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Sommaire - FNEEQ · à peu de choses près au finance - ment du réseau collégial ! Enfin, c’est à partir d’une nouvelle norme inventée pour les seules fins de cette étude

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2 CaRNets, février 2004

S o m m a i r e

Mot du président

Carnets est la publication officiellede la Fédération nationale des enseignanteset des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN).La FNEEQ représente plus de 23 500 membresdans les cégeps, établissements privés et universités.Au Québec, elle est l’organisation syndicalela plus représentative de l’enseignement supérieur.

FNEEQ, 1601, avenue De Lorimier,Montréal (Québec) H2K 4M5Téléphone : 514 598-2241Télécopieur : 514 598-2190Site web : www.fneeq.qc.caCourriel : [email protected]

Rédacteur en chef : Pierre PatryCoordination et rédaction : France DésaulniersCollaborations : François Cyr, Dominique Daigneault, PierreDesprés, Laval Rioux, Caroline Senneville, Céline TwiggPhotographie de la couverture : Flavie Trudel, enseignanteau cégep régional de Lanaudière à JolietteCaricature : BorisGraphisme : Brunel DesignImpression : les travailleuses et les travailleurs syndiquésd’Impart Litho –Tirage 11 500Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec,Bibliothèque nationale du Canada

Stoppons la démolition :un combat à poursuivreLa session dernière aura été marquée du sceau de la mobilisation. Le pland’action de la CSN «Stoppons la démolition» a été le coup d’envoi à la forteopposition qui s’est développée à l’égard des politiques et des orientationsdu gouvernement Charest.

Le 19 novembre 2003, plusieurs syndicats de la FNEEQ ontparticipé à la journée de piquetage symbolique, le 29 dumême mois, bon nombre de nos membres étaient à Québecparmi les 30 000 personnes venues dire à monsieur Charestque nous étions en total désaccord avec les politiques qu’ilmet de l’avant depuis son élection. Enfin, le 11 décembre, laquasi-totalité des syndicats de la FNEEQ ont participé à lajournée nationale de perturbation. Bien que nous n’ayons pufaire reculer le gouvernement, notre action de l’automne2003 ne doit nullement être considérée comme un échec. Legouvernement du PLQ devrait savoir maintenant qu’il nousretrouvera fréquemment sur son chemin s’il compte pour-

suivre dans la même veine. Notre contestation ne pourra porter fruit qu’àmoyen et à long terme.

Si jusqu’à tout dernièrement les projecteurs ont été peu braqués sur l’éduca-tion, la situation change drastiquement cette session-ci. À compter du17 février prochain se tiendra une commission parlementaire sur la qualité,l’accessibilité et le financement de l’enseignement universitaire. De plus, unenouvelle consultation sur la pertinence de créer un ordre professionnel desenseignantes et enseignants pourrait être menée, bien que l’Office desprofessions ait recommandé de ne pas aller de l’avant avec la création d’untel ordre tout récemment. Mais le ministre Reid a répété à plusieurs reprisesson intention de procéder à la mise en place d’un tel organisme…

Enfin, un forum sur le collégial aura lieu au printemps, forum qui s’annoncepour le moins houleux. Nous revoici encore une fois partis pour un débat surl’existence de cet ordre d’enseignement, alors que nous aurions pu penser cesujet définitivement clos. L’étude commandée par la fédération des commis-sions scolaires qui a été rendue publique à la fin de novembre 2003 ramènece sujet à l’ordre du jour. Nous le réitérons, cette étude est saugrenue et netient tout simplement pas la route. L’approche est strictement comptable etn’a rien à voir avec l’amélioration de l’accessibilité aux études supérieures,bien au contraire ! Quoiqu’il en soit, nous devons donc nous préparer à faireune défense vigoureuse et rigoureuse du réseau collégial en faisant la promo-tion de ses principales caractéristiques ainsi que de son apport inestimable audéveloppement économique, social et culturel des régions du Québec.

La session qui s’annonce sera décisive pour le monde de l’éducation. Nouscomptons sur votre détermination pour que l’on puisse faire progresser notrevision de l’éducation et de la société dans son ensemble.

Solidairement,

Pierre Patry, Président

2 Mot du président

3 Le collégial sur la sellette

6 Une profession en crise

9 Un juste prix:le commerce équitable

10 Journée internationale de la philo

12 Téluq : une importante victoire

Conférence de l’Internationale13 de l’éducation

15 Financement universitaire :une côte à remonter

17 Loi sur l’accès à l’égalité:le travail se poursuit

19 Fneequeries

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CaRNets, février 2004 3

Le collégial sur la sellette

Pierre PatryPrésident

Cette proposition n’a certes riende bien original, mais ne doittoutefois pas être prise à la

légère. La fédération des commis-sions scolaires cherche une écouteattentive de la part du gouverne-ment en situant sa proposition deréorganisation du système scolairedans le contexte de la réingénierie del’État entreprise par le gouverne-ment et de la situation budgétairedifficile qui s’annonce.

Si le ministre Reid a réagi publique-ment en indiquant qu’il n’était pasquestion pour lui d’abolir les cé-geps, il a toutefois signalé que le ré-seau collégial sera cependant ap-pelé à connaître des changementsau cours des prochains mois et quele forum collégial du printemps

prochain offrira l’occasion d’exa-miner les possibilités de réforme.Notons que le ministre a salué lecourage de la fédération des com-missions scolaires, considérantqu’elle apportait une importantecontribution à un débat nécessaire.Bref, rien pour nous rassurer.

Une démonstrationdouteuseL’étude commandée par les com-missions scolaires est tronquée. Leprocédé est simple, pour ne pasdire simpliste : on détermine àl’avance les conclusions et on con-fie à un consultant extérieur lemandat de produire un rapport en

fonction de conclusions prééta-blies. Puisque ce consultant, mon-sieur Denis Bédard, est réputé et aune vaste expérience du servicepublic, l’étude ne peut être quecrédible. Or, il n’en est rien.

Examinons à grands traits la façondont est structuré le rapport Bédard.Après avoir présenté l’organisa-tion actuelle du système d’éduca-tion du Québec et l’avoir comparéà d’autres systèmes d’éducation auCanada et aux États-Unis dans lepremier chapitre, on aborde laproblématique financière du sys-tème éducatif dans le chapitrequi suit.

Le 28 novembre 2003, la Fédération des commissions scolaires du Québec rendaitpublic un rapport produit par monsieur Denis Bédard. Celui-ci recommandait rien de moinsque l’abolition du réseau collégial. On propose de regrouper, sous la responsabilité des com-missions scolaires, les formations professionnelle et technique et on démantèle le pré-universitaire en ajoutant une sixièmeannée au secondaire et uneannée supplémentaire àl’université. Chroniqued’une propositionsaugrenue.

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4 CaRNets, février 2004

On y fait alors une analyse compa-rative des dépenses en éducationavec les autres régions du Canada(le terme est de l’auteur). Ensuite onbricole une nouvelle norme baséesur le calcul d’une dépense globalenormalisée d’éducation et de là,on en vient à la conclusion qu’auQuébec, il y a une dépense excé-dentaire de 1348 milliard $. Lepremier jalon était donc posé, lesystème d’éducation québécoiscoûte trop cher.

Quelques remarques s’imposentd’emblée. Jamais dans ce chapitre,pas plus que dans le reste du rap-port, on ne tient compte des choixsociaux que nous avons effectuéspour démocratiser l’accès à l’édu-cation au Québec. En outre, lacoïncidence est étrange, la dépenseexcédentaire identifiée correspondà peu de choses près au finance-ment du réseau collégial ! Enfin,c’est à partir d’une nouvelle normeinventée pour les seules fins decette étude que s’élaborera dansles chapitres subséquents la propo-sition de réingénierie du systèmed’éducation.

Avancez en arrière!Une fois cette dépense excéden-taire identifiée, l’auteur cherche lescauses de celle-ci et il en trouve.D’abord, au secondaire, le ratiomaître-élève est plus généreux quedans le reste du Canada, ce quigénérerait une dépense de 322 mil-lions $ en trop. Au collégial, lesconditions de travail seraient tropgénéreuses, la charge de travail estmoins lourde qu’au primaire et ausecondaire et n’est pas accompa-gnée, comme à l’université, d’uneobligation de recherche, de publi-cation ou d’une autre forme derayonnement professionnel. Il seraitsemble-t-il possible d’économiser112 millions$.

