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1 Sociologie : 2- Intégration, conflit et changement social Chapitre 2.1 Quels liens sociaux dans des sociétés où s’affirme le primat de l’individu ? Objectifs : -Présenter l’évolution des formes de solidarité selon Durkheim. -Montrer que la solidarité organique n’a pas fait disparaître la solidarité mécanique -Etudier l’évolution du rôle des instances d’intégration (famille, école, travail, Etat) -Questionner le lien entre évolution du rôle des instances d’intégration et remise en cause de l’intégration sociale. Introduction : Du mariage arrangé au mariage libre I Qu’est-ce qui permet la cohésion sociale ? A La solidarité source de cohésion sociale 1) Les deux formes de solidarité 2) Et leur évolution chez Durkheim B Quelles formes de solidarité dans nos sociétés ? 1) Une solidarité plutôt organique (avec individualisme ?) 2) Qui n’a pas fait disparaître la solidarité mécanique II Quel est le rôle des instances d’intégration dans la société? A L’évolution du rôle des instances d’intégration 1) Une famille qui se transforme 2) Un travail moins intégrateur ? B Vers une remise en cause de l’intégration sociale ? 1) Un risque d’anomie ? 2) La désaffiliation Tdn°19 L’école et l’intégration Tdn°20 Les mutations du travail Notions : Terminale : Individualisme Fait de considérer l'individu comme l'unité de référence fondamentale pour lui-même et pour la société, cela se traduit par une émancipation progressive vis à vis des structures communautaires (voisinage, religion, famille, corporation ou caste) L’individualisme peut être compatible avec le partage de valeurs communes (universaliste) ou aller contre (particulariste). Cohésion sociale : Il y a cohésion sociale quand une société produit de la solidarité entre ses membres. Solidarité: (Concept développé par E. Durkheim), la solidarité entraîne l'adhésion ou l'attachement de l'individu au groupe, elle favorise donc la cohésion sociale et l'intégration. La solidarité mécanique C'est le sentiment d'appartenir à un même groupe (principe de ressemblance) qui provoque de la solidarité. Primat du groupe sur l'individu. La solidarité organique C'est le fait d'être en interdépendance avec les autres (principe de la complémentarité) qui crée de la solidarité. L'individu prime sur le groupe. L'intégration peut se définir comme le processus par lequel un individu devient membre d'un groupe ou d'une société. SocialisationIntégrationCohésion sociale. Première : Socialisation : Processus d’intériorisations des normes et des valeurs au sein d’un groupe ou d’une société Anomie : (Eth : absence de normes) Affaiblissement de l’intériorisation des normes dominantes. Sociabilité Ensemble des relations sociales effectives qu’un individu peut entretenir, Capital social Ensemble des relations sociales mobilisables par un agent). Désaffiliation : Processus de rupture avec les instances traditionnelles d’intégration, proche d’exclusion sociale Disqualification : Processus de stigmatisation d’un individu par la société suite à un affaiblissement puis une rupture des liens sociaux. Réseaux sociaux : Ensemble des relations amicales, professionnelles ou civiques dans lesquelles l’individu est intégré.

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Sociologie : 2- Intégration, conflit et changement social

Chapitre 2.1 Quels liens sociaux dans des sociétés où s’affirme le primat de l’individu ? Objectifs : -Présenter l’évolution des formes de solidarité selon Durkheim. -Montrer que la solidarité organique n’a pas fait disparaître la solidarité mécanique -Etudier l’évolution du rôle des instances d’intégration (famille, école, travail, Etat) -Questionner le lien entre évolution du rôle des instances d’intégration et remise en cause de l’intégration sociale.

Introduction : Du mariage arrangé au mariage libre I – Qu’est-ce qui permet la cohésion sociale ? A – La solidarité source de cohésion sociale 1) Les deux formes de solidarité 2) Et leur évolution chez Durkheim B – Quelles formes de solidarité dans nos sociétés ? 1) Une solidarité plutôt organique (avec individualisme ?) 2) Qui n’a pas fait disparaître la solidarité mécanique II – Quel est le rôle des instances d’intégration dans la société? A – L’évolution du rôle des instances d’intégration 1) Une famille qui se transforme 2) Un travail moins intégrateur ? B – Vers une remise en cause de l’intégration sociale ? 1) Un risque d’anomie ? 2) La désaffiliation

