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GUIDE DE L’INSUFFISANCE RENALE AIGUE DE L’ENFANT Année 2020 Groupe de Néphrologie Pédiatrique

Société Algérienne de Pédiatrie · 2020. 3. 8. · Created Date: 2/11/2020 11:43:21 AM

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  • GUIDE DE L’INSUFFISANCE RENALE

    AIGUE DE L’ENFANT

    Année 2020

    Groupe de Néphrologie Pédiatrique

  • SOCIETE ALGERIENNE DE PEDIATRIE

    BUREAU :

    Président : Pr A. BENSENOUCI

    Vice- Présidents : Pr A. BOUFERSAOUI Pr M.NACEUR

    Secrétaire Général : Pr O. GACEM

    SG Adjoint : Pr FZ. ZEMIRI

    Trésorier : Pr N. KHELAFI

    Trésoriers adjoints : Dr A. FAFA, Dr S. IDDIR

    Membre: Dr A. HAMZAOUI

  • Ont participés :

    Pr A. BENSENOUCI Service Pédiatrie B CHU Beni Messous

    Pr N. KHELAFI Service Pédiatrie CHU Mustapha

    Pr L. OUKRIF Service Pédiatrie B CHU Beni Messous

    Pr H. BOUCENNA Service Pédiatrie A CHU Beni Messous

    Pr K. HAMIDA Service Pédiatrie EHS Canastel Oran

    Dr M. BOUTABA Service Pédiatrie CHU Parnet

    Dr MSR. BENAHMED Service Pédiatrie EPH Ain Taya

    Dr F. GHERRAK Service Pédiatrie EPH THENIA Boumerdes

    Dr S. KATI Service Pédiatrie EPH Birtraria

  • INTRODUCTION

    • L’Insuffisance rénale aiguë (IRA) ou Acute Kidney Injury (AKI) dans la

    littérature anglo-saxonne est un syndrome clinico-biologique d’étiologie

    multiple dont la gravité s’échelonne depuis la lésion rénale aiguë jusqu’a

    l'IRA. Sa survenue chez l’enfant impose une démarche diagnostique

    rigoureuse et une prise en charge adaptée.

    • L’IRA se développe plus souvent chez les enfants hospitalisés pour une

    autre maladie, puisque 10% des enfants admis en réanimation et 82 % des

    patients en situation critique font une IRA.

    • Le profil étiologique a changé ces dernières années. Les causes les plus

    courantes sont l'ischémie rénale, les médicaments néphrotoxiques et les

    septicémies.

    • L’insuffisance rénale aiguë est toujours précédée de lésions rénales

    (hémodynamiques et inflammatoires), qui en cas de récidives entrainent

    des lésions irréversibles et au stade final une dysfonction. Ces lésions

    rénales non accessibles à un traitement curatif peuvent être détectés

    précocement grâce à des biomarqueurs rénaux tels que la Cystatine

    (biomarqueurs de la filtration glomérulaire) ou le Neutrophil Gelatinase

    Associated Lipocalin ou NGAL (biomarqueur tubulaire).

    • Cependant, il n'existe aucune donnée montrant un intérêt à faire ces

    dosages en cas d'IRA, qui se fait à ce stade simplement sur la créatininémie

    et le débit urinaire. De plus les résultats retrouvés chez l’adulte ne peuvent

    être extrapolés à l’enfant (caractéristiques anthropométriques, étiologies,

    traitement, comorbidités).

    • La survenue de l’IRA aggrave le pronostic vital car souvent sévère,

    multifactorielle et associée à une défaillance multiviscérale ; la prévention

    reste possible dans beaucoup de situations à risque et l’évaluation de la

    cinétique de la créatinémie est souvent nécessaire.

    1

  • DEFINITION- PROBLEMATIQUE

    • L’insuffisance rénale aiguë (IRA) est définie comme étant le déclin rapide du

    taux de filtration glomérulaire, conduisant à l’accumulation de déchets tels

    que l’urée et la créatinine.

    • Selon sa sévérité et sa durée, elle s’accompagne d’hyperkaliémie, d’acidose

    métabolique, de déséquilibres hydriques et de retentissement sur d’autres

    organes.

    • Le besoin d’une définition universelle acceptée a conduit en 2004 un groupe

    d’experts de consensus Acute Dialysis Quality Initiative (ADQI) à développer

    un système de diagnostic et de classification de l’IRA.

    • Les critères de classification portent l’acronyme «RIFLE», qui correspond à

    trois stades de sévérité progressifs (Risk ou risque, Injury ou lésion et Failure

    ou défaillance) et deux stades d’évolution (Loss ou perte de fonction et End-

    Stage Renal Disease ou insuffisance rénale chronique).

    • La classification se base sur l’augmentation du taux de créatinine sérique ou

    la diminution de la diurèse où le critère le moins bon est utilisé (Tab.1).

    Stade Créatininémie DFG Débit urinaire

    R Augmentation x 1,5 Baisse de 25% < 0,5 ml/kg/h x 6 heures

    I Augmentation x 2 Baisse de 50% < 0,5 ml/kg/h x 12 heures

    F

    Augmentation x 3 ou

    Créatininémie > 40 mg/l

    quand augmentation aigue >

    5 mg/l

    Baisse de 75% < 0,3 ml/kg/h x 24 heures ou

    Anurie x 12 heures

    L Perte complète de la fonction rénale > 4

    semaines

    E Perte de la fonction rénale > 3 mois

    Tab.1 Classification RIFLE

    • En 2007, l’Acute Kidney Injury Network (AKIN) reprend les critères de

    sévérité de la classification « RIFLE » avec une petite modification pour le

    stade 1 (RIFLE-R) qui inclut un modeste changement de la créatinine (= 26.4

    µmol/l) sur une période de 48h (Tab.2). 2

  • Stades Créatinine ou DFG basal Diurèse horaire

    1 Augmentation de la créatinine ≥ 26,4 mmol/l ou

    Augmentation de la créatinine ≥ 1,5 - 2 x

    Diurèse < 0,5 ml/kg/h x 6 h

    2 Augmentation de la créatinine > 2 - 3 x Diurèse < 0,5 ml/kg/h x 12 h

    3 Augmentation de la créatinine > 3 x Ou

    Augmentation de la créatinine > 44 mmol/l si

    créatinine > 354 mmol/l Ou Nécessité de dialyse

    Diurèse < 0,3 ml/kg/h x 24 h

    Ou anurie x 12 heures

    Tab. 2. Classification AKIN

    • Mais les critères de RIFLE et AKIN ne tiennent pas compte du gabarit des

    patients et sont basées sur des valeurs de créatinine plasmatique, ce qui

    pose problème chez les enfants dont la masse musculaire est inférieure à

    celle des adultes. Ainsi en 2007, il a été proposé une version pédiatrique du

    RIFLE (pRIFLE) basée sur la clairance estimée de la créatinine plasmatique et

    la diurèse (Tab.3).

    Stade Clearance estimée de la

    créatinine plasmatique

    Diurèse

    Risk (risque) Diminuée de > 25% < 0,5 ml/kg/h pendant > 8 h

    Injury (atteinte) Diminuée de > 50% < 0,5 ml/kg/h pendant > 16 h

    Failure (défaillance) Diminuée de > 75% ou Clearance

    estimée de la créatinémie

    < 35 ml/min/1,73m2

    < 0,3 ml//kg/h pendant 24 h

    Ou

    Anurie pendant > 12 h

    Loss (perte de fonction) Stade « Failure » se prolongeant > 4 semaines

    End-stage (IRC) Stade « Loss» se prolongeant > 3 mois

    Tab.3. Classification pRIFLE (Critères diagnostiques et de gravité de l'IRA en pédiatrie)

    La clairance estimée de la créatinine est calculée selon la formule pédiatrique de Schwartz.

    3

  • • En 2012, les KDIGO (Kidney Disease: Improving Global Outcomes) ont

    harmonisé les classifications RIFLE, AKIN, pRIFLE pour ne plus donner qu’une

    seule définition de l’insuffisance rénale aiguë (Tab.4)

    Tab.4. Classification selon les KDIGO(2012)

    La classification selon KDIGO est actuellement recommandée malgré les

    limites de la créatinémie qui, n’est pas un bon indicateur de la fonction

    rénale.

    • Cas particulier du nouveau-né

    - La classification pRIFLE n’est pas validée chez le nouveau-né.

    - L’évaluation de la filtration glomérulaire se fait sur la diurèse et la

    créatinémie. Mais les variations de la diurèse néonatales rendent son

    interprétation difficile (1ère miction retardée, alternance de phases

    polyuriques et oliguriques).

    - Une classification ne prenant en compte que la valeur de la créatinémie a

    été donc proposée et adaptée chez le nouveau-né (Tab.5)

    4

    Stade Créatinémie Diurèse

    1 1.5 -1.9 fois la valeur de base ou

    Augmentation ≥ 0.3 mg/dl (≥ 26.5 µmol/l)

    < 0.5 ml/Kg/h depuis 6-12h

    2 2.0 - 2.9 la valeur de base < 0.5 ml/Kg/H depuis ≥ 12h

    3 3.0 fois la valeur de base ou

    Augmentation ≥ 4.0 mg/dl (Âge > 18 ans) ou

    Diminution de la clairance < 35ml/mn/1.73m2

    (< 18 ans) ou Initiation de la dialyse

    ≤ 0.3 ml/Kg/h depuis ≥ 24h

    Ou anurie depuis ≥ 12h

    Le stade est déterminé par le critère le plus péjoratif entre "créatinine plasmatique" et "diurèse"

  • .

