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ÀSÂ 191 - SIGILLOGRAPHIE DU ICC5#z DU NAINE, g' ra io g D'UN APERÇU GÉNÉRAL SUR LA SPIIIIAGISTIQIJE; Par U. E. hUChER, Membre du Couse.iI de la Sodii française et Cerrrspoisdant des Mlsnsk es lie I'inIiFleIIU ride I'Inslrudkii publique.. Exi o (f d,, Bu lier in ,nonu ni, rus ni pu 1dM â Cirn par AL de ûsu,noni. J PARIS, DERÂCHE, RUE DU JiOUI.OY, 7; CAEN , A. ITAIU)EL, IMI'BJM RIT R—LI BRAI UE, finie Froide, .2. 4852. Document II II 111111 II 1111111 IIl 11111 - - 0000005782475 \% c

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ÀSÂ191

-

SIGILLOGRAPHIE

DU

ICC5#z

DU NAINE,g'

ra io g

D'UN APERÇU GÉNÉRAL SUR LA SPIIIIAGISTIQIJE;

Par U. E. hUChER,

Membre du Couse.iI de la Sodii française et Cerrrspoisdant des Mlsnsk es lie I'inIiFleIIUride I'Inslrudkii publique..

Exi o (f d,, Bu lier in ,nonu ni, rus ni pu 1dM â Cirn par AL de ûsu,noni. J

PARIS,DERÂCHE, RUE DU JiOUI.OY, 7;

CAEN , A. ITAIU)EL, IMI'BJM RIT R—LI BRAI UE,

finie Froide, .2.

4852.

Document

II II 111111 II 1111111 IIl11111- - 0000005782475 \% c

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SIGILLOGRAPHIEDU MAINE,

I'IIÊcfnÉE D'UN APERÇU GÉNÉRAI, SUB LA SPURAGISTIQUE

APERÇU GÉNÉBAI, SUR LA SPIIRAGISTIQUE.

La Sigillographie tient une place considérable dans l'histoire(les moeurs et (les monuments du moyen-ge. Fins qu'àaucune autre époque, les sceaux ont présenté , pendant cettepériode de foi cule souffrance, le reflet des craintes, des désirset des espérances des peuples. Bien avant qu'on inscrivit surles monnaies In formule, Dieu protège la Fronce, Charle-magne et. Louis-le-tébonnaire scellaient leurs diplômes decette légende XPE I'ROT.EGE KAROLVL\I , vel IILY-»OVVJCVM REGEM FI{ANCORVM, et l'on sait ce qu'étaitalois le Roi pour la nation. Le haut baron y imprimait son cri(le guerre; la chateleine , douce et soumise, s'abritait sous lenom et comme sous l'écu de son père; mais c'est h la partiefaible de la nation , h celle qui n'a et, poil" se défendre queJi foi des écrits, (lui n'avait à opposer aux dénégations despuissants que la parole donnée, c'est h elle qu'appartient,vraisemblablement, le développement extraordinaire dé l'idée

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2 sIc:lu,OGISÀPIIOE DU MAINE.

sigillaire pendant le XII', et le XliP. siècles. Les sceaux ontété, entre ses mains, comme une arme défensive, une machinede guerre qui l'ont merveilleusement protégée contre la mau-'vaise foi ou les regrets tardifs (l'un donateur tout-puissant.

Qu'était-ce en effet, pour un baron illétré, qu'un informemonogramme ou une croix rudimentaire tracée -souventmême par une main étrangère, au bas d'une charte écrite parun clerc? Il fallait un autre témoin, quelque chose de matérielcomme un fait., pour les contrats de la nature de ceux quiintervenaient, tous les jours, entre les barons et le clergé, oùtout était à l'avantage de l'une des parties, et de la plusfaible; le sceau , objet palpable, visible pour tous les yeuxd'une dimension presque toujours considérable, devait êtrechez uti peuple habitué ait plastique, le témoinmuet, mais irrécusable, de la foi jurée.

Li moyen-âge n'avait trouvé qu'un petit, mesquin,sans rapport direct avec la personne; il l'agrandit, y imprimeun nom • une figure, celle du possesseur du sceau ou de sonpatron, des armes, un cri de guerre, un nom et des titres;il le rend, LIT mot, personnel et en fait un objet précieuxentre tous.

Issu de l'anneau romain, le sceau du moyen-âge en diffèreessentiellement le cachet antique est surtout un objet decuriosité, il garnïtlesdactyliothèques des richesuallo-floinains;orné d'intailles délicieuses, il est, pour sort pré-cieux surtout ait de vue de l'art et de la matière.

Le sceau du inoyen-âge, au contraire, est lin instrument,nous dirions presque un outil, de vil métal b peu d'exceptionsprès, qui n'a sa place nulle part, dans l'ornement (le la pet'-sonne, mais que l'on vénère à l'égal d'un objet sacré.

Le Gallo-Romain possède plusieurs sceaux, il en fait, qu'onnous passe le mot, collection; c'était la mode en Italie, on lesait, d'apporter en (lot un nombre plus ou moins considérable

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StCtlÂOGi1AIlt% DU MA1NE.., 3

d'anneaux d'or la princesse Marie, fiancée à l'empereurHonorius, en avait quarante; et Elagabale , d'après Lampride,ne portait pas , deux jours, le même anneau.