Tdn°19 L’école et l’intégration Tdn°20 Les mutations du travail

Notions : Terminale : Individualisme Fait de considérer l'individu comme l'unité de référence fondamentale pour lui-même et pour la société, cela se traduit par une émancipation progressive vis à vis des structures communautaires (voisinage, religion, famille, corporation ou caste) L’individualisme peut être compatible avec le partage de valeurs communes (universaliste) ou aller contre (particulariste). Cohésion sociale : Il y a cohésion sociale quand une société produit de la solidarité entre ses membres. Solidarité: (Concept développé par E. Durkheim), la solidarité entraîne l'adhésion ou l'attachement de l'individu au groupe, elle favorise donc la cohésion sociale et l'intégration.

La solidarité mécanique C'est le sentiment d'appartenir à un même groupe (principe de ressemblance) qui provoque de la solidarité. Primat du groupe sur l'individu.

La solidarité organique C'est le fait d'être en interdépendance avec les autres (principe de la complémentarité) qui crée de la solidarité. L'individu prime sur le groupe. L'intégration peut se définir comme le processus par lequel un individu devient membre d'un groupe ou d'une

société. SocialisationIntégrationCohésion sociale. Première : Socialisation : Processus d’intériorisations des normes et des valeurs au sein d’un groupe ou d’une société Anomie : (Eth : absence de normes) Affaiblissement de l’intériorisation des normes dominantes. Sociabilité Ensemble des relations sociales effectives qu’un individu peut entretenir, Capital social Ensemble des relations sociales mobilisables par un agent). Désaffiliation : Processus de rupture avec les instances traditionnelles d’intégration, proche d’exclusion sociale Disqualification : Processus de stigmatisation d’un individu par la société suite à un affaiblissement puis une rupture des liens sociaux. Réseaux sociaux : Ensemble des relations amicales, professionnelles ou civiques dans lesquelles l’individu est intégré.

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Introduction : Du mariage arrangé au mariage libre (doc.1) « Les Larroque et les Desqueyroux ont laissé leurs logis d’Argelouse* tels qu’ils les reçurent des ascendants […] M.Larroque se félicitait de ce qu’Argelouse, qui le débarrassait de sa fille, la rapprochait de ce Bernard Desqueyroux qu’elle devait épouser, un jour, selon le vœu des deux familles, et bien que leur accord n’eût pas un caractère officiel. […] Tout le pays les mariait parce que leurs propriétés semblaient faites pour se confondre et le sage garçon était sur ce point d’accord avec tout le pays. » Source : François Mauriac, Thérèse Desqueyroux, Livre de poche, p31-32, 1927 *hameau isolé des Landes 1- Qui décide de ce mariage ? 2- Quelle en est la justification ? 3 – Ce type de mariage est-il la norme aujourd’hui ?

Ce passage permet de montrer le contraire de l’individualisme, la situation autrefois commune où c’est le groupe d’appartenance (la famille) qui décide pour l’individu, « primat du groupe sur l’individu » (q1) et non le fait pour l’individu d’opérer lui-même ses choix). Le déterminant de l’union est alors économique, il s’agit de conserver ou d’accroître la richesse des deux familles (q2). La reproduction sociale du groupe passe avant l’individu et elle assure une sorte de cohésion sociale en créant des liens sociaux (mariage) et un maintien de l’ordre établi (riches d’un côté et pauvres de l’autre). Aujourd’hui, dans notre société, explicitement c’est l’individu qui choisit son conjoint, on peut donc parler d’individualisme (notion assez proche du libre arbitre qui dans notre cas apparaît comme un progrès et quelque chose de positif) q3

Cependant se pose la question du lien social. Si l’individu n’est plus ou est moins lié aux groupes d’appartenance, qu’est-ce qui assure encore les liens sociaux ? Entre l’individu et le groupe et entre le groupe et la société. I – Qu’est-ce qui permet la cohésion sociale ? A – La solidarité source de cohésion sociale 1) Les deux formes de solidarité

