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Résumés/Abstracts 13 route en comparant une population cas (accidentés des services des urgences) à une population témoins. Méthodes.— Deux cent soixante-douze victimes d’accidents de la route identifiées aux urgences des CHU de Bordeaux et de Libourne, et 272 conducteurs témoins arrêtés lors de contrôles routiers effec- tués par les forces de l’ordre et appariés sur le moment de la journée ont été interrogés. Résultats.— Sur les 272 cas (accidentés des urgences), 6,2 % ont fait l’expérience d’un épisode de sommeil au volant avant l’accident contre seulement 1,1 % des 272 conducteurs contrôles avant l’interview. Parmi les accidentées, 11,1% estiment que la somnolence est un facteur contributif de l’accident. La régres- sion logistique a montré que les meilleurs prédicteurs d’avoir un accident sont : avoir pris un traitement contre la dépression (Odds Ratio (OR) 40,01, IC95 % : 3,16—506,26, p < 0,01) ou contre l’insomnie (OR 33,42, IC95 % : 1,58—704,59, p < 0,05) la semaine précédente, avoir eu un épisode de sommeil involontaire au volant juste avant l’accident (OR 21,34, IC95 % : 2,70—168,31, p < 0,01), n’avoir pas fait de pause pendant le trajet (OR 6,04, IC95 % : 2,78—13,15, p < 0,001), avoir conduit sur autoroute (OR 5,90, IC95 % : 2,39—14,59, p < 0,01), avoir pris plus de 2 médicaments dans les 24 heures précédant l’accident (OR 4,94, IC95 % : 1,54—15,86, p < 0,01), estimer avoir une mauvaise qualité de sommeil (OR 4,85, IC95 % : 1,65—14,25, p < 0,01), être âgé de 18 à 30 ans (OR 3,05, IC95 % : 0,97—9,58, p < 0,056), avoir ressenti de l’anxiété ou de la nervosité dans la journée précédente (OR 2,15, IC95 % : 1,06—4,39, p < 0,05), conduire moins de 5000 km par an (OR 1,93, IC95 % : 0,99—3,80, p < 0,054) et dormir 6 heures ou moins par nuit au cours des 3 derniers mois (OR 1,80, IC95 % : 1,04—3,11, p < 0,05). Conclusion.— La somnolence comportementale (réduction du temps de sommeil et hygiène du sommeil), les pathologies du sommeil, la prise de substances médicamenteuses entraînant une somnolence constituent des facteurs de risque de survenue d’accidents de la route. Déclaration d’intérêts.— Cette recherche a été financée par la délé- gation à la sécurité et à la circulation routières (DSCR). http://dx.doi.org/10.1016/j.msom.2014.01.027 CO 3-9 Somnolence et habitudes de sommeil et conditions de travail des conducteurs poids lourds R. Sauvagnac a , F. Barbot b , I. Vaugier b , S. Hartley c , P. Philip d , M.-A. Quera Salva c,a Hôpital Raymond-Poincaré, département de médecine physique et rééducation, 92380 Garches, France b CICIT Inserm 805, Garches, France c Hôpital Raymond-Poincaré, unité de sommeil, Garches, France d CNRS SANPSY, université de Bordeaux, CHU Pellegrin, Bordeaux, France Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M.-A. Quera Salva) Objectif.— Cette enquête prospective réalisée en 2011-2012 a comme objectif de connaître les habitudes des conducteurs de poids lourds (CPL) et leur risque de somnolence au volant. Méthodes.— Des CPL arrêtés dans des aires de repos spécifiques aux poids lourds ont été interrogés entre 16 et 23 heures, afin de recueillir leurs caractéristiques démographiques, leurs condi- tions de travail, leur quantité de sommeil, leur qualité de sommeil (échelle BNSQ), leur somnolence (échelle d’Epworth) et les carac- téristiques de leur voyage en cours. Les CPL s’estimant à Risque d’Accident dû à la Somnolence (groupe ARAS = oui) ont été comparés à ceux ne s’estimant pas à risque (groupe ARAS = non) par des tests t et des tests du chi2. Une régression logistique multivariée a per- mis d’identifier les facteurs de risque d’appartenance au groupe ARAS = oui. Résultats.