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Seventies Le choc de la photographie américaine Exposition en partenariat avec Dans le cadre du Mois de la Photo à Paris, novembre 2008, et de Paris Photo

Seventies Le choc de la photographie américaine · Loin du pictorialisme, à distance du pur document, ils ne marquaient pas pour autant la rupture avec la ric he tradition établie

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Exposition en partenariat avec

Dans le cadre du Mois de la Photo à Paris, novembre 2008, et de Paris Photo

Exposition

Site Richelieu

Sommaire

Communiqué de presse 3

Renseignements pratiques 4 Iconographie 5

La collection de photographies américaines de la BnF 7

Présentation 8

Parcours de l’exposition 10 Publication 13

Louis Roederer, grand mécène de la photographie 14

DOSSIER DE PRESSE

COMMUNIQUE DE PRESSE

SeventiesLe choc de la photographie américaine

La Bibliothèque nationale de France met en lumière plus de trois cents photographies en noir et blanc des années 70, travaux de quelque trente auteurs américains. « La BnF ne possède pas moins de trois mille tirages d’époque, fruits d’acquisitions et de donations généreuses, rassemblés grâce aux liens noués depuis près de quarante ans avec les auteurs. Une riche collection qui nous permet aujourd’hui de rendre hommage à cette génération de photographes américains, artisans de la rupture qui mirent leur talent au service d’une esthétique inventive et subversive », déclare Bruno Racine, président de la BnF.

En 1971, la Bibliothèque Nationale consacrait une exposition au travail de jeunes Américains alors peu connus. Leurs photographies rompaient avec la conception du médium qui prévalait en Europe, où régnait la photographie humaniste. Diane Arbus, Lee Friedlander, Garry Winogrand, entre autres engageaient chacun à leur manière une évolution singulière et audacieuse. Ils interrogeaient sans a priori les multiples possibilités du médium photographique. Loin du pictorialisme, à distance du pur document, ils ne marquaient pas pour autant la rupture avec la riche tradition établie par Walker Evans, Harry Callahan ou Aaron Siskind, dont ils avaient parfois reçu l’enseignement.

Le portrait, autour de vingt photographies de Diane Arbus, le paysage saisi à travers les objectifs si différents de Paul Caponigro, Lee Friedlander ou Joe Deal, les expérimentations narratives de Duane Michals ou Les Krims font écho dans l’exposition à la street photography de Garry Winogrand, William Klein, Bruce Gilden, aux vies marginales des modèles de Larry Clark, à la vision décalée du rêve américain de Bill Owens, aux recherches graphiques raffinées de Ralph Gibson. L’ensemble offre la part belle à la tradition très anglo-saxonne de l’onirisme et du fantastique interprétée par Ralph Eugene Meatyard, Arthur Tress ou Joel Peter Witkin. Cette exposition entend mettre en évidence l’audace et la vigueur des formes, montrer la confondante liberté qui, à cette époque, balaya les stéréotypes et exerce encore son emprise sur la conception post-moderne de la photographie. Il n’est que de songer au nombre de photographes qui, de par le monde, admirent et se réclament de Diane Arbus, à ceux qui ont regardé et appliqué les partis pris de William Klein, qui cherchent la vérité dans la prise de vue urgente de Garry Winogrand ou de Bruce Gilden, ou dans les recherches plastiques de Joel Peter Witkin...

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Exposition

Dates 29 octobre 2008 - 25 janvier 2009

Lieu BnF - Site RichelieuGalerie de photographie58 rue de Richelieu - Paris IIe

Métro : Bourse, Palais Royal, PyramidesBus : 20, 21, 27, 85, 74, 39

Horaires Du mardi au samedi 10h-19hDimanche 12h-19hFermé lundi et jours fériésEntrée : 7 euros, TR : 5 euros

Commissariat Anne Biroleau, conservateur en chef au département des Estampes et de la photographie

Coordination Maud Calmé, BnF, chargée d’expositions

Scénographie

Visites guidées

Véronique Dollfus

Renseignements et réservations au 01 53 79 49 49

Publication 70’. Le choc de la photographie américaineTexte d’Anne Biroleau et Gilles Mora340 pages et 250 reproductionsÉditions de la BnFPrix : 48 euros

Contacts presse Claudine Hermabessièrechef du service de presse 01 53 79 41 18 - [email protected]

Isabelle Coillychargée de communication presse01 53 79 40 11 - [email protected]

SeventiesLe choc de la photographie américaine

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ICONOGRAPHIE Iconographie disponible dans le cadre de la promotion de l’exposition uniquement. Les images de cette sélection ne peuvent faire l’objet d’aucune retouche ni d’aucun recadrage. Conditions d’utilisation et restrictions précises sont indiquées au bas de chaque image.

