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Sommaire
I. Situation clinique de Mme D ........................................................................................... 3
1. A mon arrivée dans le service .................................................................................. 5
2. L’accueil de Mme D dans le service ........................................................................ 6
3. Situation clinique de Mme D .................................................................................... 7
4. Les transmissions du jour ......................................................................................... 8
5. Rencontre avec Mme D ............................................................................................ 9
6. Echange avec le médecin .......................................................................................... 11
7. Les jours suivants ..................................................................................................... 12
II. Dimension ....................................................................................................................... 13
1. Révélation des dimensions ....................................................................................... 14
1.1.L’organisation des soins en fonction du rythme du patient ........................ 14
1.2.Le partage d’informations .......................................................................... 14
1.3.La complexité d’une situation .................................................................... 14
1.4.La psychiatrie en soins palliatifs ................................................................ 15
1.5.Législation et prescription médicale ........................................................... 15
2.Choix de la dimension à explorer .............................................................................. 15
III. Comprendre la perception du temps pour un accompagnement plus juste en unité de soins
palliatifs ............................................................................................................................... 17
1.Le temps .................................................................................................................... 18
1.1.Chronos, Kairos et Aiôn .............................................................................. 18
1.1.1.Chronos ......................................................................................... 18
1.1.2.Kairos............................................................................................ 19
1.1.3.Aiôn .............................................................................................. 19
1.2.Les temps du temps ..................................................................................... 19
1.2.1.Le passé ........................................................................................ 20
2
1.2.2.Le présent ..................................................................................... 20
1.2.3.Le futur ......................................................................................... 20
1.3.Le temps et l’espace .................................................................................... 21
1.4.Le vécu et le temps ...................................................................................... 21
2. Une unité de soins palliatifs par rapport à une unité de soins « traditionnelle » ..... 22
2.1.Le temps dans une unité de soins « traditionnelle » ................................... 22
2.2.Le temps dans une unité de soins palliatifs ................................................ 23
3. La perception du temps ............................................................................................ 24
3.1.Par le patient ............................................................................................... 24
3.2. Par le soignant ........................................................................................... 25
3.3. Par les familles ........................................................................................... 26
4. Que mettre en pratique au quotidien en unité de soins palliatifs ............................. 27
Conclusion ..................................................................................................................... 30
Bibliographie ................................................................................................................. 32
3
I. Situation clinique de Mme D
4
Je suis infirmière depuis deux mois en unité de soins palliatifs. Mon parcours
professionnel est relativement court car je suis diplômée depuis 8 ans et j’ai exercé
principalement en service traditionnel de courts séjours. En effet, je viens de quitter un service
de médecine interne polyvalente où j’ai travaillé durant 6 ans. Je vois cet ancien service
comme traditionnel, notamment dans sa façon de fonctionner. Ce service était pourvu de 3 lits
identifiés soins palliatifs, ce qui m’a permis de découvrir cet univers. Cette façon de penser le
soin était quelque peu différente de mes habitudes et de ma formation initiale.
Pour parler de mon ancien service, des questionnements se posaient tous les jours sur
la prise en soins des patients. Je dirais également que j’y avais des habitudes qui ne me
questionnaient pas forcément. Ces habitudes se sont certainement installées au fur et à mesure
de réflexions, mais à l’heure actuelle, les raisons de ces façons de faire me semblent obscures
et inconnues. Une façon de fonctionner très cadrée et une journée calée sur le rythme des
soignants. Ceci semblait nécessaire pour assurer au mieux la prise en soins des patients dans
ce service là. Alors être dans un nouveau service où le souhait de l’équipe est de se caler au
rythme des patients me semble tout à coup complexe.
Aussi, lors de mon arrivée dans un tout nouveau service, je me suis questionnée sur
mes pratiques et mes acquis. Pour exemple, dans mon précédent service, l’organisation des
soins, était prédéfinie avec des « tours » pour effectuer des visites dans chaque chambre. Le
premier de la journée commençant par le réveil de tous les patients entre 7h et 9h du matin.
Quelque soit la raison de leur présence en hospitalisation, je voyais tous les patients à chaque
tour, ne serait ce que pour évaluer leurs douleurs et leurs bracelets d’identification.
Après six années d’habitudes prédéfinies, je suis heureuse d’intégrer un service où tout est à
faire et où je n’ai pas d’habitudes. Mais, avec un peu de recul, je me rends tout de même
compte que je ne peux pas gommer tous les mécanismes qui se sont ancrés en moi au fur et à
mesure de mon évolution professionnelle et personnelle. Ces habitudes, qui pourtant me
gênaient dans mon ancien service, semblent revenir insidieusement dans mon quotidien
d’aujourd’hui.
5
1. A mon arrivée dans le service
Avec mes huit ans d’expériences dans divers services et « forte » de mes deux mois en
unité de soins palliatifs, ce mardi midi, j’arrive sur mon lieu de travail afin de prendre mon
poste, après avoir travaillé tout le week-end en ayant eu un jour de repos la veille. Aussi, je
connaissais assez bien les patients présents et me dis : « il y a sans doute eu peu d’événements
marquants en 24h ». Mais, je m’enquière tout de même d’éventuels décès, en arrivant dans le
service. Sachant que deux patientes étaient très précaires du point de vu conscience et état
général, dont Mme D. De manière un peu plus spécifique, je demande à ma collègue Karine,
une aide soignante présente dans le service depuis ce matin, si Mme D est toujours présente ;
sous entendu « est-elle décédée ? ». Lorsque je pose la question « est-elle toujours
présente ? » cela semble un peu ordinaire ou commun, mais demander, lors de ma prise de
poste si il y a eu des décès, me semble un peu rude. Pour autant, il est important pour moi de
le savoir car, je n’aime pas apprendre un décès lors des transmissions ou en passant devant
une chambre vide. Avoir cette information en arrivant, me permet d’en parler de manière plus
tranquille et intime avec mes collègues présentes.
Donc, semblant contente de voir l’équipe d’après midi arriver pour prendre la relève,
Karine me dit en souriant : « Mme D est toujours avec nous, elle se porte même beaucoup
mieux ». Je ne cherche pas à en savoir plus. J’aurai le temps de connaitre plus en détail la
situation lors des transmissions qui sont imminentes. En attendant, nous échangeons
rapidement, de manière personnelle, un peu de ce que l’une et l’autre avons fait lors de notre
journée de repos sans perdre de vue l’accueil de mes collègues d’après-midi arrivant dans la
salle de transmissions.
13h50, début du service, toutes mes collègues présentes se réunissent pour effectuer
les transmissions pour le changement d’équipe. Les transmissions du midi sont un moment
important pour mettre en évidence les points principaux de la prise en soins des patients du
service. Aussi, une grande partie de l’équipe est présente : les aides soignantes, les
infirmières, les psychomotriciennes, l’assistante sociale, les psychologues et les médecins.
