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www.pwc.fr/assurance
Pourquoi votre allocation d’actifs va profondément changer dans les prochaines années
Octobre 2014
Solvabilité 2
De nouveaux leviers pour l’allocation d’actifs
Remerciements 3
Introduction 5
Pourquoi les assureurs vont se recentrer sur certains actifs 6 Ce qui change avec Solvabilité 2 7 Ce que cela va changer dans le choix des placements 10
Pourquoi l’offre des Asset Managers doit évoluer 14 Vers de nouveaux services 15 Vers des offres sur-mesure 16
Conclusion 21
Contacts 24
Sommaire
2
3
Nous tenons à remercier les membres du Club « Solvabilité 2 » pour leur participation à cet ouvrage, ainsi que l’ensemble des professionnels impliqués dans les échanges qui nous ont permis de mener à bien cette réflexion sur l’évolution probable de la gestion d’actifs en lien avec l’évolution réglementaire du monde de l’assurance, dite Solvabilité 2.
Nous remercions tout particulièrement les trois professionnels qui ont accepté de témoigner dans ce livret :
• Valérie Deppe, directrice Financière en charge de la Solvabilité, chez ACMN Vie.
• Thibault Guénée, responsable de l’offre Produits Compagnies Assurance et Institutionnels, chez CACEIS.
• Alban Jarry, directeur de programme Solvabilité 2, à La Mutuelle Générale, troisième mutuelle française, mais également membre du bureau du club Ampère.
Remerciements
Qu’est-ce que le Club Ampère
Le Club Ampère (Asset Management Performance & Reporting) est une association réunissant des sociétés de gestion autour des questions de reporting.
Pour en savoir plus http://www.clubampere.org/
5
Le moment charnière est arrivé : au centre des débats depuis plusieurs années, l’évolution réglementaire dite de « Solvabilité 2 » va faire sentir ses effets à partir du 1er janvier 2016, non seulement sur le monde de l’assurance, mais aussi sur celui de la gestion d’actifs.
En effet, cette nouvelle réglementation, dont le principal objectif est de mieux protéger les assurés contre le risque de faillite de l’assureur, va obliger les compagnies d’assurance à bien connaître et à mieux gérer leurs risques. Concrètement, elle va les conduire à modifier profondément leur politique d’allocation d’actifs et à mettre en place de nouveaux modèles de gestion. Les derniers développements des textes réglementaires – pas encore définitifs à ce jour – changent profondément les calculs de ratios de solvabilité. Les assureurs vont être incités à modifier leurs structures et allocations d’actifs pour rechercher des solutions optimales. D’autant que les priorités d’investissement ont évolué : les récentes crises de la Zone Euro ont modifié la perception du risque obligataire souverain et les assureurs ont aujourd’hui le souhait de financer directement l’économie réelle.
La nouvelle réglementation va aussi conduire à une évolution des relations entre les différents acteurs. Les Asset Managers devront être beaucoup plus proches de leurs clients - assureurs, courtiers, mutuelles ou institutions de prévoyance - dans la mesure où la connaissance de leur passif pourrait bientôt devenir un élément essentiel des stratégies de gestion.
Si ces évolutions représentent de véritables défis, tant pour les assureurs que pour les Asset Managers, elles constituent également une source d’opportunités : les assureurs qui sauront rapidement repenser leur allocation d’actifs pour optimiser leur ratio de solvabilité gagneront sans aucun doute un avantage concurrentiel. Côté Asset Managers ? Le marché s’offrira bientôt à ceux qui proposeront une offre adaptée à la nouvelle donne, assortie de services sur-mesure et diversifiés. Éric Dupont Jimmy ZouAssocié PwC Associé Pwc
Introduction
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Plus que tout autre sujet, c’est la « transparisation » qui risque bien d’influencer les décisions des assureurs en matière d’investissement. De quoi s’agit-il ? La transparisation impose de détailler les positions des fonds détenus, ligne par ligne, en montants et caractéristiques. C’est à partir de ces données que sera calculé le nouvel SCR exigé des assureurs. Si le principe est simple, la mise en œuvre se corse dès lors qu’un fonds détient lui-même d’autres fonds : il faut démonter alors l’ensemble de la chaîne pour retrouver les positions réelles.
