SOMMAIRE

INTRODUCTION .....................................................................................................................1

1 LA COMMANDE..............................................................................................................3

1.1 Les commanditaires...................................................................................................... 3

1.2 Le projet EMPRENDER ............................................................................................. 3

1.3 La definition de la demande ........................................................................................ 3

2 METHODE APPLIQUÉE LORS DE CE TRAVAIL ....................................................5

2.1 L’étude de paysage ....................................................................................................... 7

2.2 Compréhension de l’histoire agraire de la zone d’étude .......................................... 7

2.3 Etude du fonctionnement technique des activités...................................................... 9

2.4 Analyse technico-économiques des types d’exploitations ....................................... 13

2.5 Restitution................................................................................................................... 15

2.6 Les conditions de stage............................................................................................... 17

3 1ERE PARTIE : UN PAYSAGE SEC MARQUE PAR LA PRÉSENCE DE CANAUX D’IRRIGATION ....................................................................................................19

3.1 Un climat équatorial modifié par l’altitude et les reliefs environnants ................. 19

3.2 Le climat sur le relief : des sols differencies le long de la toposequence................ 23

3.3 Un écosystème climacique étagé ................................................................................ 25

3.4 Un paysage marqué par la disponibilité en eau....................................................... 27

3.5 L’environnement socio-économique de la zone d’étude ......................................... 33

4 DES SYSTÈMES AGRAIRES MARQUES PAR L’INFLUENCE EXTERIEURE37

4.1 Avant 1645 : les debuts de l’agriculture dans une zone stratégique des guerres intra Incas................................................................................................................................ 37

4.2 1645-1945 : Des haciendas où cultures et élevage ovins exploitent les différentes parties de l’écosystème avec un objectif commercial et grâce à une main d’œuvre servile 39

4.3 1945-1960 : La timide avancée sociale de V.Ibara : un système de servage où la terre et l’eau sont les leviers de la domination..................................................................... 45

4.4 1960-1980 : Une vente différenciée haut/bas des terres des haciendas .................. 53

4.5 1980-2000 : Un système agraire dual : spécialisation en lait et agriculture insérée au marché ................................................................................................................................ 59

4.6 2000-2004 : La dynamique actuelle : contre coup de la crise économique, perte de pouvoir d’achat et migrations malgré des efforts exogènes................................................ 63

5 DES SYSTÈMES DE CULTURE ADAPTÉS À CHAQUE CONTEXTE ..............67

5.1 La diversité des systèmes de cultures de la zone ...................................................... 67

5.2 La rotation ancienne ................................................................................................... 69

5.3 Les rotations à base de luzerne .................................................................................. 71

5.4 Des ateliers intensifs dans les zones de minifundio.................................................. 79

6 LES ATELIERS D’ÉLEVAGE .....................................................................................81

6.1 Vache laitière .............................................................................................................. 81

6.2 Veau d’engraissement ................................................................................................ 83

6.3 L’élevage traditionnel de cochon d’inde ................................................................... 83

7 LA TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS..................................................................85

7.1 Zones 1 et 2: communes de paysans indigènes : les anciens travailleurs des haciendas et leurs héritiers. ................................................................................................... 85

7.2 Zona 3 y 4: Communautés de paysans ayant accès à une eau d’irrigation sécurisée................................................................................................................................... 87

8 LES PRINCIPALES DYNAMIQUES ACTUELLES ET LES PERSPECTIVES FUTURES...............................................................................................................................89

8.1 Vers une homogénéisation des productions ? .......................................................... 89

8.2 Des limites et des études à venir ................................................................................ 91

CONCLUSION .......................................................................................................................93

BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................95

TABLE DES MATIÈRES......................................................................................................97

TABLE DES FIGURES...................................................................................................... 101

SOMMAIRE DES ANNEXES ........................................................................................... 102

INTRODUCTION

Il est habituel de présenter l’Equateur comme un espace ‘rempli’ d’indigènes à l’agriculture « archaïque » tournée vers l’autoconsommation. Effectivement, il reste en Equateur, comme dans la plupart des pays d’Amérique latine, une espèce de « périphérie atomisée de zones rurales dont l’intégration au marché national et à la société dominante est faible »(DELER, 1989). Cependant, cette vision « archaïque » laisse place sur le terrain à l’observation d’une zone de contact entre cette agriculture paysanne d’autoconsommation faiblement intégrée au marché, et les logiques de la société dominante où l’intégration au marché est source de bien-être pour la famille. Ce bien-être ne pouvant être assuré et éventuellement augmenté, que dans le cadre d’un revenu fixe et régulier.

Cette « pénétration […] des innovations de la société « moderne » tend à accentuer […] un processus de désagrégation qui n’exclue pourtant pas des formes de résistance ». Notre zone d’étude, située en bordure de l’axe central équatorien Quito-Ambato-Cuenca, constitue un exemple de co-existence de différents niveaux d’intégration au marché, mais aussi de phénomènes de résistance/inclusion à la société dominante.

L’objet de ce rapport est de comprendre la genèse de cette situation et les modalités actuelles de son fonctionnement afin de dégager les principales dynamiques qui affectent l’agriculture dans la paroisse de Mulalillo, Canton de Salcedo, Cotopaxi. En effet, derrière des notions de « modernisation », se cachent des phénomènes complexes d’ordre social, technique et économique, dont la compréhension est indispensable avant d’engager tout projet de développement.

Après avoir présenté la méthode adoptée pour la réalisation de ce travail, nous essaierons de répondre aux questions suivantes :Comment la répartition des ressources naturelles a-t-elle initié les déséquilibres ? En quoi l’histoire nous renseigne-t-elle sur l’apparente « archaïcité » de ces paysans et sur la genèse de leur confrontation à la société dominante ? Quelle est la dynamique actuelle de ce « front de modernisation » et quelles en sont les activités motrices ? Quelles sont les conséquences de ces changements sur l’équilibre agro-écologique de la zone et sur les pratiques agricoles ? Et enfin, que devient le revenu agricole fixe et régulier dans un pays économiquement dépendant comme l’Equateur ?

Plus qu’un exercice pédagogique, les réponses à ces questions est la condition sine qua none à la compréhension de la logique paysanne, et de ses apparentes contradictions. Ainsi, même avec ses limites (en particulier un manque de données économiques pour la modélisation), ce travail se veut être un outil pour la réflexion et le débat sur l’évolution de l’agriculture dans cette petite région rurale. Outil pour l’organisation commanditaire, mais aussi outil pour les paysans et les leaders de cette zone qui a connu beaucoup de projets de développement sans suite.

1 LA COMMANDE

La formation d’Esat1 (Etudes Supérieures d’Agronomie Tropicale) du CNEARC est orientée vers la découverte des agricultures des pays en voie de développement et de leur analyse dans le but de mieux connaître la zone d’étude d’un projet de développement. Dans notre cas, ce stage s’est mis en place avec l’ONG Intercooperation Andes-Projet Emprender et avec le Fundo Ecuatoriano Populorum Progressio (FEPP- ONG équatorienne).

1.1 LES COMMANDITAIRES

Intercooperation Andes est une ONG financée par la coopération suisse, qui monte des projets en Amérique Latine (Pérou, Equateur, Bolivie, en particulier). Elle s’intéresse autant à la gestion forestière qu’au marché des aliments. De l’autre coté, le FEPP est une organisation non gouvernementale qui aident les paysans dans toutes les provinces équatoriennes. Elle possède un fond de crédit et des magasins de type « commerce équitable ».

1.2 LE PROJET EMPRENDER

Emprender est un projet qui vise à renforcer des organisations paysannes dans leur relations avec le marché. En effet, la recherche de débouchés et de prix plus justes sont des thèmes récurrents lors des discussions avec les agriculteurs. Le projet Emprender est une action commune de Intercoopération et d’organisations locales d’aides au développement. Dans la province de Cotopaxi, l’organisme « facilitador provincial » est le FEPP. Ce projet vise donc à aider des organisations paysannes à se former et à trouver de nouveaux débouchés pour leurs productions. Sa zone d’action s’étend dans les trois provinces de la Sierra Centrale équatorienne (Cotopaxi, Tungurahua et Chimborazo). Initié en 2000 grâce à un appel public à candidature, le projet a ensuite sélectionné les 2 meilleures propositions pour chaque province. A Cotopaxi, il s’agit d’un projet de vente de poulet produit en périphérie de Latacunga et d’un projet d’aide à la production et à la commercialisation de cochons d’Inde dans la paroisse de Mulalillo. C’est dans le cadre de ce dernier projet que ce stage a eu lieu. Le partage des compétences entre Intercooperation et le FEPP se rtéalise ainsi : le personnel de Intercooperation est chargé d’aider l’organisation d’un groupement de producteurs tandis que le FEPP est chargé de la partie micro-crédit et de la formation technique auprès des agriculteurs. Initié au départ dans une seule communauté (Santa Isabel), le projet a ensuite désiré s’élargir à trois autres pour des raisons d’augmentation de la production et donc de l’influence des producteurs face aux intermédiaires. Ces contre-temps ont retardé le projet qui n’est toujours pas mis en place.

1.3 LA DEFINITION DE LA DEMANDE

La demande originelle était de réaliser deux diagnostics (un pour chaque projet de Emprender à Cotopaxi). Cependant, devant l’impossibilité de réaliser ces deux diagnostics en seulement 5 mois, nous nous sommes orientés vers la paroisse de Mulalillo. De plus, le FEPP ne connaissait pas cette zone : cette ONG travaille dans la commune voisine de Cusubamba, mais n’était jamais venue à Mulalillo. Ainsi, ce travail devait répondre à deux nécessités : pour le projet Emprender, il s’agissait de mieux comprendre le milieu dans lequel il s’engageait en réalisant une typologie de producteurs et pour le Fepp-Latacunga, il s’agissait de tenter de lever une zone d’ombre dans sa connaissance de la province de Cotopaxi.

2 METHODE APPLIQUÉE LORS DE CE TRAVAIL

La démarche de diagnostic agraire est un outil qui s’avère de plus en plus nécessaire et pertinent pour le bon déroulement d’un projet de développement car il permet de mettre en relief certains enjeux qui ne seraient pas repérables sans ce type d’étude. Il permet de plus de cibler les orientations de l’intervention en milieu rural grâce à la prise en compte des conditions réelles de production (sur le plan social, technique et économique). Ceci nous impose d’adopter un point de vue pluridisciplinaire afin de ne pas tomber dans le schéma du ‘diagnostic photographique’ qui nie la complexité du milieu rural.

Il ne s’agit donc pas de représenter l’agriculture de la zone d’étude de façon statique mais d’en comprendre le fonctionnement et les rouages à travers ses dynamiques. Ce travail se base donc sur l’étude des pratiques des agriculteurs et de leurs décisions, aux différents niveaux d’organisation qui forment le contexte agricole (de l’échelle de la parcelle à l’échelle de la région). Ainsi, l’approche systémique semble la plus adaptée à ce type d’étude :

« Ce sont maintenant les objets qui sont représentés par des métaphores, c’est leur organisation qui fait figure de réalité » (Bachelard, 1965).

Dans cette étude nous nous appuierons donc sur la notion de système, c’est à dire un ensemble d’éléments liés entre eux par des relations lui conférant une organisation en vue de remplir certaines fonctions (JOUVE, 2003). Cette notion sera successivement appliquée à l’activité d’élevage (système d’élevage), à l’atelier de production végétale (système de cultures) et à l’exploitation agricole (système de production) dont les définitions sont :

Système d’élevage : ensemble des techniques et des pratiques mises en œuvres par un ou des éleveurs pour exploiter, dans un espace donné, des ressources végétales par des animaux, dans des conditions compatibles avec leurs objectifs et les contraintes du milieu (JOUVE, 2003) ;

Système de culture : ensemble des parcelles cultivées de façon homogène et en particulier soumis à la même succession culturale (JOUVE, 2003) ;

Système de production : ensemble structuré de moyens de production (force de travail, terre, équipement,…) combinés entre eux pour assurer des productions végétales et/ou animales en vue de satisfaire les objectifs du chef d’exploitation (JOUVE, 2003).

La méthodologie utilisée lors de ce stage dans la Sierra équatorienne s’est appuyée en particulier sur l’observation du milieu et sur le dialogue avec les habitants de la zone d’étude. Des entretiens avec les structures d’encadrement des productions (groupements de producteurs, projets de développement travaillant ou ayant travaillé dans la zone,…)ont été réalisés au cours du temps de terrain afin de percevoir les stratégies et politiques de ces organisations. Nous avons en effet rencontré les responsables des projets PRODECO (Programa de Desarollo del Cotopaxi, financement UE), et des O.N.G. CARE (ayant travaillé jusqu’à 2002 dans la zone), PDA-Vision Mundial (qui commence des actions sur la zone), et bien entendu du FEPP (Fundo Ecuatoriano Poplurum Progressio). Enfin, seule une bibliographie globale sur l’Equateur a été consultée avant le stage pour prendre quelques repères. De plus, la lecture de quelques rapports sur le projet a permis de mieux définir la commande. Ainsi, nous sommes arrivés sur le terrain dans l’état d’objectivité nécessaire à la compréhension de la complexité du milieu rural. Au cours de la phase de terrain, certaines

recherches bibliographiques ont permis de vérifier des hypothèses (en particulier concernant l’évolution historique de la zone).

La méthode de diagnostic systémique s’appuie sur une succession d’étapes qui en s’enchaînant permettent de déterminer et d’affiner la description des dynamiques en cours.

2.1 L’ÉTUDE DE PAYSAGE

N’ayant aucune connaissance de la zone d’étude, la première semaine a été consacrée à la définition de ses dimensions en fonction de la demande mais aussi des ensemble écologiques et sociaux en place dans la zone. Au départ ciblée sur 4 communautés appartenant au même étage écologique, et séparées d’un dizaine de kilomètres, la zone d’ étude s’est élargie à tout le versant vu les l’unité que représente les quatre étages écologiques. Ainsi, la zone d’étude choisie englobe les 4 communautés cibles mais aussi la zone urbaine de Mulalillo et les hautes communautés (jusqu’au Paramo).

Devant l’absence de moyens commodes pour se déplacer dans la zone qui s’étage de 2800 à 4000 mètres, et qui ne dispose que de pistes de terre ; mais aussi devant la dispersion et la densité de l’habitat, nous avons choisi la marche à pied. Cela permettait d’observer avec plus de rigueur et de profiter de ce moyen certes lent mais calme et peu « biaisant » pour mieux aborder la population.

Cette première étape permet de distinguer les différentes zones géographiques et leurs caractéristiques topographiques, écologiques et pédologiques. Elle permet aussi de recenser, différencier et localiser les activités agricoles dans l’espace. Grâce à des points de vue (depuis le Paramo ou depuis la communauté de Unalagua Quevedo) et aux cartes topographiques, nous avons pu réaliser des transects (vision deux dimensio ns en coupe) et un bloc diagramme (vision en trois dimensions) de la zone d’étude. Enfin, nous avons aussi pu déterminer (et expérimenter) les grandes influences climatiques de la zone. Cependant, bien que l’étude des sols, du climat et de la topographie permette en partie d’expliquer l’occupation de l’espace par les différentes activités agricoles, cette étape d’observation ne permet pas de déterminer les origines d’une telle occupation. Seule une approche historique de l’agriculture dans la région nous permettra d’approfondir notre compréhension de la zone.

2.2 COMPRÉHENSION DE L’HISTOIRE AGRAIRE DE LA ZONE D’ÉTUDE

Cette analyse consiste à déterminer les grands facteurs qui ont généré le mode d’exploitation actuel du milieu. Cette étape se base donc sur l’étude des déterminants des dynamiques agraires : le gestion de la fertilité, l’environnement socio-économique, etc…

Comprendre les changements passés amène à s’adresser à des personnes dépositaires de la mémoire de la zone. Il s’agit donc cette fois d’effectuer des entretiens non directifs auprès des anciens agriculteurs, mais aussi des plus jeunes. Cette étape (couplée de la précédente) a occupé les deux premiers mois durant lesquels nous avons essayé de couvrir l’ensemble de la zone. Etant seul, et maîtrisant avec difficulté l’espagnol en début de période, la réalisation des enquêtes ouvertes était assez compliquée. La prise de note affectant la nécessité de mener l’entretien. C’est pourquoi cette étape a pris beaucoup de temps. A l’issu de l’analyse des premiers entretiens, des zones d’ombre persistaient dans la compréhension des dynamiques historiques. Les hypothèses formulées ont donc été confrontées à la réalité grâce à de nouveaux entretiens. Ce processus itératif est la base de la progression dans la compréhension des dynamiques. Il permet, à l’aide des entretiens non ou semi-directifs de dégager de grandes

tendances sans fermer la porte à de nouvelles pistes. Enfin, une monographie historique du canton auquel appartient notre zone d’étude a été consultée afin de vérifier et recouper les informations obtenues sur le terrain.

Ces enquêtes permettent de distinguer des grandes périodes historiques séparées par des crises. Par crise, on entend une période de temps où des changements dans l’environnement social, technique et économique ont modifié les trajectoires des exploitations. Cette étude historique permet de déterminer les grands groupes d’exploitations présents sur la zone et les raisons historiques de leur existence actuelle. Ainsi, en fonction des conditions agro-écologiques, socio-techniques et socio-économiques de chaque période, les exploitations ont changé d’objectifs, de logiques et d’activités. Même si chacune d’entre elle possède ses particularités, il est possible de définir un « univers des possibles » dans leur trajectoire. En définitive, ces deux premières phases nous permettent de définir les clefs d’entrée pour l’élaboration d’une typologie des exploitations agricoles et des activités.

2.3 ETUDE DU FONCTIONNEMENT TECHNIQUE DES ACTIVITÉS

2.3.1 L’étude technique de l’exploitation du milieu

Après avoir abordé les différents types de mises en valeur au cours du passé agraire de la zone, il est nécessaire de comprendre les modalités actuelles de cette exploitation de l’écosystème. Il s’agit donc de recueillir des informations et de comprendre les systèmes techniques (relatifs aux cultures et aux animaux) mis en place par les paysans. Dans l’agriculture paysanne de Mulalillo, où agriculture et élevage s’associent étroitement, il était aussi important de comprendre les logiques de gestion de l’affouragement et de la fertilité. Cette étape du diagnostic a donc d’abord été mise en oeuvre à l’aide d’entretien semi-directifs, effectués sur l’ensemble de la zone. Ensuite, et afin de vérifier les grandes tendances de techniques de gestion de l’espace dégagées, il a été procédé à des entretiens plus directifs. Ces entretiens permettaient aussi de collecter des données quantitative sur les systèmes techniques. Cette étape (la plus longue) a duré deux autres mois et a permis de déterminer :

Des rotations et associations culturales : successions de cultures au cours des années sur une même parcelle ;

des itinéraires techniques : ensemble des opérations techniques appliqué à une production ;

des calendriers de travaux (sur les cultures et sur les animaux): répartitions des opérations techniques au cours de l’année ;

des résultats techniques : ensemble d’indices permettant d’évaluer les performances (rendements, etc…) et les contraintes (temps de travaux par hectares, investissement en intrants, etc…) des systèmes de culture et d’élevage.

Les itinéraires techniques ont été définis à partir de discussions avec les agriculteurs et éleveurs de la zone. Il s’agit donc plus de description de pratiques que de techniques ou de normes prédéfinies par des organismes d’encadrement technique. De plus, dans cette zone partiellement soumise à l’irrigation, certaines cultures s’affranchissent partiellement des alternances saisonnières. Pour comprendre les rotations, il s’agissait donc de tenter de déterminer des tendances globales pour définir des calendriers culturaux. L’unité utilisée pour calculer ces calendriers est l’homme-jour (h-j) : il s’agit d’une unité correspondant au travail d’un homme pendant 8 heures. Vu que les calendriers de travaux ont été établis au cours d’enquêtes, leur précision absolue n’est pas assurée. Cependant, dans l’établissement de nos

modèles, nous avons essayé d’homogénéiser les opérations prises en compte afin de rendre possible la comparaison. Nous n’avons donc pas pris en compte les temps de déplacement, les mingas1, etc…

Le capital inclut les bâtiments, les outils, mais aussi le cheptel. L’évaluation du capital bovin se réalise grâce à l’Unité Gros Bovin (UGB). Toutefois, l’évaluation de la charge a été difficile de par les différents types d’affouragement non modélisables rencontrés dans la zone (mauvaises herbes, pâture des talus, etc,…). En particulier, l’évaluation des surfaces nécessaire aux cheptel ovin n’a pu être réalisée du fait du caractère indivis de l’espace de pâture (le Paramo).

2.3.2 L’analyse technico-économique des systèmes de culture et d’élevage

Dans un deuxième temps des entretiens directifs ont permis de déterminer les performances technico-économiques des systèmes de culture et d’élevage. Il s’agit de déterminer la richesse dégagée par une activité au cours de l’année. Pour cela, nous avons utilisé les indicateurs suivants:

Le produit brut (PB) : quantité produite dans l’année multipliée par le prix dans l’année ;

Les consommations intermé diaires (CI) : biens et services nécessaires à la production, et entièrement détruits au cours du cycle de production (intrants, aliments pour bétail, prestations de services…) ;

La valeur ajoutée brute (VAB) : richesse produite par l’agriculteur ramenée sur un an et calculée en soustrayant les consommations intermédiaires au produit brut.

