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Paris au cœur du SDRIF mensuel des associations de protection de l’environnement Septembre 2012 n° 146 Liaison idfe Ile-de-France Environnement Sommaire Une nouvelle fois le Schéma directeur de la région Ile-de-France (SDRIF) est en débat. Approuvé en 2008, après une concertation longue et fructueuse, le Conseil d’Etat, saisi par le précédent gouvernement, a demandé au Conseil régional de revoir sa copie pour, en particulier, intégrer les conclusions du Grenelle 2. Comme précédemment, IDFE va prendre une part active à l’élaboration du nouveau texte, et, les nombreuses associations qui se sont mobilisées le 27 juin dernier pour dialoguer avec M.Alain Amédro, vice- président du Conseil régional en charge du SDRIF,sont là pour prouver notre grande implication. Une première version de nos interventions est reproduite dans le cahier central de notre revue. Mais comment parler sereinement du SDRIF sans faire rapidement un point sur les grands projets parisiens ? En effet, la capitale représente 20 % de la population francilienne et une partie importante des emplois. L’ensemble de la structure de la région – transport, approvisionnement, zones d’activités, etc. – est déterminé par rapport à Paris.Aussi, quand Paris entame un aménagement, c’est l’ensemble de la région qui est concerné. Lorsque Paris décide de construire des tours et de les localiser sur sa périphérie, ce sont les vues des communes limitrophes (Clichy,Issy-les-Moulineaux…) qui vont être impactées mais aussi les riverains qui vont subir les ombres portées. Comment repenser l’aménagement de Paris Rive Gauche sans réfléchir à l’avenir de l’avenue de France qui débouche dans un désert à Ivry ? Comment aménager les quais de Seine dans Paris quand les Hauts-de-Seine voisins élargissent leur voie rive gauche pour stimuler le trafic routier ? Comment poursuivre la monopolisation du sport de haut niveau dans la capitale (tennis, rugby, athlétisme, etc.) au détriment du sport de proximité, quand la banlieue multiplie les projets de stade : à Colombes pour le hand-ball (Yves du Manoir), à Nanterre pour le Racing- Metro (Arena), à Evry pour le grand stade de rugby. Une analyse des grands projets parisiens mérite notre attention et doit trouver des répercutions dans le texte du SDRIF en cours d’élaboration. Remi Koltirine secrétaire général adjoint d’IDFE Jan Wyers de SOS Paris Brèves Bilans de militants Elisabeth Bourguinat Paris Concertation en rade Les Halles : une rénovation sans écoute Les nouvelles tours : une fausse solution Un contre-projet pour Roland-Garros Les Batignolles : un chantier aux ambitions oubliées DOSSIER : La contribution d’IDFE au SDRIF 2013 Transports Le schéma directeur du RER A Retour vers le futur Nuisances aériennes Colloque sur le transport aérien Urbanisme Une réelle protection pour les sites classés Yvelines L’équilibre de la vallée de la Seine en danger Essonne Une commission efficace pour sauver les terres cultivables Val-d’Oise Un projet de golf à Roissy sur une zone agricole Lu et conseillé Richesse de la gastronomie régionale 2 3 4 5 6 7 8 9 13 14 15 16 17 18 19 20

Sommaire Liaison - fne-idf.fr · Franconville : pas de ... code de l’urbanisme car il permet la détérioration du ... site, ce qui a conduit la Mairie de Paris

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Paris au cœur du SDRIF

LiaisonIle-de-France Environne-

mensuel

des associations

de protection

de l’environnement

Septembre 2012 n° 146

Liaison idfe

Ile-de-France Environnement

Sommaire

Une nouvelle fois le Schéma directeur de la région Ile-de-France (SDRIF) est en débat.Approuvé en 2008, après une concertation longue et fructueuse, le Conseil d’Etat, saisi parle précédent gouvernement, a demandé au Conseil régional de revoir sa copie pour, enparticulier, intégrer les conclusions du Grenelle 2. Comme précédemment, IDFE vaprendre une part active à l’élaboration du nouveau texte, et, les nombreuses associationsqui se sont mobilisées le 27 juin dernier pour dialoguer avec M.Alain Amédro, vice-président du Conseil régional en charge du SDRIF, sont là pour prouver notre grandeimplication. Une première version de nos interventions est reproduite dans le cahiercentral de notre revue.

Mais comment parler sereinement du SDRIF sans faire rapidement un point sur les grandsprojets parisiens ? En effet, la capitale représente 20 % de la population francilienne et unepartie importante des emplois. L’ensemble de la structure de la région – transport,approvisionnement, zones d’activités, etc. – est déterminé par rapport à Paris.Aussi, quandParis entame un aménagement, c’est l’ensemble de la région qui est concerné. LorsqueParis décide de construire des tours et de les localiser sur sa périphérie, ce sont les vuesdes communes limitrophes (Clichy, Issy-les-Moulineaux…) qui vont être impactées maisaussi les riverains qui vont subir les ombres portées. Comment repenser l’aménagementde Paris Rive Gauche sans réfléchir à l’avenir de l’avenue de France qui débouche dans undésert à Ivry ? Comment aménager les quais de Seine dans Paris quand les Hauts-de-Seinevoisins élargissent leur voie rive gauche pour stimuler le trafic routier ? Commentpoursuivre la monopolisation du sport de haut niveau dans la capitale (tennis, rugby,athlétisme, etc.) au détriment du sport de proximité, quand la banlieue multiplie les projetsde stade : à Colombes pour le hand-ball (Yves du Manoir), à Nanterre pour le Racing-Metro (Arena), à Evry pour le grand stade de rugby. Une analyse des grands projetsparisiens mérite notre attention et doit trouver des répercutions dans le texte du SDRIFen cours d’élaboration.

Remi Koltirinesecrétaire général adjoint d’IDFE

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BrèvesBilans de militantsElisabeth Bourguinat

ParisConcertation en radeLes Halles : une rénovationsans écouteLes nouvelles tours : une faussesolutionUn contre-projet pourRoland-GarrosLes Batignolles : un chantieraux ambitions oubliées

DOSSIER :La contribution d’IDFEau SDRIF 2013

TransportsLe schéma directeur du RER A

Retour vers le futurNuisances aériennesColloque sur le transport aérien

UrbanismeUne réelle protectionpour les sites classés

YvelinesL’équilibre de la valléede la Seine en danger

EssonneUne commission efficace poursauver les terres cultivables

Val-d’OiseUn projet de golf à Roissysur une zone agricole

Lu et conseilléRichesse de la gastronomierégionale

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Brèves

Franconville : pas decinéma dans la forêtLa Commission nationaled’aménagement commercial(CNAC) a dit non au projetde multiplexe cinématogra-phique à Franconville. Cetéquipement de douze sallesde cinéma aurait étéimplanté sur les espacesnaturels des buttes du Pari-sis. Pour Val-d’Oise Environ-nement, qui avait étéauditionné par la commis-sion, le site envisagé était un« non sens total ». L’associa-tion se déclare satisfaite de ladécision de la CNAC.

Le projet des voies sur berges parisiennes relancéAprès la décision de Jean-Marc Ayrault, Premier ministre,de lever toutes les réserves émises par François Fillon,son prédécesseur, le maire de Paris, Bertrand Delanoë,va pouvoir aménager les berges de Seine. Dès cet été,des travaux d’amélioration et d’embellissement desespaces publics seront réalisés afin de donner un nou-veau visage à la rive droite de la Seine. Ce projet se tra-duira par l'installation de feux, davantage de place pourles piétons et des animations. A partir d’octobre, c’estla rive gauche de la Seine qui fera l’objet à son tourd’aménagements sur 2,3 km, entre le musée d’Orsay etle pont de l’Alma, afin d’offrir aux Parisiens et aux tou-ristes dès le printemps 2013 de nouvelles promenades,des lieux de fête et de spectacles. Alors que de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncerl’impact de ces aménagements sur la circulation, la villede Paris ne croit pas à la paralysie, s’attendant à ce queles usagers au niveau régional changent de comporte-ment et se reportent sur les transports en commun.

Vélib’ : 5 ans déjà !Après cinq ans d'existence,le service de location devélos en libre-service lancépar la ville de Paris enre-

gistre plus de 130 millionsde trajets et 224 000abonnés annuels. En 2009,le réseau Vélib’ a étéétendu à 30 communesvoisines de Paris, et depuis2011, les formules d’abon-

nement ont été diversi-fiées pour répondre auxbesoins des usagers.D’après le concessionnaireJCDecaux, Vélib’ est désor-mais à l’équilibre, aprèscinq exercices déficitaires.La société Cyclocity, avec365 collaborateurs, déplacechaque jour plus de 3 000vélos, pour assurer unebonne répartition de l’offre.

Nouveau retardpour les ZAPA françaisesAlors que plus de 180 villeseuropéennes ont déjà mis enœuvre des mesures de res-triction de circulation pourlutter contre la pollution, lessept villes françaises candi-dates ont demandé unreport de délai et une adap-tation des critères. Issu duGrenelle de l’environnement,le dispositif des Zones d’Ac-tion Prioritaires pour l’Air(ZAPA) s’avère trop rigide etsocialement injuste, recon-naît le ministère de l’Envi-ronnement, car il pénaliseexcessivement certains pro-priétaires de véhiculesanciens. Le cadre de ce pro-jet sera donc « adapté ». LaFrance fait l'objet d'une pro-cédure de la part de l'UnionEuropéenne en raison dudépassement des seuils depollution dans plusieursagglomérations. En Ile-de-France, les collectivités can-didates à l’expérimentationdes ZAPA sont Paris etPlaine Commune (SeineSaint Denis).

Annulation du PlanLocal d’Urbanismede Montreuil L’association des Amis Natu-ralistes des Coteaux d’Avron(ANCA) et l’associationMurs à Pêches ont obtenu,avec d’autres requérants,l’annulation du PLU de Mon-treuil. Le tribunal a retenules arguments des deux asso-ciations qui estiment le pro-jet de la municipalitéconcernant les Murs àPêches non conforme aucode de l’urbanisme car ilpermet la détérioration dusite naturel et du paysage.Après ce jugement, les asso-ciations souhaitent que ledialogue soit renoué avec lamunicipalité dirigée parl’écologiste Dominique Voy-

net et ouvre à une véritableconcertation pour préser-ver de l’urbanisation les 37derniers hectares des Mursà Pêches, en créant une véri-table zone naturelle.

