

Ce n’est pas une déroute, maisce n’est pas non plus un succès. Lagauche disparaît dans le Nord et enPaca où elle a été distancée dès lepremier tour. Et, dans au moins deuxrégions, Centre-Val-de-Loire et Bour-gogne-Franche-Comté, si le PS l’em-porte c’est parce que le Front natio-nal garde un niveau élevé qui affaiblitla droite.

Pas d’euphorie, donc. « Ce soir,il n’y a aucun soulagement, aucun

triomphalisme, aucun messagede victoire », a commenté ManuelValls, soulignant que le danger del’extrême droite « n’est pas écar-té ». Jean-Christophe Cambadélis,premier secrétaire du PS, s’est félici-té que la « déroute annoncée » n’aitpas eu lieu, mais il a lui aussi parléd’« un succès sans joie ».

La droite rassurée et déçueLa soirée est loin d’être mauvaisepour la droite. Les Républicains fontbasculer en leur faveur les deux ré-gions les plus riches, l’Ile-de-Franceet l’Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi queles Pays de la Loire et la Normandie.Mais l’opposition n’a pas de quoi pa-voiser.

Nicolas Sarkozy, qui misait surles difficultés de François Hollandepour rêver d’un grand chelem, a per-du son pari. La déception est d’au-tant plus grande que la droite doit aumoins deux de ses victoires, dans leNord et en Paca, au « sacrifice » dela gauche qui a accepté de retirer sescandidats.

La leçon est assez limpide : ladroite républicaine est la première àsubir la concurrence du FN. François

Fillon a rappelé, hier, que le premiertour « reste le véritable baromètrede l’état du pays ». Nicolas Sarko-zy a pris acte, hier soir, des « aver-tissements » lancés par les élec-teurs. Mais, s’il prône « l’union avecle centre, le refus de toute compro-mission avec les extrêmes », le chefdes Républicains, rassuré par ce se-cond tour, appelle aussi à débattredes « grandes questions qui angois-sent les Français », parmi lesquellesl’Europe, le chômage, la sécurité,l’identité. Autant dire qu’il est prêt aubras de fer avec Alain Juppé.

L’échec du FNLe Front national, qui ne décrocheaucune région, n’a pas confirmé sapercée historique du premier tour. Ils’incline en duel dans le Nord et enPaca, ainsi qu’en triangulaire dans leGrand Est et en Bourgogne-France-Comté. La participation, qui a enre-gistré une hausse record entre lepremier et le deuxième tour, a jouéen faveur des candidats du « bloc ré-publicain ». Le FN se consolera enconstatant qu’il dispose désormaisd’« un nombre record d’élus » danstoutes les régions.

2004

2010

1998

Oue

st-F

ranc

e

59 %

Participation

1er tour 2nd tour

49,91 %

Corse

AuvergneRhône-Alpes

Normandie Ile-de-France

BourgogneFranche-Comté

Bretagne

CentreVal de Loire

AlsaceChampagne-Ardenne

Lorraine

Nord-Pas-de-Calais

Picardie

AquitaineLimousinPoitou-

Charentes

Paysde la Loire

Provence-Alpes-Côte-d’AzurLanguedoc-Roussillon

Midi-Pyrénées

Droite

Gauche

Régionaliste

La couleur politique des 13 nouvelles régions

En Nord-Picardie, Xavier Bertrand revient de loinLILLE (de notre envoyé spécial).- Ils soufflent. À leur visage, on voitqu’ils ont senti le vent du boulet. Etqu’ils reviennent de loin. Le triompheest modeste. Dans leur permanencedu boulevard Carnot, les jeunes par-tisans de Xavier Bertrand n’ont pas legoût à exploser de joie. La meilleurepreuve, c’est que les premières bou-teilles de champagne arrivent bienaprès les estimations de 20 h.

Xavier Bertrand obtient 57,77 %des voix. Marine Le Pen est scot-chée à 42,23 %. C’est franc et mas-sif. Dans l’entourage de l’ancien mi-nistre de Nicolas Sarkozy, personnen’a oublié son retard de 350 000 voixsur le Front national. Et la remontéeconsidérable qu’il a opérée au se-cond tour.

« La victoire des gensdu Nord et de Picardie »

Les Républicains et leurs alliés ducentre savent ce qu’ils doivent à lagauche, aux électeurs du socialistePierre Saintignon. Arrivé en troisièmeposition au soir du premier tour avec18,12 %, il a préféré se retirer. « Vrai-ment un beau rassemblement, se ré-jouit Guy-Noël Seillière, responsabledes jeunes Républicains de Lille. Enappelant à voter pour Xavier Ber-trand, Martine Aubry, la maire deLille, a gommé les états d’âme debien des électeurs de gauche quiont été sensibles au risque FN etqui ont joué le jeu. »

La sénatrice UDI Valérie Létard,candidate sur la liste Bertrand, estrayonnante. Elle évoque un « mo-ment historique » : « C’est la victoirede la République, plus que d’une fa-mille d’idées. Une victoire qui nousoblige. Droite et centre doivent êtredésormais capables de créer unegouvernance apaisée, pas sectaire.Et garder le lien avec les familles degauche qui ne seront pas représen-tées dans la nouvelle assemblée. »

À Saint-Quentin, la ville dont il estmaire, Xavier Bertrand a, dès 20 h, re-mercié les électeurs de gauche quisont venus à son aide contre le Frontnational. Sous les applaudissements.

Le discours est grave. Solennel. « Ici,les électeurs ont donné une leçonde courage et d’honneur aux partispolitiques. Ce n’est pas ma victoire,c’est la victoire des gens du Nord etde Picardie. L’histoire retiendra quec’est ici que nous avons stoppé laprogression du Front national. »

À Hénin-Beaumont, à une cen-taine de kilomètres du fief de XavierBertrand, Marine Le Pen encaisse lecoup et tente de balayer la stupeurde la salle au moment où s’affiche à20 h, sur les écrans, la nouvelle cartedes régions.

« Désormais, nous sommes laseule force d’opposition. Il n’y aplus de clivage droite-gauche maisun clivage entre mondialistes et pa-triotes. Ces élections marquent unemontée inexorable du Front natio-nal. Rien ne pourra nous arrêter. »

À ses côtés, Steeve Briois, le maired’Hénin-Beaumont, s’échauffe : « Lamalhonnêteté et le mensonge l’ontemporté. On a subi une campagnede haine. »

Malmenée, bousculée de scru-tin en scrutin depuis des années, lagauche aura montré que finalement,elle a de beaux restes dans ses fiefsnordistes. Et que son sens de la dis-cipline et ses réflexes républicainsfonctionnent encore. Une consola-tion pour ces électeurs sans repré-sentants dans la future assemblée.

Marc PENNEC.

Xavier Bertrand, Les Républicains.

AFP

Provence-Alpes-Côte d’AzurLes électeurs de gauche font gagner la droiteGrosse vague de soulagement à 20 hchez les centaines de militants réunisau siège de campagne de ChristianEstrosi, dans un hôtel du centre deNice.

Sur les écrans de télévision, lespremières estimations du vote enrégion Provence-Alpes-Côte d’Azurviennent de donner le candidat de ladroite large vainqueur. Avec 45,22 %des voix, son adversaire du Front na-tional, Marion Maréchal-Le Pen enre-gistre un échec d’une ampleur inat-tendue. Durant la semaine, les son-dages lui donnaient un léger retard.Le scrutin la place finalement loinderrière.

« Au fond du trou »

Comme partout en France, la fortemobilisation a joué au détrimenttrès net de l’extrême droite. Le 6 dé-cembre, 48 % des électeurs s’étaientabstenus. Hier, la participation étaitsupérieure de onze points. Le frontrépublicain a bien fonctionné. Les ca-lamiteux 16,5 % obtenus au premiertour par la liste du socialiste Chris-tophe Castaner, puis l’annonce du re-trait imposé par Paris, avaient plongéles militants dans un total désarroi.

Avec ses 40,5 % au premier tour,le FN leur semblait parti pour gagnersans coup férir. « On est au fonddu trou », nous avaient dit plusieurssympathisants socialistes, rencon-trés dans le département du Vau-cluse. Sonnés aussi, les écologistesavaient vu disparaître la possibilité defusionner avec leurs alliés du PS. Dèsle soir même, ils demandaient à leursélecteurs de contrer le FN en allantvoter « massivement » au secondtour, mais sans pouvoir se résoudreà prononcer le nom d’Estrosi.

Pour l’emporter, le maire de Nicedevait attirer deux électeurs degauche sur trois. S’agissant d’un can-didat situé à la droite de la droite, le

pari n’était pas gagné d’avance. Lerefus de laisser la Région tomberaux mains du FN a été le plus fort,comme en témoignent les 54,78 % fi-nalement obtenus par la liste Estrosi.

« Avec cette victoire, nous avonsdéjoué tous les pronostics […] C’estla victoire d’un grand peuple, quiune fois de plus a montré sa capa-cité de résistance », a clamé le nou-veau président de la région Paca, quisuccède au socialiste Michel Vau-zelle, au pouvoir depuis 1998. « Il ya des victoires qui font honte auxvainqueurs », a dénoncé dans la soi-rée Marion Maréchal-Le Pen. Selonelle, il n’existe « pas de plafond deverre au score du FN ».

Christian Estrosi devra diriger la ré-gion « autrement que la campagnequ’il a conduite », a demandé poursa part Christophe Castaner, le sa-crifié socialiste. Il a annoncé la créa-tion prochaine « d’un observatoirede la région Provence-Alpes-Côted’Azur, avec les forces vives, lesdifférents partis politiques, les fé-dérations socialistes » pour pallierl’absence totale d’élus de gauche àla Région.

Marc MAHUZIER.

Christian Estrosi, Les Républicains.

Reu

ters

Île-de-FranceValérie Pécresse reprend la région dix-sept ans aprèsGrand sourire. Un peu après 21 h 30,Valérie Pécresse quitte son QG decampagne, dans le VIIIe arrondisse-ment. Trois estimations la donnentgagnante. À sa seconde tentative,elle sait maintenant qu’elle a gagné.Elle obtient au total 43,8 % des voixcontre 42,18 % à Claude Bartolone(PS) et 14,02 % à Wallerand de Saint-Just (FN). Avec une participation enhausse de près de dix points en unesemaine : 54,46 contre 45,90 %.L’union de la droite aura 121 sièges,contre 66 à la gauche et 22 au Frontnational.

Dix-sept ans après le RPR MichelGiraud, l’ancienne ministre de Nico-las Sarkozy et proche de FrançoisFillon, ramène la région Île-de-Franceà la droite. Au terme d’une campagnetrès dure, particulièrement entre lesdeux tours. Le camp socialiste accu-sant Valérie Pécresse de « faire desœillades » aux électeurs du FN.

« Une présidente libre »

La nouvelle présidente l’a évoqué trèsdirectement : « J’ai bien conscienced’avoir rassemblé des voix venuesde tous les horizons », lance-t-elle.Elle a considérablement progresséentre les tours, gagnant 13 %.

Sa victoire associe le vote utilede certains électeurs du FN. Celui-ci a perdu 4 points d’un dimancheà l’autre. Elle bénéficie de l’apportde 30 % des voix écologistes, se-lon certaines études. Par contre, lesenquêtes semblent montrer qu’ellen’aurait pas capté les 6,5 % du sou-verainiste Nicolas Dupont-Aignan.Un tiers de ces derniers choisissantmême de se reporter sur le FN.

Et Valérie Pécresse d’ajouter qu’elleserait « une présidente libre »,qu’elle ne sera « ni la femme d’uncamp, ni la femme d’un parti, ni lafemme d’un lobby ». « La sécuritéet l’emploi seront mes priorités im-

médiates », a-t-elle ajouté, précisantqu’elle abandonnera son mandat dedéputée Les Républicains des Yve-lines, pour se consacrer à la région.

Peu après, Claude Bartolone te-nait à « saluer » ses « partenaires »de l’union qu’il était parvenu à réali-ser avec EELV, le Front de gauche,le PCF… Il a d’ailleurs cité nommé-ment Emmanuelle Cosse pour lesécologistes et Pierre Laurent pourle PCF. « Merci d’avoir su dépassernos différences », leur a-t-il décla-ré. Cette union lui a permis de pas-ser de 25,19 % à 41,9 %, un peu au-dessus des 40 % que représentait letotal des voix de gauche, dimanchedernier.

Philippe SIMON.

Présidence de l’Assemblée natio-nale. Claude Bartolone, comme il s’yétait « engagé au début de la cam-pagne », remettra son « mandat deprésident de l’Assemblée nationaleà la disposition de Bruno Le Roux,président du groupe socialiste. Ildéterminera si les députés socia-listes, dont ma légitimité est issue,souhaitent ou non que je pour-suive la responsabilité qu’ils m’ontconfiée ».

Valérie Pécresse, Les Républicains.

AFP

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Lundi 14 décembre 2015Ouest-France4

Ils ont dit

Jean-Christophe Cambadélis :« Pas la déroute annoncée »Jean-Christophe Cambadélis, le se-crétaire du Parti socialiste, s’est mon-tré heureux du score de la gauche,meilleur qu’imaginé : « Sursaut ci-vique ! Échec du FN ! La gauchen’aura pas la déroute annoncée. Ladroite ne fera pas le grand chelem.L’union de la gauche a fonctionné. »

Jean-Marie Le Guen salue« le sursaut républicain »Le secrétaire d’État socialiste auxRelations avec le Parlement salue« le sursaut républicain. Les Fran-çais sont venus voter massivement.Ils se sont mobilisés, notamment la

gauche – et le Premier ministre n’yest pas pour rien – pour faire barrageau Front national, non pas dans deuxmais au moins dans trois Régions. »

François Bayrou : « Il faut qu’onfasse quelque chose »« Tout le monde sent bien qu’il s’estpassé quelque chose et que cequelque chose est grave. C’est main-tenant qu’il faut qu’on agisse », es-time François Bayrou, président duMoDem, saluant le « sursaut » desélecteurs signe « d’une très grandeexigence ».

François Fillon : « Ce sursaut estun réconfort »L’ancien Premier ministre Les Ré-publicains a noté que « les Françaisse sont mobilisés à droite comme àgauche pour refuser que l’extrêmedroite ne dirige une région française.Ce sursaut est un réconfort, mais iln’efface pas le 6 décembre qui restele véritable baromètre de l’état dupays. La colère s’étendra tant qu’onne proposera pas aux Français unprojet puissant et crédible. »

Bruno Le Maire : « 2016 doit êtrel’année du renouveau »Pour le candidat à la primaire desRépublicains, « 2016 doit être, pourla droite, l’année du renouveau. Lemessage du premier tour était bru-tal. Les Français attendent une autrepolitique, des comportements nou-veaux, des décisions nouvelles,des solutions nouvelles à leurs pro-blèmes et des visages nouveaux, ycompris à droite. »

Nathalie Kosciusko-Morizets’en prend au « ni-ni »D’une seule phrase, la n° 2 des Ré-publicains critique ouvertement lechoix de son chef de parti, Nicolas

Sarkozy : « Si les électeurs avaientappliqué le ni-ni, nos candidats dansle Nord-Pas-de-Calais et en régionPaca auraient été battus. C’est uneévidence et je suis heureuse que lesélecteurs n’aient pas appliqué le ni-ni. »

Alain Juppé : « Un bon signepour notre démocratie »Le candidat à la primaire de la droitepour la présidentielle de 2017 a af-firmé que l’échec du Front nationalétait « un signe de bonne santé denotre démocratie ». L’ancien Premierministre (Les Républicains) a appelé« à changer radicalement de cap »,exigeant une autre politique écono-mique, fiscale, pénale, de sécurité,d’immigration et de la santé.