    Tab.5. Classification proposée de l’IRA chez le nouveau né

    Pour en savoir plus :

    1. Schneider J, Khemani R, Grushkin C, Bart R. Serum creatinine as stratified in the RIFLE score for acute kidney injury is associated with mortality and length of stay for children in the pediatric intensive care unit. Crit Care Med. 2010; 38:933–9

    2. Akcan-Arikan A, Zappitelli M, Loftis LL, et al. Modified RIFLE criteria in critically ill children with acute kidney injury. Kidney Int. 2007; 71:1028–35.

    3. The Kidney Disease Improving Gloval Outcomes (KDIGO) Working Group. KDIGO Clinical Practice Guideline for Acute Kidney Injury. Kidney Int Suppl 2012;2:1-138

    4. Endre ZH, Pickering JW, Walker RJ. Clearance and beyond: the complementary roles of GFR measurement and injury biomarkers in acute kidney injury (AKI). Am J Physiol Renal Physiol 2011;301:F697-707

    5. Murray PT, Mehta RL, Shaw A, et al. Current use of biomarkers in acute kidney injury: report and summary of recommendations from the 10th Acute Dialysis Quality Initiative Consensus Conference. Kidney Int 2014;85:513-21

    6. Bihorac A, Kellum JA. Acute kidney injury in 2014: a step towards understanding mechanism of renal repair. Natl Rev Nephrol 2015;11:74-5

    7. Schiffl H, Lang S. Urinary biomarkers and acute kidney injury in children: the long road to clinical application. Pediatr Nephrol 2013;28:837-42

    8. P. Devarajan and S.L. Goldstein. Acute kidney injury In K.K. Kher and al .Clinical Pediatric Nephrology 2017: 571-600

    9. S. L. Goldstein and M. Zappitelli. Evaluation and Management of Acute Kidney Injury in Children. In E.D. Avner and al. Pediatric Nephrology 2016 : 2139 -2168

    10. Jetton JG, Askenazi DJ. Update on acute kidney injury in the neonate. Curr Opin Pediatr. 2012;24): 191–6

    5

    Stade (sévérité) Critères

    1 Augmentation de la créatininémie ≥ 0.3 mg/dl (26.5 µmol/l) de la

    valeur minimale de la précédente créatinine sérique ou

    Augmentation de 1.5 à < 2 fois la valeur minimale de la

    précédente créatinine sérique.

    2 Augmentation de 2 à < 3 fois la valeur minimale de la précédente

    créatinine sérique

    3 Augmentation de ≥ 3 fois la valeur minimale de la précédente

    créatinine sérique ou Augmentation de la créatinine > 2.5 mg/dl

    (221 µmol/l) ou Initiation de la dialyse

  • PHYSIOPATHOLOGIE

    6

  • • La physiopathologie est multifactorielle, complexe et dépend de l’étiologie

    qui peut être pré-rénale (baisse de la perfusion rénale), rénale intrinsèque

    (vasculaire, glomérulaire, interstitielle, tubulaire) ou post-rénale (obstruction

    aiguë au flux urinaire).

    • La conséquence est une baisse du débit de la filtration glomérulaire (DFG).

    • Comprendre les mécanismes est important pour un meilleur traitement

    • La baisse du DFG est estimée :

    - Biologiquement par une diminution de plus de 25% de la clearance

    estimée de la créatinine plasmatique (CeCr).

    - Cliniquement par une baisse de la diurèse (< 0,5 ml/h pendant 8 heures)

    • L’évaluation du DFG est faite selon la formule : UV/P (ml/min) de la créatinine

    - U : concentration urinaire de créatinine en μmol/l

    - V : volume urinaire en ml rapporté au temps

    - P : concentration plasmatique de créatinine en μmol/l)

    • Chez l’enfant, le DFG est calculé par la formule de Schwartz à partir de la taille

    et de la créatinine plasmatique :

    DFG (ml/mn/1.73m2) = K x taille (cm)/ Créatinémie

    ✓ Pour une créatinémie exprimée en μmol/l K = 29 (nouveau-né) ; 40 (nourrisson) ; 49 (enfant jusqu'à 12 ans) ; 49 (fille de 12 à 21 ans) ; 62 (garçon de 12 à 21 ans)

    ✓ Pour une créatinémie exprimée en mg/l K = 4,5 (âge < 2 ans) ; 5,5 (2 - 13 ans) ; 7 (13 -20 ans et sexe masculin) ; 5,5 (13 -20 ans et sexe féminin)

    Clairance estimée de la créatinine est comparée à une valeur de référence de 100 ml/min/1,73m² s’il n’est pas connu de valeur antérieure pour le patient.

    7

  • 1. Insuffisance rénale aiguë pré-rénale ou insuffisance rénale fonctionnelle

    • L'IRA pré-rénale est une réponse fonctionnelle appropriée à l'hypoperfusion

    par des reins anatomiquement normaux. L'oligurie qui en découle permet de

    préserver le volume intra-vasculaire.

    • L'IRA pré-rénale doit être reconnue rapidement, car réversible après

    remplissage vasculaire et rétablissement d’une perfusion rénale correcte.

    • Plusieurs mécanismes peuvent être impliqués (Tab.1)

    Mécanismes Etiologies

    Déplétion volumique,

    Déshydration

    Hémorragie, excès de diurétique, Brûlures, choc,

    syndrome néphrotique, Diabètes : sucré, insipide

    Diminution du débit cardiaque Insuffisance Cardiaque, Arythmies

    Vasodilatation Périphérique Sepsis, Anaphylaxie, antihypertenseurs (nifedipine)

    Vasoconstriction Rénale Sepsis, AINS, antagonistes de l’enzyme de

    conversion

    Tab. 1. Mécanismes de l’IRA pré-rénale

    • La diminution du volume circulatoire va entrainer :

    a. Une réponse systémique

    Libération d’agents vaso-actifs (Fig.1) pour maintenir la perfusion des autres

    organes en normalisant le volume circulatoire et la pression artérielle, mais aux

    dépend du potentiel du DFG. Ainsi :

    ✓ Le système nerveux sympathique et l’axe rénine-angiotensine sont activés

    entraînent une vasoconstriction rénale induite par l’angiotensine II et la

    norépinéphrine.

    ✓ L'angiotensine II favorise la réabsorption active de Na et d'eau par les

    cellules tubulaires non lésées, entraînant une oligurie et une diminution de

    l'excrétion fractionnelle de sodium, caractéristiques de l’IRA pré-rénale.

    ✓ Libération de l’ADH en réponse à l'hypovolémie, entrainant une réabsorption

    accrue de l'eau par le canal collecteur indemne, ce qui contribue également

    à l'oligurie.

    8

  • Fig.1. ADH : Hormone antidiurétique, DFG : Débit de filtration glomérulaire FeNa : Fraction excrétée de sodium :

    FeNa (%) = U Na x P Cr / P Na x U Cr x 100

    b. Une réponse locale

    Au moins trois mécanismes de compensation intra-rénaux distincts sont mis en

    œuvre pour aider à maintenir le DFG dans les états pré-rénaux (Fig. 2).

    ✓ L’autorégulation myogénique qui consiste en une dilatation rapide des

    artérioles afférentes après hypoperfusion. Les inhibiteurs de la calcineurine

    (cyclosporine,Tacrolimus) altèrent cette réponse myogénique

    ✓ Les cyclo-oxygénases (COX-1, COX-2) catalysent la production rénale de

    prostaglandines qui interviennent dans la dilatation artériolaire afférente. Ce

    système est très activé par l’hypovolémie. Les anti-inflammatoires non

    stéroïdiens (AINS) inhibent cette réponse et peuvent précipiter l'IRA en cas

    de baisse du volume circulatoire.

    ✓ L’angiotensine II entraine une constriction des artérioles afférentes et

    efférentes, mais plus marqué dans l'artériole efférente ce qui conduit à une

    augmentation de la pression hydrostatique sur le glomérule. Les

    antagonistes de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (AEC) interférent

    dans cette compensation, et leur utilisation augmente l'incidence de l'IRA

    chez les patients à risque (chirurgie cardiaque) avant et après l'intervention.

    9

  • Fig.2. Mécanismes qui maintiennent le DFG dans les lésions rénales aiguës pré-rénales et fonctionnelles.

    ✓ Si l’hypoperfusion rénale se prolonge, les mécanismes de compensation qui

    maintiennent le DFG peuvent être dépassés, et surviennent alors des lésions

    rénales responsables en plus d’une IRA intrinsèque (rénale), comme le

    montre l’augmentation des concentrations des biomarqueurs de lésions

    tubulaires chez les patients présentant une IRA pré-rénale.

    2. Insuffisance rénale aiguë rénale ou insuffisance rénale aiguë intrinsèque

    • L'IRA intrinsèque est fréquemment multifactorielle, avec des composantes

    ischémiques, néphrotoxiques et septiques concomitants et des mécanismes

    pathogéniques qui se chevauchent (Tab.2).

    • L’IRA y est associée à une nécrose tubulaire aiguë (NTA). En pratique clinique

    courante on utilise indifféremment les termes IRA intrinsèque et NTA.

    Mécanismes Etiologie

    Nécrose tubulaire aiguë

    ischémie rénale prolongée, médicaments et toxines

    néphrotoxiques, myoglobinurie, hémoglobinurie ;

    défaillance multiviscérale, état septique

    Maladies vasculaires

    rénales

    Microangiopathies thrombotiques, vascularites

    Maladies interstitielles Néphrite interstitielle, infections

    Glomérulonéphrites GNA postinfectieuse ; glomerulonephrites

    Tab. 2 Mécanismes de l’IRA rénale ou intrinsèque

    10

  • • Dans l'IRA intrinsèque des anomalies hémodynamiques persistent. Le débit

    sanguin rénal total est réduit suite à une vasoconstriction rénale persistante.