Ces transmissions sont programmées tous les jours entre 13h50 et 14h30, peu importe le
nombre de patients présents et finalement, peu importe la complexité des situations, ce temps
de transmissions est prédéfini et ne peut pas être dépassé pour que l’organisation de la journée
6
des différents professionnels ne soit pas perturbée. Si nous avons besoin de développer une
situation préoccupante, nous avons deux fois par semaine une réunion de synthèse pendant
lesquelles nous évoquons le projet chaque patient. C’est pour cette raison que les horaires des
transmissions du midi doivent être rigoureusement respectés, car à la suite se déroule la
réunion de synthèse.
2. L’accueil de Mme D dans le service
A 14h30, les transmissions commencent, nous sommes dix professionnels autour de la
table afin de passer la relève et discuter des points essentiels et des problèmes du jour. Ainsi,
dans une ambiance studieuse Estelle, ma collègue infirmière du matin présente rapidement la
situation clinique de Mme D car toute l’équipe la connait, elle est arrivée dans le service il y
un mois et demi, un transfert interne du service de médecine interne. A postériori, je me
questionne sur le pourquoi?
Nous avons présenté « rapidement » la situation clinique de Mme D. La première réponse qui
m’arrive immédiatement, c’est le temps, un temps de transmissions « chronométré ». Nous
n’avons malheureusement pas toujours l’opportunité de développer chaque situation depuis
l’entrée dans le service. Cela dit, la situation de Mme D sera sans doute évoquée plus en détail
lors de la réunion de synthèse de l’après-midi ou de vendredi.
Je me questionne tout de même si cette présentation rapide n’entrainerait pas une perte
d’informations (sans doute importantes). De la même manière, elle brouillerait la vision
globale que nous pourrions avoir en nous remémorant certains détails plus anciens mais
toujours pertinents à l’heure actuelle.
Concernant le transfert de Mme D, j’avoue que je n’ai toujours pas bien compris la
raison de son arrivée dans le service de soins palliatifs. Sa prise en soins ne me semble pas si
« complexe », comme le sont les situations des patients accueillis dans l’unité. Cela dit, Mme
D est en situation palliative et son séjour dans l’unité semble lui être bénéfique. Avec un peu
de recul, je me demande pourquoi j’ai jugé que cette situation n’était pas complexe ?
A première vue la situation de Mme D ne semble pas poser de problèmes particuliers, ni à son
arrivée, ni par la suite du séjour. Pourtant, est-ce le fait que la situation semble être
relativement « simple » qui peut m’amener à conclure qu’elle n’est pas complexe ?
Qu’entendons-nous, l’équipe et moi-même par « situation simple » ou « situation
complexe » ?
7
Je connais bien le service où était hospitalisée Mme D avant son accueil en soins palliatifs car
j’y ai exercé durant six ans. Il y a des lits identifiés soins palliatifs et une équipe de soins
formée. C’est sans doute aussi pour cela que l’entrée de Mme D à l’unité de soins palliatifs
m’étonne un peu. Mes connaissances des « critères de complexité » utilisés pour justifier d’un
accueil dans l’unité de soins palliatifs où je travaille actuellement ne sont pas encore
totalement claires.
3. Situation clinique de Mme D
Voici les informations que j’ai pu recueillir depuis l’arrivée de Mme D dans le service,
c'est-à-dire depuis un mois et demi.
Mme D a 70 ans et présente un carcinome épidermoïde du canal anal avec une fistule
recto vaginale avec envahissement ganglionnaire et nodule pulmonaire diagnostiqué l’année
dernière. Elle a, d’emblé, refusé un traitement et un suivi de sa pathologie. Mais elle a accepté
une colostomie de décharge en fin d’année dernière, ainsi, elle est autonome pour gérer ses
soins de stomie. Elle a été hospitalisée en médecine interne via les urgences, après une chute à
domicile et suite à l’ « aggravation de son état général ». En lien avec son asthénie majeure et
un domicile inadapté, le retour à domicile de Madame semble compliqué. Dans ses
antécédents, Mme D est schizophrène et présente des troubles anxio-depressifs. Sur le plan
familial, Mme D a un fils qui souffre de la même pathologie et un petit fils que nous ne
rencontrerons jamais. Elle est sous tutelle depuis de nombreuses années. Sa tutrice présente
auprès de Mme D et de l’équipe prend des nouvelles de Mme D toutes les semaines. Elle se
déplace pour prendre en charge ses vêtements et affaires personnelles.
Les relations entre Mme D et son fils sont compliquées, ils ne s’entendent pas toujours. En
effet, au début de l’hospitalisation, Mme D refusait de le voir car ils se disputaient à chaque
visite, notamment à propos de l’appartement de Mme. Mais, depuis le début de
l’hospitalisation, la présence de l’équipe et notamment des psychologues ont permis les
échanges, leur relation s’apaise et évolue dans le bon sens. Ils développent une relation
soutenante pour l’un comme pour l’autre et partagent de beaux moments. Des projets
communs comme fêter noël ensemble dans le service. Mr D s’est saisi de l’opportunité de
dormir auprès de sa mère dans le service, à plusieurs reprises.
8
Je peux décrire Mme D comme une personne très souriante et énergique. Elle a
connaissance de sa pathologie. Elle ne souhaite pas de traitement, mais un accompagnement.
Certains jours, elle me parle de sa « tumeur qui lui fait mal » de manière assez libre et
adaptée. A d’autres moments, elle m’emmène sur des sujets culturels divers et variés qu’elle
maitrise à la perfection. Est-ce en lien avec sa pathologie psychiatrique ou sa personnalité
(bien que les deux semblent se confondre) ? Je ne pourrai pas le dire mais à mon sens, c’est
une personne attachante. Elle est active dans le service, elle dit s’y sentir bien, elle semble y
avoir trouvé sa place. Je la rencontre tous les jours lorsqu’elle passe dans la salle à manger
avec son déambulateur, pour prendre son bol de café au lait sucré pour retourner ensuite dans
sa chambre. Nous pouvons d’ailleurs suivre son trajet grâce aux gouttes de café qui perlent le
sol. C’est une personne que l’on pourrait décrire comme « solaire », son sourire ne la quitte
presque jamais, toujours un mot gentil à la bouche.
4. Les transmissions du jour
Lors des transmissions, nous évoquons rapidement la situation de Mme D lors du
week-end dernier. Elle présentait des troubles neurologiques avec une baisse majeure de la
vigilance, nous ne savions pas exactement à quoi cela était dû mais nous pensions que cela
pouvait avoir un lien avec une hémoglobine basse, du fait qu’elle présentait des rectorragies
ces derniers jours. Des rectorragies plus ou moins bien contrôlées par de l’exacyl per os.
Précédemment, elle avait eu une chute de son hémoglobine à 7hb/L qui avait justifié une
transfusion de deux culots globulaires et cela avait permis une amélioration de sa qualité de
vie. Ce week-end, son fils avait été prévenu de la dégradation rapide de l’état général de sa
mère. Il lui a rendu visite chaque après-midi. Mr est très affecté par la situation et il n’hésite
pas à nous interpeller afin nous l’accompagnions dans la chambre de sa maman.
