Stettbacher - Pourquoi La Souffrance (Arthur Janov.le Cri Primal.psychologie.medecine.sante.freud.psychanalyse)

7/29/2019 Stettbacher - Pourquoi La Souffrance (Arthur Janov.le Cri Primal.psychologie.medecine.sante.freud.psychanalyse)

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].Konrad StettbacherPourquoi

la souffranceLa rencontre salvatrice avec sa propre histoire

Prfaa d'AliceMi/kr

Aubier



POURQUOI LA SOUFFRANCE



DU MEME AUTEUR

Le Drame de l'enfant dou, traduction Bertrand Denzler, Paris, PUF, 1983.C'est pour ton bien - Racines de la violence dansl'ducation de l'enfant, traduction Jeanne Etor,Paris, Aubier, 1984.L'Enfant sous terreur- L'Ignorance de l'adulte et sonprix, traduction Jeanne Etor, Paris, Aubier, 1986.Images d'une enfance, traduction Jeanne Etor, Paris,Aubier, 1987.La Connaissance interdite - Affronter les blessures del'enfance dans la thrapie, traduction Jeanne Etor,Paris, Aubier, 1990.La Souffrance muette de l'enfant - L'Expression du

refoulement dans l'art et la politique, traductionJeanne Etor, Paris, Aubier, 1990.Abattre le mur du silence - Pour rejoindre l'enfant quiattend, traduction La Marcou, Paris, Aubier, 1991.CHEZ LE MEME EDITEUR

J. Konrad Stettbacher, Quand la souffrance a un sens,1991. Prface de Alice Miller.



J. KONRAD STETTBACHER

POURQUOILA SOUFFRANCELa rencontre salvatriceavec sa propre histoire

Traduit de l'allemandpar

La MarcouPrface d'Alice MILLER

AUBIER



Titre original :Wenn Leiden einen Sinn haben sol/ 1990, Hoffmann und Campe Verlag, Hamburg. 1991, Aubier pour la traduction franaise .ISBN : 2-7007-2112-8Imprim en France.



Si la souffrance a un sens, elle ne peuten avoir d'autre, mes yeux, que l'abo-lition des souffrances. Cela signifie, pour

m o z ~ rechercher et reconnatre leurs causesd' i ~ r afin de pouvoir, demain, les pr-venzr.



PREFACE

La parution de ce livre est un immense dfi toutes les coles thrapeutiques existantes. Car lathrapie de Stettbacher apporte la preuve qu'il estparfaitement possible de lever le refoulement del'enfance d'une manire ni dangereuse ni gnratricede confusion des ides.Que de souffrances inutiles m'auraient t pargnes, auraient t pargnes mes enfants et mesfuturs petits-enfants, si j'avais pu lire ce livre dansma jeunesse et prendre conscience, ds cette poque,de ce qu'avait t mon enfance. Que de fourvoiementsaurais-je pu viter, moi-mme ainsi qu' mespatients, si du moins il tait tomb entre mes mainsaprs mes tudes, et avant de me laisser induire enerreur par ma formation de psychanalyste. Mais, ence temps-l, la thrapie de Stettbacher n'existait pasencore. Elle devait d'abord tre prouve, teste,conceptualise et enfin dcrite, et fait maintenantseulement l'objet d'une publication.

Une consolation, cependant, vient adoucir mesregrets: ce livre aidera un grand nombre d'treshumains se reprer avant de s'aiguiller vers lesvoies dcisives du mariage et de la procration. Maisil aidera aussi des individus plus gs dcouvrir,pour s'extraire du pige o ils sont prisonniers, des



10 Pourquoi la souffrancechemins non destructeurs, qui les mneront dcouvrir en eux-mmes des possibilits insouponnes.Grce ce livre ils apprendront que, contrairementaux affirmations de Freud, nous pouvons parfaitementreconstituer la ralit de notre enfance. Et aussi quecela ne doit pas s'effectuer par des moyens artificiels,et par consquent dangereux, comme le LSD oul'hypnose, mais lentement, en tenant pleinementcompte des mcanismes de dfense naturels, pas pas mais en avanant rsolument vers le but : trouver, l'aide des sentiments, la vrit sur les traumatismessubis. Car l'tre bless est capable de rechercherl'histoire de ses blessures et d'abolir leurs effets.C'est l une dcouverte rvolutionnaire, dont lesconsquences seront considrables. Il ne sera plusgure possible, aprs la parution de ce livre, decontinuer dtourner les victimes de parents maltraitants de leur vritable histoire au moyen dethories absconses, de symboles multiples sens, dela mditation, voire de mdicaments - l'exceptionpeut-tre de quelques cas o la situation relle del'enfant tait si inconcevable que l'adulte reste pigdans le colin-maillard des thories. Ceux qui veulentapprendre leur vrit le sauront dsormais: c'estabsolument possible.Le refoulement nous a certes permis dans l'enfancede survivre la cruaut, mais l'ge adulte il nousempche de mener une vie consciente et responsable.La plupart d'entre nous ne savent pas qu'ils ont tblesss dans leur enfance, et que ce sont prcismentces blessures qui les empchent de respecter et deprotger la vie. C'est pourquoi leur tour ils blessentleurs enfants, et baptisent des mauvais traitementspatents du nom d'endurcissement, d'ducation ou desocialisation. Le refoulement des premires exp-


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Prface 11riences, qui a aid l'enfant survivre, prsentera lafacture l'adulte sous la forme du commandement'' Tu ne te rendras compte de rien ,,, auquel il obitscrupuleusement. Mais il est inutile de continuer payer cette facture si nous savons qu'il existe unchemin permettant de recouvrer la conscience jadisperdue. Nul thrapeute srieux ne peut dsormaiss'autoriser ignorer cette dcouverte.La mthode de Stettbacher pour la leve systmatique du refoulement est une perce vers uneconception loyale de l'aide autrui et soi-mmesans la moindre trace de pdagogie, et paralllementvers une nouvelle vision de l'homme, vers uneanthropologie aux perspectives insouponnes. Cards qu'il y aura suffisamment de thrapeutesconscients, de par leur propre exprience, de ladynamique des mauvais traitements infligs auxenfants, le cycle infernal de la destruction et del'autodestruction de l'tre humain pourra tre bris.Ayant expriment cette thrapie sur moi-mmeet pu vrifier dans mon corps, mon affectivit et mapense son action tonnante et globale, je puis larecommander sans rserve tous ceux qui souffrentet cherchent de l'aide. Pouvoir enfin m'exprimer ainsim'est un grand soulagement car, depuis la parutionde mes premiers livres il y a dix ans, l'on me demandesans cesse des adresses de thrapeutes travaillant enaccord avec les connaissances que j'ai mises au jour.Mais il m'tait impossible, avec la meilleure volontdu monde, de satisfaire cette demande car mes livressont, l'vidence, en totale contradiction avec ce quiest, aujourd'hui encore, l'enseignement reu par lesthrapeutes et leur pratique.C'est seulement dans la mthode de J. KonradStettbacher que j'ai rencontr une thrapie prenant



12 Pourquoi la souffrancepleinement en compte la ralit des mauvais traitements infligs aux enfants, sans aucune compromission, sans se laisser branler ou aveugler par quelquecrainte que ce soit, sans rien enjoliver, sans rienvoiler. Elle ne prche pas le pardon mais se faitl'avocat de l'enfant, sans que rien ne puisse l'entraverdans cette tche. Chaque page de son livre entmoigne: Stettbacher est l'oppos des opinions etcomportements traditionnels, et aussi de la pratiqueusuelle - mme si, contrairement moi, il renonce toute polmique.Bien entendu, la demande de thrapeutes capablesd'accompagner sans crainte le patient jusqu'aux pluseffroyables prmices de son existence, parce qu'ilsconnaissent dj leurs propres terreurs, est extrmement importante. L'offre en revanche est, pour autantque je le sache, quasiment inexistante. Mais la formation a commenc, et la situation changera dansun proche avenir.Ce livre peut, en tout cas, aider utiliser ce dlaicomme une prparation et ne pas abandonnerl'espoir, tout fait raliste, de trouver un jour sapropre vrit. Cette thrapie offrant nombre de possibilits d'applications cratrices, sa description aideracertainement chacun faire de nouvelles dcouverteset panouir ses talents - condition d'tre prt se confronter avec la vrit, quelle qu'elle soit.