L’obligation de transparence porte sur toutes les expositions directes et indirectes. Les textes demandent que soient identifiés tous les risques « matériels », c’est-à-dire les risques « susceptibles de modifier les décisions des personnes utilisant ces calculs ou les états correspondants », en particulier parmi les autorités prudentielles.
Ce qui change avec Solvabilité 2
Accord du trilogue
nov. 2013
ITS set 1avril 2014
ITS set 2déc. 2014
Publication Guidelines set 2juil. 2015
Envoi ITS1 à la CEoct. 2014
Envoi ITS2 à la CEjuin 2015
Entrée en vigueur de Solvabilité 21er janvier 2016
Guidelines set 1
juin 2014
Publication Mesures de
niveau 2août 2014
Publication Guidelines set 1fév. 2014
2013 2014 2015 2016
Un paysage réglementaire encore très évolutif
Beaucoup de textes sont encore à venir, et de nombreux textes sont provisoires, notamment parmi les mesures de niveau 2… On peut craindre que jusqu’à mi-2015, les derniers textes ne soient pas arrêtés. Les analyses faites à ce jour s’appuient sur des textes et des spécifications rédigés entre mars et avril 2014, mais tout peut encore évoluer.
8
Tous les fonds sont concernés, même les plus petits ou les fonds spécifiques, comme les holdings immobilières. S’ils ne sont pas en mesure de fournir les éléments, la compagnie d’assurance devra se donner les moyens d’obtenir les informations. Concrètement, cette règle va influer sur les relations entre assureurs et sociétés de gestion : on risque de voir apparaître de nouvelles clauses dans les mandats, pour garantir aux assureurs l’obtention des informations dans les délais prévus, soit quelques jours après l’arrêté concerné.
En pratique, il existe deux exceptions à la transparisation. La première porte sur les instruments de couverture, qui ne doivent pas être regardés en transparence car les risques sous-jacents ont déjà été identifiés et mesurés dans le bilan Solvabilité 2. Cette
exception ne s’applique, toutefois, que si les conditions de la couverture sont bien respectées (voir encadré page 11).
Seconde exception, les nouveaux textes admettent que, dans un certain nombre de cas, la transparence ne soit pas possible. Il est alors possible de recourir à la notion de « mandat » ou « d’objectif de gestion », à la condition de respecter trois conditions. Ainsi, la gestion sous mandat ne peut représenter plus de 20% des actifs de la compagnie d’assurance. Par ailleurs, la stratégie du fonds doit être disponible et publique. Enfin, le mandat de gestion doit être strictement respecté. Et attention, alors, au risque de concentration, car tous les titres « sous mandat » sont traités dans un même ensemble.
Qu’est-ce que le « SCR » ?
Le « SCR » (pour « Solvency Capital Requirement ») est une exigence de fonds propres imposée par la réglementation Solvabilité 2 pour couvrir l’ensemble des risques identifiés au niveau de la compagnie d’assurance. Elle correspond à une « value at risk » des actifs et passifs avec un niveau de confiance de 99,5% sur une période de 1 an. L’objectif est de s’assurer que, même en cas de crise majeure, la probabilité de faillite de l’assureur reste inférieure à 0,5%. Son calcul s’effectue à partir du bilan économique de la compagnie, en fonction de l’exposition réelle représentée par les actifs et passifs de l’entreprise, valorisés en valeur de marché (selon la définition de la norme comptable internationale IFRS 13), et soumis à un choc économique.
Adj Op
Interestrate CAT
CAT
CAT
EquityMortality
Mortality
PropertyLongevity
Longevity
LapseSpread Disability
Morbidity
DisabilityMorbidity
Premium Reserve
Premium Reserve
CurrencyLapse
Lapse
Lapse
Expenses
Expenses
Revision= included in the adjustment for the loss - absorbing capacity of technical provisions under the modular approach
SCR
Health Non-lifeMarket
Concen- tration
SLTHealth
Revision
Non-SLTHealth
Life
BSCR
Default Intang
TÉMOIGNAGE de Thibault Guénée, Responsable de l’offre Produits Compagnies Assurance et Institutionnels, chez CACEIS
« Les sociétés de gestion doivent devenir de plus en plus collaboratives, notamment en matière de transparisation, au risque de perdre leurs clients. »
9
La notion de « mandat » est acceptée mais c’est une mesure de tolérance et la transparence complète est à préférer.
