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Germain Nzinga Makitu STRATÉGIES DE DOMESTICATION D’UN PEUPLE BMW COMME ARMES DE DISTRACTION MASSIVE

STRATÉGIES DE DOMESTICATION D’UN PEUPLE · « Gouverner par le chaos ... Les groupes humains de par le monde deviennent les rouages d’une même et unique machine humaine et sociale

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----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Grand format (170x240)] NB Pages : 668 pages

- Tranche : (nb pages x 0,072 mm) = 48.76 ----------------------------------------------------------------------------

Stratégies de domestication d’un peuple. BMW comme armes de distraction massive.

Germain Nzinga Makitu

48.76 544854

Germain Nzinga Makitu

STRATÉGIESDE DOMESTICATION

D’UN PEUPLE

BMW COMME ARMESDE DISTRACTION

MASSIVE

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Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse ne pourront que chanter la gloire du chasseur.

Proverbe nigérian

La vérité n’obéit pas aux tyrans. Tout pouvoir, de quelque nature qu’il soit, en quelques mains qu’il ait été remis, de quelque manière qu’il ait été conféré, est naturellement ennemi des lumières… Plus les hommes sont éclairés, moins ceux qui ont l’autorité pourront en abuser. La vérité est donc à la fois l’ennemi du pouvoir comme de ceux qui l’exercent. Plus elle se répand, moins ceux-ci peuvent espérer tromper les hommes. Plus elle acquiert de force, moins les peuples ont besoin d’être gouvernés que de se gouverner par eux-mêmes.

Nicolas Condorcet

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Dédicace

Aux forces vives de mon peuple qui ont résolument décidé de briser les chaînes de la servitude multiforme et de lutter pour un Congo nouveau et libre.

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Préambule « Gouverner par le chaos »

La période post-guerre froide coïncide avec l’émergence d’un monde globalisé, d’un monde tout nouveau marqué au fer rouge par deux facteurs déterminants, à savoir l’explosion de moyens de communication sociale et l’émergence du marché mondialisé. Dans leur sillage, la perestroïka et la disparition subséquente du bloc de l’Est ont entraîné le collapse d’une société mondiale en désintégration-recomposition. Le développement de nouvelles interconnexions aux croisements complexes, l’interpénétration des économies de cinq continents et l’interdépendance réciproque des nations ont engendré à leur tour un phénomène sociologique sui generis qui se situe à mille lieues de la grande fraternité mondiale que l’humanité espérait voir surgir après les affres de la guerre froide qui a longtemps fracturé l’humanité en deux blocs antagonistes.

Loin d’avoir réalisé ce projet collectif, la chute du Mur de Berlin a plutôt placé la grande famille humaine entre les fourches caudines de la crise financière mondiale et de l’insolente hégémonie de l’empire américain qui brise le rêve d’une humanité réconciliée avec elle-même. Pour cette raison, toute la planète est perçue au prisme d’une vision manichéenne qui divise les groupes humains entre les bons et les mauvais, les Etats entre les démocratiques et les voyous, les opposant ainsi les uns contre les autres à ce moment précis où se pointaient à l’horizon des transformations sociales, les opportunités de jeter des ponts entre les fossés qui séparaient jadis les peuples, l’espoir évanoui de créer un commun dénominateur qui donnerait aux différences culturelles et politiques des peuples de la terre, le modèle d’enrichissement réciproque.

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Tous les indicateurs de la politique internationale semblent nous prouver tout le contraire. La planète est devenue un vaste champ de bataille entre les peuples. Les plus puissants font usage d’une violence dite structurelle, érigée en principe et en mode de gestion des affaires de politique internationale. Serge Tchackhotine, dans le viol des foules par la propagande politique, dénonce à juste titre cette violence structurelle qui tend à maintenir sous contrôle les velléités nationalistes dépassées par l’évolution de la société humaine. Cette violence intègre la structure économique chaotique du capitalisme en se nourrissant de l’oppression et de l’exploitation des Etats faibles. Elle tend à assurer sa propre croissance en anéantissant tout progrès social des Etats tiers et en tuant dans l’œuf tout mouvement d’émancipation culturelle et politique. En sus, cette violence d’Etat atteint son paroxysme dans le viol de consciences et des esprits des masses. En feignant d’agir au nom de leurs intérêts et par leur mandat, elle réussit à fausser les principes de base qui devraient régir une nouvelle ère de démocratie classique et l’éventuelle convivence entre les peuples.

