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Automne 1984 Action Femmes Spécial Ouest stratégie politique

Spécial Ouest - bv.cdeacf.cabv.cdeacf.ca/documents/PDF/1989_09_pd103_1984aut.pdf · AEF/Québec 5 AEP/Ontario 7 AEF/Ouest 9 ... L'organisation du temps de travail, ... des Centres

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Automne 1984

Action Femmes

Spécial Ouest

stratégiepolitique

SOMMAIREAEF National 3

AEP/Atlantique 4

AEF/Québec 5

AEP/Ontario 7

AEF/Ouest 9

Carmen Paquette

Louise Larade

Cécilia Gaudet & Louise Godbout

RéJeanne Guay

Janick Belleau

Comités national et exécutif 10 Représentantes

DOSSIERSRegroupement

U.C.P.O.: Evolution en 13 Patricia Thauvettesurvol: 1937-1984

La Froidure invite-t-elle 17 Chantai St-Pierreles regroupements?

Chez les femmes: Deux types 22 Michelle Trottierde regroupement

Techniques d'animation

L'animatrice: Une personne-orchestre 25 Louise Proulx

Le rôle d'une animatrice - 28 Rita LécuyerUne réflexion

L'animation: Qui? Quoi? Comment? 31 Louise Proulx

Stratégies politiques

Préparation pour une 35 Constance Beaulieucampagne électorale

En politique: Pouvoir 39 Gilberte Proteauversus influence

L'action politique à la fransaskoise 42 Irène Fournier Chabot

Editorial 46 Janick Belleau

Rédactrice en chef: Janick Belleau Consultante : Carmen Paquette Ce llaboratricej; Constar.ee beaulieu,Manitoba; Irène Fournier Chabot, Saskatahe-^an; Rita Lêcuyer, Manitoba; Gi Iberte Proteau, Manitoba; LouiseProulx, Colombie Britannique; Chantai St-Pierre, Alberta; Patricia Thauvette, Ontario; Michelle Trottier,Ontario. Graphisme : Huguette Lacroix Production: Adena Franz Abonnements : Christiane Brunette.

Toute correspondance devra être adressée au bureau national situé au 50 rue Vaughan à Vanier, OntarioK1N 1X1. Vous pouvez nous rejoindre au (BIS) 741-9978.

Action Education des Femmes, organisme national de femmes francophones adopte en général une définitionlargedel'éducation, à savoir toute activité de formation qui favorise une démarche d'autonomie chez lafemme.

Bulletin AEF est un lieu de rencontre et d'échange pour les intervenantes en éducation des femmes. Lestextes soumis - ils devront être dactylographiés - à Bulletin AEF sont toujours les bienvenus; toutefois,nous nous réservons le droit de les reviser et nous n 'en garantissons pas forcément la publication. Lesarticles publiés dans Bulletin AEF reflètent la pensée des auteures et pas nécessairement celle deAction Education des Femmes. Nous autorisons la reproduction des textes à condition de mentionner le nonjde l 'auteure et la source. Bulletin AEF est subventionné par le Secrétariat d'Etat.

ALLÔ!

ICI AEF!

DES NOUVELLES,

ENCORE

DES NOUVELLES...

Action Femmes

Au national: 50, rue Vaughan, local 3, OTTAWA (Ontario) K1M 1X1 (613) 741-9978

AEF NATIONAL

Salut!

AEP est en mouvement . . .

Nous avons aménagé à notre nouvelleadresse depuis septembre dernier. Nouspartageons deux salles dans une écolecommunautaire avec un organismelocal le Centre d'aceës pour femmeset un organisme provincial, l'UnionCulturelle des Franco-Ontariennes:une expérience qui sera bienintéressante à vivre'.

Suite aux évaluations reçues lorsdu colloque national et aux rencontresrégionales tenues au cours del'été, le Comité exécutif de AEP adonné le coup d'envoi à la régionali-sation des opérations nationales.En effet, nous avons mis en vigueurle nouveau plan d'action AEF, i.e.augmenter l'appui au travail faitdans les régions à preuve, le stagede formation dans l'Ouest. Bienque nos moyens financiers ne soientpas illimités, l'Exécutif appuyeraconcrètement et financièrement ladémarche de consolidation régionale;pour ce faire, nous embaucherons, aubesoin, des contractantes dans lesrégions et au national et il n'yaura plus d'employées à pleintemps a Ottawa...du moins jusqu'enmars prochain.

Autre nouvelle: BULLETIN AEF seraproduit et distribué à partir deWinnipeg, le centre géographique dupays. Vous remarquerez d'ailleursla nouvelle orientation du trimes-triel AEF: bulletin thématique

rédigé, en grande partie, par descollaborâtrices-intervenantes venantde tous les coins du pays. Ce seradorénavant le format adopté, tel quevous nous l'avez suggéré en marsdernier. BULLETIN AEF appartientà toutes les intervenantes actuellesou potentielles qui appuientconcrètement Action Education desfemmes. Oups! J'empiète surl'Editorial.

Les rencontres des comités nationalet exécutif seront coordonnéesà partir d'Ottawa ... comme par lepassé.

Décidément, 1985 promet d'être uneannée très stimulante avec toutce qui s'annonce dans les régionset l'appui vigoureux qu'y apporteral'Exécutif national'.*

A la prochaine,Carmen Paquette

AEF / ATLANTIQUE

Par Louise Larade

vincial lors

du Comité Atlantique, en juin, unprojet clé stage de formations'élabore ici.

Afin que ce stage aille au-delàde l'échange, nous comptonseffectuer un travail pré! "i ïïiinrT! >°ede recherche, de définitiond'objectifs, d'orientation:recherche afin d'obtenirl'information factuelle et globale;analyse développée par lesintervenantes acadiennes.

Le bulletin servira d'outil pour lapréparation du stage de l'Atlantiqueen présentant des rapports d'étapes,les résultats de la recherche.

Au printemps prochain, vous en saurezdavantage et...nous aussi. D'ici là,bon hiver à toutes.*

A C T I O N E D U C A T I O N D E S F E M M E S

FAIT PEAU NEUVE

À LA NOUVELLE ADRESSE SUIVANTE;

50 rue Vaughan

Vanier, Ontario

K1M 1X1

JE REGRETTE, IL N'Y A PLUS DE SERVICE À L'ANCIEN NUMÉRO

DE TÉLÉPHONE, VEUILLEZ PRENDRE NOTE DU NOUVEAU: (613) 741-9978

Page 4, BULLETIN AEF Automne 1984

AEF / QUEBEC

Par Céai'l'la GaudetLouise Godbout

Après un été mer et monde! et desvacances qui nous ont ressourcées,nous voici parties pour l'automnequébécois.

Depuis le colloque national de mars1984, AEF/Québec a participé en maià la table provinciale de concertationen éducation des adultes. A cettevaste consultation se sontretrouvé(e)s des délégué(e)s dedivers regroupements, organismes etinstitutions ayant une préoccupationcommune soit "l'éducation des adultes"Les ministres, Pauline Marois,Ministre de la Main d'oeuvre et de laSécurité du Revenu, Denise Leblanc-Bantey, Ministre déléguée à lacondition féminine et le Ministre del'Education, Yves Bérubé étaient lesauteur(e)s de cette rencontre.Il/elles étai(en)t venu(e)s pourentendre les réactions etsuggestions des représentant(e)s desorganismes concernés par lespriorités gouvernementales en matièred'éducation des adultes.

L'AEF/Québec a occupé une place à latable centrale avec d'autres groupe-ments de femmes soit, 1'A.F.E.A.S.,les Fermières, la Fédération desFemmes du Québec, Action-Travail desfemmes et le Conseil d'interventionauprès des femmes qui veulentretourner sur le marché du travail.Il y eut concertation entre lesgroupes de femmes, à savoir, surquels éléments des politiques sepositionner respectivement de façonà ce que chaque groupe puisse fairevaloir différents points de vue faceaux besoins des femmes. Nous vous

ferons remarquer que si lesregroupements de femmes n'avaient pasété présents à cette table que laquasi-totalité de intervenant(e)sautour de la table auraient été deshommes. Vous vous imaginez?Nous discutons d''éducation des adultesoù les femmes y sont les plusgrandes consommatrices mais lorsqu'ilvient le temps de décider despriorités gouvernementales enmatière d'éducation des adultes, lesfemmes sont quasi-absentes, d'oùl'importance pour les organismes defemmes, comme l'AEF, d'être visibleset, dans la mesure du possible,d'essayer d'influencer lesorientations et les décisions. Acette occasion, Claudie Solar,Cécilia Gaudet et Louise Godbout ontreprésenté 1'AEF/Québec.

Présentement ici, on se prépare àparticiper au bilan de "la décenniedes Femmes". Probablement,plusieurs parmi vous y participerontsoit au plan provincial ou national.Au Québec, dès novembre auront lieudes rencontres dans différentesrégions de la province pour dresserle bilan de la décennie 1975-1985.Toute cette opération de consultationest suscitée par le Secrétariatd'état à la condition féminine etles thèmes de discussion qui vontêtre abordés sont les suivants :

Les conditions de travail,L'organisation du temps de travail,Accès à l'égalitéRémunération et avantagessociaux

'1934, page 5

dr rfi.'-it.f.-rT: e ,* a I''~ O •. b ;.O ? .' ' t; . i 'ci -L - p I *r '•- ̂ .11 '-• i i

Accès au crédîLLes ,1eunes filles et là f ormat K>r.

- p.^"tH?'~ de V:; r''oheïïse fam i .1 1 '' .1 =•î-'artHge de responsabilitésSoutien aux familles monoparentales,aux personnes âgées, aux A.D.D.S.et aux travailleuses au foyer

Des intervenantes d'AEP/Québecparticiperont à ces rencontres dansleur région respective. Par lasuite, nous nous pencherons surl'ensemble des recommandations, nousconcerterons et assurerons un suivides recommandations retenues.

la décennie et a l'ni ver, ncuaregarderons de plus près lesrecommandations qui toucheront laprochaine, décennie soit 1985-1995.Cette action s'inscrit dans1'ori entât ion "formation-action",exprimée par les intervenantes d'AEFa.:A v.-.<.j .1. j. >jq ue rjdtj.una.j. oe morn.rey ; .Nous pensons que cette démarched'association à cette opération"du bilan de la décennie" nouspermettra, en quelque sorte, defaire le point sur les acquis desfemmes et nous mettra en lien avecdes perspectives d'avenir.

Comme vous voyez, on a des chosesà s'occuper pour l'automne et l'hiverOn se retrouvera peut-être auprintemps !

Salut!

- l*S. evr u/re n/i/ve-ue

Page 6, BULLETIN AEF Automne 1984

AEF / ONTARIO

Par Réjeanne Guay

Depuis le colloque qui eut lieu àMontréal, tout comme dans chacunede nos provinces, les femmes del'Ontario ont démarré pour fairetourner la roue AEF d'un autre cranpour l'éducation des femmes par lesfemmes.

En effet, elles ont consolidé uncomité provincial de coordinationet, a tout compte fait, unestructure d'opération. En soi,le mot structure me fait un peu peurmais, chérissant notre habileté etnotre flexibilité, cette façon defonctionner pourrait nous permettred'agir avec efficacité et économiede notre énergie et de notre petitbudget.

Voici comment cette structure prendforme :

Palier 1 ONTARIENNES

Femmes de la communauté

Palier 2 PERSONNES-CONTACTS

Femmes de votre région qui sesont dites intéressées (à Mtl.)et autres femmes de votre région

Palier 3 PERSONNES-RESSOURCES

Femmes qui agissent déjà dans lemilieu d'éducation (institution,comité...) ou sur des dossiersparticuliers

Palier COMITE DE COORDINATION

Huit représentantes des régionsontariennes

Palier 5 REPRESENTANTE PROV. AUCOMITE NATIONAL

Coordonnatrice provinciale:RéJeanne Guay

Palier 6 REPRESENTANTE DE L'ONTARIOA L'EXECUTIF NATIONAL

Carmen Paquette

A première vue, cette structure peutparaître hiérarchique mais il fautbien comprendre que le palier 1 (lesOntariennes) est le groupe quiretient la plus grande importance et,que contrairement à la hiérarchie dupouvoir actuellement en place, ilest situé au-dessus de la structureet délègue son autorité et sonpouvoir aux autres paliers qui, parce fait, deviennent des paliers deservice à ce groupe. Les autresintervenantes (paliers de 2 à 6) sedoivent donc d'articuler fidèlementles besoins et les aspirations desfemmes ontariennes en matièred'éducation et de les aider àformuler des lignes d'approche envue de combler les lacunes qu'ellesvivent doublement comme femmes et•Franco-ontariennes.

Au beau milieu de juillet, le comitéde coordination ontarien s'est réunipour définir les besoins les pluspressants qui ont fait surface dansles régions et orienter leur actionpour l'année en cours. Les dossiersqu1 r e t i e nnent le r1us notreattention sont: l'organisation d'unerencontre provinciale de concertationdes femmes ontariennes, lesprotocoles d'entente des programmesde formation Nouveau Départ, Odysséeet Femmes collaboratrices, ainsi que

le travail des comités consultatifsdes Centres d'Emploi de d'Immigrationdu Canada (CEIC).Suite aux effortsd'AEF en particulier, un comitéintérimaire, composé d'une représen-tante des cinq régions de l'Ontario(est, sud, nord, moyen nord et grandnord), fut mis sur pied afin deconsolider un "Comité organisateurpour la rencontre de consultation desfemmes ontariennes". Ce dernier futdéfini et entériné lors du congrèsde l'association provinciale ontarienne(ACFO), les 27, 28 et 29 septembrederniers. A part de la représentationdes régions, le comité jouira d'unereprésentation des organismes defemmes de 1'ACFO et de la compétencedes femmes qui veulent bien y parti-ciper. La rencontre auraprobablement lieu au printemps et,jusqu'ici, l'énergie et la volonté deconcertation prédisent déjà son succès.