Marie-Christine Jetil, PwC
“ “
Quel choc appliquer aux différents actifs dans le calcul du SCR (selon les textes actuels) ?
Obligations d’état françaises (courbes de référence du 25/08/14)
De 0% à 20% en fonction de : - La maturité des obligations - La duration du passif
Obligations Corporate De 0 à 50 % en fonction de : - La maturité des obligations - La qualité de crédit des émetteurs - La présence de dérivés de crédit - La collatéralisation des obligations
Participations stratégiques 22 %
Immobilier 25 %
Actions type 1 – actions cotées, fonds d’investissement européen de long terme / fonds d’entreprenariat social, AIF fermé établi ou commercialisé dans l’union européenne (sans effet de levier)
39 %
Actions type 2 – toutes les autres, ie actions non cotées ou cotées en dehors de l’OCDE, hedge funds, autres fonds.
49 %
Les actions bénéficiant de la « clause de grand-père » - pour toutes les actions achetées avant le 1er janvier 2016.
22 % - avec une convergence jusqu’en 2023 pour arriver au SCR normal des actions concernées
TÉMOIGNAGE de Valérie Deppe, Directrice financière en charge de la Solvabilité, chez ACMN Vie
« Le problème n’est pas la transparisation, mais ce que l’on peut ensuite implémenter dans nos modèles ».
« L’exercice de transparisation que nous avons mené sur notre portefeuille a révélé des complexités de traitement sur des fonds ou des supports incluant des dérivés. En fait, nous sommes limités non pas par la transparisation elle-même, mais par ce qu’on peut en faire, ensuite, dans notre modèle ALM. En effet, bien que notre modèle soit multidimensionnels et permettre de projeter simultanément plusieurs vecteurs de risque (taux, actions, immobilier), il est difficile de reproduire le comportement de stratégies optionnelles par exemple. »
Ce qu’il faut savoir sur la “transparence” ou “transparisation”• L’approche par transparence concerne tous les fonds
d’investissement, qu’ils soient utilisés comme des supports de contrats en unités de compte ou non, sous réserve de la possibilité d’application de l’objectif de gestion.
• En cas de fonds de fonds, il est nécessaire d’aller jusqu’au niveau permettant d’appréhender tous les risques matériels.
• L’approche par transparence est obligatoire pour le risque immobilier, qu’il s’agisse de SCI ou de fonds.
• En cas d’utilisation de l’« objectif de gestion », les regroupements d’actifs doivent être effectués de façon prudente (regroupement par duration par exemple).
• L’approche par transparence ne concerne pas les instruments de couverture.
10
Les placements qui risquent de devenir moins attractifs...
Les fonds de fonds Compte tenu de la complexité de la transparisation à plusieurs niveaux, les assureurs pourraient être tentés d’évoluer vers une gestion simple, avec des fonds ou mandats détenus en lignes directes.
Les actions non cotées Avec un choc à 49%, ces titres coûteront trop cher en SCR pour être susceptibles de séduire les assureurs. Si, pour des
raisons diverses, on ne peut appliquer la transparisation, on pourra toujours utiliser le choc, mais il y a une sorte d’inversion de la charge de la preuve : il va falloir expliquer pourquoi la « transparisation » est impossible sur cette catégorie de placements.
La gestion « sous mandat » Elle pèse sur le risque de concentration de la compagnie d’assurance, puisque les actifs sous mandat sont classés dans une seule et même catégorie, comme s’ils étaient émis par un seul émetteur…
Les obligations : une composante essentielle dans l’allocation des fonds en euros des assureurs
TÉMOIGNAGE de Valérie Deppe, Directrice financière en charge de la Solvabilité, chez ACMN Vie
« Est-ce que cela change notre appétit vis-à-vis de certains fonds ? Oui, si nous n’arriverons pas à reproduire clairement dans notre modèle leur comportement. Il va falloir discuter avec les Asset Managers pour avoir des stratégies de gestion réplicables. Sinon, l’économie de SCR annoncée restera théorique »
Actions Obligations Prêt Liquidités Immobilier Gestionalternative
Private equity
Infrastructures Autresalternatives
Fonds diversifiés
Autres
2010 2011 2012
Répartition du portefeuille global des investisseurs institutionnels (%)Source : Af2i 2013
1311 12
7271
73
57
64 4 41 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 0 0 0 0 1
21 2 2
1
Ce que cela va changer dans le choix des placements
11
Les fonds ouverts La pérennité des fonds ouverts semble remise en cause, car l’objectif étant in fine de protéger les particuliers, les contraintes réglementaires ne seront jamais allégées. Il est difficile sur ces fonds de récupérer les inventaires et les problématiques juridiques sont importantes. La transparence implique des contrats tripartites avec les fournisseurs de données, les sociétés de gestion et les dépositaires. Compte tenu des difficultés juridiques qui s’ajoutent aux problématiques opérationnelles, les assureurs peuvent être tentés de choisir d’autres formats que les fonds ouverts.