Jean-Luc Mélenchon veutun « véritable front populaire »Le porte-voix du Front de gauche aappelé à la constitution d’« un véri-table front populaire qu’il faudrait êtrecapable de faire naître. Les électeursdoivent prendre leur part à l’autrebataille démocratique qui s’avance

avec la présidentielle. » Jean-Luc Mé-lenchon s’est toutefois montré « sansillusion » en attaquant le gouverne-ment d’Hollande bille en tête : « LaCOP21 comme cette élection ontmontré à quel niveau d’irresponsabi-lité les élites politiques peuvent par-fois croupir. »

EELV appelle les élus à « ne pasoublier qui les a fait gagner »Emmanuelle Cosse, la secrétaire na-tionale d’Europe Écologie-Les Verts(EELV) adresse un message auxélus : « Les futurs présidents de Ré-gion ne devront pas oublier qui leura permis de remporter ces régionsdans un moment où il y avait une ur-gence que l’ensemble des Françaisse saisisse de la bataille contre leFront national. »

Clémentine Autain : une gauche« laminée, atomisée »La candidate Front de gauche surla liste de Claude Bartolone (PS),défaite en Ile-de-France, a condam-né, hier, une gauche « laminée,atomisée. Il y a une responsabilité

gouvernementale puisque, il y a troisans, des millions d’électeurs ont por-té François Hollande au pouvoir. »

Pierre Laurent : « Il y a un paysangoissé »« Ce n’est pas seulement à une in-

flexion, mais un vrai changement decap auquel il faut se livrer. Derrièretous ces résultats, il y a un pays an-goissé par le chômage et la préca-rité. […] C’est à cela qu’il faut s’atta-quer et on n’y arrivera pas avec lapolitique telle qu’elle est conduite au-jourd’hui. »

Gilbert Collard (FN) : « Unedéfaite électorale mathématique »« C’est une défaite électorale ma-thématique, on ne peut pas la dis-cuter, mais si on analyse, c’est unedéfaite qui prend des allures de vic-toire », a déclaré le député du Gard,au siège de campagne du candidatfrontiste Louis Aliot dans la régionLanguedoc-Roussillon - Midi-Pyré-nées, à Toulouse. « Aujourd’hui, ona commencé à gagner la présiden-tielle. »

Reu

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Reu

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Centre-Val de LoireLa gauche s’en sort de justesseLa gauche, qui gérait l’ex-RégionCentre, s’en sort bien. Hier soir, lessocialistes sont arrivés en tête de latriangulaire dans la nouvelle régionCentre-Val de Loire, alors que la listePS-PRG était arrivée en 3e position àl’issue du 1er tour. Le PS et ses alliés(PRG, EELV-Nouvelle Donne et Frontde gauche), emmenés par FrançoisBonneau, le président sortant, ob-tiennent, grâce à un très bon reportdes voix, 35,42 % des suffrages. Leuravance est très courte sur Philippe Vi-gier, le candidat LR-UDI-MoDem, quirassemble 34,58 % des voix.

La liste FN, menée par PhilippeLoiseau et qui avait viré en tête aupremier tour (avec 31,2 % des suf-frages), arrive en dernière position

avec 30 % des suffrages. « Mais cen’est pas fini. En 2017, nous auronsdes députés dans les zones ru-rales, dans cette région », a pronos-tiqué Philippe Loiseau.

François Bonneau (PS).

AFP

Aquitaine-Limousin-Poitou-CharentesAlain Rousset (PS) à la tête de la plus grande régionAlain Rousset, à la tête de la régionAquitaine depuis 1998, a été élu pré-sident de l’Aquitaine-Limousin-Poi-tou-Charentes. Son avance sur Vir-ginie Calmels, sa rivale de droite etdu centre, est nette : 44,27 % contre34,06 %. Le PS obtiendra 107 siègesdans la nouvelle assemblée régio-nale, contre 47 pour la droite.

En troisième position, le Front natio-nal et sa tête de liste Jacques Colom-bier totalisent 21,67 %, qui assurerontau FN entre 29 conseillers régionaux.

Au terme d’une campagne rude,marquée par de vifs échanges avecla première adjointe d’Alain Juppé àBordeaux, pugnace et critique sur lebilan du président sortant de l’Aqui-taine, Alain Rousset aura fait le plein

des voix de gauche, avec sa fusionavec la liste EELV. Il aura aussi profi-té davantage que sa rivale d’une par-ticipation en hausse (57,7 % contre51 % au premier tour).

Alain Rousset (PS).

AFP

Alsace - Champagne-Ardenne - LorraineLe front républicain fait gagner Philippe RichertC’était une triangulaire à hauts ris-ques. Le maintien de Jean-PierreMasseret, le candidat de la gauche lâ-ché par le PS, n’allait-il pas faire tom-ber la région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine dans l’escarcelledu Front national ? Après l’alerte dupremier tour, la mobilisation du frontrépublicain a permis la victoire de laliste de droite. Au terme d’un matchtendu avec la liste FN, Philippe Ri-chert l’emporte avec 48,4 % des suf-frages.

Autant dire que le soulagementétait général à son QG de campagnestrasbourgeois. Un renversement detendance salué par une explosion dejoie, empreinte d’une certaine gra-vité. « C’est une victoire arrachéeavec des fourchettes à escargots,mais une victoire du sursaut citoyenfort, notamment en Alsace », lâchaitun militant.

« C’est la participation qui va noussauver… », avait lancé un de ses aco-lytes un peu plus tôt. Il ne croyait passi bien dire. Le taux de participation aatteint 58 % ce dimanche. Dix pointsde plus que le 6 décembre, lorsqueFlorian Philippot avait viré en tête endevançant la droite… de dix points, etla gauche de vingt.

Hier soir, Philippe Richert, l’ancienministre du gouvernement Fillon,

savourait sa victoire en sachant cequ’il doit à la gauche. À son arrivéeà son QG, vers 20 h 50, il a remerciéles électeurs et les abstentionnistesde droite du premier tour, mais sur-tout les écologistes et les ténors duPS qui lui avaient clairement appor-té leur soutien pour faire barrage auFront national.

« Ces résultats, inattendus dansleur ampleur, sont porteurs d’uneimmense espérance. Cela nousengage et nous oblige, lâchait, vule contexte, le futur patron du grandEst. Les attentats du 13 novembreont ébranlé nos cœurs. Les résul-tats du 1er tour ont ébranlé les fon-dations de la politique française. Ilfaut reprendre les fondamentaux.C’est un appel à faire de la politiquedifféremment. »

Florian Philippot restait une vraiemenace. La preuve : avec ses36,08 %, le bras droit de Marine LePen confirme son ancrage dans larégion en réalisant un score quasiidentique à celui du premier tour oùil avait créé la surprise. Sans réservede voix, il ne pouvait espérer mieux.« C’est quand même une lame defond patriote. Nous sommes battusmais pas abattus », réagissait l’inté-ressé, à Metz, face à ses militants.

Jean-Pierre Masseret,entêtement payant

Quant à Jean-Pierre Masseret, ses15,51 % (avec l’aide notamment duFront de gauche) lui assurent une re-présentation « rose » dans la nouvelleassemblée. Les faits montrent queson entêtement lui a donné raison. Iljubilait hier soir, non sans régler descomptes. « Les citoyens ont parlé,pas les appareils. Nous n’allons pasen rester là… »

À Strasbourg, alors que Philippe Ri-chert se frayait un chemin sous lesbravos, un militant déguisé en pèreNoël faisait son show. « Ce soir, c’estla fête, fanfaronnait-il. Ce cadeau,c’est Noël avant l’heure. »

Pierre CAVRET(envoyé spécial à Strasbourg).

Philippe Richert (LR).

Reu

ters

BourgogneLa victoire de la ténacité pour la candidate PSDans la région Bourgogne-Franche-Comté, la victoire possible du Frontnational, dont la candidate était ar-rivée largement en tête dimanchedernier (avec 31,48 %), ne s’est pasconcrétisée.

Hier soir, Sophie Montel est arrivéeen troisième position avec 32,44 %.Un résultat qui illustre la stabilité duvote FN mais aussi son incapacité àtrouver des voix dans un encore hy-pothétique « réservoir ».

La candidate du FN a été asseznettement devancée par celle duPS, la sortante Marie-Guite Dufay. Laliste de gauche s’est imposée avec34,68 % des voix face à FrançoisSauvadet, chef de file UDI-LR, créditéde 32,89 % des suffrages.

Marie-Guite Dufay, tenace, et dé-terminée, car elle a refusé les appelsau retrait venant de droite commede gauche, a donc gagné son pariet prouvé que sa liste pouvait bien« faire rempart au FN ».

Marie-Guite Dufay (PS).

AFP

CorseUne victoire historique des nationalistesC’était la seule quadrangulaire de cesecond tour. Le nationaliste et mairede Bastia, Gilles Simeoni prendra,jeudi, la présidence du conseil exé-cutif de la Collectivité territoriale. Saliste, qui avait fusionné avec celle del’indépendantiste Jean-Guy Talamo-ni, emporte 35,34 % des suffrages.Avocat de profession, promoteur dela cause corse, Gilles Simeoni avaitdéfendu Yvan Colonna, condamné àperpétuité pour l’assassinat du pré-fet Claude Erignac. La liste Diversgauche du président sortant, PaulGiacobbi, remporte 28,49 % des suf-frages. Sa fusion avec le Front degauche n’a pas suffi. La gauche esttalonnée par la liste de droite de l’an-cien ministre José Rossi (27,07 %),

qui avait fusionné avec le député LesRépublicains de Corse du Sud, Ca-mille de Rocca Serra. Le score duFN, qui était le plus faible du paysau premier tour, s’est encore réduit(9,09 % contre 10,58 %).

Gilles Simeoni, candidat nationaliste.

AFP

Languedoc-Roussillon-Midi-PyrénéesFavorite, la socialiste Carole Delga l’emporteElle était favorite. La voilà victorieuse.La liste de Carole Delga l’a emportéhaut la main (44,76 % des voix, sur99 % des bulletins dépouillés) dansce territoire traditionnellement ancréà gauche.

Arrivée 2e au premier tour (24,41 %),elle a bénéficié d’un bon report desvoix EELV-Front de gauche de la listeGérard Onesta, avec laquelle elleavait fusionné. Et celles du dissidentsocialiste Philippe Saurel.

Militante PS depuis 2004, issued’un milieu « très modeste », la Tou-lousaine Carole Delga, 44 ans, était,jusqu’en juin, secrétaire d’État aucommerce.

La liste du vice-président du Frontnational, Louis Aliot, bien qu’arrivée

en tête au premier tour (31,83 %),n’avait pas de réserves pour s’im-poser. Il obtient 33,93 % des voix.Quant au candidat LR-UDI-MoDemDominique Reynié, il reste loin der-rière, avec entre 21,3 % des voix.

Carole Delga (PS).

Reu

ters

Auvergne-Rhône-AlpesLaurent Wauquiez prive Jean-Jack Queyranne d’un troisième mandatAncien ministre de Lionel Jospin,le socialiste Jean-Jack Queyranne,70 ans, ne fera pas de troisième man-dat à la tête de sa région. Il présidaitl’assemblée de Rhône-Alpes depuis2004. Le candidat de la droite et ducentre, Laurent Wauquiez, est arrivéhier en tête, confirmant son avancedu premier tour.

Le maire du Puy-en-Velay, numé-ro trois des Républicains, emportela deuxième région française avec40,61 % des suffrages. Jean-JackQueyranne et sa liste d’union de lagauche plafonnent à 36,84 %. Lecandidat du Front national, Chris-tophe Boudot, deuxième au premiertour, totalise 22,55 % des voix.

Pourtant, la victoire de Wauquiezne semblait pas acquise, au soir du6 décembre. Les réserves de voixdu candidat de l’union des Républi-cains, de l’UDI et du MoDem, en têteavec 31,73 % des suffrages, apparais-saient faibles. En face, Jean-JacquesQueyranne (23,93 % au premier tour)a réussi à rallier le Parti communisteet le rassemblement EELV-PG (res-pectivement 5,39 % et 6,90 %). Leprésident sortant a même lancé unappel aux électeurs centristes, assu-rant : « Ils peuvent nous retrouversur l’essentiel. »

À trois jours du second tour, un

sondage donnait Queyranne et Wau-quiez à un point d’écart. Le ton estmonté. Le socialiste accusait Wau-quiez de faire écho au Front natio-nal. Un élu FN de Clermont-Ferranda, d’ailleurs, appelé à voter pour lui.Laurent Wauquiez a, lui, raillé les« petites combines » du ralliementde l’entre-deux tours entre socia-listes, communistes et écologistes.

L’homme pressé de la droite

Le candidat Front national, qui dé-passait les 25 % de voix au premiertour, a marqué le pas. Mais peut setarguer d’une progression considé-rable par rapport à l’élection de 2010où Bruno Gollnisch n’avait recueillique 12,78 % des suffrages.

À 40 ans, le premier président dela nouvelle région Auvergne-Rhône-

Alpes (7,7 millions d’habitants) af-fiche déjà de longs états de services.Énarque, agrégé d’histoire, député à29 ans, membre du gouvernement à32, l’homme pressé de la droite, néà Lyon et père de deux enfants, fran-chit une nouvelle étape.

Entré en politique sous l’aile deJacques Barrot, figure tutélaire de ladémocratie chrétienne, Laurent Wau-quiez s’est, depuis, rapproché de lafrange la plus droitière de la droite.C’est lui qui, au lendemain des atten-tats, réclamait le placement en « cen-tres d’internement » des milliers depersonnes fichées « S » par la police.C’est lui aussi qu’on a vu dans uneréunion contre le mariage pour tous,aux côtés du candidat FN.

« Nos convictions, ce sont le tra-vail plutôt que l’assistanat, pasd’augmentation d’impôts, le retourde l’exemplarité des élus et une Ré-publique ferme face aux commu-nautarismes », a-t-il déclaré hier soir,promettant de faire de sa région « lemodèle d’une France qui retrouveses repères ».« Nous devons nous préparer ànous opposer à tous les reculs so-ciaux ou culturels que la droite ex-trême tentera de nous imposer »,a lancé, de son côté, Jean-JacquesQueyranne, entré dans l’opposition.

Laurent Wauquiez (LR).

AFP

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RÉGIONALES 2015

Partis élus

et scores au 2nd tour

Parti socialiste - DVG

Les Républicains

Liste nationaliste

Front national

CORSE

Résultats définitifs

Résultats définitifs

Résultats définitifs

Résultats définitifs

Résultats définitifsRésultats définitifs

Résultats définitifs

Estimations*

Estimations*

Résultats définitifs

Estimations*

Estimations*

Estimations*

Les résultatsdu second tour

5 régionsà gauche

7 régionsà droite

Pays-de-la-Loire

Bruno RetailleauLR 42,7 %

Bretagne

Jean-Yves Le DrianPS

51,4 %

rr

Normandie

Hervé MorinUDI 36,4 %

Nord-Pas-de-Calais-Picardie

Xavier BertrandLR

57,7 %

RRésu

Aquitaine-LimousinPoitou-Charentes

Alain RoussetPS 44,3 %

Alsace - ChampagneArdenne - Lorraine

Philippe RichertLR 48,4 %

Languedoc-RoussillonMidi-Pyrénées

Carole Delga PS 44,6 %

Provence-Alpes-Côte d'Azur

Christian EstrosiLR

54,8 %

CC

Corse

Gilles SimeoniListenationaliste 35,3 %

BourgogneFranche-Comté

Marie-Guite DufayPS 34,7 %

Auvergne Rhône-Alpes

Laurent WauquiezLR

40,5 %

*

Île-de-France

Valérie PécresseLR

43,6 %

EEssti

Centre-Val-de-Loire

François Bonneau PS 35,5 %

*Source : Ipsos-Sopra Steria (pour France

Télévisions, Radio France, LCP-Public

Sénat)

Le Télégramme

3 femmesprésidentes

sur 13régions

51,4 %

29,7 %

18,9 %

35,5 % 34,3 % 30,2 %

41,9 % 43,6 % 14,5 %

44,3 %

34,1 %

21,6 %

44,6 %

21,6 %

33,8 %

54,8 %45,2 %

36,8 % 40,5 %

22,7 %

28,5 % 27,1 %

35,3 %

9,1 %

34,7 % 32,9 % 32,4 %

57,7 %

42,3 %

37,6 %42,7 %

19,8 %

36,1 % 36,4 %27,5 %

15,5 %

48,4 %

36,1 %

Partien têteau 1er tour

CORSE

PS - DVG

UMP

BRETAGNE

CORSE

CENTRE

POITOU-CHARENTES

AUVERGNERHÔNE-ALPES

PACA

LANGUEDOC-ROUSSILLON

AQUITAINE

BOURGOGNE FRANCHE-

COMTÉ

I.D.F

HAUTE- NORMANDIE PICARDIE

NORD-PAS-DE-CALAIS

PAYS-DE-LA-LOIRE

LIMOUSIN

MIDI-PYRÉNÉES

LORRAINECHAMPAGNE-ARDENNE

BASSE- NORMANDIE

ALSACE

Anciendécoupagerégional

Régionales2010

Participationaux élections régionales LR

PS

FN

65,7 %

50,5 % 50 %58,2 %

1er tour 2nd tour

2nd tour2nd tour

2004 20102015

Résultats du 2nd tour

28,4 %

31,9 %

39,7 %LR

PS

FN

Estimations à 20 h 20Opinionway/B2S pour BFM TV

5 Lundi 14 décembre 2015 Le Télégramme

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Normandie. La droite l’emporte in extremisLe centriste Hervé Morin a fait basculer la Normandie au terme d’une batailletrès disputée avec le socialiste Nicolas Mayer-Rossignol.

