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Infectiologie 2 447 Séroprévalence du virus de lhépatite C (VHC) aux urgences médicojudiciaires (UMJ) B. Becour a , F. Questel a , G. Kierzek a , J.-B. Trabut b , J.-L. Pourriat a a Service des urgences médicochirurgicales et médicojudiciaires, université Paris-Descartes, faculté de médecine, Hôtel-Dieu, Paris, France b Unité dhépatogastroentérologie, Hôtel-Dieu, Paris, France Mots clés. VHC ; Urgences médicojudiciaires ; Agression sexuelle Une enquête sur la séroprévalence du virus de lhépatite C (VHC) a été réalisée chez des sujets ayant consulté aux UMJ en 2005 (45 000 passages) pour agression sexuelle (AS) et de confron- ter cette prévalence à celle de la population générale. Méthode. L inclusion a porté sur la population consultant aux UMJ pour : victimes dAS (VAS) ; victimes de morsures et griffures (VMG) ; auteurs présumés dAS (AAS) ; personnes privées de liberté (PPL), à leur demande. Pour les victimes, le dépistage virologique était systématique- ment proposé et effectué à la consultation initiale aux UMJ, dans les 24 heures suivant lagression. Il était également proposé aux agresseurs présumés. La technique utilisée reposait sur un test Elisa Abbott de troisième génération. En cas de positivité, un second test Elisa de confirmation était réalisé. Parallèlement, les prélèvements pour le dépistage du VIH et des maladies sexuelle- ment transmissibles étaient effectués selon les recommandations en vigueur. Pour les victimes dAS ou de MG, un nouveau prélève- ment sérologique était effectué à un, quatre et six mois après les faits. Résultats. Six cent trente-cinq sujets ont été inclus. L âge moyen était de 38 ans avec une nette prédominance féminine (68,8 %). Aucun AAS na refusé le prélèvement. Trente-cinq sujets étaient VHC positif (5,5 %IC : 3,747,28). Cinq patients étaient co- infectés VHCVIH (VAS = 2, VMG = 1, AAS = 2). Aucun des 35 sujets nétait préalablement informé de sa séropositivité. Chez les victi- mes, il ny a eu aucune séroconversion à un mois ou plus. Il nya pas eu de possibilité de contrôle ultérieur chez les AAS. Les fac- teurs associés à VHC positif étaient les suivants : sexe masculin (p = 0,0003), toxicomanie i.v. (p = 0,0001) ou intranasale (p = 0,003), AAS (p = 0,0015), transfusion avant 1992 (p = 0,047). Chez les victimes, la prévalence était globalement plus basse (4 % ; p = 0,0006) mais restait supérieure à celle observée dans la population générale, actuellement estimée à 1,1 % en France et à 1,6 % aux États-Unis. Conclusion. Il existe une séroprévalence élevée du VHC dans la population consultant aux UMJ. Les facteurs de risque sont clas- siques. La prévalence est plus élevée chez les AAS, mais la préva- lence des victimes, bien quinférieure à celle des AAS, est plus éle- vée que dans la population générale, ce qui pose la question du contexte sociologique souvent défavorisé et du rôle des piercings et tatouages dans lensemble du collectif étudié. 448 Intérêt de lutilisation de la procalcitonine et de la CRP comme moyen de dépistage systématique des pathologies bactériennes aux urgences C. Ramaut a , A.-C. Pavageau a , N. Abderrahim b , N. Simon a a Fédération des urgences, CHI PoissySaint-Germain, France b Laboratoire de biochimie, CHI PoissySaint-Germain, France Mots clés. Procalcitonine ; CRP ; Urgences Introduction. Dans leur pratique quotidienne les urgentistes sont confrontés à la nécessité de dépister précocement les patients porteurs de pathologies bactériennes justifiant dune antibiothéra- pie. Pour cela ils confrontent les éléments cliniques avec les don- nées biologiques. Nous avons cherché à mettre en évidence linté- rêt de la procalcitonine et la CRP dans cette démarche. Méthodologie. Tout patient se présentant avec une tempéra- ture supérieure à 38° ou inférieure à 36° et un/ou deux critères de SIRS était inclus. Les critères spécifiques permettant de classer chaque pathologie, comme étant bactérienne ou non, étaient défi- nis au préalable. La procalcitonine était dosée par méthode semi- quantitative et quantitative (méthode Kriptor) pour chaque dos- sier. Résultats. En trois mois 246 dossiers analysés : infection bac- térienne pour 150 (61 %), une absence dinfection pour 89 (36 %), sept dossiers non déterminés (3 %). L aire sous la courbe ROC (ASCROC) pour la PCT était de 0,77 et de 0,73 pour la CRP (diffé- rence non significative). En utilisant lindex de Youden le meilleur seuil pour la PCT était de 0,2 ng/ml et pour la CRP de 30 mg/l. L analyse par sous-groupe est plus pertinente avec pour le groupe pulmonaire (ASCROC pour la PCT : 0,83 et pour la CRP : 0,75) et abdominal (ASCROC pour la PCT 0,78 et CRP 0,67). L association des deux marqueurs na pas permis daméliorer la pertinence des résultats. Conclusion. La PCTet la CRP, seules ou associées ne peuvent être utilisées systématiquement comme marqueur de dépistage des pathologies bactériennes. Dans certains contextes particuliers, notamment en cas de symptomatologie pulmonaire ou abdominale la PCT permet de poser plus précocement lindication formelle dune antibiothérapie. Journal Européen des Urgences 20 (2007) S184S187 doi:10.1016/j.jeur.2007.03.502