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Louis FaurerNew York City. Accident, Lexington avenue between 51st and 52nd street, 1952BnF, dpt des Estampes et de la photographie©Louis FaurerPUBLICATION NON AUTORISEE SUR INTERNET

Jeffrey K. SilverthorneUgly Pat, 1972BnF, dpt des Estampes et de la photographie©Jeffrey K. Silverthorne

Mary Ellen MarkUSA. Alabama. Anniston, Woman in training, 1977BnF, dpt des Estampes et de la photographiePUBLICATION AUTORISEE HORS COM-MERCIAL ET INFERIEURE A 1/4 DE PAGE©Mary Ellen Mark

Garry WinograndUSA, New York, 1972BnF, dpt des Estampes et de la photographie© The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

Charles HarbuttUSA. Bride in church basement, 1965BnF, dpt des Estampes et de la photographie© Charles Harbutt

Garry WinograndUSA, Californie. Los Angeles,1969BnF, dpt des Estampes et de la photographie© The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

Larry ClarkTeenage lust, 1983BnF, dpt des Estampes et de la photographie© Larry Clark

Larry FinkSans titre, 1977BnF, dpt des Estampes et de la photographie©Larry Fink

Bill OwensSérie Suburbia, 1973 “I enjoy giving Tupperware parties in my home...”BnF, dpt des Estampes et de la photographie© Bill Owens

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Bill OwensSérie Suburbia, 1973 “We are really happy …”BnF, dpt des Estampes et de la photographie© Bill Owens

Charles HarbuttNew York. Park Avenue. Corporate buildings, 1970BnF, dpt des Estampes et de la photographie© Charles Harbutt

Joe DealThe Fault zone. San Bernardino. California, 1978BnF, dpt des Estampes et de la photographie© Joe Deal

John R. GossageUntitled, 1980BnF, dpt des Estampes et de la photographie© John R. Gossage

Lee FriedlanderTucson. Arizona, 1975BnF, dpt des Estampes et de la photographie© Lee Friedlander, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

Ralph GibsonSérie Déjà Vu, 1972BnF, dpt des Estampes et de la photographie© Ralph Gibson

Ralph GibsonSérie Déjà Vu, 1972BnF, dpt des Estampes et de la photographie© Ralph Gibson

Arthur TressSérie Shadow, 1975BnF, dpt des Estampes et de la photographie© Arthur Tress

Ralph Eugene MeatyardRomance from Ambrose Bierce #3, 1962 ©The Estate of Ralph Eugene Meatyard, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

Kenneth JosephsonUSA. Wyoming. The Teton range, 1971BnF, dpt des Estampes et de la photographie© Kenneth Josephson/Higher Pictures courtesy Stephen Datier Gallery

Les trois cent vingt photographies américaines exposées ont été sélectionnées au sein d’un ensemble de plus de trois mille épreuves produites dans les années 1970 et conservées par le département des Estampes et de la photographie de la BnF. Elles constituent une part encore peu connue de la collection de la Bibliothèque.