Le baron (lit n'a qu'un sceau ; mais il attacheà sa conservation un grand intérêt, il l'enchaîne à sa personne:tous les sceaux matrices portent., en effet, au revers, unanneau dans lequel passait la chaîne qui suspendait l'instru-ment au cou oit la ceinture.

La transition de l'anneau d'or orné d'intailles, aitde cuivre, n'a jamais été remarquée, parce qu'elle s'est pro-duite à une époque où les monuments de ce genre sont fortrares.

Une première modification a lieu lorsqu'on substitue àl'intaille une plaque d'or (liii fait corps avec l'anneau.

Nous possédons un très-curieux spécimen de cachet gallo-romain de cette classe, oit à l'attribuer au V. siècle;

-son authenticité est incontestable, aussi croyons-nous faireplaisir à nos lecteurs, en 1cm' en donnant le dessin et la des-cription il a été découvert dernièrement aux environs deMulsanne (Sarthe).

C'est 1m anneau d'or massif du poids de 24 grammes 20centigrammes (tout . le chaton a la forme d'une tablette carrée;on y voit gravés en creux, deux personnages mystérieux, d'uncaractère mixte; oit (L'une scène d'invocation empruntéeaux mythes druido-égyptiens.

Dans le personnage de gauche on croit reconnaitre tinAnubis oit un Ammon , dans celui de droite, unefemme, les cheveux épars, faisant le geste de l'invocation;une tonique serrée la couvre de la tète aux pieds.

Il n'y a rien de romain dans cette scène, le Dieu porte lei'êteinent court et serré à la taille, à la manière desCaulois, lafemme offre incontestablement le type d'une Velléda nationale.

Cette bague est un anneau tic mariage, comme le prouvent.

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SIGILLOGRAPHIE DU MAINE.

les deux noms OROMAC1VS. BETTA , niellés sur la tranchedu chaton.

nfl4&/A

tu O la %siRRLj3.

Ces noms dénotent encore l'origine celtique (le ce bijouDROMACIVS rappelle FALIEMACIOS des médailles gau-loises quant à )4ETTA, c'est le féminin de BITTOS, nomque donne Strabon ail roi Bitnit.

Le fleuron qui accompagne le chaton a une grande ana-logie avec la plante mystérieuse, symbole de la généraflonqu'on voit souvent représentée sur les médailles romaines etgauloises; enfin, le dessous de l'anneau n'est pas non plus sansintérêt, car il offre une petite plate-forme en losange, destinéeà le maintenir clans un plan vertical, lorsqu'il était placé dansla daty1iothèque.

De cet anneau h celui • des Mérovingiens la distance n'estpas grande seulement les scènes symboliques ont disparudans ce dernier, tandis que les noins prennent une grandeimportance. C'est de ce moment que les anneaux deviennent

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SIGILLOGRAPHIE DU MAINE. 5

réellement des monuments personnels le nom du possesseurtantôt s'y produit sous la forme monogramniatique , tantôts'étale , en toutes lettres , sur la surface du sceau.

Un de nos amis, M. Ch. Drouet, possède un anneau decuivre trouvé dans les sarcophages de grès ferrifère d' klonnes,près le Mans; on n'y lit qu ' un nom de femme LAVNOBEIIGA,entourant une croix égale cantonnée de quatre points. De

AriNgAu MAROVINCJE? ( Bronze).

même que les anneaux monograminaUques rappellent les mo-nétaires (l'argent, de même cet anneau offre la fidèle image(lu coin de l'or mérovingien;

La Revue Archéologique a publié, en 1849, p. 390, unanneau d'or , à double chaton ; dans l'un d'eux , on litJIAVDVLFVS, dans l'autre IIARICVLFA ; ces deux nomssont gravés en creux comme le précédent, et leur empreinteconstituait seule le sceau.

Si loti rapproche ces monuments de plusieurs autres pré -cédemnient pùbliés, tels que le sceau de Dagobert t tr. , donnépar Ni. Barthélemy dans la Revue numismatique de l'annéeiSét , et celui de Childéric plus anciennement connu, onjura une idée suffisante de la modification profonde qui s'étaitopérée, dès ce moment, dans l'instrument du sceau.

Ainsi le nom qui ne s'était jamais montré sur l'anneau ro-main, paraît, pour ].a fois, sur le cachet gallo-romain,mais il y est couvert d'une niellure qui ne lui permet pas dese produire dans l'empreinte; c'est seulement ii l'époque mé-rovingienne qu'il s'installe définitivetnent sur le chaton et

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S1GIJJOGItAPHIE hO T%IAJNE.

pie bientôt il devient l'élément principal, essentiel du cachet.Les empreintes qui nous restent des sceaux royaux de cette

époque présentent tous ces caractères. Le Trésor (le fluneis-matiquc et de glyptique en a publié quatre; malheureusement,ils sont dans un état de mut lation déplorable lorsqu'on songeque ce sont là les derniers vestiges émanés de la chaitcelletiemérovingienne qii a produit cependant tarit de diplômes , oitcomprend tout l'intérêt qu'on accorde d'ordinaire à CCS no-numents (lu berceau de la monarchie française. En restituantles cieux tiers (les lettres des légendes, on y lit les noms et lestitres suivants C/ilodOVlVS REX fraimeorum. - Chu-debertus reX FRAnCORVm. - t Chilpericus rcX FRAN-Corum. - Air de ces sceaux est une tète informe , deface encadrée dans de longs cheveux.