Septembre 1989Alice MILLER



I. LA BASE THEORIQUEDE LA THERAPIE



INTRODUCTION

Un tre humain qui a eu la chance, un jour, derencontrer quelqu'un de protecteur, comprhensif,crateur; qui a eu la chance d'apprendre combien ilest bon de vivre ensemble en paix et en s'acceptantl'un l'autre, souhaitera conserver ce genre de vie etmettra tout en uvre pour y russir.Manifestement, nous n'en sommes pas encore l.Les agissements destructeurs nous menacent, nous ettous les autres habitants de notre plante. Indiscutablement, l'homme est aujourd'hui la crature la pluspuissante de la terre. Cette position, il l'a acquisegrce ses capacits d'apprentissage, son expansiondmographique et son aptitude former des groupes.Mais c'est aussi l'homme qui, par son comportement,sa conduite envers les autres cratures vivantes et leschoses, menace le plus la vie sur notre plante. Cefait devrait nous inciter rflchir nos rapportsavec autrui et avec la nature, et les modifier. Noserreurs de conduite, nous les humains, doiventavoir des causes, que l'on peut identifier et corriger.L'individu dcide de son action et, en tantqu'adulte, doit en assumer la responsabilit et ensubir les consquences. S'il n'a pas t entran surune mauvaise voie, il agira raisonnablement.Pourquoi avons-nous tant de mal vivre de manire



16 Pourquoi la souffranceraisonnable? Les conditions de base sont pourtantrunies. Un individu, quel qu'il soit, ne peut satisfaireque ses besoins naturels. Or ceux-ci ne sont pasinsatiables tant qu'ils sont naturels, c'est--dire tantque les besoins primaires n'ont pas t transformsen perverswns.Est-ce le destin >> de certaines espces que d'atteindre leurs limites avec leur prolifration, qui lesconduit l'chec et la disparition? Nous faudrat-il nous multiplier jusqu' ce que le dsquilibreinflig la nature, le tarissement des ressourcesalimentaires, ou notre mcontentement de nousmme entrane l'anantissement de l'humanit? Oubien est-ce le comportement agressif de l'homme, satendance la destruction - augmentant au fur et mesure de son dplaisir face la dtrioration de laqualit de la vie - qui mne son anantissement?Est-ce un hritage de notre pass qui nous contraint liminer ce qui nous pse ou nous drange, ft-cenotre propre espce?

Tout cela, ce sont d'ventuels effets secondaires.Mais la misre de l'homme a pour fondement l'insuf-fisance, la carence ou la perturbation de sa conscience.Chacun d'entre nous devrait tre conscient qu'il dpendde ses semblables et du monde environnant, et que notreenvironnement rpond nos actes. Ds que l'hommeest priv de la capacit d'prouver des sentiments etde comprendre ce qui se passe sans crainte, il est endanger. C'est la crainte d'autrui et du monde environnant qui nous empche de prendre des dcisionsclaires et positives, et d'agir de manire constructive.La crainte* inconsciente qu'a l'individu de ne pas* Dans la langue actuelle, ce mot peut paratre un peu faible;mais J. Konrad Stettbacher l'utilise dans le sens fort du verbe



Introduction 17se montrer la hauteur, d'tre personnellement, entant que crature vivante, mchant, mauvais, incapable, sans valeur: c'est cela la racine des compensations et des volutions ngatives. Un tre humainqui se sent reconnu dans sa nature primaire aime lavie et n'est pas destructeur.

En fait, nous devrions avoir exorcis les craintesqui transparaissent sous le couvert des mythes etlgendes de l'enfance de l'humanit, ces diversestentatives d'explication symbolique de ses difficultsinexpliques. Nous connaissons l'histoire de notreespce, celle de notre volution, et nous sommescapables de comprendre la gense de l'univers et destres vivants. Mais tant que des parents raconteront leurs enfants des histoires effrayantes pour lesaccabler d'une responsabilit et, de la sorte, dformerla vrit, la source de ces craintes subsistera.

La crainte inconsciente qui est le fruit de bien despeurs er douleurs de l'enfance provoque, conjugue des sentiments de culpabilit, une surcharge motionnelle pour la conscience. Ce poids se trouve l'origine de nombreuses erreurs d'attitude qui vontinfluer sur la communication et l'action, altrer lebien-tre, et entraner des souffrances.

La crainte nat de surcharges motionnelles primaires, et les consquences de la crainte provoquentinvitablement des souffrances. L'individu qui souffren'est pas seul en ptir : les consquences sontgalement d'ordre conomique et - ce n'est pas lemoindre des problmes- d'ordre cologique. Plongpar ses souffrances dans l'inquitude et le dsarroi,



18 Pourquoi la souffrancel'individu souffrant ne dispose plus pleinement de sescapacits discerner les ralits et valuer les enjeuxet, du mme coup, le monde habit devient malade,de plus en plus malade. Les erreurs de jugement, lesdcisions errones aboutissent des erreurs dans lesactes, erreurs qui leur tour susciteront des sentimentsde culpabilit inconscients, lesquels occasionnerontdes erreurs de jugement. Un cycle infernal, engendrpar la souffrance psychique, la souffrance de l'me.

Pour pouvoir, l'avenir, viter la souffrancepsychique ,,, il nous faut d'abord savoir ce qu'est cettesouffrance et comment elle nat. La souffrance, l'antienne de la dtresse et de la peine, la complainte denos angoisses et de nos dsespoirs, est l'expression dusentiment d'tre malade, faible, sans ressort, dsarmet fragile, dans une profonde dtresse, au bout durouleau. Les maux de l'me semblent la cause detoute souffrance, ce qui oblige se poser la question :comment naissent ces maux, qu'est-ce qu'tre maladedans son me ,, ?



QU'EST-CE QU'ETRE MALADE DANS SON AME ?

L'me, c'est l'ensemble de ce qu'prouve, ressent,pense un tre humain, l'ensemble de ses expriencesvcues et de tous ses souvenirs.Ame vient du latin anima. De tous temps, leshommes ont vu en l'me des choses diffrentes. Pourles uns elle tait le souffle, pour d'autres le vent.Certains l'imaginent incarne, d'autres comme uneombre, un " animalcule ou encore, immatrielle, en route vers un autre corps.

En allemand, l'me, c'est die Seele, tymologiquement > . Dans la mythologie germanique, l'me, avant la naissance et aprsla mort, habitait la mer.Il n'y a pas, dans l'organisme humain, de territoirerserv l'me. L'ensemble des souvenirs, y comprisles souvenirs phylogntiques, est ncessaire chaqueindividu pour sa survie et son dveloppement. L'expression de l'me, du psychisme, est constitue parla somme de ce que nous disons et faisons. On peutdire : l'me de l'tre humain permet ce qui le meutd'merger et de s'exprimer, afin de dfendre et desauvegarder la vie.L'tre dont les possibilits de se sauvegarder ontt perturbes ou dvoyes se trouve en danger entant qu'individu, en tant que membre d'un groupe



20 Pourquoi la souffranceou de la socit, ou encore il tombera malade. Parconsquent, tre malade dans son me est une perturbation de notre systme de sauvegarde.Comment et par quel mcanisme de telles perturbations peuvent-elles survenir dans notre " systme ,, ?

Le mot systme dsigne un ensemble structur ''L'homme en tant qu'ensemble structur, l'hommeque la nature a enfant comme sa mre l'a enfant,l'homme en tant qu'ensemble structur la fois closet ouvert sur l'extrieur, extraordinairement complexe,merveilleux, dot d'un mode de fonctionnementprodigieux, est un systme qui a pour mission d'assurer la conservation de l'tre vivant.Ce systme, qui fonctionne ds le dpart, a besoinpour sa sauvegarde de la sollicitude dsintresse etde l'aide de ses parents et de ses proches, parce qu'audbut (la phase primaire) il est faible et dpendant.Les parents doivent avoir avec leur enfant unerelation chaleureuse, se montrer responsables, attentifs et efficients, afin de pouvoir identifier et satisfaireses besoins. La satisfaction des besoins naturels,primaires, apporte l'enfant une scurit, uneconfiance et une joie de vivre fondamentales qui,runies, constitueront la base d'une capacit tablirdes relations positives. Lorsque ces conditions sontremplies, le systme homme ,, se dote d'une capacitrelationnelle optimale. Et par l sont jets les fondements d'une capacit optimale vivre et aimer.Pour remplir ces conditions, il nous faut connatreles besoins du petit d'homme. Il sait fort bien lessignaler, et toute mre les connat instinctivement.Le dsir sincre d'assouvir et de satisfaire les besoinsde l'enfant suffit. Le petit d'homme a besoin debeaucoup d'attention, d'une nourriture adapte, desoins prodigus avec tendresse, de la prsence de gens



