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Journal de pédiatrie et de puériculture (2014) 27, 68—75 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com ARTICLE EMC Sinusites de l’enfant M.-S. Le Gac (ORL, ancien chef de clinique au CHU Morvan, assistant des Hôpitaux) Clinique Pasteur, 34, rue du Moulin, 29200 Brest, France Introduction Il s’agit d’une pathologie fréquente, dans sa forme bénigne, qui résulte d’une surinfection d’un ou de plusieurs sinus de la face. On parle plutôt chez l’enfant de rhinosinusite aiguë du fait de l’absence de développement complet des cavités sinusiennes chez l’enfant de moins de 6 ans et de sinusite vraie chez l’enfant plus grand. Dans sa forme sévère, la sinusite de l’enfant est assez rare et se traduit le plus souvent par une ethmoïdite chez l’enfant de moins de 6 ans ou par une sinusite compliquée chez l’enfant plus grand. Au-delà de 4 mois d’évolution, on parle de sinusite chronique et il convient de recher- cher et de traiter les facteurs favorisant ce type d’infection. Généralités Définition La sinusite est une inflammation des sinus périnasaux due à une infection virale, bacté- rienne ou fongique ou à des réactions allergiques. Anatomie Les sinus de la face sont des cavités aériques revêtues d’un épithélium de type respiratoire, creusées dans l’os et communiquant avec les fosses nasales via des méats ou des canaux (Figure 1). Grâce au partenariat mis en place en 2010 entre le Journal de pédiatrie et de puériculture et l’EMC, les articles de cette rubrique sont issus des traités EMC. Celui-ci porte la mention suivante : M.-S. Le Gac. Sinusites de l’enfant. EMC - Pédiatrie - Maladies infectieuses 2011:1—6 [Article 4-061-G-20]. Nous remercions les auteurs qui ont accepté que leur texte, publié initialement dans les traités EMC, puisse être repris ici. Adresse e-mail : [email protected] 0987-7983/$ see front matter © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2014.02.001

Sinusites de l’enfant

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Page 1: Sinusites de l’enfant

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ournal de pédiatrie et de puériculture (2014) 27, 68—75

Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

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M.-S. Le Gac (ORL, ancien chef de clinique au CHUMorvan, assistant des Hôpitaux)

Clinique Pasteur, 34, rue du Moulin, 29200 Brest, France

Introduction

Il s’agit d’une pathologie fréquente, dans sa forme bénigne, qui résulte d’une surinfectiond’un ou de plusieurs sinus de la face. On parle plutôt chez l’enfant de rhinosinusite aiguëdu fait de l’absence de développement complet des cavités sinusiennes chez l’enfant demoins de 6 ans et de sinusite vraie chez l’enfant plus grand.

Dans sa forme sévère, la sinusite de l’enfant est assez rare et se traduit le plus souventpar une ethmoïdite chez l’enfant de moins de 6 ans ou par une sinusite compliquée chezl’enfant plus grand.

Au-delà de 4 mois d’évolution, on parle de sinusite chronique et il convient de recher-cher et de traiter les facteurs favorisant ce type d’infection.

Généralités

Définition

La sinusite est une inflammation des sinus périnasaux due à une infection virale, bacté-rienne ou fongique ou à des réactions allergiques.

Anatomie

Les sinus de la face sont des cavités aériques revêtues d’un épithélium de type respiratoire,creusées dans l’os et communiquant avec les fosses nasales via des méats ou des canaux(Figure 1).

� Grâce au partenariat mis en place en 2010 entre le Journal de pédiatrie et de puériculture et l’EMC, les articles de cette rubriqueont issus des traités EMC. Celui-ci porte la mention suivante : M.-S. Le Gac. Sinusites de l’enfant. EMC - Pédiatrie - Maladies infectieuses011:1—6 [Article 4-061-G-20]. Nous remercions les auteurs qui ont accepté que leur texte, publié initialement dans les traités EMC, puissetre repris ici.