Les ETF Les ETF (Exchanged Traded Funds) synthétiques - construits avec un panier de valeurs et un swap qui permet de reproduire les performances d’un indice - posent également quelques problèmes. En effet, dans l’état actuel des textes, le swap doit être soit démonté (c’est-à-dire qu’il faut constater chacune des parties le constituant à l’actif et au passif), soit enregistré sous la forme du « mandat de gestion », ce qui pose des soucis de consolidation (voir tableau page 9).
Les OPCVM Si le rendement des OPCVM peut actuellement sembler attractif, les titres détenus à travers cet instrument ne peuvent bénéficier du choc à 22% de la clause dite « de grand-père », et doivent donc supporter des chocs à 39 ou 49%, selon leur type (voir tableau page 9).
Les obligations crédit corporate de rating intermédiaire (A et BBB) et de maturité élevée Elles peuvent avoir des variations de SCR très fortes d’une année sur l’autre, de façon cyclique. En effet, ces titres voient leur SCR ajusté en fonction de la conjoncture économique : en période de croissance économique, elles voient leur SCR diminuer avec les nouveaux Delegated Acts, tandis qu’en période de crise économique (2008) elles voient leur SCR augmenter. Concrètement, cela peut entraîner des opérations de réallocation d’actifs chez les assureurs soucieux quant à la stabilité de leur SCR et générer d’important coûts de transactions.
TÉMOIGNAGE de Alban Jarry, Directeur de programme Solvabilité 2, à la Mutuelle Générale troisième mutuelle
française, mais également membre du bureau du club Ampère et Vice-Président de XBRL France
« Lorsque l’on étudie les conséquences de Solvabilité 2 sur la transparisation de l’actif, dès lors que le nombre de fonds ouverts est significatif, le nombre de lignes à analyser devient rapidement exponentiel pour correspondre aux critères réglementaires de qualité et traçabilité de l’information. A titre d’exemple, La Mutuelle Générale avait environ 80 fonds et, en transparence, cela représentait plus de 17.000 lignes. Le volume de ces lignes entraîne chez tous les acteurs une complexité dans le suivi des risques et des coûts très importants pour obtenir les caractéristiques nécessaires aux calculs de SCR. »
Ce qu’il faut savoir sur les opérations de couverture
Quels sont les critères ?
Pour les instruments financiers
• La compagnie d’assurance doit avoir la capacité de piloter les contrats et la protection apportée, de façon continue.
• La protection doit être effective pour 12 mois au minimum, sinon, la couverture n’est retenue que partiellement.
• Les « rollings » ou remplacements de contrats sont autorisés (contrats de 3 mois minimum) sous conditions.
• L’instrument ne doit pas créer de nouveaux risques significatifs et tous les risques sont pris en compte dans le SCR (risque de défaut de la contrepartie notamment).
• Une protection est jugée efficace si sa valorisation évolue exactement dans le sens inverse à celui de l’élément couvert et ce quels que soient les scénarios.
• La qualité de crédit de la contrepartie doit être de Step 3 minimum.
Pour les collatéraux
• Un transfert de propriété complet n’est pas exigé : il suffit que le droit constatant la protection soit établi (par exemple, à travers un nantissement).
• Il faut un droit de liquider le collatéral en cas de défaut ou d’événement de crédit.
• La liquidité doit être garantie par une contrepartie dont le risque de concentration est nul. Soit, en pratique, les gouvernements européens, la BCE, ou certaines organisations internationales.
