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2 Sommaire Chris Farrington, un vrai marin L’Évasion de la goélette Deux nouvelles de Jack London, illustrées par Gildas Flahault. p. 75 LA PETITE FABRIQUE Jeux de mains, jeux de marins ! Réalise des bracelets, porte- clés et bandeaux grâce aux nœuds de marins. Cuisine les véritables navettes de Marseille. p. 68 TÉTRAS-DÉLIRE Les jeux au fil de l’eau. p. 52 L’AS-TU LU ? L’AS-TU BIEN LU ? p. 56 DIS-M’EN PLUS Ton dossier pour découvrir la vie à bord des grands voiliers et rencontrer un champion de course au large. À pleines pages p. 3 À PLEINES PAGES Chris Farrington, un vrai marin L’Évasion de la goélette Deux nouvelles de Jack London illustrées par Gildas Flahault. Chris et Bub sont mousses. Embarqués sur des goélettes américaines pour la chasse au phoque, ils leur faut prouver qu’ils sont de vrais marins. p. 88 LIRE ET SORTIR Des pistes de lecture pour aller plus loin, des idées de sorties pour de nouvelles découvertes. p. 82 DU MONDE ENTIER Le Cadeau d’Éole Un récit mythologique illustré par Jacques Guillet.

Sommaire À pleines pages - Tétraslire, le magazine de … · 2017-09-08 · C’était un gamin de dix-sept ans, élancé, mais soli-dement bâti, ... le gosse n’est ni l’un

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Sommaire

Chris Farrington, un vrai marinL’Évasion de la goélette

Deux nouvelles de Jack London, illustrées par Gildas Flahault.

p. 75LA PETITE FABRIQUE Jeux de mains, jeux de marins ! Réalise des bracelets, porte-clés et bandeaux grâce aux nœuds de marins. Cuisine les véritables navettes de Marseille.

p. 68TÉTRAS-DÉLIRELes jeux au fil de l’eau.

p. 52L’AS-TU LU ?L’AS-TU BIEN LU ?

p. 56 DIS-M’EN PLUS

Ton dossier pour découvrir la vie à bord des grands voiliers et rencontrer un champion de course au large.

À pleines pages

p. 3À PLEINES PAGESChris Farrington, un vrai marinL’Évasion de la goélette

Deux nouvelles de Jack London illustrées par Gildas Flahault.Chris et Bub sont mousses. Embarqués sur des goélettes américaines pour la chasse au phoque, ils leur faut prouver qu’ils sont de vrais marins.

p. 88 LIRE ET SORTIRDes pistes de lecture pour aller plus loin, des idées de sorties pour de nouvelles découvertes.

p. 82DU MONDE ENTIERLe Cadeau d’Éole

Un récit mythologique illustré par Jacques Guillet.

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Une jeunesse aventureuse Né à San Francisco, Jack London passe sa petite enfance à la ferme où travaillent ses parents. L’année de ses 10 ans, sa famille s’installe à Oakland, dans la baie de San Francisco, et Jack navigue avec son père dès qu’il le peut. Il partage alors son temps entre l’école, la bibliothèque municipale, où la documentaliste lui fait découvrir la littérature, et de petits travaux auprès des commerçants et des voisins, pour gagner un peu d’argent de poche. À 11 ans, il s’achète ainsi, avec ses économies, son premier petit bateau pour naviguer seul dans la baie.Quand son père perd son travail, il arrête ses études et commence à travailler pour faire vivre sa famille. Il accumule alors les petits emplois mal payés, dans des conditions de travail difficiles.

Un écrivain nourri par ses expériences La vie de Jack London est émaillée de grandes épreuves dont il tire la plupart de ses œuvres. Le dur apprentissage de marin qu’il fait à 20 ans se retrouve dans ses récits de mer comme Le Loup des mers. Puis il s’embauche comme ouvrier, mène une vie de misère et endure même une année la prison pour vagabondage. En 1897, il se lance dans une autre aventure qui le marquera à vie : il part pour le Grand Nord américain, comme les milliers d’orpailleurs* qui se ruent alors vers l’or. Moins d’un an plus tard, il revient plus misérable que jamais et rongé par la maladie, mais tenant la grande source d’inspiration qui lui vaudra ses premiers succès d’écrivain. Il consacre les dernières années de sa courte vie à l’écriture et meurt dans son ranch à l’âge de 40 ans.

*orpailleur : chercheur d’or.