Dans nos calculs, nous avons intégré le salaire des travailleurs journaliers en tant que consommation intermédiaire. En effet, cette somme n’est utilisée que pour cette culture à ce moment là.

A partir de la VAB, on peut calculer les indicateurs suivants propres à chaque système technique et qui permet de les comparer entre eux :

La productivité de la terre (VAB/ha.) est la VAB ramenée à une unité de surface (l’hectare). Elle donne une idée du degré d’intensification. Plus cette valeur est élevée, plus le système est intensif ;

La productivité du travail (VAB/hj.) est la VAB dégagée par une journée de travail .

A la fin de cette étape, il a donc été possible de modéliser sous logiciel Excel, les différents systèmes de culture et d’élevage mis en place dans la zone d’étude. Cette étape permet donc de comprendre les modalités de l’exploitation du milieu à l’échelle des ateliers, mais elle ne permet pas de comprendre les logiques de gestion à l’échelle de l’exploitation.

1 Les mingas sont des regroupements intra ou parfois extra -communautaires constitués afin de réaliser des travaux d’aménagement de l’espace (construction de canaux d’irrigation, pavement de route, installation d’égouts, etc…).

2.4 ANALYSE TECHNICO-ÉCONOMIQUES DES TYPES D’EXPLOITATIONS

2.4.1 Les indicateurs techniques des systèmes de production

Dès lors que de grands enjeux se sont dessinés au cours de l’étude de l’histoire agraire, il est possible de choisir un échantillon d’exploitations à étudier de manière plus approfondie. Ces exploitations ont été choisies en fonction de leur caractère déterminant et stratégique pour la compréhension de la dynamique agraire de la zone. Les enquêtes se sont déroulées sous forme d’entretiens directifs pendant le dernier mois. Nous avons pu rencontrer une vingtaine agriculteurs dont certains à plusieurs reprises. Nous avons ainsi pu établir :

les caractéristiques des facteurs de production (main d’œuvre, capital, surface agricole) pour chaque exploitation ;

les surfaces consacrées à chaque système de culture ;

l’environnement technique, social et économique de ces exploitations.

La comparaison des différents systèmes décrits ci dessus est étayée par des indicateurs techniques des systèmes de productions permettant de s’affranchir des caractéristiques de taille des exploitations :

La surface maximale exploitable par actif (SAUmax/act) : elle est calculée à partir de la pointe de travail dégagée par le calendrier. Elle permet de décrire dans un type de système de production précis, la surface maximale dont une personne travaillant toute l’année peut s’occuper ;

Le mois le plus chargé : il est défini à partir du calendrier de travail ;

La répartition des terres : elle décrit l’assolement présent dans les exploitations.

Même si ces indicateurs ont avant tout été construits pour réaliser la comparaison technique entre nos différentes études de cas, ils pourraient permettre d’élargir le diagnostic à d’autres exploitations dans la réalisation d’un projet de développement.

Cette étape permet de mettre en relief les objectifs et les stratégies pris par les agriculteurs, ce qui nous éclaire sur les trajectoires d’évolution possible des exploitations. Cependant cette analyse ne permet pas d’évaluer la durabilité économique (ou viabilité) des différents types d’exploitations, c’est à dire leur capacité à assurer un revenu à l’agriculteur et à pérenniser l’activité. Pour évaluer cette capacité, le passage à une étude des performances technico-économiques des systèmes de production est nécessaire.

2.4.2 Analyse technico-économiques des types d’exploitations

Cette nouvelle étape offre la possibilité de comparer les exploitations entre elles, d’en évaluer la vulnérabilité, et d’élaborer des scénarii quant aux impacts possibles de telle ou telle évolution.

C’est à l’échelle de l’exploitation que sont prises les décisions de l’agriculteur quant à chaque système de culture ou d’élevage, c’est aussi à cette échelle que s’étudient les stratégies et les objectifs du chef d’exploitation. A l’échelle de l’exploitation agricole, on doit prendre en compte le degré d’investissement, c’est à dire prendre en compte l’ensemble du matériel et des bâtiments nécessaires à l’exploitation. Chaque type de matériel agricole n’a pas le même temps d’usage suivant les objectifs de l’exploitant, ainsi on considère l’amortissement (prix d’achat du matériel et des bâtiments divisé par leur durée de vie) comme un indicateur

économique du Système de Production (SP). On obtient la Valeur Ajoutée Nette (VAN) en retranchant les amortissements à la somme des Valeurs Ajoutées Brutes des systèmes de culture et systèmes d’élevage.

Pour pouvoir visualiser et comparer les performances économiques de ces exploitations, nous les plaçons sur un graphique qui replace ces modèles en fonction de la valeur ajoutée nette générée par actif familial (VAN/act.) et de la surface par actif (SAU/act.).

Nous n’avons malheureusement pas eu le temps de corriger et d’améliorer nos modèles au cours du stage et le temps de rédaction était trop court pour les améliorer. Ainsi, les VAN/actifs semblent aberrantes. Nous n’utiliserons donc pas ces resultats dans leur absolu, mais comme outils de comparaison entre les types de producteur.

2.4.3 Etendues des enquêtes

Dans cette phase d’étude technico-économique, nous n’avons pas pu étudier les systèmes intensifs en cebolla païtena (cebette) à cause du manque de temps. D’autre part, les plantations de fleurs n’ont pas désiré nous accueillir dans leurs serres pour réaliser une enquête de ce système de production. Nous n’avons que des informations tirées des discussions avec les ouvriers de ces plantations, informations qui ne suffisent évidemment pas à placer ces exploitations sur le graphique des Valeurs Ajoutées Nettes par actif. Dans le cas des haciendas à activité laitière, nous avons réalisé une seule étude de cas, vu la difficulté de rencontrer les propriétaires. En général, nous avons pu discuter avec les péones (travailleurs journaliers).

2.5 RESTITUTION

Au terme de cette étude il était indispensable de restituer les résultats à tous les acteurs (agriculteurs, habitants de la région, membres d’organismes d’encadrement,…) afin de confronter notre compréhension de l’agriculture de la zone d’étude à la réalité vécue par ces acteurs. Cette restitution se veut être un échange constructif plus qu’une cordialité. Nous y avons présenté l’ensemble des étapes évoquées plus haut. Ainsi, les bénéfices ont été doubles : d’une part, pour nous, de corriger les erreurs éventuelles dans les résultats, et d’autre part de proposer aux acteurs un regard extérieur sur le territoire dans lequel ils évoluent. Enfin, cette présentation est le catalyseur d’un débat dans le public présent. Pour nous, il s’agissait aussi de remercier les agriculteurs pour l’accueil qu’ils nous ont offert durant ces 5 mois de terrain. Elle s’est déroulée le Dimanche 5 septembre 2004 à la Junta Parroquial de Mulalillo. Cette date a été décidée à cause d’une réunion des présidents de communautés qui se déroulait le même jour. Nous avons donc profité de cette présence (une trentaine de personnes) pour réaliser la restitution. Le public était assez homogène car composé de dirigeants locaux. Mais nous n’avons pas trouvé d’autres options pour obtenir des auditeurs dans la paroisse. En effet, la restitution avait été prévue une semaine avant, mais seules deux personnes s’était présentées malgré la campagne d’affichage.

2.6 LES CONDITIONS DE STAGE

Ce stage a été réalisé dans de bonnes conditions de vie quotid ienne. Un logement chez un habitant du centre bourg a été trouvé au bout d’un mois.Cependant, les conditions de travail ne nous ont pas permis d’échanger des points de vue avec un référent scientifique (excepté la visite d’un professeur pendant deux jours). En effet, le maître de stage était la plupart du temps à Quito au bureau d’Intercoopération, nous ne l’avons vu qu’occasionnellement. De plus, à mon arrivée à Latacunga, le coordinatrice régionale du projet était partie en congé de maternité et n’est pas revenue. Enfin, en l’absence d’ordinateur portable, il a été difficile de traiter les données technico-économiques sur place. Et au retour en France, le temps manqua pour achever ces calculs

Figure 1: Situation du Canton de Salcedo en Equateur

Sourcs : encyclopédie Encarta.

Panaméricaine et embranchements

Salcedo

3 1ERE PARTIE : UN PAYSAGE SEC MARQUE PAR LA PRÉSENCE DE CANAUX D’IRRIGATION

La paroisse de Mulalillo occupe 3500 hectares sur le versant Est de la cordillère occidentale équatorienne. Elle est située sur la limite entre la province de Cotopaxi(à laquelle elle appartient administrativement) et de Tungurahua au niveau de San Miguel de Salcedo sur la Panaméricaine.(voir Figure 1 et ANNEXE 1).

3.1 UN CLIMAT ÉQUATORIAL MODIFIÉ PAR L’ALTITUDE ET LES RELIEFS ENVIRONNANTS

3.1.1 Un pays équatorial balayé par la zone de convergence intertropicale

Situé au niveau de l’équateur, le pays subit l’influence de la Zone de Convergence Intertropical (ZCIT : zone de convergence des alizés ). Cette zone, est le siège de phénomène de nébulosités et génératrice de pluie (zone de basses pressions). La ZCIT se déplace avec l’inclinaison saisonnière de la terre par rapport au soleil : vers le sud pendant l’été austral, elle remonte au nord de l’Equateur de juin a septembre. De Octobre à Décembre, la ZCIT descend très bas et les dépressions associées envoient un air chaud et humide de l’Amazonie vers la cordillère. En Janvier, le courant de Humboldt s’étant établi dans sa position la plus au Sud, l’anticyclone des Galapagos s’établit et interdit le passage des vents chauds et humides d’origine amazonienne. De Février à Mai, la ZCIT remonte vers le nord et attire dans son sillage les alizés, qui amènent des masses d’air chaudes d’origie maritime (Pacifique) (POURRUT, 1986). Enfin entre Juin et Août, se rétablissent les alizés de secteurs Sud-Est exactement orientés dans l’axe de la cluse de Baños.

La Sierra centrale équatorienne se caractérise donc par un régime climatique de type équatorial sec à deux saisons des pluies séparées par une grande (Juin-Aout) et une petite saison sèche (Janvier).

D’autre part, sa position équatoriale confère au pays une forte insolation toute l’année, soit constamment 12h d’insolation par jour. L’insolation n’excluant pas les phénomènes de nébulosité.

3.1.2 Un pays montagneux situé sur une zone de subduction

Les flux atmosphériques ne permettent pas seuls, d’expliquer le climat. Le relief joue aussi un rôle prépondérant dans la modification du climat équatorial humide normalement dominant à cette latitude. La compréhension de la topographie de la cordillère en général et de notre zone en particulier est donc fondamentale pour comprendre le climat de la zone.

Le relief de l’ensemble de la cordillère andine à laquelle appartient Mulalillo est l’héritage de mouvements d’orogenèse expliqué par la théorie de la tectonique des plaques. La cordillère des Andes s’est formée par la subduction de la plaque de Nazca sous la plaque sud-américaine. Ce passage lent et forcé a provoqué la formation d’un bourrelet a l’extrémité de la plaque américaine. De même, ces frottements ont provoqué des failles et fissures laissant le passage au magma sur lequel « flottent » les plaques : des volcans se sont donc formés. En Equateur, les deux cordillères formant la sierra, sont la marque de ces activités tectoniques. Elles sont constituées de volcans actifs (Cotopaxi, Tungurahua, Sangaï) ou éteints comme le

Figure 2 Diagramme ombro-thermique de la paroisse de Mulalillo

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Precipitation (mm) Température zone haute Température zone basse

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(mm

)

Sagatoa dans notre zone. Située sur le versant oriental de la cordillère occidentale, la paroisse de Mulalillo, s’étend donc sur les pentes d’un volcan éteint.

3.1.3 Des précipitations et une disponibilité en eau conditionnées par les reliefs environnants

Le climat de la sierra équatorienne et donc de notre zone d’étude, se caractérise par la confrontation du climat équatorial avec les reliefs de la cordillère occidentale. Cependant en zone de montagne, les vents et l’orientation des versants déterminent localement les microclimats et donc des terroirs.

Les vents et précipitations orographiques sont les phénomènes microclimatiques les plus caractéristiques des zones de montagne. Il s’agit de flux d’air remontant les versants et se refroidissant avec l’altitude. Humidifiés lors de leurs remontées ces masses d’air s’en déchargent en arrivant en haut du versant (>4000 m.). On peut penser que c’est le phénomène qui prédomine lors des saisons pluvieuses dans notre zone : d’octobre a Décembre et de Février a Avril. Cependant ce phénomène se manifeste surtout sur les versants orientés face au vent dominant de secteur Sud-Est. Il n’est donc pas très marqué dans notre zone orienté Nord-Ouest, tandis que les paroisses voisines de Cusubamba (au NO) et Quisapincha (au SO) en profitent. L’annexe 2 permet de visualiser ces phénomènes microclimatiques. Ainsi notre zone d’étude elle-même dépourvue de précipitations est encadrée par deux zones relativement plus humides. En témoigne les termes de paramos secos (steppes sèches) attribué à la zone haute de Mulalillo et de paramos humedos(steppes humides) pour ses voisines. C’est dans ces steppes humides que naissent les cours d’eau alimentant les canaux d’irrigation qui traversent notre zone. La paroisse de Mulalillo est donc très dépendante des villages voisins pour ce qui est de l’approvisionnement en eau pour l’agriculture.

3.1.4 Un régime thermique variant dans le temps et l’espace

A l’instar de l’humidité, la température est aussi modifiée par les reliefs. On estime ainsi qu’elle baisse de 1°C tous les 200 mètres. Par conséquent, malgré sa position équatoriale, la zone (étagée de 2800 à 4000 m.) est soumise à des températures allant de 0°C à 25°C selon l’altitude, la saison, et l’heure. En effet, des variations jour/nuit et des variations saisonnières se greffent sur le gradient altitudinal pour constituer un régime thermique équatorial de montagne : l’insolation, très forte et constante toute l’année à cette latitude, provoque un échauffement important au cours de la journée. La nuit est naturellement plus froide, mais à cette altitude et en l’absence de nuages (comme c’est le cas en août ) qui pourraient conserver l’air réchauffé, la température nocturne approche le zéro. Ce refroidissement peut aller jusqu’aux gelées dans les zones hautes (> 3800 m.) et dans les cuvettes où l’air froid descendant du Paramo vient s’accumuler et stagner. Le régime thermique de notre zone est donc principalement caractérisé par un gradient altitudinal et une alternance jour/nuit dépendant de la couverture nuageuse.

En définitive, le climat de notre zone se caractérise par deux saisons sèches, une grande de Mai a Septembre et une petite en Janvier (voir diagramme ombro-thermique en Figure 2). Cependant, il apparaît que les caractéristiques d’orientation de notre zone la rendent peu propice à la chute de pluies. Les 480 mm2 de précipitations annuelles se repartissent donc le

2 Las données climatiques locales n’étant pas disponibles, nous utilisons celles de Salcedo (à 5 km au Nord-Est de la zone)

Figure 3 Bloc diagramme de la zone d’étude

Figure 4 : Toposéquence caractéristique de la paroisse de Mulalillo

Paramo Bajio Pampa Ladera

Canal Martinez

Rio Cutuchi

Conglomérat granitique

Hum.

Cancaghua

Canal Latacunga-Ambato

T°C

Sols noirs Sols sablo-limoneux Sols limono-

sableux Sols limoneux

Flux de matières organiques et de limons

reste de l’années avec de forte pluies de Février à Avril, les aguaceros. Ils sont des facteurs importants d’érosion.

3.2 LE CLIMAT SUR LE RELIEF : DES SOLS DIFFERENCIES LE LONG DE LA TOPOSEQUENCE.

Même si le climat est fortement influencé par les reliefs, le vent et la pluies agissent en retour sur la topographie et les sols, provoquant érosion et flux de matières.

3.2.1 Une topographie marquée par l’érosion

Comme on l’a évoqué, notre zone d’étude est un versant orienté globalement Sud-Est Nord-Ouest appartenant à la cordillère occidentale, massif montagneux d’origine volcanique. Cette zone a donc naturellement subi au cours de son passé géologique les conséquences de l’activité volcanique environnante. On pourra souligner en particulier la chute de matériaux pyroclastique (cendres, scories,…) dont l’accumulation marque la topographie de notre zone d’étude. En effet, le sous sol est essentiellement constitué de cangahua, loess déposé sur les versants et peu à peu cimenté. Ayant la structure d’un sable, il est extrêmement dur à l’état sec mais s’érode facilement lors de fortes pluies. Il recouvre quasiment l’ensemble de la zone sur une épaisseur allant de quelques centimètres a une dizaine de mètres dans les parties basses. Depuis son dépôt, les pluies en formant des torrents, ont griffé les pentes du volcan de canyon, ou quebradas, dont la profondeur peut atteindre 50 mètres. En général, l’érosion s’est arrêtée (ou tout du moins a diminué) en atteignant les couches géologiques plus anciennes formées d’un conglomérat de blocs granitiques pris dans un ciment sableux, probable marque de l’érosion par le gel du volcan Sagatoa. La profondeur des quebradas diminue donc avec l’altitude. A 3600 mètres, la cangahua a complètement disparue et le socle granitique affleure. Au contraire, dans le bas de la zone, le loess s’est déposé massivement et à été entaillé par les cours d’eau de la vallée inter andine : dans notre zone, le Rio Cutuchi a délimité un plateau légèrement incliné vers l’ouest, la Pampa. Le bloc diagramme (Figure 3) nous donne une vision de la topographie générale de la zone d’étude qui selon un toponyme local ressemble aux plis d’une jupe de femme (Cunchibamba en Quichua).

3.2.2 Des sols différenciés le long de la toposéquence

C’est le fort gradient altitudinal qui est le facteur déterminant la diversité des sols de la zone d’étude. Reposant presque tous sur la cangahua, les sols sont de sablo- limoneux à limono-sableux en descendant le profil. Dans la zone basse de « Pampa », ils atteignent un état limoneux. En revanche dans la zone haute où la cangahua est absente (au dessus de 3600 mètres), la pédogenèse sur le socle granitique acide et dans un climat froid et humide a donné naissance à des sols noirs riches en matière organique du fait de la végétation d’altitude qui s’y est développée.

Dans les zones à cangahua et en l’absence d’aménagements de conservation des sols (terrasses, bandes enherbées, etc…), la mise en culture des sols et l’accès à l’eau d’irrigation semble déterminer leur épaisseur : de 3000 à 3600 mètres, il s’agit de terroirs secs à sols fins et jaunes voir blancs (terme vernaculaire de « tierra blanca ») ; de 2700 à 3000 mètres (zone basse), les terroirs bénéficient des transferts de matières dus au ruissellement et l’accès à l’eau d’irrigation permet une plus forte production de biomasse. Les sols limono-sableux voir limoneux de la zone basse sont donc des sols bruns assez épais (de 20 à 50 cm d’épaisseur). Nous obtenons la topo séquence caractéristique de la zone (voir

Figure 4).

Cependant, ces sols sont menacés par les érosions éolienne et hydrique dues aux caractéristiques climatiques de la zone. En l’absence d’obstacle à leur passage (arbres, maisons, collines), les vents violents du mois d’août soulèvent d’énormes nuages de poussière de cangahua et de limon, ce qui limite dans les parcelles la constitution d’un substrat nécessaire à l’initiation de la pédogenèse. De même, lors des fortes pluies, et particulièrement en zone de forte pente, l’eau ne s’infiltre que difficilement et la discontinuité structurale entre les horizons arables et la cangahua est telle que le ruissellement entraîne des pans entiers de parcelle vers l’aval du profil enrichissant ce dernier en matériaux limoneux. En témoigne l’accumulation de limon sur la place de Mulalillo lors des fortes pluies. Cette érosion laisse la cangahua à nu, et c’est alors que sa cimentation est la plus importante, renforcée de plus par des formes d’encroûtement calcaires : ces sols deviennent des sols indurés. Cette induration (cimentation de l’horizon de surface) est caractéristique de 20% des sols de la sierra septentrional équatorienne(GASSELIN, 1995).

3.3 UN ÉCOSYSTÈME CLIMACIQUE ÉTAGÉ

Dans d’autres pays, les conditions pédoclimatiques décrites plus haut et l’altitude, empêcherait la croissance de végétaux, mis à part le lichen et autres organismes pionniers. En Equateur, l’insolation importante et l’absence de grands froids jusqu’à 5000 mètres permettent le développement de végétaux supérieurs adaptés à ces conditions. Nous savons que la limite supérieure de végétation s’est déplacée aux cours des aires glaciaires successives. Aujourd’hui, en aire interglaciaire, cette limite est élevée et l’ensemble de notre zone est compris en dessous.

Bien que n’ayant pas beaucoup de données sur la végétation naturelle de la zone, nous pouvons émettre des suppositions basées sur l’observation d’autres zones de la sierra où persiste la végétation spontanée caractéristique des Andes sèches (parc naturel, zones peu habitées, etc…).