— Sur 375 CPL interrogés 32 % pensent être à risque d’accident dû à la somnolence, 9 % des CPL ont du s’arrêter à cause de la somnolence et 3 % ont eu un quasi-accident. 14 % des conducteurs ont un score à l’échelle de somnolence d’Epworth à 10. L’analyse multivariée identifie comme facteurs de risque d’appartenance au groupe ARAS = oui, l’existence d’accidents évi- tés de justesse l’année précédente (OR = 2,7, p = 0,004), un score d’Epworth supérieur à 10 (OR = 3,8, p = 0,002), un trajet répéti- tif (OR = 2,4, p = 0,03), et la somnolence dans la journée (OR = 1,5, p = 0,003). Conclusion.— La somnolence est fréquente chez les CLP. Les conduc- teurs du groupe ARAS = oui pourraient avoir une pathologie du sommeil. Le dépistage doit être plus systématique chez les CVPL. Déclaration d’intérêts.— Étude parrainée par la Fondation Vinci autoroute pour une conduite responsable. http://dx.doi.org/10.1016/j.msom.2014.01.028 CO 4-1 Réponses visuelles et non visuelles à la lumière chez l’homme A. Prayag a,, J. Blanc-Gonnet b , P. Avouac b , H.-M. Cooper a , D. Dumortier b , C. Gronfier a a Inserm U846, Lyon, France b ENTPE, Vaulx-en-Velin, France Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Prayag) Objectif.— L’œil ne sert pas qu’à voir. La lumière captée au niveau de la rétine est impliquée dans la vision, via les photorécepteurs classiques (cônes et bâtonnets), et dans une variété de fonctions non visuelles. Le substrat anatomique sous-tendant ces fonctions non visuelles sont les cellules ganglionnaires à mélanopsine (ipRGC) découvertes en 2002, qui sont un sous-type de cellules ganglion- naires de la rétine. Si toutes les études ont montré un effet optimal d’un stimulus lumineux monochromatique à 480 nm (bleu) sur les réponses non visuelles (système circadien, EEG...), ce spectre lumi- neux à un impact négatif sur la vision des couleurs. À ce jour, les deux fonctions de l’œil restent séparées, et un stimulus lumi- neux optimal, tant au niveau visuel que non-visuel, n’existe pas. L’objectif de notre étude est de tester l’hypothèse qu’on peut activer simultanément la vision et les fonctions non visuelles, en utilisant les propriétés spectrales et spatiales spécifiques des pho- torécepteurs classiques et des ipRGCs. Méthodes.— Pour ce faire, 28 sujets sains ont été exposés entre 19—21 h à deux épisodes lumineux de 50 minutes, composés d’une lumière blanche et d’une lumière soit enrichie en bleu afin d’activer les ipRGCs, soit enrichie en rouge afin de limiter leur activation. Nous avons mesuré l’activité EEG, des paramètres cognitifs, ainsi que l’intégrité des fonctions visuelles pendant l’exposition à la lumière. Résultats.— Nos résultats montrent que l’exposition la lumière enri- chie en bleu induit une activation significative de l’EEG dans la bande bêta, et ce dès les premières minutes. Les fonctions cogni- tives mesurées ne sont pas activées par le spectre lumineux enrichi en bleu, et les fonctions non visuelles ne sont pas détériorées au cours de cette exposition. Conclusion.— Nos résultats sont donc en accord avec l’hypothèse que les fonctions visuelles et non visuelles peuvent être activées concomitamment de manière optimale. De plus, ils suggèrent que la réponse non visuelle pour l’EEG est sous-tendue uniquement par la contribution des ipRGCs et n’implique pas les cônes, et fgque les réponses cognitives et subjectives pourraient posséder un seuil d’activation plus élevé que celui de l’EEG. Déclaration d’intérêts.— Aucun. http://dx.doi.org/10.1016/j.msom.2014.01.029