Qu'est-ce qu'tre malade dans son me ? 21calmes qui l'encouragent avec amour, d'un entouragequi le protge tout en lui donnant la possibilit defaire ses preuves. Il a besoin d'informations conformes la vrit et d'une aide clairante. L'tre humain abesoin de tout cela, durant son dveloppement, pouracqurir la confiance en soi, pour tablir et conserverla capacit d'entretenir des relations positives aveclui-mme et son environnement.Lorsqu'un jeune tre se voit refuser la satisfactionde ses besoins primaires, il est inscuris. Si, malgrses cris et ses pleurs, le petit d'homme ne reoitaucune aide, il deviendra la proie de souffrances etd'angoisses croissantes auxquelles il restera livr sansdfense. Cet tat, il l'prouve et le ressent comme sapropre insuffisance. Il ne doit pas et ne peut pas serendre compte qu'il est abandonn dans sa dtresse.Si cette situation se prolonge, il doit devenir indiffrent et insensible, car sinon il en subirait les atteintesjusque dans son corps, voire il mourrait. Il s'apercevraque quelque chose ne fonctionne pas dans son systmede sauvegarde. Comme son entourage ne rpond pas,ou gure, ses appels, comme il n'obtient aucunsoutien, sa confiance dans ses capacits relationnelless'effondrera rapidement, et pour finir il sera perturb.La non-satisfaction des besoins entrane des troublesde la capacit relationnelle.Les troubles relationnels entraneront leur tourdes perturbations dans le systme gnral, dans lacollectivit. L'importance des dgts dpendra de la

capacit d'absorption et de la solidit du systmegnral.Ma dfinition de la



22 Pourquoi la souffrancerelationnels. Voil qui est dur et dsagrable entendre. Chacun d'entre nous se sentira sans douteremis en question et s'en dfendra. Personne neveut tre coupable d'avoir rendu quelqu'un malade.Nombre d'entre nous souffrent - pas forcment demanire grave ou dangereuse - de quelque troublede nos relations avec le monde environnant ou bienavec nous-mmes. Nous souffrons dans certainescirconstances, sans vouloir en prendre conscience, carnous ne comprenons pas pourquoi nous souffrons.Nous prfrons dissimuler notre faiblesse. Et restonsemptrs dans nos difficults. L'on ne peut remdier un trouble de la capacit relationnelle que si, aupralable, il a t reconnu comme tel. Or pouvoir lereconnatre prsuppose que NOUS, chacun d'entrenous personnellement et la collectivit tout entire,acceptions de nous > pourdcouvrir l'origine de nos troubles. C'est seulementainsi que nous pourrons, si ncessaire, modifier notrepropre systme relationnel et notre comportement.Ceci signifie galement que la



Qu'est-ce qu'tre malade dans son me , ? 23indemnes, intacts, et assurent la sauvegarde du sys-tme. Reste la question : comment des troubles psychiques peuvent-ils survenir lorsqu'un individu n'estatteint d'aucune maladie hrditaire ni anomaliegntique, et qu'il a, selon toute apparence, uneconstitution normale et un environnement qui fonctionne de manire adquate?

Les troubles psychiques se manzfestent et exercentleurs effets sous forme de ractions dfectueuses, quipeuvent tre diriges vers l'extrieur ou vers l'intrieur,contre autrui ou contre soi-mme. Ce sont des ractionsqui nous sont prjudiciables, nous embrouillent, nousaccablent d'un fardeau trop lourd, nous mettent endanger ou nous font du mal - nous , signifiant, enl'occurrence, l'individu ou la socit.A mon point de vue, nos ractions, dans la mesureo elles sont des manzfestations de notre me, sontdtermines par le fait que nous ayons ou non subiquelque blessure (intgrit de la personne), par l'harmonie ou la dysharmonie de notre systme. Une surcharge motionnelle (traumatisme) inflige l'enfant, aujeune tre, des blessures dans son harmonie primaire,dans son systme, dans son organisation et sa capacitd'organisation primaires. Cette blessure est provoquepar des stimuli gnrateurs d'angoisse et de souffrance,auxquels le jeune organisme est incapable de ragir oune peut ragir que de manire imparfaite, et que sonsystme ne peut assimiler.Les surcharges motionnelles sont des souffrances etdes angoisses qui semblent n'avoir pas de cause ou dontle facteur responsable ne peut tre dtect - ou, pourdes raisons vitales, ne doit pas tre dtect. Ces surcharges motionnelles (traumatismes) irritent le systme,



24 Pourquoi la souffranceperturbent ses capacits de fonctionnement et son intgrit primaires.

Il existe d'autres sources de blessures psychiqueslourdes de consquences : la dformation de la ralitou des falsifications de l'histoire, c'est--dire de la vritsur le pass personnel (ontogntique) aussi bien que surle pass de l'espce (phylogntique). De semblablesatteintes l'intgrit de la sphre intellectuelle, parexemple par la transmission de croyances aberrantes,dstabilisent profondment le systme. De tels traumatismes psychiques brouillent tout le systme. Nombred'expriences vcues, bien relles et qui devraient s'inscrire dans la conscience, sont voues tre refoulesdans l'inconscient parce qu'elles ne peuvent s'accorderavec les reprsentations irrelles.Toutes les blessures et surcharges motionnellesde l'intgrit primaire du petit d'homme ont pourorigine la ngation de ses besoins. Lorsqu'il manquede soins, se voit peu considr, ou qu'on exige tropde lui, lorsqu'il lui faut faire l'exprience toujoursrenouvele d'un > de bonne sollicitude etd'un > de mauvaise sollicitude, le systme dujeune tre se trouvera dbord et perturb. La plupartdu temps, tout cela n'est pas fait dans une mauvaiseintention, mais ces comportements sont transmis, lesyeux ferms, de gnration en gnration.Dans le systme accabl d'un trop lourd fardeau,traumatis, se forme une multiplicit de ractionsinconscientes, latentes, diriges vers l'intrieur et versl'extrieur, qui deviendront le lit de manifestationsque l'on qualifie de nvrose, psychose, troubles psy-chosomatiques ou dlinquance. Toutes ces > peuvent tre regroupes sous la notion de>.Par consquent, malade dans son me >>, c'est ceci:



Qu'est-ce qu'tre malade dans son me ,, ? 25un organisme bless dans son intgrit primaire, untre humain perturb dans son harmonie originelleparce qu'il a t traumatis; sa capacit de prise deconsczence se trouve diminue, et il est ls dans sesfonctions.

COMMENT SE CREENT DES BLESSURESET QUELS SONT, PRECISEMENT, LEURS EFFETS?A l'aube de sa vie, l'tre humain est pour ainsidire '' tout corps ,, il se dcouvre par ses sens. Sesperceptions et les ractions qu'elles engendrent sontrgies par ses sensations. Ses sensations lui dsignent,

par exemple, le chaud, le froid, le doux et le dur, lebruit et le silence, la lumire et l'obscurit, etc. Pourle petit tre, le bien et le mal sont synonymes deplaisir et dplaisir. Il ne connat encore aucun mot,il est encore tout sensation ,,, et pour le momentdpend compltement de ce premier niveau de laperception : la sensation. Les expriences vcues surle plan de la sensation engendrent, ds le ventrematernel, un deuxime niveau perceptif: le sentiment.Les expriences vcues sur le plan de la sensationsont enregistres par l'enfant, qui va les emmagasinersous forme de souvenirs. Le plaisir suscite en lui lesentiment bien ,,, et le dplaisir issu par exempled'une douleur ou d'une peur (gne) suscite le sentiment mal ''Les expriences faites par le petit tre, tant parrapport lui-mme que par rapport son environnement, vont former en lui le niveau de



26 Pourquoi la souffrances'est dj constitu en lui une opinion, une dfinitionintrieure de ce qui est bien et de ce qui est mal.La dfinition issue de la combinaison de la sensationet du sentiment forme le MOI qualifiant.Le ftus dj peut tre bless dans son intgritpar des surcharges motionnelles qui nuisent sonbien-tre. Il est encore entirement soumis sessensations, qui seules vont dterminer ses ractions:il est incapable d'y rflchir et de comprendre. Ilest incapable d'interprter la peur et la douleur, ellesle plongent dans le dsarroi. Si par exemple unemre, contrainte de dissimuler sa grossesse, comprimeson corps, elle inflige dj un traumatisme sonenfant. Le petit tre se sentira l'troit, menac etcras sans pouvoir comprendre ce qui se passe.Toutes ses ractions ne lui apporteront qu'un soulagement insuffisant, car son espace vital demeurerestreint. Les sentiments suscits par cette situationpeuvent se dcrire peu prs ainsi :



Qu'est-ce qu'tre ,, malade dans son me ? 27faire le mort ou attaquer). Il se cre une rponseconstante aux stimuli, une raction latente lasurcharge motionnelle, projete vers l'avenir. Cetteraction est fixe, en tant qu'attitude dfensive, surdes caractristiques donnes et sur la somme descaractristiques de l'vnement primaire. Dans le casde la situation dcrite ci-dessus, elle va ainsi se fixersur l'humidit, certaines sensations tactiles trs dfinies, l'obscurit, la pression, l'impression d'tre serr.Avec pour effets: angoisse, cur battant la chamade,douleurs organiques, une grande dpense d'nergieen pure perte, etc.L'tre humain ainsi traumatis prsentera l'avenirdes formes de raction correspondant aux schmasinduits par tel ou tel type de caractristiques et designaux, sans pouvoir dcider librement de soncomportement. Il va utiliser l'ge adulte des formesde comportement et de relations qui se sont apparemment avres efficaces dans la situation primaire,et que son systme estime prsent ncessaires. Bienque sa forme de raction spcifique n'ait pas apportde solution satisfaisante ni d'apaisement, elle a tenregistre dans le systme comme apparemmentefficace. Autrement dit : cette personne est obligede se comporter selon la voie trace parce que lacrainte (la crainte tant le fruit des peurs) d'un rsultatpire encore l'empche de tenter une autre forme decomportement et de relation. Elle ne sait pas, eneffet, ce qui lui est arriv dans la situation primaire,et prsent non plus ne sait pas ce qui se passe enelle. La crainte - toujours la mme crainte - lapousse la fois redoubler d'efforts et se tenircoite, afin de parvenir enfin une solution approprie, une dtente.La traumatisation dcrite ci-dessus aura pour cens-



28 Pourquoi la souffrancequence un rtrcissement de toute la personnalit,qui va se cantonner dans des formes de comportementet de relations imposes par une contrainte inconsciente. Et l'individu traumatis ne cessera, inconsciemment, d'en souffrir, comme d'une plaie qui refusede se cicatriser. Il sera en proie un sentiment demalaise peine perceptible, et constamment pouss des conduites mal adaptes. La blessure dcrite cidessus provoque entre autres le sentiment d'treincapable de mobilit, et une rticence angoisse face ce qui exige un effort physique ou intellectuel. Dsque l'tre bless se sent menac, pour des raisonsintrieures ou extrieures, ses souvenirs inconscientsvont alerter le systme de sauvegarde. Il se produitune tension. Le systme de sauvegarde ragit de lamanire imprime en lui, tant donn qu'il ne connatque cette solution prprogramme- et n'a confiancequ'en elle.C'est l une raction aveugle, latente, une dispositionpermanente un type donn de raction, qui s'estconstitue en raison d'un vnement inconscient afind'assurer la survie. C'est pourquoi ces mcanismes sontsi tenaces.