Concédons tout de même que la période post-guerre froide jouisse du préjugé favorable d’avoir introduit l’humanité tout entière dans une ère nouvelle : l’ère de la mondialisation. Pour vraisemblable que cela paraisse, plus aucun Etat ne peut évoluer en vase clos. Chaque nation se sent liée au destin des autres peuples. Sa prospérité ou sa décadence exercent volens nolens des effets collatéraux sur les équilibres politiques des pays limitrophes, voire ceux de terres lointaines. La désorganisation et la malgouvernance d’un peuple impriment désormais un impact incalculable sur l’harmonie des tiers. Les groupes humains de par le monde deviennent les rouages d’une même et unique machine humaine et sociale. Jamais la communauté de leurs destins n’a été aussi effective.

Malheureusement, c’est à cette ère déterminante du village global que chaque peuple opère une marche en arrière et décide de construire sa prospérité sur la désorganisation de ses partenaires. La plupart de conflits nés après la guerre froide ont des visées de réaliser d’immenses profits économiques sur le dos des victimes. Ils consistent à détruire les institutions en place des pays tiers, à y créer des tensions politiques et à entretenir leur désordre économique pour une longue durée aux fins de remplir des conditions propices au vol et au pillage d’une nation par une autre.

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Notre étude se veut un effort scientifique de voir clair dans le fouillis de ce désordre créé de toutes pièces et de faire le point sur la crise généralisée que ce monde globalisé a provoquée dans l’histoire politique de la RD Congo. Tout au long de nos recherches, nous aurons à relever deux paradigmes qui caractérisent ce monde globalisé, notamment la révolution technologique qui, via la campagne de désinformation et de manipulation, réussit l’exploit de paralyser à distance la marche d’un Etat et à mettre sur pied le système d’une économie globalisée qu’est ce second paradigme qui phagocyte à son tour les pouvoirs politiques. Notre étude tournera le couteau dans la plaie de notre civilisation pour susciter de nouveau le débat autour de ce qu’affirmait Noam Chomsky : « La propagande est à la démocratie ce que la violence est à un Etat totalitaire ».

Et de cette propagande qui dans le cas d’espèce érige en règle la domination des uns sur des autres, la révolution technologique est devenue l’arme servile pour procéder à la destruction en masse de la liberté de penser des peuples. Le cerveau humain est de plus en plus remplacé dans ses fonctions par les applications de l’ordinateur qui a pu, à son tour, accélérer l’explosion de nouveaux réseaux de télécommunication et la prolifération des cybermondes. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) contribuent désormais à la visualisation, au traitement, au stockage et à la retransmission de l’information par des moyens électroniques. La communication formule ainsi le code de la promesse du bonheur social et de ce fait envahit tout l’espace de la vie économique, sociale et politique, quitte à savoir tirer parti dans son domaine respectif quand elle-même ne prend pas en étau la partie de l’humanité moins pourvue de moyens de communication et qu’elle tend à la soumettre sous son contrôle.

Avec le développement de l’internet et son ouverture aux activités commerciales, nous assistons à l’émergence d’une architecture complexe de réseaux auxquels peuvent participer, à divers titres, les peuples comme les individus, les dirigeants comme les simples citoyens, les chômeurs comme les travailleurs, les citoyens comme les consommateurs, les politiciens comme les puissances financières. Les réseaux internes des travailleurs interconnectés directement dans le planning d’une entreprise, les puissants réseaux transnationaux qui connectent les entreprises aussi richissimes que

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puissantes en une communauté d’intérêts s’avèrent de nos jours susceptibles d’écraser toutes les tendances moyennes de la marche des peuples ou encore de provoquer si ce n’est pas déjà le cas, la fracture numérique entre les « infopauvres » face aux « inforiches »1.

