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S P É C I A LARCHITECTURE
L E P L U S A R C H I D E S M A G A Z I N E S D E D É C O
H o r s - s é r i e a r c h i t e c t u r e n ° � 1 4 - N o v e m b r e 2 0 1 8 - 9,9 0 � � - w w w. i d e a t . f r
San Francisco
Le plus grand et le plus beauChinatown du monde
Glasgow
Sur les traces du génialCharles Rennie Mackintosh
Les Arcs
Charlotte Perriand au sommet
Paris
20 talents de demain à la Cité de l’architecture
São Paulo
La maison d’Arthur Casas
XBeyrouth
Lina Ghotmeh, archéologue du futur
ID-PANORAMA
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Tous les deux ans, le ministère de la Culture établit une sélection dans le cadre des Albums
des jeunes architectes et paysagistes (AJAP), qui mettent à l’honneur des talents
prometteurs de moins de 35�ans. Quinze équipes d’architectes et cinq de paysagistes
forment la promotion 2018. Découvrez ici les heureux lauréats, dont le travail
est exposé jusqu’au 10�décembre à la Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris.
Dossier réalisé par Maryse Quinton / Portraits Gaston F. Bergeret / Cité de l’architecture et du patrimoine
Relève assurée
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Élise & Martin Hennebicque Élise (1984) et Martin (1989) Hennebicque ont créé leur
atelier en 2015 à Conty (Somme) avec un bureau
secondaire à Brignoles (Var). Eliseetmartinpaysagistes.com
Pourquoi le paysage ? Afi n d’œuvrer avec des éléments vivants pour recomposer, restituer ou créer de nouveaux lieux de vie, et de créer des espaces de poésie suscitant des émotions chez ceux qui les observent, les pratiquent ou les habitent.Votre rencontre ? En 2010, sur les bancs de l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois, aujourd’hui intégrée à l’INSA CVL.Votre projet le plus important ? La création d’un jardin dans les Hortillonnages d’Amiens, dans le cadre de l’appel à projets du festival international de jardins Art, villes et paysage. Notre premier projet, première collaboration et première réalisation dans un site emblématique.Un projet que vous auriez aimé réaliser ? Le jardin de Little Sparta, en Écosse, créé par l’artiste Ian Hamilton Finlay.Une date importante pour l’agence ? Celle de notre prix aux AJAP, en avril 2018.Votre philosophie ? Du bon sens. Composer avec le «�déjà-là�» et travailler avec les éléments identitaires d’un territoire. Créer des espaces intemporels et pérennes donnant l’illusion d’avoir toujours existé. Une démarche humble, respectueuse du milieu et de l’histoire des sites sur lesquels nous intervenons. L’approche écologique est inhérente aux projets que nous concevons. Le végétal en est la structure maîtresse, la colonne vertébrale, le cœur vivant. Rien n’est acquis, pas de recettes : nous nous adaptons à chaque site, à chaque projet.Un paysagiste que vous admirez ? Le Britannique Dan Pearson, pour sa capacité à créer des jardins ou des espaces publics dont la fi nesse du travail de composition végétale aboutit à de véritables œuvres picturales, vivantes en toutes saisons.Un rêve ? Poursuivre la création de notre propre jardin, un jardin vivant, d’expérimentation et une vitrine de notre savoir-faire. Continuer de pouvoir l’observer, le regarder grandir, évoluer…
Dixneufcentquatrevingtsix Mathilde Gaudemet (1986) et Arthur Ozenne (1986) ont créé
Dixneufcentquatrevingtsix en 2014 à Paris. 19-86.fr
Pourquoi l’architecture ? Pour satisfaire un besoin de créativité et de réfl exion ancré dans une réalité tangible : «�la tête dans les nuages et les pieds sur terre�». L’architecture, en tant que discipline, s’explore. L’espace se sculpte sous la pression des outils que sont le contexte, l’usage, l’humanité, l’humeur, impliquant nécessairement de s’éloigner de l’habitude.Votre rencontre ? Avant même de nous soucier d’architecture, sur les bancs du lycée Carnot, à Paris.Votre projet le plus important ?
Une extension de maison dans le sud de la France. Projet actant notre association, révélateur de notre complémentarité mais aussi fondateur d’un positionnement et d’une méthodologie.Un projet que vous auriez aimé réaliser ? La Sainte-Chapelle, située sur l’île de la Cité, à Paris, et qui, malgré ses presque 800�ans, est un édifi ce résolument contemporain.Une date importante pour l’agence ? 1986, comme point de départ. C’est l’année de notre naissance et de celles de Lady Gaga et d’Usain Bolt ; c’est aussi l’année du décès de Fernand Pouillon et de Simone de Beauvoir. C’est Tchernobyl, et c’est Orwell deux ans plus tard.Ce que vous défendez ? Une approche sans jugement dogmatique ni a priori stylistique. L’énonciation lisible et tranchée d’une architecture insoumise, sensible, contextuelle et réfl échie, qui a� rme le primat de l’expérience vécue et des sensations, et qui place l’individu, ses émois, sa culture et son histoire au cœur du projet.Un ou une architecte que vous admirez ? Celui ou celle qui, au néolithique, a conçu Stonehenge dans le Wiltshire, en Angleterre. Impossible de citer son nom !Un rêve ? Laisser un monde un peu meilleur que celui que nous avons trouvé. Une chimère�?