Le malaise persistant - bien qu' peine perceptible- suscite en l'tre humain une impulsion aveugle,incapable de s'exercer dans une direction prcise, se dfendre contre cet tat. Il n'en connat pas lescauses. Les sentiments de colre et de rsignationqui l'accompagnent sont qualifis de mchancet etde faiblesse. Pour l'affectivit, cela reprsente unfardeau trop lourd. Et il s'ensuivra des sentimentsinconscients de culpabilit.Ce malaise sous-jacent et incompris pousse unedfense. Mais comme l'



Qu'est-ce qu'tre malade dans son me ? 29dfensive. Celle-ci est inconsciente, aveugle, prsentedans tous les domaines, et peut se dclencher n'importe quel moment, en rponse un signe apparupar hasard mais qui a valeur de signal. La raison dumalaise, la blessure primaire, restera toujours unemenace redoute, car elle a t subie dans unesituation d'impuissance et n'a pas t ressentie entoute conscience.La raction latente, aveugle, a encore d'autresconsquences dans le domaine affectif. Ainsi, parexemple, l'incapacit trouver une solution danscette situation de dtresse est enregistre dans lesystme comme une prtendue faiblesse personnelle.Des lments ngatifs comme tre mchant, coupable,nul, dprim viennent accabler l'affectivit et par lle MOI. Je ne suis pas encore venu au monde et mevoici, sans raison comprhensible, comprim, entravdans mes mouvements, accabl de souffrance etd'angoisse, craintif, livr sans dfense au mondeenvironnant, empli de malaise et d'une colre sousjacente - ds le ventre maternel, l'tat d'me d'untre humain peut ressembler cela! Que l'on dise:cet organisme est malade ,,, ou il est



30 Pourquoi la souffranced'un individu intact et sr de lui, toute activit endeviendra pour lui plus difficile. C'est une illusionde croire que la retenue suscite par ces blessurespourrait un jour se rvler profitable. Un individusain montre de la retenue lorsque, ayant examin lasituation, cela lui parat le comportement adapt.Une retenue constante due la peur, associe desexplosions d'agressivit, est un stress permanent quiconsomme beaucoup d'nergie et n'apporte aucunbnfice. Une semblable symptomatique prnatale estencore renforce et complique par une naissancelongue et difficile.Un enfant ayant subi un tel dommage primairepeut, de par son comportement, se voir en butte, au

cours de son enfance, des railleries et des perscutions. Ce traumatisme supplmentaire aggrave lablessure de l'intgrit fonctionnelle, et l'approfondiraencore d'un niveau. Ces railleries et ces perscutions,l'individu ne peut les supporter : il sait peut-tre qu'ilest un peu bizarre, mais ne parvient pas lecomprendre. Il n'arrive pas davantage saisir pourquoi il ne peut se changer, pourquoi sa singularitlui vaut ces perscutions, et pourquoi personne ne lecomprend. Il subit, impuissant, cette situation. Tantqu'il n'aura pas trouv de secours, il a mme uneconscience particulirement aigu du rejet mortifiantdu monde environnant, et reste cependant sans dfenseface tout ce qui lui est ainsi inflig. Les blessurestraumatiques rptes confortent ses expriences prcdentes au niveau de la sensation comme au niveaudu sentiment. De ce fait, la surcharge motionnelledevient de plus en plus importante. Le mode deraction latent inscrit dans son potentiel affectif - etqui va dterminer son mode de comportement -pourrait se dcrire peu prs ainsi : Moi on ne peut



Qu'est-ce qu'tre ''malade dans son me ? 31pas m'aimer, je suis quelqu'un de bizarre, tous lesautres sont meilleurs et plus capables, je suis hassable,je dois me donner encore plus de mal, bien que j'enaie plein le dos, et depuis longtemps dj. Je doisredoubler d'efforts, faire preuve de retenue, courberl'chine, sans savoir ce qu'il faut faire, et quelmoment, pour qu'il n'arrive pas de catastrophes. Jedevrais enfin changer, c'est de ma faute si je n'ai pasencore trouv une solution mes problmes .. Pour des raisons de survie, ces ractions sont rigides,et prtes intervenir tout instant. L'entourage decet tre qui souffre se heurte ces souffrances et auxdifficults qui y sont lies. Les membres de cetentourage vont l'abreuver de leurs thories (exemple:" Chacun est responsable de son caractre ,,), et poserdes diagnostics. L'un comme l'autre ne seront d'aucune utilit pour l'intress - pis, ils lui nuiront.Coller une tiquette bloque la recherche d'une comprhension globale. Et n'aboutira qu' accrotre l'inscurit, aggraver la perte d'intgrit.Nous voil donc, prsent, face un tre blessdans son intgrit :1) Au niveau de la sensation (corps).2) Au niveau des sentiments (affectivit).3) Au niveau de la comprhension (pense).

Ces blessures ont une action globale et vont serpercuter sur l'organisme entier. Le comportementalimentaire, les conduites de protection et de fuiteseront affects. Les ractions latentes inconscientes,compulsives qui, malgr l'absence de lien conscientavec les situations originelles, sont maintenues par lesystme dans sa dfense contre une situation dedtresse exigent un effort permanent. Ce surmenagepuise les nergies, aura un effet ngatif sur l'attention



32 Pourquoi la souffranceet sur les capacits de mmorisation et d'apprentissage. De plus, la surcharge motionnelle des troischamps de l'me porte atteinte toutes les autresfonctions physiques et mentales.Un tre humain malade dans son me,, estquelqu'un qui a t bless dans son intgrit et sonfonctionnement originels. Il y rpond inconsciemment par des schmes de comportement individuelslabors pour une dfense contre des dangers le plussouvent supposs - parfois rels. Il souffre de sescompulsions inconscientes, a envers autrui uncomportement provocateur et, involontairement, psesur son entourage. Il souffre de ses importants sentiments de culpabilit, et est enferm dans ce cercle

infernal.



SOUVENIRS

L'tre humain, notre systme biologique, est consti-tu de souvenirs; des souvenirs issus d'expriencesque de nombreux systmes biologiques (y comprisprhumains) ont inscrits dans l'organisme. Ces sou-venirs biologiques ont constitu la base de notreorganisation physiologique; on les appelle galementinformation gntique. Des souvenirs de communi-cations du groupe social de l'homo sapiens avec sonenvironnement ont galement influ sur la formationde notre systme physiologique. Ces souvenirs, nousles disons issus de nos expriences phylogntiques(lis l'histoire de l'espce), par opposition auxsouvenirs que nous nommons ontogntiques (ceux,personnels, de l'individu).Les expriences physiques et motionnelles consti-tuent la mmoire de l'individu. En chaque nouveltre humain, les expriences lies l'histoire del'espce et les expriences personnelles vont devenirdes souvenirs. Ce processus va entraner des restruc-turations permanentes la base, au physique commeau mental. Toutes nos expriences laissent en nousdes souvenirs, que nous ne pouvons videmmentmaintenir conscients en permanence. Ces exp-riences, devenues souvenirs, font nanmoins partiede notre



34 Pourquoi la souffranceen particulier ceux provenant de stades prcoces dudveloppement, sont emmagasmes uniquementcomme des vnements, et non comme une exprience vcue consciemment. Au moment o cetvnement s'est produit, les zones crbrales capablesd'assimiler une exprience vcue consciemment n'ontpas pu fonctionner pleinement, car cela ncessitaitdes concepts et des mots que le jeune enfant nepossdait pas encore.Toutes les expriences douloureuses et angoissantesemmagasines seulement sous une forme fragmentaire sont nanmoins des souvenirs que l'on peutrendre conscients au cours du processus thrapeutique. Il est possible d'amener la conscience jusqu'des souvenirs de la vie ftale :