Hervé Morin sera le premier prési-dent de la Normandie réunifiée. À latête d’une liste d’union de la droiteet du centre, il a gagné la région laplus disputée de France au termed’un suspense incroyable. Moins de5 000 voix le séparent du socialisteNicolas Mayer-Rossignol, c’est moinsd’un demi-point ! « Je suis partid’Épaignes [sa commune de l’Eure]en ayant perdu. Ce n’était pas uneélection gagnée d’avance. Elle s’estjouée à très peu de chose », savourele futur président de région.Déjouant les derniers pronostics,

l’ancien ministre de la Défense, qui nedisposait pas de réserve de voix évi-dente après le premier tour, a incroya-blement remobilisé son électorat enune semaine. Car c’est bien dans lecamp des abstentionnistes (50 % aupremier tour) qu’il est allé chercherses 176 000 voix supplémentaires.

Sursaut républicain

Il est l’heureux bénéficiaire du sur-saut républicain constaté, hier, enNormandie : à plus de 59 %, la parti-cipation a fait un bond de neuf pointspar rapport au premier tour. HervéMorin gagne des voix partout et sorten tête dans l’Eure, l’Orne – où ilétait arrivé derrière le FN, il y a unesemaine – la Manche et le Calvados.

La victoire de Nicolas Mayer-Ros-signol en Seine-Maritime, le départe-ment le plus peuplé de la Normandie(37 % de l’électorat) ne permet pasau président sortant de Haute-Nor-mandie de conserver son siège.Il fait pourtant le plein de voix, après

l’accord négocié avec Yanic Soubien(EELV) et Sébastien Jumel (Front degauche), en améliorant son score de221 716 voix. Insuffisant pour rattra-per son retard. « Il nous a manquéà peine une voix par commune. Lescore très fort du FN nous montreque nous devons changer notre fa-çon de faire de la politique », ana-lyse Nicolas Mayer-Rossignol.Le FN gagne aussi 57 000 voix par

rapport au premier tour et comptera21 élus au sein de la nouvelle assem-blée régionale. Inédit.« Nous avions des réserves sup-

plémentaires, constate Nicolas Bay.Nous sommes la seule véritable op-position. Dès le 4 janvier, nous nous

installerons comme un groupetrès puissant au conseil régional,où nous avons vocation à termeà devenir majoritaire. C’est notreobjectif. »La gauche était aux manettes de la

Haute-Normandie depuis 1998, de laBasse-Normandie depuis 2004. Ladroite, après avoir remporté les cinqdépartements aux départementalesde mars, réussit le grand chelem enfaisant basculer toute la Normandie.Au finish.

Stéphanie SÉJOURNÉ-DUROY.

C’est finalement la liste d’Hervé Morin qui s’impose.

Jean

Yves

Desfoux

Pays de la Loire. Victoire des RépublicainsBruno Retailleau redonne la région à la droite avec 42,70 % des voixcontre 37,56 % à son adversaire socialiste.

La droite avait une envie de re-vanche, de reprendre cette région ra-vie par la gauche et Jacques Auxietteen 2004. Et c’est un autre Vendéen,non de la ville mais du bocage, quil’a fait. Bruno Retailleau, donné fa-vori depuis le début de la campagneet dans tous les sondages, a rafléla mise. Non sur le fil, mais avec unscore sans équivoque qui laisse sonadversaire socialiste Christophe Cler-geau à cinq points.« Depuis le début, on sentait que

la dynamique pouvait créer l’arith-métique », a souligné François Pinte,le directeur de campagne du candi-dat de la droite et du centre. « C’estune défaite claire, qui s’inscrit dansunmouvement national », a reconnupour sa part Christophe Clergeau.

Forte mobilisation

Alors que seulement un électeur surdeux était allé aux urnes le week-enddernier, la mobilisation a été plusforte hier, puisqu’on enregistre uneparticipation d’un peu plus de 57 %,également supérieure à celle des ré-gionales de 2010 (51,78 %).Comme au 1er tour, la liste emme-

née par Bruno Retailleau est arrivéeen tête dans trois départements,la Vendée, le Maine-et-Loire et laMayenne. Elle y augmente son score

de plus de sept points. Dans la com-mune natale du sénateur, à Saint-Malo-du-Bois, c’est même un vraiplébiscite puisqu’il y réunit 78 % desvoix. Les appels du pied aux élec-teurs de Debout la France et aux abs-tentionnistes ont porté leurs fruits.Plus, sans doute, que ceux lancés endirection du Front national. En effet,la liste emmenée par Pascal Gannata baissé d’1,5 point son pourcen-tage mais a augmenté son nombrede voix. Le FN termine en 3e positionpartout.À gauche, les reports des voix des

listes écologistes et communistes du1er tour paraissent satisfaisants, maisla liste PS-EELV fusionnée n’a qua-siment pas élargi son assise, mêmesi elle dépasse les 45 % en Loire-Atlantique, son meilleur résultat.Quel rôle a joué l’accord PS-EELVsur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ? Difficile à ce stade de tirerdes conclusions.

La gauche pourra toujours se satis-faire de sa bonne résistance dans lesgrandes villes de la région : c’est lecas au Mans où elle totalise plus de47 % des suffrages ; à Saint-Nazaire,elle réalise 56 % et à Nantes plus de57 %. Avec une pointe à Rezé de61 %. Le socialiste arrive aussi entête dans plusieurs villes reprises parla droite aux municipales de 2014, àAngers et même à La Roche-sur-Yonoù la gauche devance la droite de dixpoints.

Édith GESLIN.

Bruno Retailleau et les Républicains emportent la région Pays de la Loire.

MarcRog

er

Lundi 14 décembre 2015Ouest-France 5

Les résultats dans l’Ouest

Maine-et-Loire

Vendée

Loire-Atlantique

MayenneSarthe

O.-F.

Pays de la Loire

Nantes

Manche

Calvados

Orne

Seine-Maritime

Eure

O.-F.

Normandie

Rouen

Saint-Brieuc%Inscrits: 30411

Abstentions: 14498 47,67Votants: 15913 52,33Blancs: 540 3,39Nuls: 364 2,29Exprimés: 15009 94,32

J.-Y. Le Drian (PS) 8517 56,75M. Le Fur (LR-UDI) 4126 27,49G. Pennelle (FN) 2366 15,76

Lannion%Inscrits: 13826

Abstentions: 6060 43,83Votants: 7766 56,17Blancs: 332 4,28Nuls: 218 2,81Exprimés: 7216 92,92

J.-Y. Le Drian (PS) 4479 62,07M. Le Fur (LR-UDI) 1682 23,31G. Pennelle (FN) 1055 14,62

Côtes-d’ArmorInscrits: 453991 %Abstentions: 179820 39,61Votants: 274171 60,39Blancs: 8020 2,93Nuls: 7239 2,64Exprimés: 258912 94,43

J.-Y. Le Drian (PS) 129098 49,86M. Le Fur (LR-UDI) 83136 32,11G. Pennelle (FN) 46678 18,03

FinistèreInscrits: 685526 %Abstentions: 300937 43,90Votants: 384589 56,10Blancs: 13749 3,57Nuls: 7148 1,86Exprimés: 363692 94,57

J.-Y. Le Drian (PS) 193978 53,34M. Le Fur (LR-UDI) 106057 29,16G. Pennelle (FN) 63657 17,50

Brest%Inscrits: 85322

Abstentions: 43696 51,21Votants: 41626 48,79Blancs: 2563 6,16Nuls: 0 0,00Exprimés: 39063 93,84

J.-Y. Le Drian (PS) 22603 57,86M. Le Fur (LR-UDI) 9616 24,62G. Pennelle (FN) 6844 17,52

Quimper%Inscrits: 43262

Abstentions: 19041 44,01Votants: 24221 55,99Blancs: 847 3,50Nuls: 426 1,76Exprimés: 22948 94,74

J.-Y. Le Drian (PS) 13344 58,15M. Le Fur (LR-UDI) 6520 28,41G. Pennelle (FN) 3084 13,44

Ille-et-VilaineInscrits: 713591 %Abstentions: 319054 44,71Votants: 394537 55,29Blancs: 12095 3,07Nuls: 8732 2,21Exprimés: 373710 94,72

J.-Y. Le Drian (PS) 195069 52,20M. Le Fur (LR-UDI) 108853 29,13G. Pennelle (FN) 69788 18,67

Rennes%Inscrits: 115062

Abstentions: 57205 49,72Votants: 57857 50,28Blancs: 2417 4,18Nuls: 1171 2,02Exprimés: 54269 93,80

J.-Y. Le Drian (PS) 34233 63,08M. Le Fur (LR-UDI) 14009 25,81G. Pennelle (FN) 6027 11,11

Saint-Malo%Inscrits: 36711

Abstentions: 16836 45,86Votants: 19875 54,14Blancs: 493 2,48Nuls: 398 2,00Exprimés: 18984 95,52

J.-Y. Le Drian (PS) 9485 49,96M. Le Fur (LR-UDI) 6190 32,61G. Pennelle (FN) 3309 17,43

Vannes%Inscrits: 35475

Abstentions: 15664 44,16Votants: 19811 55,84Blancs: 499 2,52Nuls: 288 1,45Exprimés: 19024 96,03

J.-Y. Le Drian (PS) 8788 46,19M. Le Fur (LR-UDI) 7458 39,20G. Pennelle (FN) 2778 14,60

MorbihanInscrits: 568578 %Abstentions: 244429 42,99Votants: 324149 57,01Blancs: 9363 2,89Nuls: 6333 1,95Exprimés: 308453 95,16

J.-Y. Le Drian (PS) 152609 49,48M. Le Fur (LR-UDI) 89790 29,11G. Pennelle (FN) 66054 21,41

Lorient%Inscrits: 37715

Abstentions: 18230 48,34Votants: 19485 51,66Blancs: 625 3,21Nuls: 452 2,32Exprimés: 18408 94,47

J.-Y. Le Drian (PS) 10877 59,09M. Le Fur (LR-UDI) 4010 21,78G. Pennelle (FN) 3521 19,13

CalvadosInscrits: 493709 %Abstentions: 195863 39,67Votants: 297846 60,33Blancs: 5312 1,78Nuls: 5134 1,72Exprimés: 287400 96,49

H. Morin (LR-UDI-Mod) 113441 39,47N. Mayer-Rossignol (UG) 105511 36,71N. Bay (FN) 68448 23,82

EureInscrits: 424562 %Abstentions: 173952 40,97Votants: 250610 59,03Blancs: 4496 1,79Nuls: 3351 1,34Exprimés: 242763 96,87

H. Morin (LR-UDI-Mod) 88137 36,31N. Bay (FN) 80923 33,33N. Mayer-Rossignol (UG) 73703 30,36

Caen%Inscrits: 58299

Abstentions: 24676 42,33Votants: 33623 57,67Blancs: 519 1,54Nuls: 353 1,05Exprimés: 32751 97,41

N. Mayer-Rossignol (UG) 15228 46,50H. Morin (LR-UDI-Mod) 13275 40,53N. Bay (FN) 4248 12,97

Lisieux%Inscrits: 13694

Abstentions: 6448 47,09Votants: 7246 52,91Blancs: 153 2,11Nuls: 138 1,90Exprimés: 6955 95,98

H. Morin (LR-UDI-Mod) 2802 40,29N. Mayer-Rossignol (UG) 2277 32,74N. Bay (FN) 1876 26,97

Évreux%Inscrits: 25996

Abstentions: 11832 45,51Votants: 14164 54,49Blancs: 240 1,69Nuls: 161 1,14Exprimés: 13763 97,17

N. Mayer-Rossignol (UG) 5374 39,05H. Morin (LR-UDI-Mod) 5253 38,17N. Bay (FN) 3136 22,79

MancheInscrits: 377652 %Abstentions: 156170 41,35Votants: 221482 58,65Blancs: 4224 1,91Nuls: 5089 2,30Exprimés: 212169 95,80

H. Morin (LR-UDI-Mod) 83759 39,48N. Mayer-Rossignol (UG) 77078 36,33N. Bay (FN) 51332 24,19

Saint-Lô%Inscrits: 13620

Abstentions: 6216 45,64Votants: 7404 54,36Blancs: 126 1,70Nuls: 128 1,73Exprimés: 7150 96,57

N. Mayer-Rossignol (UG) 3207 44,85H. Morin (LR-UDI-Mod) 2682 37,51N. Bay (FN) 1261 17,64

OrneInscrits: 210223 %Abstentions: 82464 39,23Votants: 127759 60,77Blancs: 2707 2,12Nuls: 2691 2,11Exprimés: 122361 95,77

H. Morin (LR-UDI-Mod) 45528 37,21N. Mayer-Rossignol (UG) 40666 33,23N. Bay (FN) 36167 29,56

Alençon%Inscrits: 16069

Abstentions: 7582 47,18Votants: 8487 52,82Blancs: 172 2,03Nuls: 162 1,91Exprimés: 8153 96,06

N. Mayer-Rossignol (UG) 3616 44,35H. Morin (LR-UDI-Mod) 2773 34,01N. Bay (FN) 1764 21,64

Seine-MaritimeInscrits: 884257 %Abstentions: 369745 41,81Votants: 514512 58,19Blancs: 11926 2,32Nuls: 6760 1,31Exprimés: 495826 96,37

N. Mayer-Rossignol (UG) 193881 39,10H. Morin (LR-UDI-Mod) 164726 33,22N. Bay (FN) 137219 27,67

Rouen%Inscrits: 56675

Abstentions: 24634 43,47Votants: 32041 56,53Blancs: 666 2,08Nuls: 340 1,06Exprimés: 31035 96,86

N. Mayer-Rossignol (UG) 15393 49,60H. Morin (LR-UDI-Mod) 10870 35,02N. Bay (FN) 4772 15,38

Le Havre%Inscrits: 113072

Abstentions: 60430 53,44Votants: 52642 46,56Blancs: 2292 4,35Nuls: 0 0,00Exprimés: 50350 95,65

N. Mayer-Rossignol (UG) 20173 40,07H. Morin (LR-UDI-Mod) 18157 36,06N. Bay (FN) 12020 23,87

Loire-AtlantiqueInscrits: 967372 %Abstentions: 409547 42,34Votants: 557825 57,66Blancs: 14622 2,62Nuls: 9424 1,69Exprimés: 533779 95,69

C. Clergeau (UG) 241422 45,23B. Retailleau (LR-UDI) 209015 39,16P. Gannat (FN) 83342 15,61

Nantes%Inscrits: 182927

Abstentions: 81864 44,75Votants: 101063 55,25Blancs: 2421 2,40Nuls: 1342 1,33Exprimés: 97300 96,28

C. Clergeau (UG) 53206 54,68B. Retailleau (LR-UDI) 35398 36,38P. Gannat (FN) 8696 8,94

Maine-et-LoireInscrits: 561670 %Abstentions: 244188 43,48Votants: 317482 56,52Blancs: 7575 2,39Nuls: 8817 2,78Exprimés: 301090 94,84

B. Retailleau (LR-UDI) 131267 43,60C. Clergeau (UG) 108610 36,07P. Gannat (FN) 61213 20,33

Angers%Inscrits: 88797

Abstentions: 42273 47,61Votants: 46524 52,39Blancs: 984 2,12Nuls: 882 1,90Exprimés: 44658 95,99

C. Clergeau (UG) 20794 46,56B. Retailleau (LR-UDI) 18181 40,71P. Gannat (FN) 5683 12,73

MayenneInscrits: 222432 %Abstentions: 99074 44,54Votants: 123358 55,46Blancs: 3335 2,70Nuls: 4547 3,69Exprimés: 115476 93,61

B. Retailleau (LR-UDI) 53380 46,23C. Clergeau (UG) 37706 32,65P. Gannat (FN) 24390 21,12

Laval%Inscrits: 31614

Abstentions: 14179 44,85Votants: 17435 55,15Blancs: 434 2,49Nuls: 410 2,35Exprimés: 16591 95,16