Faille végétale dans le parc d’Isle – Jacques Braconnier à Saint-Quentin, dans l’Aisne (2018).
Extension d’une maison de famille à Uzès,
dans le Gard (2016).
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Orma ArchitetturaFrançois Tramoni (1985), Michel de Rocca Serra (1989), Jean-Mathieu de Lipowski (1989) et Alicia Orsini (1989)
ont créé Orma Architettura en 2014 à Corte (Corse). Orma-architettura.com
Pourquoi l’architecture ? Parce qu’elle doit permettre de révéler un site, au travers de la
structure qui le compose, de la lumière qui le révèle et de la matière qui le fait vibrer.
Votre rencontre ? À l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille, durant nos études.
Votre projet le plus important ? La première réalisation qui a permis de faire rayonner l’agence :
la Casa Vanella, extension d’une maison d’hôtes en Corse pour laquelle nous avons eu le prix du
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�Palmarès grand public archicontemporaine dans la catégorie
habitat et une nomination aux ArchiDesignClub Awards.
Un projet que vous auriez aimé réaliser ? Le théâtre
de La�Lira à Ripoll, en Espagne, des architectes catalans RCR :
un projet qui vient donner du sens à l’architecture au travers
d’une tension entre patrimoines urbain, paysager et bâti.
Une date importante pour l’agence ? Cette année,
2018, où nous sommes lauréats des AJAP.
Ce que vous défendez ? Nous prônons une architecture
locale qui soit témoin de l’histoire, du temps, de l’espace et
de la société dans laquelle elle se trouve.
Un ou une architecte que vous admirez ? Luigi Snozzi,
pour son investissement jusqu’à l’échelle territoriale dans son
village de Monte Carasso.
Un rêve ? Que l’architecture soit enseignée à tous dès
le plus jeune âge pour une prise de conscience de la valeur
et des enjeux de la discipline.
Hervé Der Sahakian Hervé Der Sahakian (1984) a créé son agence en 2014 à Marseille. Dersahakian.com
Pourquoi le paysage ? L’architecture du paysage et des jardins est apparue comme
une évidence relativement tôt. C’est le fruit d’une volonté initiale de se rapprocher de
la nature. C’est un «�métier passion�», à la fois créatif, lunaire et pragmatique, lié à la terre.
J’y trouve un bel équilibre. Les sites et les projets se suivent mais ne se ressemblent pas.
Votre projet le plus important ? Le jardin de la Graciane, à Cassis.
C’est la première réalisation pour laquelle j’ai travaillé o� ciellement comme concepteur.
Il y a eu d’autres projets auparavant, mais toujours «�au nom de�». C’est un point départ.
Un projet que vous auriez aimé réaliser ? Le jardin botanique de Barcelone.
Et l’aménagement de Cap Roig (en Espagne), de Michèle & Miquel.
Une date importante pour l’agence ? Celle de la création de l’agence, en 2014.
En espérant qu’il y en aura d’autres.
Votre philosophie ? Je m’e� orce de révéler ou de recréer la beauté d’un site, de
ranimer les pratiques et la poésie du lieu, dans la recherche de l’évidence et d’un équilibre.
Je réfl échis à proposer un espace fonctionnel et maîtrisé qui laisse la politesse à la
spontanéité du vivant. Il me paraît important de donner du fond, un sens à l’aménagement
et d’inscrire celui-ci dans une logique émotionnelle. Il s’agit aussi de mettre en scène la
diversité du règne végétal comme une palette vivante et évolutive de couleurs, de textures
et de senteurs. C’est l’essence même du métier.
Un ou une paysagiste que vous admirez ? J’aime beaucoup le traitement
de l’espace extérieur du ranch Cuadra San Cristóbal, de Luis Barragán, à Mexico. D’une
manière générale, je suis sensible aux projets qui arrivent à allier la poésie du lieu et le
design, notamment ceux de Michèle & Miquel.
Un rêve ? Concevoir un jardin botanique de plantes méditerranéennes dans le sud
de la France.
Aménagement du jardin de la Graciane, à Cassis, dans les Bouches-du-Rhône (2017).
Extension d’une maison d’hôtes à Casamaccioli, en Haute-Corse (2016).
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©�DAVID GIANCATARINA / ORMA ARCHITETTURA
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Atelier Rita
Valentine Guichardaz-Versini (1985) a créé
l’Atelier Rita en 2016 à Paris. Atelierrita.org
Pourquoi l’architecture ? Parce qu’elle engage sans enfermer, parce qu’elle permet de s’émanciper, parce qu’elle est le support de nos vies et le miroir de notre société, parce qu’elle est une première et une dernière fois, parce qu’elle peut tout, parce qu’elle est d’intérêt public.Votre projet le plus important ? Le centre d’hébergement d’urgence pour migrants et Roms (CHUM) d’Ivry-sur-Seine (94).Un projet que vous auriez aimé réaliser ? L’opération de la Tourette, à Marseille, de Fernand Pouillon.Une date importante pour l’agence ? L’arrivée des premières personnes hébergées au CHUM, le 16�janvier 2017.Ce que vous défendez ? Nous sommes tout particulièrement attachés à la valeur d’usage en tant que générateur d’une architecture sensible, attentive à toutes les échelles. Ces sillons exploratoires nous ont conduits également à penser la ville résiliente, l’habitat temporaire. Ainsi, l’expérience de l’installation du CHUM d’Ivry nous aide, par le projet, à façonner une pensée autour de la ville durable en ce qu’elle intègre un volet social important et une capacité de réinvention constante. Nous pensons l’objet construit comme une matière vivante intégrant l’instant et le mouvement.Un ou une architecte que vous admirez ? Dans le désordre et sur un inventaire non exhaustif : Roland Simounet, Fernand Pouillon, Alvar Aalto, Charlotte Perriand, Jørn Utzon, Jean Prouvé, Gion A.�Caminada… D’une manière générale, je n’arrive pas à détacher l’œuvre de l’auteur. J’aime les architectes qui, par leur travail, nous démontrent toute l’étendue de leur humanité.Un rêve ? Pourquoi un seul ?
