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62 L’Annee biologique famine? Choisissez enfonction de votre &at d’esprit.Pour Ward, paleontologue charge de l’etudedes grands mammiferes fossiles dans lessous-sols de I’universitede Washington, le romantisme n’estplus de mise ; l’auteur assimile egalement a des cimetieres aux elephants les g&es fossiliferes et... lesmuseums qui regorgent de vestiges, dont les lointains parents des proboscidiens actuels que sont les mastodontes et les mammouths retrouvesjusquedans les@aces de Siberie. II y a 12 000 ans,au momentde la derniere glaciation, la faune desenvirons de Los AngelesCtait-elle comparable a celle de I’Afrique actuelle ? Les hippopotames, les cha- meaux, lestigres a (< dents en sabre )‘, lescondors fossoyeurs, les ourset lesloupsgeants ccitoyaient les hordes de m~todontes et dem~mouths. Pourquoi ces Cnormes animaux ont- ils disparu, comme nombre degrands mammiferes ? L’homme a-t-i1 joue un role ?Est-ce ie fait d’un changement de climat ou d’une pression de chasse ou de predation demesuree ? L’auteur fait une demonstration tres argumentee sur le role de la chasse. dans le casdes mammouths comme d’autres animaux.Ainsi, il y a 40 000 ans,lorsque I’homme arrive en Australie, les grands marsupiaux (XC lions >b et kangourous @ants) disparaissent ; enNouvelle- Zelande, il y a 2 000ans, mcme ph~nom~ne : l’arrivee de l’homme entraine la dispa~tion du moa geant. En AmCrique, la regression dela faune estcontemporaine a l’installation des pre- mieres populations humaines. Pour mieux nous faire comprendre les causes de la disparition (< prehistorique ))de nos mammouths et mastodontes, P.D. Ward explique 15 grandes extinctions qui ont marque l’histoire de la Terre. Notamment,it accredite l’hypothbse meteoritique de l’extinction cq mediatique B des grands dinosaures, lors de la transition CretacbTertiaire. Heureuse- ment, un moustiql~e piCg6 dam l’ambre (Oligocene !) avaitsuet le sang dun de ces monstres dont I’ADN a pu @tre decrypt&. et nous revenons aucinema. I1 semble bien quela majoriti: des grandes extinctions aienteu pour cause un CvCnement unique, catastrophique. Dans unemachine a remonter le temps, avecun guideexpert et passion& melant faits et anecdotes, nous traversons le temps et l’espace, nous observons lesfaunes, nous enqu&- tonssur les raisons de Ieur disparition, now assistons a de merveilleux renouveaux. L’Cvo- lution esten marche. Et l’hommeapparut. Pauvres mammouths ! - P. Cassier. Lynn Margulis, Dorion Sagan.Slanted thruths. Essays on Gala, symbiosis and evo- lution. Springer-Verlag, 1 I x 24 cm, 364 p. - Pour differentes raisons, dont peut-Ctre une certaine deception de. la societe vis-a-visd’esperances qu’avaient prematurement suscites les progres scienti~ques, lesrapports entrela science et Dieu sont de nouveau d’actualim. Des scientifiques tiennent a preciser leur position par rapport auxreligions et des religieux sou- haitent sesituer par rapport aux scientiflques. Ce pourrait&hedans la serie d’ouvrages de ce type, que L. Margulis et D. Sagan font paraitre ces verites, a savoirune reunion de23 articles parus entre 1975 et 1997, pour la plupart sign& de L. Margulis ou de D. Sagan, isolement ou ensemble, ou consign& avec d’autres. La << grandequestion)F qui tient a cccur aux auteurs est Y&endue des interconnections entre tous leselements du monde vivant ; leurpoint de vue se resume a trois mots cl& qui sontle sous-titre de l’ouvmge : G&a, symbiose, &JO- lution. L. Margulis s’estfait connaitre comme la vulgarisatrice de I’anciennehypothese de l’origine endosymbiotoque de la cellule eucaryote.Au long desdifferents chapitres, elle presente (de facon assez elementaire) l’idee que chloroplastes et mitochondries ont pour origine respectivedesprocaryoteset qu’il en est de m&me, pour les cils et les flagelles (unduli~dia), dont la formeancestrale serait un organisme de type spirochete. Ces differents procaryotes seraient entres en symbiose avecunebacterie de type The~opl~s~l~. La plus petite uniteautopo%tique vivante esttoujours limitee par une membrane-frontiere ou, chez