MALADES DE NOS TRANSFERTS

Quand j'tais petit, j'ai jou au bord de l'eau etappris alors que la pierre, quand je la touchais, taitfroide et dure. Lorsque je me suis tap sur les doigtsavec cette pierre, j'ai prouv une '' sensation dsagrable ,, que ma mre a appel



36 Pourquoi la souffranceou une personne- par exemple un individu porteurd'un signe , - associ des reprsentations et desexpriences dtermines. Le transfert de personne personne est certes un peu plus compliqu que celuid'une pierre une autre. Bien que (et prcismentparce que) il existe chez l'homme une attente instinctive, lie l'histoire de l'espce, les transferts depersonne personne sont plus difficiles reconnatreclairement. D'un ct, nous avons envers nos semblables une attente phylogntique : par exemple,nous ne nous attendons pas tre mangs par unautre tre humain. De l'autre, nous transfrons d'unepersonne une autre les signes et les jugements lis nos expriences personnelles, c'est--dire des signeset des comportements qui nous sont prsents ici etmaintenant. Ces jugements lis nos expriences, les



Malades de nos transferts 37Ces signes vont donc acqurir une fonction primordiale. Plusieurs signes, constituant une somme, serontintrioriss sous forme d'une valeur symbolique. Unexemple : l'exprience constituant une somme avecle signe '' sein maternel , peut susciter, sur le plansymbolique, le jugement de valeur



38 Pourquoi la souffrancetonalit gnrale de notre image intrieure. A partirde cette image, qui sera affecte d'un jugement devaleur par l'association avec nos sensations et nossentiments, nous orientons nos attitudes dans telle outelle direction - attitudes qui vont leur tour susciternos modes de relation et nos attentes relationnelles.Nos expriences avec des personnes ou des objetssitus dans un environnement donn, et prsentantdes signes particuliers chacun mais variables, sontrelies les unes aux autres. Elles vont former la basedes orientations de notre comportement et de nostransferts. Nous avons besoin de cette forme detransfert pour viter tel type de contact qui constituepour nous une menace, ou pour reproduire tel autrequi nous est ncessaire.Sans nos perceptions sensorielles, nous sommesincapables de nous orienter et incapables d'interaction. Ce que nous avons peru, et le jugement devaleur y affrant, nous le transfrons - dans unpremier temps sans vrification pralable - d'autresobjets ou personnes avec qui nous entrons en relationset dont les caractristiques et la somme des signes ,,sont semblables ceux de l'objet de notre premireexprience.Mais, ce faisant, nous ne pouvons tre totalementsrs que notre attitude, nos exigences et notre attentesoient bien adaptes cette nouvelle rencontre. Mmelorsqu'il s'agit d'une personne prsentant normmentde ressemblances avec des gens connus dans le pass.Cela peut entraner des points de vue inappropris(prjugs) fonds sur des caractristiques que nousavons perues chez l'autre. Lorsque l'exprience originelle a eu lieu une poque o la consciencen'tait pas encore mre, il faut vrifier ce qui sepasse. Aux stades prcoces du dveloppement o les



Malades de nos transferts 39intentions, les objectifs et les actions de l'enfant nepeuvent encore tre reconnus, et o il est encorelivr sans dfense des ngligences et des abus,nombre d'empreintes sont problmatiques. Nous nesommes capables de corriger les attitudes engendrespar des transferts que lorsque nous connaissons cemcanisme, et accordons toute notre attention l'examen et la prise en considration de ce qui sepasse en nous. Lors de contacts de courte dure, oude rencontres sans importance, il ne sera ni ncessaireni possible de rechercher les jugements de valeurintrioriss intervenant dans le processus du transfert,ce qui exige beaucoup d'attention consciente. Notreattention, nous en avons besoin essentiellement pournos comportements de protection et de fuite. Elledoit tre disponible pour la coordination des pulsionsd'incorporation, motrices, d'accouplement et d'vacuation. Ces priorits ne nous permettent pas d'exercer un jugement pleinement conscient lors d'unerencontre, pour peu qu'elle s'annonce source deconflit. Lorsque l'une ou plusieurs des pulsions vitaless'accroissent, notre capacit de jugement est diminuedu fait des transferts inconscients.Les transferts, qui subissent l'influence des attentesinconscientes - attentes d'angoisse ou de douleur-,rendent plus difficiles une entre en relations, et peuventmme dans certains cas constituer un danger mortel.Dans le comportement psychotique, il ne peutpratiquement pas se faire d'examen conscient dutransfert cause de la prdominance de pulsionshypertrophies, et parce que des attentes d'angoisseet/ou de souffrances trs importantes viennent" exasprer le conflit. Les schmes de relations nvrotiqueset psychotiques rsultent d'une attitude d'anticipation intensment '' malade des transferts . Des



40 Pourquoi la souffrancetransferts chaotiques s'effectuent inconsciemment, ets'accompagnent d'explosions de dtresse, de rage,de fureur, de dsespoir et d'angoisse qui n'ont rienou pas grand-chose voir avec la ralit de larencontre en cours.

Lorsque tels ou tels signes et caractristiquessignalent un risque de blessure ou de monte d'angoisse, il doit s'ensuivre une attitude d'attente approprie : tant donn que la relation se rvle dangereuse, il nous faut tre prt la dfense, au retraitou mme l'attaque. En revanche, l'apparition dansnotre vie d'une personne porteuse de signes qui nousfont esprer quelque chose d'agrable dclencheraune attitude engageante, afin de renouveler uneexprience dsirable.Un transfert neutre - nous restons dans l'expectative - n'est possible que lorsque notre attente estvcue consciemment, et non hypothque par dessouffrances et des peurs inconscientes. Une fois quenous aurons dcid, dans le cadre de la rencontreprsente, de tirer au clair nos sensations et sentimentsdiffus, il pourra se crer une relation sans quivoqueet raliste.Puisqu'elles sont associes des objets donns -par exemple tel ou tel individu et ses caractristiques-, nos expriences positives ou ngatives ayantun effet frappant et durable vont, par suite detransferts conscients ou inconscients, influencer notrerelation avec chaque autre personne pour l'amliorerou la compliquer, la mettre en pril voire la rendreimpossible. Le processus de transfert peut, dans descas extrmes, constituer un danger pour l'autre oupour nous. Il en est ainsi lorsque le transfert estinconscient : si nous sommes tout fait conscientsde ce qui se passe en nous, nous n'aurons pas de



Malades de nos transferts 41difficults mettre nos sensations et nos sentiments leur juste place.Le transfert ne peut tre utile notre sauvegardeque lorsqu'il s'effectue consciemment. Sinon le vcudestructeur et/ ou satisfaisant sera transfr l'aveu-glette.Les transferts se fondent sur des caractristiqueset sur notre apprciation des expriences faites avecdes personnes dont les



SAIN-BLESSE-SOUFFRANTDANS SON INTEGRITE PRIMAIRE

L'attente inconsciente des vnements angoissants etdouloureux - que nous avons vcus sans le savoir -provoque en nous ce que nous appelons une souffrance(nvrose, psychose, affection psychosomatique, dlinquance). C'est l'attente angoisse et douloureuse de larptition du pass. Elle dvoile nos ractions latentes,inconsciemment prprogrammes.Des ractions de crainte-dfense sont des mcanismesgnraliss acquis dans le pass, comme par exemplele refoulement, le dni, le retournement en soncontraire, un embellissement, une justification, laprojection, etc. Bref, des dformations de la vrit,parce que celle-ci n'est pas supportable telle qu'ellea t. Mais, inconsciemment, l'on n'attend pas duprsent et de l'avenir qu'ils se montrent diffrents dece que fut le pass. Les expriences ont fix auxractions des modles que l'organisme va persister suivre. Des surcharges motionnelles et des dfaillances ont engendr des tendances qui fonctionnentinconsciemment, et peuvent parfois amener unrefus total de l'action, des rapports humains, voirede la vie, ou des actes destructeurs. Il faut enfinaccepter de voir l'ampleur des dsastres que peutentraner la blessure de l'intgrit primaire. Il esteffrayant de voir quel point l'aptitude vivre et la



Sain-bless-souffrant 43capacit relationnelle d'un tre humain peuvent treperturbes par des abus de sa faiblesse primaire.Des blessures physiques et morales survenues sansque l'on en prenne conscience, une souffrance infligeapparemment sans cause : tout cela dcide de ce queseront nos forces et comment nous les mettrons enuvre. Que nous fassions de notre vie quelque chosede constructif ou de destructeur dpend de nosractions personnelles, tant conscientes que latentesinconscientes. Et ces dernires sont lies nos expriences primaires. C'est pourquoi, s'il existe en nousune tendance vouloir dtruire un autre tre humain,nous n'en sommes pas forcment conscients. Latendance destructrice s'enracine dans une exprienceoublie depuis longtemps qui provoque en nous unmalaise - malaise peine perceptible, mais qui a faitson uvre.