3.3.1 Des adaptations xérophytiques

La végétation spontanée de ce milieu a développé des adaptations xérophytiques face aux conditions climatiques et particulièrement celles du mois d’août quand le froid sec et le vent sont les plus forts. Il s’agit d’arbres comme le Quichuar (Buddleia incana ou Buddleia Pinchinchensis) ou d’espèces herbacées comme le pajonal dont les caractéristiques structurelles leurs permettent de résister à un froid sec. Ces espèces ont développé en particulier des poils permettant de former une zone tampon de résistance thermique ; les feuilles (petites, enroulées ou en épines) sont recouvertes d’une cuticule qui limite la transpiration. Enfin, le port bas des espèces ligneuses leur confère une résistance au vent et au froid.

3.3.2 L’écosystème originel étagé

D’après le diagramme de classification des zones de vie et des formations végétales établi par Lesli R. Holdridge (cité par NELSON GOMEZ, 1996), notre zone d’étude se caractérise par un étagement selon l’altitude des formations végétales: la forêt humide de montagne puis la steppe (climat tempéré froid) prédomine au dessus de 3300 mètres tandis que la forêt sèche de basse montagne (climat tempéré subtropical) occupe le bas du profil.

La forêt humide de montagne se caractérisait probablement par des arbres « rabougris » couverts de lichen formant une forêt assez dense. La fragilité de cette forêt qui au dire des anciens était présente autrefois à la place du paramo actuel ne lui a semble-t- il pas

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Figure 5 : Le réseau d’irrigation de Mulalillo

Paramos humides de Quisapincha

Paramos humides de Cusubamba

Sunfo

Martínez

Márquez

Chiriboga

Alta Fernández

Canal Latacunga-Ambato

Nord

1km

M

Débit des canaux d’irrigation

Faible à abscent Alta Fernandez, Sunfo

Fort avec alternances saisonnières Martinez, Marquez, Chiriboga

Abondant Canal Latacunga-Ambato

RIO NAGSICHE

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permis de résister à une exploitation par l’homme. Aujourd’hui, elle a complètement disparue de la zone. Au contraire la formation steppique appelée « Paramo », localisée naturellement au dessus de la forêt, et composée du pajonal (Festuca et Stipa) , ou herbe du Paramo est actuellement présente dès 3800 mètres (altitude de la frontière agricole). Enfin, la forêt sèche de basse montagne correspond à une formation de ligneux vraisemblablement clairsemés, qui laisse la place aujourd’hui aux terres agricoles. Lorsque la cangahua affleure, des organismes pionnier (lichens), voir des espèces herbacées se développent. En effet, l’enracinement spontané d’arbres est extrêmement difficile sur ces sols indurés. En définitive, l’écosystème originel ou climacique de la zone semble se composer de 3 étages écologiques distincts :

Un étage haut steppique ;

Un étage intermédiaire recouvert de forêt humide ;

Un étage bas clairsemé de ligneux voir d’herbacés sur cangahua.

Aujourd’hui, cet écosystème est presque totalement anthropisé : la végétation spontanée ne peut se développer que dans les zones difficilement cultivables comme les quebradas ou les parcours du haut de la zone. De même elle se manifeste le long des chemins sur les talus et au bord des parcelles par la présence de capulis, d’agaves, etc… Des espèces exogènes de ligneux comme l’eucalyptus et le sapin ont aussi été introduite. Aujourd’hui, elles constituent des haies vives ou sont plantées à des fins commerciales.

3.4 UN PAYSAGE MARQUÉ PAR LA DISPONIBILITÉ EN EAU

C’est a cet écosystème marqué par des conditions pédo-climatiques difficiles que se sont attaqués les hommes afin d’y développer les cultures et d’y alimenter les animaux. Cependant il a fallu en aménager certaines parties afin de s’affranchir des contraintes trop fortes et de sécuriser la production. A l’intérieur de la parcelle, l’homme lutte contre l’écosystème naturel grâce aux différentes opérations culturales et en particulier le désherbage. L’homme a donc fortement modifié le paysage de l’écosystème originel, en développant des cultures qui profitent des aménagements réalisés aux cours des siècles.

3.4.1 Un milieu naturel dont la mise en valeur agricole est périlleuse

Comme nous l’avons remarqué plus haut, l’écosystème originel adapté à chaque étage écologiques était très fragile. En grande partie disparu, il ne protège plus les sols des phénomènes climatiques érosifs. De plus la faible épaisseur des sols et leurs texture à majorité sableuse ne leurs confère qu’une faible réserve utile qui ne peut pas assurer le passage de la grande saison sèche. Dans ce contexte, la mise en valeur agricole en l’état semble périlleuse surtout lorsque des zones plus humides (et donc plus accueillantes) existent dans les environs. C’est peut-être la raison pour laquelle cette zone semblait déserte avant l’arrivée des premiers colons indigènes en 1544 (NAVAS, 1985).

3.4.2 Des aménagements permettant de s’affranchir de certaines contraintes pédo-climatiques

Dans ce milieu sec mais entouré de zones relativement plus humides, une solution pour s’affranchir de la sècheresse chronique est d’y amener l’eau. Il existe aujourd’hui 7 canaux d’irrigation qui alimentent la zone (voir Figure 5). Cependant, les débits des canaux dépendent de leur origine et sont donc inégaux. Ainsi, la zone haute (au-dessus du canal Martinez), ne reçoit que peu d’eau (originaire du secteur de Quisapincha) tandis que la disponibilité en eau est forte en zone basse voir très forte dans la Pampa. Cette disponibilité

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Figure 6 : Schéma explicatif des canteros

3 mètres

5 mètres

CANAL PRINCIPAL

CANAL SECONDAIRE

OVALO

CANAL TERTIAIRE

Vue en coupe

Vue aérienne

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en eau d’irrigation marque fortement le paysage de notre zone puisqu’elle conditionne le type de culture réalisable. Ainsi dans la zone basse irrigable régulièrement, il est possible de planter du fourrage (luzerne en particulier). Cette activité donne à cette zone une couleur verte toute l’année au contraire de la zone haute où la couleur prédominante est le jaune de l’orge prêt à moissonner en août. De plus, l’irrigation permet de s’affranchir des contraintes saisonnières et donc de favoriser le développement de couverture végétale quel que soit le mois de l’année. Cette caractéristique est particulièrement importante pour éviter le ruissellement important intervenant sur les parcelles nues en début de saison des pluies.

Cependant, l’irrigation ne se réalise pas sans aménagement de la parcelle. On observe dans l’ensemble du paysage les aménagements réalisés à la houe par les agriculteurs pour réaliser l’irrigation : les canteros (voi Figure 6). Il s’agit de sorte de labyrinthes qui conduisent l’eau en zig-zag vers le bas de la parcelle. Ils permettent en diminuant la vitesse d’écoulement de l’eau, de limiter le ruissellement (et l’érosion consécutive) et d’augmenter l’infiltration, donc la fourniture en eau des cultures. L’eau chemine depuis un des canaux principaux qui traversent la zone (Martinez, Marquez, etc…), en sort par l’ovalo (prise d’eau) et rejoint le canal secondaire qui descend dans la pente. Enfin des prises échelonnées le long de ce dernier mènent l’eau jusqu’à un groupe de parcelles. L’ovalo définit la communauté ; il est en ciment. Par contre, dans les canaux secondaire et tertiaire souvent creusés dans la cangahua, la direction prise par l’eau est gétée par les agriculteur qui déposent des mottes de terres arrachées à la houe en travers du reseau.

D’autres aménagements marquant moins le paysage sont observables : des haies de feuillus permettant de briser la force érosive du vent et des terrasses de cangahua–bien que peu nombreuses- qui évitent la fuite des constituants fertiles des sols.

3.4.3 Un découpage zonal qui synthétise les atouts/contraintes de chaque zone

Recenser les différentes caractéristiques pédo-climatiques de notre zone nous a permis de comprendre les multiples gradients qui interviennent dans la constitution du paysage : gradient de température, gradient d’humidité, différenciation de sol, étages écologiques, disponibilité en eau. Cette analyse nous permet donc de différencier des zones agro-écologiquement homogènes, c’est à dire dans lesquelles règnent des conditions pédo-climatiques comparables. Dans la paroisse de Mulalillo, nous distinguerons donc 4 zones :

Zone 1 ou paramo constitué d’une végétation steppique spontanée et peu mis en culture;

Zone 2 ou ladera correspondant à une zone agricole sèche fortement érodée ;

Zone 3 ou bajio irrigable et au climat plus doux ;

Zone 4 ou pampa fortement irrigable mais présentant des risques de gelées.

L’annexe 3 récapitule les atouts et contraintes de chacune des zones.

Le Paramo: une zone de pâturage où s’imprime la frontière agricole

La zone 1 située au dessus des canaux Alta Fernandez et Sunfo est essentiellement constituée de pajonal (dont les feuilles allongées et fines sont utilisées dans la fabrication du toit des habitations). C’est donc principalement un espace de pâtures (saltus) mais où les paysans cultivent des grains (orge, fève, petits pois) et des tubercules (pomme de terre, occa, melloco). La frontière agricole se situant à approximativement 500 mètres au-dessus de sa

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limite inférieure. Il s’agit donc d’un paysage essentiellement vert pale (couleur du pajonal) dont la partie basse est occupée par une mosaïque de parcelles cultivées ou en friche de forme le plus souvent allongée selon les courbes de niveaux pour faciliter l’arairage tracté. Même si cette zone ne dispose pas d’irrigation, son altitude (3600-4200m.) lui confère une humidité forte et des sols noirs riches en matière organique.

Quelles sont les modalités (sociales et techniques) de mise en valeur du Paramo ? Comment a évolué la frontière agricole au cours des siècles ?

La Ladera : une zone sèche et marquée par l’érosion

Cette seconde zone dont l’accès à l’eau d’irrigation est limité, présente des parcelles cultivées séparées par des friches mais la plupart du temps situées sur le haut des interfluves formés par les quebradas. Ces dernières très larges et peu profondes dans cette zone (à l’exception de la Quebrada Pillinga), accueillent une végétation spontanée subtropicale sèche - recrudescence probable de la forêt sèche de basse montagne - composée d’arbustes et d’eucalyptus qui en constituent l’étage supérieur. Les principales espèces cultivées sont la pomme de terre, le petit pois et l’orge. Dans le bas de cette zone (3000 à 3200 m.) se cultivent en plus le maïs et la luzerne. L’abandon de nombreuses parcelles (en particulier sur les versants des quebradas) les expose à une érosion catastrophique qui les transforment en désert de cangahua.

Pourquoi de telles portions du finages sont elles abandonnées ? Pourquoi la culture de luzerne se concentre-t-elle essentiellement dans le bas de la ladera ? Comment se réalise l’affouragement des animaux (maïs…) ?

Le bajio : une zone de production de luzerne caractérisée par l’accès à l’eau

Au contraire de la Ladera, l’eau d’irrigation étant disponible en quantité suffisante, il est possible de cultiver la luzerne. Cette production fourragère occupe la majeure partie du terroir de cette zone et nourrit un important troupeau de vaches laitières croisées de race Holstein et de race locale. Les autres soles sont constituées essentiellement de pomme de terre et de maïs. Enfin, des cultures d’arbres fruitiers comme le pommier, le poirier, le pêcher et la tomate d’arbre sont souvent associés à la luzerne. Des serres abritant des tomates de table sont visibles dans le bas de cette zone. La taille des parcelles varie beaucoup plus que dans la zone haute ; elles sont situées dans un intervalle de 200 à 5000 m² selon leur emplacement.

Quelles sont les facteurs déterminant la taille des parcelles ? Qu’est ce qui a conduit à cette apparente spécialisation dans l’élevage laitier ?

La Pampa : une zone de déséquilibre marqué par la taille des parcelles

De même que sur le bajio, cette zone basse et plane bénéficie d’une eau d’irrigation très abondante (canal Latacunga-Ambato) et de sols enrichis continuellement en limons originaires du haut du profil. La culture de luzerne y est de même prédominante sur d’immenses parcelles qui atteignent l’hectare. Au contraire, des parcelles extrêmement petites (<1000m²) regroupent des cultures de pomme de terre et de maïs.

Quelles sont les origines de tels déséquilibres de la répartition foncière ? Quel rôle joue la grande disponibilité en eau sur la production de fourrage ?

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Figure 7: Zonage agro-écologique de la parroquia de Mulalillo

Zone 1: Paramo

Zone 2: Ladera

Zone 3: Bajio

Zone 4 : Pampa

Zone basse

Zone haute

M

Nord

1km

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Même si elle fournit la localisation globale des activités agricole, cette zonification ne recoupe pas forcement des unités territoriales. Ainsi, on pourra aussi considérer comme zone de type ladera, la partie orientale de la Pampa et la colline orientale du bajio, du fait de l’absence de canaux d’irrigations. Le bloc diagramme de la Figure 7 situe ces zones dans l’espace.

Chaque zone possède donc ses propres problématiques quant à sa mise en valeur agricole. Cependant, l’analyse globale de l’ensemble de la zone d’étude élargit ces problématiques à l’échelle du système agraire.

Quelles sont les modalités du déséquilibre zone haute-zone basse initié par la différence d’accès à l’eau ? Comment évolue l’activité laitière ?

3.5 L’ENVIRONNEMENT SOCIO-ÉCONOMIQUE DE LA ZONE D’ÉTUDE

La paroisse de Mulalillo est intégrée dans un environnement socio-économique qui a marqué, marque et marquera l’orientation de ses activités. Il est donc intéressant de se pencher sur son intégration au sein des réseaux de communications de la Sierra centrale.

3.5.1 La connexion au réseau routier national

Notre zone d’étude se situe au bord de la route Panaméricaine qui relie le sud des Etats-Unis au sud du Chili. Il s’agit de l’axe de communication majeur d’Amérique latine où transitent des centaines de camions par jour. Grâce à sa proximité, il est très facile de se déplacer de Mulalillo vers le reste du pays. Elle facilite donc les trajets des migrants qui peuvent facilement revenir de Quito (2h1/2) ou de la Côte (6 à 10 heures) pour les fins de semaine ou d’Ambato (1heure) chaque jour.

3.5.2 Réseau routier local et zone d’atteinte des lecheros

Sur le territoire de la paroisse, seule la route principale qui la traverse dans toute sa largeur pour joindre Cusubamba à la Panaméricaine est pavée. Les autres routes sont des pistes creusées dans la cancaghua, où seules les camionettas(4x4 Ford aménagés pour le transport de personnes et de marchandises) et les ânes passent. Ainsi, certaines communautés hautes (San Diego, San Juan,…) sont à plus de 30 minutes de voiture du centre bourg de Mulalillo. Cet éloignement et la mauvaise qualité de la piste dissuadent les lecheros (collecteurs de lait) de venir collecter l’éventuel lait produit dans ces communautés. De plus, cette contrainte ainsi que la situation de Mulalillo entre la Panaméricaine et Cusubamba ont provoqué le développement d’une importante activité de transport dans la zone. Certaines familles, ayant investi dans l’achat d’une camionetta, vont l’amortir en proposant leur service pour des courses jusque dans les communautés éloignées du bourg.

3.5.3 Ambato, métropole régionale

Bien que n’appartenant pas administrativement à la province du Tungurahua, la paroisse de Mulalillo est sous l’influence de la ville d’Ambato. Cette agglomération de 200.000 habitants est un nœud de communication de la Sierra centrale. Elle abrite des foires presque journalières et des marchés de gros qui drainent les productions des environs. Ainsi, même si Latacunga (capitale du Cotopaxi) pourrait paraître plus proche, les habitants se tournent vers Ambato pour l’écoulement de leurs productions, Latacunga demeurant la ville à fonction administrative. De même, Ambato draine une bonne part de la population migrante de la zone grâce au secteurs du bâtiment et de la mécanique.

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La paroisse de Mulalillo est donc une zone sèche de montagne dans laquelle 4 étages agro-écologiques se distinguent. L’eau et les sols sont les principales clés d’analyse d’un paysage bicolore (jaune-vert) marqué par les cultures d’orge dans sa partie haute et de luzerne fourragère dans sa partie basse. Cette zone fortement griffée par l’érosion hydrique et éolienne sur la cangahua, est intégrée au réseau de communication national. Le paysage actuel de notre zone d’étude est le résultat de l’action de l’homme sur l’écosystème naturel ou climacique. Les paysans y ont développé des pratiques agricoles et des structures sociales en équilibre avec les contraintes socio-économiques et agro-écologiques qui se sont succédées. L’étude de l’histoire agraire permet de connaître les différents modes possibles de mises en valeur de l’espace et les grandes dynamiques qui animent la zone aujourd’hui.

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Figure 8 : La situation agraire avant l’arrivée des colons, l’écosystèle climacique

Légende :

Paramo Implantations humaines

(première zone agricole ?)

Zone de forêt humide de montagne

Zone de forêt sèche de basse montagne

Chemin de l’Inca

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4 DES SYSTÈMES AGRAIRES MARQUES PAR L’INFLUENCE EXTERIEURE

4.1 AVANT 1645 : LES DEBUTS DE L’AGRICULTURE DANS UNE ZONE STRATÉGIQUE DES GUERRES INTRA INCAS

4.1.1 Une zone originellement vierge positionnée sur la principale voie de communication Inca

En bordure est de notre zone se trouve le lieu historique de la bataille entre les deux frères ennemis, héritiers de l’empire inca. Il s’agit du pont sur le Rio Nagsiche, où l’Inca Atahualpa, chef du royaume de Quito a triomphé de son frère Huascaran, chef de l’empire inca basé à Cuzco au Pérou. Les environs de ce pont ont été aussi choisis pour établir les fortifications de l’actuel Panzaleo et ce, afin de contrôler le passage naturel à travers la cordillère occidentale formé par le Rio Nagsiche. Ainsi, même si la zone d’étude à proprement parler ne semble avoir été colonisée que tardivement, ses environs proches était des hauts lieux stratégiques pour les caciques (chefs indigènes). Nous pouvons donc supposer que l’entretien de garnisons nécessitait une zone agricole proche. De plus, la construction du chemin de l’Inca3 et le passage de convoi de marchandise (comme le sous-entend le toponyme de Lampata, « chemin de lamas » en Quechua) ont du pousser à la mise en valeur agricole de petites zones pour assurer l’approvisionnement. Ces deux faits nous poussent à croire que même si la majeure partie de la zone était recouverte par l’écosystème originel, sa frontière Est était cultivée dès l’arrivée de l’Empire Inca à cette latitude(voir Figure 8).

4.1.2 Une histoire agraire qui commence véritablement avec la colonisation espagnole

Ce n’est qu’en 1645, que cette zone sauvage probablement recouverte de forêts a été colonisée par les habitants de la paroisse de Mulalo, située sur les basses pentes de la cordillère orientale au Nord de Latacunga. Les raisons de cette colonisation engagée par le cacique Gaspar Zanipatin ne sont pas claires : S’agit- il d’un déplacement stratégique de populations afin de marquer la frontière avec un cabildo (autorité indigène) voisin, d’une fuite de population due à la pression foncière créée par l’implantation d’une hacienda dans leur paroisse d’origine ? Ou bien de déplacement de population afin de servir de main d’œuvre pour le fonctionnement d’une nouvelle hacienda ? En effet, un an après la formation de Mulalillo (petit Mulalo), l’Espagnol Nicola s Martinez réclame la concession de 16 caballerias (soit environ 176Ha) de terres du lieu dit Cunchibamba à 1km au sud de l’actuel village de Mulalillo(NAVAS, 1985). On peu aussi supposer que la zone Nord appartenait aux haciendas de la paroisse voisine de Cusubamba colonisée plus tôt que Mulalillo.

Ainsi même si la date exacte de colonisation n’est pas connue avec certitude, nous pouvons affirmer que notre zone d’étude était en majorité vierge à l’arrivée des espagnols en Equateur (1530). De plus,si on suppose le climat constant, elle était entourée de zones beaucoup plus accueillantes pour une implantation indigène dans un contexte de faible occupation de l’espace. Ainsi, même si les colons indigènes originaires de Mulalo

3 Chemin de l’Inca : sentier ou parfois véritable route reliant les différentes villes et zones de productions agricoles de l’Empire Inca.

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constituaient une communauté à proprement parler indigène (avec sa culture, ses productions agricoles, son organisation sociale, etc…), c’est avec la colonisation espagnole que commence véritablement l’histoire agraire de notre zone d’étude agricole. Cette histoire commence par l’asservissement des indigènes.