Jusqu'ici le sceau a revêtu la forme d'un anneau ; si lesmonuments trouvés cri nature ne nous l'avaient appris, letexte des nombreux diplômes mérovingiens lions cri auraientfait concevoir la pensée. 11 est vraisemblable cependant que,dès cette époque, des objets autres que des anneaux reçurentdes creux propres à produire dé's empreintes.

Nous avons recueilli une fibule évidemment mérovingiennequi présente, à sa partie saillante, des caractères cri creux, (lis-posés circulairement; s'il était placé sur le chaton d'unanneau,le disque offrirait l'aspect fidèle d'un sceau (Le cette époque.

La légende coni ient le mot XPISTO ; elle emprunte le 1'air central où l'on distingue les lettres S et 1et prohableument encore la lettre G , ce qui donnerait le nomSlG.ISM VNDVS , 011 quelqu'aiitre analogue. On sait d'ailleursque les sceaux des premiers Gadovingiens portent l'invocationXPE PROTEGE , etc. -

On peut présumer dès-luis, que les sceaux , une fois af-franchis de l'anneau , ifoiit pas tardé à prendre la Conne qu'ils0111 conservée pendant toute la dorée (lu tnoyeil-ge.

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SIGILLOGRAPHIE Dl) MAINE. 7

Le cuivre pur et le laiton furentadoptés dé préférence; ce-pendant oh a des sceaux d'rgent, tuais en petit nombre, etseulement aux approches de la renaissance plats dans lori-gifle, les sceaux, surtout ceux de petite dimension, ont très-souvent affecté une forme campanulée, dans lesXIV'. et XV'.siècles; la matière forgée et non fondue a toujours été honte-gène, sauf quelques exceptions trop intéressantes pour ne pasêtre signalées ici.

A deux grandes époques de l'histoire de l'humanité, lorsqueles peuples furent conduits 'n la suite d'un conquérant, ou àla voix (le b religion, vers les lieux oit le génie de l'Antiquitéavait brillé du plus vif éclat, vers l'Italie ou la Grèce, ces deuxpatries de la force et de la grâce, lions voyons les monumentsde notre histoire nationale se parer, en guise de dépouillesopimes des restes de la civilisation antique; Charlemagnescelle avec une magnifique intaille représentant Jupiter Se-ràpis; des têtes d'empereurs romains ou de grands hommesfigurent sur les sceaux de ses successeurs..

Plus tard, les Croisés rapportent d'orient des pierresgravées, monuments de croyances anti-chrétiennes; (lue leurimporte! ces monuments sont adorables de grâce et de finesse;.ils les enchâssent daims un cercle de métal sur lequel est in-scrit leur nom ou leur cri de guerre, ou bien ils Sc plaisent àentailler leur sceau ordinaire, et jettent çà et là quelques-unesde ces perles charmantes, comme pour tempérer la rudessede l'empreinte féodale-

Thibault , le roi-chansonnier, poéte jusque daims sa chan-cellerie, répand les gemmes à profusion ; son contre-sceau,est une belle intaille ovale de quatre centiMètres de hauteur,représentant une victoire attach ant un bouclier à un trophée;la pierre est sertie dans un cercle de métal sur lequel on litson cri d'armes PASSAVANT LE MEILLO11; ses autressceaux, notamment celui de ses foires, nu,,di pianun, sont

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8 SIGtLLØCIIAJ'IIJE DU MAINE:

percés, quelquefois, dans deux endroits, pour donner passageà de petites gemmes ovales d'un'centimètre ou deux (le dia-mètre.

Raoul, vicomte de Beaumont (ancien Maine) (1211), con-trescelle avec une intaille antique représentant Diane, le car-quois sur l'épaule; Guillaume des Roches, sénéchal d'Anjou(1209) se sort d'une pierre ait distingue un husie d'eni-pereur; Foucher Q u a riel, au Maine (1229) , adopte un pégaseantique; une noble daine , Limna de Jloosville (1230), seprend (l'affection pour la belle tête de Faustine mère, et (lé-sonnais elle n'a plus d'autre sceau il n'est pasjusqu'au graveabbé de Notre-Darne de la Régale (diocèse de l'oitiers), quine scelle avec une intaille antique, le sujet en est même titiPeu profane; mais voyez la puissance de la grâce et le crédit(le la beauté antique à cette époque que nous n'appelleronsjamais barbare , cette pierre à beau représenter l'An,ourappuyé Stll' 50)1 (lic , invoquant ht lyre d'Apollon placée sut'un cippe, elle n'en servira pas moins à sceller les produits(l'une chancellerie claustrale.

L'insertion (les intailles dans les sceaux modifia naturelle-ment: leur forme; ils avaient été circulaires sous les Mérovin-giens , ils devinrent ovales sous les Carlovingiens et les pi-e-niers Capétiens, c'était, en effet, la forme de la plupart despierres antiques plus tard et lorsque les croisades fuient lesignal d'une nouvelle renaissance, l'ovale apparut encore danstous les sceaux des barons qui se servirent d'intailles , Tuaisà Cette époque, 011 commença à employer des sceaux d'unelot-me inusitée jusqWalois..LTarclntectut'e venait de conquérir 1,11e courbe nouvelle,l'ogive; les sceaux l'adoptèrent à l'envi cette forme se re-trouve dans presque tous ceux (les Teilles (le France et (lesl)a3's limitrophes, (les femmes (les glands feudatai,'es - et dansCCLIX (IL' clergé les rois, les limions, et les communes reste-vent généralement fidèles à la ligne circulaire.