Ensuite, il examine l’efficience etla durée de formation, laquelleserait trop longue, causée essen-tiellement par le collégial bien sûr.

Il semble que si on abolissait lecollégial, les problèmes d’orienta-tion scolaire des jeunes disparaî-traient comme par enchantemententraînant une économie de271 millions$. Enfin, la demandedes services éducatifs serait plusforte que dans le reste du Canada,quel malheur ! De plus, le tauxd’obtention d’un diplôme universi-taire est légèrement inférieur auQuébec qu’au Canada, le problème

se situerait donc entre le secondaireet le premier diplôme universitaire,on pourrait ici économiser 600millions$. Le deuxième jalon estposé, le problème c’est le collégial.

La table était donc mise pour laproposition de réingénierie de l’en-seignement secondaire et postse-condaire. On abolit les cégeps, oncrée des collèges d’enseignementprofessionnel et technique et ondémantèle l’enseignement préuni-versitaire en instaurant une sixiè-me année de secondaire et uneannée de plus à l’université. Voilàcomment a surgi la propositionBédard qu’on pourrait appeler« back to the future » ou encoreavancez en arrière.

Une impressionde déjà vu

Est-on en train d’assister à unmauvais remake vécu en 1992 sousla ministre Robillard? Il semblebien que oui et l’issue est encoreplus incertaine. Nous devons doncnous préparer à faire une défensevigoureuse et rigoureuse de la per-tinence de l’ordre d’enseignementcollégial. Pour ce faire, nous de-vons identifier et promouvoir lesprincipales caractéristiques du ré-seau collégial.

Photo : Flavie Trudel

Photo : Flavie Trudel

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D’abord, il s’agit d’un ordre d’ensei-gnement qui relève de l’enseigne-ment supérieur. Cela a été confirméà plusieurs reprises. Ce fut le casencore tout récemment avec l’en-tente sur la restructuration salarialequi consacre la catégorie d’emploienseignante et enseignant du collé-gial comme étant distincte de celledu primaire et du secondaire.

D’autre part, le réseau collégial estun réseau public. Cela impliquedonc qu’il doit continuer à êtreexempt de frais de scolarité et plei-nement financé par l’État. Enfin, ils’agit d’un ordre d’enseignementoù cohabitent les programmestechniques et préuniversitaires. Lesétudiantes et les étudiants de cesdeux formations recevant la mêmeformation générale.

Un choixd’organisationavantageuxPremièrement, il a permis d’aug-menter considérablement l’accessi-bilité aux études supérieures et ce,sur l’ensemble du territoire québé-cois. Deuxièmement, les cégepssont devenus et demeurent desmoteurs de développement écono-mique, social et culturel de l’en-semble des régions du Québec.Troisièmement, ils ont permis dehausser les aspirations éducativesdes Québécoises et Québécois, ycompris pour plus de 20% des finis-santes et finissants en formationtechnique qui accèdent aux étudesuniversitaires.

Entendons-nous bien: nous défen-drons les principales caractéris-tiques du réseau collégial sans tou-tefois nous faire des promoteurs dustatu quo. Nous nous adresseronsaux questions mises au débat pard’autres, que ce soit par les commis-sions scolaires ou encore par laFédération des cégeps dans sonprojet de plan de développement.Nous ne voulons pas du statu quomais d’un meilleur réseau collégial,mieux financé, plus accueillant

encore et mieux arrimé aux autresordres d’enseignement.

Des alliances à bâtirCette défense du réseau collégialnous ne la ferons pas seuls. D’abord,elle se fera avec la CSN, les con-seils centraux ont déjà été alertésde la situation et ils peuvent jouerun grand rôle dans chacune desrégions du Québec. En outre, lanouvelle phase du plan d’actionCSN « Stoppons la démolition» in-

clura un volet touchant l’éduca-tion où un accent sera mis sur ladéfense du réseau collégial.

Nous la ferons aussi en allianceavec les autres organisations syn-dicales collégiales : enseignantes etenseignants, employé-es de sou-tien et professionnel-les, organisa-tions étudiantes ainsi qu’avec lesassociations de parents.

Cette défense pourra aussi se faireavec les organisations de la sociétécivile. Enfin, nous n’excluronsaucune collaboration avec touteforce désireuse de défendre l’in-tégrité de ce réseau.

Des choix de sociétéDepuis le rapport Parent, des choixde société ont permis aux jeunes et

aux adultes d’avoir un plus grandaccès à la formation et ce, danstoutes les régions du Québec. Lesrésultats actuels démontrent que leQuébec est en avance sur plusieurspays en ce qui concerne le nombrede jeunes en formation. De plus,les cégeps sont devenus, au coursdes ans, des phares dans les ré-gions. On ne peut les rayer de lacarte en développant une argu-mentation uniquement financièreet comptable, par ailleurs contes-table de ce strict point de vue.

Les besoins et les attentes des étu-diantes et des étudiants québécois,jeunes et adultes, sont au cœur denos préoccupations et c’est ce quenous défendrons fermement surtoutes les tribunes au cours desprochains mois. �

Les 12 et 13 février prochains,la FNEEQ tiendra une activitéde réflexion et de mobilisa-tion sur l’avenir du réseaucollégial. En plus des syndi-cats de la fédération, serontconviés à ce rendez-vous desreprésentantes et des repré-sentants de la CSN et de sesconseils centraux ainsi quedes délégations des organisa-tions syndicales, étudianteset de parents du collégial.

Photo : France Désaulniers

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Une profession en criseLors d’une consultation menée à l’automne dernier par le Conseil

supérieur de l’éducation (CSÉ), la Fédération nationale des enseignanteset des enseignants du Québec a déposé un mémoire sur la profession

enseignante. D’entrée de jeu, nous avons affirmé quela profession est en crise.

Céline TwiggDéléguée à la coordinationdu regroupement privé

L es changements apportés au sys-tème scolaire québécois au cours

de la dernière décennie ont modifiéen profondeur les conditions d’exer-cice de la profession. Aux nombreu-ses réformes se sont greffés des phé-nomènes qui ont amplifié la crise. Ilsuffit de penser à la pénurie actuelled’enseignantes et d’enseignants et àla difficulté de rétention des jeunesmaîtres dans la profession. Le mé-moire aborde la problématique sousl’angle de la formation des maîtres,des conditions d’exercice et de lareconnaissance sociale.

La formation des maîtreset l’accès à la profession

Rappelons que depuis 1994 l’intro-duction d’un baccalauréat de quatreans a changé les règles de l’accès à laprofession. Sept cents heures sontconsacrées à des stages et une for-mation multidisciplinaire est offerte.Ce faisant, ce nouveau baccalauréatmodifiait l’équilibre entre la forma-tion disciplinaire et la formationpratique.

De plus, dans la foulée de la mise enoeuvre de ce nouveau parcours, leministère de l’Éducation transformaitle règlement sur l’autorisation d’en-seigner. Une seule voie permettaitl’accès à l’obtention du brevet d’en-seignement. C’était celle du nouveaubaccalauréat, écartant ainsi la forma-tion dispensée par les certificats depremier cycle en psychopédagogie.

Certes, toutes ces transformationsavaient comme objectif l’améliora-tion de la formation à l’enseigne-

ment. Or, le mémoire relève de nom-breuses déficiences. En effet, nousavons constaté des lacunes dans laformation disciplinaire des jeunesmaîtres qui éprouvent une grandeinsécurité quant aux contenus no-tionnels prescrits par les program-mes d’étude. Il résulte de cette fragi-

lité disciplinaire une dépendanceexcessive à l’égard du matériel didac-tique offert par les éditeurs. Nouscroyons que ce problème ne dispa-raîtra pas dans un contexte de péda-gogie par projet. Au contraire, il de-viendra plus aigu, car les nouvellesstratégies pédagogiques que sous-

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tend la réforme scolaire exigent unegrande ouverture d’esprit et par con-séquent, une vaste culture discipli-naire.