J’avais quitté Mme D l’avant-veille, très endormie mais réveillable à la stimulation
orale, semblant confortable (algo plus à 1/5). J’attendais maintenant de savoir où elle en était
aujourd’hui ; était elle inconsciente ? Etait-elle confortable ? Aussi, je suis assez surprise
quand Estelle nous transmet : « Mme D a fait sa toilette au lavabo ce matin, elle se plaint
d’une douleur au niveau du rectum, qui n’a pas cédé malgré l’interdose de morphine donné à
09h30. Je viens donc juste de lui en redonner une ».
9
Peut être devant mon air surpris ou bien simplement car c’est une information importante à
transmettre, Estelle poursuit les transmissions, en cœur avec le médecin du service présent ce
jour là. Elle dit : « Un avis à un neurologue a été demandé hier et au vu de la situation
clinique, il est probable que Mme D fasse des crises d’épilepsie. Nous ne ferons pas
d’électroencephalogramme pour vérifier mais nous avons débuté un traitement antiépileptique
hier soir » « Elle est bien réveillée ce jour, surement en lien avec le début du traitement ».
Nous en restons là pour les transmissions concernant Mme D. Je me dis alors qu’il faut que
j’aille la voir assez rapidement pour réévaluer sa douleur.
5. Rencontre avec Mme D
Après ce temps de transmissions, je me prépare pour effectuer mon tour de 15h avec
mon binôme aide soignante : Martine. Au vu des informations que j’ai pu récolter, je décide
de commencer mon tour dans les chambres par le côté du service où se trouve Mme D afin de
ne pas la voir trop tard. Elle se trouve chambre 2. Je vais alors la voir en première car avec
mon autre collègue infirmière de l’après midi, nous avons décidé de prendre en soins en
alternance un patient sur deux en fonction des chambres. Martine étant occupée, je commence
donc mon tour seule par la chambre 2, la chambre de Mme D. Je ne me questionne pas à ce
moment là d’attendre que Martine soit disponible pour que nous allions ensemble à la
rencontre de Mme D.
Dans le couloir, mon ordinateur devant moi ouvert à la page de Mme D, je regarde les
actions prescrites à faire dans la chambre avant d’entrer. Une évaluation de la douleur est
prescrite à 15h.
Donc, sans plus attendre, je frappe vivement à la porte de sa chambre. Je sens déjà une
odeur désagréable, je l’identifie tout de suite, celle-ci est propre à Mme D, peut-être en lien
avec sa stomie digestive ou bien le fait qu’elle insiste pour porter ses vêtements pas toujours
très propre et qui dégagent cette odeur prégnante. Je ne cherche pas à attendre sa réponse
avant d’ouvrir la porte, peut être par ce que je ne m’attends pas à ce qu’elle réponde « entrez »
ou peut être juste par habitude d’être dans un service de soins où je ne prends pas le temps
d’attendre la permission du patient avant d’entrer dans sa chambre ? Je me questionne déjà
depuis plus d’un an sur ce sujet. Est-ce effectuer une intrusion dans son intimité, si on
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considère que le patient est chez lui dans sa chambre ? Certains soignants prennent le temps,
d’autres non. Mais finalement, est-ce si important pour le premier intéressé : le patient ?
J’entre dans la chambre, les volets sont à demi ouvert, il y a beaucoup de soleil ce jour
là. Mme D est couchée dans son lit, dos à moi, face à la fenêtre. Elle porte une chemise de
nuit à fleurs de l’hôpital, habituellement elle souhaite mettre ses vêtements personnels mais
peut-être à t elle changé d’avis aujourd’hui. J’avance dans sa chambre en disant mon habituel
« bonjour » pour signaler mon entrée, par automatisme et au cas où elle ne m’aurait pas
entendu frapper. Elle est couchée sur le coté, comme à son habitude, c’est une position
antalgique pour elle. Elle m’a dit une fois, que cela lui permettait de ne pas appuyer sur sa
tumeur. Son visage est oedematié, elle a les yeux clos et gonflés et un léger filet de salive
coule de ses lèvres. Son torse se soulève de manière régulière mais de faible amplitude. Elle
n’ouvre pas les yeux à mon entrée, malgré le fait que je ne prenne pas de précautions
particulières pour être discrète, après tout il est 15h.
Malgré ce constat, Mme semble paisible dans son sommeil, pas douloureuse. Je me
demande un bref instant si je dois la réveiller ou pas. En quelques secondes, mon choix est
fait : je lui touche le visage et lui dit bonjour un peu plus fort qu’à mon entrée dans la
chambre, dans le but de la réveiller. Mes actions se révèlent efficaces, Mme D se réveille
rapidement, et me fait un grand sourire en me rendant mon « bonjour ». Je ne prends alors pas
le temps de la laisser se réveiller, je lui demande comment elle va, si elle à des douleurs et de
coter sa douleur avec une échelle numérique. Elle me répond qu’elle va bien et qu’elle n’a
plus de douleurs. Je vérifie qu’elle a bien son bracelet d’identification et, mal à l’aise de
l’avoir dérangé dans son sommeil, je sors de la chambre en fermant la porte sur un « à tout à
l’heure ».
Mon ordinateur m’attend à la porte de la chambre, je valide dessus les soins effectués
auprès de Mme D. Tout en cochant mes triangles sur le logiciel du service, je me questionne
sur l’utilité de réveiller Mme pour évaluer sa douleur et vérifier qu’elle ait son bracelet
d’identification en place. Je m’en veux un peu et ne comprend pas pourquoi je n’ai pas plutôt
pris la décision de la laisser dormir. Pourquoi l’ai-je réveillée? Sans doute, en raison des
informations collectées lors des transmissions, aurait-elle eu une nouvelle crise d'épilepsie?
Les deux interdoses de ce matin en seraient-elles la cause ? Je me questionne d’un éventuel
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surdosage. Ou simplement pour me rassurer sur son état de conscience? Sans m’attarder plus
sur ces questions, je me dirige vers la chambre suivante.
6. Echange avec le médecin
Environ une heure après, je suis avec Martine et nous poursuivons notre «tour ». Entre
deux visites dans les chambres, je rencontre Marie dans le couloir juste à coté de la chambre
de Mme D. Marie est le médecin référent de Mme D aujourd’hui, elle est à l’écoute et très
abordable. Aussi, à cette rencontre nous interrompons toutes les trois notre tache, pour
échanger sur les situations de soins qui nous ont posé question ou sur les évolutions en ce
début d’après-midi. Je ne suis jamais très à l’aise pour parler des patients dans le couloir, car
les chambres ne sont pas très isolées phonétiquement. Le passage y est important et les portes
restent ouvertes. Sans que nous nous en rendions compte, des informations peuvent être
entendues par des oreilles indiscrètes. Peut être est-ce l’expérience d’une hospitalisation
personnelle qui m’a permis de voir que ce qui se passe dans un couloir n’est pas très
confidentiel, et qui me rend mal à l’aise dans cette situation ?
En tout cas, dans le couloir, une conversation s’engage entre moi et Marie :
- « Comment se porte Mme D ? A-t-elle toujours des douleurs ? » Me demande-t-elle.