• Ne peut pas être constitué de titres de la contrepartie.
• Possibilité de compte ségrégué chez un dépositaire (step 3 minimum).
TÉMOIGNAGE de Valérie Deppe, Directrice financière en charge de la Solvabilité, chez ACMN Vie
« La clause transitoire à 22 % sur les actions ne s’appliquera peut-être pas à tous les portefeuilles. Dans une structure où, comme chez nous, la majeure partie des actions sont détenues sous forme d’OPCVM, elle ne peut pas s’appliquer car il est évident qu’on ne va pas demander au gérant de ne pas faire tourner le portefeuille. »
Répartition du portefeuille global des investisseurs institutionnels (%)Source : Af2i 2013
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Les placements qui vont être privilégiés...
Les actions Dans le cadre de la clause dite « de grand-père », le choc applicable aux actions est limité à 22% à la condition que les titres aient été acquis avant le 1er janvier 2016. Un taux qui rend ces titres attractifs, surtout dans la conjoncture actuelle. A terme ? En théorie, les actions acquises sous cette clause devraient converger vers leur niveau de choc normal à l’horizon 2023, toutefois les professionnels estiment que si beaucoup d’assureurs jouent la clause de grand-père, elle pourrait bien être prolongée au-delà de 2023.
En théorie, les actions pourraient souffrir actuellement de l’effet Dampener (voir encadré), mais ce dernier semble tempéré par l’effet rentabilité constaté.
2000
3000
4000
5000
6000
7000
25%
30%
35%
40%
45%
50%
55%Evolution du SCR sur le CAC 40
Evolutions respectives du CAC 40 et de sa moyenne mobile 36 mois
CAC40
MAVG 36 Months
TÉMOIGNAGE de Valérie Deppe, Directrice financière en charge de la Solvabilité, chez ACMN Vie
« La part action a été maintenue malgré la pénalité de l’effet Dampener, car il y a aussi un effet « richesse latente » : nous avons un matelas d’absorption grâce aux bons rendements des dernières années. »
Introduit en 2008, l’effet Dampener permet aux assureurs d’éviter la double peine en cas de forte baisse des actions en limitant l’accroissement de leur SCR grâce à un mécanisme contra-cyclique. En période de croissance, à l’inverse, la baisse du SCR sera limitée : l’effet contracyclique devient pénalisant – de l’ordre de 10% à l’heure actuelle, comme on peut le voir sur le schéma.
Application de l’effet Dampener sur le CAC 40
La prise en compte des contraintes Solvabilité 2 conduira les Asset Managers à proposer aux assureurs des fonds contenant une proportion sensiblement plus forte d’actifs immobiliers.Tristan Eskinazi, PwC
“ “
13
Les fonds de prêts à l’économie Très en vogue, ces nouveaux fonds se répartissent en deux types de structures : soit des fonds traditionnels d’investissement et soit des fonds communs de titrisation (mais pas au sens de Solvabilité 2, qui implique une subordination par tranche). Ce sont des produits plutôt avantageux en termes de SCR. D’autant que la réglementation assurance a été modifiée pour leur laisser une place plus importante, avec une possibilité d’agrément pour aller au-delà des 5% du quota initial. Attention toutefois, il y a des contraintes de liquidité pour les fonds traditionnels. Les fonds de titrisation étant, quant à eux, comptabilisés au coût historique, impliquent la mise en place des systèmes de valorisation au moins trimestriels. Et, pour que le fonds soit éligible à l’actif de la compagnie d’assurance, il faut que cette valorisation soit certifiée par un expert indépendant, qui peut être son commissaire aux comptes.
Fonds stratégiques de participation C’est un produit très intéressant car il bénéficie d’un choc limité à 22%. Mais attention, il faut réellement pouvoir
démontrer que la participation est stratégique pour la Compagnie d’assurance, ce qui passe par la valorisation de la volatilité du titre, qui doit être plus faible que celle des titres que l’on trouve sur le marché, avec des contraintes de documentation assez importantes. Il faut aussi un lien durable entre la participation et la compagnie d’assurance.
L’immobilier Il y a une obligation de transparence pour les holdings et les OPC /SCI, etc., mais les immeubles, propriétés, droits immobiliers, fonds et SCI bénéficient d’un SCR assez avantageux, avec un choc à la baisse de 25%, appliqué aux actifs nets (moins les dettes) y compris toutes les opérations de couverture, de levier, etc.