4.2 1645-1945 : DES HACIENDAS OÙ CULTURES ET ÉLEVAGE OVINS EXPLOITENT LES DIFFÉRENTES PARTIES DE L’ÉCOSYSTÈME AVEC UN OBJECTIF COMMERCIAL ET GRÂCE À UNE MAIN D’ŒUVRE SERVILE

4.2.1 Des terres de la couronne légalisées pour les conquistadores

Si l’on exclue la vingtaine d’hectares attribués en 1646 aux colons indigènes de Mulalillo, l’ensemble de la zone d’étude était occupé par les haciendas à la fin du 17ème siècle. Cette occupation répond à la politique coloniale d’assurance de l’alimentation des villes par les campagnes. Ainsi, la paroisse voisine de Cusubamba était une grande zone de production de céréales (« terre à pain ») dès la fin du 16ème siècle. A cette nécessité de produire pour les villes s’ajoute le contexte social de l’après-guerre de colonisation. En effet, les soldats ayant combattu dans les troupes espagnoles désiraient rester sur place pour exploiter les nouvelles terres conquises. C’est dans cette optique et avec les a priori de la structure agraire de la métropole que se sont développées des haciendas(grands domaines capitalistes) de 50 à 500 Ha qui furent concédées aux aristocrates équatoriens. Il existait 3 grandes haciendas au début de cette période dans notre zone : La Provincia, Nagsiche et Cunchibamba.

4.2.2 Une nécessité de main d’œuvre abondante et bon marché

Une main d’œuvre soumise de force

Il est évident qu’une famille de conquistadores même nombreuse ne pouvait pas à elle seule cultiver les dizaines d’hectares de l’hacienda familiale avec l’équipement manuel de l’époque (araire, bœufs, houe, faucille, faux etc.,…). De plus dans le contexte de la colonisation et de la domination des peuples indigènes, il était facile de réquisitionner une main d’œuvre locale moyennant très peu de contrepartie. Les grands propriétaires ont donc asservi la population indigène pour le travail dans leurs domaines. Ainsi, si on estime que la surface par travailleur dans les haciendas était de un travailleur pour 15Ha, notre zone de 30km², occupée en totalité par les haciendas, devait compter environ 200 travailleurs soit environ 1000 habitants (30 habitants au km²). Ces chiffres donnent une idée de la régression opérée par la colonisation puisqu’il correspond aux densités d’un système de défriche brûlis (MAZOYER, 1997) mais dans des conditions sociales bien plus précaires. Il est aussi à comparer avec les 6000 habitants d’aujourd’hui. La question des paysans occupant les 21 cuadras concédées aux premiers colons indigènes restent floue mais il est probable qu’ils furent aussi soumis au travail obligatoire. Seuls quelques notables indigènes (en particulier les caciques) purent se dégager du piège de l’impôt et conserver un statut de paysans libres.

Les modalités de soumission des travailleurs de Mulalillo ont dû être comparables à celles mises en place dans le reste du pays, a savoir un endettement provoqué par la nécessité de payer l’impôt à la couronne d’Espagne. En effet après la conquista, et alors que les caisses de la métropole étaient vides, la couronne a levé des impôts afin de se renflouer. Néanmoins, les paysans indigènes ayant développé un système basé sur l’autoconsommation et n’ayant que très peu de terres ne pouvaient pas dégager de revenus pour payer les impôts. Il furent donc obligés de travailler dans les haciendas afin de payer le tribut.(MORENO YANEZ, 1989)

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Des travaux durs sous la pression des contre-maîtres

Cette rémunération abaissait donc les indigènes au statut d’esclaves, d’autant qu’ils exécutaient des travaux pénibles 6 jours par semaine et jusqu’à 12 heures par jour durant lesquelles ils devaient supporter les brimades des contre maîtres (mayordomos). Ceux-ci, au service du patron, planifiaient les travaux agricoles et supervisaient leurs réalisations par les indigènes : portage de fumier, réalisation des canteros, désherbages, moisson. En plus des travaux agricoles saisonniers, les esclaves ont aussi réalisé des ouvrages d’aménagement de l’espace comme le creusement des acequias (canaux d’irrigations) dans la cangahua. Comme on l’a expliqué plus haut, des ouvrages d’irrigation ont été construits pour s’affranchir des contraintes pédo-climatiques. Ce sont les hacendados qui ont planifié ces grands travaux profitant ainsi de la main d’œuvre indigène gratuite pour aménager leurs terres et augmenter leurs rentes foncières. Ces canaux (ironie de l’histoire) portent aujourd’hui leurs noms : Alta Fernandez, Martinez, Chiriboga.

4.2.3 Des espèces métropolitaines pour nourrir la population coloniale

Une demande urbaine en croissance

Les productions de l’haciendas étaient destinées principalement aux marché urbains, c’est à dire à des blancs ou créoles, une petite partie restant sur place pour nourrir la population servile. Ayant « conservé leurs habitudes alimentaires, venant du vieux monde » (MORENO YANEZ, 1989), les Espagnols firent cultiver les céréales comme le blé et l’orge issus du foyer proche-oriental (MAZOYER, 1997) et introduisirent le mouton, la vache et le porc dans un continent où les seules sources de protéines animales était le lama et le cochon d’Inde. Les haciendas produisaient aussi de la laine destinée à fournir la population en textiles. L’ensemble des productions des haciendas, à l’exception des quantités nécessaires à l’alimentation des esclaves, était transporté à dos de mules ou d’ânes (autres espèces introduites) jusqu’à la métropole régionale d’Ambato, où résidaient la plupart des hacendados. Leurs demeures (quintas) sont encore visibles aujourd’hui sur les hauteurs d’Ambato. Après le comptage des volumes, les grains partaient pour les moulins tandis que la laine alimentait les nombreuses filatures de la ville.

De nouvelles rotations

Ces espèces importées s’associèrent avec les cultures locales américaines - sud-américaines pour la pomme de terre, fèves, lentilles, quinoa et centro-américaines pour le maïs, haricots (MAZOYER, 1997)- pour constituer un nouveau complexe cultural (auquel il est nécessaire d’ajouter le mouton pour la laine). De nouvelles rotations sont donc mises en place : pomme de terre//céréale//légumineuse4 en zone trop haute pour le maïs et pomme de terre//maïs//céréale//légumineuse en zone plus basse. Il s’agit de cultures pures. Le fumier était épandu avant la culture de pomme terre, puis mélangé au sol grâce à l’araire. Plusieurs passages de herse permettaient ensuite de préparer le lit de semence, affinant la terre pour un bon développement des tubercules. Le résidu de fertilité après le cycle de pomme de terre était consommé par le maïs, ou directement par la céréale. Enfin, la légumineuse à grain (fève, petit pois, lentille, etc…) clôturait la rotation en enrichissant le sol en azote. Ces culture de cycle court (6 à 8 mois) laissaient la place à des jachères courtes rompues à l’araire ou retournées manuellement à la houe.

4 : Dorénavant, nous noterons les systèmes de cultures selon le code suivant : // rotation inter-annuelle, / rotation intra-annuelle, + associations, (…)n culture durant n années.

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Figure 9 : Le partage de l’espace dans les grandes haciendas (1645-1945)

Légende :

Zone de pâture (paramo) Premières surfaces en prairies temporaires

Zone de culture à base d’orge Haciendas

Zone de culture à base de maïs Haciendas en vente

Limite des haciendas Zone de prairies artificielles

Zone d’agriculture d’autoconsommation

Réservoir de terre (gravité)

Huasipungos : agricultures familiales d’autoconsommation

Réservoir de ciments (aspertion)

Zone de paramo communautaire Surfaces érodées

Mulalillo

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4.2.4 Un fonctionnement calqué sur le modèle d’exploitation de la métropole

Un outillage importé

En plus de nouvelles espèces, les Espagnols introduisirent l’araire et la houe pour le travail du sol. L’araire permet grâce à la traction attelée de griffer la surface du sol pour préparer un lit de semence. Au contraire, la houe (qui remplace la taccla, outil traditionnel inca de labour à main) permet un désherbage ou un véritable retournement d’une jachère par un labour manuel. Ce nouvel outillage a été adopté plus tard par les paysans indigènes.

Une exploitation intégrée des différents étages écologiques

Au temps des concessions, les haciendas formèrent des bandes allongées selon la topo séquence, pour profiter des atouts de chaque étage écologique et en particulier du paramo et de la Pampa (voir le bloc digramme en Figure 9). En effet de par leurs activités de polyculture-polyélevage, les haciendas avaient besoin de pâtures pour les animaux (moutons, bœufs, mules, chevaux) et de terres fertiles pour les cultures (orge, pomme de terre, maïs, légumineuse, etc…). Ainsi s’est développé un système de production réalisant un polyélevage dans le paramo et la polyculture sur les pentes.

Ce système fonctionnait grâce à des transferts de fertilité qui renforçaient les transferts naturels : du paramo vers les pentes. Le troupeau ovin était amené par des bergers (souvent les enfants) toute la journée pour paître dans le paramo concédé à l’hacienda. Un parcage de nuit permettait de récupérer et stocker le fumier qui était ensuite descendu à dos d’homme ou grâce aux mules jusqu’aux terres de cultures. Le volume des transferts était très important puisque les troupeaux ovins comptaient quelques centaines de tête et étaient augmentés, en période de non- labour (Novembre à Juillet), par les bœufs de traction. On peut donc supposer que les parcelles étaient correctement fumées et donnaient des rendements importants. Les animaux restant en bas étaient alimentés grâce aux cannes de maïs et à la paille de céréales qu’ils pouvaient consommer sur place ou à l’étable. Il n’y a pas eu, au début tout du moins, de prairies artificielles de plantées pour l’alimentation de ces animaux.

Des restes pour les esclaves

Les travailleurs des haciendas n’avaient selon nos calculs au mieux que 21/200 soit moins de 0,1 Ha par famille, surface insuffisante pour survivre. Cependant, ils avaient le droit de faire pâturer leurs quelques moutons avec le troupeau du patron et de les mener sur les parcelles moissonnées de céréales. De plus même si les terres cultivées s’étendaient jusque dans les quebradas, les esclaves pouvaient aussi faire pâturer leur bétail sur les talus et dans le fond des canyons.

4.2.5 Une structure agraire de lati-microfundia

Dans notre zone d’étude, le développement des haciendas calqué sur le modèle métropolitain a donc mené à une structure agraire de lati-microfundio. L’ancien système incarné par les colons indigènes originaires de Mulalo se trouva quasiment anéanti jusque dans son équilibre social puisque à la fin du 18ème siècle les caciques Zanipatin finirent d’abandonner leurs protégés et se marièrent avec la famille Fernandez.

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Des haciendas occupant la majorité des terres et situées dans les trois étages écologiques

Elles dominent le paysage agraire de Mulalillo du 17ème au 19ème siècle. Produisant laine et grains, elles sont autosuffisantes tant sur le plan alimentaire (nourriture des esclaves) que sur le plan de la fertilité. Leur logique est fortement commerciale (vente de la plupart des productions) dans un objectif de maximisation de la rente foncière du patron (hacendado). Elles emploient une main d’œuvre quasiment gratuite d’indigènes microfundistes voir sans terres.

Des esclaves sans terres

Bien qu’autorisés à posséder des moutons et à les faire pâturer dans les paramos du patrons, les esclaves ne possédaient que peu voir pas de terres. Obligés de payer les impôts levés par la couronne, ils devaient travailler dans l’hacienda. Leurs lopins de terre même cultivés intensivement ne pouvaient pas suffire à nourrir la famille.

4.2.6 La construction des canaux entraîne une différenciation marquée de zones agro-écologiques

Au début du 19ème siècle, la construction des canaux d’irrigation permit sans changer de systèmes de cultures, de sécuriser la production et d’améliorer les rendements. Le canal Martinez et Marquez, en prise directe sur le Rio Nagsiche (juste sous la confluence avec un autre rio), permettent d’irriguer la zone basse de Mulalillo. Il était impossible de réaliser un canal plus haut pour des raisons de topographie du bassin versant. La zone haute est de son coté irriguée grâce au canal Alta Fernandez dont la prise se situe dans les paramos de Quisapincha. A l’époque des haciendas, toute l’eau arrivait à Mulalillo, tandis qu’aujourd’hui les habitants ne profitent que des volumes d’eau non utilisés plus en amont.

Ainsi, la construction des canaux ne modifia pas la structure agraire de l’époque mais plutôt les performances des systèmes de cultures. En effet, l’irrigation permet un accroissement de la fertilité(au sens large) des terres : diminution de l’érosion, affranchissement des sècheresses, influence indirecte sur le taux de matière organique du sol. Par une intensification en capital, l’irrigation accroît la productivité de la terre.

4.3 1945-1960 : LA TIMIDE AVANCÉE SOCIALE DE V.IBARA : UN SYSTÈME DE SERVAGE OÙ LA TERRE ET L’EAU SONT LES LEVIERS DE LA DOMINATION

En 1945, sous la législature de Velasco Ibara, se vote la loi des huasipungos. Elle oblige les hacendados à abandonner une partie de ses terres au profit de ses travailleurs esclaves. La mise en place de cette loi, qui ressemble fortement à une réforme agraire, est cependant biaisée. Des arguments sociaux pourraient la justifier mais il semble qu’elle fut surtout (ou les hacendados ont surtout réussi à en faire) un instrument au profit des grands propriétaires dans un contexte d’extension de la révolution industrielle.

4.3.1 L’effondrement des cours de la laine et le démarrage du front laitier

La concurrence laine-coton

Dans les années 40, les effets de la révolution industrie lle sont bien perceptibles en Equateur. Elle s’est manifestée dès 1908 avec l’achèvement de la ligne de chemin de fer qui relie les villes de la dorsale andine (Quito, Ambato, Cuenca) avec la région côtière où sont

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localisés les grands ports du pays. De plus, les déplacements sont révolutionnés par le moteur à explosion et l’ouverture du canal de Panama abaisse les coûts de transports des marchandises issues du Vieux Continent. En l’absence de barrières douanières, ces marchandises sont venues concurrencer les productions équatoriennes sur le marché national. Le secteur textile est tout d’un coup fortement concurrencé par l’arrivée des textiles en coton dont les coûts de production sont très inférieurs, vu l’avancée technologique des filatures anglaises.Le prix de la laine chute fortement et les équatoriens commencent à porter des habits en coton.

Le lait comme porte de sortie pour les haciendas ?

Depuis leur concession, les grands domaines se transmettaient par héritage, ou par vente en bloc à d’autres aristocrates espagnols ou créoles. Les propriétaires changeaient donc sans modifier le système. Cependant, lors des ventes ou des héritages s’observaient souvent un découpage des terres selon une ligne horizontale. Ainsi, tandis que certaines haciendas conservaient les hautes terres (paramo, ladera), d’autres se localisaient dans le bajio ou dans la Pampa. Les transferts de fertilité entre le paramo et les terres basses autrefois intégrés dans le fonctionnement d’une seule hacienda prennent alors un tour commercial : vente d’une partie du fumier de mouton entre haciendas. Le chemin de fer permet un accès facilité aux intrants agricoles d’origine exogène : le guano et autres engrais organiques de la côte et les engrais chimiques originaires des mines. Cet accès permet aux haciendas de la Pampa de s’affranchir des terres hautes et de concentrer leurs activités en zone basse irriguée.

Suivant l’exemple des haciendas de la vallée de Latacunga, certaines haciendas (en particulier Nagsiche, appartenant à la famille Holguin) en zone irrigable basse et donc près des voies de communications, commencent à développer une activité laitière. Il est alors nécessaire de planter des prairies temporaires à base de pasto azul (Dactylis Glomerata), kikuyo (Pennisetum Clandestinum), raygrass (Lolium spp) dans les terres irrigables. Ces prairies peuvent durer une dizaine d’années avant leur retournement effectué manuellement puis au tracteur dans les années 60. Elles prennent part à la rotation traditionnelle en remplaçant la légumineuse. Ainsi, même si la culture fourragère remplace une culture de rente en grain, le rôle agronomique de cette sole ne change pas : il s’agit de renouveler la fertilité non pas par fixation d’azote (luzerne, trèfle) mais par la production d’une importante biomasse racinaire. On peut penser que les nouveaux pâturages temporaires par leurs plus forte production de biomasse (cycle plus long, densité de plante plus importante) permettent de résoudre en partie le problème de la perte de l’accès au Paramo. Dans les zones laitières, le cycle de céréale est supprimé pour maximiser la charge animale. Les rotations sont donc du type :

Pomme de terre//Maïs//(Prairie temporaire)10. Les vaches laitières, quant à elles, pâturent les prairies temporaires au piquet ou en

divagation libre. Elles sont rentrées tous les soirs pour la traite, ce qui permet de recueillir le fumier, autre moyen de résoudre l’absence de paramo. Lorsque l’hacienda possède des terres dans le paramo, les vaches taries y sont menées jusqu’au prochain vêlage.

Une main d’œuvre en migration

La révolution des transports a provoqué un important développement d’activités commerciales dans le secteur urbain et sur la Côte (« boom bananier » des années 40-50). La demande en main d’œuvre a donc augmenté dans la première moitié du 20ème siècle. De plus, il s’agissait de travail réellement salarié et mieux payé que « l’esclavage dans les haciendas ». En effet même si le statut de l’esclave s’est amélioré grâce à des soulèvements, au début du

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Figure 10 : Le paysage agraire des huasipungos (1945-60)

Légende :

Zone de pâture (paramo) Premières surfaces en prairies temporaires

Zone de culture à base d’orge Haciendas

Zone de culture à base de maïs Haciendas en vente

Limite des haciendas Zone de prairies artificielles

Zone d’agriculture d’autoconsommation

Réservoir de terre (gravité)

Huasipungos : agricultures familiales d’autoconsommation

Réservoir de ciments (aspertion)

Zone de paramo communautaire Surfaces érodées

Martínez

Márquez

Alta Fernández

Mulalillo

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20ème siècle, le travailleur est toujours attaché à l’hacienda et n’est payé qu’en grain : après la récolte, il est peut les restes d’épis ou les pommes de terres oubliées (droit de glanage).

4.3.2 L’appropriation de la réforme agraire par les hacendados

Bénéficiant de cette loi selon leur ancienneté dans l’hacienda, les travailleurs maintenant appelés huasipungueros, reçoivent de 0.5 à 3 Ha de terrain en usufruit. Ce huasipungo est généralement localisé sur des terrains aux marges de l’hacienda (terrain sec ou éloigné). Lorsqu’ils sont situés en zone irrigable, les huasipungos n’ont accès à l’eau qu’en échange de travail. Même si il concède des terres, le patron s’arrange donc pour « éviter que les travailleurs puissent garantir la reproduction complète de leur famille grâce au travail sur leurs parcelles » (FARREL et DA ROS, 1983). En effet, il n’est pas possible d’assurer la reproduction de la famille dans aucun cas :

En zone haute, vu le niveau de productivité de la terre et la superficie concédée, il n’est pas possible d’assurer la reproduction d’une famille ;

En zone basse, où la productivité de la terre est potentiellement plus élevés grâce à l’irrigation, les « huasipungueros » sont obligés de travailler pour l’obtenir.

Cela permet au patron de conserver l’accès à une main d’œuvre stable, presque gratuite puisque rémunérée par l’usufruit du huasipungo et en situation de dépendance. D’une relation de salariat-esclavage, les relations entre patron et travailleurs deviennent du servage. Les grands propriétaires se sont donc appropriés la « réforme agraire » en maintenant le rapport de domination et en relocalisant ses activités dans les zones fertiles (élevage laitier en zone basse).

4.3.3 Un système étagé lati-minifundiste

4.3.3.1 Les haciendas en cours de différenciation

Malgré la concession d’une partie de leur superficie, ces haciendas conservent un fonctionnement similaire à la période antérieure.

Haciendas en début de spécialisation laitière

Grands domaines spécialisés localisés dans la zone basse de Mulalillo, ces systèmes de production capitalistes encore rares à cette période développent les prairies artificielles sur de grandes surface. Elles produisent du fromage puis, lorsque les camions sont disponibles, fournissent en lait les laiteries de Latacunga. Elles engagent les prémices du front laitier.

Haciendas productrices de laine

Localisées dans la zone haute, ces haciendas ont conservé un système traditionnel d’élevage ovin et de production de grain ; elles ont la possibilité de vendre le surplus de fumier de moutons aux grands domaines d’en bas. Cependant elles sont déstabilisées par la chute du cours de la laine et par la concurrence des engrais exogènes (chimiques et organiques) dont la diffusion est facilitée par le chemin de fer.

Haciendas traditionnelles grains et laine

Ces haciendas ont su garder un accès aux différents étages écologiques de la zone et conservent donc un fonctionnement traditionnel intégré sur la totalité de la toposéquence. Le bloc diagramme de la Figure 10 permet de se représenter ce que pouvait être le paysage agraire à cette époque

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Les huasipungueros : minifundistes et double actifs

Des cultures d’autoconsommation

Possédant un petite parcelle, les huasipungueros cultivent les plantes traditionnelles comme les tubercules andins (pommes de terre, melloco, occa...) ainsi que les grains comme la orge, le mais, le blé, l’orge etc... La fertilité étant assuré de deux manière : d’une part la culture de légumineuse à grain (fèves, petits pois, lentille, habilla, etc…) d’autre part grâce aux moutons qui pâturent la journée dans le paramo et sont parqués la nuit sur les jachères ou près des maisons. Ces nouvelles exploitation familiales développent des systèmes de cultures très intensifs sur les petites surfaces qu`elle possèdent. Cela se traduit par des cultures en association : pomme de terre avec petit pois, maïs qui sert de support au haricot grimpant(frijoles). Ces associations en réunissant des plantes complémentaires pour l’exploitation du milieu (lumière, sol, nutriments) permettent d’obtenir de meilleurs rendements globaux, de les sécuriser sur des petites surfaces et donc d’augmenter efficacement et durablement la productivité de la terre de petites parcelles. Les rotations sont donc les suivantes :

(Pomme de terre+Petits pois)//Orge//(Fèves+Petits pois) et (Pomme de terre+Petit pois)//(Maïs+Haricot)//Orge//(Fèves+Petit pois) Ces cultures sont réservées à l’autoconsommation, l’argent nécessaire à l’achat des

produits de première nécessité étant obtenu par le travail dans l’hacienda ou par migration. Ces cycles sont séparés par des jachères courtes de 2 à 6 mois.