Syvil – Architectures du système ville
Damien Antoni (1986) et Achille Bourdon (1985) ont créé Syvil en 2015
à Paris. Syvil.eu
Pourquoi l’architecture ? Parce que c’est une discipline qui fait converger d’innombrables enjeux de société dans un lieu matériel et réel. Concevoir l’architecture et orienter son contenu, c’est essayer d’actionner un levier concret, en particulier pour la transition écologique du fonctionnement des villes.Votre rencontre ? À Paris, lors de notre diplôme, à étudier ces mêmes territoires «�moches�» de la périphérie qui sont les coulisses oubliées des villes-centres et qui ont besoin d’être soignés.Votre projet le plus important ? Nous développons un port urbain intra-muros pour livrer Paris par le fl euve, qui constitue une chaîne d’approvisionnement plus écologique, avec une station-service des énergies alternatives. Ce programme n’avait jamais été proposé auparavant. C’est donc très enthousiasmant de concevoir un tel «�démonstrateur�» de la transition écologique.Un projet que vous auriez aimé réaliser ? Un puits à escaliers (bâoli) de l’Inde du VIIIe�siècle. Comme les Indiens avec l’eau, nous aimerions réaliser ce que nous appelons un «�monument productif�», c’est-à-dire un monument vivant qui produise des ressources et de l’énergie localement. Et qui se chargerait d’une signifi cation pour ces raisons.Une date importante pour l’agence ? L’année 2017, quand nous avons gagné des concours qui ont enfi n légitimé notre recherche sur les architectures du «�système ville�», entamée depuis dix ans.Ce que vous défendez ? Nous travaillons sur la ville productive. Nous défendons l’idée que les bâtiments de production matérielle (eau, énergie, déchets, marchandises...) doivent être construits avec le même soin que des équipements publics. Parce que ce sont des sujets d’écologie politique qui nous concernent tous, et pas seulement les techniciens.Un ou une architecte que vous admirez ? Herzog & de Meuron, pour leurs premières œuvres.Un rêve ? Construire un monument productif de la transition écologique.
Centre d’hébergement
d’urgence à Ivry-sur-Seine, dans
le Val-de-Marne (2017).
P4 Porte de Pantin, messagerie logistique mutualisée à zéro
émission de particules, à Paris (en cours, livraison en 2019).
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Jean-Benoît Vétillard Architectures
Jean-Benoît Vétillard (1984) a créé son atelier en 2014 à Paris.
Jeanbenoitvetillard.com
Pourquoi l’architecture ? Pour passer du monde
des idées au monde construit.
Votre rencontre ? «�Au coin de la rue...�», dixit
Bertrand Burgalat (auteur et interprète de la chanson
Ma rencontre, NDLR).
Votre projet le plus important ? Les Units,
une série de microarchitectures développées pour les
nouveaux bureaux de BETC à Pantin. C’est une analyse
précise des nouveaux usages et de leur cohabitation en
open space. Le projet global traite de la complémentarité
des usages, des formes géométriques simples, des
matières détournées. C’est un grand collage.
Un projet que vous auriez aimé réaliser ? Le
Teatro del Mondo d’Aldo Rossi, pour sa réalité physique,
géographique et mythique. C’est un objet étrange, entre
une architecture et un dessin, sans échelle et fl ottant.
Une date importante pour l’agence ? Derrière les dates, il y a surtout des
rencontres, notamment celles de personnes avec qui j’ai eu la chance de travailler avant
de monter ma propre agence. Les agences Block à Nantes, Salottobuono à Venise, ainsi
que Berger & Berger, Projectiles et Ciguë à Paris. Toutes, de façon di� érente, ont marqué
des moments importants dans ma construction en tant qu’architecte. Et puis il y a ce
samedi 25�septembre 2010, où j’ai décidé, tard le soir, de retourner vivre à Venise. Cette
année vénitienne a été déterminante pour la suite de ma carrière.
Ce que vous défendez ? Une architecture sincère.
Un ou une architecte que vous admirez ? Ça dépend beaucoup des projets
en cours. Aujourd’hui : Alexander Brodsky et Vauban.
Un rêve ? Décloisonner.
En haut�Units, unités de travail, de réunion et de repos pour open space à Pantin, en Seine-Saint-Denis (2017).
Sanitaires du lac du Lit du Roi, à Massignieu-de-Rives, dans l’Ain (2015).
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Atelier Régis Roudil Architectes
Régis Roudil (1985) a créé son agence en 2013
à Aix-en-Provence. Regisroudil.fr
Pourquoi l’architecture ? Pour interroger
un territoire avec respect et sensibilité.