TÉMOIGNAGE de Alban Jarry, Directeur de programme Solvabilité 2, à la Mutuelle Générale
« Lorsque les textes proposent la clause du grand père avec un taux réduit de 22%, l’incitation peut être forte d’en tenir compte dans la gestion d’une poche actions, tout en maitrisant les risques liés à ce type d’actif. Toujours dans un cadre réglementaire, et à plus long terme, il est aussi possible d’opter pour la classification des participations stratégiques en investissant notamment dans des fonds, apparus au cours des dernières années sur le marché, qui facilitent ce type d’investissement. Les choix d’une allocation doivent se faire avec un objectif stratégique à long terme et tenir compte de la structure du passif et de la grille d’allocation validée par la gouvernance. » La clause « du grand-père » permet de bénéficier d’un choc réduit jusqu’en 2023… à condition d’acheter les titres avant le 31 décembre 2015. »
Activitésimmobilières
Immeubles, propriétés, droits
immobiliers, fonds, SCI
Risque immobilier
Sociétés de gestion administrative des immeubles
PromotionGestion locative
Choc actions non cotées (type 2)
Comment traiter le risque des actifs immobiliers
La prise en compte des contraintes Solvabilité 2 conduira les Asset Managers à proposer aux assureurs des fonds contenant une proportion sensiblement plus forte d’actifs immobiliers.Tristan Eskinazi, PwC
“
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Vers de nouveaux servicesUne information croissante L’obligation de transparisation concernant tous les fonds, les assureurs vont exiger une information complète et performante de leurs Asset Managers. Cela va influer sur les relations entre assureurs et sociétés de gestion, avec l’apparition attendue de clauses nouvelles dans les mandats, afin que les assureurs obtiennent les informations dans les délais prévus : quelques jours après l’arrêté concerné.
Une écoute beaucoup plus grande Les Asset Managers doivent prendre en compte les besoins de leurs clients assureurs, ce qui va largement complexifier leur démarche. Aujourd’hui, les Asset Managers sont essentiellement guidés par des contraintes business : ils cherchent à maximiser leurs performances. Les assureurs, quant à eux, tentent de minimiser leur SCR mais chacun a ses propres contraintes en la matière.
TÉMOIGNAGE de Alban Jarry, Directeur de programme Solvabilité 2, à la Mutuelle Générale
« En 2013, La Mutuelle Générale a fait appel d’offre pour choisir ses Asset Managers à la fois sur leur qualité de service ainsi que sur leur capacité à contrôler les risques dans un contexte de Solvabilité 2. Les Asset Managers retenus ont tous montré leur capacité de compréhension des nouveaux besoins assurantiels. La collaboration entre les Asset Managers et les assureurs est essentielle dans le cadre du pilier 2 de solvabilité 2 car les assureurs conservent l’entière responsabilité sur la surveillance de leurs risques. »
Des services d’optimisation de SCR Les Asset Managers vont devoir redéployer les outils de rendement / risque en les adaptant par rapport aux nouvelles contraintes de SCR de leurs clients. En effet, comme le montre le graphique ci-dessous, avec la prise en compte de l’optimisation du SCR, l’allocation d’actifs devient encore plus stratégique pour concilier les objectifs de performance des Asset Managers avec les contraintes réglementaires en matière de besoins de fonds propres des assureurs.
