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Henryk Sienkiewicz 1846 – 1916 IANKO LE MUSICIEN (Janko Muzykant) 1880 Traduction de Charles Neyroud, Bartek vainqueur, Paris, Librairie de la Presse, 1886 [Annales politiques et littéraires, n°925, 17 mars 1901]. LA BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE LITTÉRATURE POLONAISE

Sienkiewicz - Ianko Le Musicien

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Ianko le musicien

Henryk Sienkiewicz

1846 1916IANKO LE MUSICIEN

(Janko Muzykant)

1880

Traduction de Charles Neyroud, Bartek vainqueur, Paris, Librairie de la Presse, 1886 [Annales politiques et littraires, n925, 17 mars 1901].Henrik Sienkiewicz, aujourdhui si clbre, dbuta jadis par un petit conte qui, du jour au lendemain, rendit son nom populaire. Il lui arriva ce qui advint Guy de Maupassant (que sa nouvelle de Boule de Suif tira brusquement de lobscurit). Nous offrons la curiosit de nos lecteurs ce morceau, qui a t trs lgamment et fidlement traduit par M. Neyroud.

Il vint au monde, faible, maladif.

Les voisines, qui entouraient laccouche, hochrent la tte en le voyant si petit, si misrable.

La forgeronne Szymonowa, la plus avise de toutes, consola la malade.

Jallumerai, au-dessus de ton lit, un grand cierge pour la Vierge, fit-elle. Tout est fini pour vous, prparez-vous entrer dans lautre monde; il faut envoyer chercher le cur, afin quil te nettoie de tes pchs.

Et le petit garon! dit une autre, il faut tout de suite le baptiser, il nattendra pas le cur; au moins quil ne meure pas paen.

Elle alluma un bout de cierge, prit lenfant, laspergea deau bnite froide, qui le fit cligner des yeux, puis pronona solennellement:

Je te baptise au nom du Pre, du Fils et du Saint-Esprit et te donne le nom de Jean; et maintenant, me chrtienne, retourne au ciel do tu viens. Amen!

Mais cette me chrtienne navait aucune envie, parat-il, de retourner au paradis et dabandonner le pauvre petit corps maigre quelle habitait. Au contraire, lenfant agita nerveusement les bras et les pieds et commena pleurer si doucement et si plaintivement quon aurait cru lentendre dire:

Quelle absurdit de croire que je vais quitter la terre!

On envoya chercher le cur. Il arriva en carriole, fit son devoir et repartit. Laccouche se sentit un peu mieux. Au bout dune semaine, elle allait dj aux champs; quant lenfant, il vgta peine, mais il vgta. Lorsque le coucou chanta son quatrime printemps, il se rtablit suffisamment pour atteindre sa dixime anne.

*

Il tait maigre, tout hl du soleil, avec un ventre boursoufl et des joues pendantes; des toupets de cheveux, aussi blancs que du lin, lui tombaient sur les yeux ou se hrissaient, tout bouriffs. Son regard clair tait pensif. Lhiver, il tait assis prs du pole et pleurait doucement de froid ou de faim de faim, surtout, quand sa mre navait rien faire cuire, ce qui arrivait souvent.

En t, il tait habill dune simple chemise, serre la ceinture par un bout de lisire, la figure abrite par un mauvais chapeau de paille, par les trous duquel sortaient des mches claires de cheveux.

Sa mre tait une pauvre ouvrire qui vivait au jour le jour, comme lhirondelle. Elle laimait peut-tre, son Ianko, mais elle le battait souvent, et lappelait toujours: enfant trouv. huit ans, il allait garder quelquefois le btail ou bien, quand il ny avait rien la maison, il devait chercher des agarics dans la fort. Si les loups ne le mangrent pas, cest que Dieu en avait certainement piti.

Il tait timide comme tous les enfants de paysans, toujours prts se fourrer un doigt dans la bouche quand un tranger leur adresse la parole. Personne ne pensait quil grandirait, et encore moins savisait-on de croire quil pourrait soulager plus tard sa mre. Il ne valait rien pour le travail.

On ne sut jamais comment cela stait fait, mais il navait de got que pour la musique. Cette endiable le suivait partout: il tait peine haut comme la table quil ne pensait qu cela. Il arrivait souvent quen allant faire patre les vaches dans la fort, il prenait avec lui une corbeille pour recueillir des baies; mais plus souvent encore, il revenait avec son panier vide, disait sa mre:

Oh! oh! mre! il y avait, dans la fort, quelque chose qui chantait!...

Il tait tout enthousiasm, mais sa mre:

Attends, je vais te faire chanter! Naie pas peur!