Le travail des comités consultatifsde CEIC va de l'avant. Déjà, lesrapports régionaux semblent contenirles lignes maîtresses qui pourraientétoffer la base d'un importantprogramme de formation pour les adultesDe plus, l'engagement des intervenantesaux dossiers est, par ailleurs, horspair. Par exemple, les membres(toutes des femmes, comme par hasard..)du comité consultatif de la régiond'Ottawa ont tablé leur rapport lorsd'une conférence de presse. A cetteoccasion, elles ont souligné lesgrandes lignes du rapport et ontréitéré leur engagement à la poursuitedu dossier. Les autres rapportss'empilent et "voyons voir" ce qu'enfera le nouveau parti politique aupouvoir.

Notre équipe recueille aussil'information au sujet des protocolesd'entente pour les programmes de|-/-rrrigr j,. sn cl^s f'erame^. L'union('nlt'ur>elLe a* s Franco- On i arienne s B..•htenu le contrat Odyssée et Mad.Claire Péladeau sera lacoordonnatrice provinciale duprogramme ontarien. Le débat amorcépar des Québécoises au sujet del'adhésion des groupes-clients àl'organisation des Dames de Champlainse poursuit et bientôt, la couroffrira un dénouement qui, nousespérons, sera voué à la bonneentente des deux parties en cause.

En solidarité et au bon plaisir devous lire ! *

Page BULLETIN AEF Automne 1984

AEF / OUEST

Par Janiak Belleau

Nous sommes en pleineeffervescence ici! Et pour cause'.Le stage de formation désiré parles intervenantes de l'Ouest est àla veille de voir le jour. Plusprécisément, les 16, 17 et 18novembre au Manitoba, berceau dela francophonie dans l'Ouest.

Une fin de semaine d'apprentissageet d'échange de ressources humaineset techniques.

Des ateliers à la mesure des besoinsexprimés dans l'atelier "ouestrien"du colloque national, marraine parAEP en mars dernier.

* DEFINIR VOS BESOINS DEREGROUPEMENT avec Louise Boilyet Louise Poliquin de1'Ontario.

* AMELIORER VOS TECHNIQUESD'ANIMATION avec Claire Soucy-Parent du Québec.

* DEVELOPPER VOS STRATEGIES ENPOLITIQUE avec Madeleine Delaney-LeBlanc du Nouveau-Brunswick.

Une animatrice-maison, Janine Tougasdu Manitoba qui, tout au long de lafin de semaine facilitera laparticipation des intervenantes.

Une foire de ressources, qui se veutune prolongement des ateliers donneraaux intéressées l'occasiond'approfondir certaines des idéestraitées en ateliers et de serenseigner sur le matériel et lesressources disponibles .

Quatre ateliers provinciaux, dans lamatinée du 18, permettront auxparticipantes d'établir un pland'action propre à améliorer l'accèsà l'éducation des femmesfrancophones.

Vous remarquerez que le contenu dunuméro Automne 1984 coïncide drôlementavec celui du stage de formation.Cette concordance est voulue: ellepermettra aux participantes uneébauche de réflexion, unquestionnement plus en profondeuravant de s'engager dans leursateliers respectifs.»

LE PRIX S'OUBLIE,

LA QUALITE RESTE!

Action / / Education M Femmes

REPRESENTANTES EN DATE DU 4 NOVEMBRE 1984

COMITE NATIONAL

Louise Proulx4998, rue ChesterVancouver, C.B.V5W 3A8(604) 327-6457

Raehel Massicotte105, rue YouvilleSt-Boniface, ManitobaR2H 2R9(204) 233-7926

Marie-Claire PaulinC.P. 50Tracadie, N.B.EOC 2BOÎ506) 395-6551

COMITE EXECUTIF

Carmen Paquette

Adrienne Bernard*2 - 11320, 6?e RueEdmonton, AlbertaT5B 3L7(403) 479-3532

RéJeanne GuayR.R. #1, C.3Old Fort Rd.Midland, OntarioL4R 4K3(705) 526-7053

Maria RichardR.R. #2Wellington, I.P.E.COB 2EO(902) 854-2859

Janick Belleau38l B, Chemin de Montréal 32 rue Lipton

Winnipeg, ManitobaR3G 2G5

Vanier, OntarioK1L 6A8(613) 741-1059 (204) 774-7960

Céctlla Gaudet2l1» St-SacreT-.T.Québec, QuébecGIN 4M6(4l8) 657-2262

Cécile AllardC.P. 329Gravelbourg, Sask.SOH 1X0(306) 648-2513

Louise Godbout285-?6e Rue estCharlesbourg, QuébecG1H 1G6(Hlê) 647-6689

647-6687 (B)626-0835 (D)

Géraldine BarterC.P. 9323Station "B"St-Cean, T.N.A1A 2Y3(709) 854-1241

Louise Larade9 rue EmraersonMoncton, N.B.E1C 6T2(506) 854-9566

Employée :

Christiane Brunette50, rue Vaughan, local 3Ottawa, OntarioK1K 1X1(613) 741-9978

Page 10, BULLETIN AEF Automne 1984

ROIS VARIATIONS :

SUR

ROIS THEMES

Description

Vécu

Analyse

Regroupement

Animation

StratégiesPolitiques

U.C.F.O, : EVOLUTION EN SURVOL: 1937 - 1984

Par Patricia Thauvette,Ontario

SON ORIGINE:

Lorsque naquit l'Union Culturelle desFranao-Ontariennes dans les comtés dePrescott et Russell en 1937, elleregroupait surtout des épouses decultivateurs. Son but premier con-sistait à fournir aux femmes, en untemps de crise économique, un moyende procurer plus d'aisance à leurfamille.

Les femmes confectionnaient oufabriquaient tout selon leurs besoinsLes travaux domestiques étaient arduset compliqués. Sans électricité etavec très peu d'appareils ménagers,sans service d'eau et de chauffagecentral, elles étaient responsablesd'une foule de choses essentiellesa une condition de vie considéréeaujourd'hui, moins que médiocre.

Elles cultivaient, récoltaient,faisaient boucherie, faisaient lamise en conserve de fruits, légumeset viande, elle cuisaient le pain,elles fabriquaient des vêtementsdans d'autres déjà usagés.

Pour augmenter le revenu familial,la femme prenait souvent a charge lalessive et la couture des autres,logeait des pensionnaires etexécutait des tricots ou de labroderie pour des familles plusfortunées.

Echange de recettes, de patrons, deconseils ont donc été à l'originede notre association qui s'appelaitalors Union Catholique des FermièresEn dépit de modestes débuts, elleconnut très tôt une ascensionremarquable.

Ses congrès annuels attiraientdé.1à un grand nombre de participanteet permettaient un échange entreles cercles. Aussi le clergé sefaisait-il un devoir d'y assister.Lîéducation de la famille, surtoutdes filles, était le sujet principalde l'homélie à la célébrationeucharistique.

LES ANNEES 50T

Au milieu de la décennie 50, latélévision entra dans les foyerset les femmes regardaient lesprogrammes tout en repassant oureprisant.

La venue d'un peu^plus d'aisanceet l'information firent aussitôtcomprendre aux femmes qu'ellesvivaient une certaine abnégationet qu'un peu plus d'intérêtpersonnel pouvait leur être salutainL'heure était venue de réévaluerla profession de la ménagère, sesbesoins et ses mérites. Il étaitgrandement temps de donner créditaux fonctions des femmes au foyeret de leur procurer quelquessatisfactions personnelles sans pourcela qu'elles négligent ses tâchesdomestiques. Plusieurs prirent levolant de l'automobile plus sécures

BULLETIN AEF Automne 1984, page

sur les routes qui s'amélioraientgraduellement.

La population rurale évoluait elleaussi de sorte que les agriculteursprospères achetaient les terresvoisines tandis que les propri-étaires allaient gagner leur vie àl'extérieur, demeurant dans lamême résidence. Des spéculateursen immobilier contruisirent desprojets qui furent peuplés de genstravaillant en ville. Aussi descitadins à la recherche d'une viemeilleure gagnèrent la campagne.C'est donc à une société de plus enplus complexe que notre associations'adressait déjà.

STRUCTURATION

En 1969, forte de cette réalité,la direction a cru sage de donnerle nom de Union Culturelle des Franco-Ontariennes à son association.Elle définit son but principal commeétant de promouvoir l'épanouissementde la femme au sein du foyer et dansla société.

Après 30 ans d'existence, lesstructures étaient de plus en plusélaborées. La paroisse franco-phone de l'est qui ne faisait paspartie de l'U.C.F.O. se sentaitisolée.

Dans le nord ontarien, plusieursendroits avaient imité l'est enfondant des cercles à l'exemple del'Union des Fermières du Québec.Des journaux publiaient les activitésde ces femmes avant-gar dis t'es .Conscients de la force du nombre, lenord et l'est ne tardèrent pas àjoindre leurs efforts. Dès lors,on forma trois niveaux distincts:le local, le régional et leprovincial.

En 1977, les francophones du comtéd'Essex connurent des démêlés avecle Ministère de l'Education pour

l'obtention d'une école secondairefrançaise. Ayant entendu parler denotre association par l'intermédi-aire d'amies, les femmes sejoignirent à nous. On fonda doncla régionale d'ESSEX.

Toute Franco-ontarienne ayantatteint l'âge de 14 ans et quipaie sa cotisation est membre del'U.C.F.O.

L'ARTISANAT

Pour un certain nombre de membres,l'artisanat consiste en un passe-temps favori. Quiconque visitel'exposition du Canada Central àOttawa à la mi-août, se rend comptede la variété, de la beauté et dela perfection de ces pièces artisa-nales. Quelle satisfaction pourcelle qui voit son travail primé.Expositions régionales et localeset réunions mensuelles sont autantd'occasions de faire connaîtreses talents et d'échanger destechniques.

PRESENTE ORIENTATION

Mais point n'est nécessaire defaire de l'artisanat pour participerà notre association. Aujourd'hui,la gent féminine vit desproblèmes multiples. La pauvretédes femmes à 65 ans et plus, demême que celle des femmes chefs defamille, la propagation de lapornographie qui incite à laviolence, le viol et l'inceste, lebesoin d'autonomie, de sa placedans la société comme dans l'église,le travail à temps partiel quiprive des avantages sociaux, lesalaire sous le seuil de lapauvreté, sont autant de problèmesqui contraignent les membres às'informer.

Réunions mensuelles, visites inter-cercles, journées d'éducationavec ateliers, journées de

Page 14, BULLETIN AEF Automne 1984

techniques d'artisanat, Semaineinternationale de la femme,publication de revues provincialeset régionales sont autant d'outilspour parfaire ses connaissances.

Des personnes ressources qualifiéesnous informent sur les questionsd'intérêt féminin, susceptiblesd'améliorer notre qualité de vie.La pré-ménopause et ménopause, lanutrition, les successions et lestestaments, droits à la propriété,les systèmes de pensions, l'.alcoolismeet les tranquillisants mineurs,consommation et budget, communicationdans le couple, avec les adolescents,avec les personnes âgées, gestionmunicipale, l'économie, lapornographie, le bénévolat,l'action sociale sont des sujetsinhérents à notre orientation.

Les régionales organisent unerencontre de planification pourprésenter la programmation annuelleet un calendrier d'échéances alorsque les directrices discutent enateliers de l'orientation de chacundes cinq comités: arts domestiques,environnement, éducation,information et action sociale.A noter également que l'U.C.P.O.offre périodiquement des journéesde formation en "leadership".

FINANCEMENT

Pour se financer,, les cerclesorganisent des rencontresfamiliales telles que soirée desmariés de l'année, ou d'anniver-saires de mariage, repas de funé-railles, soirées récréatives, théoffrande, partie de cartes ou bingo,voyages organisés. Parfois on sepaie des petites douceurs, telles quesouper en groupe au restaurant, vinet fromage, etc....

LA PORNOGRAPHIE

Le congrès régional annuel attiretoujours de nombreuses participantesdont plusieurs assidues. Lespersonnes ressources invitéesrivalisent de compétence. Cetteannée, suite à son congrès, ayantpour thème "En tant que femmes"la régionale Russell-Carleton-Stormont a entrepris >une campagne desensibilisation à la pornographie.13 000 dépliants bilinguesdécrivant ce qu'est la pornographie,le pourquoi, les^effets et lesréactions proposées, ont étédistribués par la poste dans tousles foyers de la régionale oùl'U.C.F.O. compte des cercles. Aussiune lettre a été adressée à chaqueconseil municipal leur demandant debien vouloir réglementer ladistribution de matérielpornographique.

Les tables rondes ont aussi suggéréune quantité d'actions à entre-prendre au niveau personnel, localet régional. Les média de laprovince ont commenté l'engagementde ces femmes. Bien sûr, nousavions conscientisé la populationà la pornographie mais nous avionsaussi réussi une bonne publicitépour notre association.

LE PROVINCIAL

Avec la compilation de toutes cesactivités, le bureau provincial aformulé des demandes de subventions.On a frappé à la porte de tous lesministères susceptibles de nous aider

C'est ainsi que l'U.C.F.O. a puoffrir en 1983-84 à toutes lesintéressées, le programme "C'estpas grave, c'est rien que vos nerfs".Deux fois plus de tranquillisantssont prescrits aux femmes qu'auxhommes. La consommation decigarettes, thé, café, chocolat,liqueurs douces, pastilles et sirop

A u tomne '1984, page 7 6

pour le rhume, analgésiquesdeviennent souvent une béquilleà des problèmes latents. J'aiconnu des amies qui ont changéleurs habitudes suite à cettesession d'information.

