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N°5 décembre 2011 S ous l’égide de Communication publique, le colloque « Communiquer la science vers les publics scolaires, regards croisés entre producteurs de science et communauté éducative » s’est déroulé le 21 septembre 2011 à l’Insti- tut Pasteur. Organisé à l’initiative d’institutions de recherche et de col- lectivités territoriales – CEA, Genopole ® , Ifremer, Inserm, Institut Pasteur, IRD, Irstea (nouvelle identité de Cemagref *) et Communauté urbaine du Grand Nancy – ce colloque, placé sous le haut patronage du ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, a reçu le concours de la CASDEN et le soutien du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Son programme et son organisation ont été conduits par un comité de pilotage, animé par Françoise Bellanger, au titre de Communication publique, et Aline Chabreuil, vice-présidente de Planète Sciences. Après le colloque de juin 2010 sur le thème « Communiquer la science en terri- toires » – dont la synthèse a fait l’objet du numéro 1 des Cahiers de Communica- tion publique –, cette deuxième édition avait pour objectif de développer la réflexion et le dialogue entre les producteurs de science et la communauté éduca- tive, pour mieux diffuser la culture scientifique et technique vers les publics sco- laires, et de donner aux jeunes le goût et l’envie des sciences. Ce colloque s’adressait, bien entendu, aux enseignants pour connaître leurs besoins en ressources scientifiques, leur avis sur l’offre actuelle et leurs proposi- tions pour développer et améliorer leurs liens avec la recherche. Communiquer la science vers les publics scolaires Regards croisés entre producteurs de science et communauté éducative sommaire Programme du colloque Introduction Producteurs de science et communauté éducative : points de vue et attentes Les chercheurs : producteurs de science… et diffuseurs ? La communauté éducative face à la culture scientifique et technique Etude de cas : chercheurs et enseignants … ensemble La question des moyens Des pistes d’amélioration et d’innovation Les ressources disponibles Les médiateurs de sciences Animation et médiation Valoriser la médiation… et les médiateurs Transversalité… et pluridisciplinarité Conclusion : enthousiasme, aide et diversité 3 4 5 5 6 10 16 17 17 18 19 20 20 21 &

sommaire Communiquer la science vers les publics scolaires

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N°5 décembre 2011

Sous l’égide de Communication publique, le colloque « Communiquer lascience vers les publics scolaires, regards croisés entre producteurs de scienceet communauté éducative » s’est déroulé le 21 septembre 2011 à l’Insti-tut Pasteur. Organisé à l’initiative d’institutions de recherche et de col-

lectivités territoriales – CEA, Genopole®, Ifremer, Inserm, Institut Pasteur, IRD,Irstea (nouvelle identité de Cemagref *) et Communauté urbaine du GrandNancy – ce colloque, placé sous le haut patronage du ministre de l’éducationnationale, de la jeunesse et de la vie associative, a reçu le concours de la CASDEN et le soutien du ministère de l’enseignement supérieur et de larecherche. Son programme et son organisation ont été conduits par un comité depilotage, animé par Françoise Bellanger, au titre de Communication publique, etAline Chabreuil, vice-présidente de Planète Sciences.

Après le colloque de juin 2010 sur le thème « Communiquer la science en terri-toires » – dont la synthèse a fait l’objet du numéro 1 des Cahiers de Communica-tion publique –, cette deuxième édition avait pour objectif de développer laréflexion et le dialogue entre les producteurs de science et la communauté éduca-tive, pour mieux diffuser la culture scientifique et technique vers les publics sco-laires, et de donner aux jeunes le goût et l’envie des sciences.

Ce colloque s’adressait, bien entendu, aux enseignants pour connaître leursbesoins en ressources scientifiques, leur avis sur l’offre actuelle et leurs proposi-tions pour développer et améliorer leurs liens avec la recherche.

Communiquer la science vers les publics scolaires

Regards croisés entre producteurs de science et communauté éducative

sommaire

Programme du colloque

Introduction

Producteurs descience etcommunautééducative : points de vue et attentes

Les chercheurs : producteurs de science… et diffuseurs ?

La communauté éducative face à la culture scientifique et technique

Etude de cas :chercheurs etenseignants …ensembleLa question des moyens

Des pistesd’amélioration etd’innovationLes ressources disponibles

Les médiateurs de sciences

Animation et médiation

Valoriser la médiation… et lesmédiateurs

Transversalité… etpluridisciplinarité

Conclusion : enthousiasme, aide et diversité

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Il concernait également les structures associatives, territoriales, privées ourelevant de l’éducation nationale, qui développent des ressources pédago-giques scientifiques ou soutiennent la diffusion de la science auprès desscolaires.

Partage et mise en commun des pratiques, recherche de pistes d’améliora-tion et d’innovation, discussion autour de nouveaux enjeux, tels furent lesthèmes de cette rencontre animée par Fabienne Chauvière de FranceInter, qui a réuni plus de 200 participants tout au long de la journée.

Le présent document présente la synthèse des points marquants des inter-ventions et des débats.

Le colloque comportait trois parties qui forment la trame de ce compterendu :

- Points de vue et attentes des producteurs de science et de la commu-nauté éducative.

- Etudes de cas, présentées par des « duos » composés d’un producteurscientifique et d’un utilisateur du monde éducatif, complétées par uneexposition de posters sur des projets et des ressources pédagogiques pourl’école.

- Pistes d’amélioration et d’innovation pour faire plus et mieux.

Communiquer la science vers les publics scolaires

2 - Décembre 2011

Comité de pilotage

Lucie Alves (CASDEN), Sabine Arbeille (Irstea), Catherine d’Astier (Inserm), Florence Besset(Grand Nancy), Françoise Bellanger (Communication publique), Sylvane Casademont (Irstea),Aline Chabreuil (Planète Sciences), Nicole Chémali (Genopole), Elodie Cheyrou (Inserm),Florence Cognard (CASDEN), Sabine d’Andréa (Institut Pasteur), Pierre-Alain Douay(Communication Publique), Patrice Durand (ministère de l’éducation nationale), Marie-NoëlleFavier (IRD), Choukry Kouas (ministère de l’éducation nationale), Pascale Pessey-Martineau(Ifremer), Brigitte Raffray (CEA), Vincent Schiltz (Ifremer), Nathalie Sciardis (CEA). Avec laparticipation d’Isabelle Frédéric, Sandrine Gaillard, Frédérique Koulikoff et Peggy Pircher.

*Irstea : Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture

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Décembre 2011 - 3

Mercredi 21 septembre 2011Institut Pasteur - Paris

« Communiquer la science vers les publics scolaires »Regards croisés entre producteurs

de science et communauté éducative

n Raphaëlle Nisin, service culture scientifique de l’IRD, actionspour les jeunes, Aurélie Miagkoff, professeure de SVT, LycéeVaugenargues, Aix-en-Provence : « De l’espace pour la mer »,présentation du suivi pédagogique des donnéesocéanographiques » (opération IRD, Ifremer, Cnes).

n Constance Hammond, directeur de recherche Inserm,présidente de l’association « Tous chercheurs », LaurenceLoesche-Varjabétian, professeure de SVT, lycée Saint-Exupéry,Marseille : « Expérimenter les sciences en laboratoire pourmieux les comprendre » (Inserm).

n Brigitte Courbet-Manet, directrice du CRDP de Loraine,Philippe Leclère, enseignant et chercheur associé au CREM-centre de recherche sur les médiations – Université Paul-Verlaine, Metz : « Le concours « Chercheurs en herbe » -accompagnement en science et en technologie à l’écoleprimaire ».

n Nathalie Guillaume, direction de la communication du CEA,Didier Geiger, directeur de l’IUFM de Créteil  : « Sensibiliser à larecherche scientifique des enseignants en formation ».

3e partie

Les pistes d’amélioration et d’innovation

n Dominique Rojat, inspecteur général de l’éducation nationalen David Blanchard, directeur délégué GIE lesite.tv (France 5 etscérén-CNDP)n Jean-Pierre Ledey, président de Planète Sciencesn Roland Lehoucq, astrophysicien au CEA (Prix Diderot 2010)n Sylvie Retailleau, professeure de l’université Paris Sud,doyenne de la faculté des sciences d’Orsay, représentante dugroupe « la Diagonale » (centre de dialogue science et société)

Animation et médiation

Valoriser la médiation… et les médiateurs

Transversalité… et pluridisciplinarité

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Accueil par Alice Dautry, directrice générale de l’Institut Pasteur

Ouverture par Bernard Emsellem, président de Communication publique

Intervention de Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’enseignement scolaire

1ère partie

Points de vue et attentes des producteurs de science et de la communauté éducativeIntroduction par Françoise Bellanger, Communication publique

Pourquoi et comment diffuser la science vers lesscolaires ? Les attentes des producteurs de science

n Pascale Pessey-Martineau, directrice de la communication del’Ifremer : « Pourquoi et comment conduire des actions dediffusion scientifique vers les publics scolaires ? »

n Aline Chabreuil, vice-présidente de Planète Sciences,Françoise Bellanger, Communication publique : Tour d’horizondes actions des organismes de recherche partenaires ducolloque vers les publics scolaires.

Qu’est-ce que la communauté éducative attend des institutions de recherche ?

n Lucie Alves, responsable du département enseignementsupérieur et recherche de la CASDEN : « Enquête sur lesattentes et avis des enseignants au sujet des ressourcesémanant des organismes de recherche. »

n Jean-François Cervel, Roger-François Gauthier, inspecteurs généraux de l’administration de l’éducation nationaleet de la recherche : « Les mesures favorisant la diffusion de laculture scientifique et technique auprès des scolaires, recom -man dations du rapport commandé par les ministres chargés del’enseignement supérieur et de la recherche et de la culture. »

2e partie

Cinq études de cas Introduction par Aline Chabreuil, Planète Sciences

n Marion Gosselin, ingénieur-chercheur, Irstea, Aurélie Pouet,professeure à l’école élémentaire de Nogent-sur-Vernisson :« Communiquer la science dans les écoles, le contact direct avecles chercheurs ».

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Communiquer la science vers les publics scolaires

4 - Décembre 2011

L’Institut Pasteur

Connu pour sa recherchebiomédicale, l’Institut a troismissions : recherche,enseignement et santé publique.Il organise des actions à destinationdu grand public et du public scolaire.Parmi elles, le Pasteurdon, desjournées portes-ouvertes, des atelierstravaux pratiques sur l’extraction del’ADN… A l’occasion des 120 ans del’Institut, dans le cadre de l’opérationMains sales/mains propres, deschercheurs sont intervenus dans desécoles pour sensibiliser les enfants àl’hygiène. L’opération Apprentischercheurs, lancée en septembre2010, permet pour sa part à desdoctorants de l’Institut d’accueillir aucours d’une année scolaire descollégiens et des lycéens afin de lesaider à mener un projet de recherche.

C’est « avec plaisir et enthousiasme » qu’Alice Dautry, directricegénérale de l’Institut Pasteur, a accueilli le colloque dans les locauxde l’Institut. Elle juge qu’il est essentiel de sensibiliser les plus jeunesà la science et aux carrières scientifiques. Le but c’est de mettre enœuvre une économie de la connaissance, basée sur la formation descerveaux. « La recherche est source de richesses, d’emplois, de créa-tion d’entreprise, de savoir-faire technique et technologique ». Maisil faut aussi insister sur la dimension culturelle de la science, aumême titre que l’art, la littérature, l’histoire ou la philosophie.