La collection de photographies du département des Estampes était depuis 1851, date d’entrée de la première photographie, étroitement axée sur la production française. Elle comportait déjà plusieurs millions d’images, lorsque s’imposèrent à la fois l’évidence de l’universalité du médium et la nécessité de s’ouvrir plus largement à la création étrangère. Si, entre 1851 et 1968 les photographes français ou vivant en France y figuraient majoritairement, la décennie 1970 marqua l’ouverture de la collection aux travaux d’auteurs étrangers, notamment américains. En effet, dès le milieu des années 60, l’Amérique - le monde de l’art comme le grand public - se passionne pour la photographie, « se découvre folle de sa photographie », selon la formule de Gilles Mora. L’émergence d’une nouvelle génération de photographes a eu une influence décisive dans l’affirmation de la photographie comme l’une des formes expressives les plus populaires de la décennie 70. Les noms de ces jeunes artistes sont maintenant célèbres : Diane Arbus, Lee Friedlander, ou encore Garry Winogrand qui sera, aux yeux de John Szarkowski, l’influent conservateur du MOMA (New York) « le photographe central de sa génération ». En 1969, les premières photographies de Diane Arbus, tirées par ses soins, rejoignirent la collection de la BnF, en partie par acquisition et plus largement par donation de l’artiste. En juin 1971, l’exposition « New Documents » conçue au MOMA par John Szarkowski fut présentée dans la Galerie de photographie (située à l’époque 67, rue de Richelieu), sous le titre « Nouvelle photographie USA ». On découvrit alors les œuvres, non seulement de Diane Arbus, mais de Lee Friedlander, Garry Winogrand, Jerry N. Uelsmann, Paul Caponigro…La relation ainsi établie avec ces artistes se consolida au fil du temps, et trois mille épreuves couvrant cette période vinrent se joindre aux vingt tirages initiaux d’Arbus. Cette ouverture ne se limita pas aux œuvres des Américains, mais embrassa la scène photographique mondiale. Figurent dans la collection les œuvres d’auteurs aussi divers que Mario Giacomelli, Manuel Alvarez Bravo, Eikoh Hosoe, Martin Chambi…

Le territoire de la collection, jusque-là unidimensionnel et ethnocentré se transforma en un système largement ouvert aux expressions étrangères. La gravure avait franchi le pas dès le dix-septième siècle, et cette nouvelle respiration de la collection de photographies ne faisait que reprendre à son compte une volonté de diversité déjà présente par le passé. Une prise de conscience de la circulation des formes et des influences, la nécessité d’envisager un parcours esthétique en relation permanente avec toutes les dimensions de la création paraissaient essentielles. Transformations stylistiques, éclatement des codes de représentation, déliquescence des modèles picturaux ou humanistes peuvent alors aisément être mis en évidence : il suffit de considérer l’ensemble des photographies conservées.

La collection de photographies américaines de la BnF

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La photographie américaine des 70’s : prémices et circonstances

Steichen, à la fin des années 60, fait circuler aux USA puis autour du monde une exposition devenue mythique : Family of Man, rebaptisée lors de sa tournée en France La grande famille des hommes. Robert Frank, une des figures fondatrices de la modernité photographique, qui fut l’assistant de Steichen sur Family of Man où figuraient sept de ses photographies, s’écarta très vite de cette conception du médium. Sa capacité à délivrer un message humaniste enveloppé de grands sentiments et diffusant une morale prétendue universelle, semblait ici atteindre ses limites. Son œuvre Les Américains, éditée d’abord en France en 1958 par Robert Delpire, étonne encore par sa liberté de prises de vues et sa vibrante audace formelle. Une période de la vie de la photographie s’achevait, et l’acuité des remarques de Roland Barthes dans Mythologies, au sujet de Family of Man, reste intacte. Le rôle de Robert Frank dans l’évolution de la photographie américaine a été souligné à maintes reprises : la découverte de son travail déclencha une véritable prise de conscience des possibilités, et surtout des spécificités d’un médium qui avait largement flirté avec le vocabulaire esthétique de la peinture, et ce malgré les leçons prophétiques de Walker Evans. La rupture avec un certain type de photographie documentaire, plombé par les conventions, est également patente dans la manière dont Robert Frank balaye les poncifs. Un article de la revue Popular photography lui reprocha, en 1960, de produire « des images floues, au grain marqué et inutile […] à la totale absence de composition normale, à la qualité relâchée des photographies d’amateurs ». La photographie, « art moyen » selon l’expression de Bourdieu est par ailleurs, dès cette époque une pratique vernaculaire fort répandue, et les photographes de la génération 70 recueillent avec intérêt les leçons du snapshot. Cadrage atypique, flou de bougé, flou de mise au point, superposition accidentelle de prises de vues, sujets sans qualité, banalité des situations, mises en scène malhabiles, toutes ces choses prohibées par la Straight photography deviennent, dans la technique des jeunes photographes, objets d’intérêt et d’expérimentation. Soutenus par les grands conservateurs de l’époque, John Szarkowski à New York, et Nathan Lyons à Rochester, ils ne se feront pas faute de s’y confronter.