L’arc boisé en fêtepour livrer sessecretsDimanche 14 octobre, leConseil général du Val-de-Marne organise avec l'Officenational des forêts, l'Agencedes espaces verts de larégion Ile-de-France et lavil le de Sucy-en-Brie laseconde édition de la Fêtede l'Arc boisé, à Sucy-en-Brie. Les partenaires propo-sent au public de découvrirles richesses patrimoniales,historiques, écologiques dece vaste massif forestier de3 000 hectares, situé princi-palement sur le sud du Val-de-Marne mais aussi surl’Essonne et la Seine-et-Marne.

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Bilans de militants

C’ est l’histoire d’une spécialiste dela littérature du 18e siècle qui sebat pour rendre acceptable l’un

des plus grands chantiers de la capitale.Élisabeth Bourguinat est secrétaire d’Ac-complir depuis sa création en 1999.Cette association regroupe les militantsdu quartier des Halles. « La destructiondes pavillons Baltard avait été une erreurimpardonnable menée sans aucune concer-tation, rappelle Elisabeth Bourguinat. L’as-sociation des Champeaux avait tout demême réussi à empêcher la démolitiontotale du quartier ».Le Forum des Halles n’est pas une réus-site, ce qui a conduit la Mairie de Paris àlancer l’opération à laquelle l’associationAccomplir est aujourd’hui confrontée.Elisabeth Bourguinat n’était pas préparéeà affronter un tel dossier. Venue de Pau ily a 24 ans, elle habite un appartementpittoresque sous les toits, rue Saint-Denis. Elisabeth a ce qu’elle appelle le

« virus association » depuis toujours.Etudiante, elle participait à une chorale,animait un théâtre de marionnettes. AParis, elle rencontre des parents duquartier des Halles à la sortie desécoles où vont ses enfants.

ConvivialitéEn 1995, elle joue de l’accordéon dansune chorale de rue. Les Bachiques Bou-zouks se produisent souvent dans le jar-din des Halles où les spectateursreprennent en chœur leurs chansons.« Avec les pique-niques géants que nousorganisions, cela permettait de créer de laconvivialité dans un quartier où les 6 000habitants sont un peu perdus au milieudes 300 000 personnes qui sor tentchaque jour du RER ».Dans les discussions informelles, cha-cun parle circulation, sécurité, SDF,espace pour enfants, salle de réunion… « Pas moyen de se faire entendre de Jean-

François Legaret, le maire (UMP) du 1er

arrondissement, il fallait donc se regrouper ».Fin 2002, Accomplir découvre les inten-tions de la Mairie de Paris pour lesHalles : « Un projet d’une dimension siimportante que certains d’entre nous ontestimé que nous risquions de ne pas nousfaire entendre ». Ceux qui restent àAccomplir demandent « une vraie concer-tation » à Alain Le Garrec, président PS dela SEM Centre, en charge du réaménage-ment. Des réunions publiques sont orga-nisées sur les transports, les équipements. « Au bout de six mois, nous avions 90 pro-positions » raconte Elisabeth Bourguinat.Mais très rapidement, nous avons dûdéchanter. Le projet est devenu un chan-tier de reconstruction complète du site.Ainsi, Accomplir découvre dans les quatreprojets d’architectes que les 4,3 hectaresde jardin, où les habitants se sentent bien,deviennent constructibles. « Nous noussommes retrouvés devant une opération auxenjeux financiers considérables. Nous faisionscirculer les dossiers entre les membres del’association ».

Se regrouperDes documents importants sont adressésà Accomplir. Élisabeth Bourguinat doits’initier au droit pour les analyser. Sonactivité de militante l’occupe autant queson travail de rédactrice indépendante.Et, depuis 2006, elle est aussi présidentede l’association « Mains libres ». Celle-cia créé une bagagerie où les SDF peuventlaisser leurs affaires pendant la journée. Pour Élisabeth Bourguinat « l’engagementassociatif, c’est sortir de l’impuissance » :« Quand j’étais adolescente, j’étais révoltéepar l’état du monde et j’ai voulu changer leschoses. Aujourd’hui, je peux faire en sorteque les décisions sur le quartier des Hallessoient un peu moins absurdes. Et, dans plu-sieurs années, à la fin du chantier, nousserons là, avec Accomplir, pour faire un bilanet tirer des leçons ».

Christophe de Chenay

Élisabeth Bourguinat : de l’histoire littéraireà la bataille pour le quartier des HallesLa secrétaire de l'association Accomplir consacre la moitié de son temps à la défense des intérêtsdes habitants du centre de la capitale. La spécialiste de la littérature a dû s'initier au droit pour faireface à la complexité d'un dossier aux enjeux financiers considérables

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Paris

Les villes ignorent de plus en plus les règles de la concertationLa municipalité renonce souvent à établir un véritable dialogue avec les associations. Celles-cidénoncent la priorité donnée aux financiers dans l’élaboration des projets. Et elles regrettent lastigmatisation de plus en plus systématique de leurs propositions

a ville de Paris, comme bon nom-bre de commune d’Ile-de-France,a l’honnêteté de souvent donner

à la concertation le nom de « réuniond’information ». Ce changement séman-tique montre déjà le peu de cas qu’ellefait de cet exercice. Il suffit de se rendredans une de ces réunions pour com-prendre leur grande vanité. De plus enplus souvent, devant la critique d’un pro-jet, les élus répondent aux critiques surces projets : « Vous nous avez élu sur unprogramme, on l’applique ». Ce refus de prendre en compte le pointde vue des associations n’est pas l’apa-nage de la majorité municipale parisienneni des élus parisiens. Garches, Saint-Cloud,Boulogne, Issy-les-Moulineaux mais aussiBretigny, Gonesse etc. font comme Parispartie des communes qui renoncent àdialoguer avec leurs associations. Parexemple, à Paris, une élue UDF abondedans le sens du maire de Paris : « Notrearrondissement devient maître en re-cours déposés par des collectifs de rive-rains, d’associations en tout genre,

pourquoi ? C’est un exercice pervers. Ilatteint à l'attractivité de notre ville carl'obstruction a un coût exorbitant. Toutpouvoir déconnecté du poids écono-mique, politique et surtout démocra-tique réel, tout clientélisme électoralpour asseoir sa survie politique, toutprétexte à faire monter les peurs, devraitêtre rejeté. Nous devons refuser l'indivi-dualisme pervers ». Les associations pas-sent du rang de terroriste à celui depervers ! Les voilà habillées pourquelques mandatures, et ce, quelque soitla couleur politique.Les élus semblent privilégier les posi-tions de ceux qui tirent leur légitimité del’argent qu’ils mettent sur la table et quidoit être rentabilisé au maximum.Comme l’a écrit Guillaume Poitrinal,président d’Unibail, la société qui ex-ploite le Forum des Halles : «Paris estvictime, entre complexité administrativeet conservatisme, d’un temps trop long,et pas seulement en matière d’urba-nisme ».Or, d’après la convention d’Aarhus, rati-

fiée par la France, la concertation doitdémarrer le plus en amont possibledans l’évolution du projet. Si un dialogueétait engagé avec les associations surl’opportunité de mener un projet, plutôtque de le présenter une fois bouclé, lesassociations ne seraient pas contraintesde retarder la procédure pour se faireentendre en attaquant le seul documentadministratif opposable, le permis deconstruire. Les pauvres architectes sonttraînés dans la boue alors que ce n’estpas forcément leur projet qui estcontesté mais le programme auquel ilsn’ont fait que répondre !

Remi Koltirine,SOS Paris

Michel Riottotprésident d’IDFE

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La concertation est une étape de la démo-cratie participative lors de l’élaboration desdocuments d’urbanisme. Son rôle est demettre autour d’une même table les élus,un aménageur, l’administration et la popula-tion. Chacun a son propre objectif. Les élusn’ont qu’un seul souci trouver des voixpour les prochaines élections ; les aména-geurs ne veulent que distribuer le maxi-mum de dividendes aux actionnaires (dontils font partie) ; les administratifs n’ontqu’un seul objectif, leur progression de car-rière et pour cela il ne faut pas se faireremarquer ; la population ne souhaite queprotéger et améliorer son cadre de vie. Orles municipalités renoncent souvent à éta-blir un véritable dialogue avec les associa-tions.

Je m’abonne à Liaison (un an, 10 numéros)Nom : ………………………………..………………………………………………Adresse : ………………………………………………………...……..…………………………………………………………………………….……..………………Tél : ……………………… Courriel :Ci-joint un chèque de 25 € à Ile-de-France Environnement.

DEMANDE D’ABONNEMENT

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Paris

La rénovation des Halles se poursuiten ignorant les mises en gardeL’association Accomplir constate que la Ville n’a pris en compte presque aucune de ses réserves surla manière dont est engagé le plus grand chantier de la capitale. Des procédures sont en courspour tenter au moins de limiter la dérive financière du projet

2004, trois projets sur quatre yprévoyaient des bâtiments. Aujourd’hui, désabusée, l’asso-ciation attend la fin du projet,prévue pour 2016, pour en fairel’évaluation, non seulement à lalivraison, mais aussi deux ansplus tard. Elle souhaite ainsi pou-voir observer les nouveauxusages qui se mettront en placeet la fonctionnalité des aména-gements et constructions.Un exemple : la partie centralede la Canopée, ce grand toit quicouvrira le « cratère » duForum des Halles, devait être «légère et transparente ». L’obli-gation de laisser la moitié du toità ciel ouvert pour permettre ledésenfumage du cratère en casde sinistre a conduit les archi-tectes à le découper en 13 « ven-telles » qui se redressentau-dessus du cratère. Résultat, ilrisque de pleuvoir entre les ven-telles mais surtout, la structuremétallique s’annonce beaucoupplus lourde et opaque qu’initia-lement. L’association craint quel’espace situé au-dessous doiveêtre éclairé à l’électricité jour etnuit, alors qu’aujourd’hui c’estun puits de lumière naturelle.L’association agit désormaisdans trois domaines. Le premierest la participation au comité de

suivi du chantier, afin de faireremonter les plaintes des rive-rains liées aux nuisances desgigantesques travaux qui occu-pent tout le site (bientôt 1 000personnes y travailleront simul-tanément). L’association luttepar ailleurs contre la dérivefinancière du projet à travers unrecours contre l’avenant de 28 %accordé aux architectes de laCanopée (dont le coût total estpassé de 120 millions d’euros en2007 à 216 en 2010). Undeuxième recours vise le proto-cole financier signé par la Villepour vendre au promoteur Uni-bail le Forum et une partie del’espace public des Halles.Enfin, l’association continue àpublier la Lettre d’Accomplir, unbulletin mensuel distribué à 1 600exemplaires sur le marché duquartier et envoyé à plusieursmilliers de destinataires parcourriel : c’est le seul supportrégulier d’information indépen-dante sur le projet des Halles. Al’issue du projet, elle entendaussi tirer un bilan de la concer-tation « made in Paris », très loindes promesses de démocratieparticipative de 2001.