    • L’ischémie rénale résultante siège surtout au niveau du segment S3 du

    tubule proximal et la branche ascendante médullaire de l’anse de Henle, la

    PaO2 y est physiologiquement basse et les besoins énergétiques importants.

    • Les cellules du segment S3 du tube contourné proximal (TCP) vont souffrir et

    perdre leurs fonctions. La perte de polarité des intégrines et des canaux

    transmembranaires favorisent le détachement de la membrane basale des

    cellules tubulaires, qui vont s’agglutiner dans la lumière et provoquer une

    obstruction intratubulaire d’où la vasoconstriction pré-glomérulaire dont le

    médiateur est l’adénosine.

    • L’accumulation dans la lumière des tubes de débris cellulaires nécrosés de la

    membrane basale tubulaire augmente la pression intra-tubulaire diminuant

    encore plus la filtration glomérulaire.

    • L’afflux de Na et de Cl, non réabsorbés par les cellules tubulaires proximales

    lésées, va au niveau distal activer le feed back tubulo-glomérulaire au niveau

    de la macula densa, entraînant une vasoconstriction de l’artériole afférente

    et une chute de la filtration glomérulaire.

    • Les mécanismes des altérations hémodynamiques sont surtout liés aux

    lésions endothéliales responsables d’un déséquilibre local de libération de

    substance vasoactives à partir de l’endothélium en faveur des substances

    vasoconstrictrices (angiotensine II, endothéline 1, catécholamines,

    thromboxane A2). Le déficit en substances vasodilatatrices tels que la PGE2,

    et le NO joue un rôle aggravant.

    • L’ischémie provoque la mort cellulaire par apoptose dans les compartiments

    endothéliaux et tubulaires. Une phase d’extension de la NTA va suivre,

    caractérisée par des phénomènes inflammatoires. Par la suite, le

    parenchyme rénal lésé va passer par des phases de maintenance et de

    réparation, permettant un rétablissement dans la majorité des cas d’une

    fonction rénale adéquate.

    11

  • Tab.3 Physiopathologie de l’IRA intrinsèques

    3. Insuffisance rénale aiguë post-rénale ou Insuffisance rénale obstructive

    • L'IRA obstructive ou post-rénale correspond aux IRA dues à une obstruction

    aiguë des voies urinaires.

    • Pour être responsable d’une IRA, l’obstruction doit être sous-vésicale ou

    bilatérale, ou survenir sur un rein unique.

    • La suppression précoce de l'obstacle conditionne la réversibilité de l'IRA. La

    levée de l’obstruction traite l’IRA, avec récupération des lésions rénales si

    l’obstruction n’a pas été prolongée.

    • Les conséquences sont à court terme potentiellement graves liées à

    l'abolition des fonctions d'excrétion du rein et à long terme pour le rein

    obstrué, liées à l'élévation de la pression dans les tubules rénaux,

    responsable de l'activation précoce de mécanismes pro-inflammatoires et

    profibrosants :

    ✓ Dès les 1ères heures le rein obstrué présente une dilatation des tubules, par

    aplatissement des cellules épithéliales sous l'effet de la pression et d'une

    desquamation débutante associée à une apoptose épithéliale.

    ✓ L'hyperpression intra-tubulaire est favorisée par une augmentation

    transitoire de la perfusion glomérulaire due à la production locale de

    monoxyde d'azote.

    12

  • ✓ La filtration glomérulaire diminue ensuite par l'activation du système

    rénine-angiotensine-aldostérone, ce qui prévient l'augmentation continue

    de la pression intra-tubulaire mais au prix d'une réduction de la

    vascularisation du parenchyme rénal, responsable d'une hypoxie tissulaire

    relative.

    ✓ la pression intra-tubulaire augmente et le DFG diminue

    ✓ L'angiotensine II, qui médie la vasoconstriction pré-glomérulaire, contribue

    à activer la réponse inflammatoire du rein via le facteur NF-kappa B, facteur

    de transcription régulant l'expression de gènes pro-inflammatoires.

    ✓ Un important afflux de macrophages, de lymphocytes T et de cellules

    dendritiques dans l'interstitium rénal est favorisé par l'expression de

    cytokines pro-inflammatoires par les cellules résidentes soumises au stress

    mécanique et hypoxique, surtout au niveau de l'épithélium tubulaire du

    canal collecteur.

    ✓ Ces phénomènes inflammatoires influent sur le devenir à long terme du

    rein obstrué. Ils conduisent à l'accumulation de matière extracellulaire,

    mutilant le parenchyme rénal fonctionnel y compris après la levée de

    l'obstacle.

    ✓ Le traitement de l'IRA obstructive post-rénale a pour objectifs de pallier aux

    conséquences de l'altération de fonction rénale et la levée précoce de

    l'obstacle pour permettre la reprise de fonction du rein obstrué et réduire

    ses conséquences délétères à plus long terme.

    13

  • Pour en savoir plus :

    1. Moffett BS, Goldstein SL, Adusei M, et al. Risk factors for postoperative acute kidney injury in pediatric cardiac surgery patients receiving angiotensin-converting enzyme inhibitors. Pediatr Crit Care Med. 2011;12:555–9.

    2. Nejat M, Pickering JW, Devarajan P, et al. Some biomarkers of acute kidney injury are increased in pre-renal acute injury. Kidney Int. 2012;81:1254–62.

    3. Prasad Devarajan and Stuart L. Goldstein - Intrinsic acute kidney injury / Pathophysiology 571-601 in Kanwal K. Kher. H William Schnaper, Larry A. Greenbaum in Clinical Pediatric Nephrology Third Edition 2017

    4. Jean-Bernard Gouyon, Silvia Iacobelli - Insuffisance rénale aiguë du nouveau-né Néonatologie : bases scientifiques © 2016 Elsevier Masson SAS chapitre 49, 641-651.

    5. D. Guerrot a F. Tamion - Insuffisance rénale aiguë obstructive : le point de vue réanimateur Progrès en Urologie – FMC 2013;23:F19–F22

    6. Basile DP, Anderson MD, Sutton TA. Pathophysiology of acute kidney injury. Compr Physiol 2012;2:1303-53

    7. Guerrot D, Kerroch M, Placier S, et al. Discoidin domain receptor 1 is a major mediator of inflammation and fibrosis in obstructive nephropathy. Am J Pathol 2011;179(1):83–91.

    8. Ellis D. Avner, William E. Harmon, Patrick Niaudet, Norishige Yoshikawa, Francesco Emma, Stuart L. Goldstein - Acute Renal Injury in Pediatric Nephrology Seventh Edition 2016, p 2099-2169

    14

  • 15

    ETIOLOGIES

  • Il est capital de reconnaitre rapidement la cause d’une IRA car dans de

    nombreuses situations la prise en charge prompte et adéquate permet d’éviter

    les lésions anatomiques irréversibles.

    A. ENQUETE ETIOLOGIQUE

    La cause de l’IRA peut être évidente sinon une enquête étiologique sera

    entreprise et débutée par :

    1. Une bonne anamnèse :

    Elle permet de rechercher de :

    • Notion de diarrhée, vomissements, douleurs abdominales, fièvre, perte

    de poids, asthénie…

    • Quantification des apports hydriques, de la diurèse, l’aspect des urines,

    • Antécédents de lésions cutanées, de mal de gorge, d’arthralgies,

    d’œdèmes, de traumatisme, d’hémorragie interne ou extériorisée, de

    prise de médicaments (IEC, AINS, aminosides…), de toxiques (métaux

    lourds, éthylène glycol, plantes médicinales…), de cathétérisme veineux

    ou artériel, ombilical en période néonatale.

    • Antécédents de dysurie, d’infections urinaires, lithiases ou de maladies

    rénales familiales.

    2. L’examen physique permet de :

    • Apprécier le poids, la taille, le périmètre crânien, les constantes vitales,

    • Rechercher une pâleur, un ictère, un syndrome hémorragique, un rash

    cutané, des cicatrices d’impétigo, évaluer l’état d’hydratation.

    • L’examen respiratoire : détresse respiratoire, pneumopathie, OAP.

    • L’examen cardiovasculaire : insuffisance cardiaque, bruit de galop,

    turgescence des jugulaires.

    • L’examen digestif : sensibilité, ascite, hépato splénomégalie, ausculter

    l’abdomen à la recherche d’un souffle ou d’un bruit anormal dans la

    région para-ombilicale ; adénopathies (infection ou syndrome tumoral).

    • L’examen neurologique : trouble de la conscience, convulsions, anomalies

    motrices ou sensorielles, troubles sphinctériens.

    • L’examen orthopédique : fossette sacrée ou une tache velue en faveur

    d’une anomalie spinale (vessie neurologique), arthrites, déformations

    osseuses (rachitisme) ou une hypotonie musculaire.

    16

  • 3. Les examens complémentaires

    Ils sont demandés en fonction du diagnostic suspecté par l’anamnèse et

    l’examen clinique. Les examens les plus courants à faire dans le cadre de

    l’enquête étiologique sont :

    • Dans le sang : NFS, test de Coombs, frottis sanguin, réticulocytes, crase

    sanguine, groupage sanguin, ionogramme, gaz du sang, glycémie,

    électrophorèse et immunoélectrophorèse des protides, acide urique, CPK,

    LDH, bilan hépatique, PTH, CRP, recherche de toxiques selon le contexte.

