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1 SISTERON (04) UN HAUT LIEU TOURISTIQUE ET CULTUREL Edith Robert, Présidente d’A.T.M. © José Huguet Rachetée par la ville en 1928, la Citadelle, qui avait perdu sa fonction militaire (elle avait été déclassée en 1894), allait connaître une nouvelle vie. Le festival des « Nuits de la Citadelle » C’est un bel exemple de reconversion culturelle qui s’est opéré quand Marcel Provence, artiste, poète (il était chorège d’Orange), choisit Sisteron pour sa « IIIe Saison d’art alpin ». Digne avait accueilli la première, Moustiers la seconde, Sisteron accueillera la troisième. Un théâtre de verdure sera créé. Il s’inscrira dans l’étagement des bastions de la face nord de la Citadelle, avec l’imposant rempart en toile de fond. Associé à Antoine Balpétré, grand nom du Théâtre Français, il présente Le Cid. Balpétré utilise les enceintes successives comme autant de scènes permettant au spectacle de se déployer dans l’espace. Et c’est une foule émerveillée qui applaudit les acteurs de la Comédie- Française déclamant les vers de Corneille, dans un déferlement de costumes et de figurants. Le Festival est né. Il est le premier de la région avec celui d’Orange et l’un des premiers de France. Théâtre de la citadelle © José Huguet Antoine Balpétré © A.T.M.

SISTERON (04) UN HAUT LIEU TOURISTIQUE ET CULTUREL Edith ... · La deuxième salle est entièrement consacrée au passage de Napoléon au retour de l’île d’Elbe. Forte de ses

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Page 1: SISTERON (04) UN HAUT LIEU TOURISTIQUE ET CULTUREL Edith ... · La deuxième salle est entièrement consacrée au passage de Napoléon au retour de l’île d’Elbe. Forte de ses

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SISTERON (04) UN HAUT LIEU TOURISTIQUE ET CULTUREL Edith Robert, Présidente d’A.T.M.

© José Huguet

Rachetée par la ville en 1928, la Citadelle, qui avait perdu sa fonction militaire (elle avait été déclassée en 1894), allait connaître une nouvelle vie. Le festival des « Nuits de la Citadelle » C’est un bel exemple de reconversion culturelle qui s’est opéré quand Marcel Provence, artiste, poète (il était chorège d’Orange), choisit Sisteron pour sa « IIIe Saison d’art alpin ». Digne avait accueilli la première, Moustiers la seconde, Sisteron accueillera la troisième. Un théâtre de verdure sera créé. Il s’inscrira dans l’étagement des bastions de la face nord de la Citadelle, avec l’imposant rempart en toile de fond. Associé à Antoine Balpétré, grand nom du Théâtre Français, il présente Le Cid. Balpétré utilise les enceintes successives comme autant de scènes permettant au spectacle de se déployer dans l’espace. Et c’est une foule émerveillée qui applaudit les acteurs de la Comédie-Française déclamant les vers de Corneille, dans un déferlement de costumes et de figurants. Le Festival est né. Il est le premier de la région avec celui d’Orange et l’un des premiers de France.

Théâtre de la citadelle © José Huguet

Antoine Balpétré © A.T.M.

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Douze années durant, les spectacles se succèdent, donnés au creux de chaudes après-midi d’été. En 1930, Albert Lambert, gloire de la Comédie-Française, triomphe dans OEdipe Roi. Puis viennent Britannicus, Phèdre, Hernani, Ruy Blas, Cyrano de Bergerac… En 1934, Mireille ouvre la voie au théâtre lyrique et en 1938, Ninon Vallin chante Carmen. Le succès est à son comble; on a perfectionné le théâtre; des gradins ont été creusés dans les talus; des trains spéciaux amènent quelque 2000 spectateurs de Marseille et de Grenoble. Mais en 1939, la guerre éclate. On ferme le théâtre. La Citadelle devient une prison. En août 1944, la ville est bombardée. Profondément meurtrie, elle mettra des années à panser ses blessures. C’en était fini du Festival, du moins le croyait-on.

Carmen, 1938 © A.T.M.

Et pourtant, en 1956, le théâtre est rouvert. Avec une opérette d’abord, Le pays du sourire, chantée par José Janson, le célèbre ténor de l’Opéra Comique, puis vient Britannicus avec la grande Véra Korène, entourée de plusieurs autres sociétaires de la Comédie-Française.

Jean Giono félicitant Jean Deschamps © A.T.M.

Les soirées se succèdent, le succès se confirme et, en 1960, une association se crée. Elle prend le nom d’ATM (Arts, Théâtre, Monuments) et se donne pour vocation : - la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine monumental et artistique de Sisteron, en particulier la Citadelle, très endommagée par la guerre, dont la restauration et la gestion lui sont confiées par la Commune dans le cadre d’une convention, - l’organisation du Festival, devenu les « Nuits de la Citadelle ». Une équipe de dix bénévoles, dévoués et passionnés, réunis autour de Pierre Colomb, cheville ouvrière et âme de cette entreprise, va mener à bien tout à la fois l’admirable restauration de la Citadelle, aujourd’hui l’un des monuments les plus visités de la Région Provence, Alpes, Côte d’Azur, et porter le Festival au niveau des plus grands. Edwige Feuillère, Maria Casarès, Jean Marais, Jean Deschamps, Daniel Sorano,… Il n’est pas un acteur qui n’ait exprimé son bonheur de jouer dans un tel lieu.

