Upload
truongnhi
View
212
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
2 333
Sommaire
Le Diadème de bérylsUne aventure de Sherlock Holmes,
illustrée par Jame’s Prunier.
p. 81LA PETITE FABRIQUE Cuisine de petits gâteaux so british !
p. 74TÉTRAS-DÉLIRETe voilà transformé en détective : sauras-tu résoudre l’énigme de L’Escarboucle bleue ?
p. 64L’AS-TU LU ? L’AS-TU BIEN LU ?
p. 68 DIS-M’EN PLUS
Pour comprendre le contexte de l'histoire : ton dossier sur Londres au temps de Sherlock Holmes.
À pleines pages
p. 3À PLEINES PAGESLe Diadème de béryls
Une aventure de Sherlock Holmes, illustrée par Jame’s Prunier.
Malgré son air tranquille, la maison du banquier Holder a été cambriolée. Sherlock parviendra-t-il à résoudre l'affaire ?
p. 90 LIRE ET SORTIRDes pistes de lecture pour aller plus loin, des idées de sorties pour de nouvelles découvertes.
p. 84DU MONDE ENTIERLes Ailes noires du soupçon
Un conte anglaislibrement inspiré de Francis Bacon, illustré par Cyril Farudja.
Une passion pour l’écriture Né en Écosse, troisième d’une famille de neuf enfants, Arthur Conan Doyle est un garçon imaginatif attiré par la vie aventureuse. Dès ses années de lycée, il amuse ses camarades en rédigeant lui-même le journal de l’école. Puis il entreprend des études de médecine, tout en continuant à publier des nouvelles dans les journaux locaux, qui lui rapportent un peu d’argent. Son diplôme obtenu, il s’embarque comme médecin de bord sur un baleinier qui le conduit jusqu’au Groënland, puis sur un paquebot appareillant pour l’Afrique de l’Ouest. Il met un terme à cette vie d’aventurier en 1885, quand il rentre en Angleterre, ouvre un cabinet, se marie et écrit la première des aventures de Sherlock Holmes, Une étude en rouge, qui va bouleverser sa carrière.
Submergé par le succès Conan Doyle considérait l’écriture comme un agréable passe-temps, mais tout change en 1891, quand les aventures de Sherlock Holmes commencent à paraître dans le Strand Magazine. Après le succès des six premiers récits, le journal accepte de payer des sommes fabuleuses à l’auteur pour qu’il poursuive la série. Conan Doyle abandonne ses activités de médecin et se consacre à la littérature. D’abord accaparé par Sherlock Holmes, il crée ensuite une immense galerie de personnages au fil de ses nombreux recueils de nouvelles : aventuriers, hors-la-loi, héros historiques, savants, tous malheureusement éclipsés par la popularité du célèbre détective.
Le Diadème de béryls
L’AUTEUR L’ŒUVRE
Sir Arthur Conan Doyle
Les débuts de Sherlock HolmesConan Doyle a écrit 56 nouvelles et 4 romans consacrés aux enquêtes de Sherlock Holmes. Le Diadème de béryls fait partie du premier recueil paru sous le titre Les Aventures de Sherlock Holmes. On y découvre, au fil des enquêtes, la personnalité excentrique du détective : gentleman raffiné, il aime pourtant se déguiser pour explorer les bas-fonds de Londres et démasquer les criminels les plus sombres. Son esprit déductif est capable de tirer des conclusions étonnantes des observations les plus banales. Face à lui, le docteur Watson, avec sa logique scientifique, manque un peu d’imagination !
Un personnage au succès indémodableDès la première enquête, les lecteurs ont été séduits par ce personnage de détective à l’intelligence fulgurante, par son style inimitable, par sa capacité à se lancer dans les enquêtes les plus embrouillées, en s’appuyant sur des détails pour démêler le fil de l’affaire. Aussi, quand Conan Doyle fait paraître en 1893 Le Dernier Problème, aventure dans laquelle il « tue » Sherlock Holmes, il reçoit aussitôt des centaines de courriers de lecteurs désespérés le suppliant de poursuivre les aventures du détective. Dix ans plus tard, Conan Doyle ressuscite son héros pour la plus grande joie des lecteurs. Sherlock Holmes devient immortel !