Slanted thruths. Essay on Gaïa, symbiosis and evolution: Lynn Margulis, Dorion Sagan. Slanted thruths. Springer-Verlag, 11 x 24 cm, 364 p

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62 L’Annee biologique

famine ? Choisissez en fonction de votre &at d’esprit. Pour Ward, paleontologue charge de l’etude des grands mammiferes fossiles dans les sous-sols de I’universite de Washington, le romantisme n’est plus de mise ; l’auteur assimile egalement a des cimetieres aux elephants les g&es fossiliferes et... les museums qui regorgent de vestiges, dont les lointains parents des proboscidiens actuels que sont les mastodontes et les mammouths retrouves jusque dans les @aces de Siberie.

II y a 12 000 ans, au moment de la derniere glaciation, la faune des environs de Los Angeles Ctait-elle comparable a celle de I’Afrique actuelle ? Les hippopotames, les cha- meaux, les tigres a (< dents en sabre )‘, les condors fossoyeurs, les ours et les loups geants ccitoyaient les hordes de m~todontes et de m~mouths. Pourquoi ces Cnormes animaux ont- ils disparu, comme nombre de grands mammiferes ? L’homme a-t-i1 joue un role ? Est-ce ie fait d’un changement de climat ou d’une pression de chasse ou de predation demesuree ? L’auteur fait une demonstration tres argumentee sur le role de la chasse. dans le cas des mammouths comme d’autres animaux. Ainsi, il y a 40 000 ans, lorsque I’homme arrive en Australie, les grands marsupiaux (XC lions >b et kangourous @ants) disparaissent ; en Nouvelle- Zelande, il y a 2 000 ans, mcme ph~nom~ne : l’arrivee de l’homme entraine la dispa~tion du moa geant. En AmCrique, la regression de la faune est contemporaine a l’installation des pre- mieres populations humaines.

Pour mieux nous faire comprendre les causes de la disparition (< prehistorique )) de nos mammouths et mastodontes, P.D. Ward explique 15 grandes extinctions qui ont marque l’histoire de la Terre. Notamment, it accredite l’hypothbse meteoritique de l’extinction cq mediatique B des grands dinosaures, lors de la transition CretacbTertiaire. Heureuse- ment, un moustiql~e piCg6 dam l’ambre (Oligocene !) avait suet le sang dun de ces monstres dont I’ADN a pu @tre decrypt&. et nous revenons au cinema. I1 semble bien que la majoriti: des grandes extinctions aient eu pour cause un CvCnement unique, catastrophique.

Dans une machine a remonter le temps, avec un guide expert et passion& melant faits et anecdotes, nous traversons le temps et l’espace, nous observons les faunes, nous enqu&- tons sur les raisons de Ieur disparition, now assistons a de merveilleux renouveaux. L’Cvo- lution est en marche. Et l’homme apparut. Pauvres mammouths ! - P. Cassier.

Lynn Margulis, Dorion Sagan. Slanted thruths. Essays on Gala, symbiosis and evo- lution. Springer-Verlag, 1 I x 24 cm, 364 p. - Pour differentes raisons, dont peut-Ctre une certaine deception de. la societe vis-a-vis d’esperances qu’avaient prematurement suscites les progres scienti~ques, les rapports entre la science et Dieu sont de nouveau d’actualim. Des scientifiques tiennent a preciser leur position par rapport aux religions et des religieux sou- haitent se situer par rapport aux scientiflques. Ce pourrait &he dans la serie d’ouvrages de ce type, que L. Margulis et D. Sagan font paraitre ces verites, a savoir une reunion de 23 articles parus entre 1975 et 1997, pour la plupart sign& de L. Margulis ou de D. Sagan, isolement ou ensemble, ou consign& avec d’autres. La << grande question )F qui tient a cccur aux auteurs est Y&endue des interconnections entre tous les elements du monde vivant ; leur point de vue se resume a trois mots cl& qui sont le sous-titre de l’ouvmge : G&a, symbiose, &JO- lution.