Association Accomplir www.accomplir.asso.fr

es premiers éléments dela Canopée, bâtimentemblématique de la réno-

vation des Halles, viennent desortir de terre. Il aura fallu dixans pour les voir apparaître :depuis l’adoption par le Conseilde Paris, fin 2002, de la délibéra-tion qui devait lancer le projet. Du côté du jardin, l’aire de jeucensée remplacer le mythiqueJardin Lalanne accumule lesretards et l’équipe en charge desa réalisation va se voir imposerdes pénalités. Sur ce qui reste de la place Cas-sin, la « Grosse Tête » attendsans impatience le nouvel amé-nagement dans lequel elledevrait trouver place, un esca-lier avec quelques gradins faceau transept de Saint-Eustache. Dans le sous-sol, le parking Ber-ger a été neutralisé pour per-mettre de préparer le chantierd’extension de la salle d’échangedu RER. Devant le Novotel, l’an-cienne trémie d’accès au parkingde l’hôtel est déjà en chantierdepuis plusieurs mois : elle doitêtre remplacée par des escala-tors qui permettront de rejoin-dre directement la garesouterraine.

Huit ans de concertationAccomplir, l’association deshabitants du quartier, est l’unedes seules à avoir survécu à uneconcertation marathon qui aduré huit ans, de 2003 à 2010. Laplupart des participants se sontdécouragés en raison de sonabsence quasi-totale d’impactsur le projet. Le seul gain incon-testable de la concertation estd’avoir obtenu la conservationd’un espace vert de 4,3 hectaresau-dessus de la dalle servant detoit au centre commercial : en

Etat du chantier finjuillet 2012, avant quela Canopée recouvre letout.

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Paris

La construction de nouvelles toursn’est pas la solution pour la capitaleLa municipalité relance de nombreux projets d’immeubles de grande hauteur dans plusieursquartiers de la ville. Avec le risque de défigurer un paysage urbain remarquable. Et sans mesurer lesproblèmes économiques et écologiques que présente ce type d’habitat

Projet « Duo » prévupour 2018 avec deuxtours de 175 et 115mètres, dans la ZACParis/Rive Gauche(13e)

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n’est pas pour y chercher unsuccédané de Manhattan ! Et eninscrivant les berges de la Seineau patrimoine mondial de l’hu-manité, l’Unesco a voulu souli-gner le caractère exceptionnel ethomogène du paysage parisien. Depuis plusieurs décennies, lapopulation parisienne a ten-dance à diminuer en raisonnotamment du coût et dumanque de logements neufs etde l’insuffisance de construc-tions nouvelles accessibles. Lesactivités artisanales et indus-trielles ainsi que le petit com-merce ont été chassés par lesbureaux. Paris se transformeprogressivement en ville-dortoirde luxe, ville administrative deprestige et en site à vocationtouristique. Les tours d’habita-tion n’apportent aucune solu-tion à cette évolution. Leur coûtde construction et les chargesd’entretien les condamnent àdevenir, en l’absence de subven-tions, des immeubles de luxe.Mais les tours en projetaujourd’hui à Masséna, aux Bati-gnolles et porte de Versaillesavec la Tour Triangle, sont pourl’essentiel des tours de bureaux,abritant parfois des hôtels, et

non pas des logements. Leurdesserte par les transports encommun est insuffisante. Ce n’est pas en végétalisant lestours ou leurs abords qu’on lesrend écologiques. Les tours sontde grandes consommatricesd’énergie. L’expérience a mon-tré qu’elles sont aussi un héri-tage empoisonné pour lesgénérations futures car ellesnécessitent une remise auxnormes, voire leur destruction,au bout de 40 ans. La concep-tion française des tours adémontré ses insuffisancescomme en témoigne l’échec duFront de Seine dans le 15e

arrondissement.

La modernité ne passe pas par ladestruction du bâti historiquedont les qualités de construc-tion, d’isolation, d’habitabilité,d’humanité ne sont plus àdémontrer. Etre moderne àParis ce n’est pas promouvoirune architecture de ruptureavec des tours aux formes auda-cieuses, même si on seretranche derrière la notoriétéde grands architectes. Il n’estbien sûr pas question de défen-dre le pastiche mais toute archi-tecture contemporaine doits’intégrer harmonieusementdans le bâti existant et avoirpour premier souci la qualité devie et la dimension humaine.

Olivier de Monicaultprésident de SOS Paris - htpp://sosparis.free.fr

Partout dans le monde, ledéveloppement desgrandes villes se heurte

à la difficulté de concilier laconservation du patrimoineancien, le respect du paysageurbain, et les exigences de la viemoderne. Paris n’échappe pas àce problème. La capitale estenfermée dans des limites admi-nistratives et géographiquesfixées en 1860. Elle est une desgrandes villes les plus denses dumonde et la surface d’espacesverts par habitant y est particu-lièrement faible. La ville manquede terrains pour construire deslogements et des équipementscollectifs. La mairie de Paris croit avoirtrouvé une solution en relançantl’idée de la construction detours. Mais la majorité des Pari-siens n’en veut pas. Ce refusn’était pas la manifestationconservatrice et frileuse debourgeois privilégiés ou debobos, soucieux de protégerleur entre-soi en maintenant unprix du logement inabordablepar les autres, mais le désir quele développement de Paris sefasse à l’échelle humaine et dansle respect du Paris qui nous aété légué.

Un Paris à échelle humaineLe retour des tours n’est ni unefatalité ni une nécessité de lamodernité. Washington, la capi-tale fédérale des Etats-Unis, estlimitée en hauteur dans sa tota-lité tout comme le sont Romeet dans une moindre mesureNew Delhi. Le débat n’est passeulement d’ordre esthétique,d’autant plus qu’en la matière ils’agit souvent seulement dequestions de modes. Si des mil-l ions de touristes viennentchaque année visiter Paris ce

La Tour Triangle quidoit culminer à 180mètres seraitconstruite surl’emprise du Parc desExpositions de laPorte de Versailles(15e).

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Paris

Le contre-projet pour Roland-Garrosqui préserve le jardin des serres d’Auteuil Face à la mairie de Paris et à la Fédération française de tennis, plusieurs associations ont mis aupoint un programme qui préserve la richesse naturelle et architecturale de cet espace voisin du siteoù se déroulent, une fois par an, les Internationaux de France

« indispensable aux Boulonnais »,ainsi que la privatisation d’unquart du jardin botanique, pour 9semaines de tournoi sportif. L'extension de Roland-Garrospourrait facilement être mise enœuvre, selon les associations,sans toucher au jardin bota-nique. Le court n°1 seraitconservé. « Le détruire et le rem-placer serait une dépense aussiconsidérable qu’inutile », selonPhilippe Toussaint des VMF. Sonmaintien rendrait inutile touteconstruction dans le jardin bota-nique. La couverture de l’auto-route A 13 sur 4 000 mètrescarrés au nord du site permet-trait d’installer cinq courts d’en-traînement et, avec près de10 000 mètres carrés supplé-mentaires, la prolongation decette dalle autoriserait d’autresextensions dans l’avenir.La place des Mousquetairesserait maintenue au cœur de

Roland Garros, entre les courtsSuzanne-Lenglen et Philippe-Chatrier, et non à une extrémitédu site comme le prévoit le pro-jet actuel. Elle prendrait ainsi laplace des courts transférés surla dalle au-dessus de l’autorouteA13. Les associations propo-sent la construction d’un nou-veau stade de 3 000 places auFonds des Princes, offrant ainsiun nombre de places globale-ment supérieur au projet actuel.L’ouverture de discussions avecla mairie de Paris et la FFT a étérefusée pendant la concertationet la première enquête publique.La Ville de Paris et la FFTrepoussent toute contre-propo-sition. Elles estiment que le coûtde 250 millions d’euros pour lacouverture de l’autoroute esttrop élevé. Mais les VMF et laSPPEF avancent un chiffre dixfois inférieur « en se basant surles travaux de couverture du bou-levard périphérique aux portes desLilas et de Vanves et sur les chiffresfournis par la Ville de Paris ».

Un patrimoine exceptionnelDes recours ont déjà été dépo-sés par les associations. « L’en-semble du jardin botanique desserres d’Auteuil, est triplement pro-tégé et reconnu en raison de sonintérêt exceptionnel » souligneAlexandre Gady, au nom de laSPPEF. « Il est classé monumentnaturel et site pittoresque depuis1957. La totalité du jardin et cer-tains bâtiments sont inscrits surl’Inventaire supplémentaire desmonuments historiques. Le label« Jardin botanique de France et despays francophones » lui a été attri-bué en 1998. »

Agnès Popelinporte-parole des associations Ensemble

pour un autre Roland Garros

Pas question de laisser lejardin botanique desserres d’Auteuil être

annexé par le stade de tennis deRoland Garros ! Le Conseil deParis a adopté en juillet la révi-sion simplifiée de son PLU pourpermettre l’extension du site.Une trentaine d’associations dedéfense du patrimoine et del’environnement soutenues parIcomos, le conseil internationaldes monuments et des sitesreprésentant l’Unesco, ont pré-senté un contre-projet afin depréserver l’intégrité du jardinbotanique des serres d’Auteuil. Les Vieilles maisons françaises(VMF) et la Société pour la pro-tection des paysages et de l’es-thétique de la France (SPPEF),soutenues par France NatureEnvironnement, contestent leprojet de la mairie de Paris et dela Fédération française de tennis(FFT). Elles dénoncent d’abordla destruction, pour permettrela construction d’un stade de 4 950places, des neuf serres chaudesqui abritent 10 000 plantes, cinqcollections végétales classées etdes espèces rarissimes.