Il se produit dans toutes ces sphères de la vie humaine et de la marche des Etats une espèce de « cérébralisation générale » des outils de production associée à une certaine immatérialisation des activités et des formes plus denses d’internationalisation qui, comme l’a si bien pressenti Jean-Paul Lafrance,2 appellent à leur tour une redéfinition de responsabilités et des portraits exacts de parties prenantes. C’est l’âge d’or de l’ère du spin, à entendre par ce jargon américain usé depuis le temps d’Edward Bernays, la manipulation des nouvelles, des médias, de l’opinion ainsi que de la pratique systématique et à vaste échelle de l’interprétation et de la présentation partisanes des faits.3

C’est à ce stade que le monde entier est invité de gré ou de force à la célébration des noces de mass media avec leur pendant du marché globalisé. Au même moment que croît le système PPII (Planétaire, Permanent, Immédiat, Immatériel) d’une communication qui touche à tous les secteurs de la vie, l’on voit son impact se doubler et sur le secteur du marché financier marqué par l’interdépendance des économies de nombreux pays en raison des exigences du libre-échange commercial et sur le secteur de la conduite des affaires de l’Etat phagocytées à leur tour par les économies transnationales et créant par là une profonde fracture sociale.

Un ravin tend à se creuser dans chaque société humaine et à engendrer des archipels de bonheur au sein même de l’océan de misère de chaque nation développée ou en voie de l’être. En Europe et en Amérique du Nord, ce sont des îlots de souffrance au milieu des croissances nationales jamais égalées dans l’histoire des nations. En revanche, en Inde comme dans les

1 Nous empruntons les deux formules à Caroline RIZZA, « La fracture numérique, paradoxe de la génération Internet » dans J.-P. LAFRANCE (cord.), Critique de la société de l’information, Paris, CNRS Editions, 2009, p. 46. 2 J.-P. LAFRANCE, « Pour une approche critique de la société de l’information » dans l’ouvrage collectif : Critique de la société de l’information, Paris, CNRS Editions, 2009, pp. 9-32. 3 E. BERNAYS, Propaganda. Comment manipuler l’opinion publique, Paris, La Découverte, 2007, p. 5.

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townships d’Afrique du Sud, dans les quartiers pauvres de Nairobi comme dans les banlieues misérables de Kinshasa, nous comptons en grand nombre des archipels de goulag où une toute petite minorité détient toutes les richesses du pays et écrase les classes moyennes et pauvres du peuple par l’insolence de son style de vie. Cette sociologie de l’archipel ouvre la porte à une des plus grandes menaces de l’humanité au XXIe siècle naissant.

Retenons que seuls 8 % des habitants de la planète ont réussi à mettre entre leurs mains 90 % des richesses entières de l’humanité. Cette fracture sociale est d’autant plus grave qu’une petite minorité détient l’immense pouvoir de fixer les règles de jeu devant désormais régir cette économie mondiale et, concomitamment, de dicter les règles de la politique internationale dont seuls ils détiennent seuls les leviers de commande. Via de puissants marchés financiers transnationaux, cette minorité a désormais, pour défendre au maximum ses intérêts, le pouvoir de dicter ses lois aux Etats qui voient s’étioler leur souveraineté et aux responsables politiques de plus en plus désemparés devant l’ampleur des enjeux de politique internationale auxquels ils n’ont pas été préparés.

Le voile se lève progressivement sur l’existence d’une minorité qui de nos jours détient entre ses mains l’immense pouvoir de décider de la vie ou de la mort des humains, de la liberté ou de l’esclavagisme de la majorité des citoyens de la terre. Ce n’est plus seulement l’argent que cette minorité cherche. Elle en a accumulé dans ses coffres en telle quantité innommable qu’elle puisse dépasser des budgets des tous les Etats africains réunis. Sans s’arrêter à cet exercice d’enrichissement démentiel, elle instrumentalise sa puissance financière pour s’octroyer sur des peuples entiers un pouvoir absolu qui lui permet de faire et défaire des vies humaines, de créer ou supprimer des carrières politiques, de déconstruire ou recomposer de nations.

Cette minorité nommée la Main invisible exige le pouvoir tyrannique sur tout le genre humain. Et pour exercer ce pouvoir, elle se sert de la globalisation comme d’un instrument de domination dans ce sens qu’elle lui donne des moyens de gouverner par le chaos comme le décrivent si bien Michel Collon et Grégoire Lalieu4. Un chaos construit de toutes pièces. Un 4 M. COLLON & G. LALIEU, La stratégie du chaos. Impérialisme et Islam, Bruxelles, Investig’Action, 2011. Les deux auteurs fustigent les règles du système économique, politique et

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chaos né du laboratoire de l’ingénierie sociale et dont l’objectif final est de déréaliser la sphère publique et de déstructurer intentionnellement le corps social et le mental individuel dans les classes populaires.