InspIratIons croIsées
Maurice Leblanc est le créateur d'Arsène Lupin, élégant cambrioleur français qui déjoue les enquêtes les plus fines. Contemporain de Conan Doyle et agacé par la popularité du détective anglais, Maurice Leblanc a l’idée de créer un double ridicule, Herlock Sholmès, bien entendu incapable d’arrêter le brillant Arsène !
À pleines pages
54
né en 1859, mort en 1930
plus de 200 romans et nouvelles
Comme le personnage du docteur Watson, Conan Doyle fut médecin avant de se consacrer à
la littérature.
+
Royaume-Uni
Du même auteur tu peux lire :
Les Aventures du Brigadier Gérard, des nouvelles retraçant les exploits d’un hussard de Napoléon Ier. Ce nouveau d’Artagnan raconte lui-même ses aventures de jeunesse, pleines de panache et d’humour. Brave, téméraire, joli cœur, le héros se retrouve souvent dans des situations inextricables, dont seul son courage parvient à le sortir.
+
« Le monde est plein de choses évidentes que personne ne remarque jamais. »
Le Chien des Baskerville
9
déshonoré pour rien !
8
Le Diadème de béryls
«Mon cher Holmes, dis-je un matin en regardant
par la fenêtre, voilà un fou qui passe dans la rue.
C’est vraiment fâcheux que ses proches le laissent
sortir seul. »
Mon ami se leva paresseusement, les mains dans les
poches de sa robe de chambre, et s’approcha de moi pour
regarder par-dessus mon épaule. C’était par une belle
matinée de février ; le froid était piquant et la neige de
la veille, couvrant encore le sol, étincelait au pâle soleil
d’hiver. Au milieu de la rue, elle avait été piétinée et
foulée et était devenue brunâtre ; mais sur les bords, et
sur les tas où on l’avait rejetée pour dégager les trottoirs,
elle était immaculée. Les dalles grises avaient été ba-
layées et grattées, mais restaient très glissantes, de sorte
qu’on évitait d’y passer. De fait, dans la direction de la
station du métropolitain, on ne voyait venir personne
excepté l’individu dont l’allure excentrique avait attiré
mon attention.
C’était un homme d’environ cinquante ans, grand,
massif et imposant, au visage large, aux traits vigoureux.
Sa mise était sévère mais soignée : une redingote noire,
un chapeau irréprochable, des guêtres brunes et un
pantalon gris perle de coupe excellente. Cependant ses
actions étaient en contradiction absolue avec la dignité
de sa personne et de sa mise, car il courait de toutes ses
forces, faisant de temps en temps un petit saut, comme
un homme fatigué et qui n’est pas habitué à marcher
au pas de course. Tout en courant il gesticulait avec les
mains, secouait la tête et faisait les grimaces les plus
extraordinaires.
« Que diable peut-il bien avoir ? Il regarde les numéros
des maisons.
– Je crois qu’il vient ici, dit Holmes en se frottant les
mains.
Les aventures de Sherlock Holmes sont toujours racontées par son fidèle ami le Docteur Watson.
1. L’écrin
de maroquin
Immaculé : d’un blanc pur.
Métropolitain : métro. Excentrique : inhabituel, extravagant.
Mise : vêtements. Redingote : élégant vêtement masculin, entre la veste et le manteau.Guêtres : pièces qu’on attachait sur les chaussures pour les protéger de la boue.
10
voleur et je me suis
– Ici ?
– Oui, j’ai comme une idée qu’il vient me consulter. Il
me semble reconnaître les symptômes de la plus grande
perplexité. Ah ! ne vous l’avais-je pas dit ? »
L’homme, en effet, tout essoufflé, courait droit sur la
porte, saisissait la sonnette dont les tintements réson-
nèrent bientôt dans toute la maison. Un instant après, il
était dans la pièce, toujours essoufflé, toujours gesticulant,
mais avec une telle expression de chagrin et de désespoir,
que, cessant de rire, nous fûmes saisis d’horreur et de pitié.