3/256 De la solidarité mécanique à la solidarité organique Q2 La solidarité (ou l’attachement au groupe) repose sur la complémentarité (une fonction/place différente) tandis que dans la mécanique, elle repose sur la ressemblance (même famille/village/groupe) Q3 La socialisation dans la SM est plus directive repose plus sur l’inculcation car il faut renforcer la conformité des individus au groupe tandis que dans la SO, la socialisation est moins directive car les valeurs et les normes sont plus diversifiées et la sanction joue un moindre rôle. Q4 La société française s’appuie plus sur une SO car il s’agit d’une société d’individus où la cs commune est moins importante, ce sont les liens diversifiés entre les individus qui font la cohésion sociale. Doc.2 Amitié et solidarité organique Dans ce texte, Durkheim montre que l’individu peut devenir solidaire ou avoir des liens sociaux avec d’autres car il recherche une complémentarité dans l’amitié. Le timide cherche quelqu’un d’affirmé, l’un échange la protection contre la consolation. Les individus rentrent en contact car chacun occupe une fonction particulière et recherche donc chez l’autre cette fonction ou rôle qu’il n’a pas. Comme chaque fonction encadre l’individu dans un système de droits et de devoirs, il y a donc intégration au groupe et cohésion sociale.

-Il existe deux formes de solidarité. La solidarité mécanique est caractéristique des sociétés traditionnelles (ou primitives) ou des petits groupes. C'est le sentiment d'appartenir à un même groupe (principe de ressemblance) qui provoque de la solidarité. Le groupe prime sur l'individu. La solidarité organique est spécifique aux sociétés modernes. C'est le fait d'être en interdépendance avec les autres (principe de la complémentarité) qui crée de la solidarité. La source de la solidarité est la division du travail social (DTS) basée sur la différenciation et la complémentarité d'individus libres et autonomes. L’individu prime sur le groupe -Ces deux formes de solidarité sont source de cohésion sociale. Elles contribuent à attacher l’individu au groupe et à maintenir des liens sociaux qui ne sont pas motivés par l’intérêt. 2) Et leur évolution chez Durkheim Document 3 - Le changement social (passage d’une société traditionnelle agraire à une société industrielle) entraîne le développement de la solidarité organique. Le développement des moyens de communication et l'urbanisation provoquent la concentration et la hausse du nombre d'habitants (densité matérielle) ainsi qu'un plus grand nombre de contacts ou

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d'interactions (densité morale plus forte). Pour maintenir la cohésion sociale la division du travail social devient nécessaire. -La solidarité organique (et la DTS) maintient la cohésion sociale grâce à la spécialisation et à la complémentarité. En effet des liens sociaux et des interdépendances vont se créer entre les individus qui occupent des fonctions sociales différentes. Ceci va compenser l'affaiblissement des structures traditionnelles (voisinage, village, religion) car à chaque fonction sociale est attachée un ensemble de droits et de devoirs qui encadrent l'individu. B – Quelles formes de solidarité dans nos sociétés ? 1) Une solidarité plutôt organique (avec individualisme ?) 1/256 Des liens sociaux divers (souvent marqués par la solidarité organique).Photos L’école et le boulanger témoignent de liens sociaux marqués par la SO car c’est la complémentarité (apprendre/étudier, produire/consommer) qui met en contact les individus et les rend solidaires du groupe. Ce sont autant d’occasions de sociabilité. Pour l’Etat on pourrait citer la sécurité sociale ou bien les services publics (police/justice). La famille quant à elle produit à la fois de la solidarité organique à l’intérieur (fonction d’enfants, parents, frère aîné/benjamin) et mécanique vis-à-vis de l’extérieur (similitude du nom de famille et des habitudes familiales). -L’individualisme n’empêche pas la solidarité (Multiplication de liens sociaux faibles plutôt qu’un seul lien social fort, texte de Singly doc.4 Ce document montre que le lien social des sociétés modernes est marqué par une montée de l’individualisme qui pourrait être menaçant pour la cohésion sociale (q1) mais que cet individualisme n’est pas un obstacle à la solidarité (q2) qui peut être souvent organique. Il tend au contraire à en multiplier les appartenances à des collectifs qui peuvent reposer soit sur la ressemblance (groupes religieux ou réseaux sociaux) soit sur la complémentarité (club de sport, travail, relations marchandes q3). 2) Qui n’a pas fait disparaître la solidarité mécanique (doc.5) La progression de la SO n’a pas fait disparaître la SM Le lien social aujourd’hui est encore en partie de type mécanique. Les religions sont en déclin si on regarde la pratique régulière mais encore toujours sources de solidarité si on s’intéresse à certaines traditions (doc.5 procession à Marseille), au renouveau de certains mouvements (charismatiques ou musulmans, cf. pèlerinage à la Mecque) ou encore de manière plus inquiétante quand on regarde les sectes. L’affirmation d’identités à base ethnique ou régionale (catalan, basque, corse) montre que les regroupements basés sur la ressemblance n’ont pas disparu. Les sources de la sociabilité (doc.5) reposent encore en partie sur la ressemblance. En effet on s’aperçoit que ce qui rapproche le plus les individus est le milieu social, le lieu de résidence et la culture. C’est donc le besoin de ressemblance qui explique en partie les occasions de lien social. II – Quel est le rôle des instances d’intégration dans la société? A – L’évolution du rôle des instances d’intégration 1) Une famille qui se transforme 1/260 Des évolutions démographiques qui transforment la famille