Il serait faux de supposer que ces photographes ne possédaient pas une connaissance technique ou historique préalable. Ils furent bien au contraire, pour la plupart, les épigones des plus grands et suivirent l’enseignement de Minor White, Aaron Siskind, Harry Callahan, et d’autres encore. Aux Etats-Unis, la photographie avait depuis longtemps rejoint les écoles d’art de haut niveau, tel le célèbre New Bauhaus de Chicago.Cette conjonction de circonstances, jointe à l’intérêt des musées et des galeries fut le ferment de cette magnifique et foisonnante floraison de talents.

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Seventies Le choc de la photographie américaine

Présentation

Le propos de l’exposition

La période des années 70 est maintenant devenue « historique », cependant les trois cents photographies présentées dans cette exposition n’entendent aucunement proposer une histoire de la photographie américaine de cette époque. Il ne s’agit pas non plus d’offrir un catalogue de vedettes ou un « best of » de la collection de photographies américaines de la Bibliothèque, mais plutôt de donner à voir la nature de cette collection, d’envisager un parcours esthétique possible, un chemin parmi d’autres tracé dans le corpus qu’elle constitue, de montrer comment travaille et se travaille une collection publique.

La thématique de l’exposition est fondée sur le principe de la séquence envisagée comme catégorie, comme émergence d’un thème plastique.Séries, multiplicités munies d’une règle d’ordre visuel, émanations d’un vocabulaire plastique, les séquences s’arrangent entre elles de manière à former un réseau, une table de variations et de concordances, une circulation d’image en image. Elles permettent de considérer l’ensemble pour mesurer les similitudes ou les différences, les origines et les conséquences, les filiations et les discontinuités. Un discours esthétique se construit entre et à partir des images elles-mêmes, du territoire de la collection, de ses aires et de ses fragments.

Le choix a été fait de montrer des œuvres d’auteurs actuellement très renommés, mais aussi celles de photographes moins célèbres ayant travaillé ou travaillant encore dans le même esprit, explorant les mêmes thématiques que ces figures majeures.Un panorama de la collection et de la vie photographique de cette période ne saurait en effet se passer de faire découvrir quelques pépites. Ken Graves, par exemple, auteur du célèbre ouvrage American snapshots, qui fut l’un des premiers à exalter les trouvailles de la photographie d’amateurs, dévoile les vertus particulières du snapshot et de ses maladresses lorsqu’elles sont choisies et maîtrisées, d’autres auteurs encore, inexplicablement méconnus en Europe, tels Louis Faurer, et Ray K. Metzker, du moins jusqu’à son exposition rétrospective de 2006 à Lausanne.L’influence exercée par les photographes des années 70, dont beaucoup sont encore en activité, est vive dans la photographie actuelle. Il n’est que de songer au nombre de ceux qui admirent Diane Arbus et se réclament d’elle, à ceux qui ont regardé, compris et appliqué les partis pris de William Klein, qui cherchent une forme de vérité photographique dans la prise de vue nerveuse de Garry Winogrand ou l’austérité de Lee Friedlander.

Les photographies, les auteurs

Les épreuves, argentiques pour la plupart, sont des tirages d’époque, contemporains de la date de prise de vue, généralement réalisés par les auteurs lorsqu’ils ont l’habitude de tirer eux-mêmes leurs photos, ou sous leur direction : les photographies d’Arbus, par exemple sont des tirages de l’auteur elle-même. Pour des raisons de cohérence esthétique, les photographies exposées sont des tirages en noir et blanc et dont les prises de vue sont pour la plupart réalisées sur le territoire des États-Unis.

Les auteurs : Diane Arbus, Lewis Baltz, Paul Caponigro, Larry Clark, Tom Drysdale, Joe Deal, Larry Fink, Robert Frank, Leonard Freed, Lee Friedlander, Ralph Gibson, Bruce Gilden, John Gossage, Charles Harbutt, Kenneth Josephson, William Klein, Les Krims, Mary Ellen Mark, Ralph Eugene Meatyard, Ray K. Metzker, Duane Michals, Bill Owens, Ed Ruscha, Jeffrey K. Silverthorne, Arthur Tress, Jerry N. Uelsmann, Burk Uzzle, Joel Peter Witkin, et quelques précurseurs, Walker Evans, Louis Faurer, Harry Callahan.