Face à la FFTLes associations refusent ladémolition des quatre serrestechniques construites en 2003ainsi que la disparition du courtn°1 de 3 800 places construit en1981, ainsi que la transformationdes bâtiments classés de l’Oran-gerie et du Fleuriste municipalen locaux commerciaux desti-nés à la FFT. Elles déplorent l’ab-sence d’infrastructures detransports en commun et deparkings pour accueillir les spec-tateurs supplémentaires. Ellesdénoncent la privatisation del’avenue Gordon Bennett, artère

Serres chaudesrefaites entre 1977 et 1986 entièrementautomatisées, véritable bijou technologique menacé

L

Le projet FFT•Destruction du court n°1 •Construction d’un stade de 4 950 places dans les serres d’Auteuil

•Destruction des serres techniques etchaudes, déménagement des plantes etconstruction des nouvelles serres

•Show court de 2 000 places

TOTALNombre de places créées : 3 150

Le contre-projet• Conservation du court n°1• Conservation des serres• Couverture partielle de l’A13

sur 4 000 m²• Show court de 3 500 places

TOTALNombre de places créées : 3 500

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Économie du contre-projet (en millions d’ euros)

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Paris

La Ville aménage les Batignollesen oubliant ses ambitions d’origineEntre amertume et désillusion, l’association décLIC 17/18 voit ses propositions ignorées. Leshabitants de ce quartier du 17e arrondissement avaient pourtant accueilli avec enthousiasme lesprojets de la ville pour cette ZAC de 50 hectares

A l’est des voiesaccédant à Saint-Lazare, dans latraversée du 17e arr.,une ZAC de 50 haincluant une citéjudiciaire

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es Batignolles se méta-morphosent. Ce nouveauquartier du 17e arrondis-

sement se dessine peu à peu. Lapremière tranche du parc Mar-tin Luther King connaît un francsuccès depuis son ouverture endécembre 2008. Des immeublessortent de terre. Le parking dela rue Cardinet a été inauguréau printemps 2012… Maisétrangement, plus le quartierprend forme, plus les inquié-tudes augmentent chez les rive-rains alentours. Depuis le début du projet, l’as-sociation décLIC 17/18 participeavec enthousiasme à la concer-tation mise en place par la mai-rie de Paris pour l’aménagementdes 50 hectares cédés à la Villepar la SNCF. Ce nouveau quar-tier se veut exemplaire enmatière de développementdurable. L’idée est née en 2002,après l’échec de Paris pour l’or-ganisation des Jeux Olympiquesde 2012. Le village olympiquedevait être construit sur cesfriches industrielles. L’aménage-ment prévoit la création d’unparc biotope de dix hectares, delogements mixtes, de bureaux,d’équipements publics…

Propositions sans lendemainMais, après presque trois ans deconcertation, le bilan est mitigé.Les participants, habitants et asso-ciations, ressentent une certainefrustration. Beaucoup d’entre euxont le sentiment que les décisionsétaient déjà prises. Plus graveencore, nombreux sont ceux quiont l’impression qu’aucune, oupresque, de leurs propositions n’aété retenue. Ils ne perçoivent pasen quoi les nombreux ateliersdans lesquels ils se sont large-ment investis, ont pu modifier enquoi que ce soit le projet initial.

Par ailleurs, un doute est apparuquant au respect des objectifsenvironnementaux. Les projetsarchitecturaux considéraient lecahier des charges (récupéra-teur d’eau, consommation d’eau,panneau photovoltaïque, isola-tion thermique et phonique)comme un handicap écono-mique et non comme un défiau point que certains n’ont pashésité à modifier discrètementquelques chiffres. . Les projetsarchitecturaux sont moins inno-vants que prévus. Rares sontceux qui affichent une réflexionsur les futurs occupants, sur lesévolutions de leurs besoins enmatière d’espaces collectifs. Laforte rentabilité de l’opérationapparaît une fois de plus commele nerf de la guerre. En 2011, la décision de l’Etatd’installer la cité judiciaire et leTribunal de grande instance aunord de la ZAC a augmenté lesinquiétudes. L’objectif du nom-

bre de logements n’a été atteintqu’au prix de la densification. Etsurtout, les transports prévuspour desservir le quartier sonttrès largement insuffisants, mal-gré la prolongation de la ligne14 du métro, effective au mieuxen 2017. Par ailleurs, la circula-tion automobile est déjà au bordde la saturation, non seulementsur les deux grands axes desavenues de Clichy et de SaintOuen, mais aussi dans toutes lespetites rues avoisinantes.

Un projet revu à la baisseDe son côté, les ambitions de lamairie de Paris semblent large-ment revues à la baisse. Lesvoies ferrées qui devaient êtrerecouvertes pour accueillir levillage olympique ne le serontplus. Le réseau de collectes d’or-dures ménagères par l’aspirationdes déchets en sous-sol, puisévacués par train, est-il encore àl’ordre du jour ? La concertation elle-mêmeconnaît de nombreuses difficul-tés. Aucune réunion n’a eu lieupendant plus de six mois. L’as-semblée annuelle de la concer-tation en présence des élus etdes habitants a été annuléepour la deuxième année consé-cutive. Puis, sans aucune explica-tion convaincante, des réunionsont été reprogrammées en juinet en juillet, pendant les congés.Les habitants et associations nesont plus autorisés à donnerleur avis sur les choix architec-turaux. Aux Batignolles, l’amer-tume a malheureusementquelque peu remplacé l’enthou-siasme de départ.

Association DécLIC 17/183 rue Etienne Jodel 75018 Paris

www.declic1718-paris.org

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Projet de contribution au dossier du SDRIF 2013

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ensemble de pôles stratégiques et de CDTque le projet de SDRIF 2013 devra intégrer.

Huit concernent le cœur d’agglomération :les CDT de la Défense et les deux Seine, dela boucle nord des Hauts-de-Seine, le CDTPlaine Commune et Saint-Ouen, les deuxCDT du Bourget et de l’Est de la Seine-Saint-Denis, les CDT des Grandes Ardoineset du Campus sciences et santé, le CDTGrand Paris Seine ouest.

Mais 9 élargissent l’emprise de l’aggloméra-tion centrale : les 2 CDT du cluster scienti-fique du plateau de Saclay, le CDT du GrandOrly, les 3 CDT du cluster Descartes (la villedurable), les 3 CDT du Grand Roissy (Cœuréconomique Roissy Terres de France, Val-de-France-Gonesse-Bonneuil, et Le Mesnil-Amelot).

IDFE a donné un avis globalement favorable auprojet de SDRIF approuvé en septembre 2008par le Conseil régional, après quatre annéesd’une réelle concertation.

IDFE s’est déclarée clairement défavorable àl’orientation de la loi du Grand Paris de ren-forcer la concentration de la population etdes moyens de recherche, d’innovation et dedéveloppement économique nationaux surl’agglomération centrale francilienne.

L’emprise de l’Etat surl’aménagement régionalde l’Ile-de-France

Utilisant l’outil traditionnel des OIN, et celuibeaucoup plus récent du contrat de dévelop-pement territorial (CDT) créé par la loi duGrand Paris, l’Etat, dans son document « Noted’enjeux de l’Etat » de mars 2012, définit un

A quoi sert un SDRIF ?

A la différence des autres régions françaisesqui ne peuvent élaborer qu’un schémarégional d’aménagement du territoire(SRADT) définissant des orientations sansvaleur prescriptive, l’Ile-de-France peut éla-borer un schéma régional d’aménagementet d’urbanisme qui est prescriptif, c'est-à-dire qu’il s’impose aux documents d’urba-nisme comme les schémas de cohérenceterritoriale (les SCOT intercommunaux)et les plans locaux d’urbanisme (PLU).A la différence des précédents qui étaientélaborés sous l’autorité de l’Etat, le SDRIFest maintenant élaboré par le Conseilrégional en collaboration avec l’Etat quidéfinit un « porter à connaissance » et unenote d’enjeux présentant les points qu’ilveut voir pris en compte dans l’élabora-tion du SDRIF. Le projet de SDRIF ne peutêtre mis en application qu’avec l’accord del’Etat par décret en Conseil d’Etat.

Rappel des positions récentes prises par IDFE

Carte téléchargeable sur le site d'IDFE www.idfe.eu

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Dossier Liaison n° 146à détacher

Projet de contribution au dossier du SDRIF 2013

Sont également inclus trois autres secteursencore plus périphériques ne bénéficiant pasd’une desserte par le réseau Grand ParisExpress : le CDT Confluence Seine-Oise aunord-ouest, le CDT Sénart au sud-est, etl’OIN Mantois Seine-Aval.

Cet ensemble justifie aux yeux de l’Etat le pas-sage à 70 000 de l’objectif annuel de construc-tion de logements, objectif décliné parterritoire par le préfet de région (objectifsTOL). Si les CDT, qui en sont actuellement austade d’un accord-cadre passé entre l’Etat etles collectivités territoriales concernées, arri-vent à échéance sur les mêmes bases et sontintégrés au projet de SDRIF, nul doute qu’ilsseront les moteurs non seulement de la den-sification du cœur d’agglomération, mais ausside nouvelles urbanisations de la moyenne etgrande couronne.

Le dispositif des CDT nous parait devoir êtrerevu pour réserver la moitié des construc-tions nouvelles aux besoins du maintien de lapopulation et consacrer l’autre moitié auxopérations de rénovation urbaine pour l’amé-lioration de l’habitat des Franciliens mal logés.

La position d’IDFE enmatière d’aménagementdu territoire

IDFE considère qu’au-delà de l’argument dumaintien de l’attractivité et de la compétitivitéde Paris avec les autres « villes-monde » à labase du concept de Grand Paris, une réellepolitique cohérente d’aménagement du terri-toire national doit être redéfinie et mise envigueur. Ceci implique au minimum des actionscoordonnées des territoires stratégiques fran-ciliens avec les grands organismes derecherche nationaux (CNRS, Inra, Inserm, Uni-versités et Ecoles) et les pôles d’excellencecorrespondants des métropoles régionales.L’Etat doit aider celles-ci à se positionner auplan européen par rapport aux métropolesde même rang de pays moins centralisés (Alle-magne notamment).