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SICILLOCitAI'HIE DU MAINE. Y

On n'auend pas de nous, sans doute, de inihiiticiux tlûtjilssur situe matière aussi variée que la spin'agtstique : nous n'a-vons ni l'espace suffisant, ni même le désir de distinguer,par exemple, les sceaux des abbés ou tics prieurs,4e ceux desabbayes, les sceaux (les doyens, des chantres, des chanoinesou tics curés, de ceux des chapitres ou des paroisses : cu gé-nérai , tes divisions trop multipliées, dans une science de cettenature , flous paraissent plus nuisibles qu'utiles ce qu'il fautétablir et rendre le plus saillant possible , c'est un système dejalons propres à conduire l'érudit dans ce dédale encore peuexploré , ce sont certaines règles générales , en petit nombre,(fui servent comme de phares, pour le ramener incessam-ment au but.

Toutefois, nous le dirons avec franchise, la sigillographiecomme toutes les sciences qui se proposent le déchitîretitentde monuments écrits, héraldiques ou purement symboliques,présente, dés l'abord, d'inextricables difficultés. Il ne suffitpas d'être certain, par exemple, qu'uit sceau est postérieur auXII'. siècle ou antérieur au XiII., pont, avoir applani sensi-blernent les obstacles; les sceaux ne nous parviennent la plu-part tin temps qu'incomplets, frustes ou détachés des chartes;il faut savoir surmonter ces difficultés diverses: à la rigueur,on se tire de la dernière, l'histoire à la main, et encore nousferons voir plus loin, dans quelles méprises on petit tomber;mais où trouver ce sens subtil, cette rare faculté (le restitu-lion , qui est Lotit simplement le tact archéologique et (liii nfait la fortune littéraire des Letroinie , (les Lenorman L, tics deCaumont et de tant d'autres érudits de l'école moderne

Il existe aux archives du département de. la Sarthe, unsceau intéressant de luarguerite de Sablé, épouse de Gitil-Jaiuine Des Roches, sénéchal d'Anjou et (lit Maille; ce sceauappendu à une charte de 1227 , porte un coit re-sceatu rond(liii est long- t einpsr eSté indéchiffrable : on ne disi inguait.

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40 SIGILLOGRAPHIE DU ftIAINE.

guère dans la légende, que le mot SYNT; on cii concluait quecette légende était latine comme celle du sceau -j- SIGILLYfIIMARC VARITE DOMINE DE SABLVEL

Un examen attentif m'a fait reconnaître que l'inscription ducoutre-sceau était française et qu'elle devait être lue ainsit DESOY LESCV MON PEllE SYNT Ml SEUlE; c'est dureste le plus ancien exemple de l'emploi de la langue vulgairedans les sceaux, M. de Waill y ne l'ayant pas trouvée usitéeavant l'année 4230.

La science héraldique a ici un indice précieux h recueillir;nous avions déjà remarqué souvent que le -mi-parti qui ca-ractérise d'ordinaire, les blasons de femme, n'est pas ancien;on trouve sur les premiers getoirs des reines de France, leblason personnel de la reine an revers du blason du roi; lasigillographie confirme cette remarque et explique que leblason de la femme, jusque vers le milieu du XII'. siècle, estcelui (le son père et non celui formé, parti h dextre, des amiesdu niai-i et parti à sénestre de celles du père dela femme,comme l'usage s'en est introduit depuis.

Voici un autre exemple des incertitudes où peut jeter lalecture erronée d'un sceau.

On a découvert, il y a quelque temps, eu curant le lit dela Seine, un sceau ogival portant la légende t S. JOUISTROVSSEYACIIE C1ï1 CE NOM. Ce sceau a été publié danste feuilleton du journal de l'instruction publique; l'auteur(le l'article, étranger au Maine, traduisit, ainsi les deux der-niers mots CANCELLARIVS NOMINATYS, induit, sans(toute, dans celte lecture bizarre, par la disposition fortuite deslettres (lANCE NOM que sépare W1 (les éléments (lu typecentral. . -

Un de nies amis, (lt I' t I t i tact sûr dirige toujours dans ses re -cherches • reconnut clatis ce sceau ou monument du Maineet en lit l'acquisition pour moi Jehan Troussevache , dia-

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SLGILLOGIIAI'IIIE DU MAINE. 11

110111e du Malis, ne portait en effet dans ce sceau , d'autre titre.que celui de CA Nouicus (JENOi1iancnsir.

Depuis lors, la première interprétation a été rectifiée dansla Revue Archéologique, par sort niCine. Si tous lessavants avaient la même bonne foi, la science y gagnerait soustous les rapports.

Un dernier trait donnera la mesure ticsdilficultés d'attri-.hution qu'on rencontre parfois, même lorsque la lecture dessceaux a été bien faite.

Un sceau dont la légende se lit aisément SEAULX.HEAULX DUBOURG NOUUEL, fut trouvé l'année dernièreà Pars. (fl•

Une grande tient, de lis surmontée de deux couronneliesoccupe seule le champ; c'était l'indice d'un sceau public; maisque deflourg-Neuf, de Bourg-Nouvel ondeNeubourg en France!