Somnolence et habitudes de sommeil et conditions de travail des conducteurs poids lourds

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Page 1: Somnolence et habitudes de sommeil et conditions de travail des conducteurs poids lourds

Résumés/Abstracts 13

route en comparant une population cas (accidentés des services desurgences) à une population témoins.Méthodes.— Deux cent soixante-douze victimes d’accidents de laroute identifiées aux urgences des CHU de Bordeaux et de Libourne,et 272 conducteurs témoins arrêtés lors de contrôles routiers effec-tués par les forces de l’ordre et appariés sur le moment de lajournée ont été interrogés.Résultats.— Sur les 272 cas (accidentés des urgences), 6,2 %ont fait l’expérience d’un épisode de sommeil au volant avantl’accident contre seulement 1,1 % des 272 conducteurs contrôlesavant l’interview. Parmi les accidentées, 11,1 % estiment que lasomnolence est un facteur contributif de l’accident. La régres-sion logistique a montré que les meilleurs prédicteurs d’avoirun accident sont : avoir pris un traitement contre la dépression(Odds Ratio (OR) 40,01, IC95 % : 3,16—506,26, p < 0,01) ou contrel’insomnie (OR 33,42, IC95 % : 1,58—704,59, p < 0,05) la semaineprécédente, avoir eu un épisode de sommeil involontaire au volantjuste avant l’accident (OR 21,34, IC95 % : 2,70—168,31, p < 0,01),n’avoir pas fait de pause pendant le trajet (OR 6,04, IC95 % :2,78—13,15, p < 0,001), avoir conduit sur autoroute (OR 5,90,IC95 % : 2,39—14,59, p < 0,01), avoir pris plus de 2 médicaments dansles 24 heures précédant l’accident (OR 4,94, IC95 % : 1,54—15,86,p < 0,01), estimer avoir une mauvaise qualité de sommeil (OR 4,85,IC95 % : 1,65—14,25, p < 0,01), être âgé de 18 à 30 ans (OR 3,05,IC95 % : 0,97—9,58, p < 0,056), avoir ressenti de l’anxiété ou de lanervosité dans la journée précédente (OR 2,15, IC95 % : 1,06—4,39,p < 0,05), conduire moins de 5000 km par an (OR 1,93, IC95 % :0,99—3,80, p < 0,054) et dormir 6 heures ou moins par nuit au coursdes 3 derniers mois (OR 1,80, IC95 % : 1,04—3,11, p < 0,05).Conclusion.— La somnolence comportementale (réduction du tempsde sommeil et hygiène du sommeil), les pathologies du sommeil, laprise de substances médicamenteuses entraînant une somnolenceconstituent des facteurs de risque de survenue d’accidents de laroute.Déclaration d’intérêts.— Cette recherche a été financée par la délé-gation à la sécurité et à la circulation routières (DSCR).

http://dx.doi.org/10.1016/j.msom.2014.01.027

CO 3-9Somnolence et habitudes de sommeilet conditions de travail desconducteurs poids lourdsR. Sauvagnac a, F. Barbot b, I. Vaugier b, S. Hartley c, P. Philip d,M.-A. Quera Salva c,∗a Hôpital Raymond-Poincaré, département de médecine physiqueet rééducation, 92380 Garches, Franceb CICIT Inserm 805, Garches, Francec Hôpital Raymond-Poincaré, unité de sommeil, Garches, Franced CNRS SANPSY, université de Bordeaux, CHU Pellegrin, Bordeaux,France∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (M.-A. Quera Salva)

Objectif.— Cette enquête prospective réalisée en 2011-2012 acomme objectif de connaître les habitudes des conducteurs de poidslourds (CPL) et leur risque de somnolence au volant.Méthodes.— Des CPL arrêtés dans des aires de repos spécifiquesaux poids lourds ont été interrogés entre 16 et 23 heures, afinde recueillir leurs caractéristiques démographiques, leurs condi-tions de travail, leur quantité de sommeil, leur qualité de sommeil(échelle BNSQ), leur somnolence (échelle d’Epworth) et les carac-téristiques de leur voyage en cours. Les CPL s’estimant à Risqued’Accident dû à la Somnolence (groupe ARAS = oui) ont été comparésà ceux ne s’estimant pas à risque (groupe ARAS = non) par des testst et des tests du chi2. Une régression logistique multivariée a per-mis d’identifier les facteurs de risque d’appartenance au groupeARAS = oui.