Q1 Mariage 60-2009 :*0.76 Pacs 2000/2009 :*7.8 q2 Transformations démographiques : baisse mariages, hausse divorces, hausse familles recomposées et personnes seules 3 L’individualisation peut expliquer en partie la hausse des divorces, l’individu prime sur le groupe (la famille) quand il y a mésentente mais aussi la hausse des naissances hors mariage, l’individu prend aussi ses distances avec l’Etat en procréant sans être marié.

Ce document montre que la famille devient plus incertaine (hausse des divorces, familles mono parentales) et moins institutionnalisée (hausse pacs et naissances hors mariage). Le lien social familial perd à la fois de sa permanence dans le temps (divorces) et son caractère formalisé ou institutionnel (ses règles et son cadre deviennent moins rigides, naissances hors mariages). L’augmentation du nombre de personnes seules peut aussi priver les individus de support familial en cas de nécessité. 2) Un travail moins intégrateur ? Video sur le travail : interview Castel -Pour le sociologue R.Castel c'est le salariat qui est aujourd'hui la forme essentielle du lien social En effet le salariat est devenu au fil du temps un élément de stabilité et d'appartenance et a remplacé les formes traditionnelles de lien social (famille, voisinage, religion). Le salariat signifie la sécurité puisqu'il donne droit à un revenu régulier (salaire mensuel), à des acquis sociaux garantis par le droit (conventions collectives et droits sociaux de la sécurité sociale) et à un statut social via l'exercice d'une profession, il donne une place dans la société (une fonction selon Durkheim). Il permet aussi d'avoir d'autres activités (loisirs ou consommation)

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-Le chômage et le développement des emplois précaires entraînent une déstabilisation du salariat Selon R.Castel, ces deux phénomènes associés à des ruptures familiales peuvent avoir pour conséquence une "désaffiliation" (= exclusion sociale) des individus car en perdant leur emploi ou sa stabilité, ils perdent aussi tous les éléments de solidarité attachés à la condition de salarié, ils deviennent des "surnuméraires" car ils n'ont plus de fonction sociale au sein de la société.

Des emplois plus incertains et un travail moins protecteur (5-6 p265) Le travail est traditionnellement une source d’intégration. Le travail permet de participer à la consommation grâce au salaire, il donne un statut social au sein de l’entreprise et de la société (source de solidarité organique), dans certains cas, il peut même être facteur d’identité professionnelle et permet de nouer des liens sociaux (amicaux notamment). Les protections liées au salariat (assurances sociales) intègre car elles donnent une sécurité au salarié et l’empêche de tomber dans le besoin. Mais son rôle protecteur s’affaiblit. La multiplication des formes particulières d’emplois, la hausse du chômage et l’individualisation de la relation salariale affaiblissent le rôle intégrateur du travail (5-6/265). L’individu ne dispose plus des garanties habituelles liées au salariat, il est donc en partie « désaffilié » car il ne peut participer comme avant à la vie en société.