Séroprévalence du virus de l'hépatite C (VHC) aux urgences médicojudiciaires (UMJ)

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Page 1: Séroprévalence du virus de l'hépatite C (VHC) aux urgences médicojudiciaires (UMJ)

Journal Européen des Urgences 20 (2007) S184–S187

Infectiologie 2

447Séroprévalence du virus de l’hépatite C (VHC) aux urgencesmédicojudiciaires (UMJ)B. Becoura, F. Questela, G. Kierzeka, J.-B. Trabutb, J.-L. Pourriataa Service des urgences médicochirurgicales et médicojudiciaires,université Paris-Descartes, faculté de médecine, Hôtel-Dieu,Paris, FrancebUnité d’hépatogastroentérologie, Hôtel-Dieu, Paris, France

Mots clés. – VHC ; Urgences médicojudiciaires ; Agressionsexuelle

Une enquête sur la séroprévalence du virus de l’hépatite C(VHC) a été réalisée chez des sujets ayant consulté aux UMJ en2005 (45 000 passages) pour agression sexuelle (AS) et de confron-ter cette prévalence à celle de la population générale.

Méthode. – L’inclusion a porté sur la population consultant auxUMJ pour :

● victimes d’AS (VAS) ;

● victimes de morsures et griffures (VMG) ;

● auteurs présumés d’AS (AAS) ;

● personnes privées de liberté (PPL), à leur demande.

Pour les victimes, le dépistage virologique était systématique-ment proposé et effectué à la consultation initiale aux UMJ, dansles 24 heures suivant l’agression. Il était également proposé auxagresseurs présumés. La technique utilisée reposait sur un testElisa Abbott de troisième génération. En cas de positivité, unsecond test Elisa de confirmation était réalisé. Parallèlement, lesprélèvements pour le dépistage du VIH et des maladies sexuelle-ment transmissibles étaient effectués selon les recommandationsen vigueur. Pour les victimes d’AS ou de MG, un nouveau prélève-ment sérologique était effectué à un, quatre et six mois après lesfaits.