Au plan francilien, IDFE demande à la Région,maintenant trop dépendante des activités ter-tiaires, d’orienter l’effort d’innovation despôles stratégiques vers la relance de l’activitéindustrielle en aidant à l’émergence et au

développement de PME/PMI innovantes ettournées vers l’exportation.IDFE demande que, dans le cadre de la soli-darité interrégionale, et en s’appuyant surles études menées notamment par laDATAR, la Région poursuive et formalise lesrelations avec les régions voisines du grandBassin parisien pour identifier les échanges(emplois, logements, coopération écono-mique), et s’assurer de la cohérence desprojets d’infrastructures de transport, enparticulier pour le transport ferroviaire devoyageurs et de fret et le développement dufret fluvial.

La position d’IDFE sur leprojet de réseau demétro automatiqueGrand Paris Express

IDFE considère que ce projet très ambitieux,évalué à plus de 30 milliards d’euros est fortcoûteux pour les capacités actuelles definancement de la France, que certaines par-ties du projet ne sont pas justifiées par unenjeu fréquentation-coût suffisant et que lecalendrier global annoncé pour la réalisationdu réseau n’est pas réaliste.

Il va donc falloir définir des priorités et unphasage des futures réalisations, l’améliora-tion du réseau existant devant figurer entête des priorités.

Considérant qu’il faut soulager le métroparisien et les RER radiaux des trajets interbanlieues, IDFE est favorable à une rocadede petite couronne (boucle rouge sud etouest (revue pour l’emplacement des gares),et tracé orange confié au STIF à l’est, ainsiqu’au prolongement de la ligne 14 vers lesud jusqu’à Orly et vers le nord jusqu’àSaint-Denis-Pleyel et au delà Roissy par labranche de la boucle rouge, sans la gare enplein champ du triangle de Gonesse. Il fautintégrer ces lignes au plan régional de mobi-lisation pour les transports.

IDFE considère qu’il faut reconsidérer l’uti-lité d’autres lignes et étudier si elles ne peu-vent être avantageusement remplacées pardes projets moins ambitieux de liaisons desurface. C’est le cas d’abord de la brancheverte à travers le plateau de Saclay, et peut-

être aussi de la partie extérieure est de laboucle rouge du Bourget à Noisy-Champs parClichy-Montfermeil.

Impact sur l’Ile-de-Francedes transports à longuedistance

Pour limiter les nuisances des principaux aéro-ports, et notamment celles des vols de nuit,IDFE demande à la Région, même si elle n’estpas décisionnaire sur ces sujets, de soutenirauprès de l’Etat le prolongement des LGVvers les métropoles régionales et des payslimitrophes, ainsi que le recours accru à l’aé-roport de Vatry pour les liaisons de fret et devoyageurs sans correspondance.

IDFE considère que, pour réduire la part dutransport routier de fret en transit au bénéficedes transports ferroviaire et fluvial, la Régiondoit inciter l’Etat à l’instauration d’une taxekilométrique sur le trafic routier, à la relancede liaisons ferroviaires adaptées au fret, etveille au maintien ou à l’adaptation dans l’ag-glomération centrale dense de pôles multi-modaux de distribution du fret.

Urbanisme

Le départ vers d’autres régions métropoli-taines de nombre de familles franciliennesavec enfants étant lié au coût du logement etaux difficultés de déplacements, IDFEdemande expressément que, pour éviter unedégradation encore plus forte de la qualité devie des Franciliens, la construction de nou-veaux logements ou le renouvellement duparc existant dans un secteur soient condi-tionnés par l’amélioration opérationnelle de sadesserte par les transports collectifs.

IDFE considère qu’une densification du cœurd’agglomération est envisageable notammentsur les friches industrielles et les terrainsdélaissés de l’Etat, en sanctuarisant les espacesnaturels et boisés existants ainsi que les zonesferroviaires et fluviales de fret.

IDFE suggère de reconvertir en logements lesmillions de m² de bureaux vacants, car ina-daptés aux besoins technologiques actuels, etde réfléchir à une possible utilisation des320 000 logements inoccupés dans la région.

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Projet de contribution au dossier du SDRIF 2013

notamment de la moitié d’entre eux gérésen copropriété, doit être stimulée par laRégion au moyen de subventions, d’assis-tance technique au montage des projets etde prêts remboursables par les économiesde chauffage réalisées.

IDFE demande l’abandon des projets pha-raoniques de tours de grande hauteur(>100m) en raison de leur coût énergétiqueincompressible et de leur inadéquation avecun habitat dense.

IDFE demande que les consommations éner-gétiques des transports soient fortementdiminuées par l’amélioration des rendementsdes moteurs. Lorsqu’on ajoute le transportaérien dans le bilan global, le transport repré-sente 42 % de l’énergie consommée en 2005et le secteur aérien en représente la moitié.Ceci est lié à un coût de l’énergie trop bascomparé au coût payé par les Franciliens pourleurs propres déplacements. La qualité de l’airdépend fortement des polluants toxiques émispar ces transports (NOx, PM, COV etc). Cetteréduction va probablement passer par uneaugmentation du coût des carburants fossilesfavorisant une égalité de traitement énergé-tique entre les différents modes de transport.IDFE demande que la pollution de l’air dans lecœur de la métropole capitale soit fortementréduite afin d’abaisser drastiquement la mor-bidité (asthmes, maladies cardio-pulmo-naires…) et la mortalité induites. Les véhiculesde transport collectif diésel doivent utiliserdans un premier temps du gaz naturel puisprogressivement être électrifiés. Les véhiculesde fret doivent aussi subir cette évolution.L’application aux véhicules de particuliers doitêtre encouragée.

IDFE demande que toutes les solutions d’éner-gie renouvelable soient utilisées dans notre

IDFE considère qu’il est nécessaire de limiterl’étalement urbain autour des villes de lamoyenne couronne et en particulier de cellesconcernées par un CDT, et demande que leprojet de SDRIF révisé, arrête clairement lesfronts urbains limitant cet étalement, précise ladensification des secteurs non denses de cesvilles proches des stations de transport col-lectif et encourage fortement l’élaboration oula révision de SCOT intercommunaux pourmettre en pratique ces prescriptions.

Environnement-Espacesnaturels

L’aménagement du territoire a comme finalitéultime le bien-être des Franciliens. C’est àcette aune que les propositions d’IDFE enmatière d’environnement sont énoncées. Enparticulier, la santé des Franciliens est liée à laqualité de leur environnement telle que l’air,l’eau, les sols, l’alimentation, les bruits maisaussi la proximité avec des espaces de nature.

Climat-air-énergie-éolien

IDFE demande que les collectivités territo-riales ne délivrent des permis de construirequ’aux promoteurs s’engageant à aller au-delàde la réglementation thermique 2012, c'est-à-dire avec au moins des bâtiments passifs. Uneffort régional doit être entrepris pour mettreà la disposition des promoteurs et architectesun logiciel de modélisation thermique qui soitle plus fiable possible. La rénovation thermiquedes 4,7 millions de logements franciliens, et

Historique

Le premier SDRIF, élaboré sous l’autorité de Paul Delouvrier, délégué général au District dela Région de Paris, remonte à 1965.Le SDRIF actuellement encore en vigueur est celui de 1994. Il a été mis en révision 10 ansaprès. La révision a abouti à un projet de SDRIF approuvé par le Conseil régional en septem-bre 2008 au bout de quatre années de concertation. Mais l’Etat a retardé puis bloqué sonapprobation définitive parce qu’il ne prenait pas en compte certains éléments de deux loisvotées après septembre 2008 : les lois Grenelle 1 et Grenelle 2 d’une part et la loi du GrandParis du 3 juin 2010 d’autre part, et parce qu’il ne rassemblait pas suffisamment les prescrip-tions à observer.Le travail a été remis en chantier avec un calendrier très serré qui doit aboutir à une mise enapplication du SDRIF fin 2013. On en est actuellement à une version V1 du projet qui fait l’ob-jet de présentation aux personnes associées (Départements, chambres consulaires et autresorganismes dont IDFE).

Alignementd'entrepôts toutcamion sur la Zonedes Tulipes, pointesud du triangle deGonesse

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Projet de contribution au dossier du SDRIF 2013

Dossier réalisé par Daniel Hannotiaux et Michel RiottotIDFE, 54 avenue Edison, 75013 Paris. | 01 45 82 42 34 | [email protected] | www.idfe.org

région tout en prenant en compte leurs éven-tuelles nuisances environnementales. A titred’exemple, la géothermie qui se décline en troiscatégories : de surface, de moyenne profon-deur et de grande profondeur, doit éviter depolluer les nappes d’eau. Autre exemple, lescentrales de chauffage à bois en développe-ment constant doivent utiliser du bois de larégion et ne pas importer du bois venant deplus de 200 km. Ces centrales doivent brûler dubois ou des plaquettes sèches et ne pas utiliserune production végétale verte réservée spéci-fiquement à leur usage.

IDFE demande que les éoliennes soient bienpositionnées dans des zones éloignées deshabitations. Leur implantation est aussi condi-tionnée à la diminution de leur coût de pro-duction encore trop important selon l’étudede Jancovici (Transition énergétique, mai 2012)soit 0,028 € contre 0,002 et 0,005 € respec-tivement pour le gaz et le charbon en inves-tissement de capital par Kwh produit.

Biodiversité-trame bleueet trame verte

IDFE demande que la Seine et ses affluentssoient rendus accessibles à tous les Franci-liens. Les berges du fleuve et de ses affluentsdoivent être des corridors écologiques outrames vertes en relation directe avec lefleuve, la trame bleue. La biodiversité est unechance pour le monde vivant, protéger lesespèces y compris l’homme est gage d’amé-lioration du bien-être de la Région. La villedense souhaitée doit faire une place plusgrande aux espaces de nature. Paris est lacapitale européenne la plus pauvre enespace de nature. Il est nécessaire selonl’OMS que chaque habitant puisse accéder àdes espaces de nature dans un rayon demarche à pied de l’ordre de 10 minutes.

Agriculture francilienne :

L’étalement urbain autour des villages,bourgs et hameaux de la grande couronnedoit être fortement maitrisé. La consomma-

tion de terres agricoles riches (triangle deGonesse, base de Brétigny, villages nature deDisney…) ne doit pas être autorisée par leSDRIF. Les espaces boisés, domaniaux ou pri-vés, doivent être sanctuarisés. Il n’est pas pos-sible de rogner par ci par là des bouts de cesbois afin d’y faire un aménageant même struc-turant. L’intelligence de l’homme lui permet detrouver des solutions autres que la complai-sance et la facilité.