    • Dans les urines : chimie des urines, recherche de GR, GB, pus, ECBU

    cellules épithéliales, éosinophiles, myoglobinurie.

    • Enquête immunologique est faite selon le contexte avec dosage des

    fractions C3 et C4 du complément, ASLO, anti-DNAse B, anticorps anti

    DNA, antinucléaires, ANCA, anti-MBG, sérologies hépatites et HIV.

    • Examens radiologiques : échographie abdominale,radiographie du thorax,

    doppler, angiographie et scintigraphie rénale.

    • Biopsie rénale est indiquée lorsqu’aucune étiologie n’a pu être identifiée.

    B. ETIOLOGIES

    Classiquement les étiologies de l’IRA sont réparties en trois groupes :

    - Les IRA fonctionnelles ou IRA pré-rénales

    - Les IRA organiques ou rénales intrinsèques

    - Les IRA obstructives ou post rénales

    1. IRA pré-rénales ou IRA fonctionnelles

    • L’IRA pré rénale est la forme la plus commune (40 à 55%). Elle survient en

    cas d’hypoperfusion rénale (Tab.1)

    • Les critères biologiques en faveur d’une IRA fonctionnelle réversible sont :

    - Rapport U/P de l’urée urinaire élevé (> 10)

    - Osmolarité urinaire élevée (> 350 mosm/kg)

    - Natriurèse basse (

  • Tab.1. Principales causes d’insuffisance rénale aiguë pré-rénale ou fonctionnelle

    2. IRA organiques ou rénales intrinsèques

    • Elles regroupent toutes les IRA avec des lésions du parenchyme rénal

    • Selon l’atteinte rénale on distingue les causes tubulaires, interstitielles,

    glomérulaires et vasculaires (Tab.2).

    • Les tubulonéphrites aiguës (TNA) secondaires à une hypovolémie ou une

    hypoxie prolongée sont les plus fréquentes. Elles sont souvent de bon

    pronostic avec récupération de la fonction rénale associée à une phase de

    polyurie et de fuite sodée.

    18

    Mécanismes Etiologies Hypovolémie

    - Déshydratation - Hémorragie - Brûlures étendues - Syndrome néphrotique - Sepsis sévère avec fuite capillaire - Etat de choc - Diabète sucré - Diabète insipide - Excès de diurétiques

    Baisse du débit cardiaque - Insuffisance cardiaque - Arythmie

    Vasodilatation périphérique - Sepsis - Anaphylaxie - Anti hypertenseurs

    Vasoconstriction rénale - Sepsis - AINS, IEC, - Syndrome hépatorénal

  • Types de lésions

    rénales

    Etiologies

    Tubulonéphrites

    aiguës

    - Tubulonéphrites aiguës ischémiques ou hypoxiques

    secondaires aux hypoperfusions rénales prolongées - Tubulonéphrites toxiques : Médicaments Toxiques . exogènes : éthylène glycol (antigel), métaux lourds, champignons, venins de serpents… . endogènes : hémoglobinurie, rhabdomyolyse, lyse tumorale

    Néphrites tubulo-

    interstitielles aiguës

    - Médicaments - Infection : bactéries (E.coli, staphylocoques, brucelloses,

    tuberculoses...), virus (EBV, CMV, BK, virus...), spirochètes (leptospirose), mycoplasme.

    - Maladie inflammatoire : sarcoïdose, NTIA avec uvéite, lupus

    - Idiopathique

    Glomérulonéphrites

    - Glomérulonéphrite post infectieuse - Glomérulonéphrite rapidement progressive - Néphropathie à IgA - Glomérulonéphrite membrano-proliférative - Glomérulonéphrite lupique

    Atteintes

    Vasculaires

    - SHU post-diarrhée, atypiques, secondaires - Nécrose corticale - Thrombose des veines rénales - Thrombose des artères rénales

    Tab.2. Principales causes d’insuffisance rénale aiguë organique ou rénale intrinsèque

    3. IRA post-rénale : obstruction des voies urinaires

    • Elle regroupe les causes d’insuffisance rénale aiguë dues à l’obstruction des

    voies urinaires à la condition qu’elle soit sous-vésicale ou bilatérale, ou

    survenant sur un rein unique (Tab.3).

    • La levée de l’obstacle permet le traitement de l’insuffisance rénale et la

    récupération des lésions rénales si l’obstruction n’a pas été trop prolongée.

    19

  • Origine Etiologie

    Congénitale

    - Valves de l’urètre postérieur

    - Maladie de la jonction pyélo-urétérale sur rein unique

    Acquise

    - Vessie neurologique

    - Obstacle intraluminal : lithiase, caillot, pelotons

    mycéliens (fungus balls), tumeur vésicale

    - Sténose extrinsèque : compression tumorale

    (néphroblastome, neuroblastome,

    rhabdomyosarcome), fibrose rétropéritonéale

    - Sténose urétérale : vascularites

    Tab.3. Principales causes d’insuffisance rénale post-rénale : obstruction des voies urinaires

    Cas particulier du nouveau né

    • L’IRA en période néonatale est fréquente. Elle possède ses propres étiologies

    liées à la fragilité de l’équilibre hémodynamique intra-rénal en cette période

    d’adaptation à la vie extra utérine.

    • Cette fragilité s’explique par les résistances intra-rénales élevées et le faible

    débit glomérulaire rendant le rein très sensible au risque d’hypoperfusion.

    • L’enquête étiologique se base essentiellement sur l’analyse précise de

    l’anamnèse, le contexte et la pratique d’une échographie rénale avec

    doppler. Les principales étiologies sont :

    ✓ Les souffrances périnatales avec anoxie

    . Sont les causes les plus fréquentes

    . Clinique : hématurie, oligurie ou anurie avec complications notamment

    neurologiques.

    . L’étiologie est en général facile à identifier :

    Asphyxie néonatale, Infection, hémorragies (HRP, placenta prævia,

    maladie hémorragique), cardiopathie congénitale, jumeau transfuseur,

    déshydratation, ventilation mécanique ….

    20

  • ✓ Les thromboses vasculaires

    . Sont source d’IRA lorsque l’atteinte est bilatérale ou sur rein unique.

    . Urgence thérapeutique à rechercher devant toute IRA néonatale.

    • Thromboses des veines rénales (TVR) sont favorisées par :

    . Les souffrances fœtales aiguës, déshydratations sévères

    . La pose d’un cathéter veineux ombilical

    Clinique :hématurie macroscopique avec 1 ou 2 gros reins palpables.

    Echographie avec doppler permet le diagnostic.

    • Thromboses de l’artère sont secondaires à une persistance du canal

    artériel un cathéter artériel ombilical,

    Clinique : HTA d’apparition brutale.

    Echographie - doppler permet le diagnostic.

    ✓ Prise de certains médicaments au cours de la grossesse

    • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, principalement l’indométhacine

    ou son utilisation après la naissance pour la fermeture d’un canal artériel.

    • Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) pris au-delà de 22

    semaines d’aménorrhée.

    ✓ Cardiopathies congénitales

    • L’IRA est due à l’insuffisance cardiaque ou secondaire à une chirurgie

    cardiaque avec CEC.

    ✓ Obstruction urinaire

    • Liée à une uropathie malformative notamment les valves de l’urètre

    postérieur (VUP) qui peuvent êtres dépistées en anténatal.

    Pour en savoir plus:

    1. Davarajan P., Goldstein S.L. : Acute Kidney Injury. In Kher K.K., Schnaper H.W., Greenbaum L.A. : Clinical Pediatric Nephrology Third Edition, CRC Press, 2017, pp. 571- 599. 2. Goldstein S.L, Zappitelli M. : Evaluation and Management of Acute Kidney Injury in Children. In Avner E.D., Harmon W.E : Pediatric nephrology, Springer Reference, 2016, pp. 2145-2152. 3. Gubta I., Bitzan M. : Acute Kidney Injury. In Phadke K., Goodyer P., Bitzan M. : Manual of Pediatric Nephrology, Springer, 2014, pp. 349-355 4. Macher M.A., Insuffisance rénale aiguë chez l’enfant. Encycl Méd Chir (Elsevier), Pédiatrie, 18-064-L-10, 2007, pp. 2-5

    21

  • DIAGNOSTIC POSITIF

    22

  • 1. Signes cliniques

    - Signes généraux : Asthénie, anorexie, nausées, vomissements, prurit.

    - Modification de la diurèse : +++ : anurie, oligoanurie, diurèse conservée

    - Inflation hydrique et/ou sodée : Prise de poids, bouffissure du visage ou

    d'œdèmes diffus.

    - HTA : Fréquente en particulier au cours des GNA et des SHU

    - Pièges à éviter : . Confondre oligoanurie et rétention d'urines (globe vésical)

    . Méconnaître une IRA devant une diurèse conservée mais inefficace

    au cours des GNA (50 %) et des néphrites tubulo-interstitielles toxiques.

    . Chez le nouveau-né, on ne peut affirmer l'anurie avant la 48e heure, la

    première miction pouvant être retardée.

    2. Eléments diagnostiques

    • Le diagnostic positif de l’IRA chez l’enfant repose sur deux paramètres

    (baisse de la clearance de la créatinine plasmatique et diminution de la

    diurèse) telle que définie par les critères pRIFLE ou les critères des KDIGO.

    • Le diagnostic de gravité repose également sur les stades évolutifs de la

    classification pRIFLE ou celle des KDIGO (Tab.1 et Tab.2).