Pendant quelques minutes il lui fut impossible de parler ;
il se balançait de droite à gauche et s’arrachait les cheveux
comme un homme qui a perdu la raison... Puis soudain,
se levant d’un bond, il se jeta la tête contre le mur avec
une telle violence que nous dûmes nous précipiter sur
lui et le garder de force au milieu de la pièce. Sherlock
Holmes le fit asseoir dans un fauteuil, se plaça à côté de
lui, et lui frappant dans la main, tâcha de le réconforter
avec ce ton enjoué qu’il savait si bien employer.
« Vous êtes venu pour me dire votre histoire, n’est-ce
pas ? Vous êtes fatigué par votre course. Attendez que
vous vous soyez remis, et alors nous serons trop heureux
d’étudier le petit problème que vous nous aurez exposé.
Symptôme : signes visibles d’une maladie ou d’un état d’esprit. Perplexité : état de doute.
Nous dûmes : passé simple du verbe devoir.
Enjoué : joyeux, plein de bonne humeur.
et
Dis-m’en plus
Londres Sherlock Holmes
Au fil de ses enquêtes, le fameux détective arpente la capitale britan-nique. Des bords de la Tamise aux rues de la City ou aux faubourgs londoniens, il nous offre une visite insolite de la ville.
L’hôpital saint-BarthélemyFondé au XIIe siècle, il est le plus ancien hôpital d’Angleterre, familièrement appelé Barts par les Londoniens. Conan Doyle y situe la première rencontre de Sherlock Holmes et du docteur Watson, qui devient par la suite son colocataire et assistant dans ses enquêtes.
221B Baker StreetL’adresse imaginée par Arthur Conan Doyle pour y loger Sherlock et son compère Watson n’existe pas au moment où il écrit les aventures du détective. Mais en 1930, Baker Street est allongée et la nouvelle numérotation comporte alors
un 221. Aujourd’hui, l’adresse accueille un musée privé consacré au fameux détective, où son appartement est reconstitué d’après les descriptions des romans de Conan Doyle.
Threadneedle StreetSituée dans le quartier des affaires de Londres, qu’on appelle la City, Threadneedle Street est la rue de la Banque nationale britannique. Sous ses pavés sont stockées les 5000 tonnes d’or du Trésor du Royaume-Uni. Elle tient son drôle de nom, qu’on pourrait traduire par « Rue de fil en aiguille », du siège de la Corporation des Tailleurs, qui y est installé depuis le XIVe siècle.
LA STATION DE MÉTRO BAKER STREET+
La décoration de la station évoque le profil reconnaissable entre tous du détective, avec sa pipe et sa célèbre casquette de tweed. Pourtant, Conan Doyle ne lui prête ce costume de chasse qu’à la campagne, et l’habille en ville d’une redingote et d’un chapeau melon.
Évidemment, la banque qui se voit
confier un bijou royal se doit de le
mettre à l’abri le temps du prêt…
Toutefois, les membres de la famille royale peuvent mettre leurs bijoux en gage, c’est-à-dire les confier à un banquier en échange d’un prêt d’argent. Cela leur permet d’obtenir de grosses sommes discrètement et rapidement.
Né de l'imagination de Conan Doyle,
le diadème de béryls fait partie des
joyaux de la couronne, il devrait donc
être conservé avec le Trésor royal
dans la Tour de Londres.