L'exécutif a participé àdifférents colloques même àl'extérieur de la province et apuisé aux sources d'autresassociations. C'est ainsi que,à Halifax, des femmes du Québec luia vanté Nouveau Départ, Ce coursqui se donne en six semaines àraison de deux sessions de troisheures et demi par semaine,s'adresse aux femmes à la maison.C'est autant d'occasions d'entendreune personne spécialisée sur unsujet donné.

Le femme au foyer pratique denombreux métiers; elle est épouseet mère, cuisinière, infirmière,diététicienne, éducatrice,ménagère, couturière, chauffeure,etc.... Pourtant la société nereconnaît pas sa valeur et elleignore elle-même ses qualifications.Nouveau Départ aide les participante?à définir leurs acquis et leur

vécu, à réfléchir sur les changementsqu'elles désireraient apporter àleur vie et les moyens d'yparvenir. La vie au foyer, lebénévolat, le retour aux études ouau travail ou un partage de deux deces objectifs peuvent en résulter.Le cours veut l'autonomie des femmesc'est-à-dire aimer assez sa vie pouren décider soi-même.

[-•' U.C. P.O. a reçu des subventionsconsidérables du Ministère deEmploi et Immigration pour offrirce cours aux femmes de la provincede l'Ontario.

Elle recevra également une sommed'argent du Ministère de la Santéet du Bien-Etre Social pour présenterle programme Odyssée au printemps1985, celui-ci renseignera les femmessur la pré-ménopause et la méno-pause .

Si l'U.C.P.O. compte aujourd'hui àson actif 3 500 membres, elle le doitd'abord à ses bénévoles qui se sontdépensées sans relâche sans rienattendre en retour.»

LA CAGE DOREELA CAGE DOREE16mm couleur - 26:30 mnun film de CINÉ-CONTACTproduit par Michèle Renaud Molnaret réalisé par Laurette Deschamps

Office Nationalnational du film Film Boarddu Canada of Canada

La plupart des femmes ont consacréleur vie, sans être rémunérées, àleur mari et à leurs enfants,assurées qu'on prendrait toujourssoin d'elles. Elles découvrentéventuellement que la sécuritépromise n'existe pas.

Office national du film du Canada 1984Case postale 6100, Succursale A, Montréal (Québec) H3C 3H5

LA FROIDURE INVITE-T-ELLE LES REGROUPEMENTS?

Par Chantai St-Pierre, Alberta

Les faits qui seront relatés iciconcernent une expérience deregroupement de femmes francophones,à Edmonton en Alberta, qui adébuté avec l'année 1982. Jedégagerai d'abord le contextesocio-démographique qui sert detoile de fond à la création dugroupe Femmes d'aujourd'hui.Puis, je relaterai mon proprevécu dans cette expérience deregroupement. Et finalement,j'étudierai les points saillantsde ma tentative qui pourraientêtre utiles à d'autres qui ont desprojets semblables.

LE CONTEXTE SOCIO-DEMOGRAPHIQUE

II faut se reporter au début de laprésente décennie. Les provincesde l'Est ressentent déjà larécession. Les emplois se fontde plus en plus rares. Lespectre du chômage menace. Ce-pendant une lueur d'espoirjaillit pour ces chômeurs ouchômeuses en puissance:l'Ouest, et principalement1

l'Alberta. C'est ainsi que desvagues de Francophones déferlentvers l'Alberta. Mais cettemigration n'est pas facile, ilfaut une bonne dose d'adaptation:mentalité et langue différentes,difficultés de logement, etl'emploi qui ne tombe pasnécessairement du ciel. Avec leurpetit bagage de problèmes liéà leur migration, ces Franco-phones se dirigent vers lesorganismes parlant français.Face à ce nouveau besoin, l'A.C.F.A.régionale d'Edmonton préconise,à l'automne 1980, la création

d'un service d'accueil pour Franco-phones. Le Secrétariat d'Etatsubventionnera le projet qui dé-marre avec l'année 198l. Le services'insère avec les services sociauxcatholiques d'Edmonton quipossèdent déjà une infrastructuresupportant les nouveaux arrivants.

Des besoins particuliers de femmesfrancophones qui ont migré sontau début de 1982, discernés. Avecla collaboration des infirmièresd'une clinique médicale, l'on offredes rencontres hebdomadaires auxnouvelles mamans. Après dix-huitmois, l'on procède à une évaluationdes activités. Les conclusionssont les suivantes:

Le besoin de rencontres entrefemmes francophones est évident.

Le groupe doit être accessible àtoutes celles qui en exprimentle désir; pas seulement auxnouvelles ou futures mamans.

Souhaite des sujets de discussionplus diversifiés.

On désire un service de gardiennespour les enfants pendant lesrencontres des femmes.

DU "FRENCH BABY TALK" AFEMMES D'AUJOURD'HUI

Orientation

C'est à l'été 1983, que commence monvécu avec le groupe que lesinfirmières de la clinique avalentbaptisé "French Baby Talk".

Depuis 1979, Edmonton était monquatrième pays d'adoption. Pendant

mes pérégrinations, j'avaisidentifié certains besoins liés àma condition de mère de familledont le plus aigu: rompre l'isole-ment. J'avais le besoin de partager" ve " d ' fi '.itres v 1 '•-'ant 1 a mêmesituation: nos vécus, nooquotidiens.

Peu de temps après mon arrivée enmai, j'effectuais quelques dé-marches pour trouver un groupe defemmes francophones à Edmonton.Le Bureau de Québec et 1 'Associationcanadienne française d'Edmontonfurent mes ressources. Le Bureaudu Québec m'informa de l'existencedu service d'accueil pourFrancophones. Mais personnen'avait entendu parler d'unregroupement de femmes franco-phones .

J'étais toujours en recherche quandà la télévision, au début dumois d'août, on parle d'un pique-nique pour les mamans francophoneset leurs enfants. J'arrive aupique-nique pleine d'espoir, nousn'étions que deux I...Cependant,j'ai le loisir de m'informer àfond au sujet de ce groupe, de sonorigine, de son devenir. Lapersonne rencontrée semble pessi-miste quant à la participationfuture des femmes et sollicite del'aide. Je ne demande pas mieuxque de m'intéresser à ce projet quim'enthousiasme. D'ailleurs, jeme faisais la réflexion suivante àl'époque: "Si un groupe de femmesfrancophones n'existe pas àEdmonton, je vais en créer un."

Une travailleuse sociale d'accueilpour Francophones, appuie nosefforts pour redonner vie au groupe.

Lucie et moi nous nous attaquonsau premier problème: trouver unlocal gratuit qui pourra accueillirmamans et enfants avec gardiennes.

La présence des enfants impose desnormes de sécurité, c'est ainsi quecertains locaux ne peuvent faire

r

A la première rencontre, nous sommessix, plusieurs des treize de l'annéeprécédente sont retournées autravail. Parmi celles qui restent,l'une se chargera de l'accueil,l'autre de la publicité.

Une question me préoccupe beaucoup:pourquoi nous rencontrer? nousn'avons, pour l'instant en tout cas,aucune programmation définie.

Le "lea.der" de l'époque retourne,elle aussi, sur le marché dutravail. J'hérite ainsi du legsde la succession.

PREMIER PROGRAMME

Au début de mon mandat, je m'attaqueau premier problème: recruter denouvelles membres et ne pas perdrecelles que l'on a.

Moyens employés :

Choix d'un nom qui personnaliserale groupe.

Rédaction des objectifs du groupepour fins de diffusion, car,jusqu'à maintenant, ils faisaientpartie de la tradition orale .

Programmation attrayante pourfaire sortir les femmes de chezelles .

Utilisation maximale des faibleseffectifs en les choisissant commeconférencières invitées.

C'est probablement mon vieux fondd'enseignante qui se manifestait:j'avais le besoin ardent deplanifier, de voir où je m'enallais et de montrer aux autres oùle groupe s'en allait.

Page 18, BULLETIN AEF Automne 1984

La première étape qui consistait àtrouver un nom ne fut pas tropdifficile. L'une d'entre noussuggéra ce nom de Femmesd'aujourd'hui qui fut adopté à1'unanimité.

La programmation fut un peu plusdifficile à réaliser, car étantnouvelle à Edmonton je connaissaistrès peu les ressources humainesfrancophones disponibles. Maisle bouche à oreille etl'utilisation de services trèsvisibles comme l'O.N.F., nouspermis de mettre au point un pro-gramme très diversifié. La diversitéétait volontaire car, on neconnaissait pas encore la population-cible, ses goûts, ses besoins.

Quant à la quatrième étape elle seconcrétisa par la participationde Debby, habile bricoleuse, quiaccepta de nous présenter unatelier sur la fabrication d'unlivre-jouet. Diane, passionnéede courte-pointe nous fit partageren cours d'année, son art. Mona,d'origine libanaise nous aentretenues de son pays, de saculture, de sa politique, de laguerre .

Le 6 octobre c'était le lancementde la programmation. Avec l'aidede la publicité réalisée par Mona,nous regroupions chaque jeudi matinde quatre à six femmes francophones.

Novembre amène une baisse considérabledes effectifs. Une réunion doitmême être annulée faute departicipantes. Les demandes d'aidefinancière faites à l'A.O.P.A.provinciale ainsi que régionales'avèrent un échec.

Milieu décembre, je quitte l'Albertapour des vacances au Québec. Lafête de Noël prévue pour lesenfants du groupe doit être annuléecar personne ne se chargera de la

préparer en mon absence. Cela medéçoit beaucoup et me laisseperplexe quant au devenir du groupe.

Au moment où je songe sérieusementà tout lâcher, je mets la main surune série d'articles sur lesregroupements de femmes au Québec.Les expériences relatées montrentque rien n'a été facile pourpersonne mais, avec la convictionque la cause en vaut la peine et lapersévérance dans l'atteinte desobjectifs, l'on peut arriver àquelque chose.

Je décide de reprendre la tâche etde mener le programme Jusqu'àl'évaluation prévue pour le 31 mai1984.

De deux participantes le 12 janvierdernier, nous passons à dix le26; par quel miracle? Peut-êtrela froidure invite-t-elle les gensà se regrouper?

De nouvelles membres dynamiquess'ajoutent et le 8 mars nous sommes15 pour célébrer la Journéeinternationale des femmes. Quellebelle fête!

Les problèmes ne sont pas finis pourautant. Nous apprenons qu'audébut d'avril le local prêté nesera plus disponible et notregardienne non plus.

Les rencontres se poursuivent chez-moi, les mères au salon et les en-fants au sous-sol, avec leursgardiennes "anglophones" du YWCA,que chacune devra payer par unecontribution minime.

Ces écueils me stimulent de plus enplus à poursuivre les démarchesdéjà amorcées au Secrétariat d'Etatpour obtenir une subvention. Nousdevons obtenir cette subvention —c'est vital !

BULLETIN AEF Automne 1984, page 29

Le 31 mai arrive. L'évaluationdes femmes s'avère trèsstimulante. De l'évaluation, lespoints suivants ressortent:

Moins de films (deux seulementseront prévus).

Un plus grand nombre de femmesdans la gestion du groupe.

Des femmes pour animer lesrencontres.

Quatre activités mères/enfants:Halloween, Noël, atelier debricolage et visite d'uncentre nature.

Le programme doit poursuivre sadiversité.

Présentement, le groupe discutedu mode de structure qui seraprivilégié. Le choix defonctionner en collectif ralliela majorité sans toutefoisfaire l'unanimité. Un sous-comité a été formé pour rédigerles statuts de Femmes d'aujourd'huiet son travail sera présenté àl'assemblée, au mois de janvier1985, pour fins de discussion etapprobation.

CE QUE NOUS LIVRE L'EXPERIENCE

Quatre points se dégagent,c'est-à-dire quatre aires dans,lesquelles il est bon de concentrerses efforts dans des projets deregroupement.

LA PLANIFICATION

II est sage de déterminer, àpartir d'un besoin exprimé ouressenti, un ou des objectifs. Enfait, il s'agit de circonscrireson champ d'action. Ensuite, ilsera plus facile de préciser lesmoyens pour atteindre cet objectif.

En ce qui nous concerne, ils'agissait d'un besoin de rencontres

entre les femmes francophones,rencontres axées sur des sujetstouchant la réalité des femmes. Unbesoin également d'un lieu derencontre pour nos enfantsfrancophones.

LE RECRUTEMENT

Une fois le champ^djactioncirconscrit, se révèle avec plus deprécision, le groupe-cible à quis'adressera les activités. Sachantà qui l'on s'adresse la publicitésera dirigée vers les endroits quefréquentent ces femmes et vers lesmédia qu'elles favorisent.

Dans notre cas, en plus des médiafrancophones, nous avons diffusénotre programme via les servicessociaux, les cliniques devaccination, le bureaux de médecinset de gynécologues francophones.Nous avons également publié uneannonce dans les différents bulletinsdes paroisses francophones d'Edmon-ton. Il faut ajouter les librairies,les garderies et les A.C.F.A.provinciale et régionales.

LE FINANCEMENT

Pour moi, ce fut l'aspect le pluspénible. Peut-être parce quej'éprouve de la difficulté àdemander...mais aussi parce que jefaisais face à l'inertie du groupe.En effet, quelques membres nevoulaient pas le "salir" avec desquestions d'argent. Le groupe,selon elles, pouvait survivre sanssubventions. Pour ma part, c'étaitjouer à l'autruche car, nous avionsdes obligations à incidencefinancière à rencontrer tous lesjours: les gardiennes bénévolesfrancophones introuvables, lapublicité gratuite de plus enplus limitée, aucun local gratuit.

Cette indifférence peut s'expliquerpar les rapports qu'entretiennent

Page 20, BULLETIN AEF Automne 1984

les femmes, en général, avecl'argent. Je n'élaborerai pas,plusieurs d'entre vous ayant, sansdoute, lu des rapports de recherchesur ce malaise des femmes face à1'argent.