Vu le processus décrit précédemment, on peut distinguer deux types de huasipungueros selon la localisation des lots en usufruit dans la toposéquence. Certains cultivaient des terrains secs au dessus du grand canal, tandis que d’autres cultivaient des terres potentiellement irrigables. Mis à part pour le maïs dont le développement est quasi impossible au dessus de 3600, les espèces cultivées devaient être sensiblement identiques, seuls variaient les itinéraires techniques et les rendements.

L’élevage, une épargne différencié haut/bas

Comme on l’a vu, les animaux des travailleurs des haciendas étaient menés au paramo dans le troupeau du patron. Ainsi, les huasipungueros « d’en haut »profitaient des surfaces fourragères en pajonal, disponibles toute l’année. Au contraire, les « huasipungueros d’en bas », ne pouvant profiter des paramos, menaient leurs animaux sur le bord des chemins, dans les quebradas et les bords du plateau de la Pampa (playas). Vu la différence de volume fourrager entre le paramo et les faibles surfaces pâturables de la zone basse, on peut penser qu’il a existé une plus grande capitalisation des ouvriers de la zone haute par rapport à ceux de la zone basse.

Même si la loi sur les huasipungos de Ibara a peu transformé la structure agraire de la

zone, elle a permis aux travailleurs d’obtenir un peu de terre. Cela ne leur suffira pas et devant les pressions socio-économiques, les patrons vont être contraints à vendre certaines haciendas.

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Figure 11 : La vente des haciendas (1960-1980)

Légende :

Zone de pâture (paramo) Premières surfaces en prairies temporaires

Zone de culture à base d’orge Haciendas

Zone de culture à base de maïs Haciendas en vente

Limite des haciendas Zone de prairies artificielles

Zone d’agriculture d’autoconsommation

Réservoir de terre (gravité)

Huasipungos : agricultures familiales d’autoconsommation

Réservoir de ciments (aspertion)

Zone de paramo communautaire Surfaces érodées

Déplacement pour acquérir des terres

Ambato

Mulalillo

Martínez

Márquez

Alta Fernández

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4.4 1960-1980 : UNE VENTE DIFFÉRENCIÉE HAUT/BAS DES TERRES DES HACIENDAS

Les effets de la révolution industrielle ont transformé l’agriculture dans notre zone au milieu du 20ème siècle. Dans cette partie, nous nous intéresserons à la crise agraire initiée dans la partie précédente et provoquée par les conséquences de la révolution industrielle et des deux tentatives de réforme agraire. La sélection des haciendas va amener à une redistribution des terres basée non pas sur l’intérêt collectif mais sur la taille du capital à investir. Cette crise agraire va déterminer la répartition des terres que nous retrouvons aujourd’hui dans la zone. Le bloc diagramme de la Figure 11, nous donne une image de la dynamique spatiale de la vente des haciendas.

4.4.1 Apparition d’une nouvelle classe sociale : les bourgeois

L’expression de la révolution industrielle en Equateur fut en particulier un forte dynamisation de l’économie. En effet en facilitant les échanges entre la Sierra et la Côte (échanges rendus naturellement difficiles de par l’hétérogénéité géographique du pays), l’apparition des transports motorisés a ouvert de nouveaux marchés qui se sont matérialisés dans les foires urbaines dans les villes du pays. C’est le cas à Ambato, la métropole régionale de notre zone qui a vu ses activités exploser à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle : le nombre de marché hebdomadaire a doublé ( de 2 à 4), et des marchés ruraux se sont développés (MOYA, 1989). Dans cette ville, située dans une province aux productions agricoles très diversifiées (de la canne à sucre du Puyo jusqu’au pomme de terre de Pillaro), et sur un nœud de communication : cluse de Banos vers l’Oriente, chemin de fer andin, s’est développée une nouvelle classe sociale : la bourgeoisie. Ces commerçants et transporteurs ont profité de l’explosion du commerce national et international. Grâce à leurs investissements dans le secteur des transports et du commerce intermédiaire, ces famille se sont enrichies et ont pu capitaliser durant la première moitié du 20ème siècle. C’était donc des acheteurs potentiels des haciendas de la zone.

4.4.2 Deux tentatives de réformes agraires

L’explosion urbaine des années 50-70 a été suivie d’une importante demande en alimentation pour les populations urbaines. Devant cette nécessité de nourrir les villes, mais aussi pour étouffer les soulèvements des travailleurs des haciendas, deux gouvernements ont tenté de réaliser des réformes agraires. Il s’alliaient ainsi à la nouvelle classe bourgeoise montante, et s’opposant à « l’oligarchie traditionnelle ». Il s’agissait donc d’une lutte entre deux courants de grands propriétaires, les uns voulant tirer le profit de l’exploitation de la main d’œuvre (rente en main d’œuvre) et les autres de l’investissement en nouvelles techniques de production (retour sur investissement). En 1964, Jijon, chef de la junte militaire au pouvoir, tente de limiter les surfaces et d’exproprier en cas de forte pression démographique. De plus, il accorde la totale propriété aux huasipungueros sur leurs parcelles en usufruit. En 1973, Lara tente de reprendre la réforme précédente, en la renforçant par des crédits agricoles et l’encouragement de la formation d’organisations paysannes. Le but était de « renforcer le secteur progressiste au détriment de l’oligarchie traditionnelle » (Velasco, cité par FARRELL et DA ROS, 1983). Dans notre zone, et plus largement dans toute la province de Cotopaxi, il s’agissait donc d’encourager la production laitière. Cependant, en 1960, comme on l’a remarqué ce front laitier n’avait atteint Mulalillo que sous forme de grands domaine et non de petits producteurs.

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4.4.3 La fin de la logique rentière : Haciendas traditionnelles, haciendas entreprenariales

Les pressions gouvernementales, induites par la nouvelle classe dominante, sont donc à l’opposé de la logique des hacendados « traditionnels » (une rente foncière basée sur l’exploitation d’une main d’œuvre bon marché) . De plus les conflits sociaux de plus en plus courant sur les terres de l’hacienda mettent en péril sa stabilité. On peut citer l’exemple de vol d’eau grâce à des brèches pratiquées dans le canal (source : entretien). Enfin que ce soit pour le lait ou pour les grains, ces haciendas rentrent en compétition avec des haciendas « progressistes », dont les coûts de production sont moindres. Vu ce bilan, les patrons des haciendas traditionnelles n’ont que deux choix :

Vendre ;

Se tourner vers la production laitière.

Cette deuxième solution est déjà employée par les haciendas de la Pampa, ayant des terres fertiles et des voies de communication proches. Ce changement de production nécessite des innovations (nouveaux assolements, soin des animaux, gestion de ration alimentaire, …) et des investissements (bâtiments d’élevage, nouveaux équipements pour retourner les prairies, matériel animal,…) important. Or il n’est pas dans la logique d’un hacendado traditionnel de réinvestir ses profits dans l’agriculture.

Ainsi, même si le propriétaire ne change pas au cours de cette crise de production des haciendas traditionnelles, la logique et le fonctionnement sont complètement bouleversés. On assiste donc à l’apparition d’haciendas emprésariales qui ré- investissent dans les terres.

4.4.4 Un marché foncier bipolaire

Au fil de ces vingt ans de crise agraire dans les haciendas, se créé donc un marché de la terre. Dans ce paragraphe, nous analysons la répartition de ces terres en fonction de la solvabilité de l’acheteur et de la localisation du terrain dans la toposéquence. En effet, les prix et donc la possibilité d’achat dépendit de la pression des acheteurs sur ces ventes (FARRELL et DA ROS,1983).

Zone basse : une pression importante

Cette zone formée du Bajio et de la Pampa, et située sous le canal Martinez, bénéficie de l’irrigation. C’est dans cette zone que certaines haciendas se sont tournées vers la production laitière. D’autres propriétaires ont préféré vendre ne désirant pas ou n’ayant pas les moyens d’investir dans cette nouvelle activité. Au contraire, les « bourgeois » disposent de capitaux qu’ils peuvent réinvestir. D’autre part, les anciens huasipungueros de cette zone sont aussi intéressés par l’agrandissement de leur ancien huasipungo grâce à un achat de terre. Cette concurrence sur la demande en terre fait monter les prix et empêche les plus pauvres (les anciens huasipungueros) de profiter pleinement de cette vente pour agrandir leurs surfaces. Certains ayant réussi à capitaliser grâce aux bétail ou à la migration y arrivent tandis que d’autres restent avec leur huasipungo. Enfin, la plupart de la surface de la Pampa reste occupée par la famille Holguin, qui développe l’activité laitière.

Acheter la terre ne signifie pas acheter l’eau qui y correspond. Pour en bénéficier, ces deux groupes sociaux qui se retrouvèrent voisins de fait, durent se rassembler pour former des groupes de pressions auprès de l’institution gouvernementale de gestion de l’eau, l’INERHI (Instituto Ecuatoriano de los Recursos Hidricos). Ces groupes de pressions prirent la forment

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de communautés (« comuna » ou « communidad ») réunirent autour de la gestion de l’eau d’irrigation. Peu à peu chaque communauté a obtenu son propre ovalo : prise d’eau du canal principal pour alimenter le canal secondaire. Depuis, chaque communauté de gestion de l’eau gère elle-même les tours d’eau sur son secteur, l’ovalo étant ouvert en permanence.

Zone haute : des achats groupés

A l’inverse de la précédente, cette zone quasiment privée d’eau d’irrigation et peu accessible, n’intéresse pas les investisseurs. Même si le paramo constitue une grande réserve de pâturage, il est difficile d’en faire une aire d’élevage laitier. Ainsi, peu nombreux sont les acheteurs ; seuls les anciens huasipungueros se portèrent acheteur. Il y eu quelque cas de volonté d’achat de paysans de la cordillère orientale et de personnes d’Ambato qui vinrent demander un terrain à acheter.

Face à cette concurrence extérieure, les anciens travailleurs constituèrent des communautés afin de faire pression sur l’Institut Equatorien de la Reforme Agraire et de la Colonisation (IERAC) pour obtenir l’intégralité de ces terres. Il s’endettèrent parfois auprès d’organisations de crédit (dont le FEPP) pour acheter l’hacienda à leur ancien patron. Dans le cas de Chirinche Bajo, les comuneros durent travailler dix ans en communs pour rembourser la totalité du prêt. A cette époque, la décapitalisation en bétail fut très importante.

Les terres furent réparties entre les comuneros de façon à ce que chacun ait une parcelle dans chaque étage écologique au dessus du canal Martinez : zone de ladera où le maïs pousse encore, zone de ladera sans possibilité de cultiver le maïs, et terres de paramo. La plupart du paramo restant en indivision pour les pâtures.

Une vente étalée dans le temps et l’espace

L`apparente synchronie de la vente des haciendas cache un phénomène d’atomisation foncière dans la zone basse chez les anciens huasipungueros. La vente des haciendas ne s`est pas faite du jour au lendemain. On peut supposer qu’une quinzaine d’années se sont écoulées entre 64 et la vente de la dernière hacienda traditionnelle. Ainsi, les huasipungeros de par leur faible capitalisation n’ont pu acheter des terres que petit à petit : un solar5 se libérant dans l’hacienda voisine, ils l’achètent en décapitalisant leur troupeau de moutons ou en vendant une vache. Les achats de terres étaient donc étalés selon les possibilités de capitalisation d’une famille et l’offre de terre. Dans cette zone basse, existe donc une véritable atomisation des propriétés paysannes due a ce phénomène de vente désynchronisée des haciendas (et aussi en partie aux mariages). Atomisation qu`illustre sur le terrain les colmenas :grande boite de bois munis de 4 poignées et surélevée permettant aux paysans de dormir près de ses animaux dans une parcelle éloignée de chez lui.

4.4.5 Une redistribution de terres déséquilibrée

A l´issus de cette période, on peut donc différencier la zone haute, où se sont formées précocement des communautés indigènes pour acheter la terre des haciendas, communautés où chacun possède une dizaine de cuadras de terrain situe dans les trois étages écologiques. D’autre part la zone basse ou les anciens huasipungueros n´ont acheté qu´en partie les terres, l´autre partie ayant été acquise par des acheteurs extérieurs. Les communautés (indio-metis) ne sont formées que plus tard, afin de réaliser les formalités pour obtenir l´accès a l´eau d´irrigation. Dans la prochaine partie, nous verrons comment ce bouleversement de l’organisation socio-économique de la zone a aussi transformé les pratiques agricoles. 5 Un solar représente un quart de cuadra soit 1750 m²

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4.5 1980-2000 : UN SYSTÈME AGRAIRE DUAL : SPÉCIALISATION EN LAIT ET AGRICULTURE INSÉRÉE AU MARCHÉ

A l’issue de la crise agraire correspondant à la vente des haciendas, s’est développé une structure agraire très diversifiée autant du point de vue des types sociaux (familiaux, patronaux et capitalistes), que de celui des localisations des terres. Peu à peu, les exploitations situées en zone irrigable sont englobées par la deuxième avancée du front laitier.

4.5.1 Une spécialisation laitière qui s’étend aux petites et moyennes exploitations grâce à la luzerne

Comme on l’a remarqué pour les premières haciendas produisant du lait, le développement de l’activité laitière repose sur l’introduction de nouvelles race bovine (Holstein), qui remplace (substitution) ou améliore (croisement) la race locale. Les espèces spontanées du Paramo (lorsqu’il est accessible) n’étant pas suffisantes pour remplir les besoins énergétiques et protéiques des vaches laitières, il est nécessaire de planter des prairies artificielles irriguées. La luzerne, grâce à sa haute teneur en azote, et son regain rapide (1mois et demi), permet un affouragement régulier des vaches laitières. Elle constitue donc le véritable outil de la spécialisation laitière. La luzerne peut théoriquement pousser jusqu’au niveau des gelées, mais nécessite une irrigation régulière pour avoir de bon rendement. Ainsi, elle peut être cultivée jusqu’au pied du Paramo sous réserve d’un accès à l’eau d’irrigation. Il en existe deux variétés principales : la negra ou morada et la Blanca. Elles se différencient en particulier sur leur capacité à résister à la sècheresse. En été, et particulièrement en Août, lorsque la transpiration est décuplée par les vents, le rythme de production de la Blanche diminue de moitié, tandis que la Noire résiste mieux grâce à ses feuilles plus petites et velues.

Quelle que soit la zone agro-ecologique, les problèmes surgissent pendant l’été lorsque l´air sec endommage les plantes : la production fourragère diminue fortement (jusqu’à la moitié de la production normale). Cependant, une irrigation régulière permet de lutter avec efficacité contre la sècheresse. Il est donc clair que le lieu le plus propice à la culture de luzerne est la zone basse sous irrigation.

Comme on l’a vu pour les haciendas 50 ans plus tôt, lorsqu’elle peut être cultivée (altitude, irrigation), la plante fourragère prend la place des légumineuses à grain (fèves, petits pois) dans les rotations remplissant le même rôle dans la gestion de la fertilité.

SC3a Pomme de Terre//Maïs//Luzerne Cette rotation est caractéristique des systèmes de culture orientés vers le lait et

l’autoconsommation. Elle regroupe en effet des cultures très complémentaires autant pour l’alimentation humaine (Pomme de terre, Maïs) que pour l’affouragement animal (luzerne, cannes et même papakuyo (fane de pomme de terre) en période de soudure). C’est la rotation de base sur laquelle nous nous appuierons.

4.5.2 Bilan : Le front laitier s’étend à l’agriculture familiale

Paysans de la zone haute avec systemes de cultures de grains d´autoconsommation

Disposant de 5 à 10 Ha, ces paysans ancien travailleurs des haciendas mettent en œuvre des systèmes de culture d’autoconsommation. Leur accès au paramo leur permet de recapitaliser en bétail (vendu lors de l’achat des haciendas). En cas de besoin d’argent chronique, ils peuvent aller travailler comme journalier en zone basse.

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Les rotations mises en place par ces comuneros ne diffèrent de celle des haciendas traditionnelles que sur l’association de plantes. L’objectif principal est l’autoconsommation et éventuellement vente du surplus. Les rotations sont donc :

SC2a : Pomme de terre+Petit pois//Maïs+Haricots//Orge//Fèves+Petit Pois ;

SC2b : Pomme de terre+Petit pois//Orge//Fève+Petit Pois (lorsque le maïs n’est pas cultivable)

Les troupeaux de moutons permettent d’assurer le renouvellement de la fertilité, grâce aux pâturage dans le paramo dans la journée et au parcage de nuit. Le travail du sol est réalisé le plus souvent à l’araire tracté par des taureaux (qui servent aussi d’outil de capitalisation) et plus rarement à la main. Cela explique la forme des parcelles le plus souvent allongées dans le sens des lignes de niveaux pour faciliter le travail d’arairage par les bœufs.

Les paysans minifundistes

Disposant de moins de 1Ha, ces familles ont développé des activités à forte productivité de la terre à l’issue de la vente dans les zones de Salatilin et Unalagua. Lorsqu’ils sont arrivés à Mulalillo, les migrants de Ambato ont ramené des cultures dont le Tungurahua se fait une spécialité : pommes, pêche, tomate d’arbre. Ces nouvelles cultures (le plus souvent pérennes) s’intègrent aux rotations sous forme d’associations. Même si elles empêchent le plus souvent un labour au tracteur, elles permettent d’apporter une valeur ajoutée supplémentaire aux parcelles en associant culture pérenne et rotation laitière.

La tomate de table, elle aussi apparaît dans la zone au début des années 80 : des serres commencent à remplir le paysage de la partie basse. Cette culture nécessite un grand investissement en travail (désherbage, récolte, etc…) et en capital (construction de serre, traitements phytosanitaires, engrais, etc…) sur une petite surface (culture intensive). Ayant une bonne productivité de la terre comme les précédentes, elle se développe donc en zone de microfundia.

Enfin, l’élevage de cochons d’inde dans le cadre d’un nouveau système technique permet aussi de bien valoriser la terre. Il s’agit d’élevage de race améliorée en cages. L’alimentation est à base de luzerne ou de complément acheté.

Les anciens huasipungueros se tournent vers le lait

Ne disposant que de très peu de terres, ces anciens huasipungueros n’ont pas réussi à racheter suffisamment de terres pour vivre. Ils cultivent des productions d’autoconsommation et n’en vendent que le surplus (insertion au marché). D’autre part, il adhèrent à la dynamique laitière qui leur permet en plus de recapitaliser, d’obtenir un revenu régulier grâce à la vente du lait (intégration au marché). Si le revenu dégagé ne suffit pas, il partent travailler comme journalier chez les agriculteurs patronaux.

Des systèmes patronaux laitiers et cultures de rente

Issues de la nouvelle classe bourgeoise ou de huasipungueros ayant particulièrement bien réussi à capitaliser (en général par la migration), ces structures patronales ont réussi à racheter une superficie de 10 à 25 Ha de terres irrigables. Ils y développent des cultures traditionnelles (maïs, pomme de terre) tournées vers le marché (intégration au marché) et un élevage laitier sur prairies artificielles de luzerne. Du fait de leur superficie, ils sont obligés d’employer des journalier toute l’année. S’ils ont encore du capital à investir, ils peuvent s’acheter un tracteur pour éviter la pénurie de main d’œuvre pendant la période de labour.

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Figure 12 : Le paysage agraire dans les années 1980-2000 : Une agriculture duale

Légende :

Zone de pâture (paramo) Premières surfaces en prairies temporaires

Zone de culture à base d’orge Haciendas

Zone de culture à base de maïs Haciendas en vente

Limite des haciendas Zone de prairies artificielles

Zone d’agriculture d’autoconsommation

Réservoir de terre (gravité)

Huasipungos : agricultures familiales d’autoconsommation

Réservoir de ciments (aspertion)

Zone de paramo communautaire Surfaces érodées

Zone de forte pression foncière

Martínez

Márquez

Alta Fernández

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Des haciendas dans la pampa

Héritiers ou acheteurs des haciendas de la Pampa, ces structures capitalistes disposent de grandes superficies (>40 Ha) dans des zones fertiles et sous irrigation. Elles continuent à développer l’activité laitière en s’équipant en matériel et en améliorant encore leurs races. Elles n’emploient que peu de personnel.