De la Tour de Londres à une banque de la City
La Tamise et Westminster
Big Ben, le célèbre clocher
de Westminster
Un fiacre
Hyde Park
Palais de Buckingham
Piccadilly
Big Ben
Tamise
Théâtre du Globe
Tour de Londres
Tower Bridge
Cathédrale Saint Paul
Museum
Plum Caférendez-vous p. 69
67
et
Dis-m’en plus
Les débuts de la police scientifique
Le 24 décembre 1800, Bonaparte se rend à l’opéra avec Joséphine et échappe de peu à un attentat à la bombe qui fait près de 80 victimes. Fouché, ministre de la Police, est chargé de l’enquête. Il a l’idée originale de faire dresser un portrait-robot du cheval qui tirait la machine infernale. Le croquis est montré à tous les palefreniers de Paris et permet de remonter jusqu’au propriétaire, qui décrit précisément l’homme à qui il a vendu son cheval juste avant l’attentat. La police arrête ainsi trois coupables et clôt brillamment la première enquête scientifique de son histoire. Tout au long du XIXe
siècle, ces méthodes se développent. Alphonse Bertillon met au point une
fiche anthropométrique décrivant le signalement des individus : photo de face et de profil, mensurations, empreintes digitales, forme de l’oreille, cicatrices, tatouages, etc. Ces éléments permettent d’établir des portraits-robots des suspects.
L’étude des traces et des empreintesD’autres spécialistes se consacrent à l’étude des traces que peuvent laisser les coupables. On découvre l’importance des empreintes dentaires, qui servent notamment à élucider l’affaire Dessort. En 1910, un vol est commis dans une boulangerie de Lyon. Un des coupables a mordu dans des tartelettes à la crème de marron : la trace des incisives est analysée par la police et mène les enquêteurs sur la piste… d’un gamin du voisinage qui avoue sans difficuté !
Les scientifiques, notamment Edmond Locard qu’on surnomme « le Sherlock Holmes lyonnais », se penchent aussi pêle-mêle sur l’étude des cheveux et
Sherlock Holmes
Sherlock Holmes se fait rapidement une réputation de détective hors pair parce qu’il s’appuie sur des méthodes d’enquête en plein essor à son époque : l’analyse des traces pour confondre le coupable.
Plus précise que la trace de pas,
la trace numérique : grâce aux
ordinateurs et téléphones portables,
la police peut désormais localiser
ou retracer la parcours d’un
suspect. Autre avantage, ces traces
numériques ne s’effacent pas avec
le temps.
Après le portrait-robot, le portrait 3D : la police japonaise a été la première à utiliser l’image en 3 dimensions pour diffuser des portraits-robots très réalistes de suspects. Cette technique commence à être utilisée en France.
Mieux que l’empreinte digitale,
la signature ADN : absolument
unique pour chaque individu, la
signature ADN est présente dans
toutes les cellules. On peut donc la
reconstituer à partir d’une goutte de
sang, d’un cheveu, d’un ongle, et
même d’un peu de salive retrouvée
au dos d’un timbre !
La dactyloscopie, c’est-à-dire l’étude des empreintes digitales, fait son apparition en 1880 en A n g l e t e r r e , mais ne devient courante dans les enquêtes qu’au début du XXe siècle. Chose étonnante, Sherlock Holmes ne s’en sert dans aucune de ses aventures, lui qui est pourtant au courant de toutes les nouveautés scientifiques de son temps. Dommage ! Les empreintes digitales en disent beaucoup…
mène l’enquête
Les empreintes digitales à la loupe
La déduction
Les outils du XXIe siècle
L’originalité de Sherlock Holmes tient à son esprit de déduction, qui lui permet de tirer des conclusions très précises de ses observations. Ainsi, sur un simple coup d’œil au manteau d’un homme, il déduit que celui-ci est cocher et que sa voiture est attelée d’un cheval gris à droite et d’un cheval bai à gauche : des crins de couleurs différentes sont accrochés aux manches de l’homme !
Chez Holmes au 221B Baker Street
68
des poils, des empreintes de pas, des taches de boue, des poussières et des cendres de tabac. En 1924, le docteur Locard reçoit un invité de marque : Sir Arthur Conan Doyle, venu visiter son laboratoire de police technique et scientifique.
69Fiche anthropométrique d'Alphonse Bertillon.