Un de nies amis qui m'avait souvent entendu parler dela juridiction royale, établie au château (lu Bourg-Nouvel(Mayenne), m'envoya ce sceau. J'y reconnus de suite la ana-trice (le l'un des sceaux dont se sont servis les notairesdit Maine, depuis le X Y'. siècle jusqu'à la fin tin X%1'.pour sceller les actes de leur ministère, dans le ressort (le,cette juridiction , alors fort étendu.

C'était un monument précieux de plus pour ana série maii-saise , nais que de chances s'offraient pour qu'il restêt long-temps encore inexpliqué!

La sigillographie telle que nous l'avons fait entrevoir, c'est-à-dire embrassant l'espace de temps compris entre l'époquegallo-romaine et la lin de la renaissance sciait appelée àjouer umi grand rôle (laits I' h istoi 'e des monuments, si lesdocuments qu'elle fournit à la science étaient aussi nombreux

(t) J'ai don ut, ce scel dans la plancha de sceaux, imptifliée CII 11011-,

avec l'ouvrage, (e Moyen-âge et ta Renaissance où ce monmuen t, àdéfaut de texte, est comme une énigme ropose aux lecteurs.

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SJGJLLOGItAIIIJE DU MAINE.

au commencement qu'à la fin de cette période; malbeuren-seinent il n'en est rien, et jusqu'au Nie, siècle, les cires etles sceaux matrices sont d'une rareté extrême; on peut mêmedire qu'au point de vile de l'étude la sigillographie n'existepas avant cette dernière époque. Soit que les dépôts ecclé-siastiques aient été pillés, soit qu'on ait apporté moins desoins à la consers'âtiou (les pièces, la vérité est qu'on ne trouvepas ou presque pas de sceaux antérieurs h l'an 4009.

On sait l'allégresse tin peuple lorsqu'on eut franchi cettelimite fatale l'erreur des Millenaires avait paralysé le déve-loppement des fondations religieuses ; dés qu'on se vitéchappé au danger, ce fut., de toutes parts, une aspirationpuissante vers le ciel. Le clergé , (lui cherchait le moyend'authentifier les nombreuses donations que lui consentaientles barons, favorisa ledéveloppement du sys-tème sigillaire. Les ab-bayes recueillaient sur-tout le bénéfice : dumonument religieuxaussi eurent-elles , dèscette époque , dessceaux remarquables.

Il nous reste unsceau de l'abba ye deSt. -Vincent du Mansappendu h mie piècede l'an 1100, qui jetteune vive lumièreiùre 5111'

je strie architecturalusité avant le XII'.siècle; ce sceau repré-SCEAU DE SAINe V!NCNT, OIS MANS. 4100.

sente l'église abbatiale telle qu'elle existait au Xl'.

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StGlI.LOGBA1'HtE DU M%INE. l 3

Ce monument est curieux par soll ordonnance. Un cain-panile Soutelili par une galerie SU])I'ICti i'e , donne h l'édificeun caractère étrange qu'on rencontre rarement : il est vraiqu'il n'existe guères aujourd'hui de monument de Xe. siècle,011 même du XI'. , ayant conservé ses couiNes; les restes decette époque ne consistent , le plus souvent, qu'eu parties in-férieures latérales masquées par (les ouvrages du XIV. ou duXIII'. siècle.

Que de monuments aujourd'hui dtrnits la sigillographie(le cette période ne nous a-t-elle pas conservés, et combiendoit-on regretter que les âge précédents n'aient pas confié hl'airain te soin de perpétuer l'image des basiliques anciennes,ou des palais féodaux aujourd'hui détruits!

Le puis souvent, les églises et les monastères figurés surles sceaux, constatent l'exactitude de leur représentation, soitdans le champ, et au-dessus ou h côté de l'édifice, soit mêmedans la légende; ainsi dans le contre-sceau du chapitre del'abbaye de SL-Amand-en-Puelle, le graveur écrit en touteslettres: t FOIIMA ECCL.ESi.E SANCTI ÀMANDI EPJSCOI'I.

Ait siècle, les sceaux perdent cette intéressante or-nementation ; un attire système prévaut (les scènes tout en-tières où se reflètent: les traditions locales, l'histoire légendaire(lit viennent enrichir le champ (les sceaux ; c'est aloisque la sigillographie est une digne soeur de l'histoire écrite.

Un sceau du chapitre de l'église cathédrale du Mans (1),représente, ait milieu (l'uit riche encadrement d'architectureogivale, trois sujets tirés (le ],a de saint Julien, l'apôtre duMaine et le patron (le cette église; ce sont autant de miracles

() Ce sceau ligure êgaleiniclit sur la planche tic sceaux comprise dansl'ouvrage te Moyen-4ge et (u Roi riissunee, mais il n'a tus CLé dessinéavec le soin nécessaire, et on ne petit se faire, à sa vue , tille idée suffi-

sante de la beauté et (le Ii ni érêt de ii matrice (lui l'a produit.

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SlC1I:LOCBAPIJJE DU MAINE.

destinés à développer et aasseoir, dans la province , la reli-gion divine.