Oui, plus qu’hier, le chaos est devenu aujourd’hui l’arme redoutable d’un certain ordre. D’un nouvel ordre mondial portant au cœur de son système le pouvoir totalitaire de diriger la planète en instituant le chaos sur lequel seuls quelques maîtres du monde exercent le contrôle et dont eux seuls savent tirer des bénéfices faramineux. Ces nouveaux tenants du pouvoir usent des techniques de déconstruction programmée des équilibres socioculturels. Ils s’érigent en « pompiers pyromanes » qui créent le désordre pour faire régner l’ordre voulu par eux au nom de leurs propres intérêts bien déterminés. En amont, ils créent des conflits et des hyperinflations pour provoquer, en aval, une demande accrue de sécurité qui réponde à leur « offre » sécuritaire et crée un contexte propice à l’imposition des mesures d’urgence, une espèce d’état d’exception au cours duquel les règles démocratiques se trouvent suspendues voire bafouées au grand dam des équilibres macro-politiques.

La situation de la crise multiforme que traversent actuellement la République Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs doit être comprise au prisme de ces nouveaux paramètres de la géopolitique du chaos. L’assassinat d’Emery-Patrice Lumumba entraînant l’affaiblissement ab ovo de la démocratie congolaise naissante, l’institution du régime de Mobutu comme gendarme des intérêts capitalistes en Afrique centrale, l’assassinat de Juvénal Habyarimana et de son pair burundais suivi du déclenchement du génocide rwandais en avril 1994, de l’entrée massive des réfugiés rwandais sur le territoire congolais et la présence autoprogrammée en RDC des FDLR qui, semant la confusion et la peur, servira de prétexte pour l’invasion du territoire congolais par les forces patriotiques rwandaises, la chute de Mobutu lâché par ses anciens mentors occidentaux et l’arrivée de l’AFDL téléguidée par le bloc anglo-saxon, l’assassinat non élucidé de Mzee Laurent-Désiré Kabila suivi de l’installation mystérieuse d’un jeune homme de 29 ans à la tête de l’Etat congolais puis les nombreuses violations des Droits de l’Homme sur lesquelles

militaire qui soumettent certains peuples à vivre en deçà du seuil de pauvreté. Ils font le procès de ce capitalisme impitoyable, immoral puisque basé uniquement sur la loi d’un profit maximum engrangé sur le chaos et la misère provoquée auprès des peuples entiers.

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reposent les fondements de son régime sont tous là autant d’émanations de ce chaos pensé et construit par des stratèges pour imposer un nouvel ordre politique dont seuls les maîtres à penser détiennent le secret et le profit.

Détruire pour régner, semer d’une manière permanente l’anarchie via les hard war et les soft war, à travers les conflits armés ou les guerres de basse intensité à l’Est du Congo et dans d’autres parties de la planète, telle est la devise de ce Nouvel Ordre Mondial fondé sur le chaos ou, pour être plus exact avec Peter Dale Scott5, telle est la route vers le nouveau désordre mondial. Pour y arriver, les stratèges du chaos procèdent par la massification des citoyens. Ils créent des masses informelles qu’ils prennent soin de parquer dans des zoos humains et sur lesquelles ils exercent une programmation comportementale au moyen de nombreuses manipulations telles que la fabrication de leur consentement et la contrainte physique. Ils excellent dans l’art de la supercherie tel qu’énoncé par le pirate informatique Kevin Mitnick, l’art qui consiste à induire autrui en erreur, à effacer son esprit pour le reconstruire et à exercer un pouvoir sur lui par le jeu des défaillances et les angles morts de son système de perception et de défense.

C’est à travers cette grille de lecture que nous comprenons les différentes fonctions que joue l’injure BMW, à entendre par cet acronyme Bier, Music and Woman. Un titre offensant dont le peuple congolais se trouve affublé par ses voisins de l’Est d’abord et ensuite par l’opinion publique du monde entier. Notre ouvrage va au-delà des émotions et des rancœurs suscitées par la charge offensante de cette injure contre l’amour-propre de tout un peuple. Notre ouvrage s’est donné l’ambition d’aller au fond des choses. Il va faire une pérégrination au cœur de l’ouragan pour identifier l’œil du cyclone. Et nous nous apercevrons qu’au-delà de l’opprobre jeté par l’injure publique bmw sur l’orgueil des congolais, cette offense nous révèle notre vérité profonde, ce que nous nous sommes caché à nous-mêmes durant de longues années. Elle met en lumière la manière avec laquelle nous nous sommes menti à nous-mêmes, le mode de fausseté sous lequel, durant un demi-siècle de parodie d’indépendance politique, nous congolais, nous avons choisi de faire semblant d’être un peuple heureux qui chante et qui danse. 5 P.-D. SCOTT, La route vers le nouveau désordre mondial. 50 ans d’ambtion secrète des Etats-Unis, Paris, éd. Demi-Lune, 2011.