Le professeur Alice Dautry regrette, par ailleurs, que les filles se diri-gent si peu vers les métiers de chercheurs ou d’ingénieurs, qui reflètent àleurs yeux « une image de la femme terne, grise, sans mari ni enfant ».D’où l’utilité, l’exigence d’un message à faire passer auprès des jeunes :« les études scientifiques conduisent à des métiers profondémenthumains », des métiers faits à 80 % de travail en équipe et de gestion deprojet, bien au-delà de l’aspect purement technique. Cette sensibilisationpasse par un travail sur le terrain, des stages et des témoignages defemmes qui ont choisi des carrières scientifiques. Les femmes, souligneAlice Dautry, réussissent dans ces filières aussi bien, si ce n’est mieux, queles hommes. Les enseignants jouent, également, un rôle primordial dansla naissance des vocations. La carrière de nombre de scientifiques a pourorigine la rencontre avec l’un d’entre eux.

Au nom de Communication publique, son président Bernard Emsellem,met l’accent sur « deux éléments clés » dans le regard « complémentaire »que peuvent porter les professionnels de la communication – et l’appuiqu’ils peuvent apporter aux chercheurs : l’échange et le partage. Car lacommunication est un processus d’écoute de l’autre, d’interaction,d’adaptation, de co-construction, de co-production. Or, dans l’image dela science, la dimension technique l’emporte souvent. C’est pourquoi, enmatière de culture scientifique, les communicants doivent être attentifs aucontenu mais aussi à la mise en scène, au ressenti, à l’intuition, au vécu, àl’humain. La technique et l’humain, double dimension de la science,double dimension de la communication.

Qui dit publics scolaires dit éducation nationale. Jean-Michel Blanquer,directeur général de l’enseignement scolaire, représentait le ministère.Ancien recteur de Guyane, il peut témoigner de l’implication de l’InstitutPasteur, avec le CNRS et l’IRD, dans la diffusion de la culture scienti-fique et technique sur ce territoire : interventions dans les classes, visitesdes institutions… Autant d’actions visant à donner le goût des sciencesdès l’école primaire, et à montrer leurs applications pratiques et l’intérêtqu’elles représentent pour la collectivité.

Rejoignant Alice Dautry, Jean-Michel Blanquer constate que chez lesfilles l’ambition scientifique fait défaut. Mais plus généralement, le fait estque trop peu de jeunes se destinent aux sciences. « Les sciences ne doiventpas être élitistes », il leur incombe d’investir les territoires qui concentrentles plus grandes difficultés scolaires.

Face à ce double enjeu, qualitatif et quantitatif, le ministère a élaboréun Plan science qui commence par un renforcement des mathématiques àl’école primaire. Mais passe aussi, dans le sillage des initiatives de la Mainà la pâte, par le jeu, tels les échecs. Les sciences doivent concerner tous lesélèves. L’intervention de professeurs de sciences du secondaire à l’écoleprimaire est également à encourager.

Synthèse de Peggy Pircher avec la collaboration de Françoise Bellanger et Aline Chabreuil

“ La recherche estsource de richesses.

“ Les enseignants jouentun rôle primordial dans lanaissance des vocations.

“ Chez les filles,l’ambition scientifique faitdéfaut et trop peu de jeunesse destinent aux sciences.

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Autre enjeu, celui de la formation des professeurs : les masters en alter-nance doivent favoriser le dialogue entre les universités et les académies,afin de mieux cerner les attentes et besoins des futurs professeurs enmatière scientifique. Les mesures prises par le ministère répondent à unecohérence d’ensemble qui va de la maternelle à l’université. Le systèmescolaire est conscient des enjeux d’un développement réussi de la culturescientifique à l’école, dans un monde qui a besoin de défendre cette culture face à toute forme d’irrationalité ou de peur du progrès.

A noter que le Programme d’investissement d’avenir (PIA) consacre 50millions d’euros pour la diffusion de la culture scientifique vers les jeunes.(Pour en savoir plus : www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/ pid24578/investissement-d-avenir. - www.anru.fr/-programme-internats-d-excellence) Parailleurs, Universcience s’est vu confier une mission sur le thème « Sciencehors l’école ».

Producteurs de science et communautééducative : points de vue et attentes

Qu’attendent les différents acteurs pour une meilleure diffusion de lascience à l’école ? s’interroge Françoise Bellanger en ouverture de la pre-mière partie du colloque.

Quels sont les questionnements des producteurs de sciences ? Les-quels proposent des ressources diverses à la communauté éducative : cer-tains offrent un grand choix de produits pour l’école, d’autres se deman-dent ce qu’il faut faire.

Pourquoi diffuser la science à l’école ? Est-ce le rôle des institutions derecherche ? S’agit-il de sensibiliser les jeunes aux métiers de la recherche donton a tant besoin ? De promouvoir les missions et activités des organismespour peser sur les citoyens, et ainsi de susciter une demande de recherchescientifique, et par conséquence une demande de budget ? De lutter contreles mouvements antisciences qui ont tendance à se développer ?

Qu’attendent les enseignants de la part des chercheurs ? Des réponsessur la recherche en train de se faire ? Un chercheur par classe ? Connais-sent-ils l’offre des institutions ? Ces ressources sont-elles bien adaptées auxprogrammes ?

Des questions et bien d’autres encore auxquelles les intervenants onttenté de répondre.

Les chercheurs : producteurs de science… et diffuseurs?

Expliciter les enjeux et travaux scientifiques auprès du plus grandnombre fait partie de la mission de service public assignée aux organismesde recherche, remarque Pascale Pessey-Martineau, directrice de la com-munication, de la médiation et des relations institutionnelles à l’Ifremer.Les actions de diffusion de la culture scientifique auprès des publics sco-laires s’inscrivent dans ce cadre.

Beaucoup de chercheurs sont désireux de transmettre leur savoir. Maisle partage de la connaissance est un savoir-faire à part entière. Il faut doncles aider, les former et les accompagner dans cette transmission.

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Le film : « La recherche,paroles de lycéens »

Pour illustrer le colloque et mieuxconnaître les perceptions etreprésentations des jeunesconcernant la science et larecherche, Irstea a rencontré desélèves de seconde et de terminale dulycée Descartes à Antony. Leursréactions ont donné lieu à un film Larecherche, paroles de lycéens(http://www.dailymotion.com/video/xl68wx_la-recherche-paroles-de-lyceens_webcam).

Les propos des lycéens traduisent undéficit d’information sur les métiersde la recherche, uneméconnaissance des institutions derecherche : « Dans les salonsd’orientation, j’ai trouvé peu dechoses sur la recherche et le métierde chercheur. C’est un peu commesi c’était un domaine caché ». Maisaussi le manque et le souhait decontact direct avec les chercheurs :« Les chercheurs, on aimerait lesrencontrer directement dans leurlaboratoire. En seconde par exemple,car c’est juste avant l’orientation ! ». Et l’importance du lien science-enjeux de société, avec la fiertéd’exercer un métier utile aux autres :« La recherche ouvre un nombreimmense de portes pour l’avenir,avec d’importantes avancéesattendues pour la société ».

“ Le système scolaire estconscient des enjeux d’undéveloppement de la culturescientifique à l’école.

“ Beaucoup de chercheursdésirent transmettre leur savoir, maisle partage de la connaissance est unsavoir-faire à part entière.

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Communiquer la science vers les publics scolaires

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Les enjeux sont multiples : accompagner la mutation de la société etpréparer l’avenir ; sensibiliser aussi bien les élèves que les enseignants ; lesrendre acteurs ; « contextualiser » les travaux de recherche ; favoriser laproximité et la mobilisation au niveau local.

Les chercheurs sont à la source du savoir, ils peuvent servir d’exempleauprès des jeunes, et même susciter des vocations. Mais cela demande dutemps. Et les chercheurs n’en ont pas toujours. Pascale Pessey-Martineaurend, par ailleurs, hommage à ceux qu’elle appelle « les traducteurs descience », ces associations, comme la Main à la pâte, les Petits débrouillardsou Planète sciences, mais aussi les réseaux que constituent les CCSTI,relais incontournables entre chercheurs et grand public.

Il faut mettre à disposition des enseignants des kits pédagogiques, despublications, des documents multimédias, grâce à Internet notamment.L’essentiel est de rassembler les ressources existantes, les enrichir et lesvaloriser. « N’oublions pas qu’un des éléments privilégiés pour véhiculerun message reste l’image, avec sa capacité simple et universelle de capterl’attention. »

Il faudrait également mieux faire connaître les filières et les métiers dela science et que les organismes de recherche assurent des sessions de formation auprès des enseignants et intensifient leurs collaborations avecles éditeurs scolaires.

Pascale Pessey-Martineau insiste, enfin, sur « la nécessaire mutualisa-tion des efforts entre les différentes institutions, et la conclusion de parte-nariats de longue durée pour mieux agir ensemble ».

La communauté éducative face à la culture scientifique et technique

Afin de mieux appréhender le point de vue de la communauté éduca-tive, le comité de pilotage a proposé à la CASDEN de réaliser auprès deses sociétaires une enquête sur les attentes des enseignants concernant lesressources mises à disposition par les organismes de recherche. LucieAlves, responsable du département enseignement supérieur et recherchede la CASDEN, en a présenté les résultats (encadré). Cette étude limitéerévèle d’utiles indications, elle mériterait d’être reprise et développée àl’échelle nationale par l’éducation nationale.

Jean-François Cervel et Roger-François Gauthier, inspecteurs géné-raux de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche,livrent leurs recommandations pour favoriser la diffusion de la culturescientifique et technique, à la suite du rapport interministériel qu’ils ontfait concernant la culture scientifique en France et la mise en place d’unenouvelle gouvernance.

Jean-François Cervel relève une multiplicité d’intervenants en matièrede culture scientifique et technique, une série d’appellations : culturescientifique (CS), mais, avec un complément, technique (CST), et aussiindustrielle (CSTI), et des approches souvent différentes. L’approcherecherche pose que les organismes de recherche, producteurs de science,sont les mieux placés pour diffuser la CST. L’approche éducative, qui s’estimposée à partir du XIXe siècle, considère que toutes les missions de CSTrelèvent du ministère de l’éducation nationale. Mais ces dernières annéeson a vu monter en puissance l’approche culturelle. Il y a à cela des raisons

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patrimoniales, notamment, avec des interventions de plus en plus fré-quentes du ministère de la culture.

La culture scientifique et technique reste en définitive à la frontièreentre ces trois grands champs des politiques publiques que sont larecherche, l’éducation et la culture. D’où quelques difficultés à définir sonorganisation et son pilotage. Ainsi, le fait que certaines institutions,comme Universcience (nouvel établissement public regroupant le Palaisde la découverte et la Cité des sciences et de l’industrie), les CCSTI, lesmusées techniques, scientifiques ou d’histoire naturelle, sont totalementdédiées à la mission de diffusion de la CST, quand d’autres, les orga-nismes de recherche et les universités, ne le sont qu’en partie.

Il faut envisager de coordonner ces différents acteurs : le rapport deJean-François Cervel et Roger-François Gauthier préconise l’aménage-ment de plates-formes territoriales, qui permettraient de développer ladiffusion de la CST à destination du grand public comme du public sco-laire. Ce réseau de plates-formes devrait être animé par Universcience,« pôle national de référence », doté d’un Conseil national de la culturescientifique et technique.