- « Elle dit ne pas avoir de douleurs et être bien réveillée. Je suis passée la voir il y a une
petite heure » lui répondis-je
- « Je viens aussi de passer la voir, elle dormait. Je n’ai pas osé la réveiller »
- « Tant mieux, car lorsque je suis passée, elle dormait aussi mais je l’ai réveillée pour
évaluer sa douleur et sa conscience. Je me demande si j’ai eu raison mais ça me
rassure que tu n’as pas pris la même décision que moi sinon elle aurait été réveillé à
deux reprises »
Nous nous questionnons aussi sur le pourquoi de nos décisions différentes concernant notre
visite à Mme D, plus tôt dans l'après midi. C’est un questionnement très court, nous ne nous
attardons pas.
Sans trouver de réponse concrète, nous nous félicitons tout de même de ne pas l'avoir réveillé
toutes les deux en 30 min d'intervalle.
12
7. Les jours suivants…
Depuis que Mme D est sous traitement antiépileptique, elle a repris ses habitudes
quotidiennes, de venir boire son café au lait dans les espaces communs du service.
Malgré cela, elle semble tout de même plus fatiguée et son teint est cireux. Sa relation avec
son fils semble lui apporter du bien-être dans ces moments difficiles et elle est heureuse à
l’idée de le voir régulièrement.
Mme D est décédée trois semaines après. Son fils n’étant pas présent, nous l’avons
contacté. Il est venu rapidement auprès de sa mère.
Deux jours après afin de nous remercier il est venu dans le service et est resté boire un café au
lait dans la salle commune afin de partager un moment avec l’équipe de soins présente.
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II. Dimension
14
1. Révélation des dimensions
De part cette situation clinique, je peux dégager cinq dimensions majeures qui en révèlent
la complexité.
1.1 L’organisation des soins en fonction du rythme du patient
L’organisation des soins en unité de soins palliatifs est –elle différente de celle d’un autre
service ?
Du fait de la multiplicité des acteurs de soins qui entourent le patient, doit-on avoir une
organisation différente ? Dans le cadre d’une prise en soins globale de Mme D, le travail
d’équipe me parait essentiel dans cette situation.
La rencontre avec Mme ce jour là aurait-elle été plus bénéfique si nous étions allées en
binôme avec le médecin ou avec l’aide soignante ? Ceci aurait permis d’apporter une vision
complémentaire à l’analyse de la situation.
Le temps joue un rôle essentiel au quotidien, comment le mettre à profit (comme lors des
transmissions qui se déroulent sur un temps limité par l’organisation du service) ?
Le rythme du patient est-il respecté en unité de soins et tout particulièrement en unité de soins
palliatifs ? Le patient évolue-t-il et doit –il évoluer au même rythme que celui du soignant ?
Une concertation de nos passages dans sa chambre (pas trop mais pas trop peu) serait elle
justifiée ? Pourrait-elle être mise en place et comment ?
1.2 Le partage d’informations
Quelles informations aurait-on pu collecter lors des transmissions afin de prendre la
meilleure décision pour améliorer la qualité de la prise en soins de Mme ? Le lieu et le
moment du partage d’information me semble crucial, mais peut-on et doit-on toujours
l’organiser ? Les échanges professionnels dans les couloirs sont ils bénéfiques ou néfastes ?
1.3 La complexité d’une situation
Ne dit-on pas que toute situation peut être complexe ? Et, si nous ne voyons pas la
complexité est-ce parce que nous ne nous sommes pas assez questionnés ? Dans quelle
15
mesure, la prise en soins de Mme D est elle complexe et justifie d’une prise en charge en unité
de soins palliatifs ?
1.4 La psychiatrie en soins palliatifs
Mme D souffre d’une pathologie psychiatrique, cela a-t-il un impact sur la prise en soins
en unité de soins palliatifs ? Dois-je en tenir compte au même titre qu’un autre antécédent
médical ou bien dois-je y porter une attention différente ?
1.5 Législation et prescription médicale
Quelle est l’impact au quotidien d’une prescription médicale qui parait simple (comme
une évaluation de la douleur) ? Sur le plan législatif, une infirmière peut-elle décaler cette
prescription ou même l’annuler ?
2. Choix de la dimension à explorer
Cette situation se révèle complexe car elle comporte plusieurs dimensions qui méritent
d’être approfondies.
Depuis cette situation, je me pose la question tous les jours. Lors ce que je rentre dans la
chambre d’un patient, qu’il dort : « dois-je le réveiller ?». Apres en avoir longuement débattu
avec mes collègues, nous n’avons pas trouvé de réponse toute faite bien entendu. Mais pour
autant, nous ne semblons pas avoir suffisamment de recul dans notre réflexion et d’arguments
en notre possession pour évoluer dans nos pratiques.
Aussi, en partant de ce questionnement précis, j’en arrive à m’interroger sur « le
temps » en soins palliatifs. Nous donnons nous le temps de faire les choses ? Le respectons-
nous ? Nous questionnons-nous assez ? Est-il vécu différemment en unité de soins palliatifs
ou en unité de soins dite « traditionnelle »?
Peut-être mettons-nous pleins de problématiques sur la faute du temps ? Faudrait-il se voir
comme acteur de son temps plutôt que comme spectateur ? Peut-on trouver des pistes pour
remédier à ce que l’on appelle communément le « manque de temps » ?
La notion du temps est propre à chacun mais il me semble y avoir tout de même une fracture
16
entre celle des patients et celle des soignants.
Afin d’évoluer dans ma pratique, j’ai choisi de développer l’hypothèse suivante :
« Comprendre la perception du temps pour un accompagnement plus juste en unité de
soins palliatifs»
17
IV. Comprendre la perception du temps pour un
accompagnement plus juste en unité de soins palliatifs
18
A partir de la situation clinique de Mme D, je me suis questionnée sur plusieurs points
dont « La perception du temps pour un accompagnement plus juste en unité de soins
palliatifs ». Afin de développer cette hypothèse, j’ai orienté mon RSCA en trois parties. Tout
d’abord, un éclaircissement sur la notion de temps vu d’une façon quelque peu différente et
complémentaire des mes connaissances actuelles. Ensuite, une réflexion sur les différences
qui peuvent exister entre une unité de soins dite « traditionnelle » et une unité de soins
palliatifs. Ceci, afin de comprendre ce qui peut être mis en place en unité de soins palliatifs de
part un objectif de soins différent. Mais aussi, pour mettre en lumière les difficultés que
peuvent éprouver certains professionnels de santé venant d’unités dites « traditionnelles » à
appréhender la notion de temps en unité de soins palliatifs. Puis, je développerai la perception
du temps, que ce soit pour les patients, pour les soignants ou pour les proches. Une perception
du temps qui reste personnelle mais des lignes principales peuvent néanmoins en être
ressorties. Enfin, grâce aux connaissances précédemment développées et à mon évolution
dans le service depuis la rédaction de ce RSCA, je me poserais la question de ce qu’il serait
possible de mettre en pratique dans une unité de soins palliatifs.