En plus de l'apathie du groupe,il y avait le scepticisme,l'étonnement de la direction desA.G.F.A. régionale et provinciale.Pour eux, nous étions perçuesquasiment comme des Marsiennes.On ne les intéressait pas, on nefaisait pas partie de leurspriorités. L'un des directeursnous identifiait comme étant ungroupe de femmes qui secherchaient de l'ouvrage et quise réunissaient pour s'appuyermutuellement...

LA REPRESENTATIVITE

Un groupe ne peut exister en vaseclos. Nous faisons partie d'unsystème, nous avons une place, entant que groupe, au sein de lacollectivité. Nous avons droit aurespect et à la reconnaissance.C'est avec cette pensée en tête quej'ai, avec les membres les plusengagées du groupe, entrepris monaction avec les A.O.P.A.provinciale et régionale et dansle regroupement des femmes franco-phones de l'Alberta. Ce regroupe-ment de tous les organismes defemmes francophones de l'Alberta apour but d'établir des objectifscommuns et un plan d'action concerté

Cette année, pour la première fois,le groupe vient d'être invité àune réunion de consultation et deconcertation de tous les organismesfrancophones de l'Alberta. Cetévénement constitue une premièrereconnaissance du groupe commemembre de la francophonie.

J'espère que l'expérience humblementrelatée ici constituera unstimulant pour celles qui ont desprojets de regroupement.»

* l'Association canadienne françaisede l'Alberta

BIE

DOSSIERS PROJETES DANS

BULLETIN

Action Femmes

en 1985

PROGRAMMESGOUVERNEMENTAUX ETCOMMUNAUTAIRES DEREORIENTATION, RECYCLAGE

ALPHABETISATION

CONCERTATION

PARTAGE DE RESSOURCES

STRUCTURES ALTERNATIVESDES ORGANISMES DE FEMMES

RECONNAISSANCE DES ACQUIS

RESSOURCEMENT

, , , ET BEAUCOUP D'AUTRES

CHEZ LES FEMMES: DEUX TYPES DE REGROUPEMENT

Par Michelle Trottier, Ontario

Même si nous parlons régulièrementde regroupement - et tropsouvent, pour en explorer lesdifficultés - nous prenons rarementle temps d'analyser les différentstypes de groupes. Or, çam'apparaît essentiel parce quecela nous permet de faire unmeilleur travail dans nos organisames au niveau des structures,du recrutement, des activités,de l'évaluation...

Il existe, selon moi, deux types deregroupement importants que jedécrirais ainsi:

les groupes "associatifs"c'est-à-dire des groupesbasés sur un sens d'identité,un sens d'appartenance à ungroupe social particulier:nous sommes francophones doncmembres du Club canadien -français; nous sommes catho-liques donc membres desChevaliers de Colomb; noussommes jeunes donc membres deDirection - Jeunesse; noussommes femmes donc membres dela Fédération des femmescanadiennes - françaises...

- les groupes "à dossiers"c'est-à-dire basés sur unprobème spécifique, un intérêtprécis pour une question, uneidée en particulier. Lesmembres proviennent dedifférentes classes sociales,de différents groupes linguis-tiques, religieux...maisinterviennent spécifiquementsur un aspect de la vie sociale:l'écologie (Greenpeace)3 ledésarmement (Mouvement pour la

paix), l'avortement (pour ou contre).

Ainsi, il me semble évident que ladifférence entre les deux typesprovient essentiellement de lamotivation qui pousse les membresà se regrouper et cela a desconséquences importantes au niveaudu choix des structures et de laprogrammation.

Les groupes associatifs, pour répondreaux besoins des membres, doiventmettre en place des structures etdes activités qui favorisent lesens d'appartenance et d'identité.En général, la structure reposeraprincipalement sur la création de"cercles" locaux avec une structureprovinciale, nationale ou inter-nationale plus on moins développée.En effet, pour la majorité desmembres ce sont les activités auniveau local qui sont les plusimportantes.

Il est généralement essentiel dansce genre de groupes de préciserclairement les modalités de "member-ship". On doit être capable de "sereconnaître" facilement,..et certainsgroupes ont même élaboré des signessecrets pour le faire...la fameusepoignée de mains des Chevaliers deColombj par exemple.

Les activités sont élaborées afind'alimenter le sentiment desolidarité: les rites d'initiation,les activités sociales, les échangesde services, la participation auxévénements quotidiens de la viedes membres. Il est assez révélateurpar exemple, que la majorité desgroupes associatifs ont développé

Page 22, BULLETIN AEF Automne 1984

des mécanismes d'appui lors d'undécès. Et, c'est dans la mesureoù ces regroupements ont mis enplace des activités et des structuresfavorisant un sens d'appartenancepositif qu'ils connaissent lesuccès.

Leur rôle comme groupe social selimite parfois "aux bonnesoeuvres", sauf en ce qui touche àla promotion de leur groupeculturel. Je m'explique: lesFilles d'Isabelle regroupées,d'abord et avant tout, en tant quecatholiques s'impliqueront sansdifficulté dans les questionsreligieuses ou dans des projetsqui s'attirent l'approbationunanime - on presque - de lasociété, soit la constructiond'un hôpital, soit une souscrip-tion à la Société du Cancer. Ce-pendant, un tel groupement peutdifficilement se prononcer surd'autres questions sociales -les écoles de langue française -sans risquer de provoquer desdissensions et même, l'éclatementdu groupe.

Cet aspect des regroupementsassociatifs, c'est-à-dire lapromotion et là revendicationest souvent la responsabilité dela structure provinciale ounationale ... ce qui occasionne destiraillements et des malaisesentre les deux paliers de1'organisme.

Avant de passer aux regroupements"à dossiers", notons qu'avant1975, les organismes de femmesétaient principalement des groupes"associatifs" et que, ceux-ci ontréussi à créer un sens de soli-darité chez les femmes à l'intérieurde leurs cadres respectifs.

C'est avec la fin des annéessoixante et le début des annéessoixante-dix qu'une multitude de

regroupements se sont constitués pourdéfendre et promouvoir des dossiers,des "causes" sociales. L'objectifdu regroupement est alors d'agirensemble pour améliorer un aspectde la société: garderie, santé,écologie, violence ... Ces actionspeuvent prendre différentes formes,mais elles se situent généralementau niveau de l'entraide, de lasensibilisation et des pressionspolitiques.

Ces groupes, inspirés de l'anarchieet de la constestation des annéessoixante, veulent explorer desformes alternatives de structures -les collectifs, la co-gestion, leréseau, le consensus, les coalitions,et J'en passe. Les structures sontgénéralement adoptées au fur et àmesure que les besoins se fontsentir: suite à des pressionsvenant de l'extérieur, par exemple,des bailleurs de fonds ou desdéveloppements internes comme lacroissance du "membership".

Lorsque ces regroupements sontprincipalement des réseaux d'appui,les groupes locaux jouent un rôleprimordial: groupes de famillesmono-parentales, projets de garderie,foyers d'hébergement...Cependant,lorsque ces organismes adoptent unrôle de sensibilisation et depressions politiques, un organismeprovincial ou national peut existerefficacement, sans développer descercles locaux, en utilisant leconcept de la coalition ou de lafédération. C'est ce que fait leComité National d'Action SUT leStatut de la Femme.

La programmation s'adresse générale-ment à la population en généralplutôt qu'aux membres officiel(le)s :des ateliers, des manifestations,des journées d'information, deschroniques dans la presse...L'activité principale des membresse réduit souvent au travail de

B U /. î84, page

planification et d'organisation,très peu d'activités socialessi ce n'est que comme occasionsensibiliser les gens ou derecueillir des fonds.

de

D'ailleurs, la nature même de cesorganismes complique considérable-ment la notion de "membership".En effet, puisque ces groupess'adressent à des problèmessociaux, ils ne regroupent pasnécessairement des membres àlong terme mais répondent à desbesoins ponctuels de certainespersonnes, provoquent un intérêtà long terme pour une question;sans exiger une implicationcontinue ... Ainsi, je peuxtravailler à ouvrir une garderiequand mes enfants sont Jeunes,contribuer des sous régulièrementau Mouvement pour la paix, participeraux activités de Femmes Plus quandje me sépare pour ensuite, m'impliquerdans la lutte contre le pornographielorsque mon dépanneur affichePLAYBOY ou HUSTLER...

Certains organismes "à dossiers"ont développé des mécanismes de"membership" pour faciliter leurfonctionnement mais, c'est unequestion qui reste confuse, selonmoi, parce que la notion de"membership" couramment utiliséecorrespond davantage auxorganismes associatifs qu'auxorganismes "à dossiers".

J'ai tenté de brosser rapidementun tableau concernant deux typesde regroupement tout en sachantqu'il est impossible de "caser"les groupes dans des catégoriesabstraites, que certains groupeschevauchent les deux, qu'ilfaudrait apporter des nuances,des précisions. Il m'apparaîtévident, en tout cas, que les deuxtypes sont complémentaires et

qu'une approche rationnelle, nouspermettra d'évoluer en tantqu'organismes ainsi qu'en tant quemouvement. C'est d'autant plusimpo-rtant que plusieurs organismestentent présentement d'effectuerdes changements, que d'autres tententde se structurer, que les femmesveulent se retrouver ensemble.*

BIENVENUE AUX

COLLABORATRICES

VOUS VOULEZ ÉCRIRE UN

ARTICLE SUR UN DES

DOSSIERS PROJETÉS EN 1985?

L'ÉQUIPE DE AEF EN SERA

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ET, LES LECTRICES DONC!

Page 24, BULLETIN AEF Automne 1984

L'ANIMATRICE: UNE PERSONNE-ORCHESTRE

Par Louise Proulx,Colombie Britannique

La réunion traîne en longueur, vousêtes insatisfaite du peu de résul-tats, vous partez en silence, vousavez de la rancune, toute procédurevous semble inutile, vous êtesépuisée. Vous vous dites, "ildoit bien y avoir une autre façonde tenir des réunions".

C'est à étudier sérieusement!

C'est vrai que nos réunions, nosateliers, nos rencontres sontsouvent épuisantes. Mais ceci nedevrait pas être une règle. Quantà moi, j'ai développé quelquescritères pour évaluer unerencontre: je dois avoirl'impression d'avancer et je doissentir que mes besoins en tantqu'lndividue sont rencontrés.Chaque participante doit avoirl'occasion de ressentir, de penseret d'agir. A ceci j'ajoute lanécessité d'une animatrice qui soitsensible, flexible et ferme.

Plusieurs débats ont eu lieu dans lemouvement des femmes au cours desdernières années sur la nécessitéd'une animatrice et sur la différenceentre "animer" et "diriger".

Je crois que si on ne nomme pas uneanimatrice au début de la rencontre,une ou plusieurs femmes font letravail d'animation et desmécontentements peuvent s'en suivre.

De même, je crois qu'animer ne veutpas dire diriger en autant que lesparticipantes soient informées dece qui les attend.

"En somme, ce n'est pas lacompétence d'une militante pourl'accomplissement de ses fonctionsqui nuit à la démocratie d'uneorganisation, mais le fait qu'elledétienne en exclusivité sesconnaissances et s'en serve pourécraser les autres."^-

DEMYSTIFIONS LE ROLE D'ANIMATRICE!

L'animation ça s'apprend! On peutaller loin avec des principes debase et une méthodologie. Quelquesmembres de nos organisations sontpeut-être plus enclines à animeret d'autres plus enclines àmanier l'imprimerie ou les chiffres.Il ne s'agit pas de devenir la"Super "Woman" et de faire bienabsolument tout, de la réparation devoiture à de la broderie fine.Ce qui importe c'est de ne pascréer des spécialistes "indélogeableset de permettre à toutes celles quile désirent de se faire la mainà l'animation.

De même une animatrice doits'attendre à y mettre un peu dusien. Il n'est pas facile d'êtreà la fois impliquée et équitable,écouteuse et écoutée. Il n'estpas facile non plus de bien traiterchaque participante dans le groupeen mots, bien sûr, mais aussi dansle son de la voix, les expressionsde respect et d'encouragement, decompréhension et d'affection.

LES TACHES DES ANIMATRICES

L'animatrice prend en chargel'Infrastructure de la réunion. Elle

- s'occupe des tours de parole,voit à ce qu'on parle du sujettraité (sinon elle déclare laparticipante hors d'ordre),tout cela dans le temps requis.Elle peut être assistée d'unepersonne qui garde le temps,

- surveille les inter-relationsdans le groupe et peut, en casde problèmes, avancer la pause-café,

- résume les positions et essaiede trouver des concensus,

- introduit des tours de table,des exercices de remue-méninges(brainstorming), des périodesde silence etc,

- fait la différence entre"discussion" et "décision",

- facilite les prises de décisionset s'assure que les tâchessont distribuées,

- encourage toutes les participantesà prendre part au débat,

- demande la contribution d'uneparticipante ou de plusieursquand certains problèmes seprésentent, tels un sujet horsd'ordre, des interruptions,des blocages ou des aggressivités,

- rappelle les objectifs lorsquenécessaire même si elle les adéjà expliqués au début de larencontre.

On ne vient pas aux réunions ou auxateliers en laissant son "soi-même" à la maison. Il est importantd'échanger entre les partici-pantes - surtout si le groupe estfonctionnel pour une certainepériode - d'échanger donc nos joies,nos peines, nos réussites, et noséchecs. Le groupe sert de supportémotif ou l'atelier devient unmoment idéal pour chercher dessolutions. L'animatrice joueainsi un rôle important dans la

qualité et la quantité des échanges.Les participantes doivent se sentirà l'aise parmi le groupe pourexprimer ainsi des émotions intensesOn verra plus loin que l'animatricedoit savoir s'y prendre dans lescas d'un trop plein d'émotions oude désaccords persistants.