Adresse e-mail : [email protected]

987-7983/$ — see front matter © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.ttp://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2014.02.001

Page 2: Sinusites de l’enfant

Sinusites de l’enfant

Figure 1. Anatomie des sinus. 1. Clairance mucociliaire du sinusfrontal ; 2. complexe ostéoméatal ; 3. clairance mucociliaire du

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sinus maxillaire ; 4. collection liquidienne dans le sinus maxillaire.

Les sinus sont pairs et souvent asymétriques et se répar-tissent ainsi :• les sinus maxillaires qui se drainent via le méat moyen

situé sur la paroi latérale des fosses nasales entre lescornets moyen et inférieur ;

• les cellules ethmoïdales divisées en cellules antérieureset en cellules postérieures par la racine cloisonnante ducornet nasal moyen. Les cellules antérieures se drainentdans le méat moyen, les postérieures au-dessus du cornetmoyen et parfois au-dessus du cornet nasal supérieur ;

• les sinus frontaux qui se drainent via le canal nasofrontal ;• les sinus sphénoïdaux, qui sont souvent asymétriques,

se drainent par l’ostium du sphénoïde ou récessus sphé-noethmoïdal dont l’ouverture se situe médialement, àl’aplomb de l’arche choanale.

On décrit ainsi un groupe antérieur comprenant les sinusfrontaux, maxillaires et les cellules ethmoïdales antérieureset un groupe postérieur comprenant les cellules ethmoïdalespostérieures et le sinus sphénoïde. Il existe de nombreusesvariantes anatomiques [1].

Embryologie : développement des cavitéssinusiennes [2]

Les ébauches des cavités sinusiennes apparaissent vers lequatrième mois de la vie in utero.

À la naissance, les cellules ethmoïdales sont déjà for-mées et il existe une ébauche des sinus maxillaires quise « pneumatiseront » entre 18 mois et 5 ans. L’ébauche dusinus frontal apparaît vers 1 an et sa pneumatisation a lieuentre 5 ans et 12 ans. Le sinus sphénoïde se développe entre

5 et 18 ans.

Cela explique qu’avant 5 ans, la seule sinusite vraie quel’on puisse rencontrer est l’ethmoïdite.

69

ôle des sinus de la face

a fonction des sinus de la face reste à ce jour encore incon-ue et de nombreuses hypothèses ont été proposées pourxpliquer leur existence. Les différentes théories plausibles

ce jour sont notamment :rôle de protection de l’encéphale et des globes oculaireslors des traumatismes faciaux, en permettant d’amortirles chocs ;isolation thermique du système nerveux central ;allégement des os de la face ;rôle dans la croissance des os de la face ;vestige non fonctionnel au cours de l’évolution.

tiopathogénie

ause principale chez l’enfantans la majorité des cas, les sinusites de l’enfant résultent’une surinfection d’une cavité sinusienne dans les suites’une rhinite aiguë d’origine virale. Il se crée alors unenflammation de la muqueuse sinusienne. Puis par blocagee l’ostium de drainage apparaît une stase de mucus qui valors s’infecter.

La majorité des rhinosinusites de l’enfant est virale et onstime que seulement 10 % d’entre elles peuvent présenterne surinfection bactérienne.

Les germes habituellement rencontrés chez l’enfant sontes suivants :

pneumocoque ;Haemophilus influenzae ;Moraxella catarrhalis.

Et plus rarement :staphylocoque doré (en particulier dans l’ethmoïditeavant 5 ans) ;germes anaérobies (dans les formes odontogènes surtout).

utres causes possiblesomme chez l’adulte, l’enfant âgé de plus de 6 ans peutonc présenter des sinusites d’étiologies diverses qui ne sontas développées ici :sinusite maxillaire d’origine dentaire sur dépassement depâte intrasinusienne après traitement canalaire ou surinfection dentaire d’une dent maxillaire ;surinfection sur hémosinus traumatique ;sinusite fongite maxillaire (balle fongique à Aspergillusfumigatus) [3] ;sinusite fongique de l’immunodéprimé : mucormycose [4]et aspergillose invasive.