Mais, constate Roger-François Gauthier, il y a d’abord « des pro-blèmes conceptuels à régler ». L’expression de culture scientifique et tech-nique n’est pas forcément claire, ni totalement adoptée dans l’éducation

Décembre 2011 - 7

Pour mieux cerner les attentes des enseignants concernantles ressources mises à disposition par les organismes derecherche, la CASDEN a réalisé une enquête auprès de sessociétaires. Cette étude ne constitue pas un sondage repré-sentatif, mais elle donne d’utiles indications. 250 ensei-gnants ont répondu : répartis sur l’ensemble du territoire, ilsprovenaient à 40 % du premier degré et à 60 % du second.Les résultats révèlent une sur-représentation des ensei-gnants des matières scientifiques, même si près d’un tiersdes réponses indiquent que certaines ressources sont utili-sées par d’autres disciplines.

Pour préparer leurs cours, les enseignants puisent des res-sources scientifiques sur Internet, auprès de la Main à lapâte et dans des ouvrages. Leurs interlocuteurs privilégiéssont Universcience et les CCSTI, avant les éditeurs et lesuniversités. Les acteurs de la diffusion de la culture scienti-fique sont très sollicités.

En revanche, aucun organisme de recherche n’est citécomme référent. Doit-on y voir une méconnaissance duchamp d’action de chacun ? Leurs sites Internet offrentpourtant des ressources pédagogiques, mais elles ne sontpas utilisées.

Par ailleurs, les professeurs regrettent souvent (40 % desrépondants) que les ressources disponibles ne soient pasadaptées aux programmes scolaires ou aux cycles, alorsmême qu’ils estiment ces ressources fiables (80,7 %).

Les enseignants du premier degré constituent l’essentiel deceux qui réinvestissent en classe les documents récoltés et

“ La culture scientifique ettechnique est à la frontière entretrois champs des politiquespubliques : la recherche,l’éducation et la culture.

organisent des activités scientifiques dans leur établisse-ment. Les sorties scolaires à visée scientifique restent l’apa-nage du secondaire.

Les réfractaires – la majorité ! – renoncent par manque detemps, de moyens et de disponibilité. Mais aussi, dans lepremier degré, pour des questions de responsabilité et desproblèmes d’organisation.

Sondage auprès des enseignants sur les ressources émanant des organismes de recherche

QUESTIONS

Dans votre travail préparatoire, avez-vousrecours à des ressources scientifiquesvulgarisées pour compléter les enseignements devotre discipline dans le cadre des programmesscolaires

Savez-vous où trouver ces ressources ?

Savez-vous qui contacter pour les obtenir ?

Trouvez-vous des contenus et des ressourcesadaptés au niveau de vos classes ?

Trouvez-vous ces ressources fiables ?

Utilisez-vous certaines de ces ressources dansvos classes ?

Organisez-vous-vous des activités scientifiques(ateliers, expérimentations…) dans votreétablissement ?

Organisez-vous des activités scientifiques(ateliers, expérimentations…) en dehors de votreétablissement, dans le cadre de sortiesscolaires ?

REPONSES (en %)

OUI NON AUTRE

81,9 16,9 1,2

84,3 8,4 7,2

73,5 19,3 7,2

61,4 18,1 20,5

80,7 7,2 12,0

81,9 12,0 6,0

66,3 26,5 7,2

33,7 61,4 4,8

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Communiquer la science vers les publics scolaires

8 - Décembre 2011

Actions et points de vue des organismes de recherche

Points communs – soulignés par Aline Chabreuil et Françoise Bellanger – des actions à destination des publicsscolaires menées par les organismes de recherche parte-naires du colloque (CEA, Genopole, Ifremer, Inserm, IRD, Irstea) et inscrites dans les missions de ces organismes :- diffuser les avancées scientifiques et techniques en faisant

le lien avec l’actualité et éventuellement les programmesscolaires ; 

- éveiller la curiosité, donner le goût des sciences et initier àla démarche scientifique ; 

- faire connaître et valoriser les métiers de la recherche, etpar la même occasion les organismes eux-mêmes.

Ces actions ont pour cibles les élèves du primaire à l’ensei-gnement supérieur, avec une priorité pour le second degré,les enseignants (dans l’aide au travail de préparation ou l’ac-compagnement de projets) et les producteurs de documentspédagogiques. Les interventions sont multiples et touchentchaque année des centaines de milliers de jeunes et quelquesmilliers d’enseignants.

Elles peuvent prendre la forme de ressources documentaireset pédagogiques (publications, films, outils pédagogiques)mises le plus souvent à disposition sur les sites Internet desorganismes. Mais aussi de participation à des événementscomme la fête de la science ou des festivals. Certaines mani-festations ont recours au théâtre, à la photographie, la fiction,la chasse au trésor pour faire découvrir les sciences autre-ment. Les institutions de recherche organisent également desrencontres, par le biais de conférences, ateliers ou démons-trations dans des établissements scolaires ou ailleurs. Elless’investissent dans la formation initiale et continue des ensei-gnants, s’impliquent en région via leurs implantations locales.

Quelques initiatives originales

n En janvier 2012, le CEA lancera l’opération Scientifique, toiaussi ! : pendant une journée, des élèves de 1ère et terminaleS visiteront des laboratoires et rencontreront des chercheurs,simultanément dans les 10 centres de recherche du CEA.

n Genopole s’associe à l’opération Apprentis chercheurs,mise en place par l’Association pour la promotion dessciences et de la recherche : des élèves sélectionnés sur leurmotivation participent à des travaux de réflexion et derecherche, pendant huit demi-journées dans des laboratoires.Ils reçoivent un diplôme d’initiation à la recherche sur présen-tation de leurs résultats.

n L’Ifremer contribue à un projet européen, avec des lycéesde Nantes et de Kiel (Allemagne), destiné à échanger sur lesapproches pédagogiques, et à un blog adressé aux élèves degrandes sections de maternelle.

n L’Inserm soutient des manifestations culturelles autour duthème arts et science : l’univers du théâtre avec le projetBinôme en partenariat avec Universcience, la littérature et laBD au travers de l’exposition Science/Fiction : voyage aucœur du vivant au Futuroscope et au festival Les Utopiales àNantes, et la photo grâce à une convention pédagogiquesignée avec l’Ecole nationale supérieure de la photographied’Arles.

n L’IRD, dans le cadre des Clubs jeunes, mène des projetsimpliquant des élèves du secondaire en France et dans despays du Sud. L’objectif est, outre d’initier à la démarchescientifique, de sensibiliser aux enjeux de la recherche pour ledéveloppement des pays du Sud. Ces projets sont l’occasionde passionnants échanges sur la science entre jeunes Fran-çais et jeunes d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine…

n Enfin, Irstea organise des opérations test à travers des ate-liers animés par Planète Sciences et une plate-forme permet-tant à plusieurs écoles de s’impliquer dans un même projet,encadré par des chercheurs.

Une demande de reconnaissanceLes organismes de recherche font les mêmes constats :

- Les actions menées avec les établissements scolaires et lesacadémies sont trop ponctuelles et reposent essentielle-ment sur la bonne volonté de quelques-uns, enseignantscomme chercheurs. Et cette implication n’est pourtant pasreconnue dans leurs évaluations respectives…

- Beaucoup d’enseignants estiment qu’ils ne disposent pasde la formation nécessaire pour mener de tels projets.

- Les chercheurs ne peuvent pas répondre à toutes les sollici-tations par manque de temps.

- Les ressources pédagogiques fournies par les organismessont sous-exploitées par les enseignants.

- Il n’y a pas, à la suite des interventions des chercheurs,d’évaluation de ce que les élèves en retirent. Ce manque deretour ne permet aucun ajustement.

- Enfin, les institutions de recherche regrettent le déficit dereconnaissance de la part du ministère de l’éducation natio-nale. Une question demeure : où sont les limites de leurimplication vis-à-vis des élèves, des enseignants, des autresacteurs de la communauté éducative ?

nationale. Les mots eux-mêmes peuvent être questionnés. Culture ? Technique ? Faut-il ajouter industrielle ? Mais quid des technologies ter-tiaires ? Où sont les mathématiques ? Des interrogations demeurent sur lerapport entre des sciences « dures » et d’autres qui ne le seraient pas…N’a-t-on pas besoin d’un discours fédérateur sur l’attitude scientifique,sous ses différentes incarnations ?

De plus, dans le système scolaire, « la vieille terreur à l’égard des

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sciences et des mathématiques persiste », du fait, notamment, du lien tra-ditionnel établi entre sciences et sélection. L’existence de filières scienti-fiques semble signifier, par ailleurs, qu’il y aurait des esprits scientifiqueset d’autres qui ne le seraient pas. Sur quelles bases scientifiques peut-onprétendre cela ? Et comment ensuite communiquer la science à ceuxqu’on a ainsi (dis)qualifiés ?

Pourtant les choses bougent, l’enseignement des sciences est en traind’évoluer. La loi de 2005 a défini pour l’éducation nationale un socle com-mun de connaissances et de compétences à acquérir en fin de scolarité obliga-toire. Il met l’accent sur les notions de compétence, de complexe, de contexte,qui entraînent la mise en place d’une autre approche des sciences…

Roger-François Gauthier esquisse quelques pistes d’amélioration. Ilest nécessaire que, dans les projets d’établissement des collèges et deslycées, soit inscrite une problématique sur la diffusion de la CST. L’écolene peut pas agir seule. Mais il n’est pas toujours évident de communiqueravec elle quand on vient de l’extérieur. D’où l’importance d’un dialogueentre les différents métiers : professeurs de l’éducation nationale, média-teurs de différentes institutions et chercheurs… Mais tout ne se fera passans heurts….

Autre piste : le centre de documentation et d’information (CDI) présentdans chaque établissement scolaire du secondaire. Ce « lieu de culture »,aujourd’hui essentiellement littéraire, doit permettre à la CST de trouver saplace. Il s’agit bien d’imaginer « une révolution culturelle du CDI » !

« Nous ne devons pas penser qu’aux élèves qui se destinent auxsciences. Tout futur citoyen doit disposer d’un bagage critique de CST àsa sortie de l’école ». Et si on ne peut mesurer une culture, on peut essayerde mesurer une exposition à une culture. Par exemple, connaître les occa-sions qu’ont eues les élèves, tous les élèves de la 6e à la 3e, d’être exposés àdes activités de CST.

Lors d’un premier échange avec les participants, Jean-François Cervela souligné un paradoxe : « La science est partout dans la société mais lecitoyen moyen a du mal à percevoir en quoi elle consiste exactement.Nous sommes dans une société de la communication mais les lycéens nesavent pas où trouver des informations précises ».

Pourtant, témoigne un membre de l’espace Pierre-Gilles de Gennes àl’ESPCI, des coopérations existent entre professeurs des écoles et étu-diants en sciences. Une chercheure de l’Inserm atteste également de l’en-vie des professeurs d’expérimenter eux-mêmes et d’être plus en lien avecla recherche. Mais se pose la question de leur formation.

Effectivement, si la formation continue est ouverte à ces préoccupa-tions, Roger François Gauthier reconnaît qu’il y a « des verrous à fairesauter en formation initiale », et même au niveau des concours de recrute-ment des futurs enseignants.

Comment faire, demande une professeure de SVT – malgré les bonnesvolontés de part et d’autre et les multiples initiatives – pour que toutes lesdemandes soient satisfaites ? Il est vrai, note Jean-François Cervel, quetoutes les grandes institutions de CST ont développé des services éduca-tifs importants pour accueillir des scolaires. Mais une collaboration plusétroite entre les établissements scolaires et les structures de médiation estnécessaire pour davantage d’efficacité.