    Tab.1 Classification pRIFLE (Critères diagnostiques et de gravité de l'IRA en pédiatrie)

    La clairance estimée de la créatinine est calculée selon la formule pédiatrique de Schwartz

    23

    Stade Clearance estimée de la créatinine

    plasmatique

    Diurèse

    Risk (risque) Diminuée de > 25% < 0,5 ml/kg/h pendant > 8 h

    Injury (atteinte) Diminuée de > 50% < 0,5 ml/kg/h pendant > 16 h

    Failure (défaillance) Diminuée de > 75% ou Clearance

    Estimée de la créatinine

    plasmatique < 35 ml/min/1,73m2

    < 0,3 ml//kg/h pendant 24 h

    ou Anurie pendant > 12 h

    Loss (perte de fonction) Stade « Failure » se prolongeant > 4 semaines

    End-stage (IRC) Stade « Loss» se prolongeant > 3 mois

  • Tab.2. Classification selon les KDIGO(2012)

    • Autres anomalies biologiques

    . Rétention azotée : augmentation de l’urée et de l’acide urique

    . Hyperkaliémie, plus précoce et marquée dans les formes oliguriques

    . Acidose métabolique : Une acidose sévère est fréquente

    . Hyponatrémie : Fréquente, souvent modérée (125–130 mmol/L)

    . Hypocalcémie et hyperphosphatémie :

    L’hypocalcémie apparait après quelques jours et reste modérée. Elle est

    précoce dans les rhabdomyolyses aiguës non traumatiques, pancréatites

    aiguës hémorragique et les intoxications par éthylène-glycol.

    L’hyperphosphorémie est constante, présente initialement, corrélée avec

    la diminution du DFG.

    . Anémie :

    Il n’y a pas d’anémie à la phase initiale de l’IRA, sauf en cas d’hémorragie

    ou d’hémolyse aiguë en relation avec l’affection sous-jacente. Après

    plusieurs jours, une anémie normocytaire normochrome peut s’installer et

    dont le mécanisme est incertain.

    . Troubles de l’hémostase : tendance au saignement et à l’hypercoagulabilité

    24

    Stade Créatinémie Diurèse

    1 1.5 -1.9 fois la valeur de base ou

    Augmentation ≥ 0.3 mg/dl (≥ 26.5 µmol/l)

    < 0.5 ml/Kg/h depuis 6-12h

    2 2.0 - 2.9 la valeur de base < 0.5 ml/Kg/H depuis ≥ 12h

    3 3.0 fois la valeur de base ou

    Augmentation ≥ 4.0 mg/dl (Âge > 18 ans) ou

    Diminution de la clairance < 35ml/mn/1.73m2

    (< 18 ans) ou

    Initiation de la dialyse

    ≤ 0.3 ml/Kg/h depuis ≥24h

    ou

    anurie depuis ≥ 12h

    Le stade est déterminé par le critère le plus péjoratif entre "créatinine plasmatique" et "diurèse"

  • 3. Place des biomarqueurs d’atteinte rénale

    • L’IRA est toujours précédée par des agressions rénales (hémodynamiques et

    inflammatoires), qui en cas de récidives entrainent des lésions irréversibles

    et au stade ultime une dysfonction rénale.

    • La détection précoce des lésions rénales avant l’apparition de la dysfonction

    rénale a amené à l’identification de biomarqueurs d’atteinte rénale. Ce sont

    essentiellement des protéines synthétisées en cas de lésions rénales

    . Biomarqueurs de la filtration glomérulaire : Cystatine C

    . Biomarqueurs tubulaires : kidney injury molecule-1(KIM-1), neutrophil

    gelatinase associated lipocalin (NGAL), FAB, interleukine-18 (IL-18), ß2-

    microglobuline

    . Biomarqueurs d'arrêt du cycle cellulaire (Insulin Growth Factor-Binding

    protein 7 [IGFBP 7] et le Tissue Inhibitor of MetalloProteinase-2 [TIMP-2].

    • Cystatine C (sérum ou plasma)

    . Marqueur précoce (augmente entre 8ème et 12ème heure après l’agression)

    . Prédiction de l’IRA 24 à 48 heures avant l’augmentation de la créatinine

    (meilleures sensibilité et spécificité chez les patients en réanimation)

    . Meilleure sensibilité aux variations du DFG

    • NGAL (Neutrophil-Gelatinase Associated Lipocalin) (urines)

    . Marqueur précoce (élévation dès la 2ème heure après l’agression (chirurgie

    cardiaque, greffe rénale, injection de produits de contraste iodés)

    . Détection de l’IRA 24 à 48 heures plus tôt avec une sensibilité de 80-90 %

    . Nécessité d’un recueil urinaire minutieux

    . Interprétation prenant en compte le débit urinaire

    • KIM –1 (Kidney Injury Molecule-1) (urines)

    . Augmentation des concentrations 24 h après une chirurgie cardiaque chez

    100 % des patients développant une IRA

    . Marqueur sensible à l’ischémie

    . Diagnostic différentiel avec les lésions pré-rénales et l’IRC

    . Mauvaise sensibilité dans l l’IRA induite par les produits de contraste ;

    . Marqueur de pronostic défavorable (décès ou mise en dialyse) ;

    25

  • Certains de ces marqueurs ont démontré une certaine spécificité :

    • Pour le diagnostic plus précoce de l’agression rénale aiguë : cystatine C

    sérique, NGAL urinaire et sérique et IL-18 urinaire.

    • Pour le diagnostic différentiel entre une ischémie rénale et les autres causes

    d’agression rénale aiguë : NGAL urinaire et sérique, IL-18 urinaire et KIM-1

    urinaire.

    • Marqueur prédictif de mortalité : KIM-1 urinaire et IL-18 urinaire.

    Cependant, ces dosages n’ont pas d’intérêt dans le diagnostic d'IRA, qui se fait

    à ce stade simplement sur la créatininémie et le débit urinaire. De plus les

    résultats chez les patients adultes ne peuvent être extrapolés aux enfants

    (caractéristiques anthropométriques, étiologie, traitement, comorbidités)

    Néanmoins, des études prospectives réalisées sur des populations pédiatriques

    en particulier dans des situations postopératoires de chirurgie cardiaque

    évoquent l’intérêt des biomarqueurs rénaux urinaires dans le diagnostic

    précoce de l’IRA.

    Pour en savoir plus : 1. Akcan-Arikan A, Zappitelli M, Loftis LL, et al. Modified RIFLE criteria in critically ill children with acute kidney injury. Kidney Int. 2007;71:1028–35. 2. The Kidney Disease Improving Global Outcomes (KDIGO) Working Group. KDIGO Clinical Practice Guideline for Acute Kidney Injury. Kidney Int Suppl 2012;2:1-138 3. P. Devarajan and S.L. Goldstein. Acute kidney injury In K.K. Kher and al .Clinical Pediatric Nephrology 2017: 571-600 4. 28. S. L. Goldstein and M. Zappitelli. Evaluation and Management of Acute Kidney Injury in Children. In E.D. Avner and al. Pediatric Nephrology 2016 : 2139 -2168 5. Endre ZH, Pickering JW, Walker RJ. Clearance and beyond: the complementary roles of GFR measurement and injury biomarkers in acute kidney injury (AKI). Am J Physiol Renal Physiol 2011;301:F697-707 6. Murray PT, Mehta RL, Shaw A, et al. Current use of biomarkers in acute kidney injury: report and summary of recommendations from the 10th Acute Dialysis Quality Initiative Consensus Conference. Kidney Int 2014;85:513-21 7. Bihorac A, Kellum JA. Acute kidney injury in 2014: a step towards understanding mechanism of renal repair. Natl Rev Nephrol 2015;11:74-5 8. Coca SG, Yalavarthy R, Concato J, et al. Biomarkers for the diagnosis and risk stratification

    of acute kidney injury: a systematic review. Kidney Int 2008;73:9. 9. Goldstein SL. Acute kidney injury in children and its potential consequences in adulthood. Blood Purif 2012;33:131-7

    10. Schiffl H, Lang S. Urinary biomarkers and acute kidney injury in children: the long road to clinical application. Pediatr Nephrol 2013;28:837-42

    26

  • PRISE EN CHARGE

    27

  • A. OBJECTIFS DU TRAITEMENT

    - Prévenir une IRA ou son aggravation

    - Eviter la survenue de complications

    - Traiter les conséquences de la rétention azotée

    - Amorcer une diurèse

    - Traiter l’étiologie

    B. TRAITEMENT CONSERVATEUR

    Il a pour objectif :

    - d’obtenir une diurèse de l’ordre de 2- 3 ml / kg/ h

    - d’obtenir un état hydroélectrolytique normal

    - d’abaisser les chiffres d’urée et de la créatinémie.

    1. Equilibre hydrique

    • Première situation : Hypovolémie par déshydratation :

    . La perte du volume intra-vasculaire doit être restaurée afin de

    permettre une perfusion rénale correcte.

    . Perfusion de Sérum salé isotonique à raison de 20 ml/kg/h à

    renouveler en fonction de la diurèse.

    . Remplissage effectué avec de l’Albumine en cas d’hypovolémie

    du syndrome néphrotique.

    • Deuxième situation : Normo ou hypervolémie

    . Restriction hydrique : pertes insensibles + diurèse + pertes

    extrarénales (diarrhée, vomissement, stomies).

    Pertes insensibles = 30 et 50 ml/ kg/j : nouveau-né et nourrisson

    = 400 ml/m²/j ou 20 ml/kg/j : grand enfant

    . Diurétique de l’anse à forte dose : Furosémide IV : 2 à10 mg/kg/j

    ou bumétanide par injection directe de 5 à 10 mg (si disponible)

    . Le furosémide doit être arrêté rapidement si les bolus n'entraînent

    pas de réponse diurétique (risque d’hypotension, ototoxicité..)