L. Margulis s’est fait connaitre comme la vulgarisatrice de I’ancienne hypothese de l’origine endosymbiotoque de la cellule eucaryote. Au long des differents chapitres, elle presente (de facon assez elementaire) l’idee que chloroplastes et mitochondries ont pour origine respective des procaryotes et qu’il en est de m&me, pour les cils et les flagelles (unduli~dia), dont la forme ancestrale serait un organisme de type spirochete. Ces differents procaryotes seraient entres en symbiose avec une bacterie de type The~opl~s~l~. La plus petite unite autopo%tique vivante est toujours limitee par une membrane-frontiere ou, chez

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Analyses 63

les organismes pluricellulaires, par une couche de cellules. Une compartimentation auto- produite est le critere de l’origine de la vie et les unites autopoietiques ont tendance a inter- agir entre elles. Ainsi, les bactdries ont-elles de remarquables capacites B se combiner avec d’autres organismes et la la symbiogenbe est une cause majeure de l’evolution du vivant, qui est passe des batteries aux protoctistes, et de la aux piantes, aux champignons et aux ani- maux. Selon l’hypothese de GaYa de Lovelock ( 1979,198X), la surface des sediments et la tro- posphere de la terre sent parties integrantes d’un systeme vivant dont l’activite est contrci- lee par l’ensemble des organismes vivants. La vie ne s’adapte pas ii un milieu physico- chimique passif, elle modilie et produit l’environnement. La surface de la Terre est vivante, avec son propre metabolisme. Certaines caracteristiques (temperature, composition, pH), de l’atmosphbre (veritable systeme circulatoire de la Terre appartiennent & un systeme homeo- statique, et leurs proprietes sont des sous-produits de l’evolution. Alors que pour Teilhard de Chardin, la noosphere est exterieure et au-dessus de l’atmosph~re, pour Vernadsky, elle est partie integrante de I’atmosphere. Telles sont les donnees essentielles rep&es au tours des differents chapitres. Certains apprecieront, d’autres non, car le texte comporte davantage d’envolees relevant du domaine du discours que de faits scientifiques. Les reponses ne me semblent pas a la hauteur des questions posees. - P. de Puytorac.

P. Geistdoerfer. - La vie dans les mers. 1 vol., 11,5 x 17,5 cm, Presses universi- taires de France, Paris, 1997, 128 p. - Cet ouvrage fait partie des recents titres de la collection encyclopedique de poche <c Que sais-je D, dont l’objectif est de faire le point des connaissances actuelles. 11 s’agit d’un texte d’odanographie biologique, portant sur les grandes associations d’hres vivants qui peuplent les Ccosystemes oceaniques. Tout en restant simple et succinct dans sa presentation, en raison, notamment, du large public auquel est destine la collec- tion, Ie texte de P. Geistdoerfer, compose de six chapitres, rend bien compte de la com- plexite des relations existant entre les populations d’organismes matins, envisagees dans leur environnement geologique, physique, chimique et biologique.

Le premier chapitre est consacre a I’historique de la connaissance et de l’exploitation des ressources marines, depuis les ttres vivants littoraux, d&its plus ou moins rigoureusement par des auteurs de l’AntiquitC, jusqu’aux programmes oc~ano~aphiques internationaux actuels, qui utilisent la teEdetection satellitaire marine apparue dans les annees 1970, en pas- sant par la connaissance des grandes profondeurs marines grace aux premieres recoltes, faites avec des dragues au XIXe siecle. Ces recoltes ont permis, notamment, de combattre la conception dune zone profonde marine << azoi’que V. Dans ce chapitre, est Cgalement present6 un bref et utile historique de la creation des stations marines en France.

Le deuxieme chapitre fait une description des composantes gtologiques des bassins oct!aniques et donne les principales c~act~~s~ques physiques (tern~ra~~, salinite, proprietes optiques...), chimiques (sels nutritifs, gaz dissous...) et dynamiques (dist~bution des carac- teristiques physico-chimiques, circulations et fronts oceaniques...) de l’eau de mer.

La composition, l’abondance, la biomasse, la distribution, la dynamique et les interactions ecologiques de la faune et de la flore des Ccosystbmes oceaniques constituent le corps du troi- sieme (les reseaux trophiques pelagiques des eaux superficielles) et du quatrieme chapitres (les reseaux trophiques benthiques &tiers). II faut noter que ces chapitres incluent des variables prises en compte ~cemment (production nouvelle, production regeneree et boucle microbienne), dans I’btablissement des modeles de flux de matiere et d’energie qui traver- sent les Ccosystemes aquatiques.

Le chapitre cinq est consacre aux ecosystemes des grandes profondeurs (pelagos et ben- thos profonds) qui occupent 3 % de I’espace oceanique. Bien que seulement 10 % de ces fonds marins aient fait l’objet d’explorations, la diversite et la biomasse des communautes biolo-