Aux difficultés de la gestion de classes’ajoute l’insécurité face aux conte-nus disciplinaires. Le mémoire souli-gne qu’il y a là un facteur importantdans les difficultés de rétention de laprofession enseignante.

Par ailleurs, les voies d’accès à la pro-fession sont actuellement structuréesde telle sorte qu’elles rendent laprofession peu attrayante pour lescandidats susceptibles de s’engagerdans la profession. À cet effet, lafomation initiale oblige les candi-dats à l’enseignement à faire unchoix quasi irrévocable dès le collé-gial. Pour se diriger en enseignementaux secteurs préscolaire, primaire ousecondaire, un bachelier, diplômédans une discipline donnée, doitajouter à son parcours universitairetrois ou quatre années d’études sup-plémentaires. La formation courtemenant à l’obtention du brevet d’en-seignement est disparue. À notre avis,il y a là quelque chose d’absurde.D’autant plus que cette formation estdispensée en Ontario, qu’elle est re-connue au Québec et par conséquentdonne accès à la profession.

Le renouvellement rapidedes effectifs

Depuis 1996, les secteurs préscolaire,primaire et secondaire connaissentun renouvellement rapide des effec-tifs enseignants. Nul doute que l’in-sertion des jeunes maîtres dans laprofession devient difficile puisquela transmission de l’expertise devientrarissime. À cette difficulté s’ajoutecelle d’une intégration dans un con-texte en mouvance. En effet, la mise

en place des différentes ré-formes oblige les jeunes en-seignants à s’intégrer dansun milieu scolaire qui estlui-même à la recherche denouvelles pratiques. À lasuite de ces constatations,le mémoire suggère de met-tre en place des mesures desoutien destinées aux nou-veaux enseignants.

L’intégrationdes TIC

Une enquête menée au prin-temps 2002 auprès desmembres des syndicats duregroupement privé a per-mis de constater les nom-breuses difficultés que vi-vent les enseignants lors-qu’ils intègrent les TIC àleur enseignement. L’alour-dissement de la tâche, l’absence deprogrammes de perfectionnement,le manque de soutien technique oul’aménagement inadéquat d’horairesont autant de réalités qui assom-brissent les conditions d’exercice dela profession.

L’impactdes réformes

Au cours de la dernière décennie, laprofession enseignante a égalementété bouleversée par deux impor-tantes réformes.

La réforme des gestions des servicespublics a introduit en éducation unmode de gestion axée sur les résul-tats. C’est dans cette réforme que lesnotions de transparence, d’imputa-bilité, d’obligation de résultat onttrouvé leur origine. Parallèlement àce mouvement, la part budgétaireconsacrée à l’éducation a été dimi-nuée. En effet, la part du PIB consa-crée à l’enseignement primaire etsecondaire est passé de 6% en 1981à 4% en 2001. Cette baisse de finan-cement a favorisé l’instaurationd’une dynamique de marché axéesur la compétitivité entre les éta-blissements scolaires. La publicationdes palmarès en est un bon exemple.

Bien que la réforme scolaire de 1997soit porteuse d’objectifs éducatifsambitieux, sa mise en œuvre a faitplace à de nombreux tâtonnementsce qui a eu pour effet d’affecter salégitimité. À cet égard, le mémoiresouligne la confusion entourant letandem compétences et savoirs, lesproblèmes soulevés par l’évaluationdes compétences et les nombreuxretards survenus lors des parutionsdes programmes d’étude.

De plus, cette réforme s’articuleautour de deux grands pôles idéolo-giques contradictoires et générateursde tensions. D’une part, les politi-ques de désengagement de l’État, ladécentralisation des décisions versl’école et l’imputabilité relèventd’une culture néolibérale. D’autrepart, les trois missions confiées àl’école québécoise, Instruire, sociali-ser et qualifier, s’inscrivent dans uneperspective humaniste. Il y a là unesource d’ambiguïté dans laquellel’acte d’enseigner perd son sens.

La reconnaissancede la profession

L’approche client dans les rapportsde l’école avec les parents a aussicontribué à la dépréciation de la pro-

Plusieurs phénomènesont contribué à détériorer

les conditions d’exercice dela profession. Le mémoire

en a retenu trois.

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fession. En effet, cette approche viseà considérer l’école comme une en-treprise de services dont les parentssont les clients qui, en cas d’insatis-faction, peuvent choisir un autreétablissement. Dans une telle pers-pective, il arrive de plus en plus sou-vent que des directions d’établis-sement donnent raison a priori auparent qui se plaint d’un enseignant.À cet égard, le mémoire constate queles compétences professionnelles desenseignants ne sont pas suffisam-ment reconnues.

Toutefois, la reconnaissance socialede la profession ne passe pas par lacréation d’un ordre. Le mémoire l’arappelé ! Depuis l’arrivée du nou-veau gouvernement et malgré l’aviscontraire de l’Office des professions,le débat autour de la création d’unordre professionnel refait surface.Or, prétendre que l’appartenance àun ordre professionnel valorisera lestatut professionnel de l’enseignantest pour le moins douteux. Crééavant tout pour la protection dupublic, un ordre n’est pas une entitévouée à la défense de ses membres.La reconnaissance sociale doitplutôt reposer sur des assises quiprivilégient des mesures axées surl’autonomie professionnelle et laprise en charge du milieu.

Finalement

L’exercice de la profession ensei-gnante restera difficile et ce, mêmedans un contexte favorable. Or,depuis une dizaine d’années, lesconditions d’exercice s’aggravent àun tel point qu’enseigner n’est plusune profession attrayante pour lesjeunes.

Dans son mémoire, la FNEEQ réitèrel’importance de mettre en placedes mesures qui accompagnent lesjeunes, qui encouragent l’autono-mie professionnelle et qui instau-rent un réel pouvoir de décisionpour les enseignants. C’est danscette direction, croyons-nous, quese profilera un avenir prometteurd’épanouissement pour la profes-sion enseignante. �

8 CaRNets, février 2004

BREF APERÇU DES RECOMMANDATIONS DU MÉMOIRE

Que la formation des maîtres passe par une solide formationdisciplinaire

Que l’accès à la profession pour les diplômés ayant au moins un bac-calauréat dans un champ disciplinaire soit offert par la mise enplace d’une formation universitaire complémentaire en pédago-gie et en didactique

Que des libérations de tâche d’enseignement soient accordées auxenseignants expérimentés qui désirent accompagner les nou-veaux maîtres

Que l’implantation des TIC ne se fasse pas au détriment des condi-tions de travail des enseignantes et des enseignants

Que la valorisation des enseignants passe par la reconnaissance deleur expertise en leur accordant un pouvoir décisionnel accruet par conséquent, la fédération s’oppose à la création d’unordre professionnel

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CaRNets, février 2004 9

UN J U S T E PR I X

Les produits alimentaires en provenance du Sud sontle fruit du labeur de familles vivant souvent dans unepauvreté et une précarité extrêmes. Alors que quelquescompagnies multinationales contrôlent une large partdu marché agro-alimentaire, les sommes reçues parles producteurs et les travailleurs sont si minimes queceux-ci ne peuvent répondre à leurs besoins essentiels.

Le commerce équitable,l’affaire de toutes et tous !

Caroline SennevilleVice-présidente

En achetant votre café quotidien,vous avez le choix : ou vos sous ser-

vent à enrichir une multinationale etde nombreux intermédiaires entre leproducteur et vous, ou encore unegrande partie de cet argent dépensé iraà celui qui produit effectivement lecafé que vous buvez. En choisissant lecafé équitable, les consommatrices etconsommateurs que nous sommesutilisent leur pouvoir d’achat pours’opposer aux inégalités des échangesinternationaux et pour soutenir le tra-vail de familles productrices de café.