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Salle, scène, éclairages sont sans cesse repensés, la lumière apportant sa magie à la beauté du décor. En 1974, la danse y fait son entrée et, un peu plus tard, la « grande » musique, à son tour, investit les scènes. Qui a oublié le Requiem de Verdi et ses 250 exécutants ou la merveilleuse Barbara Hendricks chantant Mozart ou Gershwin ?

Barbara Hendricks, 2002 © DR

Cette diversification s’est opérée aussi hors les murs de la Citadelle, mais toujours en relation étroite avec les monuments historiques de Sisteron et leur sauvegarde. En 1961 déjà, le cloître Saint-Dominique avait accueilli la musique de chambre. Ce couvent de Dominicains construit au 18e s, ravagé par les guerres de religion, vendu comme bien national en 1792, n’était plus que ferme et grenier en 1960. Tout était sur le point de disparaître, dont l’élégant clocher érigé en diagonale de la

Pierre Colomb et Jean-Pierre Rampal © A.T.M.

nef, quand A.T.M. lança une souscription publique et réalisa les premiers travaux salvateurs. Pour célébrer cette sauvegarde, un concert y est donné le 21 juillet 1961. On y découvre une acoustique parfaite et depuis lors, les plus grands virtuoses, Georges Cziffra, Yehudi Menuhin, Jean-Pierre Rampal, Maria Joao Pirès, pour ne citer qu’eux, ont honoré de leur talent ce lieu tout empreint de grâce et de beauté. En 1965, Saint-Dominique a été classé monument historique et d’importants travaux de restauration y ont été entrepris.

Enfin, pour parfaire cette diversification, la musique sacrée a tout naturellement pris place sous les voûtes de la Cathédrale Notre-Dame des Pommiers, chef d’oeuvre d’art roman. Les Nuits de la Citadelle sont fières de cette diversité, fruit de la longue et belle histoire qui les a vu naître et grandir.

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Michel Bouquet « Le Roi se meurt » © Bernard Richebe Le Musée Deux salles présentent dessins, gravures, lithos et photographies évoquant la Citadelle à, travers les âges et les personnages qui l’ont marquée : François Ier, vainqueur de Marignan

qui retrouva ici son épouse, sa mère et sa sœur, venues à sa rencontre ; le duc de Lesdiguières qui y fit ses premières armes lors du siège de la place par les catholiques en 1562 ; le prince Jean-Casimir Vasa, futur roi de Pologne, qui y fut emprisonné par Richelieu en 1639 et dont le cachot a été reconstitué dans le Donjon. Dans la première salle, d’admirables dessins d’Etienne Martellange, architecte des Bâtiments de l’ordre des Jésuites, donnent de la Citadelle et de l’enceinte de ville des vues d’une précision quasi photographique (1604-1605). On y voit aussi le poids de l’ancienne horloge, mise en place en 1402, ainsi que l’une des bombes américaines qui ont dévasté la ville en août 1944. La deuxième salle est entièrement consacrée au passage de Napoléon au retour de l’île d’Elbe. Forte de ses 23 canons, la Citadelle inquiétait l’empereur, l’épopée pouvait s’arrêter là. Et pourtant, au matin du 5 mars, la Citadelle était sans poudre, Cambronne et ses grenadiers occupaient la ville, Napoléon pouvait y entrer ...

© A.T.M.

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Le film « Citadelle ! navire des hommes… » Projeté en continu dans l’une des casemates, le film, « Citadelle ! navire des hommes…», réalisé par André Roman et Michel Jacob, offre 25 minutes à l’imaginaire du visiteur. Tel un navire de pierre posé sur des vagues pétrifiées, la Citadelle nous invite, par la voix de Jean-Claude Brialy, à traverser les siècles et à voguer dans l’éternité. Les expositions Diverses expositions, permanentes ou temporaires, sont présentées dans le magasin à poudres construit sur les plans de Vauban, dans la Chapelle Notre-Dame du Château ainsi que sur les plateformes des différents bastions.

Exposition Agueda Lozano © Th. Clément

Le magasin à poudres accueille l’exposition « Vauban et ses prédécesseurs ». En dix-sept panneaux thématiques, cette exposition, conçue par les historiens Christian Corvisier et Isabelle Wermoes, évoque le génie militaire de Vauban à la lumière des œuvres de ses prédécesseurs. On y découvre, pour la première fois présenté, le projet du génial architecte pour la Citadelle de Sisteron et l’enceinte de ville, considérée comme partie intégrante de la place-forte La Chapelle Notre-Dame du Château se pare des vitraux du maître-verrier Claude courageux et expose les œuvres de l’aquarelliste Paul Maudonnet inspirées par Sisteron et le pays sisteronais. Au cours de l’été 2011, les visiteurs ont pu y admirer une sélection de peintures et sculptures de la grande artiste mexicaine Agueda Lozano.

Sur la face sud, sont présentés quelques uns des véhicules en usage pour les travaux des champs ou les déplacements dans la campagne provençale au début du siècle dernier. Une étonnante exposition de girouettes, œuvres originales des plus grands noms de l’art contemporain (Gilioli, Hajdu, Di Teana…) s’est déployée dans la Citadelle de juillet à octobre 2013. Soixante de ces oiseaux de métal, libres et légers, ont évolué ainsi « Au souffle du vent d’été ».

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Girouettes © H. Sérane

Les manifestations artistiques et culturelles se renouvellent et s’enrichissent d’année en année. Associées à la restauration attentive du monument, elles participent à son attrait touristique et par là même à son rayonnement. Près de 70 000 visiteurs ont suivi, l’an dernier, le parcours sonorisé en six langues différentes qui conte sa prestigieuse histoire.