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Seventies Le choc de la photographie américaine

Parcours de l’exposition

Le parcours de l’exposition est construit sur l’articulation de six grandes séquences, qui se subdivisent dans certains cas, se succèdent et se répondent entre elles.

La pratique du portrait, construite autour des vingt photographies tirées et choisies par Diane Arbus elle-même pour la collection, le paysage saisi à travers les objectifs de Paul Caponigro, Lee Friedlander, Lewis Baltz ou Joe Deal, l’expérimentation narrative et la photographie mise en scène telles que la conçoivent Duane Michals ou Les Krims font écho aux scènes de rue de Garry Winogrand , William Klein, Bruce Gilden, aux vies marginales des modèles de Larry Clark, à la vision décalée de l’humanité ordinaire de Bill Owens, à l’humour de Larry Fink et Ken Graves ou aux recherches plastiques de Ralph Gibson. Le programme fait la part belle à un aspect moins célébré, celui de l’onirisme et du fantasme, tradition très anglo-saxonne interprétée par Ralph Eugene Meatyard, Arthur Tress ou Joel Peter Witkin.

Harry Callahan, Walker Evans, Louis Faurer, Robert Frank

Si le rôle de Robert Frank, qui, avec Les Américains, opéra une véritable révolution, est fondamental dans le développement d’une nouvelle approche du médium, et d’une vision décomplexée des sujets, avant lui des photographes comme Harry Callahan et Louis Faurer avaient cerné les contours d’une nouvelle pratique photographique : composition anarchique, grain exagéré, flou, espaces complexes, relation subjective au sujet photographié… Cette séquence permet de mesurer à la fois la rupture et la continuité entre le modèle canonique de Walker Evans et les interprétations de ce type de sujets par Robert Frank, Louis Faurer, et William Klein qui figure dans la série consacrée aux rues.

« Je pense que les devenirs de la photographie sont au-delà de ce que les plus grand photographes ont créé, qu’ils s’appellent Edward Weston, Cartier-Bresson ou autres ». Cette déclaration de John Szarkowski en 1962 annonce le point de vue qui sera aussi celui des photographes œuvrant à partir des années 60. Ils adopteront avec génie le vocabulaire maladroit et les modèles triviaux du snapshot : lumière ambiante, qualité spontanée du choix du sujet, cadrage décomplexé, composition atypique, et surtout intérêt nouveau porté à des sujets et des personnages, anodins, quotidiens ou banals.

Portraits

Diane Arbus, Mary Ellen Mark, Jeffrey K. SilverthorneVingt photographies de Diane Arbus, tirées et choisies par elle-même pour le département des Estampes constituent le noyau de cette séquence. Sa relation privilégiée avec le modèle, son absence de préjugés et son art de dérouter le regard par l’usage du format carré s’y montrent à plein.Jeffrey Silverthorne s’intéresse, à l’instar de Larry Clark, aux marges de la société. Le travail qu’il a mené à la morgue de New York est à bien des égards celui d’un précurseur, bien souvent imité sans être cité.

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Séquence 1 - Some pioneers / Des précurseurs

Séquence 2- Snapshot influence/L’influence du snapshot

Street life / Les rues

Bruce Gilden, Charles Harbutt, William Klein, Leonard Freed, Lee Friedlander, Burk Uzzle, Garry WinograndLa vision novatrice et brutale de William Klein, dans sa série consacrée à New York, trouve son écho dans les compositions bousculées de Garry Winogrand, qui s’engage obsessionnellement dans la confrontation avec le réel de la mégapole et de ses habitants. Cette thématique est également travaillée de manière privilégiée par les photographes de reportage, dont plusieurs tels Bruce Gilden, Leonard Freed ou Charles Harbutt furent membres de Magnum.