Résultats. – Six cent trente-cinq sujets ont été inclus. L’âgemoyen était de 38 ans avec une nette prédominance féminine(68,8 %). Aucun AAS n’a refusé le prélèvement. Trente-cinq sujetsétaient VHC positif (5,5 %–IC : 3,74–7,28). Cinq patients étaient co-infectés VHC–VIH (VAS = 2, VMG = 1, AAS = 2). Aucun des 35 sujetsn’était préalablement informé de sa séropositivité. Chez les victi-mes, il n’y a eu aucune séroconversion à un mois ou plus. Il n’y apas eu de possibilité de contrôle ultérieur chez les AAS. Les fac-teurs associés à VHC positif étaient les suivants : sexe masculin(p = 0,0003), toxicomanie i.v. (p = 0,0001) ou intranasale(p = 0,003), AAS (p = 0,0015), transfusion avant 1992 (p = 0,047).Chez les victimes, la prévalence était globalement plus basse(4 % ; p = 0,0006) mais restait supérieure à celle observée dans lapopulation générale, actuellement estimée à 1,1 % en France et à1,6 % aux États-Unis.

doi:10.1016/j.jeur.2007.03.502

Conclusion. – Il existe une séroprévalence élevée du VHC dansla population consultant aux UMJ. Les facteurs de risque sont clas-siques. La prévalence est plus élevée chez les AAS, mais la préva-lence des victimes, bien qu’inférieure à celle des AAS, est plus éle-vée que dans la population générale, ce qui pose la question ducontexte sociologique souvent défavorisé et du rôle des piercingset tatouages dans l’ensemble du collectif étudié.

448Intérêt de l’utilisation de la procalcitonine et de la CRP commemoyen de dépistage systématique des pathologies bactériennesaux urgencesC. Ramauta, A.-C. Pavageaua, N. Abderrahimb, N. Simonaa Fédération des urgences, CHI Poissy–Saint-Germain, Franceb Laboratoire de biochimie, CHI Poissy–Saint-Germain, France

Mots clés. – Procalcitonine ; CRP ; Urgences

Introduction. – Dans leur pratique quotidienne les urgentistessont confrontés à la nécessité de dépister précocement les patientsporteurs de pathologies bactériennes justifiant d’une antibiothéra-pie. Pour cela ils confrontent les éléments cliniques avec les don-nées biologiques. Nous avons cherché à mettre en évidence l’inté-rêt de la procalcitonine et la CRP dans cette démarche.

Méthodologie. – Tout patient se présentant avec une tempéra-ture supérieure à 38° ou inférieure à 36° et un/ou deux critères deSIRS était inclus. Les critères spécifiques permettant de classerchaque pathologie, comme étant bactérienne ou non, étaient défi-nis au préalable. La procalcitonine était dosée par méthode semi-quantitative et quantitative (méthode Kriptor) pour chaque dos-sier.

Résultats. – En trois mois 246 dossiers analysés : infection bac-térienne pour 150 (61 %), une absence d’infection pour 89 (36 %),sept dossiers non déterminés (3 %). L’aire sous la courbe ROC(ASCROC) pour la PCT était de 0,77 et de 0,73 pour la CRP (diffé-rence non significative). En utilisant l’index de Youden le meilleurseuil pour la PCT était de 0,2 ng/ml et pour la CRP de 30 mg/l.L’analyse par sous-groupe est plus pertinente avec pour le groupepulmonaire (ASCROC pour la PCT : 0,83 et pour la CRP : 0,75) etabdominal (ASCROC pour la PCT 0,78 et CRP 0,67). L’associationdes deux marqueurs n’a pas permis d’améliorer la pertinence desrésultats.

Conclusion. – La PCT et la CRP, seules ou associées ne peuventêtre utilisées systématiquement comme marqueur de dépistagedes pathologies bactériennes. Dans certains contextes particuliers,notamment en cas de symptomatologie pulmonaire ou abdominalela PCT permet de poser plus précocement l’indication formelled’une antibiothérapie.