C. Clergeau (UG) 7298 43,99B. Retailleau (LR-UDI) 6968 42,00P. Gannat (FN) 2325 14,01

SartheInscrits: 408133 %Abstentions: 174312 42,71Votants: 233821 57,29Blancs: 7743 3,31Nuls: 4870 2,08Exprimés: 221208 94,61

C. Clergeau (UG) 78889 35,66B. Retailleau (LR-UDI) 78451 35,46P. Gannat (FN) 63868 28,87

Le Mans%Inscrits: 91934

Abstentions: 42619 46,36Votants: 49315 53,64Blancs: 2680 5,43Nuls: 0 0,00Exprimés: 46635 94,57

C. Clergeau (UG) 22010 47,20B. Retailleau (LR-UDI) 15706 33,68P. Gannat (FN) 8919 19,13

La Roche-sur-Yon%Inscrits: 37393

Abstentions: 16376 43,79Votants: 21017 56,21Blancs: 351 1,67Nuls: 344 1,64Exprimés: 20322 96,69

C. Clergeau (UG) 10108 49,74B. Retailleau (LR-UDI) 7962 39,18P. Gannat (FN) 2252 11,08

VendéeInscrits: 448915 %Abstentions: 188054 41,89Votants: 260861 58,11Blancs: 4728 1,81Nuls: 6138 2,35Exprimés: 249995 95,83

B. Retailleau (LR-UDI) 134944 53,98C. Clergeau (UG) 65844 26,34P. Gannat (FN) 49207 19,68

Cherbourg-Octeville%Inscrits: 23252

Abstentions: 10912 46,93Votants: 12340 53,07Blancs: 207 1,68Nuls: 160 1,30Exprimés: 11973 97,03

N. Mayer-Rossignol (UG) 5889 49,19H. Morin (LR-UDI-Mod) 4030 33,66N. Bay (FN) 2054 17,16

Saint-Nazaire%Inscrits: 48014

Abstentions: 22924 47,74Votants: 25090 52,26Blancs: 654 2,61Nuls: 438 1,75Exprimés: 23998 95,65

C. Clergeau (UG) 13519 56,33B. Retailleau (LR-UDI) 6708 27,95P. Gannat (FN) 3771 15,71

NormandieInscrits: 2390403 %Abstentions: 978194 40,92Votants: 1412209 59,08Blancs: 28665 2,03Nuls: 23025 1,63Exprimés: 1360519 96,34

Voix %H. Morin (LR-UDI-Mod) 495591 36,43N. Mayer-Rossignol (UG) 490839 36,08N. Bay (FN) 374089 27,50

Pays de LoireInscrits: 2664588 %Abstentions: 1139026 42,75Votants: 1525562 57,25Blancs: 38551 2,53Nuls: 34398 2,25Exprimés: 1452613 95,22

Voix %B. Retailleau (LR-UDI) 620250 42,70C. Clergeau (UG) 545653 37,56P. Gannat (FN) 286710 19,74

Page 5: Sept régionsàdroite,cinq àgauche,aucune auFN€¦ · sent les Français », parmi lesquelles l’Europe, le chômage, la sécurité, l’identité. Autant dire qu’il est prêt

Lundi 14 décembre 2015Ouest-France6

Morbihan Côtes-d’Armor

Finistère

Ille-et-Vilaine

Assemblée sortante 2015

83sièges

38

8 6 4 7

191

PS et apparentés

PC et élusprogressistes Bretagne

ÉcologieUDB

EELV

Droiteet Centre

Divers

La nouvelle assemblée

83sièges

53

12

18PS-PRG

LR-UDI-MoDem

FN

Jean-Yves Le Drian (PS-PRG)

Marc Le Fur (LR-UDI-MoDem)

Gilles Pennelle (FN)

51,41 %

29,72 %

18,87 %

(670 754 voix)

(387 836 voix)

(246 177 voix)

Inscrits 2 421 686 %

Abstentions 1 044 240 43,12

Votants 1 377 446 56,88

Blancs 43 227 3,14

Nuls 29 452 2,14

Exprimés 1 304 767 94,72

Jean-Yves Le Drian était hors d’atteinte

La gauche retrouve des couleurs

Le Front national apparaît certescomme le grand perdant du secondtour de ces élections, mais chacun,dans les Côtes-d’Armor, a comprisqu’il faudra compter avec lui dans lesprochaines échéances.

Le parti de Marine Le Pen avaitdeux conseillers municipaux à Saint-Brieuc. En l’espace d’une soirée, il adoublé son nombre d’élus dans ledépartement avec Gérard de Mellon,68 ans et Catherine Blein, 69 ans.

Consolation pour Marc Le Fur :il obtient quatre sièges et amélioresensiblement le score de la centristeSylvie Guignard en 2010. Cette der-nière figurait en bonne place sur saliste, mais sans l’assentiment des ins-

tances de l’UDI, dont les grands élusont traîné les pieds dans cette cam-pagne, certains tenant même ou-vertement des discours favorables àJean-Yves Le Drian.

Hier soir, la socialiste CorinneErhel ne cachait pas sa « satisfac-tion ». Dans le sillage de Jean-YvesLe Drian, elle a bénéficié à plein desréserves de voix identifiées au soir dupremier tour et du sursaut de parti-cipation. La gauche costarmoricaineoccupera dix sièges à la Région.

Voilà qui va mettre du baume aucœur d’une gauche ballottée, cesderniers temps, dans son vieux fiefcostarmoricain.

Frédéric BARILLÉ.

Jean-Yves Le Drian (PS-PRG)

Marc Le Fur (LR-UDI-MoDem)

Gilles Pennelle (FN)

49,86 %

32,11 %

18,03 %

La gauche victorieuse, la droite déçue, le FN contenu

L’Ille-et-Vilaine reste le départementbreton où l’on a le moins voté, mal-gré un important sursaut de partici-pation : 44,71 % d’abstention hier,contre 50,5 % dimanche dernier. Ceretour aux urnes a profité au candidatsocialiste, en première position danstoutes les grandes villes bretilliennes,à l’exception de Vitré. Même les villestenues par des maires de droite oudu centre, comme Redon, Saint-Ma-lo, Dinard, Cesson-Sévigné, Bruz ouSaint-Grégoire ont placé Jean-YvesLe Drian en tête. À Rennes, il obtientplus de 63 % des suffrages. Et dé-croche 16 sièges.

À droite (5 sièges), le sénateur LesRépublicains Dominique de Legge

reconnaît « des résultats à l’évi-dence décevants, même moinsbons qu’en 2010 », qu’il met en par-tie sur le compte de la notoriété duministre de la Défense : « Les Bre-tons ont plus voté pour le comman-dant du Charles-de-Gaulle quepour le leader socialiste ».

Les performances du Front natio-nal ont pesé aussi. Même si GillesPennelle est en deçà des 20 % qu’ilespérait, son parti enregistre un nou-veau record en Ille-et-Vilaine, en dé-crochant 8 000 voix de plus qu’aupremier tour. Il obtient quatre sièges.

Stéphane VERNAY.

Jean-Yves Le Drian (PS-PRG)

Marc Le Fur (LR-UDI-MoDem)

Gilles Pennelle (FN)

52,20 %

29,13 %

18,67 %

Record pour Jean-Yves Le Drian, la droite trébuche

Carton plein à gauche ! Jean-YvesLe Drian (PS) établit un record à53,3 % des suffrages (15 sièges) : ilempoche 17 451 voix de plus qu’en2010 en Finistère avec une participa-tion de 56,1 %, supérieure de 3 % àcelle de 2010. La droite de Marc LeFur (Les Républicains-UDI-MoDem)se prend une claque. Elle a perdu5 556 voix par rapport au vote de2010, avec Bernadette Malgorn entête de liste. Elle obtient 5 sièges.

Cette droite peut donc se poserdes questions : avait-elle le bon can-didat, les bons arguments ? Ne fal-lait-il pas laisser le centre droit et leMoDem faire une liste de 1er tourqui aurait élargi la base électorale ?

Le contexte national a joué, bien sûr.Mais encore… La droite n’a pas réus-si à mobiliser ses abstentionnistes,alors que le Front national confirmesa percée en Finistère.

Encore plus qu’au 1er tour, ce se-cond tour indique que c’est à ladroite traditionnelle que le FN prendses électeurs. Et, pour la premièrefois, le Finistère aura trois conseillersrégionaux frontistes.

Demain, il faudra donc que lagauche, hypermajoritaire en sièges,analyse son vote si élevé auquel biendes électeurs écologistes, Front degauche et régionalistes ont contri-bué.

Christian GOUEROU.

Jean-Yves Le Drian (PS-PRG)

Marc Le Fur (LR-UDI-MoDem)

Gilles Pennelle (FN)

53,34 %

29,16 %

17,50 %

Jean-Yves Le Drian confirme, le FN progresse

Jean-Yves Le Drian a confirmé faci-lement hier son avance prise au pre-mier tour sur la droite et le FN danscette triangulaire. Avec un sursautimportant de participation, il arrive entête dans 239 des 261 communesdu département. Et totalise 49,48 %des suffrages (12 sièges), mieux qu’ily a cinq ans dans la triangulaire qui lemettait alors aux prises avec la droiteet Europe écologie.

La liste emmenée par Marc Le Furaffiche quant à elle un score trèsfaible (29,11 % des voix, 4 sièges).C’est cinq points de moins que lescore de Bernadette Malgorn en2010. En tête dans seulement 27communes dimanche dernier, la liste

UDI-LR-MoDem n’arrive cette fois de-vant la gauche ou le FN qu’à dix-septreprises.

Et jamais dans l’une des villes deplus de 10 000 habitants, dont beau-coup sont dirigées par des élus dedroite et du centre (excepté Lorient,Lanester, Saint-Avé et Hennebont).

Quant au Front national, qui arrivepremier dans cinq communes, il pro-gresse encore, pour atteindre 21,41 % des voix. Le Morbihan reste leseul département breton dans lequelson score est au-dessus de la barredes 20 %. Il obtient trois sièges auconseil régional.

Philippe MIRKOVIC.

Jean-Yves Le Drian (PS-PRG)

Marc Le Fur (LR-UDI-MoDem)

Gilles Pennelle (FN)

49,48 %

29,11 %

21,41 %

Un nouveau mandat à la tête d’une majorité absolueEncore un peu mieux qu’il y a cinqans ! Jean-Yves Le Drian bénéficieà nouveau d’une majorité absolueà la Région Bretagne, et il amélioremême sa performance de l’électionrégionale de 2010. C’est dire si sastratégie d’une liste de rassemble-ment, avec l’ambition de séduire unélectorat centriste au-delà du Partisocialiste, s’avère pertinente.

Pour en arriver là, il a aussi béné-ficié d’un bon report de voix des au-tres listes de gauche qui n’avaientpas franchi la barre des 10 % pour sequalifier au second tour : celle d’Eu-rope Écologie-Les Verts et la liste ré-gionaliste de Christian Troadec, lemaire de Carhaix. Sans compter lerenfort d’abstentionnistes du premiertour. Sa campagne impossible à me-ner sur le terrain breton, après les at-tentats de Paris, ne lui a pas portépréjudice.

Les électeurs ne lui ont pas repro-ché, non plus, de cumuler son posteau gouvernement et la présidencede la Région au moins jusqu’à la finde l’état d’urgence, fin février, maisprobablement jusqu’en 2017 et la findu quinquennat. Jean-Yves Le Drianest très loin devant ses adversairespolitiques, hors d’atteinte.

Pour autant, un bonheur politiquen’est jamais parfait. Si le désormaisministre-président n’a pu que se ré-jouir hier, il n’y avait aucun triom-phalisme chez lui. Tout de suite, il a

fait allusion au score du Front natio-nal en Bretagne qui tutoie les 19 %,alors qu’il ne siégeait plus dans l’hé-micycle régional depuis 2004. Jean-Yves Le Drian a appelé juste aprèsl’annonce des résultats à une « Bre-tagne de la confiance qui refuse lesectarisme », mais il a aussi dénon-cé l’extrême-droite et ses choix « àl’opposé de ces valeurs fondamen-tales de la Bretagne. »

Marc Le Fur, chef de file de la droiteet du centre, n’avait plus grand-chose à espérer. Sauf un modestelot de consolation qui se serait tra-duit par un score au moins supérieurà celui de Bernadette Malgorn il y acinq ans, 32 %. Ce n’est pas le cas. Iln’atteint même pas les 30 %. Pour ladroite et le centre, il n’y avait décidé-ment pas grand-chose à faire contreJean-Yves Le Drian. Et Marc Le Fur

ne pouvait être hier soir que beaujoueur. « Je salue la victoire de Jean-Yves Le Drian », disait-il.

Quant au Front national, il ne dé-croche pas les 20 %, un objectif sym-bolique. Mais il n’en est pas loin avecpresque 19 %. Surtout, il partait deloin avec plus aucun élu à la Régiondepuis 2004.

Didier GOURIN.

Jean-Yves Le Drian remporte les élections régionales en Bretagne avec 51,4% des voix.

Joël

LeG

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Lundi 14 décembre 2015Ouest-France 7

Les nouvelles couleurs politiques de la Bretagne

Marc Le Fur,Liste Le choixde la Bretagne.

Jean-YvesLe Drian,Liste Pour laBretagneavec Jean-YvesLe Drian.

Gilles Pennelle,ListeFront nationalprésentée parMarine Le Pen.

Morlaix

Carhaix

Dinan

ILLE-ET-VILAINE

CÔTES-D'ARMOR

FINISTÈRE

MORBIHAN

Lannion

Loudéac

Pontivy

Lorient

Douarnenez

Rennes

Saint-Malo

Fougères

Redon

Saint-Brieuc

Guingamp

Brest

Quimper

Vannes

Ploërmel

Vitré

Plus de 56 %

De 52 à 56 %

De 47 à 52 %

De 41 à 47 %

Moins de 41 %

Morlaix

Carhaix

Dinan

ILLE-ET-VILAINE

CÔTES-D'ARMOR

FINISTÈRE

MORBIHAN

Lannion

Loudéac

Pontivy

Lorient

Douarnenez

Rennes

Saint-Malo

Fougères

Redon

Saint-Brieuc

Guingamp

Brest

Quimper

Vannes

Ploërmel

Vitré

Plus de 37 %

De 31 à 37 %

De 27 à 31 %

De 23 à 27 %

Moins de 27 %

Morlaix

Carhaix

Dinan

ILLE-ET-VILAINE

CÔTES-D'ARMOR

FINISTÈRE

MORBIHAN

Lannion

Loudéac

Pontivy

Lorient

Douarnenez

Rennes

Saint-Malo

Fougères

Redon

Saint-Brieuc

Guingamp

Brest

Quimper

Vannes

Ploërmel

Vitré

Plus de 26 %

De 22 à 26 %

De 19 à 22 %

De 16 à 19 %

Moins de 16 %

Les résultats de la liste conduite par Jean-Yves Le Drian (PS)

Les résultats de la liste conduite par Marc Le Fur (LR-UDI)

Les résultats de la liste conduite par Gilles Pennelle (FN)

Les meilleurs scores de la listeMonthault (35) 43,3 %Radenac (56) 42,1 %Chelun (35) 41,3 %Saint-Séglin (35) 41,0 %St-Georges-de-Gréhaig. (35) 40,4 %St-Christophe-de-Valains (35) 39,6 %St-Sulpice-des-Landes (35) 39,3 %Pleugriffet (56) 39,2 %St-Malo-des-Trois-Font. (56) 38,7 %Saint-Ganton (35) 38,5 %

Les faibles scores de la listeMoncontour (22) 5,9 %Tréguennec (29) 6,3 %Le Leslay (22) 6,5 %Merléac (22) 7,2 %Allineuc (22) 7,7 %Sainte-Tréphine (22) 8,2 %Saint-Ygeaux (22) 8,6 %Ile-aux-Moines (56) 8,7 %Quintin (22) 8,9 %Saint-Grégoire (35) 9,1 %

Les meilleurs scores de la listeLe Quillio (22) 64,1 %Saint-Thélo (22) 63,8 %St-Étienne-du-Gué-de-l’I. (22) 62,6 %Saint-Hervé (22) 58,4 %Plessala (22) 57,8 %Plouguenast (22) 57,5 %Penguily (22) 57,3 %Gausson (22) 57,0 %Plaine-Haute (22) 56,2 %Langast (22) 55,4 %

Les faibles scores de la listeBolazec (29) 10,3 %Botmeur (29) 10,8 %Plounérin (22) 12,1 %Groix (56) 13,2 %Saint-Ganton (35) 13,5 %Tréhorenteuc (56) 13,6 %Saint-André-des-Eaux (22) 13,7 %Plounéour-Ménez (29) 13,9 %Berrien (29) 14,1 %Saint-Rivoal (29) 14,5 %

Les meilleurs scores de la listeBotmeur (29) 74,3 %Saint-Rivoal (29) 73,5 %Tréguennec (29) 73,4 %Groix (56) 72,0 %Chasné-sur-Illet (35) 71,2 %Bolazec (29) 71,1 %Trémargat (22) 69,7 %Saint-Germain-sur-Ille (35) 68,5 %Coadout (22) 68,1 %Berrien (29) 67,8 %

Les faibles scores de la listeChelun (35) 14,9 %Le Quillio (22) 21,4 %Saint-Hervé (22) 23,6 %Le Cambout (22) 23,8 %Loscouët-sur-Meu (22) 24,3 %Montautour (35) 24,5 %Saint-Thélo (22) 25,0 %Quintenic (22) 25,4 %St-Étienne-du-Gué-de-l’I. (22) 25,8 %Parcé (35) 26,2 %

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Lundi 14 décembre 2015Ouest-France8

Pays de la Loire. Bruno Retailleau sur sa lancéeEn permettant à la droite de reconquérir un bastion perdu en 2004, le sénateurLR de Vendée poursuit son ascension.