Wild side / Les marges

Larry ClarkL’œuvre photographique de Larry Clark, fasciné par la période de l’adolescence ainsi que le montrent ses films, est avant tout une autobiographie photographique. Ses modèles sont les amis proches avec lesquels il partage une vie lessivée de tous les stéréotypes. La publication de son livre Tulsa (1971) parut d’abord choquante, elle est avant tout le témoignage vibrant et sincère d’une jeunesse à la dérive dans une petite ville paisible du Middle West. La force de ses images naît de son implication personnelle dans la vie marginale qu’il montre, de l’absence de tout alibi documentaire ou de toute compromission. L’impact de Tulsa peut être rapproché de celui des Américains de Robert Frank.

Parties / Les mondanités

Larry Fink, Leonard Freed, Charles Harbutt, Garry WinograndLarry Fink ou Garry Winogrand agissent en grands destructeurs des vanités mondaines. Leur capacité à infiltrer les cocktails et les soirées « people », à saisir dans un grand coup de flash le moment où les stéréotypes sociaux défaillent et où les masques se fissurent, élèvent la sécheresse descriptive à la hauteur d’une éthique.

Average people / Des gens ordinaires

Ken Graves, Les Krims, Bill Owens, Burk UzzleBill Owens s’attache à l’habitat et au mode de vie de la petite bourgeoisie américaine, sans en brosser une critique acerbe. La topique de la photographie d’amateur est toujours présente en filigrane, mais s’y superpose un humour décalé, dépourvu du moindre mépris. Les textes d’interview dont Bill Owens accompagne ses images accentuent leur parenté avec les vies minuscules décrites dans les nouvelles de Raymond Carver. Si la série Deerslayers adopte apparemment un style documentaire, Les Krims y apporte un sens personnel de la provocation qui le mènera vers une photographie largement mise en scène. Les stéréotypes culturels et idéologiques moyens y nourrissent sa posture satirique et donnent lieu à une démolition en règle de l’American way of life. Chez ces photographes, l’étrangeté naît du banal, elle n’en est que plus inquiétante.

Tom Drysdale, Charles Harbutt, Burk Uzzle Tours, vitres, béton, acier, signes scripturaires ou pictogrammes, chez Uzzle et Harbutt la structure des villes américaines ou des grandes mégalopoles est l’occasion d’une recherche formelle qui se hausse à l’élaboration d’une rhétorique du paysage urbain. Drysdale explore le même domaine, d’une manière plus dépouillée encore.

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Séquence 3 - Geometry and space/ Géométrie et espace

Minimal landscapes / Paysage minimal

Lewis Baltz, Joe Deal, Ed RuschaLa photographie de paysage interprétée par les « nouveaux topographes » combine un style marqué par la frontalité, la sérialité, la promotion de sujets vernaculaires substitués à une conception esthétisante. Elle s’accompagne chez Lewis Baltz ou Joe Deal d’une réflexion critique sur la transformation de la nature et sur l’impact écologique visible qu’engendre l’extension de l’habitat urbain. Walker Evans avait en son temps insisté sur la notion d’anonymat stylistique que ces photographes reprennent à leur compte. Ed Ruscha l’avait exploitée dans ses Twenty six gasoline stations, avec un parti pris « banalement technique et référentiel » clairement énoncé.

Nature and gardens / Nature et jardins

Paul Caponigro, Lee Friedlander, John R. GossageLa vision du paysage, chez ces trois auteurs, se détache de la conception issue de Weston. Le désordre naturel est présenté dans sa masse, les imbrications de plans, les volumes, l’encombrement du fouillis végétal ou minéral, restitués dans leur apparente confusion, sont avant tout l’occasion de créer une géométrie et une structure purement photographiques. Friedlander, admirateur à la fois d’Atget et de Walker Evans, fonde une nouvelle vision du paysage, qui trouve sa pleine expression dans son portfolio The American Monument.

Mark Feldstein, Ralph Gibson, Ken Josephson, Ray K. MetzkerLes œuvres de Ralph Gibson assument l’héritage des grandes visions photographiques européennes, « Nouvelle Vision » ou Bauhaus. La recherche graphique, le soin apporté au tirage, les connotations intellectuelles toujours sous jacentes lui ont valu une rapide reconnaissance en Europe. L’interrogation du médium, le refus de l’illusion de réalisme nourrissent également les recherches et les expériences de Ken Josephson ou Mark Feldstein.

