24
Statut familial et ine ´galite ´s face a ` la scolarisation a ` Madagascar Vale ´rie Delaunay Be ´ne ´dicte Gastineau Fre ´de ´rique Andriamaro Ó Springer Science+Business Media Dordrecht and UNESCO Institute for Lifelong Learning 2013 Re ´sume ´ Nous explorons ici, dans le contexte de l’acce `s ge ´ne ´ralise ´a ` la scolarisa- tion primaire et de la parite ´ entre filles et garc ¸ons, les ine ´galite ´s en matie `re de scolarisation lie ´es au statut de l’enfant dans la famille a ` travers l’analyse des donne ´es de l’Enque ˆte De ´mographique et de Sante ´ (EDS) 2009 a ` Madagascar. Les re ´sultats confirment le ro ˆle protecteur pour l’enfant de re ´sider avec ses parents biologiques. Les enfants confie ´s sont de ´favorise ´s, d’autant plus et de manie `re croissante selon qu’ils re ´sident avec un oncle ou une tante, avec un parent e ´loigne ´ ou avec un non- parent. Par contre, les enfants qui re ´sident chez un fre `re ou une sœur ne sont pas de ´favorise ´s, ce qui refle `te le ro ˆle des aı ˆne ´s dans les strate ´gies familiales de scolari- sation. Les grands-parents jouent un ro ˆle pluto ˆ t favorable a ` la scolarisation. Le de ´ce `s du pe `re intervient comme un facteur important d’abandon scolaire. Enfin, les enfants dont le ou les parents n’occupent pas la place de chef de me ´nage sont de ´favorise ´s en matie `re de scolarisation par rapport aux enfants du chef de me ´nage. Mots-cle ´s Scolarisation Á Statut de l’enfant dans la famille Á Madagascar Á Genre Abstract The impact of family status in Madagascar on inequalities in schooling – In this article, in the context of generalised access to primary education and parity V. Delaunay (&) Laboratoire Population-Environnement-De ´veloppement, UMR 151, Institut de Recherche pour le de ´veloppement (IRD)/Aix-Marseille Universite ´ (AMU), IRD, BP1386, Dakar, Se ´ne ´gal e-mail: [email protected] B. Gastineau Laboratoire Population-Environnement-De ´veloppement, Institut de Recherche pour le de ´veloppement (IRD)/Aix-Marseille Universite ´ (AMU), 08 BP 841, Cotonou, Be ´nin e-mail: [email protected] F. Andriamaro Universite ´ Catholique de Madagascar, Ambatoroka, Antananarivo, Madagascar e-mail: [email protected] 123 Int Rev Educ DOI 10.1007/s11159-013-9388-7

Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

Statut familial et inegalites face a la scolarisation aMadagascar

Valerie Delaunay • Benedicte Gastineau •

Frederique Andriamaro

� Springer Science+Business Media Dordrecht and UNESCO Institute for Lifelong Learning 2013

Resume Nous explorons ici, dans le contexte de l’acces generalise a la scolarisa-

tion primaire et de la parite entre filles et garcons, les inegalites en matiere de

scolarisation liees au statut de l’enfant dans la famille a travers l’analyse des donnees

de l’Enquete Demographique et de Sante (EDS) 2009 a Madagascar. Les resultats

confirment le role protecteur pour l’enfant de resider avec ses parents biologiques.

Les enfants confies sont defavorises, d’autant plus et de maniere croissante selon

qu’ils resident avec un oncle ou une tante, avec un parent eloigne ou avec un non-

parent. Par contre, les enfants qui resident chez un frere ou une sœur ne sont pas

defavorises, ce qui reflete le role des aınes dans les strategies familiales de scolari-

sation. Les grands-parents jouent un role plutot favorable a la scolarisation. Le deces

du pere intervient comme un facteur important d’abandon scolaire. Enfin, les enfants

dont le ou les parents n’occupent pas la place de chef de menage sont defavorises en

matiere de scolarisation par rapport aux enfants du chef de menage.

Mots-cles Scolarisation � Statut de l’enfant dans la famille � Madagascar � Genre

Abstract The impact of family status in Madagascar on inequalities in schooling –

In this article, in the context of generalised access to primary education and parity

V. Delaunay (&)

Laboratoire Population-Environnement-Developpement, UMR 151, Institut de Recherche pour le

developpement (IRD)/Aix-Marseille Universite (AMU), IRD, BP1386, Dakar, Senegal

e-mail: [email protected]

B. Gastineau

Laboratoire Population-Environnement-Developpement, Institut de Recherche pour le

developpement (IRD)/Aix-Marseille Universite (AMU), 08 BP 841, Cotonou, Benin

e-mail: [email protected]

F. Andriamaro

Universite Catholique de Madagascar, Ambatoroka, Antananarivo, Madagascar

e-mail: [email protected]

123

Int Rev Educ

DOI 10.1007/s11159-013-9388-7

Page 2: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

between girls and boys, we analyse data from the Demographic and Health Survey

(DHS) 2009 in Madagascar to examine inequalities in schooling related to chil-

dren’s status in the family. The results confirm the protective benefit for children of

living with their biological parents. Fostered children are disadvantaged, especially

and increasingly so depending on whether they live with an uncle or aunt, with a

distant relative or a non-relative. Conversely, children who reside in the home of a

brother or sister are not disadvantaged, a result which reflects the role of elder

children in family education strategies. Grandparents play a moderately positive

role in schooling. The death of the father is an important factor in dropping out.

Finally, children whose parent or parents are not household heads are disadvantaged

in terms of schooling compared to children of household heads.

Keywords Education � Child’s living arrangements � Madagascar � Gender

Introduction

Il ne fait aucun doute que l’education est une condition necessaire a un

developpement social et economique durable (Pilon 2006). Partout dans les pays

en developpement, les programmes educatifs, appuyes par les organisations

internationales, donnent la priorite a l’acces a l’enseignement de base (primaire et

premier cycle du secondaire) et a la parite entre les filles et les garcons (Lange

2001). Si on enregistre une progression de la scolarisation dans la plupart des pays

(UNESCO 2011), la pauvrete reste un obstacle majeur a la scolarisation des enfants

(Filmer et Pritchett 1999). A Madagascar, la scolarisation primaire generalisee et la

parite entre filles et garcons dans l’acces a l’ecole ne doivent pas cacher d’autres

inegalites parmi lesquelles les differences de niveaux de vie. Les difficultes

economiques des familles sont les premieres causes d’abandon scolaire (Coury et

Rakoto-Tiana 2010).

Au-dela du facteur economique, on observe souvent des inegalites liees au statut

familial des enfants dans le menage (Kobiane 1999). Le statut familial de l’enfant se

definit en reference aux arrangements residentiels et au statut de ses parents dans le

menage. L’enfant reside ou non avec ses parents biologiques; ses parents sont eux-

memes chefs de menage ou sont heberges dans un menage; l’enfant reside avec un

seul de ses parents; celui-ci est marie, celibataire, divorce, ou remarie; l’enfant est

confie a l’un de ses grands-parents, un oncle ou une tante, un parent plus eloigne, ou

une personne non apparentee; il est confie pour etre scolarise ou contribuer aux

taches domestiques. Ces differents arrangements s’inscrivent dans des parcours de

vie qui repondent a des situations de rupture (rupture de vie, rupture d’union,

rupture economique) ou a des regles sociales de circulation des enfants (Bledsoe

1990; Jonckers 1997; Lallemand 1993; Madhavan 2004). Il en resulte differents

statuts de l’enfant dont vont dependre les attentions en matiere de soin, d’education

et de scolarisation de la part des adultes charges de s’occuper de lui.

L’objectif de cet article est de mesurer, a l’aide de donnees nationales, les liens

existant entre l’acces de l’enfant a la scolarisation et son statut familial dans le

menage a Madagascar. Apres une presentation du contexte malgache et de ses

V. Delaunay et al.

123

Page 3: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

particularites en matiere de scolarisation, les hypotheses sur le lien entre le statut

familial de l’enfant et l’acces a la scolarisation sont testees.

Le contexte malgache : une double exception

Une scolarisation primaire generalisee

En 2000, les Etats africains se sont engages lors du Sommet de Dakar, puis en

signant les objectifs du Millenaire pour le developpement (OMD), a mettre en

œuvre des politiques favorables a la scolarisation. Les objectifs sont ambitieux : il

s’agit, d’ici 2015, de faire en sorte que tous les enfants aient acces a l’ecole

primaire. Depuis ces engagements, des progres ont ete constates, mais l’acces a

l’enseignement primaire est encore loin d’etre general, tout particulierement en

Afrique francophone. Le Burkina Faso (2008), la Republique centrafricaine (2008),

le Congo (2005) et le Niger (2005) sont les plus mauvais eleves avec des taux nets

de scolarisation inferieurs a 60% (UNESCO 2010). A l’oppose, Madagascar affiche

un taux proche de 100% : l’enseignement primaire y est presque universel

(UNESCO 2010; Coury et Rakoto-Tiana 2010), et ce, malgre une grande pauvrete et

plusieurs crises politiques depuis 2002. La Grande Ile se distingue clairement en

Afrique francophone.