Enfin, IDFE souhaite stimuler le développementde l’agriculture biologique en Ile-de-France.C’est un des plus faibles de France : moins de 2 %des terres arables en bio contre 14 % en Pro-vence Alpes Côte d’Azur. Les collectivités ter-ritoriales qui souhaitent que leurs cantinesscolaires soient approvisionnées en produitsbio au moins une fois par semaine ne trouventpas suffisamment de produits dans la Région nimême dans un rayon de 200 km. Un effort deformation au niveau de la scolarité dans leslycées agricoles est un préalable à toute muta-tion écologique de l’agriculture dont les basessont depuis longtemps productivistes.

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La Seine à Carrières-sur-Seine, à l’ouest de laDéfense

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Transports

Le schéma directeur du RER Aà la recherche de financementsUn vaste plan de modernisation est engagé en faveur de la ligne la plus fréquentée de la région, quisouffre de graves problèmes. Mais les associations d’usagers soulignent les délais trop importantspour le mettre en œuvre et s’inquiètent des investissements nécessaires

e Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif) vient d’adopter leschéma directeur du RER A. Il

s’agit d’un vaste plan de modernisationdestiné à améliorer durablement le fonc-tionnement de cette ligne empruntéechaque jour par plus d’un million de voya-geurs. Après la mise en service progres-sive des nouvelles rames à double étage,commencée en décembre 2011, le docu-ment de 156 pages vise à organiser etcoordonner les actions de la SNCF, de laRATP et de Réseau ferré de France(RFF). La ligne A du RER traverse d'est enouest l'agglomération parisienne. Ellerelie Saint-Germain-en-Laye, Cergy etPoissy à l'ouest, à Boissy-Saint-Léger etMarne-la-Vallée à l'est, en passant par lecœur de Paris. Longue de 109 kilomètres,elle est exploitée à 80 % par la RATP età 20 % par la SNCF (dont les infrastruc-tures sont gérées par RFF). Depuis unedizaine d’années, le service se détériorenotablement, du fait notamment de lasaturation de l'infrastructure.

Qualité de serviceElaboré par la RATP à la demande du Stif,en coordination avec la SNCF et RFF, leschéma directeur permet d’améliorer laqualité du service en conjuguant des pro-grès sur l’exploitation et la maintenancede la ligne, avec des investissements, àcourt, moyen et long termes. 630 millionsd’euros sont prévus pour améliorer l’in-frastructure et 240 millions d’euros pourle matériel roulant, à des horizons allant de2017 à 2022. Les premières mesures immédiates por-tent sur une meilleure exploitation de laligne gérée à la fois par la RATP et la SNCF.À terme, la création d’un centre de com-mandement unique est envisagée. Pourfluidifier les parcours et garantir le res-pect des horaires, le pilotage automatiquesera mis en place sur le tronçon central dela ligne. La suppression du changementsystématique de conducteur à Nanterre-Préfecture, à la jonction des zones RATPet SNCF, est également à l’ordre du jour.

Parallèlement, le renouvellement dumatériel roulant se poursuit. Comman-dées en 2009 par la RATP et financéesà part égale par l’opérateur et le Stif, les60 nouvelles rames à double niveausont mises en service à raison de deuxpar mois. Dix huit circulaient déjà à finjuin. Elles peuvent accueillir 2 600 voya-geurs contre 1 684 actuellement. 70autres rames viennent d’être comman-dées par la RATP, pour un montant de1,549 Md€. Elles seront livrées entre2014 et 2017. A cette date, ne circule-ront plus sur la ligne que des rames àdouble étage, ce qui d’après l’opérateuraugmente la capacité de transport de laligne A de 30 %.

L’Association des usagers des transportsd’Ile-de-France (AUT) se félicite del’adoption par le Stif de ce schéma direc-teur du RER A. Elle considère toutefoisque les délais annoncés sont trop longs :rien n’est prévu avant 2017 et certainstravaux comme l‘aménagement du ter-minus de Chessy est reporté à 2022. Ellerelève que les besoins d’investissement,hors matériel, sont estimés à 630 millionsd’euros mais ne sont pas du tout financés.L’AUT « demande à l’Etat et à la Région detrouver rapidement les budgets correspon-dants ».Enfin, l’AUT se déclare préoccupée par lasaturation de la ligne, malgré les nouvellesrames et les aménagements prévus. Ellepointe la trop forte progression desdéplacements Est-Ouest, du fait de laconcentration des bureaux à l’Ouest. Lesadministrateurs du Stif ont égalementémis le vœu que « la modernisation duRER A telle que prévue par le schéma direc-teur soit fortement articulée avec unelogique d’aménagement du territoire, fondéesur le rééquilibrage à l’est du développementde l’Ile-de-France ». C’est justement l’undes objectifs du Schéma directeur de larégion Ile-de-France (SDRIF), en cours derévision.

Jean-Claude Parisot rédacteur à Liaison

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Retour vers le futur

Nuisances aériennes en Ile-de-France : un constat de plus en plus alarmant Malgré les manifestations, rien n’a été fait pour résoudre les problèmes posés par le transportaérien. Les associations demandent une véritable politique de développement durable del’aérien

e dossier des nuisances aériennesest emblématique, à la fois de lasaturation croissante de la région

qui rend la vie chaque jour plus difficile àses habitants, et également de l'indécisiondes décideurs politiques face à ces grandsenjeux.

Comme les routes, les transports encommun, les logements et jusqu'à l'air deslogements, le ciel est pollué. Il est par-couru dans notre région en tous sens età toute heure d'une marée croissanted'aéronefs en tous genres : avions de lignebien sûr, mais aussi aviations légère, volsdes écoles de pilotage, avions gouverne-mentaux et ministériels, aviation dite d'af-faires hélicoptères, vols touristiquesau-dessus de la Tour Eiffel et du Châteaude Versailles etc.

Il y a le bruit, bien sûr, première cause denuisance ressentie par les populations,mais aussi la pollution chimique, N0x etparticules fines notamment, à bien distin-guer du CO2 et de la problématique duréchauffement climatique. Elle constitueune menace réelle pour la santé publique,même si le lobby aérien tente inlassable-ment, avec les moyens puissants dont ildispose, d’en faire porter l’origine sur laseule circulation automobile.

Depuis de nombreuses années, les asso-ciations ont appelé à manifester àRoissy, Orly et Paris. Contre les vols denuit en augmentation à Roissy alorsqu'ils diminuent ailleurs en Europe.Contre la croissance ininterrompue dutrafic au mépris des riverains et survo-lés. Contre les vols du Bourget mainte-nus à une altitude scandaleusementbasse pour laisser la place aux vols deRoissy. Contre les hélicoptères etl’aviation légère etc.

Les associations ont élargi leur combatau dossier de la Santé publique. Le bruitet la qualité de l'air, sont heureusementde plus en plus pris en considération,

malgré les combats de retardement dulobby aérien.

Les récentes tentatives de concertation,notamment avec la préfecture de Région,ont été bien vite avortées en raison duretour rapide de l'administration à sonpenchant naturel pour le passage enforce.

Les associations demandent que soitdécidée une véritable politique de déve-loppement durable du transport aérienen Ile-de-France.

Claude CarsacChargé de mission Nuisances aéroportuaires

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Formation

COLLOQUE : MERCREDI 26 SEPTEMBRE 2012

ILE-DE-FRANCE LE TRANSPORT AÉRIEN

EN QUESTION Avec la participation de représentants :

d'AIRPARIF, de BRUITPARIF, de l'ACNUSA et de la DGAC

MATINÉE Le constat : un trafic intense dans une métropole surpeuplée

9h30 10h0010h1510h30

11h11h1511h3011h45

12h12h15

13h-14h

Accueil Ouverture du colloque par Michel Riottot, président d’IDFELe trafic aérien : une incontestable dimension internationale Les "couloirs aériens" et les "populations survolées " en Ile-de-FranceOrly-Roissy : les retombées économiques et les emploisLe rôle de l'État : Mission et objectifs de la DGACLes nuisances sonores du trafic aérienQualité de l'air, les avions trop souvent oubliésUrbanisation autour de Roissy et Orly : les erreurs à ne pas perpétuerDébat avec la salle

Pause déjeuner sur place

APRÈS-MIDI Comment concilier transport aérien

et Région dense ?

14h14h10

15h15h50

Ouverture des tables rondesTTaabbllee rroonnddee 11 : Nuisances et pollution, un réel problème de Santé PubliqueTTaabbllee rroonnddee 22 : Coût et bénéfices du transport aérien en Ile-de-FranceConclusions et clôture du colloque par Michel Riottot

Inscription auprès d’IDFE par courriel : iiddffee..ffoorrmmaattiioonn@@ggmmaaiill..ccoommInscription définitive après versement d’une participation aux frais de repas de 7 €

(chèque à IDFE, 54 avenue Edison 75013 Paris)

LLiieeuu :: MMeeuuddoonn1155 bbiiss,, rruuee MMaarrcceell AAllllééggoott,, «« LLeess EErraabblleess »»à 400 m de la gare de Meudon Bellevue (Montparnasse-Versailles)Tram T2, station Brimborion (et 600m par le chemin des Lacets)Tram T2, station Musée de Sèvres + bus 169, arrêt 11 novembreParking à côté de la salle