Votre projet le plus important ? Le premier
réalisé par l’atelier : les sanitaires du lac du Lit du Roi,
à Massignieu-de-Rives, dans l’Ain.
Un projet que vous auriez aimé réaliser ?
Les thermes de Vals, réalisés par Peter Zumthor, véritable
manifeste sensoriel.
Une date importante pour l’agence ?
L’année 2015 avec le prix de la Première Œuvre, décerné
par les revues AMC et Le�Moniteur.
Ce que vous défendez ? L’honnêteté.
Un ou une architecte que vous admirez ?
Eduardo Souto de Moura.
Un rêve ? Pouvoir continuer de rêver.
©�STUDIO ERICK SAILLET / ATELIER RÉGIS ROUDIL ARCHITECTES
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Chorème Grégory Morisseau (1983) a créé Chorème avec
son frère Florent (1979) en 2015 à Paris. Choreme.fr
Pourquoi le paysage ? Par passion
pour l’art et la nature ; pour la recherche de l’usage
et de l’esthétique, du sens et de la forme ; pour
sa capacité à réunir tout un chacun autour d’une
problématique et d’une ambition, et à faire rêver
et nourrir l’imaginaire.
Votre rencontre ? Dans le jardin familial : nous
sommes frères.
Votre projet le plus important ?
Le Potager embarqué, dans les Hortillonnages
d’Amiens, en 2010. C’est le premier projet
qui a confi rmé que nous avions raison d’envisager
la création de l’agence.
Un projet que vous auriez aimé réaliser ?
La Camargue. Ce delta artifi cialisé, territoire aussi
riche que son équilibre est fragile, est une fabrique
paysagère exemplaire, en perpétuelle évolution.
Une date importante pour l’agence ? Celle
de sa création, en 2015.
Votre philosophie ? S’engager. S’il n’y a pas
d’engagement, il n’y a pas de projet de paysage,
il y a juste de l’aménagement.
Un ou une paysagiste que vous admirez ?
Ils sont nombreux, aussi je citerais Fernand Verger,
qui n’était pas paysagiste mais un grand géographe
spécialiste des littoraux. Il s’emparait donc
nécessairement, et souvent avec poésie, de la
question des paysages et de leur évolution à une
échelle pertinente pour penser intelligemment leur
évolution et le rôle que nous avons à y jouer.
Un rêve ? Oui, continuer à rêver !
Atelier MIMA Sébastien Magrez (1985) et Antoine Michaud (1985) ont créé l’Atelier MIMA
à Nantes en 2013. Ateliermima.com
Pourquoi l’architecture ? Parce que l’architecture, c’est
un regard posé sur notre environnement. Située dans le temps
et l’espace, elle est aussi bien réfl exive que contemplative et constitue
une réponse à nos préoccupations.
Votre rencontre ? En deuxième année d’études, lors d’un voyage à
Rome organisé par l’école d’architecture de Nantes, entre visites d’églises
et bières au pied du Colisée.
Votre projet le plus important ? Le Pierre Landais, un restaurant
social accompagné de bains publics en cours de chantier sur l’île de Nantes.
Premier projet public gagné par l’agence, il reprend des principes
architecturaux qui nous sont chers, tant sur le traitement des matières
que sur les proportions et le dessin.
Un projet que vous auriez aimé réaliser ? Le centre culturel de
Sines, au Portugal, d’Aires Mateus, pour sa sobriété et sa justesse d’écriture.
Le mémorial Steilneset à Vardø, en Norvège, de Peter Zumthor et Louise
Bourgeois, pour son dialogue avec le paysage et sa sensibilité.
Une date importante pour l’agence ? Il y a cinq ans, le 17�octobre,
date de création de l’Atelier MIMA.
Votre philosophie ? Nous nous retrouvons dans une recherche
constante d’apparente sobriété pour nos projets. L’observation d’une ironie
omniprésente dans notre travail nous pousse vers un minimalisme formel
et matériel feignant la simplicité et l’évidence du trait, une «�économie�» au
service d’un juste nécessaire.
Un ou une architecte que vous admirez ? L’agence norvégienne
JVA, pour la petite échelle de certains projets construits, la fi nesse du
travail du bois et son caractère inclassable dans un courant de l’architecture
contemporaine. La production d’Armand Nouvet est aussi une source
d’inspiration pour nous de par la discrétion des dispositifs mis en place dans
ses projets et la richesse d’usages qu’ils produisent.
Un rêve ? Que l’agence prenne ses quartiers
à la campagne pour allier architecture, musique et
construction dans un même lieu, un même atelier.
Float’n Filter, jardins fl ottants
sur le Thiou, à Annecy,
en Haute-Savoie (2016).
Pôle d’accueil restaurant, prévention et hygiène des
bains douches municipaux Pierre Landais, à Nantes,
en Loire-Atlantique (en cours, livraison en 2019).
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LALU
(La Forme et l’Usage)
Léa Hommage (1984) et Mathieu Delmas
(1983) ont créé l’atelier LALU en 2013 à
Nantes. Laformeetlusage.com
Pourquoi le paysage ? Parce que c’est une a� aire d’espaces, d’hommes
et d’histoires. Et parce que le projet de paysage est un acte de transformation du réel fondé sur son exploration inventive.Votre rencontre ? Lorsque nous étions étudiants, à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille.Votre projet le plus important ? La création d’un parc à Saint-Nazaire, en frange des chantiers navals et du quartier ouvrier de Méan-Penhoët.Un projet que vous auriez aimé réaliser ?