Dans la travée inf(rieure, à gauche, saint Julien , en habitspontificaux , donne de la main droite la bénédiction romaineà deux personnages en admiration devant la fontaine qu'il faitjaillir à sou arrivée,, dans la ville du Mans, pour prouver ladivinité (Te sa mission. Cette fontaine qu'on appela alors Cen-tonomitis , se voit encore sur la place (le l'Éperon, où titi

consacre le souvenir du miracle.Dans la même travée, ) droite, on aperçoit une femme de

la bouche de laquelle sort un horrible démon ; à sa panto-mime expressive, on reconnaît la possédée que notre saintévêque délivra des obsessions du diable, dans la commune (leEnillé (ancien Ven(léinois).

Enfin, la partie supérieure, la plus intéressante, est exclut-siventent consacrée à représenter le baptême du défenseur dela cité du Mans, conquête insigne pu (levait bientôt amenertoute la province aux pieds du saint. On lit à côté du caté-chumène: lIEN DEFENSO1I, etprèsdelévêque: S. 1VLIEN;suivant la tradition, le graveur donne ici, au chef de la citéle titre (le Roi et le nom (le Defensor, , bien qu'il paraisseconstant que ce dernier n'exerçait qu'une autorité secondaireet que son vérih bic Litre fût le nom 111ème (le Defen.sor.

Les sceaux des évêques, pendant les xii'. et Xiii'. siècles,les représentent debout, en habits pontificaux , donnantla bénédiction romaine; leurs figures occupent tout le champdu sceau. Oit reconnaît aisément. le style large et pur dii XIIP.siècle; celui du pu-écédent est puis sec, moins correct et lesfornws en sont généralement plus grêles.

Avec le XlV'. commence la recherche; les étoffes sontplus chiffonnées et l'on remarque une certaine tendance à laniaigrein'..

Le goût (le l'ornement al ion produit au XV. siéele (les

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SIGITJOGIIAPJ1IE DU MAINE. 17

et qu'on détnoutreraiquelquc jour les crieurs des héraldistes'des deux derniers siècles.

Les sceaux des contrats des châtellenies présentent égale-ment tin grand intérêt local, parce que toutes ces pièces dcii-nent les aimes de la famille qui possédait la seigneurie du lieuail moment où ces sceaux ont été apposés; c'est tin moyen

-

puissant d'étude pour l'histoire des petits feudataires des XIV'.et X. siècles.

On reconnaît les sceaux des écuyers à la représentation duchamp; l'identité du sujet sur plusieurs sceaux de l'espècenous permet d'affirmer qu'on petit ranger dans cette sérieles sceaux où l'on voit figuré un faucon tenant dans ses serres,ornées de longues banderoles, un oiseau auquel il donne lamort à coups de bec.

Les sceaux des communes sont fort remarquables au XIP.siècle; ils représentent, presque toujours, le maire entouré deses échevins, ou le maire seul debout en habit de guerre,'l'épée h la main.

Parmi les sceaux des villes sur lesquels on voit communé-ment figurer des édifices très-pittoresques., ceux, des localitésmaritimes sont dignes d'un examen sérieux; on peut voirdans l'article Marine du Moyen-âge et de la Renaissance,par M: rai, le parti que ce bavant a tiré des représentationsnautiques qui ornent le champ de ces sceaux.

En Flandre'et dans le Nord de la Fiance, les corps dc.rné-Fiers avaient des sceaux où l'on voit figurer les instrumentsde leur profession, et il est: permis de pense'r que l'usage desceller, universellement répandu au XIV'. siècle ,. s'étenditaux individus même des nombreuses corporations d'arts et demétiers qui couvraient alors le sol de la France; seulementcomme les petits propriétaires ont peu donné, nous ne re-trouvons plus aujouM'hui de sceaux (je cette classe; ce sontseulement des matrices exhumées par j le hasard (lit des

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(S 51GILLOGIIAPHIE DU MAINE.

fleuves et des rivières, ou du sot des villes , qui viennent detemps à autre, jeter quelque lumière sur cette branche de lasigillographie.

Une matrice de sceau de hotte collection présentant tousles caractères du XIV'. siècle, offre, dans le champ, l'imaged'un gaufrier ouvert, accostée d'une étoile et d'unlis; on lit

lentour t S BADIN - DESTMIPES - LOYBLÂIEII; onsait le rôle modeste qu'ont joué les oubaiers au moyen-âge.

On peut penser que le sceau était 'a cette époque, pour lesgens de métier, un moyen de réclame ou simplement uneadresse, car très-souvent le nom de la ville où ils résident, yest empreint -

Une autre matrice de ma suite représente une main gantée,avec la légende S VIOAV - 0EV BOB DIV. Ce sceau nété trouvé dans la patrie de son possesseur, à Bordeaux.

Beaucoup de ces petits sceaux de bourgeois, de sergents etde gens de méfier, que nous ne connaissons que par leur ma-trice, offrent dans le champ, en guise d'armoiries, un rehusplus ou moins spirituel.

Un lévrier Figure dans le champ d'un sceau , autour duquelest la légende S }.'RATRIS - ALEPEIIIT - CANIS.

Un véron et un ver sont accompagnés des mots S. GYJL-LELMI VE1IRECLI.

On voit une galère dans le champ du sceau GVIDONIS DENA VIS; un paon surmonté de deux papillons, sans doute del'espèce nommée paon, dans celui PEIILIPPI PAVONIS; etun soleil dans celui de CIORNEL DE BEL SOLE.