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Nous avons pris la triste habitude de faire semblant que tout va bien au Congo/Zaïre. Semblant d’être des citoyens jugés potentiellement riches dans un pays qualifié d’« un scandale géologique » et dirigé par un gouvernement qui ne trouve son point d’honneur que dans une étrange planification nous rangeant au premier rang des pays pauvres très endettés de la planète (PPTE). Semblant d’avoir à la tête de l’Etat, des politiciens du ventre qui ne sont que des aventuriers animés par la seule volonté de se servir à la place de servir le peuple. Semblant enfin de ne rien voir défiler sur nos têtes, tels ces nuages sombres de balkanisation dans le ciel congolais ni rien comprendre de l’enjeu politique actuel de vie ou de mort devant lequel se place la RDC envahie par des forces militaires étrangères, celles de la MONUSCO et des FPR et plus récemment celles de nombreuses troupes militaires africaines réunies dans une Brigade pour la paix à l’est du Congo. La RDC perd progressivement, les uns après les autres, tous les attributs de sa souveraineté nationale avant l’estocade finale où son existence même en tant que nation sera définitivement mise en cause.

L’injure bmw blesse parce que quelque part elle nous dit la vérité sur l’être-congolais. Mais dans la tête des stratèges du chaos mondial, elle signifie bien davantage. A travers les avatars que revêtira cette insulte publique dans le discours de Joseph Kabila, de James Kabarebe, de Nicolas Sarkozy et de Ban Ki-Moon, nous aurons compris que cette injure est à mettre au compte d’une ruse dont se servent les ennemis du Congo-Kinshasa comme mode de légitimation de l’invasion et de l’occupation de ses terres et la justification des pillages de ses sous-sols et des viols de ses femmes innocentes.

Cette injure bmw s’inscrit dès lors dans le rouage d’une véritable communication politique. En humiliant publiquement les congolais comme des personnes nées pour boire, danser et forniquer, en les étiquetant comme des homo eroticus6 versés dans les alchimies festives, dans le culte du plaisir, dans les exubérations dionysiaques, dans le jaillissement de la vie ou dans les vibrations du monde, en les qualifiant comme des bons à rien incapables de se prendre en charge et d’organiser sinon de défendre leur territoire national, les puissants du monde sont en 6 Nous empruntons le terme du sociologue français Michel MAFFESOLI, Homo eroticus. Des communions émotionelles, Paris, éd. CNRS, 2012.

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voie de façonner la nouvelle essence congolaise, une espèce de malformation ontologique congolaise, pour trouver là des raisons suffisantes d’orchestrer le projet de la solution finale sur tout un peuple, à l’instar de celui qui a été exécuté hier sur les peuples Apache ou de nos jours sur les peuples ex-yougoslave ou palestinien. Pour ceux qui accuseront mes propos de simples exagérations outrancières, je les invite à regarder de très près le modèle de guerre de basse intensité qui régit le déroulement des conflits à l’Est du Congo.

Le schéma des ennemis du Congo obéit clairement aux quatre étapes dont usaient les Nazis pour éliminer en douceur les millions de juifs. La déportation et la concentration dans des camps, nous les vivons au Kivu dans de longues colonnes des réfugiés en quête de terres de paix et d’accueil dans les pays limitrophes où ils sont « parqués » dans des camps de réfugiés où, sans conditions hygiéniques décentes, ils meurent à petit feu quand ils ne meurent pas des viols cruels de la part des cohortes des militaires étrangers choisis pour le besoin de la cause en raison de leur séropositivité. Par ailleurs, le concept du parc humain se justifie tout autant dans l’aire géographique pacifiée sous contrôle gouvernemental où des congolais croient vivre à l’air libre dans des villes sous son contrôle mais qui sont en réalité des prisons à ciel ouvert.