Il est intéressant autant pourl'animatrice que pour les partici-pantes de prendre le temps de sedécouvrir les unes les autres, dèsle début de la rencontre, carchacune d'entre elles est présentepour des raisons bien précises.Cet exercice préliminaire est unebonne façon de créer un climat degroupe car chacune peut se rendrecompte que ses voisines ont desexpériences similaires en tant quefemmes. Il n'y a pas de bonnesou de mauvaises réponses quand onparle du vécu. Ni l'animatrice, niles participantes ne sont là pourjuger qui que se soit.

Et parlant de début de rencontre,11 est de toute importance pourl'animatrice de présenter ledéroulement de la rencontre, desoumettre sa façon d'animer etd'obtenir l'assentiment desparticipantes qui savent alors cequ'il en retourne. Il est utilede mentionner que les participantesont, elles aussi, des responsablelitês : entre autres, suivre lesdébats, participer, prévoir lesproblèmes, aider l'animatrice ou larappeler à l'ordre, s'il le faut.Elle n'est pas infaillible!

QUOI FAIRE EN CAS DE DESACCORDS

Bien sûr que l'animatrice encouragele bon travail et les contributionsdiverses des participantes mais,tout n'est pas toujours rosé...Etdes désaccords surgissent!

Page 26, BULLETIN AEF Automne 1984

Souvent, ils se manifestent quandil y a des problèmes individuels(ex: fin d'une relation) oucollectifs (ex: coupures desubventions).

Nous commençons seulement àpercevoir les désaccords commesource de nouvelles perspectives.Encourager les différences peutcertainement contribuer à enrichirle groupe et à augmenter notrepropre compréhension dessituations et des êtres.

Si un ou des désaccords surgissent,il faut en discuter et s'accorderdu temps pour trouver des terrainsd'entente. Ceci demande laparticipation de chaque personneimpliquée. Si les conflitsoccupent plus du tiers (1/3) desrencontres, prévoir alors unesession spéciale qui pourraitêtre animée par une personne del'extérieur. Dans tous les cas, ilfaudra aller au coeur du sujet etune méthode, telle la critiqueconstructive peut être utile.

QUOI FAIRE EN CAS DE TROP PLEIN •

EMOTIF

Quand une participante a des problèmesde fonctionnement dans un groupeà cause de larmes ou de blocage oude colère ou pour toute autre raison,il faut prendre un temps d'arrêtet aider à résoudre cette situation.

Ceci peut se faire par tout legroupe ou par quelques personnesseulement. Dans tous les cas, laparticipante affectée sait mieux quequiconque ce dont elle a besoin.L'animatrice doit:

- prendre conscience de l'existencedes émotions et les légitimer,

- encourager la personne à exprimerses émotions. Lui accorder placeet temps, soit seule-à-seule ouen groupe,

- se demander d'où viennent cesémotions, à quoi elles sontreliées, pourquoi elles se présen-tent maintenant, ce qui les adéclenchées,

- agir afin de renforcer le pouvoirde la personne sur son vécuémotif,

- essayer d'établir le "comment"agir dans le futur si le cas sereprésentait.

Le fait de parler de ses émotions,d'essayer de les comprendre et d'ensaisir la source nous permet devoir plus clairement par la suite.L'animatrice doit encouragerl'échange et donner tout l'appuipossible.

PRENDRE SOIN DES ANIMATRICES

Animer est contradictoire. Commementionné au début, il estdifficile d'être partie prenanteet Impartiale. L'animatrice doitinsister pour que les débatsavancent malgré des discussionsintéressantes. Les animatricesabsorbent beaucoup des tensions dugroupe. Bien sûr l'énergie requisedépend de l'individue ou du groupe,mais il est toujours bon d'avoirquelques mots d'encouragement à lafin des rencontres. Il est aussinécessaire de se faire dire noserreurs dans le but d'améliorernotre approche à l'animation.

En résumé, nous pouvons dire que ladémocratie est plus que l'additionde volontés individuelles etl'animatrice joue un rôle importantdans la réussite de nos rencontrespar son rôle de personne-orchestre.»

BIBLIOGRAPHIE

1 Le fonctionnement de nosorganisations, Centre deFormation Populaire, p. 3.

BULLETIN AEF Automne 1984, page 27

LE ROLE D'UNE ANIMATRICE - UNE REFLEXION

Pav Rita LêouyeT, Mani-toba

Le travail d'animatrice de groupeest un travail que je trouve à lafois enrichissant et exigeant.Très tôt dans ma carrière, j'aiconclu que ça ne suffit pas deconnaître des trucs ou méthoded'animation. L'animatrice doitsurtout comprendre et être àl'écoute de la dynamique du groupepour pouvoir intervenir de façonà en améliorer l'efficacité.

Nola Symor, de l'Université deSaskatchewan, utilise le tricyclepour illustrer cette dynamique.

La roue d'en avant, qui donne unedirection au tricycle, représente lapremière fonction d'un groupe:celle d'accomplir une tâche oud'atteindre un but. Les rouesd'en arrière représentent lesbesoins interpersonnels(communication, encouragement,soutien, etc.) et les besoinsindividuels (besoins d'apparte-nance, de sécurité, de valorisa-tion). Les trois roues sontessentielles au bon fonctionnement

du groupe. Le rôle de l'animatriceconsiste donc à aider le groupe àcombler ses besoins et, lorsqu'ilest en difficulté, identifier lesobstacles et intervenir pour luipermettre de résoudre ses conflitsen y apportant des changements,s'il y a lieu.

Suite à mes expériences, je croisque l'animatrice ne doit pas fairepartie du système qu'elle anime.Elle doit être à l'écart pourpouvoir mieux observer, écouter,être objective et éviter des'impliquer au niveau du contenu(tâches) et s'abstenir de prendrele guidon.

LES FONCTIONS QUI SE RATTACHENT

A LA TACHE

Le succès d'un groupe est déterminépar la façon dont les membresexécutent les tâches requises pouratteindre ses buts. Un modèle queje trouve très utile, pour donnerune structure à la discussion, estle suivant:

1. L'Objectif - Qu'est-ce que nousvoulons accomplir?

2. Les Faits - Ce que nous avonsbesoin de savoir; le. Ce quis'est fait dans le passé, lasituation présente, les forcesqui favorisent et qui empêchentle changement, etc...

3. Les Options - Quelles sont lesalternatives? Quelles sontnos ressources?

4. Le Plan d'action - Qu'est-ceque nous allons faire? Qui vale faire? Quand? Comment?Publicité?

5. L'Action - Le plan d'actionest exécuté. Cette étapedemande un engagement de lapart des membres, un bonsystème de communication etde la coordination.

6. L'Evaluation - Le fonctionne-ment du groupe et les résultatssont évalués.

Bien souvent, les conflits surviennentquand vient le temps de passer àl'action, car l'action demande deposer des gestes, de se prononcer,de s'engager, de surmonter sa peuret de prendre des risques. C'esta ce point critique que je voisl'importance de bâtir les relationsinterpersonnelles et de prendresoin des besoins individuels pourque le groupe atteigne un niveaude solidarité qui permette detenir le coup.

LES BESOENS INTERPERSONNELS ET

INDIVIDUELS

Pour établir une solidarité au seindu groupe, l'animatrice doit sepréoccuper de trois processus:celui d'appartenance, de contrôleet d'affection.

L'appartenance est la question desavoir qui sera inclue et qui seraexclue du groupe. Pour l'individue,c'est une question de se sentiracceptée, d'être en sécurité contrel'attaque ou la critique personnelleet de bâtir des liens avec lesautres membres. Le groupe ne peutpas avancer et devenir créateur àmoins de prendre soin des besoinsd'appartenance. L'animatrice peutfaciliter ce processus en prenant letemps de "briser la glace" au débutd'une séance, en encourageant laparticipation de chacune, enpermettant à chaque personne departager son vécu, ses opinions,ses réactions - soit en sous-groupe

ou en plênière. L'animatrice sedoit d'intervenir au début de la vied'un groupe, lorsque les commentairesrisquent de devenir des attaquespersonnelles et qu'un niveau derespect et de solidarité n'est pasencore établi. Alors, une desresponsabilités de l'animatriceserait d'apprendre au groupe commentoffrir et recevoir des critiquesconstructives tout en respectantla personne. Le processus d'appar-tenance se répète à chaque rencontreet peut être facilité par laplanification d'un café avecdiscussion informelle au début dela réunion.

Le processus de contrôle est unelutte pour le pouvoir dans le groupequi se vit par la contestation dela personne qui détient le pouvoireg. l'animatrice. Cette contesta-tion est nécessaire pour la croissancedu groupe et son évolution de ladépendance à l'interdépendance.Pour les groupes féminins, je croisque cette contestation du pouvoira une signification et uneImportance particulières. En grandemajorité, les femmes sont encoreconditionnées à être dépendantesd'une autre personne qui a plusd'options, plus d'argent, plus depouvoir pour remplir ses besoinsaffectifs et financiers. Dans cesystème oppressif, les femmes sontvalorisées pour leur beauté physique,leur rôle de bonne enfant soumise,leur conformité. Alors, lorsqu'ily a des conflits au sein du groupeféminin concernant le contrôle,et que le leadership de l'équipeest remis en question, cettecontestation ou contre-dépendanceprend souvent la forme d'unecritique indirecte vis-à-visl'animatrice (eg. derrière son dos)ou bien d'une action passive-agres-sive (eg. la personne accepte uneresponsabilité mais "oublie" des'en acquitter ou s'en acquitteà moitié). Après tout, "une bonne

BULLETIN AEF Automne 1984, page 29

fille ne se chicane pas" maischaque "bonne fille" a appris ..desmoyens très subtils de saboter lepouvoir d'un oppresseur. Pour lacroissance et la survie du groupe,il est important que l'animatricepuisse vaincre le sentiment dedépendance des participantes;promouvoir la saine contestationdes idées, du "leadership", desméthodes de travail; les aiderà surmonter leur peur de laconfrontation directe et faciliterla résolution des conflits.L'animatrice peut encourager leprocessus décrit plus haut enallouant du temps pour uneévaluation aux niveaux de latâche et de la dynamique de groupe.

Lorsqu'il y a des moments de tensionou des baisses dans le niveaud'énergie et de production, ilvaut mieux prendre le temps declarifier ce qui se passe et ytrouver des solutions plutôtque de balayer le conflit sous letapis.

Pour valoriser le rôle desparticipantes et souligner leurinfluence au sein du groupe, lepartage de toute informationest essentiel ainsi que la prisede décisions par le consensus oula procédure démocratique.

Une fois que la question decontrôle et de pouvoir estréglée, et que le groupe découvrequ'il peut affronter des conflitset survivre, un rapprochement sefait, des liens se forment. Dansle processus d'affection,l'animatrice peut stimuler lesmembres à donner et à recevoir del'appréciation, du soutien, desgestes d'affection et encouragerle groupe à prendre le tempsd'avoir du plaisir ensemble pourbâtir le niveau de solidaritésororale.

Ces trois processus forment un cyclequi se répète à chaque rencontredu groupe. Avec le temps, si legroupe réussit à régler ses besoinsinterpersonnels d'appartenance, decontrôle et d'affection, ledegré de solidarité et d'efficacitéaugmente.

LE DEFI

L'animatrice d'un groupe féminin,qui a pris conscience duconditionnement social de la femmeet du processus de croissanceindividuel et interpersonnel, estappelée à jouer un rôle deconseillère féministe. Enconséquence, son rôle est dedévelopper par la participation,la résolution de conflits et l'évalu-ation entre autres, un niveau decompétence et de solidarité quipermettra au groupe de remplirles tâches nécessaires pour sonbon fonctionnement et qui favoriseral'interdépendance. -Le défi pourl'animatrice est, somme toute,d'aider le groupe à gagner sonautonomie et ultimement à pouvoirse passer de ses services.*

Le Temps

des lilas

est mort 1

Le temps Je,1 , 1 4-| <xbonnemenTestarrivé 1 !

Page 30, BULLETIN AEF Automne 1984

L'ANIMATION: QUI? QUOI? COMMENT?

Par Louise Proulx,Colombie Britannique

ANIMER, QU'EST-CE QUE C'EST?

Les ateliers, les cours, les réunions,bref, les rencontres de toutessortes font partie de notre vied'éducatrice. Et, on connaîtl'importance d'un atelier réussioù on prend les décisions et oùoose des actions concrètes. L'ani-matrice joue un rôle-clef dans lebon fonctionnement de nos rencontrescar son rôle est "de guider legroupe afin de tirer le meilleurprofit possible des moyens dugroupe, de ses connaissances etexpériences pour réaliser l'objectifpour lequel le groupe a étéconstitué" .̂

Plusieurs théories sur l'animationexistent. Par exemple,l'animatrice peut être cettepersonne neutre, ou bien elle nefait que donner le droit de parole.Je voudrais m'attarder à un typed'animation plus actif où l'animatricepossède sa matière et connaît lesobjectifs de la rencontre.

Tout d'abord il y a une différenceentre animation et présidence d'uneassemblée délibérante (ex: réunionsyndicale). La présidence decette dernière se fait selon desrègles rigoureuses (ex: Code Morin),avec un ordre du jour à plusieurspoints, selon le processus depropositions/amendements.L'animation procède selon des règlesplus souples, lors de rencontresen groupes plus restreints (ex:ateliers), souvent autour d'unpoint précis. Il n'en demeurepas moins que l'animation possède

ses propres règles du jeu comme nousallons le constater plus loin.

QUI PEUT ANIMER?

A la limite, on peut dire que chacunede nous peut animer. D'ailleurs,il est bon pour un grouped'encourager toutes ses membres àprendre différentes responsabilitésà tour de rôle. S'il s'agit toutsimplement de donner la parole cen'est pas bien sorcier de tenir uneliste des participantes. Mais s'ils'agit d'intervenir à la fois commepersonne-ressource et commeanimatrice, ça se complique un peu.L'animatrice doit alors connaîtresa matière à fond et la communiquerd'une façon intéressante. Toutceci revient à dire qu'il fautchoisir l'animatrice en fonctiondes besoins du groupe et être bienprécises sur ce qu'on attend d'elle.