Cette exception malgache n’est pas nouvelle : en 1960, au moment de l’indepen-

dance, Madagascar se situe deja parmi les pays d’Afrique ou les enfants sont les plus

scolarises. Le taux brut de scolarisation a l’ecole primaire y est de 56% (Lange 2000)

contre une moyenne d’environ 39% pour l’Afrique (Hugon 1976). Des les premiers

moments de son independance, l’Etat malgache affirme le droit a l’education pour tous

les enfants, la gratuite de l’ecole primaire et meme l’obligation scolaire. S’il est

difficile de faire appliquer ces principes, une politique ambitieuse permet neanmoins a

Madagascar d’augmenter ses taux de scolarisation et d’apparaıtre au milieu des

annees 1970 comme l’un des pays du Sud ou le systeme scolaire est le plus efficient

(Deleigne 2001). Comme beaucoup d’autres pays sur le continent africain, la periode

1985-1995 va etre marquee par un recul de la scolarisation primaire des enfants. La

crise economique limite les depenses publiques et la qualite de l’enseignement

regresse. L’offre scolaire diminue et se degrade (manque de classes, d’enseignants,

ecoles non entretenues), et la demande suit le meme chemin. En une decennie, le taux

brut de scolarisation recule de dix points. Il faut ensuite attendre 2010 pour retrouver

le niveau de 1985 (World Bank 1995; Coury et Rakoto-Tiana 2010; Lange 2000;

Mingat et Suchaut 2000; PNUD 2003).

Au cours des cinquante dernieres annees, plusieurs politiques d’education ont

stimule la demande scolaire : de l’obligation scolaire en 1960 a la gratuite effective

de l’ecole primaire en 2002. Cette derniere a permis de generaliser la scolarisation,

surtout chez les populations les plus pauvres et en zone rurale, en permettant

de « desserrer la contrainte financiere » (Coury et Rakoto-Tiana 2010, p. 123). Les

inegalites entre les villes et les campagnes, entre les pauvres et les riches, et entre

les regions, ont regresse sans toutefois disparaıtre completement. Si tous les enfants

peuvent s’inscrire a l’ecole, les urbains et les plus aises ont un choix d’etabliss-

ements beaucoup plus large qui leur permet d’acceder a un enseignement de

Statut familial et inegalites face a la scolarisation a Madagascar

123

Page 4: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

meilleure qualite. Les ecoles les plus isolees dans les zones rurales manquent

souvent d’enseignants et encore plus d’enseignants formes. Au niveau national, on

compte plus de 80 eleves pour un enseignant forme (UNESCO 2010). C’est sans

doute l’une des raisons pour lesquelles le passage des enfants par l’ecole primaire

est souvent bref. Les taux d’achevement entre l’entree en 1ere annee du primaire

(CP1) et l’entree en derniere annee (CM2) restent faibles. En 2010, il etait inferieur

a 50% (d’Aiglepierre 2012).

Si les taux de scolarisation a Madagascar sont relativement eleves c’est aussi

parce que les filles vont a l’ecole dans les memes proportions que les garcons. Cette

parite entre les sexes dans les etablissements scolaires observee depuis plus de 40

ans fait de la Grande Ile une exception sur le continent africain.

La parite entre filles et garcons : une exception malgache

Jusqu’a aujourd’hui, dans la quasi-totalite des pays francophones d’Afrique

subsaharienne, la scolarisation des filles est inferieure a celles des garcons. Le

Benin, la Cote d’Ivoire, le Mali, le Niger, la Republique centrafricaine et le Tchad

sont les pays ou les filles sont les moins representees dans les ecoles primaires

(UNESCO 2010). Madagascar se distingue, elle, par le respect de la parite entre les

sexes parmi les eleves depuis plus de 40 ans. Aujourd’hui, 49% des eleves du

primaire sont de sexe feminin. Cette parite est reelle a tous les niveaux d’etude du

primaire (MENRS 2010), et meme au niveau secondaire (college et lycee)

(UNESCO 2010) et a l’universite (Glick et Sahn 2000). Toutefois, au lycee, filles et

garcons ne sont pas orientes vers les memes filieres On compte davantage de filles

dans les classes litteraires (1,21 fille pour 1 garcon en terminale A) et davantage de

garcons dans les filieres scientifiques (0,50 fille pour 1 garcon en terminale C).

(MENRS 2008).

A l’ecole primaire, il faut preciser qu’a quelques exceptions pres, la parite entre

les sexes est respectee dans toutes les circonscriptions scolaires (CISCO), rurales ou

urbaines. Dans 77 CISCO sur un total de 111, le nombre de filles pour un garcon

accedant a l’ecole se situe entre 1,05 et 0,95. Vingt-trois CISCO ont un ratio

favorable aux garcons (avec un minimum de 0,85) et onze un ratio favorable aux

filles (avec un maximum de 1,29) (MENRS 2008).

La parite entre les sexes a l’ecole n’est pas un fait nouveau. Des les annees 1970,

filles et garcons frequentaient deja l’ecole primaire dans les memes proportions.

Comment expliquer cette specificite malgache sur un continent ou les discrimina-

tions envers les filles a l’ecole persistent, meme s’il est vrai que l’ecart de

scolarisation entre filles et garcons tend a diminuer (Knodel et Jones 1996; Lewis et

Lockheed 2008) ? Il est evidemment difficile de donner une reponse definitive, mais

nous souhaitons apporter quelques elements de reflexion. La litterature permet

d’identifier plusieurs facteurs de sous-scolarisation des filles en Afrique. La question

est alors de savoir pourquoi on ne retrouve pas ces facteurs a Madagascar.

Plusieurs auteurs mettent en exergue le fait qu’en Afrique, les parents sont

reticents a scolariser leurs filles car une fois mariees, celles-ci quittent le domicile

parental, s’installent chez leur belle-famille et les parents ne recoivent alors plus de

soutien de leur part (Diaz Olvera et al. 2010; Gerard 1999). L’investissement dans

V. Delaunay et al.

123

Page 5: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

l’education des filles paraıt vain. Il est plus rationnel de favoriser les garcons qui,

une fois adultes, devront contribuer au bien-etre de leurs parents, surtout lorsque

ceux-ci seront ages. De plus, en Afrique, l’acces au marche du travail, et donc aux

revenus, est inegal. Les hommes peuvent esperer des emplois plus stables et mieux

remuneres que les femmes. Le retour espere de l’investissement dans l’education

des garcons est alors plus important que dans celle des filles (Bennell 2002).

Pourquoi cet argument ne tient-il pas a Madagascar ? Il faut preciser tout d’abord

que sur l’ensemble du territoire malgache, le modele dominant est celui du menage

de type nucleaire (Delaunay et al. 2010; Andriamaro et Delaunay 2012). La

cohabitation entre plusieurs generations dans un meme menage est rare : les jeunes

couples vivent rapidement dans un logement independant de celui de leurs parents

(Razafindratsima 2005) et sont autonomes, y compris en zone rurale (Ottino 1998;

Bied-Charreton 1970; Bonnemaison 1970). La residence virilocale ou l’epouse

rejoint le village du mari (mais pas le menage des beaux-parents) a longtemps ete

consideree comme la norme, meme si dans la pratique certains couples derogeaient

a la regle. Ottino (1998) note qu’a partir des annees 1960, la residence uxorilocale

est de plus en plus frequente et de moins en moins stigmatisee. Le choix residentiel

des couples est determine par la disponibilite des terres, devenues rares dans un

contexte ou elles ont acquis une valeur marchande. Dans le meme temps, les regles

d’heritage se modifient et, presque partout, les femmes heritent des biens ancestraux

et non ancestraux au meme titre que les hommes. Il n’est meme par rare, selon

Ottino (ibid., p. 286), qu’elles soient avantagees car « les grands-parents et aussi les

parents se sentent dans l’ensemble plus proches de leur filles reputees plus

fiables » que de leurs fils. Les filles garantissent au meme titre que leurs freres la

continuite du patrimoine. Dans ce contexte, elles peuvent etre sollicitees comme les

fils pour epauler et soutenir leurs parents lorsque, ages, ils ne peuvent plus subvenir

seuls a leurs besoins. Dans ce contexte, la scolarisation des filles presente un interet,

au meme titre que celle des garcons.

Ceci est d’autant plus vrai que la participation de la population a l’activite

economique est elevee a Madagascar et que l’acces au marche du travail est presque

equilibre entre les hommes et les femmes (Nordman 2010). L’ecart salarial moyen

entre les sexes (pour les travailleurs salaries) est relativement faible et stable dans le

temps. La scolarisation des filles prend alors tout son sens : pour les hommes

comme pour les femmes, elle a un impact positif sur la probabilite d’acceder a la

fonction publique ou au salariat du secteur prive formel. L’education a meme un

impact beaucoup plus important pour les femmes, en particulier pour acceder au

secteur formel de l’economie (ibid.). La conjonction de ces deux faits – un acces

relativement egalitaire au marche du travail et une place importante des filles dans la

continuite patrimoniale – est un element important qui peut expliquer la forte

scolarisation des enfants des deux sexes sur la Grande Ile.