Là encore, les soixante millions de congolaises et des congolais vivent en réalité sous la coupe réglée d’un système qui n’autorise pas de points de vue divergents et bafoue tous les droits à l’expression libre des citoyens d’un peuple souverain. Là encore le climat de terreur politique et de nombreux assassinats produisent les mêmes effets, à savoir la déportation et l’élimination physique. La déportation par des mouvements migratoires entiers des millions de jeunes congolais qui fuient leur terre natale pour aller chercher refuge sous d’autres cieux.

Notre présent ouvrage souligne avec douleur combien la logique « domesticatrice » des puissants poursuit les congolais comme d’un signe indien. Car arrivés nombreux, sous le statut de « ngulu » (cochon) dans des pays étrangers comme en France, en Belgique ou ailleurs, les mêmes congolais se donnent le moyen minable de vivre dans le parc humain. Le quartier « Matonge » dans la commune bruxelloise d’Ixelles ou celui de « Château Rouge » dans le 18e arrondissement de Paris deviennent comme

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des zoos humains où les congolais alliés à d’autres africains subsahariens choisissent de se ghettoïser, de lire la parole via des conversations oiseuses et infécondes. Et en toute conséquence, sans le pouvoir des idées et sans un idéal fort, ils ne peuvent que se résigner à la piteuse posture de servitude volontaire.

Ce que cachent l’injure bmw et ses nombreux avatars, c’est la volonté claire des puissants de la terre, couplée à la complicité de nombreux congolais eux-mêmes, de se servir de la musique, de la bière, de toute boisson frelatée ou de sempiternelles libations qui s’ensuivent comme des armes de jouissance et de distraction massives. Ils ont planté un décor dans lequel le peuple congolais tout entier est arrosé du matin au soir de cette culture de jouissance et de divertissement qui l’abrutit et le prive de toutes les armes intellectuelles ou de toute réflexion critique vis-à-vis des véritables enjeux politiques qui détermineront la possibilité ou non de son existence future comme peuple et comme nation.

Ces trois armes de distraction massive s’appuyant sur la technologie de la culture des masses contribuent à vider les congolais de leur esprit et de leur capacité de penser. Les congolais ne sont plus eux-mêmes. En regardant continuellement la télévision qui les arrose des images ininterrompues de la bière et de musique, ils deviennent ce qu’ils regardent, leur conscience devient celle des instants successifs qui défilent devant le petit écran. Ils sont aliénés dans leur être le plus profond à telle enseigne qu’ils deviennent étrangers à eux-mêmes, qu’ils échappent à leurs propres pensées et qu’ils sont dépossédés de soi. Désormais ils sont abrutis et en fin de compte ils se rabaissent à vivre par procuration.

Cette opération de lavage de cerveaux participe elle-même à l’entreprise de formatage de la mentalité congolaise pour la pousser à se résigner à vivre dans le parc humain à l’endroit précis que lui auraient assigné les maîtres éleveurs parmi lesquels notre étude a pointé du doigt l’empire américain et le bloc anglo-saxon, les Etats de l’Union Européenne, leurs sous-traitants africains en la personne de Paul Kagame et de Youweri Museveni puis encore dans le vaste travail de « collabo » effectué par des politiciens congolais dressés eux-mêmes contre l’intérêt supérieur de leur propre pays dont ils ont fait un simple protectorat des puissances étrangères.

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A la tête de ces politiciens congolais qui ont trahi leur peuple et sont passés maîtres dans l’art de servir de bras armés ou de cheval de Troie du Rwanda et de l’Ouganda, tous deux à la solde du capitalisme de désastre, nous aurons à identifier nommément Joseph Kabila qui a ouvert l’histoire du Congo à l’ère du Serpent. Une ère de la nécrophilie qui, dans sa destructivité humaine et sociale, sème partout morts et désolations en exécutant à la lettre sur le terrain des opérations, des ordres reçus d’en haut, de la part d’une hiérarchie de bourreaux qui font de la bestialisation et de la domestication du peuple congolais, le cheval de bataille et le fer de lance de leur nouvelle stratégie de conquête des terres africaines.