0%
1%
2%
3%
4%
5%
6%
7%
8%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%
Minimisation du SCRContraintes réglementaires de l’assureurMinimisation du SCR
Ensemble des portefeuillesobéissant aux contraintes
de l’assureur
Portefeuille optimal
Frontière efficienteRendement / SCR
Actif1
Actif 2
Actif3Favorable Défavorable
Contraintes B
usiness de l’Asset M
anagerM
aximisation de la perform
ance
Ren
dem
ent
moy
en a
nnua
lisé
SCR Réglementaire
L’allocation d’actifs est soumise à des contraintes diverses et variées
L’Asset Manager doit estimer le SCR maximal toléré par l’assureur.Alix Bakhos, PwC
“ “
16
Alors qu’un même produit pouvait jusqu’à présent satisfaire des clients-assureurs différents, cela ne sera plus le cas dans le nouvel environnement réglementaire. En effet, le SCR d’un assureur ne varie pas qu’en fonction de son actif. Il faut aussi prendre en compte le passif, car pour une même allocation d’actifs, le SCR peut varier considérablement. Prenons l’exemple d’un actif de duration moyenne distribuée selon le schéma 1, et présentant une VaR de 8,41%. S’il est détenu par une compagnie
d’assurances automobile-dommages à duration de passif courte (schéma 2), le SCR affiché sera limité à 3,35%. En revanche, s’il est détenu par une compagnie d’assurance vie, dont le passif a une duration plus longue (voir schéma 3), le SCR atteint un taux de 24,03%. Avec le passif d’un régime de retraite (voir schéma 4), le SCR atteindra près de 35%, révélant ainsi que l’obligataire peut être aussi risqué que les actions s’il n’est pas adapté au passif de la Compagnie d’assurances.
Vers des offres sur-mesure
TÉMOIGNAGE de Valérie Deppe, Directrice financière en charge de la Solvabilité, chez ACMN Vie
« La plupart des assureurs n’ont pas aujourd’hui les outils pour suivre au jour le jour leur SCR. Les Asset Managers doivent donc faire simple : nos modèles épargne sont multidimensionnels et cherchent à simuler de complexes interactions actif / passif. »
Le SCR d’une même allocation varie considérablement en fonction du passif
Actif : Duration moyenne (schéma 1)
0%
2%
4%
6%
8%
10%
0 20 40 60 80
Dis
trib
utio
n
Duration (en années)
Distribution de l’actif
Passif : Assurance dommages matériels à duration courte (schéma 2)
0 20 40 60 80
Dis
trib
utio
n
Duration (en années)
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Distribution du passif
Passif : Régime de retraite à duration très longue (schéma 4)
Distribution du passif
0%1%1%2%2%3%
0 20 40 60 80
Dis
trib
utio
n
Duration (en années)
Passif : Assurance Vie à duration longue (schéma 3)
Distribution du passif
Dis
trib
utio
n
0%1%1%2%2%3%
0 20 40 60 80
17
En outre, l’Asset Manager doit aussi connaître l’évolution dans le temps du passif de l’assureur. En effet, un adossement parfait de l’actif et du passif est rarement stable dans le temps.
(Schéma 6)
TÉMOIGNAGE de Thibault Guénée, Responsable de l’offre Produits Compagnies Assurance et Institutionnels, chez CACEIS
« La transparisation est devenue obligatoire pour tous les placements collectifs. Les « Assets Servicers » comme CACEIS, qui valorisent plus de 50% du marché français, sont à même de fournir des inventaires valorisés avec une donnée exhaustive de qualité fiable et contrôlée. Pour cela nous avons deux services dédiés, qui sont l’administration de fonds et le data management. Ils peuvent soit opérer la « transparisation », soit enrichir les données par un contrôle, même si la redistribution de la donnée peut être assez problématique, car le coût est loin d’être négligeable. »
(Schéma 5)
800%
1%
2%
3%
0 20 40 60
Dis
trib
utio
n
Duration (en années)
Distribution de l’actif
Prenons l’exemple d’une société d’assurance qui affiche un actif (schéma 5) et un passif (schéma 6) en adéquation parfaite, permettant
Le SCR évolue dans le temps en fonction de l’adossement actif/passif
un SCR taux de 0 (schéma 7) au prix toutefois d’un sacrifice de la VaR, qui s’affichera à près de 30%.
(Schéma 7)
-0,3%
-0,2%
-0,1%
0,1%
0,2%
0,3%
Cho
c
Duration (en années)
Distribution des chocs
à la hausse des taux (passif à T)
0
SCR Taux avant déformation du
passif : 0 %
Dis
trib
utio
n
800%
1%
2%
3%
0 20 40 60Duration (en années)
Distribution du passif à T
0
20 40 60 800,0%0
18
L’enseignement majeur que nous pouvons tirer vient du fait qu’il n’y a pas un produit « passe-partout » et à fortiori pas une allocation « martingale » permettant de répondre à toutes les contraintes. Alix Bakhos, PwC
“ “
Mais en cas de hausse des taux, l’arbitrage naturel par les assurés – notamment vers le livret A – conduira à une déformation du passif de la compagnie, vers le schéma 1. Résultat ? Le SCR taux de la structure, après déformation du passif, s’élève alors à 9,67% (schéma 2).