Les principes du commerceéquitable du café visent àpayer, via un commerce di-rect éliminant la multiplica-tion des intermédiaires, unjuste prix pour un produit enprovenance de petits produc-teurs organisés démocratique-ment ou à des plantationsrespectant les droits des tra-vailleuses et des travailleurs.De plus, les produits sont cul-tivés selon des techniquesécologiques respectant l’en-vironnement. Une partie desbénéfices sont réinvestis dansdes projets d’éducation, desanté ou de protection de l’en-vironnement. Le commerce équitablepermet donc à ces communautés ca-féicultrices de lutter contre la pauvre-té et de reprendre en main le dévelop-pement de leur propre communauté.

Comme il se boit beaucoup de cafédans chaque école, collège ou univer-sité du Québec, la FNEEQ a décidé, lorsde son dernier congrès, d’entreprendreune campagne auprès de ses membrespour promouvoir l’achat de produitséquitables, dont le café. Nous avonsprofité de la réunion du conseil fédéralde décembre 2003 pour lancer la pre-mière étape de cette campagne.

Ainsi, nous souhaitons que chacun denos syndicats pose des gestes concretsen offrant du café équitable dans leurslocaux. Si cela est déjà fait, pourquoine pas entreprendre des démarchesavec l’association étudiante et les autres

syndicats de l’établissement, s’il y lieu,pour que cette pratique s’étende auxcafé étudiant et à la cafétéria? Ou en-core faciliter l’entrée d’autres produitséquitables tels que le sucre, le thé ou lechocolat?

De plus, nous demandons aux syndi-cats de sensibiliser leurs membrespour qu’ils puissent à leur tour fairedes achats équitables. Il suffit de sur-veiller le logo de certification deTransFair Canada pour s’assurer que

notre achat sera véritablementéquitable.

Pour ce faire, nous bénéfi-cions la collaboration de l’or-ganisme Équiterre, qui pourraappuyer nos syndicats dansl’ensemble de leurs démar-ches. En fournissant du maté-riel argumentaire, des démar-ches à suivre, des listes defournisseurs, chacun des syn-dicats et des responsableslocaux à l’action internatio-nale sera mieux équipé pourpasser à l’action. �

Cet article a été rédigé en colla-boration avec Équiterre, un organismeà but non lucratif ayant pour mis-sion de contribuer à bâtir un mouve-ment citoyen en prônant des choixcollectifs et individuels à la fois éco-logiques et socialement équitables.

Photo : Équiterre

Photo : France Désaulniers

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10 CaRNets, février 2004

Pierre DesprésCoordonnateurComité des enseignantes etenseignants de philosophie

Les semaines qui ont suivi cetteréflexion ont été teintées d’in-

quiétude. En effet, les enseignanteset les enseignants de philosophieont appris, coup sur coup, la tenued’un forum sur les cégeps au prin-temps 2004 et la volonté avouée dela Fédération des commissions sco-laires du Québec de proposer auministre de l’Éducation, rien demoins que l’abolition des cégeps.Dans ce contexte, la réflexion surl’avenir de la philosophie devientindissociable d’une réflexion surl’avenir des cégeps et plus particu-lièrement de ce qui en constitue lecœur : la formation générale. Nousdéfendrons à l’occasion de ce forumla formation générale de qualitéque nous dispensons dans lescollèges depuis trente-cinq ans.Mais défendre l’importance de laformation générale ne signifie pasdéfendre le statu quo. Pour qu’elledemeure signifiante pour les étu-diantes et les étudiants, cette forma-tion doit leur permettre d’inter-préter efficacement le monde danslequel ils seront appelés à évoluer. Àl’occasion de ce forum, les ensei-gnantes et les enseignants de philo-

sophie engageront une réflexioncritique et constructive sur les fina-lités de l’enseignement de la philo-sophie et de la formation généraledans nos collèges.

Un regain d’intérêtpour la philosophie

Il y a certainement depuis unedizaine d’années, un regain d’in-térêt pour la philosophie. Desforums de discussions comme lescafés philosophiques sont inspiréspar une quête de sens populaireindéniable1. Les questions citoyen-nes (enjeux éthiques, politiques etphilosophiques) impliquées dans le

développement rapide des scienceset des techniques dans notre mondemoderne ont été au cœur de cespréoccupations populaires.

Cet intérêt témoigne de cette quêtedu sens palpable quotidiennementdans les sociétés industrialisées.Souvent incapables de concilier exi-gences professionnelles, vie citoyen-ne et vie familiale, de plus en plusde personnes sont en quête d’unsens plus intégrateur à leur vie. Ilsrefusent ainsi la spécialisation et lemorcellement auquel les exigencesde l’économie cherchent souvent àles confiner. La philosophie dans lescollèges doit prendre acte de ces

Journée internationalede la philosophie

Le 21 novembre 2003, Journée internationale de la philosophie, les enseignanteset les enseignants de philosophie ont célébré sous l’égide de l’UNESCO, 35 ansd’enseignement public de cette discipline dans les cégeps du Québec. La rencontren’était pas que festive. Elle se voulait aussi une réflexion en profondeur surles perspectives d’avenir de cette discipline au collégial. Pour mener à bien cetteréflexion prospective, le Comité des enseignantes et enseignants de philosophieavait convié à cette journée ses différents partenaires : des étudiantes et des étu-diants en philosophie au collégial, des stagiaires, de futurs enseignants etenseignantes dans nos collèges, des professeurs de philosophie des universitésquébécoises, etc.

Photo : Christian Blais

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préoccupations populaires. L’ensei-gnement qui s’y donne doit per-mettre aux milliers de jeunes duQuébec d’entrer dans une réflexionpertinente sur ce monde qu’ils sontappelés à construire.

La réflexion philosophiquesur les sciences et latechnologie n’a jamais étéaussi indispensable

Le rapport Parent souhaitait que laphilosophie enseignée dans lescégeps se rapproche des sciencesplus qu’elle ne l’avait fait par lepassé. Un cours de philosophie acontribué à développer une telleréflexion sur les sciences pendantles 25 premières années des collè-ges. Au début des années quatre-vingt-dix, les mesures de renouveauont proposé un nouveau découpagede la formation générale et de laphilosophie qui réduisait sensible-ment la place de la réflexion philo-sophique sur les sciences. Les élèvesont été ainsi privés d’un lieu pri-vilégié de réflexion sur les sciences etla technologie modernes. Ils n’ontpas pour autant délaissé ces ques-tions. Les cours actuels de philo-sophie permettent, entre autresdans le premier cours, une certaineréflexion sur la science à travers uneréflexion sur les modes de connais-sance, mais c’est dans le troisièmecours de philosophie qui aborde ladimension éthique et politique dela philosophie, que l’on peut espér-er faire progresser davantage la con-science chez les élèves de l’impor-tance de développer un jugementéclairé sur ces questions. Le philo-sophe Francis Fukuyama affirmaitdans son dernier livre La fin del’homme 2 que c’est notre concep-tion fondamentale de l’être humainqui risque d’être progressivementdénaturée si nous cessons de poser àla science et à la technologie desquestions de sens indissociables des

valeurs fondamentales de nos so-ciétés humaines contemporaines.

La quête du senset l’instrumentalisationdes savoirs

Il n’y a plus beaucoup d’espacepublic pour l’apprentissage d’unepensée libre dans nos sociétés mo-dernes qui ont, en grande partie,instrumentalisé les savoirs. Cetidéal d’une recherche désintéresséede la vérité que nous proposent lesmodèles du passé (le doute métho-dique de Descartes, la professiond’ignorance de Socrate, etc.) doit

être préservée. Il faut pour cela fa-voriser l’émergence de lieux dansnos systèmes d’éducation où unepensée libre puisse s’affirmer. Cettepensée créatrice, qui n’accepte com-me contrainte que les exigences dela raison, ne se développe pas spon-tanément. Un enseignement doitsoutenir cette initiation : la philoso-phie nous semble tout indiquéepour jouer ce rôle dans notresociété. À cet effet, il faudrait songerà élargir cet espace de liberté aux

études primaires et secondaires3. Iln’y pas de raison de limiter l’en-seignement d’une pensée ration-nelle et libre au niveau des étudescollégiales.