Un autre facteur limitant la scolarisation des filles en Afrique, et qui est

frequemment evoque dans la litterature, est la concurrence entre travail domestique

et scolarisation (Diaz Olvera et al. 2010). En Afrique, c’est sur les femmes et les

filles que repose l’essentiel des taches domestiques. Elles occupent une grande

partie de leur emploi du temps : corvees d’eau, corvees de bois, soins aux jeunes

enfants, cuisine, lessive, etc. A Madagascar, plusieurs etudes montrent que, dans

Statut familial et inegalites face a la scolarisation a Madagascar

123

Page 6: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

une certaine mesure, il est possible pour les filles de combiner les taches menageres

avec l’ecole (Briet 2007; Rakoto-Tiana 2011a). Contrairement a ce qui a ete observe

dans de nombreux pays, la presence d’enfants en bas-age par exemple n’est pas un

obstacle a la scolarisation des filles : ces dernieres peuvent s’occuper de leurs jeunes

freres et sœurs sans que cela ne modifie la probabilite qu’elles aillent a l’ecole

(Rakoto-Tiana 2011b). Comment expliquer ce particularisme ? Un element de

reponse reside dans le fait que les taches domestiques sont partagees plus

equitablement entre les femmes et les hommes a Madagascar que dans la majorite

des autres pays du continent africain. Ceci se verifie particulierement dans le monde

rural. En effet, la journee de travail – en incluant les taches domestiques – y est de

7 heures et 31 min pour les femmes contre 6 heures et 38 min pour les hommes,

soit un ecart de 13% (Enquete emploi du temps 2001 dans PNUD 2003) : cet ecart

est inferieur a celui qui prevaut dans la plupart des pays en developpement (20%

en Afrique du Sud par exemple) (PNUD 2003). Des enquetes dans la region rurale

des Hautes-Terres ont montre que meme si les travaux domestiques sont

majoritairement effectues par les femmes et les jeunes filles, il n’est pas rare de

voir des hommes faire la cuisine ou la lessive, ou prendre soin des enfants, meme en

bas-age (Gastineau 2005; Briet 2007). A l’age scolaire, les jeunes garcons sont

mobilises au meme titre que les filles pour de nombreuses taches menageres. Au

niveau national, les filles de 6–14 ans sont 81% a declarer avoir une activite

domestique, les garcons 77%. Les premieres y consacrent en moyenne 8 heures par

semaine contre un peu plus de 7 heures pour les garcons (EPM 2005 dans Rakoto-

Tiana 2011b). Il y a tres peu de differences selon les milieux de residence. A titre de

comparaison, a Bamako au Mali, une enquete avait montre que parmi les 8–14 ans,

97% des filles participaient aux taches menageres, contre seulement 25% des

garcons (Marcoux 1998). Ce partage plus equitable qu’ailleurs des taches

domestiques entre les sexes favorise particulierement la scolarisation des filles.

Sur le continent africain, Madagascar se distingue pour des taux de scolarisation

eleves a l’ecole primaire pour les filles comme pour les garcons. Toutefois, l’egalite

entre les sexes dans les effectifs scolaires ne doit pas faire oublier d’autres

discriminations : certains enfants restent non scolarises ou peu scolarises. Parmi les

facteurs de discrimination possibles, nous allons examiner le statut de l’enfant dans

son menage.

Statut familial et scolarisation des enfants : cadre de recherche

Hypotheses

On peut faire l’hypothese que le statut familial de l’enfant a Madagascar determine

sa scolarisation. En effet, les arrangements residentiels jouent potentiellement un

role sur la scolarisation. Resider avec ses parents biologiques est considere comme

protecteur pour l’enfant et donc comme favorable a la scolarisation. De nombreuses

analyses tiennent compte de la presence ou de l’absence de la mere et du pere dans

le menage (Wilcox et al. 2009; Coleman 1988). Inversement, un enfant vivant avec

l’un de ses parents qui est engage dans une nouvelle union est parfois victime de

negligence, voire de violence (Alexandre et al. 2010; Daly et Wilson 1985, 2008).

V. Delaunay et al.

123

Page 7: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

La situation de residence dans un menage recompose peut alors etre consideree

comme un facteur potentiellement defavorable a la scolarisation. Les situations de

circulation des enfants sont variables dans leurs causes et leurs objectifs. Leurs

effets sur la scolarisation en dependent. Certains enfants sont places chez un parent

dans le but de lui procurer un meilleur acces a la scolarisation. D’autres sont places

dans le but de procurer une aide domestique ou agricole. Le statut de l’enfant confie

sera different selon que le confiage entre ou non dans le cadre des regles sociales de

circulation des enfants et selon le motif du confiage. La relation entre le confiage et

la scolarisation sera positive si l’enfant est confie pour etre scolarise (Akresh 2004;

Rakoto-Tiana 2011a); elle sera negative s’il est confie pour apporter une aide

domestique (Kobiane 1999). Enfin, l’enfant orphelin peut avoir un statut plus

defavorable du fait que ses parents ne sont plus la pour participer a une quelconque

forme d’echange, monetaire ou autre, pouvant aider a sa scolarisation (Ainsworth

et al. 2005; Ainsworth et Filmer 2002; Beegle et al. 2009; J. Kobiane et al. 2005;

Wakam 2002). D’autres enfants faisant l’objet d’une stigmatisation (comme les

enfants de meres celibataires) sont aussi exposes a des conditions qui peuvent etre

defavorables a leur scolarisation.

Le statut des parents dans le menage, c’est-a-dire la question de savoir si le ou les

parents sont eux-memes chef du menage ou s’ils y sont heberges, peut egalement

jouer un role dans la scolarisation de l’enfant. En effet, l’acces aux ressources

partagees est souvent tres different en fonction de ce statut. Ceci est particulier-

ement vrai a Madagascar, ou la norme residentielle repose sur le menage nucleaire

et ou la coresidence de noyaux parentaux n’est pas encouragee (Razafindratsima

2005; Gastineau 2005). La coresidence (temporaire ou definitive) de plusieurs

noyaux repond generalement a une situation de crise, et les relations d’entraide entre

les noyaux sont complexes (Razafindratsima 2005; Gastineau 2005). On peut donc

supposer que, pour ce qui est de l’acces a la scolarisation, les enfants issus de

noyaux secondaires (parents heberges dans le menage) sont en situation plus

defavorable que les enfants issus des noyaux primaires (parent chef de menage).

Donnees et methode

Nous utilisons les donnees des Enquetes demographiques et de sante menees

en 2009 a Madagascar. La scolarisation est mesuree par le fait d’avoir ete scolarise

(enfants de 6 a 17 ans) et le fait d’avoir acheve le cycle primaire (enfants de

11 a 17 ans). Les caracteristiques de l’enfant (age et sexe), du chef de menage (age,

sexe, niveau scolaire), la situation economique du menage (mesuree par un indice

de richesse), le milieu de residence (capitale, autres villes, campagne) et la province

sont utilises comme variables de controle en raison de leur rapport avere avec la

scolarisation des enfants. Le noyau d’appartenance et le type de noyau sont

determines grace au lien de parente de chaque individu dans le menage, aux

informations sur la survie et la situation de residence du pere et de la mere, et aux

informations sur la situation de residence du conjoint, selon une methode

developpee par Christine Tichit (Tichit et Robette 2008). La survie des parents

est utilisee pour differencier le statut des enfants confies dans les menages. On teste

ici les liens entre la situation de residence de l’enfant au moment de l’enquete et le

Statut familial et inegalites face a la scolarisation a Madagascar

123

Page 8: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

fait d’avoir ete scolarise, d’une part, et le fait d’avoir acheve le primaire, d’autre

part. La premiere association porte sur les enfants de 6 a 17 ans1; la seconde sur les

enfants de 11 a 17 ans.2 L’effet du type de noyau est mesure pour les enfants qui

resident avec au moins l’un des deux parents. L’effet de la survie des parents est

mesure pour les enfants confies.

Cette analyse suit une demarche exploratoire visant a identifier certaines

situations residentielles des enfants associees a une moindre scolarisation. Elle

presente certaines limites liees au fait que les indicateurs de scolarisation (avoir ete

scolarise; avoir acheve le cycle primaire) resultent d’une situation passee, tandis que

la situation de residence est relevee au moment de l’enquete. Il est donc difficile de

faire une veritable analyse de causalite. Neanmoins, les situations residentielles

associees a une scolarisation moindre donnent des indications strategiques a toute

action de developpement visant a mieux cibler les enfants sortis ou en passe de

sortir du systeme scolaire. Les associations entre deux etats (scolarisation passee et

residence) que l’on peut mettre en evidence devront evidemment etre explorees par

le biais d’autres enquetes de type qualitatif permettant de mieux cerner les relations

de causalite.

Statut familial et scolarisation des enfants : resultats

L’Enquete demographique et de sante de 2009 collecte dans les menages des

informations sur la scolarisation passee et actuelle des enfants de moins de 18 ans et

releve le niveau atteint. Ainsi, sur les 28 155 enfants ages de 6 a 17 ans, 86% ont

ete scolarises et sur les 13 920 enfants de 11 a 17 ans, 33% ont acheve le cycle

primaire (Tableau 1).

Indicateurs de scolarisation selon certaines caracteristiques du menage

Les filles sont plus scolarisees que les garcons (87% ont ete scolarisees et 36% ont

acheve le cycle primaire, contre respectivement 85% et 31%) (Tableau 1), ce qui

confirme la specificite de Madagascar en matiere de parite entre filles et garcons

(Gastineau et Ravaozanany 2011). La plus faible scolarisation des 6–10 ans (81%

ont ete scolarises contre 91% des 11–17 ans) reflete une entree tardive a l’ecole, deja

relevee dans d’autres etudes Coury et Rakoto-Tiana (2010). Ce retard est aussi

visible dans la plus faible proportion d’enfants de 11 a 14 ans ayant acheve le cycle

primaire (25%) par rapport aux enfants de 15 a 17 ans (50%).