AVANT D'ANIMER

Avant de débuter une rencontre, IIserait bon de couvrir quelquesvariables :

- quels sont les objectifs de larencontre? C'est au groupeorganisateur de s'assurer quel'animatrice connaît ces objectifs.

Quelle forme de rencontredésirons-nous? Formelle? Mixteou non? D'information? Décision-nelle? etc . ..

- Avons-nous un plan de rencontreou un ordre du jour? Habituelle-ment l'animatrice et le groupe

BU "N AEF Automne 1984, page SI

organisateur y travaillentconjointment.

- Le local prévu est-il adéquat?(Chaises, tables, café,matériel audio-visuel etc).Est-il confortable, invitant?Peut-on déplacer le mobilierà notre guise? Est-ilaccessible en chaise roulante?

- A-t-on prévu une garderie?

- Quelles sont les règlesconcernant l'usage de la cigarette?

- La documentation nécessaire est-elle prête?

- Les convocations dûment faites?

- Allons-nous trouver unesecrétaire d'atelier d'avance?

Et surtout, allons-nous demander àl'animatrice de s'occuper de un oude plusieurs de ces points?

COMMENT ANIMER?

Encore là tout dépend du type et duplan de la rencontre. Chose sûre,certaines règles s'appliquent entout temps. L'animatrice arriveà l'heure, elle s'identifie augroupe dès le début, elle est prêteà parler d'elle-même s'il y a lieu.Elle doit surtout essayer de créer unclimat de confiance et de travailde groupe. Elle doit briser la glaceet souvent un tour de table estindiqué avant de commencer. Ellesouhaite la bienvenue, explique lepourquoi de la rencontre et peutdemander aux participantes d'exprimerleurs attentes face à la session.Elle doit donc s'assurer que le butde cette dernière est bien compriset à la fin de la rencontre ellepeut souligner ce qui a été atteint.Elle voit à ce que les aspectstechniques (ex: pause-café, horaire,cigarettes, etc...) de la sessionsoient acceptables à l'ensemble desparticipantes.

L'animatrice suscite, encourage,précise, aide, débloque, clarifie,résume, questionne, s'assure deréalisations concrètes. Ellerappelle les objectifs, si utile,replace la discussion dans soncontexte, cherche des solutionsaux problèmes qui surgissent etmaintient l'horaire. Elle offreson appui, là où nécessaire etréconforte ou voit à ce que legroupe réconforte - les participantesqui en ont besoin. Chaqueparticipante doit quitter le lieuen bon état émotif.

Et avec tout cela, l'animatricedoit doser la fréquence de sesinterventions !

La tâche d'animatrice n'est paschose simple mais, n'est pas nonplus chose impossible. Souventdes ateliers existent pour formerdes animatrices et il es bon d'ydéléguer une ou plusieurs personnespar groupe, quoique chaque groupeait sa spécificité.

EN GUISE DE CONCLUSION

Nos réunions sont importantes etc'est là que se joue le processusdémocratique. L'animatrice a unrôle prépondérant dans le bonfonctionnement des rencontres maiselle ne fait pas de miracles. Chaqueparticipante a aussi laresponsabilité de la rencontre etchacune doit y mettre du sien.L'animatrice n'est pas infailliblenon plus et je suis certaine queles suggestions seront les bien-venues. L'animation ça s'apprend,de même que toutes les autrestâches qui assurent le bonfonctionnement d'un groupe.

Bonne chance I «

BIBLIOGRAPHIE

1 Le fonctionnement de nosorganisations, Centre deFormation Populaire, p. 30.

Page 32, BULLETIN AEF Automne

LE ROLE D'UNE ANIMATRICt

QUAND UNE ANIMATRICEENTEND OU OBSERVE

1. Des idées

2. Des idées confuses oumaladroitement exprimées

S. Deux ou plusieurs idéesdans une même intervention

4. Des idées en dehors de la.question

5. Qu'une idée d'importancen'a pas encore étéexprimée

6. Des idées fragmentairesou incomplètes

7. Qu'on B 'éloigne du sujet

Des signes d'ennui,d'inattention ou un manqued'intérêt

9. Un manque d'information

10. Des répétitions inutiles

11. Que c'est le temps depasser S un autre point

12. Un accord important

ELLE CHERCHE A: EN PROCEDANT DE LA FAÇONSUIVANTE:

Bien les accueillir, en Sans porter de jugement, maisprendre note et les inscrire indiquer brièvement leurS l'agenda, s'il y a lieu relation à une autre idée.

Les clarifier, soit eninvitant le membre à lefaire, soit en le faisantelle-même, soit en deman-dant la définition destermes obscurs

Les distinguer et proposerqu'on les considèreséparément

Ne pas les discuterimmédiatement, mais sansdécourager leur auteure

Ce qu'elle soit exprimée

Retenir l'attention dugroupe pendant que l'idéeest élaborée davantage

Rappeler le groupe àl'ordre

Susciter l'intérêt

Obtenir les informationsnécessaires

Encourager le groupe àexprimer des idéesnouvelles ou à passer àun autre point de ladiscussion

Indiquer le progrès dugroupe et l'inviter àaborder une autrequestion

Attirer l'attention BUTcet accord comme un signede progrès

"Pouvez-vous expliquer davan-tage? Pouvez-vous donner ur.exemple? Pourrions -nousdéfinir tel ou tel terme? Voicice que vous avez dit:...Est-ce bien juste?"

"On peut saisir deux idées dansce que vous avez dit. . . "

"Voici un point sans douteimportant, sur lequel ilfaudra revenir. Pour lemoment, il s'agit bien detelle chose."

"Ce que nous discutonsprésentement n'a-t-il pasrapport avec... ? Supposonsle cas suivant...Que ferions-nous?"

"Avant d'aller plus loin, neserait-il pas possible d'ajc-^ter...ou d'élaborer davantage?"

"Voilà sans doute une idéeintéressante, mais nous som~.esprésentement à examiner telaspect de la question. Croyez-vous que cette question serapporte réellement à ce quenous discutons? Devons-nousconsacrer du temps à ce pair.-de vue?"

En rappelant le pertinence decette discussion, en soulevaitun autre aspect du problèmeou en apportant des exemplesconcrets.

En faisant appel 3 une personne-ressource, en confiant à unmembre du groupe la responsabi-lité de chercher lesrenseignements nécessaires.

Résumer le débat. "I a-t-ilautre chose à ajouter? Sinon,noue pourrions peut-être nousdemander..." (la, passer à unnouvel aspect).

Faire le point sur ce qui a étédit et introduire la phasesuivante de la discussion.

"Il semble bien que nous nousaccordions sur...Ceci amène ladiscussion à ce point:...Qu 'enpensez-vous?"

BULLETIN AEF Automne 1984, page 33

QUAND UNE ANIMATRICEENTEND OU OBSERVE

13. Un désaccord important

ELLE CHERCHE A: EN PROCEDANT DE LA FAÇONSUIVANTE:

14. Des signes de conflitsémotifs

15. Des signes de fatigue

16. La domination d'un membresur le groupe

17. Que deux ou plusieurspersonnes parlent enmême temps

18. Que des opinions sontsoumises comme des faits

19. Qu'un membre du groupeveut l'entraîner dansune altercation

20. Qu'un membre du groupele considère corme uneauthor'.-é, un maître,une exr^rte

21. Que quelqu'une n'a pasencore parlé

32. Des périodes de silence

S'assurer que ce désaccord "II semble Ken que nous sommespeut être atténué par une en face d'opinions divergentes,discussion plus approfondie Peut-être pourrions-nousou doit être accepté à ce trouver d'où viennent cesmoment divergences? Ou bien: le

point de divergence sembleêtre ceci, et je ne vois pascomment nous pourrions obtenirà ce moment-ci les informationssusceptibles de l'éclaircir.Pour autant, ne serait-il pasà propos de suspendre le débatet de passer a autre chose?"

Prévenir l'explosion duconflit

Permettre une détente

Faire appel S l'habilitédu groupe pour y résister

Ce qu'une seule parle àla fois

S'assurer que l'ondistingue les faits del'opinion

Maintenir une attitudeimpartiale

Urff.rrt-.en-f.-r> non attitudede coéquipière et aiderle groupe à mettre àprofit ses ressources

L'encourager S direquelque chose

Ces silences peuventmarquer une période deréflexion profitable ouun arrêt de la discussion.L 'animatrice doit jugerelle-même.

"Si nous tentions d'examinerla question sous un autreangle. Supposons la situationsuivante..."

Proposer une pause-café, enindiquant le moment où ladiscussion reprendra. Ouvrirles fenêtres.

"Assurément, chacune d'entrenous a son point de vue. Quelleest l'opinion des autresmembres à ce sujet?"

TL est impossible de nousentendre si tout le monde parleen même temps. "

"Pouvez-vous donner les faitsqui appuient cette opinion?Tout le monde accepte-t-ilcette opinion?"

"Je préférerais -connaîtrel'opinion des membres du groupeplutôt que d'engager undialogue."

"Voilà une question intéressante.Sans doute y a-t-il quelqu'unedans le groupe pour y répondre.Il serait intéressant d'avoirl'opinion du groupe sur cettequestion."

Si l'animatrice sait qu'elleconnaît quelque chose departiculier, demander son avissur ce sujet. En d'autrescas, lui trouver l'occasion defaire quelque chose: lire undocument, chercher une informa-tion.

C'est peut-Stre le tempe derésumer la discussion, d'in-troduire un élément de comparai-son ou de citer l'opinion d'unepersonne (opinion assez fortepour déclencher des commentaires).

2 Ibid., pp. 11-33.

Page 34, BULLETIN AEF Automne 1984

PREPARATION POUR UNE CAMPAGNE ELECTORALE

Par Constance Beaulieu, Manitoba

Une fois que vous aurez pris ladécision de vous porter candidate,vous devrez, dans le but évidentde rejoindre votre électorat, luiprésenter, de manière efficace,votre message. Voilà la teneurde cet article.

COMITE DE CAMPAGNE

Les gens avec lesquels vous vousassociez peuvent jouer un rôledéterminant dans votre campagne.Il est vrai que certaines peuventêtre menées avec succès par uneseule personne mais, dans la plu-part des cas il est préférabled'en impliquer autant que possible.Cette méthode vous permettra dedécupler vos efforts surtout si vousfaites appel à des personnes devotre entourage, le. votre famille,vos voisins, les groupes où vousavez oeuvré tels que centre de loisirs,groupe de femmes...

Dès l'instant où vous pensez vousprésenter devant l'êlectorat,étudiez la communauté que vousavez l'intention de représenter.Y-a-t-il une prépondérance depersonnes âgées, d'une ethnieparticulière ou de familles mono-parentales? Inclure, dans votrecomité de campagne, des personnesreprésentatives des caractéristiquesdémographiques de votre communauté,vous conférera un avantage sur vosadversaires.

Les comités de campagne se composenten général d'un président ou gérant^-dont la tâche est de voir à ce queles rendus de compte exigés par la loiélectorale soient soumis et de

coordonner le travail des autresmembres du comité; le trésoriers'occupe des finances, lerelationniste, des communiqués depresse et de l'emploi du temps dela candidate, le coordonnateur desbénévoles recrute des volontaires,les motive et leur assigne leurstâches; une personne est générale-ment déléguée au financement.Dans les campagnes fédérales etprovinciales, les capitaines de"poil" dont la responsabilité estde s'assurer que le porte à portesoit fait dans leurs poils respectifsse joignent au comité de campagne.Il est bon de limiter le nombre depersonnes appartenant à ce comitéentre six et dix.

PLAN DE CAMPAGNE

II serait sage de vous munir d'unplan de campagne qui affermiravotre désir de vous présenterdevant l'êlectorat. Ce plan vousindiquera le montant de travailexigé, vous permettra d'évaluerles ressources et personnes dontvous aurez besoin et servira deguide pour les activités requises.Vous devriez commencer à tracer ladirection générale d'un plan dèsque vous songez à vous présenteret le finaliser avec les membresde votre comité de campagne.

En voici un exemple hypothétique :

Décembre : Prendre la décision finalede vous présenter. Chercher ungérant.Janvier : Avec ce dernier, entre-pi cadre la recherche du profildémographique, électoral de lacommunauté que vous comptezreprésenter. Vous renseigner surles responsabilités (ex. dossiers

BULLETIN AEF Automne 1984, page 35

importants) du poste que vous con-voitez. Onoisir un agent de pressequi, entre autres tâches, conserverales découpures de journaux sou-lignant les préoccupations de votreélectorat. Reviser ce dossier unefois par semaine. Lui demanderde préparer des profils de vosadversaires probables. Préparerdes listes de contributeurs etde volontaires possibles.Février: Prévoir votre premièreconférence de presse. Annoncervotre candidature. Recruter uncommis comptable. Envoyer votrepremière lettre à d'éventuelscontributeurs et commencer àmobiliser des travailleurs.Mars : Apprendre les préoccupationsde l'électorat par voie desondage. Préparer une brochureexpliquant vos positions. Petitesfêtes et cocktails vous permettrontde ramasser des contributions.Recruter un coodonnateur pour lestravailleurs.Avril : Prendre contact avec lesgroupes de votre communauté;offrir d'aller les rencontrer oude vous adresser à leurs membres.Mal: Placer des annonces dans lesmédia. Accélérer le tempo de votrecampagne. Trouver un local.Travail de téléphone et de porteà porte. Avec l'aide de votrerelationniste, planifier votrejounée de façon à rejoindre leplus d'électeurs possible. Pairecampagne dans les endroits lesplus achalandés (métro, arrêtsd'autobus, centres d'achat).Juin : Dernières annonces dans lesjournaux. Préparer et distribuerune dernière brochure. Arrangerune réunion avec le coordonnateurdu travail des volontaires etfinaliser les plans pour la journéedu scrutin. Dès que l'élection aeu lieu, et quel qu'en soit lerésultat, préparer des lettres deremerciement pour les gens ayanttravaillé pour vous.