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Urbanisme

La loi sur les sites classés assure une réelle protectionMalgré son ancienneté, ce texte a montré son efficacité pour près de 3 000 sites en France. Les associations jouent un rôle essentiel pour demander le classement de nouveaux sites et pour participer à la gestion de ceux qui le sont déjà

publique puis de la Culture, étaitchargée de faire appliquer uneloi née en réalité en 1906 et cal-quée sur celle protégeant lesmonuments historiques. Le pre-mier poste d’inspecteur généraldes monuments historiquechargé des sites et des paysagesest créé en 1936.A partir de 1971 et sous l’im-pulsion du premier ministre del’Environnement, Robert Pou-jade, des sites plus vastes ontété classés. La politique de laDirection de la nature et despaysages, fondue récemmentdans la Direction de l’aménage-ment, du logement et de lanature (DGALN), s’appuie auniveau central, sur le travail duBureau des Sites, et au niveaurégional sur celui des Directionsrégionales de l’environnement,de l’aménagement et du loge-ment (Dreal) et des Inspecteursdes sites. En Ile-de-France enparticulier, ces services ontentrepris le classement systé-matique des vallées ayantconservé leurs qualités patrimo-niales et paysagères, afin de sau-vegarder des espaces naturelsdevenus rares. Les associations jouent un rôleirremplaçable pour demander leclassement de nouveaux sites,ou les défendre lorsqu’ils sontclassés. Car même si l’autorisa-tion de travaux en site classédoit garder un caractère excep-tionnel et dépend, heureuse-ment, du ministère au niveaucentral, les pressions politiques

sont telles qu’elles peuvent par-fois passer par-dessus l’opposi-tion ou les réserves del’administration. Comment ne pas être révolté,par exemple, dans le cas du siteclassé du bois de Boulogne, parl’empiètement réalisé par laconstruction de la fondationLouis Vuitton avec son « nuage »de 40 mètres de haut, ou par lesextensions successives deRoland Garros ? Ou, dans le casdu site classé des murs à pêchesde Montreuil, par les menacesd’urbanisation du PLU même sicelui-ci a été annulé sur recoursassociatif.Les associations d’Ile-de-Francedéplorent que les sites classéssoient trop souvent considéréspar les collectivités localescomme de simples réserves fon-cières pour réaliser infrastruc-tures, équipements publics etopérations d’urbanisme à moin-dre frais, surtout dans des zonesdensément urbanisées. I lconviendrait au contraire queces espaces soient considérésavec le respect dû aux quasisanctuaires dont la loi leurconfère le statut, et remis envaleur chaque fois que c’est pos-sible.

Catherine ReinaudIDFE

e classement des sitespar l’Unesco au titre dupatrimoine mondial fait

grand bruit. Mais le classementdes sites en application de la loide 1930 reste bizarrement ina-perçu : il constitue pourtant uneprotection juridique beaucoupplus efficace. Il existe en Franceprès de 3 000 sites classés (soitenviron 880 000 hectares) et 4 800sites inscrits dans toutes lesrégions. Le tout représente envi-ron 4 % du territoire national.L’Ile-de-France arrive en têteavec plus de 7 % de son terri-toire protégé à ce titre.Les juristes eux-mêmes s’émer-veillent de la longévité et de l’ef-ficacité de la loi sur les sites.Comme le dit Yves Jégouzo, pro-fesseur de droit à la Sorbonne,« on est encore frappé par laconcision du législateur de la IIIeRépublique (…) La législation surles sites est un îlot de stabilité et deconcision au milieu d’un océan deréformes de plus en plus prolixes ».Marc Dandelot, conseiller d’Etat,souligne de son côté que « lajurisprudence relative à la législa-tion de 1930 (…) tend à donner àla loi le maximum d’effets dans l’in-térêt de la protection des sites ». Les acteurs du classementconstituent une remarquablechaîne pour protéger les pay-sages qui appartiennent au patri-moine national. Avant lacréation en 1971 d’un ministèrede l’Environnement, la directiondes Beaux-Arts, au sein duministère de l’Instruction

Le vallon du Pommeretfait partie du siteclassé de la vallée deChevreuse. Le classe-ment par décret du 7juillet 1980 a permisde détourner depuis32 ans la menace ré-currente d’y faire pas-ser l’autoroute A12.

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Pour en savoir plus lire et télécharger sur le site duministère de l’Ecologie le numéro hors série de larevue du ministère d’octobre 2011 : h t t p : / / w w w . d e v e l o p p e m e n t -durable.gouv.fr/IMG/pdf/pour memoire hs 2010-12.pdf

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Yvelines

L’urbanisation et les infrastructures mettenten danger les équilibres le long de la SeineDevant les innombrables projets sur le secteur, les associations demandent l’arrêt de projets démesurésen zones sensibles. Elles exigent un développement et des activités économiques compatibles avecl’environnement

es menaces d’urbanisation massivese précisent dans le secteur de laconfluence Seine-Oise. Plus de

6 000 logements sont prévus dans leMantois. Les projets se multiplient en Valde Seine, de Limay à Gargenville, à Epône,à proximité de la base de loisirs de Ver-neuil, à Poissy, dans le centre-ville de Car-rières-sous-Poissy, à Achères… Près de500 000 habitants sont ainsi prévus d’icià 2020 dans la zone de confluence Seine-Oise, dans le cadre du Grand Paris. A Vernouillet, des zones auparavant clas-sées agricoles ou naturelles seraient,selon le futur PLU de la commune, « valo-risées ». Le « cœur vert » de la boucle deChanteloup, qui était promis à une agri-culture rentable tournée vers les agro-matériaux et la biomasse, est une zonequi risque d’être amputée par le nouveauPLU de Triel.

Préserver les espaces naturelsLes infrastructures nouvelles se multi-plient avec le projet de l’A104 entre laConfluence et l’A13, la liaison RD30-RD190 à 2 fois 2 voies entre Achères etTriel, la liaison autoroutière sur le plateaude la Mauldre, la liaison LGV Paris-Nor-mandie en boucle de Chanteloup, à Ver-

neuil-Vernouillet et sur les terres agri-coles entre l’A13 et la Seine, le projetde deux ports démesurés sur 420 hec-tares non encore urbanisés à laconfluence de la Seine et de l’Oise.Des réservoirs de biodiversité sontmenacés en Val de Seine. Des continui-tés écologiques ne sont plus respectéesen boucle de Chanteloup et à Verneuil.Des forêts sont menacées à Verneuil età l’Hautil, l’urbanisation continue le longdu CD22 prévue au PLU de Triel,actuellement en zone verte. La conti-nuité paysagère et de liaison douce surla totalité des berges entre Andrésy etTriel risquent d’être interrompues parle projet de port urbain à Triel.Les zones sensibles des îles de la Déri-vation, de Migneaux, de l’étang de laGaliotte à Carrières-sous-Poissy etPoissy risquent d’être sacrifiées parl’emprise de la future A104 dans cessecteurs. Le futur parc départementalde Carrières-sous-Poissy pourrait deve-nir un « lunaparc déguisé ».Les associations locales demandent l’ar-rêt d’une urbanisation démesurée enzones sensibles, tout particulièrementen lisière des surfaces boisées. Ellesveulent une protection effective des

zones agricoles de proxi-mité péri-urbaines, maraî-chages, cultures bio : deszones agricoles qui doiventêtre considérées commeun atout économique àpart entière. Elles souhai-tent une restauration etune préservation desmilieux naturels dégradés,le maintien des couloirsécologiques et des réser-voirs de faune et de floreafin de préserver la biodi-versité, en particulier pourles espèces menacées(oiseaux nicheurs en zoneshumides ou sur lespelouses et friches sèches).

Protéger les zonesagricoles

Pour améliorer la qualité et la biodiversitédes paysages, elles exigent des activités éco-nomiques compatibles avec l’environne-ment, l’aménagement du cheminementdes bords de fleuves et rivières. Elles veu-lent que soient revus les projets d’infra-structures autoroutières, ferroviaires etfluviales avec un schéma de cohérenceécologique compatible avec le nouveauSDRIF et le Plan de déplacement urbaind’Ile-de-France.Les associations souhaitent que soit éta-bli un plan d’artificialisation des sols, enparticulier pour les parkings importants,un état des décharges autorisées, y com-pris pour les déchets inertes du BTP etun état d’entreposage de matériaux.Selon elles, les zones ouvertes de Seineaval ne doivent plus être considéréescomme des réserves foncières, matièrepremière de l’urbanisation. Celles-ci doi-vent être un élément essentiel du cadrede vie pour l’ensemble des populations.

Claude Loiseau président du Comité de sauvegarde de Chanteloup-les-Vignes et environs et vice-président du Collectifd’associations pour l’environnement en Seine-Aval

(CAPESA)

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Essonne

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Du bon usage d’une commissionpour préserver les espaces agricolesLa directrice départementale des territoires veut enrayer la destruction des terres cultivées. Pourinciter les élus locaux à éviter ce grignotage, elle utilise toutes les ressources d’une commissiondevant laquelle sont présentés une partie des projets d’urbanisation

Une zonepavillonnaire en Essonne

a prise de conscience dela nécessité de préserverles espaces agricoles

accompagne paradoxalementl’accélération de leur destruc-tion. Lotissements « tartinés aukilomètre », multiplication effré-née des zones commerciales oulogistiques, espaces de loisirsdisproportionnés envahissentles terrains entre les villes de larégion…Dans l’Essonne, Marie-ClaireBozonnet, directrice départe-mentale des territoires, veutenrayer ce phénomène et inci-ter les élus territoriaux à agirautrement. Depuis septembre2011, elle préside la commissiondépartementale de consomma-tion des espaces agricoles(CDCEA).Issue de la loi demodernisation agricole et défi-nie comme un outil de préser-vation du foncier, cettecommission n’a qu’une missionconsultative. Mais elle peut aussijouer un rôle pédagogique auprèsdes élus qui considèrent toujoursles terres agricoles comme desimples réserves foncières.

Des avis motivésLa CDCEA associe des repré-sentants des collectivités terri-toriales, de l’Etat, desagriculteurs, des propriétairesfonciers, des notaires et desassociations agréées de protec-tion de l’environnement. Elledoit être consultée sur toutequestion relative à la régressiondes surfaces agricoles. Mais ellepeut également s'autosaisirquand elle le juge nécessaire,notamment sur les permis deconstruire en zone agricole. Ellepeut aussi élaborer des docu-ments sur les moyens de contri-buer à la limitation de la

consommation de l'espace agricole.La CDCEA de l’Essonne se réunitpresque tous les mois. Les mairesou les présidents d’établisse-ments publics de coopérationintercommunale sont invités àprésenter leurs projets qui sontensuite débattus et soumis auvote de la commission. Si l’avis estdéfavorable ou comporte desréserves trop importantes, lesintéressés sont invités à se plier àun nouvel examen. La préfecture de l’Essonnepublie sur son site internet* leplanning et les comptes-rendusdes réunions. Même si les avisrendus ne sont que consultatifset pas toujours à la hauteur desattentes des associations deprotection de l’environnement,celles-ci peuvent s’appuyer surles arguments développés lorsde ces réunions pour faire valoirleur point de vue lors desenquêtes publiques.