1. Le temps
Le terme « temps » apporte avec lui de multiples définitions dans la langue Française et le
langage d’aujourd’hui. Si nous en reprenons les sens en grec, le temps se décline en trois
mots : Chronos, Kairos et Aiôn. De plus, le temps ne peut s’entendre sans la notion d’espace,
ces deux termes sont irrémédiablement liés l’un à l’autre.
1.1.Chronos, Kairos et Aiôn
1.1.1 Chronos
C’est le temps qui se mesure chronologiquement, c’est le temps physique. Celui-ci ne
peut pas être suspendu, accéléré ou encore ralentît. De plus, il est linéaire et régulier.
Il s’illustre par exemple par les horloges qui se trouvent face aux lits des patients. Mais aussi
par le temps qui est impartit aux transmissions du début d’après-midi. Un temps, calculé et
prédéfini, qui se mesure grâce à l’horloge dans la salle de transmissions. Celui qui nous
rappelle à l’ordre, nous montrant que le temps défile et ne peut être ralenti.
19
Ce sens du temps est de manière générale celui que tout le monde utilise. Il nous permet aussi
de pouvoir évoluer ensemble avec des repères figés, fixés.
1.1.2 Kairos
C’est un temps qui ne se mesure pas, « c’est une autre dimension du temps qui crée de
la profondeur dans l’instant »(1).C’est donc un temps qui ne peut se quantifier, se mesurer. Il
est qualitatif et non quantitatif comme l’est le temps chronos. Il est le moment propice pour
agir, le moment opportun.
Il peut, par exemple s’illustrer dans le temps de la rencontre avec un patient. Ce temps peut
être comme suspendu par certains moments mais aussi s’accélérer à d’autres moments.
Dans ma situation clinique, on ne retrouve pas ce temps au premier abord, c’est peut-être ce
qui a apporté une difficulté dans mon vécu de cette situation. En effet, lors de ma rencontre
avec Mme D, c’est plutôt le temps chronos qui parait être en œuvre. Il ne semblait pas que
s’était le moment opportun d’une rencontre bénéfique entre le patient et le soignant.
1.1.3 Aiôn
Le temps Aiôn est un temps des cycles. Par exemple, le cycle de la vie ou encore le
cycle d’une journée avec ses rythmes. Une journée peut être définie par le lever, les activités
diverses puis le coucher, pour arriver enfin au point de départ d’un nouveau cycle de journée.
Il rentre aussi en compte en unité de soins palliatifs comme la fin d’un cycle qui arrive : le
cycle de la vie. Il est très présent, avec toutes les réflexions et les incertitudes qu’il apporte
avec lui.
1.2 Les temps du temps
Nous pouvons distinguer trois temps principaux : Le passé, le présent et le futur. Je
vais développer ceux-ci dans un ordre chronologique.
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1.2.1 Le passé
Le passé se reflète dans l’être que nous sommes aujourd’hui. C’est par le vécu que
l’Homme se construit et évolue. Ceci tout au long de sa vie.
« Notre passé […] est toujours avec nous : nous éprouvons et dans nos pensées et dans nos
actions « le poids du passé » » (2). Cette expression « le poids du passé », l’auteur l’exprime
comme la conservation des souvenirs. Etape importante, celle-ci signe l’indestructibilité du
souvenir. Aussi, les souvenirs forgent l’Homme du présent.
Le temps du passé signe notre trace. C'est-à-dire qu’il montre celui que l’on a été mais aussi
celui que l’on est, au présent.
1.2.2 Le présent
Le présent est le temps de l’instant, de l’action. « L’instant présent désigne ce qui se
tient entre le passé et l’avenir : l’instant immédiat »(3). C’est un moment qui ne se quantifie
pas en termes de durée mais qui se vit. Il se situe entre le passé et le futur, il permet la mise en
œuvre d’une action.
Nous ne pouvons pas être concrètement dans le passé, ni dans le futur. L’être est dans le
présent.
« Le présent n’a de sens que par rapport au passé et au futur : ce que je fais et ce que je suis a
en effet sa source dans le passé et son embouchure dans le futur »(4). Aussi, sans le passé et le
futur, le présent ne pas être.
Si nous considérons le patient au présent, il faut aussi le voir avec son passé et son futur. Ces
trois temps sont irrémédiablement liés au sein chaque être humain.
1.2.3 Le futur
Le futur est le temps à venir, de l’avenir. Il ne peut qu’être imaginé. C’est un temps
incertain, que l’on ne peut pas contrôler. C’est un temps énigmatique puisque inconnu.
Le futur est dans notre pensée, il n’existe pas. Quand il existera, il ne sera alors plus futur
mais présent.
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1.3 Le temps et l’espace
Le temps est aussi défini comme : « Milieu indéfini et homogène où se déroulent
les événements naturels et l'existence humaine. »(5). Avec le terme milieu, on introduit ainsi
la notion d’espace qui est indissociable de celle du temps. Il est question ici, d’inclure dans la
définition du temps, la notion d’espace et de continuité, mais aussi la représentation que
chacun en a, dans sa conscience. Chaque Homme se structure autour de la notion de temps et
d’espace et comprend sa vie à travers sa conception de ceux-ci. Le temps n’existe pas sans
l’espace car les évènements qui se déroulent dans le temps et qui en définissent celui –ci, ne
peuvent être sans un lieu, un milieu.
1.4 Le vécu et le temps
Les notions d’espace et de temps s’acquièrent au fur et à mesure des années de vie.
Elles commencent à se forger in-utéro et continuent lors de la construction de l’être humain.
Lors des premières années de vie, ces notions vont être construites en lien avec l’individu lui-
même, mais aussi avec son entourage et sa culture. « Chaque être humain s’approprie ainsi les
notions de temps et d’espace de manière très intime. C’est pourquoi il est impossible
d’accompagner une personne malade sans que le chef d’orchestre de ce qui se vit ne soit la
personne elle-même » (6).
Avec en base l’apprentissage dans l’enfance, s’ajoute l’évolution que chaque être fait de ses
savoirs. Ainsi les notions de temps, les perceptions évoluent avec les années et les évènements
de la vie.
Le déroulé du temps n’est pas figé, au fur et à mesure de la vie, le ressenti du temps évolue.
« Le présent semble filer de plus en plus vite au fur et à mesure de l’avancé en âge » (6). Les
notions de temps sont toujours en évolution, elles sont à retravailler sans cesse.
Les notions sur la définition du temps sont vastes mais les approfondir permet de se
positionner de manière différente. Une manière plus enrichissante que si nous restions
cloisonnés au temps chronos.
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2- Une unité de soins palliatifs par rapport à une unité de soins
« traditionnelle »
De part mon expérience professionnelle, et mes recherches, je peux distinguer
quelques différences dans la vision du temps entre une unité de soins dite traditionnelle et une
unité de soins palliatifs.
2.1 Le temps dans une unité de soins « traditionnelle »
Un temps que se déroule en fonction des exigences de la médecine. Des règles sont
mise en place pour que la journée fonctionne de manière fluide. De manière générale, les
soins au niveau paramédical dans les services sont organisés à peu près de la même façon :
- Tout début de matinée, le premier passage dans les chambres : prise des constantes,
prise de sang, divers médicaments, petit déjeuner.