acteurs prédisposant à la survenue d’une sinusiteertains facteurs peuvent favoriser la survenue d’une sinu-ite, voire sa chronicisation :

facteurs anatomiques : ils gênent le drainage des sinus :déviation septale majeure, hypertrophie des cornets,concha bullosa et cornet à courbure inversée, hypertro-

phie des végétations adénoïdes [5] ;facteurs muqueux : ils altèrent la qualité du drai-nage mucociliaire : allergie respiratoire, asthme, refluxgastro-oesophagien, bronchite chronique, déficit en
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immunoglobuline, mucoviscidose, dyskinésie ciliaire,tabagisme passif, dessiccation de l’air, pollution ;immunodépression : elle favorise les surinfections bacté-riennes et fongiques ;corps étranger obstruant une fosse nasale prédisposant àl’infection des cavités sinusiennes homolatérales (sonded’intubation nasotrachéale, sonde nasogastrique).

inusites aiguës

ableau clinique de la sinusite simple

e tableau clinique concerne surtout l’infection du sinusaxillaire.

orme subaiguël s’agit en fait de la prolongation au-delà de 10 jours’une rhinopharyngite aiguë banale, sans tendance à’amélioration. C’est la forme la plus fréquente.

Les signes cliniques rencontrés sont :la rhinorrhée claire ou parfois purulente ;l’obstruction nasale ;la toux inconstante ;la fièvre le plus souvent inférieure à 39 ◦C.

Ces signes sont communs à toute infection des sinus,u’elle soit virale ou bactérienne.

orme aiguëa forme aiguë comprend :

une fièvre supérieure à 39 ◦C, persistante au-delà de3 jours d’évolution ;des céphalées ;une rhinorrhée purulente ;parfois un oedème ou un érythème du visage ;une toux diurne ou nocturne (parfois émétisante) ;une douleur localisée, importante, pulsatile d’horaireinflammatoire, souvent vespérale, majorée tête penchéeen avant.

Les douleurs de sinusite maxillaire se situent au niveaues joues. Elles sont admises au-delà de 3 ans, mais res-ent rares avant 6 ans. Elles peuvent s’accompagner d’une

ouleur au niveau d’une dent maxillaire si la sinusite est’origine odontogène.

La sinusite frontale s’accompagne de céphalées frontalesmportantes, en barre.

Ismt

Tableau 1 Classification de Chandler.

Stade I Cellulite préseptale Œdè

Stade II Cellulite orbitaire ChémStade III Abcès sous-périosté (extraconique) Exop

oculoStade IV Abcès orbitaire (intraconique) ExopStade V Thrombose du sinus caverneux Exop

palpéattei

M.-S. Le Gac

La clinique de la sinusite sphénoïdale est variable : il peut’agir de céphalées au vertex, à l’occiput, souvent très vio-entes. Les sinusites frontale et sphénoïdale se rencontrentu-delà de 6-7 ans, voire de 10 ans pour certains auteurs.

La pansinusite est l’atteinte de plusieurs des sinus de laace.

ableau clinique de la rhinosinusite aiguëompliquée

inusite de l’enfant de moins de 5 ans : ethmoïditeiguë [5]n retrouve une symptomatologie de rhinosinusite aiguëssociée à un syndrome septique général plus ou moinsévère avec surtout un oedème au niveau de l’angle interne’un oeil, infiltrant les paupières, en particulier la paupièreupérieure. L’ethmoïdite peut survenir à partir de l’âge de

mois. Elle peut être de forme oedémateuse simple ou deorme compliquée dite suppurée.

On la classifie selon les stades de Chandler qui traduit’importance des complications ophtalmologiques puis neu-ologiques associées (Tableau 1).

orme oedémateuse simple’examen clinique retrouve un oedème palpébral doulou-eux à la palpation prédominant à l’angle interne de l’orbitet à la paupière supérieure, sans pus conjonctival, avec uneèvre élevée (39 ◦C à 40 ◦C).

orme collectée périorbitairee pus se collecte dans l’orbite, entre le périoste et l’oslanum, entraînant une exophtalmie sans trouble visuel nirouble de la motilité oculaire.

ormes compliquéesa forme collectée nécessite de rechercher deuxomplications majeures :

la suppuration intraorbitaire suspectée devant l’un destrois signes suivants : mydriase paralytique, anesthésiecornéenne, ophtalmoplégie partielle ou complète ;la thrombophlébite intracrânienne : fièvre oscillante avecfrissons et syndrome méningé.