L’aménagement de la place Daniel-Breton à Grenay, dans le Pas-de-Calais, par Carmen Perrin et Georges Descombes, pour l’exemplarité de la démarche.Une date importante pour l’agence ? Quand, par l’exercice renouvelé du dessin nourri de nos échanges et de nos digressions, le projet prend sens au-delà des résolutions. Quand «�ça tombe�», comme un fruit mûr !Ce que vous défendez ? Une égale attention aux sujets qui nous sont confi és, un engagement constant au service du bien commun, la liberté d’inventer des lieux ouverts à la multiplicité des interprétations.Un ou une paysagiste que vous admirez ?
Anne-Sylvie Bruel et Christophe Delmar, Yves Brunier, Alexandre Chemeto� , Catherine Mosbach, Jacques Simon, Alvaro Siza…Un rêve ? Résoudre le paradoxe d’un métier sédentaire motivé par un désir d’ailleurs.
LINK Architectes
Romain Chazalon (1975) a créé l’agence LINK Architectes à Lyon en 2010,
rejoint en 2011 par Jérôme Glairoux (1986) puis en 2015 par Gérald Lafond
(1975). Link-architectes.com
Pourquoi l’architecture ? Parce qu’elle permet de concrétiser une vision et un imaginaire partageables. Parce qu’elle est fondamentalement optimiste et réparatrice de situations.Votre rencontre ? À l’école d’architecture de Saint-Étienne en tant qu’étudiants ou enseignants.Votre projet le plus important ? Une salle de réception à Bourg-lès-Valence : notre premier projet, qui a permis de mettre en place une «�manière de faire�» commune. C’est aujourd’hui un projet référent dans l’agence, même s’il ne sera jamais construit.Un projet que vous auriez aimé réaliser ?
Il y a trop de projets qu’on admire, si c’est bien le sens de la question. Certaines architectures sans architectes nous fascinent par leur évidence. Et la référence au chef-d’œuvre nous semble parfois tellement déconnectée de la réalité de notre pratique qu’on s’y reconnaît malgré notre sidération. C’est fi nalement une question à laquelle il est di� cile de répondre avec simplicité.Une date importante pour l’agence�? Celle de notre installation à Lyon en tant qu’associés, en 2015.Votre philosophie ? Nous cherchons à nous accrocher au réel, quelle qu’en soit la qualité. La capacité de l’architecture à transformer des situations nous fascine. C’est fi nalement pour nous un moyen plutôt qu’une fi n. Il s’agit de chercher sens, évidence et justesse pour faire en sorte que l’architecture ne parle pas qu’aux architectes.Un ou une architecte que vous admirez ? Alvaro Siza, Alvar Aalto et Louis Kahn pour leur liberté, la cohérence de leur œuvre et toute l’inspiration et l’envie qu’ils ont pu nous communiquer. Peter Zumthor, Valerio Olgiati ou Pezo von Ellrichshausen nous sidèrent mais paraissent trop inaccessibles. Sigurd Lewerentz, Jørn Utzon, Sverre Fehn, dont le travail s’apparente à une philosophie construite, sont des repères importants car ils ont bien compris que l’architecture est un moyen d’émouvoir et pas une fi n en soi.Un rêve ? Des rêves... Et puis peut-être la réalité est-elle plus riche que le rêve…
Gymnase Jean-Gachet, à Saint-Étienne, dans la Loire (2016).
Aménagement de la place des Érables
à Nantes, en Loire-Atlantique (2018).
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Combas
Sophie Delage (1983), Mathieu Grenier (1984) et Pierre Le Quer (1987) ont créé COMBAS
en 2011 à Nice et à Nîmes. Combas-architectes.com
Pourquoi l’architecture ? S.D. : Pour créer des émotions et, surtout, des souvenirs. M.G. : Pour être acteur de la ville et de la société. Être architecte, c’est transformer le cadre de vie, un engagement dont il faut être conscient et responsable. P.L.Q. : Pour raconter de belles histoires. Ne sommes-nous pas des narrateurs ?Votre rencontre ? Sur les bords de la Méditerranée, au sein d’une célèbre agence niçoise.Votre projet le plus important ? Le refuge de Fontbonne (Vaucluse), comme laboratoire, terrain d’exploration et parce qu’il a été l’objet de nos premiers échanges.Un projet que vous auriez aimé réaliser ? S.D. : La réhabilitation des anciennes plâtrières de Malaucène, dans le Vaucluse, un projet basé sur l’utilisation de ressources et de savoir-faire locaux, une démarche patrimoniale mais avant tout sociale. P.L.Q. : Le bâoli d’Adalaj, en Inde. Ou l’art d’allier l’utile au beau.Une date importante pour l’agence ? Le jour où nous avons appris que nous étions retenus dans un concours international pour la construction d’un nouveau chai et la réhabilitation du château de Beaucastel (Vaucluse). Nous allions nous frotter à de grands noms : Studio Mumbai, John Pawson, Shigeru Ban, Aires Mateus, Rudy Ricciotti, Garcés-de Seta-Bonnet… Dans ces moments-là, ce métier est magique.Ce que vous défendez ? M.G. : Une architecture pérenne qui pense aux générations futures. S.D. : On recherche la réponse juste, le «�bon sens paysan�» que l’on puise dans l’architecture vernaculaire, celle qui dépasse la question réglementaire et sert l’usage, le matériau, les volumes et les ambiances. Nous défendons la question de la singularité des lieux, du sens qui s’en dégage et, de fait, l’importance de l’expérience vécue, qui provoque des sensations. P.L. : La recherche. Il faut du temps pour un bon projet.Un ou une architecte que vous admirez ? S.D. : La liste est longue… Spontanément, je dirais Luigi Snozzi. M.G. : Les deux A, monstres sacrés : Alvaro Siza et Alvar Aalto. Mais aussi Jørn Utzon. P.L. : Impossible de répondre ! Je suis plus sensible aux lieux qu’aux personnes, qui n’ont que peu d’importance ; seule reste l’architecture. C’est comme notre nom : Combas défend une idée, une philosophie, une attitude qui doivent être comprises et transmissibles.Un rêve ? Qu’on soit de plus en plus nombreux à parler de long terme. Les bâtiments sont conçus pour durer et non pour être jetables. L’architecture restera là inéluctablement, le processus est irréversible. Il faut changer cette cible de l’immédiateté et de l’économie court-termiste vers un objectif plus large : le long terme et l’économie par la réponse juste. Ou, plus simplement, avoir du temps, comme un garant qualitatif et une économie à long terme. Et un château !