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“ Un dialogue est àconstruire entre les différentsmétiers : professeurs,médiateurs, et chercheurs

“ La CST doit trouver saplace dans les CDI.

“ La formation continuedes enseignants est ouverte àun dialogue plus étroit avec lemonde de la recherche ; il y aen revanche des verrous à fairesauter en formation initiale et auniveau des concours derecrutement.

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Etudes de cas : chercheurs et enseignants …ensemble

Aline Chabreuil a introduit cinq études de cas représentatifs – sinonexemplaires – d’une coopération, d’une co-production, chercheurs/ensei-gnants. Ces cinq cas figurent autant de modes d’intervention différents :intervention dans une école ; association de plusieurs organismes dans untravail avec une trentaine de classes ; laboratoire de recherche destiné auxlycéens ; partenariat avec un CRDP ; formation d’enseignants.

Chaque cas a fait l’objet d’une présentation « en duo » : un représen-tant du monde scientifique et un représentant du monde éducatif. Cettepartie du colloque était complétée par une exposition de posters sur desprojets et des ressources pédagogiques scientifiques pour les scolaires.

Marion Gosselin, ingénieur-chercheur à Irstea (nouvelle identité duCemagref), souligne le large éventail des interventions effectuées par sonorganisme. La plupart se font de manière ponctuelle, dans une zone géo-graphique proche et sur sollicitations. Plus que par les programmes sco-laires, elles sont motivées par des événements en lien direct avec le thèmede recherche du centre, la relation entre biodiversité et gestion forestière :fête de la science, année internationale de la biodiversité ou de la forêt,par exemple.

Les chercheurs d’Irstea, généralement, ne sont pas sollicités directe-ment par des enseignants, mais par des organismes tiers, comme EDF oudes associations. Il est très rare que les interventions découlent de leur initiative propre.

Les actions sont variées : interventions dans les écoles, commentairesd’expert sur des travaux d’élèves, présentés sous forme de posters, débatssur Internet. Mais aussi cours dispensés à des lycéens qui en retour parti-cipent à une expérimentation sur le terrain : ainsi des lycéens ont contri-bué au comptage de bourdons et d’abeilles dans des champs de colza,pour une étude sur la pollinisation… Dans cette configuration, le cher-cheur gagne du temps et bénéficie d’une aide sur le terrain et parfois debonnes idées pédagogiques, comme c’est le cas avec l’association les Petitsdébrouillards.

La limite c’est l’absence de contact préalable direct avec les enseignantset donc de préparation. Or les chercheurs manquent de formation péda-gogique. Ils utilisent un jargon, font des interventions souvent troplongues, peuvent être perturbés par le rythme de la classe. Et l’absence deretour ne permet pas de savoir ce que les élèves retiennent…

« Graines d’artistes »En contrepoint, le projet « Graines d’artistes » apparaît plus et mieux

élaboré : fruit d’une collaboration entre le centre Irstea de Nogent-sur-Vernisson, dans le Loiret, et la classe de CP-CE1 de l’école de la commu-ne, il a été lancé en 2007 par la municipalité de Nogent-sur-Vernisson,grâce à Yann Dumas, assistant ingénieur à Irstea, élu municipal et créa-teur d’Arbo Thema, un salon annuel consacré à l’arbre sous toutes sesformes, qui regroupe des artisans, artistes, scientifiques, naturalistes, etc..

Le projet était une approche pluridisciplinaire autour du thème desgraines (au programme des CP), avec la collaboration d’une artiste céra-

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“ Les chercheursmanquent de formationpédagogique et l’absence deretour ne permet pas de savoirce que les élèves retiennent.

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miste et de trois spécialistes d’Irstea : un phyto-écologue, un entomologis-te et un ornithologue. L’objectif était double : découvrir la diversité desformes vivantes et les stratégies d’adaptation des espèces ; développer lesens de l’observation, de l’expérimentation et le sens artistique. La pers-pective d’exposer les réalisations au salon Arbo Thema était très motivantepour les enfants.

Avec l’artiste, les élèves ont réalisé des modelages de graines, procédé àde petites manipulations expérimentales, comme placer des graines dansdu plâtre pour constater l’effet et la force de la germination quand ellesparviennent à le briser. Sans oublier collages et dessins, à partir de l’obser-vation des graines et de dessins botaniques. Et puis les chercheurs d’Irsteasont intervenus : le phyto-écologue sur les modes de dissémination desgraines, l’ornithologue sur l’adaptation du bec des oiseaux à leur nourri-ture, l’entomologiste sur les relations arbre-insectes…

On voit les avantages d’un tel projet : contact préalable avec l’ensei-gnant, même s’il est encore trop limité ; approche pluridisciplinaire et sol-licitation, chez l’enfant, d’une diversité de sens ; réalisations concrètes ;reprise systématique en classe de ce qui a été présenté par les interve-nants ; apport de matériel inédit en classe.

Reste qu’une enquête menée quatre ans plus tard a révélé que lesenfants retiennent bien peu de savoir académique, même si une petite sen-sibilisation subsiste. Sans doute, de ce point de vue, le dispositif pourrait-ilêtre amélioré : en étalant l’action sur les cinq années de scolarité en élé-mentaire, les mêmes intervenants reviendraient chaque année approfondirle sujet, sur la base d’interventions courtes respectant les capacités deconcentration des enfants. En tout cas, pour Aurélie Pouet, professeure àl’école élémentaire de Nogent-sur-Vernisson, il y a une telle effervescencedans la classe autour de ces projets, qu’elle est prête à recommencer !

« De l’espace pour la mer »Le programme « De l’espace pour la mer », la deuxième étude de cas

présentée, menée par l’IRD, l’Ifremer et le Cnes, est une aventure scienti-fique et sportive destinée à initier les jeunes à la démarche scientifiqueautour des sciences de la mer.

De l’espace pour la mer est le nom du bateau de Véronique Loisel,ingénieure chez Arianespace et navigatrice. C’est elle qui, en 2008, estvenue solliciter les trois organismes, explique Raphaële Nisin, du serviceculture scientifique de l’IRD à Marseille. Ce projet s’adressait à des élèvesdes premier et second degrés. Il reposait sur trois fondements : l’aventuresportive qui servait de fil rouge aux enseignants ; les organismes derecherche qui accompagnaient les projets menés en classe à l’aide de res-sources scientifiques matérielles et humaines ; des équipes pédagogiquesautonomes.

Le travail s’est déroulé sur deux ans. En 2009-2010, le projet a été testéavec deux clubs de sciences de collèges, dans les Bouches-du-Rhône. Ladéfinition des thématiques ne s’est pas faite en fonction des programmesscolaires mais des thématiques convergentes des trois organismes autourdes océans. Puis un catalogue de ressources a été constitué. En 2010-2011,30 projets ont été lancés par des enseignants, en majeure partie du secon-daire. 1250 élèves ont été touchés. Lors de la journée de restitution, à Toulon en mai 2011, cinq groupes ont présenté leurs réalisations.

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Il y a une telle effervescencedans la classe autour de ces projets,que je suis prête à recommencer.

Le projet reposait sur troisfondements : l’aventure sportive, lesorganismes de recherche, deséquipes pédagogiques autonomes.

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Aurélie Miagkoff, professeure de SVT au lycée Vauvenargues d’Aix-en-Provence, fait partie des professeurs qui ont répondu à l’appel. Le pro-jet qu’elle a mené sur toute l’année avec sa classe s’est déroulé en troisétapes : travail de recherche ; échange avec les chercheurs ; expérimenta-tion et production. Le travail de recherche par petits groupes, sur un sujetchoisi au sein des quatre thématiques proposées par l’IRD, a pris beau-coup plus de temps que prévu. Ce qui a réduit de facto l’étape suivante : letemps d’échange avec les référents scientifiques, qui permettait de validerles protocoles expérimentaux proposés par les élèves. De fait, seulsquelques groupes ont pu expérimenter, mais tous ont réalisé une produc-tion qu’ils ont présentée à un jury auquel l’IRD a participé.

Sous l’angle de la pratique enseignante, souligne Aurélie Miagkoff, l’ef-fectif à gérer était lourd, la fréquence des rencontres consacrées au projetassez faible (une heure par quinzaine), les besoins matériels multiples… etl’organisation des échanges compliquée. Et, finalement, le projet n’était àl’initiative ni des élèves ni de l’enseignant… Mais c’est un exemple de péda-gogie de projet qui a permis d’exercer des compétences variées : utilisationd’un vocabulaire scientifique ; apprentissage de la démarche scientifique ;communication orale et écrite ; responsabilité face à l’environnement.

Au total, si les objectifs pédagogiques ont été atteints, ce fut moins lecas des objectifs scientifiques. Mais le bilan est globalement positif : lajournée de restitution finale et les échanges avec les scientifiques sont deséléments très motivants pour les élèves.

On pourrait améliorer le dispositif. Aurélie Miagkoff propose despistes qui mettent l’accent sur la communication entre les différentsacteurs : anticiper le projet ; l’initialiser par une rencontre avec les cher-cheurs ; simplifier les procédures de communication.

S’agissant du bilan tiré par les organismes de recherche, RaphaëleNisin relève qu’il est plutôt fait d’interrogations, même si la doubleapproche scientifique et sportive a été très attractive. Comment, dans undispositif de ce type, susciter plus largement le dialogue entre les jeunes etles chercheurs ? Le catalogue de ressources mis en place, peu fonctionnel,n’a été que faiblement utilisé. Est-ce le métier des scientifiques de faire untravail de documentation auprès des équipes pédagogiques ? Sans comp-ter la difficulté à mettre en adéquation les programmes scolaires et lesprogrammes de recherche, explicable notamment par une méconnaissan-ce entre les deux mondes.

Sur la base de ce bilan, le projet va être repensé et relancé en 2012/2013,autour d’une aventure non pas sportive mais scientifique. Les objectifs :une véritable rencontre entre le monde de la recherche et celui de l’école ;une initiation à la démarche scientifique et un débat entre jeunes et cher-cheurs sur les grandes questions d’actualité.

« Tous chercheurs »« Expérimenter les sciences en laboratoire pour mieux les com-

prendre », la troisième étude de cas, montre un partenariat original entreune association, Tous chercheurs, et un lycée classé en zone d’éducationprioritaire, le lycée Saint-Exupéry de Marseille. Tous chercheurs est unlaboratoire de recherche qui accueille chaque semaine une classe différen-te, pour un stage de trois jours. Constance Hammond, directeur derecherche à l’Inserm, a créé ce centre sur le campus scientifique de Mar-

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“ La pédagogie de projets’appuie sur des compétencesvariées : utilisation d’unvocabulaire scientifique,apprentissage de la démarchescientifique, communicationorale et écrite, responsabilitéface à l’environnement.

“ A l’avenir, les partenairessouhaitent une véritablerencontre entre le monde de larecherche et celui de l’école,une initiation à la démarchescientifique et un débat entrejeunes et chercheurs sur lesgrandes questions d’actualité.

“ Cette démarche, endonnant aux élèves une placeactive et un espace pour desexpérimentations, permet unecohésion de la classe, unediminution de l’absentéisme,une augmentation de la réussiteau bac et de l’orientation versdes études scientifiques.