Le président

1960. Le 20 novembre, naissance àCholet1977. Rencontre avec Philippe deVilliers. Il dirige la Cinéscénie duPuy-du-Fou.1998-2004. Vice-président duconseil régional.2004. Élu sénateur de la Vendée.Réélu en 2014.2010. Le 30 novembre, président dudépartement de Vendée.

Un Vendéen remplace… un autreVendéen. À 55 ans, Bruno Re-tailleau succède à Jacques Auxietteà la tête de la région des Pays de laLoire. Gamin, ce fils de négocianten grains voulait être préfet. Surtoutpas homme politique. Mais Philippede Villiers lui offre un autre destin.Du Puy du Fou au conseil généralde Vendée, en passant par le Mou-vement pour la France (MPF), BrunoRetailleau va vibrer près de trente ansdans le sillage de son mentor.

À partir de 2007, l’idylle vire audrame. Philippe de Villiers, candidatà la présidentielle, radicalise son dis-cours. Mal à l’aise, Retailleau courbel’échine. Le clash survient en 2009 :un entrefilet du Figaro apprend au« Vicomte » la nomination de son brasdroit dans le gouvernement Fillon. Le« petit Bruno », comme le surnommeVilliers, devient un « traître ». Humilié,il est débarqué du Puy du Fou.

Cette rivalité lasse les conseillersgénéraux et les patrons vendéens.Tous ou presque se désolidarisentde Villiers. Malade, ce dernier jettel’éponge : le 30 novembre 2010, ilabandonne la présidence du dépar-tement à Bruno Retailleau.

Jusqu’au bout du mandat ?

Affranchi de la tutelle de son mentor,Bruno Retailleau gravit les échelonsun à un. Élu sénateur en 2004, il rem-

pile en 2014. Quelques jours aprèssa réélection, il rafle la présidencedu groupe Les Républicains au nezet à la barbe des principaux préten-dants, Roger Karouchi et GérardLonguet. C’est dans l’ambiance feu-trée du Sénat qu’il cultive cette imagede travailleur discret, un brin ascète,loin des coups d’éclat de son ancienPygmalion.

Mais le Vendéen conserve desconvictions conservatrices qu’il ex-prime dans l’Hémicycle. Catholiquepratiquant, il ne rate aucun défilé deLa Manif pour tous. Et ferraille énergi-quement contre le projet de loi Cleys-Léonetti sur la fin de vie. Ce qui faitdire à ses adversaires socialistes :« Sous le vernis, c’est la mêmedroite dure que sous Villiers… »

Aujourd’hui, l’ascension de BrunoRetailleau attise les convoitises descandidats à la primaire à droite. Encoulisses, Juppé comme Sarkozy netarissent pas d’éloges sur ce prochede François Fillon, espérant qu’il lesrejoigne un jour. Reste à savoir si, encas de retour de la droite aux affairesen 2017, Bruno Retailleau mènerason mandat de président jusqu’aubout. Car beaucoup de ses adver-saires et certains de ses amis voientdans sa candidature à la région un« tremplin éphémère » vers un ma-roquin de ministre. Le président-sé-nateur élude par une pirouette : « Lecumul des mandats sera peut-êtrerétabli… »

Joël BIGORGNE.

Bruno Retailleau, nouveau président des Pays de la Loire.

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Maine-et-Loire

Vendée

Loire-Atlantique

MayenneSarthe

O.-F

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Pays de la Loire

Nantes

Bruno Retailleau reste très attaché à sonbocage natal, qui vit s’affronter lesBlancs aux Bleus voilà plus de deux siè-

cles. Saint-Malo-du-Bois, où il réside, le lui rend bien. Au pre-mier tour, elle l’a plébiscité avec près de 75 % des suffrages.

Bocage

Bretagne. Le ministre Jean-Yves Le Drian rempileFacilement réélu à la tête de sa région, le ministre de la Défense va probablement cumuler les deux fonctionsjusqu’à la prochaine élection présidentielle.

Le président

1947. Il naît à Lorient (Morbihan).De 1981 à 1998. Maire de Lorient.1991. Secrétaire d’État à la Mer.2004. Après un mandat dans l’oppo-sition, il devient président du conseilrégional de Bretagne.2010. Réélu à la tête de la région.2012. Il devient ministre de la Dé-fense.

Un CV long comme le bras. Jean-Yves Le Drian a exercé tous les mé-tiers de la politique : député du Mor-bihan, maire de Lorient, président duconseil régional de Bretagne et mi-nistre de la Défense.

Encore plus fort : il va en exercerdeux en même temps. Il va resterministre de la Défense au moins jus-qu’à la fin de l’état d’urgence, à lafin février, probablement jusqu’à laprochaine élection présidentielle en2017, tout en redevenant président

de la Région.Ses adversaires politiques pen-

dant la campagne ont crié au cumul.« C’est une double responsabilitéprovisoire, pendant une phase in-termédiaire et exceptionnelle. LesBretons l’ont bien compris », recti-fie-t-il. En tout cas, ils l’ont réélu avecun score flatteur.

Une fois qu’il aura quitté le gouver-nement, il changera de décor. Dessous-préfets plutôt que des chefsd’État ; le bureau ordinaire du conseilrégional à Rennes plutôt que lesplendide Hôtel de Brienne à Paris,siège du ministère de la Défense quirespire la grande histoire de France; l’état d’avancement de la mise àdeux fois deux voies de la RN164dans le Centre-Bretagne plutôt quedes contrats d’armement farami-neux. Le parachutage pourrait êtrebrutal. Sauf qu’il n’y aura pas vrai-ment de parachutage.

La passion de la Bretagne

Même ministre, même à l’autre boutdu monde, même entre deux rendez-vous avec des chefs d’État africains,il n’a jamais perdu de vue les affairesde la Bretagne. Il les a même tou-jours suivies de près.

Un investisseur saoudien au capitaldu groupe volailler breton Doux, alorsau bord de la disparition ? Signé LeDrian. La création en Bretagne d’unpôle mondial de cyberdéfense pourgagner les guerres numériques ? Si-gné aussi Le Drian.

Pourtant, lorsqu’il sera redeve-nu seulement président de la Ré-gion, avoir laissé les clefs du minis-tère de la Défense, le quotidien serabien moins flamboyant. Il ne s’en in-quiète pas. « J’ai une telle passionpour la Bretagne. Pendant cettecampagne, j’ai retrouvé avec beau-coup d’appétence les dossiers trèsconcrets de la Région. »

Mais avant cela, il va encore resterministre-président. « Je vais m’or-ganiser avec mes vice-présidentspour installer le fonctionnement leplus performant. Et comme ils sontbons… », confie-t-il.

Dans son équipe ministérielle, ilaura aussi un monsieur Bretagne quile suivra partout. Et une fois vraimentrevenu au pays, il pourra se consa-crer pleinement à son dernier man-dat de président de Région.

Didier GOURIN.

Jean-Yves Le Drian va entamer son troisième mandat de président de la Bretagne.

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lippe

Ren

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Finistère Ille-et-Vilaine

Côtes-d’Armor

Morbihan

O.-F

.Bretagne

Rennes

« Mon retour à la présidence de la Région,c’est le respect de la parole donnée. J’avaisdit, en devenant ministre de la Défense,

que je reviendrai. Je tiens donc parole », explique Jean-Yves LeDrian qui ajoute : « Mon objectif, c’est de servir la Bretagne. »

Retour

Normandie. Morin décroche la région réunifiéeLe nouveau président UDI a toujours été partisan de la réunification. Le voilà à latête d’une région de 3,3 millions d’habitants à laquelle il veut donner une identité.

Le président

1961. Naissance, le 17 août à Pont-Audemer (Eure).1995. Maire d’Épaignes (Eure).1998. Député de l’Eure.2007. Ministre de la Défense.

Depuis vingt ans, Hervé Morin ap-pelait à la réunification des deuxNormandie. Le voilà premier prési-dent de la seule et grande Norman-die. Un clin d’œil de l’histoire que lagauche lui a contesté jusqu’au bout.Sa liste de la droite et du centreétait favorite. « Il y avait une dyna-mique. J’avais 300 participantsaux réunions. Et puis les attentatsdu 13 novembre ont tout boulever-sé avec une longue interruption dela campagne », retient Hervé Morin.S’ajoute un Front national jamais aus-si haut en Normandie. La liste LR-UDI-MoDem-CPNT n’est arrivée entête au 1er tour que de… 0,20 % desvoix avec une abstention de 50 %.

Hervé Morin ne découvre pas leconseil régional. Tête de liste UDF en2004 en Haute-Normandie, il siègedans l’opposition. La gauche n’a pasmanqué de pointer son absentéismequ’il reconnaît. Jusqu’à sa démissionen 2007 pour entrer au gouverne-ment. Il se souvient du coup de fil dunouveau président de la Républiquelui proposant un ministère : « Je nesavais pas encore que ce serait laDéfense. » Il le reconnaît volontiers :« Il y avait autant de chance que jedevienne ministre que de gagner àla loterie nationale. »

L’identité normande

Hervé Morin se serait bien vu pay-san comme son grand-père et samère mariée à un maçon dans sonpetit village d’Épaignes aux confinsde l’Eure et Calvados. Il n’est pas unélève brillant, plutôt frondeur viré deson lycée. Il se met à travailler au bac,

fait son droit à l’université de Caen,entre à Sciences po Paris et réussitson concours d’administrateur del’Assemblée nationale.

Il est la plume de parlementaires etrédige des rapports. Il entre au cabi-net de François Léotard, ministre dela Défense d’Édouard Balladur. Éluconseiller général en 1992, mairede son village de 1 500 habitants en1995, Il devient député trois ans plustard. Président de la Normandie, ildémissionnera de son mandat parle-mentaire.

Patron de la Normandie, il rêve delui donner une identité – « Elle a laculture, l’histoire, le patrimoine » –et une marque. Comme la Bretagnequ’il cite en exemple : « Avec leurs

bonnets rouges, les Bretons ont suse faire respecter de l’État. » Il en-tend le faire auprès de la SNCF pourqu’elle paie sa dette à la Normandieoù les trains hors d’âge accumulentles retards. Il veut aussi faire de laNormandie « la région où il est plussimple de créer son entreprise ».

Sa personnalité peut détonner.Sympathique et accessible pour lesuns. Désinvolte qui ne connaît passes dossiers pour ses détracteurs.La gauche a beaucoup moqué lesgaffes, les « morinades » du nou-veau président. Il l’emporte finale-ment avec une avance de 4 752 voix.

Xavier ORIOT.

Hervé Morin sera, le 4 janvier, le premier président de la Normandie réunifiée.

Dan

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Manche

Calvados

Orne

Seine-Maritime

Eure

O.-F

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Normandie

Rouen

Soirée très éprouvante pour l’an-cien ministre de la Défense. À20 h, certains médias le donnaient

vaincu, d’autres vainqueur. Ce n’est qu’à 21 h 45, fort d’uneavance de 4 752 voix, qu’Hervé Morin a eu la certitude qu’il neserait pas rattrapé.

Suspense

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Lundi 14 décembre 2015Ouest-France 9

Corinne ErhelPS - 22

Olivier AllainCG - 22

GérardLahellecCom. - 22

Thierry BurlotPS - 22

GeorgetteBreardPS - 22

Gaëlle NiquePS - 22

Sylvie Argat-BouriotPRG - 22

PhilippeHercouëtPS - 22

DominiqueRamardEco. - 22

EmmanuelleRasseneurPS - 29

Gaby CadiouDVG - 22

MarcCoatanéaPS - 29

RichardFerrandPS - 29

LaurenceFortinPS - 29

Gaël Le MeurPS - 29

ForoughSalami-DadkhahPS - 29

Gwenegan BuiPS - 29

RolandJourdain29

KarimGhachemPS - 29

Mona BrasRég. - 29

GaëlleVigourouxDVG - 29

SylvaineVulpianiPS - 29

PierreKarleskindPS - 29

AlainLe QuellecDVG - 29

Olivier Le BrasDVG - 29

SébastienSemerilPS - 35

Loïg Chesnais-GirardPS - 35

Eric BerrocheCom. - 35

Anne PataultPS - 35

ClaudiaRouauxPS - 35

EvelyneGautier-Le BailPS - 35

André CrocqDVG - 35

Martin MeyrierPS - 35

StéphanePerrinPRG - 35

Lena LouarnRég. - 35

IsabellePellerinPS - 35

Hind SaoudPS - 35

Hervé UtardPS - 35

BernardPouliquenDVG - 35

Jean-YvesLe DrianPS - 56

CatherineSaint-JamesDVG - 35

LaurenceDuffaudPS - 35

Anne GalloDVG - 56

Jean-MichelLe BoulangerDVG - 56

Paul MolacRég. - 56

PierrePouliquenPS - 56

Gaël Le SaoutPS - 56

KaourintineHulaudRég. - 56

Nicole Le Peih56

RaymondLe BrazidecDVG - 56

Maxime PicardPS - 56

Anne TroalenPS - 56

ElisabethJouneaux-PedronoPS - 56

Marc Le FurLR - 22

Martine TisonLR - 22

SylvieGuignardUDI - 22

StéphaneRoudautLR - 29

Stéphane DeSallier DupinLR - 22

Gaëlle NicolasLR - 29

Isabelle Le BalMoDem - 29

BernardMarboeufUDI - 35

Bruno QuillivicLR - 29

BertrandPlouvierLR - 35

Agnès Le BrunLR - 29

DelphineDavidLR - 35

ClaireGuinemerLR - 35

ChristineLe StratMoDem - 56

Pierre BreteauUDI - 35

Anne MaudGoujonLR - 56

David RoboLR - 56

PatrickLe DiffonLR - 56

GérardDe MellonFN - 22

RenéeThomaïdisFN - 29

CatherineBleinFN - 22

Gilles PennelleFN - 35

Patrick Le FurFN - 29

PhilippeMiailhesFN - 29

VirginieD’OrsanneFN - 35

BertrandIragneFN - 56

EmericSalmonFN - 35

ChristianLechevalierFN - 56

AnneVaneeclooFN - 35

Agnès RichardFN - 56

Les 53 élus de la liste Jean-Yves Le Drian (Pour la Bretagne avec Jean-Yves Le Drian, PS et PRG)

Les 83 élus du Conseil régional de Bretagne

Les 18 élus de la liste Marc Le Fur (Le choix de la Bretagne, droite et centre)

Les 12 élus de la liste Gilles Pennelle (Liste Front national présentée par Marine Le Pen)

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Yvon Corre

À l’issue du premier tour, il étaitl’hyper favori. Pas de surprise, Jean-Yves Le Drian a confirmé son statut.Avec 51,41 % des suffrages, leministre de la Défense réussit mêmeà améliorer son score de 2010(50,27 %). Entre les deux tours ilgagne 15 points et réussit l’exploitde dépasser les 50 % dans le cadred’une triangulaire.Décidément pour Jean-Yves LeDrian, les scrutins régionaux sesuivent et se ressemblent et ce,quel que soit le contexte national. Àl’évidence, l’homme rassemble bienau-delà de son camp. Il ne fait pasde doute qu’une bonne partie desélecteurs centristes l’ont rejoint dèsle premier tour. Et sans doute,même certains électeurs de droite.On peut incontestablement parlerd’une victoire personnelle.Son meilleur score, Jean-Yves LeDrian le réalise dans le Finis-tère (53,34 %) avec dans certainesvilles des scores très impression-nants comme à Brest (56,86 %),Morlaix (59,69 %), Quimperlé(61,73 %) et Quimper (58,15 %). EnIlle-et-Vilaine, il dépasse égalementles 50 % avec près de 64 % àRennes.