    . Les diurétiques ne doivent pas être utilisés pour différer la dialyse

    28

  • 2. Hyperkaliémie

    . En général asymptomatique, mais peut constituer une urgence médicale

    . Les symptômes ne sont pas spécifiques : malaises, nausées, hypotonie

    . ECG systématique dés Kaliémie ≥ 6 mmol/l (ondes T très positives,

    intervalle PR allongé, ondes P aplaties, complexe QRS élargi, tachycardie

    et fibrillation ventriculaire)

    . Apports alimentaires réduits en Potassium (1 à 1,5 mmol/kg/j).

    . Apports veineux sans potassium

    . Résines échangeuses d’ions : Kayexalate ® (polystyrène sulfonate de

    sodium), a raison de 2 g/kg per os ou en rectal.

    . La prise en charge dépend de la sévérité de l’hyperkaliémie (tableau ci-

    dessous)

    3. Hyponatrémie

    - Déplétion sodée avec déshydratation : correction du déficit selon la

    formule

    Q sodium (mmol) = 135 (mmol) - natrémie mesurée (mmol) × poids (kg) × 0,6

    - Hyponatrémie de dilution :

    . Restriction hydro-sodée (0,3 mmol/kg/j de Na)

    . Dialyse si anurie sinon aggravation de la surcharge.

    29

    5,5 < K < 6 mmol/L 6,1 < K < 7 mmol/L K > 7 mmol/L

    1 Arrêt des apports de K Arrêt des apports de K Arrêt des apports de K

    2 Bicarbonates 1-2 mmol/kg IV en 5 min

    Bicarbonates 1-2 mmol/kg IV en 5 min

    Bicarbonates 1-2 mmol/kg IV en 5 min

    3 Résine (Kayexalate®) 1 g/kg PO ou lavement

    Résine (Kayexalate®) 1 g/kg PO ou lavement

    Résine (Kayexalate®) 1 g/kg PO ou lavement

    4 Salbutamol IV : 4 µg/kg en 20 min Aérosol : 1,25 -5 mg/dose 3 séances

    Salbutamol IV : 4 µg/kg en 20 min Aérosol : 1,25 -5 mg/dose 3 séances

    Salbutamol IV : 4 µg/kg en 20 min Aérosol : 1,25 -5 mg/dose 3 séances

    5

    Insuline (0,1 UI/kg) + glucose (0,5 g/kg SG10%)

    Insuline (0,1 UI/kg) + glucose (0,5 g/kg SG10%)

    6

    Gluconate Calcium 10% 0,5–1 ml/kg IV en 2-4 min

    7

    Epuration extra-rénale

  • 4. Acidose

    - La correction n’est faite qu’en cas d’acidose sévère symptomatique

    - Le seul traitement efficace est la dialyse.

    - Cible : HCO3 = 15 Meq/l

    5. HTA

    - Le choix du traitement dépend du mécanisme de l’HTA : surcharge hydro

    sodée, atteinte rénale proliférative.

    - La Nicardipine est le médicament de première intention, utilisée à la

    dose de 0,5 – 3 µg/kg/min (penser à changer l’abord veineux toutes les

    12 heures).

    6. Soutien Nutritionnel

    - L’IRA est associée à un catabolisme marqué et le soutien nutritionnel

    actif est crucial pour améliorer le processus de récupération.

    - Apport calorique :

    . Nourrissons : au moins 120 kcal / kg / jour

    . Enfants plus âgés : au moins 150% de leur apport calorique

    d’entretien.

    . Apport protidique : au moins 3 g / kg / jour

    . En cas de dialyse péritonéale : prévoir les pertes protéiques dans le

    liquide péritonéal.

    - Cet apport alimentaire doit être précoce car la majorité des enfants

    atteints d'IRA sont exposés à des nausées et à une anorexie et ne

    pourront pas tolérer la voie orale.

    C. EPURATION EXTRARENALE

    1. Indications

    . OAP

    . Hyperkaliémie rebelle au traitement médical

    . Signes de mauvaise tolérance d’une élévation de l’urée : épanchement

    péricardique et /ou pleural, encéphalopathie hyper urémique

    . HTA réfractaire

    . Acidose sévère

    30

  • 2. Choix de la technique :

    . Dialyse péritonéale (DP)

    . Hémodialyse (HD)

    . Hémofiltration continue (HFC)

    Le choix de la méthode dépend de :

    . Statut clinique du patient : Age, poids, hémodynamique, pathologie

    initiale

    . Bilan initial : rénal, ionique, hématologique

    . Expertise de l’équipe soignante : habitudes et compétences

    . Nature de la structure hospitalière

    ➢ Dialyse péritonéale (DP)

    a. Avantages :

    . Coût faible, peu de matériel.

    . Bonne tolérance hémodynamique

    . Privilégiée pour le petit poids

    . Pas de nécessité d’anti coagulation.

    . Régime alimentaire libre

    b. Inconvénients :

    . Méthode chronophage

    . Formation de l’équipe médicale et paramédicale

    . Contre indiquée en cas de chirurgie abdominale.

    . Risque de péritonite

    c. Principe de la dialyse péritonéale :

    . Le péritoine est utilisé pour ses capacités de membrane semi-

    perméable.

    . Les échanges se font entre le dialysat introduit dans la cavité

    péritonéale par le cathéter et les capillaires mésentériques, à

    travers le mésothélium.

    . L’épuration se fait par diffusion (molécules de petits poids : urée, K+

    et convection (ultrafiltration ; molécules de gros poids moléculaire :

    protéines) grâce au gradient de concentration ainsi créé.

    31

  • d. Aspects techniques :

    d-1. Cathéters de dialyse :

    . Implantation percutanée ou chirurgicale (préférée chez l’enfant)

    . Doit être dans le cul de sac de Douglas

    . Type Tenckhoff ® ; Baxter et Fresenius

    . Différentes tailles : selon la distance ombilic - symphyse pubienne

    (nouveau-né: 31 cm, nourrisson: 37 cm, grand enfant : 57 cm)

    Cathéter type Tenckhoff en col de Cigne

    d-2. Types de dialyse péritonéale (DP) :

    - DPCA : Dialyse Péritonéale Continue Ambulatoire

    Double poche, tubulure en Y, 4 à 6 cycles /24 h

    - DPA : Dialyse Péritonéale Automatisée (Cycleur)

    Machine programmée selon la demande ; volume et temps

    d’injection, temps de stase et de drainage, méthode

    beaucoup moins chronophage que la DPCA.

    32

  • Dialyse Péritonéale Automatisée

    d-3. Liquide de dialyse :

    . Poches en plastique de 2 et 5 litres

    . Concentrations : Glucose : 1,36 - 1,5% « isotonique »

    2,27 - 2,3% « intermédiaire »

    3,86 - 4,25% « hypertonique »

    Icodextrine (sucre non réabsorbé)

    Acides aminés 1,1%

    . Tampons : Lactate, Bicarbonates (à privilégier)

    . Ions : Na+ : 130-134 mmol/L

    K+ = 0 -2 mmol/L

    Ca++ = 1,25-1,75 mmol/L

    d-4. Modalités de la DP :

    - Débuter entre le lendemain (parfois 1 heure après la pose du

    Cathéter) et J14.

    33

  • - Traitement prophylactique pendant les premières 48 heures :

    . Céphalosporine 3G : Cefotaxime 250mg/l

    . Héparine 500 UI/l

    - Quel liquide utiliser ?

    . Tampon Bicarbonate PH neutre

    . Isotonique le plus souvent, parfois hypertonique pour

    augmenter l’ultrafiltration mais pas de manière prolongée

    car risque de péritonite sclérosante.

    - Quel volume par cycle ?

    . Début 10 ml/kg pendant 2 à 3 jours

    . Augmenter progressivement de 10 ml/kg toutes les 48 heures

    . Atteindre 800ml /m² ≤ 2 ans et 1400 ml/m² ˃2 ans

    - Déroulement :

    . Infusion : 10 min

    . Stase : temps court au début de 30 – 60 min

    . Drainage : 20 min

    . Nombre de cycles : chaque heure au début puis 4 à 6 cycles/24h

    d-5. Complications de la DP :

    • Péritonite :

    . Liquide trouble, Fièvre, douleurs abdominales, difficultés entrée-sortie

    du dialysat

    . Etude cytologique du liquide de DP : GB > 100 /mm3 et > 50% de PNN.

    . Que faire ?

    . Examen direct et culture du liquide péritonéal

    . Prélèvements de l’orifice , NFS, CRP et hémocultures

    . Antibiothérapie probabiliste dans le liquide : C3G + aminoside puis

    selon le germe.

    • Tunelite :

    . Infection du trajet sous cutané du cathéter

    . Que faire ?

    . Prélèvement bactériologique local

    . Traitement antibiotique et antiseptique locaux

    34

  • • Déplacement du cathéter :

    . Suspecté devant la difficulté d’infusion et de drainage.

    . Que faire ?

    . Radiographie de l’abdomen sans préparation (ASP)

    . Vérification par cœlioscopie ou replacement du KT

    • Obstructions du cathéter :

    . Gêne au drainage, l’obstruction par la fibrine ou une partie de l’épiploon.

    . Que faire ?

    . Actilyse en cas de fibrine

    . Replacement du cathéter si obstruction par l’épiploon

    • Fuites à l’orifice du cathéter :

    . Diminution du volume d’injection

    . Que faire ?