On sait que certaines caracteristiques du menage (sexe, age, niveau de

scolarisation du chef de menage; niveau economique du menage; milieu et region

de residence) sont generalement determinantes pour la scolarisation des enfants et

ces differentes variables seront utilisees comme variables de controle pour mieux

evaluer l’effet du statut de l’enfant dans le menage.

En effet, les enfants de menages diriges par des femmes ont plus souvent acheve

le primaire (35% contre 33% des enfants residant dans des menages diriges par des

1 Les donnees portent sur les moins de 18 ans et la scolarisation demarre a 6 ans.2 Le primaire est acheve a partir de 11 ans.

V. Delaunay et al.

123

Page 9: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

Tableau 1 Proportions d’enfants 6–17 ans deja scolarises et d’enfants 11–17 ans ayant acheve le cycle

primaire selon certaines caracteristiques

Enfants 6–17 ans deja

scolarises

Enfants 11–17 ans ayant acheve le

cycle primaire

% Chi2 effectif % Chi2 effectif

Sexe 0.000 0.000

garcon 85,0 14575 30,7 7230

fille 87,0 13581 36,3 6690

Age de l’enfant 0.000 0.000

6–10 ans 81,4 14235

11–14 ans 90,6 9386 25,4 9386

15–17 ans 90,7 4534 50,0 4534

Sexe du chef de menage 0.604 0.047

homme 86,0 22965 32,9 11197

femme 85,7 5190 35,3 2723

Age du chef de menage 0.000 0.000

\25 ans 84,4 878,6 58,2 533

25–34 ans 82,8 4850 21,7 1373

35–44 ans 87,7 9734 34,1 4858

45–54 ans 87,7 7210 34,7 4080

55 ans et ? 83,8 5483 31,5 3075

Scolarisation du chef de menage 0.000 0.000

Non scolarise 66,9 5803 12,6 2606

Primaire incomplet 87,8 12449 24,1 5937

Primaire complet 92,8 1802 36,9 900

Secondaire incomplet 95,5 6198 57,2 3381

Secondaire complet 97,6 430,7 72,7 252

Superieur 97,8 639 78,3 405

NSP 90,8 833,5 28,3 440

Niveau economique du menage 0.000 0.000

plus pauvre 66,1 5644 7,3 2309

pauvre 82,4 5793 14,3 2706

moyen 90,1 5818 25,9 2834

riche 94,7 5859 42,4 3127

plus riche 97,5 5041 69,0 2945

Milieu de residence 0.000 0.000

Capitale 97,0 1094 71,1 616

autre villes 96,5 2425 61,0 1334

Rural 84,5 24637 28,4 11970

Province 0.000 0.000

Antananarivo 93,3 8709 46,2 4535

Fianarantsoa 85,2 5526 22,8 2635

Toamasina 92,4 4714 35,0 2447

Mahajunga 83,9 3423 31,2 1666

Statut familial et inegalites face a la scolarisation a Madagascar

123

Page 10: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

hommes). Quel que soit l’indicateur, la scolarisation est plus elevee quand le chef de

menage est tres jeune (moins de 25 ans) ou quand il a entre 35 et 44 ans. Elle

augmente fortement avec le niveau scolaire du chef de menage. La scolarisation est

favorisee par le niveau economique, mesure ici par l’indice de richesse : la

proportion d’enfants scolarises passe de 66% pour le quintile le plus pauvre a 97%

pour le quintile le plus riche; de meme, la proportion d’enfants ayant acheve le

primaire passe de 7% pour le quintile le plus pauvre a 69% pour le quintile le plus

riche. On observe aussi de fortes disparites selon le milieu de residence. Ainsi, en

milieu rural, 84% des enfants ont ete scolarises, mais seulement 28% ont acheve le

cycle primaire, alors qu’en milieu urbain, la scolarisation est plus intense et plus

durable avec 97% d’enfants ayant ete scolarises et 71% ayant acheve le cycle

primaire dans la capitale. On constate aussi une diversite regionale, avec une

meilleure scolarisation dans la province d’Antananarivo (ou est situee la capitale),

tandis que les scores les plus faibles sont enregistres dans la province de Toliara ou

seulement 62% des enfants ont ete scolarises et 16% ont acheve le cycle primaire.

Statut familial de l’enfant dans le menage

Le statut familial de l’enfant dans le menage est mesure a travers une typologie des

situations de residence etablie selon que l’enfant reside avec ses deux parents, l’un

des deux ou aucun, critere auquel on ajoute la situation matrimoniale du ou des

parents avec lequel l’enfant reside (Tableau 2). Ainsi, on distingue les situations ou

l’enfant reside avec ses deux parents, avec sa mere seule non mariee, avec sa mere

mariee vivant seule, avec son pere seul non marie, avec son pere marie vivant seul

(aucun enfant de cette categorie n’a ete trouve), avec sa mere en menage recompose

ou avec son pere en menage recompose.3 Parmi les enfants qui ne resident avec

aucun des parents, on distingue ceux qui resident avec leurs grands-parents, avec un

oncle ou une tante, avec un frere ou une sœur, avec un autre parent ou avec une

autre personne non apparentee.

La majorite des enfants de 6 a 17 ans resident avec leurs deux parents (62%).

Plus d’un enfant sur cinq reside avec l’un des deux parents, marie ou non (20%) : il

s’agit pour la moitie d’enfants vivant avec leur mere non mariee et en situation

monoparentale (12%). Une partie des enfants vit dans un menage recompose (6%),

Tableau 1 continued

Enfants 6–17 ans deja

scolarises

Enfants 11–17 ans ayant acheve le

cycle primaire

% Chi2 effectif % Chi2 effectif

Toliara 62,1 3856 15,9 1719

Antsiranana 90,9 1927 32,7 919

Total 86,0 28155 33,4 13920

3 Le type de residence ne peut etre defini lorsque le lien de parente est inconnu. Ainsi, le type de

residence n’est connu que pour 28 030 enfants.

V. Delaunay et al.

123

Page 11: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

le plus souvent avec le pere (3%). De nombreux enfants resident chez leurs grands-

parents (9%) ou chez des autres parents ou non-parents (4%). Une autre distinction

est faite entre les enfants qui appartiennent au noyau principal, c’est-a-dire au noyau

du chef de menage, et ceux qui appartiennent a un noyau secondaire. Une troisieme

categorie rassemble les enfants confies, c’est-a-dire les enfants dont ni le pere ni la

mere ne reside dans le menage.

En raison de la petite taille des menages et de leur structure simple

(predominance des menages nucleaires), plus des trois quart des enfants de

6 a 17 ans appartiennent au noyau parental principal du menage. Pres de 5% sont

rattaches a un noyau parental secondaire. La proportion d’enfants confies (qui ne

resident ni avec leur pere ni avec leur mere) est de 17%. Le lien de parente des

enfants confies ne peut etre percu qu’a travers leur lien de parente avec le chef de

menage. Ils se repartissent principalement dans les menages diriges par leurs

grands-parents (9%) et par un non-parent (6%). Madagascar fait partie des pays ou

l’on observe les plus faibles taux d’enfants confies en Afrique (Eloundou-Enyegue

et Kandiwa 2007). A Madagascar comme ailleurs sur le continent, le confiage d’un

enfant est une pratique ancienne qui visait initialement a resserrer des liens de

parente. Le confiage pouvait meme aller jusqu’a l’adoption des enfants pour leur

permettre ensuite d’avoir des droits sur le patrimoine de la famille d’accueil : c’est

notamment le cas des grands-parents qui voulaient transmettre leurs biens (materiels

et immateriels) a leurs petits-enfants. En Imerina, l’adoption par les grands-parents

du premier ou des deux premiers nes de leur fille etait frequente, de meme que les

couples sans enfants ont de tout temps accueilli des enfants de leurs freres et sœurs

(Ottino 1998). Si ces formes de confiage existent encore, les motifs de la circulation

des enfants se sont diversifies. De jeunes enfants peuvent notamment etre confies a

leurs grands-parents ages pour les aider dans les activites quotidiennes, d’autres

peuvent etre envoyes chez un oncle ou une tante pour etre scolarises en ville. Le

motif du depart de l’enfant et le lien de parente qui l’unit au menage d’accueil vont

determiner la probabilite qu’il soit scolarise.

Les proportions d’enfants de 6 a 17 ans ayant ete scolarises et d’enfants de

11 a 17 ans ayant acheve le cycle primaire selon le type de residence et de noyau

sont presentees dans le Tableau 3. Les enfants residant avec leurs deux parents

semblent avantages dans le fait d’avoir ete scolarises. Les enfants dont la mere

mariee eleve seule ses enfants sont proportionnellement plus nombreux a avoir

termine le primaire. Cela est probablement a mettre en relation avec le statut de

migrant du pere qui peut correspondre a l’acces a un revenu meilleur. Les enfants

residant chez leur frere ou leur sœur sont plus souvent et plus durablement

scolarises. Dans ces cas, la scolarisation est probablement le principal motif du

confiage. Ceci renvoie a une caracteristique des regles de solidarite qui veulent que

les aınes qui reussissent prennent en charge l’education des plus jeunes (Dahl 2006).