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seille-Luminy afin de communiquer la passion des chercheurs à desjeunes pour qui les sciences paraissent difficiles, arides et sans grand inté-rêt. Le partenariat avec le lycée Saint-Exupéry va bien au-delà du stage detrois jours : les échanges s’étalent sur un à deux ans, dans le cadre d’Hip-pocampe S (initiation au projet professionnel par l’orientation active surun campus scientifique), un programme qui permet aux élèves deconduire une expérience de recherche, tout en réfléchissant à leur orienta-tion future.

Seulement 15 % des élèves de seconde du lycée Saint-Exupéry passenten filière scientifique, explique Laurence Loesche-Varjabétian, profes-seure de SVT, et très peu d’élèves de terminale S se dirigent ensuite versdes études scientifiques, ils préfèrent les études courtes. Hippocampe Scherche donc à donner le goût des sciences et à inciter les élèves de ZEP àfaire des études supérieures en sciences.

En début d’année, le responsable scolaire de Tous chercheurs vient aulycée présenter aux élèves des observations, réfléchir et discuter avec eux.A l’issue de cette journée, les lycéens élaborent des protocoles expérimen-taux pour tenter de résoudre les problèmes posés. En parallèle, des entre-tiens individuels sont menés pour aider les élèves dans leur démarched’orientation. Plus tard dans l’année, les lycéens se rendent sur le campusuniversitaire, présentent leurs protocoles, envisagent leur faisabilité avecles chercheurs et réalisent au sein du service universitaire d’information etd’orientation (SUIO) un bilan de leur avancée sur leur orientation. Là, ilstrouvent des enseignants chercheurs référents, mais aussi des étudiants,souvent anciens élèves du lycée, qui leur montrent ainsi que la réussite estpossible.

De retour au lycée, on réajuste les protocoles expérimentaux, qui sontensuite mis en œuvre lors du stage effectué au sein du laboratoire de Touschercheurs. Puis les élèves réalisent un diaporama présentant les résultatsobtenus et un poster à l’image d’un poster scientifique.Pour terminer, leslycéens donnent une conférence sur le campus universitaire. Les élèves de1re S discutent du bien fondé de poursuivre dans leur filière, ceux de ter-minale S participent à des cours et des TP de la faculté des sciences.

Les résultats sont prometteurs : 75 % des 28 élèves ayant suivi le pro-jet Hippocampe ont obtenu le bac S en juin 2011 – à comparer avec les55 % et 64 % de réussite des classes hors Hippocampe en 2010 et 2009. Al’exception de trois élèves, les 21 lauréats se sont dirigés vers des étudesscientifiques. En tout, sur trois ans (septembre 2005/juin 2008), 926lycéens – de quatre lycées concernés par ce programme – ont été impli-qués dans Hippocampe S.

Cette démarche permet une cohésion de la classe autour du projet,une diminution de l’absentéisme, une augmentation de la réussite au bacet de l’orientation vers des études scientifiques. Laurence Loesche- Varjabétian en est persuadée : pour communiquer le goût des sciences, ilfaut enseigner à haut niveau, donner aux élèves une place active et unespace pour des expérimentations, « le temps de se tromper », leur per-mettre de travailler en équipe, de communiquer sur leur travail et favori-ser la coopération entre les enseignants et les chercheurs. Bien sûr, la prin-cipale limite d’un tel projet est qu’il ne peut pas accueillir un grandnombre d’élèves. D’où une certaine frustration de la part de ceux qui nepeuvent y participer.

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« Tous chercheurs » est une association de chercheurs,en biologie pour la plupart, qui offrel’opportunité à des lycéensd’expérimenter dans un vrailaboratoire de recherche de l’Insermsitué sur le campus universitaire deMarseille-Luminy. Le stage dure troisjours, les élèves ont une place activeet la possibilité de construire leurpropre travail expérimental. Leschercheurs leur transmettent le goûtde l’investigation et leur enseignent lacritique positive en science. La pédagogie suivie a étépubliée (Hammond et al, PLoS Biology2010, 21).

Les élèves viennent avec leurprofesseur de sciences et imaginentdes expériences dont les résultats nesont pas connus à l’avance. Leserreurs sont valorisées, afin d’en tirerprofit. Les thèmes abordés relèventdes programmes scolaires, lesenseignants peuvent ainsi investir enamont et en aval du stage.

Quatre équipes sont constituées,encadrée chacune par un chercheurou un thésard. Il y a d’abord, pargroupe, une phase d’observationd’un élément naturel ou d’un résultattrouvé en laboratoire. Puis vient letemps des interrogations et de ladiscussion. Ensuite chaque groupese concentre sur un point précis ; letout constituant un ensemblecohérent. Après les questions, onformule des hypothèses de travail,puis on établit un protocoled’expérimentation. Les élèvescommencent à « maniper », toujoursencadrés par le chercheur. Ilsdécouvrent l’aller-retour continuelentre erreur et manip, discussion etinterprétation.

Le troisième jour, chaque groupeprésente et explique aux autres sesrésultats, afin que tous disposent del’histoire complète. L’ensembledébouche sur la réalisation d’unposter, qu’ils corrigent aprèsdiscussion avec un chercheur.

Tous chercheurs reçoit une classedifférente chaque semaine. Millelycéens viennent chaque année, detous les lycées de la régionProvence-Alpes-Côte d’Azur.

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« Chercheurs en herbe »

Le concours « Chercheurs en herbe », quatrième cas présenté,concerne le volet scolaire du Festival du film du chercheur organisé parl’université de Metz et le CNRS. Né en 2008, ce concours s’adresse prin-cipalement aux classes de primaire. Il est pris en charge par le centrerégional de documentation pédagogique (CRDP) de Lorraine.

L’idée : présenter une démarche d’investigation expérimentale et la res-tituer à travers un film de 4 minutes, explique Brigitte Courbet-Manet,directrice du CRDP et inspectrice de l’éducation nationale. La sélectiontient compte du respect des différentes étapes : observation du monderéel et de l’environnement proche ; questionnement, hypothèses ; expéri-mentation ; discussion, débat, interprétation des résultats. Les élèves doi-vent également participer à l’écriture et à la réalisation du film. De nom-breuses compétences sont ainsi mobilisées, comme l’expression ou lamaîtrise de l’image.

La réalisation de ces films a un impact fort sur la pratique des ensei-gnants. Beaucoup résistaient à cette démarche d’investigation. Là, ilsosent se lancer dans « quelque chose de moins transmissif », où les élèvessont davantage acteurs. Le travail de scénarisation oblige à une analysecritique de ses pratiques, ajoute Philippe Leclère, enseignant et cher-cheur associé au centre de recherche sur les médiations à l’université Paul-Verlaine à Metz. Les classes doivent décomposer la démarche d’investiga-tion et identifier ses différentes étapes. C’est très formateur. Mais, observeBrigitte Courbet-Manet, « ça prend du temps, il faut l’accepter ». Lapédagogie de projet permet la mobilisation et la motivation des ensei-gnants comme des élèves. On change leur rapport au savoir scientifique.

Tous les films, une trentaine, sont visibles sur le site du CRDP,(http://www3.ac-nancy-metz.fr/chercheursenherbe/spip/). Le concours estlancé en octobre, le CRDP assure l’accompagnement avec des formateursscientifiques et techniques. 35 classes sont mobilisées. Pour la premièrefois, la dernière édition a accueilli des collégiens. Mais il faut admettreavec Brigitte Courbet-Manet qu’il est difficile de se lancer dans un telprojet dans le cadre d’un cours de science de 55 minutes. D’autres chosessont à inventer avec les collèges.

Autres initiatives lorraines : le service de CST de l’université de Metzdéveloppe des actions pour mettre en lien le monde de l’enseignementsupérieur et de la recherche avec le monde scolaire. Les universités et leCRDP de Lorraine sont partenaires de STENCIL (http://www.stencil-sci-ence.eu/index.php?changeLang=fr), un projet européen qui vise à recenserles initiatives et dispositifs mis en place en Europe pour dynamiser l’ensei-gnement des sciences.

Sensibiliser les futurs enseignants à la recherche

La sensibilisation à la recherche scientifique des enseignants enformation était le sujet de la dernière étude de cas. Constat de DidierGeiger, professeur des universités, directeur de l’IUFM de Créteil : lescommunautés scientifique et éducative se côtoient mais s’ignorent mal-heureusement trop souvent. Le monde de la recherche a effectivementune mission de diffusion et de vulgarisation des connaissances. Mais cettemission est, à ce jour, insuffisamment reconnue, tout au moins dans les

Communiquer la science vers les publics scolaires

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Le film du concours« Chercheurs en herbe »Réalisé dans le cadre de l’édition2008/2009 du concours, Si onbougeait un peu… Les os, lesarticulations et les muscles… est unpetit film de 4 minutes, rythmé, avecde la musique, des bruitages, de labonne humeur et des petitessaynètes humoristiques façon cinémamuet. Les enfants de CE2 de l’écoleDemangeot, à Lunéville, en sont lesacteurs (cobayes, scientifiques ouanimateurs télé) et les techniciens (onvoit par moments un petit bras tenirun micro). Ils posent des questionssur la solidité des bras, lesmouvements possibles, et répondenten expliquant le rôle des os, desarticulations et des muscles.

Le film est visible sur le site du CRDPde Lorraine (http://www3.ac-nancy-metz.fr/chercheursenherbe/spip/spip.php?article57).

“ De nombreusescompétences sont mobilisées,comme l’expression ou lamaîtrise de l’image.

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cercles académiques. De son côté, la communauté éducative attend de lacommunauté scientifique des contenus validés, des informations sur larecherche en cours. Elle demande aussi qu’on l’aiguille sur les ressourcesdes organismes et des universités. Si beaucoup d’enseignants, d’Ile-de-France en particulier, vont le mercredi au Palais de la découverte pour seformer, nombre d’entre eux restent en retrait et attendent qu’on leur four-nisse des séquences toutes prêtes, des documents à distribuer en classe,des sujets d’exposés possibles ou des visites clé en main…

Une majorité de professeurs des écoles éprouve peu d’inclination versles sciences, en particulier expérimentales. Certains parlent de sciences« inhumaines »... Ils ne font pas le lien, pourtant indispensable, entre lesdiverses disciplines scientifiques. Ils évitent d’aborder certains sujets depeur de « la question qui tue », qui les mettrait en difficulté. Ils perçoiventmal la réalité des grandes réalisations technologiques. La conséquence enest que trop souvent l’intégralité des programmes de sciences n’est pastraitée.

Pour y remédier, il faudrait peut-être introduire une épreuve de culturescientifique générale au concours de recrutement des professeurs desécoles. Mais aussi dans les concours des CAPES et CAPET scientifiques.

Les masters préparant aux métiers de l’enseignement pourraient êtreune chance pour mettre les futurs enseignants « à la paillasse », au sein« d’ateliers de sciences », pour leur faire connaître la science en train de sefaire, les faire s’interroger sur le lien recherche et enseignement et réfléchirsur les articulations entre les diverses disciplines. La formation continueest également à repenser dans le même esprit, en approfondissant lessavoirs disciplinaires, bien sûr, mais également la culture interdisci -plinaire. Plus généralement, le contact avec le monde de la recherche etses acteurs est à encourager.