FAIBLESSE PRIMAIRELa mconnaissance et l'abus de la faiblesse primaireengendrent des tats de souffrance et des troublesrelationnels.La reprsentation schmatique du circuit suivi parles besoins humains dans leur dveloppement, enpartant du besoin jusqu' sa satisfaction, montrecomment un tre peut tre atteint de perturbationsfondamentales dans son systme (voir p. 46).La dpendance de l'enfant, conscutive sa faiblesse, elle-mme lie l'inachvement de son dveloppement intellectuel (visible, dans le schma no 1, la troisime position: Vrification de l'objet ),englobe entre autres l'incapacit du petit enfant raisonner, formuler verbalement des concepts, et



44 Pourquoi la souffranceidentifier et comprendre les motivations des actes desadultes. Par suite de sa dpendance, l'enfant est obligde refouler et d'oublier les mauvais traitements qu'ilsubit, sa faiblesse ne lui permettant pas une autoprotection adapte. Il est entirement, ou presque, livraux humeurs des adultes.

SCHEMAS DES CIRCUITSLe premier schma reprsente le circuit suivi dansle cas d'un dveloppement sain, partir du besoinjusqu'au repos-rcupration.Le deuxime schma montre une situation deblessure : elle perturbe le circuit, et donc les besoinsvitaux. A prsent, trouver le repos devient problmatique, et/ou il subsiste une crispation sous-jacentequi va troubler durablement l'harmonie intrieure.C'est dj l l'tat d'un individu qui souffre.Le troisime schma montre le circuit perturb : la suite de la blessure, le cours des vnements at modifi. (Les troubles et travestissements de lasatisfaction naturelle des besoins par des perversionsseront dcrits plus loin.) Les perversions individuellesne sont rien d'autre que des ractions des blessures.Elles naissent comme des tentatives de drivation oud'vitement, en raction des atteintes l'intgritprimaire du circuit. Les causes, ici encore, se nomment

peur, douleur, sentiment de ne pas tre la hauteur.Regardez le schma: votre circuit personnel primaire, dans son intgrit, intact. Puis rflchissez votre propre histoire. Cherchez les perturbations etles atteintes qui ont pu provoquer des difficultsmotionnelles et des blocages.



Sain-bless-souffrant 45Ce schma peut s'appliquer tous les domainesde besoins:3) En ce qui concerne les besoins cognitifs, lacomprhension - nous avons besoin d'informationsvraies, correspondant la ralit.2) En ce qui concerne les besoins motionnels, lessentiments - tu es quelqu'un de bien, tu russis, c'estbien comme a ..1) En ce qui concerne les besoins somatiques, ducorps - les sensations sont correctes ..Les blessures ont toujours pour consquence unecrainte inconsciente.La crainte est convertie en attitudes individuelles de

dfense afin d'assurer la survie.Les blessures de l'intgrit primaire ont pour consquence invitable la souffrance.La prise de conscience de la faiblesse d'autrefois, etla raction assurant un



46 Pourquoi la souffranceSCHMA SAIN-BLESS-SOUFFRANT______ ,.. engendre/apporte

Au commencement estoooooooooo oo oo oo oooBesoin

1) NORMAUSAIN Dtente

2) BLESSUREEtat de crispationsous-jacenteCrainte(culpabilit-peur)

Satisfaction

Besoin

Douleur

Besoin

Comportement de recherche

Vrification de l'objet

Comportement de rechercheCcit par rapport l'objet, en tant que faiblesseprimaire ou secondairesans la possibilit d'identifier la raison de la douleur

(ou cas chant perversion)3) SOUFF RANC E(raction la blessure)

POSIT ION TERMINALE *Haine (crainte et rage)Accroissement de la tension

(punition-douleur)

Recherche d'vitement/modificationEtat de crispation, cardouleur attendue sans raison identifiable

ooo DOULEUR-PLAISIR-DOULEUR oooAbraction, tentative de satisfaction dviant de la normalit,besoin substitutif

* A inclure dans cette catgorie : dsespoir, rsignation, tristesse, puisement, colre, etc.



Sain-bless-souffrant 47 lorsqu'on pourra accepter ses motions et sessensations, et les vivre de la manire bonne poursoi ,,, sans tre contraint d'agir sous l'emprise de lacrainte; lorsqu'on sera dlivr de la compulsion quiinconsciemment oblige obir, aimer,,, servir, s'infliger des privations, souffrir, dsesprer, har, se mettre en rage, tempter, tre plongdans la tristesse, se rsigner, se soumettre, craindre, tre bout de forces; lorsqu'il sera devenu possible de prendre sa vie

en mains, de la mener librement et consciemmentcomme on l'entend, lorsqu'on aura acquis le droitd'aimer ce qui est vritablement aimable.Dans le premier cercle du schma, normal/sain ,position 1-6, il est ais de reconnatre comment sedroule le processus de la satisfaction du besoin: i lpasse par le comportement de recherche de l'objet etsa vrification. Selon l'objet de l'assouvissement, ilsera dcid si cet assouvissement peut apporter ounon du plaisir, afin que s'installe la dtente. L'interaction ayant fonctionn avec succs, l'on peut ensuitese reposer jusqu' ce que se manifeste un nouveaubesoin.Exemple: Le nourrisson a faim, il cherche sa mrequi tient compte de son appel et y ragit correctement.Ici se situe dj le premier stade de la vrification del'objet. Sur ce, il cherche et trouve le sein, tte avec

plaisir, jusqu' ce que, rassasi et dtendu, il sourie sa mre. Elle le berce, et il s'endort dans ses bras.Au bout d'un certain temps de repos, i l va se rveilleret chercher sa mre des yeux en lui souriant.Dans le schma blessure, nous voyons commentau point 3 - ccit par rapport l'objet - l'enfant



48 Pourquoi la souffranceest la merci de l'adulte et, tant donn sa faiblesse,risque de subir un dommage. J'appelle



Sain-bless-souffrant 49Cet enfant garde dans sa mmoire l'expression pleinede reproches de sa mre. Dornavant, il va prendrepeur ds qu'un besoin se manifeste, et tenter en vainde modifier sa situation. Ces atteintes physiques etmorales (dans notre exemple: des blessures massivesdu premier et du deuxime niveau relationnel) vontcrer dans ce systme des hyperractions latentes, quiconstituent un fardeau pour l'individu et sont gnratrices d'une anxit permanente.

L'(AUTO)DAMNATIONLa douleur et la dception suscitent chez l'enfant

des sentiments de peur et de culpabilit. Mon systmen'a pas t la hauteur, proclament dsormais lesinstances de contrle de l'enfant. A l'avenir, cetenfant aura peur de ses besoins, se crispera lorsqu'ilen ressentira un, parce que son systme l'alerte : ildoit s'attendre tre bless. Paralllement, il craintgalement la/les personne(s) qui s'occupe(nt) de lui,qu'il continue toutefois, aussi longtemps que possible,d'idaliser afin de pouvoir survivre. Aprs les expriences rptes, sa confiance en soi se mue enmfiance : la confiance en soi, fondement de touteactivit, s'vanouit. Du coup, il lui deviendra impossible de vivre sainement. Cet enfant durablementinscuris ne connatra quasiment jamais un vrairepos. Il est toujours en proie des sentiments deculpabilit inconscients, et il souffre.Le troisime schma, la souffrance , Le tableau,ici, devient le suivant : ds que, dans son systme, lebesoin vital devient irrpressible, l'enfant est obligd'obtenir que son besoin soit satisfait. Mais sa pulsionva dclencher un tat de crispation - voire une



50 Pourquoi la souffrancevritable crise - d sa peur, car tout en prouvantet ressentant ses besoins il s'attend, par exprience, une douleur qu'il voudrait viter. Ds lors que lebesoin est plus fort que l'attente de subir peur etdouleur, l'enfant se rsignera galement une satisfaction substitutive. Il se rend aux conditions et auxexigences de l'environnement. Il est dj habitu souffrir et prt au renoncement. Dans des cas extrmesil devra mourir. Il enregistre inconsciemment dansson systme la colre, la rage, le dsespoir, lessentiments de culpabilit et de peur, la hainequ'veille en lui cet assouvissement rat et douloureuxde ses besoins, comme un chec de sa facultd'adaptation. L'ensemble de la situation sera emmagasin, en liaison avec les ventuelles perceptions del'entourage. Le rsultat de tout cela: un enfant tendu,toujours crisp en son for intrieur, sur la dfensive- un pauvre enfant qui souffre. Il craindra cette haineet cette rage inconscientes lies ses expriences etqui bouillonnent en lui, mais ne saura que faire pours'en sortir. Ds son rveil, chaque journe sera pourlui un fardeau.Exemple de souffrance: Le bb fait un cauchemar,se rveille tout rouge et en hurlant. La mre arrive,mais cet enfant ne lui donne aucune joie, elle l'a enaversion. Pendant qu'elle accomplit son devoir - parpeur d'une sanction, non par amour pour l'enfant-,toute son attitude exprime le rejet. Le nourrissoncherche sa nourriture et en mme temps a envie dela refuser, car il s'est dj rveill dans l'angoisse etla douleur et s'attend une nouvelle douleur. Tendu,crisp, il cherche et refuse la fois, et c'est pour luiune torture. Il avale sa nourriture de force et dansla douleur. Sa tension physique et son dsespoiraugmentent puisque, malgr tous ses efforts, il ne



Sain-bless-souffrant 51parvient pas s'adapter de manire satisfaisante.L'enfant est puis, triste, plong dans le dsarroi, etla mre, mcontente, le laisse seul. L'enfant finit pars'endormir, puis et en ayant peur de tout.