    . Arrêter la dialyse pendant quelques heures

    . Repose du cathéter si échec

    • Autres complications :

    . Hyponatrémie, Déshydratation, Dénutrition (fuite protéique), Péritonite

    sclérosante

    ➢ Hémodialyse(HD) :

    a. Avantage:

    . Méthode d’urgence

    . Correction rapide de l’hyperkaliémie et de l’acidose

    . Meilleure clearance de la Créatinine.

    b. Inconvénients :

    . Abords vasculaires difficiles chez les jeunes enfants

    . Perturbation hémodynamique

    . Risque de déséquilibre osmotique

    . Peu adaptée pour les nourrissons de moins de 12 kg

    . Anti-coagulation systématique avec risque hémorragique

    . Coût élevé.

    35

  • c. Modalités :

    c-1. Abords vasculaires :

    - Jugulaire interne ou fémorale

    - Contre indication des artères sous-clavières (risque de sténose)

    - Calibre du cathéter :

    . Nouveau-né : 7F double lumière

    . 3 - 6 kg : 7F double (ou triple) lumière

    . 6 - 15 kg : 8F double

    . 15 - 30 kg : 9F double lumière

    . > 30 kg : 10F double lumière ou 12F triple

    - Hygiène stricte et rigoureuse de la voie centrale et ablation au

    moindre signe d’infection.

    c-2. Déroulement de l’hémodialyse :

    - Initialement il faut une hémodialyse douce, ne dépassant pas les 2

    heures et ceci pendant les quatre premiers jours afin de permettre

    l’adaptation hémodynamique.

    - Anti coagulation en absence de contre-indication ; Héparine Bas

    Poids Moléculaire (HBPM)

    - Dialyseur en fonction de la surface corporelle

    - Manitol : utilisé dans les 3 premières séances de dialyse quand le

    taux d’urée dépasse 2,5 g/l afin d’éviter l’œdème cérébral provoqué

    par une baisse rapide de l’urée dans le sang.

    - Débit de la pompe: 3 à 8 ml/kg/min.

    d. Complications :

    - Hypotension artérielle

    - Variations osmotiques brutales

    - Septicémie

    - Obstructions et déplacements du cathéter

    36

  • Déroulement d’une séance d’Hémodialyse (EMC Néphrologie)

    ➢ Hemodiafiltration continue

    a. Principes :

    - L’épuration repose uniquement sur l’ultrafiltration sans diffusion.

    - La méthode mime le rein et permet une clairance des solutés et une

    soustraction hydrique douce et continue.

    - Même abords vasculaires que l’Hémodialyse (HD)

    - Possible chez les nouveaux né et prématurés

    - Idéale en cas d’état hémodynamique précaire

    - Le choix de la surface du filtre dépend du poids de l’enfant et du type

    de traitement.

    - Anticoagulation nécessaire

    - Avantage de diminuer les variations rapides d’osmolarité et de

    prolonger la durée de la séance permettant ainsi de gérer la perte de

    poids sur 24 heures.

    - Le débit sanguin extracorporel est généralement voisin de 5 ml/min/kg

    - Gamme d’hemofiltres très larges, 0.07 m² - 1 m².

    37

  • Principe de l’hemofiltration

    D. TRAITEMENT ETIOLOGIQUE

    - En fonction de l’étiologie.

    38

  • Pour en savoir plus :

    1. C.Ranco, D.Cruz,Hemodialysis – From Basic Research to Clinical Trials, 2008 2. M.A.Macher- Insuffisance renale aigue chez l’enfant, EMC-Pédiatrie 2004,1 : 73–88 3. Aizenfisz, S., Macher, M.-A., Jouvet, P., & Dauger, S. Insuffisance rénale aiguë et

    techniques d’épuration extrarénale en réanimation pédiatrique. Réanimation Pédiatrique, 2013 : 143–163.

    4. M. Fischbach - L’hemofiltration ou l’hemodiafiltration continue chez l’enfant. 5. J.Taylor, C.Reid, Chronic Kidney disease,dialysis and transplantation in children, ABC of

    Kidney Disease.2007 6. P.Devarajan, S.L.Goldstein - Acute Renal Failure, Clinical Pediatric Nephrology,2007 7. K.K.Kher, H.W.Shnaper, S.P.Markker, Clinical Pediatric Nephrology,2007 8. George B. Haycock, Management of acute and chronic renal failure in the newborn 9. J.D. Lantos, B.A.Warady, The evolving ethics of infant dialysis, Pediatr Nephrol 2013

    28:1943–1947 10 SM Sutherland, DM Kwiatkowski - Acute kidney injury in children in Advances in

    chronic kidney disease, 2017

    11 S.K.Sethi, N.Maxvold, Nutritional management in the critically ill child with acute kidney injury: a review, Pediatr Nephrol (2017) 32:589–601

    12 E.Vidal, A.Edefonti, Peritoneal dialysis in infants: the experience of the Italian Registry of Paediatric Chronic Dialysis, Nephrol Dial Transplant (2012) 27: 388–395

    13 G.Woodrow, S.L.Fan, Rénal Association Clinical Practice Guideline on peritoneal dialysis in adults and children, Woodrow et al. BMC Nephrology (2017) 18:333

    14 Stuart L. Goldstein and Michael Zappitelli - Evaluation and Management of Acute Kidney Injury in Children in Pediatric Nephrology Seventh Edition. 1916 p 2139

    15 Prevention and Treatment of AKI in KDIGO Kidney International Supplements 2012, 2: 37–68

    16 Prasad DEVARAJAN and Stuart L. GOLDSTEIN - Acute kidney injury in Pediatric Nephrologie Third Edition 2017

    39

    https://scholar.google.com/scholar?oi=bibs&cluster=11731280434037334728&btnI=1&hl=en

  • PREVENTION

    40

  • Les mesures visant à prévenir la survenue d'une IRA en évitant les facteurs de risque chez les patients prédisposés doivent être mises en place avant l'apparition de l'IRA. La stratégie préventive vise à réduire la morbidité, voire la mortalité liée à

    l’insuffisance rénale, elle comporte trois étapes :

    Etape 1 : évaluation des facteurs de risque.

    Etape 2 : évaluation des lésions rénales aiguës.

    Etape 3 : interventions thérapeutiques.

    1. Evaluation (identification) de facteurs de risques

    Les facteurs de risque de l’IRA chez l'enfant ont été très peu étudiés, quelques

    études ont identifié les facteurs de risque de l’IRA dans la population

    pédiatrique (Tab.1). La présence de l’un de ces facteurs impose la recherche

    systématique d’une IRA associée.

    Facteurs de risque d’IRA

    - Ventilation mécanique invasive

    - Médicaments vaso-actifs

    - Médicaments néphrotoxiques

    - Septicémie.

    - Défaillance multiviscérale

    - Hypovolémie

    - Hypoxémie

    - Thrombopénie

    - Dysfonctionnement neurologique

    - Transplantation des cellules souches

    Tab.1 facteurs de risque de l’IRA chez l’enfant

    41

  • 2. Évaluation des lésions rénales aiguës

    • Etat d’hydratation

    . L’atteinte rénale aiguë peut être évaluée par l’état d’hydratation.

    . Pour la déshydratation la relation parait très évidente.

    . Dans l’état de surcharge hydrique l’atteinte rénale aiguë peut être

    évaluée par le degré de cette surcharge en rapport avec une diminution

    de la fonction rénale et l’oligurie.

    • Biomarqueurs

    . La créatinémie présente des limites (élévation tardive) dans le diagnostic

    précoce de l’IRA.

    . L’intérêt des bio-marqueurs (chapitre Introduction) est de pouvoir

    - détecter précocement l’atteinte rénale avant la survenue de l’IRA et

    - d'évaluer sa gravité.

    . Leur validation par des études prospectives chez l’enfant est nécessaire.

    3. Interventions thérapeutiques

    . La stratégie principale de prévention de l’IRA chez l’enfant est basée sur

    - Une hydratation adéquate

    - Un état hémodynamique correct (bonne perfusion rénale.)

    - Réduction d’exposition aux substances néphrotoxiques

    . La prévention de l’IRA nécessite une évaluation initiale afin de guetter

    toute baisse du débit de filtration glomérulaire (DFG).

    3-1. Une Hydratation adéquate

    . Une bonne hydratation voire une hyperhydratation a été utilisée avec succès

    pour prévenir l'IRA chez les patients à risque élevé.

    . Il est très important de surveiller quotidiennement :

    - L’état d’hydratation avec contrôle du bilan hydrique (entrées et sorties)

    - La prise quotidienne du poids ; constantes vitales (FC et rythme cardiaque)

    - L’état hémodynamique (pression artérielle)

    . Toute déshydratation doit être corrigée rapidement pour restaurer une

    perfusion rénale satisfaisante (schéma national de réhydratation selon le type

    de déshydratation).

    . Débuter par l’administration de 20 ml/kg de sérum physiologique ou de

    solutés isotoniques sans potassium en 1 à 2 heures.

    42

  • 3-2. Maintien d’une volémie efficace / Remplissage vasculaire

    . En cas d’IRA fonctionnelle, la correction de l’hypovolémie permet la reprise de

    la diurèse en quelques heures.

    . Le rétablissement d’une volémie normale est indispensable à la récupération

    les atteintes tubulaires installées.

    . Devant une hypovolémie et d’une IRA pré-rénale confirmée ou imminente :

    - Remplissage intraveineux vigoureux avec une solution saline normale (10

    à 20 ml / kg sur 30 min, à renouveler deux fois si nécessaire, jusqu'à ce

    que la miction soit rétablie), tout en évitant une hydratation excessive.