SONDAGE ET RECHERCHE

Les sondages et la recherche de basesont les deux armes vous permettantde déterminer les besoins et pré-occupations des voteurs de votrecommunauté. Des réponses auxquestions suivantes pourront vousêtre très utiles :

- profil démographique du quartier:âge moyen, groupe ethnique, revenu-,-distribution géographique.S'agit-il d'un quartier ouvrier,bourgeois ou mixte? Voustrouverez ces informations à votrebibliothèque municipale, àStatistique Canada...

- histoire électorale, distributiondes votes: Les résidents duquartier ouvrier ont-ils, par lepassé, eu tendance à voter pour leparti X sauf si un membre dugroupe ethnique majoritaire seprésentait pour le parti Y? Uneanalyse des résultats passésvous permettra d'établir lespréférences de votre électorat.

- groupes communautaires: un bottintéléphonique et, ici encore,votre bibliothèque municipale vouspermettront de rejoindreadéquatement vos électeurs.

- questions préoccupant votreélectorat: Un sondage ou uneanalyse détaillée des journaux devotre quartier vous guidera dansle choix des questions que vousvoudrez soulever durant votrecampagne. Les groupes se préoc-cupant des questions déterminantesdans votre communauté peuvent vousêtre utiles - en autant que vousappuyez leurs positions: ilsvous organiseront une réunion avecleurs membres; vous fournirontleur liste d'envoi; vous offrirontdes contributions sous forme depersonnes et/ou d'argent.

travailleurs et contribuables

Page 36, BULLETIN AEF Automne 1984

potentiels: Quels sont lesleaders des organismes de votrequartier? Si vous vous présentezà la présidence d'un groupe,pouvez-vous obtenir l'endosd'anciens chefs? Quels sont lesmembres du parti politique auquelvous êtes affiliée? Pouvez-vousobtenir leur appui? Qui acontribué au financement d'unecampagne similaire à la vôtre?

ORGANISATION DES EQUIPES DE

TRAVAILLEURS/EUSES

Toute campagne doit compter sur letravail de bénévoles ... si difficilesà trouver et dont le travailn'est pas suffisamment apprécié.Leur énergie et leur dévouementpermettent de connaître lespréoccupations des électeurs etde rejoindre ceux-ci de façonéconomique.

Votre coordonnateur des volontairesdevra être une personne dynamique,sachant communiquer son enthousiasmepour votre cause et fouetterl'ardeur de vos partisans. Vousdevrez repayer l'entrain et ledévouement de vos travailleurs en .les représentant de façon efficaceet honorable.

Vous pourrez mieux contrôler letravail de vos volontaires en lesdivisant par équipes. Exemples:

- équipe du porte à porte: Cespersonnes rencontrent directementvos électeurs, déterminent leurspréférences politiques, dis-tribuent votre brochure,offrent les services mis en placepar votre comité de campagnetels que rencontres d'information,aide à se rendre au poil le jourdu scrutin, etc...

Elles ne discutent pas politiqueavec les gens qu'elles rencontrent.

Elles donnent plutôt le numéro detéléphone de votre centre decampagne où vous-même ou un membredp votre comité pourra expliquer vospositions aux électeurs qui lesdemandent. Les membres de cetteéquipe sont généralement respon-sables de rencontrer tous lesélecteurs d'une division électorale,d'une rue ou toute autre divisiontelle que déterminée par votre comitéII est bon de munir ces travailleursd'une carte de leur divisionélectorale, d'une liste des électeursde brochures de même que de rapportsà remplir. En voici un exemple:

Nom de l'électeur: Madame Tout lemonde,

Adresse: 22 rue du Liège,Préférence électorale: Candidate X,Préoccupations: Chômage,Action à prendre: Envoyer brochure

et rappel téléphonique le jourdu scrutin.

Ce porte à porte détermine pratique-ment le résultat d'une campagneélectorale. Il est cependant trèsdifficile de recruter ces travailleurDes sessions d'entraînement,des journées intensives de porte àporte suivies de petites fêtesencourageront les volontaires.

- les poseurs d'affiches: Engénéral vous n'aurez besoin que dedeux ou trois personnes munies devoitures ou de petits camions.Leur rôle est d'aller poser vosaffiches sur les propriétés de vospartisans ou dans des endroitspublics après en avoir obtenu lapermission. Cette tâche n'est pasrecommandée aux enfants puisqu'ilsauront tendance à ignorer vosinstructions.

- les téléphonistes: ces personnesrejoignent les électeurs partéléphone et lisent un scriptpréparé par votre relationniste etessaient d'établir la préférenceélectorale de la personne contactée

BULLETIN AEF Automne 1984, page 37

Vous aurez également besoin de genspour affranchir des enveloppes,accueillir les gens à votre centrede campagne, organiser les fêteset réunions et même, préparer lecafé.

LA JOURNEE DU SCRUTIN

Dans certaines campagnes, unepersonne s'occupe exclusivement del'organisation de cette journée etceci n'est pas un luxe vu le mon-tant de travail à accomplir.

Le but de cette journée est des'assurer que les gens vous ayantmarqué leur appui se rendent au"poil".

Il faut tout d'abord, et ceci bienavant la journée du scrutin, recruterdes représentants de "poils".Ces gens sont autorisés àreprésenter la candidate au bureaude scrutin et devront connaître, defaçon générale, la loi électorale.Vous pourrez, lors d'une réunion,leur donner les renseignementsdont ils auront besoin pouraccomplir leur tâche.

Le matin du jour du scrutin, cesreprésentants se rendront au "poil",munis d'un lunch. Tout au long de lajournée, ils cochent d'une listenumérotée, le nombre particulierd'électeurs qui se sont présenté.Leur journée terminée, ils s'occuperontgénéralement de vous représenterlors du dênombrage des votes aprèsla clôture du bureau de scrutin.Il faudra également prévoir descoureurs. Il s'agit de personnesmotorisées faisant la navette entreles "poils" pour ramasser les cartesde pointage de vos représentants etles ramener au local de campagne.Ils conduisent aussi les personnesâgées ou handicapées au bureaude votation. De plus, ilsramassent les listes numérotées, lesapportent au local central où destéléphonistes, au fur et à mesure,cochent, sur les listes maîtresses,le nom des personnes ayant déjàvoté et téléphonent à celles qui,ayant indiqué qu'elles vousappuieraient, ne se sont pas encoreprésentées au bureau de scrutin.

Il est traditionnel d'organiser unefête pour vos travailleurs etpartisans au cours de la soirée.»

Cet article écrit au masculinindu assurément le féminin.

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Page 28, BULLETIN AEF Automne 1984

EN POLITIQUE: POUVOIR VERSUS INFLUENCE

Par Gilberte Pvoteau, Manitoba

Quand on cherche le mot"politique" dans un dictionnaire,on trouve toujours plus d'unecolonne de définitions. Ce quiest frappant toutefois, c'estque le mot "politique" estinvariablement lié au mot"pouvoir". Et pour cause. Lapolitique, c'est d'abord et avanttout l'exercice du pouvoir. Biensûr, on a plus ou moins de pou-voir selon le barreau de l'échellepolitique qu'on occupe, et onl'exerce plus ou moins bien,selon la personne qu'on est etl'expérience acquise.

Je n'ai personnellement pasd'expérience en politique, maisje termine présentement ma 8eannée comme présidente de conseilsd'administration: 5 années à latête d'une coopératived'alimentation (j'étaisaussi une des fondatrices) dont lechiffre d'affaires dépasse 2millions de $, et 3 ans à la têtede la Société franco-manïtoba-ine,organisme provincial des Franco-Manitobain(e)s.

J'ai appris rapidement deux chosesd'abord, partout où on exerce dupouvoir, il se "joue de la poli-tique", même quand ce n'est pasen politique proprement dit;ensuite, il y a une différencemarquée entre "pouvoir" et"influence" qu'il est trèsimportant de garder en mémoire.

Qu'est-ce que "Jouer de lapolitique"? C'est d'abord etavant tout, exercer des pressionsde part et d'autre pour modifier

les prises de décision et lesactions ou encore pour se saisirdu pouvoir! A l'intérieur du pluspetit organisme, comme au gouver-nement lui-même, il ne suffit pastoujours, pour faire passer desidées, d'en parler au conseild'administration ou de faire desreprésentations politiques. Ilimporte parfois de convaincre uneà une, et à l'avance, les personnesqui influent sur les prises dedécision. En politique gouverne-mentale, cela s'appelle du "lobbying",et les sociétés multinationalesqui veulent faire changer les loisen leur faveur ont des "lobbyistes"employés à temps complet.

If faut en tout temps être conscientede ces jeux de coulisse, et savoirles utiliser soi-même en temps etlieu; autrement, on risque naïve-ment de se faire jouer dans le doset d'être la proie de personnesrusées qui utilisent n'importequelles méthodes de pression pourarriver à leurs fins.

Quand on veut faire modifier deslois, par exemple, il fautabsolument identifier les politiciensqui pourraient nous être favorablespuis, entrer en contact avec euxet s'assurer qu'ils comprennentbien notre point de vue. Ce sonteux qui auront à défendre nos idéesà la Législature ou à la Chambre descommunes, et ils ne peuvent lefaire que s'ils sont bien informéspar nous - sinon, nos "ennemis"se chargeront de le faire à leurmanière.

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Il faut ensuite distinguer entre"pouvoir" et "influence". Je voussoumets ici quelques idées-clés,sans prétendre, pour autant,qu'elles sont exhaustives. Avoirdu pouvoir signifie avoir lacapacité directe de prendre desdécisions qui changeront le coursdes événements et des affaires,soit du peuple, de l'organisme oude l'institution, ou qui affec-teront directement des personnesou des groupes.

On a du pouvoir normalement si onest en autorité légitime, commel'est le gouvernement, ou encorepar exemple, comme l'est unedirectrice d'école ou uneprésidente d'organisme. Lepouvoir, toutefois, ne s'exercequ'à l'intérieur d'un champ,généralement, assez bien défini.Le champ le plus large appartient,bien sûr, au gouvernement mais,chaque organisme a le sien propre.On se doit donc d'examiner lastructure de son organisme et devoir clairement quel est sonchamp de pouvoir, car c'estlà qu'on peut exercer le pou-voir, et pas ailleurs.

L'influence, c'est plus subtil, maistout aussi important. On a del'influence si on parvient, par nosactions ou nos paroles (le lobby-ing), à faire poser les gestes quenous voulons par les personnes aupouvoir. Ainsi, l'influence agitindirectement, souvent là où onn'a pas de pouvoir légitime. Ungroupe peut donc arriver à avoirune influence puissante sans avoirde pouvoir légitime.

La Société fmnco-manitobaine n'a pasde pouvoir auprès des gouvernementsà quel que niveau que ce soit. LaS.F.M. ne peut qu'influencer lespoliticiens, ou tenter de le faire,et espérer qu'ils, prendront des

décisions favorables à la communautéfranco-manitobaine.

Par contre, la S.P.M. a du pouvoir àl'intérieur de sa structure; C'estle conseil d'administration quirégit la Société et qui décide deson orientation. Pour modifier lespolitiques de la S.P.M., il fautdonc soit se faire élire au conseil(l'autorité légitime, le pouvoir)ou faire pression auprès de sesmembres (les influencer).

Un organisme qui distingue mal seszones de pouvoir et d'influencerisque fort de s'enfler la tête, defaire de grosses erreurs straté-giques et d'être vite désillusionné.

Il y a encore, bien sûr, d'autresaspects intéressants à l'exercicedu pouvoir, mais on ne peut pas tousles analyser en un article.

En conclusion, je me contenteraid'en souligner quelques autres, etvous aurez le loisir d'y réfléchir.

Il faut s'habituer à toujoursENTREVOIR LES CONSEQUENCES DE NOSDECISIONS et de nos actions. Mêmeà ça, on n'y arrivera pas toujours;donc, ne pas prendre de risquesinutiles.

Il faut apprendre à CONSULTER: sesmembres, sa population, des expertsen la matière, et des personnesd'expérience dans le domaine ou avecl'organisme. L'expérience, parfois,est plus précieuse que toutecompétence.

Il faut enfin savoir DELEGUER DESRESPONSABILITES ET ACCORDER L'AUTO-RITE NECESSAIRE. Cela empêchequ'une personne s'épuise à la tâche,ou qu'une autre concentre tout lepouvoir en ses mains (ce qui s'avèredésastreux pour l'organisme). Aufait, chacun(e) des membres d'un

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conseil d'administration a ledevoir de maintenir le processusdémocratique et de s'opposer àtoute manoeuvre qui le mettraiten danger.

Je terminerai en citant Honoré deBalzac: "Le pouvoir nous laisse telsque nous sommes et ne grandit queles grands". Paroles de sagesses'il en fut...et qui valent lapeine d'être méditées.1*

BIE 3BIE

LE 1ER AVRIL,, 18 DES 61 MINISTÈRES ET

ORGANISMES DU GOUVERNEMENT NE COMPTAIENT

AUCUNE FEMME A DES POSTES DE DIRECTION, EN

DÉPIT DES OBJECTIFS D'ÉGALITÉ EN EMPLOI QUE

L'ÉTAT SE FIXE DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES,

Ghislaine RhéaultLE SOLEIL29 Septembre 1984

, page 41

L'ACTION POLITIQUE A LA FRANSASKOISE

Par Irène Fourni.er Chabot,Saskatchewan

La réalisation finale d'un projetnous fait parfois oublier, dans lesflonflons de la fête, les étapesqui ont été déterminées pour arriveraux résultats visés, particulière-ment les ajustements qui ont souventdû être faits en cours de route,les choix du début, les autresdécisions et finalement le regardqu'on a dû y jeter par la suite.