CE QUI SOMMEILLE DANS LA CRAINTETant que nous souffrons de tensions dues desblessures, des surcharges motionnelles ou des privations, nous vivons sans le savoir la merci de notrepass. Nous lui obissons aveuglment, et vivons ainsidangereusement, car le transfert inconscient tient lescommandes.Reprenons le schma (voir p. 46) illustrant la souffrance : nous allons nous trouver emprisonns dansla position terminale, en ligne de dfense contre devieux tourments. Malheureusement, nous ne sommesgure capables de nous rendre compte de tout ce quiagit en nous. Nous ne sommes pas davantageconscients, la plupart du temps, de l'intensit de nossentiments. Les ractions latentes tapies en nous,prtes entrer en action, sont parfois comme desbombes secrtement programmes, dont le dtonateurrpond des signes cods que nous ne connaissonspas car le programmateur ne nous en a pas informs.Chaque fois qu'une explosion menace, montent ennous des sentiments qui dclenchent la sonneried'alarme, provoquent la mobilisation et nous tour

mentent, sans que nous puissions en comprendreexactement la cause. Bien entendu, nous souffronsde cet tat, qui suscite en nous des manifestationsphysiques ou des pousses motionnelles peinesupportables, lies des sentiments de haine - hainedes autres et de soi-mme. Pour gurir, il est nces-



52 Pourquoi la souffrancesaire de nous autoriser prouver toutes ces sensationset tous nos sentiments, ne pas les rprimer; il fautau contraire leur accorder notre attention en nousdemandant comment, en quelles circonstances, pour-quoi et en face de qui ils se sont dclenchs. Tousles sentiments, positifs et ngatifs, et en particulierles sentiments de haine trs violents et les dsirsirrsistibles, sont des traces nous ramenant, coupsr, vers notre pass. Ces traces, il faut les suivrepour en identifier l'origine et faire disparatre compul-sions et dtresse. La dtresse se signale par dessentiments de haine, de colre, de peur, de dsespoir,de chagrin, d'puisement et de rsignation: tout cela,ce sont des rappels que nous adresse notre pass. Etnotre crainte les recle. La force destructrice latenteenfouie en nous est l'image des blessures primaires :grande et dangereuse. De vieilles forces destructricessont perptuellement l'uvre, ou prtes agir,comme une bombe retardement dont la minuterieest enclenche. Elles sont nes dans la victime, enl'enfant maltrait.



II. LA THERAPIE



DE QUOI S'AGIT-IL?

Le nom de



56 Pourquoi la souffrancecinq heures, et est dirige par le/la thrapeute. Dansla plupart des cas, la thrapie en groupe s'tend surune priode variant de plusieurs mois plusieursannes.Certains patients parviennent, l'issue d'une priodede base, poursuivre la thrapie par eux-mmes. Lathrapie en groupe n'est indique qu'une fois que lathrapie de base a permis de bien assimiler lesdcouvertes fondamentales. Le groupe apporte unestimulation considrable, et apprend partager lesexpriences d'autres personnes.La thrapie primaire est tout la fois une prisede conscience de soi-mme et un systme d'apprentissage qui doit permettre l'individu de mettre auclair, et de liquider, ses troubles relationnels et sesdsarrois. Ce qui jusque-l avait t



LE THERAPEUTE

Les thrapeutes pratiquant cette forme de thrapieprimaire doivent possder une formation gnraleapprofondie. Les mdecins et les psychologues prsentent, de par leur profession, les profils les plusfavorables. Les thrapeutes doivent tre suffisammentavancs dans leur thrapie personnelle pour pouvoiraffronter n'importe quel problme. Ils doivent possder des connaissances sur l'volution des tresvivants, en psychologie et en physiologie. Les th-rapeutes doivent tre libres de toute crainte. Ilsdoivent pouvoir au moins reconnatre ouvertementles peurs et les douleurs subies dans leur propreenfance, et savoir comment se comporter leurgard. Ils doivent savoir se prendre en charge. Lesthrapeutes doivent avoir le sens des ralits. On estinapte ce mtier si l'on est dpendant envers l'alcoolou la drogue, si l'on a soif de reconnaissance, ou sil'on vit dans des rapports de dpendance susceptiblesd'amener se renier ou se laisser abuser. Unthrapeute qui se juge suprieur aux >humains, et pense qu'il sait mieux que quiconque cequi s'est pass dans la vie du patient, est dangereux.Les thrapeutes ont besoin d'une grande expriencede la vie, et de la facult de comprendre intuitivementla personne qui vient chercher de l'aide. Un thra-



58 Pourquoi la souffrancepeute incapable de faire preuve de patience enversles personnes qui se confient lui est inapte cemtier. Les thrapeutes comptents sont capables deprsenter leurs excuses s'ils ont commis une erreuret ne laissent subsister aucun malentendu. Les thrapeutes doivent tre des hommes et des femmessensibles, aux connaissances tendues, comprhensifset secourables. Etre thrapeute est une tche difficileet exigeante. Se confronter avec les garementshumains les plus incroyables, les plus terribles et lesplus tnbreux, on ne peut le demander qu' deshommes et des femmes stables et solides. Et l'on nedoit, me semble-t-il, accepter ce travail que si on leconoit comme un service rendu l'volution del'tre humain.



CONDITIONS NECESSAIRES A LA THERAPIE

Avant toutes choses, il faut dterminer si unepsychothrapie est ncessaire, ou si la souffrance estdue des affections organiques. Un examen mdicalfiable est indispensable. S'il y a lieu, la dcision desuivre la thrapie sera prise par l'intress lui-mme.La thrapie primaire est la confrontation totaleavec son pass et, de ce fait, elle est trs prouvante.La ferme rsolution d'oser cette confrontation'' advienne que pourra ,, est une condition essentielle,car il est fort probable que l'on devra affronter desvnements terribles. Malgr cela, la thrapie estconstructive.Commencer la thrapie avec un accompagnementappropri est comparable un accouchement avecune bonne assistance. Celle-ci ne peut tre assureque par quelqu'un qui veut ''l'enfant'' Mais si l'onne peut trouver ce quelqu'un, il est ncessaire de secrer le thrapeute en soi-mme. C'est possible: leshommes et les femmes qui, courageusement, ont osle tenter et vu leurs efforts couronns de succs enapportent la preuve. La thrapie peut s'apprendre aumoyen de la description que nous en donnons danscet ouvrage. La tragdie des enfants non aims estterrible. Elle pse d'un poids si lourd, blesse sidurement parce que l'enfant ne peut absolument pas



60 Pourquoi la souffrancecomprendre ce qm est arriv. Laisser un enfantmanquer de soins est contraire aux lois biologiques.Pour cet enfant, il est presque intolrable de devoirse rendre compte qu'il a toujours t mal aim, etqu'en rponse chacune de ses demandes d'amouril a t utilis, exploit, menac, terroris, battu,abus, rejet. De sorte que, finalement, chaque foisque quelqu'un lui tmoignera une affection sincre,il ne pourra s'empcher de souponner un pige etde se



LE TRAVAIL THERAPEUTIQUE

Ce travail se droule en troite association avec lethrapeute, car il se cre ainsi un climat de confiance.Le patient habite un logement appropri o il est aucalme, retir, ''clotr, seul avec lui-mme. L'idalest sans doute qu'il puisse loger au centre thrapeutique mme, mais cela implique des investissementset des frais de fonctionnement.Pour suivre la thrapie de base, le patient devraaccepter certaines conditions que le thrapeute formulera lorsqu'il lui donnera, personnellement, sesdirectives. Celles-ci comportent les prescriptionsd'abstinence, les conditions de travail, et des conseilspour la bonne marche de la thrapie.Le travail thrapeutique commence par le rappel la mmoire de l'histoire de votre vie, en la mettantpar crit aussi compltement que possible. Commencez par la description de la situation que vivaient vosparents avant leur mariage. Un petit arbre gnalogique, remontant la gnration des grands-parents,en donnera un premier aperu. Vous inscrirez surun tableau les donnes concernant votre vie personnelle, avec des mots cls, et vous complterez cetableau par des dessins montrant telle ou telle situationque vous avez vcue. Des croquis reprsentant l'environnement et le logement o vous avez pass votre



62 Pourquoi la souffranceenfance sont trs utiles pour raviver les souvenirs. Lesexemples figurant pp. 66 sqq servent d'illustration.Lorsque l'on doit mener la thrapie seul, sans aide,on se comporte comme si un thrapeute tait prsent.En ce cas, la description que vous trouverez dans cespages peut, partiellement du moins, jouer un rle de tuteur '' Essayez d'intrioriser provisoirement unthrapeute imaginaire, par exemple l'auteur. Avec letemps, vous deviendrez votre propre thrapeute, disponible tout moment. Vous pourrez vrifier, aussisouvent que vous le souhaiterez, votre mthoded',, auto-aide,, en vous reportant la description.Avec ou sans thrapeute, la dmarche thrapeutiqueest foncirement la mme.