Par contre, les enfants confies a un non-parent sont les plus defavorises en matiere

de scolarisation. On trouve dans ce groupe les enfants domestiques qui constituent

une figure emblematique du travail des enfants a Madagascar (Ballet 2010), pour

lesquels le placement est purement economique et ne donne pas acces a la

scolarisation. Les enfants vivant avec leur pere dans un menage recompose

semblent quant a eux largement defavorises en matiere de scolarisation. A

Statut familial et inegalites face a la scolarisation a Madagascar

123

Page 12: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

Madagascar, la place de l’enfant dans le menage recompose semble difficile. Il est

frequent que l’enfant soit confie a ses grands-parents lorsque la mere ou le pere se

remarie (Rakotoson 2010). Dans le cas contraire, il est souvent mal accepte par le

beau-parent, et est alors victime de stigmatisation et de differentiation, voire

maltraite ou neglige (Delaunay et Germain 2011). Il n’est donc pas etonnant de

constater que les enfants dans cette situation semblent defavorises en matiere de

scolarisation. Cependant, cette distinction est moins forte lorsque l’enfant vit dans le

menage recompose de la mere. On peut donc penser que celle-ci, lorsqu’elle

parvient a garder son enfant dans son nouveau menage, maintient un environnement

protecteur. Cela pourrait aussi signifier que les decisions de scolarisation seraient

plutot feminines et que les femmes privilegieraient leur(s) enfant(s) au detriment de

de ceux de leur nouveau conjoint. De meme, mais dans une moindre mesure, les

Tableau 2 Repartition des enfants selon le groupe d’age, la typologie de residence de l’enfant, le noyau

d’appartenance et la survie des parents

6–10 ans 11–14 ans 15–17 ans Total

% % % %

Type de residence

Pere et mere 66,1 59,5 55,0 62,1

Mere monoparentale non mariee 11,3 11,7 12,9 11,7

Mere monoparentale mariee 0,6 0,3 0,2 0,4

Pere monoparental non marie 2,4 2,9 3,0 2,7

Mere menage recompose 2,3 2,4 2,1 2,3

Pere menage recompose 3,1 3,7 4,4 3,5

Grands-parents 9,8 8,6 6,1 8,8

Oncle/tante 2,2 3,4 4,2 2,9

Frere/sœur 0,9 2,5 3,6 1,8

Autre parent 0,7 1,9 3,6 1,6

Non-parent 0,7 3,0 5,0 2,2

Total 100,0 100,0 100,0 100,0

Effectif 14295 9336 4429 28059

Type de noyau

Noyau principal 79,9 76,7 74,6 78,0

Noyau secondaire 5,8 3,5 2,9 4,6

Enfant confie 14,4 19,7 22,5 17,4

Total 100,0 100,0 100,0 100,0

Effectif 14313 9357 4429 28098

Survie des parents

Pere et mere en vie 91,9 87,2 81,4 88,7

Pere en vie, mere decedee ou inconnue 2,3 3,9 5,0 3,2

Mere en vie, pere decede ou inconnu 4,9 7,5 10,4 6,6

Pere et mere decedes et/ou inconnus 0,9 1,5 3,2 1,5

Total 100,0 100,0 100,0 100,0

Effectif 14313 9408 4544 28265

V. Delaunay et al.

123

Page 13: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

enfants de noyaux secondaires sont defavorises. Les noyaux secondaires dans les

menages sont rares et constituent une deviance par rapport a la norme du menage

nucleaire. Chaque adulte est cense etre autonome. Les noyaux secondaires

correspondent a des situations de precarite qui conduisent le ou les adultes a

chercher un soutien temporaire aupres de la famille.4 Les enfants appartenant a ces

noyaux sont donc probablement defavorises du fait de cette precarite, parfois meme

avant d’etre accueillis et d’appartenir a un noyau secondaire.

Analyse multi-variee

Afin de mieux comprendre les relations entre le statut de l’enfant et la scolarisation

et de controler les effets conjugues des differentes variables, nous utilisons une

methode d’analyse multi-variee pour expliquer la scolarisation des enfants. Nous

avons construit deux modeles de regression logistique, l’un pour le fait d’avoir ete

scolarise, l’autre pour le fait d’avoir acheve le cycle primaire (Tableau 4).

Le type de noyau n’est pas utilise dans ces analyses car il est correle au type de

residence de l’enfant : l’appartenance a un noyau principal ou secondaire ne concerne

que les enfants residant avec un des deux parents; le fait d’etre un enfant confie ne

concerne que les enfants qui ne resident avec aucun des deux parents. De meme, le

statut d’orphelin ou d’enfant abandonne est aussi fortement correle au type de

residence : un enfant dont les parents sont decedes ou inconnus ne reside pas avec eux.

Ces deux variables sont utilisees plus loin dans des modeles specifiques applicables

aux enfants residant avec l’un des parents ou les deux et aux enfants confies.

Le premier modele confirme que resider avec le pere et la mere est une situation

fortement avantageuse en termes de scolarisation par rapport aux autres situations

de residence. Seule la situation ou la mere est mariee mais vit seule est distincte

mais pas significativement differente. On retrouve dans ce groupe les femmes dont

le mari a migre pour des raisons professionnelles et cette situation s’apparente a

celle des couples en coresidence pour ce qui est de la scolarisation de l’enfant.

Toutes les autres situations semblent defavorables a l’acces de l’enfant a la

scolarisation. Le second modele porte sur l’achevement du cycle primaire parmi les

11–17 ans et confirme que resider avec la mere dans un menage recompose est

defavorable a la scolarisation de l’enfant. Habiter avec un des parents remarie

semble bien constituer un obstacle a la scolarisation. Les enfants vivant avec l’un

des parents remarie ont moins souvent acheve le cycle primaire que ceux qui vivent

avec leurs deux parents. La recomposition familiale suite au deces d’un des parents

ou a une separation constituerait donc bien un facteur important d’abandon scolaire.

Les enfants dont au moins un des parents est decede sont moins scolarises que ceux

dont les deux parents sont en vie. D’une maniere generale, on voit que les enfants

confies sont defavorises en termes de scolarisation. Ils le sont plus fortement et de

maniere croissante selon qu’ils sont confies a un oncle ou une tante, a un autre

parent ou a une personne non apparentee. Les enfants confies a un frere ou une sœur

ne sont par contre pas defavorises pour l’achevement du primaire, ce qui confirme le

4 Dans cette enquete, 70% des noyaux secondaires sont des femmes seules avec enfants.

Statut familial et inegalites face a la scolarisation a Madagascar

123

Page 14: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

role des aınes dans la scolarisation des cadets. On verra plus loin comment il est

possible de distinguer les differentes situations en fonction de la survie des parents.

Ces relations sont controlees par l’effet des autres variables utilisees qui revelent

le role joue par les caracteristiques de l’enfant, du chef de menage et du menage. On

observe un effet lie au sexe de l’enfant, qui est favorable aux filles. Sur ce point, nos

resultats confirment que les filles ne sont pas desavantagees par rapport aux garcons

en matiere de scolarisation primaire. Les enfants les plus jeunes sont moins

scolarises, ce qui temoigne d’un retard observe dans la scolarisation. Les menages

diriges par des femmes ont une propension plus forte a avoir des enfants deja

scolarises, mais cette distinction ne s’observe pas sur le fait d’avoir termine le cycle

primaire complet. Les enfants residant dans des menages diriges par des personnes

plus agees ou tres jeunes sont davantage scolarises. Les chances de scolarisation

sont d’autant plus elevees que le niveau de scolarisation du chef de menage est

Tableau 3 Proportions d’enfants 6–17 ans deja scolarises et d’enfants 11–17 ans ayant acheve le cycle

primaire selon le type de residence, le type de noyau et la survie des parents

Enfants 6–17 ans deja

scolarises

Enfants 11–17 ans ayant acheve

le cycle primaire

% Chi2 effectif % Chi2 effectif

Type de residence 0,000 0,000

Pere et mere 87,6 17396 35,1 7979

Mere monoparentale non mariee 84,5 3258 32,0 1657

Mere monoparentale mariee 82,5 118 49,3 40

Pere monoparental non marie 84,3 740 29,4 398

Mere menage recompose 84,0 644 24,5 315

Pere menage recompose 79,0 977 20,5 537

Grands-parents 83,2 2452 26,7 1075

Oncle/tante 82,6 821 32,8 506

Frere/sœur 86,9 524 50,0 398

Autre parent 82,4 455 36,1 357

Non-parent 80,0 624 22,8 511

Total 86,0 28008 33,1 13773

Type de noyau 0,000 0,031

Noyau principal 86,9 21858 33,7 10466

noyau secondaire 81,5 1274 27,9 460

enfants confies 83,1 4857 31,6 2827

Total 86,0 27988 33,4 13920

Survie des parents 0,003 0,000

Pere et mere en vie 86,3 24971 34,3 11880

Pere en vie, mere decedee ou inconnue 85,1 914 28,9 591

Mere en vie, pere decede ou inconnu 83,3 1865 27,4 1172

Pere et mere decedes et/ou inconnus 82,9 405 29,3 278

Total 86,0 28155 33,4 13920

V. Delaunay et al.

123

Page 15: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

Tableau 4 Modeles de regression logistique sur le fait d’avoir ete scolarise (enfants 6–17 ans) et d’avoir

acheve le cycle primaire (enfants 11–17 ans)

Avoir ete scolarise Avoir acheve le cycle primaire

Coef. Coef.