Résultats.— Sur 375 CPL interrogés 32 % pensent être à risqued’accident dû à la somnolence, 9 % des CPL ont du s’arrêter àcause de la somnolence et 3 % ont eu un quasi-accident. 14 % desconducteurs ont un score à l’échelle de somnolence d’Epworth≥à 10. L’analyse multivariée identifie comme facteurs de risqued’appartenance au groupe ARAS = oui, l’existence d’accidents évi-tés de justesse l’année précédente (OR = 2,7, p = 0,004), un scored’Epworth supérieur à 10 (OR = 3,8, p = 0,002), un trajet répéti-tif (OR = 2,4, p = 0,03), et la somnolence dans la journée (OR = 1,5,p = 0,003).Conclusion.— La somnolence est fréquente chez les CLP. Les conduc-teurs du groupe ARAS = oui pourraient avoir une pathologie dusommeil. Le dépistage doit être plus systématique chez les CVPL.Déclaration d’intérêts.— Étude parrainée par la Fondation Vinciautoroute pour une conduite responsable.

http://dx.doi.org/10.1016/j.msom.2014.01.028

CO 4-1Réponses visuelles et non visuelles àla lumière chez l’hommeA. Prayag a,∗, J. Blanc-Gonnet b, P. Avouac b, H.-M. Cooper a,D. Dumortier b, C. Gronfier a

a Inserm U846, Lyon, Franceb ENTPE, Vaulx-en-Velin, France∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (A. Prayag)

Objectif.— L’œil ne sert pas qu’à voir. La lumière captée au niveaude la rétine est impliquée dans la vision, via les photorécepteursclassiques (cônes et bâtonnets), et dans une variété de fonctionsnon visuelles. Le substrat anatomique sous-tendant ces fonctionsnon visuelles sont les cellules ganglionnaires à mélanopsine (ipRGC)découvertes en 2002, qui sont un sous-type de cellules ganglion-naires de la rétine. Si toutes les études ont montré un effet optimald’un stimulus lumineux monochromatique à 480 nm (bleu) sur lesréponses non visuelles (système circadien, EEG. . .), ce spectre lumi-neux à un impact négatif sur la vision des couleurs. À ce jour,les deux fonctions de l’œil restent séparées, et un stimulus lumi-neux optimal, tant au niveau visuel que non-visuel, n’existe pas.L’objectif de notre étude est de tester l’hypothèse qu’on peutactiver simultanément la vision et les fonctions non visuelles, enutilisant les propriétés spectrales et spatiales spécifiques des pho-torécepteurs classiques et des ipRGCs.Méthodes.— Pour ce faire, 28 sujets sains ont été exposés entre19—21 h à deux épisodes lumineux de 50 minutes, composés d’unelumière blanche et d’une lumière soit enrichie en bleu afin d’activerles ipRGCs, soit enrichie en rouge afin de limiter leur activation.Nous avons mesuré l’activité EEG, des paramètres cognitifs, ainsique l’intégrité des fonctions visuelles pendant l’exposition à lalumière.Résultats.— Nos résultats montrent que l’exposition la lumière enri-chie en bleu induit une activation significative de l’EEG dans labande bêta, et ce dès les premières minutes. Les fonctions cogni-tives mesurées ne sont pas activées par le spectre lumineux enrichien bleu, et les fonctions non visuelles ne sont pas détériorées aucours de cette exposition.Conclusion.— Nos résultats sont donc en accord avec l’hypothèseque les fonctions visuelles et non visuelles peuvent être activéesconcomitamment de manière optimale. De plus, ils suggèrent quela réponse non visuelle pour l’EEG est sous-tendue uniquement parla contribution des ipRGCs et n’implique pas les cônes, et fgqueles réponses cognitives et subjectives pourraient posséder un seuild’activation plus élevé que celui de l’EEG.Déclaration d’intérêts.— Aucun.

http://dx.doi.org/10.1016/j.msom.2014.01.029