DIRECTIVES POUR LA THERAPIE DE BASECes directives sont donnes au patient avant ledbut de la thrapie. Elles doivent tre respectes.Mais si d'aventure l'on y contrevient, ce n'est pas uncrime. Elles sont conues pour apporter une aide et,lorsqu'on les observe, peuvent favoriser la thrapie.Les carts doivent tre signals au thrapeute afinque, bien inform, il puisse vous aider le plusefficacement possible.1. Cessez de fumer et de consommer des boissonsalcoolises vingt-quatre heures avant le dbut de lathrapie. Arrtez maintenant de vous intoxiquer avec

ces produits: vous avez besoin de votre nergie pourgurir.2. Les somnifres et autres drogues doivent tresupprims au dbut de la thrapie et jusqu' nouvelordre.3. Vous devez passer la journe prcdant le dbut



Le travail thrapeutique 63de la thrapie - c'est--dire les dernires vingt-quatreheures - seul et clotr. Vous pouvez, pendant cetemps, lire la documentation concernant la thrapie.Vous avez le droit d'aller vous promener, mais nonde rechercher d'autres distractions.Toutes les activits sexuelles doivent tre suspendues. Non que nous les considrions a priori commemalsaines, mais parce que l'abstinence favorise lathrapie. C'est pourquoi, si vous commettez un cart,nous vous prions de le signaler sans dlai. Merci.Toutes ces dispositions ont pour but de vous aider atteindre compltement vos sentiments et vos sensations. Tenez un journal : vous pourrez le donner lire au thrapeute si vous l'estimez utile. Notez cequi vous arrive, comment vous vous sentez. Notezvos souvenirs.

4. Au cours de la thrapie, essayez de dire sansrserve toutes les motions que vous prouvez, toutce qui vous proccupe. Vous pouvez poser n'importequelle question, on vous y rpondra sincrement. Sivous tes fatigu, veuillez l'indiquer : on ne peutsuivre une thrapie avec profit quand on est puis.5. Vous avez droit trois heures quotidiennes dethrapie. La sance peut tre interrompue toutmoment, soit par le thrapeute soit par vous-mme,

si cela parat ncessaire pour la thrapie. Vous passerezle reste de la journe vous reposer, digrer ,, lathrapie (vous pouvez couter l'enregistrement de lasance au magntophone). Interrompez l'coute dsque vous vous sentez fatigu. Une fois repos, vousla reprendrez l'endroit o vous vous tes arrt: ilest important de la rcouter dans sa continuit.Prenez des notes sur la thrapie, et compltez progressivement votre >. Ds que vousen aurez la possibilit, faites les tableaux et dessins



64 Pourquoi la souffranceconseills dans la documentation : votre arbre gnalogique, le tableau synoptique, le croquis du cadrede vie. Vous complterez le rcit de votre vie parune description de la situation de vos parents avantleur mariage.

6. Reposez-vous le plus possible et faites des promenades. Si vous voulez pratiquer un sport, parlezen d'abord au thrapeute. Veuillez vrifier soigneusement si vous avez fourni tous les renseignementsncessaires la thrapie. Relisez plusieurs reprisestoutes les informations concernant la thrapie. Toutce que vous confierez votre thrapeute restera entrelui et vous : un psychothrapeute est astreint au secretprofessionnel. Vos informations seront protges detout regard indiscret.7. N'hsitez pas passer un coup de fil au thrapeute si vous sentez que vous n'allez pas bien. Sonnumro de tlphone est inscrit sur votre appareil.

8. Dans votre intrt, vous devez vous appliquer respecter toutes les directives. Si quelque chose nevous parat pas clair, n'hsitez pas poser desquestions.

LE CABINET THERAPEUTIQUECette pice doit tre spcialement insononsee etcapitonne afin que d'ventuelles manifestations physiques du patient ne crent pas de problmes. Il doit

y rgner une temprature agrable, ses murs doiventtre de couleur sombre et l'clairage rglable. Unmagntophone avec tlcommande fait partie del'quipement (voir galement pp. 104-105).Dans la mesure du possible, la pice sera, pendantla sance de thrapie, tout fait silencieuse et



Le travail thrapeutique 65obscure : les perceptions sont ainsi plus intenses, etles souvenirs reviennent avec des images plus nettes.La dimension du divan doit tre suffisante pour quele patient ne soit pas limit dans ses mouvements.

" PLANS DE VIE,,L'attente inconsciente de l'vnement angoissant etdouloureux - que nous avons vcu sans le savoir -suscite en nous ce que nous appelons une souffrance.C'est l'attente angoisse/ douloureuse de la rptitz"on dupass, une attente charge de nos ractions latentesinconscientes, prtes se dclencher.



66 Pourquoi la souffrance

CT PATERNEL

FRANOIS 99PAYSAN

FRANOIS ERNEST24 26s:s: -Th Vl(") Vl- 0z z- z")rr; >- :;.:1tTl

HLNE 03COUTURIRE

AU FOYER

THOMAS DORA30 31> -) z" Vl...,- -") ...,c c::::l ' ...,...,

"Tl - ("):;.:1 tTlDANIEL55

FONCTIONNAIRE



Le travail thrapeutique

CT MATERNEL

RUDOLF 95EMPLOY DES POSTES

HENRI19-Vl....,..........,c::::....,tT1c:::::;e

THOMAS58TRAVAILLEUR SOCIAL

ISABELLE20VltT1( ):;et'Tl....,2:;:;etT1

SABINE59INSTITUTRICE

67

URSULE OSINSTITUTRICE

DORA22......z2:l:;e3:......t'Tl:;etT1



19- 54 ,55 ,56 ,57 ,58 ,59 ,60 161 162163 64 65 66 67 68PRE Taciturne, travailleur, co lreux, rude la peine.FRANOIS3.1.24Enfant trouv

30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44MRE U ne sainte nitouche qui manipule mar i et enfants.DORA6.8.22

32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46FRRE Le chouchou de la mre . Le plus important pour lu i : ses co l lgues.DAN IEL10.10.55

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13THOMAS ai9.2.58 ::J.,.:5c:..t!::J.2.

:!!ai.:ii i

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10SOEUR La prfre du pre .Svre envers elle-mme.SABINE17.3.59

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1

1



71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89t14.8

47 48 49 50 51 52 53Sentiments de culpabilit, arthrose.

49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67

16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34

Ce tableau ser t 6 fi xer le s souvenirs.Sur la ligne suprieure: les chiffres indiquant l'anne.

1

En dessous , par ordre chronologique, les fr lres et surs .Les chiffres correspondent 6 leur Ige.

V ous vous rse rvez le plus grand espace,pour y inscrire des mots cls:- Evnem ents -Mala die s-Accidenta - Oprations-S colarit - D m nage ments , amis, ennemisetc.

13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31

12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30



CADRE DE VIE 1

ARMOIRE - LITA [BARREAUXPREPICEMRE ALANGER

D



ENTRE

011111

Daniel a de 0 2 ansNous tentons de faire prendre consciencedu cadre de vie de l'enfanceen faisant dessiner le plan de l 'appartement.

D

LITARMOIRE

SJOUR ltJ ' \\ill ~



CADRE DE VIE2

1TABLE 1 @D ~ B A R R A S Bric i Bnc

ARMOIRE LONG111c r a ~ e de 111ri6ede mire. - 00~ R E ~ TAPIS

NEUF DANIEL

M ~ R E LQ]pcHi



ENTRE

1

1

mas 2 ans, Sabine 1 anDaniel 5 ans, Tho rtagent le mme lotDaniel et h o m a s ~ ~ de Sabine.jusqu' la naossan

THOMAS

2 ~SABINE

i1SQBUFFET ~ 1 TABLEIVIC IIIDSITque~ 0 ~ 1 1

ADIO + LECTROPHONE



CADRE DE VIE 3

ARMOIREavec vieux "dguisements"

PRE

MRE

LOGGIA

BRIC ABRACET TRSORS

CHAMBRE PARENTS

jDANIEL AUN TRAIN



~ N T I C H A

)Il

ENTRE

D aniel14 ans, Thomas11 ans, Sabine 10 ansTh o m a s e t Sabineont par tag le mmeli tjusqu'au 5 ' ann iversa ire de Thomas environ .

THOMAS

SABINE ETSDN NOUNOURS

TOUJOURS LE MMEVIEUX MACHIN



AVOCAT DE L'ENFANT

Vous devez prsent vous faire l'avocat de l'enfantbless, l'avocat de l'enfant qui est en vous et qui, parcrainte de dangers inconscients, influence jour aprsjour votre comportement, vous empche d'agir et dedcider librement. Le thrapeute connat le phnomne du transfert, qui fait sans cesse reporter surl'entourage nombre de sensations, d'motions et dejugements venus de l'enfance. Dans la thrapie primaire, le transfert sur le thrapeute joue galementun rle. Mme si nous ne les metto

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Stettbacher - Pourquoi La Souffrance (Arthur Janov.le Cri Primal.psychologie.medecine.sante.freud.psychanalyse)