Type de residence

Pere et mere - -

Mere monoparentale non mariee -0,388 -0,178 (ns)

Mere monoparentale mariee -0,112 (ns) 0,400 (ns)

Pere monoparental non marie -0,270 -0,094 (ns)

Mere menage recompose -0,325 -0,437

Pere menage recompose -0,294 -0,474

Grands-parents -0,196 -0,325

Oncle/tante -0,816 -0,737

Frere/sœur -0,491 -0,174 (ns)

Autre parent -1,224 -1,119

Non-parent -1,817 -2,212

Sexe de l’enfant

Garcon - -

Fille 0,205 0,286

Age de l’enfant

6–10 ans -0,707

11–14 ans 0,085 (ns) -1,316

15–17 ans - -

Sexe du chef de menage

homme - -

femme 0,366 0,177

Age du chef de menage

\ 25 ans -0,120 (ns) 0,997

25–34 ans -0,054 (ns) -0,351

35–44 ans - -

45–54 ans 0,192 0,195

[ 55 ans 0,056 (ns) 0,268

Scolarisation du chef de menage

non scolarise -0,736 -0,256

primaire incomplet - -

primaire complet 0,479 0,360

secondaire incomplet 0,654 0,995

secondaire complet 0,887 1,498

Superieur 0,698 1,391

NSP 0,102 (ns) -0,075 (ns)

Niveau economique

plus pauvre - -

Pauvre 0,475 0,549

Moyen 0,951 1,139

Statut familial et inegalites face a la scolarisation a Madagascar

123

Page 16: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

important et que le niveau economique du menage est eleve. Les enfants residant en

ville sont davantage scolarises qu’en milieu rural. Toutes choses egales par ailleurs,

les enfants sont moins scolarises dans les provinces de Mahajunga, Toliara (a

l’ouest) et Fianarantsoa (au centre) pour le primaire complet et plus scolarises dans

les provinces de Toamasina (a l’est) et Antsiranana (au nord) pour ce qui est d’avoir

ete scolarises.

L’effet du noyau de residence des enfants sur la scolarisation

Parmi les enfants qui resident avec au moins un des parents, nous avons voulu

mesurer l’effet des situations de residence selon le type de noyau d’appartenance.

En d’autres termes, on cherche a savoir si le fait d’appartenir a un noyau secondaire

est defavorable pour la scolarisation de l’enfant.

Nous avons construit deux modeles de regression logistique, cette fois pour

l’ensemble des enfants residant avec au moins un des parents. Dans les deux

modeles, l’appartenance au noyau secondaire apparaıt defavorable a la scolarisation

de l’enfant, et cela quelles que soient la situation de residence et les caracteristiques

de l’enfant ou du menage (Tableau 5). Cette situation, bien que marginale a

Madagascar, apparaıt alors comme une situation de vulnerabilite par rapport a la

scolarisation. On retrouve la les memes effets du niveau d’education du chef de

menage, du niveau economique du menage et du milieu de residence. Les enfants

confies vivant dans les provinces de Toliara et Fianarantsoa semblent defavorises

pour ce qui est de terminer le cycle primaire complet.

Tableau 4 continued

Avoir ete scolarise Avoir acheve le cycle primaire

Coef. Coef.

Riche 1,390 1,778

plus riche 1,992 2,705

Milieu de residence

capitale -0,197 (ns) 0,016 (ns)

autre villes 0,312 0,180

rural - -

Province

Antananarivo - -

Fianarantsoa -0,054 (ns) -0,392

Toamasina 0,460 -0,077 (ns)

Mahajunga -0,236 -0,096 (ns)

Toliara -1,064 -0,839

Antsiranana 0,273 -0,106 (ns)

_cons 1,748 -1,588

Effectifs 28008 13773

Tous les coefficients sont significatifs sauf ceux marques (ns)

V. Delaunay et al.

123

Page 17: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

L’effet du type de gardien et de la survie des parents sur la scolarisation

Resider chez les grands-parents semble favorable a la scolarisation de l’enfant par

rapport a la situation de residence chez un oncle ou une tante, un frere ou une sœur

et encore plus chez un autre parent ou un non-parent. Ces deux dernieres categories

apparaissent comme defavorables pour ce qui est de l’achevement du cycle

primaire.

Le statut d’orphelin est etabli selon que le pere et la mere sont declares en vie ou

decedes. Dans certains cas, l’information est declaree manquante. Le parent ne

reside pas dans le menage et on ne sait pas s’il est en vie ou non. Nous considerons

alors l’enfant comme pratiquement orphelin. Ainsi, on compare une situation ou

l’enfant a deux parents en vie a une situation ou il n’a que son pere, que sa mere, ou

ni l’un ni l’autre (Tableau 6).

La survie des parents n’intervient pas dans le fait que les enfants aient ou non ete

scolarises, mais elle est fortement determinante du fait d’avoir acheve le primaire.

En outre, c’est le fait que le pere soit decede ou inconnu qui importe dans la

scolarisation des enfants confies. La relation n’est pas significative pour le groupe

d’enfants orphelins de pere et de mere dont l’effectif est faible (259 enfants de

11 a 17 ans).

Les enfants confies vivant dans des menages diriges par des femmes sont

davantage scolarises et ont plus souvent acheve le cycle primaire. Ici aussi, on

retrouve les memes effets du niveau d’education du chef de menage, du niveau

economique du menage et du milieu de residence. Seuls les enfants confies vivant

dans la province de Toliara semblent defavorises pour ce qui est de terminer le cycle

primaire complet.

Conclusion

Sur le continent africain, Madagascar est souvent citee en exemple pour ses taux de

scolarisation eleves a l’ecole primaire et le respect de la parite entre les sexes a tous

les niveaux d’enseignement. Il est certes difficile d’expliquer le fait que, sur la

Grande Ile, les filles aillent autant a l’ecole que les garcons. Nous avons toutefois

tente de proposer quelques hypotheses en mettant en exergue des particularismes

malgaches dans l’organisation sociale, familiale et dans les normes de genre :

partage des taches domestiques plus equitable que dans beaucoup d’autres pays,

autonomie conjugale, menages mononucleaires dominants, etc. L’egalite entre filles

et garcons dans les effectifs scolaires ne doit pas faire oublier pour autant d’autres

inegalites. L’analyse des donnees de l’Enquete demographique et de sante permet

de mettre en evidence des categories d’enfants discrimines dans l’acces a la

scolarisation. Nous avons examine les relations entre le statut de l’enfant dans la

famille et la scolarisation. Il semble en effet que le statut familial de l’enfant soit

determinant a la fois pour le fait qu’il aille a l’ecole et le fait qu’il acheve ou non le

cycle primaire.

Cette etude confirme donc le role protecteur pour l’enfant de resider avec ses

parents biologiques, un phenomene observe dans d’autres pays du continent africain

Statut familial et inegalites face a la scolarisation a Madagascar

123

Page 18: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

Tableau 5 Modeles de regression logistique sur le fait d’avoir ete scolarise (enfants 6–17 ans) et d’avoir

acheve le cycle primaire (enfants 11–17 ans) – enfants residant avec au moins un des deux parents

Avoir ete scolarise Avoir acheve le cycle primaire

Coef. Coef.

Type de residence

Pere et mere - -

Mere monoparentale non mariee -0,303 0,104 (ns)

Mere monoparentale mariee 0,181 (ns) 0,821

Pere monoparental non marie -0,240 -0,012 (ns)

Mere menage recompose -0,314 -0,356

Pere menage recompose -0,305 -0,453

Type de noyau

Principal - -

Secondaire -0,263 -0,367

Sexe de l’enfant

Garcon - -

Fille 0,230 0,282

Age de l’enfant

6–10 ans -0,804

11–14 ans 0,130 (ns) -1,335

15–17 ans - -

Sexe du chef de menage

homme - -

femme 0,352 -0,035 (ns)

Age du chef de menage

\ 25 ans -0,537 -0,949 (ns)

25–34 ans -0,049 (ns) -0,395

35–44 ans - -

45–54 ans 0,202 0,233

[ 55 ans 0,068 (ns) 0,325

Scolarisation du chef de menage

non scolarise -0,772 -0,330

primaire incomplet - -

primaire complet 0,466 0,251

secondaire incomplet 0,673 1,040

secondaire complet 0,695 (ns) 1,784

Superieur 0,315 (ns) 1,624

NSP 0,182 (ns) -0,200 (ns)

Niveau economique

plus pauvre

Pauvre 0,484 0,559

Moyen 0,998 1,113

Riche 1,429 1,788

plus riche 2,395 2,821

V. Delaunay et al.

123

Page 19: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

(Case et al. 2004). La situation de residence avec les deux parents reste le garant

d’une scolarisation plus elevee et plus durable de l’enfant. Compares a cette

situation, toutes les autres situations de residence sont desavantageuses. Les

differentes situations de rupture qui conduisent l’enfant a resider dans un menage

monoparental ou recompose, ou avec une personne autre que ses parents, sont toutes

associees a une scolarisation moindre. Les enfants confies sont defavorises, d’autant

plus et de maniere croissante selon qu’ils resident avec un oncle ou une tante, avec

un parent eloigne ou avec un non-parent. La situation ou l’enfant reside avec une

personne non apparentee semble etre la plus defavorable. C’est probablement la

situation ou l’on trouve le plus d’enfants places pour des raisons economiques et

non scolaires, et notamment les enfants domestiques (Ballet 2010; Delaunay 2013).