Histoires de mer

L’AUTEUR L’ŒUVRE

Jack London

Devenir un hommeEn 1893, Jack London n’a que 17 ans. Il s’engage sur la Sophie Sutherland et part chasser le phoque en Sibérie et au Japon. Ses Histoires de mer racontent assez fidèlement la vie aventureuse de sa jeunesse, à la fois très libre et très rude. Comme les héros de ses nouvelles, Jack London est un mousse qui doit faire ses preuves. Les marins du bord le traitent rudement mais ils lui apprennent aussi un métier qui lui permet de faire vivre sa famille. Malgré les difficultés de cette vie de mousse, le jeune homme comprend qu’il est en train de devenir fort, courageux, déterminé face aux épreuves, aux hommes et à la nature. L’histoire de Chris Farrington comme celle de l’évasion de la goélette raconte ce rude apprentissage de la vie à bord des flottes de pêche.

Être libreDans les romans et nouvelles de Jack London, le thème de la liberté revient très souvent. Les personnages, en traversant de grandes épreuves ou de grands dangers, comprennent que la liberté a un prix. Dans la première nouvelle que tu vas lire, Chris gagne, en survivant à la tempête, la liberté de traiter les marins plus âgés d’égal à égal. Bub, le jeune mousse de L’Évasion de la goélette, choisit librement de se sacrifier pour rendre la liberté au reste de l’équipage. C’est par ce choix qu’il se comporte en homme vraiment libre et qu’il gagne le respect de ses amis comme de ses ennemis.

UN MOUSSE, DES MOUSSES

Le nom « mousse » vient de l’italien mozzo qui signifie jeune garçon. Mais on lui prête d’autres origines plus fantaisistes : le jeune marin tirerait son nom de la corvée du lavage du pont, durant laquelle il doit frotter et faire « mousser » sa brosse. Le moussaillon serait aussi un marin « mousse », c’est-à-dire tendre, imprécis, pas encore bien « aiguisé ».

À pleines pages

54

né en 1876, mort en 1916

L’Appel de la forêt, Croc-Blanc

Écrivain-aventurier, il a vraiment navigué à bord de la Sophie

Sutherland.

+

Américain

Du même auteur tu peux lire :

L’Appel de la forêt, un roman animalier qui te mettra dans la peau de Buck, chien domestique retournant à ses instincts sauvages.

+

« On ne peut pas attendre que l’inspiration vienne. Il faut courir après avec une massue. »

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Une goélette à trois mats à huniers

poupeproue

grande voile

gaillard d’arrièrebarre

misaine

hunier

perroquet

trinquette

clinfoc

brigantine

beaupré

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Chris Farrington, un vrai marinChris Farrington, un vrai marin

« Sur les bateaux de mon vieux pays, un blanc-bec

comme toi serait simple mousse et servirait les

marins. Quand un marin crierait : “ Mousse, la

cruche ! ” tu sauterais pour apporter la cruche. Et lorsque

le marin crierait : “ Mousse, mes bottes ! ” tu filerais

chercher ses bottes. Et tu serais poli et tu dirais : “ Oui,

Monsieur ” et “ Non, Monsieur ”. Mais parce que tu es sur

un bateau américain, tu te crois un marin. Chris, mon

garçon, je navigue depuis vingt-deux ans et tu te crois

mon égal. J’étais marin avant ta naissance, j’amarrais,

je prenais des ris et je faisais des épissures que tu jouais

encore à la toupie et au cerf-volant.

– Vous n’êtes pas juste, Emil, protesta Chris, et son

visage expressif se mit à rougir et s’attrista.

C’était un gamin de dix-sept ans, élancé, mais soli-

dement bâti, et qui portait sur toute sa personne la

marque de ses origines yankees.

– Voilà où tu t’obstines ! éclata le marin suédois. Je me

nomme Mon-sieur Jo-han-sen et un moutard comme

toi ose m’appeler « Emil ». Quelle insolence ! On voit

bien que nous sommes sur un bateau américain !

– Mais vous m’appelez « Chris », répliqua le jeune

homme.

– Parce que tu n’es qu’un gosse.

– Qui fait le travail d’un homme, repartit Chris. Et

puisque vous m’appelez par mon prénom j’ai autant

le droit de vous appeler par le vôtre. Nous sommes

tous égaux sur le gaillard d’avant, vous le savez bien.