Le Fur trois points de moinsque MalgornC’est peu de dire que le score deMarc Le Fur est décevant. Il n’estpas excessif, même, de parler dedéfaite sévère. La hausse de la parti-cipation entre les deux tours n’aabsolument pas profité au candidatde la droite et du centre. Avec29,74 % des voix, c’est trois pointsde moins que le score de BernadetteMalgorn, il y a cinq ans, score déjàjugé, à l’époque, très médiocre.Même là où normalementMarc Le Fur pouvait légitimementespérer de bons scores, en particu-lier dans certaines villes de droite

du Morbihan, il est très loin de fairele plein. À Vannes, par exemple, ilest largement devancé par Jean-Yves Le Drian.Invoquer, comme le fait le candidatde la droite, les circonstances excep-tionnelles de cette campagne nepeut suffire à expliquer ce cuisantéchec. La mayonnaise avec les cen-tristes n’a visiblement pas pris. Au-delà de cet aspect politique, difficilede ne pas évoquer la personnalitédu candidat ? Elle n’a, en tout cas,pas fait l’unanimité. Hier soir, d’au-cuns à droite n’ont pas hésité à par-ler de chef de file trop clivant et d’er-reur de casting. Une nouvelle fois,la question du leadership de ladroite en Bretagne se pose.

Front national :12 conseillers régionauxComment qualifier le score du Frontnational ? Avec 18,87 %, c’est lemeilleur jamais réalisé par ce partien Bretagne. Cela dit, il n’atteintpas tout à fait les 20 %, l’objectifque s’était fixé Gilles Pennelle, leurleader. Un score, donc, en demi-teinte, surtout si on le rapproche deceux obtenus dans la plupart desautres régions. Cela dit, le FN enver-ra quand même 12 conseillers sié-ger à la Région, ce qui n’est pasrien. La droite et le centre enauront, eux, 18, soit deux de moinsque dans la précédente assemblée.Sur les 83 sièges, 53 seront occupéspar des élus de la liste Le Drian.C’est un de plus qu’en 2010. Autantdire que celui qui sera officiellementinstallé vendredi dans le fauteuil deprésident de la Région disposerad’une très large majorité pourmettre en œuvre ses projets pour laBretagne. D’autant que le poil àgratter que constituaient les écolo-gistes de EELV a totalement disparude l’assemblée. Pour Jean-Yves LeDrian, la voie est totalement déga-gée pour les six prochaines années.Comme il le reconnaissait, hier soir,cela donne des responsabilités.

Jean-Yves Le Drian entre dans l’Histoire. Pourla troisième fois consécutive, il remporte laRégion. Une victoire sans appel. Jean-Yves Le Drian. 53 conseillers sur 83

« Les Bretonnes et les Bretons sesont exprimés avec clarté, s’estréjoui Jean-Yves Le Drian. Ils ontchoisi la force du rassemblement.Ils ont choisi la Bretagne de la cohé-sion, de la cohérence, de la volon-té. Ils ont choisi la Bretagne de laconfiance ».Toujours selon Jean-Yves Le Drian,« il y a eu comme un souffle,comme un réveil, comme une sortede fierté avec ce sentiment quenous allions ouvrir ensemble unenouvelle page de l’histoire de notrerégion, celle de la nouvelle Bre-tagne ». Il a également ajouté : « Ilnous faudra en être digne… et ima-giner que si la Bretagne est uneterre d’exception et d’expérimenta-tion, cela lui impose des devoirsd’exemplarité et d’innovationdémocratique dans un pays tropsouvent sujet au doute ». Dans lafoulée, Jean-Yves Le Drian a répon-du, à propos de son poste au minis-tère de la Défense, que ce serait àFrançois Hollande de prendre ladécision s’il doit le conserver et jus-

qu’à quand. Il donnera des préci-sions sur la façon dont il va s’organi-ser entre Paris et Rennes cettesemaine.

Le Drian. « Il nous faudra être digne »

« Nous avons certes progresséentre le premier et le second tour.Hélas, cela n’a pas été suffisant et,avec moins de 30 % des voix, lesrésultats ne sont pas à la hauteurde nos espérances », confiait, hier,Marc Le Fur, à son PC de campagnerennais, dès l’annonce des résultatsdu scrutin.« Nous avons été victimes d’unedouble nationalisation de cette cam-pagne, a-t-il poursuivi. Tout d’abordde la part du Front national, qui aessentiellement parlé de thèmesnationaux. Puis, du fait des respon-sabilités ministérielles de Jean-YvesLe Drian qui étaient en phase avecles préoccupations de sécurité desFrançais. Ce qui explique la singula-rité de ces résultats. Nous avonsété les seuls à évoquer les préoccu-pations des Bretons. Malheureuse-ment, cela est passé après les ques-tions de sécurité. Ces préoccupa-tions vont réapparaître très rapide-ment et, en tout état de cause,nous serons présents à la Régionpour proposer des idées concrèteset rappeler les thèmes chers à notre

région. Nous allons continuer lecombat que nous avons entreprisde manière stimulante. Quoi qu’ilen soit, vive la Bretagne ! ».

Le Fur. « On va continuer le combat »

Les questionsdu troisième tour

Vu parSamuel Petit

Sur les trois bulletins de voteproposés, hier, aux électeursbretons, un seul ne comportaitaucun logo de parti. Celui deJean-Yves Le Drian. C’est dire sile ministre de la Défensecomptait d’abord sur sa propreimage pour l’emporter. Mais letroisième tour des régionalessera, lui, bel et bien politique.Trois questions se poserontdans les semaines à venir. Lapremière : dans quel contextenational et international lefutur président dirigera-t-il laRégion ? La séquence de 18 moisqui nous sépare de laprésidentielle sera dominée parla gestion du danger terroristeet l’entrée en piste deFrançois Hollande pour lescrutin du printemps 2017.Dans ce dispositif, le sort duministre-président Le Driandépend largement de lastratégie du futurprésident-candidat Hollande.Autre interrogation politique :comment la droite bretonneva-t-elle gérer ce sévère échec ?Pas plus queBernadette Malgorn, Marc LeFur n’a su reconquérir laRégion. Cet insuccès ouvre unecrise de leadership au seind’une alliance Républicains-MoDem-UDI qui a bien souffertces dernières semaines. Enfin,quel avenir pour le Frontnational ? Difficile de dire s’ils’installe durablement dans lepaysage politique breton.Toujours est-il queGilles Pennelle devient ledeuxième opposant deJean-Yves Le Drian, tout enperturbant la recomposition àdroite.

La forte mobilisation d’entre-deuxtours n’a pas permis au leader FN degagner son pari d’atteindre les 20 %des suffrages. Mais il se disait hiersatisfait de s’en être approché, et sur-tout d’avoir totalisé plus de voix quele dimanche précédent.« Nous avons prouvé que le Frontnational a la capacité de progresseralors que personne n’a appelé àvoter pour nous et que nous avonsdû faire face à une campagne hysté-rique », commente-t-il.Pour Gilles Pennelle, la progressiondu nombre de suffrages provientd’une partie des électeurs quiavaient porté leur voix au premier à« Debout la France », « Oui la Bre-tagne » ou d’autres petites listes.« Mais ce gain a pour principale expli-cation que nous aussi, nous avonsbénéficié de la progression de la par-ticipation. Au FN aussi, il y a des abs-tentionnistes que nous pouvonsmobiliser et ça, c’est nouveau ».Quoi qu’il en soit, Gilles Pennelleconsidère comme une « victoire his-torique » le nombre record d’élus

que comptera le FN sur les bancs del’hémicycle, dès vendredi lors de laséance d’installation de la nouvelleassemblée régionale. « Avec une dou-zaine de conseillers régionaux, nousaurons une équipe qui va pouvoir tra-vailler efficacement ».

Pennelle. « Une victoire historique »

En pourcentage, c’est laprogression de Jean-YvesLe Drian, par rapport àson score du second tourdes élections régionalesde 2010 où il avaitrecueilli 50,27 % desvoix.

1,14

En Bretagne, le taux de participation s’est élevé hier à 56,88 % (51,58 % au 1er tour)contre 53,28 % lors du second tour en 2010 et 67,87 % en 2004. Notre photo : l’undes bureaux de vote, hier, à Quimperlé (29). (Photo François Destoc).

Jean-Yves Le Drian devrait annoncercette semaine la façon dont il va s’orga-niser entre son ministère de la Défenseet la Région. (Photo François Destoc)

« Avec moins de 30 % des voix, les résul-tats ne sont pas à la hauteur de nosespérances », commentait hier soirMarc Le Fur. (Photo Claude Prigent)

RÉGIONALES 2015

Gilles Pennelle : « Nous avons dû faireface à une campagne hystérique ».(Photo Nicolas Créach)

Stéphane Perrin

HervéUtard

HindSaoud

Laurence Duffaud

Bernard Pouliquen

Catherine Saint-James

Gérardde Mellon

PatrickLe Fur

BertrandIragne

GillesPennelle

VirginieD’Orsanne

EmericSalmon

AnneVaneecloo

AgnèsRichard

ChristianLechevalier

RenéeThomaïdis

PhilippeMiailhes

Catherine Blein

MarcLe Fur

GaëlleNicolas

DavidRobo

Bernard Marbœuf

DelphineDavid

BertrandPlouvier

ClaireGuinemer

PierreBreteau

ChristineLe Strat

PatrickLe Diffon

Anne-MaudGoujon

StéphaneRoudaut

IsabelleLe Bal

BrunoQuillivic

AgnèsLe Brun

SylvieGuignard

Stéphane de Sallier Dupin

MartineTison

Sous réserve de validation

53 18

12

Les 83 conseillers régionaux

Ille-et-Vilaine

BRETAGNE

Morbihan

Côtes-d’Armor

Finistère

ParticipationInscrits

Exprimés

56,10 %685.526363.692

ParticipationInscrits

Exprimés

56,88 %2.421.6861.304.767

51,41 %

29,72 %

18,87 %

53,34 %

29,16 %

17,50 %

Le Drian

Le Fur

Pennelle

ParticipationInscrits

Exprimés

60,39 %453.991 258.912

49,86 %

32,11 %

18,03 %

Le Drian

Le Fur

Pennelle

ParticipationInscrits

Exprimés

57,01 %568.578308.453

49,48 %

29,11 %

21,41 %

Le Drian

Le Fur

Pennelle

ParticipationInscrits

Exprimés

55,29 %713.591373.710

52,20 %

29,13 %

18,67 %

Le Drian

Le Fur

Pennelle

29,72 %

18,87 %

51,41 %

Parti socialisteRadical de gauche

Liste Les Républicains(ex UMP), MoDem

Frontnational

MarcCoatanéa

Emmanuelle Rasseneur

Richard Ferrand

GaëlLe Meur

Gwenegan Bui

Laurence L’Hour Fortin

RolandJourdain

Forough Dadkhah Salami

KarimGhachem

GaëlleVigouroux

PierreKarleskind

OlivierLe Bras

MonaBras

AlainLe Quellec

Sylvaine Vulpiani

CorinneErhel

GérardLahellec

GeorgetteBréard

OlivierAllain

GaëlleNique

ThierryBurlot

SylvieArgat

DominiqueRamard

GabyCadiou

Philippe Hercouët

AnneGallo

Jean-YvesLe Drian

PaulMolac

GaëlLe Saout

Jean-MichelLe Boulanger

KaourintineHulaud

PierrePouliquen

NicoleLe Peih

MaximePicard

AnneTroalen

RaymondLe Brazidec

ElisabethJouneaux-Pédrono

LoïgChesnais-Girard

AnnePatault

Sébastien Sémeril

Claudia Rouaux

EricBerroche

EvelyneGautier-Le Bail

Martin Meyrier

LenaLouarn

AndréCrocq

Isabelle Pellerin

RÉGIONALES 20156 Lundi 14 décembre 2015 Le Télégramme

Page 10: Sept régionsàdroite,cinq àgauche,aucune auFN€¦ · sent les Français », parmi lesquelles l’Europe, le chômage, la sécurité, l’identité. Autant dire qu’il est prêt

Yvon Corre

À l’issue du premier tour, il étaitl’hyper favori. Pas de surprise, Jean-Yves Le Drian a confirmé son statut.Avec 51,41 % des suffrages, leministre de la Défense réussit mêmeà améliorer son score de 2010(50,27 %). Entre les deux tours ilgagne 15 points et réussit l’exploitde dépasser les 50 % dans le cadred’une triangulaire.Décidément pour Jean-Yves LeDrian, les scrutins régionaux sesuivent et se ressemblent et ce,quel que soit le contexte national. Àl’évidence, l’homme rassemble bienau-delà de son camp. Il ne fait pasde doute qu’une bonne partie desélecteurs centristes l’ont rejoint dèsle premier tour. Et sans doute,même certains électeurs de droite.On peut incontestablement parlerd’une victoire personnelle.Son meilleur score, Jean-Yves LeDrian le réalise dans le Finis-tère (53,34 %) avec dans certainesvilles des scores très impression-nants comme à Brest (56,86 %),Morlaix (59,69 %), Quimperlé(61,73 %) et Quimper (58,15 %). EnIlle-et-Vilaine, il dépasse égalementles 50 % avec près de 64 % àRennes.

Le Fur trois points de moinsque MalgornC’est peu de dire que le score deMarc Le Fur est décevant. Il n’estpas excessif, même, de parler dedéfaite sévère. La hausse de la parti-cipation entre les deux tours n’aabsolument pas profité au candidatde la droite et du centre. Avec29,74 % des voix, c’est trois pointsde moins que le score de BernadetteMalgorn, il y a cinq ans, score déjàjugé, à l’époque, très médiocre.Même là où normalementMarc Le Fur pouvait légitimementespérer de bons scores, en particu-lier dans certaines villes de droite

du Morbihan, il est très loin de fairele plein. À Vannes, par exemple, ilest largement devancé par Jean-Yves Le Drian.Invoquer, comme le fait le candidatde la droite, les circonstances excep-tionnelles de cette campagne nepeut suffire à expliquer ce cuisantéchec. La mayonnaise avec les cen-tristes n’a visiblement pas pris. Au-delà de cet aspect politique, difficilede ne pas évoquer la personnalitédu candidat ? Elle n’a, en tout cas,pas fait l’unanimité. Hier soir, d’au-cuns à droite n’ont pas hésité à par-ler de chef de file trop clivant et d’er-reur de casting. Une nouvelle fois,la question du leadership de ladroite en Bretagne se pose.

Front national :12 conseillers régionauxComment qualifier le score du Frontnational ? Avec 18,87 %, c’est lemeilleur jamais réalisé par ce partien Bretagne. Cela dit, il n’atteintpas tout à fait les 20 %, l’objectifque s’était fixé Gilles Pennelle, leurleader. Un score, donc, en demi-teinte, surtout si on le rapproche deceux obtenus dans la plupart desautres régions. Cela dit, le FN enver-ra quand même 12 conseillers sié-ger à la Région, ce qui n’est pasrien. La droite et le centre enauront, eux, 18, soit deux de moinsque dans la précédente assemblée.Sur les 83 sièges, 53 seront occupéspar des élus de la liste Le Drian.C’est un de plus qu’en 2010. Autantdire que celui qui sera officiellementinstallé vendredi dans le fauteuil deprésident de la Région disposerad’une très large majorité pourmettre en œuvre ses projets pour laBretagne. D’autant que le poil àgratter que constituaient les écolo-gistes de EELV a totalement disparude l’assemblée. Pour Jean-Yves LeDrian, la voie est totalement déga-gée pour les six prochaines années.Comme il le reconnaissait, hier soir,cela donne des responsabilités.