A la fin du XV'. siècle et au commencement du suivanton a copié des symboles employés au XII?. et au XIV'.un sceau matrice de notre collection représente dans unécùssott un • massacre de cerf surmonté d'un aigle cornuc'est le sceau de Louise Lecornu, abbesse du Pré, au Mans,(1493); or, on retrouve identiquement les mornes symboles.

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SIGILLOGRAPHIE DU MAINE. (àsur un sceau italien du XIII .. siècle, dont la légende est

S'OODO DAZZO J)EGLVEALDII\LEnfin, l'abus du rebus n donné naissance à un singulier

sceau dont nous possédons la matrice.Dans. le champ est un singe accroupi, occupé 'n ronger

nue branche d'arbre; 'n l'entour, on lit en caractères du com-mencement du XIVC. siècle, t MINES SANCTI O1LTEPRO NOBIS; on ne doit voir là, sans doute, que le sceau d'unparticulier nommé Toussaint; le singe représente le diableet motive l'dclamation.

Au X1!e. siècle, on trouve des matrices de sceaux montésen bague; des figures gracieuses ou des devises amoureuses .ysont empreintes; nous possédons un charmant spécimen dece genre, trouvé dans le lit de la Seine; il est d'argent doré;la forme du chaton est octogone allongée; on y voit le busted'une jeune femme dont la tête est couverte d'un ehapel deroses; à l'entour on lit ADEN GAVTIER, en petits carac-tères gothiques bourgeois.

Jusqu'ici nous n'avons parlé que des sceaux de cire ou desmatrices destinées 'n les Produire il nous reste à dire quel-ques mots des sceaux. métalliques appelés Bulles.

Leur usage comme celui des sceaux de cire remonte auxépoques les plus reculées.

Les empereurs romains ont scellé en plomb on n desbulles de Trajan, de Marc-Aurèle, de Vérus et d'Antonin-le-P ienx.

fi est certain, d'un autre Cté, que dés le Vil', siècle, lespapes avaient adopté le plomb, pour leurs sceaux on citeune huile du pape Deys dedit; et, depuis lois, le plomb n'apas cessé d'être employé dans la chancellerie romaine.

Charlemagne introduisit l'usage de sceller d'une bulle d'orles actes importants de son règne, et un grand nombre derois, d'empereurs et même de seigneurs , ont suivi cetexemple; quelques-uns mêmes ont poussé la magnificence à

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20 SiGJIÏOCIIAPIIIE Du MAINE

l'xcè on cite un sceaù d'or. d'alphonse-le-Sage, 'roi deCastille, du poids d'un marc. Les empereurs grecs ont été plusloin encore « on en peut jugèr, disent les Bénédictins, par« la huile (l'or que reçut Hein-i III, empereur d'Allemagne;t elle fournit assez de matière pour faire un calice d'or. »• On a quelquefois scellé en argent, ci' bronze ou en étain';niais le t plomb fut plus généralement employé les doges de-Venise, lds empereurs d'Allemagne, les rois de Sicile, lescomtes (le Provence et (le Montpcllier ,'les dauphins Viennois,et presque tous les barons et prélais (lu Midi de la France ontscellé en plomb; il eu est de même des chevaliers-hospitaliers((e St. -Jean-de-Jérusalem, dont nous posédons une bulle'emarquable.

•On flous permettra d'entier dans quelques détails à son

•sujets prce qu'elle nous semble n'avoir jamais été bien in-terprétée.- Cette huile a été représentée pat les Bénédictins, et décrite

- ainsi par l'auteur des Éléments de Paléographie :" les lié-« nédictins ont reproduit une bulle de plonil des • chevaliers-.

hospitaliers de Si -Jean-de-Jérusalein; la légende prouvequ'elle était commune au grand-maître et ii l'ordre

J BVLLA MAGISTIIJET CONVENTVS, revers : f 1105PITAIÀS HIERYSALEM. Elle représentait, d'un côté,

« nerf prêtres ou chapelains agenouillés devant une croix pa-t.narhale; aux pieds de laquelle était- nue .11 désignant

« l'église de Jérusalem qui avait la forme de cette' lettre, del'autre l'intérieur de l'hôpital de Si-Jean et un maladeCouché dans un lit.»il est probable que l'exemplaire des Bénédictins était fruste

et que M. de Wailly n'a pas été à même de modifier sa des-cription ait d'un boit

La bulle que je possède ne laisse pas de doute sur lecaractère de la représentation du revers nit voit très-dis-tiucteinent le simulacre du saint Sépulcre: .iréstis-Cllrist. , la

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SIGÏLLO&RAPHIE OU MAItÇE. 21

• tête ornée du nimbe crucigère, est couché dans un sarcophageen pierre, de forme rectangulaire : une croix longue est fixéeà son chevet; de la voûte pend une lampe, et aux pieds duChrist, on voit un encensoir qu'une main invisible balancedans l'espace, comme un hommage mortuaire.

Dans la jolie scène empreinte sur le sceau de pierre Toi,-turelli , évi3quideDine, et représentant la mort de la Vierge,on voit de même, aux pieds du corps, un encensoir degrande dimension, tenu par un des assistants de la cérémoniefunèbre, et nous avons nous-même signalé le mêtiie faitdans la pierre tombale d'1 ndrien d'Averton (Bulletin mono-mental, t. Xlv. ) où ce sont des anges qui remplissent l'officede thuriféraires.