Ralph Eugene Meatyard, Nancy Rexroth, Ken Ruth, Arthur Tress, Jerry N. Uelsmann, Joel Peter WitkinLes voies de la photographie documentaire sont assurément battues en brèche par les photographes qui, dans la foulée de Clarence John Laughlin, vont explorer leur imaginaire, mêlant une forme de surréalisme héritée de l’Europe, et la tradition du gothique noir. Meatyard produit son œuvre loin des tumultes de la mode, au cœur du Kentucky. Ses photographies sont l’expression d’un univers mental aussi sombre que riche, créé de toutes pièces, où les amis et les membres de sa famille se mettent au service de mises en scènes aussi parodiques qu’inquiétantes. Les autres auteurs, présentés dans cette séquence se situent pareillement à l’écart des voies documentaires, soit par la prise de vue directe au moyen de techniques pauvres (Rexroth), l’élaboration de mises en scènes complexes (Tress), ou encore par l’utilisation de manipulations pratiquées avec brio bien avant l’apparition du numérique (Uelsmann, Witkin).

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Séquence 4 - Landscape/ Paysage

Séquence 5 - Material and form/ Matière et forme

Séquence 6 - A dark mirror/ Le miroir obscur

Publication

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Le livre-catalogue de l’exposition entend mettre en évidence la confondante liberté de la jeune génération de photographes américains qui, dans les années 70, balaya les stéréotypes et exerce encore son emprise sur la conception post-moderne de la photographie. Publié par les éditions de la BnF, il comporte une sélection de 250 reproductions des pièces présentées dans l’exposition, un texte sur la photographie américaine des années 70 par Gilles Mora, spécialiste du domaine américain, deux textes d’Anne Biroleau sur la collection de photographies de la BnF ainsi qu’une bio-bibliographie de chacun des artistes présentés.

70’. Le choc de la photographie américaine

Par Anne Biroleau et Gilles MoraRelié, 23 x 27 cm340 pages250 reproductions

Editions de la BnFPrix : 48€

LOUIS ROEDERERGRAND MÉCÈNE DE LA PHOTOGRAPHIE

À LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE FRANCE

Avec plus de cinq millions d’images (documentaires, historiques, esthétiques…), collectées et conservées depuis le XIXe siècle, le fonds photographique du département des Estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France constitue l’une des plus grandes collections mondiales de photographie.

Pour la Maison Louis Roederer, apporter son soutien à cet extraordinaire patrimoine était une chance inespérée de tisser des liens avec la BnF, avec laquelle elle partage un authentique enracinement dans le Siècle des Lumières. Elle représente également la possibilité de construire sur une longue durée une relation de mécénat que l’on peut aujourd’hui considérer comme un exemple de participation intelligente d’une entreprise privée à la valorisation d’un patrimoine culturel public.Ainsi, depuis 2003, Louis Roederer finance la Galerie de photographie, l’édition de ses catalogues et favorise l’itinérance internationale d’un certain nombre de ses expositions.

Enfin, il était important pour la grande Maison champenoise de compléter ces actions par une incitation à l’excellence de la recherche dans le domaine de la photographie : c’est, depuis 2006, la raison d’être de la Bourse Louis Roederer de la photographie créée avec la BNF pour distinguer et encourager de jeunes chercheurs.

Parmi les expositions soutenues par Louis Roederer depuis 2003 : Capa, Sebastiao Salgado, Roger Ballen, Les Frères Séeberger, La Photographie humaniste, Atget, une rétrospective, Carl De Keyzer, Trinity, Acteurs en scène...

À propos de Louis Roederer

Fondée en 1776 à Reims, Le Champagne Louis Roederer est une maison familiale et indépendante dirigée par Frédéric Rouzaud qui a succédé à son père, Jean-Claude, au mois de janvier 2006. Outre la production de champagne, dont le mondialement célèbre Cristal, Louis Roederer possède également Roederer Estate et Schaffenberger en Californie, la Maison Delas Frères dans la vallée du Rhône, le domaine Adriano Ramos-Pinto au Portugal, les Châteaux Haut-Beauséjour et Pez (Saint-Estèphe), le champagne Deutz, les domaines d’Ott en Provence et tout dernièrement, à Bordeaux, les Châteaux Pichon Longueville de Lalande (Grand cru classé de Pauillac) et Bernadotte.

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