Quand nous nous sommes engagés pour la saison à San

Francisco, nous avons tous signé comme marins sur la

Sophie Sutherland et on n’a fait aucune différence entre

nous. N’ai-je pas toujours rempli ma tâche ? Ai-je jamais

tiré au flanc ? Quelqu’un a-t-il dû prendre la barre, faire

le quart ou grimper là-haut à ma place ?

– Chris a raison, interrompit un jeune marin anglais.

Personne n’a jamais eu à faire son travail.

Blanc-bec : jeune homme prétentieux et sans expérience. Mousse : jeune marin.

Amarrer : attacher un navire à quai.Prendre un ris : réduire la surface qu’une voile offre au vent.Épissure : réunion de deux bouts de cordage par un tressage.

Yankee (mot familier) : Américain des États-Unis.

Gaillard d’avant : partie surélevée du voilier au-dessus du pont, où sont manœuvrées les voiles de l’avant.

Faire le quart : assurer son service sur le pont.

Chris Farrington, un vrai marin

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Chris Farrington, un vrai marin

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– Meilleur ! s’exclama un homme de la Nouvelle-

Écosse. Meilleur que certains d’entre nous ! Quand nous

sommes entrés dans les bancs de chasse aux phoques, on

a constaté qu’il valait le meilleur barreur du bord. Seul,

Louis le Français, qui exerce ce métier depuis des années,

est capable de lui damer le pion. Je ne suis que rameur

et toi de même, Emil Johansen, malgré tes vingt-deux

ans de navigation. Pourquoi ne passes-tu point barreur ?

– Trop maladroit, dit l’Anglais en riant, et pas assez vif.

– Tout est hors de question, intervint le Danois

Jurgensen, venant au secours de son frère scandinave.

Emil est un homme fait et un marin breveté : le gosse

n’est ni l’un ni l’autre. »

Et la discussion se poursuivit, Suédois, Norvégiens et

Danois prenant le parti de Johansen à cause de la commu-

nauté de race, tandis que les Anglais, les Canadiens et

les Américains soutenaient Chris.

D’un point de vue strictement impartial, Chris avait

raison. Ainsi qu’il venait de le dire, il exécutait le travail

d’un homme, aussi bien que n’importe lequel des autres.

Mais chacun ayant ses préventions profondément

ancrées, de l’échange des propos naquit une querelle

qui divisa le poste d’équipage en deux camps.

Banc : en mer, secteur favorable à la pêche. Barreur : qui tient la barre, c’est-à-dire qui conduit le navire.Damer le pion : surpasser.

Breveté : diplômé.

Impartial : neutre, qui ne prend pas parti. Prévention (ici) : idée préconçue, jugement hâtif.

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Chris Farrington, un vrai marinChris Farrington, un vrai marin

La Sophie Sutherland enregistrée à San Francisco

s’occupait de la chasse aux phoques à fourrure le long

de la côte nord du Japon jusqu’à la mer de Behring. Elle

faisait partie d’une flotille de goélettes à deux mâts,

mais elle-même plus grande que les autres, était une

goélette à trois mâts de hune, complètement gréée et

de construction récente.

Bien que Chris Farrington fût conscient de son bon

droit et qu’il acomplît scrupuleusement son service,

il désirait en son for intérieur qu’une circonstance

imprévue lui permît de démontrer aux Scandinaves

que son expérience de la mer valait bien la leur.

Malheureusement, une nuit de tempête, à la suite

d’un accident dont il n’était en rien responsable, il se

meurtrit gravement tous les doigts de sa main gauche

en vérifiant une chaîne d’ancrage de rechange. Du

coup, toutes ses espérances s’évanouirent. Incapable

de continuer la chasse sur les canots, il dut demeurer

à bord jusqu’à complète guérison de sa main. Il était

loin de se douter que cet accident lui fournirait l’occa-

sion tant désirée.

Un après-midi de la fin de mai, la Sophie Sutherland

se balançait mollement sur une mer calme, sans un

souffle de vent. Les phoques foisonnaient, la chasse

rendait bien. Tous les canots étaient sortis et hors de

vue, emmenant presque tous les hommes d’équipage.

À part Chris, il ne restait à bord que le capitaine, le

maître de manœuvre et le cuisinier chinois.

Mer de Behring : mer du Paci� que nord entre la Sibérie et l’Alaska.Goélette : navire élancé le plus souvent à deux mâts légèrement inclinés sur l’arrière.Mât de hune : partie la plus élevée du mât, équipée d’une hune (plateforme) permettant de manœuvrer les voiles.

Foisonner : abonder.