Ces différents types d’exploitants agricoles peuvent être localisés dans le bloc diagramme de la Figure 12

4.6 2000-2004 : LA DYNAMIQUE ACTUELLE : CONTRE COUP DE LA CRISE ÉCONOMIQUE, PERTE DE POUVOIR D’ACHAT ET MIGRATIONS MALGRÉ DES EFFORTS EXOGÈNES

La vente des haciendas et la spécialisation laitière engendrèrent donc un système agraire très déséquilibré entre zone haute et zone basse. Le développement du système laitier augmenta la demande en main d’œuvre et induisit un flux de travailleurs du haut vers le bas de la zone. C’était la situation il y a 4 ans dans notre zone d’étude. Mais depuis 4 ans se sont succédés des phénomènes économiques à l’échelle nationale qui influencent très fortement les dynamiques agraires dans notre zone.

4.6.1 Dollarisation et baisse relative du pouvoir d’achat

La crise économique de 2000

Au cours des années 1998-2001, l’Equateur a subi une crise économique qui l’a amené à abandonné sa monnaie nationale (le Sucre) au profit du Dollar américain. Cette décision fut prise devant l’inflation énorme qui touchait le pays dans les années 99 et 2000. Elle devait être une solution aux problèmes de la crédibilité de la politiques de change équatorienne. L’inflation était provoquée par trois principaux facteurs qui se sommèrent pour faire exploser l’inflation:

Le phénomène climatique El Niño qui fut particulièrement fort cet hiver là ;

La crise financière internationale de 97 ;

La baisse des cours du pétrole

Ces trois facteurs ont provoqué un appauvrissement de l’Etat (baisse des exportations de bananes, moins de débouchés à l’étranger, baisse de la rente pétrolière) qui a diminué ses aides au développement dans le pays. De même pour les entreprises et les particuliers, il est devenu nécessaire d’emprunter pour passer la mauvaise période. Le volume des emprunts a donc décuplé et la solvabilité des banques a commencé à poser des questions. De la crise financière on est donc passé à une crise bancaire que l’Etat a essayée de réguler en renflouant les banques. L’inflation atteignant 96% en 2000, le gouvernement décide (très rapidement) d’abandonner la monnaie nationale et avec elle une partie de la souveraineté du pays. Après cette inflation galopante, le dollar avait atteint 25.000 sucres et c’est à ce prix que la banque centrale récupéra les sucres.

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Une baisse du pouvoir d’achat

Cette mesure fut catastrophique pour les personnes ayant placé leur argent à la banque et ne l’ayant pas retiré avant la crise. De plus, si on observe l’évolutions des prix payés au producteur pour quelques denrées agricoles qui nous intéresse, il apparaît une baisse forte des prix réels payés aux producteurs (prix calculés en tenant compte de l’inflation). Ainsi après cette crise, le pouvoir d’achat de la population rurale a diminué. Et dans l’optique de la signature du traité de libre échange, la situation financière des agriculteurs risque d’empirer. De plus, cette dollarisation consécutive de l’inflation a augmenté les salaires donc attiré des voisins colombiens et péruviens pour travailler en Equateur. L’Etat n’a plus aucun pouvoir sur l’émission de la monnaie (sauf les centavos de dollar !),et il ne peut plus fixer de taux de change pour parer les éventuelles et très probables crises sur le marché internatIonal.

Au contraire de générer « une remise en cause de la volatilité de la croissance » dans les pays comme l’Equateur très ouvert sur le marché international, la dollarisation se traduira par une «nécessité de flexibiliser le marché du travail et par un accroissement des postes temporaires et des emplois informels. »(CHAVAGNEUX, 2000) afin de rester compétitif sur le marché international de l’emploi. Déjà dans notre zone existe une grande entreprise de production de fleurs qui s’étend sur près de 100Ha et emploie environ 300 ouvriers dont les conditions de salariat sont en général très précaires. Leur salaire est proche du salaire minimum et les implications sociales de l’implantation d’une telle entreprise sont énormes :on y voit la création d’une nouvelle classe sociale d’ouvriers.

Le cercle vicieux de la nécessité d’intrant

Cette baisse de pouvoir d’achat se caractérise surtout par la difficulté pour la trésorerie du fermier d’investir dans des engrais minéraux. Ce phénomène touche en particulier la culture de pomme de terre qui nécessite beaucoup d’engrais pour sa croissance. Ainsi, elles ne sont plus cultivées que pour la consommation familiale. Quelque fois, ce problème va jusqu’à l’élimination de la sole de pomme de terre. On obtient des rotations maïs//luzerne ou même de luzerne//luzerne .

4.6.2 Le travail extérieur comme solution a la baisse des revenus agricoles

La migration est utilisée depuis longtemps dans les groupes paysans. Elle avait pour objectif de rassembler le capital pour acheter la terre des haciendas grâce au travail dans les rizières ou bananeraies de la Côte ou dans les centres urbains. La spécialisation laitière a aussi provoqué une demande de journaliers dans le bas de la zone. Aujourd’hui, avec la baisse des revenus agricoles, le coût d’opportunité du travail en ville a encore baissé et les hommes vont y travailler comme maçon ou mécanicien. Cette fuite de main d’œuvre depuis la zone haute empêche l’exploitation de l’ensemble du finage de certaines communautés. Les parcelles abandonnées (en général sur les versants des quebradas) sont alors soumises à une forte érosion hydrique et éolienne.

4.6.3 Le rôle équilibrant de certains projets de développement

L’aménagement actuel de la partie haute

Les paysans de la zone ont vu passer une multitude de projets leur offrant semences, engrais, etc… sans influence durable (comme c’est souvent le cas) sur le niveau de vie de la

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Figure 13 : Le paysage agraire d’aujourd’hui (2000-2004)

Légende :

Zone de pâture (paramo) Premières surfaces en prairies temporaires

Zone de culture à base d’orge Haciendas laitières

Zone de culture à base de maïs Haciendas en vente

Limite des haciendas Zone de prairies artificielles

Zone d’agriculture d’autoconsommation

Réservoir de terre (gravité)

Huasipungos : agricultures familiales d’autoconsommation

Réservoir de ciments (aspertion)

Zone de paramo communautaire Surfaces érodées

Zone de forte pression foncière Avancé du front laitier

Haciendas de productions de fleurs

Martínez

Márquez

Alta Fernández

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population. Les actions touchant aux systèmes d’irrigation en revanche, semblent rencontrer plus de succès vu l’enjeu incontournable de l’accès à l’eau dans la zone. Grâce au prolongement du canal Sunfo (chantier engagé depuis 12 ans et bientôt livré) jusqu’à la paroisse de Mulalillo, la disponibilité en eau s’est accrue dans la zone haute. De même, des projets de développement de l’irrigation par aspersion (PRODECO), grâce à la cons truction de réservoir de ciment, permettent de mieux profiter de la ressource limitante. Cependant, tous les comuneros n’ont pas participé aux mingas de construction. Les participants sont en train d’installer les équipements d’aspersion dans les parcelles. On peut donc s’attendre à la troisième phase de progression du front laitier par la mise en place de prairies artificielles de luzerne dans ces zones.

Des nouvelles rotations en zone haute

Grâce à ces nouveaux aménagements, la luzerne peut se cultiver au dessus du canal Martinez. Elle est inclue dans des nouvelles rotations mais prive certaine culture de l’eau d’irrigation nécessaire. Les nouvelles rotations sont du type :

SC2a: Luzerne n //Pomme de terre //Petit pois//Orge(>3400m.)

SC2b: Luzerne n //Pomme de terre//Maïs //Orge(<3400m.)

Elles permettent de commencer à développer des élevages de vaches laitières en zone haute.

Ces tendances récentes (contexte socio-économique instable, intervention des projets de développement) ont donc influencé les logiques des agriculteurs de la zone et les manières dont ils mettent en valeur le milieu aujourd’hui (voir Figure 13). Même si l’analyse précédente permet de déterminer les facteurs d’évolution des systèmes de culture, l’étude de leur fonctionnement permet de déterminer les indicateurs technico-économiques permettant de les comparer.

5 DES SYSTÈMES DE CULTURE ADAPTÉS À CHAQUE CONTEXTE

5.1 LA DIVERSITÉ DES SYSTÈMES DE CULTURES DE LA ZONE

L’analyse précédente permet d’expliquer la genèse des sys tèmes de cultures observables dans la zone. Les Figure 14 et Figure 15 donnent une vision globale des calendriers.

Comme nous l’avons expliqué au cours de l’histoire agraire, les plantes cultivées à l’heure actuelle dans la zone sont issues d’une part des foyers américains et d’autre part du foyer proche-orientale. Ainsi, il existe une vingtaine d’espèces cultivées (présentées en annexe 5) qui appartiennent aux groupes suivants :

les céréales : Orge (pelada ou grande)et maïs (blanco, morocho, amarillo), et dans une moindre mesure avoine, blé et quinoa ;

les tubercules : principalement la pomme de terre mais aussi le melloco et la occa ;

les légumineuses à grains : Petit pois, fève, haricot grimpant (frijoles),lentille, habilla ;

les légumineuses fourragères : Luzerne blanche, luzerne noire, la vesce ;

les autres fourrages : l’avoine fourrager, le sentino ;

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Figure 14 : Calendrier des systèmes de cultures de la zone haute (Paramo et Ladera)

Oct. Nov. Déc. Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Aout Sept.

Saisons

Cebada

Havas

1

Papa 1

Papa 1

Alveja

Cebada

2a

Alfalfa

Papa 1

Maíz 1

Cebada

2b

Alfalfa

Saison sèche Saison sèche

Cycle normal

Allongement du cycle pour sécher les grains

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les fruits et légumes : pommiers, poiriers, pruniers, tomate d’arbre, la tomate, le zapallo, brocoli, cébette (cebolla blanca), l’oignon (cebolla païteña).

Ces cultures s’associent, se succèdent, et se complètent dans des sytèmes de cultures adaptés à chaque type de contraintes qu’elles soient agro-écologiques (étages écologiques, gel, etc…) ou socio-économiques (pression foncière, capacité d’investissement limité, etc…). Or notre zone rassemble un grand nombre de situations où se combinent ces différents facteurs. Les pratiques et les rendements diffèreront donc pour une même espèce cultivée dans les différents systèmes de culture6,. Dans cette partie, nous cherche rons à comprendre la logique de chaque système selon la zone et la catégorie sociale qui le met en œuvre.

5.2 LA ROTATION ANCIENNE

Même si la luzerne s’est insérée au cours de l’histoire du front laitier dans la plupart des systèmes de culture, il demeure des zones ou il n’est pas possible de la cultiver. C’est le cas du paramo, et de la ladera lorsque l’eau d’irrigation n’est pas disponible où la rotation majeure est la suivante :

SC 1: Fèves ou/et petits pois//Pomme de terre 1 //Orge.

Dans des conditions agro-écologiquement difficiles où l’absece d’eau empêche de s’affranchir des saisons, les périodes de semis sont dépendantes du climat ; la pomme de terre par exemple ne tolère pas de sècheresse pendant sa croissance et l’orge nécessite un climat sec et une forte insolation pour arriver à maturité (Figure 14). Cette rotation repose classiquement sur une légumineuse qui assure les apports en azote, un tubercule andin(Pomme de terre parfois associé au melloco ou la occa) ou culture principale, et une céréale qui profite de la fertilité résiduelle de la Pomme de terre. En effet, même si les sols du paramos sont riches en matières organiques, il semble nécessaire d’épandre des engrais chimiques (la moitié du volume de semences) pour obtenir un rendement de 10 quintaux pour 1 semé soit 50 quintaux par hectare. Ces cultures sont espacées de jachères courtes de trois à quatre mois. La jachère n’est pas retournée, mais juste passée à l’araire, qui permet d’enfouir légèrement les mauvaises herbes et de préparer lors d’un deuxième passage le lit de semence pour la culture suivante. Les pics de travail correspondent aux récoltes de Pomme de terre (Mai-Juin) et d’orge en (Juillet-Aout). Il faut remarquer que ces pics sont relatifs puisque l’entraide (presta-mano) permet de récolter lorsque les pommes de terre sont à terme. De plus, on peut penser que l’émulation provoquée par le travail en groupe permet d’augmenter la productivité du travail (GASSELIN, 1995). Pour les cultures de pommes de terre, il s’agit d’aider à la récolte en échange d’un quintal par jour. Il faut aussi considérer les temps de « post-récolte »: dans le cas de l’orge, celui ci est stocké parba, puis la famille procède au vannage par piétinement par les animaux selon ses besoins. Dans une parba, le grain peut se conserver pendant plus d’un an. Ce système de culture est orienté vers l’autoconsommation des familles. Seuls les surplus sont vendus à la foire.

La pomme de terre est parfois écartée du cycle lorsque la famille possède par ailleurs des terres plus basses bénéficiant de l’irrigation et de températures plus clémentes pour leur croissance.

6 Dans ces différents systèmes de cultures, nous donnerons des numéros aux cycles de culture (ex :Pomme de terre1, Maïs3, etc…) afin de les différencier selon leurs conditions et leurs performances. Un tableau récapitulatif donne un résumé des caractéristiques de chacune de ces cultures en Annexe 6

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Figure 15 : Calendrier des systèmes de cultures de la zone basse (Bajio et Pampa)

Oct. Nov. Déc. Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Aout Sept.

Saisons

Papa 2 ou 3

Maíz 1 ou 4 SC 3a

ou SC3d Alfalfa1 ou 2

Papa 2

Avena

Maíz 1 SC 3b

Alfalfa

Mais1

Mais2

Papa2 SC 3c

Alfalfa

Saison sèche Saison sèche

Cycle normal

Allongement du cycle pour sécher les grains

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5.3 LES ROTATIONS À BASE DE LUZERNE

La luzerne en culture pure permet d’apporter l’azote nécessaire à la production laitière, mais ne suffit pas à assurer un affouragement équilibré en énergie aux vaches. Nous allons voir dans cette partie comment les paysans arrivent à assurer l’affouragement en énergie en utilisant toutes les potentialités des cultures.

5.3.1 L’itinéraire technique d’une culture de cycle long

Après avoir réalisé les canteros, la luzerne est plantée (plants achetés au marché d’Amabato) ou semée à intervalles de 15 à 20 centimètres dans un sillon sur les flancs du cantero puis irriguée. Elle met alors 3 (plantée) ou 6 mois (semée) à atteindre sa hauteur de coupe d’environ 35 cm. La première coupe est quelque fois suivie de replantation lorsque des graines n’ont pas poussé. Ensuite, avec une irrigation régulière (tous les 15 jours en période humide, tous les 8 jours en saison sèche), il est possible de réaliser la coupe du regain chaque mois et demi. La coupe peut être réalisée à la faucille, on forme alors des charges (cargas) que l’on transporte sur le dos jusqu’à l’emplacement des animaux (clapiers pour les cochons d’Inde, jachère, aire de stabulation pour les vaches). Cependant, on peut aussi faire pâturer les animaux dans la prairie en les mettant au piquet. Le choix de ces types d’affouragement dépend de la disponibilité en main d’œuvre et de la présence de jachère.

Après chaque coupe, un désherbage est réalisé à la houe. Il peut aussi être (plus rarement) réalisé par des moutons lorsque la main d’œuvre manque. Même si elle est quelque fois sujette à des attaques de pucerons, les agriculteurs la traitent rarement. On pourra distinguer la luzerne non capitalisée (luzerne1) qui ne consomme pas d’intrants et la luzerne capitalisée (luzerne2) qui consomme des produits phytosanitaires et des engrais. Deux causes peuvent expliquer l’absence d’investissement dans cette culture : l’absence de trésorerie mais aussi la faible productivité attendue (zone sèche, absence d’eau d’irrigation, attaques fréquente d’insectes) qui décourage l’exploitant d’investir. Le temps de travail d’entretien et d’exploitation d’une parcelle de luzerne est répartit sur toute l’année sans pics d’activité.

Un parcelle de luzerne peut perdurer, selon son entretien (sarclages, traitement phytosanitaires, type d’affouragement), de un an et demi à 4 ans avant l’envahissement total par le kikuyo (chiendent : pennicetum Invadorum). Pour préparer la culture suivante, et profiter de l’apport de fertilité de la luzerne, il est alors nécessaire de retourner ce recru herbacé. Il est nécessaire d’éliminer le chiendent pour éviter l’envahissement de la culture suivante. Ainsi après un passage de charrue à disque (ou une fumigation au glyphosate), les racines de chiendent sont retirées au râteau et brûlées sur place.

5.3.2 La rotation de base

La luzerne en s’insérant dans les rotations a supprimé la plupart du temps la culture de légumineuse à grain. Le système de culture de base sur lequel débouche cette évolution est :

SC3a :(Luzerne1)2//(Pomme de terre2+Petit pois2)//(Maïs2+Haricots grimpants).

Ce système se retrouve particulièrement en zone irrigable. Il rassemble une légumineuse pour l’apport d’azote, une tuberculeuse et une céréale qui profite de cet apport et dont le sarclage permet de lutter contre les mauvaises herbes.

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Le maïs comme la pomme de terre est sarclée puis butté à la houe. Enfin, chaque jachère est retournée par le passage d’une charrue à disque et d’une herse rotative. Dans cette rotation, même si la luzerne permet d’apporter des éléments fertilisants, la pomme de terre est engraissée (1quintal d’engrais pour 1 quintal de semences). Plantée en mars, la pomme de terre est récoltée en septembre(voir Figure 14). Ensuite, un passage de tracteur (herse ou charrue et herse) additionné de la constitution des canteros permet de préparer le lit de semences pour le maïs et les frijoles. Au bout d’un mois après le semis, le maïs sort et est traité au stade trois feuilles pour la première fois. Les haricots grimpants plus tardifs, accompagnent la croissance de leur tuteur sans les concurrencer pour la lumière. Lorsque le maïs atteint sa hauteur maximale, les frijoles s’y enroulent et forment ensuite un réseau qui capte la lumière passant entre les pieds de maïs. Différents type de récolte sont possible en fonction des nécessités économiques du foyer. En effet, le même si les épis de maïs sont récoltés en choclos (encore verts), les gousses de frijoles peuvent rester sur les cannes pendant que celles-ci sèchent ou être récoltées en même temps (besoin d’argent ou besoin des cannes pas encore sèches pour l’alimentation des bêtes). Pendant les deux mois de séchage sur pied du maïs, les frijoles représentent donc une réserve de liquidités. De même que pour la luzerne, les cannes de maïs généralement séchées sur pied sont pâturées ou coupées et apportées sur le lieu de stabulation. Cette rotation répond donc à une doub le logique :

Assurer l’alimentation de la famille par des culture de pomme de terre (Pomme de terre 2) et de maïs (Maïs2) d’autoconsommation ;

Assurer l’affouragement des animaux grâce à la luzerne et aux cannes de maïs.

En résolvant ces deux problèmes, cette rotation (et les autres rotations qui en sont dérivées) permet l’élevage de vaches laitières tout en produisant des grains pour l’autoconsommation. Elle est à la base de l’avancée du front laitier chez les anciens huasipungueros car la surface nécessaire pour alimenter une vache avec ce système est de 0,5 Ha.

Lorsque l’agriculteur dispose d’une trésorerie qui lui permet d’investir en intrants pour la culture de pomme de terre, les performances de ce système sont améliorées. Il s’agit du système de culture :

SC3d : (Luzerne2)2//Pomme de terres3//Maïs4

Du fait de la possibilité de capitalisation en intrants, les cultures de ce système bénéficient de traitements phytosanitaires supplémentaires. Ainsi, la Pomme de terre3 est traitée 5 fois (au lieu de trois pour la Pomme de terre2) et se plante avec 2 quintaux d’engrais pour un quintal de semences. Il s’agit de la pomme de terre Cécilia Blanca, qui nécessite beaucoup plus de traitements que la Espéranza ou que les Cholas semées dans les systèmes précédents. Par contre, les prix à la vente sont plus hauts. Ainsi, ce système de culture intègre les mêmes rotations que le système SC3a. mais nécessite plus d’investissement pour l’installation et l’entretien de la culture de pomme de terre. Le maïs qui suit (Maïs4) bénéficie d’un effet de culture précédente qui améliore son rendement. Enfin, la Luzerne2 est traitée et quelque fois engraissée par de l’engrais organique.

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Face à la baisse du prix des pommes de terre classiques (Espéranza et Cholas) et devant l’impossibilité d’investir dans des intrants, certains agriculteurs, dont l’accès à l’eau est assuré, ont développé un nouveau système de culture en bouleversant les successions :

SC3c : (Luzerne1)// Maïs2/Maïs3//Pomme de terre

Dans ce système, la culture principale n’est plus la pomme de terre mais le maïs choclo (les épis sont récoltés encore verts). En intercalant deux cycle de maïs (6 mois chacun) entre le retournement de la luzerne et la plantation de la pomme de terre (voir ), c’est le maïs qui profite de l’apport de fertilité de la luzerne. Cependant, le nouveau cycle de maïs (Maïs3) ainsi mis en place, nécessite 3 traitements au lieu de 2 pour le cycle normal (de novembre à mai). D’après les agriculteurs, la pression des ennemis des cultures est plus forte pour ce cycle. De plus, ce système de culture nécessite un accès continue à l’eau d’irrigation pour deux raisons : d’une part, le Maïs3 se développe en période sèche et d’autres part le séchage sur pied des cannes de Maïs2 est impossible ce qui menace la soudure alimentaire du bétail.