Jean-François Madec
Jean-François Madec (1983) a créé son agence en
2018 à Saint-Brieuc. Madec-architectures.com
Pourquoi l’architecture ? D’abord pour construire, pour interagir avec le réel. C’est une discipline qui s’inscrit dans l’épaisseur des lieux, qui ne peut échapper à la trivialité de ses usages.Votre projet le plus important ? L’extension d’un corps de ferme en Bretagne, qui cristallise nombre des enjeux qui guident mon travail : ambition d’une architecture culturellement représentative, respect de la singularité des lieux, attention portée aux héritages constructifs et aux fi liations symboliques qui y sont rattachées.Un projet que vous auriez aimé
réaliser ? La chapelle Salgenreute, à Krumbach (Autriche), par Bernardo Bader, pour sa relation singulière au grand paysage et pour sa mise en œuvre exigeante d’une matérialité ordinaire.Une date importante pour l’agence ?
L’année 2018, car c’est celle de la création de l’agence et de la nomination aux AJAP.Votre philosophie ? Faire attention aux lieux et à ce qui préexiste. Agir avec la conscience vive que ce que nous construisons, bien souvent, nous survit.Un ou une architecte que vous
admirez ? Erik Gunnar Asplund.Un rêve ? Construire une cabane avec mon fi ls.
Centre éducatif fermé à Marseille,
dans les Bouches-du-Rhône (2017).
Extension d’un corps de ferme à Saint-Méen, dans le
Finistère (2016).
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Paul Vincent
Paul Vincent (1983) a créé son agence à
Paris et Saint-Malo en 2016. Paulvincent.fr
Pourquoi l’architecture ? Parce
qu’elle est un aller-retour permanent entre
raison et émotion, entre compréhension et
perception, entre connaissance et intuition.
Votre projet le plus important ? Une salle
polyvalente en Bretagne, un musée dans la Vienne, une
maison de vacances en bord de mer... Chaque projet
est un chaînon entre le précédent et le suivant. La variété
des échelles et des programmes abordés oblige une
approche non hiérarchisée. Des thèmes, des axes de
réfl exion émergent de cette écriture continue et évolutive.
C’est là le vrai moteur, le projet le plus important.
Un projet que vous auriez aimé réaliser ?
La Case Study House #22, dite «�Stahl House�», de Pierre
Koenig, construite en 1960 à Los Angeles.
Une date importante pour l’agence ? Septembre
2015 : une invitation pour présenter publiquement mon
travail à Marfa, au Texas, après y avoir gagné un concours
de logements, quelques mois avant d’ouvrir mon agence.
Ce que vous défendez ? L’architecture comme
prestation intellectuelle, prise à son point de départ, en tant
que discipline autonome et fondamentale, pour ce qu’elle a
de plus élémentaire, de plus basique et de plus libre.
Un ou une architecte que vous admirez ?
Pour les anciens : Andrea Palladio, Louis Kahn, Kazuo
Shinohara ou Livio Vacchini. En Suisse, j’ai été très marqué
par l’enseignement de Valerio Olgiati et par le travail de
Christian Kerez. Mais les architectes que j’admire davantage
sont plus proches encore, à commencer par Lacaton & Vassal,
qui ont réussi à nous extraire du poids des références suisses,
néerlandaises ou japonaises, inadaptables au contexte
français. Ils ont ouvert la voie à toute une génération
qui construit et invente des manières de faire exemplaires,
propres à notre contexte économique, technique
et réglementaire de plus en plus complexe et contraint.
Un rêve ? Concevoir des bâtiments qui m’emmèneraient
dans les lieux, les cultures ou les climats les plus étonnants,
les plus inattendus.