Les grands organismes de recherche ont des atouts pour contribuer àcette formation des enseignants : ils savent identifier des sites, des réalisa-tions, des expériences valorisables vers des publics différents. Ils ont deschercheurs qui sont de très bons communicants, accessibles et passion-nants, capables de se mettre à la portée de leur public. Ils peuvent égale-ment mettre à disposition une assistance logistique. Attention : « La mis-sion de ces institutions de recherche n’est pas de se transformer enorganismes de formation ». Il faut veiller à laisser chacun à sa place et à nepas en demander trop aux chercheurs des grands organismes. « Ces cher-cheurs, ce ne sont pas des profs », prévient Didier Geiger.

De 2004 à 2010, le CEA et l’IUFM de Créteil ont travaillé ensemble.L’IUFM de Créteil forme 700 professeurs des écoles par an : 90 %d’entre eux ont une formation littéraire ! L’idée de ce partenariat étaitdonc de sensibiliser tous les futurs enseignants aux sciences dites dures,quelle que soit leur discipline, qu’ils se destinent au primaire ou ausecondaire, explique Nathalie Guillaume, de la direction de la commu-nication du CEA. Pendant une journée, le CEA organise donc des ren-contres avec les chercheurs, des ateliers scientifiques, des visites de labo-ratoires. Et des conférences à l’intention des professeurs des écoles enformation, qui à cette occasion réalisent des petites expériences à faireavec les élèves. Les thèmes abordés sont variés, avec des applications dansla vie quotidienne : enjeux de l’énergie, gestion des déchets, médecinenucléaire, climatologie…

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“ Il faudrait peut-êtreintroduire une épreuve deculture scientifique auconcours de recrutementdes professeurs des écoleset la formation continue desenseignants est à repenser.

“ Sensibiliser tous lesfuturs enseignants auxsciences dites dures.

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Le CEA organisait deux stages par an et, malgré la concurrence destages sur l’autorité ou la laïcité, davantage prioritaires pour un professeuren formation, la participation n’a pas failli au cours des années : 460 sta-giaires en ont bénéficié en 7 ans.

Aujourd’hui, avec les masters, la formation des enseignants change. LeCEA construit de nouvelles voies de partenariat et renforce les projets deformation continue avec les rectorats.

La question des moyens

Le deuxième temps de discussion avec le public du colloque a posé dèsl’abord, face à la multiplicité des attentes pesant sur les organismes derecherche, la question des moyens. L’Education nationale est-elle prête àaccueillir les chercheurs, les former, leur expliquer les programmes ?Didier Geiger estime qu’on atteint la limite de ce que l’on peut deman-der aux institutions de recherche, d’autant que ce n’est plus tout à faitleur mission.

Brigitte Courbet-Manet reconnaît que tout le monde est limité parles moyens. Une mise en synergie est nécessaire pour agir. La solutionc’est de se connaître, d’avoir des lieux de rencontre et de monter les pro-jets ensemble, de travailler sur la complémentarité, tout en laissant à cha-cun son espace. Des associations entre organismes permettront sans doutede développer un volet innovation pédagogique et des liens plus impor-tants entre le monde de l’enseignement et celui de la recherche, ajouteDidier Geiger.

Il ne faut pas oublier que les communautés scientifique et éducativeont des rôles différents, insiste Sylvane Casademont, directrice de lacommunication et des relations publiques d’Irstea. « Le chercheur va sim-plement communiquer une passion et sensibiliser. Le travail pédago-gique - enseigner, former, faire en sorte que les élèves retiennent - c’est lerôle des professeurs, pas celui des chercheurs ».

Cette question de la finalité des interventions en matière de CST a étéexprimée aussi par un inspecteur de l’académie de Créteil : « La corres-pondance aux programmes scolaires n’est pas l’essentiel. Ce qui importec’est donner du sens et de l’intérêt ». Laurence Loesche-Varjabétianapprouve : le projet Hippocampe S, par exemple, n’est pas évalué à l’aunede l’acquisition de connaissances par les élèves, mais de son l’impact àplus longue échéance, au niveau des études supérieures et de la capacitédes élèves à se projeter dans l’avenir. Avis partagé par Guy Simonin,directeur scientifique du Palais de la découverte-Universcience, qui obser-ve que les rencontres entre jeunes et chercheurs sont des moments fortsqui ne transmettent pas tant un contenu scientifique qu’une petite flam-me. Celle-là même qui devrait également être transmise à tous les média-teurs et enseignants. Mais il n’est pas évident de généraliser ces ren-contres. « C’est pourquoi les musées de sciences, comme le Palais de ladécouverte ou la Cité des sciences, ont un grand rôle à jouer ».

Au-delà de l’intérêt des élèves ou de la société (« la formation descitoyens de demain » dit Brigitte Courbet-Manet), Didier Geiger s’inter-roge plus prosaïquement sur l’intérêt des institutions de recherche à diffu-ser la CST : est-ce un moyen de valoriser son institution, de faireconnaître certaines recherches, d’entraîner l’adhésion des autorités ou du

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“ On atteint la limite de ceque l’on peut demander auxinstitutions de recherche, unemise en synergie est nécessairepour agir.

“ La correspondance auxprogrammes scolaires n’est pasl’essentiel.

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public ?… « L’important c’est que tous les partenaires y trouvent finale-ment leur compte ! ».

Et la place des parents ? C’était la question posée par un membre del’Association française contre les myopathies. Le comité de pilotage du col-loque avait invité les fédérations de parents d’élèves, elles ne sont pasvenues, a précisé Aline Chabreuil. Les réactions des parents face aux diffé-rentes initiatives ici décrites sont diverses : Laurence Loesche-Varjabétianconstate qu’ils sont « très fiers » de voir leurs enfants arriver à communi-quer devant un public, sur des faits scientifiques qu’eux-mêmes ignorent,pour la plupart. Aurélie Pouet observe quant à elle fort peu de retour dela part des parents, elle les sent en général peu investis par rapport à cequi se passe à l’école élémentaire.

Pour Brigitte Courbet-Manet, « la réaction des parents est ambiguë : àla fois une certaine fierté et la crainte de perdre du temps par rapport auprogramme ». Assurer qu’on construit les compétences tout en restantdans le cadre du programme les rassure. Mais si on sait évaluer uneconnaissance, il est beaucoup plus complexe de mesurer une compétence,en termes de savoir-faire et de savoir être. Et, forcément, il n’est pas facilede traiter de cela avec les parents…

Il est vrai, souligne in fine un membre de la Main à la pâte, que« consacrer du temps à se former ou à monter des projets n’est pas vrai-ment pris en compte par l’éducation nationale ». Les missions de diffu-sion de la CST sont inscrites dans le code de l’éducation, elles commen-cent à entrer dans les fiches d’évaluation des chercheurs, explique DidierGeiger. La question de la valorisation est un « vieux débat », complèteJean-François Cervel : « Même s’ils ont tendance à l’oublier », les établis-sements d’enseignement supérieur ont la possibilité de soutenir ceux quis’investissent dans ce type d’activité, notamment, sous forme de promo-tions ou de primes…

Des pistes d’amélioration et d’innovation Sous forme de table ronde, la troisième partie du colloque a permis

d’esquisser quelques pistes d’innovation, notamment pour améliorer ledialogue et la coopération entre communauté éducative et communautéscientifique.

Les ressources disponibles

Quelles sont et où trouver les ressources mises à la disposition desenseignants ? Dominique Rojat, inspecteur de l’Education nationale,salue l’expérience Tous chercheurs, présentée plus haut : « On a besoin debelles actions, symboliques, fortes et probablement par nature non géné-ralisables…et d’une infinité de choses différentes, parfois moins spectacu-laires, moins coûteuses, qui permettent d’irriguer la totalité du tissu dusystème éducatif ».

Les attentes des enseignants sont très diverses, il est difficile de généra-liser. Ils cherchent des images, une documentation approfondie sur unsujet, un lieu, un contact… Les besoins diffèrent selon qu’ils exercentdans le primaire ou le secondaire. Les enseignants trouvent de nom-breuses ressources, mais ils ont aussi l’impression de passer à côté de beau-coup d’autres. Le rôle de l’institution est d’élargir le cercle dans lequel un

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“ La réaction des parentsest ambiguë, il y a à la fois unecertaine fierté et une crainte deperdre du temps par rapport auprogramme.

“ Les établissementsd’enseignement supérieur ont lapossibilité de récompenser lesactions de CST.

“ Les attentes desenseignants sont très diverses,il est difficile de généraliser. Lerôle de l’institution est d’élargirle cercle dans lequel unprofesseur peut chercher, demanière à rendre plus visiblesles documents existants.

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professeur peut chercher, de manière à rendre plus visibles les documentsexistants. C’est dans cet esprit que l’Education nationale met en place unportail internet : http://eduscol.education.fr/svt/.

Un autre site Internet est également dédié aux enseignants : lesite.tv,groupement d’intérêt économique dans lequel France 5 et le CNDP sontpartenaires. Ce site propose des vidéos téléchargeables sur 25 disciplines,pour l’école, le collège et le lycée, explique David Blanchard, son direc-teur délégué. Ce sont des séquences courtes, correspondant aux pro-grammes scolaires, qui permettent aux enseignants d’illustrer leurs cours.Lesite.tv n’est pas producteur, il sélectionne les vidéos déjà existantes et enextrait les minutes les plus pertinentes d’un point de vue pédagogique. Ilajoute ensuite une documentation complémentaire à la vidéo, pour unemeilleure utilisation en classe, avec des propositions d’activités à réaliseravec les élèves. Nombre de productions viennent du CNRS et d’autresinstitutions de recherche.

Les médiateurs de sciencesSylvie Retailleau, doyenne de la faculté des sciences d’Orsay, présente

le groupe « La Diagonale », centre de dialogue science et société deSaclay, qui existe depuis deux ans. « On joue sur la formation des étu-diants pour diffuser les sciences ». Ils interviennent dans des écoles pri-maires, des collèges, animent des ateliers scientifiques. « Quand ce sontdes jeunes qui transmettent l’information aux enfants, le message passebien mieux ». Ces interventions sont comptées dans leur formation, elless’inscrivent souvent dans le cadre de projets qui rapportent des ECTS(système de crédits). Elles sont aussi bénéfiques aux étudiants, car expli-quer un phénomène scientifique à des enfants ou à des non-spécialistesoblige à se poser des questions et à mieux comprendre soi-même.

Symétriquement aux interventions dans les classes, le Club sciences dela faculté d’Orsay accueille les écoles primaires dans les salles de TP del’université pour des ateliers. Les collégiens et lycéens, de leur côté, visi-tent les laboratoires, rencontrent des chercheurs. Ainsi ils peuvent serendre compte de ce que sont les études après le bac. Résultat : le disposi-tif est victime de son succès ! Et se pose la question de la mise en place deplates-formes adaptées, de lieux dédiés à l’accueil des scolaires, des ensei-gnants et du public…

Tournée vers l’innovation, l’association « Planète Sciences » – bientôtcinquantenaire ! – illustre un autre dispositif de médiation. Jean-PierreLedey, son président, souligne qu’elle est basée sur trois principes : « lapratique expérimentale, le travail en équipe et la démarche de projet.Trois raisons fondamentales d’apprendre les sciences », mêmes pour desjeunes qui ne se destinent pas à poursuivre dans ce domaine. « C’est trèsstructurant pour eux de constater qu’ils sont capables de mener un projetdu début à la fin ». Planète sciences propose des activités dans des écoles,des clubs, des centres de loisirs. Avec son Scientificobus, elle essaie d’ame-ner la science auprès des jeunes. La création à Ris Orangis d’une maisonde l’environnement est à l’étude. Elle permettrait d’accueillir du public,des chercheurs « et de faire de belles manips avec des scolaires ».