Pour relever cette deuxième contrainte, il faut garantir une bonne production fourragère pendant la saison sèche et donc avoir un accès important à l’eau d’irrigation. Ces systèmes se sont développés en zone de forte pression foncière (environs de Salatilin et dans la Pampa).

5.3.3 La gestion des prairies

Même si elle prend part à la rotation, la luzerne, en tant que culture fourragère doit répondre aux besoins du bétail. Pour l’agriculteur, il est nécessaire réguler ces surfaces en fonction des besoins pour limiter le surplus et surtout l’achat de fourrage. Le semis d’une parcelle se réalise donc selon les besoins fourragers et en prévoyant les manques. Cette gestion est facilitée par l’accès à l’irrigation qui permet de semer à n’importe quelle période. Les facteurs déterminants ce choix sont perceptibles à l’échelle du système de production. En effet, les vaches en plus d’être une source de revenu régulière sont un outil de capitalisation et leurs acquisition ou leur vente dépend de l’état socio-économique de la famille. Ainsi, le chef d’exploitation doit prévoir les flux de trésorerie et adapter 3 mois à l’avance (temps d’attente avant la première coupe) sa surface fourragère en conséquence.

5.3.4 Des systèmes de culture pour alimenter hommes et bêtes

La production de fourrage représente dans le contexte d’une agriculture de subsistance une concurrence à l’alimentation humaine. Cette concurrence est exacerbée en période de soudure fourragère et alimentaire. Pourtant, le développement de systèmes de cultures (et fourragers) adaptés à la localisation de leur ferme a permis aux agriculteurs de Mulalillo de s’intégrer à la dynamique laitière.

En zone haute, des rotations encore fortement orientées vers l’autoconsommation

Lorsque l’accès à l’eau d’irrigation n’est pas sécurisé, les rotations dans lesquelles prend part la luzerne restent orientées vers la production de grains pour l’autoconsommation. Ainsi, dans la ladera, en fonction de la possibilité de semer du maïs, les agriculteurs mettent en œuvre les rotations suivantes :

SC2a: (Luzerne1)2 //Pomme de terre2 //Petit pois //Orge

SC2b: (Luzerne1)2//Pomme de terre2 //Maïs1 //Orge

Les itinéraires techniques des cycles de Pomme de terre2 et de maïs sont comparables à

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ceux de la zone basse. Cependant, les jachères de maïs et de pomme de terre sont le plus souvent griffées par un araire tracté par des taureaux. Il n’existe pas de tracteurs dans la zone haute ; le coût de labour est donc beaucoup plus élevé qu’en zone basse (100$ l’hectare contre 50 en zone basse). Ainsi, seule la jachère de luzerne est retournée au tracteur lorsque la famille en a les moyens. Sinon, on laboure à la houe.

La pomme de terre dans ces rotations bénéficie d’engrais chimiques et d’irrigation comme en zone basse et a donc des rendements similaires. Au contraire, le Maïs1 ne produit que peu d’épis ; il est surtout valorisé en fourrage sec en Juillet-Aout. En effet, la luzerne peut venir à manquer surtout en été. Le canal Alta Fernandez peut s’assécher et empêcher toute croissance de luzerne. Ainsi, les revenus correspondant à la vente du lait ne sont pas assurés. La culture de l’orge répond alors à une double nécessité :

Permettre l’alimentation de la famille et un éventuel revenu grâce à la moisson en juillet-août ;

Permettre l’alimentation des animaux (taureaux ou vaches laitières) grâce à la paille et au regain.

Si la crise de fourrage est trop importante, la famille peut être contrainte d’en acheter et peut aller jusqu’à vendre une vache pour alimenter la deuxième. En l’absence de synchronisation des naissances des veaux, la lactation peut avoir lieu en période de crise fourragère. Il est alors difficile d’alimenter correctement le veau, sans acheter de fourrages. En effet, même si ces familles des communautés hautes ont accès au paramo, la valeur nutritive du pajonal ne suffit pas à maintenir la lactation. En revanche, les taureaux y sont menés en période de sècheresse.

En zone basse des systèmes de culture avec maximisation de la charge animale

Dans la zone basse, l’accès à l’eau d’irrigation est sécurisé, mais la sècheresse estivale de l’air fait tout de même baisser la production de luzerne. Au contraire des communautés hautes, la terre est le facteur limitant de la charge (alors que c’est l’eau en zone haute). Ainsi, pour maintenir la charge animale sur ce type de système pendant la grande saison sèche, il n’est pas intéressant de mobiliser une parcelle pendant un an comme le Maïz1. De même, les surfaces fourragères naturelles sont composées des seuls talus et fonds de quebradas. La solution adoptée par les petits producteurs laitiers est la culture dérobée en association d’avoine et de vesce après la Pomme de terre2 si on se réfère à la rotation de base :

SC3b: (Luzerne1)2 //Pomme de terre2 /Avoine fourragère+Vesce //Maïs2

La plantation des pommes de terre est avancée à décembre(voir ) pour permettre un cycle dérobé de 3 mois. Même si les tubercules sont plantés en pleine petite saison sèche, l’accès à l’eau sécurisé à cette période et dans cette zone permet de s’affranchir de cette contrainte climatique. On obtient une production fourragère supplémentaire en août ou septembre, période à laquelle les cannes de maïs font défaut.

L’avoine et la vesce sont semés très densément sur canteros et traités une fois. Au bout de trois mois, s’ils ont été irrigués régulièrement, les plants ont atteint 50 centimètres et peuvent être fauchés. Les charges constituées sont alors apportées aux animaux à des dose équivalente à celle de la luzerne (environ 1 charge par vache et par jour).

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Ainsi, les agriculteurs ont développé des systèmes de cultures qui permettent de maintenir la charge animale en été sans menacer le passage de la soudure alimentaire pour les familles. L’ensemble de ces systèmes de culture dérivés de l’originel SC3a, ont donc comme objectif de produire grains et fourrage. Ils se distinguent les uns des autres selon la réponse qu’ils donnent à cette double nécessité dans un contexte agroécologique et socio-économique donné.

5.4 DES ATELIERS INTENSIFS DANS LES ZONES DE MINIFUNDIO

Les zones de très petites propriétés sont les anciens huasipungos situés en zone basse dont les propriétaires n’ont pas réussi à augmenter la taille lors des ventes des haciendas. Il s’agit des zones de Salatilin et de la Pampa où les haciendas de fleurs et de lait occupe la majeure partie de l’espace. Dans ces zones où les familles possèdent en général moins d’un hectare, se sont développées des cultures à très forte productivité de la terre.

5.4.1 Tomate de table

La tomate se cultive en cycle de 8 mois sous serre. Comme culture très intensive dans un espace confiné, elle nécessite énormément de soin pour combattre les pestes. Après un arairage sous la serre au tracteur ou au cheval, de l’engrais organique de cochons d’Indes (à raison de 200 sacs pour 1000m²) et un nématicide sont épandus et mélangés au sol. Les jeunes plants issus de la pépinière sont plantés en ligne espacée de 50 cm. Après un mois, leur base est attachée à un fil de nylon qui sert de tuteur. L’opération d’enroulement du plant au fil est renouvelée toutes les semaines pendant 4 mois. Plusieurs traitements sont réalisés contre le Botrytis et la mouche blanche. A 4 mois mûrissent les premières tomates ; la récolte est alors effectuée chaque semaine pendant 4 mois. Après avoir été triées par taille et mises en caisse, les tomates sont vendues en général au marché de gros d’Ambato ou aux foires de Salcedo. Grâce au nématicide, il est possible de réaliser plusieurs cycles d’affilé sans attaques des vers du sol.

Cette culture nécessite un investissement important pour aménager la serre: poteaux et plastique pour la construction (on estime qu’une serre peut durer 7 ans), pompe à eau, tuyauterie de goutte à goutte, réservoir d’eau. De plus elle nécessite une bonne trésorerie pour acheter les semences, les intrants. De plus les prix du marché varient beaucoup.

5.4.2 Tomate d’arbre

La tomate d’arbre, est un arbre de 2m50 à taille adulte, et aux feuilles très larges. Sa croissance dure 9 mois et il produit ensuite pendant 1an. Les jeunes plants sont achetés dans les pépinières du Tungurahua et plantés pour une densité de 1 arbre par mètre carré dans des parcelles avec des canteros. Il est désherbé tous les deux mois pendant tout le cycle et est engraissé en engrais organique. Il est aussi traité plusieurs fois au cuivre lors de sa croissance. Les fleurs apparaissent à huit mois et les premiers fruits à 9 mois. Il fleurit et se charge de fruit continuellement pendant 1 an avec un apport hebdomadaire de fumier. Les fruits sont mis en caisse et vendu. Il existe deux variétés (amarillo jaune et morada violette).

5.4.3 Fruits en association, cebolla

Dans la logique de l’intensification en capital, pour augmenter la productivité de la terre dans un contexte de pression foncière, la culture en association est souvent intéressante. A Mulalillo, s’est développé un système agro-pastoral de culture sous arbres fruitiers. Il s’agit de

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pommier, prunier, poirier et pêcher qui occupent les parcelles. La production de ces arbres permet l’alimentation de la famille en fruits et est quelquefois vendue7.

D’autre part la cebolla (cébette, famille du poireau) est cultivée sur les sols limoneux du bas de la zone mais nous n’avons aucune information sur leur culture.

5.4.4 L’élevage intensif de cochons d’Inde

L’élevage de cochons d’Inde constitue lui aussi une alternative à l’activité laitière en zone de forte pression foncière. Cet élevage traditionnel utilise les ressources fourragères pour engraisser les animaux qui seront vendus sur la foire de Salcedo.

Pour cet élevage intensif, les agriculteurs utilisent une race améliorée de Cavia Porcellus dont le rendement en viande est bien supérieur à la race traditionnelle : il engraisse mieux. Les élevages sont constitués de lot de 10 mères et d’un mâle reproducteur. La vie reproductive dure 8 mois pendant lesquels la femelle met bat 4 fois. Chaque portée est constituée de 2 à 4 petits. Dans ces élevages hors sols en cages, la mortalité post-sevrage et la mortalité adulte est très faible contrairement aux même taux dans les élevages traditionnels. En effet, les cochons d’Inde sont vérifiés tous les jours pour le recherche d’éventuelles maladies. Les puces et les ectoparasites sont les principaux facteurs de mortalité. Les animaux touchés sont traités et isolés dès l’apparition du problème.

Les cochons d’Inde sont alimentés chaque jour en luzerne (à raison d’une demi charge pour 30 mères) et en mauvaises herbes issues des sarclages des cultures.

Cet élevage nécessite la construction d’un « clapier » en parpaing et de cages en mailles de fer. L’investissement initial pour 40 mères est de l’ordre de 1.000$.

L’élevage de cochons d’Inde intensifs s’est donc développé dans des zones de forte pressions foncière. Il représente une fois encore l’évolution d’une production traditionnelle vers un élevage intensif en capital. Dans la partie suivante, nous allons étudier les autres types d’élevages présents dans notre zone.

6 LES ATELIERS D’ÉLEVAGE

6.1 VACHE LAITIÈRE

Les vaches laitières profitent des rotations de culture à base de luzerne. Ce sont (exception faite des haciendas) des croisées en proportion variable de Holstein introduite avec les premières haciendas laitières et des vaches locales introduites par les conquistadores espagnols. Elles mettent bas en moyenne une fois par an, la saillie étant réalisée par le taureau de l’exploitation ou d’un voisin en location. Il existe une pratique ponctuelle de l’insémination artificielle. La production laitière de ces vaches en conditions d’affouragement normal (1 charge de luzerne par jour) est de 1950 litres.

L’affouragement des vaches est donc constitué majoritairement de luzerne. Cependant, pour équilibrer la ration en énergie, les agriculteurs leurs apportent des compléments fourragers produits sur l’exploitation (cannes de maïs, paille d’orge, feuilles d’agaves) ou

7 Dans nos calculs économiques, nous n’avons pas tenu compte de ces arbres fruitiers, mais seulement de la rotation qui est mise en place à leurs pieds.

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acheté. Les agaves poussent sur le bord des champs de la zone. Chaque paysan est propriétaire des plants qui entourent ses parcelles. En période de soudure fourragère, les feuilles sont coupées à la machette et apportées aux vaches. Il en est de même pour le sigse, graminée à feuilles riches en silices qui bordent les champs. Après une coupe, sa repousse est initiée par un brûlis partiel du pied.

Les bananes vertes (verde) est le complément exogène le plus utilisé dans la zone. Elles sont transportées en camion depuis la côte jusqu’aux fermes où les agriculteurs en stockent pour une ou deux semaines. La dose de bananes octroyée est de l’ordre de 5 kg/jour/vache. Ce complément est apporté toute l’année. Au contraire, pour maintenir une bonne lactation, certains agriculteurs apportent de l‘afrecho (son d’orge ou de riz). Enfin, les vaches sont aussi complémentées en sel et sont vaccinées tous les ans contre la fièvre aphteuse.

6.2 VEAU D’ENGRAISSEMENT

Lorsque les possibilités économiques de la famille ou lorsque les surfaces fourragères ne sont pas assez grandes pour accueillir une vache et son veau, l’investissement familial(ou la capitalisation) se reporte sur l’achat d’un veau pour l’engraissement. Acheté à quelques semaines, il est revendu un an plus tard. Son affouragement est sensiblement comparable à celui des vaches, même s’il ne nécessite pas de complément pour la lactation. Ce système d’élevage est comparable dans ses performances à l’élevage des taureaux de yunta, (paire de taureau pour tirer l’araire) en zone haute. Les taureaux sont achetés à quelques mois et restent jusqu’à quatre ans dans l’exploitation. Ils ne peuvent en effet commencer à travailler dans les champs que vers l’age de 2 ans. Ils sont ensuite vendus à des maquignons qui les engraissent avant de les faire abattre. Ces deux ateliers d’élevage sont extrêmement répandus dans la zone et constituent l’une des marques de l’avancée du front laitier. Ils représentent aussi un moyen de capitalisation pour les familles paysannes. On retrouve souvent dans le troupeau familial de quelques tête la vache du père, le veau à l’engraissement du fils et la génisse de la fille par exemple. Ainsi, cette capitalisation bovine est aussi un outil pour la transmission de l’héritage familiale.

6.3 L’ÉLEVAGE TRADITIONNEL DE COCHON D’INDE

Les cochons d’Inde (Cavius Porcellus ou cuy en Espagnol) sont originaires des Andes. Elevés traditionnellement al piso (à même le sol), ils sont de plus en plus souvent élevés dans les colmenas (voir photos XX). Ces casiers en bois d’environs 2 mètres de long sur 80 cm de large sont situés à l’extérieur de la maison. Dans les élevages traditionnels, il n’existe pas à proprement parler de soin vétérinaire. La santé des animaux est surveillée lors des curages bihebdomadaires de la colmena. La taille des élevages traditionnels est très réduite, en général de 2 à 10 mères. Au-delà d’une utilité pour la médecine traditionnelle, les cochons d’Inde sont tués lors des fêtes de mariages, d’enterrement, de communion, etc.. Ces élevages, en fractionnant le capital sur pied, permettent de subvenir à des besoins ponctuels de petites sommes d’argent. La re-capitalisation est de même plus facile que pour les vaches laitières.Les autres animaux

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Figure 16 Productivité du travail des principaux systèmes de culture

Figure 17 Productivité de la terre des principaux systèmes d'élevage

VAB/Ha

0,00

500,00

1000,00

1500,00

2000,00

2500,00

3000,00

SC1 SC2a SC2b SC3a SC3b SC3c SC3d

US

D/H

a

VAB/Día de trabajo

0,00

2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

12,00

14,00

16,00

18,00

20,00

SC1 SC2a SC2b SC3a SC3b SC3c SC3d

do

llare

s

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6.3.1 Des moutons producteurs de fumier

L’activité de production de laine a complètement disparue aujourd’hui à Mulalillo. Néanmoins, les familles les élèvent encore pour assurer les transferts de fertilité dans la zone haute (du Paramo vers la Ladera). Ce sont les enfants qui vont le plus souvent les faire pâturer dans la journée. Vu le prix actuel de la laine (0.30 USD/livre), l’objectif de cet élevage n’est pas de produire de la laine mais de permettre de capitaliser et de produire du fumier. Cet élevage, de part sa nature non commerciale, est le premier à avoir souffert de la crise de 2000. En effet, il existait il y a encore 10 ans des troupeaux familiaux de quelques dizaines de têtes alors que le nombre moyen de moutons par famille est inférieur à la dizaine aujourd’hui.

6.3.2 La basse cour

Le reste des animaux de la zone ne varie pas ou très peu d’une ferme à l’autre : il s’agit de petits élevages familiaux de poules, de dindons, ou d’oies. Les porcs sont aussi présents dans les fermes : la propriété d’une truie permet d’obtenir un revenu régulier grâce à la vente des petits et l’engraissement d’un porcinet (qui dure 6 mois) permet de valoriser les déchets de cuisine.

7 LA TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS

Comme c’est le cas dans les systèmes de cultures dont les logiques sont déterminées par la localisation des parcelles et les capacités financières de la famille, le type systèmes de production est déterminé par l’environnement socio-économique dans lequel il évolue. Les paysans de Mulalillo ont été confrontés et le sont encore à la dollarisation de l’économie équatorienne, ; de même et sur un autre registre, ceux de la zone haute participent aux projets de mise en place d’un réseau d’eau agricole plus performant. Comme des catalyseurs de changement, ces deux « contraintes » vont avoir des conséquences sur les trajectoires des exploitations. Ainsi, après avoir détaillé les systèmes de produc tion présents dans la zone aujourd’hui, nous nous attacherons dans cette partie à percevoir en la synchronie actuelle, une diachronie qui va nous renseigner sur les directions prises par le système agraire étudié.

7.1 ZONES 1 ET 2: COMMUNES DE PAYSANS INDIGÈNES : LES ANCIENS TRAVAILLEURS DES HACIENDAS ET LEURS HÉRITIERS.

7.1.1 SP1a : Systèmes de production familiaux orientés vers l’autoconsommation

Ces systèmes de production mettent en œuvre les systèmes de culture sans luzerne (SC1). Il s’agit d’agriculteurs familiaux possédant de 3 à 10Ha de Paramo ou de Ladera. Ils peuvent posséder une yunta mais n’utilisent pas ou très peu le tracteur en location. La vente du surplus d’orge peut éventuellement apporter un complément de revenu. Comme on le voit sur la Figure 18, ces systèmes ont un degré d’intensification sur la terre très faible. Cependant, dans cette zone où le départ des hommes en migration « libère » des terres, il est possible vivre avec une telle productivité de la terre. Cela est d’ailleurs le plus simple car en investissant très peu de travail/Ha (le SC1 a la plus faible productivité du travail), on parvient à obtenir des rendements normaux sur un nombre maximale de parcelles. En effet la productivité du travail est proche de celle des autres systèmes de culture. Cependant, on peut supposer que ce phénomène d’extensification du à la migration, ne permet pas de cultiver

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toutes les terres : il existe beaucoup de zones où les terres sont en friche. La question est alors de savoir si ces friches sont des abandons dus au départ de main d’œuvre ou des constituants d’un nouveau système de culture qui se développe avec le manque de main d’œuvre.

7.1.2 SP1b : Systèmes de production ayant un accès limité à l’eau d’irrigation.

Ce deuxième type de famille, en disposant de l’eau d’irrigation issue du canal Alta Fernandez, ou même du Sunfo, peuvent développer des cultures de luzerne et donc élever des vaches laitières. Elles sont le plus souvent situées dans le bas de la ladera pour se rapprocher du lechero. Les sytèmes de cultures mise en place, bien qu’intégrant un cycle de culture temporaire, conserve l’orge comme culture d’autoconsommation. En effet, même si nous n’avons pas réussi à déterminer la différence de productivité de la terre entre un cycle de luzerne de la partie haute et une de la partie basse, on peut supposer que le premier, avec un manque d’eau chronique fournit un volume fourrager moindre. Ainsi, dans ces systèmes de production (SP1b), l’agriculteur décide d’utiliser l’eau d’irrigation pour la luzerne, mais conserve des cultures d’autoconsommation pour sécuriser la production devant le risque climatique.

7.1.3 SP1c : Agriculteurs de la zone haute ayant accès aux aménagements proposés par les projets de développement.

Le dernier type de producteur que nous pouvons dégager de l’analyse est un paysan des communautés hautes ayant accès à l’eau d’aspersion. Devant la nouveauté des installations, il n’est pas encore possible de connaître le fonctionnement de ce système. Cependant, on peut supposer que l’aspersion améliore sensiblement la productivité à l’hectare de ces systèmes. En plus d’encourager la culture de luzerne, l’accès à l’eau r’irrigation permet de développer de noubeaux systèmes de culture à base de légumes.