Catherine Giobellinaadministratrice d’Essonne Nature Environnement

[email protected]

* http://www.essonne.pref.gouv.fr/Actions-de-l-Etat/Agriculture/Structures-Foncier-

agricole/CDCEA

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La CDCEA doit être obligatoirement consultée surles projets de construction, les aménagements, lesinstallations et travaux ayant pour conséquence uneréduction des surfaces situées dans les espaces au-tres qu'urbanisés et sur lesquelles est exercée uneactivité agricole ou qui sont à vocation agricole, surle territoire des communes dépourvues de PLU etde carte communale (nouvel art. L.111-1-2 du codede l’urbanisme). Egalement, lors de l’élaboration oude la révision de tout projet de Schéma de cohé-rence territoriale (SCOT) qui a pour conséquenceune réduction de la consommation d’espace agri-cole. La CDCEA doit également être consultée lorsde l’élaboration ou de la révision du PLU d’unecommune située en dehors du périmètre d’unSCOT approuvé et ayant pour conséquence une ré-duction des surfaces des zones agricoles, ainsi quesur les projets de cartes communales (nouvel art.L.124-2 CU)L'avis de la commission doit figurer parmi les piècesdes dossiers soumis à enquête publique. Il est ré-puté favorable s'il n'est pas intervenu dans un délaid'un mois à compter de la saisine. Une circulaire du 9 février 2012 précise que « lacommission pourra préconiser la mise en œuvredes outils spécifiques de protection du foncier agri-cole que sont les zones agricoles protégées (ZAP)ou les périmètres de protection des espaces agri-cole et naturels périurbains (PEAN). A l'occasion deprojets de grande envergure, elle pourra préconiserl'élaboration de projet d'intérêt général (PIG) à vo-cation de protection des espaces agricoles ».

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Val-d’Oise

Un projet de golf à Roissymenace les terres agricolesPrésenté comme un moyen de lutter contre l’urbanisation des environs du village, un énormeaménagement va grignoter un riche milieu naturel. Les exploitants, les propriétaires et les associationsdémontrent les attaques portées à l’environnement et à l’équilibre économique du secteur

terres agricoles et monter un pro-jet immobilier. Ainsi, le projet quiprétend préserver l’environne-ment comprendra de nombreusesconstructions et activités incom-patibles avec celui-ci : un clubhouse de 2 700 mètres carrés avecrestaurant, lounge bar, espace deséminaires, boutiques, piscine, spa,parking géant et stand de tir. Il ysera adjoint une académie de golf,un practice couvert de 30 places etdes bâtiments techniques. Le besoin d’un tel espace de loisirsn’est pas prouvé car il en existedéjà cinq à proximité de Roissydont un à 4 kilomètres et quatre à10 kilomètres. Ce projet risque de priver unedizaine d’agriculteurs de leur outilde travail. L’urbanisation totale dusite s’oppose au Grenelle de l’en-vironnement qui prévoit de luttercontre la diminution des surfacesagricoles et naturelles. Les terresmenacées sont parmi les plus pro-ductives de France avec 100 quin-taux de blé à l’hectare contre 64pour la moyenne nationale, indis-pensables pour compenser les

sècheresses de plus en plus fré-quentes et l’augmentation despopulations. Cette nouvelle phased’urbanisation ne serait pas réelle-ment créatrice d’emplois, mais aucontraire détruirait tout un sec-teur de production existant.Par ailleurs, les eaux de ruisselle-ment récupérées étant insuffi-santes, le projet de golf prévoitégalement une station de pom-page dans la nappe phréatiquealors que des restrictions sontrégulièrement imposées auxpopulations. Un système d’arro-sage intégrant engrais, herbicides,fongicides et pesticides est prévu,avec pour risque de polluer l’airpar évaporation et les nappes sou-terraines par infiltration. Uneétude du Sénat, en 2003, indiquequ’un hectare de golf consomme3 800 mètres cubes d’eau par an.Les écologistes estiment ainsi quele projet est contraire à la protec-tion de l’environnement.

Etienne Bohlerprésident des Amis de la Terre du Val d’Ysieux

et secrétaire de Va-d’Oise Environnement

e seul moyen de préser-ver les environs de Roissyserait d’y construire un

golf. C’est la position du maire decette commune du Val d’Oiseconnue par l’aéroport Charles deGaulle. André Toulouse (UMP)prétend que, depuis les années1980, le risque plane de voir despromoteurs faire main basse surles espaces naturels ceinturant levillage alors même qu’il prévoitd’urbaniser 87 hectares de terreagricole.Pourtant le site mis en cause par lacommune, 90 hectares dans le val-lon de Vaud’Herland, est déjà pro-tégé par le classement agricole desterrains dans le POS de la com-mune et dans le schéma de cohé-rence territoriale. Ces mesuresont d’ailleurs permis d’écartertout projet d’urbanisation sur lesecteur.

AlibiLes menaces brandies par le maireont cependant permis d’inscrire leprojet dans le PLU de 2008, avectrois zones d’activités économiquesen bordure du terrain de golf et uneautre en projet au sud. En réalité cegolf sert de vitrine pour attirer lesinvestisseurs afin d’urbaniser cinqzones d’activités (117 ha), soit unesurface de 210 hectares empiétéeen zone agricole.A la suite de l’enquête d’utilitépublique, lancée à la demande dumaire et de la communauté decommunes de Roissy-Porte deFrance, le projet a été lancé. Desrecours de la Chambre d’agricul-ture, des exploitants agricoles, despropriétaires des terrains concer-nés et de l’association Val-d’OiseEnvironnement demandent au tri-bunal administratif d’annuler l’ar-rêté d’utilité publique. Pour les opposants au projet, legolf n’est qu’un alibi. Il constitue,comme bien souvent le cheval deTroie d’un vaste aménagementd’ensemble pour accaparer les

Localisation des grandsprojets 2010-2013 à Roissy

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Lu et conseillé

Les riches heures de l’agricultureet de la gastronomie régionales Il n’y a pas que les chiffres et les sta-tistiques pour connaître une région.L’Ile-de-France, première région agri-cole de France, est aussi un véritableterroir, c’est-à-dire que sa terre et sonclimat déterminent un certain type etune certaine qualité de production.Yannick Alléno, chef 3 étoiles à l’hôtelLe Meurice à Paris, et Jean-ClaudeRibaut, chroniqueur gastronomique aujournal Le Monde, consacrent unouvrage à ce qu’ils appellent justement le « Terroir parisien ».

Un beau livre présenté sous forme decoffret. Il comporte un album magnifi-quement illustré de recettes qui met-tent en valeur, sur les grandes tables,les plus belles productions agricolesde la région. Des classiques commel’entrecôte Bercy, la gratinée desHalles, le chou de Pontoise confit aujus, la tarte fine aux fraises d’Orge-val… Des plats qui demandent unvéritable savoir-faire de cuisinier émé-rite.

Un deuxième volet est une galerie deportraits sous forme de reportagesphotos qui mettent en scène, dans

leur environnement de travail,des cultivateurs, des artisanset des commerçants, tousréputés pour la qualité deleurs produits. Un producteurde cresson de l’Essonne ycôtoie des spécialistes dusafran du Gâtinais, des cerisesà Vernouillet, des champi-gnons à Saint-Ouen-l’Aumône.

Les asperges d’Argenteuil, lamenthe poivrée de Milly-la-Forêt, le pissenlit de Montma-gny sont l ittéralementmagnifiés à travers les photos.Des charcutiers et des boulangersparisiens présentent leurs plus beauxproduits dans leurs boutiques. Un pro-ducteur de fromage de chèvre deChauvry pose devant le distributeurautomatique qu’il a intelligemment ins-tallé devant sa ferme.

Enfin, l’ouvrage est complété par unjournal bien entendu titré « La feuillede chou ». Les auteurs y reviennentlonguement sur les spécificités de lacuisine dans la région dont ils veulent

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LIAISONÉdité par IDF Environnementassociation régionale agréée,avec le concours du Conseil régional.Directeur de publication : Michel RiottotRédacteur en chef : Christophe de ChenayRédactrice en chef adjointe : Patricia LatkaRéalisation graphique : Olivier GizardPrix du numéro : 3 euros

Siège social : 54, avenue Edison 75013 Paris01 45 82 42 [email protected]://www.idfe.orgISSN 0994-690xCommission paritaire : 0412G81563Imprimé par Imprimerie Chevillon26 bld Kennedy, BP 136 - 89101 SensImprimé sur papier 100% recyclé

est membre de

« réhabiliter la mémoiregustative ». Ils rappellent lacréation, en 2007, du Cen-tre régional de valorisationet d’innovation agricole etalimentaire de Paris-Ile-de-France.

Pour Yannick Alléno etJean-Claude Ribaut, larichesse agricole et la qua-lité de ses produits sont undes atouts de la région. Ilsmontrent, à travers l’his-toire et la littérature, quecette réputation ne s’estjamais démentie. Le rappel

de recettes exceptionnelles, la pré-sentation de cultivateurs et d’artisanssoucieux d’une production de qualité,montrent que l’avenir de l’Ile-de-France passe aussi par son agricultureet sa gastronomie.

Christophe de Chenay

« Terroir parisien » de Yannick Allénoet Jean-Claude Ribaut, éditionsLaymon, 49 €

Remi Koltirine, rédacteur à Liaisonet secrétaire général adjoint d’Ile-de-France Environnement estdécédé le 1er septembre à l’âge de54 ans. Il était architecte voyer, adminis-trateur de SOS Paris, rédacteur enchef de la revue Paris Patrimoine,auteur de plusieurs ouvragesconsacrés à l’urbanisme.

Courtois sans être affable, modeste et discretmais efficace et déterminé, Remi était profondé-ment respecté. Ses prises de position coura-geuses en tant que commissaire enquêteur, sonexpertise architecturale, son rôle déterminantdans l'application de la charte de la concertationà Paris, son amour des bâtiments – des plusmodestes aux plus prestigieux – ont fait de lui unacteur incontournable dans la défense de l'envi-ronnement et du patrimoine.

Sa disparition est une perte considérable pourle milieu associatif parisien mais aussi franci-lien. Nos pensées vont à ses filles et à safamille.

IDFE, son comité de rédaction et son bureaurendent hommage à celui qui s’apprêtait àdonner un nouvel élan à notre union régio-nale.

Michel Riottot

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La disparition de Remi Koltirine