inusites compliquées de l’enfant plus âgéTableau 2) [6]inusite bloquée

l s’agit d’un sinus sous tension sans drainage spontané pos-ible, la douleur est importante et il n’y a pas d’écoulementucopurulent. Elle peut concerner les sinus maxillaire, fron-

al, et sphénoïdal.

me palpébral

osis, exophtalmie axilehtalmie, baisse de l’acuité visuelle (BAV), troublesmoteurshtalmie, ophtalmoplégie complète, BAV importantehtalmie majeure et douloureuse, cécité, oedèmebral supérieur et inférieur majeur, réaction méningée,

nte oculomotrice des nerfs III, IV, VI, atteinte du nerf V1

Page 4: Sinusites de l’enfant

Sinusites de l’enfant 71

Tableau 2 Complications des sinusites.

Maxillaire Frontal Sphénoïde Ethmoïde

Sinusite bloquée ++ +++ +Complications neurologiquesAbcès cérébraux + ++ +Thrombose du sinus caverneux ++ +Méningite + + +Complications ophtalmologiques + + ++Bactériémie + + + +Atteinte cutanée + ++

+ : Complication rare ; ++ : complication possible ; +++ : complication fréquente.

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L’examen clinique est pauvre et les signes fonctionnelssont bruyants.

Complications ophtalmologiques [7]Les complications ophtalmologiques concernent les sinusitessphénoïdales et frontales.

Les signes fonctionnels vont du simple chémosis àl’atteinte des nerfs oculomoteurs avec ophtalmoplégie, pto-sis, diplopie, et à l’abcès sous-périosté ou intraorbitaireavec exophtalmie, mydriase et baisse d’acuité visuelle.

Complications neurologiques [8,9]Chez le jeune enfant, il peut survenir des convulsions hyper-thermiques.

Les autres complications neurologiques concernent lessinusites frontales et sphénoïdales du fait des rapportsintimes avec le cerveau. Il peut survenir :• une méningite avec, à la clinique, un syndrome méningé :

hyperthermie, trouble de conscience, raideur de nuque ;• un abcès extra- ou sous-dural, ou intracérébral ;• une thrombose du sinus caverneux, en particulier dans

le cas d’une sinusite sphénoïdale et dans l’ethmoïdite austade V de Chandler (Tableau 1).

Complications osseuses et cutanéesLes complications osseuses et cutanées restent très rares :• ostéomyélite frontale ;• possibilité d’extériorisation antérieure, à la peau avec

fistulisation. Elle concerne la sinusite frontale.

Syndrome septique et complications généralesOn peut rencontrer, à un stade avancé, une bactériémie etun choc septique pouvant conduire au décès.

Examen clinique des sinusites

L’examen est bien sûr complet afin d’éliminer une autrecause infectieuse, en particulier, on procède à un examenclinique oto-rhino-laryngologique (ORL) avec otoscopie afind’éliminer une otite moyenne aiguë.

L’examen clinique au spéculum nasal ne permet pas defaire le diagnostic, mais retrouve l’écoulement purulent etune muqueuse nasale congestive.

La nasofibroscopie peut retrouver un écoulement puru-lent au niveau de l’ostium de drainage des différents sinus.

Devant toute sinusite, l’examen clinique doit s’efforcerde vérifier l’isocorie, la mobilité de l’oeil dans les quatre

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irections, la présence d’un réflexe photomoteur, l’absencee diplopie et d’exophtalmie.

Un avis ophtalmologique est demandé devant toute eth-oïdite avec atteinte oculaire ou en cas de suspicion’atteinte oculaire dans le cas d’une sphénoïdite ou d’uneinusite frontale.