C’est dans le sillage de la destruction du Congo-Kinshasa qu’il sied de revenir sur la géopolitique du chaos qui préside à la politique internationale sur la région des pays du Grand Lacs et de souligner un phénomène politique d’une extrême importance. Comme cela s’est vérifié ailleurs, depuis la fin de la guerre froide, la géostratégie du monde globalisé fonctionne sur une double dynamique : la dynamique de la fission et celle de la fusion. Tout comme dans la fission de l’atome de l’uranium, la main invisible actionne aisément la fracture pure et simple de grands ensembles politiques mondiaux, provoquant une implosion aux effets incalculables. Cela a été le cas de l’URSS émiettée en de nombreuses républiquettes, provoquant comme par effet d’entraînement la déflagration de la Tchécoslovaquie et celle de la Yougoslavie.

Encore récemment, le Soudan a payé le prix fort de cette dynamique qui a fini par faire imploser son territoire national, le scindant en deux nouveaux pays. En attendant le sort du Mali et du Maroc dont les tendances séparatistes respectivement touarègues et sahraouies ne sont plus à démontrer, l’épée de Damoclès pèse sur l’avenir de la RDC dont les menaces d’implosion et de balkanisation sont loin d’être une simple hypothèse de recherche. Au stade où nous en sommes, l’implosion et la balkanisation sont en voie de réalisation par des subterfuges diplomatiques alambiqués que nous aurons l’occasion d’analyser dans les lignes suivantes. La balkanisation de la RDC paraît en effet comme le principe organisateur qui semble « ordonner » le désordre entretenu à travers des guerres et l’incurie dans les institutions politiques du pays de Lumumba dans son ensemble. Elle est au final le résultat de cette destruction

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créatrice dont fait mention Naomi Klein7. Elle consiste à abolir l’ordre ancien, de tout démolir pour faire progresser la mission d’occupation d’un plus fort militairement, cela s’entend.

Si par ailleurs, la dynamique de la fusion a permis à certains Etats du monde de s’associer et de devenir plus forts, à se rapprocher et à s’intégrer dans des espaces politiques et économiques plus larges comme c’en est le cas de l’Union Européenne, dans la région des Grands Lacs, en revanche, même la dynamique de fusion de la Communauté des Pays des Grands Lacs (CPGL) devient une autre arme de distraction et de cooptation des territoires congolais.

De nombreux leaders politiques de renommée internationale avancent sans vergogne des thèses saugrenues telles que l’idée de partage des richesses congolaises avec le voisin rwandais (Nicolas Sarkhozy), d’intégration du territoire congolais dans le vaste marché commun qui s’étendra jusqu’à l’Océan Indien (Herman Cohen) ou d’autres encore qui sans réserve diplomatique d’usage, se servent des lapsus linguae (intentionnel !) pour nommer publiquement l’actuel président rwandais comme président de la RDC (Ban Ki-Moon). Et cela, sans atermoiement de la part du président Paul Kagame qui devrait s’en sentir offusqué ni non plus sans aucune protestation véhémente de la part du jeune président congolais qui, pour seule réponse, n’a trouvé que le sourire d’acquiescement à ce qu’il considère depuis toujours comme une évidence politique.

Ceci dit, le sort de la République Démocratique du Congo semble déjà scellé aussi bien dans la dynamique de la fusion que dans celle de la fission qui toutes deux la poussent à son corps défendant vers la réalisation du vaste projet de la kosovisation et de la balkanisation par lequel des stratèges cosmocrates ont décidé de diviser ce pays en de nombreuses républiquettes plus propices à l’idéologie de pillage qui est le propre des nouveaux prédateurs du capitalisme de carnage, s’engraissant du sang de coltan et des minerais du sous-sol congolais et faisant du corps de la femme congolaise, le théâtre des opérations militaires en vue de pérenniser à jamais l’œuvre d’occupation et d’exploitation.

7 N. KLEIN, La stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre, Leméac, 2008.

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L’ampleur et la sophistication des procédés mis en œuvre pour cette sale besogne requièrent de la part des congolais une réaction vigoureuse et méthodique. Notre ouvrage ne se contentera point de décrire ce qui ne va pas. Il prendra le risque de démonter tous les procédés de mensonge, de manipulation, de lavage de cerveaux et de leur reformatage allant jusqu’à la domestication du peuple congolais et à son installation au parc humain. Ce, dans le seul objectif de faire prendre conscience à mon peuple de la connaissance de vrais enjeux en place et du devoir qui est le sien de réagir à bon escient. Contre ce puissant appareil d’endoctrinement et de dressage de l’esprit humain qui vise à reproduire le système de domination et d’élargir, sur une vaste échelle, l’aliénation de ceux qui s’en remettent à lui pour organiser leur vie et leurs pensées, notre ouvrage propose une contre-culture révolutionnaire et une politique basée sur la quête de l’autonomie de pensée et de défense des intérêts supérieurs de la nation congolaise.