    - Il est parfois nécessaire de répéter le remplissage vasculaire

    éventuellement avec de l’albumine à 4 % à la même dose (20ml/kg en 1

    à 2 h). Le remplissage doit être arrêté avant l’apparition de signes de

    surcharge.

    - Chez les enfants qui ne réagissent pas au seul remplissage vasculaire, il

    est essentiel de préserver la tension artérielle et la perfusion rénale avec

    des agents inotropes appropriés pour prévenir l'IRA.

    3-3. Préservation du parenchyme rénal

    a. Adaptation des doses des médicaments

    . La toxicité médicamenteuse peut aggraver une lésion rénale

    préexistante.

    . Elle peut être évitée en surveillant de près la fonction rénale et en

    ajustant la dose en fonction de son évolution.

    . Les précautions nécessaires pour prévenir l’aggravation d’une IRA

    préexistante ou infra-clinique sont variables selon le type, le mode

    d’action et l’effet direct du médicament sur le parenchyme rénal (Tab. 2).

    43

  • Type de médicament Effet sur le parenchyme

    rénal

    Mesures préventives

    Antibiotique

    Antiviraux

    Amphotéricine B

    Surdosage

    Cristallisation tubulaire

    Nécrose tubulaire aiguë

    Vasoconstriction rénale

    Espacement des doses

    Hyperhydratation

    Charge hydro-sodée.

    Tab.2 Mode d’action et l’effet direct du médicament sur le parenchyme rénal

    • En pratique :

    . La posologie journalière de certains médicaments tels que les antibiotiques

    doit être adaptée à la fonction rénale.

    . Si la prescription est prolongée (> 48 h), la dose journalière doit être adaptée

    aux concentrations résiduelles.

    . Une bonne hydratation voire hyperhydratation est indiquée pour tous les

    médicaments néphrotoxiques.

    . Concernant les Aminosides :

    - La toxicité rénale et auditive des aminosides avec 2 injections par jour est

    connue

    - Une exposition longue augmente la survenue d’IRA, donc il faut limiter

    Leur utilisation à 3 jours, ce qui couvre la phase la plus aiguë en cas de

    sepsis tout en limitant la toxicité.

    - Les recommandations KDIGO de 2012 pour les aminosides sont :

    . De ne pas utiliser les aminosides pour le traitement des infections, à

    moins qu'il n'existe aucune alternative thérapeutique appropriée et

    moins néphrotoxique.

    . Chez les patients dont la fonction rénale est normale, les aminosides

    doivent être administrés en dose unique par jour.

    . Surveiller les taux sériques des aminosides lorsqu’ils sont donnés en

    dose unique par jour pendant plus de 48 heures.

    . Utiliser les voies locales d’aminosides (p. Ex. Aérosol, instillations),

    plutôt que la voie IV lorsque cela est indiqué et réalisable.

    44

  • . Pour l’amphotéricine B Les recommandations KDIGO de 2012 sont :

    . Utiliser des formules lipidiques plutôt que des formules classiques.

    . Dans les mycoses systémiques ou les infections parasitaires, utiliser des

    antifongiques azolés et / ou les échinocandines plutôt que l’amphotéricine

    B conventionnelle, si l’efficacité thérapeutique est identique.

    . Autres médicaments

    . Il faut probablement éviter les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS),

    les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC) et les antagonistes des

    récepteurs de l'angiotensine 2 (ARA 2) chez les patients à risque d'IRA.

    b. Néphropathie au produit de contraste

    . Elle est en rapport avec une vasoconstriction rénale induite par l’endotheline-I

    à l’origine d’une lésion tubulaire pouvant évoluer vers une nécrose tubulaire

    aiguë.

    . La prévention passe par :

    - L’évaluation du rapport risque/bénéfice de l’examen pour le patient à

    risque et l’étude de techniques alternatives non néphrotoxiques.

    - Si l’administration de produit de contraste ne peut être évitée, il est

    indispensable d’en prévenir la toxicité par :

    . L’arrêt préalable des AINS et des diurétiques afin de maintenir

    une bonne perfusion rénale.

    . Une hydratation correcte orale ou par perfusion IV de soluté

    isotonique à raison de 1 ml/kg/h pendant les 12 h précédant

    l’examen et les 12 h qui suivent.

    . Eviter les produits de contraste hyperosmolaires

    . Utiliser des produits de contraste iodés iso ou faiblement

    osmolaires, en limitant le volume administré et respecter le délai

    de 48-72 h entre 2 examens successifs.

    . Utiliser la plus petite dose de produit de contraste nécessaire

    pour une procédure optimale.

    45

  • 3-4. Interventions spécifiques

    ✓ Syndrome de lyse tumorale

    . Conséquences cliniques de la destruction massive de cellules tumorales

    avec libération brutale de substances intracellulaires dans le milieu

    extra-cellulaire comme le potassium et l’acide urique, dépassant les

    capacités d’excrétion de l’organisme.

    . Atteinte rénale par précipitation tubulaire d’acide urique à l’origine

    d’une inflammation et d’une oxydation responsable d’une dysfonction

    tubulaire avec cumul de ces substances dans l’organisme.

    . Risque vital : survenue brutale d’une hyperkaliémie responsable de

    troubles du rythme.

    . Prévention :

    - Hyperhydratation par la perfusion d’une solution glucosée de 2,5

    à 3 L /m2/ 24 h afin d’obtenir une diurèse supérieure à 2 ml/kg/h.

    - Autres mesures préventives :

    . Alcalinisation des urines par le bicarbonate de sodium qui

    prévient la précipitation tubulaire des cristaux d’urate.

    . Allopurinol et la rasburicase limitent la production d’acide urique.

    - Allopurinol en 1ère intention : risque faible à intermédiaire de

    lyse tumorale.

    - Rasburicase trouve sont indication en cas de risque élevé

    ✓ Asphyxie périnatale

    . Chez le nouveau-né présentant une asphyxie périnatale sévère, le

    risque d’IRA étant élevé, les KDIGO recommandent d’administrer une

    dose unique de théophylline.

    3-5. Interventions de bénéfices incertains

    . Certains médicaments ont étés utilisés dans le cadre de la prévention de l’IRA

    mais leur utilité n’a pas été établie. Il s’agit des diurétiques de l'anse,

    mannitol, dopamine à faible dose, fenoldopam, peptide atrial natriurétique et

    N-acétylcystéine. Pour ces médicaments les recommandations KDIGO de 2012

    sont de ne pas les utiliser pour traiter ou prévenir une IRA.

    46

  • Pour en savoir plus:

    1. N Schwotzer , M Burnier. S Kissling - Mesures préventives de l’insuffisance rénale aiguë. Rev Med Suisse 2016 ; 12 : 393-7.

    2. K. Klouche · D. Sandapa · H. Barrau · O. Jonquet - Insuffisance rénale aiguë en réanimation — Prévention et traitement. Réanimation (2011) 20:S552-S559.

    3. Ramesh Venkataraman, John A. Kellum - Prevention of Acute Renal Failure. Critical Care Clinics ; 2005. 21(2):281-9.

    4. Mas-Font S, Ros-Martinez J, Pérez-Calvo C, Villa-Díaz P, Aldunate-Calvo S, Moreno-Clari E - Prevention of acute kidney injury in Intensive Care Units. Med Intensiva. 2017 Mar; 41(2): 116-126.

    5. Leow EH, Chan YH, Ng YH, Lim JKB, Nakao M, Lee JH - Prevention of Acute Kidney Injury in Children Undergoing Cardiac Surgery: A Narrative Review. World J Pediatr Congenit Heart Surg. 2018; 9:79-90.

    6. Brincat S, Hilton R. Prevention of acute kidney injury. Br J Hosp Med (Lond). 2008 Aug; 69(8) :450-4.

    7. Heeyeon Cho. Prevention of Pediatric Acute Kidney Injury. Child Kidney Dis 2015; 19(2): 71-78.

    8. Bailey D, Phan V, Litalien C, Ducruet T, Mérouani A, Lacroix J, et al. Risk factors of acute renal failure in critically ill children: A prospective descriptive epidemiological study. Pediatr Crit Care Med. 2007; 8: 29-35.

    9. Kellum JA, Lameire N - KDIGO AKI Guideline Work Group. Diagnosis, evaluation, and management of acute kidney injury: a KDIGO summary (Part 1). Crit Care. 2013; 17: 204.

    10. Devarajan P. Proteomics for biomarker discovery in acute kidney injury. Semin Nephrol. 2007;27: 637-51.

    11. Du Y, Zappitelli M, Mian A, Bennett M, Ma Q, Devarajan P, et al. Urinary biomarkers to detect acute kidney injury in the pediatric emergency center. Pediatr Nephrol. 2011; 26: 267-74.

    12. Goldstein SL. Fluid management in acute kidney injury. J Intensive Care Med. 2014; 29:183–9.

    13. Moffett BS, Goldstein SL. Acute kidney injury and increasing nephrotoxic-medication exposure in noncritically-ill children. Clin J Am Soc Nephrol 2011; 6:856–63.

    14. Wargo KA, Edwards J. Aminoglycoside-induced nephrotoxicity. J Pharm Pract 2014; 27:573-7

    15. Picard W, Bazin F, Clouzeau B, et al. Propensity-based study of aminoglycoside nephrotoxicity in patients with severe sepsis or septic shock. Antimicrob Agents Chemother 2014; 58:7468-74

    47

  • 48