Et elle lui donnait de la musique avec la cuiller pot. Le petit criait, pleurait, promettait que cela ne lui arriverait plus; mais, malgr tout, malgr les coups qui lui brlaient la figure, il pensait cette merveilleuse musique de la fort... Les pins, les htres, les bouleaux, les merles dors, la fort tout entire jouait, chantait.

Et quelle musique merveilleuse!

... Le moindre brin dherbe avait sa chanson; les moineaux qui ppiaient dans le griottier, prs de la cabane, avaient une mlodie particulire. Le soir, il coutait les mille bruits de la campagne, dans le sommeil de la terre.

Si on lenvoyait dans les champs pancher le fumier, le vent lui-mme samusait siffler et gronder dans les fourches.

Une fois, le surveillant de la ferme le remarqua: il tait les bras ballants, au milieu du champ, couter de ses deux oreilles le gmissement de la brise dans les fourches. Il sapprocha de lui, et, le prenant par la ceinture, il lui donna une racle pour le faire souvenir quil devait travailler... Mais quoi cela servait-il? Les gens du village lappelaient Ianko Mouzikante (petit Jean le musicien). Au printemps, il courait au bord de la rivire couper les branches de frne ou de saule, pour se faire des fltes. De nuit, quand le choeur des grenouilles coassait, et que le rle et les butors chantaient dans lherbe humide de rose, il coutait... et Dieu sait quelle harmonie il trouvait dans ces bruits.

La mre nosait pas le prendre avec elle lglise, le dimanche, car, lorsque lorgue ronflait ou que lon chantait dune voix douce, les yeux de lenfant prenaient une singulire expression: il semblait quil regardait loin, loin... plus loin que ce monde.

*

Le garde qui allait de nuit dans la campagne et par le village, comptant les toiles au ciel pour ne pas sendormir en marchant ou sentretenant avec les oiseaux, avait souvent vu la petite chemise blanche de Ianko qui sapprochait furtivement de lauberge, mais il nentrait pas; il saccroupissait sous le rebord de la fentre ouverte et coutait les jeunes gens dansant lobertass; de temps autre, on entendait la voix dun gars qui criait:

Ou-ha!

Pendant que les bottes pitinaient sourdement le plancher raboteux et que les voix argentines des jeunes filles rsonnaient, le violon jouant tout doucement dune voix si claire:

Nous mangerons, et nous boirons; et nous nous amuserons!

La basse, de sa voix grave, rptait aussi:

Nous mangerons, et nous boirons, et nous nous amuserons!

Les fentres brillaient du feu des lampes, les poutres tremblaient, gmissaient et chantaient aussi.

Ianko coutait: que naurait-il pas donn pour un violon qui criait dune voix si grle et si gaie:

Nous mangerons, et nous boirons, et nous nous amuserons!

Et dire que des planchettes pouvaient chanter...

O pouvait-on sen procurer? Qui les faisait? Si on lui avait seulement permis den tenir un dans ses mains un tout petite moment, pour voir comme il tait fait!... Mais il ny fallait pas penser. Il ne pouvait qucouter, et couter toujours sans fatigue, jusqu ce quenfin, il entendit la voix du garde:

Ne veux-tu pas aller te coucher, dmon?

Il senfuyait, pieds nus, la maison, tandis que la gaie ritournelle du violon, avec la voix grave de la basse, le poursuivait dans lobscurit:

Nous mangerons, et nous boirons, et nous nous amuserons!

Quand il pouvait entendre un violon, que ce ft la fte des moissonneurs ou des noces; ctait pour lui une grosse joie: il grimpait ensuite sur le pole et ne disait rien pendant des journes entires; on napercevait que ses yeux brillant comme ceux dun chat dans lobscurit.

Il se fit lui-mme un violon avec des bardeaux et du crin de cheval, mais son instrument navait pas un son aussi fort que le violon du cabaret; il vibrait tout doucement, aussi faiblement que des mouches ou des moucherons. Il nen raclait pas moins du matin au soir, bien quil ret, pour cela, force bourrades. Sa petite figure ressemblait une pomme verte. Mais ctait sa nature; il maigrissait toujours plus, son ventre se boursouflait de plus en plus; sa tignasse restait bouriffe, ses yeux sagrandissaient, bien quil les et pleins de larmes. Enfin, sa poitrine et ses joues, toutes creuses, faisaient mal voir.

Il ntait pas du tout comme les autres enfants; il ressemblait bien plutt son violon de bardeaux qui bourdonnait peine. Avant la moisson, il tait horriblement maigre, car il ne se nourrissait, le plus souvent, que de carottes crues et bien plus encore du dsir de possder un violon.

Ce dsir, tout honnte quil ft, naboutit rien de bon.

