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10 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2009 - N°417 BRÈVES Hôpital Paul Brousse : 2500 e greffe du foie Le 18 septembre l’Hôpital Paul-Brousse (Vil- lejuif) a célébré sa 2 500 e greffe hépatique. Cet hôpital est le premier centre de greffe hépatique en France et le troisième en Eu- rope. Le nombre de patients en attente de greffe ne cesse d’augmenter, rappelle l’AP- HP. En 2008, on comptait 1 563 donneurs pour 13 687 patients en attente, soit 571 de plus qu’en 2007 : 222 sont décédés faute de greffon. Alors que le don d’organes est Grande cause nationale en 2009, l’AP-HP, qui compte 14 hôpitaux autorisés à l’activité des prélèvements d’organes et de tissus et 14 hôpitaux réalisant des greffes, assure près de 90 % de l’activité de greffe en Ile- de-France et 30 % de l’activité nationale. Or la région subit une pénurie élevée d’orga- nes et de cornée, avec un retentissement sur les médianes d’attente de greffe de cœur, de foie et de rein, pénurie aggravée par le flux de malades d’autres régions, notamment pour le cœur, le foie et la cornée. Pegvisomant, somatostatine et acromégalie Une équipe d’endocrinologie du Centre mé- dical de l’Université Erasmus de Rotterdam (S. Neggers et coll.) indique que la monothé- rapie de l’acromégalie par la somatostatine, même sous forme à libération prolongée, n’est pas optimale. L’association à la soma- tostatine d’analogues ou de pegvisomant, antagoniste du récepteur de l’hormone de croissance, se révèle hautement efficace pour normaliser le taux d’IGF 1 chez plus de 90 % des patients, avec un effet positif sur la qualité de vie du fait du contrôle biologique de l’acromégalie. Si le pegvisomant seul ne réduit pas suffisamment la taille de tumeur pituitaire, l’association aux analogues de la somatostatine le permet chez 20 % des pa- tients, avec comme effet indésirable principal une augmentation des transaminases chez 15 % des patients, notamment chez le dia- bétique. Les auteurs présentent une revue des données du traitement associé. Source : Nature Rev Endocrinol 2009;5:546-52. DR Sur quelque 7 millions d’infections nosocomiales (IN) par an en Europe et aux États-Unis, la France en compte 750 000 pour 2,4 à 6 milliards d’euros de dépenses supplémentaires, et l’Europe 5 millions, dont 135 000 létales. C’est désormais un très grave problème de santé publique. Depuis 2 ans, bioMérieux organise au Centre de conférences de la Fondation Mérieux (Veyrier-du-Lac) des rencontres sur les IN dans le monde. Celle-ci visait à faciliter les échanges scientifiques et développer un réseau mondial d’experts (3 rd World HAI Forum en 2011). Des experts préoccupés. Car des bactéries courantes telle E. coli sécrètent de nouvelles enzymes pour inactiver tous les antibiotiques, à l’ex- ception de ceux de la réserve… pour l’instant. Les experts ont rappelé un fait trop souvent tu : les personnels de san- té contribuent à la propagation d’IN en refusant par exemple le vaccin grippal ou en « préférant aller au travail malades plutôt que de prendre un arrêt-maladie » (sic). C’est grave, quand les autorités ne peuvent faire adopter un programme de prévention pourtant validé pour lutter contre la propagation des IN. Les experts de ce 2 nd World HAI Forum ont appelé les autorités et les profession- nels de santé du monde entier à « réduire la consommation d’antibiotiques et à agir le plus vite possible avant que certaines bactéries multirésistantes deviennent endémiques ». Autre inquié- tude des experts : la fausse impression qui court que le problème des IN serait entièrement maîtrisé ! Non, avec de nouvelles formes de résis- tance bactérienne (carbapénémases KPC) et de nouvelles souches de bactéries (Staphylococcus aureus PVL+), les IN sont un problème-clé de santé publique. Les débats ont abouti à la proposition de mise en place rapide d’actions de pré- vention multiples, ayant prouvé leur efficacité dans plusieurs pays, pour lutter contre les Staphylococcus aureus résistants à la méticilline (SARM) : isole- ment des patients, dépistage et décolo- nisation des porteurs, renforcement des mesures d’hygiène… Dans certains pays, plus de 60 % des souches de S. aureus identifiées dans les unités de soins inten- sifs résistent à des antibiotiques de pre- mière intention. Autre thème : la grippe qui se transmet aussi à l’hôpital et représente un risque pour les patients fragilisés (patients très jeunes et très âgés, sujets immunodé- primés…). Les experts, là encore, ont souligné la sous-estimation de ce risque DR SOS BMR : les experts crient « Au feu ! » Au 2 nd World HAI Forum, 2 e Forum des infections acquises à l’hôpital (Hospital Acquired Infections), des experts internationaux ont alerté : les bactéries produisent de nouvelles enzymes contre la plupart des anti- biotiques, le personnel hospitalier est réticent à la vaccination grippale, les politiques de santé sont insuffisantes face aux bactéries multirésistantes, les BMR.