Jean-Yves Le Drian entre dans l’Histoire. Pourla troisième fois consécutive, il remporte laRégion. Une victoire sans appel. Jean-Yves Le Drian. 53 conseillers sur 83

« Les Bretonnes et les Bretons sesont exprimés avec clarté, s’estréjoui Jean-Yves Le Drian. Ils ontchoisi la force du rassemblement.Ils ont choisi la Bretagne de la cohé-sion, de la cohérence, de la volon-té. Ils ont choisi la Bretagne de laconfiance ».Toujours selon Jean-Yves Le Drian,« il y a eu comme un souffle,comme un réveil, comme une sortede fierté avec ce sentiment quenous allions ouvrir ensemble unenouvelle page de l’histoire de notrerégion, celle de la nouvelle Bre-tagne ». Il a également ajouté : « Ilnous faudra en être digne… et ima-giner que si la Bretagne est uneterre d’exception et d’expérimenta-tion, cela lui impose des devoirsd’exemplarité et d’innovationdémocratique dans un pays tropsouvent sujet au doute ». Dans lafoulée, Jean-Yves Le Drian a répon-du, à propos de son poste au minis-tère de la Défense, que ce serait àFrançois Hollande de prendre ladécision s’il doit le conserver et jus-

qu’à quand. Il donnera des préci-sions sur la façon dont il va s’organi-ser entre Paris et Rennes cettesemaine.

Le Drian. « Il nous faudra être digne »

« Nous avons certes progresséentre le premier et le second tour.Hélas, cela n’a pas été suffisant et,avec moins de 30 % des voix, lesrésultats ne sont pas à la hauteurde nos espérances », confiait, hier,Marc Le Fur, à son PC de campagnerennais, dès l’annonce des résultatsdu scrutin.« Nous avons été victimes d’unedouble nationalisation de cette cam-pagne, a-t-il poursuivi. Tout d’abordde la part du Front national, qui aessentiellement parlé de thèmesnationaux. Puis, du fait des respon-sabilités ministérielles de Jean-YvesLe Drian qui étaient en phase avecles préoccupations de sécurité desFrançais. Ce qui explique la singula-rité de ces résultats. Nous avonsété les seuls à évoquer les préoccu-pations des Bretons. Malheureuse-ment, cela est passé après les ques-tions de sécurité. Ces préoccupa-tions vont réapparaître très rapide-ment et, en tout état de cause,nous serons présents à la Régionpour proposer des idées concrèteset rappeler les thèmes chers à notre

région. Nous allons continuer lecombat que nous avons entreprisde manière stimulante. Quoi qu’ilen soit, vive la Bretagne ! ».

Le Fur. « On va continuer le combat »

Les questionsdu troisième tour

Vu parSamuel Petit

Sur les trois bulletins de voteproposés, hier, aux électeursbretons, un seul ne comportaitaucun logo de parti. Celui deJean-Yves Le Drian. C’est dire sile ministre de la Défensecomptait d’abord sur sa propreimage pour l’emporter. Mais letroisième tour des régionalessera, lui, bel et bien politique.Trois questions se poserontdans les semaines à venir. Lapremière : dans quel contextenational et international lefutur président dirigera-t-il laRégion ? La séquence de 18 moisqui nous sépare de laprésidentielle sera dominée parla gestion du danger terroristeet l’entrée en piste deFrançois Hollande pour lescrutin du printemps 2017.Dans ce dispositif, le sort duministre-président Le Driandépend largement de lastratégie du futurprésident-candidat Hollande.Autre interrogation politique :comment la droite bretonneva-t-elle gérer ce sévère échec ?Pas plus queBernadette Malgorn, Marc LeFur n’a su reconquérir laRégion. Cet insuccès ouvre unecrise de leadership au seind’une alliance Républicains-MoDem-UDI qui a bien souffertces dernières semaines. Enfin,quel avenir pour le Frontnational ? Difficile de dire s’ils’installe durablement dans lepaysage politique breton.Toujours est-il queGilles Pennelle devient ledeuxième opposant deJean-Yves Le Drian, tout enperturbant la recomposition àdroite.

La forte mobilisation d’entre-deuxtours n’a pas permis au leader FN degagner son pari d’atteindre les 20 %des suffrages. Mais il se disait hiersatisfait de s’en être approché, et sur-tout d’avoir totalisé plus de voix quele dimanche précédent.« Nous avons prouvé que le Frontnational a la capacité de progresseralors que personne n’a appelé àvoter pour nous et que nous avonsdû faire face à une campagne hysté-rique », commente-t-il.Pour Gilles Pennelle, la progressiondu nombre de suffrages provientd’une partie des électeurs quiavaient porté leur voix au premier à« Debout la France », « Oui la Bre-tagne » ou d’autres petites listes.« Mais ce gain a pour principale expli-cation que nous aussi, nous avonsbénéficié de la progression de la par-ticipation. Au FN aussi, il y a des abs-tentionnistes que nous pouvonsmobiliser et ça, c’est nouveau ».Quoi qu’il en soit, Gilles Pennelleconsidère comme une « victoire his-torique » le nombre record d’élus

que comptera le FN sur les bancs del’hémicycle, dès vendredi lors de laséance d’installation de la nouvelleassemblée régionale. « Avec une dou-zaine de conseillers régionaux, nousaurons une équipe qui va pouvoir tra-vailler efficacement ».

Pennelle. « Une victoire historique »

En pourcentage, c’est laprogression de Jean-YvesLe Drian, par rapport àson score du second tourdes élections régionalesde 2010 où il avaitrecueilli 50,27 % desvoix.

1,14

En Bretagne, le taux de participation s’est élevé hier à 56,88 % (51,58 % au 1er tour)contre 53,28 % lors du second tour en 2010 et 67,87 % en 2004. Notre photo : l’undes bureaux de vote, hier, à Quimperlé (29). (Photo François Destoc).

Jean-Yves Le Drian devrait annoncercette semaine la façon dont il va s’orga-niser entre son ministère de la Défenseet la Région. (Photo François Destoc)

« Avec moins de 30 % des voix, les résul-tats ne sont pas à la hauteur de nosespérances », commentait hier soirMarc Le Fur. (Photo Claude Prigent)

RÉGIONALES 2015

Gilles Pennelle : « Nous avons dû faireface à une campagne hystérique ».(Photo Nicolas Créach)

Stéphane Perrin

HervéUtard

HindSaoud

Laurence Duffaud

Bernard Pouliquen

Catherine Saint-James

Gérardde Mellon

PatrickLe Fur

BertrandIragne

GillesPennelle

VirginieD’Orsanne

EmericSalmon

AnneVaneecloo

AgnèsRichard

ChristianLechevalier

RenéeThomaïdis

PhilippeMiailhes

Catherine Blein

MarcLe Fur

GaëlleNicolas

DavidRobo

Bernard Marbœuf

DelphineDavid

BertrandPlouvier

ClaireGuinemer

PierreBreteau

ChristineLe Strat

PatrickLe Diffon

Anne-MaudGoujon

StéphaneRoudaut

IsabelleLe Bal

BrunoQuillivic

AgnèsLe Brun

SylvieGuignard

Stéphane de Sallier Dupin

MartineTison

Sous réserve de validation

53 18

12

Les 83 conseillers régionaux

Ille-et-Vilaine

BRETAGNE

Morbihan

Côtes-d’Armor

Finistère

ParticipationInscrits

Exprimés

56,10 %685.526363.692

ParticipationInscrits

Exprimés

56,88 %2.421.6861.304.767

51,41 %

29,72 %

18,87 %

53,34 %

29,16 %

17,50 %

Le Drian

Le Fur

Pennelle

ParticipationInscrits

Exprimés

60,39 %453.991 258.912

49,86 %

32,11 %

18,03 %

Le Drian

Le Fur

Pennelle

ParticipationInscrits

Exprimés

57,01 %568.578308.453

49,48 %

29,11 %

21,41 %

Le Drian

Le Fur

Pennelle

ParticipationInscrits

Exprimés

55,29 %713.591373.710

52,20 %

29,13 %

18,67 %

Le Drian

Le Fur

Pennelle

29,72 %

18,87 %

51,41 %

Parti socialisteRadical de gauche

Liste Les Républicains(ex UMP), MoDem

Frontnational

MarcCoatanéa

Emmanuelle Rasseneur

Richard Ferrand

GaëlLe Meur

Gwenegan Bui

Laurence L’Hour Fortin

RolandJourdain

Forough Dadkhah Salami

KarimGhachem

GaëlleVigouroux

PierreKarleskind

OlivierLe Bras

MonaBras

AlainLe Quellec

Sylvaine Vulpiani

CorinneErhel

GérardLahellec

GeorgetteBréard

OlivierAllain

GaëlleNique

ThierryBurlot

SylvieArgat

DominiqueRamard

GabyCadiou

Philippe Hercouët

AnneGallo

Jean-YvesLe Drian

PaulMolac

GaëlLe Saout

Jean-MichelLe Boulanger

KaourintineHulaud

PierrePouliquen

NicoleLe Peih

MaximePicard

AnneTroalen

RaymondLe Brazidec

ElisabethJouneaux-Pédrono

LoïgChesnais-Girard

AnnePatault

Sébastien Sémeril

Claudia Rouaux

EricBerroche

EvelyneGautier-Le Bail

Martin Meyrier

LenaLouarn

AndréCrocq

Isabelle Pellerin

RÉGIONALES 2015 7Le Télégramme Lundi 14 décembre 2015

Page 11: Sept régionsàdroite,cinq àgauche,aucune auFN€¦ · sent les Français », parmi lesquelles l’Europe, le chômage, la sécurité, l’identité. Autant dire qu’il est prêt

Didier Déniel

Hier, comme au premier tour, Jean-Yves Le Drian a suivi la soirée électo-rale du siège de la Fédération du PS,rue de La Chalotais, à Rennes. Vigiles,officiers de sécurité et barrières métal-liques. Le ministre candidat était sousbonne escorte, dans la soirée.À 20 h 30, au regard des premiersrésultats des urnes, il est apparu dansla salle de presse devant une forêt demicros et de caméras. Dans un dis-cours, qui n’a pas excédé troisminutes, il a remercié les Bretons etles Bretonnes de s’être exprimé« avec clarté (…) ». Revenant sur lescore du FN au premier tour, sansjamais citer le parti frontiste, Jean-Yves Le Drian a déclaré : « Cette vic-toire nous oblige car ce vote a révélédes peurs, des colères, des frustra-tions qui sont allées se réfugier dansdes choix qui sont à l’opposé desvaleurs fondamentales de la Bre-tagne ».À 22 h 30, il a été chaudement applau-di par les quelque 200 militants quil’attendaient à la ferme de La Harpedans le quartier de Villejean où unesoirée était organisée. Plus détendu

que face aux caméras, Jean-Yves LeDrian a souhaité bonne soirée aux per-sonnes présentes de la part du chefde l’État. « Je viens de l’avoir au télé-phone ».

« 16 points gagnés grâceaux trois débats »Puis il est revenu sur la campagne qui« n’était pas simple ». « La droite m’areproché de ne pas avoir été présent.Aujourd’hui, je peux vous dire que lestrois débats auxquels j’ai participé

nous ont fait gagner 16 points. Nosconcurrents peuvent s’estimer heu-reux que nous ayons commencé tardi-vement la campagne ».Le ministre de la Défense a aussidemandé à ses partisans de « réflé-chir aux leçons du scrutin. Pourquoia-t-on fait mieux qu’en 2010 ? Il n’y apas que ma personnalité. C’est beau-coup plus complexe que cela. Jepense que nous avons gagné parceque nous étions cohérents et en cohé-sion ».

11 h 30, à Belle-Isle-en-Terre (22).Dans cette commune de 1.100 habi-tants, on ne badine pas avec les élec-tions. « Au premier tour, dimanchedernier, on était à 62,52 % de partici-pation », souligne Arnaud Meunier,adjoint au maire. Effectivement.Tout le monde sort de la mairie oùest installé l’unique bureau de voteavec le sentiment du devoir accom-pli. On se fait la bise. On échangequelques mots. « Dans les petitescommunes rurales, tout le monde seconnaît. Voter c’est une occasion sup-plémentaire de se rencontrer », com-mente une dame qui, après avoir glis-sé son bulletin dans l’urne, part ache-ter son pain.

« Les scores du FNm’ont incité à venir »Yann, un jeune étudiant de 20 ans,est satisfait d’avoir voté. « Dimanchedernier, je n’ai pas trouvé le tempsde le faire. Ou peut-être la motiva-tion. Ce sont les scores du FN quim’ont incité à venir. Je suis étudiantà Rennes. On en a parlé en cours.Cette montée des extrêmes m’in-quiète. J’espère que de nombreuxautres électeurs ont fait comme moi.En tout cas, ça a motivé pas mal demes copains ».À quelques kilomètres de là, sur lescoups de midi, dans la petite mairie

de Moustéru (22), les responsablesdu bureau de vote font leurscomptes. « On a 496 inscrits dans lacommune. 140 sont déjà venusvoter, soit 30 de plus que dimanchedernier. C’est bon signe ».

Beaucoup de jeunesavec leurs parentsCap sur Saint-Brieuc, dans le bureaunuméro 4, installé à l’IUT. Dans cequartier périphérique qui borde laRN 12, on dit avoir compté 40 nou-veaux votants sur les quelque 200qui ont glissé leur enveloppe bleuedans l’urne. « Essentiellement desjeunes qui viennent avec leursparents. Comme s’ils s’étaient faittirer l’oreille », plaisante un scruta-teur. Les gens que nous interro-geons, toutes générations confon-dues, étaient tous présents au pre-mier tour. Excepté un couple de quin-quagénaires. « J’avais égaré mespapiers, raconte la femme. Sanscarte d’identité, je ne pouvais pasvoter. Mon mari est resté avec moi àla maison. Aujourd’hui, noussommes contents de voter. Pas pourle FN. Cette percée nous inquiète. Jeme demande dans quelle républiquevivront nos enfants ».

« Cette liberté est précieuse »À 500 m de là, dans le quartier popu-

laire de Ginglin, deux bureaux ontété aménagés dans les locaux del’école publique de la Vallée, au pieddes tours HLM. Ici, les taux de partici-pation ont toujours été historique-ment bas. « C’est ici qu’on vote lemoins, souligne un habitant d’ori-gine maghrébine, qui pousse laporte du bâtiment avec sa femmeaux cheveux recouverts d’un voile.Nous, on a toujours voté et on voteratoujours. Nous sommes citoyens fran-çais et nous sommes fiers d’avoirnotre mot à dire. Cette liberté estprécieuse ».C’est sous l’immense verrière lumi-neuse qui couvre le cœur de l’écoleque les électeurs prennent leurs bul-letins. Dans un des deux bureaux, ona noté une légère augmentation.Mais pas dans l’autre. « À 14 h, onétait à 166 bulletins glissés dansl’urne contre 178, dimanche dernier.C’est à n’y rien comprendre », com-mente une scrutatrice.À 15 h 30, dans le bureau numéro 11de Lamballe (22), nous rencontre-rons deux abstentionnistes du pre-mier tour qui ont tenu à être pré-sentes. « Moi, j’avais un tournoi debridge, je n’étais pas là », annoncela première. « Moi, je devais prépa-rer un repas de famille répondl’autre. Pas eu le temps. Même pasune demi-heure. Je le regrette ».

Pho

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Christian Troadec, candidat créditéde 6,71 % des voix au premier tourdes régionales, n’avait donnéaucune consigne de vote aux élec-teurs de sa liste « Oui la Bretagne »pour ce second tour. Sachant que, àCarhaix (29), la figure des bonnetsrouges était largement arrivée entête avec 44,8 % des voix, les résul-tats de ce second tour étaient trèsattendus. Sans surprise, Jean-Yves Le Drian est arrivé en tête,dimanche soir, avec 57,5 % desvoix, devant Marc Le Fur (26,6 %)et Gilles Pennelle (15,6 %).

Carhaix. Le Drianroi du second tour

Dinard. Score historiquepour Le Drian

J.-Y. Le Drian. Le triomphe modeste

L E S E C O N D T O U R E N B R E F

Le vote des électeurs d’Ille-et-Vi-laine s’inscrit dans la moyenne bre-tonne, avec un score légèrementsupérieur pour le PS et légèrementinférieur pour les deux autreslistes. Ces résultats sont conformesaux projections que l’on pouvaitfaire au lendemain du premiertour, malgré une forte progressionde la participation (56,9 % contre49,5 %, soit 41.499 votants deplus). Les communes les plus favo-rables au FN ont maintenu leurvote (jusqu’à 42 %), comme globa-lement l’ensemble du départe-ment. La ville de Rennes a moinsvoté (50,3 %). Elle donne un scoreélevé au PS (63,08 %) et l’un desrésultats les plus bas de Bretagneau FN (11,11 %, ce qui représenteun nombre record de 6.027 voixpour la ville).