Roland Lehoucq, astrophysicien au CEA (prix Diderot 2010), est luiaussi un médiateur réputé. « Je fais de la médiation parce que çam’amuse ! ». Il y a bien sûr le désir d’éveiller les citoyens, « mais c’est unplaisir avant tout ». Roland Lehoucq tient absolument à faire passer l’idée

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“ Quand ce sont desjeunes qui transmettentl’information aux enfants, lemessage passe mieux.

“ C’est très structurantpour les jeunes de constaterqu’ils sont capables de menerun projet du début à la fin.

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que « la science fait plaisir ». Ce qui lui a donné l’envie des sciences, c’estde découvrir Saturne à 9 ans, en réglant seul sa lunette astronomique.Ensuite, ce furent les camps d’astronomie de l’Association astronomique deFrance (l’AFA) et de Planète Sciences, comme participant puis animateur.Et puis sont venues les rencontres : « des gens qui servent de modèle »,des lieux de science, d’autres jeunes… On peut comprendre les ensei-gnants qui ont peur de se retrouver en situation de perte d’autorité, euxqui sont supposés détenir le savoir. « Mais ne pas savoir n’est pas grave,rester dans son ignorance le serait davantage ».

Les expositions sont des endroits adaptés à la médiation, capables degérer le grand public et les scolaires. Encore faut-il que les gens viennent.En vérité, « le lieu idéal c’est là où sont les gens ! ». L’inconvénient d’uneexposition c’est que trop souvent le public est livré à lui-même. Il fautdonc que le dispositif « parle tout seul », ce qui n’a rien d’évident. RolandLehoucq a participé à la conception de plusieurs expositions. « Au début,on fourmille d’idées… et après il faut négocier avec la réalité (budget,espace, exigence simplificatrice des organisateurs qui n’ont pas toujoursde connaissances scientifiques, susceptibilités de chacun)…. « Une expo-sition, c’est un compromis », conclut l’astrophysicien.

Animation et médiation Animation et médiation, ce n’est pas la même chose. Pour Jean-Pierre

Ledey, l’animation consiste à sensibiliser ou monter un projet avec desgens formés à cet effet, mais qui n’ont pas forcément un bagage scienti-fique très pointu. La médiation, c’est servir d’intermédiaire, de « traduc-teur de science ». La plupart des scientifiques sont naturellement douéspour la médiation, tout simplement parce qu’un grand scientifique estcapable de simplifier et de synthétiser son travail. La médiation nécessitedu temps, de la réflexion, une certaine expérience pédagogique et la capa-cité de s’adapter au public auquel on s’adresse. Le médiateur doit être àmême de transformer des travaux de recherche en projet pédagogique.L’avantage des médiateurs sur les enseignants c’est de pouvoir les accom-pagner en reproduisant la même présentation dans plusieurs classes.

Sylvie Retailleau appelle à mutualiser les forces. Que les enseignants-chercheurs collaborent avec les associations, car elles possèdent ce savoir-faire en matière de médiation et seront capables d’étendre les actions au-delà de la sphère d’influence immédiate de l’université. Le projet «Traitd’union » répond à cette volonté : au niveau de l’Essonne, l’université aconstruit un partenariat avec les associations Sciences Essonne et les Petitsdébrouillards. Des ateliers sont proposés dans des écoles, des collèges etdes lycées, mais aussi hors milieu scolaire, dans des maisons des jeunes,par exemple. Ensuite les jeunes visitent des laboratoires. Accueillis par deschercheurs, ils découvrent un métier avec des gens passionnés. Le troisiè-me volet du projet est une approche croisée, un partage de compétences« sciences et société » qui permet d’appréhender la science par d’autresbiais, grâce à plusieurs plates-formes : théâtre et sciences, arts etsciences…

Les moyens « détournés », c’est aussi ce que préconise RolandLehoucq pour expliquer la science. Il publie lui-même des livres de vul-garisation basés sur la science fiction, des BD ou des références cinémato-graphiques. Même en ayant recours à des supports aussi « légers », onpeut se poser des questions et essayer d’y répondre par la science,explique-t-il. Le procédé a ses limites, puisque ces mondes imaginaires ne

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La science fait plaisir.

“ L’animation consiste àsensibiliser ; la médiation à servird’intermédiaire, de traducteur descience. Les médiateurs peuventreproduire la même présentationdans plusieurs classes.

“ Appréhender la science pard’autres biais : théâtre, arts...

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sont pas cohérents, mais il permet de « mettre en branle le questionne-ment à partir de quelque chose d’amusant ».

L’amusement n’est pas le point d’ancrage des vidéos proposées par lesi-te.tv, remarque David Blanchard, mais le site s’attache à montrer desexpériences qui ne sont pas réalisables en classe ou des phénomènes liés àl’infiniment petit ou à l’infiniment grand. Les animations destinées auprimaire ont un ton un peu différent : elles peuvent déclencher une cer-taine curiosité et participent à l’apprentissage du langage.

Valoriser la médiation… et les médiateurs

Quand un scientifique fait beaucoup de diffusion scientifique, relèveRoland Lehoucq, le problème c’est qu’à un moment donné elle prenddu temps sur sa recherche. Le point de vue peut être ambivalent : le direc-teur de laboratoire, qui pourrait lui reprocher de ne pas être à 100 % dansla recherche…et (le CEA est dans ce cas) l’institution, qui se réjouit de labonne image que cela donne d’elle ! « Mais, comme dans les laboratoiresla liberté intellectuelle reste considérable, on peut choisir ».

C’est généralement bien vu…quand ça vient « en plus », relève SylvieRetailleau. Les missions des chercheurs obéissent à une certaine hiérar-chie : pour évoluer dans la carrière, ce qui compte ce sont les publicationsscientifiques et le nombre de contrats de recherche. La recherche et la for-mation passent avant la diffusion de la culture scientifique et technique.Le contexte joue également, le type d’expériences à mener et d’équipesavec lesquelles on travaille donne plus ou moins de marges de manœuvre.La majorité des chercheurs qui font de la médiation, le font bénévole-ment. « Et ce sont toujours les mêmes ! ». Mais ça devient de plus en plusdifficile, car les métiers s’alourdissent. D’où la nécessité de valoriser etreconnaître ces actions.

A l’université Paris-Sud, les doctorants avaient traditionnellement dansleur contrat la possibilité d’effectuer 64 heures d’enseignement dans les for-mations, TD et TP. Aujourd’hui, ils doivent consacrer ces heures à la diffu-sion de la culture scientifique. Depuis l’année dernière, quand un ensei-gnant-chercheur passe du temps dans un établissement scolaire, des heureséquivalent TD sont comptabilisées dans le référentiel de l’établissements.Cette valorisation est encore faible : une demi-journée dans une école équi-vaut à une heure équivalent TD, mais c’est un premier pas. Un grand tra-vail reste à faire pour que les actions de diffusion de la culture scientifiquesoient reconnues et valorisées pour l’avancement dans la carrière.

Dominique Rojat considère que la question de l’évaluation des ensei-gnants mériterait d’être reprise de façon globale. Il n’y a pas d’avancementde carrière en fonction de telle ou telle formation suivie. Mais plus indi-rectement, les professeurs qui se forment étant ceux qui présentent unenseignement dynamique et attrayant, la reconnaissance de la qualité deleur travail pédagogique valorise implicitement leur formation...

Transversalité… et pluridisciplinarité

Les participants ont enrichi le colloque de leurs témoignages et propo-sitions. Ainsi cette biologiste qui a retrouvé dans l’assistance sa professeurede SVT de terminale et rend hommage à celle qui est à l’origine de sonchoix professionnel !

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“ La question de l’évaluationdes enseignants mériterait d’êtrereprise de façon globale.

“ Les missions deschercheurs obéissent à unehiérarchie : la recherche et laformation passent avant ladiffusion de la culture scientifiqueet technique. Un grand travailreste à faire pour que les actionsde diffusion de la culturescientifique soient reconnues etvalorisées pour l’avancement dansla carrière des chercheurs.

“ Les vidéos peuventdéclencher une certaine curiosité,elles participent à l’apprentissagedu langage en primaire.

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La question de la transversalité est posée par une représentante del’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) : faire un expo-sé sur le risque nucléaire convie physique, mathématiques, SVT, histoire,chimie, sciences citoyennes. Mais cette transversalité est difficile à mettreen œuvre parce que très diverse et hors programme. Sylvie Retailleau,chercheur en nanotechnologie, souligne que cette thématique est aussitrès transversale. Ce type de sujet permet d’impliquer l’ensemble des pro-fesseurs et de « casser le cloisonnement des disciplines » qu’on observeaussi bien au lycée que dans l’enseignement supérieur.

Une professeure de SVT relève que le thème du développementdurable permet également une approche pluridisciplinaire. Elle l’aabordé dans ses classes en travaillant avec des professeurs d’histoire-géo-graphie, de physique et de philosophie. « L’éducation au développementdurable est inscrite dans les programmes scolaires. On peut donc travailleren transdisciplinarité, même au collège » affirme-t-elle. Dominique Rojatconfirme : « Les programmes laissent beaucoup de libertés. C’est un peuun prétexte de s’abriter derrière ».

Autre témoignage : « En troisième les élèves doivent faire des exposés,il serait intéressant de les mettre en contact avec des chercheurs qui pour-raient répondre à leurs questions ». L’université Paris-Sud a mis en placeun dispositif capable de répondre à ce genre de demande, explique SylvieRetailleau. Un site sert de point d’entrée, il propose des « conférences cléen main » mais aussi un point de contact. Quand l’étudiant ou l’élève estprêt, il est orienté vers le laboratoire correspondant à sa thématique derecherche.

Et où trouver le matériel nécessaire pour faire des animations dansles écoles primaires ? demande une animatrice de Planète sciences. Car l’équipement en la matière est l’apanage des collèges et des lycées.Dominique Rojat fait remarquer qu’il est fréquent que des classes du pri-maire aillent faire des activités de science au collège et que des professeursde collège donnent un coup de main à leurs collègues du primaire.

Conclusion : enthousiasme, aide et diversité

En conclusion du colloque, Jean-Pierre Ledey tient à citer un discoursrécent de Pierre Léna : « Il ne faudrait pas mutiler l’expérimentation sanslaquelle il n’est point de science ». Roland Lehoucq, lui, insiste sur le faitqu’un chercheur qui s’engage seul dans la médiation ne fait pas avancerles choses. « Dans ce domaine, il faut passer de l’artisanat à l’industrialisa-tion ». Et « la force de frappe majeure » pour diffuser les connaissances cesont les enseignants. Il milite pour qu’on les laisse se former, régulière-ment et pendant leurs heures de travail. Qu’ils puissent réfléchir, s’essayerà la recherche, s’immerger dans le monde des sciences. Qu’on leur accor-de du temps, une semaine par an, pour expérimenter, apprendre et com-prendre, suivant l’exemple britannique des Learning Science Centershttps://www.sciencelearningcentres.org.uk/.

Pour Sylvie Retailleau, l’important est de donner une visibilité à cequi se fait, pour que les gens sachent à quelle porte frapper. Il faut aussidonner un cadre parce que « le bénévolat n’a qu’un temps » : valoriser ladiffusion des sciences, tant pour les enseignants que pour les enseignants-chercheurs et les chercheurs ; donner du temps aux premiers pour se for-mer et aux seconds pour échanger avec la communauté éducative.