Cet espace de liberté de pensée dansune institution où les savoirs sontfortement instrumentalisés, appa-raît comme une condition néces-saire à toute quête du sens. Donnerun sens au monde que nous habi-tons est un acte de liberté propre-ment philosophique. Les sciences etla technologie, indispensables parailleurs, ne sont pas en mesure denous fournir cet espace parce qu’ilssont déterminés par leurs objets d’é-tude. La philosophie et la littératurepeuvent et doivent jouer ce rôleauprès des jeunes des futures géné-rations. À ce titre, si la réflexion surles sciences milite en faveur d’unrapprochement avec les sciences etla technique, la quête du sens d’unesprit libre devrait supposer au col-légial un rapprochement sensibleentre littérature et philosophie.

Après plus de trente-cinq ans d’ensei-gnement public de la philosophie,l’enseignement de cette disciplinedans les collèges en est à un pointtournant. En effet, les enseignanteset les enseignants qui ont contribuéà développer cet enseignementpublic vont quitter massivement lescollèges dans les prochaines années.Une nouvelle génération de pro-fesseurs de philosophie s’apprêtedonc à prendre la relève. Ils serontappelés à construire avec les élèvesdes prochaines générations, cettepensée libre si nécessaire à la viecitoyenne. L’élitisme, qui a pu carac-tériser l’enseignement de la philoso-phie pendant une partie de son his-toire, n’aura pas sa place dans ledéveloppement d’un tel espace deliberté. �

1 Les cafés philosophiques sont des lieux de rencontres populaires se tenant généralement dans les cafés et les bars. Ces rencontres, contrairementà la forme plus institutionnelle de l’enseignement de la philosophie, sont spontanées et libres.

2 Francis Fukuyama La fin de l’homme Les conséquences de la révolution biotechnique, Éditions de la Table Ronde, Paris. 2002.

3 La CSDM a entrepris de donner dans cinq écoles secondaires un cours de préparation à la philosophie dès le secondaire 5. La philosophie est perçuepar la CSDM comme une discipline permettant de combler le vide laissé par la fin de l’enseignement religieux dans les écoles du Québec.

Photo : Christian Blais

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François CyrVice-président

Les faits saillantsSur le plan politique, les tutrices et tu-teurs, à l’instar de leurs collègues char-gés de cours, ont obtenu droit de cité etde parole aux instances académiques deTÉLUQ. D’autre part, on note des gainsimportants au chapitre des libérationssyndicales : les sommes allouées serontdécuplées.

Au niveau des avantages sociaux à inci-dence monétaire, les tutrices et tuteursréussissent un important rattrapageavec les dispositifs régissant la plupartdes salariés syndiqués du secteur publicet parapublic, plus particulièrement auchapitre du régime de retraite et descongés de maternité.

De plus, les tutrices et tuteurs pourrontbénéficier d’un budget bonifié afin dedéployer des projets de leur cru pourintégrer davantage leur pratique profes-sionnelle à la réalité institutionnelle.

23% d’augmentationsalariale !C’est au chapitre de la rémunérationque les gains sont les plus spectacu-laires tant au chapitre du montantqu’au niveau de la structure de rému-nération. Tournant définitivement ledos à l’ancien modèle, la nouvelle for-mule de rémunération consiste à verserà la tutrice et au tuteur le plein mon-

tant prévu pour une assignation et ce,que l’étudiante et l’étudiant remette oupas ses travaux notés.

Par ailleurs, de par la nature même deleur travail effectué à domicile, lestutrices et tuteurs revendiquent la misesur pied d’une véritable politique deremboursement ou de compensationpour l’usage de leur ordinateur, les fraisd’abonnement à Internet, etc.

Il faut signaler des gains importants àce chapitre. Par exemple, l’employeurremboursera le coût mensuel d’unedeuxième ligne téléphonique ainsi quele coût mensuel de l’abonnement à unservice Internet partiellement ou com-plètement.

Comme on le voit, les tutrices et tuteursen signant leur courte convention col-lective (2 ans) ont raison de se réjouird’autant plus que plusieurs d’entre euxtoucheront une somme rondelette encompensation du sur-travail passé.

C’est donc la tête haute qu’elles etqu’ils participent de plein droit auxgrandes discussions visant l’intégrationde TÉLUQ à l’UQAM. Nul doute quedevant l’importance de la croissanceanticipée de l’enseignement à distance,on entendra parler encore des tutriceset tuteurs et de leur convention collec-tive qui servira de modèle, de pôle deréférence pour ce type de travail.

Lors de l’assemblée générale tenuesimultanément à Montréal et Québec,Sylvie Pelletier, la présidente du syndi-cat, a insisté : la victoire des tutrices ettuteurs est aussi attribuable au fruit de lasolidarité agissante des autres syndicatsde la FNEEQ qui ont répondu présentsnotamment en fournissant un importantsoutien financier.

Sylvie Pelletier a raison : il y a un peude nous tous dans cette victoire syndi-cale, petit rayon de soleil en ces tempstroubles. �

Une importantevictoire syndicale

C’est dans l’enthousiasme et avec une très large majorité que l’assemblée générale deTÉLUQ a accepté l’entente de principe négociée avec l’institution. Il s’agit d’une premièreconvention FNEEQ pour ces 140 personnes salariées bien décidées à faire reconnaître lecaractère professionnel de leur contribution et mettre fin à un régime d’emploi caractérisépar le mépris et l’exclusion notamment par la perdurance d’une pratique de rémunération àla pièce. Mettant à profit des changements positifs intervenus à la direction de l’institutionet fort d’un vote de grève à89%, le syndicat des tutriceset tuteurs a réussi une vérita-ble refonte de sa conventioncollective.

E N T E N T E À T É L U Q

Photo : Yves Robitaille

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CaRNets, février 2004 13

IVe Conférence surl’enseignement supérieur

de l’Internationalede l’éducation

C’est avec 65 délégué-es,

en provenance de 20 pays,

que j’ai participé à cette

conférence de l’Internationale

de l’éducation (IÉ) consacrée

à l’enseignement supérieur

qui s’est déroulée à Dakar

au Sénégal les 30 octobre

et 1er novembre 2003.

Pour l’IÉ, il s’agissait

de la quatrième conférence

de ce type, la précédente

ayant d’ailleurs eu lieu

à Montréal en mars 2002,

alors que la FNEEQ

était l’une des

organisations hôtes.

Caroline SennevilleVice-présidente

Depuis son adhésion à l’IÉ et con-formément à nos axes straté-

giques en action internationale, laFNEEQ participe aux activités decette organisation internationaleayant des affiliés dans plus de 130pays, en mettant l’accent sur l’en-seignement supérieur, car il s’agit dusecteur où œuvre la grande majoritéde nos membres.

En tenant cette conférence à Dakar,capitale du Sénégal, l’IÉ et ses affiliéesdésiraient susciter une plus grandeparticipation des délégué-es en pro-venance de pays en développement.Cet objectif a été en partie atteintavec la participation de 5 pays afri-cains (le Sénégal, bien sûr, mais aussila Côte-d’Ivoire, l’Ouganda, la Guinéeet l’Afrique du Sud) ainsi que desdélégations de l’Inde et des Îles Fidji.

La situation de l’enseigne-ment supérieur en Afrique

Presque toutes les délégations afri-caines ont pu faire des présentationssur la situation de l’enseignementsupérieur dans leur pays respectif. Leportrait qu’ils ont dressé est loind’être rose. L’Afrique du Sud étantun cas à part dont nous reparleronsplus tard, voici ce que les autres paysafricains avaient à nous décrire.

Après l’accession à l’indépendance,ce qui advint dans les annéessoixante pour une majorité de pays,et face à une sous-scolarisation del’ensemble des populations, la prio-rité des gouvernements a été àl’éducation. Une part importantedes budgets nationaux y était consa-crée et le nombre d’enfants fréquen-tant l’école a connu des bonds pro-digieux. Et même si l’enseignement

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supérieur était vu comme moinsprioritaire que l’enseignement debase, des collèges techniques et uni-versités furent agrandis ou fondés etun système de bourses d’État mis surpied afin de faciliter l’accès aux étu-des post-secondaires.