Titan
Mathieu Barré (1986), François Guinaudeau (1985)
et Romain Pradeau (1985) ont créé l’agence Titan
à Nantes en 2011. Agencetitan.com
Pourquoi l’architecture ? La recherche
architecturale ne se cantonne plus seulement aux villes, aux
architectes structurés et aux projets phares mais se propage plus
largement sur le territoire à travers des réalisations plus modestes
et pourtant, parfois, plus ambitieuses. Il faut développer sa curiosité
pour aller chercher l’architecture là où on ne l’attendait plus.
Votre projet le plus important ? Les deux opérations
sur Georges Clemenceau, en Vendée, qui traitent du même
personnage mais ont cependant deux rôles bien distincts. Le travail
expérimental réalisé pour le projet du pavillon d’accueil de
sa maison, à Saint-Vincent-sur-Jard, a� rme clairement le passage
de l’espace public vers le jardin intime que Clemenceau a conçu
avec Monet. Le musée de Mouilleron-en-Pareds va quant à lui
permettre au visiteur de comprendre le parcours du personnage
à travers une scénographie faisant appel aux sens. Pour révéler
la transformation de cette maison natale en musée national, notre
posture a été de ponctuer le parcours d’éléments architecturaux
forts. Leur dessin aux lignes tendues va marquer l’identité de ce
34e�musée national.
Un projet que vous auriez aimé réaliser ?
Un gratte-ciel à New York.
Une date importante pour l’agence ? L’année 2011. L’agence
a démarré à la suite d’un concours remporté pour des logements
passifs. L’enjeu était de densifi er un centre-bourg situé dans la vallée
de la Loire en préservant une certaine intimité que l’on pourrait
attendre en vivant au sein d’un tel territoire. Ce projet identitaire
nous a permis de remporter le prix des Jeunes Architectes
et Paysagiste ligériens en 2011. Il a également cristallisé notre
association sous le nom de Titan.
Votre philosophie ? Les projets commencent toujours par
une longue période de manipulation du plan masse et des volumes,
associée à un travail autour de la matière et de la lumière.
Questionner les passants est le but de chacune de nos propositions.
Associer cet objectif à un travail sur l’usage permet de donner forme
à une architecture qui fait sens.
Un rêve ? Pour être architecte, il faut être rêveur.
Musée national Clemenceau
à Mouilleron-en-Pareds, en Vendée (2017).
Logements intermédiaires à Marfa,
Texas, aux États-Unis (2015).
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Paludes
Damien Roger (1983) a créé Paludes avec François Hérisset (1985)
à Paris en 2015. Paludes.com
Pourquoi le paysage ? Nous avons d’abord étudié aux Beaux-Arts, où les questions de contexte et de spatialité étaient au centre de nos interrogations. Une formation passionnante qui nous a poussés à la recherche d’une altérité, par opposition à un environnement qui nous semblait parfois trop autoréférentiel. Il s’agissait de sortir de soi, de regarder ailleurs. Le paysage s’est présenté comme une attitude et une façon de regarder, il est défi nitivement transversal. La paysagiste Liliana Motta le dit très simplement : «�Je suis dehors.�»
Votre rencontre ? À l’École nationale supérieure de paysage de Versailles, dans une serre horticole ancienne, abandonnée des étudiants à l’époque. Nous n’en sommes pour ainsi dire jamais sortis pendant quatre ans.Votre projet le plus important ? Le domaine des Ormes pour la maison Troisgros : une rencontre avec une équipe et des commanditaires fascinants d’abord, puis la collaboration avec Patrick Bouchain, l’agence Construire et des entreprises étonnantes. La liberté d’expérimenter, par échantillonnage, à grande échelle. Un apprentissage.Un projet que vous auriez aimé réaliser ? Le couvent dit «�des Capuchos�», dans la province de Sintra, au Portugal. Une évidence vernaculaire qui résulte d’une adaptation minutieuse aux contraintes topographiques, hydrologiques, sociales, agricoles… Une forme superbe.Une date importante pour l’agence ? Plus qu’une date, une saison : l’automne. À l’entrée dans une sorte de sommeil modulé du monde vivant correspond une mise en éveil chez le paysagiste, un regain.Votre philosophie ? Une posture qui serait à mi-chemin entre le geste et sa suspension.Un ou une paysagiste que vous admirez ? Une succession. Les di� érents auteurs, professionnels ou non, les Clausse, Gallard, Potier de Novion, Destailleur, Ganay, Duchêne… qui ont progressivement construit le parc de Courances (Essonne) depuis le XVIe�siècle, à tour de rôle. Et les plantsmen anglais, botanistes à l’origine, qui, comme beaucoup de pépiniéristes collectionneurs, par exemple, ont pris cette voie par la force des choses, par obstination ou par obsession, au choix.Un rêve ? Une utopie méthodologique, plutôt, qui serait de ne travailler que sur un projet à la fois, dans le temps long. Théoriquement, la compréhension d’un territoire devrait prendre un temps infi ni.
Parc de l’hôtel-restaurant Troisgros au domaine des Ormes,
à Ouches, dans la Loire (2017).
Maison�Z, une maison individuelle à Lenoncourt, en
Meurthe-et-Moselle (2014).