Un SCR peut se dégrader en cas de déformation du passif
Le couple rendement/VaR n’est pas suffisant pour optimiser son allocation d’actifs
Distribution du passif à t+1
(Schéma 1)
0%
1%
2%
3%
0 20 40 60 80
Dis
trib
utio
n
Duration (en années)
(Schéma 2)
-0,3%
-0,2%
-0,1%
0,1%
0,2%
0,3% SCR Taux aprèsdéforma on du passif : 9,67 %
Distribution des chocsà la hausse des taux (passifs à T+1)
Duration (en années)
Cho
c
0%
1%
2%
3%
4%
0% 10% 20% 30% 40%
Rend
emen
t
0 20 40 60 80
Dura�on : 50
0 20 40 60 80
Dura�on : 35
0 20 40 60 80
Dura�on : 20
0 20 40 60 80
Dura�on : 10
0 20 40 60 80
Dura�on : 5
VaR 99,5%
20 40 60 800,0%
19
Il faudra dorénavant tenir compte du passif de référence. Avec celui correspondant au schéma 3, qui affiche une duration de 35 ans, c’est ainsi l’allocation d’actifs entre 30 et 40 ans qui apparaît comme la plus performante (schéma 4)… Mais seule une approche « sur-mesure » apportera la solution.
TÉMOIGNAGE de Alban Jarry, Directeur de programme Solvabilité 2, à la Mutuelle Générale
« Ces nouvelles réglementation constituent une opportunité
extraordinaire pour tous les acteurs de la chaine dont les Asset Managers : ceux qui seront capables de proposer des produits sur mesure pour répondre aux besoins des assureurs, dans des formats simples, pourront augmenter probablement significativement leurs encours. Les institutionnels sont dans l’attente de solutions qui tiennent compte de l’ensemble de leurs contraintes (comptables, fiscales et réglementaires). Par exemple, il est probable qu’un fonds actions tenant compte de la clause du grand père trouvera des souscripteurs. »
L’allocation devient très compliquée dès lors que l’on intègre trois variables comme le SCR, la VaR et le rendement. Cela implique des calculs extrêmement complexes.Alix Bakhos, PwC
“ “
L’allocation d’actifs optimale dépend de la structure du passif
0%
10%
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40%
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%
VaR
99,5
%
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Dura�on : 5
0 20 40 60 80
Dura�on : 10
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Dura�on : 20
0 20 40 60 80
Dura�on : 35 0 20 40 60 80
Dura�on : 50
30%
SCR
(Schéma 4)
(Schéma 3)
0 20 40 60 80
Dis
trib
utio
n
Duration (en années)
Passif de référence
0%
1%
2%
3%
21
La connaissance de la structure du passif des compagnies d’assurances, mutuelles et instituts de prévoyance va devenir de plus en plus importante pour les Asset Managers. Ces derniers ne peuvent plus travailler sur un plan business comme s’ils étaient seuls, mais devront toujours connaître les besoins et la structure du passif de leurs clients-assureurs.
Les Asset Managers vont donc devoir perfectionner leurs outils d’allocations d’actifs et de Stress Tests afin de mieux modéliser les chocs, aussi bien à l’actif qu’au passif. Ils devront mieux intégrer la gestion multi-contraintes imposée par le passif des assureurs, mais aussi se doter de nouveaux outils pour modéliser les provisions techniques de ces derniers – outils de type Chain Ladder, Buhlmann, etc. Cela leur permettra de mieux anticiper l’évolution des passifs suite à des chocs divers, mais aussi de réfléchir à des offres sur-mesure.
Les assureurs, de leur côté, pourront être amenés à renégocier leurs contrats avec leurs Asset Managers sur la base de nouveaux services : transparisation, reporting, optimisation de SCR, etc.
Autant dire que les deux prochaines années s’annoncent pleines de changements, tant pour les assureurs que pour les Asset Managers. Ceux qui sauront tirer profit de la nouvelle donne ont beaucoup à gagner. Éric Dupont Jimmy ZouAssocié PwC Associé PwC
Conclusion
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