Ce regard que l'on jette de façoncontinue sur un projet particulier,sous forme d'analyse, incluant lesévaluations périodiques et en finde projet, font partie du processuspolitique, qualificatif que l'onignore bien souvent à cause de laconnotation de r>oli tlca.i lier 1. e , depoliticiens, alors qu'en réalité,il détermine les démarches que l'ondoit effectuer envers les autoritésen place.

Aller à l'hôtel de ville, rencontrerle conseil pour lui présenter unprojet ou pour lui demander d'amen-der un règlement de construction dela ville, voilà un type d'actionpolitique. Préparer une manifes-tation sur les marches du Parlement,voilà un autre type de démarchepolitique. Convaincre son épouxd'acheter un lave-vaisselle ou degarder les enfants pour que l'onpuisse assister en toute quiétudeà une réunion de la garderie dequartier, voilà des démarchespolitiques encore plus près de nous.

Le choix des moyens pour arriverà nos fins découlera de l'analysequ'on aura apporté: les politicienssont-ils sympathiques ou ne

comprennent-ils qu'après unemanifestation bruyante? Faudra-t-illancer la question dans les médiaspour obliger les politiciens à seprononcer ou bien devra-t-on lesrencontrer un par un? Pour convain-cre son époux, devra-t-on lui fairedu sucre à la crème ou le mettredevant les faits accomplis? Lesrésultats atteints seront-ils enproportion des moyens utilisés oubien y aura-t-il eu des surprisesen cours de route?

L'expérience à la présidence del'Associat-ion culturelle franco-canadiennede la Sas'kn.tchewan pendant six annéesa permis que je vive cette réalitéà la fois comme femme, Fransaskoiseet bénévole, trois réalités ducontexte minoritaire de langueofficielle de la Saskatchewari.

Bien que je fus, à titre deprésidente, la porte-paroleofficielle de la francophonie enSaskatchewan, le travail quej'accomplissais s'effectuait enétroite collaboration avec les autresélue(s) de l'Association et avecl'équipe de permanent(e)s, despécialistes qui m'entouraient.Ainsi avec cette équipe, et suivantles orientations reçues lors ducongrès biennal de l'A.C.F.C.,nous mettions en route les actionsdéterminée s.

L'A.C.F.C. étant avant tout unorganisme politique, bien qu'étantétroitement impliquée dans lesdossiers de l'éducation, descommunications, du développement,pour n'en nommer que quelques-uns,

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le lobbying y occupe une placeprépondérante. Le choix desmoyens et des stratégies faitl'objet de préoccupationsconstantes et le vocabulaireutilisé fait régulièrementréférence à des objectifsgénéraux, spécifiques, opéra-tionnels, aux buts, à la mission,aux plans d'action, etc.

C'est dans cet esprit que nousavons entrepris, à cette époquede mon mandat, plusieurs actionspolitiques. J'en citeraiquelques-uns maintenant.

En 198?, la venue au pouvoir d'unnouveau gouvernement en Saskatche-wan, dont la majorité desdéputés était néophyte en politiquea obligé l'A.G.F.C. à sequestionner sur la façon desensibiliser ces gens, d'unepart, et d'autre part, de con-tinuer le travail de base quiavait été entrepris pour que lestatut légal de la languefrançaise en Saskatchewan, soitjuridiquement, ou par le truche-ment de changements graduels,reconnu dans différentes lois dela province (ex: en éducation).

Une des recommandations que leBureau de direction a approuvée aété la présentation d'un documentau nouveau cabinet provincial surl'ensemble des dossiers con-cernant les Fransaskois(e)?.Cette présentation aurait pu êtrefaite uniquement par l'A.C.F.C.mais il fut, par la suite,décidé que les autres associationsfransaskoises y contribueraient,l'A.C.F.C. demeurant quand même laporte-parole officielle pour legroupe: ce ne fut pas une tâchefacile car il fallut prévoir quiparlerait au nom du groupe (cedevait être l'A.C.F.C.), maisaussi comment les autres groupes

seraient présents, le rôle qu'ilsjoueraient, quand ils parleraient,etc.

Une autre question épineuse:fallait-il ou non traduire le docu-ment en anglais (plus d'une cinquan-taine de pages)? L'A.C.F.C. apour politique d'utiliser lefrançais dans ses communicationsmais il y avait peu de ministres(un seulement) qui comprenait etparlait le français. On décida dele traduire et les cadres 'de l'Asso-ciation se mirent à la tâche. Cetteversion anglaise ne satisfit pastout le monde mais on s'enaccommoda: il en résulta que lesdocuments de cette envergure seraientci o r ̂ n ̂ v ̂ n t t ~ r1.° <~i \ i '" ̂ r> P "̂ ;^ ̂ ̂ ; ̂ ;-' '<: ~. '"i Bel-lement et que ces coûts devaient êtreprévus dans les budgets subséquents.

Le fait d'avoir impliqué plus d'uneassociation provoqua aussi denombreux débats. Plusieurs d'entreelles n'ayant pas d'employé(e)s,ce fut l'A.C.F.C. qui mit la mainà la pâte. La suite des événementsdans la francophonie nationale nousprouva que cette décision s'avérajuste. En effet, la question dudéveloppement global devait nousdémontrer que la concertation étaitmaintenant à l'ordre du jour et quenous avions ainsi accompli un pasdans cette direction.

Lors de notre rencontre avec leCabinet provincial le tourisme etl'éducation furent les deux sujetsqui attirèrent le plus l'attention.La discussion tourna autour du faitque nous avons, en tant quecollectivité fransaskoise, donclinguistiquement minoritaire,besoin d'avoir des alliés, telsCanadi-an Parents for Fvenoh et lesdifférentes ethnies composant laSaskatchewan. Les événements duManitoba devaient nous prouver lajustesse de ce raisonnement. Suite

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à cette rencontre, nous avons tentéd'augmenter nos contacts avec O.P.F.,les autochtones, les groupesethniques et également reviser notrepolitique de relation avec cesderniers.

Par la suite, la question s'estposée à savoir quel prolongementserait donné à cette rencontre,en partie à la lumière des réactionsobtenues, réactions sympathiques,d'ouverture, etc. Il ne faut pasoublier que les médias couvrirentégalement la rencontre ce qui nousdonna une visibilité à traverstoute la province la journéemême via la télévision et la radio,et la semaine suivante via laSEMAINE EN BREF (le bulletinria- ',,iial ie 1? Fédêr"Tt~ion des franco-phones nom Québec , . _.•„• pi1;?, ur,résumé succinct du document futpublié dans L'EAU VIVE pour que lacommunauté fransaskoise en prennedavantage connaissance.

Une parenthèse que je veux ouvrir Iciest l'utilisation de la radio et dela télévision. A cause de leurscaractéristiques propres, surtout enterme de contraintes d'horaire, ilfaut pouvoir mesurer ce que l'on ditcar une interview de dix minutessera filtrée en moins de 60 secondesau téléjournal ou au bulletinradiophonique de lôhOO, par exemple:une déclaration anodine, coupée,pourra provoquer une réaction enchaîne ou pourra être interprétéecomplètement hors contexte.Heureusement, ce ne fut pas le casà cette occasion.

Deux étapes subséquentes suivirent larencontre: élaboration et présen-tation d'un projet de commissionscolaire fransaskoise provinciale etdemande de service en français aubureau du tourisme. Dans ce derniercas, entre autre, ayant été invitéeà la conférence consitutionnelle sur

les autochtones, j'ai eu la chancede revenir avec le ministre duTourisme de l'époque et de discuteravec lui de l'opportunité d'un telprojet et des possibilités de leréaliser. D'un autre côté, notredirecteur général ayant déjàtravaillé au ministère du Tourisme, ilput utiliser les informations ainsireçues pour sensibiliser ses ancienscollègues et nous donner ainsi plusde chance de succès dans ce domaine.

L'Association jeunesse fransas'koiseavait perçu, elle aussi, dans laprésentation globale, le tourismecomme étant un moyen de développerdes emplois pour les jeunes. A lamême époque, le Conseil de la -oiefrançaise en Amérique (C.V.F.A.) faisaitune recherche sur les installationstouristiques francophones àtravers le pays. L'A.C.P.C. etl'A.J.F. demandèrent toutes deuxdes projets d'été de recherche surle tourisme francophone dans laprovince. L'A.J.F. l'obtint etproduisit un document qui allaitéventuellement amener la productiond'une affiche publicitaire enfrançais.. L'A.C.F.C. mit l'A.J.F.et le C.V.F.A. en contact et pour-suivit de son côté les démarchespour l'obtention de services enfrançais à l'intérieur duministère. Un changement de ministrevalut une rebuffade à l'A.C.P.C. quis'est fait dire que le tourismegermanique était plus important.Les rencontres s'intensifièrent etfinalement le ministère ouvrit unposte de six mois pour un consultantfrancophone.

En regard de ces événements, est-ceque ces démarches ont valu toutecette ampleur? Il ne faut pasoublier qu'entretemps l'effortprioritaire de l'Association acontinué de porter sur l'éducation.Mais le développement des autresaspects de la vie fransaskoise putcontinuer. Le tourisme démontre

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que l'on doit voir au-delà d'unseul secteur et que lorsque l'édu-cation aura atteint son pleindéveloppement, des débouchéss'offriront aux jeunes pourtravailler en français ou pouraccroître leur culture et béné-ficier de leur environnement cultureltant dans la province qu'horsprovince. La question touristiquen'est pas finie car, tous lesobjectifs poursuivis n'ont pasété atteints: le gouvernementn'est pas nécessairement totalementconvaincu des bienfaits du tourismefrancophone; les Fransaskois(e)sn'ont pas totalement réalisé le pleinpotentiel du tourisme...

D'autres exemples peuvent êtredonnés comme la reconnaissancelégale du français: la CommissionLaurendeau-Dunton avait soulevéla possibilité de l'utilisation dufrançais dans la province (légis-lature et tribunaux); l'A.C.F.C.commanda une recherche qui déterminala nécessité d'un cas-test qui futle cas Mercure qu'on dut financéd'arrache-pied à l'époque, puissoutenir par d'autres causesjuridiques tel le cas Chabot. Cetteopération est d'autant plus frustranteque la décision des tribunaux traîneen longueur et que les pressionsqu'on peut ou pourrait y mettrene peuvent être qu'indirectes.Mais il s'agit là d'une décisionde la communauté qui aura desconséquences pour tout l'avenir dela francophonie.

Parfois, nous assistons à des congrèsde partis politiques et les consé-quences peuvent en être cocasses :ainsi, afin de rencontrer lespoliticiens du Parti Conservateur,nous allons au congrès de Winnipegcomme observateurs. Ce que nousne savons pas, c'est que l'inscriptionenregistre l'Association commemembre du parti. Cette situation est

délicate o a r n

Maintenant nous essayons, à l'A.C.F.C,de faire participer de plus enplus les associations régionales àl'action politique locale. Pour-quoi? Parce qu'il s'agitd'intensifier davantage notre actionet de nous renforcer comme groupe

seulement l'A.C.F.C. qui s'adresseau gouvernement et aux ministèresmais l'ensemble des Fransaskois(es)q u i I l ' e l V c i ' . ! J. - L t r i i l / et pcU ' L i !'• ûtr i cu i 'ù

propres régions, avec leurs propresdéputes, etc. C'est un autreaspect que l'analyse régulière quenous faisons des actions que nousposons nous a permis de constateret de tenter de mettre davantagecette approche en pratique.

Bénévole, Fransaskoise, femme, toutcela constitue une réalité qui nese sépare pratiquement pas. Enmilieu minoritaire, vivant enSaskatchewan, être Fransaskoise çaveut dire créer les moyens derépondre à nos besoins. Etre femme,c'est y mettre sa sensibilité, safaçon de voir les choses que l'espritféminin, dit-on, envisage d'unefaçon plus globale que celui del'homme. Mais je crois, en toutefin, qu'à l'analyse de cetteexpérience vécue, qui a été parfoistrès difficile mais combien plusde fois agréable, c'est l'enracine-ment de sa culture en soi et legoût certainement tout aussi profondd'être impliquée qui motivel'engagement que j'ai eu et que j'aiencore face à ma communauté! *

JE M'ABONNE À BULLEUN AEF!

AEF AiAiomr.fi 1984, vage 45

NEUF (9) EXCELLENTES RAISONS POUR VOUS ABONNER Jr ÉDITORIA[_

Vous vous demandez pourquoi cette aviatrice à temps partiel passe àl'action et s'abonne à BULLETIN AEP?

Je lui cède la parole.

"Je m'abonne à BULLETIN AEF pour les raisons suivantes:

* pcq c'est le lieu de rencontre et d'échange, un forum pour lesintervenantes en éducation des femmes;

* pcq'il me garde à la fine pointe de l'éducation des femmes francophonesd'un bout à l'autre du pays;

* pcq'il donne la parole aux intervenantes AEF qui me renseignent surleur réalité (activités & préoccupations) en éducation des femmes;

* pcq le vécu (réalisations & obstacles) des femmes des autres provincesme dit que je ne suis pas seule dans mon travail d'éducatrice;

* pcq je m'intéresse à l'action et à l'orientation de AEF;

* pcq mon abonnement est un appui concret à AEF;

* pcq je veux participer de façon pratique à l'amélioration et àl'expansion de BULLETIN AEF;

* pcq je me méfie de ce qui est gratuit;

* PGQ je ne veux pas que mon nom soit rayé de la liste d'envoi lors duprochain numéro."

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