- Milieu de matinée, le deuxième passage : pansements, aide à la toilette soins
divers….
- Midi, dernier passage pour l’équipe dite « du matin » : repas du midi, traitements…
Ceci n’est qu’un exemple très succinct de l’organisation que peut prendre une matinée dans
un service dit « traditionnel ». On remarque que bien qu’elle ne soit pas figée à tout prix, elle
est tout de même un fil conducteur dont on déroge rarement. Cela, dans le but de ne pas
fragiliser l’équilibre du travail en collaboration. Aussi, par exemple, effectuer la prise des
constantes tôt le matin permettra au médecin d’avoir les données importantes pour pouvoir
ensuite effectuer sa visite quotidienne auprès du patient.
Si on en revient au temps, il semble que le temps « chronos » ai une place importante dans
une organisation régulée par un indicateur de temps (l’horloge) et non par le patient. Ce
dernier s’adapterait au temps du soignant ?
« Un service hospitalier aujourd’hui, en particulier pour des raisons économiques, doit faire
des diagnostics dans le minimum de temps et ensuite pratiquer ses thérapeutiques dans les
délais les plus courts »(7). Cela exige donc une organisation qui semble ne pouvoir être basée
que sur un temps qui se mesure et qui soit identifiable de la même manière pour tous les
acteurs de cette prise en soins, y compris le patient.
La raison de l’hospitalisation en unité de soins « traditionnelle » est aussi différente, et pour
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le patient cela entraine une autre dynamique, celle de vouloir retourner à sa vie habituelle le
plus vite possible. Aussi, cette envie lui permet-elle de supporter toutes ces injonctions dans
son rythme de vie ?
2.2 Le temps dans une unité de soins palliatifs
Nous présentons bien souvent une unité de soins palliatifs comme un service « à la
carte ». C’est en tout cas le cas dans l’unité de soins où je travaille actuellement.
Cette « organisation » est possible pour plusieurs raisons liées au temps. Le temps des
soignants, le temps des patients.
Tout d’abord, les soignants sont dans un projet de faire coïncider l’organisation des soins au
rythme de vie de chaque patient car le but de l’hospitalisation n’est pas le même que sur une
hospitalisation dite « traditionnelle ». Ici, l’essentiel est son confort physique et moral. Celui-
ci ne peut être atteint qu’en prenant soin de favoriser le rythme unique de chaque personne et
en étant à l’écoute de ses demandes afin de l’inclure dans son projet de soins et ainsi en faire
l’acteur principal.
Dans une unité de soins palliatifs, il n’y a, par exemple aucun d’intérêt à réveiller le patient à
7h pour lui prendre sa tension ou sa température, il sera toujours temps de le faire lorsque
celui-ci sera réveillé. En effet, si le patient dort, c’est qu’il n’est pas gêné par la fièvre. De
même pour la douleur, il ne semble pas y avoir une nécessité d’horaire spécifique, si le patient
est douloureux, nous pouvons soit compter sur lui pour nous faire appel, soit effectuer une
hétéro-évaluation. Le temps semble évoluer de manière différente, ainsi il ne semble plus que
cela soit l’horloge qui domine la journée mais plutôt les moments opportuns pour une bonne
prise en soins individualisée. Le Kairos plus que le Chronos.
Le temps ne s’écoule pas de la même manière entre les deux services. Mais une
réflexion ne pourrait-elle pas être mise en place dans les services dit traditionnels afin
d’essayer au mieux de s’adapter au rythme du patient ? Ceci malgré toutes les contraintes
présentes et ineffaçables dans ces services hospitaliers.
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3-La perception du temps
« En soins palliatifs, le rapport au temps change, il devient Autre »(8). La réalité de la
mort si proche rend le temps précieux. Il est rythmé par la maladie. Il est différent pour
chacun du fait de son vécu et de l’instant présent. Je vais tout de même m’attacher à quelques
généralités sur la perception du temps pour le patient, le soignant et la famille, ceci dans le
contexte d’une unité de soins palliatifs.
3.1 Par le patient
Le patient qui arrive en unité de soins palliatifs vient avec des bagages émotionnels
importants. Le mot palliatifs prend déjà un sens particulier, notamment si on le croise avec la
notion de temps. Le passé du patient prend alors toute sa place. Son vécu et ses souvenirs ont
forgés l’individu qui arrive dans le service.
En unité de soins palliatifs, le temps est compté. La valeur du temps chronos arrive à son
terme. Sa perception peut alors être différente selon comment se situe le patient dans
l’acceptation de la maladie grave. Si le patient l’a « accepté », le présent prend alors tout son
sens, « il faut profiter de chaque moment » m’a dit un jour un patient. A l’inverse, la notion
de futur peut alors devenir obscure et angoissante. Le futur si incertain avant, a maintenant,
l’image de la mort, se rapprochant à grand pas. Celle-ci étant une expérience inconnue devient
alors anxiogène.
En fonction de l’évolution de la maladie, les symptômes peuvent être différents et le
vécu du temps peut y être relié.
Pour exemple, l’asthénie est un symptôme plus que fréquent en unité de soins palliatifs.
Même si le repos ne va pas l’atténuer, le patient va dormir ou du moins se reposer plus qu’à
son habitude. Le temps pourra alors paraitre passer plus vite qu’habituellement, avec des
périodes d’éveils qui se réduisent. Un autre exemple serait un patient très douloureux, alors le
temps de d’attente pour soulager sa douleur va paraitre s’étirer et être interminable. Le fait de
l’hospitalisation peut aussi jouer un rôle sur la perception du temps des patients. En effet, le
rythme est changé, le temps peut paraitre plus long du fait du manque de visites, de pertes de
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repères et des activités quotidiennes.
« Il est un temps qui vient faire rupture avec l’avant : l’avant maladie, l’avant palliatif. »(8).
C’est un temps de la vie au jour le jour, avec des difficultés à penser le temps au futur. Celui
incarnant la limite de leur temps, comme un sablier dont le sable arriverait bientôt à son
terme.
Si le patient est en fin de vie, sa perception peut alors aussi être différente. Il a bien
souvent des périodes d’éveil brèves et peu nombreuses. « Les derniers jours pour le patient
sont comme un temps suspendu » (9). Des temps suspendus à la vie. Ceux-ci peuvent être
investis par le patient lui-même, par ses proches ou bien par le soignant. Ce dernier y trouvera
peut-être ici le « bon moment ».
Le chronos est bien présent, avec tout le questionnement que chaque soignant connait.
Les patients questionneront les soignants : « j’en ai pour combien de temps ? » ou encore
« est-ce que je pourrai passer Noël avec mes petits enfants ? » Ce temps compté est un temps
précieux pour revenir sur les étapes de leur vie, leur histoire, se questionner sur le sens de
l’existence. C’est un temps qui peut-être très riche sur le plan de la spiritualité.