L’examen doit aussi rechercher des arguments pourn syndrome méningé ou une thrombophlébite cérébrale :echerche de raideur méningée, contrôle des paires crâ-iennes.

xamens complémentaires

as de la sinusite aiguë simpleomme chez l’adulte, il n’y a pas d’examen complémentaire

demander [10].

as des rhinosinusites compliquéesxamens radiologiquesn cas de suspicion d’ethmoïdite de forme collectée ou deuspicion de complications ophtalmologiques ou orbitaireshez l’enfant plus âgé, un scanner du massif facial (compre-ant des coupes orbitaires) et de l’encéphale en coupesillimétriques axiales et coronales avec et sans injectionoit être réalisé de facon à mettre en évidence un abcès quioit alors être drainé chirurgicalement [11].

Ces examens peuvent être complétés par une imageriear résonance magnétique (IRM) pour préciser notammentne infiltration des muscles oculomoteurs ou effectuer uniagnostic différentiel avec une tumeur intrasinusienne.

En cas de suspicion de sinusite bloquée, une radiographiees sinus en incidence de Blondeau peut être suffisante.

xamens biologiquesn bilan biologique comportant au minimum uneumération-formule sanguine, une C reactive proteinCRP) et deux hémocultures est demandé.

Des prélèvements bactériologiques sont aussi réalisés sin drainage chirurgical a lieu.

iagnostic différentiel

evant une ethmoïditee diagnostic se pose avec :

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72 M.-S. Le Gac

Tableau 3 Traitements per os des sinusites de l’enfant.

Nom de la molécule Dosage Durée Nom commercial Famille d’antibiotique

Amoxicilline-acide clavulanique 80 MKJ, en 3×/j 10 j Augmentin® PénicillineCefpodoxime proxétil 8 MKJ en 2× 7—10 j Orelox® C3GCéfuroxime axétil 250 mg × 2/j 5 j Zinnat® C2GPristinamycine 50 MKJ en 2×/j à partir de 6 ans 7—10 j Pyostacine® Synergistine

MKJ : mg/kg/j.

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des anomalies ophtalmologiques : conjonctivite oudacryocystite marquées par la présence de pusconjonctival ;un problème dermatologique : staphylococcie maligne dela face, piqûre d’insecte ou érysipèle.

evant une sinusite unilatéralel faut savoir évoquer les causes d’obstruction nasale unila-érale de l’enfant.

Dans les étiologies bénignes, on évoque :chez le petit enfant, une anomalie embryologique : kystedermoïde, gliome nasal, méningoencéphalocèle et, plusrarement, tératome ;chez l’enfant plus âgé : un mucocèle, un polype antro- ousphénochoanal (Kilian), un fibrome nasopharyngien.

Dans les causes malignes, on évoque les principales : lehabdomyosarcome, le lymphome malin non hodgkinien typeymphome de Burkitt et les carcinomes indifférenciés duavum.

raitement

raitement des sinusites aiguës simplese traitement est médical et vise à soulager les symptômesn diminuant l’inflammation par restauration de la ventila-ion des sinus. Il comporte :

des lavages de nez au sérum physiologique [12] et, dès quel’enfant sait le faire, on insiste sur un mouchage efficace ;des corticoïdes oraux (type prednisolone 1 mg/kg/j) encure courte (< 8 jours) : ils ne sont indiqués que dans lesformes hyperalgiques ;des antalgiques de classe I ou II.

L’antibiothérapie n’est pas indiquée d’emblée lorsquees symptômes rhinologiques restent diffus, bilatéraux,’intensité modérée, dominés par une congestion avec rhi-orrhée séreuse ou puriforme banale, survenant dans unontexte épidémique [13].

Dans ce cas, une réévaluation à 3 jours est nécessaire enas de persistance anormale ou d’aggravation de la sympto-atologie sous traitement symptomatique.En cas de suspicion de surinfection bactérienne ou de

errain à risque tel que les enfants atteints d’asthme ouorteurs de cardiopathie ou de drépanocytose, des anti-

iotiques oraux ciblant les principaux germes sont mis enlace.