5/265 Q1 Le nombre de Fpe a été quasiment multiplié par 2 entre 82 et 2007 q2 C’est l’intérim qui connaît la progression la plus forte *5 q3 les emplois précaires fragilisent le lien social car les individus ont plus de risque de se retrouver au chômage, ne peuvent pas ou plus difficilement planifier leur avenir (acheter une maison par ex) et comme ils restent moins longtemps dans l’entreprise ne peuvent pas s’y intégrer. 6/265 q1 –Les droits collectifs sont ceux donnés par le droit du travail (35h, licenciements) mais aussi par les conventions collectives ou les accords d’entreprise qui offrent des garanties et des améliorations aux salariés mais aussi les droits sociaux (assurances) q2 La ré-individualisation peut renvoyer aux volontés d’individualiser le relation salariale (salaire, responsabilités, qualifications) et de limiter les contraintes collectives (retour sur des garanties sociales)

B – Vers une remise en cause de l’intégration sociale ? 1) Un risque d’anomie ? L’anomie renvoie soit à l’absence de normes soit à leur intériorisation incomplète. Dans la mesure où la socialisation prépare l’intégration sociale, dans un cadre durkheimien on peut être amené à penser qu’une socialisation plus incertaine peut être source d’anomie et donc aller à l’encontre l’intégration sociale. Ainsi les changements au sein de la famille affaibliraient sa fonction socialisatrice et partant l’intériorisation des normes par les individus. Les études montrent que la socialisation s’effectue toujours mais de manière plus souple et plus interactive qu’autrefois. Les mutations de l’école accompagnent aussi ce processus comme en témoignent les débats sur l’autorité.

Doc6 q1 Les valeurs transmises par la famille sont plus des qualités relationnelles ou des dispositions (tolérance, respect des autres, sens responsabilités) que les valeurs habituellement reliées à l’inculcation ou au conditionnement (obéissance, persévérance, foi) q2 Les valeurs traditionnelles reposaient sur une asymétrie et une socialisation dans un seul sens plus tournée vers la reproduction que l’interaction q3 L’individualisation de la société qui se traduit notamment par le fait que les enfants aient une chambre à eux et des appartenances extérieures plus affirmées (culture jeunes, réseaux sociaux) et que l’on considère l’enfant comme un sujet (ou une personne) a modifié la socialisation qui n’est plus (à supposer qu’elle l’ait jamais été) basé sur une simple reproduction avec un sujet passif. Les normes et les valeurs se transmettent de façon plus souple, parfois négociée et de manière plus globale (dispositions).

2) Les risques de désaffiliation ou de disqualification sociale Désaffiliation : Processus de rupture avec les instances traditionnelles d’intégration, proche d’exclusion sociale Disqualification : Processus de stigmatisation d’un individu par la société suite à un affaiblissement puis une rupture des liens sociaux Document 7 Aux sources de la désaffiliation Voir aussi 2 p271 les causes multiples de l’exclusion (Paugam)

La désaffiliation peut être synonyme d’exclusion sociale. Une série de ruptures vis-à-vis des instances d’intégration (travail, famille, Etat, famille) peut ainsi faire basculer l’individu dans la précarité puis l’exclusion. Un individu sans diplôme, divorcé, sans soutien familial et dans une situation de précarité au travail a plus de risque d’être désaffilié car la faiblesse de ses ressources ne lui permet pas de s’intégrer faut de pouvoir participer à la vie en société Les protections assurées par l’Etat et les Apu (RSA, Minima sociaux) ne sont pas toujours suffisantes pour contrecarrer le processus de désaffiliation et peuvent même entraîner un processus de « disqualification

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sociale », la dépendance vis-à-vis des aides marquant la deuxième étape (après la fragilité) du processus qui peut conduire à la rupture totale quand la personne devient SDF Td 19 L’école du déclassement à l’intégration : Rappeler les différents rôles de l’intégration scolaire (culture commune, DTS et emploi et épanouissement) puis insister sur le lien inégal entre réussite scolaire et origine social qui remet en cause le processus méritocratique et le rôle intégrateur de l’Etat. Td 20 Les mutations du travail : Passer l’extrait avec Castel puis faire les dimensions de l’intégration Précarité/Individualisation relation travail/chômage ?