Tout cela a connu une grande muta-tion dans les années 1990 avec l’ap-plication de Programmes d’ajuste-ment structurel (PAS) imposés par laBanque mondiale (BM). Cette der-nière exige alors une réduction desdépenses gouvernementales, surtouten ce qui a trait aux transferts so-ciaux, en échange de prêts. Avec

comme résultats une baisse des salai-res des enseignants de 50%, l’em-bauche de personnel sans qualifica-tions dans les écoles, la fin des sys-tèmes de bourses, la privatisationd’institutions nationales, une recher-che universitaire anémique et plussouvent qu’autrement à visée com-merciale. Le rattrapage amorcé sevoit freiné: actuellement, il n’y a que5 étudiants aux études supérieurespar tranche de 1000 habitants enAfrique, comparativement à 25 enEurope, et à 50 aux États-Unis. Il estcertain qu’en l’absence de bourses etavec des frais d’inscriptions élevésdans les institutions privées, seulel’élite a accès aux études supérieures,y compris l’enseignement technique.

Un autre problème important pources pays est la fuite des cerveaux. Lademande salariale des professeursd’université du Sénégal pour laprochaine négociation est de 1 mil-lion de francs CFA1. Avant que vousne les croyez millionnaires, laissez-moi préciser qu’il s’agit là d’unsalaire annuel de 2500 dollars ! Ima-ginez alors à quel point des profes-seurs peuvent être attirés par unemploi dans un autre pays. De plus,étant donné le peu d’infrastructureséducatives en enseignement supé-rieur et l’absence de perspectivesd’emploi dignes de leurs qualifica-tions, nombreux sont les étudiantsqui quittent leur pays d’origine pourne plus y revenir. Les échanges entrepays doivent alors être réglementéset se faire sur des bases équilibrées,dans des cadres juridiques sur les-quels nous devrions agir.

Le cas de l’Afrique du Sud

Le délégué sud-africain nous a can-didement avoué que son voyage àDakar pour assister à la conférenceconstituait son premier voyage enAfrique ! Beaucoup plus riche queles pays de l’Afrique sub-saharien-ne, l’Afrique du Sud a quand mêmeson lot de difficultés dans sa démo-cratisation d’un système d’ensei-gnement qui porte encore les tracesdu régime de l’apartheid.

Sous ce régime politique inique,chaque communauté raciale et lin-guistique avait ses propres institu-tions d’enseignement. Ainsi, il yavait des collèges et des universitéspour les Blancs, en anglais et enafrikaans ; pour les Noirs en anglaisou en zoulou ; ou encore pour lesIndiens en anglais ou en hindi.Depuis la fin du régime de l’apar-theid en 1994, les efforts de démo-cratisation, d’intégration et de plusgrande accessibilité ont connu unsuccès partiel. Les taux de réussitesont encore marqués par une divi-sion raciale et une culture de com-pétition entre les institutions d’en-seignement se fait au détriment des

anciens collèges noirs qui se videntde leurs meilleurs éléments au détri-ment de collèges mieux cotés.

Enseignement supérieuret mondialisation

L’affrontement entre les pays indus-trialisés et les pays en développe-ment lors de la conférence minis-térielle de l’OMC à Cancun, et qui arésulté en un échec des pourparlers,ne signifie qu’une pause dans le pro-cessus de mondialisation. En effet,l’émergence grandissante de négo-ciations bilatérales ou de type régio-nales, comme la ZLÉA, posent ànotre avis un danger encore plusgrand. Le développement potentield’un marché global anarchique nelaisse rien présager de bon. C’estpourquoi cette IVe conférence a tenuà réitérer que l’éducation, y comprisl’enseignement supérieur, ne sauraitêtre l’objet de discussion commer-ciale comme si elle n’était qu’unemarchandise ou un service commeles autres. À cet effet, l’IE recomman-de à ses affiliés de travailler en coali-tion avec elle, ses autres organisa-tions membres et des ONG afin derencontrer les négociateurs natio-naux pour leur faire connaître notrepoint de vue.

La prochaine rencontre ministériellede l’OMC devant se dérouler à HongKong en 2005, les délégués ontsouhaité voir la Ve conférence surl’enseignement supérieur se tenirelle aussi en Asie, et à un momentpermettant de mieux nous concerterpour organiser notre réplique.

En attendant, nous aurons l’occa-sion de nous revoir lors du caucusdes délégués de l’enseignement su-périeur à la veille du prochain con-grès de l’IÉ, en juillet prochain àPorto Alegre au Brésil. �

1 Communauté financière africaine, regrou-pant grosso modo les anciennes coloniesfrançaises de la côte de l’Afrique de l’Ouest

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En février 2004 se tient un débat public important. La Commissionparlementaire de l’éducation reçoit les mémoires des groupes intéressésà l’avenir de nos universités. Sous les aspects de la qualité de la formation,de l’accessibilité et du financement, le gouvernement Charest veut faire

son lit sur le destin de nos grandes écoles universitaires.

Une côte à remonterpour un investissement public

dans la formation

Laval RiouxComité école et société

La FNEEQ y défendra ses positionssur la démocratisation de l’accès àune formation universitaire dequalité pour toutes les citoyenneset tous les citoyens qui en ont lescapacités et la volonté. Commedans les autres secteurs de l’éduca-tion, mais moins que d’autres,celui de la formation universitairea subi les effets d’un désinvestisse-ment depuis dix ans. La part dufinancement public a décru : ilétait de 82% en 1980, mais il esttombé à 73% en 2003. La FNEEQdemande qu’on inverse cette ten-dance afin de rétablir un plus large

financement de l’État, tout envisant à l’horizon la gratuité. Doncpas de dégel des frais de scolarité ;il faut envisager la plus forte acces-sibilité, ce qui suppose le moins decontraintes financières possiblespour les étudiantes et les étudiants,jeunes ou adultes.

Une autre tendance se manifestedepuis six ans : la hausse continuedes inscriptions au premier cycleuniversitaire qui s’accompagned’une hausse de persévérance auxétudes. La demande sociale pourune formation universitaire est évi-dente. Elle n’est pas due aux cohor-tes cégépiennes uniquement, maisaussi à des besoins de formationcontinue et de qualification profes-sionnelle chez une part grandis-sante de la population québécoise.

Les enjeux sont importants pour ledéveloppement de la collectivité etpour celui des personnes de toutâge. Notons que la démocratisationde l’accès aux études a fait de réelsprogrès, même si le rattrapage desannées 1980 n’est certes pas termi-né. Ce sont aujourd’hui les femmesqui comptent pour près de 60%des inscriptions au premier cycle etleur présence est aussi prépondé-rante à l’éducation des adultes.

La FNEEQ considère l’Université etla formation qu’elle dispensecomme un bien collectif qui faitpartie du patrimoine, comme unbien public qui doit rester sous laresponsabilité de l’État. Il n’est pasquestion d’y amener les entrepri-ses et le secteur privé à une pluslarge contribution directe, en ter-

F I N A N C E M E N T U N I V E R S I TA I R E

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mes de donation et de partenariat,car cela nourrit le désengagementdu gouvernement et porte unrisque sur l’autonomie des univer-sités, en plus d’exaspérer la con-currence entre les établissements.

La FNEEQ veut un financementpublic élargi et une reddition decompte de la part des administra-tions universitaires. Elle prôneaussi la mise en place d’un vérita-ble réseau universitaire qui neserait pas érigé sur une hiérarchisa-tion des établissements, comme latendance nouvelle le voudrait.Tous les établissements doiventprotéger un patrimoine académi-que de base garantissant une for-mation de qualité dans les princi-paux secteurs de la connaissance.La part accrue de la recherche etdu financement de celle-ci par legouvernement canadien pousse àcette différentiation entre établis-sements. On observe que la missionde formation prend moins d’im-portance dans la tâche annuelle desprofesseurs.

La FNEEQ se porte à la défense desuniversités en régions, celles issuesde la création du réseau de l’Uni-versité du Québec qui est un ré-seau public. Les établissements enrégion ont une fonction de déve-loppement social et économiquetrès appréciée des populations lo-cales ; des mesures de financementdoivent en garantir le développe-ment et non pas une simple surviesans croissance en vue. La FNEEQdemande qu’on renforce l’arrim-age entre les deux composantes del’enseignement supérieur, les cé-geps et les universités ; elle s’estprononcée sur le maintien du ré-seau collégial, sur les expériencesde DEC-BAC, sur la coopérationdans la conciliation des program-mes de formation entre établisse-ments de l’enseignement supérieur.