Cette contre-culture révolutionnaire, avec la stratégie de renforcer les capacités de la société civile, se donne comme mot d’ordre : le peuple seul peut et doit recueillir les éléments de son instruction et de sa libération. Le peuple doit se prendre en charge et ne plus rien attendre ni de l’aide des puissants ni du sommet de l’Etat qui, de la part des maîtres éleveurs, reçoit des diktats qui vont dans le sens d’abrutir le peuple et de le bestialiser. Le peuple, refusant désormais toute soumission aveugle, doit promouvoir à la base une contre-culture citoyenne qui sera la préfiguration et la préparation de la société de demain. Le projet de production des savoirs autonomes à travers l’instauration de variés Think Tank réunissant en leur sein des matières grises congolaises pour réfléchir et arrêter des stratégies de libération du pays, la promotion des bibliothèques et des aires culturelles où peuvent être organisées des conférences d’éducation populaire, des représentations théâtrales capables de vulgariser des idées et de galvaniser le peuple autour des idéaux communs guidera le peuple congolais dans la bonne direction des pratiques de rupture avec l’imaginaire capitaliste.

Le pire ennemi du peuple congolais qui empêche jusque là l’éclosion de cette révolution, ce n’est point l’ignorance mais plutôt une connaissance programmée pour l’asservir. Ils sont comptés par millions, les diplômés congolais qui sont sortis des nombreuses écoles et universités de renom

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sachant lire mais d’un moule d’instruction atypique, caractérisé par la misère de la culture concédée au peuple. Ils ont sous-estimé l’appel à la remise en question fondamentale proposée à son temps par Auguste Mabika Kalanda8. Ils se sont contentés de cette culture de répétition destinée à les dresser à obéir aux ordres de la culture dominante.

Par conséquent, le pire ennemi du congolais, c’est l’instruction faussée, tronquée et truquée telle que la société dominante la donne au peuple pour l’abrutir et l’empêcher de sortir du zoo humain. Cet ouvrage fournit des analyses sur le vécu concret du congolais moyen et lui fournit en même temps les clefs de la connaissance exacte de la réalité de la politique actuelle de son pays et des visées profondes des puissances cosmocrates pour se donner à lui-même le pouvoir de changer d’esprit de soumission et de le reformater en cette mentalité d’acier qui l’aide à décider par lui-même, cette fois-ci à partir de ses potentialités, de son expérience quotidienne, de la connaissance de son métier et de son milieu professionnel.

A toutes fins utiles, il sera impossible d’entamer la première phase de cette contre-culture si les congolais dans leur ensemble ne prennent pas le contre-pied de la culture du divertissement qui a envahi tout leur espace vital jusqu’à voir l’essence ontologique congolaise confondue avec la jouissance ininterrompue. Ce divertissement a pris des proportions telles que s’en trouvent menacées les racines anthropologiques du peuple congolais dans son aventure historique d’humanisation et de civilisation. Ce peuple congolais, pris dans le vertige de divertissement et de jouissance massive, renonce à ses prérogatives d’un peuple souverain. Il est devenu la métaphore d’une rivière. A l’instar de ce cours d’eau, le peuple congolais se complaît lui aussi à suivre son cours de vie tout en restant dans son lit.

D’où la grandissime importance de la bibliothérapie, cette thérapie de choc qui consiste, selon le mot d’ordre de Peter Sloterdijk9, à remettre le

8 A. MABIKA KALANDA, La remise en question. Base de la décolonisation mentale, Bruxelles, éd. Remarques Afriicaines, 1967. Toujours sur la même ligne, A. MPEVO MPOLO, Quatre tournants manqués de l’université congolaise. Analyse des réformes académiques du Congo Zaïre, Paris, L’Harmattan, 2012. 9 P. SLOTERDIJK, Règles pour le parc humain suivi de la domestication de l’Etre, (traduit de l’allemand par Olivier Mannoni), Paris, Mille et une nuits, 2000, p. 19. L’auteur est convaincu que la position assise est celle de la lecture qui a la faculté d’apprivoiser l’homme dans son animalité, de le