La sigillographie est certainement appelée h rendit - degrands services aux tliWrent.es branches de la science archéo-logique; nous avons déjà indiqué l'art n]OIIlIlflentai , leblason, l'histoire, la linguistique, la science du costume et lamarine, comme lui ayant emprunté des documents précieux,mais s'il est une science qui peut, à bon droit; réclamer le se-cours de la sphragisiique , c'est la numismatique du moyen-âge, et rien n'est plus facile à expliquer (lue le mutuel concoursque ces deux sxeurs de l'histoire sont appelées à se prêter.

A n'en pas douter, les graveurs des sceaux étaient les mêmesque ceux des monnaies, ou tout au moins s'inspiraient-iLs auxmêmes sources; seulement, comme la gravure des sèeauxprocédait avec (les allures plus dégagées que celle des mon-naies parquée forcément dans les limites d'un type devenupopulaire, la sigillographieexplique souvent ce que les repré-sentations monétaires laissent indécis. Qu'on nous permette(le rappeler, à la fin (le cette esquisse,.les services qu'elle nousa rendus, dans nos travaux sur les monnaies (lu Maine.

Les types des monnaies mansaises sont peu variés; c'étaitune raison pour penser qu'ils avaient tous leur point de départdans le symbolisme ou l'histoire -spéciale de la province.

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t.1

0S4-

22 SIGILLOGRAPHIE DU MAINE.

- Au sommet de l'échelle des types, sur les confins de la pé-riode romaine, on trouve un saïga frappé au Mans et au nomdu monétaire EBIUCHAR1VS; le sujet représenté dans leclianip est fort curieux; cc sont deux personnages ayantentre eux un monument surmonté d'une croix qu'ils ont l'airde prendre sous leur protection.

S&ÏIIÂ D O M&IOS. QtlSlE D' .LO TONYX 0X00X07

VO'. 5ICLE j L

Deux sceaux, dont l'un, gravé sur une onyx, est donné parGruter, et l'autre a été publié dans notre Essai sur les mon-

sccsoncor4,nr.-Xcr.Àc OiS pibiSa,. or. LOOGUXIL, tv*um 0V UIAOS. (4309-4326.)

nnics du Maine, expliquent que ces deux personnages soûl

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SIGILLOGRAPHIE Pli MAINE; 23

saint Gervais et saint Protais , patrons de la cathédrale dujUans, et que le monument placé entre eux est l'église ou lasuie du Mans.-

En descendant dans la série des types de la monnaie duMans, on trouve les deniers attribués aux comtes du Maine,portant d'un côté le monogramme d'Erhert., premier comteinamovible, avec les mots COi'iIES CENOMANIS; et aurevers, une croix, cantonnée de cieux besants, et des lettresA et û, et entourée de la légende t SIGNVtiL DEI V!VL

;.'Çv»

'ail -'1IM4R

On a long-temps ignoré la valeur de cette dernière légendequ'on pouvait confondre d'ailleurs avec le SIGINVM CRVCJSdes monnaies au cavalier armé de Valenciennes. Nons avonsété assez heureux pour découvrir et signaler 1m sceau deGeoffroy de Loudun, évêque (lu Mans (1234) ,(lent le contre-sceau porte en légende les mêmes mois que la monnaie

SIGNVM DEI Yin; il n'est pas permis de douter que

COXTRESCRAVN DES ÊVÊQGCI OIT MAXI AU x I z, e. SWC12.

ces mots, entourant l'agneau porteur du drapeau de résur-rection, ne soient comme le cri d'armes de l'église du Mans;

J, --"t

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24 SIGILLOGRAPHIE DU MAINE.

on sait-d'ailleurs que celle-ci était consacrée à Jésus crucifié-.Plus tard, lorsque le fi-ère de salut Louis devint, comte du

Maine, on essaya de supprimer le ruonogranime cl'ErberL;mais comme on touchait ii quelque chose de très-populaireon n'osa innover tout d'un coup. On voulait transformer cemonogflmmlue en couronne royale; il est curieux de Suivre , iil'aide de la sigillographie, les progrès de la transformation.Le sceau (le la cour du Mails, au XIV. siècle, nous donnela breu ve que la lettre F di] monogramme Erbertois a servià former la couronne du type semi-royal.

nnp

ÈVM te

Ou peut dire, à juste titi-e, que la spiiragistique ala numismatique du Maine.

Nous n'avons pas la prétention d'ouvrir à la science de voiesnouvelles d'illustres savants ont démontré avant nous toutle parti qu'on pouvait tirer de l'étude des sceaux; Vrediusles .Bénédictins ,et Ileineccius , sont (les modèles d'éruditionpatiente et consciencieuse qu'on pourra suivre, mais nondépasser; seulement, s'il nous était permis d'érnetti-e tin re-gret, nous dirions que ces savants ont trouvé peu tiimita-teurs, de nos jours OÙ imite génération impatiente fait cepen-dant de louables efforts pour recueillir et publier les monu-ments inédits de notre histoire nationale.

Nous nous estimerions heureux si cette légère esquisseavait pour résultat (le jeter quelqu'intérêt sur une branchede l'archéologie trop long-temps délaissée.-

Cacn, In.p te A. Bardet. Juillet al..