« L’enjeu est de vivre au quotidien sa dimension de temporalité »(8). Celle-ci est propre à
chaque patient. Mettre en place des projets, concrétiser certaines de leurs envies peut
permettre au patient d’investir ce temps pour le vivre. Et c’est ici tout le rôle du soignant.
« Quand un malade va vraiment moins bien, souvent le rythme jour/nuit n’existe plus pour
lui, il est comme hors du temps »(7). Ceci étant lié à l’aggravation des symptômes comme
l’asthénie. Ici le soignant devrait alors essayer de s’adapter au malade.
3.2 Par le soignant
La perception du temps par le soignant en unité de soins palliatifs est bien différente
de la perception du temps de la société actuelle. Là où le rythme de la vie quotidienne est
cadencé par les obligations horaires et la rentabilité, le soignant en unité de soins palliatifs ne
peut être dans ce temps ci. En effet, le temps d’un soin n’est pas quantifiable, en unité de
soins palliatifs encore moins qu’ailleurs. Chaque soin, donne lieu à moment d’échange qui
pourrait avoir un caractère ultime au vu de l’état de santé précaire des patients. Ce temps n’est
donc pas quantifiable même si l’on se permettait de créer une grille qui se voudrait alors
adéquate.
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Le temps est une durée qui peut se diviser en instants. C’est au soignant de réfléchir à
ce qu’il souhaite pour ces instants. Qu’est-ce qui est important ? Peut-être ce qui l’est moins,
peut être reporté, voir annulé ? Le soignant est acteur du temps qu’il a. C’est à lui de l’adapter
de la manière la plus adéquate possible. On peut voir ce temps comme subjectif.
Mais, le temps s’impose aussi au soignant. Il peut par moment défiler rapidement alors
que par d’autres, être au ralenti. Es-ce la qualité du moment, l’intérêt que nous y portons ou
encore l’enjeu qui s’y déroule qui donne cette sensation de temps accéléré ou ralenti ?
En unité de soins palliatifs, Le temps est aussi un facteur important pour les soignants afin
d’être dans la réflexion. Ceci pour permettre d’élaborer un projet de vie pour le patient par
exemple. Ou bien encore un temps de réajustement pour les traitements antalgiques.
Le soignant ne peut être que figurant dans ce temps qui s’écoule pour le patient et ne peut le
fléchir ou le dompter.
Pour un soignant, être disponible et apporter son attention au patient rend la rencontre
bien différente. Celle-ci gagnera en intensité et en intérêt. « Cette attitude simplement
attentive modifie la relation soignant/soigné en relation de personne à personne puisqu’elle
rend à chacun sa place de sujet et non d’objet subissant les contraintes du « Chronos » (10).
Ceci permettant ainsi d’évoluer d’égal à égal dans la relation et donc dans le rythme.
« Pour les soignants, le respect du temps présent donne du sens au temps précieux du
patient » (9). Respecter le rythme du patient, évoluer au même moment. Le suivre dans son
évolution permet de ne pas le devancer et de l’aider dans ses projets.
Un temps pour prendre soins de l’autre, en étant au même rythme, dans le même
temps que le patient. Ceci nécessite une gymnastique mentale particulière. Elle doit être
présente à chaque instant.
3.3 Par les familles
Le temps que les familles vivent avec leur proche malade est bien souvent en
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contradiction avec le temps à l’extérieur. Ils doivent continuer de travailler, d’aider les enfants
à faire leurs devoirs … Tout cela en étant présent pour leur proche dans les moments
précaires.
C’est aussi le temps des questionnements, des interrogations. En effet, la perspective du décès
de leur proche amène un questionnement souvent pressant. Le temps de la fin de la relation
qui les lient arrive à grand pas, sans rien pouvoir faire pour le ralentir. Cette certitude de la
perte peut apporter avec elle une angoisse du futur.
« Cette quête de sens, le souci de trouver du sens à ce qui se vit habitent aussi les
proches du malade et des soignants »(11). Les soignants et l’entourage ont alors un même
besoin, un même objectif. Donner du sens à ce qui vit le patient permet d’appréhender ce
temps ensemble. Il permet aussi de l’investir et donc que ce temps ne s’étire pas à n’en plus
finir, mais reprenne son cours.
La perception du temps par les proches évolue souvent en fonction de l’évolution de la
maladie et des symptômes. Au début de la maladie, le temps s’écoule de manière habituelle
Puis, au fur et à mesure de dégradation de l’état général de leur proche, les temps des
retrouvailles sont rares et précieux. Puis vient le temps où le patient n’est plus conscient. A
partir de ce moment là, l’investissement du temps auprès du proche est compliqué. Le temps
parait comme interminable et étirable. Sans sens peut-être, un temps statique à attendre le
décès de l’être cher.
Ici le soignant aura toute sa place pour accompagner ce temps avec des explications, des
temps de paroles ou encore des projets qui peuvent être mis en place. Pour exemple, faire
participer les proches aux soins de bouche en apportant les boissons préférées du patient. Ceci
afin de les inclure dans la prise en soins de leur proche et qu’ils trouvent leur place dans cet
accompagnement. Mettre en avant le bon moment, Kairos, pour effacer un peu le temps
chronos qui est en dehors de toute maîtrise.
Il n’y a pas un rythme mais des rythmes qui doivent s’accorder au mieux entre le
patient, sa famille et le soignant.
« Seul le malade peut révéler ses rythmes au soignant »(6). Par son histoire, son vécu et ce
qu’il nous en dit tout au long de son hospitalisation. Son entourage put aussi aider les
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soignants à mieux comprendre le rythme et le temps où se situe le patient. De manière
complémentaire, le soignant peut apporter à la famille des informations et des conseils qui
permettront que cette triade évolue au même rythme et dans le même cadre de temps.
4-Que mettre en pratique au quotidien en unité de soins palliatifs?
Lorsque je me suis questionnée sur la situation clinique de Mme D, deux questions
principales se sont posées à moi :
- Pourquoi ai-je réveillé Mme D, cela était il nécessaire ?
- Quand je frappe à la porte, pourquoi je n’attends pas la réponse de Mme avant d’entrer
dans sa chambre ?
A ce questionnement, ma première réponse a été : le temps. Je n’aurai pas le temps de passer
voir Mme D plus tard, et je ne peux pas attendre la réponse de chaque patient à chacun de mes
passages dans les chambres. Puis, l’hypothèse de l’habitude s’est imposée. Les habitudes
prises dans un autre service, un autre contexte de soins. Malgré tout, ces habitudes prises
étaient tout de même en lien avec le temps. Le temps chronométré de chaque journée. Au fur
et à mesure de l’écriture de mon RSCA et du développement du concept de temps, j’ai vu les
choses de manière différente. Est-ce vraiment une question de temps que d’attendre quelques
secondes que le patient nous autorise à entrer dans sa chambre ? Revenir voir Mme D à un
autre moment de la journée me demanderait plus de temps ?