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Ludovic Zacchi
Architecte
Ludovic Zacchi (1983) a créé
son agence à Nancy en 2018. Ludoviczacchi.com
Pourquoi l’architecture ? Pour continuer à mettre l’humain au centre des préoccupations, en travaillant sur des espaces et des lieux de vie de bonne qualité.Votre projet le plus important ? La maison�Z, car c’est elle qui m’a permis de retrouver mon âme d’architecte, avec toutes les considérations que cela implique : travail sur la lumière, l’espace, la matière et l’insertion contextuelle.Un projet que vous auriez aimé réaliser ?
La galerie d’art Am Kupfergraben�10 de David Chipperfi eld, à Berlin, pour son exemplarité en termes d’insertion urbaine et de rattachement au contexte (sans parler de la matière et de la fl uidité spatiale).Une date importante pour l’agence ? Juillet 2018 : sa naissance à proprement parler.Ce que vous défendez ? Le respect avant toute chose : celui des souhaits, des envies, de ce qui existe. Mais aussi la valeur d’usage, l’accroche de l’architecture dans une culture, un contexte, une histoire. Je souhaite que chaque découverte d’un bâtiment soit une surprise et qu’elle perdure.Un ou une architecte que vous
admirez ? Alvaro Siza.Un rêve ? Que l’architecture soit accessible plus facilement à toutes et tous d’un point de vue culturel. Qu’on puisse faire comprendre combien elle est essentielle pour le bien-être des personnes.
©�STÉPHANE RUCHAUD / PALUDES
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ID-PANORAMA
Atelier Aïno, architecture et matériau Charlotte Lovera (1987), Élise Giordano (1987) et Louise Dubois
(1989) ont créé l’Atelier Aïno en 2016 à Marseille. Atelier-aino.com
Pourquoi l’architecture ? C’est un moyen de s’engager, de réconcilier
l’habitant et le bâti par une démarche sociale et environnementale.
Votre rencontre ? Lors d’une année en Erasmus à Helsinki, dans un cours
de tissage intitulé «�Structure et matériau�» à l’université Aalto. Cette école d’art
et de design croise les disciplines et a une approche par le faire sous forme
d’ateliers de tous horizons. Depuis, nous avons conservé l’articulation entre les
matériaux, les motifs et les couleurs dans nos propositions d’architecture.
Votre projet le plus important ? Un projet en cours : la reconversion
d’une ancienne maison de repos en logements à Grasse, avec un maître d’ouvrage
qui partage notre désir de valoriser le caractère des lieux. C’est pour nous
un projet exemplaire, avec une recherche sur le réemploi des matériaux et sur
le confort d’usage, en prenant en compte les contraintes économiques.
Un projet que vous auriez aimé réaliser ? La réhabilitation de la tour
Bois-le-Prêtre (Paris XVIIe), de Lacaton & Vassal, qui a amélioré non seulement
le confort thermique des appartements, mais aussi le confort d’usage en apportant
de la lumière, de la surface supplémentaire, la possibilité de planter des végétaux
avec l’ajout de jardins d’hiver, tout en trouvant une réponse à l’économie du projet.
Une date importante pour l’agence ? Celle de sa création, en 2016, nos têtes
pleines d’espoirs, d’envies et d’ambition. Et les AJAP, cette année : un facilitateur
d’accès à la commande de projets de plus grande taille.
Ce que vous défendez ? Une démarche environnementale privilégiant
la réhabilitation plutôt que la démolition, pour tirer parti de l’existant et réduire
la mise en décharge. L’atelier intègre aussi dès que possible des matériaux
biosourcés, en favorisant les fi lières courtes.
Un ou une architecte que vous admirez ? Patrick Bouchain, qui propose
des alternatives remettant en question l’ordre établi. Lacaton & Vassal, pour leur
approche et leur philosophie. Ils disent chercher à témoigner de la «�gentillesse�»
envers les usagers du projet. C’est vrai que la transformation du bâtiment et de
la ville peut parfois être très violente.
Un rêve ? Réhabiliter une des friches industrielles de la Cabucelle, un quartier
du nord de Marseille, en s’appuyant sur les richesses existantes, à la fois matérielles
et humaines.
Béton décoratif réalisé avec un pigment de tuiles recyclées
pour la réhabilitation de La�Francis-André, maison de village
à La Turbie, dans les Alpes-Maritimes (2017).
©�A
TE
LIE
R A
ÏNO
BAST (Bureau architectures sans titre)Laurent Didier (1984), Louis Léger (1989)
et Mathieu Le Ny (1983) ont créé BAST en 2013
à Toulouse. Bast0.com
Derrière un acronyme qui revendique une
approche anonyme, BAST (Bureau
architectures sans titre) défend «�une posture
globale qui minimise les bavardages et
privilégie les actions�». Une position qui les
a tenus éloignés des sirènes de Facebook
ou d’Instagram mais qui ne les a pas empêchés
de tenter leur chance aux AJAP. Ce collectif à
géométrie variable (Jean-Baptiste Friot et Yann
Chereau ont rejoint la SCOP) fonctionne par
duos pour mener chaque projet. Réfutant l’idée
de l’architecte-auteur, reléguant la question
de l’esthétique au second plan, ils avancent
avec méthode, pragmatisme et e� cience. Une
identité très a� rmée dont on espère qu’elle
laissera quelque peu la place à la spontanéité
et à l’imprévu, meilleurs ferments d’une
architecture non dogmatique.
Réfectoire du groupe
scolaire de Montbrun-Bocage,
en Haute-Garonne (2017).
©�BAST