Le modèle ontarien n’est paschose désirable pour la sociétéquébécoise, pour le maintien deson identité culturelle.

Enfin, la FNEEQ prend la défen-se des syndicats de chargé-es decours qui ont permis l’atteintedes progrès en démocratisationde l’enseignement partout surle territoire. Certains tentent dedénigrer leurs compétences et lerôle qu’ils ont dans la forma-tion universitaire, prétendantque l’embauche massive de nou-veaux professeurs de carrière estla seule garantie de la qualité dela formation. Les chargé-es decours ont un rôle complémentairedans la formation; de plus leur pré-sence permet aux professeurs d’in-vestir plus de temps dans la recher-che et la gestion des établisse-ments, tout comme leur contribu-

tion à la collectivité régionale. Dansla plupart des universités, la for-mation des adultes, le soir ou enfin de semaine, est assurée depuislongtemps par des chargé-es decours à la grande satisfaction des

étudiantes et des étu-diants. Nous sommesconvaincus que leschargé-es de courssont là pour rester,qu’il faut les inté-grer davantage etsurtout reconnaîtreleur indispensablecontribution. �

__________________Consultezle mémoiresur le sitede la Fédérationwww.fneeq.qc.ca

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Depuis le 1er avril 2001, la Loi sur l’accès à l’égalité dans des organismes publics etmodifiant la Charte des droits et libertés de la personne oblige tous les organismes publicsde plus de 100 employé-es à revoir leurs pratiques en matière d’accès à l’égalité. Donc,à l’instar de 700 autres organismes publics dans les réseaux de l’éducation, de la santé etdes services sociaux et dans le secteur municipal, les cégeps ont entamé les démarches

nécessaires afin de revoir leurs pratiques en matière d’accès à l’égalité.

Dominique DaigneaultComité femmes

La lutte à la discrimination faitpartie des actions syndicales

depuis belle lurette. En plus d’ap-pliquer elle-même des programmesd’accès à l’égalité pour les femmeset les communautés culturelles,historiquement, la CSN s’est pro-noncée à de nombreuses occasionsen faveur de mesures d’accès àl’égalité, notamment en déposantun mémoire à la Commission surla culture de l’Assemblée nationaledans le cadre des travaux de con-sultation sur la Loi 143 sur l’accès àl’égalité. Depuis plusieurs années,la discrimination fait aussi l’objetd’une clause dans toutes les con-ventions collectives du secteur public(art. 2-3.00 dans les conventions descégeps) et elle est de plus en plusdénoncée dans les milieux de travail.Du côté de la FNEEQ, rappelons queplusieurs cégeps se sont dotés deProgrammes d’accès à l’égalité (PAÉ)sur une base volontaire il y a de celaquelques années. Toutefois, les PAÉdéveloppés dans les cégeps visaienttous l’accès à l’égalité pour les fem-mes ; aucun ne visait les trois autresgroupes ciblés dorénavant par la Loi,soit les autochtones, les minorités visi-bles et les personnes dont la languematernelle n’est ni le français ni l’an-glais et qui font partie d’un groupeautre que celui des autochtones et desminorités visibles (art. 1.)

La discrimination systémique :une forme de discrimination quiperdureAvec le temps, si ces actions ont fait ensorte que les manifestations de dis-

crimination directe et intentionnelletendent à s’estomper dans nos éta-blissements, la discrimination systé-mique elle, perdure. Elle n’est ni expli-cite, ni même consciente. Elle peutmême résulter de systèmes de valeursou de modes de gestion qui, à pre-mière vue, semblent traiter tout lemonde de la même façon, mais quidans les faits, ont comme conséquen-ce d’exclure ou de désavantager cer-tains groupes sociaux comme les mi-norités visibles par exemple.

Donc, bien que la discrimination sys-témique s’exprime de façon plus insi-dieuse que la discrimination directe etintentionnelle, elle est tout aussi pré-judiciable pour les personnes qui lasubissent notamment en entravantleur libre accès au marché du travail.La distribution préférentielle dans lemarché du travail de la populationselon le sexe et l’origine ethniquedécoule d’un jeu complexe de fron-

tières internes qui continuent deprévaloir. Le maintien de ces fron-tières repose notamment sur lesrapports de collaboration et de soli-darité développés au fil du tempspar les membres du groupe majori-taire en fonction de leurs proprescaractéristiques – sentiment dereconnaissance entre les gens issusdu groupe majoritaire, partage decodes symboliques, réseautage – etrend difficile l’accès à d’autresgroupes minoritaires exclus de parleur sexe ou leur origine ethnique.Des recherches sur l’impact duracisme quant à l’accès à l’emploipour les nouveaux arrivants et lesnouvelles arrivantes ont identifiéde nombreux obstacles qui pour-raient intervenir dans le processus

d’embauche. Certains de ces obstaclespeuvent entraver l’embauche de cespersonnes comme enseignantes ouenseignants: méconnaissance des pro-cessus d’embauche, problèmes dereconnaissance des acquis, entrevuesmal adaptées, préjugés quant à l’ori-gine ethnique…

La Loi sur l’accès à l’égalité : desobjectifs à atteindre, des moyensà mettre en placeLa Loi sur l’accès à l’égalité vise àaccroître la présence des groupes viséslà où la Commission des droits de lapersonne et de la jeunesse a identifiéune sous-représentation.

Les cégeps ont réalisé les premièresétapes du processus prévu à la Loi. Lapremière de ces étapes fut l’analysedes effectifs. Chaque établissementdevait recenser les personnes faisantpartie des groupes ciblés pour chaquetype d’emploi. Cette analyse des

L O I S U R L ’ A C C È S À L ’ É G A L I T É

le travail se poursuit

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18 CaRNets, février 2004

effectifs devait ensuite être envoyée àla Commission qui déterminait s’il yavait effectivement sous-représenta-tion pour chacun des groupes visés.Pour ce faire, la Commission a con-fronté les données obtenues à uneanalyse de disponibilité. La Commis-sion juge qu’il y a sous-représenta-tion lorsque le taux de personnes desgroupes ciblés dans l’analyse d’effec-tifs est en deçà du taux identifié dansl’analyse de disponibilité. L’analysede disponibilité représente en effet,les taux pour chacun des groupesciblés des personnes ayant les com-pétences et exigences requises pouroccuper un poste donné dans unezone identifiée.

Par la suite, si la Commission estimeque la représentation des groupesvisés dans les emplois de l’organismeétait non conforme à leur disponi-bilité dans la zone de recrutementapplicable, elle fait parvenir un avisindiquant qu’il y a obligationd’établir un PAÉ conformément àl’article 9 de la loi. Le PAÉ doitcomprendre notamment les ob-jectifs quantitatifs visés pour lespersonnes faisant partie de cha-que groupe visé, par type ou re-groupement de types d’emplois,une analyse du système d’emploiainsi qu’une série de mesures vi-sant l’atteinte des objectifs quan-titatifs.

Si l’analyse du système d’emploipermet d’établir des constats dediscrimination potentielle, ceux-ci devront être pris en considéra-tion lors de l’élaboration du PAÉ.

Les mesures de redressement sonttemporaires. En effet, les moyens àmettre de l’avant pour augmenter lareprésentation des membres des grou-pes ciblés sont justifiés jusqu’à ce queles objectifs quantitatifs pour éliminerla sous-représentation soient atteints.Il est important de mentionner que,l’obligation d’accommodement nedoit pas entraîner de contrainte exces-sive, notamment en ce qui concerneles droits des autres travailleuses ettravailleurs.