Le temps chronos porte beaucoup de responsabilités sur ses épaules. Il est plus une excuse
qu’une solution. La solution, aujourd’hui dans ma pratique, semble être plus du côté du kairos
et de la réflexion. Pouvoir se permettre un temps de réflexion sur des situations qui nous
questionnent. Cette réflexion globale m’a permis d’avoir un autre angle de vision sur le temps
qui passe mais aussi sur la perception du temps de chacun.
A l’heure où le temps est à la course, avoir en tête une notion du temps plutôt comme
le bon moment, le bon temps permet de mettre en avant une qualité du soin. Alors que le
chronomètre est partout, en unité de soins palliatifs les soignants s’efforcent d’être plutôt dans
l’instant présent et d’y donner toute sa place au patient. Penser au quotidien au Kairos plutôt
que au Chronos permet de prendre de la distance face au temps linéaire et imperturbable.
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Ainsi cela permet de prendre le temps sans le perdre et d’avoir une qualité de soin et non une
quantité de soins.
C’est un défi de tous les jours et même de chaque moment. Chaque soignant est
différent, chaque patient est différent et donc chaque rencontre est singulière. Aussi, avoir le
temps en amont d’une réflexion, permet lorsqu’on s’y trouve, de repérer le bon moment. Ce
« bon moment » qu’il faut pouvoir s’autoriser à attendre ou bien à provoquer. S’autoriser à
prendre le risque de ne pas passer au bon moment car peut-être ne l’est-il pas au premier
abord, mais le deviendra il ? C’est une question qui est récurrente au cours de la journée des
soignants. Prendre conscience qu’il y a un bon moment et un moment où il est préférable de
ne pas s’imposer est alors essentiel. Aussi, pour pouvoir se permettre de décaler le soin, il faut
s’autoriser à ce qu’il puisse ne pas avoir lieu au moment désiré par le soignant. C’est être en
mesure d’accepter de risquer de manquer un bon moment.
Avoir une harmonie entre tous les acteurs d’une unité de soins palliatifs n’est pas
chose évidente. En se centrant sur le bien être du patient comme objectif commun, en
partageant les informations que chacun a pu recueillir sur le patient et son entourage, une
organisation peut se dégager au jour le jour. Celle-ci ne peut pas être figée car l’évolution des
patients, des soignants bouscule minutes après minutes nos habitudes. Aussi, prendre
conscience de cela permet d’accepter, de s’adapter au mieux, au patient au temps T. Cela
permettra aussi d’accepter qu’aucune relation n’est idéal et qu’il faut la construire ensemble,
au mieux et au jour le jour.
« L’anarchie des temporalité rajoutera du malheur au chaos de la maladie. Il faut donc
œuvrer pour tenter de construire un rythme commun, par moment, une temporalité commune.
Les réunions de transmission, de synthèse ou d’organisation sont des modalité pour ajuster les
tempos » (12). Le bien-être du patient repose donc sur le travailler ensemble. A chaque
professionnel d’investir ces temps d’échanges et de réflexion. Ceci dans le but que chaque
professionnel apporte sa pierre à l’édifice pour un meilleur accompagnement en unité de soins
palliatifs.
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Conclusion
Venant d’un service dit « traditionnel », le changement de service a été pour moi un
chamboulement. Les idées reçues sur les unités de soins palliatifs étaient très présente dans
mon esprit. Aussi le RSCA m’a permis de me questionner plus amplement sur ces idées
préconçues que je souhaitais appliquer au mieux. En mettant en lumière le principe de la
réflexion, qu’aucune réponse n’est acquise. Aucune action n’est exempte de réflexion. Pour
autant, chaque action ne peut faire l’objet d’une réflexion intense. Se donner l’opportunité de
se questionner est essentiel.
La perception du temps et l’harmonisation des soins en fonction de ce critère est
complexe. Comprendre que le temps ne se résume pas qu’à l’horloge au bout du lit, m’a
permis de penser le temps autrement. Comme une multiplicité d’instants à partager au présent.
Pouvoir se sortir de ce temps Chronos pour entrer en relation avec le patient est essentiel. Etre
présent et attentif à la rencontre permet qu’elle soit de qualité. Le temps n’est pas figé, il est
constamment en mouvement, mais prendre le temps, c’est peut-être arrêter ce temps lors d’un
soin dans une chambre. Ce n’est pas perdre du temps, car au final ce temps pris pour cette
rencontre sera bénéfique aux deux participants. Ainsi, maitriser son temps, c’est savoir ce
qu’il est important pour nous et pour l’autre, ou au contraire, ce qui peut être reporté. Par la
même occasion, prendre un petit temps de réflexion afin d’organiser son temps.
L’individualisation du soin permet d’accompagner au mieux le patient. La notion
d’accompagnement, c’est d’être au côté l’autre. Accompagner c’est être en soutient de l’autre
et non aller au devant. C’est de cette manière qu’une équipe peut s’organiser pour être au plus
prés des besoins des patients.
Chaque personne a son rythme et sa perception du temps. En temps que soignant, essayer de
se rapprocher du rythme de l’autre peut permettre de trouver le bon moment. Le moment riche
qui apportera de l’harmonie dans la prise en soins. Essayer, c’est aussi se tromper, ne pas
tomber sur le bon moment, être trop en avant ou trop en arrière. S’autoriser à ne pas avoir pris
la bonne décision au moment idéal est essentiel. Ceci afin de pouvoir y revenir et y réfléchir
pour s’améliorer du point de vu professionnel et personnel.
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Le travail d’équipe, c’est aussi accompagner le ou la collègue. Dans le cadre de
compagnonnage mais aussi juste dans l’activité quotidienne. Ceci afin de pouvoir s’interroger
mutuellement et approfondir nos réflexions.
Par la suite et avec le temps, ce compagnonnage au quotidien devrait permettre aux membres
de l’équipe de soins de mieux comprendre la perception du temps de chacun. Ceci pour
effectuer des soins de qualités au meilleur moment.
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Bibliographie
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Kairos et Aion ; [environ 2 écrans]. Disponible :
http://www.3hcoaching.com/connaissance/les-3-types-de-temps-chronos-kairos-et-aion/
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(3) Wikipédia [En ligne]. Instant présent [modifié le 7 mai 2018] ; [environ 3 écrans].
Disponible : https://fr.wikipedia.org/wiki/Instant_pr%C3%A9sent
(4) Philisto [En ligne]. Qu’est-ce que le temps ? ; 2009 [ modifié le 25 septembre 2009] ;
[environ 3 écrans]. Disponible : http://philosophie.philisto.fr/cours-23-qu-est-ce-que-le-
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trimestre 2016] ; n°103 : 1-4. Disponible :
http://www.continuingcare.be/pdf/201612/201612.pdf
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[modifié mai 2014] ; [environ 3 écrans]. Disponible : http://vigipallia.soin-
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(10)Mahieu D. Le temps des soignants.palliabru [En ligne]. 2012 ; n°48 : 8-9. Disponible :
http://www.palliabru.be/wp-content/uploads/Ka%C3%AFros-48-.pdf
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(12) Bioy A, Lander A, Mallet D, Belloir M. Aide-mémoire soins palliatifs en 54 notions.
Malakof (FR) : Dunod ; 2017.