Le Tableau 3 résume les principaux antibiotiques utili-ables per os en tenant compte des nombreuses résistances

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es bactéries vis-à-vis des antibiotiques [14,15]. En cas’allergie aux pénicillines et aux céphalosporines :chez l’enfant de moins de 6 ans, un macrolide peut êtreutilisé, mais son efficacité peut être limitée par la résis-tance des bactéries en cause ;chez l’enfant de plus de 6 ans, la pristinamycine peut êtreproposée.

raitement de l’ethmoïdite de l’enfant [16]orme oedémateuse ou préseptale

l n’existe pas de consensus au stade I de Chandler entren traitement per os avec surveillance clinique rapprochéeenfant revu à 24 heures) et un traitement intraveineux enilieu hospitalier.En revanche, dans les autres stades ou en cas de doute

ur l’observance du traitement, l’hospitalisation et le trai-ement intraveineux sont systématiques.

Le traitement antibiotique est administré par voie intra-eineuse et se compose d’une céphalosporine injectable deroisième génération en association avec un aminoside et,elon les auteurs (Tableau 4), du métronidazole. La désin-ection nasosinusienne et le traitement antipyrétique sontien sûr associés. Le relais per os aura lieu au bout de 5 à

jours.

orme suppurée’hospitalisation est systématique. Le même traitementédicamenteux est mis en place et un drainage chirurgicale l’abcès est effectué. Une surveillance ORL et oph-almologique est effectuée pluriquotidiennement au course l’hospitalisation [16]. On surveille notamment l’acuitéisuelle, l’isocorie et la mobilité de l’oeil dans les quatreirections.

raitement des sinusites compliquéese traitement antibiotique est instauré et un drainage chi-urgical en urgence est réalisé.

Dans le cas d’une sinusite maxillaire bloquée, la mise enlace d’un drain d’Albertini peut être proposée. En cas de’origine dentaire ou de balle fongique, une méatotomieoyenne est réalisée.Des soins dentaires sont associés si une origine dentaire

st suspectée.L’ouverture du canal nasofrontal ou la pose d’un clou

e Lemoine est réalisée dans le cas d’une sinusite frontale

ésistante au traitement médical. De même, l’ouverture de’ostium sphénoïdal est réalisée en cas de sphénoïdite avecrésence de complications ophtalmologiques, notammentar une atteinte des muscles oculomoteurs.
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Sinusites de l’enfant 73

Tableau 4 Traitements intraveineux des sinusites graves de l’enfant.

Nom de la molécule Dosage Durée Nom commercial Famille d’antibiotique

Ceftriaxone 50 MKJ en 1 fois 5 à 7 jours Rocéphine® C3GCéfotaxime 50 MKJ en 3 fois 5 à 7 jours Claforan® C3GMétronidazole 30 MKJ en 3 fois 5 à 7 jours Flagyl® Nitro-imidazolés

C3G : céphalosporine de troisième génération.

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Sinusites chroniques

Les sinusites chroniques sont assez fréquentes et sont enrapport avec une rhinosinusite aiguë banale non traitée ouen lien avec des facteurs de risque négligés. La présence ounon de polypes est un facteur déterminant. Un bilan aller-gologique et pulmonaire est systématiquement réalisé ainsiqu’une analyse bactériologique des prélèvements endona-saux [17].

Le traitement est étiologique et symptomatique,comportant en général des corticoïdes par voie nasale (auto-risés à partir de 3 ans pour certaines spécialités).

Rhinosinusite chronique non polypoïde

Il s’agit d’une rhinorrhée durant plus de 3 mois sans fièvre.La cause principale est l’allergie. Il faut éliminer les fac-teurs prédisposants, notamment anatomiques et les facteursenvironnementaux altérant le drainage mucociliaire.

Présence de bactérie résistante au traitementpréalableLa cause la plus évidente est l’inefficacité ou l’insuffisancedes traitements entrepris. Une étude américaine a mis enévidence la présence d’un sérotype particulier de pneu-mocoque (19A) particulièrement résistant et qui ne faitpas partie des sérotypes de pneumocoque inclus dansla vaccination. Ce sérotype est fréquemment impliquédans les sinusites récidivantes ou chroniques de l’enfant[18].

AllergieUn bilan allergologique est réalisé ainsi que des tests san-guins, mais le lien entre allergie et rhinosinusite chroniquereste controversé [19,20].