Par contre, ceux qui resident chez un frere ou une sœur ne sont pas defavorises par

rapport a ceux qui resident avec leurs deux parents. Ce resultat confirme le role des

aınes dans les strategies familiales de scolarisation. Parmi les situations de confiage,

les grands-parents semblent jouer un role plutot favorable a la scolarisation. Les

enfants orphelins (ou pratiquement orphelins) de pere sont les plus defavorises.

Le role du pere est probablement important dans le financement de la

scolarisation et son deces intervient alors comme un facteur important d’abandon

scolaire. Des resultats similaires sont decrits par Case et al. (2004) pour d’autres

pays d’Afrique. Toutefois, la direction et l’intensite de la relation entre la

scolarisation et le fait d’etre orphelin varient considerablement d’un contexte a

l’autre. Certaines etudes concluent par exemple que le statut d’orphelin n’a aucun

impact en Afrique car la famille etendue supplee generalement aux parents. En

effet, dans des contextes de grandes epidemies de sida, des orphelins sont issus de

categories sociales favorisees (comme les instituteurs, les militaires, des categories

tres touchees par le sida), ce qui favorise une continuite dans la scolarisation (Evans

Tableau 5 continued

Avoir ete scolarise Avoir acheve le cycle primaire

Coef. Coef.

Milieu de residence

capitale -0,475 -0,025 (ns)

autre villes 0,168 (ns) 0,062 (ns)

rural - -

Province

Antananarivo - -

Fianarantsoa 0,073 (ns) -0,411

Toamasina 0,647 -0,127 (ns)

Mahajunga -0,164 (ns) -0,171 (ns)

Toliara -0,999 -0,886

Antsiranana 0,396 -0,033 (ns)

_cons 1,706 -1,578

Effectifs 23131 10926

Tous les coefficients sont significatifs sauf ceux marques (ns)

Statut familial et inegalites face a la scolarisation a Madagascar

123

Page 20: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

Tableau 6 Modeles de regression logistique sur le fait d’avoir ete scolarise (enfants 6–17 ans) et d’avoir

acheve le cycle primaire (enfants 11–17 ans) – enfants confies

Avoir ete scolarise Avoir acheve le cycle primaire

Coef. Coef.

Type de residence

Grands-parents - -

Oncle/tante -0,463 -0,201 (ns)

Frere/sœur -0,401 (ns) 0,034 (ns)

Autre parent -0,783 -0,594

Non parent -1,322 -1,465

Survie des parents

Pere et mere en vie - -

Pere en vie, mere decedee ou inconnue -0,245 (ns) -0,095 (ns)

Mere en vie, pere decede ou inconnu -0,087 (ns) -0,372

Pere et mere decedes et/ou inconnus 0,140 (ns) -0,309 (ns)

Sexe de l’enfant

Garcon - -

Fille 0,096 (ns) 0,351

Age de l’enfant

6–10 ans -0,264 (ns)

11–14 ans -0,051 (ns) -1,307

15–17 ans - -

Sexe du chef de menage

homme - -

femme 0,251 0,307

Age du chef de menage

\ 25 ans 0,553 1,341

25–34 ans 0,223 (ns) -0,100 (ns)

35–44 ans - -

45–54 ans 0,234 (ns) -0,064 (ns)

[ 55 ans 0,271 (ns) 0,268 (ns)

Scolarisation du chef de menage

non scolarise -0,587 -0,050 (ns)

primaire incomplet - -

primaire complet 0,392 (ns) 0,824

secondaire incomplet 0,591 0,768

secondaire complet 1,351 0,832

Superieur 1,328 0,921

NSP -0,065 (ns) 0,336 (ns)

Niveau economique

plus pauvre - -

Pauvre 0,424 0,313 (ns)

Moyen 0,822 1,221

Riche 1,280 1,522

V. Delaunay et al.

123

Page 21: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

et Miguel 2007). Enfin, les enfants dont le ou les parents ne sont pas chefs de

menage (noyau secondaire) sont defavorises en matiere de scolarisation par rapport

aux enfants du chef de menage. Ceci revele sans doute une fragilite des noyaux

secondaires dans les menages malgaches.

Ces resultats doivent etre nuances en raison des limites des donnees, lesquelles ne

permettent pas d’etablir de causalite entre la non scolarisation ou l’abandon scolaire,

d’une part, et le confiage ou la situation actuelle de residence, d’autre part. Par

exemple, le confiage peut aussi bien etre la consequence de la non scolarisation

qu’en etre la cause. La relation existe neanmoins et connaıtre les situations relevees

ici comme etant les plus defavorables (residence en menage monoparental,

recompose ou hors de la parente) peut guider les acteurs des programmes nationaux

ou de la societe civile qui œuvrent dans les domaines de la protection de l’enfance et

de la prevention de l’abandon scolaire.

References

Ainsworth, M., Beegle, K., & Koda, G. (2005). The impact of adult mortality and parental deaths on

primary schooling in north-western Tanzania. Journal of Development Studies, 41(3), 412–439.

Ainsworth, M. & Filmer, D. (2002). Poverty, AIDS and children’s schooling: A targeting dilemma. World

Bank Policy Research Working Paper, Vol. 2885, pp. 1–27.

Akresh, R. (2004). Adjusting household structure: School enrollment impacts of child fostering in Burkina

Faso. Discussion Paper no. 897. Economic Growth Center, Yale University, New Haven, CT.

Alexandre, G. C., Nadanovsky, P., Moraes, C. L., & Reichenheim, M. (2010). The presence of a

stepfather and child physical abuse, as reported by a sample of Brazilian mothers in Rio de Janeiro.

Child Abuse and Neglect, 34(12), 959–966.

Tableau 6 continued

Avoir ete scolarise Avoir acheve le cycle primaire

Coef. Coef.

plus riche 1,334 2,231

Milieu de residence

capitale 0,308 (ns) 0,118 (ns)

autre villes 0,754 0,496

rural - -

Province

Antananarivo - -

Fianarantsoa -0,725 -0,182 (ns)

Toamasina -0,371 (ns) 0,142 (ns)

Mahajunga -0,776 0,183 (ns)

Toliara -1,557 -0,658

Antsiranana -0,366 (ns) -0,196 (ns)

_cons 1,779 -1,933

Effectifs 4801 2789

Tous les coefficients sont significatifs sauf ceux marques (ns)

Statut familial et inegalites face a la scolarisation a Madagascar

123

Page 22: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

Andriamaro, F., & Delaunay, V. (2012). Evolution des structures familiales malgaches et prise en charge

des enfants a Madagascar: une analyse a partir des Enquetes Demographiques et de Sante (EDS).

Tsingy, 15, 137–148.

Ballet, J. (2010). Les enfants domestiques a Madagascar. Bulletin d’Information sur la Population de

Madagascar, 53, 1–4.

Beegle, K., Filmer, D., Stokes, A., & Tiererova, L. (2009). Orphanhood and the living arrangements of

children in sub-Saharan Africa. World Bank Policy Research Working Paper, Vol. 4889, pp. 1–38.

Bennell, P. (2002). Hitting the target: Doubling primary school enrollments in sub-Saharan Africa by

2015. World Development, 30(7), 1179–1194.

Bied-Charreton, M. (1970). Contrastes naturels et diversite agraires aux environs de Betafo (Madagascar).

Etudes rurales, 37–38–39, 378–396.

Bledsoe, C. (1990). The politics of children: Fosterage and the social management of fertility among the

Mende of Sierra Leone. In W. Handwerker (Ed.), Births and power: Social change and the politics

of reproduction (pp. 81–100). San Francisco: Westview Press.

Bonnemaison, J. (1970). Tsarahonenana. Des riziculteurs d’altitude, Tsarahonenana, village de

l’Ankaratra. Etudes rurales, 37–38–39, 327–344.

Briet, P. (2007). Petite paysannerie et incertitudes dans les hautes terres malgaches. Paris: Universite

Paris V.

Case, A., Paxson, C., & Ableidinger, J. (2004). Orphans in Africa: Parental death, poverty, and school

enrollment. Demography, 41(3), 483–508.

Coleman, J. S. (1988). Social capital in the creation of human capital. The American Journal of Sociology,

94, S95–S120.

Coury, D., & Rakoto-Tiana, N. (2010). Madagascar : en marche vers l’education primaire universelle

pour tous ? In B. Gastineau, F. Gubert, A.-S. Robillard et F. Roubaud (dir.), Madagascar face au defi

des objectifs du Millenaire pour le developpement (pp. 121–155). Marseille : IRD.

d’Aiglepierre, R. (2012). Exclusion scolaire et moyens d’inclusion au cycle primaire a Madagascar.

Antananarivo : UNICEF – Focus Development Association.

Dahl, O. (2006). Signes et significations a Madagascar. Des cas de communication interculturelle. Paris:

Presence Africaine.

Daly, M., & Wilson, M. (1985). Child abuse and other risks of not living with both parents. Ethology and

Sociobiology, 6(4), 197–210.

Daly, M., & Wilson, M. (2008). Is the ‘‘Cinderella effect’’ controversial? A case study of evolution-

minded research and critics thereof. In C. Crawford et D. Krebs (dir.), Foundations of evolutionary

psychology (pp. 383–400). London: Psychology Press.

Delaunay, V. (2013). L’exploitation economique des enfants a Madagascar: une estimation a partir des

Enquetes Demographiques et de Sante. Population, 68(2), 331–348.