Le laquais du propritaire, ancien seigneur du village, possdait un violon dont il jouait souvent la brume dans la cour, pour plaire mesdemoiselles les servantes. Ianko se glissait souvent dans des buissons, jusque sous les fentres ouvertes de loffice, do il pouvait regarder son aise ce fameux violon, appendu la muraille en face de la porte. Toute lme du gamin passait dans ses yeux: il naurait pas os y toucher, car, pour lui, ctait une relique aussi sainte que celles de lglise, quelque chose dinaccessible. Et cependant, il le convoitait. Il aurait voulu lavoir au moins un petit moment dans les mains, le regarder de prs... Le cur du petit garon bondissait la seule pense dun tel bonheur.

*

Un soir que la lune brillait bien clairement, il ny avait personne dans loffice. Les matres taient, depuis longtemps, ltranger, la maison tait dserte, et le laquais tait dans lautre aile, occup converser agrablement avec mademoiselle la femme de chambre. Ianko, cach dans les buissons, regardait, par la porte largement ouverte, lobjet de ses plus grands dsirs. La lune pleine inondait de lumire la fentre de loffice et dessinait, sur le plancher, un large carr blanc, qui, montant peu peu sur la fentre oppose, sapprochant du violon, sy accrocha et lclaira enfin brusquement. Sur le fond sombre du reste de la chambre, il semblait que ce violon ft dargent; ses courbures convexes taient si puissamment claires que Ianko en clignait des yeux. Grce au vif clat de la lune, on distinguait tout parfaitement bien: les cts dcoups, les cordes et le manche tourn, recourb. Les chevilles avaient lair de vers luisants; au-dessous, larchet ressemblait une baguette dargent.

Ah! tout cela tait si visible et vraiment merveilleux! Ianko, toujours plus tent, regardait. Cach dans les buissons, accoud sur ses genoux maigres, les lvres entrouvertes, il regardait et regardait; la peur le maintenait en place; mais il sentait une force irrsistible le pousser en avant. tait-ce un charme? Ce violon avait parfois lair de sapprocher, de tendre son cou de bois, comme sil avait voulu se sentir saisir par lenfant. Sil sassombrissait, ctait pour rayonner bientt toujours plus tentateur, aux yeux du gamin bloui. De temps en temps, le vent gmissait, les arbres bruissaient, les buissons frissonnaient et Ianko croyait entendre quelquun lui souffler loreille:

Va! Ianko... il ny a personne dans loffice, va, Ianko...

*

La nuit tait claire, sereine. Dans le verger, prs de ltang, le rossignol se gargarisait avec ses roulades, et, tantt languissamment, tantt dun ton convaincu, lui rptait:

Va! va donc!

Un honnte engoulevent volette en rond au-dessus de lenfant, comme pour lui dire: Non, Ianko! ne va pas, et le prvenir contre la sduction. Mais cet engoulevent senvola, tandis que le rossignol rptait dune voix toujours plus assure:

Il ny a personne! Va, Ianko!

Le violon rayonnait de nouveau, clatant.

Le gamin se leva et savana prudemment, tandis que le rossignol, avec insistance, en deux notes claires et sonores, lui disait:

Va, Ianko! va!

La petite chemise sapprocha de plus en plus de la porte ouverte. Les noirs buissons ne la cachaient plus. La poitrine de lenfant haletait sur le seuil de la porte, sa respiration tait prcipite. Un instant encore... et la petite chemise blanche va disparatre tout entire dans loffice; il ny a plus, sur le seuil clair, quune petite jambe nue toute tremblante... la petite chemise a disparu... Cest en vain, engoulevent, que tu volettes encore et que tu rptes:

Non! non...

Ianko est dj dans loffice.

Les normes crapauds de ltang ont coass de peur, comme effrays, puis ils se sont tus. Ils sont bien plus effrays encore. Le rossignol a cess de chanter, les buissons de frissonner. En ce moment, Ianko rampe prudemment, lentement; mais, tout coup, la peur le prend. Dans les buissons, il tait comme chez lui, comme un petit chat sauvage dans la fort; maintenant, il se sent en cage. Ses mouvements deviennent plus rapides: sa respiration est courte, sifflante; lobscurit leffraye. Un clair de chaleur sillonne le ciel, et, de sa lumire blafarde, claire lintrieur de loffice. Ianko est quatre pattes devant le violon, la tte leve vers linstrument. Mais lclair a disparu, mais la lune se cache derrire un nuage et lon ne voit plus rien, on nentend plus rien.

Un lger bruit vibre, plaintif et doux, dans lobscurit, comme si quelquun avait effleur les cordes du violon et, tout coup, une voix dure et comme ensommeille part du coin de loffre et crie dune voix colre:

Qui est l?