Déficit immunitaire congénital ou acquis (diabète,virus de l’immunodéficience humaine)La recherche peut être orientée par une consultationen médecine interne et une immunoélectropho-rèse des protéines sanguines peut être demandée[21,22].

Maladies auto-immunes (Wegener, sarcoïdose)La recherche est orientée par un examen clinique généralet tient compte des antécédents familiaux.

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inusite chronique polypoïde

l s’agit de sinusite comportant, à l’examen clinique, desolypes.

La première étiologie à rechercher est la mucoviscidoseu une forme équivalente.

olypose non éosinophileucoviscidose

a recherche des mutations du gène CFTR est systématique-ent proposée devant une polypose chez l’enfant. Depuis

002, en France, un dépistage systématique néonatal de laucoviscidose est réalisé, la découverte d’une mucovisci-ose sur des polypes nasaux est donc exceptionnelle [23].

yskinésie ciliaire primitive’est un syndrome autosomique récessif ou dominantui touche 1/20 000 habitants. Elle s’accompagne d’otiteéreuse et de bronchites à répétition et d’une inferti-ité ou d’une hypofertilité à l’âge adulte. Un brossaget une biopsie peuvent être réalisés dans un centree compétence pour mettre en évidence cette patho-ogie. On retrouve fréquemment une agénésie des sinusrontaux.

Dans la moitié des cas, elle s’accompagne d’un situsnversus appelé syndrome de Kartagener.

yndrome de Younge syndrome de Young se traduit par des infections respira-oires répétées, une anomalie du pancréas, une stérilité ouypofertilité et des anomalies génitales.

olypose à éosinophile : maladie de Churg ettrauss

l s’agit d’une vascularite touchant les vaisseaux de petit ouoyen calibre. L’incidence est de 0,9 à 2,4 cas pour un mil-

ion d’habitants. Un syndrome inflammatoire, un asthme,ne hyperéosinophilie sanguine et la présence d’anticorpsntimycoplasme des antinucléaires (pANCA) sont très évo-ateurs.

onclusion

a rhinosinusite aiguë est donc le plus souvent sans gra-

ité et son traitement en est simple. Il faut toutefois savoire méfier et reconnaître les formes compliquées dont leraitement est hospitalier et nécessite parfois un drainagehirurgical. Les formes chroniques de l’enfant sont une
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74 M.-S. Le Gac

entité à part dont le traitement est surtout en lien avecl’étiologie.

POINTS ESSENTIELS

• La seule sinusite de l’enfant de moins de 5 ans estl’ethmoïdite.

• La majorité des rhinosinusites de l’enfant est virale.• La rhinosinusite aiguë banale de l’enfant ne

nécessite pas d’examen complémentaire.• Le traitement de la rhinosinusite aiguë banale est

d’abord symptomatique avant d’être antibiotique.• Toute suspicion de sinusite compliquée peut être

explorée par un scanner.• L’ethmoïdite doit faire rechercher une complication

orbitaire.• Une sinusite aiguë compliquée doit être traitée par

antibiotique et surveillée en hospitalisation.• Une sinusite bloquée peut nécessiter un drainage

chirurgical.• Une sinusite chronique non polypoïde doit faire

rechercher une allergie ou un déficit immunitaire.• Une sinusite chronique polypoïde doit faire évoquer :

une mucoviscidose, un syndrome de Churg et Strauss,une dyskinésie ciliaire, un syndrome de Young.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter les figures 2—6.

Fig. 2. Ethmoïdite débutante (stade oedémateux possible).

Fig. 3. Ethmoïdite au stade des complications ophtalmologiques.

Fig. 4. Scanner du massif facial en coupe axiale mettant enévidence une ethmoïdite droite suppurée au stade III de Chand-ler. 1. Abcès sous-périosté ; 2. opacité sinusienne en rapport avecl’éthmoïdite aiguë.

Fig. 5. Scanner du massif facial en coupe axiale mettant en évi-dence une sphénoïdite droite.

Fig. 6. Radiographie en incidence de Blondeau mettant en évi-dence une sinusite maxillaire gauche.

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[cies. J Immunotoxicol 2008;5:227—34.

Sinusites de l’enfant

Références

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