Dossier documentaire

Document 1 Du mariage arrangé au mariage choisi. « Les Larroque et les Desqueyroux ont laissé leurs logis d’Argelouse* tels qu’ils les reçurent des ascendants […] M.Larroque se félicitait de ce qu’Argelouse, qui le débarrassait de sa fille, la rapprochait de ce Bernard Desqueyroux qu’elle devait épouser, un jour, selon le vœu des deux familles, et bien que leur accord n’eût pas un caractère officiel. […] Tout le pays les mariait parce que leurs propriétés semblaient faites pour se confondre et le sage garçon était sur ce point d’accord avec tout le pays. » Source : François Mauriac, Thérèse Desqueyroux, Livre de poche, p31-32, 1927 *hameau isolé des Landes

1- Qui décide de ce mariage ? 2- Quelle en est la justification ? 3 – Ce type de mariage est-il la norme aujourd’hui ?

Document 2 Amitié et solidarité organique. Tout le monde sait que nous aimons qui nous ressemble, quiconque pense et sent comme nous. Mais le phénomène contraire ne se rencontre pas moins fréquemment. Il arrive très souvent que nous nous sentons portés vers des personnes qui ne nous ressemblent pas, précisément parce qu'elles ne nous ressemblent pas.[…] La dissemblance, comme la ressemblance, peut être une cause d'attrait mutuel. Toutefois, des dissemblances quelconques ne suffisent pas à produire cet effet. Nous ne trouvons aucun plaisir à rencontrer chez autrui une nature simplement différente de la nôtre. Les prodigues ne recherchent pas la compagnie des avares, ni les caractères droits et francs celle des hypocrites et des sournois ; les esprits aimables et doux ne se sentent aucun goût pour les tempéraments durs et malveillants. Il n'y a donc que les différences d'un certain genre qui tendent ainsi l'une vers l'autre ; ce sont celles qui, au lieu de s'opposer et de s'exclure, se complètent mutuellement. [..]. Si richement doués que nous soyons, il nous manque toujours quelque chose, et les meilleurs d'entre nous ont le sentiment de leur insuffisance. C'est pourquoi nous cherchons chez nos amis les qualités qui nous font défaut, parce qu'en nous unissant à eux nous participons en quelque manière à leur nature, et que nous nous sentons alors moins incomplets. Il se forme ainsi de petites associations d'amis où chacun a son rôle conforme à son caractère, où il y a un véritable échange de services. L'un protège, l'autre console ; celui-ci conseille, celui-là exécute, et c'est ce partage des fonctions, ou, pour employer l'expression consacrée, cette division du travail qui détermine ces relations d'amitié. Source : E.Durkheim, de la division du travail social, pp 60-61 1893 Uqac Classiques -A l’aide de ce texte, expliquer comment la différence peut être source de solidarité ? Document 3 L’évolution des formes de solidarité

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*Développement de l’individualisme. (Densité morale : nombre d’interactions) 1- A quelle solidarité est attachée la conscience collective forte ? 2- En quoi l’exode rural peut-il affaiblir la conscience collective ? Document 4 L’individualisme, une menace pour la cohésion sociale ?

Document 5 La solidarité mécanique se maintient

Peut-on dire que les formes de sociabilité reposent principalement sur la solidarité mécanique ? (sources :

Magnard Tes et Nathan Tes)

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Document 6 La famille socialise toujours mais de manière différente

Source : Belin TES

Document 7 Aux sources de la désaffiliation

Document 8 Les deux formes de solidarité

Solidarité mécanique Solidarité organique

Société traditionnelle

- Communauté de taille réduite

- Homogénéité sociale

- Ressemblance

- Faible division du travail social

- Forte conscience collective

- Droit répressif

Machine

Société moderne

- Collection d’individus libres et autonomes

- Hétérogénéité et individualisme

- Différence et complémentarité

- Forte division du travail social

- Faible conscience collective

- Droit restitutif

Corps humain

1 – Quel est le profil type du SDF ? 2 – A quelles évolutions des instances d’intégration peut-on relier sa situation ? 3 – La désaffiliation s’explique-t-elle seulement par des critères sociaux ? Source : Cécile Brousse, « Devenir sans-domicile, le rester :rupture des liens sociaux ou diffi- cultés d’accès au logement? » ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 391-392, 2006 Champ de l’enquête : Les sans-domicile aidés sont les personnes fréquentant les services d’hébergement et distribution de repas chauds défi- nis comme sans-domicile au sens de l’Insee c’est-à-dire si, la nuit précédente, elles ont eu recours à un service d’hébergement ou ont dormi dans un lieu non prévu pour

l’habitation. http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/es391-392c.pdf