Ianko retient son souffle, mais la voix rpte avec insistance:

Qui est l?

Le frottement dune allumette grince contre la muraille. Loffice sclaire tout entier, puis... Oh! mon Dieu! on entend des jurons, des coups, les sanglots dun enfant, un cri:

Oh! mon Dieu!

Les chiens aboient, des lumires courent, effares, dans toute la maison, cest un tapage!...

*

... Le lendemain, Ianko est debout devant le juge et le bailli. On devait le juger comme un petit malfaiteur. Les deux hommes regardrent le gamin qui, tout effray, un petit doigt sale dans sa bouche, ne savait gure ce quon lui voulait et pourquoi on lavait amen devant ces deux messieurs. Comment peut-on juger un gamin pareil: il na pas dix ans et se tient peine sur ses jambes. Faut-il lenvoyer en prison?

Que diable, on doit avoir un peu de compassion pour les enfants. Que le garde le prenne, lui donne la verge; une autre fois, il nosera pas aller voler, et voil tout! Voil tout!

On appela Stacha, le garde champtre.

Emmne-le et donne-lui en assez pour quil sen souvienne.

Stacha hocha sa tte stupide et sauvage, prit Ianko sous le bras et lemporta dans la grange.

Lenfant ne comprit pas ce quon lui voulait, ou peut-tre spouvanta-t-il fort; toujours est-il quil ne dit pas un mot: il regarda seulement Stacha du regard dune alouette blesse. Savait-il ce quon allait lui faire? Quand le garde let tendu terre, il lui releva sa petite chemise et fit siffler la verge ses oreilles; alors, seulement, Ianko cria:

Maman! maman!

Chaque fois que la verge du garde, impitoyable, retombait sur son pauvre petit corps, il criait: Maman; mais toujours plus doucement, plus faiblement, si bien qu je ne sais plus quel coup, lenfant se tut et nappela plus sa mre.

Pauvre violon bris!

Eh! bte, mchant Stacha! qui bat ainsi les enfants?

Celui-ci tait si faible, si petit. Il vivait peine!

La mre arriva, prit lenfant, mais elle dut lemporter la maison. Le lendemain, Ianko ne se leva pas. Le troisime jour, il agonisait tranquillement sous une serpillire.

Les hirondelles gazouillaient dans le griottier qui croissait ct de la cabane. Un rayon de soleil entra par la fentre et entoura de lumire la tte dore et bouriffe de lenfant et sa petite figure ple. Ce rayon de soleil tait la grande route par laquelle devait senvoler la petite me de lenfant. Il tait bon quau moins, au moment de mourir, un chemin tout ensoleill se prsentt lui: le chemin de la vie tait trop plein dpines. En ce moment, la petite poitrine de lenfant se souleva; il coutait attentivement les voix de la campagne qui entraient par la fentre ouverte.

Ctait le soir; les jeunes filles revenaient de faner le foin et chantaient:

O! sur le bl vert! o! sur le bl en herbe!...

On entendait des sons fils de flte venir du bord du ruisseau. Ianko couta, pour la dernire fois, la campagne chanter tout entire. Sur la couverture, devant lui, gisait son violon de bardeaux.

Tout coup, la figure de Ianko sclaira soudain; il chuchota entre ses lvres blanchies:

Petite mre!

Eh bien! mon fils! demanda celle-ci que les larmes touffaient.

Mre, nest-ce pas que le bon Dieu me donnera un violon, dans le ciel?

Oui, mon fils, oui! rpondit la mre.

Mais elle ne put en dire plus long, car elle sentait un gros sanglot lui monter a la gorge et ltouffer; elle rpta seulement:

Jsus, Jsus!

Et tomba le visage sur la caisse en sanglotant, comme quelquun qui perd la raison, ou plutt comme quelquun qui se sent impuissant arracher la mort un tre aim...

Elle ne larracha pas, la pauvre mre, car, lorsquelle se releva pour regarder son fils, les yeux du petit musicien taient ouverts, mais immobiles. Son visage tait trs srieux.

Le rayon de soleil avait disparu.

Paix Ianko!

*

Le lendemain, les matres du chteau arrivrent dItalie, accompagns de mademoiselle leur fille et dun jeune homme qui recherchait la main de celle-ci.

Le jeune homme dit en franais:

Quel beau pays que lItalie!

Et quel peuple dartistes! On est heureux de chercher, l-bas, des talents et de les protger... ajouta mademoiselle.

*

Ianko repose sous les bouleaux blancs qui bruissent au vent._______

Texte tabli par la Bibliothque russe et slave slave, avec le concours de Marc Szwajcer; dpos sur le site de la Bibliothque le 18 avril 2013.

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