Rennes. 63,08 % des voixpour Le Drian

Au soir du premier tour, certainsn’avaient pas manqué de soulignerque, même à Dinard (35), ville bienancrée à droite depuis des décen-nies, Jean-Yves Le Drian devançaitMarc Le Fur de 40 voix. Audeuxième tour, le taux de participa-tion a été de 56,75 %, soit 5 pointset demi de plus par rapport au pre-mier tour. Et les Dinardais ontaccentué l’avance du ministre de laDéfense qui recueille 42,3 % desvoix contre 37,5 % pour le candidatde droite, Marc Le Fur. Un score his-torique pour Jean-Yves Le Drian.Quant à Gilles Pennelle (Front natio-nal), il a été crédité de 20,2 % dessuffrages.

RÉGIONALES 2015

Participation. « Fiersd’avoir notre mot à dire »

Soutenue par le Parti socialiste et les radicaux de gaucheLe vote de la liste conduite par Le Drian

51,41 %43

18 sièges

12 sièges

Soutenue par Les Républicains (ex UMP) et le MoDem Le vote de la liste conduite par Le Fur

29,72 %

Soutenue par Le Front nationalLe vote de la liste conduite par Pennelle

18,87 %

Brest

Quimper

Lorient

Quimperlé

Vannes

Ploërmel

Pontivy

St-Brieuc

St-Malo

Dinan

Guingamp

Lannion

Rennes

Vitré

FougèresCarhaix

Morlaix

Moyenne bretonne

Brest

Quimper

Lorient

Quimperlé

Vannes

Ploërmel

Pontivy

St-Brieuc

St-Malo

Dinan

Guingamp

Lannion

Rennes

Vitré

FougèresCarhaix

Morlaix

Moyenne bretonne

Brest

Quimper

Lorient

Quimperlé

Vannes

Ploërmel

Pontivy

St-Brieuc

St-Malo

Dinan

Guingamp

Lannion

Rennes

Vitré

FougèresCarhaix

Morlaix

Moyenne bretonne

Le Télégramme

Plus de 55 %

50 à 55 %

43 à 50 %

Moins de 43 %

Plus de 38 %

30 à 38 %

25 à 30 %

Moins de 30 %

Plus de 25 %

21 à 25 %

17 à 21 %

Moins de 21 %

Radenac. Le FNtoujours devant !

Hier soir, Jean-Yves Le Drian a fêté sa victoire entouré de 200 militants, à la fermede La Harpe, dans le quartier de Villejean, à Rennes.

Comme au premier tour où Gilles Pen-nelle avait décroché 41,1 % des suf-frages, devant Marc Le Fur (24,08 %)et Jean-Yves Le Drian (17,28 %), lacommune de Radenac (56) a de nou-veau accordé sa préférence au candi-dat du Front national, dimanche soir.Celui-ci devance Jean-Yves Le Drian de47 voix et Marc Le Fur de 64 voix, lorsde ce second tour qui a mobilisé437 électeurs sur 747 inscrits.

Didier Déniel

Hier, une partie desabstentionnistes dupremier tour a rejoint lesbureaux de vote. Le tauxde participation dans larégion s’élève à 56,8 %contre 51,58 % au premiertour. Hausse constatéedans la plupart desbureaux de vote que nousavons visités.

Le quartier de Ginglin, à Saint-Brieuc,est un de ceux où la participation esttoujours faible.

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8 Lundi 14 décembre 2015 Le Télégramme

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Comme au soir du premier tour, lechef de file de la liste « Le choix dela Bretagne » accuse le coup. Maispas question de baisser les bras. À59 ans, l’homme a connu bien piredans sa vie et a du tempérament.Comme pour la boxe, en politique,on sait prendre des coups pourmieux rebondir.

Déficit de notoriétéDes coups, Marc Le Fur savait qu’ilen prendrait, en abandonnant, en1984, inspiré par le député RPR Ber-trand Cousin, une carrière adminis-trative de haut niveau à laquelle ledestinait son parcours d’énarque,de sous-préfet et de conseillerd’Édouard Balladur. Mais voilà, leCostarmoricain aime le contact.Pugnace, combatif, dans ses man-

dats de conseiller général (*) et dedéputé - de 1993 à 1997 et depuis2002 - il en a, encore, estomaquéplus d’un en partant en campagnedès le début de l’été avec sa petiteauto bleue France. Peu de sommeilmais beaucoup de rencontres aucours de ce tro Breizh. Objectif :aller au cœur des préoccupationsdes Bretons et des Bretonnes. Et sefaire connaître pour gommer undéficit de notoriété. Car malgréson hyperactivité à l’Assembléenationale, le député de Quintin-Loudéac, non loin de ses terresd’origine en pays bretonnant (LeMoustoir et Plévin), n’est pasconnu hors des Côtes-d’Armor.

D’autres combatsEn vain. Tout était écrit dès le

6 décembre : dix points de moinsque son rival. Le contexte social etéconomique défavorable à lagauche, les directs du droit à l’en-contre d’un Jean-Yves Le Drian« absent » n’ont pas suffi. L’auradu socialiste et l’actualité ont peséplus lourd. Sans oublier cet électo-rat parti encore plus à droite.Et puis, toute qualité a son revers.La combativité sans nuance et lesnégociations « à la hussarde »avec l’UDI et le MoDem, ont, sansdoute, influé sur les électeurs cen-tristes. Qu’à cela ne tienne.L’homme pense déjà à d’autreséchéances, d’autres combats. Bat-tu, oui. Pas défait…

* De 2001 à 2015 et conseiller

régional de Bretagne de 1998 à 2004.

Marc Le Fur. Battu, pas défait

Hier soir, les résultats n’étaient pas àla hauteur des espoirs de Marc Le Furmais il se dit prêt à « continuer lecombat ».Avant ces élections, Gilles Pennelle

était un quasi-inconnu en Bretagne, hor-mis à Fougères (35) où il est conseillermunicipal. En portant le Front nationalà un niveau jamais atteint dans larégion et en talonnant la droite tradi-tionnelle, ce professeur d’histoire-géos’est fait un nom. Même s’il est nou-veau sur la scène politique bretonne,Gilles Pennelle n’en est pas pour autantun novice en politique. Loin de là.À 51 ans, l’homme a derrière lui pasmal d’années de militantisme. EnHaute-Normandie, qu’il a quittée en2003 pour Fougères, il avait, pendantplus de dix ans, exercé des mandats deconseiller régional et de conseiller muni-cipal à Rouen.Après une période d’abstinence poli-tique de huit ans suite à l’échec de l’ex-périence Mégret, Gilles Pennelle aentrepris, en 2010, à la demande deMarine Le Pen, de mettre en ordre debataille les fédérations bretonnes du FN

et de propager les idées frontistes dansune région qui, jusqu’à présent, luiétait très rétive. Une mission que ce« fervent mariniste », comme il se défi-nit lui-même, s’acquitte avec autoritéet méthode. Ce qui lui a valu, il y a unan, d’être nommé au bureau politiquedu FN.Son élection au conseil régional en faitincontestablement l’homme fort du FNen Bretagne. Elle lui offre une tribunedont il ne fait pas de doute qu’il saural’utiliser pour développer l’implanta-tion du parti en Bretagne. « Je seraidans une opposition déterminée, lecontraire de ce qu’ont été lesconseillers régionaux d’opposition UMPet UDI qui n’ont pas fait reculer lessocialistes. Cette élection n’est qu’undébut, mon objectif sera de préparerl’après-socialisme en Bretagne ». Jean-Yves Le Drian est prévenu.

Yvon Corre

Hervé Queillé

Jusqu’au bout, il y auracru. Jusqu’à la dernièreminute, le RépublicainMarc Le Fur se sera battupour récupérer laprésidence de la Région,perdue par la droite, il y aonze ans

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Gilles Pennelle. « Un début »

Hier soir, Gilles Pennelle s’est réjoui d’avoir passé une étape : celle qui permet àson parti, le Front national, de siéger au conseil régional de Bretagne.

Il a 68 ans, 45 ans d’engagement poli-tique, 38 de mandats. Des mandatsentremêlés qui tracent un itinéraire auxapparences parfois incertaines. Trom-peuses apparences : Jean-Yves Le Drianest tout sauf un inconstant. Il a tou-jours su où il voulait aller, ce qu’il fal-lait y faire et comment y aller. Ou yrevenir.C’est un enfant de Lorient, petit-fils demarin et de docker, fils d’ouvriers syndi-calistes et catholiques et brillant éco-lier. Étudiant, il milite à la Jeunesse étu-diante chrétienne (JEC) où les débats le

nourrissent de l’humanisme chrétienqui dominait la pensée bretonne dansles années 1960. Il aurait pu suivre lavoie démocrate-chrétienne empruntéepar bien d’autres grands élus bretonscomme Pierre Méhaignerie, Jean-YvesCozan ou Ambroise Guellec, avec les-quels il partage un fort attachementrégionaliste. Mais l’école de la JEC, del’Unef et les travaux pratiques deMai 68, le font pencher à gauche. Lecharisme mitterrandien achèvera de leconvaincre : en 1974, alors qu’ilenseigne à la fac d’histoire de Rennes,

il fait le choix du Parti socialiste.

Seize victoires, deux échecsÉlu conseiller municipal à Lorient en1977, puis député durant 23 ans, mairependant 17 ans, quatorze ans à la prési-dence de l’agglomération, huit ans pré-sident de la Bretagne, treize anscomme « conseiller de base » dans saville ou la région, cinq ans et demi augouvernement : tout cela fait un totalde 80 années de fonctions politiques,dont 39 à la tête d’exécutifs territoriauxqu’il a profondément marqués par son

action de terrain.À son tableau de marque électoral,seize victoires et deux échecs. Appeléau gouvernement en 1991, il réussit laréforme reconnue nécessaire mais répu-tée impossible du statut des dockers.Cette performance lui vaut le respectdes acteurs économiques portuaires…et la vengeance électorale des quais deLorient. Battu sans surprise aux législa-tives de 1993, il gagnera dans cettedéfaite l’image d’un homme politiquecourageux qui a sacrifié son poste à sesconvictions.

De retour au Palais Bourbon dès 1997,ce régionaliste de toujours veut réaliserson rêve de Bretagne : la Région paraîtprenable, les socialistes lui font confian-ce… et c’est raté. Il va lui falloir vivreun purgatoire dans l’opposition. Il n’ap-précie pas l’exercice, quoiqu’il yexcelle. Survient une loi anti-cumul. Ilquitte la Région pour rester député.

Retours gagnants« Je reviendrai », avait-il dit. Les Bre-tons ne lui pardonneront pas cet aban-don, commentaient les sceptiques.Mais en restant parlementaire, ildemeure un socialiste de premier rangplus apte qu’un ex-meneur battu àconserver son leadership breton : en2004, il gagne l’investiture, conquiertla présidence tant espérée, quitteCAP L’Orient puis la députation. En2010, il est réélu avec plus de 50 % desvoix lors de la triangulaire qui l’opposeà la droite et à EELV-UDB.En 2012, nouvelle démission : il confiela présidence à Pierrick Massiot pourdevenir le ministre qui allait être le pluspopulaire du gouvernement, tout enrestant le conseiller régional « debase » le plus puissant qu’une régionait jamais prêté à la France.« Je reviendrai », avait-il redit. Il estrevenu et il a « revaincu ». 2015 auraété le remake triangulaire de 2010, unLe Drian super-star loin devant ses deuxconcurrents. Avec toutefois une diffé-rence notable : l’irruption du FN et l’éli-mination de l’UDB et d’EELV, ces der-niers n’ayant pas accepté les troissièges proposés par le PS.À la pression de l’appareil socialiste etde ses amis du gouvernement qui luidemandaient de lâcher du lest au profitde ses opposants du mandat précédentdont il n’avait guère envie comme alliésde circonstance, c’est l’élu breton etnon le ministre discipliné qui a réponduselon son principe, affirmé cinq ansplus tôt dans les mêmes circonstances :« Je ne prends pas mes ordres à Paris ».

Hier, vers 20 h 15, Jean-Yves Le Drian adonné une courte allocution danslaquelle il a lancé un appel au sens desresponsabilités et à la tolérance.

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Alain Le Bloas

Si Le Drian fait de lapolitique, c’est pourdécider en patron de cequi est bon pourl’institution qu’il dirige etles gens qui endépendent. Cet homme-làa le virus de l’exécutif. Ilest aujourd’hui à la têtede la Bretagne et membreinfluent dugouvernement. Sur sesterres, il ne reçoit pasd’ordres de Paris. À Paris,il ne les prend que de sonami Hollande. Itinéraired’un mordu de l’actionpublique, animé par lavolonté de pouvoir… agir.

Jean-Yves Le Drian. Le virus de l’exécutif

RÉGIONALES 20159 Lundi 14 décembre 2015 Le Télégramme

Page 13: Sept régionsàdroite,cinq àgauche,aucune auFN€¦ · sent les Français », parmi lesquelles l’Europe, le chômage, la sécurité, l’identité. Autant dire qu’il est prêt

Depuis le début des années 1970,au moment où ont été créés les« établissements publics régio-naux » (EPR), sept présidents sesont succédé dans le fauteuil del’hôtel de Courcy, à Rennes. La plu-

part ont été des figures de la poli-tique nationale. C’était bien sûr lecas de René Pleven, le premier àoccuper ce fauteuil, qui, vingt ansplus tôt, avait été président duconseil, c’est-à-dire l’équivalent duPremier ministre d’aujourd’hui.Il faut préciser qu’à cette époqueles membres des EPR, comme onles appelait, n’étaient pas élus ausuffrage universel direct. Le conseilrégional était alors composé detous les parlementaires de la régionet de représentants nommés par lesconseils généraux et les principalesmunicipalités, lesquels, chaqueannée, renouvelaient le président.En fait, le vrai pouvoir, c’était le pré-fet de région qui le détenait.

Les ogres Marcellinet BourgesEn 1976, René Pleven est remplacépar un autre centriste, le FinistérienAndré Colin qui, sous la IVe Répu-blique, participa à de nombreux

cabinets. Lui succède, en 1978, Ray-mond Marcellin, grande figure nonseulement de la politique bretonnemais aussi nationale. Dix fois rééludéputé du Morbihan et maintes foisministre, ce proche de De Gaulleaura incontestablement marqué deson empreinte la politique natio-nale et cela, quoi que l’on pense deson action comme ministre de l’In-térieur en mai 1968.En 1986 lui succède le RPRYvon Bourges. Il est le premier pré-sident de la Région Bretagne dontl’élection procède du suffrage uni-versel, cela suite aux fameuses loisDeferre sur la décentralisation quiont transformé les régions en collec-tivités territoriales et les ont affran-chies du pouvoir tutélaire du préfet.À l’instar de Raymond Marcellin,Yvon Bourges était un ogre de lapolitique. Avant de devenir pré-sident de la Région Bretagne il avaitoccupé, entre 1965 et 1980, plu-sieurs postes ministériels, dont

celui de la Défense.

Le premier socialisteAprès deux mandats c’est un autreRPR, le Morbihannais Josselin deRohan, qui en 1998 lui succède. En2004, ce proche de Chirac est battupar un certain Jean-Yves Le Drian,qui devient ainsi le premier socia-liste à siéger à l’hôtel de Courcy.Déjà une victoire sans appel avecplus de 58 % des voix au secondtour. Un résultat qu’il réédite sixans plus tard, face à l’ex-préfète Ber-nadette Malgorn. De quoi déjà, etavant qu’il ne devienne ministre dela Défense, s’inscrire dans la tracede ses prédécesseurs les plus presti-gieux.Ce dimanche, Jean-Yves Le Drian al’occasion de devenir le premier pré-sident de la Bretagne à remportertrois fois de suite le scrutin régio-nal. Une performance qui resteraitforcément dans l’histoire de la poli-tique bretonne.

Yvon Corre

Si Jean-Yves Le Drian estélu président du conseilrégional de Bretagne, cesoir, il inscrira son nomdans l’histoire politiquebretonne. Ce serait satroisième élection à latête de la Région. Uneperformance jamaisréussie par un autrepolitique breton.

Régionales. Un scrutin pour l’HistoireDimanche 13 décembre 2015 Le Télégramme