7.2 ZONA 3 Y 4: COMMUNAUTÉS DE PAYSANS MÉTISSES AY ANT ACCÈS À UNE EAU D’IRRIGATION SÉCURISÉE

7.2.1 SP2a : De petites exploitations familiales intensives en zone de forte pressions foncière.

Contraintes par leurs petites surfaces (inférieure le plus souvent à un demi-hectare par actif), ces microfundia se basent sur des cultures très intensives pour pouvoir dégager un revenu de leur terrain. La culture de légumes, de cebolla, de tomate d’arbre et de tomate de table, permet de maximiser leur revenu plus sûrement que l’activité laitière. Enfin, de nouveaux élevages comme la production de cuyes pour le marché urbain peut aussi dégager de tels revenus.

7.2.2 SP2b : Des exploitations familiales laitières moyennes

Ces exploitations sont les héritières des premiers acheteurs des haciendas (huasipungueros en particulier). Il exécute les rotations SC3a ou SC3b. L’utilisation de travailleurs est courante pour les opérations culturales d’entretien (sarclage, buttage)et de récolte.

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Figure 18 : Graphique des valeurs ajoutées nettes de chaque système de production

Les numéros se réfèrent aux études de cas décrites en annexe 8

VAN/actif

-2000

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

0 1 2 3 4 5 6

Surface/actif

1 2

3 4

5 6

7 8

9 10

11 12

13 14

15

SP2b

SP2c SP2a

SP1b

SP1a

1

2

3

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7.2.3 SP2c : Des exploitations patronales de plus grande surface

Ayant héritées d’une partie d’hacienda ou héritiers des derniers migrants venus d’Amato, ces systèmes de production emploient généralement à plein temps un ou deux travailleurs, pour le désherbage de la luzerne notamment. Ces systèmes de production ont la trésorerie nécessaire pour investir dans les intrants du SC3d. Disposant de l’eau d’irrigation, ils peyvent assurer la production de rente de pomme de terre, de maïs et entretienne quelques vaches laitières. Ce sont des systèmes de production intégrés au marché.

7.2.4 SP3 : les systèmes capitalistes localisés dans la Pampa

Le quatrième grand type observable mais non étudié dans cette analyse économique des systèmes de production est le type « nouvelle hacienda ». Ce sont des systèmes capitalistes laitiers ou floricole dont l’objectif avant tout est la rente sur le capital investi. Localisés sur les meilleures terres de la Pampa, elles disposent de tracteurs, d’eau d’irrigation presque a volonté et d’une main d’œuvre abondante du fait du manque d’autres sources de revenu dans la zone.

8 LES PRINCIPALES DYNAMIQUES ACTUELLES ET LES PERSPECTIVES FUTURES

La Figure 18 nous permet de visualiser ces différents types sur le graphique de valeur ajoutée nette par actif en fonction de la surface par actif. Même si les valeurs absolues atteintes par ces études de cas semblent irréalistes, nous pouvons émettre des hypothèses quand aux évolutions probables des exploitations de la zone en les comparant les unes aux autres.

8.1 VERS UNE HOMOGÉNÉISAT ION DES PRODUCTIONS ?

D’une part, on peut distinguer les effets de la conversion au lait dans la zone haute. Elle permet d’intensifier légèrement (flèche n°1) le système et d’augmenter en conséquence les revenus. Cette évolution est la marque de la montée du front laitier dans la zone haute. Si les travaux d’aménagement des canaux d’irrigation de la zone haute perdurent, les systèmes de production SP1b, avec une sécurisation de l’accès à l’eau suivraient l’évolution 2 en augmentant la charge animale. Pour cela, ils passeraient à un système de culture sans orge (type SC3a). Le nouveau système demandant plus d’investissement en main d’œuvre, cette dynamique d’intensification serait conditionnée à la disponibilité en temps de travail au sein des exploitations. La migration, comme phénomène généralisé à l ‘ensemble des exploitations de la zone haute, rentrerait en concurrence avec ce processus d’intensification. Même si la productivité du travail, augmentait, comme c’est le cas pour des systèmes de cultures avec luzerne, cette augmentation est minimale. Vu le revenu que procure un emploi en ville, le coût d’opportunité d’aller y travailler sera toujours inférieur à celui de rester cultiver de la luzerne.

D’autre part, dans les systèmes de productions déjà tournés vers l’activité laitière, la disponibilité en trésorerie permet d’améliorer nettement ses revenus (flèche n°2). Enfin, lorsque la terre est limitante, une solution consiste à se tourner vers des cultures et des élevages très intensifs, qui peuvent se combiner au sein d’un même système de production : le

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fumier des cochons d’Inde alimente une serre de tomate de table par exemple. Ainsi, sans demande en main d’œuvre excessive, ces systèmes assure un revenu élevé.

Malheureusement, le temps nous a manqué pour réaliser une étude économique plus étayée qui nous aurait permis d’analyser plus finement les dynamiques d’intensification mis en œuvre dans cette zone. Les feuilles de calculs des systèmes de cultures sont disponibles en annexes 6 et 7. La description détaillée des types de systèmes de productions est consignée en annexe 8.

En plus de l’apparition de nouveau systèmes de cultures en zone haute grâce aux projets d’amménagement, il semblerait que des nouveaux système délevage de cuy permettent une élévation du revenu des familles. En effet, ce nouvel élevage basé sur des races améliorer et sur la diminution de la mortalité par la mise en cage de fil de fer, se développe chez les minifundistes. Cette activité qui fait l’objet du projet Emprender, ne se développe pas par communauté mais ponctuellement dans l’ensemble de la zone. Vu la relative nouveauté de ce type d’élevage, nous avons remarqué que des réseaux sociaux d’échanges de pratiques se développent à travers le Bajio où ces éleveurs vivent en majorité.

8.2 DES LIMITES ET DES ÉTUDES À VENIR

Les principales limites de ce travail sont à n’en pas douter le manque de données économiques pour étayer les hypothèses formulées plus haut. En effet, il aurait été intéressant de plus se pencher sur le phénomène de migration (cause, conséquence sociales et économiques, etc..) afin de pouvoir déterminer si le développement de l’élevage laitier pourrait permettre aux paysans de rester chez eux, sans subir les conséquences de l’intégration à la société dominante. Enfin, pour cette même zone, il serait intéressant d’étudier la possibilité de développer les cultures maraîchères comme les projets de développement présents sur la zone le propose. Etudier la possibilité agronomique, mais aussi l’éventuelle concurrence avec la migration qu’elle engendrerait.

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CONCLUSION

La démarche systémique employée pour la réalisation de ce diagnostic nous a permis de comprendre les grandes dynamiques intervenant dans la paroisse de Mulalillo. En distinguant deux grandes zones de contraintes agro-écologiques (différenciées en particulier sur l’accès à l’eau), nous avons pu mettre en évidence une évolution différenciée. D’un coté la zone haute sèche a conservé un système agraire basé principalement sur l’autoconsommation et l’insertion au marché ; d’autre part, en zone basse s’est développé un système laitier chez des agriculteurs familiaux. L’analyse historique nous a permis de comprendre comment la production laitière s’est développée sur ce versant à l’aide des prairies temporaire puis artificielles. Ce vaste processus de remonté le long du versant a donc été conditionné par l’accès géographique et social à l’eau d’irrigation. Aujourd’hui, il atteint la zone agro-écologique sèche grâce à l’intervention des projets de sécurisation de cette ressource (irrigation par aspersion, réservoir, réhabilitation de canaux, etc…). D’autre part, d’aut res projets semblent s’intéresser au développement de nouvelles productions en zone basse pour aider les paysans à faire face à l’augmentation des prix des intrants qui les empêchent d’investir dans une plantation de pomme de terre dont le prix est très peu stable. Ainsi, les paysans subissent les fluctuations des prix du marché (autant celui de la pomme de terre que celui de l’orge) sans avoir aucun moyens de se défendre face aux intermédiaires.

Au niveau local, il est donc possible de lutter pour augmenter les revenus comme on le voit dans la zone haute de Mulalillo où les cultures maraîchères et le lait commence à se développer. Cependant, ces actions (autant dans la zone hauteque dans la zone basse) resteront vaines si les prix réels des matières premières agricoles continuent de chuter face aux produits de première nécessité. Or avec la signature d’accords commerciaux internationaux, la mise en concurrence d’agricultures productivistes avec des systèmes basées sur la coupe manuelle de luzerne risque de défavoriser ces derniers… Réaliser des projets et subventionner des activités à l’échelle locale ne suffira donc pas à contrebalancer la dégradation générale des conditions de vie paysannes. Pour réellement espérer une amélioration de la situation à Mulalillo, il faudrait croire autant à l’aide extérieure (ONG, Fonds de développement) qu’au rassemblement et à la cohésion de la paysannerie indigène et métisse pour s’affirmer devant les excès de cette société dominante (excès des intermédiaires mais aussi des gouvernements…). Le temps est- il venu où les pères de familles de la comunauté de San Diego pourront assurer le bien être de leurs enfants avec les produits de leur terre ?

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Bibliographie

CHAVAGNEUX, Christian. (2000). La dollarisation, une fausse solution. L’économie politique, n°005, Janvier 2000.

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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION .....................................................................................................................1

1 LA COMMANDE..............................................................................................................3

1.1 Les commanditaires...................................................................................................... 3

1.2 Le projet EMPRENDER ............................................................................................. 3

1.3 La definition de la demande ........................................................................................ 3

2 METHODE APPLIQUÉE LORS DE CE TRAVAIL ....................................................5

2.1 L’étude de paysage ....................................................................................................... 7

2.2 Compréhension de l’histoire agraire de la zone d’étude .......................................... 7

2.3 Etude du fonctionnement technique des activités...................................................... 9 2.3.1 L’étude technique de l’exp loitation du milieu........................................................ 9 2.3.2 L’analyse technico-économique des systèmes de culture et d’élevage ................ 11

2.4 Analyse technico-économiques des types d’exploitations ....................................... 13 2.4.1 Les indicateurs techniques des systèmes de production....................................... 13 2.4.2 Analyse technico-économiques des types d’exploitations ................................... 13 2.4.3 Etendues des enquêtes .......................................................................................... 15

2.5 Restitution................................................................................................................... 15

2.6 Les conditions de stage............................................................................................... 17

3 1ERE PARTIE : UN PAYSAGE SEC MARQUE PAR LA PRÉSENCE DE CANAUX D’IRRIGATION ....................................................................................................19

3.1 Un climat équatorial modifié par l’altitude et les reliefs environnants ................. 19 3.1.1 Un pays équatorial balayé par la zone de convergence intertropicale .................. 19 3.1.2 Un pays montagneux situé sur une zone de subduction....................................... 19 3.1.3 Des précipitations et une disponibilité en eau conditionnées par les reliefs environnants ......................................................................................................................... 21 3.1.4 Un régime thermique variant dans le temps et l’espace ....................................... 21

3.2 Le climat sur le relief : des sols differencies le long de la toposequence................ 23 3.2.1 Une topographie marquée par l’érosion............................................................... 23 3.2.2 Des sols différenciés le long de la toposéquence ................................................. 23

3.3 Un écosystème climacique étagé ................................................................................ 25 3.3.1 Des adaptations xérophytiques ............................................................................. 25 3.3.2 L’écosystème originel étagé ................................................................................. 25

3.4 Un paysage marqué par la disponibilité en eau....................................................... 27 3.4.1 Un milieu naturel dont la mise en valeur agricole est périlleuse.......................... 27

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3.4.2 Des aménagements permettant de s’affranchir de certaines contraintes pédo-climatiques............................................................................................................................ 27 3.4.3 Un découpage zonal qui synthétise les atouts/contraintes de chaque zone .......... 29

Le Paramo: une zone de pâturage où s’imprime la frontière agricole.............................. 29 La Ladera : une zone sèche et marquée par l’érosion ...................................................... 31 Le bajio : une zone de production de luzerne caractérisée par l’accès à l’eau................. 31 La Pampa : une zone de déséquilibre marqué par la taille des parcelles......................... 31

3.5 L’environnement socio-économique de la zone d’étude ......................................... 33 3.5.1 La connexion au réseau routier national............................................................... 33 3.5.2 Réseau routier local et zone d’atteinte des lecheros............................................. 33 3.5.3 Ambato, métropole régionale ............................................................................... 33

4 DES SYSTÈMES AGRAIRES MARQUES PAR L’INFLUENCE EXTERIEURE37

4.1 Avant 1645 : les debuts de l’agriculture dans une zone stratégique des guerres intra Incas................................................................................................................................ 37

4.1.1 Une zone originellement vierge positionnée sur la principale voie de communication Inca ............................................................................................................. 37 4.1.2 Une histoire agraire qui commence véritablement avec la colonisation espagnole 37

4.2 1645-1945 : Des haciendas où cultures et élevage ovins exploitent les différentes parties de l’écosystème avec un objectif commercial et grâce à une main d’œuvre servile 39

4.2.1 Des terres de la couronne légalisées pour les conquistadores .............................. 39 4.2.2 Une nécessité de main d’œuvre abondante et bon marché ................................... 39

Une main d’œuvre soumise de force ................................................................................ 39 Des travaux durs sous la pression des contre-maîtres ...................................................... 41

4.2.3 Des espèces métropolitaines pour nourrir la population coloniale....................... 41 Une demande urbaine en croissance................................................................................. 41 De nouvelles rotations ...................................................................................................... 41

4.2.4 Un fonctionnement calqué sur le modèle d’exploitation de la métropole ............ 43 Un outillage importé ......................................................................................................... 43 Une exploitation intégrée des différents étages écologiques............................................ 43 Des restes pour les esclaves.............................................................................................. 43

4.2.5 Une structure agraire de lati-microfundia ............................................................. 43 Des haciendas occupant la majorité des terres et situées dans les trois étages écologiques.......................................................................................................................................... 45 Des esclaves sans terres .................................................................................................... 45

4.2.6 La construction des canaux entraîne une différenciation marquée de zones agro-écologiques ........................................................................................................................... 45

4.3 1945-1960 : La timide avancée sociale de V.Ibara : un système de servage où la terre et l’eau sont les leviers de la domination..................................................................... 45

4.3.1 L’effondrement des cours de la laine et le démarrage du front laitier.................. 45 La concurrence laine-coton .............................................................................................. 45 Le lait comme porte de sortie pour les haciendas ? .......................................................... 47 Une main d’œuvre en migration....................................................................................... 47

4.3.2 L’appropriation de la réforme agraire par les hacendados ................................... 49

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4.3.3 Un système étagé lati-minifundiste ...................................................................... 49 4.3.3.1 Les haciendas en cours de différenciation........................................................ 49 Les huasipungueros : minifundistes et double actifs ........................................................ 51

4.4 1960-1980 : Une vente différenciée haut/bas des terres des haciendas .................. 53 4.4.1 Apparition d’une nouvelle classe sociale : les bourgeois ..................................... 53 4.4.2 Deux tentatives de réformes agraires ................................................................... 53 4.4.3 La fin de la logique rentière : Haciendas traditionnelles, haciendas entreprenariales..................................................................................................................... 55 4.4.4 Un marché foncier bipolaire ................................................................................. 55

Zone basse : une pression importante............................................................................... 55 Zone haute : des achats groupés ....................................................................................... 57 Une vente étalée dans le temps et l’espace....................................................................... 57

4.4.5 Une redistribution de terres déséquilibrée ............................................................ 57

4.5 1980-2000 : Un système agraire dual : spécialisation en lait et agriculture insérée au marché ................................................................................................................................ 59

4.5.1 Une spécialisation laitière qui s’étend aux petites et moyennes exploitations grâce à la luzerne............................................................................................................................ 59 4.5.2 Bilan : Le front laitier s’étend à l’agriculture familiale........................................ 59

Paysans de la zone haute avec systemes de cultures de grains d´autoconsommation...... 59 Les paysans minifundistes ................................................................................................ 61 Les anciens huasipungueros se tournent vers le lait ......................................................... 61 Des systèmes patronaux laitiers et cultures de rente ........................................................ 61 Des haciendas dans la pampa ........................................................................................... 63

4.6 2000-2004 : La dynamique actuelle : contre coup de la crise économique, perte de pouvoir d’achat et migrations malgré des efforts exogènes................................................ 63

4.6.1 Dollarisation et baisse relative du pouvoir d’achat .............................................. 63 La crise économique de 2000 ........................................................................................... 63 Une baisse du pouvoir d’achat ......................................................................................... 65 Le cercle vicieux de la nécessité d’intrant........................................................................ 65

4.6.2 Le travail extérieur comme solution a la baisse des revenus agricoles ................ 65 4.6.3 Le rôle équilibrant de certains projets de développement .................................... 65

L’aménagement actuel de la partie haute ......................................................................... 65 Des nouvelles rotations en zone haute.............................................................................. 67

5 DES SYSTÈMES DE CULTURE ADAPTÉS À CHAQUE CONTEXTE ..............67

5.1 La diversité des systèmes de cultures de la zone ...................................................... 67

5.2 La rotation ancienne ................................................................................................... 69

5.3 Les rotations à base de luzerne .................................................................................. 71 5.3.1 L’itinéraire technique d’une culture de cycle long............................................... 71 5.3.2 La rotation de base................................................................................................ 71 5.3.3 La gestion des prairies .......................................................................................... 75 5.3.4 Des systèmes de culture pour alimenter hommes et bêtes ................................... 75

En zone haute, des rotations encore fortement orientées vers l’autoconsommation........ 75 En zone basse des systèmes de culture avec maximisation de la charge animale............ 77

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5.4 Des ateliers intensifs dans les zones de minifundio.................................................. 79 5.4.1 Tomate de table .................................................................................................... 79 5.4.2 Tomate d’arbre ..................................................................................................... 79 5.4.3 Fruits en association, cebolla ............................................................................... 79 5.4.4 L’élevage intensif de cochons d’Inde ................................................................... 81

6 LES ATELIERS D’ÉLEVAGE .....................................................................................81

6.1 Vache laitière .............................................................................................................. 81

6.2 Veau d’engraissement ................................................................................................ 83

6.3 L’élevage traditionnel de cochon d’inde ................................................................... 83 6.3.1 Des moutons producteurs de fumier ..................................................................... 85 6.3.2 La basse cour ........................................................................................................ 85

7 LA TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS..................................................................85

7.1 Zones 1 et 2: communes de paysans indigènes : les anciens travailleurs des haciendas et leurs héritiers. ................................................................................................... 85

7.1.1 SP1a : Systèmes de production familiaux orientés vers l’autoconsommation..... 85 7.1.2 SP1b : Systèmes de production ayant un accès limité à l’eau d’irrigation. .......... 87 7.1.3 SP1c : Agriculteurs de la zone haute ayant accès aux aménagements proposés par les projets de développement................................................................................................ 87

7.2 Zona 3 y 4: Communautés de paysans métisses ayant accès à une eau d’irrigation sécurisée................................................................................................................................... 87

7.2.1 SP2a : De petites exploitations familiales intensives en zone de forte pressions foncière. 87 7.2.2 SP2b : Des exploitations familiales laitières moyennes....................................... 87 7.2.3 SP2c : Des exploitations patronales de plus grande surface................................. 89 7.2.4 SP3 : les systèmes capitalistes localisés dans la Pampa....................................... 89

8 LES PRINCIPALES DYNAMIQUES ACTUELLES ET LES PERSPECTIVES FUTURES...............................................................................................................................89

8.1 Vers une homogénéisation des productions ? .......................................................... 89

8.2 Des limites et des études à venir ................................................................................ 91

CONCLUSION .......................................................................................................................93

BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................95

TABLE DES MATIÈRES......................................................................................................97

TABLE DES FIGURES...................................................................................................... 101

SOMMAIRE DES ANNEXES ........................................................................................... 102

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TABLE DES FIGURES

Figure 1: Situation du Canton de Salcedo en Equateur ............................................................ 18 Figure 2 Diagramme ombro-thermique de la paroisse de Mulalillo ........................................ 20 Figure 3 Bloc diagramme de la zone d’étude ........................................................................... 22 Figure 4 : Toposéquence caractéristique de la paroisse de Mulalillo....................................... 22 Figure 5 : Le réseau d’irrigation de Mulalillo .......................................................................... 26 Figure 6 : Schéma explicatif des canteros................................................................................ 28 Figure 7: Zonage agro-écologique de la parroquia de Mulalillo .............................................. 32 Figure 8 : La situation agraire avant l’arrivée des colons, l’écosystèle climacique ................. 36 Figure 9 : Le partage de l’espace dans les grandes haciendas (1645-1945)............................. 42 Figure 10 : Le paysage agraire des huasipungos (1945-60) ..................................................... 48 Figure 11 : La vente des haciendas (1960-1980)...................................................................... 52 Figure 12 : Le paysage agraire dans les années 1980-2000 : Une agriculture duale ................ 62 Figure 13 : Le paysage agraire d’aujourd’hui (2000-2004) ..................................................... 66 Figure 14 : Calendrier des systèmes de cultures de la zone haute (Paramo et Ladera)........... 68 Figure 15 : Calendrier des systèmes de cultures de la zone basse (Bajio et Pampa) ............... 70 Figure 16 Productivité du travail des principaux systèmes de culture ..................................... 84 Figure 17 Productivité de la terre des principaux systèmes d'élevage ..................................... 84 Figure 18 : Graphique des valeurs ajoutées nettes de chaque système de production............ 88

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SOMMAIRE DES ANNEXES