Delaunay, V., Andriamaro, F., Tang, N., Toussaint, V., & Gastineau, B. (2010). Des menages « sans

parents » : prevalence et differentiels regionaux a Madagascar. Colloque AIDELF. Relations

intergenerationnelles. Enjeux demographiques, Geneve, 21–24 juin (pp. 595–614). http://www.

aidelf.org/images/stories/Parallle_8.pdf consultee le 21 septembre 2013.

Delaunay, V., & Germain, L. (2011). Dynamique de placement et dynamique d’abandon : Le cas des

enfants en institution a Antananarivo, Madagascar. Documents de Recherche, serie Population-

Sante no. 20.

Deleigne, M.-C. (2001). Partenariat bailleur/Etat et communaute pour l’enseignement primaire dans le

sud de Madagascar: les ecoles a contrat-programme. Autrepart, 17, 133–153.

Diaz Olvera, L., Plat, D., & Pochet, P. (2010). A l’ecart de l’ecole ? Pauvrete, accessibilite et scolarisation

a Conakry. Revue Tiers Monde, 202(2), 167–183.

Eloundou-Enyegue, P., & Kandiwa, V. (2007). Evolution de la concentration du confiage en Afrique:

l’exemple du Ghana et de la Zambie. Sociologie et Societes, 39(2), 101–118.

Evans, D. K., & Miguel, E. (2007). Orphans and schooling in Africa: A longitudinal analysis.

Demography, 44(1), 35–57.

Filmer, D., & Pritchett, L. (1999). The effect of household wealth on educational attainment: Evidence

from 35 countries. Population and Development Review, 25(1), 85–120.

Gastineau, B. (2005). Devenir parents en milieu rural malgache. Evolutions dans la province

d’Antananarivo. Tiers-Monde, 46(182), 307–327.

Gastineau, B., & Ravaozanany, N. (2011). Genre et scolarisation en Afrique francophone : Madagascar,

une situation atypique ? Questions vives, X, 11–26.

V. Delaunay et al.

123

Page 23: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

Gerard, E. (1999). Logiques sociales et enjeux de scolarisation en Afrique. Reflexions sur des cas d’ecole

maliens et burkinabe. Politique africaine, 76, 153–163.

Glick, P., & Sahn, D. E. (2000). Schooling of girls and boys in a West African country: The effects of

parental education, income, and household structure. Economics of Education Review, 19(1), 63–87.

Hugon, P. (1976). Economie et enseignement a Madagascar. Paris: Institut international de Planification

de l’Education, UNESCO.

Jonckers, D. (1997). Les enfants confies. In M. Pilon, T. Locoh, E. Vignikin et P. Vimard (dir.), Menages

et familles en Afrique. Approche des dynamiques contemporaines (pp. 193–208). Paris : Ceped.

Knodel, J., & Jones, G. W. (1996). Post-Cairo population policy: Does promoting girls’ schooling miss

the mark? Population and Development Review, 22(4), 683–702.

Kobiane, J.-F. (1999). Pauvrete, structures familiales et strategies educatives a Ouagadougou. Acte du

Seminaire International Cicred (pp. 154–182). Ouagadougou : Institut National de la Statistique et

de la Demographie.

Kobiane, J., Calves, A. E., & Marcoux, R. (2005). Parental death and children’s schooling in Burkina

Faso. Comparative Education Review, 49(4), 468–489.

Lallemand, S. (1993). La circulation des enfants en societe traditionnelle. Pret, don, echange. Paris :

L’Harmattan.

Lange, M.-F. (2000). Inegalites scolaires et relations de genre en Afrique : le droit a l’education des filles

en question. Paper presented at the seminaire Genre et developpement, Abidjan, 24–30 septembre.

Lange, M.-F. (2001). Des ecoles pour le Sud. Strategies sociales, politiques etatiques et intervention du

Nord. Autrepart, 17, 3–182.

Lewis, M., & Lockheed, M. (2008). Social exclusion and the gender gap in education. Washington, DC:

World Bank.

Madhavan, S. (2004). Fosterage patterns in the age of AIDS: Continuity and change. Social Science and

Medicine, 58(7), 1443–1454.

Marcoux, R. (1998). Entre l’ecole et la calebasse. Sous-scolarisation des filles et mise au travail a

Bamako. In M. F. Lange (dir.), L’ecole et les filles en Afrique (pp. 73–95). Paris : Karthala.

MENRS (Ministere de l’education nationale et de la recherche scientifique). (2008). Annuaire Statistique

2006–2007. Antananarivo : MENRS.

MENRS (Ministere de l’education nationale et de la recherche scientifique) (2010). Annuaire Statistique

2009. Antananarivo : MENRS.

Mingat, A., & Suchaut, B. (2000). Les systemes educatifs africains. Une analyse economique comparative

(Vol. 310). Bruxelles : De Boeck Universite.

Nordman, C. (2010). Regards croises sur les inegalites de genre sur le marche du travail malgache. In B.

Gastineau, F. Gubert, A.-S. Robillard et F. Roubaud (dir.), Madagascar face au defi des Objectifs du

millenaire pour le developpement (pp. 157–185). Marseille : IRD Editions.

Ottino, P. (1998). Les champs de l’ancestralite a Madagascar. Parente, alliance et patrimoine. Paris :

Karthala-IRD.

Pilon, M. (Ed.). (2006). Defis du developpement en Afrique subsaharienne. L’education en jeu. Paris:

Ceped.

PNUD (Programme des Nations Unies pour le developpement). (2003). Madagascar : Rapport national

sur le developpement humain (RNDH). Genre, developpement humain et pauvrete. New York :

Organisation des Nations Unies (ONU).

Rakotoson, L. (2010). La baisse de la fecondite en milieu rural malgache. These de doctorat en

Demographie, Universite Paris 10, Nanterre.

Rakoto-Tiana, N. (2011a). Confiage et scolarisation des enfants en milieu rural a Madagascar.

51eme Congres annuel de la Societe Canadienne de Sciences Economiques, 11–13 mai 2011,

Sherbrooke, Canada.

Rakoto-Tiana, N. (2011b). L’ecole primaire pour tous ? Politiques educatives, demande d’education et

travail des enfants a Madagascar. These pour l’obtention du doctorat en Sciences Economiques,

Universite Paris 13, Paris.

Razafindratsima, N. (2005). Les solidarites privees dans l’agglomeration d’Antananarivo (Madagascar)

en 1997 : famangiana (visites), cohabitation, entraide financiere et materielle. Institut d’Etude

Politiques de Paris, Ecole doctorale « Gouvernance economique » , Paris.

Tichit, C. & Robette, N. (2008). Apprehender la composition familiale des menages dans les Enquetes

Demographiques et de Sante (serie Les Clefs pour…). Paris : Centre Population & Developpement

(Ceped).

Statut familial et inegalites face a la scolarisation a Madagascar

123

Page 24: Statut familial et inégalités face à la scolarisation à Madagascar

UNESCO (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization). (2010). Atteindre les

marginalises. Rapport mondial de suivi de l’Education pour tous 2010. Paris : UNESCO.

UNESCO (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization). (2011). La crise cachee :

les conflits armes et l’education. Rapport mondial de suivi sur l’Education pour tous 2011. Paris :

UNESCO.

Wakam, J. (2002). La situation des enfants orphelins en matiere de scolarisation en Afrique : le cas du

Cameroun. In F. Gendreau, D. Tabutin et M. Poupard (dir.), Jeunesses, vieillesses, demographies et

societes (pp. 177–195). Louvain-la-Neuve : Academia Bruylant/L’Harmattan.

Wilcox, W., Lippman, L., Whitney, C., & Cid, A. (2009). Making the grade: Family structure and

children’s education participation in Colombia, Egypt, India, Kenya, Peru and Uruguay. Paper

presented at the XXVIe Congres International de la Population, Marrakech, Maroc.

World Bank. (1995). Madagascar – Towards a school-based strategy for improving primary and

secondary education. Report no. 13450-MAG. Washington, DC: World Bank.

The authors

Valerie Delaunay Docteur en demographie, est chercheure a l’Institut de Recherche pour le

Developpement, au sein du laboratoire Population Environnement Developpement. Ses questions

scientifiques portent sur l’evolution de la famille en Afrique, les modeles de prise en charge des enfants et

leurs implications sur le bien-etre et l’evolution de l’enfant. Elle a passe 4 annees a l’Universite

Catholique de Madagascar ou elle a initie un projet de recherche sur la famille et la prise en charge des

enfants.

Benedicte Gastineau est demographe a l’Institut de Recherche pour le Developpement (IRD). L’essentiel

de ses travaux portent sur l’evolution de la fecondite en Afrique dans des contextes de contraintes

economiques ou environnementales. Les questions de genre et de scolarisation des enfants sont au centre

de sa reflexion. Apres un doctorat en Tunisie, elle a passe 5 ans a l’Universite Catholique de Madagascar

pour y faire de la recherche et de l’enseignement. Aujourd’hui elle est en poste au Centre de Formation et

de Recherche en matiere de Population (CEFORP) a Cotonou au Benin.

Frederique Andriamaro Docteur en demographie, est enseignante-chercheure a l’Universite Catholique

de Madagascar. Elle y est responsable du departement des sciences sociales appliquees au developp-

ement. Elle est aussi chargee de cours a l’Universite d’Antananarivo. Ses travaux de recherche portent sur

la prise en charge de l’enfant dans la famille et le role des relations intergenerationnelles.

V. Delaunay et al.

123