SOS BMR : les experts crient « Au feu ! »

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Page 1: SOS BMR : les experts crient « Au feu ! »

10 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2009 - N°417

BRÈVES

Hôpital Paul Brousse :

2 500 e greffe du foie

Le 18 septembre l’Hôpital Paul-Brousse (Vil-lejuif) a célébré sa 2 500 e greffe hépatique. Cet hôpital est le premier centre de greffe hépatique en France et le troisième en Eu-rope. Le nombre de patients en attente de greffe ne cesse d’augmenter, rappelle l’AP-HP. En 2008, on comptait 1 563 donneurs pour 13 687 patients en attente, soit 571 de plus qu’en 2007 : 222 sont décédés faute de greffon. Alors que le don d’organes est Grande cause nationale en 2009, l’AP-HP, qui compte 14 hôpitaux autorisés à l’activité des prélèvements d’organes et de tissus et 14 hôpitaux réalisant des greffes, assure près de 90 % de l’activité de greffe en Ile-de-France et 30 % de l’activité nationale. Or la région subit une pénurie élevée d’orga-nes et de cornée, avec un retentissement sur les médianes d’attente de greffe de cœur, de foie et de rein, pénurie aggravée par le fl ux de malades d’autres régions, notamment pour le cœur, le foie et la cornée.

Pegvisomant, somatostatine

et acromégalie

Une équipe d’endocrinologie du Centre mé-dical de l’Université Erasmus de Rotterdam (S. Neggers et coll.) indique que la monothé-rapie de l’acromégalie par la somatostatine, même sous forme à libération prolongée, n’est pas optimale. L’association à la soma-tostatine d’analogues ou de pegvisomant, antagoniste du récepteur de l’hormone de croissance, se révèle hautement efficace pour normaliser le taux d’IGF 1 chez plus de 90 % des patients, avec un effet positif sur la qualité de vie du fait du contrôle biologique de l’acromégalie. Si le pegvisomant seul ne réduit pas suffi samment la taille de tumeur pituitaire, l’association aux analogues de la somatostatine le permet chez 20 % des pa-tients, avec comme effet indésirable principal une augmentation des transaminases chez 15 % des patients, notamment chez le dia-bétique. Les auteurs présentent une revue des données du traitement associé.

Source : Nature Rev Endocrinol 2009;5:546-52.

DR

Sur quelque 7 millions d’infections nosocomiales (IN) par an en Europe et aux États-Unis, la France en compte 750 000 pour 2,4 à 6 milliards d’euros de dépenses supplémentaires, et l’Europe 5 millions, dont 135 000 létales. C’est désormais un très grave problème de santé publique.Depuis 2 ans, bioMérieux organise au Centre de conférences de la Fondation Mérieux (Veyrier-du-Lac) des rencontres sur les IN dans le monde. Celle-ci visait à faciliter les échanges scientifi ques et développer un réseau mondial d’experts (3rd World HAI Forum en 2011).

Des experts préoccupés.

Car des bactéries courantes telle E. coli sécrètent de nouvelles enzymes pour inactiver tous les antibiotiques, à l’ex-ception de ceux de la réserve… pour l’instant. Les experts ont rappelé un fait trop souvent tu : les personnels de san-té contribuent à la propagation d’IN en refusant par exemple le vaccin grippal ou en « préférant aller au travail malades

plutôt que de prendre un arrêt-maladie » (sic). C’est grave, quand les autorités ne peuvent faire adopter un programme de prévention pourtant validé pour lutter contre la propagation des IN.Les experts de ce 2nd World HAI Forum ont appelé les autorités et les profession-nels de santé du monde entier à « réduire

la consommation d’antibiotiques et

à agir le plus vite possible avant que

certaines bactéries multirésistantes

deviennent endémiques ». Autre inquié-tude des experts : la fausse impression qui court que le problème des IN serait entièrement maîtrisé !Non, avec de nouvelles formes de résis-tance bactérienne (carbapénémases KPC) et de nouvelles souches de bactéries (Staphylococcus aureus PVL+), les IN sont un problème-clé de santé publique.Les débats ont abouti à la proposition de mise en place rapide d’actions de pré-

vention multiples, ayant prouvé leur

effi cacité dans plusieurs pays, pour lutter contre les Staphylococcus aureus résistants à la méticilline (SARM) : isole-ment des patients, dépistage et décolo-nisation des porteurs, renforcement des mesures d’hygiène… Dans certains pays, plus de 60 % des souches de S. aureus identifi ées dans les unités de soins inten-sifs résistent à des antibiotiques de pre-mière intention.Autre thème : la grippe qui se transmet aussi à l’hôpital et représente un risque pour les patients fragilisés (patients très jeunes et très âgés, sujets immunodé-primés…). Les experts, là encore, ont souligné la sous-estimation de ce risque

DR

SOS BMR : les experts crient « Au feu ! »Au 2nd World HAI Forum, 2e Forum

des infections acquises à l’hôpital

(Hospital Acquired Infections), des

experts internationaux ont alerté : les

bactéries produisent de nouvelles

enzymes contre la plupart des anti-

biotiques, le personnel hospitalier est

réticent à la vaccination grippale, les

politiques de santé sont insuffi santes

face aux bactéries multirésistantes,

les BMR.