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“ Les thématiquestransversales permettentd’impliquer l’ensemble desprofesseurs et de casser cecloisonnement des disciplinesqu’on observe aussi bien aulycée que dans l’enseignementsupérieur.

“ Les enseignants sont« la force de frappe majeure »pour diffuser lesconnaissances. Il faut leuraccorder du temps, pourexpérimenter, apprendre etcomprendre.

“ Le bénévolat n’a qu’un temps :il faut donner une visibilité à ce qui sefait et valoriser la diffusion dessciences, tant pour les enseignantsque pour les enseignants-chercheurset les chercheurs.

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Les institutions de recherche produisent de nombreux documents,rappelle David Blanchard. Tout le monde a intérêt à ce qu’ils soient dif-fusés le plus largement possible. Davantage de synergie et de coopérationsont nécessaires, y compris au niveau de la production audiovisuelle.

Dominique Rojat, pour terminer, choisit de s’attarde sur trois mots :enthousiasme, aide et diversité. L’enthousiasme des uns (chercheurs, pro-fesseurs) entraîne l’enthousiasme des autres (élèves et professeurs). Lesenseignants ont besoin de l’aide des institutions de recherche pour com-muniquer l’envie de science à leurs élèves. Enfin, la diversité des actionset des dispositifs permet l’innovation. On prête à un inspecteur généralretraité la boutade selon laquelle « dans l’éducation nationale, il ne fautjamais innover. Parce que si ça marche, on ne sait pas comment généraliser, etsi ça ne marche pas, on ne sait plus comment arrêter ». Dominique Rojat aune autre vision : « En réalité, il ne faut pas innover pour généraliser, ilfaut innover pour diversifier, afin que chaque enseignant puisse trouver cequi lui convient ».

Pierre-Alain Douay, délégué général de Communication publique, enremerciant tous les organisateurs et participants, s’est référé à un docu-ment d’information du ministère de l’éducation nationale intitulé « Lascience, de l’école au lycée : pratiquer, enseigner, promouvoir ». Pratiquer,c’est la tâche des scientifiques, enseigner celle des enseignants, promou-voir, c’est probablement le rôle des communicateurs et spécifiquementdes communicateurs publics.

Mais la communication n’impose pas, elle propose – par l’informationet par l’échange. Même en science, l’argument d’autorité ne passe plus.L’enjeu du développement scientifique passe donc par la sensibilisationdes citoyens aux sciences. C’est une cause d’intérêt général. Et, à ce titre,une dimension de la communication publique, qui est la communicationd’intérêt général des institutions publiques. Reste que la communicationest un savoir-faire qui contribue d’abord à faire savoir et faire valoir lessavoir-faire des autres : c’est dire, en matière de sciences comme end’autres domaines, que si les communicateurs doivent aider à la commu-nication, ils ne peuvent ni ne doivent communiquer à la place desacteurs. Chacun à sa place, mais tous ensemble.

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“ Trois mots clés :enthousiasme, aide et diversité.L’enthousiasme des uns(chercheurs, professeurs) entraînel’enthousiasme des autres. Et ladiversité des actions et desdispositifs permet l’innovation.

“ Le développementscientifique est une caused’intérêt général. Et, à ce titre,une dimension de lacommunication publique qui estla communication d’intérêtgénéral des institutionspubliques.

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n CASDEN : www.casden.frn www.education-developpement-durable.frn EDF : http://enseignants.edf.comn Educsol : www.eduscol.education.frn Exploradôme, musée interactif : www.exploradome.comn Faites de la science : http://www.univ-st-etienne.fr/faitesdelascience/n La Main à la pâte : www.lamap.frn Mon quotidien, le journal d’information quotidien pour les 10-14 ans (playBac presse) : www.monquotidien.frn Universcience : www.universcience.fr

Des ressources scientifiques pour la classe Quelques adresses*

Les institutions de recherche

Les associations

Et aussi…

n CEA : http://www.cea.fr/jeunesn Genopole : http://www.genopole.fr/-Comprendre-.htmln Ifremer : http://wwz.ifremer.fr/institut/Decouvrir-les-oceansn Inserm : www.inserm.fr/espace-jeunesn Institut Pasteur : www.pasteur.frn IRD : http://www.ird.fr/jeunes-et-scolairesn Irstea : http://www.irstea.fr/lespace-jeunessen CNRS : www.cnrs.fr/cw/dossiers/saga.htmn Etablissement français du sang (EFS) : www.lesaventuriersdesglobules.frn Ined : www.ined.frn Minatec : http://www.minatec.org/education/ouvrir-monde-micro-nano-scolairesn Université Paris Sud : www.u-psud.fr

n Planète sciences : www.planete-sciences.orgn L’Arbre de la connaissance : www.arbre-des-connaissances-apsr.orgn C. Génial : www.cgenial.orgn Comité international des jeux mathématiques (CIJM). www.cijm.orgn L’Ecole de l’ADN : http://www.genethon.fr/qui-sommes-nous/ecole-de-ladn/n Espace Pierre-Gilles de Gennes : www.espgg.orgn EU-HOU (données astronomiques) : www.euhou.netn Pariscience (films scientifiques) : www.pariscience.frn Les petits débrouillards :  www.lespetitsdebrouillards.orgn Science Essonne : http://www.sciencesessonne.fr/p/numero-azur.htmln Savoirs Essonne http://www.savoirs.essonne.fr/sections/ressources/guide-des-activites-scientifiques/

*Cette liste n’est pas exhaustive, elle émane des partenaires du colloque et de l’exposition de posters.

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L’ouvrage aborde méthodiquement divers scénarios dedémarches de communication publique et évalue les chan-gements possibles de comportements du citoyen (sécuritéroutière, maîtrise de l'énergie, écologie, culture...). Dans uncontexte en mutation, les auteurs s'interrogent aussi surl'évolution du métier de « communicateur public », propo-sent une démarche qualité avec une charte de déontologiede la communication publique et présentent une analysecomparée avec d'autres pays européens.

Ouvrage collectif sous la direction deMyriam Lemaire et Pierre Zémor.

Postface de Jean-Marc Sauvé,vice-président du Conseil d’Etat.

Mai 2008 - 446 pages, 16x24 cm,La Documentation française.

Ouvrage disponible à l’association.

« La communication publique est une exigence démocratique et un impératif de bonne gestion. »

CONSEIL D’ADMINISTRATION 2011-2014

Président : Bernard Emsellem, directeur général délégué, SNCFSecrétaire générale : Joëlle Vaucelle, Net-EntreprisesTrésorier : Hervé Marchal, Association des Régions de France

MEMBRES DU BUREAU Eve Aulong, (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris)Yves Bomati, direction de l'information légale et administrativeXavier Crouan, conseil régional Ile-de-FrancePhilippe Deracourt, conseil général Val-de-MarneKatherine Khodorowsky, CIDJ Véronique Mély, SIG Pierre-Emmanuel Richard, ministères économie, finances,industrie

Délégué général : Pierre-Alain Douay

ADMINISTRATEURS Patrick Baudry, SénatDominique Bessières, université de Reims, IEP Lille Dorine Bregman, Cour des ComptesSylvane Casademont, Irstea - CemagrefAude de Chavagnac Florence Ducasse, conseil général du Loir-et-Cher Joëlle Goepfert, communauté d’agglomération d’OrléansJean-Marie Guillemot, RFFNelly Haudegand, Union sociale pour l’habitatFrançois Kohler, Conseil d’EtatGeoffroy Lehideux-Vernimmen, (BRGM) Myriam Lemaire Sophie Maurand, ville de NancyJean-Emmanuel Paillon, SIG Jocelyne Randé, direction de l’administration pénitentiaireDiane de Sainte Foy, Institut français du cheval et de l’équitation Laurent Setton, ministères travail et santé Laurent Teisseire, Dicod, ministère de la défenseFabrice Van Borren, ville de Saint-Etienne

Conseiller du président, délégué aux finances :Pierre Mouterde

Présidents d’honneur :Marceau Long, Renaud Denoix de Saint MarcJean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’EtatPrésident d’honneur, fondateur :Pierre Zémor, conseiller d’État honoraire

n Communication publique regroupe depuis 1989 les responsables de communicationdes institutions publiques soucieux de dynamiser les métiers et l’image de la communica-tion de service public : ministères, administrations centrales et déconcentrées, collectivitésterritoriales, établissements publics et entreprises ayant une mission de service public, orga-nismes sociaux et d'intérêt général. Cercle d'échanges d'expériences entre praticiens, l'as-sociation – 300 membres – est aussi un moyen de rencontre et de coopération des communi-cateurs publics avec les responsables politiques et administratifs de l'action publique, aupremier rang les élus locaux.

n Les rencontres réservées aux membres, et colloques ouverts, abordent la pratique pro-fessionnelle, l’actualité et les évolutions de la communication et du service public. Et confron-tent les points de vue avec des personnalités et des experts.

n Les groupes de travail approfondissent des thèmes : communication territoriale, marchéspublics, évaluation, outils audiovisuels, TIC, besoins de formation, recherche, formation à lacommunication des managers publics.

n Les cercles « Société & communication », ouverts sur la société civile, croisent un sujetde société et une approche de communication : Institutions publiques & relations internatio-nales ; Jeunesse & citoyenneté ; Décisions publiques & concertation ; Activités économiques& données publiques ; Ethique & publicité ; Europe & opinion ; Vulnérabilité & voies d'inser-tion; Science & grand public.

n Les études analysent la spécificité, l’organisation, l’image de la communication publique :L’évolution du métier de communicateur public et de l’organisation de services de communi-cation des institutions publiques (Ph.Heymann 2002 ) ; Le directeur de communication etinternet dans les collectivités territoriales (Ph. Deracourt 2006).Et, à l'occasion du vingtième anniversaire de l'association, La perception par les Français dela communication des services publics (CSA 2009), 1989-2009 : bilans & perspectives de lacommunication institutionnelle publique - Points de vue de communicateurs publics (2009).

n Les publications : Le sens de la relation - Communication des services publics (P. Zémor,La Documentation Française, 1992) ; La communication publique en pratique (Éditions d’Organisation, 1994) ; La communication publique en pratiques (La Documentation Françai-se, 2008).

n De 1989 à 2009, La Lettre de Communication publique a diffusé réflexions et fiches pratiques, fait écho aux travaux, études et enquêtes de l'association.

Depuis 2010, Les Cahiers de Communication publique proposent des dossiers thématiques : n Communiquer la science en territoires - Regards croisés entre producteurs

de science et acteurs territoriaux n Les citoyens et l'administration - De la réclamation à la réforme n Parler avec les jeunes - Quels codes, quels langages ? n Quelle formation à la communication pour les futurs managers publics ? n Communiquer la science vers les publics scolaires - Regards croisés entre producteurs

de science et communauté éducative.

La souscription à Communication publique donne droit, en plus de l'accès à certaines mani-festations, à l'envoi des Cahiers, des 15 derniers numéros de La Lettre, du fascicule Lesrègles d’or de Communication publique : 100 fiches pratiques, du hors-série 20 ans de com-munication publique (2009) et de l’ouvrage collectif La communication publique en pratiques.

Numéro réalisé sous la direction de Françoise Bellanger et Aline Chabreuil

Communication Publique : Conseil d’Etat - Place du Palais Royal 75100 Paris Cedex 01 - Tél 01.40.20.92.00Courriel : [email protected] de la publication : Bernard Emsellem - Administrateur : Pierre-Alain Douay - Secrétariat de rédaction : Sandrine Gaillard.

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