Différents types de mesures

Plusieurs mesures peuvent être appli-quées. Tout d’abord, lors des processusde sélection on peut procéder à uneembauche préférentielle si les gens quiont posé leur candidature sont decompétence équivalente. Cette façonde procéder exige d’utiliser une mé-thode d’évaluation des candidatures laplus objective et la plus précise possi-ble. Certains critères peuvent s’avérerplus complexes à évaluer, notammentceux qui comportent une grande partde subjectivité comme le dynamismeou le leadership. Il faut viser l’élimina-tion des biais introduits par cette partde subjectivité. À ce sujet, la Commis-sion des droits de la personne et de lajeunesse suggère d’appliquer une mé-thode de sélection qui utilise un classe-ment par niveau de résultats (99% à95%; 94% à 90%; 89% à 85%; etc.)plutôt que d’octroyer automatique-ment le poste à la personne qui a lepointage le plus élevé.

D’autres mesures peuvent être utiliséespour faciliter la recherche de candida-tures. Par exemple, pour contrer l’effetde réseautage, le bouche à oreille outout autre procédé qui peut introduireun biais quant à l’accès au processusde sélection, on peut diversifier lesmoyens de recrutement afin d’attirerles meilleures candidatures possiblesdans tous les milieux, par exemple enciblant des organismes communau-taires, des centres d’emploi, des asso-

ciations professionnelles et ainsi re-joindre davantage de personnes issuesdes groupes visés. Un autre élémentessentiel est de bien former et sensi-biliser les personnes qui prendrontpart au processus de sélection.

Même lorsque les personnes issues degroupes discriminés réussissent à êtreembauchées, il arrive que leur intégra-tion au milieu de travail ne se fasse passans heurts. Dans le cadre de leursfonctions, elles pourront être confron-tées à diverses manifestations de dis-crimination leur causant préjudice.C’est le cas par exemple du harcèle-ment sexuel et sexiste visant les fem-mes ou du harcèlement racial dans lecas des minorités visibles ou de certai-nes minorités ethniques.

C’est pourquoi les mesures d’accès àl’égalité développées dans les diversmilieux de travail ne doivent pas ci-bler uniquement la sélection et l’em-

bauche, mais aussi inclure des ac-tions visant à créer un environne-ment de travail accueillant pourchaque personne, quel que soit sonsexe, son origine et la couleur de sapeau et ainsi, assurer le maintienen emploi des personnes embau-chées. Par exemple, en instaurantune politique contre le harcèle-ment et la violence au travail, desmesures facilitant la conciliationtravail-famille, une politique d’ac-cueil et d’intégration pour le nou-veau personnel, un programmed’accueil pour bien les intégrer àleurs fonctions et à la vie départe-mentale, etc. À nous de déployernotre créativité afin de trouver lesmoyens qui conviennent le mieuxà notre environnement et à notreculture de travail. On peut aussi

s’inspirer des nombreux exemples quifigurent dans la documentation four-nie par la Commission.

Un dernier mot au sujet des mesures àmettre de l’avant. Dans son Guided’élaboration d’accès à l’égalité en em-ploi, la Commission mentionne que«Lorsque les mouvements de person-nel sont régis par une règle où l’an-cienneté prévaut et que les objectifsquantitatifs poursuivis ne peuvent être

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atteints dans un délai raisonnable, ilserait pertinent d’envisager, de concertavec le syndicat, une mesure pour re-médier à la situation.» (2003, p.13) Àce sujet, rappelons que la Loi sur l’ac-cès à l’égalité est claire sur ce que l’onne peut pas faire sur cette question.En effet, l’article 14 (5) stipule que :«14. Un programme ne peut obligerun organisme: (…) 5) à exclure l’an-cienneté comme critère d’embauche,de promotion, de licenciement, demise à pied, de rappel au travail ou deredéploiement des effectifs.»

Donc, s’il est impératif de mettre enplace des moyens afin de faciliter lesobjectifs à atteindre en matière d’éga-lité en emploi, on ne peut obliger lessyndicats et les employeurs à remettreen question les règles d’ancienneté.

Un facteur de réussite :la participation activedes instances syndicales!

L’introduction de PAÉ dans les milieuxde travail ne se fait pas toujours sansheurts. C’est pourquoi il est indis-pensable de bien informer et de sensi-biliser les gens en place sur les politi-ques, les objectifs visés et les mesures àappliquer. La lutte à la discrimina-tion a toujours été au cœur de nosactions syndicales. L’élaboration,l’adoption et l’introduction de tellesmesures doivent se faire avec la parti-cipation active de toutes les instances,y compris bien sûr des instances syn-dicales. Plusieurs défis demeurent àrelever comme la réalisation d’outilsefficaces pour atteindre nos objectifslocaux et la sensibilisation afin de

contrer les résistances qui pourraientêtre liées à leur application. Les mesu-res que nous mettrons en place sontimportantes car ce sont elles qui nouspermettront de développer et de ren-forcer de nouvelles formes de solidari-tés essentielles à la construction d’unesociété plus inclusive et plus juste. �

Pour en savoir plus:

CSN (2000) Mémoire sur le projet deloi 143 : Loi sur l’accès à l’égalité enemploi dans les organismes publics etmodifiant la Charte des droits de lapersonne, présenté à la Commission dela culture, août 2000, 23 p.

CDPDJ (2003) Guide d’élaborationd’un programme d’accès à l’égalitéen emploi. 38 p.

CDPDJ (2003) Guide pour l’analyse dusystème d’emploi, 48 p.

PUBLICATION D’UNE ÉTUDE SUR LA FORMATIONOFFERTE DANS LES PME AU QUÉBEC

À l’automne 2003, les résultats d’une étude intituléeRepenser l'offre de formation publique pour développerla formation de la main d'œuvre dans les PME duQuébec, réalisée sous la direction de Colette Bernierprofesseure au Département des relations indus-trielles de l'Université Laval, ont été publiés. Cetterecherche a été réalisée sous les auspices conjoints dela CSQ et de la CSN, un résumé substantiel a été pro-duit et plusieurs copies ont été transmises aux syndi-cats de la FNEEQ de manière à partager le plus large-ment possible les conclusions de cette étude, quis’avère d’un intérêt certain pour l’évolution de la for-mation sur mesure dans les institutions d’enseigne-ment public secondaire et collégial. En étudiant laformation sur mesure offerte par ces institutions pourles PME du Québec, l’auteure dresse un portrait com-paratif cégep-secondaire de la formation qui témoi-gne d'une appréciation nuancée de la situation del'offre publique et qui reconnaît son importance et safonction citoyenne. Elle table, de plus, sur la diversitéet l'hétérogénéité de la demande des entreprises, cequi l’amène à définir une typologie des PME enregard de la formation. L'étude réalisée par l'équipede l'Université Laval soutient que l'idée du tout aucommerce n'est peut-être pas la voie à suivre mêmeen matière de formation sur mesure aux entreprises.Elle avance des pistes « réseau» pour l’orientation dece secteur public de formation. Ronald Cameron

Au 4e forum social mondial à Mumbaï en IndeAPPEL À UNE CONFÉRENCE INTERNATIONALEÀ RAMALLAH EN OCTOBRE 2004

Ronald Cameron, secrétaire général de la FNEEQ, aparticipé au 4e Forum social mondial (FSM) qui s’estterminé le 21 janvier dernier. Plus d’un millier d’ate-liers, de conférences, de panels se sont déroulés aucours des cinq jours de la durée du forum à Mumbaien Inde. L’un des ateliers a porté sur le travail desenseignantes et des enseignants palestiniens à partird’une présentation de Rifat Sabbah de l’organismenon-gouvernemental palestinien Teacher CreativityCenter (TCC). «Cet atelier réunissait des personnes enprovenance de la Belgique, du Canada et du Québec,de la Corée du Sud, des États-Unis, de la France, de laHollande, de la Palestine, du Royaume Uni, du Sénégal,de la Syrie, de la Tunisie et de plusieurs régions del’Inde.

Au cours de ladiscussion, lesp e r s o n n e sprésentes ontadopté le pro-jet de tenirune conféren-ce à Ramallah en octobre prochain » nous dit RonaldCameron. Pour plus d’informations, consultez le‹ http://education-palestine.org ›

Page 20: Sommaire - FNEEQ · à peu de choses près au finance - ment du réseau collégial ! Enfin, c’est à partir d’une nouvelle norme inventée pour les seules fins de cette étude

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