Page 2: SOS BMR : les experts crient « Au feu ! »

générales

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2009 - N°417 // 11

Infl uence de la ménopause

sur le risque de diabète

La ménopause influence-t-elle le risque de diabète ? Selon des équipes d’endocri-nologie (Chicago, San Diego, Boston), cela reste controversée. Des études cliniques suggèrent que le traitement hormonal de la ménopause (THS) serait neutre ou bénéfi que pour l’équilibre glycémique des femmes diagnostiquées diabétiques. Nombre de femmes ménopausées sont diabétiques. La ménopause est souvent marquée de prise de poids, plus attribuée à l’âge qu’à la mé-nopause, le changement de la composition corporelle a été indépendamment associé au statut ménopausique. Ce changement a été à son tour associé à une altération de la sensibilité à l’insuline et du métabolisme glucidique post-ménopausiques. Et le THS aurait un effet neutre ou bénéfi que sur le changement de composition corporelle à la ménopause. Un champ de recherche pour défi nir la meilleure prise en charge du dia-bète de la ménopause.

Source : Nature Rev Endocrinol 2009;5: 553-8.

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par les professionnels de santé et leur faible taux de vaccination, les incitant à passer à l’acte.« Les professionnels de santé du monde entier font face aux mêmes diffi cultés, posées par des microorganismes de plus en plus complexes et résistants, dit Alain Mérieux, président de bioMérieux. Notre ambition, en réunissant certains des meilleurs spécialistes internationaux de la prévention et du contrôle des infections, est d’aider la communauté médicale mon-diale à prendre des mesures concrètes pour répondre à cette question cruciale pour la santé publique. »

Pour Didier Pittet, chef du Service pré-vention et contrôle de l’infection des Hôpitaux universitaires de Genève, direc-teur du Centre collaborateur de l’OMS pour la sécurité des patients, « la vraie pandémie mondiale aujourd’hui, c’est la résistance aux antibiotiques. C’est une épidémie silencieuse et une bombe à retardement car demain, nous n’aurons plus d’antibiotiques effi caces : une prise de conscience globale est aujourd’hui nécessaire ».

J.-M. M.

Source : Communication bioMérieux.

GÉNÉRALES I ACTEURS ÉCONOMIQUES I PRODUITS NOUVEAUX I LIVRES & AGENDA

Thermo Fisher enlève B.R.A.H.M.S. à l’EuropeLe groupe Thermo Fisher Scientifi c Inc. (Waltham, Massachusetts), dont la devise est the world leader in serving science (le leader mondial au service de la science), a annoncé qu’il avait fi nalisé l’acquisition de B.R.A.H.M.S. AG pour un montant de 330 millions d’euros (environ 470 millions de dollars). À cette occasion, l’acquéreur a rappelé que cet industriel allemand (presque français) du diagnostic in vitro (IDIV) avait généré un chiffre d’affaires de 75 million d’euros (environ 105 millions de dollars) en 2008.Thermo Fisher intégrera B.R.A.H.M.S. dans son segment des technologies d’analyses et envisage d’utiliser le siège social de B.R.A.H.M.S. à Henningsdorf pour ins-taller son Centre européen d’excellence (European Center of Excellence) dédié à ses activités de diagnostic clinique.Surtout connu pour avoir développé la procalcitonine (PCT) comme marqueur très sensible d’infl ammation, B.R.A.H.M.S. est devenu un acteur majeur du diagnos-tic in vitro avec des marqueurs pour le sepsis, la cardiologie et la pneumologie, les soins intensifs et la surveillance pré-natale. Il fut le premier IDIV à proposer un dosage d’un marqueur permettant de détecter un diabète de type 1 chez un sujet supposé être un diabétique de type 2 (diabète 1 d’évolution lente ou LADA) : le GAD. B.R.A.H.M.S. a repris récemment les automates Kryptor, sys-tèmes particulièrement innovants, à l’ori-gine développés en France. L’an dernier, B.R.A.H.M.S. a célébré ses 10 ans, avec

un hommage à la France, un des berceaux de son expansion internationale.Thermo Fisher Scientifi c compte quel-que 34 000 collaborateurs dans le monde et 350 000 clients dans l’industrie phar-maceutique, les biotechnologies, les hôpitaux, les laboratoires de diagnostic biologique, la recherche et l’Université. Thermo Scientifi c offre un large panel d’instruments d’analyses, d’équipement de laboratories, de réactifs, de consom-mables et de services. Fisher Scientifi c propose équipement de laboratoires, pro-duits chimiques, fournitures et services pour la santé, la recherche scientifi que, la sécurité et l’éducation.Plus d’information : www.thermofi sher.com. ■■

J.-M. M.

DR